De l’importance de la logistique en Belgique

François Bellot

Ministre Fédéral de la Mobilité

Introduction: importance de la logistique en Belgique Importance du Benelux : plaque tournante du transport international de marchandises en

provenance et à destination de l’Europe.

Travailleurs =

• 1/20 actifs dans le transport,

• Presque 1/10 dans la logistique.

Rotterdam, Anvers et Amsterdam sont parmi les 5 principaux ports maritimes de l’UE

Amsterdam Schiphol, Luxembourg Airport, Liège et Bruxelles Airport : parmi les 10 plusgrands aéroports de l’UE pour le transport de marchandises.

Alors que la superficie du Benelux ne couvre pas plus de 1,7% du territoire européen, lesPays-Bas, le Luxembourg et la Belgique concentrent à eux seuls:

• 6% du transport ferroviaire en Europe,

• 7% du transport routier,

• 21% du transport maritime,

• 24% du fret aérien

• 78% de la navigation intérieure.

Le secteur de la logistique en Belgique

1er obstacle: la congestion routière

2ème obstacle: la concurrence déloyale

1er obstacle: la congestion routière

Parmi les différents modes de transport, la route draine aujourd’hui environ70% du volume total de marchandises transportées en Europe, et ce chiffresera amené à croître encore à l’avenir.

Or, malgré sa forte densité, notre réseau routier est de plus en plusrégulièrement saturé, ce qui nuit notamment au développement du transportet de la logistique.

Il convient donc de prendre des mesures afin d’améliorer la fluidité du traficsur nos routes:

- Diminuer la part modale du transport routier dans le transport de marchandises,en augmentant celle du fret ferroviaire, maritime et fluvial ;

- Développer l’intermodalité de la chaine logistique, avec une attentionparticulière sur la logistique urbaine;

- Optimaliser les flux en recourant aux innovations et aux nouvelles technologies.

Mesure 1: amélioration de l’attractivité du fret ferroviaire

Forte augmentation du transport de marchandises prévue en Belgique:+45% de tonnes/km d’ici à 2030.

Malgré ses avantages, la part modale du ferroviaire au sein du trafic demarchandises (12%) reste faible par rapport aux autres modes detransport.

Il convient de renforcer la part modale du fret ferroviaire au travers de :

une diminution du seuil de pertinence à des distances plus courtes

des volumes inférieurs.

Mesure 2: amélioration de l’attractivité du fret maritime et fluvial

En Belgique, les activités de transport de marchandises, le long de lafaçade maritime et dans son Hinterland, ont une importance capitalepour le Modal Shift aussi bien sur courte distance que pour letransport intracommunautaire.

S’agissant d’un sujet international par nature, l’essentiel de larèglementation s’y rapportant provient de l’Europe et des accordsinternationaux.

Il appartient à la Belgique de les mettre en œuvre.

Mesure 3: intermodalité de la chaine logistique

La sixième réforme de l’état a accéléré le transfert de compétences dufédéral vers les régions : besoin d’une vision interfédérale de la mobilité.

Afin de rendre possible le modal shift, il est crucial de faciliter la multi-modalité :

- En continuant les travaux d’harmonisation des réglementations pourlever les zones grises.

- En faisant évoluer la réglementation suite aux nouvelles technologies.

- En avançant sur un accord de coopération entre les tous les niveaux.

Mesure 4: maîtrise de la logistique urbaine

D’ici à 2050 la demande en marchandises en zone urbaine devrait tripler dansles grandes villes.

La circulation des biens en milieu urbain est mise sous pression,particulièrement en raison de l’explosion de l’e-commerce.

D’ici à 2030 les coûts marginaux de congestion augmenteront de 75% enBelgique pesant ainsi de manière croissante sur la compétitivité des villes.

La logistique « du dernier kilomètre » pose un défi majeur pour les villes quine sont pas encore équipées de stratégies exhaustives.

Mesure 5: les innovations technologiques (smart mobility)

De plus en plus de données sont disponibles sur les déplacements.

La collecte et le traitement de ces données permet d’améliorer tant laplanification que le fonctionnement en temps réel.

L’évolution des technologies ITS ouvrent de nouvelles opportunités.

La mobilité intelligente permet l’amélioration de l’efficacité et l’efficiencedes systèmes de mobilité.

Ces améliorations passent par une implication desautorités publiques, opérateurs et entreprises.

Deux innovations en Belgique dans le secteur de la logistique

La lettre de voiture électronique (e-CMR):

- Projet pilote en Belgique depuis mai 2016 pour le transport national, et projetpilote élargi au Benelux depuis mars 2018.

- Permet une réduction des charges administratives pour les entreprises et uneamélioration des contrôles.

Le truck platooning:

- Projet pilote mené le 16 avril 2016, en Belgique (et d’autres pays EU), afin defavoriser le transport en convoi via des véhicules semi-autonomes (interconnectés viades technologies avancées)

2ème obstacle: la concurrence déloyale

Depuis quelques années, la position concurrentielle des transporteursbelges s’est fortement dégradée : l’activité de transport des entreprisesbelges a presque diminué de moitié en dix ans à peine, avec une chute plusmarquée encore pour le transport international.

Ce phénomène touche également d’autres pays d’Europe.

La raison principale de ce déclin réside dans le prix de nos transporteurs, quisont plus chers que leurs concurrents étrangers, notamment issus des paysrécemment entrés dans l’Union européenne.

Voilà pourquoi le Gouvernement belge a fait de la compétitivité desentreprises actives dans le transport routier de marchandises l’une de sespriorités.

Mesure 1: le plan pour une concurrence loyale dans le transport

Adopté en février 2016, il prévoit des actions à trois niveaux : national,Benelux et européen.

Il constitue le fruit d’une concertation entre ministres, administrations,fédérations patronales et syndicats.

Plusieurs actions de ce plan sont réalisées ou actuellement en cours,principalement :1. Une coopération plus importante des différents services de contrôle (SPF Mobilité, Inspections

sociales et Police), tant en Belgique qu’au niveau Benelux ;

2. Une révision du catalogue des amendes s’appliquant au transport routier, afin de les rendre plusadaptées aux infractions et plus efficaces ;

3. S’opposer à une libéralisation plus poussée du cabotage, en raison des trop grandes différencesqui existent encore entre les États de l’UE en matière de législation sociale, fiscale, et du travail ;

4. Apporter une attention particulière à la part de marché grandissante des transports effectuésavec des véhicules légers, en plaidant notamment au niveau européen pour un élargissement desrègles relatives à l’accès à la profession, au tachygraphe et aux temps de conduite et de repos.

Mesure 2: l’Alliance du routier (1)

Déclaration signée le 31 janvier 2017 par l’Allemagne, l’Autriche, laBelgique, le Danemark, la France, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège etla Suède, auxquels se sont joints la Grèce et les Pays-Bas

Objectifs de l’initiative « Alliance du routier » :

- Harmoniser les différentes mesures nationales d’application de laréglementation européenne (les interprétations de la législation européennesont en effet diverses, donnant lieu à une multitude de mesures nationalesdifférentes) ;

- Améliorer les pratiques de contrôle (et donc, envisager une harmonisationdes contrôles et, par conséquent, un renforcement de la coopération entreEtats en la matière) ;

- Définir des positions communes pour lutter contre le dumping social etfavoriser la concurrence loyale.

Mesure 2: l’Alliance du routier (2) Action 1 : garantir le droit des camionneurs à une vie de famille normale, notamment

via des règles de temps de conduite et de repos adaptées et un retour régulier descamionneurs dans leur pays d’origine ;

Action 2 : élargir les règles d’accès à la profession aux véhicules utilitaires légers(compétence régionalisée en théorie, mais les Régions sont d’accord avec cettemesure) ;

Action 3 : faciliter l’usage de la lettre de voiture électronique (e-CMR) : un projetpilote est en cours en Belgique afin d’évaluer la fiabilité et la sécurité de ce dispositif ;

Action 4 : échanger les données des contrôles des différents pays pour mieux pouvoircibler les contrôles ;

Action 5 : partager les initiatives innovantes en matière de contrôle et étudier lafaisabilité d’un système qui garantisse un transport de haute qualité avec desentreprises exemplaires ;

Action 6 : partager les pratiques de contrôle des États dans la lutte contre la fraude,en les encourageant à rejoindre Euro Contrôle Route et à échanger les bonnespratiques ;

Action 7 : développer l’échange transfrontalier de données pour lutter plusefficacement contre les sociétés boites aux lettres et la fraude au tachygraphe ;

Action 8 : défendre une position commune au sein du Forum international duTransport (FIT) pour garantir un système soutenable et une évolution contrôlée dumarché.

Le paquet Mobilité (1)

Le « Paquet mobilité » proposé par la Commission européenne vise àassurer la transition vers un système de mobilité davantage intégré etmultimodal en :

- stimulant la compétitivité du secteur du transport routier ;

- renforçant l’équité sociale ;

- conduisant le secteur vers une mobilité propre et sans émissions.

La Commission européenne a présenté une première série depropositions réglementaires visant notamment à

améliorer le fonctionnement du marché du transport de marchandisespar route (pilier marché intérieur);

améliorer les conditions d'emploi et la situation sociale des travailleurs(pilier social);

promouvoir une tarification intelligente en Europe (pilierpéage/tarification).

Le paquet Mobilité (2)

Vu les divergences entre les différents Etats membres, aucun accord n’a pu être trouvé jusqu’à présent.

La Présidence autrichienne du Conseil a formulé de nouvelles propositions de compromis au début d’octobre 2018.

Ces propositions seront analysées et discutées dans les semaines et mois à venir par les différents Etats membres et la Commission.

Merci pour votre attention