Des visages, des figuresPrincipes Fondamentaux en actionTémoignages d’employés et de volontaires de laCroix-Rouge du Burundi dans la réponse à la criseJuin 2015

Introduction Cela fait un peu plus d’un mois que des violences pré-électorales ont lieu à Bujumbura, au Burundi. Depuis le premier jour des manifestations, la Croix-Rouge du Burundi, avec le soutien des partenaires du Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a déployé des équipes d'intervention mobiles de premiers secours à Bujumbura. Plus de 100 volontaires sont répartis en 8 équipes mobiles. Les équipes prodiguent les premiers soins sur place et organisent l'évacuation des blessés graves vers les hôpitaux. Les équipes de la Croix-Rouge ont soigné plus de 500 personnes.

Dans un pays aux multiples vulnérabilités chroniques, la Croix-Rouge du Burundi a développé un accès auprès des personnes vulnérables dans tout le pays grâce à son réseau de plus de 450 000 volontaires répartis dans les unités collinaires et communautaires.

JEAN BAPTISTE NIYUNGEKO, 33 ans, coordination des opérations

J'ai commencé par être volontaire en avril 2002, puis en juin 2013 je suis devenu employé à la Croix-Rouge du Burundi. Je voulais être volontaire car

depuis mon plus jeune âge je voulais aider les autres. L'esprit d'humanité et de compassion pour aider les personnes affectées par des catastrophes naturelles ou

par des con�its sont des valeurs essentielles pour moi.

Dans la crise que traverse aujourd’hui mon pays, mon rôle au sein de la Croix-Rouge est de coordonner les opérations de secours aux blessés, c’est à dire les postes de premier

secours à Bujumbura, la sensibilisation des équipes aux Principes Fondamentaux, en insistant surtout sur la neutralité, l’indépendance et l'impartialité ainsi que le code de

conduite à avoir dans nos opérations.

Il est très important pour moi de contribuer à la réponse humanitaire de la Croix-Rouge du Burundi parce que c'est l'essence de notre existence :

"Alléger les souffrances de la personne humaine tout en évitant l'aggravation de son état de santé". C'est aussi important parce que nous devons sauver des vies et éduquer les jeunes depuis leur plus

jeune âge à avoir de la compassion pour ceux qui souffrent et qui ont besoin d’assistance.

Les Principes Fondamentaux inspirent mon travail humanitaire au quotidien. Les quatre premiers (humanité, impartialité, neutralité

et indépendance) sont les plus importants pour moi a�n de nous permettre d’être accepté et de faire notre travail.Ils sont

aussi très fragiles et très important à protéger. Cela ne veut pas dire que les trois autres principes (universalité, unité et

volontariat) ne sont pas importants, au contraire ils complètent les quatre autres.

Je ne saurai dire quelle personne j'ai aidée m'a le plus touché car j’ai de nombreux exemples. Mais c’est sans

doute la date du 06 mai 2015 qui m'a le plus marquée, quand un adolescent de 15 ans s'est éteint dans mes bras après avoir reçu une balle

dans la colonne vertébrale. C'était vers 13h25min. Il appelait sa maman, qui est arrivée quelques

minutes avant que son enfant ne meurt.

EDDY-JUSTE BITAGOYE, 40 ans, responsable du service de rétablissement des liens familiauxJ’ai commencé à travailler pour la Croix-Rouge du Burundi il y a sept ans après avoir été volontaire pendant des années. Je voulais être utile et rendre service aux personnes plus vulnérables que moi.

Je suis responsable du service de rétablissement des liens familiaux, c’est-à-dire que nous mettons à disposition de la population un service qui leur permet de rechercher un proche dont ils ont perdu le contact suite à ces manifestations ou au déplacement de population, pour que les familles puissent être informées sur où sont leurs proches et entrer de nouveau en contact avec eux. Actuellement, nous avons des volontaires sur les sites d'assistance où la population peut venir chercher de l'aide pour retrouver leur famille et proches.

Je suis aussi membre de l'équipe nationale de réponse aux catastrophes et fais partie des secouristes qui aident les blessés lors des manifestations. Les Principes Fondamentaux pour moi sont comme un tableau de bord, qui nous montrent où on doit aller, c'est à dire le droit chemin, qui ne tolère pas la partialité. Les principes les plus importants pour moi sont l'impartialité, la neutralité et l'indépendance.

SYLVESTRE GACECE40 ans, voltigeur secouriste

J'ai commencé à travailler à la Croix-Rouge le 1er octobre 2006 et j’étais volontaire depuis 2004, donc cela fait plus de dix ans, parce que, étant animé d'un esprit humanitaire, j'ai voulu contribuer à alléger les souffrances des êtres humains, et à sauver la vie des plus vulnérables.

Je suis voltigeur-secouriste, et en ce moment, je coordonne les opérations de secours dans les zones d'opération mise en place au centre, sud et nord de la capitale, notamment dans les quartiers Nyakabiga, Musaga, Ngagara,Kinama, et Kanyosha. A la mi-journée et en �n de la journée je donne un rapport d'activité des interventions en matière de premiers secours effectués sur le terrain et sur le nombre de cas évacué vers les structures de soins dans chaque zone d'opération. Je gère donc la phase pré-hospitalière des blessés.

Les Principes Fondamentaux c'est ma référence dans les opérations de secours. Je classerai bien évidemment les trois premiers principes d'humanité, d'impartialité et de neutralité comme les plus important, car alléger les souffrances et sauver la vie humaine sont pour moi le but des actions qui guide nos opérations de secours et cela sans aucune forme de discrimination et parti pris.

Je voudrais donner l’exemple d'un écolier de la 6 ème primaire qui venait de rater son examen National ou "concours National", car il avait été blessé au niveau de la tête. Je l'ai trouvé en état de choc dans un canal où il se cachait. Il saignait abondamment et j'ai pu arrêter l'hémorragie puis l'évacuer vers l'hôpital Prince Régent Charles. Quand il m'a revu le lendemain à l'hôpital, il m’a témoigné tellement de gratitude du haut de son jeune âge, disant à sa maman et au staff médical que si je n’avais pas été là, il serait mort à l’heure qu’il est.

ADRIEN RUSHARIKA50 ans, chauffeur et secouristeJ'ai commencé à travailler pour la Croix-Rouge en 1998, d’abord pour la Fédération Interna-tionale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge puis pour la Croix-Rouge du Burundi depuis 2006.

Je suis chauffeur-secouriste, et suis responsa-ble de transporter les volontaires-secouristes sur les différentes sites de premier secours et au besoin d'évacuer les blessés les plus graves. Etant moi-même secouriste, j’aide à prendre en charge les blessés dans la rue et je veille à la sécurité du matériel de secours pré-positionné dans les véhicules d'opération.

LEILA NIYUKURI , 27 ans, volontaire secouristeJ'ai commencé à être volontaire à la Croix-Rouge du Burundi en 2008. En tant que volontaire- secouriste, je mets en œuvre les connaissances acquises au cours des formations en premiers secours et applique des gestes simples mais indispensables pour sauver des blessés et le cas échéant enclenche la procédure d'évacuation vers les différentes structures de soins.

Ce qui compte le plus pour moi c'est vraiment de contribuer à la réponse humanitaire de la Croix-Rouge et d’aider les personnes vulnérables sans aucune distinc-tion sociale ou politique.

Les Principes Fondamentaux m'inspirent au quotidien dans mon travail de volontaire, dans un soucis de porter secours aux blessés sans discrimination (impartialité) et surtout sans opinion (neutralité). Cela veut dire que l’on secourt les individus quel qu’ils soient en répondant en priorité aux détresses les plus urgentes et de manière neutre pour garder la con�ance de tous.

Au cours de nos interventions, j'ai eu à secourir un garçon brulé avec de l’essence. Il souffrait beaucoup, sa brulure était grave et sa peau très abimée. En voyant ce jeune garçon dans un tel état, cela m'a donné encore plus de force pour toujours secourir les personnes dans le besoin, avec courage et sang froid en toute circonstance.

TOUSSAINT GEORGES NDIKUMANA, 39 ans, responsable des stocks

J'ai commencé à travailler à la Croix-Rouge en 2005 parce que je voulais travailler dans le domaine humanitaire.

Etant responsable des stocks à la Croix-Rouge du Burundi et pour assurer la bonne coordination des opérations de secours, nous avons mis en place un stock central où se trouve tout le matériel nécessaire que ce soit les trousses de secours, les outils médicaux, etc. Avec l’appui des partenaires mouvements et non mouvement, nous recevons le matériel nécessaire aux opérations, puis nous le transférons sur les postes de secours pour répondre aux besoins.

Pour moi c'est très important de pouvoir venir en aide aux personnes les plus souffrantes et vulnérables. C'est le fondement même de notre identité Croix-Rouge et nos Principes Fondamentaux nous inspirent pour travailler dans ce sens. Les principes d’humanité, d'impartialité et de neutralité sont pour moi « les mères » des trois autres principes.

Il y a deux semaines alors que l’on rentrait du travail vers 16h30, sur la route Rumonge il y avait un accident de moto. Deux personnes étaient par terre et gravement touchées à la tête et aux jambes. Aussitôt, nous nous sommes arrêtés, et mes collègues et moi avons commencé à administrer les premiers gestes qui sauvent avant de les acheminer à l'hôpital. Cela a été une expérience forte car j'ai senti en moi une capacité à pouvoir secourir des personnes blessées en toute circonstance.

Les Principes Fondamentaux du Mouvementinternational de la Croix-Rouge et du Croissant-RougeHumanité Né du souci de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sous son aspect international et national, s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Il tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la personne humaine. Il favorise la compréhension mutuelle, l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples.

Impartialité Il ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes.

Neutralité A�n de garder la con�ance de tous, le Mouvement s’abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et idéologique.

Indépendance Le Mouvement est indépendant. Auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et soumises aux lois qui régissent leur pays respectif, les Sociétés nationales doivent pourtant conserver une autonomie qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement.

Volontariat Il est un mouvement de secours volontaire et désintéressé.

Unité Il ne peut y avoir qu’une seule Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à tous et étendreson action humanitaire au territoire entier.

Universalité Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel toutes les Sociétés ont des droits égaux et le devoir de s’entraider, est universel.