Précis de l'état actuel des colonies angloises dans l'Amérique septentrionale

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Précis de l'état actuel des colonies angloises dans l'Amérique septentrionale Author(s): Blackford, Dominique de Source: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1771) Published by: The University of Manchester, The John Rylands University Library Stable URL: http://www.jstor.org/stable/60228610 . Accessed: 16/06/2014 10:21 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Digitization of this work funded by the JISC Digitisation Programme. The University of Manchester, The John Rylands University Library and are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Foreign and Commonwealth Office Collection. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.77.28 on Mon, 16 Jun 2014 10:21:16 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Precis de l'etat actuel des colonies angloises dans l'Amerique septentrionaleAuthor(s): Blackford, Dominique deSource: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1771)Published by: The University of Manchester, The John Rylands University LibraryStable URL: http://www.jstor.org/stable/60228610 .

Accessed: 16/06/2014 10:21

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PRECIS

DE L'ETAT ACTUEL

DES COLONIES ANGLOISES

Dans I'Amerique Septentrionale

PAR M. DOMINIQUE DE BLACKFORD.

A MILAN. MDCCLXXL

Chez les Freres Reycends L'braires fous les Arcades de Figini.

Aicc approbation.

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PRECIS DE L'ETAT ACTUEL

DES COLONIES ANGLOISES

Dans 1'Ame'rique Septentrionale

PAR M. DOMINIQUE DE BLACKFORD.

' Ouvrage le plus complet fur les Colonies Angloifes dans I'Ame'-

rique feptentrionale, eft le fom- maire hiftorique & politique (Summary hiftorical and poli¬

tical de William Douglas, dont la ieconde edition a paru avec des correftions a- Lon- dres en 1760. en deux volumes 8.° Ceme- decin en recueillit les mate'riaux en Ame'¬ rique ou il fit un fejour de plufieurs anne'es. On y trouve des chofes excellentes, furtout touchant les provinces, dans lefquelles il a demcure'. Cet ouvrage cependant ne forme Pas un fift^me II s' e'toit propofe' d'en faire un ; mais s' e'tant addonne' dans fa vieilleffe a la boiffon il perdit les forces ne'ceffaires pour un pareil travail.

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4 Etat actuel

Mr. Kalm ce'lebre Botanifte, eleve de Lin¬ naeus & Profeffeur d'Economie a Abo en Sabde a publie en 3. vol. en 1753. le

voyage qu' il avoit entrepris dans 1' Ame-

rique feptentrionale par ordre de PAcademie des Sciences de Suede Son ouvrage con- tient de fort bonnes chofes : il cite meme fouvent Mr. Francklin a l'occafion de plu- fieurs details qu'il dit tenir de lui ; mais

H ne l'a pas toujours bierrcompris. Mr.Franck- tin a vu pour la pre'miere fois 1'ouvrage de

Mr. Kalm a Hanrrovre dans fbn dernier vo¬

yage d'Alleraagne.

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des Colonies Angioises. 5

A cote orientale de l'Ame'rique fepten- trionale fur laquelle les Anglois ont

e"tabli leurs colonies, eft ge'ne'ralement plus froide que ne le font les pais de 1'Europe lime's fous le meme climat. On n'a pas obferve' non plus, que le climat de ce pais fe foit adouci: depuis qu'on la de'friche' les Phificiens ont obferve, qu'en ge'ne'ral les co¬ tes de l'Eft font plus froides que celles de l'Oueft ; ainfi l'Ame'rique feptentrio- nale qui appartient aux Anglois & Ram- fchatka eft plus froide que la c&te occidea- tale de cette partie de l'Ame'rique •

Prefque toute la cote de I'Eft de l'AmeJ- rique l'eptentrionale eft fabloneufe : le grand nombre de petites isles qui font le long de cette cote, font ne'es des bancs de fable que la mer a forme's infenfiblement. La cote meme de la floride eft fabloneufe & fte'rile; mais plus loin le pais eft excellent.

Les naturels de l'Ame'rique feptentrionale, Ou les habitans originaires du pais forment nombre de petites nations dont chacune a fa langue particuliere qui ordinairement differe entierement de celle des nations voi¬ ces ; mais toutes ces peuplades depuis- Ie detroit de David jufqu'en floride, ont la me"me^ figure On diroit qu' elles ont eu jes rnemes ancetres. Tous les hommes font brunatres:, ils ont les cheveux noirs & plats, « la couleur de leurs yeux eft la me'm.e : ils

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font tous imberbes : auffi appellent-ils les Europe'ens les nations barbues. Nous fom- mes freres, fe difent deux fauvages de deux nations diffe'rentes en fe regardant & en fe comparant aux Europe'ens. II vivent tous encore dans l'e'tat fauvage a 1'exception d' un petit nombre, qu' on eft parvenu a raf- fembler dans des villages, & a civilifer en quelque fa^on lis fe nouriffent de plantes & de gibier: ils ne connoiffent point 1'agri¬ culture & ils n'ont aucun be'tail comme des des poules, des chevaux &c.

Avant 1' arrived des Europe'ens, leurs prin¬ cipals plantes e'toient du ble de Turquie ou du mais, une certaine efpece de feves, & du tabac. Le tabac & le mais font na- turels a 1'Ame'rique : & ce n'eft que depuis la de'eouverte du nouveau mondc, qu'ils s'y font re'pandu fur le refte du globe Ils cuifent le.mais & les feves fur le feu comme nous j & la graiffe d' ours leur tient lieu de beurre Pour ce qu eft du fel, ils s' en paffent. lis' fument du tabac depuis un tems immef- morial, & ils en fument partout, mSrae dans leurs affernble'es nationales. Ils regardent ces trois plantes, comme un pre'fent particulier du ciel ; car fuivant une ancienue tradition recue parmi eux, un Ame'riquain rencontra un jour une jolie femme affile fur une col- line: apres qu'elle lui eut fait connoitre fon refpe6t par une profonde inclination,

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DES COLOKIES ANGLOISES 7

elle lui dit qu'elle venoit d'en haut & lui ordonna de revenir l'anne'e fuivante a cette colline II exe'cuta fon ordre & la retrouva affife a la meme place : a fa droite e'toit du mais a fa gauche des feves, & devant elle du tabac. C' eft de ces trois plan* tes, qu'elle fit pre'ient a l'Ame'riquain. Avant I'arrive'e des Europe'ens, ils n'avoient d'au~ tre bled que le mais. Le froment, le feigle, l'avoine l'orge &c. leur e'toient entie're- ment inconnus. Ce font les Europe'ens qui en ont apporte pour la pre'miere fois en Ame- rique, de m6me que tous les animaux dome- ftiques qui, a 1' inftar des hommes Europe'ens, s'y font multiplies d'une maniere incroyable.

On peut juger de ceci, combien peu de foi me'ritent les me'moires de l'hiftorien Ef- #agnol, Antoine de Solis, touchant la con- quete du royaume de Mexique II de'crit la capitale du Mexique comme une ville peuple'e & puiffante. Les Mexicains e'toient fauvages, & ne connoiffants ni arts, ni po¬ lice ; comment auroient-ils pu batir une fi grande ville D'ou auroient-iis tire' tant de vivres eux qui n' avoient point d'agri¬ culture & point de beftiaux, & comment auroient-ils pu tranfporter dans la ville, ces vivres & d' autres chofes ne'ce'ffaires, puilqu' ils n avoient abfolument point de betes de fom- me ; tous les animaux domeftiques leur e'tant enticement inconnus

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Les armes des fauvages de l'Ame'rique feptentrionale, confident en arcs & fleches, armes les plus anciennes de routes les na¬ tions du monde Ils fe fervent auffi des dents des betes fauvages pour tirer. Ils ont quel- <jues principes du droit naturel & ils les obfervent inviolablement, meme envers leurs ertnemis Leur fcolp ne fe fait ordinaire- jnent que loriqu' ils croient leur ennemi mort. Alors ils font avec un inftrument tranchant, un trou rond environ de la lar- geur de la main en diametre au fommet de la tete de l'ennemi tue' en enl^vent Ja peau & 1' emportent en trophe'e. Quel- quefois des hommes fcalpe's de cette maniere reviennent a eux, & fe font guerir apres. •II en eft quelques uns en Penfilvanie qui font revenus de cette operation Le fcalp en lui meme n'eft pas mortel.

II s'entend de foi meme, que les- fauva¬ ges ne combattent qu'a pied r ils n'ont point de chevaux, &s'ilsen avoient, ce feroient des chevaux fauvages, puifqu' en ge'ne'ral ils n' ont point d' animaux domeftiques.

Les fauvages qui habitent le pais derriere la Penfilvanie, ont e'te' appelle's Iroquois par les Francois. Les Anglois les appellent les cinq nations ou les Indiens confe'dere's. Elles font lie'es d'une e'troite alliance qu'elles ont conclue, long-tems avant que les An¬ glois fe foient ctablis pres d'elles. Les Mohocks

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fe font allies les premiers a une autre na¬ tions, & peu a peu d'autres nations fe font jointes a elles. A pre'ient cette alliance en comprend fept. Dans certains terns, elles tien- nent leurs affemble'es & leur grand confeil, 011 elles deliberent fur le bien public. On ne fauroit diftinguer ces nations, qu'a leurs langages qui font diffe'rens. Les Anglois les appellent fujets du roi ; mais ils ne font fujets en rien a'ux loix Angloifes & ils ne payent aucun impot. Ce font plutot les coloniens Anglois, qui leur payent un tri- but a titre de pre'fent. En ge'n^ral le nom¬ bre des fauvages dans l'Ame'rique fepten- trionale n'augmente pas. Les nations fau¬ vages qui font voifines des Europe'ens, di- minuent vifiblement & s'affoibliffent de plus en plus. Les deux fexes font g^ne'ralement froids T un envers 1' autre: auffi les hotnmes fouffrent-ils, que leurs femmes leur refufent toute familiarite' des qu'elles fe fentent grof- fes Elles croient que cela contribueroit a rendre leur enfantement bien plus penible. Elles allaitent leurs enfans pendant deux ans & demi, jufqu' a trois ans entiers : & pendant tout ce tems, elles ne permettent point a leurs maris de les approcher. Elles donnent pour raifon de ce long allaitement, qu'elles n'ont point de bouillie de farine, ni de legume tendre pour nourrir les en- fans de la meme maniere que les Euro-

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pe'ens: & que par confe'queut elles font obli¬ gees de les nourrir de leur lait jufqu' a ce qu' ils foient en e'tat de manger & de dige'rer de la viande. Les fauvages qui de- meurent dans le voifinage des Europe'ns, ont perdu outre cela un nombre e'tonnant de monde par la petite vc'role maladie inconnue che's eux, avant qu' ils aient eu quelque communication avec les Europe'ens. Les autres ont pris 1' habitude de boire de l'eau de vie ou du Rum, liqueur diftille'e de lucre, que les Europe'ens leur apportent en troc de leurs pelletteries. C eft une boif- fon fort e'chauffante dont ils s'enyvrent tous, hommes, femmes & enfans.

Le de'frichement des terres de l'Ame'rique feptentrionale par les Anglois, a e'te' bien plus lent, que dans les isles qu' ils appellent Weftindies,ou isles du fucre (fuggar islands.) Dans celles-ci ils fe font etablis beaucoup plus tard, environ vers l'anne'e 1640.: & au bout de vingt ans, ils avoient de'ja des co¬ lonies floriffantes comme par ex. dans l'isle de Barbados; au lieu que dans 1'Ame'rique feptentrionale il y a eu des cultivateurs, foixanteans plutot. Malgre' cela cesdcrnieres colonies ont e'te' peu confide'rables jufques vers la fin du dernier fiecle, eu Sgard a la fortie des produits du pais & au nombre des hommes. La caufe de cette diffe'rence peut provenir eatr' autres de la plus grande

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fertilite des isles qui y attiroit plus de monde. On y trouvoit moins d'obftacles a cultiver la terre duco.edes fauvages, qui font en moin- dre quantite' dans les isles: le commerce facile & lucratif de contrebande avec les Efpagnols e'toit encore un appas qui les attiroit; mais depuis le commencement de ce fie'cle le nom¬ bre des habitans s'eft accru d'une maniere incroyable dans les colonies de l'Ame'rique feptentrionale & va toujours en augmentant. Leur population furpaffe de beaucoup celle des isles, quoique generalement parlant, les isles accroiffent encore. Cette difproportion entre les colonies de l'Ame'rique feptentrio¬ nale & celles des isles devient de jour en jour plus confiderable.

Mr. Francklin avoit de'ja prouve' l'an 1751. dans un me'moire particulier, que le nombre des hommes dans 1'Ame'rique l'eptentrionale inde'pendamment des e'trangers, qui s'y e'ta- bliffent, fe 'double au bout de vingt cinq ans & qu' en y comprenant les e'trangers qui s'y font e'tablis ce redoublement s'eft fait en quelques provinces au bout de 18. de 16. & meme de 14. ans. Cette augmen¬ tation de 1'elpece y continuera aulfi long terns qu'il y aura encore fuffifamment de terrain a de'fricher. Mais a caufe de la nou- velle acquisition du Canada & de la Loui- fiane, cela va pour ainfi dire a l'infini. L'an 1750. on compta environ un million d'ames

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dans les colonies de l'Ame'rique feptentrio¬ nale. Douglas en compta peu de terns apres 1,051000. non compris les negres & les troupes. Ainfi, felon la proportion que nous venons d' indiquer, l'Ame'rique feptentrionale contiendra vers l'anne'e 1775. deux millions d'ames & 4. millions a la fin du fiecle.

Pour attirer les e'trangers le parlement a arrete' par un a£te: qu' un homme etabli pendant fept ans dans ces colonies, lorfqu'il eft de I'e'glife proteftante a acquis le droit de citoyen Anglois; mais il faut que non feule- ment il y ait refte', mais qu'il y ait do- micilie' pendant ce tems. Ce droit ne peut s'acque'rir en Angleterre qu'avec beaucoup de peine & a grands fraix ; parceque pour ob- tenir la naturalifation il faut s'adrefler au parlement entier. Le colonien ne paye que quelques Shillings pour avoir un certificat du gouvernement refpe&if de la province ou il demeure,& ce certificat eft refpefte' par toute l'Angleterre

Le long de la cote & quelques milles en avant dans le pais, tout elt de'friche' dans les colonies moyennes, Le de'frichement s'e'tend toujours plus en avant dans l'mte'rieur du pais. Dans la Penfilvanie ou la famille de Penn poffede tout le pais en propre celui qui veut de'fricher quelque terrain fe le choifit: paye au proprie'taire dix livres Sterlings va- leur du pais pour cent acres & s'oblige a

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payer un demi denier (half penny) d'emphy- te'ole par arpent; alors il en eft entierement maitre fans que ce petit impot puiffe ja-

• mais etre augmente' contre fon gre' ou celui de fes he'ritiers.

Souvent les plantations fe font de la maniere fuivante en cette province: Parmi les coloniens, il y a beaucoup de chaffeurs, qui font leur unique me'tier-de la chaffe Ces gens-ci, pour etre a porte'e de fe livrer a cet exercice fe tiennent pres d'un bois. La premiere choie qu'ils font, eft de ba- tir une hute de bois. Cela fe fait ainfi : Le chaffeur invite che's lui 20. ou 30. de fes voifins. Ceux-ci coupent les arbres qu'il faut, les mettcnt l'un fur 1'autre en un quarre' rectangle, rempliffent les intervalles d'argile & font les ouvertures ne'celfaires & le toit: en un mot, ils lui batiffent une maifon de bois, & pour tout cela il ne les regale que d'un galon d'eau de vie; mais il eft e'galement au lervice de fon voifin en pareil cas. Aupres de cette hute il trace un petit jardin & un champ pour femer du bled autant qu'il lui en faut pour lui & pour fa ramille. Ce terrain eft ordinairement couvert de bois. II coupe d'abord les broflailies Pour les grands arbres il ne fait que les e'brancher & en oter l'e'corce; alors il pent labourer la terre & femer. Les arbres pri- ve's de l'e'corce de'pe'riffent & ne tirent plus

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de fuc de la terre. Grand nombre de ces chaffeurs demeurent dans les cantons les plus e'loigne's des colonies, a une petite di fiance d'un bois ou bien dans le bois meme Quelques anne'es apres ce premier defriche- ment, viennent de pauvres Ecoffois ou Irlan- dois,qui cherchent a s'e'tablir. La, ils trou- vent une terre de'ja a demi de'triche'e. Ils l'achetent des chaffeurs & fe font donner du proprie'taire du pais une chartre,en payant la taxe : ce que le chalfeur n' avoit pas en¬ core Sa pofleffion n'e'toit que par interim Maintenant il avance plus loin, fe conftruit une nouvelle cabane & de'fricbe un autre diftrict. L'Ecoffois ou l'lrlandois cultive main- tenant tout-a fait fa terre, & conftruit une nouvelle maifon de la meme maniere avec du bois de charpente ; avec la difference pourtant,qu'il remplit les intervalles de bois. L'ancienne hute refte & devient une e'table. Au bout de quelques anne'es, il batit une nouvelle maifon d'habitation plus commode, & plus folide de briques: & fa feconde mai¬ fon lui fert alors de cuifine ou de magafin. Souvcnt l'lrlandois ou l'Ecoffois vend le tout a des Allemands. Cette derniere nation dont il y a 90 a 100. mille ames qui demeurent en Pcnfilvanie, a pour principe, d'employer pi 11 tot fon argent a acheter de la terre, qu'a autre choie. L'lrlandois ou l'EcotTois trouve fon profit a fe de'faire ainfi de fa terre, &

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fait 011 s'en procurer un autre : aiiill il la vend ; confe'quemment c'eft l'allemand qui refte a la fin le ve'ritable Proprie'taire des nouvelles plantations.

Dans la Penfilvanie il n'exifte aucune loi, qui de'fende de divifer une terre en parties trop petites ou d'aggrandir une terre en yen joignant d'autres adjacentes ou d'en pofte'der plufieurs a la fois. Jufqu'a pre'fent il n'y a point de defavantage a craindre pour la population d'une pareille augmentation des proprie'tes en terres, parcequ'il refte en¬ core tant de terrain a de'fricher, quand meme le pauvre feroit force' de faire place au ri- che. Outre que les gens riches favent em¬ ployer leurs fonds plus avantageufement dans le commerce, qu'aux terres ; les formes ne font pas encore introduites dans cette pro¬ vince, & chacun cultive pour fon propre compte la terre, qu'il pofscde. Dans la nou¬ velle Angleterre il y a de'ja quelques fermes; cela vient de ce qu'il s'y trouve des habi- tans fort opulens, qui pofsedent des terres d'une vafte e'tendue. Je pre'l'ume que la meme chofe fe pratique dans la Caroline & qu'en ge'ne'ral dans ces deux provinces, & peut-etre encore dans d'autres colonies, de riches par- ticuliers peuvent acque'rir pour eux & pour leurs he'ritiers des villages entiers, & meme plufieurs villages, lorfqu'ils entreprennent de de'fricher a leur fraix un certain diftrict: par ex.

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\6 Etat actuel

de ig. mille 20. mille arpens & au deist, & confe'quement d'y amener des coloniens. De cette maniere il y aura des proprie'taires d'une partie d'une colonie, comme il y en a de colonies entieres. Mr. Kalm dans fon voyage dans l'Ame'rique feptentrionale torn. 2. pag. 411. rapporte qu'il fe pratique quelque chofe de femblable dans la Nouvelle Yorck.

Quand un cultivateur rneurt fans tefta- inent & laiffe piufieurs enfans l'aine' he'- srite ordinairement des biens fonds & les autres font oblige's de fe contenter d'une certaine fomme d'argent proportione'e a l'he- ritage; C'-a-d: le fils aine' recoit deux tiers de 1'he'ritage paternel & les autres enfans foit fils ou fille n'ont qu'une part. Quand un pere a beaucoup d'enfants & pr^voit qu' apres fa mort fon bien-fond feroit divile en de trop petites parties, il s'en de'fait fouvent & achcte du propriha'ne du pais un terrain plus e'tendu qu' il deTriche en- fuite ; ce qui fait que les enfans peuvent avec le terns le partager entre eux & de- meurer l'un pres de 1'autre

Dans le pais de la nouvelle Angleterre le de'frichement ne fe fait pas d'une ma¬ niere auffi arbitraire qu'en Penfilvanie: il eft fujet a des loix. La on batit tout d'uii coup des villages entiers & on y deftine autant qu' il eft praticable les terres en fri- cbe.les plus jroches. Des qu'il y a foixaa-

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des Colonies Angioises. 17

te families qui s'offrent pour cela, & s'obli-

gent de batir une e?glife & de falarier un

pre'dicateur & un maitre d'e'cole. L'affem- ble'e, car les provinces de la nouvelle An- gleterre ne de'pendent d'aucun proprie'taire, leur accorde pour cela le privilege neceffai- re. Ce privilege leur donne en meme terns voix & fitge dans /' affemblee a la quelle ils peuvent envoyer deux depute's. Le di- ftiicl:, qu'on leur afiigne, contient ordinai- rement fix milles quarre's d' Angleterre Dans ce diftricl ce nouveau peuple fe choifit un endroit, pour y batir le village. Ce village eft ordinairement bati en quarre', l'c'glife au milieu. Ils partagent le terrain entre eux, & chacun fait un enclos autour de fa part & la cultive a fon gre, mais le bois refte en communaute'. Ils font les mai- tres de batir par la fuite un nouveau village dans le meme circuit, s'ils le jugent a propos.

De cette maniere on hatit continuelle- ment de nouveaux villages dans la nouvelle Angleterre. La le defrichement fe fait dans im ordre re'guher & en grand. Chaque nouveau village eft voifin & le joint a 1 ancienne colonic Celle-ci s'aggrandit con- tinuellement, de telle maniere qu'elle refte toujours un tout coherent. En penfilvanie on ne penfe pas feulement a cette re'gularite. Le grand proprie'taire ne cherche qu' a vea-

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i8 Etat actuel

dre beaucoup de terrain, & il vend tout ce qu'on veut, & autant que chacun veut en avoir. L' inconve'nient qui en re'fuite fe fait fentir furtout en terns de guerre, lorfque les fauvages font des incurfions; Car com¬ me il y a fur les frontieres un grand nom¬ bre de mailons & de me'tairies difperfe'es ea & la, les habitans ne peuvent pas fe don- ner des fecours mutuels, & les fauvages les furprennent fe'parement: les pillent & les rnalfacrent, ou, pour eviter le defaftre, ils font oblige's de fe fauver .dans la colonie, a la quelle ils deviennent a charge.

II y a des negres en grande quantite' dans la Virginie, en Maryland & dans les deux Carolines. Mais en Penfilvanie, 8c plus pres du nord il n'y en a que fort peu. On a le principe particulierement en Penfilvauie, d'aggraver autant qu'il eft poffible leur im¬ portation d'autant plus qu'on n'y en a pas befoin pour des travaux auifi durs, que le font la culture du tabac, celle du ris & de l'indigo; auffi, celui-qui emmene ua Negre en Penfilvanie eft oblige' de payer dix livres Sterlings d'entre'e pour lui.

Ces efclaves negres jouiffent dans toutes les colonies de la perfection des loix, com¬ me les fujets de l'e'tat, auffi bien que les habitans libres: lorfqu' un colonien ou le proprie'taire du negre meme le tue il eft e'galement comdamne' a la mort: lorfqu' uu

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maitre impofe une tache trop dure a fon efclave, ou qu' il le maltraite celui-ci peut s'en plaindre au juge. Outre cela il eft de 1' inte'ret des maitres de ne pas extenuer leurs efclaves par trop de travail ou par la mauvaife nourriture ; car ils perdent le plus, s' ils meurent: en un mot les negres jouif- fent des droits ge'ne'raux de l'humanite' & l'exception de la liberte' & de la proprie'te', qu'ils n'ont pas. Les domeftiques, qui ne lone pas efclaves dans les colonies font de deux efpeces diffe'rerites: l'une eft fur le pie' de T Europe. Les valets & les fervan- tes s'engagent a fervir pour fix mois ou pour un an & ils font audi libres de de- mander leur conge' a leur maitre, que ce¬ lui-ci l'eit de le leur donaer: 1'autre efpece a quelque chofe de particulier. II paffe fre'- qu^mment de pauvres Ecoffois, Irlandois & Allemands en Ame'rique pour y chercher fortune ne croyant pas pouvoir la fairc en Europe & ils s'embarqueni. fans etre en e'tat de payer leur pafiage au capitaine. Celui-ci a le droit de leur chercher un mai¬ tre qui lui paye une certaine fomme pour ceux pour la quelle ces nouveaux arrive's font oblige's de fervir pour la feule nourri¬ ture fans payement pendant un certain nombre fixe' d anne'es & nullement pour toute la vie.

Comme dans bien des prmcipaute's de l'Al-

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lemagne, les paifans ferfs pour 1'ordinaire font ecrafe's d'impots & ne peuvent pas meme cultiver leurs champs, comme il faut, a caufe du gibier qui de'vore continuellement leurs fe'mences, & qu' ils font force's de refpe- fter, parcequ'il fert aux plaifirs de leurs fou- verains; le de'ieipoir de trouver leur nourri- ture, leur fait fouvent quitter les champs de leurs peres pour aller chercher a pro- longer leurs mife'rables jours dans un autre he'mifphere: & il en paffe continuellement en Ame'rique, quoiqu'il en doive couter a un pere de famille de quitter fes pe'nates. Ils s'embarquent pour cela en hollande & ailleurs, & on voit quelquefois a Roterdam des vaiffeaux charge's de 3. a 400. de ces malheureux. Quoique le trajet ne foit pas bien confiderable, il en pe'rit pourtant fou¬ vent beaucoup en chemin, foit parceque ces gens la ne font pas accoutume's a la maniere de vivre des matelots; foit parcequ'ils effu- yent de mauvais traitemens & des cruaute's de la part d'un capitaine du vaiffeau qui me'connoit les animaux de fon efpe'ce lorfqu ils ne font pas ne's comme lui en Angleterre. On a fait des reglemens reite're's en Alle- magne & encore en dernier lieu contre les e'migrations ; mais malgrc cela ils s'en fait toujours clandeftinement. Le moyen le plus far & le plus fimple de les preVenir, feroit fans doute, de faciliter aux paifans des mo-

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yens de trouver leur nourriture & de les mener un peu moins rudement.

II y a meme des gens qui fe font un objet de commerce de perfuadera des paifans de quitter leur patrie & de fe tranfporter en Ame'rique Cette efpece de raccoleurs eft connue en Penfilvanie, & dans une partie de l'Allemagne, furtout dans le Palatinat fous le nom du Neulanders.

II arrive fouvent auffi qu' une famille en- tiere, mais pauvre, paffe en Ame'rique, & n'y trouve que difficilement fa nourriture. Alors le pere vend, un ou plufieurs de fes enfans a un maitre. Ceux-ci font oblige's de fervir, comme nous venons de dire, pour la feule nourriture, en revanche ils apprennent quelque chofe p. e. l'agriculture, un me'tier, ou a faire la cuifine. Cette fervitude dure jufqu'a la majorite' des enfans. Celt-a dire, jufqu' a ce que les ganjons aient atteint leur 21.0 anne'e & les filles leur i8.e En certains cas elle dure pendant huit ans & ne peut pas etre prolonge'e au dcla. A ce terme les enfans font libres en vertu de la loi, & le maitre qu' ils ont fervi, eft obli¬ ge' de leur fournir quelque chofe pour pouvoir commencer leur propre menage P- e. une vache des outils pour le labour fage ou pour un me'tier. De cette fa^on tous les pauvres enfans ont la perfpeclive de pouvoir s'e'tablir comme gens libres

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des qu'ils feront majeurs. Les pauvres p6- res trouvent en cela leur confolation & n'ont pas befoin de nourrir leurs enfans: ils favent d' ailleurs, que ceux-ci apprennent quelque chofe, fans qu'ils ayent befoin de payer 1' apprentiffage & d'ailleurs ils retirent quelque argent. Les maitres, de leur c&te', peuvent etre contents du bon marche' de leurs domeltiques. II eft probable que jadis la grande rarete de domeftiques, ouvriers & apprentifs a donne occafion de faire cette loi.

II fe trouve encore une efpece particuliere de valets en Amerique, qui font d'une con¬ dition moyenne entre les domeftiques ordi- naires & les efclaves. Ce font les Traafportls. Dans la grande Bretagne on condamne a etre tranfporte's dans les colonies, ordinairement pour 7. ou pour 14. ans des gens coupables de certains crimes, & qui n'ont point de bien. Celt un exii de 1'isle de la Grande Bretagne, tellement que I'exile' n'ofe pas y reparoitre pendant le terme prefcrit fous peine de la potence. Si cependant, il arrive qu'il y remette le pied, avant que le terme de fon exil foit e'coule' il ne refte plus qu'a prouver Tidentite' de la perfonne pour Ie pendre en effet. La juftice vend ordinaire¬ ment ceux qui font condamne's a cet exil, a un capitaine de vaiffeau Celui-ci les paflfe dans la colonic, & les vend comme efclaves

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pour le terme fixe'. Au bout de ce terme, l'efclave elt libre. Autrefois on aimoit a avoir de ces efclaves temporels, pour fup- ple'er au manque d' ouvriers; Mais les colo¬ nies plus peuple'es aujourdhui n'en veulent plus. Ils continuent pour la plupart d'etre des vauriens & des fce'lerats, & ils fe font ordinairement pendre pour de nouveaux cri¬ mes les pre'miers mois apres leur arrive'e.

Qu'il me foit permis de rapporter une epigramme, de la facon d'un de ces Meffieurs: pendant mon fe'jour a Londres, je vis une troupe de ces gens pafler par le Wapping (faux-bourg de Londres, fitue' pres de la ta- mife) comme ils fortoient du cachot, pour s'embarquer dans un vaiffeau deftine' a leur paffage. Ils furent de bonne humeur : un des fpeclateurs 1' obferva & dit a haute voix: yoila des malheureux, qui font encore bien joieux. Oui, dit un homme de la troupe, & fi vous voulie's venir avec nous vous ferie's tout tranfporte'.

La conftitution fondamentale des Colonies Angloifes en Ame'rique eft fort diffe'rente fuivant les Colonies. On peut la diftinguer en trois genres principaux: La premiere eft le gouvernement royal : la feconde le gou¬ vernement des proprie'taires, & la troifieme le gouvernement libre & privile'gie' the Royal, proprietary and Charter-government) Dans les ftatuts de la Grande-Bretagne cette

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diftinction eft exprime'e ainfi : Plantations under proprietors under Charters under his myejl/s immediate Commijjion Stat. 6. Ann. cap. 30. feet. 2. On pourroit appeller le premier genre la forme du gouverne¬ ment Anglois ; car il eft forme' d'apres le nTvlele de la conftitution fondamentale de

FAngleterre : il eft compofe' d'un gouver- neur qui repre'fente le Roi & de deux cham- bres: la pre'miere ell le Confeil (Council) qu'on pourroit appeller Confeil d'etat: la feconde eft l'Affemble'e des re'pre'fentans de differentes communautes qui appartiennent a la colonie Ces deux chambres reffemblent aux deux chambres du Parlement de la Gran- de-Bretagne ; auffi appelle-t-on le Confeil d' e'tat la chambre haute & le corps des re'- pre'fentans du peuple la chambre baffe. Dans ces trois rnembres reTide la puiffance legisla¬ tive de la colonie ; elle eft fubordonne'e ce-

pendant a la Couronne de la Grande-Breta- gne Lorfque le gouverneur affemble les deux chambres de la Colonie cela ne s'appelle pas Parlement mais tout uniment Affein- ble'e (Affembly). On donne pourtant fou- vent le titre d' Affemble'e aux deux cham¬ bres a l'exclufion du gouverneur ou bien a la chambre baffe ou aux repre'fentans des communaute's feuls.

Le roi nomme le gouverneur, & le rap- pelle quand boa lui femble. Les coafeil-

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des Colonies Angloises. 25 lers d'e'tat font e'galement des officers du roi & ii de'pend de fa majefte', de nom- mer a cet emploi & de fixer combien de terns chacun doit 1'occuper ; cependant on choifit les membres parmi les citoyens e'ta- blis les plus accre'dite's de la colonie, le rci nomme auffi aux principaux emplois de la juftice & des finances, de meme qu'a tous les emplois militaires de la colonie. Les gouverneurs & les confeillers d' e'tat jouiffent de quelques revenus accidentels. L; gouverneur a en mSme terns ua falaire fixe qui ne laiffe pas que d'etre confide- rable & que la colonie eft oblige'e de foumir re'gulierement, p. e. Le Gouverneur royal du Barbados jouit d'un falaire de 2000. livres Sterlings, celui de la Virginie de mil¬ le liv.

Les pre'fidens ou repre'fentans font choifis annuellement par leurs communaute's refpe- ftives, qui leur accordent une ccrtaine paie journaliere. Leur foin principal eft de fou- tenir les droits & les liberte's du peuple, comme celui du gouverneur, appuye'par le confeil d'e'tat, confifte a maintenir les droits de la couronne. Tout ce qui eft cdnclu dans cette affemble'e par 1'accord du gou¬ verneur de la chambre haute & de la chambre baffe, a la force d'une loi. Elle n eft pourtant que provifoire ; car il faut "ju'elle foit confirmed par le roi qui peut

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annuller ces fortes de conclufions : mais quand cela ne fe fait pas dans 1' efpace de trois ans ou que !e roi la confirme la conclufion de l'ailemble'e obtient fa validity complette.

On fuit cet ordre avec peu de differen¬ ce dans toutes les isles Angloifes en Ame'¬ rique : dans la nouvelle York la nouvelle Yerfey, laVirginie, les deux Carolines, la nouvelle Georgie, la nouvelle Ecoffe le nouveau Hampshire: & comme je le prelii- fume, il eft introduit auffi dans la colonie de Quebec, dans la Floride orientale & oc¬ cidental, & dans les isles Caraibes nouvel- lement acquifes; auffi les Anglois le regar- dent comme le plus avantageux re'lative- ment a la mere-corure'e e'eft-a-dire la Gran- de-Bretagne.

La feconde forme du gouvernement ed celle des proprie'taires. Jadis elle eut lieu plus fre'quemment : mais aujourdhui elle h' exifte que dans la Penfilvanie, & en Ma¬ ryland. Dans la pre'miere province la fa- mille Angloife de Perm & dans 1'autre la maifon Irlandoife des comtes de Baltimore, eft proprie'taire he're'ditaire du pais entier; ce qui donne en meme terns la place de gouverneur he're'ditaire Comme proprie'taires du pais les chef? de ces deux families ont le droit de lever annueliement fur chaque colonien e'tabli une certaine tente fonciere

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proportionneV--au nombre des arpens qu' il pofsede; & il faut qu' on achete d'eux tout le terrain qu' on veut de'fricher a un prix fixe'. Ce prix d'achat & cet impot fe mon- te a peu de chofe a la ve'rite'; mais l'eten- due de ces deux colonies a rendu ces deux maifons riches & puiffantes. Le comte Bal¬ timore a auffi le droit de nommer des mi- niftres a toutes les parroiffes en Maryland. Comme gouverneurs he're'ditaires, ils nom- ment a leur place un Gouverneur lieutenant ou Sous-Gouverneur qui eft confirme par le roi, & qui re'fide dans la province. Dans ces deux colonies il y a auffi une affem- ble'e, qui eft fen-ne'e en Maryland du Sous- Gouverneur du confeil & de la chambre des communes, & qui fauf le droit du pro¬ prie'taire jouit a peu pres des memes pre¬ rogatives que les affemblees dont nous avons fait mention. Nous parlerons plus bas de la Penfilvanie en particulier.

La troifieme forme du gouvernement, eft la privile'gie'e, qu'on peut appeller auffi la forme du gouvernement libre. Celle-ci ap- proche le plus de la De'mocratie & dc'pend rooins de la couronne. Cette conftitution a heu principalement dans les trois colonies de la nouvelle Angleterre. Elle eft entiere dans le Conneticut, & dans 1'isle de Rho¬ des: mais dans la baie de Maffachufet, elle fouffre quelques reftrictions. Le Conneticut

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& l1 isle de Rhodes ont le droit de choiflr eux memes leurs gens en place, & leurs magiftrats, mime le gouverneur & les con- feillers d'etat & de faire des loix felon leur arbitre ; le tout de leur propre pouvoir, & fans qu' ils aient befoin de demander la confirmation du roi. Cela donne occafion a plufieurs arrangemens finguliers; par exenr- pie: dans 1'isle de Rhodes chaque parroifle peut renvoyer fon miniftre tous les ans; cela veut dire qu' elle entretient fon mifli- ftre a tant par an

La baie de Maffachufet, qui eft fort peit- ple'e jouiflbit autrefois e'galement de ces pre'rogatives fublimes : mais a caufe d' un abus qu' elle en avoit fait elles furent caffee's tout d'un coup avec tous fes autres droits Sclibertes, par la banquj royale fous le regne de Charles II.: Et fous Guillaume III. il ne lui fut rendu avec une nouvelle char- tre, que quelques unes de fes ancieirnes li- bertes. Depuis ce tems, le roi nomme a la place de gouverneur, aux principaux emplois de la juftke & des finances, &c a toutes les places militaires. II eft vrai que les chefs du peuple ont le droit de choifir les con- feillers d'etat: mais le gouverneur y a une voix negative. Ce choix le fait ici, cdmme dans le Conneticut & dans 1' isle de Rho¬ des par les deux chambres, particulieVement par le confeil tme1me & par 1' affeoables

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proprement dite ou les reprefentans des communaute's, & cela tous les ans ; ear la place d'affeffeur du confeil ne dure qu'une arrne'e. II faut, que les loix, qui e'manent de 1' affemble'e foient confirme'es par le roi, pour 6tre valables: & dans des proces qui montent au dela de 300. livres Sterlings, on peut appeller au conieil prive' du roi a Londres.

Le gouverneur du roi dans la baie de Maffachufet de meme que celui de la nou¬ velle Yorck ne jouit pas d'un falaire fixe; c'eft P affemble'e qui le lui accorde chaque fois, mais pour une anne'e feulement. II eft done oblige' d'entretenir une bonne intelli¬ gence avec 1'affemble'e : ou fi cela ne l'ac- commode pas, il faut, que le roi nomme on gouverneur plus complaifant a fa place. Cet e'tat incertain du gouverneur ne plait pas aux Anglois de 1'Europe parcequ'il rend le gouverneur dependant de la colo¬ nie au defavantage de 1'Angleterre. Le colonien replique a cela que les gouver- neurs qui jouiflent d' un falaire fixe, e'toient fouvent des grands feigneurs, qui ne refi- doient pas dans les colonies ou ils en- voioient un Subftitut: qu' eux memes re- ftoient en Angleterre & avoient fort peu a cceur le bien de la colonie.

La constitution de la Penfilvanie eft fur ua pied particulier. On a de'ja obferve' que

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*° Etat actuel

la famille de Penn leve annuellement fur chaque arpent cultive', un demi denier Ster¬ ling valeur du pais & que fi quelqu'un veut de'fricher un diftrict de terrain elle lui vend cent arpens pour la fomme de dix livres Sterlings, en fe refervant le demi de¬ nier de rente fonciere par anne'e. Comme gouverneur he're'ditaire elle nomme fon Sous- gouverneur, qu' elle falarie, & tous les ju- ges. Pour les miniftres: chaque communaute les choifit dans tous les comtc's counties) du pais entier.

L'affemble'e des eftats de la Penfilvanie ne confute pas en deux chambres, parcequ' ll H'y a point de confeillers d'e'tat dans cette province. II n' y a qu' une chambre com- pofe'e de repre'fentans des divers diftridts. Ces repre'fentans font choifis tous les ans par les communaute's, le premier d'Octobre & de la maniere fuivante: La Penfilvanie eft divife'e en certains comte's Chaque comte' tient en ce jour fon affemble'e parti- culiere. Dans cette affemble'e chaque colo- nien, dont la fortune vaut 50. livres Ster¬ lings, & qui eft e'tabli dans la colonie depuis douze ans, a fiege & voix. Ces affemble'es choififfent de leur corps chacune huit de¬ puty's pour 1'affemble'e du pais. Chaque electeur qui a une voix, eft eligible : mais on choifit ordinairement des gens opulents. Le comte' accorde, a la ve'rite', a chaque de-

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pute' fix Shilling par jour: mais cet argent n'e'tant pas fuffifant, il faut que les deputes puiffent y fupple'er de leurs propres moyens. Ces elections ne fouffrent point de corrup¬ tions Chaque membre donne fa voix par e'crit : tous les billets font jette's enfemble dans un vafe : et ceux qui ont le plus de voix font proclame's comme depute's. II feroit done fort incertain d'acheter les voix, parce qu'on feroit toujours libre, d'e'erire un autre nom.

C eft cette maifon des communes de tous les comte's qui exerce la puiffance legisla¬ tive dans 1' affemble'e ge'ne'rale, avec le con- fentement du Sous-Gouverneur: mais dans la Penfilvanie, le gouverneur depend en quel¬ que fagon' des communaute's, de meme que dans la baie de Maffachufet. II ne jouit d'aucun falaire fixe : e'eft la chambre des communes qui lui en accorde ordinaire- ment, mais pour une feule anne'e. Si 1' af¬ femble'e n'eft pas contente de lui ou du gouverneur he're'ditaire elle ne lui accorde rien 1'anne'e fuivante. Son falaire de'pend done chaque anne'e des communes; & c' eft le cas pre'lent de la Penfilvanie: I'affemble'e eft en difpute avec fon gouverneur he're'di¬ taire 8c depuis fix ans, elle ne lui a ac¬ corde aucuii falaire pour fon Subititut; de cette maniere les etafs du oais peu vent bra¬ ver leur gouverneur he're'ditaire : mais le

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pais en fouffre. Le Sous Gouverneur n'ayant pas de quoi loutenir fon rang comme il faut, la place qu'il occupe,perd fa dignite'. La de'funion, qui regne emre le propne'taire he'ie'ditaire & I'affemble'e duvpais, provient de ce que celle-ci exige de lui, qu'il con- tribue pour fa part aux charges du pais, furtout aux de'penfes extraordinaires de la guerre : & cela a proportion des bienfonds & des revenus qu'il y a, une querelle de cette nature ne peut etre decide'e que par le roi en fon confeil prive'. Si c'e'toit pourtant rriiTemble'e du pais, qui voulut porter la plaiute, ceite affaire pourroit le terminer auffi devant la banqne royale. Le droit, qu' a le gouverneur he'reditaire, de nommer tous les juges dans le pais eft de grande importance: mais il en refulte, que, com¬ me il y nait toutes fortes de deme'le's entre lui, comme proprietaire he're'ditaire & entre de fimples coloniens ; il devient fouvent plaignant & juge dans fa propre caufe.

II faut oblerver encore que les consti¬ tutions des nouvelles colonies, comme de la nouvelle Georgie de la nouvelle Ecoffe&c. font fonde'es fur des actes du parlement; au lieu que toutes les colonies plus anciennes, tiennent leurs chartres de fondation du Roi feul, pour lui & pour fes fucceffeurs de la couronne & non pas du parlement. De la vicnt qu'il y a beaucoup d'habitans dans

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des Colonies Anglotses. 33

celles-ci qui croient qu' ils font fujets au Roi d'Angleterre, fans etre fujets au parle¬ ment ; Je veux dire de'pendans de fon pou¬ voir arbitraire, ni de la meme manie're qua les nouvelles colonies, qui doivent leur exi¬ stence entiere au parlement; C'eft pourquoi dans les ftatuts du roiaume, ces colonics lbnt fouvent aopelie'es plantations de fa Majefte (his Majelty's Plantations) & elles font compte'es parmi les (Plantations within his Majefty's dominions begond the Seas) plan¬ tations appartenantes a la domination de fa Majefte', au dela des mers.

La juftice eft adminiftre'e dans les colonies ge'ne'ralement parlant, comme en Angleter¬ re ; Car cela appartient au droit de citoyen Anglois dont jouiffent les coloniens. On y obferve dans toutes les affaires des parti- culiers le droit e'crit & le droit contumier des Anglois (Statutes. Law & Common- Law) Le droit Romain n'eft introduit que dans les Cours de l'amiraute'. La de'cifion de douze perfonnes jure'es (the Jury) dans tous les cas civils & criminels y ell requife comme en Angleterre ; auffi e'toit-ce un des griefs de la colonie centre I'atte du timbre, que les debats qu'il eut pu faire naitre devoient etre decide's fans les juris devant un tribunal particulier.

La pi apart des coloniens, d'origine An¬ glois, font Presbyte'riens; dela vient, cju'il

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n'y a jufqu'ici aucun e'veque de l'eglife An- glicane dans toute l'Ame'rique Angloile. Quoiqu'il y aitca & la des parroiffes de cette egliie, elles de'pendent toutes de l'e'veque de Londres, & tous les miniftres font oblige's de fe faire examiner & ordonner en Angle¬ terre ; cela coute a chacun au moins 40. a 50. liv. Sterlings : mais le fe'jour qu' ils font en Angleterre peut aulfi contribuer a les rendre plus favans; puifqu'ainfi ce font les e'veques, qui ont la jurifdiition eccle'fia- ftique. II n'y a point non plus dans les co¬ lonies de tribunaux eccle'fiaftiques : & les~ affaires, qui feroient de leurs refforts en An¬ gleterre, font decide'es ici, en partie devant les juges fe'culiers & en partie dans les af- femble'es du pais. II fe peut que les Lords Eccle'fiaftiques, aient fait la propofition d'eri- ger un eveche' dans les colonies: mais il eft probable, qu'elles n'en voudront jamais re- cevoir; le nom d'e'veque y e'tant encore en horreur depuis les terns de Charles I.

II y a quelques communaute's catholiques en Maryland & en Penfilvanie : dans cette derniere parceque la tole'rance ge'ne'rale de toutes les religions quelconques, y elt intro- duite, & en Maryland, parceque la famille de Baltimore proprie'taire du pais, e'toit jadis de la religion Romaine. Dans les autres co¬ lonies il n'y a point d'^glifes catholiques.

II n'y a de juifs qu'en Penfilvanie, & a

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des Colonies Angloises. 35 la nouvelle Yorck ou ils ont une finago- gue. En Penfilvanie ils n'ont, que quelques e'coles.

La Penfilvanie doit particulierement a cette e'galite' de religions e'tablie des I'origine de cette colonie, l'e'tat floriffant& peuple', dont elle jouit aujourdhui. Les catholiques ce- pendant y font exclus des affemble'es du pais, & de tous les emplois publics, parcequ'ils ne peuvent pas preter les fermens ordinai- res & particulierement le Tefl. II faut preter ces fermens dans les colonies comme en Angleterre, & Ton y abjure e'galement le Pre'tendant. Toutes les autres commu¬ nions font admiffibles aux emplois & aux affemble'es.

Pour inftruire les jeunes coloniens dans les fciences on a e'tabli une univerfite' a.' Bofton, capitale de la Baie de Maffachufet, & depuis 1749. on en a etabli une autre a Philadelphie capitale de la Penfilvanie. Mr. Francklin en avoit forme le projet, & a force de travail il eft venu a bout de l'e'tablir. On peut done Ten regarder comme le fondateur. On a raffemble' les fonds, en partie par foufcriptions, & en partie on les a pris fur d^-s bien-fonds & rentes apparte- nans a la province. La meilleure partie de ces fonds confifte en terres qui, a la ve'rite', ne rendent pas encore grande chofe : mais dont les rentes pourront devenir confidera-

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bles avec Ie terns. Cette univerfite' confifte en un President, qui en eft le Chef ou le Protecteur, & qui a 250. L. Sterlings d'ap- pointemens fixes, & en quatre profeffeurs, dont les deux premiers ont chacun 200. L. & les deux autres chacun 150. L. de falaire. lis tirent de leurs lecons particulie'res, le refte de leurs revenus : ils n'ont pas de logement libre parcequ'on n'a pas encore bati de College. Cette univerfite' a le droit de cre'er des maitres en Philofophie. L'an 1764. on y a e'tabli une chaire de Me'de- cine, & Mr. Francklin efe'pre d'obtenir e'ga- lement pour l'univerfite' le droit de cre'er des docteurs en Me'decine. II n'y a pas encore de chaire pour le droit, & probablement il n'y en aura jamais pour cette fublime fcien- ce qu' on appelle The'ologie. Qu'ils font a plaindre les pauvres gens! Car comme cette' univerfite a ele fonde'e par les e'tats d'un pais, 011 il y a tant de religions diffe'rentes, qui jouiffent toutes des memes prerogatives, & dont aucune n'eft la dominante la The'o- logie en refte neceffairement exclufe : & on n'y verra jamais naitre des dilputes pole'mi- ques & des guerres pour des mots.

La paix, qu on chirit & qu on aime Eft encor preferable a la verite meme.

Dans toutes les Colonies de l' Ame'rique feptentrionale, on s'applique beaucoup a l'agri- culture a l'entretien du be'tail & a la

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dbs Colonies Angloises. 37

p£che de mer, & on emploie au commerce &. a la nourriture des hommes, tout ce que les forets produifent d'utile; cependant plus ou moins, felon la dirfe'rence des provinces; auffi les principals denre'es qu'elles pro¬ duifent, font fort diffe'rentes.

La culture de la vigne pourroit tres-bien profpe'rer dans la Caroline, & mieux encore vers le Sud. On trouve de la vigne fauvage dans quelques forets : mais on n'y regarde pas cette culture comme fort avantageufe,, parcequ'on a a fort bon compte les excellens- vins des isles Canaries. Dans ce climat la, culture des vers a foie promet beaucoup,. & les meuriers reuffiffent, meme dans la nou¬ velle Angleterre. L'encouragement Bounty) pour la culture des vers a loie dure encore.

La peche de la morue eft extremement avantageufe pour les colonies puifqu'elle occupe l'induitrie de diife'rentes manieres: qu' elle augmente la navigation & qu' elle forme un grand nombre de bons matelots. La nouvelle Angleterre la nouvelle Ecoffe & 1' isle de Terre-neuve y font -particu¬ lierement inte'reffe'es. Les coloniens jouiffent, des memes droits pour la peche que les Anglois. La peche & 1'exportation letir font e'galement libres. Le plus grand profit leur vient de I' Efpagne & du Portugal. Ces e'tats catholiques font fort utiles aux colonies,- a caufe du careme Que pourroient ils faise

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38 Etat actuel

auffi de tous leurs poiffons II eft vrai, que la peche que les Francois font de la morue, a e'te' fort retrecie par la derniere paix: mais la peche des Francois n' a pas porte' un grand prejudice a celle "des Anglois & des Colo¬ niens ; parcequ' ils confomment prelque tous leurs poiffons dans 1' inte'rieur de la France meme Les Anglois font toujours emporte' fur les Francois dans le Portugal, en Efpa- gne, en Italie & ailleurs; parcequ' ils peu- vent fournir le poiffon a meilleur marche'; ainfi 1'importance du deffein de vouloir oter la peche aux Francois, a plus confifte'e dans 1'imagination, que dans la re'alite'.

Aujourdhui Ton fait emploier auffi la peau de la morue, pour en faire une bonne colle de poiffon, pour laquelle on payoit autrefois des grandes fommes a la Ruffie Depuis quelques anne'es on s'applique auffi beaucoup a la peche de la baleine. Dans la petite isle de Nantuket, fur la hauteur de Connecticut, il y a bien cent vaiffeaux, qui partent chaque anne'e pour cette pe"che Dans le printems, on cherche la balei'ne dans le golfe du fleuve S. Laurent. Dela, elle paffe par le de'troit feptentrional vers la Groenlande & puis vers la grande banque, & toujours plus du cote' du Sud jufqu'a ce qu'elle arrive en automne vers la Floride. On trouve auffi, dans les parages vis a vis de la nouvelle Angleterre, une autre efpece de baleine fans

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des Colonies Angloises, 39

fanon & fans cotes : mais elle foumit le meilleur fperme, qu'on emploie principale- ment pour en faire des chandeles a bruler.

Les betes fauvages ont pu caufer jadis des grands de'gats aux coloniens: mais snjourdhui elles ne font plus formidables II y a des ours & des loups : mais quand ils ne font' pas irrite's, ils ne font du mal a perfonne On emploie non feulement la graiffe desT ours, mais encore on mange leur chair.- Leur graiffe, qui eft une friandife pour les fauvages, eft erlcctivement d'un gout agre'a- ble : & un gigot d'ours eft regarde' dans les colonies comme un excellent morceau degibier. On y Iaiffe expr£s la griffe, quand il eft roti, pour etre fur, que c'eft un gigot d' ours.

Ce que Mr. Kalm raconte rouchant les- poux des bois dans les Me'moires de 1'Acade'- mie des Sciences de Suede Vol. XVI. pag. 30. qu'ils e'toient un grand fle'au dans la Penfil¬ vanie & dans la nouvelle Yerfey : qu' il s' en trouvoit une quantite' indicible dans les fo¬ ists fous les feuilles des arbres & qu' ils caufoient des grandes douleurs aux hommes, fans qu' on ait trouve', jufqu' ici aucun moyen, pour les ane'antir eft outre'. II en vient par fois dans certains diltridts avec le be'- tail qu'on amene de Maryland : mais ils fe perdent d' eux memes.

Plufieurs auteurs difent,. que les ne'gres

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40 Etat actuel

de la mer mefridionale poffedent un poifon, dont ils fe fervent pour empcifonner leurs cnnemis, & qu'ils ne tuent qu'au bout d'un certain temps. Mr. Kalm dans le 2. Vol. pag. 544. nous aflure, que les ne'gres de 1'Ame'¬ rique feptentrionale le poffedent e'galement. Ce fecret n'eft pourtant pas commun a tous. Ceux qui le favent, connoiffent auffi 1'an¬ tidote Quand un ne'gre s' appercoit qu' il a recu du poifon, & qn' il loupconne quelqu' un de le lui avoir fait prendre il va le trou- ver, & tache de lui periuader par des pre- fens ou par des prieres de Ten de'livrer: mais fi celui-ci eft me'chant,il nie, qu'il lui ait donne' du poifon & qu'il connoiffe un antidote. Ce poifon ne tue point fur le champ, & il fe paffe quelquefois des anne'es entieres avant qu'il donne la mort au malade : mais des l'inftant qu'il l'a re$u, il perd infenfi- blement fes forces. II arrive fouvent, que 1'empoifonne' s'en appenjoit dans l'inftant meme qu'il l'a re$u. Ils fe fervent de ce poifon pour tuer ceux de leurs compatriotes, qu' ils ont pris en haine : mais on a peu d'exemple qu'ils aient empoifonne leurs maitres; ils font retenus peut-etre par la peur du chatiment horrible, qui fuivroit ne'cef- fairement cette action, des qu'on s'en ap- percevroit. Ils tiennent ce poifon extreme- ment fecret: mais il eft probable, que c'eft quelque chofe de fort commun & qu'on

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des Colonies Angloises 41

trouve dans tous les endroits de la terre, puiiqu'ils peuvent fi facilement fe le procurer partout 011 ils font. Par cette raifon ce ne

peut pas etre la plante, que plufieurs favans s'imaginent; car cette plante ne fe trouve pas dans la plupart des endroits. Mr. Kalm rapporte un fait qu' il dit etre arrive' pendant fon iejour en Penfilvanie: il y avoit un ne'- gre dit-il fort attache' a fon maitre & qui e'vitoit la compagnie des autres ne'gres," ce qui lui attira leur haine : un jour ils lui perluaderent pourtanc d'aller boire avec eiix : z peine fut-il entre' dans la cbambre, que les autres prirent une cannette qui e'toit pofe'e fur un mur, la lui porterent, & le prierent de leur faire raifon II but, mais en ren- dant le vafe, il dit: mais quelle bierre eft cela? Elle eft pleine de.... Mr. Kalm ne met pas le mot; car il prc'fume, que c'eft le nom d'un poifon, dont les ne'gres fe fer¬ vent pour caufer tant de maux. Les autres- negres & nc'greffes ne firent que rire & fe moquer des plaintes de leur compatriote> qu' ils de'teftoient, & fe mirent a fauter, a danfer & a chanter, comme s'ils avoienc fait la plus belle action du monde. Le pauvre ne'gre ibrtit & de'clara a fon retour che's lui, que les Africains lui avoient donne' du poi- lon. II commen^a auffi-tot a de'pe'rir aucun reme'de ne put le fauver & il mourut quel¬ que terns apres.

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42 Etat actuel

Les cerfs abondent dans les forets. Ceux qui ferment les colonies, les tuent en quan- tite, pour en avoir feulement la peau ; car les forets font trop eloigne'es des colonies, pour qu'on puiffe y conduire le gibier pour l'y vendre. On trouve auffi dans ces bois grand nombre de buffles,qui font plus grands & plus forts que les boeufs ordinaires. Tous les animaux lauvages etant plus grands & plus forts que les animaux domeftiques, leur chair eft d'un gout excellent. lis portent fur le dos & fur les e'paules une laine fort fine, qu'ils jettent annuellement. II eft pro¬ bable que ces animaux fe laifferoient ap- privoifer, & alors on pourroit s'en fervir utilement comme de betes de trait. II eft de fait qu'on les apprivoife dans l'Afie mi- neure, enPerfe, dans l'Egypte, dans l'Ethio- pie & dans les grandes Indes, 8c qu'on s'en fert comme de betes de trait avec grande utilite'.

Mr. Kalm vante fort Ie platani a fucre, qui croit dans 1'Ame'rique feptentrionale, & que les Anglois appellent Mapletree, & pro- bablement il en a porte quelques arbriffeaux en Suede. II pretend qu'en cultivant ces platanis a fucre, on parviendroit a fe paffer du fucre des isles. II eft vrai, qu'en faifant une incifion a cet arbre, dont le bois ne vaut d'ailleurs rien pour 1'employer aux batimens; parcequ'il eft t;op mou, il en de"-

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des Colonies Angloises. 43

coule un fuc doux, qui a force d'etre cuit, prend une confiftence femblable au fucre. Les pauvres gens dans les colonies, fe fer¬ vent de cette preparation: mais fur le tout cela n'entre en aucune conlide'ration & a caufe du voifinage des isles a fucre, il eft

probable, qu'on n'en fera jamais, grand cas. L'encouragement Bounty) que le gouver¬

nement accorde a la fabrication de la potaffe & de la perlaffe eft d'un grand avantage. On en fabrique adtuellement dans les colo¬ nies de l'Ame'rique feptentrionale au dela de 1000. tonneaux par anne'e : chaque ton- neau a vingt quintaux. Les xAnglois appel¬ ant Perlaffe le fe'diment ou le fel, qui refte dans le vafe en cuifant la leffive de cendre. Quand ce fe'diment eft encore affine' par le feu, il devient potaffe. La potaffe eft par confe'quent meilleure & plus chere, que la Perlaffe Le terme de Potaffe, vient de ce qu'on la prepare effectivement dans des pots. La fabrique des vaiffeaux eft fort confidera- ble dans ces colonies. Tous font conftruits de bois de chetie. Une partie eft pour les coloniens, 1'autre eft vendue aux Anglois. Les habitans de la Penfilvanie fubfiftent prin- cipalement de 1'agriculture & du be'tail a peu pres comme on fait dans la plupart des provinces de l'Allemagne. L'inte'rieur de la Penfilvanie n'e'tant prefque habitef que par des cultivateurs Allemands ; on n'y emend-"

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44 Etat actuel

parler prefque d'autre langue que I'Alle- mande. Ce font ordinairement des bonnes gens dont les mceurs font douces & fim- ples. Les Penfilvaniens s'appliquent peu a la peche, n'ayant qu'un diftriit de terre affes e'troit fur la mer. Le pais ne produit non plus aucune denre'e particuliere, dont il puitfe s'enrichir, comme d'une branche de commerce propre a lui l'eul. La plupart des autres co¬ lonies ne doivent l'e'tat floriffant, dont elles jouiffent, qu'a des branches de commerce, pour ainfi dire exclufives, par exemple a la pelche de mer, a la culture du tabac, du ris & de 1' indigo. Des qu' une colonie f$ait s'ap- proprier une denre'e particuliere, en la cul- tivant pre'fetablement & en s'en occupant ge'ne'ralement, elle eft prefque fure de s'at- tirer un profit exclufif, & par conlequent de s'aggrandir La Penfilvanie fournit la preuve la plus frappante, qu'une colonie peut auffi devenir peuple'e & riche par la voie la plus naturelle & la plus commune qui eft 1'agriculture & l'entretien du be'tail.

On a foin dans quelques colonies, d'e'lever plus de chevaux qu'on ne le devroit. II eft plus avantageux de labourer la terre avec des bceufs ; car quand un boeuf a fervi pendant douze ans, on peut encore le tuer pour le manger ou le vendre. On voit auffi que les colonies, qui mettent des bceufs a la charrue font plus opulentes que celles qui is lervent pour ceia de chevaux.

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des Colonies AncIloises. 45 Le paifan dans les colonies vit comme

en Angleterre. II fe fait du bien de ce qu'il gagne & il jouit des fruits de fes travaux. II ne donne pas dans le luxe, il eft meme frugal : mais il ne fe laiffe rien manquer, de ce que le befoin, une commcv- dite' re'elle, la proprete' & meme une cer- taine bienl'e'ance lui paroiffent exiger Cha¬ que paifan a fair d'un Gentleman II a foin que fa femme, fes enfans fes domeftiques & metne fon be'tail foient bien nourris. Aucune creature ne doit manquer die's lut du ne'ceffaire. II veut, qu'on voie a la mine de fes gens & de fon be'tail, que leur maitre eft a fon aife. En effet tout vit bieti dans les colonies, & chaque pere de famil- le, qui eft bon e'conome, met tous les ans quelque chofe decote'. Celt ainfi que s'aug- mentent les richefles des colonies; fi ce n'eft en efpeces, c' eft du moins en chofes e'qui- vaientes.

En ge'ne'ral on ne vit pas dans les co¬ lonies de l'Ame'rique feptentrionale avec la meme fplendeur que dans les isles: mais en Penfilvanie on vit encore plus frugalement j, que dans la plupart des autres colonies.

Outre les metiers indifbenfables on a de'ja e'tabli dans diffe'rentes colonies toutes fortes de manufactures en laine en lin en chanvre, en fer, en acier & en cuivre Oj fabrique meme des armes a feu, & d^s

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46 Etat actuel

carabines pour les chaffeurs, & on fond des pie'ces de canon. II eft vrai, qu' on ne fait point de poudre a jirer: mais on pourroit en faire. Jufqu'a pre'fent les manufactures, tant qu' il en faut pour la confommation inte'rieure de chaque province ne font ge- ne'es par aucune loi.

Si 1'Angleterre a mis certaines homes a l'induftrie des colonies, elle n'avoit en vue que le commerce exte'rieur, par exemple : au¬ cune colonie n'ofe envoyer des manufactu¬ res de laine ou de chapeaux dans une au¬ tre colonie encore moins dans d'autres pais, pour les y vendre. Cette loi eft fi fe'vere, particulierement pour les chapeaux, qu' il n' eft pas mettle permis d' envoyer des chapeaux Anglois, d'une province dans une autre, de peur qu' on ne trouvat moyen, de faire palter des chapeaux fabrique's dans les colonies. Cette defenfe a parue ne'eeffaire pour maintenir les manufactures Angloifes, vu que les Anglois font obliges de tirer des colonies, la principale matiere pour les chapeaux fins, favoir: le poil de caltor, & que par confe'quent les coloniens pourroient les fabriquer a beaucoup meilleur compte.

II y a plufieurs Anglois qui regardent les manufactures naiffantes des colonies, comme extremement dangereufes pour 1'An¬ gleterre & qui craignent, que leur aggran- differa;nt ne caufe la chute de leur propre

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des Colonies Angloises. 47 commerce: mais dans les conjonctures pre'- fentes cette crainte eft mal fonde'e da moins elle ne peut entrer en aucune confi- de'ration; Car pre'mierement le gout pour 1'agriculture & pour l'entretien du be'tail, comme e'tant le moyen le plus commun, le mieux entendu, & le plus facile pour fe nourrir, & pour e'tablir une famille de la maniere la olus sure & la plus durable, pre'vaut ge'ne'ralement. En fecond lieu la plupart des marchandifes fabrique'es dans le pais, couteroient plus cher, que celles qu'on peut avoir d'Angleterre, oil les fabriques font e'tablies depuis longtems. II eft done tres difficile, d'y e'tablir des manufactures, & auffi difficile de les entretenir a la ton¬ gue ; tant qu' il y aura une etendue fi im- rnenfe de terrain a de'fricher, les ouvriers feront rares non feulement les maitres, mais plus encore les compagnons qui ne peuvent acquetir la maitrife qu' avec le terns. En gdne'ral les ouvriers de toute efpece & les domeftiques y font plus rares qu'en Europe; Car des que quelqu' un a gagne' quelques livres Sterlings en argent, il aime mieux s'acheter du terrain pour de'¬ fricher que de continuer a etre domefti- que: en effet de cette facon il devient fori propre maitre peut fe marier tout de fui- te, & commencer fon propre menage. Ici 1 on voit une nouvelle caufe de populatioa.

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48 Etat actuel

II eft avantageux pour les parens d' a<'oir beaucoup d'enfans. Ayant plus de monde, ils peuvent cultiver & de'fricher plus de ter¬ rain Les domeftiques e'tant rares les en¬ fans y fupple'ent & les parens peuvent mieux compter fur eux.

Quand meme il naitroit peu a peu quel- qaes manufactures, le nombre des hommes s'augmente d'anne'e en anne'e tellement, qu1 outre la confommation de fes manufa¬ ctures inte'rieures, f Angleterre trouveroit toujours afscs de debouches pour placer les fiennes : & le bien etre & 1'opulence des coloniens croiffent en meme terns de fa- con que chacun achete plus de marchandi- fes, parcequ'il eft mieux en e'tat de payer. Cette derniere circonftance eft fort impor¬ ts nte; puifque le nombre d'hommes s'e'tant augmente' tout au plus de quatre fois en 34. ans 1' importation des marchandifa angloifes a monte' dans le meme efpace de terns de 16,000. liv. Sterl. a plus 268,000. liv. Sterl. c'eft-a-dire qu'elle eft devenue 17. fois plus granie, Savoir : en 1723. I* valeur de cette importation ne fe montoit qu'a 16,000. liv. & en 1759. elle fe mon¬ toit a 268,4">6. liv. On auroit pu conclure, que quatre fois plus d'hommes n'auroicnt confume', que quatre fois plus de marchan- difes: mais 1'expedience fait voir, que qua¬ tre fois jplys d'hommr-s ont confume' dixlept

fois

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des Colonies Angloises. 49 fois plus de marchandifes. Cela provient fans doute, de ce que ce nombre augmente' d'hommes eft devenu quatre fois plus riche, dans le meme efpace de terns.

Par la fuite du terns, il fera enfin abfolu- ment ne'ceffaire d' e'tablir quelques manufactu¬ res dans les colonies L'aggrandiffement des colonies durera encore probablement des fiecles entiers: & la Grande-Bretagne inclu- fivement 1' Irlande comme des isles d' une grandeur bornee, feront a l'avenir hors d'e'tat de procurer les marchandifes ne'ceffates aux colonies, de leurs propres manufactures, ne pouvant pas augmenter par ex. leur laine en meme proportion, & pour ainfi dire a l'infini.

Les trois villes les plus grandes places de commerce & ports de mer font Bolton dans la nouvelle Angleterre, la nouvelle Yorck dans la province du meme nom, & Philadebhie en Penfilvanie: vers 1'anne'e 1720. Bofton etoit auffi grand que les deux autres villes prifes enfemble : mais depuis ce terns la nouvelle Yorck & Philadelp'hie fe font accrues bien plus que Bofton; car dans la nouvelle Angleterre il y a plufieurs ports de mer, au lieu que ces deux autres villes, ' font les feuls ports de mer de leurs provin¬ ces refpectives qui ne poffedent qu' un dif- trict e'troit de terrain fur la cote. Ces deux villes font par conie'quent les magafins ae-

C

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50 Etat actuel

nefraux de leur colonie entiere : elles s'ag- grandiffent en meme proportion qu'elles, & il y a lieu de croire, qu'avec le terns elles deviendront les villes les plus grandes de 1'Ame'rique. Philadelphie a au dela de 3000. maifons & au dela de 20000. habitans. Elle eft re'gulierement bade, fes rues font rectan- gulaires: elle s'aggrandit tous les ans, & ea batiffant de nouvelles maifons, on fuit tou¬ jours le premier plan. Les maifons font pref- que toutes conftruites de briques comme la plupart de celles de Londres.

Toutes les colonies ont leurs villes & vil¬ lages. La Virginie a le moins de villages, & n'a qa'uie feule petite ville nomm-fe Williamsbourg, ou re'fide le gouverneur &o& fe tiennent les affemble'es des etats & la jus¬ tice Dans cette province les planteurs de- meurent difperfe's & eloigne's Fun- de rart- tre r chacun dans fa plantation de tabac; la nature du pais paroit l'exiger. La baye de Chefopeak va fort avant dans le pais, die re^oit grand nombre de rivieres navi- gables. Celt fur ces rivieres, que les plant- tews conduifent leur tabac dans des barques f jufq't'au bout d'e la baye,. oh des vaiffeaux le recoivent Cette manie"re de tran- fporter eft la plus commode & la moins colceufe, particulierement pour des roarchan- jirifes qui occupent autant de place que le fcabac. La Virgiriie eft partout rercipHe par

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des Colonies Angloises. 51" - la nature de pareilles rivieres navigables,

comme la Hoilande l'e't de canaux, par Tart. La nouvelle Yorck eft d'une fituation parti¬

culierement commode pour faire !e com¬ merce avec les fauvages. Elle tranfporte fes marchandifes en montant la riviere de Hudfon jufqu'a la ville d'Albanie: dela elles paffent fur d'autres rivieres, en faifant de cote & d'autre quelques milles Anglois par terre, a caufe des cataractes jufqu'a Gfwego fur le lac Ontario. Celt la que fe tient la foire avec les fauvages. Le lac On¬ tario a une communication avec d'autres lacs encore plus grands, & fitue's plus bas jufqu'au lac fuperieur. Les fauvages tranfportent ainfi ^leurs peaux & leurs fourrures commode'ment fur leurs barques de l'inte'rieur du pais, jufqu'a Ofwego. La Penfilvanie n'a aucune part a ce commerce; d'ailleurs la nouvelle Yorck ne le fouffriroit pas En revanche ie trafic de la Penfilvanie eft augmentc par le commerce de la province de la nouvelle Yerfey, qui fe fait prefque tout par Phila- delphie, h caufe de la commodite' de la ri¬ viere de Delaware.

Les colonies Angloifes manquent de fel: mais elles favent fe le procurer gratis. Elles le cherchent dans 1'Ame'rique me'ridionale appartenante aux Efpagnols. La la nature feule le prepare, de l'eau marine, de meme que dans les isles du Cap-verd 5c au Se- L C 2

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52 Etat actuel

ne'gal. Quand la mer eft haute, elle paffe les bancs de fable, & fe jette dans de cer- taines vallees oil la chaleur du lbleil en fait du fel. Les colonies en chargent annuel- lement 5~>. a 60. vaiffeaux Les Anglois ont mis tout.es fortes d'entravjs au com¬ merce exte'near, *k; fnrtout a la navi^atiori des colonies er ge'ie'ral Mal^re' cela lles en- tretiennent uie navigation confiderable par- ticulieremjnt celles de 1'Ame'rique fepten¬ trionale II leur eft entierement derferdu d' exporter un grand nombre de marchau- difes, furtout celles qu'il faut pour la coi- ftruction des vaiffeaux & des mate'riaux pour les manufactures, comm?: des mats, du bois de charpente pour les vaiffeaux du fer, de la mine de cuivre du chanvre du lin du coton de 1' indigo du tabac du gin- gembre du gaudrou, de la poix, de la gom- me, de la potaffe, des peaux, & des four- rures. Les Anglois fe font reierve' tous ces articles; des ne'gociants Anglois les y ache- tent & ils font tranfporte's par des navires Anglois equippe's de matelots de la meme nation Dans le pais oil une compagnie Angloife fait un commerce exclufif, tel que les Indes orientales, il ne leur eft pas per- mis de commercer. L'an 1765. on leur de- fendit auffi de faire le commerce aux co¬ lonies Francoifes & Efpagnoles : mais cette de'fenfe aiant eu des fuites facheufes, on Kit

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des Colonies Angloises. 5

oblige- de la lever. II leur eft permis de por¬ ter aux isles a fucre, appartenantes aux Por- tugais, toutes fortes de denrefes, comme du bled de la farine, du beurre, de la viande & des beftiaux pour tuer, toutes fortes de bois & des mate'riaux de bois, pour la construc¬ tion des maifons & pour l'e'conomie rurale. Dela elles rapportent furtout du firop, dont le Rum eft diftille'. Le commerce qu'elles font avec les Efpagnols de 1' Ame'rique, n' eft que de contrebande. Quand les garde-cotes attrapent des navires de contrebande, le vaif- feau & les marchandifes font confifque's; le capitaine eft pendu & les matelots font en- voye's aux mines. Malgre cela il y a des co¬ loniens qui en courent le rifque ; ils en rapportent de 1'argent comptant qui eft fi rare chez eux Ils fe fervent pour cela de vaiffeaux le'gers & plats avec lefquels ils peuvent s'approcher des c6tes. Les colo¬ niens Efpagnols, qui aiment e'galement ce commerce parce qu' ils trouvent des denre'es & des marchandifes a meilleur marche", que che's eux viennent de loin fur les cotes, &traitent la nuit avec les nouveaux arrive's. Comme ces navires font en outre bons voi- liers, ils peuvent aile'ment fe fauver & les Gardes-cotes Efpagnols ne peuvent pas les fuivre.

L'Angleterre a e'tabli depuis 1766. deux ports francs, dans les isles, en Ame'rique:

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54 Etat actuel

T un en Jamai'que, & 1' autre en Dominica, D'autres nations y en avoient de'ja avant eux. Les Francois en ont un dans 1' isle S. Domingue, les Hollandois a S« Euftache, qui eft une isle fte'rile & les Danois dans F isle de S. Thomas L'Angleterre a fuivi cet exemple pour jouir des memes avan- tages, & furtout pour faciliter le commerce de contrebande avec les Efpagnols. Ce nou- vel arrangement fouffre pourtant des reftric- tions. Tous les e'trangers peuvent y acheter telles marchandifes qu' ils veulent, fans payer aucun droit: mais il faut que ce foit con-* tee de 1' argent comptant, & non pas con- tre d'autres marchandifes.

Les colonies font rede'vables de la marine confiderable qu'ils entretiennent, au com¬ merce clandeftin qu' elles font avec les co¬ lonies Franc_oifes & Efpagnoles, a celui qu' el¬ les font entre elles, & particulierement cel¬ les de 1'Ame'rique feptentrionale avec les isles Angloifes, en troquant leur fuperflu mutuel, & a la grande peche enfin, qu' el¬ les font fur les cotes de l'Ame'rique fepten¬ trionale. Apres le commerce qu'elles font avec les isles, le principal fe fait, dans les pais fitue's au Sud du cap Finiftere Elles commercent imme'diatement avec leurs pro- pres marchandifes porte'es a leur -pfopre bord en Afrique aux isles Canaries & a d'autres isles de l'oce'an. Elles envoyent

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des Colonies Angloises 55

auffi leurs propres marchandifes : mais a bord Anglois, en Portugal, a Cadix a Malaga, Marfeille, Livourne & Naples. II leur eft meme permis de trafiquer aux e'chelles dn Levant; quoique cela ne fe foit pas encore fait juqu' aujourd'hui. Dans tous ces parages elles fe de'font de leur fuperflu comme de leur poiffon bled & farine lucre 5c ris ~& de quelque boiferie & elles en rappor¬ tent ce qui leur eft ne'ceflaire une partie en argent comptant. Le commerce qu elles font en Portugal, a pourtant fes reftnctions particulieres. II leur eft permis d'y porter leurs denre'es: mais elles n'olent pas en rap- porter des vins. Elles font obligees de faire venir les vins Portugais par 1'Angleterre; c'eft pourquoi les vaiffeaux fe chargent or- dinairement a leur retour de fel 5c de left. Le fucre eft la feule denre'e qu'il eft per¬ mis aux coloniens de porter par toute 1'Eu¬ rope quoiqu' a bord Anglois 5c de vendre partout mdiltinctement.

Les Anglois viennent chercher eux m£mes la plus grande partie des marchandifes colo- niaires; auffi ce font eux qui paffent leurs

propres manufactures dans les colonies. En ge'ne'ral il n'elt permis a aucune autre nation d'acheter Sc de faire fortir des denre'es des colonies, & encore moins d'y apporter & d'y vendre leurs propres marchandifes. Cell une prerogative qui appartient leule aux fujets

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tf Etat actuel

de l'Angleterre. II s'eft trouve', que 1'An- gleterre l'eule vend annuellement a fes colo¬ nies dans l'Ame'rique feptentrionale 5c a fes isles, de fes propres productions, furtout des manufactures, au dela de trois millions de Liv. Sterlings 5c en y comprenant l'Ecoffe & F Irlande pour pres de cinq millions de Liv. Sterlings fuivant une approximation faite au commencement de l'anne'e 1766. au parlement de la Grande-Bretagne.

L'argent comptant eft encore rare dans les colonies, & l'eft davantage dans celles de l'Amerique feptentrionale, que dans quel-' ques isles. Dela vient que toutes les elpcces y ont un plus haut prix, qu'elles n'ont en Europe 8c par la Ton entrevoit la diffe'rence qu'il y a entre le titre Anglois 5c le titre courant (Currency) re$u dans les colonies, par exemple: un Shilling n'y vaut pas douze pences comme en Angleterre-, mais 18. pences. Celt fur ce titre hauffe que tout fe calcule dans toutes les colonies Angloifes, de meme que dans les Francoifes. Une guine'e y vaut 34. Shillings. Cela eft encore plus haut en proportion de la valeur du Shilling : mais elles ont acqui- cette haute valeur a caufe de la commodite' dans les envois, & parcequ'on les aime dans les payemens en Angleterre Les efpeces qui circulent le plus dans les colonies ce font les" piastres & les pistoles d'or d'Efpagne,

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des Colonies Angloises. 57 Les piaftres valent en Angleterre 4. shill. 8. den. elles valent feot shill. 6. den. dans les colonies Les pittoles n'y valent que 27. sh. elles devroient valoir davantage : mais comme elles font ordinairement lime'es & fans bords, elles font a ce bas prix. Une lettre de change fur Londres fe paie ordi¬ nairement de 175.pour cent, c'elt a dire: une

livre Sterling d'Angleterre en vaut r - valeur 4 du pais ou Currencep. Le Pari ne fe compte ordinairement que comme roo. a 133 :$ mais on eft content, quand le cours ne monte

pas au dela de 166 - pour cent. Dans la

derniere guerre le cours baiffa pendant un certain terns, encore au deffous du pari, jufqu'a 125. parceque l'Angleterre faiioit paffer en Ame'rique des fortes remifes pour la guerre, 5c que les troupes Angloifes apportoient beaucoup d'argent comptant.

Le cours du pais n'eft pas le meme dans toutes les colonies. Dans la Jamaique, isle opulente par fes productions 5c par fon com¬ merce de contrebande, il s'approche du cours Anglois: dans quelques colonies de l'Ameri- que feptentrionale, comme en Penfilvanie, il s'en e'loigne encore au dela du prix ordi¬ naire

On a auffi dans les colonies de 1'argent cs

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5« Etat actuel

de papier, ou des Billets (Paper-bills, bills of credit. Paper-currency Ces billets ne peuvent fe faire qu'en vertu d'une conclufion de l'affemble'e : alors ils ont cours dans Ie commerce, comme de l'argent comptant. Ce qui fait leur cre'dit c'elt que la province en eft refponfable. On ne fait pas de ces billets qui vaillent au dela de 5. livres: mais on en fait a moins a toutes fortes de valeurs jufqu' a celle d'un Shilling, le tout valeur du pais. Ces billets n'ont cours, que dans la Province, de l'affemble'e de la quelle ils font autorife's; dans d'autres colo¬ nies ils n'ont point de valeur, encore moins en Angleterre. II y a deux efpeces de ces billets felon le but different auquel ils font deitine's.

La premiere efpece a pour but d'avoir vfte de l'argent, pour pouvoir payer fur le champ une grande de'penle, qui ne fouffre point de de'lai; ainfi dans la guerre avec la France chaque colonie refolut d'entretenir un cer¬ tain nombre de troupes ; par confe'quent il falloit avoir de l'argent, pour les lever, les armer,les habiller &c. II arrive done quel- quefois que des pareilles fommes font paye'es en Billets. L'affemble'e paye au gouverneur la fomme accorde'e pour la guerre en pareils billets, dont il peut fe fervir fur le champ comme d' argent comptant dans la province entiere. Perfonne ne refufe de les accepter

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des Colonies Angloises. 59

en payement, parceque la province en re'pond, 5c qu'eile les re$oit auifi dans fes caiffes pu- bliques. Cependant on impofe une taxe au pais pour le montant de la fomme accorde'e, 8camefure que cette taxe rentre, on de'chire 5c annulle peu a peu ces billets. Avec les fonds, qui rentrent en argent comptant, on rachete de ces billets, qu' on de'chire acres, Sc pour les fommes qui rentrent en billets: on les enregiftre & on caffe e'galement les billets. Ceft ainfi que la dette contracte'e par la province fe paye infenfiblement d'elle meme. Les colonies ont apr£s cet arrange¬ ment de la mere-contree, ou il s'eft intro- duit fous la garantie du parlement depuis le regne de Guillaume III. II y a pourtant cette difference, que les Billets Anglois de {'Exche¬ quer rapportent a leur poffeffeur de l'inte'ret depuis la date du billet jufqu'au jour du rembourfement au lieu que les billets des colonies ne rapportent rien.

La feconde efpece de billets a principa- lement pour but I' encouragement du com¬ merce & de 1' induSlrie inte'rieure. II fe fait par ordre de la province des billets pour une certaine fomme p. e. pour 50000. liv. valeur du pais ; & on publie que ceux des coloniftes qui ont befoin d'une fomme d' argent, peuvent en recevoir de la pro¬ vince en papier a titre de pret contre un interet annuel de cinq pour cent, 5c contre

C 6

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60 Etat actuel

une hipotheque affure'e. De cetfe maniere on tire d'embarras bien des gens qui ont befoin d'argent. Ordinairement on y ajoute la condition : que le nouveau de'biteur doit rcmbourfer en mcime tems, au bout de l'an- ne'e, la dixieme partie du capital. L'inte'ret ufuel dans les colonies, eft de fix pour cent: mais la province fe contente d'un pour cent de moins pour le bien des habitans. En cela, l'avantage de la province fe com¬ bine avec celui des particuliers. La province peut emploier les inte'rets que rapportent un pret pour fatisfaire a quelques de'pen- fes publiques, fans qu'elle ait befoin d'im- pofer des nouvelles taxes. D'un autre cote' grand nombre de pauvres coloniftes font mis en e'tat, moyennant ces prets, de s acheter le be'tail 5c les outils ne'ceffaires pour cul- tiver leurs champs, comme il faut. Ce moyen a fait un bien infini a 1'agriculture. Le payement annuel de la dixieme partie du capital fortifie le cre'dit des billets, & met la province hors de danger de s'endetter; parcequ' au bout de dix ans les billets font rembourfe's 5c la dette eft paye'e. Invention excellente! Ces papiers Circulent bientot 5c a 1'initar d'autres papiers, ils haulfent ou baiffent de tant pour cent fuivant les circonllances. Leur grande utilite', fut caufe qu' on les augmenta : mais on pouffe trop loin cette augmentation dans quelques pro-

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des Colonies Angloises 61

vinces. Etant devenus trop nombreux, ils baifferent de prix 5c perdirent 15. a 20. pour cent 8c menie plus. II s'enfuit de la qu' ll ne faut fe lervir de ce moyen qu' avec mode'ration. On ne peut pas voir par le calcul, jufqu'a quel point cette augmenta¬ tion peut aller fans qu' il en re'fulte d' in¬ convenient : mais l'expe'rience le determine aife'ment. On peut les augmenter annuelle- rnent de peu de chofe, <k ainfi continuer, aulfi longtems, qu'ils ne baiffe-it pas d'une manie're fenfible, 5c que le baiffement ne continue pas. Alors ils font avantageux; dans le cas oopofe' ils font nuifibles. Tou¬ tes les colonies introduifirent les billets: mais quand leur baiffement entraina du de- fordre dans quelques colonies la Grande- Bretagne en limita 1'ufage par des loix,5c prefcrivit a chaque colonie la fomme, qu'elle lui permet de faire circuler en papiers, 5c qu' elle n' ofe pas exce'der. Cette fomme prefcrite eft plus ou moins grande felon la difference des colonies. La mere-contre'e fouffroit dans fon commerce par le baiffe¬ ment des billets. Le colonien payoit l'An- glois en papier eompte' pour plein; 1'An¬ glois ne pouvant pas s'en fervir en Angle¬ terre 1' employoit pour acheter une lettre de change fur Londres, pour laquelle on ne recevoit fes papiers que fuivant le cours: il e'toit done oblige' de perdre. Le prix incer-

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6z Etat actuel

tain meme des papiers portoit du prejudice aux commergans Anglois. Quand ils les recevoient pour payement ils avoient leur valeur entiere quelques femaiues apres. Quand ils vouloient les ne'gocier, ils avoient diminue' de 6. a 10. pour cent Sc au dela. La Penfilvanie a tache' de reme'dier a cet inconve'nient, par une loi qui ordonne, que ceux qui font un payement en papiers, doivent ajouter autant d'agio auifi en pa¬ pier jufqu' a ceque 1'argent comptant ou la lettre de change foit au pair avec les papiers.

La plupart des Anglois ont feu jufqu' a pre'fent que ces papiers e'toient nuifibles aux colonies 8c a la couronne 8c ils vou- droient qu' on les abolit entierement. Les colonies au contraire penfent, qu' il feroit avantageux pour elles 5c pour la couronne, fi l'ufage de ces papiers n'e'toit pas limite' par des aites du parlement, 5c s' il de'pen- doit uniquement de l'arbitre de chaque co¬ lonie de determiner la fomme qui doit rouler en papiers; auffi ont-elles fait faire des representations a ce fujet en Angleter¬ re : 5: a la feffion du parlement tenue en 1769. on leur a accorde' plus de libertef.

Les taxes qu' on paye dans les colonies ne font que peu de chofe. Dans quelques provinces une rente fonciere eft attache'e au terrain defriche' : mais elle ne fe monte'

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des Colonies Angloises 63

qu' a un demi denier valeur du pais par arpent. La couronne leve une pareille ren¬ te dans la Virginie, y e'tant proprie'taire du pais entier. En d'autres provinces, les habi¬ tans etablis font exempts meme de cette rente 8c font entierement francs-tenanciers de leurs terres free holders

II faut que toute autre taxe foit accor- de'e par 1'affemble'e; ainfi chaque colonie fe taxe elle meme pour fournir a fes befoins, 5c elle nomine le montant 8c l'efpece de la taxe. On fuit ordinairement la re'gle ufuelle en Angleterre ou on paye 6. 12. 18. den. jufqu'a une demi couronne, c'eft a dire 2. shillings Sc demi par livre Sterling du revenu des terres: cela s'e'tend auffi aux revenus des metiers 5c des emplois. On n'y connoit pas les droits d'entre'e 8c de fortie 5c 1' accife 8c encore moins les corve'es. II n'y a que les vaiffeaux qui payent une bagatelle, pour 1' entretien des phares, qui font fur la cote. Au refte tout le monde eft entierement libre, 5c maitre abfolu de tout fon bien, meuble 8c immeuble.

L'acte du timbre effuya une oppofition ge'ne'rale; c'eft qu' elle attaquoit les colonies dans le droit de difpofer de leur argent, par confe'quent dans le point principal de leur liberte' 5c meme dans fa paffion favo¬ rite Elles ont fupporte' jufqu' ici fans re¬ pugnance toutes les autres ioix Sc limit*-

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<?4 Etat actuel

tions de leur commerce &de leurs manufac¬ tures de la part du parlement. Celles-ci donnent a la vetite' des entraves a leur li- berte': mais aucune ne leur fut jamais auffi fenfible que Facte du timbre, qui regar- doit imme'diatement leur bourfe.

Les coloniens n'accordent pas au parle¬ ment le droit de les taxer. lis difent qu'ils ont le droit de citoyen Anglois felon le- quel aucune communaute' Angloife ne peut etre charge'e d'aucun impot, lans fon propre confentement,c'elt a dire fans le confente- ment de la chambre baffe, ou chaque com¬ munaute' a fes reprefentans : mais les colo¬ nies n'ayant point de repre'fentans dans le parlement, comme FEcofle^Sc n'en ayant que dans les affemblee's de leur pais ; c'eSt Ja feulement que des taxes leur peuvent Itre loyalement impofe'es. Ils foutiennent done que le parlement n'a aucun droit de difpofer de leur bourfe 5c ils n'ont garde d'ahe'ner ce droit. Si les Anglois defti- noient le produit du timbre a payer leurs dettes nationales, les colonies croient qu' el¬ les ont un devoir plus facre a remplir, en payant les leurs propres. La derniere guerre a endette' toutes les colonies, 5c il faut que ces dettes foient pre'mierement paye'es. Les colonies de FAme'rique feptentrionale entre- tenoient a leurs propres de'pens 25,000. botn- mes contre les franjois: cela coutoit a cha-

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des Colonies Anglois!^ 6$

que province 20. 30. a 50. mille liv. Ster¬ lings par an, Sc au dela. Quand ces det¬ tes feront paye'es la couronne conferve toujours le droit de demander une contribu¬ tion aux affemble'es des colonies.

Toutes les colonies e'toient d'accord fur ces principe's; auffi elles conclurent de tenir une affemble'e ge'ne'rale, pour de'tourner cet orage. Cette affemble'e de de'pute's de toutes les colonies de l'Ame'rique feptentrionale, etoit fans doute quelque chofe d'inoui jufqu' alors 5c la refolution qu' ils prirent una- nimement de refufer Facte du timbre, 5c de travailler de concert a le faire annuller, e'toit un pas critique: mais les colonies fe fon- dent fur le droit, qu'a chaque citoyen An¬ glois de faire des pititions, quand il fe trouve opprime'. Plufieti'-s enfemble peuvent les faire a la fois, 5c le nombre n'eft pas determine' par les loix. Ainfi 2. ou 100. ou 100; 00. ou plus, qui y font inte'reffe's, peuvent pre- fenter ces petitions.

II n'y a que peu de fortereffes dans FAme'- rique feptentrionale ; Philadelphie eft entie¬ rement ouverte, 5c n'a qu'une batterie qui domine vers la riviere, pour pouvoir couvrir la ville contre un debarquement. On a bati, ca 8c la quelques forts pour empether les incurfions des fauvages. Les provinces ont leur milice qui eft entretenue a leurs de'- pens, Sc le roi en nomme les officiers. La

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66 Etat actuel

nouvelle Angleterre entretient le plus de mi- lice C eft ces troupes, qui occupent les petits forts dont le roi nomme les com¬ mandants : mais il y a auffi dans FAme'ri- que feptentrionale des re'gimens Anglois qui font la garnifondans les grandes forteref- fes, Sc qui font paye's par la couronne. Les Anglois aiment a fervir en Ame'rique; car leur paie ne fe fait pas en valeur du pais : mais fur le pied Anglois Sc outre cela la province leur fournit encore certaines provi¬ sions.

La ceffion du Canada eft d'un grand avan* tage a la nation Angloife Sc aux colonies, ne fut-ce que parcequ'on e'pargne aujourd'hui bien des de'penfes, qu'il falloit faire autre¬ fois pour Fentretien des troupes 5c des for- tereffes. L'Angleterre entretenoit pendant la derniere guerre 25,000. hommes, dans les colonies, 5c celles-ci en avoient autant fur pied. Si le gouvernement Anglois eft en bonne intelligence avec les colonies, il n'y a aucunes depenfes a faire ; un trait de plume dans le cabinet du roi gouverne tout. Les colonies font auffi contentes que l'Angleterre, de ce que la France a cede: en dernier lieu la nouvelle Orle'ans aux Efpagnols ; Car a prefent elles font affure'es d'avoir de leur cote' les fauvages qui tous font ennemis jure's des Efpagnols, Sc pour ceux-ci ils ne font ni auffi intriguans, ai auffi induftrieux

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des Colonies Angloises 6y

que les francois. L'union gefne'rale, qui re- gna entre les colonies, a 1 occafion de Facte du timbre eft fort remarquable, parcequ'autre- ment les colonies font fort jaloufes les unes des autres. II y a toujours beaucoup de de'- mele's entr'elles fur des certaines frontieres, fur des rivieres 8c enfin fur la fortie de marchandifes indigenes Sc l'entre'e de mar¬ chandifes e'trangeres d'une province dans une autre. Si elles e'toient entierement inde'- pendantes, il y a longtems qu' elles fe fe- roient fait mutuellement la guerre.'II n'y a que la majefte' 5c la protection du roi qui empexbe une rupture publique. Cette jaloufie augmente, a mefure qu'elles devien- nent plus puiffantes. La Penfilvanie mon- tre le plus d'e'quite' dans fes proce'de's. Elle laiffe le commerce entierement libre avec les autres provinces pour 1' entre'e 8c pour la fortie. II n'y a que le droit du talion qu'elle exerce envers celles, qui reftreignent fon commerce: encore ne le fait-elle qu'auffi longtems, que la colonie, vol fine ne fait pas ceffer ces restrictions. Mais comme nous avons de'ja obferve' des pareilles loix ne peuvent pas avoir de validite' fans le con- fentement du roi.

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69

REPONSE

DE M. FRANKLIN

A tinterro^atoire, qu ilfubit devant It chanp- bri des Cimmunjs,au mois de tc'vrier 1766. lorfque la revocation d» /'Aite du Timbre y fut mife en diliberation.

Q. f* Jmment vous nommefs vous, 5c d'ou V-< etes vous?

R. ]i m'appelle Franklin: je fuis de Phi- ladelphie.

Q. Les Ame'ricains payent-ils entr' eux des taxes confiderables?

R. Certainement, beaucoup ; 5c de tres for¬ tes taxes.

Q. Quels font celles qui font maintenant etablies en Penfilvanie par autorite de la colonie?

R. II y en a fur les biens-fonds, 5c fur les mobiliaires: il y a une capitation; un im- p&t fur les offices fur les pioieffions, fur le commerce, fur toutes les entrenriles a raifon du profit. II y a en outre uneexcife fur les vins lur le rum 5c fur toutes les liqueurs fpiritueufes, un droit de 10. liv (Sterling) fur Fentre'e de chaque negre Sc quelques autres charges encore.

Q.. A quoi eft deftine' le produit de ces im¬ positions

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70 R eponse

R. A foutenir les etabliffemens civils St mi- litares qu'on a faits dans ce pais Sc a acquitter les dettes onefreufes qu'on a con¬ tractus pendant la derniere guerre.

Q. Combien de terns ces impositions doi- vent-elles durer?

R. Celles qu'on deftine au rembourfement des fommes emprunte'es doivent durer jufqu'en 17/2., Sc plus long-tems, fi leur objet n'e(t point encore rempli. Les au¬ tres font a perpetuite'.

Q. N'efpe'roit-on pas qu'avant ce tems Is les dettes feroient acquittees?

R. On s' en fiattoit, lorfque la paix fut figne'e, avec la France 5c l'Efpagne : mais la guerre, qu'on a fait depuis aux Indiens, a occafionne un nouvel emprunt: 8c par une nouvelle loi la duree de Fimpot tel qu' il fubfiftoit, a e'te' prorogee.

Q. Les Peuples ne font-ils pas fort en e'tat de fupporter ces charges?

R. Non. Les provinces frontietes tout le long du continent, ayant e'te fouvent ra- vagees par Fennemi Sc fort appauvries, ne peuvent payer qu'une taxe tres modi- que. Auffi nos derniers reglements ont eu egard a leurs malheurs; ils favorifent expre'STement ces con trees, 8c foulagent ceux qui ont fouffert. Je pre'fume que les au¬ tres gouvernemens en ont fait de mSme.

Q. N'etes vous pas inte'refse' dans la regie des poftes de FAme'rique?

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de M. Franklin. jt R. Oui Je fuis Directeur gefne'ral en fe-

cond, de toutes celles de F Ame'rique fep¬ tentrionale

Q. Ne regarde's vous pas comme tres poffi- ble de diftribuer le papier timbre' par la pofte a tous les habitans, fi Fon n'y met- toit point d'oppofition

R. Les poftes ne vont que le long des c3- tes, il y en a tres peu qui avancent dans l'inte'rieur du pais Si on vouloit les y e'tablir, le furplus de de'penfes que cela cauferoit, furpafferoit fouvent de beaucoup Ie produit du timbre.

Q. Par le moyen de la Pofte, pourric's vous diftribuer Ie papier timbre' dans le Canada

R. II n'y a de poStes, qu'entre Mont-re'al 5c Quebec. Les habitans de cette vafte contre'e font fi e'pars fi e'loigne's les uns des autres, qu'il ne peut y avoir des po¬ ftes parmi eux II eft impoffible que le papier timbre: leur parvienne par ce moyen. Le meme inconvenient a lieu- pour les colonies qui font le long desfron- tieres eltes font peu confiderables 5c ne s'avoifinent pas davantage.

Q. Les habitations etant en petit nombre 5c eloignees les unes des autres croye's vous que Facte du timbre puiffe avoir de grands inconveniens pour ceux qui y Jretident y fi Fon en maintenoit l'exe'cu- tion?

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72 R E P O N S E~

R. On peut en etre fur; car la plupart des habitans ne pourroient fe pouwoir des pa¬ piers timbre's, dans les cas oh ils en au- roient befoin, fans eutreprendre de longs voyages 8c depenfer peut-etre trois ou qua¬ tre liv. Sterlings pour fix fois qu'il revien- droit a la couronne.

Q. Dans leur iituation actuelle les colo¬ nies ne font elles point tres en e'tat de

payer le droit de timbre? R. Je ne crois pas qu'il y ait affes d'or

5c d'argent dans les colonies, nour payer le droit du timbre pendant un an

Q. Ne fave's vous pas que le produit de ce droit ne devoit pas lbrtir de F Ame'¬ rique

R. Je fais que par Facte, il e'toit deftine' au fervice Ame'riquain : mais il auroit e'te' depenfe' dans les colonies nouvellement acquifes, ou l'on entretient d.;s troupes 5c non dans celles ou l'inrxk auroit e'te' leve'.

Q. N'y a-t-il pas une balance de commerce, qui des nouvelies colonies oil font les troupes feroit repaffer cet argent dans les anciennes

R. Je ne le penfe pas Je crois qu'il en

repafferoit tr^s peu, & je ne fais poht de commerce qui put If? nous le ramener. Je fuis periindc', que la olus grande partie de ces fommes iroit des colonies, Q;i elles

auro-

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de M. Franklin. 73 auroient e'te' de'penfe'es diredtement en Angleterre.

Q. Combien penfe's vous, qu'il y ait d'ha¬ bitans- blancs en Penfilvanie

R. Environ cent foixante mille. Q. Dans ce nombre combien de Quakers R. Peut-etre un tiers. Q. Combien d' Allemands R. Peut-etre bien un autre tiers; cependant

je n'en fuis pas abfolument certain. Q. Parmi ces Allemands y en a-t-il qui

aient fcrvi en Europe? R. Oui beaucoup ont porti les armes en

Ame'rique Sc en Europe. Q. Sont ils auffi me'contents de 1' impofition

du timbre, que les Anglois R. Oui, beaucoup plus-meme, & avec rai¬

fon ; car dans bien des cas, le fardeau fe¬ roit double pour eux.

Q. Combien y a-t-il d' hommes blancs dans toute F Ame'rique feptentrionale

R. Environ trois cents mille entre feize, Sc foixante ans (a).

Q. (b) Dans quelle proportion la population s' eft elie accrue en Ame'rique

D

00 Cela fuppofc environ deux millions d' ames V>) Ici noii<; commencons a interromprc un pen l'or-

dre danb lequel AL Franklin fut inteiroge Drns nne alTcinblee nombreufe dont ton? les membtes avoient dtoit de fairs des queftions, 1' ordre ries

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74 -Reponse

R. Je penfe, que Fun portant Fautre, elle y double en 15. ans. Mais les demandes aux manufactures Angloifes, augmentent en plus haute proportion la confomma- tion ne fuivant pas exactement Faccroif- fement de la population Sc devenant plus forte a raifon des moyens. En 1723. l'im- portation de la grande Bretagne, en Pen¬ filvanie montoit en tout a environ 15000. Sterlings, aujourd'hui elle eft prefque d'un demi million.

Q. Quelle eft la caufe felon vous, pour laquelle la population augmente plus prom- ptement en Ame'rique qu' en Angleterre

R. Parce qu' on s'y marie plus jeune Sc plus ge'ne'ralement.

idees ne pouvoit pas <?tre fuivi avec la plus grande exactitude; toutes les matieres fe trouvoient pro- ' riigieufemeut melees, cela ajoutoit fans doute an merite de la prefence d'efprit de M. Franklin, qui fe trouvoit oblige de repondre fur vingt objets ' differens, que Ton embraffoit a la fois dans les qneftions qu' on lui faifoit. Ce defordre pouvoit meme etre affedte de la part des interrogateurs: Mais ce qu' il y a de fur c' eft qu' il donnoit lieu a une infinite de repetitions, & qu' il auroit perpetuellement derange le fil des idees du lec- teur Nous avons done prefere de tranfpofer

.les queftions pour y mettre de la fnite & pour oviter les redites faftidieufes. Du refte cette tra¬ duction eft de la plus grande fidelite. Nous nous fommes meme attaches a la rendre le plus litte- ralement, qu' il nous a ete poflible.

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de M. Franklin. 75

Q. Pourquoi cela R. Parceque deux jeunes gens laborieux ob-

tiennent ai fe'ment un fond de terre, avec lequel ils peuvent e'lever leur famille.

Q. Le bas peuple n'eft il pas plus a fori aife en Ame'rique qu'en Angleterre?

R. II peut Fetre; du moins s'll eft fobre, & laborieux, puifque fon travail eft mieux paye'.

Q. Vous ave's dit, que les Penfilvaniens e'toient charge's d' impots one'reux Com¬ bien payent-ils bien pour livre de leurs revenus

R. Les impots fur les biens fonds 5c mo- biliaires vont, toutcompte', a 18. deniers pour livre, tous les autres, ainfi que les taxes fur les profits de commerce d'indu- ftrie peuvent alter, je penfe jufqu' k deux Sols 8c demi pour livre.

Q. Les taxes de la Penfilvanie ne font el¬ les pas re'parties avec ine'galite? N'a-t-on pas furtout force' celles qui font impofe'es fur le ne'goce 5c F induftrie afin de charger le commerce d' Angleterre

R. Ces taxes ne font pas plus oneteufes, proportion garde'e que celles qu' on a mifes fur les terres. Par-tout on n'a voulu on n'a pretendu percevoir qu' a. raifon du profit.

Q. Quelle claffe de citoyens compofe 1' af¬ femble'e Sont-ce des commercans ou des propnetaires I D 2

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76 R E P 0 NS E

R. Ce font des proprie'taires, des commer- gans & des artilans?

Q. Les propnetaires ne font ils pas le plus grand nombre

R. Je penfe que oui. Q. Ne font-ils pas tout ce qu' ils peuvent

pour de'charger les bien-fonds de Fimpot, Sc pour furcharger de plus en plus le commerce

R. Jamais je n' ai oui dire qu' on eut ce deffein: au refte une telle entreprife re- pondroit mal a ce qu'on en auroit pu at- tendre. Le marchand la plume a la main, s'occupe fans relache a calculerj Si F on furcharge fon commerce auSfitot Jl augmente dans la meme proportion le prix de fes denre'es : 8c les confomma- teurs, qui font principalement les pro¬ prie'taires fe trouvent charge's du tout, ou au moins de la plus grande partie de 1' augmentation.

Q. A quoi fe monte dans votre province la capitation d'un homme, qui n'elt point marie'

R. C'eft je crois 15. Schellings pour tout homme libre, qui aatteint Fage de 21. ans.

Q. A quoi fe montent annuellement toutes les taxes de la PcnSilvanie?

R. Je les eftime a environ 20000. livres Sterlings.

Q. Qu'elle e'toit la difpofition de FAme-

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de M. Franklin. 77

•rique a IVgard de l'Angleterre avant 1763.? R. On ne peut pas meilleure, les Ame'ri-

quains, a une entiere foumiffion aux vo- lonte's du Roi, joignoient' un profond ref- pect pour le Parlement. L'autorite' de fes actes, e'toit reconnue dans tous leurs tribunaux. Quelque nombreufe que foit la population dans les anciennes Colo¬ nies il ne vous en coutoit rien en forts, en citadelles en garnifons, en troupes pour les contenir. Vous n'avie's befoin, pour les gouverner, que d' un peu de plu¬ mes d'encre Sc de papier. Un Simple fit vous fuffifoit, pour les conduire. Ils e'toi¬ ent pe'ne'tre's non feulement de refpect; mais encore d' amour pour la Grande-Bre- tagne, pour fes loix pour fes ufages 5c fes manieres ; ils adoptoient fes modes avec paffion: & ce n' e'toit pas une petite branche de votre commerce Ils traitoient les Anglois avec des e'gards particuliers : 8c etre originaire de la Grande Bretagne e'toit un titre honorable, 8c donnoit de la consideration parmi nous.

Q. Quelle eft maintenant leur difpofition R. Oh elle eft bien change'e Q. Comment les Ame'riquains regardoient

ils le Parlement? R. Comme le plus ferme appui 8c le rem-

part le plus allure de leur liberte' 5c de leurs privileges. Ils n'en parloient jamais

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78 R E PO NS E

qu'avec Ie plus grand refpect 8c la plus grande ve'ne'ration. S' il leur venoit en

penle'e, que des miniftres arbitrages pou- voient quelque jour effayer de les oppri- mer, ils fe confoloient par Faffurance

qu' ils avoient que le parlement enten- droit leurs plaintes Sc les de'fendroit. lis fe reffouvenoient avec une tendre recon- noiffance d' une preuve fignale'e qu' ils en avoient eue. On avoit propofe' au parle¬ ment un bill, avec cette claufe que les instructions royales auroient force de loi dans les colonies ; la chambre des Com¬ munes n' y confentit pas Sc la chofe ne fut point exe'cute'e.

Q. Et n'ont-ils pas toujours le meme ref¬

pect pour le Parlement R. Non; il a beaucoup diminue'. Q. A quoi cela doit-il s'attribuer? R. PluSieurs chofes y ont concourues; les ref-

trictions, dont on vient d'embarraffer leur commerce, Sc par lefquels on a detournc' des colonies, F argent de F etranger ; la de'fenfe qu' on leur a faite de fe fervir entr'eux de papier monnoie; la demande d'un nouvel impot Sc d'un impot one'- jeux, du droit de timbre ; F abolition des jugemens par les jure's qui furvint dans le metne terns; Enfin le refus de rece- voir Sc d'entendre leurs humbles repre'- fsntations.

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de M. Franklin. yg

Q. Ave's vous oai parler de quelque obsta¬ cle mis nouvellement au commerce d'Ef- pagne

R. Oui. J'ai oui dire, qu'il e'toit fort gene' par quelques nouveaux re'glemens, auffi bien que par les vailleaux de guerre Sc les garde-Cotes Anglois porte's tout le long des cotes de F Ame'rique.

Q. Vous femble-t-il jufte que F Ame'rique foit prote'ge'e par l'Angleterre, fans qu'elle entre pour rien dans les frais

R. Les colonies ne font pas dans ce cas la. Elles ont Ieve', habille' 5c foudoye' a leurs de'pens pres de 25000. hommes pendant la derniere guerre, & il leur en a coute plufieurs millions.

Q. N'ave's vous point e'te' rembourfe's par le Parlement?

R. On ne nous a rembourfe que ce qu' on a imagine' furpaffer notre part de la contribution ; ou plutot on ne nous a rendu que ie Surplus de ce qu' on pen- foit pouvoir raifonnablement exiger de nous. Ce fut peu en comparaifon de no- tre de'penfe. La Penfilvanie par exem- ple avoit de'bourfe' environ 500,000. li¬ vres Sterlings Sc les remifes qu'on lui fit ne monterent pas a 60000.

Q. Ne croie's vous pas que les colonies fe foumettroient a Facte du timbre s'il £toit modifie', 5c ii apres lui avoir ote'

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80 Reponse

ce qu' il a de plus one'reux, il e'toit re- duit a quelques articles de peu de confe'- quence.

R. Non, jamais elles ne s' y foumettront. Q. Que penferie's vous d'une nouvelle im¬

position, e'tablie dans les memes principes que celle du timbre Comment les Ame- riquains la recevroient-ils

R. Pre'cifement comme ils ont recu F au¬ tre Ils ne la payeroient point.

Q. Ne fave's-vous pas, que cette Chambre 5c la Chambre des Pairs ont de'cide' que le Parlement avoit le droit d'impofer des taxes en Ame'rique

R. Oui, j' ai oiii parler de cette de'cifion. Q. Qu'en penferont les Ame'riquains R. Ils la regarderont comme injufte 5c con-

traire a la constitution du gouvernement Q. Avant 1763/les Ame'riquains penfoient-ils

de'ja que le Parlement n'eut pas le droit de faire des loix 5c d'e'tablir des taxes 5c des impots dans leur pais?

R. Je n'ai jamais entendu contefter fon droit d'e'tablir des taxes re'latives a des regle- mens de commerce. J'ai toujours vu con- venir de Fautorite' des loix qu' il faifoit. Mais quant au droit d'impofer fur nous des taxes internes: jamais on n'a fuppote', qu'il lui appartint, puifque nous n'y avions pas de repre'fentans.

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de M. Franklin. 8i.

Q. Sur quoi vous perfuade's-vous que le peu- ple d'Ame'rique ait fait cette distinction

R. Sur ce que dans toutes les converfations 011 j'ai e'te' pre'lent, il m'a paru qu' on convenoit ge'ne'ralement, que nous ne pou- vions etre taxes dans un Parlement, ou nous n'etions pas repre'fente's: mais on n'y a jamais cOnteSie' le paiement des droits impofe's par acte du Parlement comme re- glemens de commerce.

Q. Pourrie's vous citer un arrete' de quel- ques-unes de vos affemblees, ou un acte public, oii l'on ait fait cette distinction

R. Je ne crois pas, qu'il y en ait aucun: 8c il me femble que nous n'eumes jamais occafion de faire un tel acte, jufqu'au jour que vous ave's entrepris de nous taxer. C'eft cette entreprife qui a fait e'tablir dans un aite public, cette diltinction, qui a eu pour elle, non feulement le fuf- frage unanime de toutes les affemble'es du continent, mais encore celui de tous les membres, dont elles e'toient compofe'es.

Q. Qu'eft ce qui a done pu avant ce tems donner occafion de difcuter cette mature dans les converiations

R. Un propos, qu'on tint en 1754. Scqui, je penfe venoit d'ici, en e'toit caufe. On difoit, que dans le cas d'une guerre, dont on parloit alors, les gouvcrneurs des co¬ lonies s'affembleroient, qu'ils ordonneroienr

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82 Reponse

des Ieve'es de troupes, des constructions de forts 5c qu'ils prendroient toutes les mefures convenables, pour la de'fenfe com¬ mune que les fommes ne'ceffaires pour cela feroient prifes ici fur le tre'for,Sc que leur montant feroit leve enfuite fur les colonies, par le moyen d'une taxe gene¬ rate impofe'e par ordre du Parlement Cette nouvelle devint bientot le fujet de toutes les converfations; il n'y avoit qu'un fentiment : c'e'toit, que la juftice & la nature du gouvernement Anglois ne per- mettoient pas, que nous fuffions impofe's par le Parlement, jufqu'a ce que nous y fuffions duement reprefente's.

Q. Ne fave's vous pas, ce qui s'eft paffe', il y a quelque terns dans la nouvelle Yorck 1'affemble'e refufoit ou negligeoit de lever les fommes ne'ceffaires pour l'entretien du gouvernement civil ; on mit en detibe'ra- tion 5c on propofa de s'adreffer au Par¬ lement pour F impofition des taxe's, qui devoient fupple'er le deficit, que cela avoit occafionne'.

R. Celt un fait, qui n'eft jamais venu a ma connoiffance.

Q. La chofe y fut mife en deliberation Et imagines vous que Fon put fuppfofer a la nouvelle Yorck, que ce droit du Parle¬ ment d'impofer des contributions en Ame'¬ rique n' e'toit que local Sc reltreint au

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de M. Franklin. 8? cas d'un deficit dans une colonie particu¬ liere on ne pretendoit pas fans doute que Ie Parlement ne put Fexercer que fur le refus que feroit l'affemble'e de lever les fubfides ne'ceffaires?

R. II eft impoffible, qu'une affemble'e quel- conque, refufe de lever ies contributions ne'ceffaires au maintien de fon propre gou¬ vernement. II faudroit qu'elle n'eut pas le fens commun ; ce qu'on me permettra de croire deftitue' de vraifemblance. Je ne puis imaginer, qu'il foit jamais arrive rien de femblable dans la nouvelle Yorck ; ou l'on vous a mal repre'fente' le fait, ou on F avoit mal vu. Je fais que fur quelques me'moires du miniftere de la Grande-Bre- tagne, on voulut obliger les affemble'es a arreter une fomme fixe, pour les appoin- temens du gouverneur : ce qu'elles refu- ferent fagement : mais je ne crois pas que jamais affemble'e, ni dans la nouvelle Yorck ni dans aucune autre colonie ait refufe'de contribuer convenablement a Fen- tretien de fon gouvernement, par des fom¬ mes accorde'es de terns a autre aux offi- ciers publics.

Q. Mais fi un gouverneur, fur des instruc¬ tions qu' il auroit recues, convoquoit une affemble'e Sc qu'on y refufat de lever les fubfides ne'ceffaires; ne feroit-il pas de F in- te'ret de la colonie, audi bien que de celui

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84 Reponse

du gouvernement que le Parlement fit F imposition de fa propre autorite'?

R. Je penfe que dans ce cas la meme, la chofe ne feroit point ne'ceffaire Si une affemble'e etoit aSfes inconfe'quente, pour refufer une chofe auffi raifonnable ; elle ne demeureroit pas long-tems dans fon

opiniatrete ; les defordres & la confufion

qu'elle occafionneroit Fauroient bientot mile a la raifon.

Q. Si cependant cela n'arrivoit pas, ne fe- roit-ce pas a la Grande-Bretagne qu' ap- partiendroit le droit d'y reme'dier?

R. Je n'ai rien a dire contre un droit, dont on ne fe ferviroit qu'en pareil cas; pourvu toute-fois qu'on ne le fit que pour le bien du peuple de la colonie.

Q. Mais a qui appartient-il d'en juger, de la Grande-Bretagne, ou de la colonie?

R. Perfonne n'en peut juger auffi bien, que ceux qui auroient a en fentir l'avantage ou F inconve'nient.

Q. Vous dites, que les colonies fe font toujours foumifes aux taxes externes, 8c

qu'elles ne conteftent au Parlement, que le droit d'en impofer d'internes; pourrie's vous maintenant nous montrer qu'il y ait entre ces deux fortesd'impots, quelque dif- fe'rence par rapport aux colonies

R. Je penfe, qu' ft y a une tres grande dif¬ ference Une taxe externe eft un droit

im-

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de M. Franklin. 85--

impofe' fur les marchandifes qu'on nous apporte on Fajoute a la valeur de la chofe & aux autres fraix qui Faccompa- gnent; elle devient ainfi une partie du prix. • Si la marchandife ne convient pas a Fache- teur a ce prix., il ne la prend point Sc il n'eft pas oblige' de payer 1'impot La chofe n'eft pas ainfi : dans le cas d'une taxe interne, c'eft une fomme qu'on at¬ tache au Peuple malgre' lui fi elle n'a pas e'te' impofe'e par fes propres repre'fen¬ tans Le timbre, par exemple ne nous permet aucun acte de commerce aucurt e'change entre nous il nous emoeche de reclamer aucun droit, de pourfuivre le pa¬ yement d' aucune dette, de nous marier, de tefter, fi pre'alablement nous n'avons paye' telle ou telle fomme ; c'ell vouloir nous arracher notre argent de force, ou avoir re'folu notre perte ii nous re'fufons de la donner.

Q. Mais une taxe impofe'e fur les denre'es qu'on vous porte aux colonies, Sc dont vous rie pouve's vous paffer, n' auroit-elle pas le meme effet qu' une taxe interne

R. Je ne fais pas un feul article de toute Fimportation fake dans nos colonies, que nous ne ibyons en etat de fabriquer Che's nous ou dont nous ne puifiions nous paffer.

Q. Ne penfe's vous pas que les draps d" An- E

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86 Reponse

gleterre vous font abfolument ne'ceffaires? R. Aucunement Avec une bonne e'cono-

mie les habitans des colonies y auroient bientot fupple'e.

Q. Ne faudroit il pas du terns pour etablir des manufactures, 5c en attendant n' auro¬ ient-ils pas beaucoup a fouffrir.

R. Je crois que non ; ils ont de'ja fait des progres furprenans ; Sc je fuis perfuade', qu' avant que les habits qu'ils portent, foient ufe's, ils feront venus a bout, de s'en pro¬ curer d'autres de leur propre fabrique.

Q. Pourront-ils trouver une quantite' fuffi- fante de laine dans l'Ame'rique fepten¬ trionale

R. Ils ont pris des mefures pour en accroitre la quantite' : ils font convenus getietale- ment entr'eux de ne plus manger d'agneaux & en effet on en tua fort peu l'an der¬ nier S' ils continuent, dans peu la quan¬ tity de laine fera accrue prodigieufement. Au refte comme ils n'ont pas Finten¬ tion d'en faire une branche de commerce exte'rieur, ils n'auront pas befoin d'e'tablir de grandes manufactures, telles qu'on en voit dans vos villes fabriquantes ; chaque fa- mille, fans fortir de la maifon, pourra filer & fabriquer les etoffe* a'fon ufage.

Q. Croye's vous, que dans l'efpace d'un ou de deux ans, ils auroient affes de laine Sc de manufactures pour fournir a leurs •kefoins.

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de M. Franklin. 87

R. Je crois, que trois ans fuffiront. Q. La rigueur des hi vers dans les colonies

feptentrionales ne nuira-t-elle pas a la bonne qualite' de la laine?

R. Elle y eft fort belle Sc fort bonne. Q. Ne fave's vous pas, que dans les colo¬

nies plus me'ridionales telles que la Vir¬ ginie, la laine eft rude Sc n'eft meme qu' une efpece de crin

R. Je ne fais point cela. Je n'en ai jamais entendu parler, cependant j' ai e'te' quel- que-fois dans la Virginie. Je ne puis pas dire, que j'y ai fait une attention par¬ ticuliere, a la laine. Je crois- qu' elle y eft bonne, quoique je ne puiffe en parler pofitivement. Au relte la Virginie 8c les colonies plus me'ridionales, ont moins be¬ foin de laine, leurs hi vers font courts 5c peu rigoureux; ils peuvent tres-bien s'ha- biller le refte de F anne'e du lin 5c da coton que produit leur pais.

Q. N'elt on pas oblige dans les colonies feptentrionales de nourrir le be'tail tout 1' hiver.

R. II y a quelques endroits ou il faut Ie nourrir pendant une partie de cette fai- fon.

Q. Si fans toucher a ce que Ie Parlement a de'cide' a Fe'gard de fon droit, on re- voquoit Facte du timbre croye's vous que les Ametiquains feroient fatisfaits?

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83 R E P O N S E

R. Je crois que la de'cifion du droit les in- quieteroit peu Si Fon n'effayoit jamais ' de le faire valoir. Ils fe regarderoient alors probablement fur le metne pied que F Irlande; ils favent que vous y ave's les memes pretentions : mais que vous vous en tene's la. Ils penleroient que vous tiendries la mSme conduite a leur e'gard, fi ce n' eft dans des occafions bien extra- ordinaires.

"Q. Mais a qui eft-ce de juger de ces oc¬ cafions, n'eit-ce pas au Parlement?

R. Quoique ce foit a lui a en juger, les habitans des colonies fe flatteront au moins, qu'il n'exercera jamais ce droit, fans avoir admis leurs repre'fentans Sc qu'il ordonnera qu' on en envoie, fi l'oc- cafion furvient

Q. N'ave's vous pas oui dire, que dans le courant de la derniere guerre, les habi¬ tans du Maryland avoient refufe' leur part de la contribution pour la de'fenfe com¬ mune

R. On a donne' un mauvais tour a ce qui s'eft paffe' en Maryland. Ce que j'en fais, c'eft que jamais on y a refule' de contri- buer ou d'accorder des fubfides a. la Couronne; chaque anne'e de la guerre, les affemble'es opinerent a fournir des fommes confiderables Sc formerent des Bills pour les lever. Suivant l'ufagc de

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be M. Franklin. 89 cette Province les Bills furent envoye's au Confeil ou Chambre haute afin que d'un commun confentement, ils fuffent pre'fente's au gouverneur, pour etre enfui- te enregiftre's & obtenir force de loi. Malheureufement il s'e'leva des contesta¬ tions entre les deux chambres qui empe- cherent ce confentement 8c faute de cette condition effentielle, tous les Bills, excepte un ou deux, ne purent avoir d'effet. Le confeil des proprie'taires dela colonie les rejetta Ceux du Maryland il eft vrai, ne fournirent point leur part de la contribution: mais ce n' eft point au peuple qu' il faut s' en prendre ; c'eft la faute de ceux qui e'toient charge's de F administration.

.Q. Ne parla-t-on pas dans les autres pro¬ vinces de s'adreffer au parlement pour les obliger a contribuer?

R. J'ai bien entendu tenir ce propos: mais comme il e'toit bien connu, que le peu¬ ple n' e'toit nullement blamable le projet ne fut point exe'cute' 5c Fon ne fit au¬ cune de'marche pour cela.

Q. Cela ne fut-il point propofe dans une affemble'e publique?

R. Jamais, que ;e fache Q. Vous fouveneVvous d'un acte de Faf-

/., femble'e qui abolit le cours des papiers t monnoies dans la nouvelle Angleterre}

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90 Reponse

R. Je me fouviens de fon aboliffement dans la Baie de MaSlachufet.

Q. Le Vice-Gouverneur Hutchinfon ne con- tribua-t-il pas principalement a faire paf¬ fer cet acte

R. Je Fai oui dire ainfi. Q. Cette loi ne fut-elle pas alors regarde'e

cornme tres contraire a F interet du peu- ple des colonies?

R. Je penfe, qu'elle devoit Fetre. Cepen- dant je ne puis rien affurer fur cet arti¬ cle parceque j'e'tois fort eloigne' de cette province.

Q. La rarete' des efpeces d'or Sc d'argent n'e'toit-elle pas une des raifons qu'on alle- guoit contre Fabolition des papiers.

R,„ Je crois qu'oui. Q. Eft-on toujours dans les memes fenti-

mens 5c cette loi paroit-elle aujourdhui auffi defavantageufe qu'alors?

R. Je crois que non Q. N'a-t-on pas envoye' quelque fois aux

Gouverneurs des instructions tres oppreffi- ves 5c contraires a la faine politique?

R. Oui. Q. Cela n'a-t-il pas fait que quelques Gou¬

verneurs ont paffe' par deffus Sc ne les ont point fuivies

R. Je Fai oui dire ainfi. 'Q. Les Ame'riquains difputerent-ils alors au

Parlernent, qui s'oppofok a 1' oppreffion,

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de M. Franklin.

le droit de re'gler le commerce? R. Non. Q. Comment recevroient-ils des reglemens

inte'rieurs, joints a une taxe R. Je crois, qu'ils s'y oppoferoient. Q. Leur intention eft done de ne fe fou-

mettre a aucun reglement joint a un impot

R. Leur fentiment eft: que fi l'e'tat a befoin de fubfides, on doit fuivant I'uftge e'tabli de tout terns, les demander a leurs affem¬ ble'es, qui les accorderont librement, com- me elles ont toujours fait. Ils difent, que leur argent ne doit point etre donne' fans leur confentement, par des gens, qui vi- vants loin d'eux, ne font nullement inftruits de leur fituation & de leurs faculte's. Ac- corder des fubfides a Fetat, eft le feat moyen qu'ils ayent de faire exlater leur zeie aux yeux de leur Souverain. II eft done cruel pour eux, il eSt injufte, qu'un corps, ou ils n'ont point de repreTentans, leur arrache ce me'rite, Sc s'en faffe ua d'accorder ce qui ne lui appartient pas, Sc qu'il les prive par la du plus beau de leurs droits, d'un droit qu' ils ellimcnt, d'autant plus, que c'eft fur lui, que font appuye's tous les autres.

Q. Mais 1' e'tablifi'ement des Poftes, qu' ils ont admis depuis longtenis n'eft-il pas une taxe en meme terns qu' ai reglemeat

E A

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92 R E P O N S E

R. Non. Le prix, qu'on paye pour le port d'une lettre, n'eft point de la nature des taxes; ce n'eft proprement qu'une retri¬ bution pour un fervice rendu. Comme on peut ne point acceptor ce fervice il n'y a pas d'obligation veritable de payer. On eft libre encore, ainfi qu'avant Fe'ta- bliffement des poftes, d'envoyer fes let- tres par fes geis, par un expres, par le moyen de les amis fi cela paroit plus commode ou plus fur.

Q. Ne regardent-ils pas au moins comme uie u\a, les reglemens faits Fan paffe, touchant les Po'tes?

R» Par ces regle'ne is Ie port des Iettres a baiiie Je ?o. pour ioo. dans toute l'A'tie'- rique ; ils font bien loin, de regarder cela comne une taxe.

Q. Si le Pari erne it impofbit une excite fur une efoJce d? tmtieres confomnables 9 dont tes Ametiquiiis pourroient e'viter le pay 'iTient par la non confommation ; ne fouffriroit-elle point de difficulte'?

]R. Ilss'y oppoferoient a coup fur. Car une excife n'^ft point une retribution pour wi fervice renin; c'eft une imposition. Celt une portion de leurs biens, qui doit leur etre demande'e Sc qu'on ne peut obtenir que d'eux De quel droit en difpoferoient des gens au-fquels ils n'ont pas donned leur procuration

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de M. Franklin. 93

Q. Vous dites, qu'ils ne conteftoiertt point au parlement le pouvoir d' impofer des droits fur F importation. Trouve's vous done quelque difference entre des droits fur les denre'es importe'es 8c une excife fur leur confommation?

R. II y en a une tres considerable. Par les raifons que j'ai de'ja rapnorte'es ils pre- tendent que vous n'ave's aucun droit de faire des impofitions dans F inte'rieur de leur pais: mais ils favent que la mer eft a vous, que vous en maintene's la firete par vos fiottes, que vous la purge's de pirates. Vous pouve's done avoir un droit naturel 8c e'quitable de percevoir fur les marchandifes qu'on tranfportea travers cette partie de vos domaines,des droits qui vous de'dommagent des frais auxquels cela vous oblige.

Q. Ce raifonnement ne prouveroit-il pas auSfi qu'on pourroit mettre un impot fur F exportation des productions de leurs terres? Un tel impot n'e'orouveroit-il de leur part aucune contradiftion

R. S'il rencheriffoit les denre'es au point d'en diminuer les demandes foye's furs, qu'ils s'y oppoie'roient ; non pas pre'eife'- ment pour vous contefter le droit de re'- gler le commerce r mais pour fe plaindre de F ulage que vous en ferie's comme d'un fardeau qu'ils vous demanderoient cTalle'ger.

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Q. Le droit qu'on paye fur Fexportation du tabac, n'eft-il pas dans ce genre?

R. On n' en paye, ce me femble que fur le tabac, qu'on tranlborte le long des co¬ tes d' une colonie a Fautre; encore eft-ce un fonds deltine' a Fentretien du college de Williamsbourg dans la Virginie.

Q. Les Affemble'es des colonies des Indes occidentals n'ont elles pas les memes droits naturels, que celles de l'Ame'rique?

R. Oui fans doute. Q. Et n'a-t-on pas' impofe des taxes fur

F exportation de leur fucre R. J' ai peu de connoiffance des affaires de

ce pais II me femble cependant que le droit de quatre 5c demi pour cent, qu' ils payent fur les fucres qu' ils font fortir fut accorde' par leurs propres af- fembldes.

Q. Si Fon ne re'voque point Facte du tim¬ bre, que penfe's vous, qu'il en arrivera

R. Les Ame'riquains perdront entiercment le relpeit 5c Famour qu'ils ont pour l'An¬ gleterre Sc bientot vous verres fe detruire tout le commerce qui eft fonde' fur ces fentimens.

Q. Comment le commerce peut-il en fouf- frir

R. En ce que bientot ils ne prendront pref¬ que plus rien de vos manufactures.

Q. Leur eft-il pofiible de s'en paifer?

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de M. Franklin. 95 R. Les marchandifes, qu'ils tirent de l'An¬

gleterre font ou d'une grande utilite', ou de pure commodite', ou des fuperfiuites. Dans le premier rang font les draps Sec. qu' ils peuvent fe procurer fans fortir de che's eux ; ijs fe pafferont facilement de ce qui ne leur eft que commode, jufqu'a ce qu'ils ayent des moyens de s'en pour- voir dans leur pro pre pais ; Sc quant au fuperflu, qui eft la branche principale du commerce, ils y renonceront abfolument. Telle chofe qu'on rechercheroit avec empreffement, parce qu'elle e'toit de mode dans un pais refpecte', fera detefte'e Sc re- jette'e avec indignation par la raifon con- traire. On a de'ja banni, d'un commua confentement, Fufage des ajuftemens dont on fe fervoit dans les deuils, Sc on en a renvoye pour plufieurs milliers de livres Sterlings, parce qu'on n'en trouvoit pas le debit.

Q. Eft-il de Finte'ret des Ame'riquains de fa- briquer leurs draps che's eux?

R. Je penfe que pour le pre'fent ceux qui voudroient les avoir d'auffi belle qua- lite' auroient meilleur marche' de les ti- rer d'Angleterre : mais Si Fon pefe d'un autre cote' les obstacles dont leur com¬ merce eft embarraffe' Sc les difficulte's, qu' ils ont de faire leurs remifes il eft de leur inte'ret, de tout fabriquer.

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1)6 R E P O N S E

Q. Penfez-vous, qu'ils poufferoient la mau" vaife humeur, jufqu'a payer auSfi cher de me'chantes 5c groffieres e'toffes fabrique'es dans leur pais Sc a en faire ufage pre- fe'rablement a celles qui font de meilleure qualite'.

R. Oui, je le penfe ainfi. Les peuples paye- ront auffi volontiers pour fatisfaire une paffion que F autre leur reffentiment ou leur vanite'.

Q. Les habitans de Bofton confentiroient-ils a difcontinuer leur commerce

R. Les commercans ferment un corps peu nombreux, en comparaifon du refte du peu- ple. II faudra bien qu' ils ceffent leur commerce, quand on ne prendra plus de leurs marchandifes.

Q. Qui eft-ce qui forme le corps du peuple dans les colonies?

R. Ce font les fermiers Sc les proprie'taires, ou les planteurs.

Q. Laifferoient-ils corrompre les productions de leurs terres?

R. Non ; ils fabriqueroient plus, 5c laboure- roient moins.

Q. Voudroient-ils vivre fans aucune admi¬ nistration de juftice en matiere civile, 5c s'expofer aux inconveniens d'une telle fituation pendant un terns confiderable plutot que d'employer des papiers tim¬ bre's fuppofe' que la diftribution en tut

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de M. Franklin. 97

prote'ge'e par une force fuffifante pour qu'ils puffent fe les procurer par-tout

R. Je crois imoraticable de prote'ger le 'pa¬ pier timbre, de maniere,que tout le monde puiffe s'en procurer par-tout. L'acte porte, qu'il y aura des Sous-diStribute'urs appoin- te's dans toutes les provinces villes, dis¬ tricts 5c villages; 5c cela feroit en effet ne'ceffaire: mais les principaux diftribu- teurs, qui imaginoient en retirer un profit confiderable, fe font bientot appercus que cela ne valoit pas la peine de continuer; & je crois qu'il feroit impoffible de trouver des Sous-diftributeurs, capab'les de re'pon- dre, qui vouluffent, pour un mediocre profit, encourir la haine du peuple, Sc s' expofer au danger que leur attireroit cer emploi: 5c quand on pourroit en trouver il me paroit impraticable de prote'ger les papiers timbre's dans tant de lieux fi e'loigne's les uns des autres.

Q. Mais au moins dans les lieux ou il pourra etre protege', le peuple n' aimera- t-il pas mieux en faire ufage que de demeurer dans un e'tat oil il ne pourra de'fendre fes droits ni pourfuivre le'gale- ment le re'couvrement d'aucune dette?

R. II feroit difficile de dire ce qu'il feroit; je ne puis juger de ce que les autres pen- feroient 5c feroient que par ce que je reffens en moi-meme » II m' ell du des

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98 Reponse

fommes confiderables en Ame'rique Sc j' ai- merois mieux renoncer pour jamais au droit d'en pourfuivre le payement juri- diquement, que de me foumettre a Facte du timbre ; cela deviendroit des dettes d'honneur Je crois done que Ie peu¬ ple ou demeureroit dans cette Situation, ou tacheroit de fe procurer quelque mo-. yen de s' en tirer; par exemple, en con- venant univerfellement de proce'der dans les cours de juftice avec du papier com¬ mun

Q. Ne feroit-il pas poffible de faire exe'- cuter F acte du timbre autrement qu' a main arme'e

R. Je ne vois pas meme, comment des troupes pourroient £tre employe'es a le faire exe'- cuter.

Q. Pourquoi ne le pourroient-elles pas R. Suppofons que vous en faffiez paffer en

Ame'rique. Elles ne trouveront perfonne fous les armes. Que feront-elles done Elles ne pourront faire prendre des pa¬ piers timbre's, a ceux qui ne voudront point s'en fervir. Elles ne trouveront point de rebellion; il eft vrai, qu'elles pourroient en occafionner.

Q. De quel nombre de troupes, croyez-vous que F ou eut befoin, pour proteger la dif- tribution des papiers timbre's dans toute 1' Ame'rique

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de M. Franklin, 99 R. II faudroit fans doute une tres-grande

arme'e, je ne puis dire a quoi elle devroit aller fi l'Ame'rique fe difpofoit a une re'fiftance ge'ne'rale.

Q. Combien y a-t-il en Ame'rique d'hom¬ mes capables de porter les armes Sc de former une milice difcipline'e

R. II doit y en avoir, ce me femble au moins.

On s' oppofa a cette queftion. M. Fran¬ klin fe retira.

FIN.

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L I V R,E s

qu on fait imprimer les Freres Reycends.

Delle Rivoluzioni d'Italia libri xxiv. di Carlo Denina, 4. 3. vol.

Effai fur les Haras auquel on a ajoute'le Traite' de la connoiSfance exterieure du Cheval, celui de la me'chanique du Mors,5c des obfer- vatioas fur les pre'juge's, les abus 5c F igno¬ rance de la pluoart des Mare'chaux Ferrans,8. avec 4. Planches en taille douce

Le meme 4. en papier azure. Rifbffiow del Sig. Nicole fopra i principali

punti della Religione, ede'Coftumi, 12. 2. vol. 1769.

Voyage d' O'of Tore'e aux Indes orientales traduit du Sue'dois, 12. 1771.

Pre'cis Hiltorique de FEconomie Rurale des Chinois pre'fente' a F Academie Royale des Sciences de Sue'de, en 1754. par M.Char¬ les Guftave Eckeberg Capitaine publie' par M. Linnaeus, traduit du Sue'dois par M. Dominiq. de Blackford, 12. 1771.

Pigmalion Scene Lyrique representee en So- ciete'aLyon, parM. J.. Rouffeau,i2. 1771.

Trattato fonra la cura delle Api, con una Let- tera del Sig. Bonnet, 12. con fig. 1771.

RifleSfioni Criftiane fopra i Libri Storici del vecchio Teftamento 12. 1771.

Difcours de la nature 5c des effets du luxe, par le Pere Gerdil Barnabite, 8. 1768,

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