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Port payé Postes Publication Postage paid Publication Mail 40007651 Ô toi l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi? Quelle hymne te dira, quel langage? Aucun mot ne t’exprime. Tout ce qui est te prie, et vers toi tout être qui pense ton univers fait monter une hymne de silence. Tout ce qui demeure, demeure par toi; par toi subsiste l’universel mouvement. De tous les êtres tu es la fin; tu es tout être, et tu n’en es aucun. Tu n’es pas un seul être; tu n’es pas leur ensemble; tu as tous les noms et comment te nommerais-je, toi qu’on ne peut nommer? Ô toi l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi? saint Grégoire de Naziance Prêtres d’aujourd’hui et de demain Prêtres d’aujourd’hui et de demain printemps 2007 w w w j e s u i t e s o r g jesuite-cover-printemps07 30/5/07 12:56 Page 1

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Ô toi l’au-delà de tout,n’est-ce pas là toutce qu’on peut chanter de toi?Quelle hymne te dira, quel langage?Aucun mot ne t’exprime.Tout ce qui est te prie,et vers toi tout être qui pense ton universfait monter une hymne de silence.Tout ce qui demeure, demeure par toi;par toi subsiste l’universel mouvement.De tous les êtres tu es la fin;tu es tout être, et tu n’en es aucun.Tu n’es pas un seul être;tu n’es pas leur ensemble;tu as tous les nomset comment te nommerais-je,toi qu’on ne peut nommer?Ô toi l’au-delà de tout,n’est-ce pas làtout ce qu’on peut chanter de toi?

saint Grégoire de Naziance

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QUI SONT LES JÉSUITES ? Le Seigneur appelle encore aujourd’huides hommes et des femmes à son service.La formation d’un compagnon de Jésus(jésuite) est longue (dix ans et plus) etcoûteuse. Vous pouvez vous y associer etcollaborer à l’œuvre de Dieu.

Notre Seigneur Jésus Christ nousinvite à prier pour les vocations.Soutenez de vos prières la croissanceet la persévérance des jeunes jésuitesen formation.

Volume XXXIV, numéro 1, printemps 2007

Prêtres d’aujourd’hui et de demain

3 OuvertureAndré Brouillette, SJ

4 Pourquoi je veux devenir prêtreMarc Rizzetto, SJ

6 Devenir prêtreJean Denis Saint Félix, SJ

8 Que signifie être prêtre pour moi ?Quelle est mon expérience de laprêtrise ?

Kénel Sénatus, SJ

10 Avec le Concile, qu’est devenu leministère du prêtre ?

André Charbonneau, SJ

13 La prêtrise dans l’Église catholique :perspectives et défis

André Brouillette, SJ

16 Prier avec Henri de LubacBernard Carrière, SJ

19 De par le mondeLouis-Martin Cloutier, SJ

21 Échos d’ici

25, rue Jarry OuestMontréal (Québec)H2P 1S6 Canada

secrétariat:(514) 387-2541

[email protected]

DOSSIER

LA VIE DANS L’ESPRIT

HORIZONS

Une trentaine de jésuites en forma-tion, frères, futurs prêtres ou jeunesprêtres, de même que leurs formateursvivent des aumônes du peuple deDieu. Un reçu pour usage fiscal voussera remis sur simple demande.N’hésitez pas à nous faire parvenir undon à l’adresse suivante :

Jésuites canadiens25, rue Jarry OuestMontréal (Québec)

H2P 1S6.

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DON

PRIÈRE

DON PLANIFIÉ

«La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maîtrede la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson.» (Lc 10,2)

ORDINATIONS

Kénel Sénatus, SJ, a été ordonné prêtre le 25 novembre 2006 à Port-au-Prince (Haïti). Ila célébré une messe d’action de grâces pour sa famille et ses amis à Rivière-du-Nordle 3 décembre.

Pierre Rachelin Coicou, SJ et Jean Maxène Joazile, SJ ont été ordonnés diacres le 14 avrilà la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes de Toronto. Pour sa part, Marc Rizzetto, SJ aété ordonné diacre le 21 avril à l’église Saint-Ignace à Paris.

ÉTUDES

Roch Lapalme, SJ a terminé sa maîtrise en accompagnement spirituel et pastoral auLoyola College de Baltimore. À partir de l’automne, il travaillera principalement auCentre de spiritualité Manrèse de Québec.

Ambroise Dorino Gabriel, SJ a terminé à l’hiver son baccalauréat en théologie à RegisCollege (Toronto). Il a depuis commencé sa maîtrise en théologie à l’Université Lavalde Québec.

Vos dons sont à l’œuvre

Quelques jalons

Les « jésuites», ou plutôt «compagnonsde Jésus», forment un ordre religieux mas-culin de l’Église catholique romaine, fondéen 1540 par saint Ignace de Loyola pourservir l’Église dans les tâches qui lui seraientconfiées par le pape. Formés par les«Exercices spirituels», plus de 20 000jésuites sont aujourd’hui actifs dans 120pays. Nous avons une prédilection spécialepour les «ministères de la Parole», dont l’é-ducation. Tous les jésuites sont desreligieux : la plupart sont des prêtres,d’autres, des frères, puis d’autres encoresont engagés dans une démarche de forma-tion, laquelle dure en moyenne dix anspour les futurs prêtres.

Pour avoir plus d’informations sur laCompagnie de Jésus :

Visitez notre site internet :www.jesuites.org

Intéressé par la vie jésuite ? Contacte-nous : [email protected]

Vous aimez Jésuites canadiens? Faites parvenir la revue à vos ami(e)s

en nous envoyant leur adresse.L’abonnement est gratuit.

Jésuites canadiens est la revue de « L’aide aux étudiantsjésuites ». Fondée en 1948, elle paraît deux fois l’an. Onpeut utiliser les articles en prenant soin toutefois de nousen informer et de toujours mentionner la source.Directeur de la revue : André Brouillette, SJComité de rédaction : Jean-Marc Biron, SJ, Gabriel Côté,

SJ, Bernard Hudon, SJ, Roch Lapalme, SJCollaborateurs réguliers : Marc Brousseau, SJ, Bernard

Carrière, SJ, Louis-Martin Cloutier, SJ, Jamie Lambert(internet), Marc Rizzetto, SJ

Crédits photographiques : Marc Rizzetto, SJ, (pp. 3, 6, 10,16-17, 22), Moussa Fadoul, SJ, (pp. 12-13), Ziad Hillal,SJ, (pp. 4, 5, 14-15)

Mise en page : Compo-media.comImpression : HLNavec la permission de l’Ordinairedépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

Un don planifié est un processus par lequel une donatrice ou un donateur planifie à l’avancedes dons de bienfaisance, afin d’atteindre ses objectifs philanthropiques et de maximiser par lamême occasion ses avantages fiscaux et autres avantages financiers. Le don planifié peutprovenir sous forme d’argent, de titres, de legs testamentaires, d’assurance-vie, de rente, etc.

Une personne ressource est à votre disposition pour discuter avec vous des meilleuresoptions en tenant compte de votre situation financière personnelle. N’hésitez pas à nouscontacter: (514) 387-2541.

Merci à tous nos donateurs et donatrices.

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Il est de tradition, pour Jésuites cana-diens, d’offrir aux jésuites nouvellementordonnés la possibilité de partagerquelques fruits de leur vocation avecnos lecteurs, qui sont nos bienfaiteurs,amis et parents.

Depuis l’automne dernier jusqu’àl’automne prochain, ce sont huit jésuitesqui auront été ordonnés dans notreprovince : quatre prêtres et quatrediacres ! Profitant de l’occasion, nousavons voulu ouvrir une réflexion plusvaste sur la prêtrise, l’abordant dans desperspectives personnelles ou théolo-giques. Le momentum de ce dossier aaussi été enrichi par l’organisation, enoctobre dernier au Centre Justice et Foi,d’un colloque sur l’accès des femmesaux ministères ordonnés. Des pistes deréflexion intéressantes s’offrent donc ànous.

Dans un premier temps, un toutjeune diacre, Marc Rizzetto, SJ, un futurprêtre, Jean-Denis Saint-Félix, SJ, et unprêtre récemment ordonné, KénelSénatus, SJ, partagent leur vision etexpérience de l’appel au ministèresacerdotal, dans un cheminementecclésial multiculturel passant par leQuébec, Haïti, la France et les États-Unis.

Dans un deuxième temps, unexégète et prêtre d’expérience, AndréCharbonneau, SJ, réfléchit au sacerdocedans le sillon du Second Concile duVatican. Finalement, je tenterai de situerla prêtrise au carrefour de perspectiveset de défis actuels.

André Brouillette, SJ

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Il s’agit sans doute de la question qui,depuis mon entrée dans la vie religieuseen 1997, m’a été le plus souvent posée.Si je partage avec vous, brièvement,l’histoire de ma vocation, je dois direque je n’ai à peu près jamais pensé àdevenir prêtre, c’est une idée qui ne m’ajamais traversé l’esprit pendant monenfance, pas plus que pendant l’adoles-cence.

Je me souviens cependant que,lorsque j’étais en deuxième année duprimaire à l’école Saint-Charles Garnier,l’enseignante qui nous préparait à lapremière communion nous disait queJésus nous aimait beaucoup, et quenous devions le considérer comme unami. Pour lui parler, on pouvait fermerles yeux, faire un signe de croix et luiparler. Il serait toujours présent pournous, à n’importe quelle heure du jourou de la nuit. On pouvait tout lui dire.Jésus habitait une maison que l’onnomme «église» et il aimait beaucoupavoir de la visite. Dans ma tête, celaavait plein de bon sens. Alors, étantdonné que Jésus était devenu mon nou-vel ami, je me suis mis à le fréquenter

par la prière. J’allais aussi parfois seul àl’église pour lui rendre visite. Lors d’unesortie de classe pour préparer la célébra-tion de la première communion, j’avaisapporté avec moi des bonbons. Dansmon esprit, c’était bien normal, maisl’enseignante, elle, n’était pas de cetavis. Elle m’a dit qu’il ne fallait pasmanger de bonbons à l’église. Que cen’était pas bien. Moi, je ne comprenaispas. Tout se bousculait dans mon esprit.Elle avait pourtant dit que Jésus étaitmon ami et qu’il aimait que je lui rendevisite, mais elle n’avait rien dit au sujetdes bonbons.

Après cet épisode, ma foi a tranquil-lement cheminé jusqu’à l’âge adulte,alors que je me suis remis à aller àl’église. Je cherchais un lieu tranquillepour réfléchir. Peu à peu, un question-nement m’a amené à rencontrerplusieurs personnes, dont un prêtre. Cefut l’occasion de revisiter ma foi, d’ap-prendre à prier selon les Exercices spi-rituels. Pendant ce temps, mon ques-tionnement se poursuivait, mais il allaitm’amener bien plus loin que ce quej’avais imaginé. Un travail de réception-

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Pourquoi je veux devenir prêtreMarc Rizzetto, SJ

Étudiant à la maîtrise en théologie,Marc a été ordonné diacre le 21 avril.

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niste et de jardinier au noviciat desjésuites, tout en poursuivant mes études,allait me permettre de me rapprocher dela communauté. Ce fut l’occasion deprier plus régulièrement et de découvrirpeu à peu à quoi j’étais appelé. Je savaisque j’aimais être en groupe, travailler enéquipe et donner le meilleur de moi-même. Je voulais mettre mes talents auservice des autres, les partager. L’inti-mité de ma prière, de ma relation per-sonnelle avec le Christ me poussait àvouloir le servir et le suivre davantage.Je voulais marquer d’une façon parti-culière ma relation, mon attachementau Seigneur en entrant dans laCompagnie de Jésus. Me mettre hum-blement à sa suite pour le servir, lui ainsique les hommes et les femmes de cemonde.

On ne peut imposer à personned’être prêtre. On ne le devient ni pardevoir, ni pour obéir à la décision dequelqu’un d’autre. On ne devient pasprêtre par concours. Vocation! Voilà lemot fondamental. Devenir prêtre, c’estrépondre à une vocation, c’est-à-dire à

un appel de Dieu entendu, un appel àvivre en disciple de Jésus comme toutchrétien bien sûr, mais au-delà encore :un appel à assumer, par toute sa vie, unemission particulière dans l’Église et lemonde, celle de continuer l’œuvre duChrist. Trouver sa vocation, trouver saplace dans le monde, c’est important.

Le prêtre jésuite peut exercerplusieurs types d’activité apostolique :ministères de la Parole et de la vieintérieure, de la réconciliation et del’enseignement, du service des sacre-ments, de la catéchèse des enfants etdes illettrés, de l’attention aux pro-blèmes sociaux. Je veux devenir prêtrepour être un serviteur de la mission deJésus dans notre monde. Être un témoinde cet Évangile qui donne du sens et dugoût à la vie. Je veux devenir prêtre pourcélébrer les sacrements et ainsi marquerd’une façon particulière les grandsmoments de la vie des hommes et desfemmes. Je veux devenir prêtre et ainsime faire solidaire de ce que vivent leshommes et les femmes de notre temps.

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Devenir prêtreJean Denis Saint Félix, SJ

Étudiant à la maîtrise en théologie,Jean Denis sera ordonné prêtre le 11 août 2007.

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Qu’est-ce qu’un prêtre etqu’est-ce que cela veut direpour moi, comme jésuite etHaïtien? Comment est-ce que jeconçois mon sacerdoce dans lecontexte actuel? Telles sont lesquestions sur lesquelles on m’aproposé de réfléchir alors que jesuis en train de terminer mesétudes classiques de théologie et que jeme prépare pour l’ordination sacerdo-tale prévue pour le 11 août. Toutnaturellement, ma réflexion jouira d’unedouble appartenance: la théorie appriselors de mes études et l’heureusemémoire de mes expériences apos-toliques passées et présentes.

Pour moi, être prêtre, c’est s’appro-prier la mission de l’Église qui n’estautre chose que d’annoncer l’Évangiledu Seigneur à tous les hommes etfemmes de notre temps. C’est présiderles sacrements, et notamment l’Eucha-ristie qui est la source, la somme et lesommet de la vie chrétienne. En me pré-parant à devenir prêtre dans laCompagnie de Jésus, je suis de plus enplus conscient du fait qu’Ignace, notrefondateur, bien qu’il ait abouti au sacer-doce et à la vie religieuse, n’entrevoyaitpas au départ un projet religieux, ni unprojet sacerdotal. Il a été continuelle-ment guidé par l’appel à une vocation.C’est parce que le projet ignatien ne selimite pas à la diffusion de l’Évangilemais veut participer activement à l’im-plantation et à la croissance de l’Église,qu’il inclut le sacerdoce de type pau-linien, c’est-à-dire un sacerdoce mis-

sionnaire. En ce sens, mon sa-cerdoce dans la Compagnie deJésus doit s’inscrire dans cettelogique d’Ignace de nous situeraux frontières de l’avenir et decollaborer à la formation etl’épanouissement d’une authen-tique communauté chrétienne.

Une deuxième prise de con-science qui habite mon intellect et moncœur, c’est le fait que ma théologiesacerdotale et ma christologie m’ontconduit ces dernières années à décou-vrir et comprendre que la raison d’êtrede mon sacerdoce est de manifestersacramentellement et à travers monministère la présence du Christ. C’est leChrist et lui seul qui préside, c’est lui quicontinue de prendre le pain, de pronon-cer la bénédiction, de le rompre et de ledonner comme son corps – c’est lui quicontinue d’exercer son sacerdoceunique et intransmissible au milieu et enfaveur de l’assemblée dans la mesure oùceux et celles qui la constituent sont lesmembres du Christ, participant néces-sairement «par lui, avec lui et en lui» àl’action liturgique. En ce sens, monsacerdoce sera légitime dans la mesureoù il participe à celui du Christ, lui qui,dans sa magnificence, m’a appelé avecd’autres, malgré nos limites et dif-férends, à être avec lui afin d’êtreenvoyés par lui. Ceci dit, puisque c’esttoute la communauté chrétienne quiparticipe au sacerdoce du Christ,comme prêtre jésuite j’aurai à luttercontre l’image traditionnelle que l’onprojette sur les prêtres. Ma tâche sera de

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responsabiliser les chrétiens et derespecter cette responsabilité. Danscette perspective, je crois fermementque c’est en prenant au sérieux laresponsabilité commune de tous quenous pouvons mieux faire apparaître laspécificité du prêtre au plan théologiquecomme au plan pastoral.

De manière plus spécifique et moins« technico-théologique », je voudrais,avec la grâce du Seigneur, que monsacerdoce, à l’image de la sage-femme,contribue à faire naître la parole deDieu dans le monde. Je veux qu’il soittémoin de la miséricorde et du pardonde Dieu dans un monde blessé, fondésur le superflu et préoccupé par l’immé-diat. Le vécu de mon sacerdoce devrasans cesse se référer à l’une de ses plusprécieuses sources qui est la société haï-tienne, une source qui continue de l’ali-menter et de lui donner un sens bienprécis. C’est dans cette société bien con-crète que je prévois l’épanouissementde mon sacerdoce. C’est bien là que jevoudrais mettre mon sacerdoce jésuiteau service de l’enseignement (un apos-tolat intellectuel) et de la célébration dela parole enseignée. Je veux vivre monsacerdoce dans cette tension de l’en-seignement et de la pastorale, car dansla situation haïtienne telle qu’elle estconnue, nous avons une parole à dire,un verbe à proclamer; mais noussommes aussi appelés à être pour etavec les autres en nous impliquant dansles différents apostolats de la petiteCompagnie en Haïti, prenant positionen faveur de la justice et de la vérité,une vérité qui refuse de s’identifier à unprojet politique particulier. C’est doncprécisément entre la souffrance présentedans ma société et dans le monde, souf-france causée par les avatars de l’his-toire, le mal du relativisme et de la liber-té mal comprise d’un côté et la beautéde l’existence, fruit de l’amour et de lagrâce de Dieu d’autre part, que mon

sacerdoce veut se frayer une place.Cette double fidélité (à la souffrance dumonde et à la beauté de l’omniprésentegrâce de Dieu) donnera à mon sacer-doce sa concrète identité.

Enfin je dirais avec Mgr OscarRomero qu’avec le peuple haïtien, cen’est pas difficile d’être bon pasteur.Ceci dit, je voudrais que mon sacerdocepuisse rejoindre les gens dans leursdiverses expériences et expressions defoi, et je voudrais en retour m’inspirer deleur précieux témoignage. Je veux aussiparticiper au processus de reconstruc-tion d’un imaginaire violé par uneévangélisation désincarnée. Bien au-delà des modes théologiques, jevoudrais m’engager à un vrai dialogueentre notre foi chrétienne et notre richehéritage culturel et ainsi arriver à unecélébration plus authentique et moinsaliénante de notre foi chrétienne.L’Église d’Haïti doit devenir ce qu’elleest : celle des exclus et des victimes. Elledoit être ouverte et se laisser renouvelerpar les grandes questions et les défis denotre temps. Notre Église doit prendreau sérieux le dialogue avec le vaudou etle protestantisme.

Je voudrais terminer en disantqu’après plus d’un an de diaconat et àquelques mois du sacerdoce, je sensque le Seigneur m’a donné la grâce deme libérer progressivement des dif-férentes raisons personnelles et idéo-logiques pour lesquelles je suis entrédans la Compagnie de Jésus. C’est parcette même grâce et avec gratitude queje m’accroche de plus en plus à l’uniqueraison pour et par laquelle je persévère :la générosité de l’amour du Seigneur.Cette générosité est expérimentée dansl’intimité avec le Christ, dans l’intério-rité. Eh oui! Le curé d’Ars a raisonquand il s’exclame: «Oh! Que c’estmalheureux un prêtre qui n’est pasintérieur».

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Dire ce que signifie être prêtre pourmoi, c’est donner à connaître ma con-ception de la prêtrise et ma propreexpérience sacerdotale aujourd’hui. Àces questions, je résumerai ma réponseen deux points : ma conception duprêtre et de l’Église, puis mon expé-rience sacerdotale.

Pour parler de ce que je pense duprêtre aujourd’hui, je dirais qu’il est unhomme parmi d’autres, un disciple duChrist ayant une mission: celle d’êtretémoin du Christ et de son Évangile dansune société divisée, celle d’être un com-pagnon des pauvres dans une sociétéglobalisée et encore un accompagna-teur spirituel du peuple chrétien à larecherche d’une parole ou d’un sens. Lamission du prêtre se conçoit unique-ment dans l’Église. D’où la nécessitépour lui d’être fidèlement attaché àcelle-ci, car en dehors de l’Église, pointde prêtre ni de mission.

Quant à l’Église, elle est cette réalitévisible et invisible qui maintient non

exclusivement la relation entre Dieu etl’homme. À mon avis, si l’Église tientencore dans ce monde, ce n’est queparce qu’elle est habitée par le Christ,parce qu’elle vit de sa relation avec leChrist et parce qu’elle est le signe effi-cace d’une réalité spirituelle : l’uniondes hommes avec Dieu et, par cetteunion, l’union des hommes entre eux.Elle est parmi les hommes signe du saluten Jésus-Christ et, comme telle, doitcontinuer sa mission dans le monde,dans la société, et notamment auprèsdes pauvres en vue d’un monde plusjuste et digne de créatures de Dieu.C’est pourquoi, en dépit de tout cequ’elle peut laisser visiblementtransparaître de laideur, je continueraide l’aimer.

On peut considérer au moins deuxgrandes traditions vis-à-vis du sacerdocecatholique: dans la première, que d’au-cuns nomment pétrinienne, le sacer-doce apparaît comme une consécrationministérielle au service de la commu-nauté des croyants. En effet, celle-ci a

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Que signifie être prêtre pour moi ?Quelle est mon expérience de la prêtrise ?

Kénel Sénatus, SJ

Collaborateur à Solidarite Fwontalye (Ouanaminthe, Haïti),Kénel a été ordonné prêtre le 25 novembre 2006.

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pour tâche d’irradier auprès des autresce qu’elle est naturellement. Dans cecas, le prêtre a pour rôle de présiderl’eucharistie, d’authentifier les actes del’Église, de pratiquer les sacrements envue de la sanctification des fidèles. Celaest d’une importance capitale. L’autretradition, qu’on pourrait appeler pauli-nienne, met sur le compte du sacerdocela tâche de la constitution d’une Église,traduite concrètement et réalisée mys-térieusement et fortement à travers lacommunion des hommes, fussent-ils lesderniers, les migrants, les marginalisés,les réfugiés, les rapatriés, les pauvresgens. Dans ce cas, la mission sacerdo-tale s’exercera pour la construction etl’édification d’une Église in terra inco-gnita ; autrement dit, dans un mondedont le peuple n’est pas d’abord celuides croyants, mais celui des hommesqui m’entourent, qui ont besoin deDieu, qui ont besoin de gestes humainsconcrets de tendresse ou de solidarité àleur égard dans leurs difficultés. Surcette piste, qui n’est certainement pas laseule, je trouve que la Compagnie a tou-jours été assez ouverte pour porter enelle cette sensibilité exprimant son atti-tude discrète, mais efficace auprès deshommes dans l’Église.

C’est sur la base de cette réflexionque je perçois mon engagement sacer-dotal et mon expérience comme prêtrehaïtien à Ouanaminthe. Actuellement, jesuis en train d’expérimenter les deux tra-

ditions dans mon travail apostolique.Même si je n’ai pas une responsabilitéparoissiale directe, mes fins de semainesont consacrées à la célébration dessacrements avec deux communautésparoissiales à l’invitation des curés. Cettecollaboration avec les paroisses deOuanaminthe et de D’Osmond menourrit énormément sur le plan spirituel,ainsi qu’en termes de rapprochementavec les gens. Plus spécifiquement, mamission est de travailler dans SolidariteFwontalye/Service Jésuite aux Réfugiéset Migrants (SFw/SJRM) en collaborationavec l’équipe composée de jésuites et delaïcs. Le travail qui se fait dans cette insti-tution est un travail d’accompagnement,de service et de défense des droitshumains fondamentaux des migrants quisont le plus souvent foulés au pied. Ils’inscrit dans le cadre d’un ministèresocio-éducatif initié par la Compagniedans le milieu haïtien. Et comme tel, ilcomporte l’effort de proximité et d’impli-cation dans l’apostolat social, dansl’éducation (Foi et Joie), ainsi que dansl’accompagnement spirituel et psy-chologique des personnes déboussolées,à travers des outils tirés des ExercicesSpirituels et des sciences humaines. Jesens que mon implication dans l’aposto-lat social est un témoignage probant dela présence des tâches d’Église assuméespar la Compagnie dans les mouvementssociaux. Voilà ce que je peux communi-quer à propos de ma conception et demon expérience de prêtre!

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Le prêtre de ma jeunesse étaitsurtout perçu comme l’homme de l’au-tel. Quand le prêtre célébrait l’Eucha-ristie, on considérait que c’était là sonlieu propre, que c’était pour cela qu’ilétait prêtre. La grande joie de la mèred’un prêtre, c’était de voir son fils mon-ter à l’autel. C’est ainsi qu’elle s’expri-mait. La vision qu’on avait du prêtreétait très liée à sa fonction de célé-brant. Une telle manière de pensern’est pas totalement étrangère auConcile qui dira : «C’est là qu’aboutitleur ministère, c’est là qu’il trouve sonaccomplissement : commençant par

l’annonce de l’Évangile, il tire sa forceet sa puissance du Sacrifice du Christ»(PO [Presbyterorum Ordinis ] 2).

Aujourd’hui, la compréhensionqu’on a du prêtre, dans l’exercice de safonction, s’est enrichie et a trouvé unnouvel équilibre lorsque le Concile aprécisé les trois ministères du prêtre: s’ilest toujours le ministre des sacrements,il est aussi l’homme de la Parole et celuiqui rassemble le peuple de Dieu, il estpasteur. Comme dit le Concile, il est«mis au service du Christ Docteur,Prêtre et Roi» (PO 1). Cette précision

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Avec le Concile, qu’est devenu le ministère du prêtre ?André Charbonneau, SJ

Prêtre depuis 45 ans, assistant du maître des noviceset directeur du Centre de spiritualité (Port-au-Prince, Haïti)

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concernant les ministères illumined’une manière fort heureuse la fonctiondu prêtre.

Que le ministère de la Parole soit lepremier ministère du prêtre, on a là unegrande intuition du Concile : «… lesprêtres, comme coopérateurs desévêques, ont donc pour première fonc-tion d’annoncer l’Évangile de Dieu àtous les hommes» (PO 4). Grâce à cetteintuition, le Concile a pu percevoir laconnexion intime entre le ministère dela Parole et les deux autres ministères :«…la proclamation de la Parole estindispensable au ministère sacramentellui-même, puisqu’il s’agit des sacre-ments de la foi, et que celle-ci a besoinde la Parole pour naître et se nourrir»(PO 4). Le ministère de la Parole estégalement en lien intime avec le minis-tère du pasteur : les prêtres «reçoiventun pouvoir spirituel, qui leur est donnépour construire l’Église» (PO 6). Commeconstructeurs de l’Église, les prêtres sont«éducateurs de la foi» (PO 6), ce quiexige qu’ils soient d’abord porteurs de laParole : c’est l’Évangile qui est la forcequi construit l’Église.

En plaçant en premier le ministèrede la Parole, le Concile fait bien com-prendre que, puisque c’est la Parole deDieu qui ouvre à la foi, c’est elle, enconséquence, qui donne vie au minis-tère des sacrements et au ministère dupasteur.

Si cette priorité donnée au ministèrede la Parole illumine l’image qu’on doitse faire du prêtre dans l’exercice de toutson ministère, nous croyons qu’elleimplique aussi un nouvel équilibre dansla manière de comprendre sa formation.De quel type de prêtre pourrions-nousrêver, maintenant que nous savons quele ministère de la Parole est sa premièrefonction?

Le prêtre, ministre de la ParoleOn reste sur l’impression qu’on n’a

pas encore mesuré les conséquencesénormes pour le prêtre d’avoir commepremière fonction d’annoncer la Parolede Dieu. À travers une telle affirmation,le Concile ne laisse-t-il pas entendre quele prêtre est par vocation un spécialistede la Parole, non en ce sens qu’il est unexégète professionnel, mais en ce sensque c’est sur lui que l’Église compted’une manière spéciale, quoique nonexclusive, pour la communication de laParole? La Parole de Dieu, «qu’il con-vient d’attendre tout spécialement de labouche des prêtres» (PO, 4), est son pre-mier champ.

La priorité du ministère de la Paroleet ses conséquences

En plaçant en premier le ministère dela Parole, le Concile éclaire indirecte-ment le chemin de la formation duprêtre. Une telle priorité implique que leprêtre doit bien connaître l’Écriture. Il lalit et la relit continuellement. Il l’étudie.Il la scrute. Il se donne une culturebiblique. Il fait de la Bible son livre dechevet. Il sait que c’est le milieu de viedans lequel il doit baigner afin de com-muniquer la Parole. Il sait qu’il n’aurajamais terminé son travail jusqu’à la finde ses jours. C’est l’objet intellectuelprivilégié de sa vie. On ne peut com-muniquer que ce que l’on comprend. Ilse forme pour former le peuple de Dieu.Il s’agit d’un premier temps dans la for-mation du prêtre.

Le second temps, plus important quele premier, ne peut être soumis à aucuncontrôle. C’est le temps d’une décisiondu cœur. Le futur prêtre fait tout pouraimer la Parole de Dieu. Il apprend àvivre en elle, elle devient en lui commeune source. Il l’intériorise. Il la contem-ple. Il la murmure jour et nuit dans son

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cœur, comme dit le Psalmiste. Elle luidevient de jour en jour plus intime. Ellefait partie de son être. Le futur prêtredevient amoureusement porteur de lapensée de Dieu. Il voit tout à partir decette pensée. Il comprend le monde àpartir d’elle. Il opère, par la grâce deDieu, cette conversion. Il fait l’expé-rience qu’il porte en lui un trésor de vieet que la beauté de la Parole peuts’ajuster aux besoins de toute personneet qu’elle est porteuse de vie. Il ne rougitpas de la Parole (Rom 1, 16). Il saitqu’en la disant, en elle s’exerce «la forcede Dieu» (Rom 1,16). Il fait donc toutpour bien l’assimiler, pour la rendrevivante en lui. Elle est sa sagesse.

Dans la sagesse de Dieu (1Cor 1,21),le prêtre a compris que le langage de lacroix (1Cor 1,18) ne peut être évité.

C’est le langage adapté pour avancerdans le contexte d’une vie difficile. C’estcette sagesse qu’il communique. Touthumain, en effet, se sent bien faibledevant les difficultés et les souffrancesde sa vie et trouve, présents en lui, biendes mécanismes qui l’invitent à reculer.Où trouver la force, le dynamisme pouravancer, où trouver une parole quidonne courage? Le prêtre, illuminé parla Parole de Dieu, a quelque chose àdire aux chrétiens. C’est dans la force duChrist en route vers la Passion que leprêtre fait découvrir à tout chrétien laforce d’affronter avec le Christ lesexigences de sa vie, d’y faire face. Lelangage de la croix est le seul adapté àla condition humaine et le seul quipuisse lui donner du sens. Dans l’Église,le prêtre qui a intériorisé la Parole peutsaisir cette vérité. Le Christ en croix l’ailluminé et il sait que la croix débouchesur la Résurrection. C’est sa sagesse.

Conclusion

Le sacrement de l’Ordre conféré auxprêtres «configure… au Christ Prêtrepour les rendre capables d’agir au nomdu Christ Tête en personne» (PO 2).C’est là l’identité du prêtre ainsi quesa mission. Le Concile n’a pas changél’identité du prêtre mais il a rééquilibréla dynamique de son ministère et il amis en évidence la condition nécessairepour que le prêtre ne soit pas, dansl’exercice de son ministère, une cym-bale retentissante (1Cor 13,1); la Parolede Dieu est l’âme de son ministère, c’estpourquoi elle est première : c’est elle quidonne à la célébration eucharistiqued’être un véritable «accomplissement»(PO 2), et c’est elle qui permet de cons-truire l’Église, car la Parole est «force deDieu pour le salut de tout croyant»(Rom 1,16).

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Quelques éléments de perspective

La figure du prêtre s’enracine dansl’expérience religieuse du peuplehébreu. Le prêtre se présentait alorscomme un homme de la tribu de Lévi,spécialement consacré pour veiller auxsacrifices offerts au Seigneur. Le prêtreétait désigné pour assurer la médiationentre Dieu et son peuple, au côté de lafigure du prophète. Avec Jésus-Christ, lafigure du prêtre se transforme radicale-ment. En sa personne, la figure du mé-diateur se joint à celle de l’animal sacri-

ficiel. Fils de Dieu s’offrant pour nous, ilest à la fois prêtre et offrande (voirl’Épître aux Hébreux).

Dans les premières communautéschrétiennes, des «anciens» (presbyteros)veilleront progressivement au bon fonc-tionnement de la communauté dans sesdivers aspects : organisation de la prière,de la vie fraternelle, distributiond’aumônes. Ils seront aidés en cestâches par des personnes occupantdiverses fonctions (entre autres les«diacres» et «diaconesses»). Les minis-tères étaient nombreux, comme lerappelle l’apôtre Paul : prophétie,enseignement, guérison, administration(voir 1 Cor 12). Au fil de l’histoire del’Église, une division tripartite du leader-ship des communautés s’instaura: l’épis-copat, le presbytérat et le diaconat.Dans l’Église antique, les femmes pou-vaient être diacres (jusqu’au 15e siècleen fait dans certaines Églises ortho-doxes). L’ordination se caractérise parl’imposition des mains, par laquellel’évêque confère la grâce de l’Esprit-Saint à la personne qui a été appelée àun office.

L’ordination est reçue comme unemarque indélébile : un individu est con-sacré à vie pour ce service, peu importeles visages que le ministère du diacre,prêtre ou évêque prendra au fil des ans.En ce sens, le sacerdoce s’apparente aubaptême, qui confère aussi une marqueindélébile au baptisé : il est mort et

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La prêtrise dans l’Église catholique :perspectives et défis

André Brouillette, SJ■ ■ ■

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renaît de nouveau en Christ pour unevie nouvelle; aucun retour en arrièren’est possible. Chaque baptisé estd’ailleurs appelé à participer à la triplevocation de prêtre, de prophète et de roidu Christ, étant consacré commedemeure spirituelle, comme témoin duVerbe de Dieu dans le monde et commesouverain à l’image du Christ, qui, entant que roi, s’est fait serviteur et pauvre.Le sacerdoce ministériel (celui desprêtres et des évêques) s’enracine dansle sacerdoce universel de tous les bap-tisés et est ordonné au service del’ensemble des baptisés.

Dans le cadre de la vie religieuse, lesacerdoce ne s’articule pas nécessaire-ment autour de la vie paroissiale,comme c’est le cas la plupart du tempspour les prêtres diocésains. Ainsi, lesmoines bénédictins, par exemple,jouissent de racines qui sont au moinsaussi anciennes que notre conceptionactuelle du sacerdoce… De leur côté,franciscains et dominicains ont fait, his-toriquement, de leur style de vie austèrecomme prêtres un instrument au servicede la foi. Quant aux premiers jésuites, lesacerdoce pour eux était un nécessaireoutil pour le «service des âmes». Lesacerdoce se situait ainsi dans la lignede la mission, se déployant à la manièredu pèlerin à l’intérieur de l’Église etjusqu’à ses frontières.

Des défis actuels

Au moment du Second Concile duVatican (1962-1965), plusieurs voix sesont élevées pour examiner la questiondu ministère ordonné. La pensée qui y agermé articule le sacerdoce principale-ment autour du cadre paroissial, tout enempruntant des éléments de la spiritua-lité des communautés religieuses. Parmiles questions soulevées, on note lemanque de prêtres en de nombreuses

régions du monde et l’accès limité auxsacrements qui en résulte pour de nom-breux fidèles, de même que la règle ducélibat ecclésiastique. Par la suite, laquestion de l’ordination des femmess’est posée. Le pape Paul VI a indiquéclairement en 1967, par l’encycliqueSacerdotalis Caelibatus, que la règle ducélibat des prêtres – même si elle avaitété introduite relativement tard dansl’histoire de l’Église – devait être con-servée. Le même Paul VI répondit«non» en 1976, par la voix de ladéclaration Inter insigniores de laCongrégation pour la doctrine de la foi,à la demande d’ordination de femmes,invoquant des arguments tirés de laBible comme de la tradition. Le papeJean-Paul II, dans les deux décenniessubséquentes, a réaffirmé ces interdits(par exemple dans la lettre apostoliqueOrdinatio Sacerdotalis de 1994).

Quarante-cinq ans après l’inaugura-tion du Concile Vatican II, force est de

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constater que les discussions ne man-quent pas au sujet de la nature du sacer-doce. La tension entre le manque deprêtres en de nombreuses régions dumonde et l’importance de la vie sacra-mentelle – en particulier l’Eucharistie –n’a fait que s’accentuer, entre autres enAmérique latine. Le Québec pourraitaussi être touché en raison de la diminu-tion rapide du nombre de prêtres.M. Jacques Racine, professeur dethéologie à l’université Laval, confiait aujournal Le Devoir (7/8 avril 2007) qu’iln’y aurait peut-être que 600 prêtresdiocésains au Québec d’ici dix ans. Unautre élément de discussion est fournipar l’expérience substantielle de femmesdiacres, prêtres et même évêques enOccident, dans diverses dénominationschrétiennes. Ces réalités ne peuvent êtreignorées.

L’automne dernier, le Centre justiceet foi de Montréal a organisé, avecdivers partenaires ecclésiaux, un col-

loque intitulé «L’accès des femmes auxministères ordonnés : une question nonréglée!» (disponible en DVD) pour fairele point sur la question. Depuis le milieudes années 1990, avec les « non »définitifs apportés par Jean-Paul II et laCongrégation pour la doctrine de la foi,un certain essoufflement s’est fait sentirdans les milieux ecclésiaux progres-sistes. Par ailleurs, les avancées de larecherche dans les domaines del’exégèse biblique, de l’histoire del’Église et de la théologie systématiqueont mis à mal de nombreux argumentstraditionnellement utilisés pour justifierle refus. Selon Mme Olivette Genest,exégète et théologienne, l’argumentprincipal qui semble toujours tenir estcelui de l’autorité. Un détenteur d’au-torité nouveau pourrait peut-être alorsse sentir autorisé, suite à une relecturede la Parole de Dieu, de la tradition del’Église et de l’expérience humaine con-temporaine, à émettre une conclusiondifférente.

De ce survol rapide, il est possible desaisir que la question du sacerdoce sesitue dans un ensemble vaste, enracinéhistoriquement dans la personne deJésus-Christ et dans l’expérience du peu-ple hébreu, puis des premières commu-nautés chrétiennes. La conception desdivers ministères a évolué au fil dutemps, comme nous le voyons avecl’orientation insufflée par Vatican II.Face à des expériences et probléma-tiques nouvelles, il faut souhaiter que ledynamisme de l’Esprit inspirant l’Églisenous assure des manières toujoursrenouvelées de rendre le Christ et saParole vivants au cœur de nos frères etsœurs.

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Henri de Lubac, l’un des grandspenseurs et théologiens du vingtièmesiècle dont l’Église catholique peut seglorifier, est né en 1896 à Cambrai, dansle nord de la France, et il est mort à Parisen 1991. Il a eu une longue vie marquéepar des événements douloureux et desépreuves qui auraient pu mettre à mal safoi en Dieu et sa fidélité à l’Église. Mais,dans ses dernières années, la qualité desa recherche théologique et son ortho-doxie sans faille étaient universellementappréciées. En 1983, alors qu’il allaitavoir 87 ans, le pape Jean-Paul II fitpreuve d’un geste inattendu de réhabili-tation en le nommant cardinal. Et, aumoment de sa mort, le même papereconnut en lui l’auteur qui «a recueillile meilleur de la tradition catholiquedans sa méditation sur l’Écriture, l’Égliseet le monde moderne».

Le père de Lubac était entré dans laCompagnie de Jésus à 17 ans, en 1913,après avoir commencé des études dedroit aux facultés catholiques de Lyon. Iln’avait pas encore terminé son noviciatlorsqu’il fut appelé sous les drapeaux etenvoyé au front. Il ne sera démobiliséqu’en 1918, après avoir été blessé à unbras, à une oreille et à une jambe. Il engardera des séquelles physiques qui ren-dront difficile la concentration requisepour le travail de réflexion et d’écriture.

De 1919 à 1927, il poursuivra sa for-mation philosophique et théologique enAngleterre parce que, à cette époque,les jésuites étaient encore officiellementinterdits de séjour en France. C’est aucours de ces années que se forgera sapensée au contact, entre autres, des

œuvres de Maurice Blondel qui tenta,au début du vingtième siècle, de ré-concilier la réflexion philosophique,inspirée par le développement dessciences, et la pensée théologique. Pource philosophe, catholique convaincu, lecontenu de la foi chrétienne n’est pas encontradiction avec la pensée modernequi voudrait garantir l’autonomie de lapensée et déterminer à elle seule lesconditions qui en établissent le règne.

Henri de Lubac commença très tôt àréfléchir à la question du surnaturel.Tout en s’intéressant aux préoccupations

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PRIER avec Henri de Lubac

Bernard Carrière, SJ■ ■ ■

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de ses contemporains, il se nourrit ausside la pensée des Pères de l’Église, cesthéologiens des premiers siècles duchristianisme. Et pour rendre leurs écritsplus accessibles, il mit sur pied avecl’aide du père Jean Daniélou la collec-tion «Sources chrétiennes» qui continueencore aujourd’hui à publier, dans lalangue de leurs auteurs et en traductionfrançaise, des œuvres qui méritentd’être connues par un plus large public.Dans une œuvre intitulée De la con-naissance de Dieu, le père de Lubacécrit : « ‘Aime et fais ce que tu veux’, di-sait saint Augustin, - si tu aimes assezpour agir en tout selon ton amour. ‘Aimeet crois ce que tu veux’, pourrait-ondire, - si tu sais tirer de ton amour toutela lumière qu’il recèle.»

Les années 30 et 40 et le début desannées 50 furent bien remplis pourHenri de Lubac. Il commença à publier

ses grandes œuvres tout en enseignant lathéologie à l’Institut Catholique de Lyon.Il n’hésita pas à participer activement,par des écrits, à la Résistance à l’occu-pation allemande, pour marquer sonopposition à l’antisémitisme dominant.

Après la seconde guerre mondialecependant, un mouvement d’oppositionà sa pensée se cristallisa parmi certainsthéologiens catholiques. En 1950, à lasuite de la publication de l’encycliqueHumani Generis du pape Pie XII, il estréduit au silence et suspendu de sa fonc-tion d’enseignant et, avec quelquesautres théologiens français, il est accuséd’avoir propagé des «erreurs perni-cieuses sur des points essentiels dudogme». C’est sûrement l’épreuve qu’ila ressentie le plus douloureusementdans sa vie. Et ce n’est qu’en 1960, dansla phase préparatoire du concile VaticanII, qu’il rentrera dans les bonnes grâcesdes autorités de l’Église en étant choisipar Jean XXIII, contre l’avis de certainscardinaux, pour être consulteur de lacommission théologique. Durant le con-cile, accrédité comme expert, il sera undes rédacteurs, aux côtés du cardinalWojtyla, du schéma 13 qui deviendraensuite la constitution pastoraleGaudium et spes («L’Église dans lemonde de ce temps»).

Arrêtons-nous un moment à sa pre-mière grande œuvre théologique, pu-bliée en 1938, qu’il a intitulée Catho-licisme et dans laquelle il a vouluinscrire les préoccupations qui l’habite-ront tout au long de sa vie. Au début desannées 30, Henri de Lubac avait le sen-timent d’un progrès de la consciencesociale de ses contemporains. Il y voyaitun signe des temps et il vibrait aux aspi-rations à l’unité qui s’exprimaient dansla société. Mais il était aussi en luttecontre l’individualisme qui déjà s’affir-mait fortement chez les intellectuels decette époque et qui annonçait ce quiallait devenir un trait fortement répandu

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dans le monde actuel. Il avait été invité,un jour, par un groupe d’étudiants asia-tiques, en majorité chinois, qui voulaientconnaître la notion théologique d’uni-versalité de l’Église catholique et duchristianisme en général. À partir dutexte préparé pour l’occasion etdéveloppé par la suite, il écrit lechapitre qui constitue le pivot de toutson volume, dans lequel est envisagé entrois parties ce qui est propre à la réalitécatholique. La première partie illustreles aspects sociaux du dogme; ladeuxième, le mystère de l’Église qui, entant que « catholique », vise « toutl’homme»; et la troisième enfin dé-bouche sur la dimension sociale engénéral et l’importance de cette dimen-sion dans l’engagement du chrétien.

L’auteur dégage pour nous, lecteurs,les aspects sociaux de la vérité selon lechristianisme. Dieu crée l’humanitécomme un tout et tous les êtres humainssont faits à « l’unique image du Dieuunique». Or, l’humanité est doublementune unité, selon le christianisme :«Unité du corps mystique du Christ,unité surnaturelle», mais aussi «pre-mière unité naturelle, l’unité du genrehumain», qui a été fait chair de l’hu-manité entière. «Le Christ, aussitôt qu’ilexiste, porte en lui virtuellement tous leshommes». Et l’Église est le lieu où l’onprend conscience de « Jésus-Christrépandu et communiqué».

Toute recherche de sens vient doncde Dieu et de l’œuvre de son Fils incar-né dans le cœur de l’être humain. Maisc’est bien au-delà de l’événement chré-tien que le sens est répandu, jusqu’endes lieux ou des zones de culture où iln’est pas d’abord visible. Et l’Église doitêtre «catholique» par sa capacité d’ac-cueil. Il s’ensuit que « le mot d’ordre duchrétien ne peut plus être ‘évasion’,mais ‘collaboration’. Il s’agit pour lui detravailler avec Dieu et les hommes àl’œuvre de Dieu dans le monde et dans

l’humanité.» L’Église doit en arriver àporter en elle toute l’humanité et toutl’univers.

Henri de Lubac écrivait en 1938:«Comment une religion qui se désin-téresse apparemment de l’avenir ter-restre et de la solidarité humaineoffrirait-elle un idéal capable de rallierencore les hommes d’aujourd’hui?» Sonpropos nous invite à nous demander, en2007, si nous sommes vraiment con-scients de la dimension «catholique»de la foi chrétienne à laquelle nousadhérons.

Et c’est avec l’auteur de Catholicismeque nous reprenons la prière de saintGrégoire de Naziance, adressée auDieu créateur, transcendant et prochede tout être humain, prière que le pèrede Lubac a contribué à faire connaître etqui figure maintenant dans le texte offi-ciel de la Liturgie des Heures de l’Église :

Ô toi l’au-delà de tout,n’est-ce pas là toutce qu’on peut chanter de toi?Quelle hymne te dira, quel langage?Aucun mot ne t’exprime.Tout ce qui est te prie,et vers toi tout être qui pense ton universfait monter une hymne de silence.Tout ce qui demeure, demeure par toi;par toi subsiste l’universel mouvement.De tous les êtres tu es la fin;tu es tout être, et tu n’en es aucun.Tu n’es pas un seul être;tu n’es pas leur ensemble;tu as tous les nomset comment te nommerais-je,toi qu’on ne peut nommer?Ô toi l’au-delà de tout,n’est-ce pas làtout ce qu’on peut chanter de toi?

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HORIZONS

une sélection de Louis-Martin Cloutier, SJ

République démocratique du Congo:

il faut payer pour apprendre

«L'absence de financement pourl'éducation primaire empêche lesenfants les plus pauvres et les plus vul-nérables d'avoir accès à leurs droits fon-damentaux. Les enseignants sont peu,voire pas du tout, payés. Ils se tournentalors vers les parents pour un supplé-ment de salaire. En fin de compte, cesont les enfants qui souffrent», déclaraitNicolas Clemesac, le responsable de lapromotion des droits de l’homme au seindu SJR Grands Lacs (Afrique).

Dans la riche région de Kisangani,dans la partie orientale de la RépubliqueDémocratique du Congo, la populationlocale tente de gagner sa vie comme ellepeut et d'oublier les conflits et lesdestructions qui ont marqué le passérécent. Pour améliorer la situation, le SJRsoutient un certain nombre d'écoles pri-maires de la région. L'aide est destinée àla reconstruction des écoles, à la forma-tion des enseignants, et à la promotionde la participation des filles. Dans cettedifficile situation de fin de conflit, il fautfaire attention à ne pas troubler des rela-tions interethniques des plus délicates.Les écoles sont ouvertes à tous: à la po-pulation locale comme aux personnesdéplacées. Mais la situation n'est passimple. «Les enseignants qui sont pau-vres et mal payés cherchent à gagner

leur vie. Le financement gouvernemen-tal prévu pour les équipements princi-paux et les investissements n'arrivequ'en quantité insuffisante, lorsqu'ilarrive. Malheureusement, ce sont lesparents qui doivent suppléer. Enmoyenne, les parents payent un dollarpar mois, une somme inabordable pourdes familles gagnant entre 25 et 30 dol-lars par mois», a déclaré M. Clemesac.

Le droit des enfants à l'éducation pri-maire est inscrit dans la législationnationale et internationale. Mais l'Etatn'a pas les moyens financiers de tenir sesengagements. Le personnel du SJR a vules effets négatifs sur les relations entreles élèves et les enseignants. Ceux quipeuvent payer sont favorisés et ils con-sidèrent les enseignants comme des dis-tributeurs de connaissances. L'intro-duction de la contribution parentale atransformé la relation élève enseignanten relation économique. Malheureuse-ment ce n'est pas le seul obstacle. Le SJRprécise qu'il est difficile d'ouvrir de nou-velles écoles et d'obtenir la reconnais-sance de l'État pour des dernières, àcause de la bureaucratie. Pendant cetemps, les enseignants ne reçoivent pasl'intégralité de leur salaire, qui va de 40à 70 dollars par mois.

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HORIZONS

Sri Lanka : Soulagement offert aux populations déplacéesLa violence dans le district oriental

de Batticaloa entre les forces gouverne-mentales et les rebelles du LTTE (Tigresde libération de l’Eelam Tamoul), aprovoqué la fuite de quelque 7 000civils au début de l’année 2007. Lescombats se sont surtout concentrés dansla bande côtière de Vaharai, au nord deBatticaloa. Le père Vinny Joseph, SJ,directeur du SRJ Sri Lanka, s’est renduauprès des populations déplacées,déclarant : « Je n’ai pas de mots pourdécrire les conditions d’exil de ces po-pulations». Des rapports publiés par lebureau local du Haut-Commissariat

pour les réfugiés, une agence de l’ONU,déclarent que les personnes qui fuientsont «affamées et épuisées». Selon lesderniers chiffres publiés, le nombre depersonnes déplacées à Vaharai estestimé à environ 30 000. La plupart desnouveaux arrivants sont installés dansdes structures temporaires, des écoles etdes bâtiments gouvernementaux, répar-tis sur huit sites. Le SJR continue àfournir un soutien psychologique, desservices en éducation, y compris la four-niture de matériel scolaire.

[source : JRS Dispatches,février et avril 2007]

Angola : Le déminage des routesOn sait que les mines tuent des cen-

taines de personnes chaque année,surtout les enfants. En janvier dernier, unprogramme de déminage a commencésur des routes dans la province d’Uige(située dans le nord du pays). Le projet aété inauguré dans le village de Quica.69 membres des forces armées du pays,connues sous le nom de sapeurs FAA,ont participé au lancement de l’opéra-tion, ce qui est une première. AugustoJustino, le coordinateur de la Commissionprovinciale pour le déminage, a déclaréqu’il était urgent de déminer à cause desflux de populations et de marchandises.Cela aidera de plus au développement

et de la région. De par son travail auprèsdes personnes ayant survécu à uneexplosion de mine dans la région, le SJRest tout à fait conscient du danger quecourent les réfugiés et les déplacés ren-trant chez eux. «C’est une excellenteutilisation des forces armées angolaises,qui aidera le pays à remettre sur pied sesinfrastructures routières. L’un des défisque rencontrent les rapatriés est l’accèsaux marchés pour vendre leurs produits.L’ouverture des routes facilitera la vie detous les habitants», selon les dires deMichael Gallagher, SJ, responsablerégional de la promotion et défense desdroits de l’homme.

République dominicaine : L’enregistrement des enfantsOn estime que 30% de la population

dominicaine n’a pas de certificat denaissance, une carence due au fait quel’enregistrement des naissances est unprocessus onéreux et compliqué. Or, le12 janvier 2007, le Réseau dominicaindes ONG a critiqué la décision duComité central des élections concernantla création d’un fichier spécial pour lesenfants nés de parents étrangers, lesraisons de cette critique étant que cettedémarche institutionnaliserait la dis-crimination à l’égard des enfants sur la

base de l’origine de leurs parents. Leréseau Mesa para las Migraciones(Conseil des migrations), dont fait partiele Service jésuite aux réfugiés (SJR) de laRépublique Dominicaine, a réponduqu’enregistrer ces enfants dans un re-gistre séparé pourrait les priver de leursdroits à la nationalité. En RépubliqueDominicaine, le droit à la nationalité estbasé sur le principe selon lequel toutenfant né sur le sol dominicain a droit àla citoyenneté dominicaine.

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HORIZONS

Mgr Terrence Prendergast, SJ : Nouvel archevêque d’Ottawa

Au mois de mai, le Saint-Siège aannoncé la nomination de MgrPrendergast, actuel archevêque deHalifax, comme nouvel archevêqued’Ottawa. Mgr Prendergast est né àMontréal en 1944. En 1961, il est entrédans la Compagnie de Jésus (provincedu Haut-Canada), et a été ordonnéprêtre en 1972. Détenteur d’un doctoraten Écriture sainte de Regis College(Toronto), il a été professeur et doyen decette institution. En 1995, le pape Jean-Paul II l’a nommé évêque auxiliaire deToronto, puis archevêque d’Halifax en1998. Selon les informations de laConférence des évêques catholiques duCanada, l’archidiocèse d’Ottawacompte 142 prêtres diocésains, 175prêtres religieux, 70 diacres perma-nents, 879 religieuses et religieux et 18

agents de pastorale laïcs au serviced’une population d’environ 400 000catholiques répartis en 111 paroisses etmissions.

ÉCHOS D’ICI

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Les Jésuites au Canada : Centenaire et changement de nom

Il y a un siècle, en 1907, la «missioncanadienne » devenait la provincejésuite du Canada, acquérant de ce faitune autonomie institutionnelle. En1924, les jésuites de langue anglaise seséparaient de la province canadiennepour former la vice-province du Haut-Canada, alors que la province cana-dienne prenait le nom de « Bas-Canada». Notre province adopta sonnom actuel de «Canada-français» dansles années 60, après avoir été divisée endeux provinces pendant quelquesannées. Nos confrères canadiens-

anglais ont profité du présent jubilé pourse doter d’un nouveau nom, celui de«Jesuits in English Canada», reflétant àla fois leurs origines diverses (ils ne sontpas tous du «Haut-Canada») de mêmeque l’étendue géographique de leuractivité (des Rocheuses aux Maritimes,donc bien au-delà de l’Ontario). Denotre côté, l’ajout informel d’Haïti aunom même de notre province reflète laplace grandissante de ce territoire auxcôtés de notre présence au Québec etdans le nord de l’Ontario.

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HORIZONS

Jean-Guy Saint-Arnaud, SJ : Parution d’un nouvel ouvrage

Le père Saint-Arnaud vient de publierun nouvel ouvrage aux éditionsMédiaspaul (Montréal): Aux frontièresde la foi: Entre l’athéisme et le mystère,dans la collection “Sève nouvelle”.L’athéisme et le mystère tracent les deuxfrontières de notre foi, ses deux horizonsobligés, celui du couchant avec sesombres et son possible déclin, et celuidu levant avec ses lumières et son essorinespéré. L’ouvrage veut marquer lasolidarité de tous face aux enjeux spi-rituels et aux énigmes de notrecondition humaine. Il est basé sur deuxséries d’émissions présentées sur lesondes de Radio Galilée, dans la régionde Québec: La foi au risque de l’in-croyance et Les paradoxes de la viechrétienne.

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En février dernier s’est tenue la plusrécente congrégation de la province; unpeu plus de 40 compagnons étaientrassemblés pour débattre de postulats àfaire parvenir à Rome pour laCongrégation générale ou pour le futurpère général. Les membres de la con-grégation ont aussi procédé à l’électionde Jean-Marc Biron, SJ comme déléguépour la 35e Congrégation générale quiaura pour tâche, dès janvier 2008, deveiller à l’élection d’un nouveausupérieur général. Daniel LeBlond, SJ,en tant que supérieur provincial, y par-ticipera d’office. La congrégationprovinciale a aussi été l’occasion d’unerencontre d’une journée avec des nom-breux collaborateurs laïcs provenant dediverses œuvres pour un tempsd’échanges et de partage.

Saint-Jérôme : Congrégation provinciale

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