Pratiques d'engrais verts dans les vergers

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D1 ENGRAIS VERTS 1 Pratiques d'engrais verts dans les vergers Jean-Luc PETIT Pour l'arboriculture qui, par nature, signifie culture pérenne, il y a forte tendance à la monoculture. La rota- tion d'engrais verts entre rangs est donc la solution unique pour y retrouver un système de polyculture proche des principes de l'agriculture biologique. Le principe des engrais verts pour l'arboriculture biologique est essen- tiel; il évite tout vide phytosynthé- tique, améliore la structure du sol, entretient la matière organique et favorise lafaune du sol (vers de ter- re, micro-organismes) et la faune auxiliaire. Le système de l'engrais vert en arbo- riculture biologique amène divers avantages: • il assure une protection du sol con- tre l'érosion et contre l'asphyxie, • il donne la possibilité de passer plus facilement au printemps ou à l'autom- ne soit pour les traitements, soit pour la cueillette, et protège le sol contre l'érosion, • il assure efficacement la mobilité et la disponibilité des éléments miné- raux grâce à l'enfouissement des matières organiques, • il entretient la fertilité du sol. La matière végétale enfouie est utilisée par les bactéries et les champignons du sol, et favorise le développement des vers de terre, • il régularise la libération d'azote au sol. Un engrais vert contenant une légumineuse laisse 40 unités d'azote/ ha en moyenne, ce qui est économi- quement intéressant vu la gamme et le prix des engrais azotés disponibles au cahier des charges de l'agriculture biologique. La pratique de l'engrais vert est peu onéreuse. Le prix de la semence, en 18 Alter Agri n075 général, est assez bas (moins de 500 F/ha). Avec un peu plus de travail mais un coût moindre, on a donc une gestion de la fumure intéressante, une fertili- té entretenue et un sol structuré. Il faut signaler qu'un bon nombre d'agricul- teurs ne sèment l'en- grais vert qu'un entre- rangs sur deux, en alter- nant tous les ans. Sur l'autre entre-rang, on amène le compost. Dans le cas de vergers au sec ou peu irrigués, il est fréquent de rempla- cer l'enherbement per- manent (par ailleurs excellent sur le plan de l'équilibre humique et de la coloration du fruit) par des cultures hivernales d'engrais verts, enfouies dans les sol au printemps. On dimi- nue ainsi la concurrence hydrique. La technique de l'engrais vert est pré- conisée avant l'implantation et les premières années du verger. On peut passer à l'enherbement permanent quand les arbres sont âgés de 3 à 5 ans, ceci explique que sur les vergers adultes, la technique des engrais verts (semis-broyage-enfouissement) est souvent abandonnée. En vergers adultes, le broyage du couvert végétal permanent et du bois de taille entretiennent un taux de matière organique souvent suffisant. Cette technique a aussi des inconvé- nients : elle favorise le développe- ment des campagnols et nécessite des apports d'eau et d'engrais plus impor- tants s'ils ne sont pas détruits à temps. Les engrais verts semés au début de l'automne peuvent avoir un autre inconvénient: ils augmentent les ris- ques de gelées printanières. Ceux semés au printemps sont une concur- rence pour l'eau et les éléments miné- raux. On n'a pas besoin d'irriguer les en- grais verts, sauf sur semis en cas d'au- tomne et de printemps secs. On trouvera, dans les encarts des pages suivantes, quelques cas d'utili- sation des engrais verts en verger. Journées techniques •ar oriculture J-L. Petit organise régulièrement des journées techniques de forma- tion sur la conduite d'un verger en agriculture biologique : implanta- tion, taille, fertilisation, protection phytosanitaire ... J-L. Petit, Les Faysses, 05110 Barcilonnette, Tél. 92 54 24 19

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D 1ENGRAIS VERTS 1

Pratiques d'engrais verts dans lesvergersJean-Luc PETIT

Pour l'arboriculture qui, par nature,signifie culture pérenne, il y a fortetendance à la monoculture. La rota-tion d'engrais verts entre rangs estdonc la solution unique pour yretrouver un système de polycultureproche des principes de l'agriculturebiologique.

Le principe des engrais verts pourl'arboriculture biologique est essen-tiel; il évite tout vide phytosynthé-tique, améliore la structure du sol,entretient la matière organique etfavorise lafaune du sol (vers de ter-re, micro-organismes) et la fauneauxiliaire.

Le système de l'engrais vert en arbo-riculture biologique amène diversavantages:

• il assure une protection du sol con-tre l'érosion et contre l'asphyxie,

• il donne la possibilité de passer plusfacilement au printemps ou à l'autom-ne soit pour les traitements, soit pourla cueillette, et protège le sol contrel'érosion,

• il assure efficacement la mobilité etla disponibilité des éléments miné-raux grâce à l'enfouissement desmatières organiques,

• il entretient la fertilité du sol. Lamatière végétale enfouie est utiliséepar les bactéries et les champignonsdu sol, et favorise le développementdes vers de terre,

• il régularise la libération d'azote ausol. Un engrais vert contenant unelégumineuse laisse 40 unités d'azote/ha en moyenne, ce qui est économi-quement intéressant vu la gamme etle prix des engrais azotés disponiblesau cahier des charges de l'agriculturebiologique.

La pratique de l'engrais vert est peuonéreuse. Le prix de la semence, en

18AlterAgri n075

général, est assez bas(moins de 500 F/ha).

Avec un peu plus detravail mais un coûtmoindre, on a donc unegestion de la fumureintéressante, une fertili-té entretenue et un solstructuré.

Il faut signaler qu'unbon nombre d'agricul-teurs ne sèment l'en-grais vert qu'un entre-rangs sur deux, en alter-nant tous les ans. Surl'autre entre-rang, onamène le compost.

Dans le cas de vergersau sec ou peu irrigués, ilest fréquent de rempla-cer l'enherbement per-manent (par ailleurs excellent sur leplan de l'équilibre humique et de lacoloration du fruit) par des cultureshivernales d'engrais verts, enfouiesdans les sol au printemps. On dimi-nue ainsi la concurrence hydrique.

La technique de l'engrais vert est pré-conisée avant l'implantation et lespremières années du verger. On peutpasser à l'enherbement permanentquand les arbres sont âgés de 3 à 5ans, ceci explique que sur les vergersadultes, la technique des engrais verts(semis-broyage-enfouissement) estsouvent abandonnée.

En vergers adultes, le broyage ducouvert végétal permanent et du boisde taille entretiennent un taux dematière organique souvent suffisant.

Cette technique a aussi des inconvé-nients : elle favorise le développe-ment des campagnols et nécessite desapports d'eau et d'engrais plus impor-tants s'ils ne sont pas détruits à temps.

Les engrais verts semés au début del'automne peuvent avoir un autreinconvénient: ils augmentent les ris-ques de gelées printanières. Ceuxsemés au printemps sont une concur-rence pour l'eau et les éléments miné-raux.

On n'a pas besoin d'irriguer les en-grais verts, sauf sur semis en cas d'au-tomne et de printemps secs.

On trouvera, dans les encarts despages suivantes, quelques cas d'utili-sation des engrais verts en verger.

Journées techniques•ar oriculture

J-L. Petit organise régulièrementdes journées techniques de forma-tion sur la conduite d'un verger enagriculture biologique : implanta-tion, taille, fertilisation, protectionphytosanitaire ...

J-L. Petit, Les Faysses,05110 Barcilonnette,Tél. 92 54 24 19

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IENGRAIS VERTSI D

Combien d 'heures de travail ?Préparation du sol: 1 h 30Semis: 3 à 4 hGriffage + rouleau: 1 à 2 hGirobroyage : 1 h 30 à 2 h 30 (selonla hauteur de l'engrais vert)Enfouissement: 2 h.

Le semis d'engrais vert pour seule fertilisation azotée et humiqueL'exploitation de Claude Chabanier se trouve sur la commune de Molligès (13). La surface du verger est de 10 ha (4 hade pommiers à 8 variétés différentes, 4 ha de poiriers (3 variétés), 0,5 ha de pêchers, 1,5 de kiwi, pruniers et cerisiers).Le pH est en moyenne de 8. Le taux de matière organique se situe entre 4 % et 8 % suivant les parcelles! Taux étonnant,surtout lorsque l'on sait qu'il est maintenu uniquement avec des engrais verts, sans aucune autre fumure. Nous sommesdonc en présence d'une terre de "jardin" très fertile, avec beaucoup de fond. Le seul inconvénient de ce genre de sol peutêtre une vigueur trop importante au niveau de la pousse à bois ce qui engendrera des problèmes phytosanitaires, voired'alternance.Tout a commencé il y a quelques années, avec l'arrivée de techniciens de Lemaire-Boucher chez Claude Chabanier. Ilspréconisaient alors l'emploi de compost et des engrais verts.Mais le taux de matière organique dans ses sols permet à Claude Chabanier de ne faire aucun apport de compost. Il n'y adonc pas d'autre apport d'azote dans ses vergers que celui des engrais verts grâce, en particulier, à la présence de légumi-neuses.Les compléments de fumure sont du Patentkali et du Phospal, parfois aussi des vinasses de betteraves et de poudres d'os.

Quels mélanges?Le choix de Claude Chabanier s'est d'abord fixé sur le trèfle violet, pour l'apport d'azote mais il fallait le resemer tropsouvent. Il a donc ensemencé de la luzerne: elle dure plus longtemps et amène plus de faune (Syrphes), plus d'abeilles etplus de matière végétale.Le trèfle violet ou la luzerne sont toujours mélangés avec une graminée, fétuque pour le trèfle violet et dactyle pour laluzerne. Le mélange est important, car la luzerne pure amènerait un risque d'apport trop azoté.Pour les arbres à pépins, dans la pratique, il sème de la luzerne-dactyle pour trois années, un rang sur deux.Les semis s'effectuent fin mars avec 20 kg/ha de luzerne et 20 kg/ha de dactyle.Il réalise quatre girobroyage par an. Le premier est fait à la mi-juin, juste avant ou au début de la floraison de l'engraisvert.Le type de girobroyage est à marteaux, l'enfouissement se fait au rotavator. Puis il effectue un passage avec un outil àdents à 5 ou 10 cm.Sur l'autre partie du verger ou "deuxième rang", Claude Chabanier laisse venir un tapis herbé composé de trèfle violet,trèfle blanc; on peut y trouver aussi un reste de luzerne et de dactyle provenant des années précédentes.Ces rangs seront donc griffés au bout de trois ans pour préparer un lit de semences pour le futur engrais vert.Le semis est effectué à la main. Il est suivi d'un griffage léger de 2 à 3 cm pour enterrer les graines, puis d'un passage derouleau.En prenant l'exemple d'un rang, on se trouve donc en présence du schéma suivant: 3 ans d'engrais verts, 3 ans de reposavec présence résiduelle du mélange, 3 ans d'engrais verts.Dans cette rotation, il inclut parfois une vesce-avoine pour améliorer la structure du sol. Le semis se fait en mars avec 80kg/ha de vesce et 50 kg/ha d'avoine.On broye quand la vesce est en fleur.Il peut aussi inclure du sarrasin pour accueillir les prédateurs, le semis se fait en mai.Dans les pêchers, Claude Chabanier alterne plus souvent des engrais verts (vesce-avoine, sarrasin, luzerne-dactyle). Lesarrasin a parfois une présence trop tardive dans la saison, lorsqu'on sait que le sol des arbres à noyaux doit être griffé.Le mélange vesce-avoine est broyé à la mi-juin, laissé sur place, séché. Le travail du sol est repris après la cueillette.Les risques de gelées printanières peuvent rendre la présence du mélange luzerne-dactyle gênante. Mr Chabanier décon-seille le trèfle violet dans les arbres à noyaux, les racines du trèfle secréteraient une toxine gênante pour les racines desarbres (à vérifier. ..).Il ensemence aussi du navet à raison d'un kg pour 3 000 m2. La végétation est importante et au broyage, il apporte unpeu de tourteau de ricin, environ 50 unités par ha. Mais il faut prendre garde à cet apport d'azote qui peut engendrer desrisques de pucerons.

Dernièrement, Claude Chabanier a remplacé la luzerne par le sain-foin, toujours mélangé au dactyle. Il espère ainsi observer une aug-mentation de la masse verte.Les engrais verts sont irrigués par rapport au besoin des arbres,sans plus. S'ils sont broyés tard, la concurrence hydrique est faible.Les engrais verts atteignent souvent des hauteurs de 1,50 m à 2 m.Claude Chabanier a faitdes essais en les cassant eten les couchant, réalisantainsi un mulching sur lesol. Mais, pour des raisonsde facilité de travail, ilpréfère les girobroyer.

(J-L. P.)

Alter 0Agrin075 ~

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Pêchers et abricotiers en culture sèche

Monsieur Houilliez, installé dans le Var en pleine zone de collinesboisées, défriche et plante 2 ha de pêchers et d'abricotiers de différentesvariétés. Dans une région à pluviométrie très limitée, ce verger est con-duit en culture sèche avec un sol couvert par un engrais vert sur lamoitié de la surface. Un entre-rang sur 2 est maintenu alternativementen sol nu et l'autre est semé en automne après travail au motoculteur.

Il s'agit d'un mélange blé-orge-vesce ou bien seigle-vesce. En mai,avant maturité, il est fauché au motoculteur (faucheuse de 1,40 m). Ilest laissé sur le sol et y forme un mulch protecteur qui conserve l'hu-midité. Vers le IS août, avec les premiers orages, il est enfoui avec desfraises.

Le résultat est étonnant d'un point de vue phytosanitaire même si lesrendements restent limités à 6 tonnes/ha.

Les seuls problèmes rencontrés sont la cloque du pêcher et le Moniliasur abricotier. Le climat sec et les traitements au cuivre les limitent.Les pêchers reçoivent ainsi 4 traitements durant J'année (chute desfeuilles, hiver et débourrement).

Les insectes sont limités par un environnement favorable et ne causentpas de dégâts. L'engrais vert y contribue tout en limitant l'évaporationdu sol en conditions sèches.

(B. Le Voyer)

[---4 F/mot

s'adresser à la rédaction

Bergère cherche emploi en agricul-ture biologiqueTél. 54982091 (18 h-21 h)

Exploitation Vallée du Loir àreprendre en location ou vente (70ha). Petite reprise. Reconversionagrobio. Irrigation.

Ecrire à René et Monique Martin,La Valle te rie, 41800Sougé

PETITES ANNONCES

(B. Le Voyer)

2 ha de pêchers irrigués

Jacques Chardayre est agriculteur à Lapalud(84) dans la Vallée du Rhône. Il cultive descéréales, des légumes de plein-champs etdes pêches. Son verger de 2 ha est constiuéde 8 variétés à récolte échelonnée. Lesarbres sont plantés assez large (écartement6 x Sm), ce qui permet un travail du solcomplet en croisant les passages. Unengrais vert de sarrasin est implanté débutavril et reçoit une irrigation par aspersion.La floraison attire de nombreux insectesauxiliaires et on peut noter que le program-me de traitement de Mr Chardayre est limi-té à la cloque et au contrôle de la tordeuseorientale (par confusion). Rien n'est faitcontre les pucerons verts et les puceronsfarineux qui sont pourtant des ravageurstrès gênants dans d'autres situations compa-rables. Même s'ils sont observés sur quel-ques arbres, ils restent très limités grâce àune faune auxiliaire efficace à laquelle l'en-grais vert contribue.

Association de producteurs bio bre-tons cherche objecteur - si possi-ble formé techniquement à la bio -pour travail d'animation et de secré-tariat. Forte motivation indispensa-ble. Incorporation en février.

Cherche également technicien bio- bonne connaissance du terrain -pour travail d'animation de groupeset de sensibilisation à la bio. Débutpossible en janvier.

Agrobio 35, BP 7704,35077 Rennes cedex,

Tél. 99596008

Jardins de CocagneAssociation loi 1901 recherche deux personnes à temps-plein

ayant pour missions:

• L'organisation de cultures maraîchères et biologiques sur 3 ha

• L'encadrement de personnes travaillant en CES ou CEC .

• Le suivi administratif et comptable de l'Association, ainsi que la gestion dufichier adhérents.

Envoyer CV et lettre de motivation au Président :Monsieur Bernard Juteau, 53 voie de la Rose, 88150Thaon-les- Vosges

Tél. 29391922 (entre 12 et 14 h)

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GEYSER recherche un objecteurde conscience.

Profil du poste : participation à larevue Alter Agri, participation à larevue de presse, gestion de la docu-mentation.

Connaissances agricoles et en infor-matique souhaitées.

Lieu de travail: Corconne, à 30 kmde Nîmes et de Montpellier.

S'adresser à :GEYSER, 30260Corconne

Tél. 667713 11 - Fax. 667712 06