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Sommaire Edito Nouvelles nationales pp. 2-4 Grand angle Engagements de Frats p. 5 Dossier La transmission pp. 5 à 10 Liturgie Allumer le feu du récit p. 11 Théologie de poche Jacques Salomé, le courage d’être soi p. 12 – Journal de la Mission Populaire évangélique de France et de Soleil & Santé – 2,50 – n° 2 - Juillet 2015 – par Francis Muller, secrétaire général de la Mission populaire Présence J Pour une terre habitée habitable Je vous souhaite un excellent été ! Le soleil de ces derniers jours nous laisse envisager de belles vac<ances à la plage, la montagne, ou à la campagne. Pourtant ces températures caniculaires, agréables quand on se détend, quand on peut « rester à l'ombre » sont péni- bles pour toutes celles et ceux qui souf- frent, qui peinent à leur travail, dans leur quartier étouffant et pollué. Avec la chaleur, les écarts de températu- res, les changements brusques, nous évoquons facilement le thème du réchauffement climatique. Le dossier de numéro de Présence évo- que la transmission, celle de chemins de foi, de valeurs spirituelles, morales, du savoir…. Pourtant une question tout aussi impor- tante vient à l'esprit : Quelle terre allons-nous transmettre à nos enfants, à nos petits enfants ? Présence revient aussi sur l'assemblée générale de la Mission Populaire de la fin mai dont la réflexion a porté sur la lutte contre le réchauffement climati- que et comment dans nos Fraternités nous pouvons participer aux change- ments de mode de vie pour être effica- ces dans cette lutte. Des idées, des propositions ont été émi- ses par les membres et les intervenants, elles sont en train d'être rassemblées et seront diffusées dès que possible. Et je ne peux pas m'empêcher d'évoquer le drame horrible que vivent les familles de victimes du massacre en Tunisie. Je ne veux pas d'une terre où la barba- rie empreinte de religion tue, détruit, assassine et annihile l'humanité des vic- times ET des tueurs ! Je ne veux pas d'une terre, d'un pays qui ferme ses frontières, qui met à la rue et les maintient dans l'errance des enfants, des femmes et des hommes cherchant un refuge. Je ne veux pas d'une terre, d'un monde sali par la surconsommation et ses déchets. Comme le dit la charte du Mouvement de la Mission Populaire : « il n'y a de fatalité ni dans l'injustice, ni dans l'op- pression, ni dans l'échec. » Je veux, « en solidarité avec tous ceux qui doivent lutter pour leurs droits et leur dignité, rendre habitable et frater- nelle la terre habitée. » Aussi, quotidiennement je veux œuvrer là où je suis pour que : « la justice remplace l'oppression, l'équité remplace l'exploitation, le par- tage remplace le pillage, la dignité rem- place le mépris. »

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SommaireEdito

Nouvelles nationales pp. 2-4

Grand angleEngagements de Frats

p. 5

Dossier La transmission

pp. 5 à 10

Liturgie Allumer le feu du récit

p. 11

Théologie de pocheJacques Salomé,

le courage d’être soip. 12

– Journal de la Mission Populaire évangélique de France et de Soleil & Santé – 2,50 € – n° 2 - Juillet 2015 –

par Francis Muller, secrétaire général de la Mission populaire

Présence

JPour une terre habitée

habitable

Je vous souhaite un excellent été !Le soleil de ces derniers jours nous laisseenvisager de belles vac<ances à laplage, la montagne, ou à la campagne.Pourtant ces températures caniculaires,agréables quand on se détend, quandon peut « rester à l'ombre » sont péni-bles pour toutes celles et ceux qui souf-frent, qui peinent à leur travail, dansleur quartier étouffant et pollué. Avec la chaleur, les écarts de températu-res, les changements brusques, nousévoquons facilement le thème duréchauffement climatique. Le dossier de numéro de Présence évo-que la transmission, celle de chemins defoi, de valeurs spirituelles, morales, dusavoir….Pourtant une question tout aussi impor-tante vient à l'esprit : Quelle terreallons-nous transmettre à nos enfants,à nos petits enfants ?Présence revient aussi sur l'assembléegénérale de la Mission Populaire de lafin mai dont la réflexion a porté sur lalutte contre le réchauffement climati-que et comment dans nos Fraternitésnous pouvons participer aux change-ments de mode de vie pour être effica-ces dans cette lutte.Des idées, des propositions ont été émi-ses par les membres et les intervenants,

elles sont en train d'être rassemblées etseront diffusées dès que possible.Et je ne peux pas m'empêcher d'évoquerle drame horrible que vivent les famillesde victimes du massacre en Tunisie.Je ne veux pas d'une terre où la barba-

rie empreinte de religion tue, détruit,assassine et annihile l'humanité des vic-times ET des tueurs !Je ne veux pas d'une terre, d'un pays quiferme ses frontières, qui met à la rue etles maintient dans l'errance des enfants,des femmes et des hommes cherchantun refuge.Je ne veux pas d'une terre, d'un mondesali par la surconsommation et sesdéchets.Comme le dit la charte du Mouvementde la Mission Populaire : « il n'y a defatalité ni dans l'injustice, ni dans l'op-pression, ni dans l'échec. »Je veux, « en solidarité avec tous ceuxqui doivent lutter pour leurs droits etleur dignité, rendre habitable et frater-nelle la terre habitée. »Aussi, quotidiennement je veux œuvrerlà où je suis pour que :« la justice remplace l'oppression,l'équité remplace l'exploitation, le par-tage remplace le pillage, la dignité rem-place le mépris. » ●

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Une écologie intellectuelle et pratiquepar Francis Muller, secrétaire général de la Mission populaire

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Samedi 30 mai au Foyer de l'Ame, la Mission Populaire Evangélique de France a tenu sonassemblée générale. Ancrée dans l'actualité de la lutte contre le réchauffement climatique,cette Rencontre nationale est l'occasion pour la « Miss Pop » de tenir ensemble les réflexionsécologiques, sociales, économiques et bibliques.

AUne bonne assemblée généraleAprès l'Assemblée Générale du 30 mai, le Comité Nationala fait le bilan de cette rencontre. Elle lui est apparuevivante, bien rythmée, et d'un contenu intéressant. Vouspourrez en trouver des échos plus précis sur le site de laMiss Pop : www.missionpopulaire.org

Une préoccupation : trouver un futur trésorier du ComitéNational pour remplacer en mai Alexandre Chabrier qui asouhaité être déchargé de cette lourde responsabilité pourêtre plus disponible dans sa vie professionnelle et person-nelle.

Accompagner les personnes et les projetsLe CN a reçu les rapports des évaluations, après presquedeux ans d'envoi, de Muriel Menanteau et MatthieuCavalié. Il s'est réjoui des échos positifs de leurs ministèreset a émis quelques recommandations.

Le Comité a été aussi conduit à partager ses préoccupa-tions pour telle ou telle personne, telle ou telle Fraternité.Le Comité, le bureau, le Secrétaire Général et le président,chacun à leur place, manifesteront leur attention et leursoutien, là où ils sont nécessaires.

Rendez-vous au CongrèsLa prochaine rencontre du Comité se tiendra après leCongrès des Conseillers des CA des Frats.Le CN a précisé encore quelques points du programme dece Congrès. Il espère surtout une forte mobilisation des membres desConseils d'Administration des Associations.Une réponse précise est attendue de chaque lieu avant le17 juillet.

Le siège sera fermé du 3 au 16 août. Bon été à toutes et à tous.●

LLes fraternités veulent être les acteurs d'une éducation populaire atten-tive aux vrais enjeux du présent et du futur. Ainsi elles peuvent être etsont déjà des lieux où s'expérimentent des manières de vivre, deconsommer, de partager, de produire, qui préparent un monde plusvivable. En effet, La préservation de l'environnement, les luttes pour lajustice, la production de moyens d'exis-tence, sont liées. Ecologie, Social,Economie ne peuvent pas être séparés.C'est l'articulation entre ces trois domai-nes que la Mission populaire souhaitedéfendre, afin « de rendre habitable etfraternelle la terre habitée ».Son Assemblée Générale, qui est aussisa Rencontre nationale, est l'occasiontoute indiquée pour approfondir lesconnaissances à la veille de la 21e

Conférence Climat à Paris (COP 21) etpour nourrir éventuellement ces convic-tions d'une spiritualité biblique. Le thème central a été choisi :« Pourquoi et comment les Eglises et mouvements chrétiens sontengagés dans la lutte contre les changements climatiques ? » maisson application pratique « Comment cette dimension écologique est-ellevécue dans nos Frats ? » n'a pas été laissée de côté. En effet, l'après-midideux intervenants accompagnent la réflexion d'un temps d'informationsur ce qui se fait et s'imagine dans de nombreux quartiers du pays. Ils'agit de Martin Kopp d'abord, théologien de l'urgence climatique, fils

de pasteurs. Il est chargé de plaidoyer de la Fédération luthérienne mon-diale pour la « justice climatique ». Ainsi, il fait entendre la voix protes-tante sur l'écologie au sein des plus hautes instances internationales. Ledeuxième intervenant, ancien directeur du grand parc de Saint-Ouen,s'appelle Mathieu Glaymann. Il est actuellement chargé de mission

pour l'agenda 21/développementdurable pour la ville de Stains (93).Leurs exemples concrets joints àce qui se fait déjà peuvent à leurtour inspirer les actions desFrats et Foyers dans leur luttecontre le réchauffement climati-que. Plus fondamentalement, ils'agit toujours pour les fraterni-tés d'être dans leurs quartiers,des acteurs d'un changementdes modes de vie.C'est dans une excellente

ambiance due certainement aux magnifiques locaux du Foyer de l'Âmequi nous a accueillis - merci à nos frères et sœurs de cette communauté- que la rencontre a eu lieu. Merci aussi à toute l'équipe de préparationpour son engagement dans l'organisation pratique.La prochaine Assemblée Générale-rencontre nationale aura lieu leSamedi 28 mai 2016 au Foyer de Grenelle.

A l'an prochain à Grenelle ! ●

Comité national des 26 et 27 juin 2015

Besoin de chacun !par Olivier Brès

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Assemblée générale de la Miss Pop

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L'objectif principal est de développer le lien entre pro-jets des Frats et projet de la MPEF, dans les deux sens,c'est-à-dire :✗ Rassembler l'ensemble des membres des CA, quelquessoient leurs liens avec la MPEF, pour leur permettre dedécouvrir la MPEF dont ils font partie, de réaliser la multi-plicité des relations de leurs Frats avec la MPEF, his-toriques, pratiques, et d'abord humaines.✗ Manifester la reconnaissance réciproque de la MPEF etdes Frats pour les engagements et les apports de chacunà la vie des Frats et de la MPEF, et rendre visible et concretl'intérêt d'échanges et de partages dans cet ensembleMPEF.✗ Faire en sorte d'articuler ensemble de manière explicitele projet spirituel/social/politique de la MPEF et les projetslocaux.

Pourquoi inviter les membres des Conseilsd'administration des Frats ?

✗ Les membres des CA sont appelés à entrer dans les CAd'abord à partir des besoins des Frats, des attentes localesen terme de compétences, et aussi en fonctions de leursengagements personnels dans les activités des Frats.La MPEF doit donc veiller à permettre aux membres des

CA de comprendre dans quelle histoire plus large et dansquel mouvement leurs Frats et eux-mêmes sont engagés.

✗ Les membres des CA sont les responsables des projetsassociatifs et d'établissement des Frats et Foyers. En tant que responsables des projets associatifs (c'est-à-dire des objectifs à long terme appuyés sur des référencespartagées), il est crucial que les membres des CA inscri-vent leur projet associatif local dans la perspective poséepar la MPEF (dans la suite du colloque de Dourdan). Ilimporte donc qu'ils connaissent, partagent et éventuelle-ment contribuent à l'élaboration du projet global de laMPEF - notamment dans sa dimension spirituelle.En tant que responsables des projets d'établissement ouprojet social (c'est-à-dire les projets annuels ou pluri-annuels présentés aux partenaires financeurs), les mem-bres des CA sont des experts dans les attentes des habi-tants des territoires sur lesquels les Frats et Foyers sontimplantés. Il est donc important que l'expertise des CApermette d'affiner les objectifs de la MPEF, mais aussi queles échanges entre les différents CA nourrissent les projetsde chacun.L'Institut Protestant de Théologie accueillera ce rassem-blement, un cadre propice à la réflexion, au partage et àl'échange. ●

Rassemblement du 25 au 27 septembre

La convergence entre les projetsdes Frats et celui de la MPEFpar Francis Muller, secrétaire général de la Mission populaire

Dans le cadre du plan d'action pour 2013-2016 adopté par le Comité National, il aété décidé de développer l'animation du réseau MPEF et particulièrement en 2015d'organiser un Rassemblement, un congrès, des membres des Conseils d’administra-tion (CA) des Frats du 25 au 27 septembre 2015.

Christianisme social : la Fraternité aujourd’hui

Le Congrès du Mouvement du christianisme social aura lieu le vendredi 2 octobre et le samedi 3 octobre. sesdébats sont ouverts à toutes et tous !Vendredi 2 octobre 19h 30 à l’ Institut protestant de théologie, 83 bd Arago - 75014 Paris (M° St Jacques ouDenfert rochereau ) :“ La fraternité évangélique au secours de la Fraternité républicaine (et inversement) ? avec Edwy Plenel,directeur de Médiapart ; Christine Lazerges, présidente de la commission nationale consultative des droits del’homme, juriste ; Florence Taubmann, pasteure. Débat animé par Olivier Brès, président du Comité national dela Mission populaire évangélique.Samedi 3 octobre au Foyer protestant d’Aubervilliers, 195 avenue Victor Hugo (place de la mairie, RER LaCourneuve Aubervilliers ou M° Front populaire). Le matin : AG statutaire, renouvellement des instances, dis-cussions sur le présent et l’avenir du Mouvement ; l’après-midi : travail en groupe et en plénière en vue de lapublication d’une déclaration. 18h 30 : table-ronde : Immigration : réalités et fantasmes. (Ce sera en mêmetemps la manifestation “de rentrée” de l’Atelier protestant) : avec Georges Letellier, pasteur-animateur du Foyerprotestant ; Patrice Rolin, nimateur du Foyer protestant ; Carlos Sémédo, directeur de la Maison des associa-tions d’Aubervilliers ; Geneviève Jacques, présidente de la Cimade ; François Clavairoly, président de laFédération protestante de France ; roland Ceccotti-Ricci, conseiller municipal délégué à la prévention des expul-sions, lutte contre les exclusions, droits des étrangers.

20h30 : pot. ●Plus d’infos : www.christianismesocial.org

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Nouvelles Fraternités

Pousse rapidepar Stéphane Lavignotte, pasteur de la Fraternité de Gennevilliers

Soleil et Santé

Vers de nouvelles rénovations ?

LL'assemblée générale de Soleil et Santé a eu lieu ledimanche 14 juin 2015.Elle a étudié la situation financière, à l'équilibre pour 2014grâce aux dons, l'année 2015 devrait être un peu plus diffi-cile suite aux nécessités imposées par la commission desécurité (voir ci-dessous).Le président, Nassim Kouider a présenté le rapport d'activitéet le rapport moral, ils sont disponibles avec le rapportfinancier au siège de Soleil et Santé.Les membres présents se sont réjouis du renouvellement del'agrément d'ouverture suite au passage de la commission desécurité. Un certain nombre de mises aux normes sont encours suite aux recommandations de la commission (électri-cité, portes coupe-feu à la cuisine, contrôles annuels de lachaudière et de l'installation électrique, et trisannuel du sys-tème de sécurité incendie…). Tout ceci a nécessité de nom-breuses démarches, contacts, devis, et … bien sûr factures !Grâce à l'obtention de cet agrément, le centre du Val desMoulins à Sainte Honorine des Pertes sera utilisé tout l'étépour un séjour organisé par un centre de prévention parte-

naire de Soleil et Santé et du Foyer du Picoulet. D'ici début juillet, la rénovation complète de la cuisine ducentre sera achevée avec en particulier l'installation d'un lave-vaisselle afin d'améliorer la qualité d'accueil des groupes. La rénovation de la toiture du bâtiment “accueil” débuteraen septembre avec l'aide financière d'une association suissepartenaire de la Mission Populaire Evangélique de France.L'équipe travaille aussi sur le dossier d'accessibilité deslocaux aux personnes à mobilité réduite. Il va falloir adap-ter une des chambres de la bergerie et les accès aux bâti-ments aux personnes en fauteuil roulant en particulier, maisaussi aux personnes mal voyantes ou aveugles par exemple.Nous avons un peu de temps pour cela puisqu'une unedemande d'approbation d'agenda a été déposée en mai-rie. N'hésitez pas à soutenir nos actions, n'hésitez pas àcontacter Soleil et Santé au 47 rue de Clichy - 75009 Parisau 01 48 74 98 58 ou par courriel [email protected] Au nom du Conseil, nous vous remercions de votre soutienfidèle. ●

LLe week-end des 18 et 19 avril a eu lieu l'assemblée-géné-rale constitutive de la nouvelle Fraternité de l'aire urbaineBelfort-Montbelliard. Une quarantaine de personnes sesont réunies en présence du secrétaire général de la MPEF,Francis Muller dans les locaux de Grand Charmont (nord-est de Montbéliard), un lieu déjà utilisé par la Missionpopulaire il y a quelques années. Les semaines précéden-tes, des équipes bénévoles avaient refait une beauté auxlocaux mis à la disposition par l'Église protestante unie(ancienne EELF), aujourd'hui très accueillants. Lors de ceweek-end, ami-e-s des Equipes ouvrières protestantes, dela Mission populaire, d'Oïkocredit, nouveaux venus issusde paroisses protestantes ou du mouvement associatif ontplanché sur le nouveau projet. Ils ont réfléchi sur lesvaleurs et ce qu'ils attendaient d'une Fraternité, ont décou-vert l'aire urbaine grâce à un « rallye » culturel, échangésur les réalités sociales du territoire. Le week-end a étéanimé par Véronique Mégnin, nouvelle équipière, enga-gée dans les associations locales sociales et cultuellesdepuis de nombreuses années. La Fraternité devrait tra-vailler en bonne entente avec un centre social en redémar-rage et notamment s'engager sur les actions d'accompa-gnement des familles populaires. Les projets ne manquentpas qui articuleraient convivialité, solidarité et recherched'un mode de vie sobre soucieux de l'avenir de la planète.

Du côté de Gennevilliers, une association de la FraternitéMission populaire des Agnettes a été créée fin mars. Lacréation rapide d'une structure associative était nécessairepour déposer des dossiers de demande de soutien finan-cier à des fondations. Une première réponse positive estvenue de l'association Georges Hourdin, associationcatholique ayant à cœur de faire vivre le christianismesocial du fondateur du journal La Vie. Une réponse estégalement attendue de la Fondation de France. L'équipelocale a continué à travailler et à s'approprier le projet quis'articule autour du soutien aux habitants pour qu'ils mon-tent leurs projets et fassent entendre leur point de vueauprès des pouvoirs publics. Les contacts se multiplientavec d'autres habitants de Gennevilliers qui pourraientrejoindre l'équipe. Des premières actions de contact dansle quartier ont eu lieu avec l'installation de jardinières dansle cadre de la dynamique « Incroyables comestibles » et laparticipation à la création de jardins partagés. La Missionpopulaire est en négociation pour acheter des locaux etl'équipe espère commencer ses activités à la rentrée deseptembre-octobre.Les deux nouvelles Fraternités ont pu présenter leur projetlors de l'assemblée-générale de la Mission populaire,répondre aux questions des participants et recueillir unsoutien bienvenu pour de telles aventures ! ●

La fin de l'année a vu les nouvelles Fraternités de Montbéliard (25) et Gennevilliers (92) éclore.

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La cuisine en travaux - Ste Honorine des Pertes

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Fraternité de Saint Nazaire

Pourquoi ont-ils choisi le bénévolat ?

GRAND ANGLE

Josette : « Je viens à la Fraternité parce que j'y suis utileet que cela me permet de me retrouver avec d'autres. Celaapporte énormément d'un point de vue humain. Moi qui aitoujours travaillé dans le social, c'est tout naturellementque je me suis tournée vers une association caritative. »

Christian : « Sans activitédepuis trois ans, je suis béné-vole pour occuper mon tempslibre. C'est une toute nouvelleexpérience : je suis au servicedu café, mais pour moi, êtreserveur bénévole, c'est commeêtre serveur professionnel. »

Sylviane : « J'ai travaillé trenteans dans le social, alors quandon m'a dit qu'il y avait besoin debras, je suis venue. J'avais déjàfait du bénévolat, pour la dansede mes enfants. Ici, je m'occupedu magasin hommes : tri, repassage, boutons manquants...On a une approche professionnelle : on ne propose pas à lavente des vêtements que nous-mêmes n'achèterions pas. »

Ghislaine, pdte de l’association : « Téléphone,courriers, réunions... J'ai dû m'occuper du secrétariat, et çan'a pas été tous les jours facile. J'ai dû me faire violence,mais la Frat', c'est aujourd'hui comme une deuxièmefamille pour moi. »

Françoise : « J'ai été bénévolependant un an et demi, et je suissalariée, maintenant. Cela m'apermis de sortir d'une période dechômage de deux années. J'ai étéembauchée en contrat aidé, maiscela me permet de ne pas avoird'arrêt d'activité, moi qui suismère célibataire. »

Ancris : « Quand on arrive à laretraite, on a tendance au replisur soi. S'investir dans une asso-ciation permet de connecter sesneurones ! On le fait pour les

autres mais surtout pour soi. Je savais qu'il me manquaitquelque chose et quand je suis tombée sur la Frat', ça m'aplu, cette ambiance jeune et dynamique. » ●

Utilité, convivialité... Témoignages de bénévoles de la Fraternité de St Nazaire

La Fraternité de la Mission populaire, organise une braderie tous les mois grâce aux dons de vêtements, jouets... C'est aussi un lieu d'accueil où les personnes fragiles peuvent se retrouver autour d'un café.

« Dans la Genèse, l'homme est posé comme responsable et garantde la Création, comme humble représentant du Créateur. Dès lors,il ne peut pas saccager et consommer à outrance ce qu'offre lanature. Alors que tous les indicateurs sont au rouge écarlate, il esttemps de passer à un monde dans lequel l'homme vit en responsa-bilité par rapport à son habitat, son territoire, et non comme unsimple consommateur.Quand j'étais plus jeune, je croyais beaucoup aux grands mouve-ments collectifs, mais aujourd'hui, je suis persuadé que construireun monde plusécologique passe par une multitude de micro-actions. Car chacun peut agir au plus près de chez lui pour modi-fier son empreinte écologique. Saviez-vous qu'envoyer un mail avecune pièce jointe, une photo par exemple, équivaut à faire 25 kilo-mètres de voiture ? J'ai appris cela au sein d'un groupe œcuméni-que de jeûne pour le climat. On se retrouve une fois par mois, pourjeûner ensemble et échanger sur les questions écologiques et les

alternatives à construire. Le monde différent dont on rêve passerapar chacun d'entre nous. Loin des grands discours et des annoncespolitiques. En ville, cela passe, par exemple, par la création de pota-gers partagés, comme nous le faisons au sein de notre association.Combien de gens ont de grands jardins mais ne peuvent pas s'enoccuper? Pourquoi ne pas les ouvrir à autrui, transmettre sonsavoir-faire et créer ainsi du lien social ? On pourrait même imagi-ner que les gens qui partagent leurs jardins soient exonérés de lamoitié de leurs impôts locaux...Il me semble essentiel de reprendre contact avec la nature, y com-pris en ville, pour trouver une alternative à une consommation demasse bête et méchante. Dans le monde de demain, il faudra pren-dre le temps de regarder la valse des abeilles dans le ciel et de prê-ter attention à son voisin. C'est comme cela que l'on inventera unmonde où coulent le lait et le miel... ». Recueilli par Florence Pacneux (à Nantes). La Croix 11 juin 2015

« Se sentir responsable de laCréation plutôt que consommateur »Matthieu Cavalié, pasteur de la Frat de Nantes explique au journal La Croix l’engagement local pour la planète.

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LEn tant que mouvement d'éducation populaire, le scoutismeest incontestablement un lieu de transmission. Transmissionde savoir-faire, de savoir-être, de valeurs et, nous l'espérons, dela foi. Mais l'intuition géniale de son fondateur, c'est d'avoirtout misé sur une méthode non-formelle de transmission. Education « non-formelle » car en dehors du système scolaire,mais pas éducation « informelle » car la méthode scoute esttrès structurée. Il est d'ailleurs toujours assez frappant de pré-senter cette méthode à de jeunes animateurs qui ont vécu lesactivités scoutes quand ils étaient enfants. Ils viennent enayant l'impression de n'avoir fait toutes ces années que joueret camper, et ils voient s'emboiter sous leurs yeux les piècesd'un puzzle éducatif qui forme en fait un véritable système… Dans certains pays, anglo-saxon notamment, la transmissiondans le scou-tisme se foca-lise sur lessavoir-faire,mais ailleurset tout parti-culièrementen France,c'est la trans-mission des savoir-être et des valeurs qui est au cœur du pro-jet scout. Doucement et insensiblement, mais profondémentet durablement, les jeunes qui vivent le projet scout appren-nent à vivre en communauté, à se mettre au service desautres, à prendre des responsabilités et, petit à petit, à deve-nir des adultes responsables, autonomes et solidaires. Si cette transmission est particulièrement durable, c'est qu'elleest toujours volontaire. Contrairement aux idées reçues, lescoutisme n'est pas un lieu de contrainte. Si vous faites la vais-selle de votre unité, ce n'est pas tant parce que vous y êtesobligé.e que parce que vous savez que, dans le même temps,d'autres ramassent du bois ou portent les poubelles, et quesans cela le camp ne pourrait pas fonctionner… Si vous devezrespecter la Loi des éclaireurs, c'est parce que vous avez libre-ment décidé d'y adhérer par l'acte solennel de la Promesse. Sivous apprenez à un « petit nouveau » comment faire un bon

mi-bois1 , c'est parce que vous avez sacrément envie de battrel'équipe des Eléphants cette année au concours d'installation !La question de l'éducation à la spiritualité est également trèsprésente dans le scoutisme. Pour les mouvements de scou-tisme protestant, elle prend essentiellement trois formes quisont plus ou moins présentes selon les spécificités de chaqueassociation :✌ la découverte et la lecture de la Bible lors de temps ani més(parfois des jeux) où les jeunes sont invités à s'exprimer libre-ment ;✌ la participation volontaire à des activités liturgiques ou à desmoments de louange ;✌ l'exemple des responsables croyants qui sont invités àpartager leurs convictions.

C e t t em é t h o d eest résuméedans laDéclarationdu scou-tisme pro-t e s t a n t

signée récemment par six organisations, dont les EEUdF :« toutes nos activités, ainsi que le témoignage de nos mem-bres, sont des occasions de rencontres spirituelles ouvertes.Que la prière et la louange y soient associées ou non, elles lais-sent la place à chacun de vivre son propre cheminement spi-rituel. Nous portons en nos cœurs l'espérance pour chacund'une rencontre avec Jésus-Christ. »Ce passage comporte deux mots essentiels qui définissentnotre projet en matière de transmission spirituelle : « liberté »des personnes et simple « espérance » de la rencontre avecJésus-Christ. Fidèles à la pensée protestante, nous affirmonsque la foi ne se transmet pas, elle est offerte par Dieu et néces-site un accord individuel, une rencontre intime : « nous recon-naissons comme centrale l'annonce du salut par la grâce reçupar la foi seule, chacun étant libre d'y répondre. » ●

Scoutisme

Un puzzle éducatif

La transmdossier

1 technique de construction en bois sans ficelle

La transmission dans le scoutisme passe pardes savoirs-être et des savoirs-faire... et la rencontre libre avec la foipar Adrien Chaboche, secrétaire général des éclaireuses et éclaireurs unionistes de France (EEUdF)

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Certes, il existe d'autres moyens de transmettre l'héritagede la pensée d'inspiration protestante que le livre. Nousavons tous à notre disposition la technique du numériquerendant plus facile, et quelquefois plus attrayante, la dif-fusion d'un savoir jadis contenu uniquement dans lespages d'un ouvrage en papier. Les écrans de différentesdimensions semblent faciliter la recherche d'informationsrelatives à un sujet précis en nous dispensant d'avoirrecours à une bibliothèque classique et encombrante. Etpourtant, même si le numérique semble plus en phaseavec l'esprit du temps, le livre ne semble pas trop ébranlépar les techniques nouvelles de communication. Celles-ciaccompagnent plus qu'elles ne concurrencent l'édition tra-ditionnelle. Elles apportent une commodité supplémen-taire à des habitudes de lecture déjà bien installées. Cars'orienter dans le numérique requiert des bases acquisesen amont. Ici comme ailleurs, la technique - aussi sophistiquée soit-elle - ne peut créer de toutes pièces des bases de jugementet de réflexion. Par sa seule maniabilité l'objet pratique etdirectement accessible, le livre intègre en lui-même uneforme d'utilisation plus proche de la concentration intel-lectuelle. Car l'héritage à transmettre - d'inspiration pro-testante ou autre - n'est pas fait que d'informations à enre-gistrer et à diffuser. Il s'agit bien d'autre chose : un certainrapport au temps, à ce que les humains prétendent êtresacré, à leur facilité à ne discerner que l'accessoire au détri-ment de l'essentiel... Transmettre un héritage, c'est tout cela et bien d'autreschoses encore. C'est, plus concrètement, faire paraître desouvrages traitant d'exégèse biblique, de théologie ou desquestions de société. Les sujets sont vastes ! Car il s'agitaussi, et surtout, de renouveler le "catéchisme" des Eglisesde la Réforme dans le but de se confronter aux questionsd'aujourd'hui. Celles-ci évoluent, se transforment dans leurradicalité et leur intransigeance. Les réponses formatéesdes catéchismes traditionnels ne sont plus de règle dans

un monde où les argumentations évasives et fuyantesn'ont plus cours.S'il fallait seulement affûter des répliques à des interroga-tions contemporaines, l'entreprise pourrait facilement seconcevoir. Or, dans ce nouveau cas de figure, la situationdu questionneur liée au travail éditorial se voit aussi redé-finie. Il ne peut se limiter à jouer le rôle du candide sesubstituant au rôle du lecteur. La question semble quel-quefois plus importante que la réponse apportée. Carcelui-ci ne cache pas son besoin d'assurances religieuses, ilréclame aussi des clés pour permettre de s'orienter par sespropres soins. Toute confession de foi transmise dans l'ou-vrage ne doit pas clore le cheminement personnel du lec-teur. Pour ne pas s'enliser dans des problématiques catéchéti-ques hasardeuses sur fond de questions-réponses pouvantêtre souvent très décalées, le recours à des récits de vieproblématisées - des biographies intellectuelles - semblentsouvent plus appropriées. Alors, l'énoncé de l'ouvrage seprésente de cette manière : comment des personnes, aucours des âges, ont fait de leur vie un chemin de transmis-sion. Ou, en d'autres termes : comment, dans leur œuvreet dans leur vie, ces personnes nous offrent des élémentsde réponses à nos préoccupations d'aujourd'hui. Ainsi estnée la collection "Figures protestantes", avec, pour ambi-tion, présenter d'une manière concise et didactique, desitinéraires de foi. Nous allons ainsi à la rencontre detémoins d'expériences spirituelles pouvant aider chacun etchacune d'entre nous à nous situer face aux questions ulti-mes. Ces personnes ainsi décrites dans leur cheminementintime ne sont pas des êtres d'exception, des "saints" oudes "héros de la foi". Ce ne sont pas des modèles à imiter,à vénérer. Ils ne présentent pas nécessairement des viesexemplaires avec lesquelles nous pourrions nous compareren leur faveur. Ainsi, concernant les deux figures emblé-matiques de la Réforme, Luther et Calvin, la découverte dusalut gratuit en Jésus-Christ chez le premier ne saurait

Surtitre

Titrepar Xxxxxxxx, xxxxxxxxxxxxxxxxx

Edition

Rencontre des chemins de foipar Rémy Hebding, directeur de la collection « Figures protestantes » aux éditions Olivétan.

A l'âge du numérique, le livre permet de rencontrer des chemins de foi et joueainsi son rôle dans une transmission qui ne peut plus être un catéchisme à l'an-cienne

smission

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Quand le pasteur Robert Mac All crée en 1872 ce qui va devenir laMission populaire évangélique, il ne fonde pas de Fraternités, ceslieux qui en sont pourtant aujourd'hui les « unités de base ». A tra-vers des salles d'évangélisation ou des péniches qui rejoignent lescités industrielles, il s'agit de convertir. Interdit de parler de politi-que, en particulier de la Commune de Paris qui vient d'être répri-mée dans le sang. Dans son aventure, il attire des pasteurs qui veu-lent rejoindre aussi le milieu ouvrier, ainsi Tommy Fallot. Pourtantcelui-ci va bientôt s'en éloigner, critique de l'apolitisme de Mac All :« Il faut renoncer à convertir les hommes en faisant abstraction deleur milieu pour les en séparer. Ces conversions entre ciel et terrequi font séjourner les âmes dans je ne sais quel ballon captif pro-duisent de pauvres fruits (...) Peu m'importe vraiment les conseilsque Dieu a pu donner il y a plus de deux mille ans à Eséchias, roide Juda, si l'on m'autorise à croire qu'Il est incapable à l'heureactuelle de parler à mon peuple en détresse un langage que celui-ci comprenne, et de suggérer quelque virile résolution à M. Carnot,président de la République française ! »1. Il fonde en 1888 leMouvement du christianisme social qui hésite moins à parler poli-tique et se rapproche des socialistes comme Benoît Malon. Échecde la transmission ? En 1898, Mc All est mort depuis cinq ans, Elie Gounelle s'installe àRoubaix. Le fils de pasteur méthodiste a découvert depuis quelquesannées le Mouvement du christianisme social de Fallot, s'enthou-siasme pour ce courant attentif aux implications sociales de l'Évan-gile, prend ses distances avec ses amis du Réveil et leur « christia-nisme impuissant et mystico-nuageux »2. Tommy Fallot lui a trans-mis un rêve, née de sa critique du modèle de Mc All : plutôt qued'éphémères salles d'évangélisation, créer des Fraternités oùcroyants et non-croyants agiraient ensemble pour la justice au nomde l'évangile... Sur ce modèle, Gounelle crée à Roubaix uneSolidarité, véritable maison chrétienne du peuple où il ne s'agit plusseulement de conversion mais aussi de travail social, de rencontreavec les militants socialistes ou anarchistes. De leur côté, le succèsdes salles d'évangélisation de la Mission Mc All décline. L'œuvremissionnaire finance le projet de Gounelle. La Maison Verte et leFoyer de Grenelle sont nées peu de temps avant. Les Fraternités dela Mission populaire sont nées. Le projet de Mc All s'est transmis eta perduré par ceux qui l'ont critiqué, l'ont quitté et l'ont fait renaî-tre autrement... ●

1 Tommy Fallot, Protestantisme et socialisme, éditions Ampelos, 2010,pp. 59-60.2 Elie Gounelle et Henri Nick, Réveil et christianisme social, Labor etFides, 2013, p. 216

faire oublier l'épisode des paysans commecelui des juifs. De même concernant lesecond au sujet de Michel Servet. Il nes'agit pas d'enfermer ces "Figures protes-tantes" dans une apologie fuyant les criti-ques et ne visant pas l'éloge. Ne voir queles aspects positifs d'un personnageconsiste à l'éloigner du lecteur au risquede manquer la rencontre avec son œuvre.A vouloir trop grandir la personne étu-diée, l'auteur la rend inaccessible, propreà rejoindre les grands noms du diction-naire. L'identification avec lui se fait plusfacilement si aucun des aspects de sa vien'est écarté. Car les êtres sont multiples.C'est cette multiplicité qui nous enrichit etqui en font nos semblables.Conformément à cette démarche, la pen-sée des "figures" faisant l'objet d'unouvrage de la collection doit pouvoir faireouvrir à une critique. Chacune d'entreelles ne saurait être déclarée intouchable,comme mise à l'abri de la moindre objec-tion au profit d'un discours louangeur.Ecarter du récit les aspérités d'une exis-tence ou d'une pensée, cela consiste àmettre à distance l'humanité d'unedémarche. Les contradictions se révèlentsouvent plus fructueuses à explorer queles cohérences d'une pensée.Les auteurs de biographies intellectuellesn'ont pas à transmettre une image saintemais le récit d'une vie riche en question-nements. Ceci afin de nous aider dansnotre propre cheminement, dans nos pro-pres hésitations.En résumé, aider le lecteur à mieux com-prendre une pensée dans sa complexité,son contexte culturel, ses contradictions.Ceci afin qu'elle puisse nous être utilepour notre vie d'aujourd'hui. ●

Et si la création des Fraternités de la Missionpopulaire était le résultat d'une histoire detransmission ratée ? Histoire de Robert,Tommy et Élie...

Histoire de la Mission populaire

Une transition ratée,la meilleure ?par Stéphane Lavignotte, pasteur de la Fraternité des Agnettes (Gennevilliers - 92)

La transmissiondossier

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Une foi insoumise

L’art ou la foi, une tension semblable ?par Laurent Gagnebin, philosophe et théologien, ancien président du mouvement du Christianisme social

L'artiste comme le croyant ne se satisfait pas du monde tel qu'il est.

Abonnement pour 4 numéros : tarif normal : 10 euros ; tarif de soutien : 16 euros. Chèque à l’ordre de la Mission populaire.

Envoyez ce bulletin (photocopie acceptée) avec vos coordonnées à la Mission populaire, 47, rue de Clichy, 75009 Paris

Pour la Suisse, envoyez-le au pasteur Jean-Pierre Thevenaz, Vers-la-Cour, 1853 Yvorne

Bulletin d’abonnement Présence

LLa transmission suppose une tradition et son dépassement. Ce dernier n'est possible que s'il part d'un ancragepour le transcender. À cet égard, il me semble que la condition du croyant et celle de l'artiste se ressemblent.Ils vivent un même combat.Albert Schweitzer a montré que de grands systèmes de pensée, de grandes religions, enseignent, de manièreplus ou moins radicale, un détachement par rapport à notre monde et à notre condition. Le croyant contestealors notre univers, manifeste un refus des nourritures terrestres qui peut le conduire à une ascèse excessive,à la proclamation d'un autre monde à venir, souvent considéré comme le seul vrai. C'est là une attitude pes-simiste qui retentit dans cette formule de Chateaubriand parlant d' « une haine passionnée de la vie » ?Mais, souligne Schweitzer, il y a aussi d'autres conceptions du monde avec l'annonce morale ou religieuse d'unattachement, à des degrés divers, à notre terre et à notre humanité. Cela pour éviter toute fuite stérile, toutealiénation religieuse et pour rappeler que la création est d'abord celle de Dieu. Une éthique chrétienne del'amour du prochain marque le triomphe d'une telle attitude qui se veut ainsi optimiste par rapport à la condi-tion humaine.Selon Schweitzer, l'originalité du christianisme réside dans le fait qu'il dit à la fois oui et non à notre monde ;dans une tension paradoxale, il enseigne simultanément l'attachement et le détachement. Ce monde est biennotre monde et l'Incarnation nous en dit la dignité ; mais ce monde tel qu'il est ne nous satisfait pas et nouscombattons pour le transfigurer. Jésus, qui a lutté contre toutes les puissances mortifères, n'est-il pas le révoltépar excellence ? Sa révolte est positive, non pas nihiliste. Dieu, notre Dieu, n'est-il pas le Dieu des révoltes etdes révoltés ? On retrouve cette tension dialectique dans le fameux titre d'un livre de Dietrich Bonhoeffer : Résistance et sou-mission. Cette expression illustre la démarche de la foi, mais il n'est pas facile, selon lui, de savoir où placer lecurseur : où s'arrête le oui et où commence le non, l'attachement et le détachement, la soumission et la résis-tance ?Cela dit, l'artiste également, quel qu'il soit, dit à la fois oui et non à notre monde. Oui, parce que ce dernierest la source (intérieure ou extérieure) de son art ; non, parce que, comme le croyant, il refuse ce monde telqu'il est, le change, le recrée. La création artistique est une œuvre de transfiguration, elle aussi. Albert Camusdéclara dans ses Discours de Suède lorsqu'il reçut le Prix Nobel de littérature : « L'art n'est ni le refus total, nile consentement total à ce qui est. Il est en même temps refus et consentement. » Camus est d'ailleurs l'au-teur du célèbre essai intitulé : L'homme révolté.Cet homme révolté, ce Jésus révolté, ce Dieu révolté, cette « foi insoumise », selon une belle expression défi-nissant le protestantisme, n'est-ce pas là d'abord et surtout le sens et l'enjeu d'un christianisme social ? ●

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Liturgie

Judaïsme de la Mission populaire

Allumer le feu du récit

Gershom G. Scholem, Les grands Courants de la Mystique juive,

trad. de M. M. Davy Payot éd., p.368.

«« Quand le Baal Schem avait une tâche dif-

ficile devant lui, il allait à une certaine place

dans le bois, allumait un feu et méditait en

prière, et ce qu'il avait décidé d'accomplir

fut fait. Quand, une génération plus tard, le

Maggid de Meseritz se trouva en face de la

même tâche, il alla à la même place dans le

bois et dit : " Nous ne pouvons plus allumer

le feu, mais nous pouvons encore dire les

prières ", et ce qu'il désirait faire devint la

réalité. De nouveau une génération plus

tard, Rabbi Moshe Leib de Sassov eut à

accomplir cette même tâche. Et lui aussi

alla dans le bois et dit : " Nous ne pouvons

plus allumer un feu et nous ne connaissons

plus les méditations secrètes qui appartien-

nent à la prière, mais nous savons la place

dans le bois où cela s'est passé, ce doit être

suffisant " ; et cela fut suffisant, Mais,

quand une autre génération fut passée et

que Rabbi Israël de Rishin, invité à accom-

plir cette même tâche, s'assit sur son fau-

teuil doré dans son château, il dit : " Nous

ne pouvons plus allumer le feu, nous ne

pouvons plus dire les prières, nous ne

savons plus la place, mais nous pouvons

raconter l'histoire, comment cela s'est fait".

Et, ajoute le conteur, l'histoire qu'il raconta

eut le même effet que les actions des trois

autres. »

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Se souvenir est au coeur de la tradition juive comme nous lerappelle ce conte rabinique

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Présence - Juillet 2015 - Page 11

Une déstabilisationnécessaire et prudenteDans “Le courage d’être soi” (Presse Pocket), le psycho-sociologue Jacques Salomé invite à un chemin entre spiritualité et psychologie.

PRESENCE MPE - Journal trimestriel de la Mission populaire évangélique de France et de Soleil & Santé - MPEF 47, rue de Clichy - 75009 Paris - Tél : 01 48 74 98 58 - Fax :01 48 78 52 37 - E-mail : [email protected] - S&S 47, rue de Clichy, 75009 Paris - Tél : 01 48 74 98 58 - Fax : 01 48 78 52 37 - Directeur de la publication et rédacteur enchef : Francis Muller : [email protected] - Comité de rédaction : Guylène Dubois, Sylvie Eckès, Stéphane Lavignotte, Muriel Menanteau et Jean-PierreMolina - Mise en page : Françoise Zenouda- Abonnements - Ordinaire en France : 10 euros - Abonnement de soutien : 16 euros - CCP Mission Populaire : Paris 56 06 Z -CCP Soleil & Santé : Paris 2047 13 V - En Suisse : Jean-Pierre Thévenaz, rue Vers-la-Cour 8, CH-1853-Yvorne - Compte : 12-5835-7, Mission populaire, Comité suisse, Yvorne- En Grande-Bretagne : Comité britannique, Revd. Geoff Miller, 80 Moorside North Fenham, Newcastle-Upon-Tyne, Ne4 9DU UK - Imprimerie Jouve, 1 rue du Docteur Sauvé- 53100 Mayenne - Commission paritaire n° 0615 G 86689.

«« Toute démarche spirituelle ouvre d'abord à la purifi-cation et au dépouillement, invite au carême du cœuret au jeûne de l'âme. Si elle passe nécessairement parle renoncement aux illusions, elle ne nous dispensepas pour autant d'un travail d'archéologie person-nelle, c'est-à-dire d'une interrogation sur notre his-toire, nos fidélités, nos répétitions et nos legs. Elle nenous évite pas l'économie d'une clarification de noscroyances, d'une exploration des pièges et des malen-tendus qui nous ligotent ou nous entravent dansnotre relation avec autrui ou avec nous-mêmes. Elles'appuie sur un travail d'apprentissagepour nous donner des repères fiableset des points d'ancrage fermes, pournous aider à nous situer dans ledédale des multiples sollicitations dela vie contemporaine(…)

Car la soif de sens qui nous habite àcertains moments de notre existence seméprend souvent et peut soit s'étan-cher à des breuvages juteux et pétil-lants, mais enivrants ou toxiques, soitse tarir dans des réponses abusives.Si s'épanouir c'est réaliser un accom-plissement intérieur, cet accomplisse-ment doit néanmoins pouvoir s'inscriredans une expérience du quotidien tis-sée et métissée par un réseau de rela-tions vivantes et créatrices avec soi etavec autrui.En même temps, toute démarche spirituelle fondée àla fois sur une aspiration à la transcendance et sur unbesoin d'approfondissement nous accule au dénue-ment. Le risque encouru est celui d'un ébranlement etd'une rencontre douloureuse et bouleversante avecnotre nudité psychique. Cette quête nous confronte ànos indigences affectives, à nos trop-pleins et à nosencombrements, à notre vacuité identitaire, au poidsde nos certitudes, à nos faims et à nos failles, au déri-soire de nos valeurs, à nos vides et à nos carences enmême temps qu'à nos béances et à nos monstres inté-rieurs, pour pouvoir déboucher - c'est l'espoir qui

m'habite - sur une rencontre avec cette part de divinqui réclame sa réconciliation avec le tout.Dans ces moments de déstabilisation durable ou tran-sitoire qui caractérise tout changement, le recours àdes repères valides et éprouvés est vivement conseilléet nécessaire, pour nous maintenir debout et ancrésdans notre axe. Des repères dignes de ce nom qui, sansdicter la marche à suivre, soient des balises pour le via-tique du parcours, des lumières qui aident à rester surla voie, sans empêcher pour autant la « queste » et lerenouvellement des interrogations. D'autant qu'autour

de l'aspiration à l'élévation spirituellerôdent des menaces : maladie d'idéalité,décollage pas toujours très contrôlé versdes états de conscience différents ouatterrissage forcé dans les sables mou-vants du quotidien aseptisé. En ce sièclefinissant, la mondialisation galopante etl'extension vertigineuse des réseaux decommunication de tous bords nousconduisent - et nos enfants ou petits-enfants plus encore - à être livrés enpâture à notre toute-puissance infantilequand elle nous fait confondre la célé-bration et la consommation et nousamène à flirter périlleusement avec nospropres frontières intérieures.Que le chemin est long et parsemé d'em-bûches pour donner sens aux manifesta-tions banales et imprévisibles de la vie,

pour traverser les apparences, pour atteindre unaccord ! Avant de pouvoir devenir soi-même source, ilnous faudra naviguer à l'estime ou être guidé pourtrouver la voie.La voie se présente tantôt comme un espace immenseentre croyances et certitudes, tantôt comme un che-min étroit où vont se confronter intuitions, observa-tions et expériences. Avant de parvenir à un clin d'œild'éveil, nous aurons à parcourir toute une « itiner-rance » qui va de la recherche de la vérité, avec le ris-que d'une appropriation, à la nécessité d'un dépouille-ment. Il faut créer beaucoup de vide en soi pour naîtreau recevoir… ●

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Présence - Juillet 2015 - Page 12

« Je mettrai ma loi au dedans d’eux,

je l’écrirai sur leur coeur ;

je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple.

Celui-ci n’instruira plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant :

“ Connaissez le SEIGNEUR ! ”

Car tous me connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus

grand déclaration du SEIGNEUR.

Je pardonnerai leur faute, je ne me souviendrai plus de leur péché. »Jérémie 31/33-34