Périodique saisonnier -...

14
Volume 12 Publication 2 Mai 2017 1 Périodique saisonnier Dans ce Carnet Michel Archambault Guy Beaulieu André Binet Danielle Bleau Doris Brunet Lise Hamel Joanna Lapierre Doris Brunet Responsable de la production Courriel : [email protected] Printemps 2017

Transcript of Périodique saisonnier -...

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

1

Périodique saisonnier

Dans ce Carnet Michel Archambault Guy Beaulieu André Binet

Danielle Bleau Doris Brunet

Lise Hamel Joanna Lapierre

Doris Brunet

Responsable de la production Courriel : [email protected]

Printemps 2017

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

2

Sommaire 01

3 Guy Beaulieu 6 André Binet

8 Lectures 11 Portrait : Trevanian

14 Un livre – deux lecteurs Robert Lalonde «C’est le cœur qui meurt en dernier»

Le mot de Doris Brunet

Le printemps est pluvieux, il y a de nombreux débordements et malgré tout,

chaque saison a sa beauté. C’est vert partout, les bourgeons apparaissent dans les arbres,

les fleurs printanières sont éblouissantes.

J’aime lire en écoutant la pluie tomber et les oiseaux piailler. Vos suggestions ce

printemps me font découvrir de nouveaux auteurs, des séries que j’ignorais, des

nouveautés qui m’ont échappé. L’offre est tellement volumineuse, il y a tant de

parutions. Difficile de faire un choix parfois.

Je sais que vous attendez avec impatience

cette sortie saisonnière, vous me le dites. Nous avons aussi des nouveaux membres qui

découvrent notre Carnet.

Continuez à me faire parvenir vos coups de cœur et longue vie au Carnet des lecteurs du

Cercle littéraire BRIDGE-QUÉBEC.

Je vous souhaite un beau printemps avec toutes les joies qu’apporte la lecture.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

3

Guy Beaulieu

1 2 3 4

1. LES APPARENCES / Auteure : Gillian Flynn (Le Livre de Poche 2013 – Grand Prix des lectrices ELLE – Policiers 2013)

C’est un thriller à la fois psychologique et policier. C’est l’histoire d’une femme parfaite.

Eh oui !, ça existe et Nick l’a trouvée. Elle est extraordinairement belle, très intelligente et en plus elle est riche. WOW ! Mais aussi surprenant que cela puisse être, ces attributs

exceptionnels ne sont pas les qualités qu’Amy juge les plus avantageuses pour le succès de son couple. Ce qu’Amy considère comme essentiel, c’est de rendre son beau Nick totalement

heureux... et de s’abandonner à lui doucement, totalement. Qu’il soit bougon, absent, fruste et plus encore, rien de cela ne l’affecte, car elle n’a qu’un souhait, faire en sorte d’être une

amoureuse accomplie. Puis un jour, Amy disparaît et tous les éléments de l’enquête démontrent implacablement que Nick l’a assassinée.

C’est le premier livre de Gillian Flynn que je lis. Je peux vous assurer que ce ne sera pas le dernier. Il a eu un énorme succès et c’est tout à fait justifié. Elle maîtrise parfaitement les notions qui font d’un livre un page Turner, et on tourne les pages de celui-ci à grande vitesse. Dans les romans de ce genre, selon moi, le dénouement est trop souvent prévisible ou tordu. Pour la conclusion de ce thriller, « tordu » n’est pas le bon mot. J’ai celui pour la décrire, mais je ne le dirai pas. Vous comprendrez pourquoi à la fin de votre lecture. Et pour les gars : désolé, les apparences sont souvent trompeuses et on n’a peut-être pas fini de la chercher cette fameuse perfection... Quant à moi, je crois que je préfère ne pas la trouver.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

4

2. LE MONDE LIBRE / Auteure Aude Lancelin (Éditeur Les liens qui libèrent 2016,

essai.)

Ça parle de journalisme et de la vie politique et intellectuelle française, plus

particulièrement liés à la gauche. Aude L’Ancelin est une excellente journaliste. Ayant lu pendant des décennies la revue Le Nouvel Obs., j’ai toujours constaté que ses articles

étaient éclairants et intenses. Dans les divers débats idéologiques entre les différentes gauches en France, cet hebdo a souvent été au cœur de l’action. Considéré trop social-

démocrate, certains l’ont quitté (J. Julliard, A. L’Ancelin, etc.) pour des journaux plus radicaux. Les années ayant passé, le chef de direction de la revue a décidé pour ramener

des points de vue différents de réengager Aude comme assistante. Tout dégénère et elle est congédiée.

Elle a ensuite écrit Le monde libre, le récit de ses quinze années passées au cœur des

médias français, soit sur la décadence d’un métier, les opérations de police intellectuelle et le socialisme d’appareil à l’agonie. Une plongée sans précédent dans le « quatrième

pouvoir ». Elle a reçu le Prix Renaudot 2016 de l’essai pour ce livre, avec la particularité suivante : le président du jury qui lui a attribué celui-ci est Franz-Olivier Gisbert, éditeur

en chef de la principale revue concurrente, Le Point. C’est troublant !

Mon opinion : Je ne voulais pas en faire une suggestion de lecture. La principale raison est que je ne croyais pas qu’il susciterait de l’intérêt chez beaucoup de lecteurs. Mais il est venu me chercher négativement. De plus, je ne comprends pas pourquoi on lui a attribué ce prix, pour lequel j’ai le plus grand respect. J’ai quand même décidé de me faire plaisir et de livrer mes impressions. Ce monde, la gauche, je le connais bien. Il sera toujours pour moi un sujet de passion, voire d’obsession. Mais revenons à L’Ancelin, il faut dire qu’elle écrit divinement bien et qu’elle connaît parfaitement son sujet. Suivre une élection comme ça se déroule actuellement en France est un exercice fascinant (en opposition avec une élection au Québec par exemple). Quoi que l’on en dise, les débats politiques foisonnent de commentaires sur l’histoire et les différentes idéologies. Ce livre est une espèce de « Wikileaks » sur la gauche radicale française, sur cet hebdomadaire, dit de gauche modérée qu’est Le Nouvel Obs. et certaines vedettes (Lévy, Finkielkraut, etc.). Elle intitule son livre Le monde libre, alors que son argumentation fait la démonstration contraire. L’expression de ses convictions politiques est biaisée et sectaire. Elle est la seule à avoir le pas. Rien de nouveau sous le soleil avec la gauche, vous me direz. Bien sûr, il y a des détails croustillants sur les ego des vedettes de la philosophie politique française. Mais ce qui est à mon humble avis le plus révélateur, c’est sa mesquinerie et son manque de jugement. À lire ses analyses, en fait, on est loin d’un monde libre.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

5

3. LE PRINCIPE/ Auteur Jérôme Ferrari (Éditions Actes Sud 2017, roman)

Ce livre parle du célèbre « principe d’incertitude » du physicien allemand Werner

Heisenberg, qui jeta les bases de la mécanique quantique et lui valut le prix Nobel de

physique en 1932. Date capitale, puisqu’on se trouve dans une période marquante de l’histoire de l’humanité : la montée du nazisme qui amena à la Deuxième Guerre

mondiale. Cette découverte et d’autres ont amené à la fabrication de la bombe atomique, dont on sait toutes les conséquences passées et dont on craint les futures. L’essentiel des

découvertes est dû aux scientifiques allemands. Vers cette période, beaucoup d’entre eux (Einstein, Pauli, Gödel etc.) ont quitté ce pays pour l’Amérique, d’autres et non. Un jeune

étudiant de philo a décidé de raconter leurs histoires et la sienne, avec plus particulièrement le regard de Heisenberg, qui est, il faut bien le dire, un être exceptionnel

dans tous ses paradoxes.

Avant d’écrire mes remarques, je vais toujours lire quelques critiques émises par des spécialistes ou des lecteurs. La critique principale était la suivante : où l’auteur voulait-il en venir ? Cette question me paraît surprenante, si on lit bien le titre et si on comprend un tant soit peu cette théorie de « l’incertitude ». Ces hommes qui ont regardé « par-dessus l’épaule de Dieu » (théorie quantique) ont déterminé l’histoire humaine par leurs découvertes, pour ne pas dire enfermé dans, ce que le célèbre essayiste américain Fukuyama a si justement qualifié, « l’impossible retour en arrière ». Ce roman, c’est surtout la trajectoire de Heisenberg, qui était du mauvais côté de l’histoire et qui comprenait toute la portée potentiellement monstrueuse des conséquences de sa découverte. Pour lui, face à l’incertitude du futur, il n’y a plus que la beauté du moment devant un lac et ses montagnes. « Y va-t-il quelque chose de plus beau », se demande-t-il ? Je vais lire ce livre encore et encore. 4. LA GRIFFE DU CHIEN/ Don Winslow (Éditions Points 2008, policier)

De quoi ça parle ? Du trafic de la drogue entre l’Amérique du Sud et les États-Unis.

Mais plus particulièrement du pays pivot, le Mexique (très tendance actuellement). C’est l’histoire d’Art Keller un officier de la DEA (Drug Enfoncement Agency), dans laquelle

la majorité des officiers sont d’anciens agents de la CIA. C’est sa guerre contre Don Pedro et par la suite Adana et Raoul Barrera, chefs des narcotrafiquants, mais aussi contre des

agences de son propre pays, les États-Unis. Le tout se déroule dans un climat de violence inouïe. Ce combat, qui le détruira et qui s’est passé récemment, met en lumière

l’implication criminelle directe de plusieurs gouvernements (particulièrement Le Mexique et les États-Unis) dans ce que l’on pourrait qualifier de « crime contre

l’humanité », si on considère le nombre effarant de victimes innocentes. Ce livre est le premier volet sur ce fléau. Il vient de faire paraître un deuxième tome, Cartel. Pour ceux et celles qui ont lu Les Anonymes de R. J. Ellroy, ce n’est pas une histoire nouvelle. L’implication de certaines agences américaines, sous le prétexte de la guerre contre le communisme dans ce trafic — l’argent servant à financer les groupes paramilitaires criminels d’extrême droite qui assassinaient sans vergogne — est connue.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

6

Ce qui l’est moins, c’est la complicité du gouvernement mexicain, corrompu par ces cartels. Ceux-ci le contrôlaient complètement. Et personnellement, je pense que cela n’a pas beaucoup changé (lire l’histoire récente de l’assassinat et la disparition d’une centaine d’étudiants). On dit de ce roman que c’est le chef-d’œuvre du genre. Ce qu’il s’y passe est d’une violence sans nom. Cette barbarie nous décourage de toute croyance en l’humanité. J’ai beaucoup aimé ce livre et j’espère que le suivant sera aussi bon. Je le lirai un jour… un jour.

André Binet

1 2 3 4

1. DISCLAIMER/ Renee Knight (Toronto, Éditions Harper Collins Publisher 2016,

336 pages Vous avez sûrement lu ou vu l’avertissement : « Toute ressemblance avec des personnes

existantes ou ayant existé est purement fortuite». Inopinément, vous trouvez un livre sur votre table de chevet. Vous y lisez l’avertissement ci-dessus. Vous en commencez

la lecture. Des photos compromettantes tombent du livre. Vous découvrez que ce livre contient tout votre vécu, incluant des événements troublants, scandaleux, dont vous

vous pensiez libérée étant donné que l’autre est décédé. Comment réagissez-vous?

Dans ce relatif nouveau genre littéraire « domestique noir » où logent déjà Gone Girl et The Girl on the Train je considère Disclaimer meilleur et plus actuel.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

7

2. KOBRA/ Deon Meyer (Paris, Éditions du Seuil 2013, 436p.)

Des meurtres sont commis dans l’auberge d’un domaine viticole d’Afrique du Sud. Il y a un cobra gravé sur les douilles trouvées sur les lieux du crime. Un scientifique y

avait loué des chambres et avait payé pour les services d’une agence de sécurité haut de gamme. Il est disparu. La brigade locale s’interroge sur les fins de non-recevoir des

hautes instances policières. La corruption gouvernementale et la mondialisation des crimes financiers inquiètent les enquêteurs qui ne veulent pas lâcher le morceau.

Comme dans les autres romans de Meyer, le grand nombre de personnages de ce roman peut dérouter le lecteur.

3. THE WRONG SIDE OF GOODBYE/Michael Connelly (New York, Éditions

Little Brown 2016, 388p.) L’auteur a choisi d’impliquer deux de ses personnages fétiches, les demi-frères Harry

Bosch et Michael Haller. L’un est devenu détective privé depuis sa retraite, l’autre, toujours avocat, en Lincoln. L’un travaille gratuitement, à temps perdu, pour une

banlieue de Los Angeles, San Fernando. Un riche industriel le charge de trouver s’il a un héritier. San Fernando le charge de découvrir l’identité d’un violeur en série.

4. DO NOT SAY WE HAVE NOTHING/Madeleine Thien (New York, Éditions

Penguin Random House 2016, 449p.) Vancouver, 1990. Marie, 10 ans, vit avec sa mère. Elles hébergent une réfugiée

chinoise, Ai-ming, âgée de 20 ans ou presque, à la suite des évènements du massacre de Tiananmen. Leurs deux familles se connaissaient grâce à leurs pères musiciens.

Comment peut-on transmettre une culture d’une génération à l’autre en ces temps difficiles de révolution culturelle? Voilà la question à laquelle ce roman tente de

répondre. Ce livre a gagné le prix littéraire The Man Booker Prize en 2016 … et je ne vous le recommande pas.

Bonne lecture!

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

8

Par Doris Brunet

L’histoire se déroule de 2008 à 2012 avec toile de fonds Barcelone. Ce livre est une surprise. On suit l’évolution de plusieurs personnages tous différents. Il y a un

journaliste, un libraire, un navigateur, des expatriés français et j’en passe. Ses thématiques sur l’indépendance de la Catalogne, la politique nous en apprennent

beaucoup. On ne veut pas que le livre se termine, on veut poursuivre, on veut en savoir plus sur la destinée des personnages. Un très grand roman.

Par Lise Hamel

Extrait : «Ne plus lire, ce serait vivre à l'étroit…..en ruminant des pensées complaisantes et, par conséquent, stériles»

"S'il fallait décliner mon identité profonde, je devrais citer non

seulement le lieu de ma naissance ou mes convictions, mais les écrivains qui m'ont aidés à vivre, à penser et à sentir comme je le fais. C'est par leur entremise que je suis devenu, si peu que ce soit, celui que j'aspirais obscurément à être."

L'œil du hibou, Carnets 2001-2003 (Boréal 2017, 234p.)

Auteur André Major

La photo représente l'auteur recevant le PRIX Amerigo-Vespucci 2015

Éditeur Gallimard – collection Folio 2015

BARCELONA, Grégoire Polet, roman de 504p.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

9

Par Danielle Bleau

Les Éditions de Minuit, 2017, 173p. (Auteur Tanguy Viel)

Martial Kermeur se retrouve devant le juge pour avoir assassiné Antoine Lazenec, un promoteur immobilier. Il relate les événements qui l'ont conduit au meurtre.

Le titre m’a accrochée et je me suis bien gardée de savoir en quoi consistait cet article du code pénal pour ne pas gâcher mon plaisir. L'histoire se passe en Bretagne, dans un petit village tranquille, oublié des touristes. Lazenec propose un projet qui fait saliver le maire

et les habitants qui viennent de toucher une importante indemnité en raison de la fermeture de l'usine.

J’avoue que j’ai lu ce roman fort bien script en pensant à tous ceux qui se font arnaquer par des entrepreneurs qui ne respectent pas leurs promesses au moment de la construction des condos. Kermeur raconte de façon simple et sincère la situation vécue par les villageois. C'est un petit roman savoureux qui se lit rapidement mais avec délectation et qui donne envie de lire d'autres romans du même auteur.

La présentation du livre est originale. Le texte est écrit « à la ligne » (une phrase, une ligne) ce qui donne au roman l’allure d'un long poème. J’ai beaucoup aimé ce roman. L'auteur raconte avec sensibilité la vie mouvementée de Charlotte. Il s’adresse parfois au lecteur pour lui faire part de ses découvertes et de l’émotion qu’elles ont suscitée chez lui. Même si le destin de Charlotte est lié à la Première Guerre, il ne s'agit aucunement d'un livre sur la Shoah. Le roman a reçu le prix Renaudot et le Goncourt des lycéens, largement mérités.

Charlotte David Foenkinos (Gallimard 2014,220 pages) Charlotte Salomon est une peintre juive née à Berlin en 1917. Elle est

décédée à 26 ans et son destin est loin d'être enviable. Le résumé de la quatrième de couverture et tous ceux qu'on trouve sur Internet sont des divulgâcheurs. Alors, je n’en dirai pas plus. David Foenkinos a consacré huit ans de sa vie à Charlotte Salomon. Il a suivi ses traces à Berlin et dans le sud de la France où elle s’est exilée et a créé son œuvre autobiographique Vie? ou théâtre?

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

10

Par Joanna Lapierre

Michèle Plomer, écrivaine québécoise, excellente conteuse, a vécu de nombreuses années en Chine. Elle a déjà publié la trilogie DRAGONVILLE, saga sino-québécoise qui

traverse le temps et les continents. Dans ce dernier roman, une autofiction, on fait connaissance avec son amie Song. Elles

se sont rencontrées à l’Université de Shenzhen où l’auteure enseignait l’anglais. Michèle avait accepté l’invitation à souper de son amie pour célébrer son anniversaire de naissance

mais s’est, par la suite, désistée afin de passer la soirée avec son amoureux. Song qui habite depuis peu un appartement hors campus, dont l’Université est propriétaire, décide,

le soir de l’anniversaire, de préparer le souper planifié et lorsqu’elle allume la cuisinière au gaz, tout saute. Elle est grièvement brûlée sur tout le corps.

Ce roman raconte le combat de Song pour sa survie: son courage illimité, les douleurs

endurées, les traitements octroyés, les opérations. Pour la soutenir dans ce combat, il y a l’amour sans bornes de son père, l’amitié indéfectible de Michèle (d’autant plus

bouleversée, car ce repas était prévu pour elle), le soutien des étudiants de Song, l’extrême dévouement du personnel hospitalier.

Ce roman nous fait aussi voir l’emprise du gouvernement chinois (représenté ici par le recteur de l’Université ainsi que le directeur de l’hôpital) sur la vie des gens. Le père de

Song aura la force de s’y confronter. Un récit prenant sur le courage, l’amour, l’amitié.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

11

Par Michel Archambault

Connaissez-vous Trevanian, auteur culte (dit-on) que je ne connaissais pas il y a trois ans.

Je me suis repris et j’ai lu plusieurs livres et j’ai tout aimé. Je vous en suggère quelques-uns.

Cet auteur est autant une légende qu’un mystère, sur lequel les rumeurs les plus incroyables ont circulé et qui a attisé la plus folle curiosité du monde littéraire. Un écrivain dont les livres se sont vendus à plus de cinq millions d’exemplaires et ont été traduits en près de quinze langues sans qu’il ait jamais fait de promotion.

Série Jonathan Hemlock

En représailles au meurtre d'un agent du CII, Jonathan doit infliger une nouvelle sanction. Sa cible fait partie d'une expédition qui va tenter l'ascension d'une des plus dangereuses montagnes des Alpes, l'Eiger par la face nord. Hemlock se joint à cette expédition en vue d'exécuter sa mission. Il ignore lequel de ses trois compagnons de cordée est l'homme à abattre. (4e couverture)

Trevanian est l'un des noms de plume de l'écrivain américain Rodney William Whitaker, né le 12 juin 1931 à Granville, dans le nord de l'État de New York et mort le 14 décembre 2005 dans le West Country, en Angleterre.

«La sanction» Robert Laffont suspense 1975, réédition dans une traduction révisée, Paris,

Gallmeister 2007. Professeur d'art et alpiniste de renommée internationale, séducteur, méditatif, Jonathan Hemlock est surtout un tueur spécialisé dans les "sanctions" : l'assassinat d'agents ennemis pour le compte de l'organisation secrète CII.

«L'Expert» Paris, Robert Laffont, « Best-Sellers. Suspense », 1976 ; réédition dans une traduction révisée, Paris, Gallmeister, 2009

Alors qu'il voyage en Angleterre, Hemlock se voit contraint de remplacer un agent des services secrets britanniques assassiné d'une manière atroce et bizarre. Sa mission consiste à récupérer des films compromettant de hauts dignitaires du Royaume. Pour cela il devra exécuter une nouvelle et ultime "sanction". (4e couverture, 2e de la série)

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

12

Hemlock est dans un salon londonien, quatre ans plus tard, et s’ennuyant à mourir parmi une brochette de «critiques, professeurs, directeurs de galerie, mécènes (,,,) qui étouffent l’art de leur sollicitude». S'il ne travaille plus pour le CII, cela ne l'empêche pas de retrouver rapidement ses réflexes et son sang-froid quand il découvre par exemple un cadavre dans sa salle de bain... Une petit mise en scène du "Siège", l'équivalent anglais du CII, pour le contraindre à effectuer une mission : "sanctionner" un dénommé Maximilian Strange, un personnage fantasque et cruel, puis récupérer les films tournés au "Cloître", à l'insu d'éminents hommes politiques venus là pour se détendre, profitant du décor exotique, d'une ambiance chic et sophistiquée avec hôtesses cédant à tous les caprices…

Autres romans

«Le flic de Montréal» (Le livre de Poche 2017, français)

Années 1970, Montréal. La "Main", autre nom du boulevard Saint-Laurent, est la colonne vertébrale d'un quartier où prostituées, escrocs minables et clochards cohabitent avec les ouvriers et les nouveaux immigrants en quête d'un monde meilleur. Bourdonnant d'accents divers, mouvant et bruyant… Roman style Balzacien

Shibumi (1979) est un thriller d'espionnage qui met en scène

Nicholas Hel, à la fois maître du jeu de go, adepte des arts martiaux et tueur professionnel, où le récit s'intéresse moins à sa mission qu'à la jeunesse du héros à Shanghai et au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. (Wikipédia)

Écrit en 1979 et réédité par Gallmeister 2016. Shibumi est un roman majeur de Trevanian. Don Winslow (auteur de La Griffe du chien) est un grand admirateur de Trevanian. Pour lui rendre hommage, Winslow a écrit à la manière de Trevanian une suite pour Shibumi intitulée Satorie.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

13

Je vous souhaite autant de plaisir que j’en ai eu en découvrant cet auteur inclassable.

En 1983, il publie L'Été de Katya. À l’occasion de la parution de ce livre, qui tranche radicalement avec les précédents ouvrages, un article du Washington Post révèle qui se cache derrière Trevanian, et l’éditrice du Who’s Who in America renchérit: elle indique que le véritable auteur s’appelle Rodney Whitaker, qu’il serait né au Japon, est titulaire d’un doctorat en communication et a été professeur à l’Université du Texas…. Un roman d’amour et d’horreur.

Paru chez Gallmeister en 2011

En 1898, au cœur des montagnes du Wyoming, la petite bourgade de Twenty-Mile n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle vient à s'animer lorsque débarque un jeune étranger désireux de plaire à tout le monde, avec pour seul bagage un vieux fusil et un lourd secret… C’est un Western.

Volume 12 Publication 2 Mai 2017

14

Guy Beaulieu

Ça parle de la mère de l’auteur et de ses rapports difficiles et complexes avec elle. C’est l’histoire d’une femme née dans une famille nombreuse et un petit village, à son grand désespoir. Elle ne pourra s’en évader. De plus, elle est affectée comme plusieurs membres de sa famille de cet état : « les nerfs », comme on disait à l’époque. C’est cette femme, frustrée, qui voit son fils, l’auteur, cet artiste en train de se créer, qui lui va quitter pour se réaliser, ce qu’elle n’a pu faire. Cette séparation se fera dans la

souffrance malgré l’amour. Ce

roman est le témoignage troublant de ce fils mal-aimé. Il n’est pas difficile d’imaginer la douleur qu’a dû vivre l’auteur en écrivant ce roman. Quelle est la part de vérité ? Cela a peu d’importance, car tout est dans la mise en contexte de l’histoire, cette période qui appartient au Québec, mais qui est aussi beaucoup universelle. Cette belle femme était très talentueuse, et son drame est

qu’elle n’a pu « devenir ce qu’elle est », comme Nietzche le disait si bien. Il y a un roman fort populaire ces temps-ci, La femme qui fuit. Ce roman de Lalonde est l’histoire contraire, celle d’une femme qui n’a pas pu fuir, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Aurait-elle dû tout quitter ? Je me souviens de la forte réaction qu’a suscitée le personnage principal de La femme qui fuit... J’aimerais bien lire vos commentaires sur cette histoire. C’est le cœur qui meurt en dernier, un impressionnant témoignage de Robert Lalonde.

Doris Brunet

Robert Lalonde évoque de façon bouleversante celle qui fut sa

mère, femme piégée par le destin et qui d’outre-tombe continue

d’entretenir avec son fils un rapport de tendresse et de

bataille.

On n’échappe pas à l’enfance. Robert Lalonde nous invite dans son intimité, dans ce qu’il se souvient de sa mère, des bons et mauvais moments, ce qui l’a marqué, ce qu’il a retenu. Touchant !

Adapté au cinéma par Alexis Durand-Brault avec Denise

Filiatrault dans le rôle de la mère vieillissante et Sophie

Lorain dans celui lorsqu’elle était jeune. Un film réussi, il est à voir.