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Paul Sanda Prières secrètes de guérison par l’invocation des Saints

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Paul Sanda

Prières secrètes de guérison par l’invocation des Saints

Considérations gnostiques à propos de la vénération des saints

C’est à l’heure où se prépare le premier grand Concile Mondial des temps modernes pour les Églises gnostiques – le World Gnostic Council, qui se tiendra à Paris, à l’été 2017 – qu’il a semblé très important, pour les différents Patriarcats d’Occident, de publier un calendrier des saints et des fêtes de la chrétienté gnostique pouvant servir de référence commune, de base, pour échanger et dialoguer entre les diverses communautés de la constellation orthodoxe. Ce calendrier permet ainsi de mettre en exergue des pratiques traditionnelles, typiques du gnosticisme chrétien, de les faire paraître au jour, et de les partager, dans une édification commune à l’élé-gance et à la splendeur de nos liturgies les plus anciennes. Je ne rappelle ici, pour mémoire, que quelques-unes de ces fêtes, généralement accom-pagnées de cérémonies d’une grande beauté, toujours porteuses des formidables mystères transmis par la Tradition : les Gnostiques chrétiens fêtent en particulier Elias Artista, l’Ange protecteur de la Rose+Croix, le 17 janvier, et la Tétractys, le 31 ; La Colombe, le lendemain, 1er février, Giordano Bruno le 17, la bienheureuse Église d’Antioche, le 22 ; la mémoire du Bûcher de Montségur et de tous les persécutés, le 16 mars ; la Saint Expédit, le 19 avril ; la Saint Jan Hus, le 6 juillet ; Maître Philippe de Lyon, le 2 août, Saint Jérôme Savonarole, le 4, les Dix Martyrs de la dévotion aux icônes, le 9 ; la Fête de Carpocrate, le 14 septembre, la commémoration de la Mort de Paracelse, le 24, et la Saint Abbé Julio, le 27 ; la Fête de l’Archer Divin, le 25 novembre ; et la Fête gnostique de Ieschouah, le 22 décembre. Ces fêtes, proprement chrétiennes ou christianisées, sont émanées d’une histoire, ou plutôt de plusieurs histoires, figurant la diversité des pratiques gnostiques à travers les âges, mais aussi et surtout le dynamisme et la richesse de ces pratiques, qu’elles soient Cathares, Bogomiles, Pauliciennes, Nestoriennes, Rosicruciennes, Patarines, Johannites, Kuldées, Templières, Koudougères, Messaliennes, etc., qui ont pu traverser les âges de manière apocryphe, ésotérique et cachée, pour survivre à une persécution souvent planifiée massivement

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tant par les pouvoirs politiques que par les pouvoirs religieux dogmatiques. Le présent ouvrage est un complément bien plus qu’utile de ce calendrier liturgique, puisqu’il ouvre, plus largement encore que sur les perspectives magiques traditionnelles, sur des pratiques plus populaires, répandues très au-delà des seules Églises, marginales ou non, jusque dans le savoir ances-tral des peuples, dans le secret intime et pratique, tant archétypique, du guérisseur.

J’ouvre ces travaux par un extrait du Liber de duobus principiis, “Le Livre des deux principes”, qui fut attribué à Jean de Lugio, et fut traduit par René Nelli, qui le présente ainsi, très clairement : « Le Liber de duobus principiis nous a été conservé par un seul manuscrit, datant de la fin du XIIIe siècle, appartenant au fonds des Conventi soppressi de la Bibliothèque nationale de Florence. C’est le seul ouvrage théologico-philosophique, écrit par un Cathare, qui soit parvenu jusqu’à nous. » Nous voulons donc rappeler ici que les Cathares, qui sont des Gnostiques sous une tradition singulière, avait une haute opinion de la sainteté, du comportement chrétien comme devant accéder à cette sainteté dès ici-bas, par une vie exemplaire, à l’imi-tation du Christ et des Apôtres, dans la paix, la non-violence, et la compré-hension de la voie intérieure, spirituelle et rédemptrice. Je cite donc le Liber de duobus principiis dans sa dernière partie, le court traité intitulé De perse-cutionibus et c’est Jean de Lugio qui parle : « Souvent, comme je parcourais et lisais les témoignages des divines Écritures, il m’a paru qu’on y trouvait maintes fois rapporté : que les prophètes, le Christ et les Apôtres avaient souffert bien des maux, quand ils accomplissaient leurs œuvres de bonté pour procurer aux âmes le pardon et le salut ; maintes fois affirmé : que les fidèles du Christ, à la fin des temps, devront supporter beaucoup de scandales et de tribulations, de persécutions et de supplices, bien des souf-frances et la mort même, de la part des pseudo-Christ, des faux prophètes, des méchants et des séducteurs ; maintes fois rappelé : comment ils doivent pardonner à ceux qui les persécutent et les calomnient, prier pour eux, leur faire du bien, ne jamais leur résister par la violence, comme on voit que font seulement les vrais chrétiens qui accomplissent les Saintes Écritures pour leur bien et pour leur honneur, tandis qu’au contraire les méchants et les pécheurs accomplissent, à la vue de tous, pour leur malheur, et afin que leurs péchés remplissent toujours la mesure des péchés de leurs pères ». Jean de Lugio cite ensuite saint Paul qui écrit, et souligne les propos précé-dents, dans la Seconde Épître à Timothée : « Or sachez que dans la suite il viendra des temps périlleux. Car il y aura des hommes amateurs d’eux-mêmes, avares, fiers, superbes, médisants, désobéissants à leurs pères et à leurs mères, ingrats, impies, sans tendresse pour leurs proches, sans foi,

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calomniateurs, intempérants, inhumains, sans affection pour les gens de bien, traîtres, enflés d’orgueil, téméraires, ayant plus d’amour pour la volupté que pour Dieu ; qui auront les dehors de la piété, mais qui renonce-ront à ce qu’elle a de solide : fuyez encore ces personnes. » On comprendra ainsi la nécessité de donner exemple, et combien le saint va aider tous et chacun par l’édification que procure son modèle, à la belle incitation qu’est l’imitation, jusqu’à la pleine conformation spirituelle de la voie individuée, de la mission véritable.

À l’époque apostolique, saint Paul utilisait le mot saint pour désigner les disciples, les proches du Christ, ceux qui avaient vécu autour de lui, dans sa pensée ou en cohérence directe avec son enseignement. Dès le IIe siècle, des communautés chrétiennes (gnostiques ou non) ont voulu accorder à certains êtres, hommes ou femmes, qu’ils aient été laïcs ou clercs (le plus souvent des moines ou des évêques), des valeurs humaines au-dessus du commun, et dépassant la condition terrestre même, pour leur octroyer la réputation d’avoir su réintégrer le plus haut degré du Plérôme céleste par une vie exemplaire et de pouvoir ainsi assurer une fonction d’intercesseurs entre les états supérieurs, cosmiques, et les états inférieurs, telluriques. Parmi les premiers qui furent ainsi honorés, on trouve Ignace, évêque d’Antioche, mort dévoré par des fauves aux alentours de l’an 107, et Polycarpe, évêque de Smyrne, mort sur le bûcher, entre l’an 155 et l’an 167. Cyprien, évêque de Carthage, disait à ses diacres et à ses prêtres, dans le milieu du IIIe siècle : « Annoncez-moi les jours où ces saints martyrs sont morts, afin que nous puissions établir leur commémoration, et que des liturgies soient célébrées pour eux. » La conception de l’intercession a sans doute contribué à éloigner le christianisme naissant du judaïsme, en pondérant le monothéisme intransigeant d’aspects complémentaires et périphériques. Ce monothéisme, jugé par certains comme non-intégral, fut aussi une raison forte de conflits au sein de l’Église romaine elle-même. À ce propos, je cite Marcel Bernos, dont j’ai trouvé un article sur le Net, intitulé Brève histoire du culte des saints, qui explique clairement cette lutte : « Le tournant semble se situer dans la première moitié du IIIe siècle. En effet, ni Irénée de Lyon († 202) ni Clément d’Alexandrie († 220) ne semblent reconnaître l’invocation adressée aux saints : “C’est une suprême folie de demander quelque chose à ceux qui ne sont point des dieux comme s’ils étaient des dieux” (Clément d’Alexandrie). L’Église semble alors prier pour les saints, non les saints pour les vivants. Pourtant, Origène († 253) enseignait que les saints se préoccupent des vivants et prient pour eux. Preuve de cette évolution des croyances, en l’occurrence : l’“efficacité” reconnue des reliques ; dès le IVe siècle, au moment où le

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culte des martyrs, des saints et celui des reliques se développent, saint Basile dira : “Celui qui touche les os d’un martyr participe à la sainteté et à la grâce qui y résident.” » La vénération des saints connaissant alors un large succès auprès des classes les plus populaires et donc du plus grand nombres de croyants, le Saint-Siège finit par la considérer comme très importante, si ce n’est fondamentale. Ainsi ultérieurement, pour beaucoup, l’adhésion au culte des saints fut considérée comme un signe d’allégeance au Pape, et de nombreux groupes dissidents l’ont récusée pour ces raisons, comme les austères Vaudois, et les Lollards anglais durant le Moyen-Âge, puis les Réformés au XVIe siècle. Marcel Bernos, dans le même article, rappelle brièvement la principale position protestante : « La Confession d’Augsbourg (1530), premier manifeste ordonnancé de la Réforme luthérienne, inspiré par Melanchthon, bras droit modéré de l’ancien moine d’Erfurt, aborde à l’article 21 la question controversée du culte des Saints : « En ce qui concerne l’Invocation des Saints, nous enseignons que l’on doit conserver la mémoire des Saints, afin que notre foi soit affermie lorsque nous constatons comment ils ont obtenu grâce et comment ils ont été secourus par la foi. De plus, nous devons prendre leurs bonnes œuvres pour exemples, chacun selon sa vocation. […] Mais on ne saurait prouver par l’Écriture qu’on doit invoquer les saints ou implorer leur secours. Car il n’y a qu’un seul Réconciliateur et Médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ, qui est l’unique Sauveur, l’unique Souverain-Sacrificateur, Propitiatoire et Intercesseur devant Dieu (Romains 8,34) ; et lui seul a promis d’exaucer nos prières. Le culte le plus excellent, selon l’Écriture, consiste à chercher le Christ et à l’invoquer du fond du cœur dans tous nos besoins et dans tous nos soucis. » Chez les Luthériens, donc, pas de refus absolu d’un “bon usage” des saints comme modèles, mais rejet d’un culte qu’ils adressent à Dieu seul, en Jésus-Christ, et a fortiori refus de recourir à eux comme intercesseurs. Calvin sera plus sévère, plus particulièrement dans un domaine lié au culte des saints, où le catholicisme romain lui paraît particulièrement critiquable : le culte des reliques. »

Pour les gnostiques, au contraire, le culte des saints, et son autre face tangible le culte des reliques, avec la distance qui doit être prise par ceux qui les vénèrent, ont toujours bénéficié d’un écho majeur, non pour les raisons presque “populistes” des catholiques romains mais, au contraire, pour des raisons ayant trait à la magie, à la puissance d’utilisation énergé-tique mobilisable, à la manifestation même de la présence mystérieuse, souvent éprouvée au réel dans la matière. Les reliques, gardant la mémoire engrammée du saint qui en fut la matière consciente, devenant ainsi des talismans, des pentacles capables de décupler un égrégore, de faire circuler

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des flux énergétiques, et de déclencher des réactions distantes, de l’ordre de la transformation visible et de la guérison. Chez les gnostiques, le saint est considéré comme un détenteur de la puissance et de la clarté, comme un initié qui a pu et su découvrir l’éveil et parcourir la Tradition, une Tradition qui contient l’essentiel de la Connaissance émanée des Mystères antiques, qui a pu être soit éprouvée par expérience directe, soit conservée par une révélation obtenue d’un état supérieur de conscience, en un accès ouvert à l’invisible, par Transfiguration. Annie Besant dans son ouvrage sur Le christianisme ésotérique décrit, en parlant du Christ, ce qui de la vie de celui-ci doit être imité, et le processus d’identification qui mène à la sain-teté, du point de vue gnostique : « Le Christ historique est donc un Être glorieux appartenant à la grande hiérarchie spirituelle qui dirige l’évolu-tion spirituelle de l’humanité ; Il employa, pendant environ trois années, le corps humain du disciple Jésus et consacra la dernière de ces trois années à enseigner en public, parcourant la Samarie et la Judée. Il guérit les maladies et accomplit d’autres actes occultes remarquables ; Il S’entoura d’une petite troupe de disciples qu’Il forma dans la connaissance des vérités intimes de la vie spirituelle ; Il attira les hommes à Lui par Son amour et Sa douceur extraordinaire et la haute sagesse que respirait Sa personne ; enfin, Il fut mis à mort pour blasphème, ayant enseigné que la Divinité habitait en lui comme en tous les hommes. Il vint donner à la vie spirituelle de ce monde une impulsion nouvelle, communiquer de nouveau la doctrine intéressant la vie spirituelle, montrer une fois encore à l’humanité le chemin étroit qui existait de tout temps, proclamer l’existence du “Royaume des Cieux”, de l’Initiation conduisant à cette connaissance de Dieu qui est la vie éter-nelle, faire entrer enfin dans ce Royaume quelques élus capables de trans-mettre leur savoir à d’autres. » On voudra bien comprendre une fois de plus que cette Connaissance, éprouvée et transmise par les gnostiques, n’a rien à voir avec un quelconque savoir scientifique ou savant, parce qu’il s’agit bien de la « Connaissance originelle », celle qui traverse la profondeur de la conscience humaine depuis l’aube des temps, cette étincelle de vie divine qui bascula dans la matière dès l’initial avènement de la pensée, sous la fausse manœuvre du Démiurge, et qui s’engramma alors sous différentes formes exprimées, en la science, en la poésie, et en la religion en particu-lier, en l’art en général, l’art véritable, dont la Magie, l’Astronomie antique et l’Alchimie sont les déclinaisons les plus fondamentales.

« Nous sommes d’en haut et nous allons vers le haut, nous venons de la mer et nous allons vers la mer. » (Rûmi).

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À partir du XIIIe siècle la Papauté a commencé à se réserver vraiment le droit de canoniser les saints, c’est-à-dire de promotionner le culte de la personne sainte, ainsi exclusivement désignée par le siège de Rome, dans tout le monde chrétien, d’en labelliser la vénération. Depuis le milieu du Xe siècle, l’impact populaire de la sainteté avait suffisamment pu convaincre les pontifes romains qu’il était nécessaire de s’approprier cette décision, d’en détenir la clef, pour centraliser, une fois de plus, le pouvoir catholique. Depuis les débuts du christianisme, les églises locales s’étaient toujours pensées en capacité de gérer la ferveur des fidèles, pour les saints vénérés, depuis les temps, par les usages et les croyances populaires. Et ces églises s’étaient senties parfaitement habilitées à définir et à poser les justes critères d’accès à la sainteté. Cette sainteté, locale, était ainsi enra-cinée dans les coutumes et dans les traditions anciennes, intégrée à la vie des groupes religieux naissants, attachée aux communautés ecclésiales en expansion, et surtout aux pratiques les plus ancestrales des fidèles, dans une plus grande sensibilité énergétique et émotionnelle au surnaturel. Tout cela était très éloigné de la sainteté labellisée par le pouvoir Pontifical, reposant souvent sur des critères idéaux et abstraits, parfois sur des enjeux politiques et financiers, et diffusant généralement des modèles de vie chré-tienne absolument inapplicables par l’essentiel des croyants malgré leurs sincères efforts d’imitation. On aura bien compris que le processus de captation par le pouvoir romain des opérations qui vont mener à la déci-sion de canonisation ne peut s’être fait que lentement, progressivement, pour viser à être absolu après la fin du XIIIe siècle. Et si les premières sanctifications furent promulguées de manière tout à fait empirique, par la simple diffusion d’une bulle dûment estampillée, la Papauté ne tarda pas à mettre au point ce qui sera appelé « le procès de canonisation », une véritable instruction judiciaire délibérément inspirée des manières inquisi-toriales. Et je veux citer ici un remarquable article écrit sur ce sujet, paru en 1999 dans le numéro 3 de la revue Rives nord-méditerranéennes, article intitulé « Qu’est-ce qu’un saint ? » et disponible en consultation intégrale sur le Net. Ainsi cet article précise : « Le procès de canonisation est un vrai procès, établi après enquête auprès de témoins interrogés sur l’exercice des vertus chrétiennes du candidat et sur les miracles qu’il a accomplis après sa mort. D’après cette conception que nous appellerons officielle de la sainteté, c’est parce qu’il a exercé les vertus chrétiennes au degré héroïque, c’est-à-dire au-delà des capacités humaines, que le saint a été doté par Dieu de qualités surnaturelles dont celle d’accomplir des miracles. Cette procédure visant à démontrer le lien étroit entre les vertus et les miracles est longue et sélective. Elle aboutit à la proclamation officielle

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de la canonisation en consistoire, puis à la cérémonie de canonisation à Saint-Pierre de Rome. Mais force est de constater que, si l’on s’en tient à la simple statistique, les cas de sainteté donnant lieu à canonisation sont très rares et ne représentent qu’une part infime de la sainteté. » Et plus loin, après une longue explication technique et historique : « Tel est donc le processus par lequel l’Église romaine, avec la complicité tardive mais réelle des églises locales, est parvenue à exercer son contrôle sur l’ensemble du processus de sanctification. À quelques modifications près, purement formelles, ce cadre juridique s’est maintenu jusqu’à nos jours. Pourtant ce contrôle ne pouvait être absolu. Il aurait risqué de tarir la source à laquelle s’alimentait la sainteté. Si l’interdiction de tout culte à l’égard d’un person-nage mort en odeur de sainteté mais dépourvu de reconnaissance officielle avait été strictement appliquée, il serait devenu presque impossible de proposer de nouveaux saints à la vénération des fidèles. L’Église officielle était donc bien obligée d’admettre que c’est le peuple de Dieu – selon l’expression convenue – qui crée le vivier à partir duquel est extrait la faible cohorte des bienheureux et des saints. Pour qu’il y ait aussi peu d’élus, il faut qu’il y ait beaucoup d’appelés ». Et l’on comprendra mieux pourquoi de nombreuses Églises non romaines, orthodoxes ou gnostiques, ont pu choisir de conserver les anciens usages, et de faire désigner par la voix du plus grand nombre les saints véritables, indépendamment des critères de pouvoir qui n’ont rien à voir avec la vie réelle du saint authentique. C’est ainsi que le 27 septembre 2012, six Églises gnostiques, Églises orthodoxes de Lignée occidentale ont pu co-signer la canonisation du saint Abbé Julio, selon la volonté du peuple des Chrétiens et, plus largement, de tous les croyants – ou non-croyants même – miraculés ou guéris par lui, pour le centenaire de la mort de celui-ci. Cette canonisation, ainsi rapportée à une vie absolument sanctifiable, comme d’innombrable témoignages ont pu l’illustrer, étant devenue exemplaire pour rappeler aux yeux du monde que la canonisation vraie est une affaire divine, et qu’elle échappera toujours aux manigances et aux manipulations des pouvoirs officiels. Pour les instances dirigeantes de l’Église catholique romaine, pour être déclaré saint il faut, avant tout, que le saint ait mené une vie irréprochable, sur le plan moral, sur le plan de la morale, voulue et jugée par… l’Église catholique romaine ! Et le deuxième critère est la qualité de l’engagement dans l’anima-tion, et la vie, de cette même Église catholique romaine. On comprendra immédiatement la base de culpabilisation qui se cache derrière ces critères, car cette morale voulue par l’Église catholique romaine est souvent bien éloignée de la véritable pratique de pauvreté, de grandeur spirituelle et de liberté individuelle, vécue dans la joie, la charité, la compassion et la

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générosité, que les chercheurs de la Connaissance savent vouloir éprouver et vivre. Car ces chercheurs ne voient pas dans le saint un modèle moral, mais plutôt une démonstration de la grandeur divine, capable de circuler à travers les êtres, d’atteindre l’immanence par cette transcendance, et ainsi de porter chaque être en direction de la Transfiguration. Le saint ouvre la porte du miracle, d’une béance dépassant le surnaturel, jusqu’à permettre aux aspects coïncidents de faire irruption, sous le même temps, dans le réel. Le saint n’est pas un élu de Dieu sous la seule désignation divine, il est élu parce qu’il a su se faire élire par l’appel divin, en cherchant inlassablement la Connaissance, en dépassant les furies inutiles de l’ego, en choisissant de s’astreindre à la joie de ressentir les vibrations de la nature, à abandonner les critères trop matériels du pouvoir temporel, à s’alléger de fonction-nements purement intellectuels qui paralysent. Le saint est un vecteur de l’énergie de vie, il montre simplement que cette énergie est présence, qu’elle peut travailler à notre aide, pour explorer et construire, pour bâtir un corps glorieux qui traversera la mort elle-même, et fera continuer l’esprit au-delà des malheurs de cette existence, jusque dans la grâce. Les pouvoirs sur naturels du saint sont le fruit du miracle de sa transformation propre, de sa capacité à transmuter les épreuves qu’il a dû traverser. Le saint a découvert, dès ici-bas, la tangibilité de l’amour inconnaissable…

Selon Annie Besant : « Il ne faudrait pas supposer que le Christ cessa d’agir pour Ses disciples après avoir institué les Mystères ou qu’Il se borna désormais à y faire de rares apparitions. […] C’était Lui l’Hié-rophante des Mystères Chrétiens, le Maître direct des Initiés ; c’était la Sienne, l’inspiration qui alimentait, dans l’Église, la flamme de la Gnose, jusqu’au jour où la masse envahissante de l’ignorance devint si grande que Son souffle même ne put empêcher la flamme de s’éteindre. C’était Son travail patient qui donnait à tant d’âmes la force de supporter les ténèbres et de conserver précieusement l’étincelle de l’aspiration mystique, la soif d’atteindre le Dieu Caché. C’était Lui qui versait à flots la vérité dans les intelligences aptes à la recevoir – si bien que les mains, se rencontrant à travers les siècles, se passèrent la torche de la connaissance, sans qu’elle s’éteignît jamais. C’était la Sienne, la Figure qui se tenait près de la roue du supplice et dans la flamme des bûchers, encourageant Ses confesseurs et Ses martyrs et remplissant leur cœur de Sa paix. C’était Lui qui soule-vait l’éloquence tonnante de Savonarole – guidait la sagesse d’Érasme – inspirait l’éthique profonde de Spinoza, dans sa divine ivresse. C’était Son énergie qui poussait Roger Bacon, Galilée, Paracelse, à sonder la nature. » Le saint est une sorte d’artiste, tant inspiré pour avoir long-temps travaillé sur lui-même, tant détaché pour avoir tout vu et tout

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vécu, surtout ce qui est invisible aux autres. Le saint a saisi comment capter le feu divin, comment l’ingérer, le digérer, le servir et s’en servir. Le saint crée, c’est un créateur d’instants, de passages, de mystères et de merveilles, d’élévations et de profondeurs, il crée comme il le veut, comme il détruit les modes, ce qui fait le monde de la matière et du temps. Il a renoncé à l’illusion, à ce qui l’illusionne, et tout ce pour quoi et par quoi il pourrait vouloir en illusionner d’autres : il a abandonné l’envie de démontrer, de prouver, car être lui suffit. Le secret de la sainteté réside dans la capacité à percevoir immédiatement la résultante divine à l’inté-rieur de soi, et à se placer à l’écoute de son flux, de cette source secrète, sans aucune retenue, sans barrière et sans décider d’en manquer quoi que ce soit. En être simplement l’oreille, et le cœur, en être… simplement. Et c’est dans le creuset de cette solitude que naît l’expérience du saint, parce qu’il comprend alors, il prend sur lui en l’éprouvant ce que signifie la présence, sa propre présence à l’instant immédiatement saisi, capté, ressenti, dans l’extrême centration du vide, de la béance, la splendeur de ce nouveau silence qui va commencer. Le saint est à sa vie, comme d’autres se perdent dans la mauvaise ivresse et dans l’apathie, mais lui, c’est à la liberté la plus parfaite qu’il a voué son âme, sa tentative et sa patience. Il entend la voie, celle de l’ascèse véritable, qui lui offre toutes les perspectives, comme toutes les magnificences, car aucune pensée ne lui est inaccessible : il est voyant, il est la pensée, l’idée pure, l’absence d’idée même, le sens pur, la sensation parfaite, la densité du centre, et la souplesse extérieure. Le saint est tant intime avec lui-même qu’il peut tutoyer l’invisible, le saint est tant audacieux avec lui-même qu’il trouve l’amour de dieu sans le chercher, et le saint est tant fou avec lui-même qu’il ne sait plus rien prouver au monde. C’est qu’il est nu sur son axe, nu dans sa méditation, comme un soleil éclatant dans la nuit : il éclaire l’es-prit, le corps et le cœur, et son rayonnement est d’une brillance inégalée. Le saint est tout simplement extraordinaire dans son âme, et tant discret dans ses manières.

Par les pratiques des voies d’éveil, par la division de la conscience, par exemple, une sainteté sensible se prépare, par une discipline constante, juste et assidue. Dans la préface du livre intitulé Pratique des voies d’éveil, d’Alain Blandin, que j’ai édité en 2010, le mystérieux Da-Zin, gnos-tique nestorien, écrit ceci : « La Tradition décline la sensorialité en un unique déploiement. Le toucher, interne-externe, externe-interne, se prolonge dans l’odorat et le goût, puis dans l’ouïe, la vue et enfin la pensée. Chacun de nos sens est une forme de toucher. La pensée égale-ment. Le langage nous révèle que le regard peut caresser ou blesser,

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tout comme les mots, extériorisation d’une pensée, libre et sans limite ou au contraire conditionnée et compressée. Par pensée libre, il ne faut point comprendre le bavardage intérieur ou l’opinion, mais une pensée métaphysique. / Inscrit dans l’axialité de la présence à soi-même cet unique mouvement, du toucher à la métaphysique, est pleinement créa-teur et “décréateur” sans jamais être destructeur. Il déploie et réabsorbe les mondes en une respiration sereine. Tout au contraire, perdu dans les périphéries, les dilutions et les pollutions du moi, il sépare, compare, trie, multiplie et ne retourne pas à sa source. C’est cependant le même mouvement dans l’apparence. La différence entre le Réel et l’illusion se réduit à une posture, renversement de l’imposture tenace du “moi”, de la “personne”, de l’“ego”, cette indispensable présence à soi-même acces-sible par une pragmatique du silence. » Ces pratiques de base, format au passage obligé d’un apprentissage nécessaire, ouvrent vers le risque de la liberté. Et par cette liberté, toutes les formes peuvent alors être traver-sées, dépassées ; on va comprendre ici que toutes les actualisations seront alors possibles, irruptions énergétiques dans la torpeur, dislocation de l’apathie, expérience de la poésie mystique, guérison et auto guérison psychologique, par absence absolue de résistance, par dispersion de tous les aspects captatif de censure, de rétention, de déformation du fruit de cette expérience sensible et spirituelle au plus haut point. Et je cite une nouvelle fois ici le très bel article de la revue Rives nord-méditerranéennes, à propos du destin étonnant du saint : « Le saint ne meurt pas n’importe quand ni n’importe comment. La mort survient généralement à une date marquante du calendrier – la Providence ne fait pas les choses au hasard et le corps exposé pendant plusieurs jours attire, sans qu’on sache vrai-ment pourquoi ni comment – c’est cela la réputation de sainteté –, une masse considérable de fidèles qui viennent le visiter. Au cours de cette longue exposition qui peut durer une dizaine de jours même en plein été, le cadavre émet une odeur particulière, difficile à qualifier, la fameuse odeur de sainteté. Un examen plus attentif du corps montre que, malgré les conditions défavorables (la longueur de l’exposition, la touffeur esti-vale), il ne s’est pas corrompu et qu’il est encore chaud et flexible comme s’il était vivant. La transpiration goutte sur son visage ; elle est pieuse-ment essuyée par un linge. Une saignée réalisée parfois plusieurs jours après la mort prouve que du sang chaud, rouge et liquide circule encore dans les veines. Il est recueilli dans des ampoules. Tous ces rituels sont renouvelés peu ou prou à chaque exhumation ou manipulation ultérieure. Ils ont pour fonction de faire passer les qualités surnaturelles attribuées

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au saint vivant dans le corps mort, afin de constituer le stock de reliques nécessaire à la diffusion des pouvoirs thaumaturgiques. »

L’expérience du saint est l’instrument essentiel de son art, de sa vie en direct, comme il éprouve déjà le miracle, pour lui-même, de se sentir emporté, porté, traversé voire transpercé par l’inépuisable ressource magique de l’énergie universelle, et de ressentir, par l’intensité de cette expérience même, sa capacité à vivre les êtres et les choses à partir de l’intérieur, de pouvoir parfaire l’union divine dans la création en mouvement. Et c’est une défla-gration terrible, qui va secouer le saint dans son émotion même, dans le toucher alors particulièrement sensible de cette émotion, jusqu’à parvenir aux différents degrés supérieurs de distanciation, comme la compréhension de l’infini pourra alors être approchée dans ce qui par là même va échapper. L’expérience va avoir lieu quoi qu’il se passe, seul ou en groupe, et va se manifester par une sorte de premier miracle qui va s’actualiser, mais sans bouleverser l’imagination, l’intuition, la créativité du saint. C’est simplement que son émotivité devra être domptée, distanciée, qu’il devra trouver une humilité plus grande, plus sincère, plus exacte. Le saint va se féconder lui-même, d’une œuvre extraordinaire, comme il aura su être le réceptacle de la grandeur divine, de cette énergie qui circule sur l’Archée, et qui peut percuter les êtres particulièrement éveillés. Et Da-Zin, dans le livre d’Alain Blandin d’ajouter : « En pratique, la métaphysique ne s’entend dans sa dimension non-duelle, à de rares exceptions, qu’après avoir sué et évacué les cristal-lisations dualistes. » Sans doute que le présent ouvrage présentera pour sa part les rares exceptions dont il est parlé ici, car ces exceptions valent une sorte de rédemption directe, mais il est difficile de dire qu’elle puissent valoir exemples, car l’approche mystique ne pourra jamais être souhaitée pour tous. Da-Zin de poursuivre : « La “personne” préfère les paillettes des rituels, des magies, des théurgies et des alchimies au clair-obscur des pratiques assidues et répétitives. Pourtant, ce n’est qu’ici et maintenant, dans l’intervalle entre avant et après que s’ouvrent les portes théurgiques et alchimiques de l’Infini. Alors ce qui faisait sens pour la “personne” n’est plus qu’indécence. Le pres-sentiment de l’Être conduit désormais la conscience. Théurgies et alchimies apparaissent non comme des processus conduisant à un objectif identifiable dans la temporalité mais comme la célébration, libre et joyeuse, de l’aventure de l’Esprit Libre. Corps de Gloire et Pierre au Rouge ne sont pas l’objet de réalisations, l’aboutissement d’un procès mais l’expression d’une Réalisation dans le jeu de l’apparence, celle de son propre achèvement, de sa propre complétude. Objets, ils ne sont encore qu’une contraction de la conscience, une conscience libre de tout conditionnement, une conscience finalement sans objet. » Ici, je me rappelle cette belle phrase de Louis Cattiaux qui a

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marqué ma marche de poète ; tirée de son ouvrage Physique et Métaphysique de la Peinture, elle peut s’appliquer à tous ceux qui expérimentent dans le travail obscur de la voie, les aider aussi, sans doute : « Il nous faut devenir vides afin d’êtres remplis, malléables afin d’être formés, pauvres pour être enrichis, ignorants pour être instruits, fous pour devenir sages, misérables pour être consolés, obscurs pour être illuminés. »

« Se perdre dans la perdition est ma religion, la non-existence dans l’exis-tence est ma doctrine. / Pourquoi irais-je faire le tour du monde, / Alors que l’Ami niche au centre de mon âme douce ? » (Rûmi).

Dans Le Sacré et le profane, Mircea Eliade, parlant de l’Existence humaine et de la vie sanctifiée rappelle que « La Vision de saint Paul nous montre un pont “étroit comme un cheveu” qui relie notre monde avec le Paradis. La même image se rencontre chez les écrivains et mystiques arabes : le pont est “plus étroit qu’un cheveu” et relie la Terre aux sphères astrales et au Paradis. De même, dans les traditions juives, les pécheurs, incapables de le traverser, sont précipités dans l’Enfer. Les légendes médiévales parlent d’un “pont caché sous l’eau” et d’un pont-sabre, sur lequel le héros (Lancelot) doit passer pieds et mains nus : ce pont est “plus tranchant qu’une faux” et le passage se fait “avec souffrance et agonie”. Dans la tradition finlandaise un pont couvert d’aiguilles, de clous, de lames de rasoir traverse l’Enfer : les morts, aussi bien que les chamans en extase l’empruntent dans leur voyage vers l’autre monde. Des descriptions analogues se rencontrent un peu partout dans le monde. Mais il importe de souligner que la même imagerie s’est conservée lorsqu’on a voulu signifier la difficulté de la connaissance métaphysique et, dans le christianisme, de la foi. “Il est malaisé de passer sur la lame effilée du rasoir, disent les poètes pour exprimer la difficulté du chemin qui mène à la connaissance suprême” (Katha Upanishad). “Étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il y en a peu qui le trouvent” (Matthieu) ». Le chemin de la sainteté est étroit, difficile et dangereux. Il nécessite un travail sur soi-même, sans concession, sans relâche, avec obstination et conviction, il nécessite la plus grande humi-lité devant l’incroyable splendeur de l’Univers, devant l’immensité de la Connaissance, devant l’extraordinaire puissance du flux énergétique, qui tisse des liens directs entre toutes les choses, entre tous les êtres, entre les êtres et les choses, entre les mondes, visibles ou invisibles, il nécessite le face-à-face avec le vide, la béance qui, seul, pourra amener le croyant à découvrir la Porte étroite, le Pont sous l’eau, le Passage sans Porte, le Pont de l’épée, la Voie secrète qui mène à la découverte ultime de la tangibilité du Réel. Dans la lutte, dans ce travail intérieur, long et souvent ingrat, il faut

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abandonner les calculs, la sécurité, la prudence, comme il faut accepter d’envisager directement toutes les formes de la mort, les spasmes de la vie, les tourbillons de la condition humaine de pourrissement et de renaissance qui attendent invariablement les chevaliers errants. Ainsi la quête elle-même est la seule richesse, car « c’est toi-même que tu cherches, ô fou, et tu vas te chercher au loin. » (Lanza del Vasto). Et le saint manifeste bientôt sa transformation ; sous l’expérience de la transfiguration, il sait ce que le chan-gement a nécessité d’engagement et d’audace, d’inconscience et de folie, et combien l’émergence du miracle intérieur est à ce prix. Alors les dons divins peuvent, en surcroît, se manifester au travers de lui, le traverser, et signifier la puissance, la grandeur, la formidable circulation énergétique, qui est tant masquée aux yeux de ceux qui ne savent voir. L’exigence, vis-à-vis de soi, est la condition première de toute avancée spirituelle, cette avancée qui, seule, peut permettre de découvrir le fil tendu, le point sublime, l’axe sur lequel tout va cesser d’être perçu contradictoirement, et où l’on saisira immédiatement que le Haut et le bas sont une seule et même chose, comme l’intérieur et l’extérieur, l’on saisira que tout ce que nous avions pu perce-voir jusque-là comme linéaire, et comme fractionné, est en réalité un continuum imperceptiblement cyclique.

Essentiellement, les instances dirigeantes de l’Église catholique romaine ont toujours voulu réduire et minimiser les manifestation surnaturelles émanées du saint de son vivant. Or c’est justement par cette expression mira-culeuse, et sous son témoignage, que naît la réputation de sainteté, sa diffu-sion dans l’âme du peuple même, et la dispersion de par le monde. Et l’article de la revue Rives nord-méditerranéennes souligne clairement que « le miracle ne résulte pas de l’exercice des vertus au degré héroïque ou, pour mieux dire, le saint n’est pas saint parce qu’il fait des miracles, il fait des miracles parce qu’il est saint. La réputation de sainteté s’acquiert à partir du moment où le saint est convaincu qu’il est habité par cette force surnaturelle qui l’autorise à commettre des actes ou à avoir un comportement généralement interdits au commun des mortels ». Le saint est libéré, et libre, quand il est délivré de l’angoisse de devoir montrer l’exemple, de devoir prouver quelque chose aux autres. Ainsi le miracle arrive par surcroît, il est inattendu et la guérison est exercée avec détachement, sans en tirer ni gloire, ni rémunération d’aucune sorte. C’est généralement la pratique de l’ascèse, de la prière quotidienne, ou permanente, une sorte d’oubli de soi (de l’ego), qui permet une mise en relation avec la circulation énergétique que prolonge l’Archée divin jusque dans la matière, c’est le détachement sensible de la matérialité qui crée la béance, le vide suffisant pour aspirer le flux magique du surnaturel. « La sain-teté possède en effet cette garde extraordinaire qu’on nomme l’humilité et

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qui est la liberté conquise sur les pièges de l’apparence mondaine. Le saint ne se prend pas au sérieux, il ne s’enorgueillit pas de ce qui ne lui appartient pas, et rien ne lui appartient ici-bas, si ce n’est la patience de la créature et la louange du créateur » (Louis Cattiaux). La conduite du saint se lie à la Connaissance, qu’il a intégrée et dépassée, et son comportement s’actualise en conséquence de ce dépassement : l’histoire légendaire du saint est toujours la même, pour l’essentiel, et est traduite dans les mêmes termes par la tradition, depuis le Rational des offices divins du maître Jean Beleth, du Bréviaire, compila-tion anthologique des saints du XIe siècle, jusqu’à la Grande Vie des Saints de Collin de Plancy, à l’expiration du XIXe. La révélation de la sainteté commence par une première manifestation prodigieuse, qui advient comme un coup de tonnerre dans un ciel clair. Il peut s’agir d’un envol, au propre comme au figuré, d’une crise extatique, qui fait irruption dans la vie de tous, ou d’une vision, qui livre une prophétie, traduite aussitôt dans le réel, ou d’une guérison, aussi soudaine que spectaculaire. Et « le futur saint qui, jusque-là, menait une vie normale de moine ou de clerc, change brusquement de comportement, ce qu’il manifeste à son entourage par de nouvelles habitudes vestimen-taires. C’est alors que se déclenchent des états spécifiques, visions, extases, lévitations ou macérations exacerbées. Quand la réputation de sainteté est assurée, elle colle à la peau du saint comme une seconde nature. Quoi qu’il fasse, il ne peut plus s’en défaire. Et s’il la nie – toujours maladroitement –, c’est pour mieux la renforcer. Les fidèles attribuent ses dénégations à sa grande humilité. Dès lors, ils s’adressent à lui comme on le ferait à un saint, ils viennent le consulter comme on interroge un oracle, ils décryptent ses propos pour y lire des prédictions, ils lui demandent d’intercéder en leur faveur pour obtenir des grâces, ils volent ses objets familiers pour en faire des reliques. » (Rives nord-méditerranéennes).

Le destin du saint se poursuit, comme il suit imperturbablement sa voie profonde, celle qui lui a été révélée, celle qui le traverse et le porte, sa Mission. Et il accomplira cette mission jusqu’à la mort s’il le faut, sans sourciller, dans la certitude d’être au creux même de la divinité, de la source vivante de toute la cyclicité éternelle. « “Nous sommes comme les balayeurs du monde” a dit saint Paul. Il voulait parler des vivants, des saints, des artistes, des poètes, qui sont les fleurs et comme les fruits ignorés de l’humanité, dont la présence justifie toutes les médiocrités, toutes les suffi-sances, toutes les lâchetés, tous les viols, tous les crimes, et toutes les imbé-cillités, en un mot le fumier où patientent et germent mystérieusement les hommes ordinaires, car nos vies sont encore égarées dans la mort, et la lumière de certains est insulte aux ténèbres de la plupart » (Louis Cattiaux). Le saint trouve dans le silence le plus opaque et dans le vertige

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de ses parois, un passage, une issue qu’il voit plus loin et au-delà plus loin encore. La libre décision s’accentue, souvent dans la joie, et parfois dans la fête même, car l’abîme promet toujours davantage de vie, le cœur secret d’une vraie densité des émotions, de l’harmonie dans les contraires, de cette union si lumineuse avec l’inespéré. Le saint entre en résonance, il catalyse, il vectorise, il est l’antenne vibratoire d’une beauté immatérielle merveilleusement incarnée. Il s’éveille de ses œuvres même, impercepti-blement d’abord, dans la réalité des hommes, puis il passe dans l’invisible, et sa tombe devient un témoignage plus ardent encore, sa présence s’y fait plus propice, plus fulgurante ou plus enfouie, mais toujours plus écla-tante. On le touche – comme ces femmes qui vont gratter le calcaire de sa pierre tombale pour en tirer le breuvage fécondant – et sa force, comme sa pesanteur, s’introduisent dans le bois de l’âme : et la braise se met à luire, aux tréfonds tant obscurs du désespoir. Le saint est un destructeur fécond, autant qu’un bâtisseur de l’inachevé. Il est l’intermédiaire, le passeur, une sorte de Charon chrétien. Il est bien plus proche de l’humain que ne l’est l’ange, ce pur Esprit, et on lui parle plus directement, plus facilement, jamais à contre-jour ni dans le désenchantement, mais avec ferveur, avec flamme et inspiration, avec souffle et couleur. Le saint se manifeste alors, dans une clarté superbe, projetant dans le champ de l’énergie vitale, la projection magnifique de la divinité. Il se disperse un instant dans quelque rêve, dans l’appel d’une chaleur intense, dans le souvenir d’un silence oublié. Il ouvre à nouveau les portes de l’enfance et se prend à la présence sans forme d’une nuit lointaine. « Par là un enfant de Dieu doit apprendre que tout ce qu’il demande à Dieu doit lui profiter au moyen des hommes mais qu’il ne doit pas placer son espoir dans les hommes mais en Dieu ; et ce qu’il avait demandé à Dieu lui échoit finalement par des moyens humains. Quand le cœur désespère des moyens humains et s’abîme à nouveau en Dieu, l’aide de Dieu se fait jour par des moyens humains. Ainsi le cœur se trouve exercé à placer sa confiance en Dieu. » (Jacob Bœhme).

L’intercession, la possibilité que le saint puisse, depuis l’au-delà, dont il sait maintenant le dédale, intervenir dans la condition humaine, quant à la paix, l’apaisement, et le dépassement de la douleur, est une fontaine merveilleuse, la source intarissable d’une sérénité nouvelle. Mais celui qui y versera devra en accepter le prix : l’abandon, sans retour possible, de l’idée de pouvoir.

« Certains estiment la matière de ceci si ardue et périlleuse, qu’ils affirment qu’on ne peut y venir sans un préalable travail énormément énergique, et encore n’est-ce que rarement, et seulement en un temps d’extase. et à ces hommes je veux répondre, autant que le peut ma faiblesse, et dire : que tout

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est selon l’ordonnance et disposition de Dieu, et aussi selon l’aptitude et capacité de l’âme à laquelle est donnée cette grâce de la contemplation et de l’œuvre spirituelle. /Car il en est certains qui n’y peuvent parvenir sans de longs et nombreux exercices spirituels, et encore ne sera-ce que rare-ment qu’ils auront expérience de la perfection de cette œuvre, et sur un appel tout particulier de notre Seigneur : lequel est dénommé extase. Mais il en est d’autres, lesquels sont si subtils en grâce et en esprit, et si familiè-rement avec Dieu en cette grâce de la contemplation, qu’ils peuvent l’avoir quand ils veulent en le commun état de l’âme humaine : assis, marchant, debout ou à genoux. Et encore en ce temps, ils ont pleine et libre disposi-tion de tous leurs sens corporels et spirituels, et ils peuvent en user s’ils le désirent. » (Le Nuage d’inconnaissance). La sainteté est, avant tout, la quête de la vérité, une quête perpétuelle, une curiosité en marche. Cette quête ne se suspend pas, ne s’arrête pas, elle nécessite de l’intelligence, de l’énergie, de la subtilité, un questionnement permanent de l’être au propre, du monde sensible, de l’univers, de la circulation énergétique, de la divine beauté si extraordinaire de l’immensité cosmique. Et celui qui s’adresse au saint, pour avoir une réponse, devra être en chemin du même questionnement, de la même quête, avec ses moyens quels qu’ils soient, c’est-à-dire qu’il devra avoir initié en lui la marche vers la liberté, vers l’affranchissement de toute dépendance, et qu’il devra avoir abandonné l’espoir du privilège. Car la différence entre les êtres ne se fera pas sur l’intention – l’intention est déjà un outil formidable pour grandir – mais sur l’effondrement de l’ego, sur l’humilité et la simplicité. Il y a une nécessité à s’orienter vers l’éveil dans la trajectoire humaine, à s’astreindre à l’étude, à la pratique, à la méditation, à l’écoute du silence intérieur, et ceci pour ouvrir les percep-tions, la finesse de l’intelligence, l’élégance de la pensée. La participation de la sainteté, comme saint ou comme demandeur d’aide, exige le senti-ment de bonté, cet amour véritable qui existe bien au-delà de toutes les illusions habituelles que nous avons créées pour une médiocre sécurité, pour un si petit pouvoir apposé sur la matérialité. Celui qui accepte de s’immerger dans la vie pour la recherche de la vérité, en sachant qu’elle est inenvisageable, celui qui accepte de jouer sa vie, en sachant lâcher prise réellement, ne craindra pas la maladie, ne craindra pas la mort. Et la vie l’aidera, avec tout ce qui vient de l’invisible et qui peut la traverser en flux. La participation de la sainteté oblige à ne plus avoir peur de perdre ce que nous avons connu car, au fond, rien ne nous appartient vraiment, et certainement pas les autres, les êtres, les vivants. Il faut affronter la fin. La fin est une bonne chose : elle oblige à se dessaisir, jusqu’au bout, de toutes les choses amassées, mais aussi de son propre corps. C’est par la fin que

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nous pourrons appréhender le commencement. La mouvance. Ce sera une nouvelle découverte, comme chaque instant qui passe meurt, et livre de lui-même un nouvel instant, différent du précédent, mais aussi intéressant en soi, dans sa nouvelle beauté. La participation à la sainteté, c’est vouloir se mettre en marche au-delà même de l’idée de la fin.

« La quête de la vérité exige beaucoup d’amour et une conscience appro-fondie de la relation de l’homme à toute chose – ce qui signifie que l’on ne se préoccupe pas de son propre progrès, ou de ses propres accomplis-sements. La quête de la vérité est la vraie religion, et seul celui qui cherche la vérité est un homme authentiquement religieux. À cause de son amour, cet homme est en dehors de la société, et son action sur elle est donc entièrement différente de celle de l’homme qui est dans la société et veut la réformer. Le réformateur ne peut jamais créer une nouvelle culture. Ce qui est indispensable, c’est la quête menée par l’homme véritablement religieux, car cette quête même produit sa propre culture – et c’est notre unique espoir. En effet, la quête de la vérité donne à l’esprit une créativité explosive, qui est la vraie révolution, car dans cette quête l’esprit n’est pas contaminé par les diktats et les sanctions de la société. Étant libre de tout cela, l’homme religieux est capable de découvrir ce qui est vrai ; et c’est cette découverte du vrai, d’instant en instant, qui crée une nouvelle culture. » (Krishnamurti).

Les saints ont porté à un rare degré de perfection l’exercice de la quête de la vérité, et pratiqué, à un très haut degré, les vertus libératrices de la Gnose, de cette Connaissance qui naît au plus profond du creuset, au cœur même de cette croix dont le centre laisse alors échapper l’essence immortelle de la vie. C’est cette merveilleuse étincelle que chaque être peut imaginer, avec patience, pouvoir libérer, et voir gagner l’élévation sublime. Il ne s’agit pas ici de se lier, de s’entraver, à un savoir arbi-traire qui conditionne à des schémas réducteurs, mais bien d’accepter de s’affranchir des modèles rigides de l’éducation, et des censures, des barrières, que des traditions non comprises ont pu ériger. Aucune Église n’est propriétaire de la sainteté, d’une labellisation quelconque. C’est la piété des humbles qui déterminera la grandeur du saint, et parfois impo-sera aux Églises elle-même d’entériner et d’accepter le culte voulu par les croyants. Mais tout cela n’a que peu d’importance : ce qui compte, c’est l’alchimie du bonheur parfait, et cette alchimie ne peut se développer, du plus profond de soi-même, qu’à l’écart des turpitudes du monde. Plus que jamais, la société semble dure, et le monde profane insensible, fermé. Mais le saint ne fuit pas, il est en présence dans ce monde et dans ce temps. Il se crée des espaces secrets, à l’intérieur de son quotidien social

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même. Progressivement, il développe en lui l’amour, par le retrait, par l’abandon de toute idée de devoir exercer un pouvoir, il développe en lui la compassion, par l’usage agréable de sa pensée propre, qu’il a su laisser croître indépendamment de toute influence non désirée, il développe en lui la curiosité la plus vaste, par la contemplation de la merveilleuse inventivité de la nature. Il sait enfin utiliser l’énergie qui le traverse, en direction de sa recherche de vérité, pour sa recherche du bien, pour sa quête de Dieu. Et c’est ainsi que le saint peut œuvrer pour lui-même et pour tous, qu’il peut apporter à l’édification commune, la contribution de sa joie, de sa bonté, et de son rayonnement.

« Subitement l’Amour / M’a tiré le coin de l’oreille / en me conduisant dans un coin, / Il me chanta des incantations, / Et son incantation fut le piège de mon cœur capturé. » (Rûmi).

La sainteté n’est pas une récompense, elle est le témoignage vivant de la Porte, de la possibilité du passage. Il ne faut pas s’emparer du saint comme d’un modèle, mais plutôt l’entendre comme un porteur de clef, un aîné qui a su ouvrir son cœur. Et c’est ainsi que chacun pourra méditer patiem-ment ces mots étranges : « Si seulement je n’avais pas choisi ma raison en guise de preuve ! Si seulement je n’avais pas poursuivi avec elle la voie de la réflexion en guise de but ! » (Mohyiddin Ibn ’Arabi). Sous la magnifi-cence de l’impensable poésie cosmique universelle, sous la percussion de l’expérience tant visionnaire, celle qui sait buriner l’âme pour en extraire le Corps Glorieux, en édifier le sens, je ne sais que balbutier le voyage : comprenne qui pourra !

Comment te le dirais-je, mon enfant, commence dès maintenant à tendre vers les lieux ! Comment te parlerais-je du Tout ? Je suis l’Intellect et je vois un autre intellect qui met l’âme en mouvement. Je vois Celui qui me ravit en une sainte extase. Tu me donnes puissance. Je me vois moi-même. Je veux parler. Une crainte me retient. J’ai trouvé, moi, le Principe de la Puissance qui est au-dessus de toutes les Puissances et qui lui-même n’a pas de Principe. Je vois une source vibrante de vie. Je l’ai dit, ô mon enfant, je suis l’Intellect, j’ai contemplé ! Il est impossible à la parole de révéler cela. En effet toute l’Ogdoade, ô mon enfant, ainsi que les âmes qui sont en elle et les anges chantent des hymnes en silence. Mais à moi, l’Intellect, ils me sont intelligibles.

L’Ogdoade et l’Ennéade, 58,2 – 58,20.

taBle des matières

Considérations gnostiques à propos de la vénération des saints ................................................. 5

Indications pratiques pour l’invocation des saints....................... 23

A. Description des décors et outils ................................................... 27

B. Le moment du rituel, et son fonctionnement astrologique ; et comment l’on dit les incantations ........................................... 43

C. Préparation personnelle pour le rituel ........................................ 49

D. Dire la Messe, ou assister à la Messe ; Profession de Foi des Églises gnostiques ................................. 53

Saint Fulbert – Pour retrouver la mémoire ........................................... 69Saint Laurent – Pour soulager et faire disparaître les brûlures ........... 72Saint Janvier – Pour aider à la guérison du cancer ............................... 75Saint Paul – Contre les Contusions ........................................................ 78Saint Sérapion – Pour apaiser les douleurs physiques ......................... 81Sainte Olive – Pour réduire les fractures ............................................... 84Saint Guthlac – Contre les maux de gorge ........................................... 87Saint Éloi – Pour se défaire d’un lumbago ............................................ 90Saint Fiacre – Contre les plaies ............................................................... 93Saint Partène – Pour aider l’enfant apparemment retardé .................. 96Saint Évode – Pour enlever les rhumatismes ........................................ 99Saint Maur – Contre les allergies ............................................................ 102Sainte Brigitte – Pour sauver du bégaiement ........................................ 105Saint Paschase – Pour guérir les crampes chroniques ......................... 108Saint Mamert – Pour faire disparaître l’eczéma .................................... 111Saint Pantaléon – Pour venir à bout de l’impuissance ......................... 114

350 | Prières secrètes de guérison par l’invocation des Saints

Saint Denis – Pour vaincre la migraine .................................................. 117Sainte Juliette – Pour lutter contre la paresse ....................................... 120Saint Marcoul – Pour se défaire du psoriasis ........................................ 123Saint Albert – Pour la rénovation mentale ............................................ 126Saint François d’Assise – Pour vaincre la stérilité ................................ 129Sainte Barbe – Pour guérir le zona ......................................................... 132Saint Winnoc – Contre l’asthénie et la fatigue ...................................... 135Saint Colomban – Contre les confusions mentales ............................. 138Saint Aelred – Pour combattre les crises de nerfs ................................ 141Saint Abbé Julio – Contre le sentiment de culpabilité ......................... 144Saint Gildas – Pour retrouver l’esprit, effacer les délires .................... 147Saint Césaire – Pour s’affranchir de la dépression ............................... 150Saint Jean de la Croix – Pour dépasser la désolation intérieure ......... 153Saint Nathalan – Pour se défaire de l’hypocondrie .............................. 156Saint Philibert – Pour s’affranchir de la névrose .................................. 159Saint Vartan – Chasse la phobie de l’eau ............................................... 162Saint Mathurin – Contre les terreurs ...................................................... 165Sainte Marguerite – Pour se préparer à l’accouchement ..................... 168Saint Blaise – Pour purifier les aliments ................................................ 171Saint Valentin – Pour protéger l’amour pur .......................................... 174Sainte Marie-Madeleine – Pour faire disparaître le chagrin d’amour 177Saint Patrick – Pour combattre la discorde ........................................... 180Sainte Catherine – Pour se protéger de la fausse couche .................... 183Saint Barhadbesciabas – Contre le sentiment d’isolement ................. 186Saint Patrocle – Pour la protection des familles ................................... 189Saint Nicolas – Pour la protection des enfants ..................................... 192Sainte Colette – Pour favoriser le rapprochement amoureux ............ 195Saint Christophe – Pour protéger dans les voyages ............................. 198Saint Matthieu – Contre le manque d’argent chronique ..................... 201Saint Thomas – Pour les changements de situation ............................ 204Saint Barbat – Pour ceux qui sont chômeurs ........................................ 207Saints Côme et Damien – Pour le progrès professionnel ................... 210Saint Jean l’Évangéliste – Pour développer la création artistique ...... 213Saint Expédit – Pour la réussite aux examens ...................................... 216Saint Joseph – Pour ceux qui recherchent un logement ..................... 219Saint Antoine de Padoue – Pour retrouver les objets perdus ............. 222

Table des matières | 351

Saint Yves – Pour gagner un procès ....................................................... 225Saint Roch – Pour pouvoir récolter sans crainte .................................. 228Saint Servais – Pour obtenir le succès dans une entreprise ................ 231Saint Antonin – Pour se défaire de l’alcoolisme ................................... 234Sainte Rita – Pour les causes désespérées .............................................. 237Sainte Ursule – Pour faire un choix difficile ......................................... 240Sainte Clotilde – Pour retrouver la liberté de choix ............................. 243Saint Vincent Ferrier – Pour fortifier une décision ............................. 246Sainte Eupraxie – Pour s’affranchir des drogues ................................. 249Saint Jean Chrysostome – Pour l’affirmation d’une décision ............. 252Saint Maximilien – Pour retrouver la lucidité ....................................... 255Saint Gomer – Pour ceux qui sont mal mariés ..................................... 258Saint Matthias – Pour combattre la récidive ......................................... 261Sainte Thérèse d’Avila – Pour obtenir une vision ............................... 264Saint Raymond Nonnat – Pour la consolidation psychique .............. 267Saint Georges – Pour éloigner les ennemis .......................................... 270Saint Boniface – Pour combattre les esprits immondes ...................... 273Saint Venant – Pour vaincre les envoûtements ..................................... 276Saint Grat – Pour éviter les fléaux .......................................................... 279Saint Médard – Pour combattre les invasions d’insectes .................... 282Saint Nicétas – Pour purifier les lieux hantés ....................................... 285Saint Benoît – Pour résoudre et dépasser les maléfices ...................... 288Saint Antoine le Grand – Pour extirper et chasser les démons ......... 291Saint Willibrord – Protection contre les envoûtements ...................... 294Saint Magne – Pour éloigner la maladie des végétaux ......................... 297La Vierge Noire – Pour les causes déjà perdues .................................. 300

Considérations sur l’exorcisme, avec le secours des saints ....... 305La Voie de la Connaissance................................................................. 319Prolongements initiatiques ................................................................. 333Lettre sur la sainteté par Rémi Boyer ............................................... 338Éléments de Bibliographie .................................................................. 345