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POUVOIR DES MOTS Recueil de textes d’élèves | Choix du jury 2017 Épreuve unique de français, langue d’enseignement au secondaire Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur #&’#%"$#!( +*1’(-1!/!*#%,1 )&1.0"&$1 !%&"$#

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POUVOIR DES MOTSRecueil de textes d’élèves | Choix du jury 2017

Épreuve unique de français, langue d’enseignement au secondaire

Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur

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Coordination et rédaction Éducation préscolaire et enseignement primaire et secondaire Formation générale des jeunes Pour tout renseignement, s’adresser à l’endroit suivant : Renseignements généraux Direction des communications Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur 1035, rue De La Chevrotière, 28e

étage Québec (Québec) G1R 5A5 Téléphone : 418 643-7095 Ligne sans frais : 1 866 747-6626 Ce document peut être consulté sur le site Web du Ministère : www.education.gouv.qc.ca. © Gouvernement du Québec ISBN 978-2-550-80285-3 (PDF) Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017

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Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Français, langue d’enseignement 3

TABLE DES MATIÈRES

Présentation de Pouvoir des mots .................................................................. 4

Politique éditoriale ................................................................................................ 4

Critères de sélection ............................................................................................. 5

Sélection du jury 2017 .......................................................................................... 6

Se vêtir en vert ................................................................................................. 7

Tromperie vestimentaire ............................................................................... 9

Jouons à la roulette russe avec la planète! ............................................ 1 1

Le monde au bout du rouleau .................................................................... 13

Se vêtir… plus dispendieux qu’on ne le croit ......................................... 15

La mode responsable : utopie ou réalité? .............................................. 17

Vers l’avènement d’un avenir sain… ou pas ........................................... 19

Le vrai prix de votre garde-robe ............................................................... 2 1

Les vêtements de sang ................................................................................. 23

Les leurres derrière vos étiquettes ........................................................... 25

Les parts d’ombre de l’industrie du textile ............................................ 27

S’habiller de façon responsable, un jeu d’enfant ................................. 29

L’injustice s’habille en Prada ....................................................................... 3 1

Un modèle économique à revoir… ........................................................... 33

L’industrie du vêtement : un univers sans pitié .................................... 35

L’avarice du textile, monnaie courante .................................................... 37

L’industrie du vêtement : néfaste sur plusieurs points ..................... 39

Se vêtir de façon responsable : est-ce possible? ................................ 41

Nuisible des pieds à la tête .......................................................................... 43

L’industrie du vêtement, une bombe à retardement ......................... 45

Et si votre garde-robe consumait notre univers? ................................ 47

Sommes-nous à l’abri de la cupidité humaine? ................................... 49

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POUVOIR DES MOTS

POLITIQUE ÉDITORIALE

La langue française occupe une place importante dans la formation des jeunes du Québec. Afin qu’ils puissent prendre conscience de la dimension sociale de cette langue et du pouvoir qu’elle exerce sur tous, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur souhaite offrir aux jeunes une tribune où seront publiées des lettres ouvertes rédigées à l’occasion de l’épreuve unique de français, langue d’enseignement, de fin d’études secondaires.

En mai 2017, dans le cadre de cette épreuve, quelque 54 200 élèves du Québec ont rédigé une lettre ouverte d’environ 500 mots dans laquelle ils répondaient à la question suivante :

« Se vêtir de façon responsable : est-ce possible? »

La section Web Pouvoir des mots offre ainsi à son lectorat quelques-uns des meilleurs textes sélectionnés par les membres d’un jury soucieux de faire connaître les idées, les valeurs et les croyances des jeunes du Québec, et de promouvoir la langue française en tant qu’outil de pensée, d’identité et de liberté.

Pour qu’une lettre soit publiée, elle doit respecter la politique éditoriale de Pouvoir des mots. Cette politique demande à l’élève :

• de susciter l’intérêt ou la réflexion du public cible par le choix des idées, la façon de les exprimer, l’angle adopté pour les présenter ou les liens établis;

• d’employer une langue standard;

• d’utiliser des informations fiables;

• d’éviter les propos de nature trop personnelle (anecdotes, confidences, aveux, etc.);

• de respecter la propriété intellectuelle en ne s’attribuant pas les propos d’un auteur;

• de ne pas mettre en cause l’intégrité ou la réputation de certaines personnes par ses propos.

Note. – Comme ils ont été produits en situation d’examen, les textes d’élèves pourraient contenir certaines erreurs.

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CRITÈRES DE SÉLECTION

Les membres du jury ont sélectionné les lettres ouvertes selon les critères suivants :

• l’originalité des propos;

• la profondeur de la réflexion menée;

• la qualité du vocabulaire utilisé;

• la maîtrise des règles liées à la syntaxe, à la ponctuation età l’orthographe.

Une proportion harmonieuse de filles et de garçons qui étudient dans des établissements publics et privés situés en région et dans les grands centres a été respectée.

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L’INDUSTRIE DU VÊTEMENT

Sélection du jury 2017

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Florent AniortéCollège Mont-Saint-Louis

Se vêtir en vert

« Made in China1 » sont devenus les mots les plus évocateurs de la consommation moderne. Ils trahissent l’aveuglement volontaire qui caractérise si bien la société occidentale d’aujourd’hui. Cette étiquette riche de sens est présente de façon bien trop abondante sur les vêtements que nous portons quotidien nement. Pourtant, la communauté décide de négliger les conséquences de l’hyperconsommation sur la survie des pays qu’elle exploite. Comment est-il possible de se vêtir de manière responsable et respectueuse de ces pays démunis? Bien, lectrices et lecteurs de la section « Pouvoir des mots », je vous assure qu’une gamme de solutions à caractère environnemental et social s’offrent à nous sans pour autant que ces solutions dérèglent notre rythme de vie.

D’abord, c’est un phénomène connu pour ceux qui s’informent à ce sujet que la surconsommation est source de nombreux enjeux néfastes qui compromettent le bien-être de plusieurs écosystèmes. Afin de ralentir leur dégradation, le consommateur sensible à sa réalité peut très bien faire des choix plus éclairés. Celui-ci peut avant tout donner priorité à l’achat de vêtements indiquant que leur processus de fabrication est équitable et respecte des lois en lien avec la protection de l’environnement. De plus, le consommateur lambda peut encourager les

entreprises écoresponsables, telles que Patagonia, qui sont de plus en plus nombreuses à récupérer des déchets et à les utiliser pour la confection de certains de leurs vêtements et accessoires. Bref, c’est en misant sur la mondialisation de chaînes de fabrication plus écologiques et respec-tueuses de la nature que le consommateur aide à réduire les impacts négatifs du « fast fashion2 » sur les écosystèmes.

Ensuite, il faut reconnaître que la mise en vente d’un vêtement implique bien plus que des effets néfastes sur l’environnement, elle implique aussi l’exploitation abusive d’ouvriers de tous âges soumis à un mode de vie médiocre, ou devrais-je dire misérable, et à de terribles conditions de travail. Il est pourtant facile de réduire cet impact social qu’ont nos habits sur ces individus du tiers-monde. Consommer localement devient alors une solution équitable. En encou rageant l’économie locale, nous sommes certains que les vêtements que nous portons ont été fabriqués par des ouvriers d’ici sous de meilleures conditions de travail qui, elles, sont soumises à des lois gouvernementales respectueuses de l’individu. Dans une métropole comme Montréal, les friperies deviennent un choix éclairé. Ces magasins bon marché, en plus d’encourager le recyclage de vêtements usagés, amènent de l’emploi, entre autres, à

1. « Fabriqué en Chine ».2. Phénomène de surconsommation rapide.

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la communauté immigrante présente au Québec. C’est donc en débutant chez soi que la société occidentale offre un avenir plus équitable aux communautés exploitées par les riches industries.

En d’autres mots, il est fort possible, lectrices et lecteurs de la section « Pouvoir des mots », de se vêtir tout en ayant une empreinte environnementale et sociale positive sur

notre société et sur celles qui sont au bas de la chaîne de production de nos vêtements. Alors que les entreprises écoresponsables sont d’importants acteurs dans cette lutte, la consommation locale constitue une très bonne solution au problème mondial. C’est en se levant de son fauteuil que l’on donne vie au changement et c’est en se levant que l’on marche vers une réalité « fabriquée au Québec ».

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Réchauffement climatique, guerres, famine, exploitation d’enfants… Nul ne peut nier les enjeux planétaires dont l’ombre grandissante nous enveloppe un peu plus chaque jour. Des progrès sont faits, mais est-il réaliste de croire que nous sommes sur la bonne voie? Pour ce qui est de l’industrie du vêtement, je ne crois pas, chers internautes, que l’on puisse se vêtir de façon responsable de nos jours. Aujourd’hui encore, un peu partout sur le globe, trop de crimes environnementaux sont perpétrés et trop de droits de la personne sont bafoués.

D’une part, lorsque l’on achète des vêtements, rares sont ceux qui s’informent sur leur fabrication. Prenons l’exemple de votre magnifique sac à main en « CUIR VÉRITABLE ». Navrée de briser le mystère, je vous annonce que votre magasin préféré n’a pas de champs de cuir dans son arrière-boutique. En plus d’avoir littéralement coûté la peau des fesses à un animal sans défense, il a probablement entraîné la lente, mais douloureuse mort de son fabricant. En réalité, même si des droits tels que le salaire vital sont inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies1, des travailleurs mettent en péril leur vie en s’exposant à des produits toxiques pour des revenus mensuels

inférieurs à un seul de vos accessoires beauté. En plus de ces atrocités, les circuits d’approvisionnement sont souvent trop complexes pour retracer les fournisseurs. La solution : n’achetez pas! En somme, il est très difficile, voire impossible d’affirmer avec certitude qu’un vêtement est socialement responsable.

D’autre part, l’opinion de plusieurs personnes est influencée par leur métier. Si l’on croyait sur parole certains designers et créateurs comme Jean-Claude Poitras, il serait facile de penser que nos habits sont tous en train de devenir écologiquement responsables. Cet homme parle de mode durable en évoquant une « vague irréversible qui s’infiltre dans tous les domaines reliés au design2 ». Permettez-moi de rire. À mon avis, le tsunami décrit n’est en fait qu’une simple ondulation, une goutte dans l’océan. Certes, les gouvernements ont pris conscience des dommages causés à la nature, mais ont-ils changé leurs mœurs pour autant? Les fournisseurs, qui brouillaient déjà les cartes côté humain, ont appris à mieux mentir. Voilà le changement! Ainsi, certains font croire à leurs clients que leur fibre est obtenue à partir de retailles d’eucalyptus, sans préciser que les arbres ont été coupés dans des forêts anciennes ou protégées3. L’acheteur pense

Sarah BastienÉcole Gilbert-ThébergeCommission scolaire du Lac-Témiscamingue

Tromperie vestimentaire

1. Anna MCMULLEN et autres, « Salaires sur mesure », p. 4, 8 et 9, Collectif Éthique sur l’étiquette, [En ligne ], octobre 2014. [ http://ethique-sur-etiquette.org/IMG/pdf/rapport_salaire_vital_def.pdf ].

2. Jean-Claude POITRAS, « Le slow fashion, nouvelle conscience de la mode », Le Devoir, 28 février 2015, p. D5.3. Iris GAGNON-PARADIS, « La mode détruit-elle nos forêts? », lapresse.ca, [En ligne], 15 février 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/

mode/201402/14/01-4738926-la-mode-detruit-elle-nos-forets.php ].

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faire un choix responsable, mais encourage l’extinction d’espèces. Bref, méfiez-vous. Vos vêtements ne sont pas aussi charmants qu’ils peuvent paraître.

Compte tenu de ce qui précède, il est clair que se vêtir de façon entièrement responsable est irréaliste. Néanmoins, cela constitue un noble objectif que les consom-mateurs devraient tous viser. Si vous étiez celui qui travaille dans de tels environnements, n’aimeriez-vous pas que l’on vous considère?

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Jouons à la roulette russe avec la planète!

Au XIXe siècle, Émile Zola a écrit le roman Germinal. Plus récemment, Cameron a sorti le film Avatar. Quel est le lien entre ces deux œuvres, me demanderez-vous? Les deux dénoncent de graves problèmes qui sont aujourd’hui omniprésents dans l’industrie du vêtement, soit l’exploitation des ouvriers et la destruction de la nature au nom du dieu profit. Sachant cela, pouvons-nous encore nous vêtir de manière responsable? Malheureusement, je dois constater que non. Nous avons dépassé le point de non-retour et devons vivre avec les conséquences de nos choix en tant que société.

En tout premier lieu, pour pouvoir se vêtir de façon responsable, il faut être capable de déterminer ce qu’on veut protéger en tant que consommateur. Le problème ne vient évidemment pas d’un manque de choix, bien au contraire : préférez-vous ces gentils petits animaux à fourrure si mignons, la planète sur laquelle vous marchez et qui vous tient en vie ou bien ces pauvres ouvriers qui meurent de faim, exploités dans les usines du tiers-monde? Belle question éthique, mais le problème reste entier même après avoir fait son choix. Admettons que vous décidiez de protéger les humains en boycottant les vêtements venant du Bangladesh et de ses usines dignes de l’époque victorienne, vous venez également de priver ces gens de toutes les sources de revenus dont ils disposent et donc indirectement de logis et

de nourriture. Bravo! Si par contre vous décidez de protéger les animaux en arrêtant d’acheter de la fourrure ou du cuir, vous allez vous rabattre soit sur des fibres végétales, qui font entrer d’énormes quantités de polluants et de pesticides dans la nappe phréatique, soit sur des fibres faites à partir d’arbres venant de forêts coupées à blanc, soit sur des produits du pétrole ne se décomposant pas dans la nature et venant d’une source non renouvelable. En essayant de protéger les animaux, vous leur avez ôté leur habitat et leur nourriture. Vous voyez où je veux en venir? Il est impossible de bien faire en achetant de nouveaux vêtements, puisque ça tue la planète, et ne pas en acheter affame des humains : c’est choisir entre mourir brûlé ou en steak tartare.

Même après tout cet argumentaire, certains joyeux illuminés me diront que tout ceci n’est plus vrai, que les mœurs ont changé et que de nouvelles compagnies éthiques sont en train d’émerger, comme par exemple Freitag, à Zurich. Pour y être déjà allé, je peux vous dire deux choses : premièrement c’est laid et, deuxièmement, c’est affreusement cher! Qui paye 500 francs suisses (750 $) pour une sacoche faite avec une vieille bâche? Passez à la quincaillerie du coin acheter du papier collant gris et une bâche bleue, ça vous fera économiser sur le billet d’avion! Sans blague, ce prix exorbitant est un problème : plus c’est cher, moins de gens en

Guillaume BédardÉcole d’éducation internationaleCommission scolaire des Patriotes

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achètent et moins de gens en achètent, plus c’est cher. Comme dirait Ionesco, dans La cantatrice chauve, prenez un cercle, caressez-le et il deviendra vicieux. L’élite achète des produits recyclés parce qu’ils sont chers et ils sont chers parce qu’ils sont vendus à l’élite! D’ailleurs, cette mode du luxe éthique a même atteint Adidas, qui a créé un prototype de soulier fait en plastique recyclé. Un prototype mis à la vue de tous. Un prototype qui est loin d’être en magasin. UN prototype. Je respecte l’intelligence de ce coup de pub : ils font le minimum pour avoir l’air présentables et continuent de faire d’énormes profits sur le dos des Bangladais. Et que dire de ces nouvelles fibres « écologiques » qui rejettent des microbilles de plastique lorsqu’on les lave? En bref, nous vivons dans un système capitaliste et le seul

but de toutes ces entreprises reste de faire du profit, pas de créer un monde meilleur, malheureusement.

Finalement, tout ce que nous achetons est mauvais pour quelqu’un, même si l’on essaye de nous vendre le contraire, et nous nous devons de choisir la moins terrible des options. Nous, les jeunes, connaissons aussi la tragédie du Rana Plaza et nous avons vu La Onzième Heure de DiCaprio. Nous savons que si nous ne voyons pas mourir la planète et ses habitants de notre vivant, nos enfants verront tout cela. Nous savons que nous devons apporter notre contribution pour rattraper les gaffes de ceux qui sont venus avant nous. Après avoir lu tout cela, réfléchissez : avez-vous vraiment besoin de cette quatorzième paire de jeans?

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Thalia CardinÉcole Curé-Antoine-LabelleCommission scolaire de Laval

Le monde au bout du rouleau

Vous souvenez-vous de la période, lorsque vous étiez enfants, où des magasins tels Aubainerie et Tigre Géant annonçaient des rabais? Moi, je m’en souviens. Ma mère m’achetait plusieurs chandails et autres habits, tous peu chers. Aujourd’hui, c’est à mon tour de choisir mon style vestimentaire et je sais bien que le bas prix de ces pièces d’habillement reflète les minimes coûts de production qu’elles engendrent. Cela m’amène à me demander s’il est possible de se vêtir de façon responsable. À mon sens, il est déplorable que la réponse à ce questionnement soit encore non en 2017.

Tout d’abord, s’habiller tout en respectant notre société est très difficile et plutôt rare, notamment en raison des multiples impacts négatifs que l’industrie de la mode a sur l’environnement. En effet, la production des tenues de notre garde-robe pollue énormément, autant l’air – que les animaux, les insectes, les plantes et nous-mêmes respirons – que les cours d’eau dont nous dépendons tous. Saviez-vous qu’en moyenne, nous, les Québécois, achetons pour environ 26 kilogrammes de vêtements par année, pour finalement en jeter 23 kilogrammes durant cette même période de temps1? Lorsque j’ai appris ce fait, mon cœur a manqué un battement. J’ai tout de suite pensé aux plus démunis, qui n’ont que

très peu à se mettre sur le dos, et cela m’a mise en colère. Sommes-nous si égoïstes? Ces rejets finissent dans les dépotoirs, déjà trop remplis. Bien évidemment, le transport de gilets et de sous-vêtements, qui sont des exemples parmi tant d’autres, se fait en grande partie par des machines n’étant pas électriques et qui, en conséquence, produisent des quantités faramineuses de gaz à effet de serre, contaminant nos poumons et ceux de la terre. Malheureu-sement, vous avez sans doute remarqué que certaines pièces de vos tenues sont fabriquées avec du coton. D’après l’auteure du livre intitulé Magnifeco, Kate Black, ce produit « est la récolte la plus sale de la planète2 ». Étant moi-même très écologique dans mes achats, cela me bouleverse.

Ensuite, non seulement la nature est touchée par cette industrie, mais plusieurs popu-lations en souffrent. Il est attristant de voir que la société occidentale – pourtant bien informée que les célèbres marques Gap et Nike ont déjà exploité des enfants et qu’elles ont souvent sous-payé leurs travailleurs – continue à soutenir ces multinationales. En effet, la plupart des personnes exploitées sont établies en Asie. Vous n’avez qu’à regarder d’où proviennent vos habits pour confirmer cela. Bangladesh, Chine, Thaïlande, Vietnam, nommons-les. Les personnes y

1. Caroline MONTPETIT, « Réveiller la fibre éthique en mode québécoise », Le Devoir, [En ligne], 19 août 2016. [ http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/478104/festival-mode-et-design-reveiller-la-fibre-ethique-en-mode-quebecoise ].

2. Ibid.

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travaillant luttent pour obtenir un salaire minimalement décent, alors que les profits réalisés par les grandes compagnies se comptent par milliards de dollars3. De surcroît, plusieurs usines utilisent des produits extrêmement toxiques pour la santé humaine et ne garantissent en rien la protection de leurs travailleurs. Quelle honte! L’effondrement du Rana Plaza, où travaillaient des gens pour le secteur vestimentaire, qui avait fait plus de 1 100 morts le 24 avril 2013, n’est qu’un exemple du manque de sécurité auquel font face les fabricants de vêtements4.

En résumé, même si plusieurs belles initiatives ont été lancées à travers le monde afin de rendre le secteur de la mode plus écoresponsable et socialement responsable, les acteurs ayant le plus d’influence ne changent pas leurs mauvaises façons de faire. Depuis plusieurs années, l’homme invente toutes sortes d’appareils qu’il dit être intelligents. Quand comprendrons-nous enfin qu’il est plus important que nous – tous autant que nous sommes – le devenions?

3. Anna MCMULLEN et autres, « Salaires sur mesure », p. 4, 8 et 9, Collectif Éthique sur l’étiquette, [En ligne], octobre 2014. [ http://ethique-sur-etiquette.org/IMG/pdf/rapport_salaire_vital_def.pdf ].

4. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-la-maroquinerie-pas-chere.php ].

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Se vêtir… plus dispendieux qu’on ne le croit

L’homme a fondamentalement un côté égoïste qui le force, parfois inconsciemment, à faire fi du malheur qui frappe ses frères, dans la mesure où cela lui permet de conserver son confort. Il en sera éternel-lement ainsi. Cette réalité me force à croire que la fâcheuse situation dans laquelle se trouve notre planète ainsi que beaucoup de prolétaires dans différents pays ne se réglera pas de sitôt. La question suivante s’impose : se vêtir de façon responsable, est-ce possible? À mon humble avis, absolument pas, car la société capitaliste dans laquelle nous vivons ne permettra jamais à la main-d’œuvre de plusieurs usines de ce monde d’améliorer leur sort. En outre, l’individualisme est une valeur bien plus importante, chez les Occidentaux, que le bien commun.

En premier lieu, le système capitaliste est trop bêtement pensé pour octroyer aux travailleurs de bon nombre de manufactures de toute sorte, dont les usines de vêtements de partout dans le monde, la chance d’améliorer leurs conditions. Le principe est simple. Le moyen le plus évident d’augmenter les profits d’une entreprise est bien sûr de sous-payer les employés qui y travaillent et de ne leur offrir aucune mesure de sécurité. Nous n’avons qu’à penser à la main-d’œuvre qui traite le cuir dans les usines du Bangladesh. Cette dernière se tue, au sens propre du terme, à l’ouvrage. Cette réalité

obscure et anxiogène ne fait que nourrir mon aversion envers le comportement de ceux dont le désir de faire de l’argent est exacerbé. Il ne faut pas oublier les jeunes qui travaillent dans ces usines. Ces derniers triment et suffoquent sous le poids de l’égoïsme de ceux qui, sans scrupules, exploitent leur jeunesse et abusent à outrance de leur candeur. Les scélérats avares dirigeant ces entreprises de vêtements ne les perçoivent que comme des pions sans valeur. Il faut donc comprendre qu’il est pratiquement impossible de dénicher des vêtements aux coûts raisonnables n’ayant pas été produits aux dépens de ceux qui les ont fabriqués. Telle est la conséquence de notre système capitaliste, qui ne tend pas à être réformé.

En second lieu, force est d’admettre qu’en Occident, l’individualisme prime le bien commun. Pourquoi devrions-nous nous soucier des conditions exécrables dans lesquelles beaucoup trop de prolétaires confectionnent des vêtements vendus à des prix ridicules, que notre égoïsme et notre insensibilité nous permettent d’acheter? Tel est le problème. Que sommes-nous prêts à tolérer pour avoir la chance de nous parer de vêtements de derrière les fagots à petits prix quand nous avons l’occasion de débourser davantage pour des vêtements créés localement? J’ai bien peur qu’il s’agisse de vies humaines. En effet, notre ardent besoin

Galiane CharbonneauÉcole polyvalente des MontsCommission scolaire des Laurentides

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de faire des économies prive des milliers de personnes du salaire minimal requis pour mener une vie décente. En outre, il est important de mentionner que notre planète souffre grandement de l’insouciance qui mène nos vies. La pollution engendrée par la production de vêtements est catastrophique. Or, il s’agit d’un détail négligeable pour qui ne pense qu’à son compte en banque. Bref, je vois mal comment il serait possible de se vêtir de manière responsable quand une chance inouïe s’offre à nous : celle de s’habiller au détriment de la vie de milliers de prolétaires et de la santé de notre planète.

En conclusion, il est pratiquement impensable qu’un jour, il soit possible de se vêtir de manière responsable. Deux écueils nous en empêchent : le capitalisme, qui rend la plupart des dirigeants d’entreprise insensibles aux dangereuses conditions qu’ils imposent à leurs employés, ainsi que l’individualisme, qui s’avère être une valeur très importante chez les consommateurs occidentaux. La seule solution envisageable serait que l’ensemble de la population s’indigne à la suite d’une importante campagne de sensibilisation. Elle pourrait ainsi tenter de convaincre nos chefs d’État d’adopter des lois en faveur de tous ces hommes et ces femmes qui souffrent pour rendre la vie plus facile à d’autres.

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Stacey DoyerPolyvalente de CharlesbourgCommission scolaire des Premières-Seigneuries

Depuis le début de la mondialisation, l’industrie textile est en plein essor. En effet, il n’est pas rare de constater que les vêtements que nous portons proviennent d’un autre pays. Cela s’explique par la délocalisation des grandes entreprises vers les pays en développement dans le seul et unique but de bonifier leur profit. Malgré ce capitalisme industriel et ces compagnies prêtes à tout pour gagner en prestige, est-il possible de se vêtir de manière responsable? Selon moi, la réponse à cette question ne peut être qu’un non catégorique. La mode qui s’avère néfaste autant pour l’environ-nement que pour les travailleurs exploités s’est déjà infiltrée dans notre société tel un cheval de Troie moderne.

La boîte de Pandore a été ouverte!

La première étape pour atteindre cette mode durable serait de retracer la provenance du textile, or il serait optimiste d’oser croire que les fournisseurs dévoileraient leurs secrets aussi facilement. Dans un texte d’Iris Gagnon-Paradis, il a bien été précisé que les fibres composant certains types de vêtements peuvent provenir des forêts anciennes. Évidemment, ces « très honnêtes » fournisseurs oublient de spécifier ce détail. Comment peut-on choisir des vêtements de manière responsable s’il s’avère presque impossible de savoir leur provenance exacte? En bref, si nous ne pouvons pas bien sélectionner nos habits

par manque d’information, nous risquons d’acheter les vêtements d’une entreprise douteuse et d’encourager cette dernière par la même occasion! C’est une problématique désormais devenue hors de contrôle, car, vous en conviendrez, nous ne pouvons pas simplement arrêter de nous vêtir.

Le talon d’Achille de la responsabilisation

Un second point important qu’il ne faudrait surtout pas oublier implique les travailleurs des pays en développement. Nous savons tous qu’ils travaillent dans des conditions atroces : un petit salaire, peu d’équipement de protection, des heures interminables à toujours faire la même chose, et cetera. Ce qui reste à découvrir, c’est à quel point une meilleure sélection vestimentaire va les affecter, et surtout comment. Les employeurs seront-ils obligés de leur offrir de meilleures conditions pour conserver leur précieuse clientèle ou vont-ils uniquement les congédier, maintenant qu’ils ne peuvent plus profiter d’eux? De la même manière que le titan Prométhée a offert le feu aux humains, ces entreprises ont distribué un salaire à leurs ouvriers. Un salaire bien maigre, certes, mais c’est mieux que rien. S’il y a un risque que ces personnes se retrouvent sans emploi, la vraie façon de les aider n’est pas d’éviter d’acheter certains vêtements, mais de leur trouver un meilleur travail. Pour cela, il reste encore du chemin à faire, car Rome ne s’est pas construite en une journée.

La mode responsable : utopie ou réalité?

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Pour conclure, se vêtir de manière responsable n’est certainement pas dans le domaine du possible. Tant qu’on ne peut pas s’assurer que nos habits proviennent de compagnies écologiques et que les ouvriers ne perdront pas leur travail faute d’un manque d’acheteurs, il sera impossible de changer quoi que ce soit. Dans ce cas, que peut-on faire d’autre pour rendre le monde meilleur?

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Vers l’avènement d’un avenir sain… ou pas

L’argent, la consommation, le bonheur… On semble apprendre, en grandissant, que ces trois choses ne peuvent faire autrement qu’aller ensemble. Ainsi, on fait de l’argent, on consomme, on se rend plus heureux. Il arrive que certains d’entre nous tentent de briser ce cycle destructeur en proposant, notamment, de se vêtir de façon responsable. Le problème, c’est que, bien qu’il serait possible d’y arriver en pratiquant, par exemple, le recyclage, la nature de l’être humain pose un obstacle de taille.

D’une part, il existe une multitude de manières de recycler les vêtements. Par exemple, ils peuvent être carrément faits de matière recyclable. Adidas, ayant remarqué cette évidente possibilité, a réussi à produire des chaussures sport « entièrement faites de plastique et de filets récupérés dans les océans1 ». Quelle excellente initiative! Cette compagnie, qui figure parmi les plus célèbres fabricants de vêtements, possède une voix puissante, une voix qui risque d’en entraîner plusieurs autres à l’imiter. En fait, il se trouve que plusieurs autres compagnies ont déjà adopté la méthode d’Adidas! On peut penser, notamment, à Nike, à G-Star Raw ou bien à Freitag2. Les grandes entreprises commencent à être sensibilisées, et cela nous pousse inexorablement vers une

consommation plus responsable, du moins sur le plan environnemental. Si vous n’êtes toutefois pas fans de déchets, rassurez-vous. Il existe des manières de s’habiller conforta-blement avec du coton et du lin tout en promouvant un avenir sain pour l’industrie textile : vous pouvez acheter usagé. Selon Lis Suarez, fondatrice d’Ethik-BGC et de FEM International, sur les 26 kg de textile achetés chaque année par les Québécois, 23 kg se retrouvent à la poubelle la même année3. Il pourrait en être autrement. Est-ce vraiment si difficile de faire don de son vieux linge à des boutiques d’occasion? Est-ce, par la suite, si difficile de soi-même magasiner dans de telles boutiques? Non seulement leur marchandise est très abordable, mais elle peut également être plutôt jolie! En effet, qui n’a jamais pénétré dans un Village des valeurs, croyant y perdre son temps, pour finalement en sortir avec un sac rempli de petites perles qu’on a su y dénicher? Penser responsable, c’est penser recyclage. Et penser recyclage, c’est possible.

D’autre part, il n’est pas très réaliste de songer qu’on peut se vêtir de manière raisonnable. Malgré toutes les méthodes qui existent pour y arriver, comme celles mentionnées dans le paragraphe précédent, en définitive, tout repose sur le bon vouloir

Jade DucharmeCollège Jean de la Mennais

1. Philippe MERCURE, « Se vêtir avec des déchets », La Presse, 17 juillet 2015, p. A8.2. Ibid.3. Caroline MONTPETIT, « Réveiller la fibre éthique en mode québécoise », Le Devoir, [En ligne], 19 août 2016. [ http://www.ledevoir.com/

culture/actualites-culturelles/478104/festival-mode-et-design-reveiller-la-fibre-ethique-en-mode-quebecoise ].

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des citoyens et, par extension, des États. Malheureusement, les gouvernements ont la manie de n’agir qu’en cas d’extrême nécessité. Par exemple, à Dacca, où de nombreuses tanneries polluent l’air et les sols, « le gouvernement reconnaît que [celles-ci] violent les lois sur l’environnement, mais préfère jouer de la persuasion que de la force4 ». Si personne n’est prêt à fournir des efforts et à faire des sacrifices dans le but d’en arriver à un niveau de consommation judicieux et à des méthodes de production saines, nous n’aboutirons jamais à rien. Oui, il y a de l’argent à faire dans l’industrie des vêtements. Oui, vous aimez vous pavaner avec une nouvelle paire de jeans tous les jours, équipé de votre sacoche Louis Vuitton

dernier cri. Toutefois, penser égoïstement entraîne de graves conséquences environne-mentales et sociales, car la production de masse pollue et plusieurs travailleurs sont très peu rémunérés3. Je suis d’avis que l’être humain ne sera jamais assez altruiste pour réellement consommer avec modération. Il se rend lui-même la tâche impossible.

En conclusion, puisqu’il existe des manières de faciliter l’habillement responsable, comme le recyclage, il serait facile de croire qu’il est possible d’y arriver. Par contre, si l’on se fie à l’être humain, on se rend compte que son besoin de consommer est si puissant qu’il sera difficile de faire bouger les choses. Un paradoxe qui ne pourrait être résolu qu’en changeant la nature de l’homme.

4. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-la-maroquinerie-pas-chere.php ].

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Il serait fou de dire que la mode n’est pas importante de nos jours. Chaque année, des tendances apparaissent pour être déclarées « démodées » presque aussitôt, entraînant la production de quantités immenses de vêtements. Devant ce gaspillage inévitable, beaucoup se demandent : est-il possible de se vêtir de façon responsable? Pour ma part, lecteurs de « Pouvoir des mots », je pense que ce n’est hélas pas faisable, ou du moins pas à notre époque où le capitalisme règne en maître. Car non seulement la course aux profits fait-elle partie du problème, mais il y a aussi le fait que même les fibres « écoresponsables » nuisent à l’environnement.

Commençons par la recherche du maximum de capitaux que font la plupart des compagnies. Les propriétaires se fichent complètement des normes environnemen-tales ou du bien-être des ouvriers dans les usines, tant qu’ils ont leur marge de profit! Prenons pour exemple l’immortel et fort pratique jeans : saviez-vous que son bel effet délavé est produit avec des canons de sable dont la poussière est hautement toxique pour les ouvriers? Il y a d’autres techniques, bien sûr, mais celle-ci reste la moins dispendieuse, alors pourquoi arrêter sous prétexte que quelques ouvriers tombent malades? Un cas semblable à celui-ci sont les tanneries de cuir dans les pays comme le Bangladesh : les ouvriers passent leurs journées les deux pieds dans les produits chimiques et à respirer des fumées toxiques.

Pas étonnant, donc, que la plupart se retrouvent avec des maladies se présentant sous forme de taches noires sur la peau ou carrément des cancers! Et ça c’est sans compter les milliers de litres d’eaux usées rejetées dans la nature par les usines aux quatre coins du globe. Des pétitions ont déjà circulé pour faire stopper tout ça, mais riches comme ils sont, croyez-vous sincèrement que les propriétaires d’entreprises vont se plier à nos réclamations parce qu’on l’a demandé gentiment?

Deuxièmement, aussi étonnant que ce soit, même les fibres dites « écoresponsables » nuisent à l’environnement. La rayonne ou le modal sont de bons exemples : tous deux sont des fibres végétales fréquemment utilisées pour faire des tissus, ce qui serait une bonne chose s’ils ne venaient pas de la coupe de forêts anciennes abritant des espèces fragiles et en danger, comme les forêts d’Indonésie. Et même si l’on considère que seulement 5 % des produits forestiers vont à la production de textiles, il ne faut pas oublier que la demande est toujours grandissante pour ce type de fibres : les entreprises prévoient une augmentation de la demande de 112 % au cours des quatre prochaines décennies, et cela risque d’être extrêmement néfaste pour nos forêts, surtout à cause du non-respect des normes forestières. Plutôt ironique qu’un vêtement se voulant écoresponsable contribue à l’extinction d’espèces animales et végétales, n’est-ce pas?

Gabrielle GagnonPolyvalente Le CarrefourCommission scolaire des Draveurs

Le vrai prix de votre garde-robe

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Finalement, chers lecteurs, il n’est pas possible de s’habiller de façon responsable, pas à notre époque. C’est surtout à cause du désir d’accumuler le plus d’argent possible et de la mise en danger d’écosystèmes précaires pour faire des vêtements. Je pense que certains propriétaires d’entreprises auraient besoin d’une petite leçon d’humanité!

Sources

Julie ROUSSEL, « Une paire de jeans dans l’environnement », 21 août 2014, GaïaPresse, [En ligne]. [ http://www.gaiapresse.ca/2014/08/une-paire-de-jeans-dans-lenvironnement ].Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http.www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-la-maroquinerie-pas-chere.php ].Iris GAGNON-PARADIS, «  La mode détruit-elle nos forêts?  », lapresse.ca, [En ligne], 15 février 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/ mode/201402/14/01-4738926-la-mode-detruit-elle-nos-forets.php ].

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Dans la dernière décennie, il est devenu très à la mode de changer ses habitudes de vie en fonction de ses valeurs et idéaux. Dans la foulée des nouvelles tendances qui mettent de l’avant le développement durable, certaines personnes tentent d’acheter leurs vêtements de façon « responsable ». Cependant, est-il réellement possible de se vêtir ainsi? Selon moi, il est évident que non, et vous, lecteurs, à la fin de ce texte, serez du même avis.

Primo, il est impossible de se vêtir de façon responsable en raison des répercussions environnementales dommageables de l’industrie du vêtement. Mais d’abord, il serait pertinent de définir ce que c’est de se vêtir de façon « responsable ». En fait, une façon simple de l’écrire serait de se vêtir afin de soutenir le développement durable, c’est-à-dire en respectant l’environnement et les ouvriers impliqués dans la production de vêtements. Vous avez sans doute constaté l’impact des pratiques industrielles et agricoles sur la planète grâce à des livres, tels que Les raisins de la colère. Eh bien, la culture du coton, un des matériaux vestimentaires les plus importants, utilise à elle seule 14 % de tous les insecticides agricoles et 6,2 % de tous les pesticides dans le monde (Kate Black, dans Caroline Montpetit, 19 août 2016). À cela, les plus sceptiques diront certainement qu’ils n’ont qu’à boycotter le coton ou à se procurer des vêtements usagés, mais à quoi bon si, selon un article de Caroline Montpetit publié dans Le Devoir le 19 août 2016, seulement 5 % des

23 kilos de vêtements jetés par le Québécois moyen chaque année sont vendus en friperie, et que 30 % seulement sont recyclés? Sans parler des déversements de produits toxiques, de la pollution des sols et de la nappe phréatique causée indirectement par la production de vêtements (Julie Roussel, 21 août 2014). À ce rythme, il est bien justifiable de se préparer pour l’apocalypse en construisant une réserve de semences au Svalbard! En somme, il est évident que, en raison d’une myriade de problèmes environnementaux causés par l’industrie vestimentaire, la vêture responsable n’est qu’une utopie.

Secundo, on ne peut adopter des pratiques responsables par rapport à l’habillement en raison du monstrueux problème affectant son industrie : l’exploitation des ouvriers. Effectivement, ce qui s’est produit durant la révolution industrielle en Occident se produit maintenant dans des pays tels que le Bangladesh, la Thaïlande, la Chine et j’en passe, en raison des compagnies qui s’y délocalisent. Les ouvriers travaillent dans des milieux qui ne respectent pas leurs droits fondamentaux pour des salaires affreusement bas. Par exemple, les quelque 25 000 ouvriers dans les tanneries d’Hazaribagh, à Dacca, ont des salaires aussi bas que 50 $ par mois selon un article de Kamrul Hasan Khan publié le 11 mars 2014. Savez-vous ce qui est encore pire? L’inaction de la société occidentale. Dans le même article de Khan, on affirme que l’effondrement du Rana Plaza, en 2013, a fait 1 135 morts et

Louis-Gabriel ImrehSéminaire Saint-François

Les vêtements de sang

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était dû au non-respect des normes de construction. Cet ignoble incident aurait dû être un coup de semonce incitant les pays développés à passer à l’action, mais, hélas! Rien n’a changé depuis. Bref, l’exploitation des ouvriers dans le domaine vestimentaire est une raison parmi tant d’autres pour laquelle il est impossible de se vêtir de façon responsable.

Ultimo, les problèmes environnementaux causés par l’industrie du vêtement et l’exploitation de l’homme par l’homme sont deux raisons pour lesquelles on ne peut pas réellement se vêtir de façon responsable dans les circonstances actuelles. En revanche, on ne peut qu’espérer que les ouvriers d’Orient se syndiquent et revendiquent leurs droits dans un futur proche.

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La révolution industrielle fut non seulement marquée par la production intensive de biens grâce à la nouvelle machinerie, mais également par les conditions de travail déplorables des ouvriers. Aujourd’hui, rien n’a changé, même après plusieurs décennies. Certains se questionnent alors sur la possibilité de se vêtir de façon responsable de nos jours. Pour ma part, je crois qu’il est impossible, voire irréaliste, de s’habiller de manière éthique dans un monde capitaliste, où les grosses têtes ne se préoccupent ni de l’environnement ni des conditions des travailleurs.

Tout d’abord, l’industrie du vêtement détruit notre planète à une vitesse fulgurante. Avec une demande en constante croissance, nos « chères » manufactures du textile en profitent pour tirer le maximum de ressources naturelles de nos sols. D’ailleurs, même les forêts, dont l’écosystème est ultrafragile, sont exploitées à des fins économiques et commerciales1. Ce n’est pas tout! Détrompez-vous, cher lecteur, car piller nos ressources naturelles pour s’enrichir n’est pas suffisant pour nos grandes entreprises du vêtement! Il faut absolument polluer nos lacs, nos rivières et nos océans. Sachez que

l’eau est appelée l’or bleu pour une raison : c’est qu’elle se fait très rare aujourd’hui. Alors que de nombreux pays sont en sérieuse pénurie d’eau, nos industries du textile, quant à elles, polluent nos cours d’eau pour produire des vêtements. Un exemple frappant est celui des tanneries à Dacca, au Bangladesh, qui déversent près de 22 000 litres de déchets toxiques dans le Buriganga, la source d’eau la plus importante du pays selon le ministère de l’Environ-nement2. Bref, j’ai l’impression que notre planète s’éteint petit à petit au profit de l’enrichissement d’une classe déjà aisée.

Ensuite, je considère qu’il est absurde d’affirmer qu’il est possible de se vêtir de manière éthique, tant que les conditions des travailleurs de la chaîne de fabrication ne sont pas raisonnables. Malheureusement, la grande majorité des entreprises de textile offre des conditions de travail affligeantes, au détriment de la santé des travailleurs. Prenons l’exemple de l’industrie du jeans. L’exposition des ouvriers à de la poussière de silice cristalline, servant à délaver des jeans et qui est extrêmement toxique, cause énormément de maladies pulmonaires et respiratoires3. Évidence : les travailleurs sont

Asmaa JerroumiÉcole Mont-RoyalCommission scolaire Marguerite-Bourgeoys

Les leurres derrière vos étiquettes

1. Iris GAGNON-PARADIS, «  La mode détruit-elle nos forêts?  », lapresse.ca, [En ligne], 15 février 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/ mode/201402/14/01-4738926-la-mode-detruit-elle-nos-forets.php ].

2. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-lamaroquinerie-pas-chere.php ].

3. Julie ROUSSEL, « Une paire de jeans dans l’environnement », GaïaPresse, [En ligne], 21 août 2014. [ http://www.gaiapresse.ca/2014/08/une-paire-de-jeans-dans-lenvironnement ].

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peu ou pas équipés, afin de minimiser les dépenses « inutiles ». Au-delà de la santé des employés, leur salaire, quant à lui, n’est aucunement proportionnel à la quantité de travail et aux risques auxquels ils font face au quotidien. En effet, un salaire mensuel de 50 dollars est attribué aux ouvriers des tanneries au Bangladesh, malgré les heures interminables de travail et leur exposition fréquente au chrome4. Comment est-il alors possible de se vêtir de manière éthique lorsque les travailleurs sont extrêmement mal traités et ne possèdent même pas un salaire vital? Sachez, cher lecteur, que je n’ai toujours pas la réponse à cette question.

Pour conclure, je suis toujours d’avis qu’il est impossible de s’habiller de manière éthique, car ni l’environnement ni les droits fonda-mentaux des travailleurs ne sont respectés dans l’industrie du vêtement. De ce fait, il faut absolument conscientiser les consom-mateurs par rapport à cette problématique le plus tôt possible. En effet, il faudrait apprendre à voir au-delà du prix et de la qualité et à considérer les enjeux des droits de la personne et environnementaux impliqués dans la production de biens.

4. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-lamaroquinerie-pas-chere.php ].

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De nos jours, avec l’avènement des plateformes d’échanges Web, de plus en plus de personnes commencent à acheter des vêtements usagés pour donner une deuxième vie aux produits et réduire leur impact sur l’environnement. Cependant, il ne faudrait pas oublier que la plupart de ces vêtements ont été produits, à l’origine, dans des pays où la réglementation du marché du travail et les normes environnementales sont pratiquement inexistantes. Cela m’amène à me poser la question suivante : est-ce possible de se vêtir de façon responsable? Pour ma part, je suis persuadé que la réponse est non. Afin de vous faire adhérer à ma thèse, chers lecteurs, j’aborderai les deux arguments suivants : la désinformation abusive du consommateur et le manque de transparence des entreprises de l’industrie.

Premièrement, j’ai la certitude que l’approche responsable ne pourra pas fonctionner tant que le consommateur restera dans l’ignorance. En effet, le centre d’intérêt des acheteurs a changé peu à peu avec le temps et ils ont commencé à moins s’informer sur la provenance des vêtements qu’ils se procurent. Aujourd’hui, tout est une question de prix, de qualité, de marque, de confort, de mode, de tendances vestimentaires, etc. Ainsi on accorde très peu d’importance au lieu de production où des ouvriers travaillent dans des conditions misérables et où on rejette des produits toxiques dans les lacs et les rivières avoisinants, car cela se situe très

loin de chez nous. Néanmoins, c’est se mettre le doigt dans l’œil que de se dire que cela ne peut pas nous affecter, puisque les impacts sur l’environnement sont majeurs sur toute la planète. De plus, croyez-vous vraiment qu’une personne va acheter des vêtements écoresponsables ou des vêtements usagés, si ces derniers sont plus chers que les vêtements neufs des géants de l’industrie? Pensez-vous réellement que les consom-mateurs sont prêts à payer plus pour que les travailleurs aient de meilleures conditions de travail, alors que notre société est de plus en plus endettée? Bien évidemment, la réponse est NON! En d’autres termes, la solution serait d’éduquer le consommateur pour qu’il prenne conscience de l’impact de ses gestes.

Deuxièmement, je suis totalement convaincu qu’il est impossible d’acheter des vêtements de façon responsable, puisque les entreprises ne sont pas totalement honnêtes avec nous au départ. Effectivement, les chaînes d’approvisionnement sont souvent si complexes que l’on peut très difficilement faire le lien entre le lieu de production et les vendeurs occidentaux. C’est le cas des tanneries de Dacca, la capitale du Bangladesh, où les ouvriers contractent des problèmes respiratoires, des maladies de peau et des cancers à la suite de contacts quotidiens, sans protection adéquate, avec des produits chimiques. À mon avis, les stratégies qu’utilisent les entreprises pour camoufler les conditions de travail de leurs

Maxime LagacéCollège Français, Campus de Longueuil

Les parts d’ombre de l’industrie du textile

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travailleurs sont tout simplement révol-tantes. De plus, même de plus petites entreprises ont de la difficulté dans la traçabilité des matières premières. C’est ce qu’Anne-Marie Laflamme, une des deux têtes créatrices d’atelier b, nous indique : « Un de nos plus grands défis est le manque de transparence des fournisseurs, qui peuvent manipuler l’information en nous disant, par exemple, que leur Lyocell vient de retailles d’eucalyptus… tout en omettant d’indiquer que cette plante provient peut-être d’une forêt protégée ou menacée! Pour le moment, c’est impossible pour nous de le savoir avec certitude. » Je déplore vivement ce manque de franchise de la part des fournisseurs qui, en plus, ont un impact néfaste sur l’environnement. Donc, on ne

peut pas être un acheteur responsable si on nous cache des informations essentielles comme la provenance du produit.

Pour conclure, j’ai la conviction que la consommation responsable de vêtements n’est pas possible parce que les entreprises sont prêtes à tout pour faire du profit et parce que les consommateurs ne se soucient que du prix. Ainsi, devant l’impasse de ne pas pouvoir s’habiller de façon responsable, nous devrions nous concentrer sur le problème hautement plus inquiétant qu’est la surconsommation. Alors, pensez, chers lecteurs, avant votre prochain achat, à la phrase suivante « En as-tu vraiment besoin? », comme le dit si bien le titre du livre de Pierre-Yves McSween, qui est comptable et chroniqueur.

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Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Français, langue d’enseignement 29POUVOIR DES MOTS

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L’arrivée du concept des influenceurs sur Instagram, Facebook, Snapchat et j’en passe, encourage la consommation abusive qui ne fait qu’augmenter depuis les dernières années. En effet, les utilisateurs de ces applications dont vous faites sûrement partie, chers internautes, désirent de plus en plus acheter les vêtements que portent leurs personnalités publiques préférées. Si nos besoins en matière de vêtements doivent être comblés, il est toutefois très envisa-geable, selon moi, de se vêtir de façon responsable. En premier lieu, l’incitation à protéger l’environnement est de mise. En deuxième lieu, les conditions de travail des ouvriers doivent être mises de l’avant.

D’abord, se soucier de la protection de l’environnement représente un grand pas vers l’adoption d’un comportement éthique. En fait, il suffit de se rappeler le rapport d’enquête établi par Greenpeace, Dirty Laundry, afin de mieux comprendre la négligence de certains pays en ce qui a trait à l’environnement. Ce rapport traite du problème de la pollution de l’eau causé par la libération de produits chimiques qu’utilise l’industrie du textile. Pour ma part, juste le fait de penser à porter des vêtements dont la confection a autant pollué me donne mal au cœur, sachant que de nombreuses solutions de rechange s’offrent à nous afin de contrer ce problème. Il est impératif que

nous nous préoccupions des matériaux qui composent nos tenues afin d’encourager les compagnies conscientes de l’enjeu environ-nemental qui concerne l’industrie du textile. Mountain Equipment Coop, un magasin de plein air, constitue un bon exemple de compagnie qui fait une sélection de produits afin d’encourager les usines protégeant l’environnement. Dans le même ordre d’idées, pourquoi ne pas commencer, chers internautes, à courir les friperies si nous épargnons de manière importante et que nous réutilisons des vêtements? Pourquoi ne pas décider de magasiner des vêtements faits de bouteilles de plastique? Pourquoi ne pas faire des dons de vêtements? Enfin, pourquoi se dire qu’il est impossible de se vêtir sans détruire l’environnement si les solutions se multiplient?

Ensuite, garantir aux ouvriers de bonnes conditions de travail est nécessaire afin de parvenir à un comportement éthique. En fait, l’industrie du textile au Bangladesh1 est caractérisée par des lieux de travail non sécuritaires et des pratiques déficientes en matière de santé. Exécrable! À mon sens, tous devraient tenir compte du lieu de production de leurs vêtements afin de désavantager les entreprises qui exploitent leurs travailleurs. Pourquoi encourager une usine qui ne respecte même pas les normes de construction ni la santé de ses ouvriers,

Marie LapierreCollège Laval

S’habiller de façon responsable, un jeu d’enfant

1. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-lamaroquinerie-pas-chere.php ].

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leur faisant inhaler des produits chimiques toxiques à longueur de journée? Vous l’aurez deviné : nous voulons tous payer nos articles à de plus bas prix, n’est-ce pas? Je considère qu’une sérieuse sensibilisation est indis-pensable pour changer les choses. Les industries possèdent l’argent nécessaire pour instaurer de bonnes mesures pour leurs ouvriers, mais ne sont pas assez incitées à le faire. C’est en continuant de consommer leurs produits que nous entrons dans un cercle vicieux et que nous ne nous habillons pas de façon responsable. Achetons seulement les articles des entreprises qui respectent le salaire vital, qui respectent les normes de construction et qui se soucient de la santé de leurs travailleurs. N’est-ce pas

un comportement humain que de prôner le bien-être des autres? Décidément, s’assurer des meilleures conditions de vie des travailleurs est un pas de plus pour s’habiller de façon responsable.

Tout bien considéré, je demeure convaincue que nous pouvons agir en nous souciant moins des profits et principalement de la protection de l’environnement et des ouvriers. Les valeurs morales devraient être au premier rang de nos préoccupations, et non l’économie. Pensez-vous que les consommateurs agiront plus que les industries pour le bien-être de notre planète? Personnellement, je m’y mets à l’instant. Emboîterez-vous le pas?

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Assaillant commerces de tout genre, s’arrachant les plus vaines bagatelles, un raz de marée humain se rue de boutique en boutique, dépouillant tous les cintres sur son passage. Tel est le navrant spectacle annuel du Vendredi fou. Alors que certains y découvrent la preuve indéniable de notre appartenance au royaume animalier, je n’y vois, au contraire, qu’une société animée par le désir impétueux d’exhiber riches étoffes par basse complaisance. Peu nombreux sont ceux qui se questionnent sur les répercussions globales de leurs achats, outre l’effet sur leur compte bancaire. Ainsi, il me semble clair que se vêtir de façon responsable est devenu une cible inatteignable en cette époque de capitalisme vorace.

D’abord, un simple coup d’œil sur le processus de confection permet de cerner l’ampleur du problème. « Que ce soit en Asie, en Europe de l’Est, en Turquie ou en Afrique du Nord, le secteur de l’habillement se caractérise, de manière systématique, par des rémunérations bien inférieures à un salaire vital », déplore Anna McMullen dans son article Salaires sur mesure pour le Collectif Éthique sur l’étiquette. Pourtant défini comme un droit fondamental, le salaire vital est encore refusé aux travailleurs mêmes qui fabriquent les tenues abordables, achetées presque inconsciemment par les consommateurs. Sommes-nous à ce point individualistes que nous refuserions de payer nos vêtements plus cher afin que cesdits êtres humains – rappelons-le – puissent vivre décemment? C’est ce que je me dois

d’admettre, et c’est désolant. À cela s’ajoutent les piètres conditions de travail des ouvriers, terreaux fertiles pour le développement d’innombrables compli-cations reliées à la santé. Il y a seulement quatre ans, le 24 avril 2013, l’effondrement du Rana Plaza avait secoué la scène internationale, allumant les projecteurs sur l’industrie vestimentaire. Dans l’article Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère, Kamrul Hasan Khan précise les conséquences de cette tragédie : « […] cet accident a forcé l’industrie textile lourde à prendre des mesures pour la sécurité de ses employés […] » Mesures qui, soit dit en passant, font office de subterfuge, puisque dans le même article, l’auteur détaille les conditions alarmantes des tanneries à Dacca. Or, l’aspect le plus choquant de cet événement réside dans un seul mot : « forcé ». La mort atroce d’innocents et les cris plaintifs de familles anéanties n’ayant pas suffi à enclencher une modification volontaire et profonde de ce secteur, ce dernier y a été contraint. Le progrès capitaliste en est un qui tire l’humain vers l’arrière. Se vêtir de façon responsable? Pas tant que la dignité humaine ne sera qu’un caillou inconfortable dans la botte des multinationales. Toutefois, je garde espoir, car ce caillou ne pourra être ignoré indéfiniment.

Ensuite, même les plus honorables tentatives de consommation responsable semblent être freinées par une volonté incoercible de rentabilité et un manque flagrant de

Fabio LimaCollège Jean-Eudes

L’injustice s’habille en Prada

POUVOIR DES MOTSRecueil de textes d’élèves | Choix du jury 2017

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transparence. Peut-être avez-vous déjà remarqué les inscriptions indéchiffrables sur l’étiquette de votre chandail de laine préféré. Néanmoins, l’inspection la plus scrupuleuse ne révélera pas la présence d’informations concernant l’utilisation ou l’aboutissement du produit, nécessaires au choix de vêtements écoresponsables. En effet, selon une étude de la Bren School of Environmental Science and Management de l’Université de Californie, expliquée dans l’article de Marie Tison pour La Presse+, les chandails de laine (type polar) peuvent relâcher jusqu’à 2 700 mg de microfibres de plastique par lavage, compromettant la sûreté des écosystèmes où ces eaux sont déversées1. Le maintien des consommateurs dans l’ombre m’apparaît donc comme une entrave supplémentaire à des achats éthiques. D’autre part, les designers derrière nos garde-robes se voient mettre des bâtons dans les roues par leurs fournisseurs. « Un de nos plus grands défis est le manque de transparence des fournisseurs, qui peuvent

manipuler l’information […] tout en omettant d’indiquer que cette plante [Lyocell] provient peut-être d’une forêt protégée ou menacée! », fait valoir Anne-Marie Laflamme, cofondatrice d’atelier b, dont les propos sont repris par Iris Gagnon-Paradis dans La mode détruit-elle nos forêts? pour lapresse.ca. Cette situation désespérée prend les allures d’un cirque de mauvais goût où toutes les décisions sont prises à notre insu, en coulisses.

En guise de conclusion, l’enfer vécu quotidiennement par les esclaves du textile et les faux-fuyants des entreprises aveuglées par l’argent constituent l’échafaudage précaire sur lequel trône l’industrie de la mode. À la lumière de ces faits, je maintiens ma position initiale quant à l’impossibilité de se vêtir de façon responsable. L’écrivain Éric Faye notait : « Dans le bac à sable où les enfants jouaient au capitalisme, on vient d’égarer la règle du jeu2. » À mon sens, il serait temps de redéfinir ces règles, dans le respect de la dignité humaine.

1. Marie TISON, « Laine polaire toxique », lapresse.ca, [En ligne], 6 juillet 2016. [ http://plus.lapresse.ca/screens/daf48bf7-39ff-4e3f-9bcb-d1ecfd92e2d7__7C___0.html ].

2. « Nagasaki », Wikiquote, [En ligne]. [ https://fr.wikiquote.org/wiki/Éric_Faye ].

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Un modèle économique à revoir…Gabrielle Lorimier-DugasÉcole Sophie-BaratCommission scolaire de Montréal

Depuis plusieurs années, nous vivons dans une ère de mondialisation de l’économie. Pour l’industrie du vêtement, ce phénomène entraîne plusieurs conséquences dont la délocalisation des usines de production. Aujourd’hui, se vêtir de façon responsable n’est certes pas une mince affaire. Toutefois, avec un peu de volonté et d’audace, je suis convaincue que l’on pourrait rendre la chose possible. Dans ce texte, je tenterai de vous le démontrer sous un angle économique, social et environnemental.

Dans un premier temps, analysons la source des problèmes sociaux et environnementaux qui pèsent sur l’industrie du vêtement. De nos jours, l’économie de libre marché régnant planétairement nous force à signer des accords commerciaux qui nous empêchent de taxer à notre guise les produits qui entrent au pays1. Cela fait en sorte que des produits, comme les vêtements fabriqués à l’étranger, se vendent à des prix beaucoup moins élevés que les produits locaux. Cet enjeu d’ordre mondial peut sembler, à priori, impossible à régler, mais je ne suis pas de cet avis. Dans le livre Ne renonçons à rien, récemment publié par le collectif de la tournée « Faut qu’on se parle », toutes sortes d’idées sont proposées afin de nous sortir de notre dépendance aux importations. On y explique à quel point il est primordial de revoir notre modèle économique, quitte à payer notre linge un

peu plus cher. On s’assurerait ainsi de créer des emplois chez nous et de stimuler l’économie locale.

Comme je l’ai exposé un peu préalablement, l’industrie du vêtement a été presque entièrement délocalisée dans des pays du tiers-monde. Malheureusement, cela a de nombreuses répercussions sur les conditions de travail et de vie des gens qui œuvrent dans ce secteur. Dans le livre Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial de l’économiste Michel Chossudovsky, on apprend que les salaires dans le tiers-monde sont, en effet, entre vingt et cinquante fois moins élevés qu’aux États-Unis, en Europe occidentale et au Japon. Or, une part croissante des produits consommés en Occident provient justement du tiers-monde. C’est aussi ce qu’a observé le Collectif Éthique sur l’étiquette dans le texte Salaires sur mesure. La rémunération des employés œuvrant dans l’industrie du vêtement est inférieure à un salaire vital. Ce dernier est défini comme un salaire permettant de « subvenir aux besoins élémentaires du travailleur et à ceux de sa famille »2. Toutes ces informations nous démontrent bien l’ampleur du problème. Il est possible de changer les choses, mais pour cela, il faudra avoir la volonté de ramener les usines de transformation ici.

1. Michel CHOSSUDOVSKY, Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial, Montréal, Éditions Écosociété, 2010, 383 p.2. Clean Clothes Campaign.

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De plus, il ne faudrait pas oublier les nombreux impacts environnementaux liés à la production vestimentaire en ce qui a trait, notamment, à la consommation d’eau et d’énergie, ou encore à la pollution atmosphérique. Dans le texte Une paire de jeans dans l’environnement, publié par Julie Roussel à GaïaPresse en 2014, on voit l’impact de la production de ce pantalon sur l’environnement selon différents aspects. Entre autres, elle nécessite l’assèchement de cours d’eau pour l’irrigation de champs de coton et l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides. Elle provoque aussi le rejet d’eaux contaminées ainsi que l’émission de GES pour le transport des marchandises. Par contre, il est possible d’éviter tous ces

dégâts grâce à des techniques qui existent déjà. Par exemple, la compagnie néerlandaise G-Star Raw fabrique des jeans à partir de plastique récupéré dans les océans3. De plus, ce type d’initiatives pourrait très bien se faire localement, ce qui mettrait un frein à la délocalisation en plus de créer des emplois et de stimuler l’économie.

En conclusion, je crois qu’il est bel et bien possible de se vêtir de façon responsable. Il est vrai qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire, mais avec une réelle volonté politique, nous pourrions ramener les industries ici, redévelopper notre secteur secondaire et réduire notre dépendance au marché extérieur. Nous devons penser notre économie différemment.

3. Philippe MERCURE, « Se vêtir avec des déchets », La Presse, 17 juillet 2015, p. A8.

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L’invention de la machine à coudre en 1846 par l’Américain Elias Howe et la première phase d’industrialisation de 1850 à 1900 ont contribué à perfectionner l’industrie de la mode. Les manufactures de textiles ont bénéficié de ces apports positifs afin de croître exponentiellement, et ce, à l’échelle planétaire. Cependant, est-ce possible de se vêtir de façon responsable? Après avoir pris conscience des nombreux enjeux, il m’apparaît évident qu’il est impossible de s’habiller de façon responsable. Chers lecteurs de la section « Pouvoir des mots », laissez-moi vous exposer mon point de vue.

Tout d’abord, les impacts environne-mentaux attribués à l’industrie de la mode sont néfastes et indéniables. En effet, 22 000 litres1 de déchets toxiques sont déversés chaque jour par les tanneries dans le Buriganga, principal fleuve de Dacca, capitale du Bangladesh. Les sentiments de dégoût et de haine me viennent à l’esprit rien que d’y penser. Quelle serait notre réaction si cela se produisait chez nous, dans notre fleuve Saint-Laurent? De nombreuses maladies hydriques résultent de cette pollution massive de l’eau. Dans la chanson 8 secondes des Cowboys fringants, on met l’accent sur l’importance de ce liquide vital, or nous continuons de le polluer à outrance.

Quelle honte! De plus, chers internautes, saviez-vous que de nombreuses forêts anciennes sont menacées par les coupes forestières effectuées pour l’industrie du textile? Les arbres jouent un rôle majeur dans la régularisation du cycle du carbone. Le pire est le fait que ces activités sont méconnues de plusieurs consommateurs. Dans ces conditions, il est impensable de prétendre qu’on peut se vêtir de façon responsable. L’Occident peut bien se laver les mains face à toutes ces atteintes à l’environnement, mais un jour ou l’autre, nos torts nous rattraperont… Bref, notre planète bien-aimée se meurt et l’industrie du vêtement contribue à l’affaiblir davantage.

D’autre part, le commerce des vêtements cache une véritable fourberie mercantile. Je m’explique : les gains de capitaux associés à cette activité économique profitent unilatéralement aux grandes multinationales sans fournir une utilité suffisante pour les travailleurs en usine. En d’autres mots, l’industrie de la mode approfondit l’abîme entre les riches et les pauvres. Il n’est pas étonnant de voir les travailleurs en usine gagner 50 dollars2 par mois! Avec ces salaires de crève-faim, les ouvriers sont-ils en mesure de satisfaire leurs besoins vitaux? J’en doute fortement! Alors que 795 millions de

Frédéric MarcotteAcadémie les EstacadesCommission scolaire du Chemin-du-Roy

L’industrie du vêtement : un univers sans pitié

1. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-lamaroquinerie-pas-chere.php ].

2. Ibid.

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personnes3 souffrent de la faim dans le monde, les géants de la mode s’enrichissent au détriment des plus pauvres. Où est passée notre dignité humaine? Je comprends mieux pourquoi le sociologue suisse Jean Ziegler, dans une déclaration faite à l’ONU, affirme que « la faim est un crime contre l’humanité ». La justice sociale est-elle un concept utopique que les ouvriers de l’industrie du textile, principalement en Chine et au Bangladesh, ne connaîtront jamais? Bref, face à ces nombreuses injustices sociales, se vêtir de façon responsable reste impossible.

Ensuite, la santé et la sécurité des travailleurs sont constamment compromises. Le 24 avril 2013, l’effondrement du Rana Plaza, un bâtiment à Dacca abritant plusieurs ateliers de confection de vêtements, a causé 1 135 morts4. Quand on y réfléchit, 1 135 personnes ont rendu l’âme à cause du non-respect des normes de construction. C’est immonde et atroce! De plus, des enfants de 14 ans travaillent dans les tanneries et ils sont en contact avec des eaux usées et contaminées au chrome. Les fumées de chrome sont inhalées par ces enfants et de graves maladies pulmonaires en résultent. « C’est pire que l’enfer, mais nous n’avons pas le choix », déclare Munia, une femme de

19 ans travaillant dans une usine de vêtements. Les propos de cette femme trahissent la souffrance et le manque de solutions de rechange. Cher lectorat, est-il éthique de penser qu’un manque de solutions peut excuser des conditions de travail douloureuses? Loin de là! Assistons-nous à la montée du néoesclavagisme? J’en ai bien peur… Nous sommes en 2017 et certaines personnes luttent encore pour leur vie lorsqu’elles vont travailler. Permettez-moi donc de rire lorsque certains individus affirment que l’industrie de la mode est responsable. Ainsi, cette activité économique favorise la dégénérescence de la condition humaine, comme Émile Nelligan l’a fait valoir dans son célèbre poème Le Vaisseau d’or alors qu’il sombrait dans le délire.

Pour conclure, se vêtir de façon responsable reste inenvisageable à cause des impacts majeurs sur l’environnement, des nombreuses injustices sociales et des souffrances que les ouvriers doivent endurer à perpétuité. Chers lecteurs, il est temps d’agir ensemble afin de dénoncer les inégalités apportées par l’énorme moteur capitaliste de la mode. Une fois cela fait, nous pourrons déclarer qu’il est possible de se vêtir de façon responsable.

3. « La faim », Programme alimentaire mondial, [En ligne], 2017. [ fr.wfp.org/faim ].4. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/

vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-la-maroquinerie-pas-chere.php ].

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Il y a quelques années à peine, 1 135 personnes ont perdu la vie lors de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh1. Ce jour-là, vous avez peut-être observé pour la première fois l’étiquette de votre chandail avec un nœud dans la gorge. Vous voudriez faire améliorer les conditions de vie pour ces pauvres travailleurs, mais la même question demeure dans votre esprit : est-il possible de se vêtir de manière responsable? Malheureusement, au risque d’attiser votre culpabilité, j’ai le regret de vous annoncer qu’aujourd’hui, une telle prouesse relève pratiquement de l’impossible.

Tout d’abord, je crois qu’arrêter d’acheter des vêtements provenant des pays en développement n’est pas suffisant afin de qualifier notre consommation de responsable. En effet, j’ai été consternée de lire cette phrase empreinte de douleur de la jeune Munia, 19 ans, nous dévoilant son opinion quant à ses conditions de travail au Bangladesh : « C’est pire que l’enfer, mais nous n’avons pas le choix2. » Savez-vous ce qui est le pire dans une telle déclaration? C’est de constater que la majorité des travailleurs sont du même avis et que, encore plus déroutant, ils n’ont peut-être pas tort. Les conditions auxquelles ils sont contraints

de se plier sont plus qu’indécentes et pourtant, il ne leur viendrait pas à l’esprit de démissionner. Pourquoi? Parce qu’ils ont une famille à nourrir! Ils sont piégés dans le grand cercle vicieux de la pauvreté qui les empêche de contester par peur de perdre l’unique moyen qu’ils possèdent de mettre, chaque soir, du pain sur leur table. Ils ne peuvent pas se battre, mais quelqu’un doit bien le faire à leur place. Malheureusement, arrêter de consommer n’est pas suffisant. Ces pauvres familles ne veulent pas être mises au chômage, elles veulent être traitées comme des êtres humains! Un salaire de 50 $ par mois3, mais quelle insulte! Aujourd’hui, qui descend dans les rues afin de leur obtenir un revenu décent? Ni vous ni moi, personne! C’est face à un tel constat qu’il m’apparaît évident que cesser d’acheter n’est assurément pas suffisant afin de porter secours à ces esclaves de la mondialisation.

Ensuite, je crois que malgré nos efforts, nous ne deviendrons jamais entièrement respon-sables, car c’est l’argent qui mène le monde. Chaque année, des travailleurs sous-payés « permettent à l’industrie de l’habillement et au secteur de la distribution de réaliser des chiffres d’affaires et des bénéfices qui se comptent par milliards4. » L’avarice est

Camille MorinPolyvalente Hyacinthe-DelormeCommission scolaire de Saint-Hyacinthe

L’avarice du textile, monnaie courante

1. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-la-maroquinerie-pas-chere.php ].

2. Ibid.3. Ibid.4. Anna MCMULLEN et autres, « Salaires sur mesure », p. 4, 8 et 9, Collectif Éthique sur l’étiquette, [En ligne], octobre 2014. [ http://ethique-

sur-etiquette.org/IMG/pdf/rapport_salaire_vital_def.pdf ].

POUVOIR DES MOTSRecueil de textes d’élèves | Choix du jury 2017

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malheureusement devenue monnaie courante et aucun géant n’est prêt à concéder le moindre sou. Il faut s’ouvrir les yeux, les conditions des ouvriers ne s’amélioreront que le jour où, d’une quelconque façon, ce changement générera des capitaux. Ces entrepreneurs ne parlent effectivement qu’en termes de profits, mais sommes-nous plus responsables? Certains sont d’avis que « [l]e changement viendra peut-être de l’attitude des consommateurs5 ». Personnel-lement, j’en doute fort, car une telle démarche impliquerait une hausse des prix que plusieurs ne sont pas prêts à assumer. L’industrie, en traitant avec si peu de respect

ces familles du Vietnam, de la Chine ou du Bangladesh, qui peinent à survivre, ne fait que répondre à notre demande : des vêtements à faibles coûts. Enfin, je suis attristée de voir que notre société tend à faire prévaloir l’économie au détriment de l’éthique.

Pour conclure, je persiste à affirmer que nous ne pouvons nous vêtir de façon responsable sans nous battre pour les droits des ouvriers et sans changer radicalement nos priorités. Nous n’étions pas présents dans les rues hier afin de manifester. C’est un constat bien triste, certes, mais le plus terrible serait que je ne vous y croise pas demain.

5. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-lamaroquinerie-pas-chere.php ].

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L’industrie du vêtement : néfaste sur plusieurs points

Chers lecteurs,

Dans la société actuelle, la consommation de masse est un enjeu dans de nombreuses industries à travers le monde, dont celle du textile. Est-il possible, me demanderez-vous, de se vêtir de façon responsable? Non, je ne crois pas. En effet, la production du textile nuit à l’environnement et les droits des travailleurs et des travailleuses dans ce milieu ne sont pas souvent respectés.

D’abord, l’industrie du textile utilise de nombreux produits chimiques qui sont extrêmement nocifs pour l’environnement. Selon le site GaïaPresse, la production de jeans est une des nombreuses sources de gaz à effet de serre, ce qui entraîne le réchauffement climatique. De plus, nous savons que les produits toxiques utilisés pour fabriquer des vêtements sont bien souvent relâchés dans la nature ou dans des cours d’eau sans être traités, comme c’est le cas dans plusieurs autres industries, notamment l’industrie pétrolière. Pourquoi cela serait-il différent pour la production du textile? Rizwana Hasan, une militante du Bangladesh nous le confirme. « Les services de l’environnement et de l’inspection du travail ne font quasiment aucun contrôle. Les raisons sont peut-être politiques, étant donné que le gouvernement ne veut pas incommoder le patronat », dit-elle. De plus, certains d’entre vous doivent penser que la production de vêtements faits de matières

recyclées est la solution à tout. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Vous apprendrez, chers lecteurs, aussi surprenant que cela puisse vous sembler, que selon un article du journal La Presse, le lavage de vêtements faits de plastique recyclé peut engendrer la création de microbilles de polymère qui, une fois libérées dans la mer, sont presque impossibles à récupérer. En bref, la production de textile ne peut pas être totalement responsable sur le plan écologique.

Ensuite, il est connu que les ouvriers du textile ont des conditions de travail épouvantables. En effet, nombreux sont ceux qui tombent malades à cause du manque de protection pour la santé et la sécurité des travailleurs. Les maladies liées à la production du textile sont multiples. Selon le site GaïaPresse, les ouvriers qui fabriquent des jeans peuvent développer la silicose, une maladie causée par l’exposition à la silice cristalline, un produit nécessaire à la conception de certains jeans. De plus, chers internautes, dans des endroits comme l’Asie ou la Turquie, les travailleurs gagnent des salaires extrêmement bas. Selon le Collectif Éthique sur l’étiquette, ces ouvriers ne gagnent même pas le salaire vital, qui est un droit fondamental. Ne croyez-vous pas que de telles conditions sont absurdes? Les distributeurs de textiles gagnent de grosses

Marie-Sophie ParadisÉcole Jean-du-Nord/ManikoutaiCommission scolaire du Fer

POUVOIR DES MOTSRecueil de textes d’élèves | Choix du jury 2017

Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Français, langue d’enseignement40

sommes alors que ceux qui les fabriquent gagnent à peine de quoi vivre. En résumé, je ne crois pas que le fait d’acheter des vêtements alors que des gens sont traités de cette façon soit responsable. Comme le dit si bien Anna McMullen, l’auteure du texte Salaires sur mesure, « aucune entreprise ne peut prétendre avoir des pratiques responsables tant qu’elle ne garantit pas le versement d’un salaire vital aux personnes qui fabriquent ses articles ».

En conclusion, j’ai la conviction, chers internautes, qu’il est pratiquement impossible de se vêtir de façon responsable, car la production de vêtements est néfaste pour l’environnement, et les droits des travailleurs du textile sont totalement brimés. J’espère fortement que plus de compagnies tenteront de trouver des solutions moins polluantes pour l’environnement et qui ne généreront pas de microbilles. De plus, je souhaite que les gens qui fabriquent les vêtements puissent sortir du cercle vicieux dans lequel ils sont en gagnant un salaire plus raisonnable, soit le salaire vital.

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Recueil de textes d’élèves | Choix du jury 2017Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieurFrançais, langue d’enseignement 41

Chaque saison, les magasins regorgent de nouvelles tenues vestimentaires. Tout le monde souhaite mettre sa garde-robe au goût du jour, mais nos achats impulsifs ont une incidence beaucoup plus grande que l’on ne pourrait le croire. Certaines personnes peuvent se demander : « Se vêtir de façon responsable : est-ce possible? » Non. Les choix des consommateurs ont de graves répercussions sur l’environnement ainsi que sur la santé et la sécurité des travailleurs.

Tout d’abord, l’industrie du vêtement entraîne des conséquences néfastes sur la terre. Nous savons que la surconsommation est déjà très présente dans les pays développés. L’addition de choix non respon-sables des consommateurs ne va pas contribuer à freiner ce phénomène. Chaque jour, le transport des vêtements qui viendront combler les envies de monsieur et madame Tout-le-monde émet de nombreux gaz à effet de serre. Ces gaz polluent notre planète et contribuent au réchauffement climatique. Donnons-nous un exemple concret : le jeans. Dans le texte Une paire de jeans dans l’environnement, on mentionne que 5 milliards de jeans sont produits par année, faisant de ceux-ci le vêtement le plus porté au monde. Ne croyez-vous pas que la fabrication et la mise en marché de tant de vêtements contaminent nos belles ressources? En effet, l’eau est grandement utilisée dans le processus de teinture des

jeans. Elle est gaspillée, contaminée et ensuite rejetée dans la nature. Quoi vous dire de plus? Nos usines dans l’industrie du vêtement contaminent l’air, créent des odeurs nauséabondes et veulent par la suite nous faire croire qu’elles sont en train de « recycler ». Certaines compagnies impor-tantes comme Nike ou Adidas disent faire des efforts pour que la fabrication de leurs vêtements n’ait pas d’impacts environ-nementaux importants. Tiennent-elles vraiment à nos forêts et à nos océans ou est-ce encore une technique de marketing mal placée? Après tout cela, nous allons remplir notre garde-robe sans nous rendre compte que la mode détruit notre planète.

Ensuite, l’industrie du vêtement ne respecte pas les droits à la santé et à la sécurité des ouvriers. Plusieurs travailleurs dans ce domaine ne sont munis d’aucune protection malgré la dangerosité de leur emploi. Il n’est pas normal que des personnes innocentes soient exposées chaque jour de leur vie à des produits chimiques toxiques qui pourraient leur causer de graves problèmes respiratoires, des cancers ou même la mort. À quand la prise de conscience? À quand l’action publique? En plus du non-respect des normes sur la santé et la sécurité des travailleurs, on ne leur donne pas un salaire vital. Pourtant, selon la Déclaration univer-selle des droits de l’homme, « recevoir un salaire vital en contrepartie de son travail est

Emy PerreaultÉcole secondaire La CamaradièreCommission scolaire de la Capitale

Se vêtir de façon responsable : est-ce possible?

POUVOIR DES MOTSRecueil de textes d’élèves | Choix du jury 2017

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un droit humain fondamental ». Pourquoi pensez-vous que ces beaux vêtements vous sont si facilement accessibles? C’est parce que le salaire que l’on remet au travailleur exploité à l’autre bout ne suffit pas à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.

En conclusion, il n’est pas possible de se vêtir de façon responsable, car les consom-mateurs ne font pas des choix judicieux, ce qui entraîne de graves consé quences environnementales et qui contribue au mauvais sort des travailleurs. Si vous tenez à faire un pas vers la responsabilité, la prochaine fois que vous aurez envie de magasiner, demandez-vous : « En ai-je vraiment besoin? »

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Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Français, langue d’enseignement 43POUVOIR DES MOTS

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Confort, qualité, prix, marque, dernière tendance sont les principaux aspects qui nous influencent dans le choix de nos vêtements. Le lieu et les matériaux de fabrication sont moins remarqués. Cependant, nous sommes tous aveugles lorsqu’il est question des conséquences que peut engendrer notre choix. Est-ce possible de se vêtir de façon responsable? À mon avis, chers lecteurs de la section « Pouvoir des mots », il est irréaliste et utopique de croire que s’habiller sans toucher à l’aspect environnemental et social est envisageable.

Tout d’abord, pour chaque tenue vendue, c’est un couteau de plus dans la plaie de notre belle planète. En effet, tout ce qui se trouve dans notre garde-robe est fabriqué avec des fibres végétales ou animales. D’où viennent-elles? Des plantes, des animaux, des forêts. Que font-elles? Elles détruisent. Vous avez, sans aucun doute, déjà entendu cette fameuse phrase : rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Alors, sachez que notre environnement est détruit pour se transformer en vêtements, sans retour possible. « C’est assez récent que nos recherches démontrent que des forêts anciennes et menacées sont utilisées pour fabriquer des textiles », affirme Mélissa Filion, directrice au Québec de Canopée, une organisation environnementale. Souvent, les

plus belles pièces de vêtement proviennent de loin et doivent être transportées sur de longues distances pour parvenir jusqu’à nous. Ces transports émettent de grandes quantités de gaz à effet de serre. La plaie s’agrandit…

Ensuite, la plupart de nos vêtements sont fabriqués dans les pays en voie de développement. Ces pays, peu fortunés, engagent des ouvriers, qui travaillent dans des conditions exécrables. Ces travailleurs ne sont pas bien payés et leur vie est souvent mise en danger. C’est le cas de Mokter Hossain, jeune adulte de 25 ans, travaillant dans des tanneries à Dacca, au Bangladesh. Mokter travaille de longues heures, les jambes trempées jusqu’aux genoux dans des liquides chimiques et toxiques, et il inhale, depuis des années, des fumées toxiques, pour seulement cinquante dollars par mois1! C’est horrible! De plus, même les infrastructures où les ouvriers travaillent sont dangereuses. Rappelez-vous le Rana Plaza, en 2013. L’effondrement de cet immeuble de neuf étages contenant des ateliers de confection, à Dacca, qui ne respectait pas les normes de construction, a causé 1 135 morts2. Pendant que nous arpentons les allées à la recherche du vêtement parfait, des êtres humains risquent leur vie pour ce morceau de tissu. À mon

Alexandra PhourakisÉcole secondaire KénogamiCommission scolaire De La Jonquière

Nuisible des pieds à la tête

1. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-la-maroquinerie-pas-chere.php ].

2. Ibid.

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avis, nous sommes tellement concentrés sur nous-mêmes que nous sommes devenus égoïstes face aux autres. Nous, nous avons nos vêtements, alors la vie est belle!

Pour conclure, j’ai la conviction qu’il est impossible de se vêtir de façon responsable, en respectant l’environnement et les ouvriers qui sont négligés lors de la fabrication des vêtements. J’ose espérer que, dorénavant, le lieu et les matériaux de fabrication de vos tenues seront tout aussi importants que la marque et la qualité de ces dernières.

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Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Français, langue d’enseignement 45POUVOIR DES MOTS

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Quand on entre dans les boutiques et commerces nord-américains, on voit la vie en rose. Tout produit dont nous avons envie nous est accessible en échange d’un montant donné, qui peut souvent nous sembler dérisoire. Nous achetons sans compter, ou, du moins, en faisant plus attention à notre budget qu’aux conséquences que peuvent avoir nos acquisitions sur le monde qui nous entoure. En effet, les impacts de la production industrielle sont fâcheux, entre autres en ce qui a trait au secteur de l’habillement. En considérant les valeurs qui dominent chez la plupart des consommateurs et dirigeants d’entreprises de nos jours, je crois fermement qu’il est impossible de se vêtir de façon responsable et de consommer en ayant bonne conscience.

D’abord, je pense qu’on ne peut s’habiller de manière totalement réfléchie et éthique, car la production de matières premières ainsi que la transformation de celles-ci en habits ont des effets épouvantables sur l’environnement. Je considère que vous et moi, acheteurs irréfléchis, sommes de bien piètres modèles en termes de responsabilité dans l’habillement, puisque pour satisfaire nos envies de surconsommation, nous sommes prêts à sacrifier de précieux écosystèmes ainsi que le fragile équilibre climatique de notre planète. En effet, comme mentionné dans le texte Une paire de jeans dans l’environnement, la culture du coton,

une ressource des plus prisées parmi les textiles, provoque un assèchement des lacs et des rivières aux alentours en plus d’utiliser une quantité phénoménale d’engrais chimiques et de pesticides. Cette plante est utilisée dans nombre de nos tenues, donc rares sont les individus pouvant se vanter d’acheter sans nuire à l’environnement. Depuis quelques années, on peut remarquer une certaine prise de conscience collective concernant ce qui attend l’humanité si l’on ne fait pas suffisamment attention à notre milieu de vie. Toutefois, la grande majorité des compagnies de tissus ne font pas les efforts nécessaires et continuent de détruire la planète à petit feu. Produire plus que le nécessaire mène évidemment à plus de pollution et nous ne pouvons nous permettre de dégrader nos écosystèmes plus qu’ils ne le sont déjà. Bref, je suis convaincue qu’on ne peut se vêtir de façon responsable, puisque les manufactures ne cessent de bafouer les droits de la nature, causant ainsi de graves problèmes à toutes les espèces vivantes.

Ensuite, je crois qu’il est irréalisable de s’habiller avec responsabilité parce que les droits des travailleurs dans les industries sont la plupart du temps négligés. Effectivement, de terribles conditions de travail leur sont imposées, et ce, pour un salaire de misère. Plusieurs multinationales, dans la quête du profit et du pouvoir, délocalisent une partie de leur production

Gabrielle RacineÉcole Armand-CorbeilCommission scolaire des Affluents

L’industrie du vêtement, une bombe à retardement

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dans des pays en développement afin d’avoir accès à une main-d’œuvre moins coûteuse. Prenons l’exemple des employés, qu’on pourrait, selon moi, presque qualifier d’esclaves, dans les tanneries asiatiques. Comme expliqué dans le texte Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère, le boulot de plusieurs personnes, enfants et adultes, prend place dans un environnement contaminé par la fumée de chrome et les produits chimiques. Ces individus sont condamnés à endurer maladies de peau, cancers et problèmes respiratoires pour un misérable revenu de 50 dollars par mois. Comment acheter les produits fabriqués dans de telles conditions pourrait-il être considéré comme un comportement responsable? La plupart des consommateurs ne vérifient pas la provenance des morceaux de leur garde-robe, ou encore, le prix dérisoire prend le dessus sur la bonne

conscience. Malheureusement, nous sommes aux prises avec un cercle vicieux empêchant d’atteindre une certaine forme d’équité : les ouvriers sont moins payés, les articles sont plus abordables, on achète en plus grande quantité, plus de travailleurs voient leurs droits fondamentaux brimés… En résumé, le souci de l’argent impliquant d’atroces conditions de travail dans les pays en développement, je crois que l’idée de se vêtir de façon totalement réfléchie est utopique.

Pour conclure, je crois important de noter que nous avons de grands efforts à accomplir avant de pouvoir considérer que nous sommes réellement des consommateurs responsables. Pensez à tout ce que vous achetez quotidiennement, seulement un instant. Mis à part les vêtements, y a-t-il vraiment des biens qui nous permettent d’investir sans remords?

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American Eagle, Victoria’s Secret, Michael Kors. Tous des termes qui résonnent telle la plus mélodieuse des musiques aux oreilles des amateurs de nouvelles tendances. Ces fanatiques, dévoués à leur ardente passion pour la mode et tellement amoureux de textiles soyeux sur lequel ils passent inlassablement leurs doigts, ignorent bien souvent la provenance de leur vêtement favori. Dans une société où le paraître constitue une priorité démesurée, peut-on seulement prétendre qu’il semble possible de se vêtir de manière responsable? À mon humble avis, cela relèverait d’une absurdité hors normes car, tristement, le commun des mortels demeure pauvrement informé sur les impacts environnementaux de l’industrie du vêtement et ne semble point se préoccuper du sort des gens qui travaillent à la base de la pyramide industrielle.

Première vérité choquante : de vastes et magnifiques forêts abattues, des cours d’eau pollués, une atmosphère lourde en produits chimiques. Les responsables de cette crise environnementale titanesque? Nos chaussures adorées, nos robes colorées, notre jeans préféré. Vous l’ignoriez, n’est-ce pas? Eh bien, j’ai le malheur de vous annoncer que nous contribuons présentement à la dévastation de notre planète car, tout simplement, nous sommes dans l’ignorance.

Nous ne paraissons pas conscients que notre simple jeans contient environ 600 grammes de coton et que cette même fibre est cultivée dans des champs nourris aux engrais chimiques et arrosés par des pesticides et des insecticides agricoles1. Évidemment, certains consommateurs, se croyant plus malins, se tournent davantage vers les fibres végétales considérées « écoresponsables » comme la rayonne et le modal. En réalité, ils détruisent, par leur manque de connaissances, des forêts anciennes ou menacées, assassinant au passage quelques espèces fragiles y trouvant refuge. Peut-être vous sentez-vous visés? Je vous rassure, les détaillants demeurent tout aussi aveugles devant ce phénomène car, en vérité, les fournisseurs démontrent un énorme manque de transparence en affirmant, par exemple, que leur Lyocell provient de retailles d’eucalyptus en omettant curieusement de mentionner leur provenance. Vous conviendrez donc que malgré les efforts de certaines entreprises comme Nike et Adidas pour fabriquer des vêtements en plastique recyclé, tant que l’être humain ne connaîtra pas les enjeux qui pèsent sur l’environnement, il ne ressentira pas le besoin d’acheter ces produits sûrement coûteux.

Deuxième réalité aberrante : des populations prises avec des maladies graves et des

Kelly-Ann SawyerCentre éducatif Saint-AubinCommission scolaire de Charlevoix

Et si votre garde-robe consumait notre univers?

1. Julie ROUSSEL, « Une paire de jeans dans l’environnement », GaïaPresse, [En ligne], 21 août 2014. [ http://www.gaiapresse.ca/2014/08/une-paire-de-jeans-dans-lenvironnement ].

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conditions de vie misérables pour la confection de nos vêtements. Même si ça me fend le cœur de l’admettre, je dois avouer que je ne me situais pas dans l’ignorance tout comme la plupart d’entre vous sans doute. En effet, nous ne sommes pas sans connaître les conditions minables que subissent les travailleurs du tiers-monde. Pour les naïfs qui l’ignoreraient, prenons, par exemple, les nombreuses tanneries du Bangladesh. Sachez que, pour fabriquer votre sublime manteau de cuir véritable, des milliers de travailleurs respirent les fumées de chrome et d’autres produits chimiques, contractent des problèmes pulmonaires, des cancers ainsi que des maladies de peau pour la modique somme de 50 dollars par mois2. Pourquoi, en toute connaissance de cause, ne tentons-nous pas d’acheter des produits aux rares entreprises adoptant un

compor tement éthique? Parce qu’à l’image de l’industrie de l’habillement et du secteur de la distribution avides de bénéfices, nous restons, malheureusement, peu soucieux du contexte de confection d’un vêtement que nous nous réjouissons de payer à bas prix. La consommation fait tristement partie de la nouvelle nature humaine tout comme l’égoïsme dans l’acquisition de biens.

En conclusion, se vêtir de manière responsable demeure relativement impos-sible en raison de ce que nous ignorons réellement et de ce sur quoi nous fermons bêtement les yeux. Pour réaliser une utopie semblable, il faudrait dénaturer l’humanité en transformant les individualistes en collectivistes, car le pouvoir d’améliorer cette situation apocalyptique ne revient qu’à nous, les consommateurs.

2. Kamrul Hasan KHAN, « Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère », lapresse.ca, [En ligne], 11 mars 2014. [ http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201403/11/01-4746628-bangladesh-le-cout-de-la-maroquinerie-pas-chere.php ].

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« Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous. » Comme le dit cette célèbre citation de Gandhi, certains individus ont toujours tenté de devenir plus importants, plus puissants et plus riches. Malheureu-sement, l’industrie du vêtement actuelle, qui est la cible de plusieurs médias, n’y échappe pas. Cela dit, est-il possible de se vêtir de façon responsable? Sachez, chers lecteurs de la section « Pouvoir des mots », que mon avis est formel : il est, à ce jour, absolument impossible pour nous de nous vêtir de façon responsable, car l’industrie du vêtement ne protège d’aucune manière l’environnement et délaisse carrément les travailleurs.

Tout d’abord, vous devez savoir que l’un des trois aspects à respecter lorsqu’on veut consommer de façon responsable est la protection de l’environnement. Selon moi, les entreprises qui fabriquent des vêtements ne respectent en aucun cas les écosystèmes de la planète. En effet, on peut facilement pointer du doigt la production de coton qui assèche des lacs et des rivières pour irriguer des champs. De plus, l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides contribue à la pollution du sol et des nappes phréatiques, selon l’article rédigé par Julie Roussel. La pollution causée par l’industrie du vêtement ne s’arrête pas là! Selon le texte intitulé Une paire de jeans dans l’environnement, « [u]ne paire de jeans, incluant tous ses

composants, a parcouru une moyenne de 65 000 kilomètres, soit une fois et demie le tour de la terre ». Par conséquent, le transport de cette paire de pantalons implique l’émission d’une énorme quantité de gaz carbonique, ce qui vient accélérer le réchauffement de notre planète. Bien évidemment, il n’y a pas seulement les jeans qui parcourent cette distance, mais aussi une grande partie des vêtements que vous et moi achetons dans notre quotidien. N’est-ce pas choquant? Pour moi, ce l’est. Bref, je suis persuadé que l’environnement se fait détruire par l’industrie du vêtement, ce qui nous empêche donc de dire que l’on se vêt de manière responsable.

Ensuite, un autre aspect primordial d’une consommation responsable est le respect des droits de la personne. Il est clair, à mes yeux, que l’industrie vestimentaire délaisse complètement les travailleurs. Prenons l’exemple des usines au Bangladesh où, d’après l’article intitulé Bangladesh : le coût de la maroquinerie pas chère, les travailleurs sont victimes de problèmes respiratoires, de cancers, de maladies de peau et j’en passe! D’autre part, les travailleurs sont souvent très peu rémunérés. Dans les faits, ils reçoivent à peine le salaire vital, qui est un droit fondamental. Pour moi, ce qui est le plus difficile là-dedans, c’est qu’il est impossible pour nous, les consommateurs, de savoir si les vêtements que nous achetons

Louis-Charles ViensSéminaire de Sherbrooke

Sommes-nous à l’abri de la cupidité humaine?

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ont été produits dans de telles conditions de travail. En effet, comme le mentionne l’article de Kamrul Hasan Khan, « [l]es circuits d’approvisionnement compliqués des tanneries d’Hazaribagh font qu’il est difficile de faire le lien entre une tannerie et les marques occidentales s’y approvisionnant ». Et cela s’applique non seulement aux tanneries d’Hazaribagh, mais aussi à la grande majorité des usines en Asie! Cherchant toujours la meilleure qualité au meilleur prix, nous sommes donc contraints d’acheter des vêtements sans avoir la certitude qu’ils ont été produits de façon responsable.

Finalement, je suis convaincu que les consommateurs sont dans l’impossibilité de se vêtir tout en respectant l’environnement et les droits de la personne. En effet, la production de vêtements que nous achetons est dévastatrice pour l’environnement et contrevient aux droits des travailleurs de l’industrie. Sachez, chers lecteurs, que nous encourageons la cupidité humaine sans en avoir le choix, mais je garde espoir. J’espère qu’un jour, le bien collectif dépassera la cupidité de l’homme.