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Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire - GISA Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008 1 Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires NOTE PRELIMINAIRE SUR L’EVOLUTION DES FONDAMENTAUX DES MARCHES ALIMENTAIRES MONDIAUX Cirad 1 , 12 mai 2008 Préambule : pourquoi approfondir l'analyse des causes de la hausse des prix alimentaires ? La médiatisation des effets de la hausse des prix alimentaires a conduit à la mise en avant de diverses explications de cette hausse, chacune portant en elle des prémisses de propositions politiques. Ces facteurs peuvent être regroupés en deux grands types : 1) Les facteurs structurels de la tendance à moyen terme que nous appellerons ici les facteurs de la hausse. Sont classiquement mis en avant : La demande alimentaire des pays émergents La demande en agro-carburants La réduction de l'offre Le renchérissement de l'offre lié notamment à l'augmentation des prix du pétrole La libéralisation et l’élimination des mécanismes de régulation : stocks mondiaux et institutions stabilisatrices des fluctuations 2) Les facteurs plus conjoncturels, plus spécifiques aux derniers mois que nous appellerons ici les facteurs de la flambée des prix. Sont ici mis en avant : Les accidents climatiques (sécheresse notamment), eux même potentiellement liés au phénomène plus structurel du changement climatique Les effets d'anticipation de hausses prévues et/ou la spéculation avec le report des capitaux des marchés financiers en difficulté vers les marchés de matières premières. L'approfondissement de l'analyse de la hausse des prix alimentaires comporte donc un enjeu important : celui d'orienter des mesures qui pourraient être prises pour y faire face et en diminuer ses effets négatifs. Sur la base des positions prises par différentes institutions, on peut identifier quelques questions clefs à garder en mémoire dans ce diagnostic : Comment vont évoluer les prix à court et moyen terme ? Vont-ils rester au niveau actuel ? Vont-ils continuer d'augmenter ? Vont-ils baisser ? Rentre-on dans une période de plus grande instabilité des prix ? Faut-il jouer sur la demande, par exemple en gelant la demande en agro-carburants ? Faut-il stimuler la production agricole ? Et si oui, où ? 1 Cette note a été rédigée par Benoit Daviron et Nicolas Bricas. Elle est le résultat d’un exercice d’expertise collective impliquant notamment Bruno Dorin, Frédéric Lançon et Tristan Le Cotty. Elle a été complétée par les remarques faites par Cyrille Pierre et Jean-Sebastien Conty (MAEE, DE/AFI), Fabien Besson (MEFI, DGTPE) et AVSF.

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Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008

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Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires

NOTE PRELIMINAIRE SUR L’EVOLUTION DES FONDAMENTAUX

DES MARCHES ALIMENTAIRES MONDIAUX

Cirad1, 12 mai 2008

Préambule : pourquoi approfondir l'analyse des caus es de la hausse des prix alimentaires ? La médiatisation des effets de la hausse des prix alimentaires a conduit à la mise en avant de diverses explications de cette hausse, chacune portant en elle des prémisses de propositions politiques. Ces facteurs peuvent être regroupés en deux grands types :

1) Les facteurs structurels de la tendance à moyen terme que nous appellerons ici les facteurs de la hausse. Sont classiquement mis en avant :

• La demande alimentaire des pays émergents

• La demande en agro-carburants

• La réduction de l'offre

• Le renchérissement de l'offre lié notamment à l'augmentation des prix du pétrole

• La libéralisation et l’élimination des mécanismes de régulation : stocks mondiaux et institutions stabilisatrices des fluctuations

2) Les facteurs plus conjoncturels, plus spécifiques aux derniers mois que nous appellerons ici les facteurs de la flambée des prix. Sont ici mis en avant :

• Les accidents climatiques (sécheresse notamment), eux même potentiellement liés au phénomène plus structurel du changement climatique

• Les effets d'anticipation de hausses prévues et/ou la spéculation avec le report des capitaux des marchés financiers en difficulté vers les marchés de matières premières.

L'approfondissement de l'analyse de la hausse des prix alimentaires comporte donc un enjeu important : celui d'orienter des mesures qui pourraient être prises pour y faire face et en diminuer ses effets négatifs. Sur la base des positions prises par différentes institutions, on peut identifier quelques questions clefs à garder en mémoire dans ce diagnostic :

• Comment vont évoluer les prix à court et moyen terme ? Vont-ils rester au niveau actuel ? Vont-ils continuer d'augmenter ? Vont-ils baisser ?

• Rentre-on dans une période de plus grande instabilité des prix ?

• Faut-il jouer sur la demande, par exemple en gelant la demande en agro-carburants ?

• Faut-il stimuler la production agricole ? Et si oui, où ?

1 Cette note a été rédigée par Benoit Daviron et Nicolas Bricas. Elle est le résultat d’un exercice d’expertise collective impliquant notamment Bruno Dorin, Frédéric Lançon et Tristan Le Cotty. Elle a été complétée par les remarques faites par Cyrille Pierre et Jean-Sebastien Conty (MAEE, DE/AFI), Fabien Besson (MEFI, DGTPE) et AVSF.

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L’objectif de cette note très préliminaire, est de décrire l’évolution, en moyenne période, du rapport production/consommat ion sur les marchés alimentaires .

Il s’agit, par ce biais, d’identifier les éventuelles ruptures et les chocs permettant d’expliquer le basculement brutal d’une conjoncture de bas prix à la conjoncture actuelle de prix élevés. Cette note n’aborde donc pas d’autres points qui seront traités ultérieurement, et en particulier les effets de la baisse du dollar, de la spéculation ou encore de la hausse des cours du pétrole2.

Cette note met en avant cinq constats présentés en quelques mots clefs ci-après et repris plus en détail dans la note :

1. Si la hausse des prix alimentaires ces derniers mois est forte et particulière pour les oléagineux et les céréales, elle ne touche pas tous les produits et demeure en deçà des niveaux atteints lors de la crise alimentaire des années 1970.

2. La hausse sanctionne, dans le cas des céréales, la succession, depuis 2000, de récoltes déficitaires. C’est la première fois en un demi-siècle qu’une telle succession se manifeste. Cette répétition de récoltes déficitaires a contribué à une baisse marquée du niveau des stocks mondiaux.

3. Il n’existe pas de phénomène singulier du côté de la demande des pays émergents, et plus particulièrement des pays asiatiques, qui permettraient d’expliquer la hausse. La consommation de ces pays connaît certes une croissance soutenue, mais, au cours des toutes dernières années, cette croissance a plutôt eu tendance à ralentir qu’à accélérer. Le seul choc visible côté consommation concerne le maïs et renvoie directement au développement de la production d’agro-carburants aux Etats-Unis.

4. La croissance de la production mondiale de céréales a connu un ralentissement marqué. Ce ralentissement résulte d’abord, au-delà des accidents climatiques, des évolutions de la production dans quatre "entités" : l’UE, les Etats-Unis, les pays de l’ex-URSS et la Chine. Dans celles-ci, les inflexions de la production de céréales s’expliquent pour l’essentiel par la réforme des politiques agricoles.

5. La chute des stocks mondiaux est ainsi la conséquence de la réduction, voire de la disparition, des stocks dans ces entités. Le phénomène a d’abord touché les Etats-Unis dont la contribution au stockage mondial a fortement diminué. Il a touché ensuite la Chine qui, après avoir un temps été le principale stockeur des marchés, a progressivement perdu ce rôle depuis 2000. Aujourd’hui, plus aucun pays ne joue le rôle de stockeur central de produits agricoles. C’est cette absence que signale la crise actuelle.

2 Cette note ne traite pas non plus de la situation alimentaire mondiale. Elle ne cherche pas évaluer l’évolution du disponible par habitant, ni en quantité ni en qualité.

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1 – Quelques rappels sur les prix : une hausse marq uée qui toutefois ne touche pas tous les produits et demeur e en deçà des niveaux atteints lors de la crise alimentaire des a nnées 1970 Depuis janvier 2007, les prix internationaux des produits alimentaires ont connu une hausse soutenue. Selon l’indice FMI (graphique n°1)3 la croissance des prix aurait atteint près de 60 % entre janvier 2006 et mars 2007. Cette hausse peut être interprétée comme l’accélération d’un mouvement entamé depuis début 2002, mouvement certes moins spectaculaire, mais qui, par paliers, avait déjà conduit à une augmentation de près de 50 % étalée sur 5 ans.

La hausse touche en premier lieu les oléagineux et les céréales (graphique n°2). L’huile de palme et le maïs démarrent les premiers, dès le dernier trimestre 2006, mais leurs comportements divergent ensuite. Alors que le prix de l’huile de palme poursuit sa hausse de manière quasi continue jusqu’à mars 2008 (sur une base 100 en 2006, son prix atteint alors l’indice 275), celui du maïs demeure relativement stable en 2007 avant de repartir à la hausse à partir de décembre (indice 192 en mars 2008). Le soja suit pratiquement l’huile de palme (indice 227 en mars 2008). Le prix du blé ne démarre lui qu’à la mi 2007 mais rattrape rapidement son retard pour atteindre le même indice que le soja en mars 2008. Enfin le riz démarre encore plus tard, au dernier trimestre 2007, mais flambe véritablement en février et en mars 2008 pour connaitre, sur ces deux mois, une hausse cumulée de près de 50%.

La hausse touche aussi certains produits tropicaux comme le cacao et le café.

En revanche, la hausse ne touche pas les viandes (graphique n°3) ; ni le bœuf, ni l’agneau, ni même la volaille, dont la légère tendance haussière s’inscrit dans un mouvement bien plus long. La hausse épargne aussi le thé (pourtant boisson tropicale) et le sucre. Ce dernier produit a connu, au cours du deuxième semestre 2005, une brève flambée (+ 100%) avant de revenir mi-2007 à son niveau initial.

Une analyse de moyenne période (1960-2008) et sur la base d’un raisonnement en dollar constant (le déflateur utilisé ici est la valeur unitaire d’exportation des Etats-Unis), montre (graphe n°4) que, dans le cas des grains (maïs, blé, soja) :

- la hausse intervient après une relative période de stabilité qui aurait durée environ de 1989 à 2005.

- Malgré l’ampleur des mouvements et des réactions, le niveau atteint par les prix demeure en deçà de celui qu’ils avaient atteint lors de la crise alimentaire des années 1970. Cette situation est particulièrement vraie pour le riz, le soja et le maïs. Mesurés en dollar de 2000, les prix du riz et du soja n’ont atteint "que" 400 dollar par tonne contre respectivement 1200 (!) et 800 dollar en 1974. Les prix du maïs n'ont atteint "que" 190 dollars contre 300. Ceci est moins vrai pour le blé, pour lequel le prix actuel se rapproche nettement de son record de 1974 (350 en mars 2008 contre 400 en 1974). Cela signifie que, hormis le blé, à ce jour, et malgré la hausse de ces derniers mois, la baisse tendancielle des prix internationaux n’est pas vraiment remise en cause. Ce constat est particulièrement important dans le cas du riz, pour qui la tendance baissière a été plus marquée et qui dont prix est devenu très proche de celui du blé.

3 La plupart des analyses ont été basées sur les statistiques de l'USDA qui, comparées à celles de la FAO, offrent l'avantage de fournir des données plus récentes, avantage très important pour l'analyse de la hausse actuelle. Compte tenu du grand nombre de graphiques utilisées dans cette note, ceux-ci ont été reportés à la fin du document.

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Ce caractère relativement limité, à ce stade, de la hausse est plus sensible encore pour des produits comme le café ou le sucre (graphe n°5).

L’huile de palme connait dans les années 1990-2000 des variations de plus grande ampleur et des prix, en mars 2008, très proche du niveau de 1974 (graphe n°6).

Enfin l’analyse, ou même la seule description de l’évolution des prix des viandes en moyenne période se heurte à des difficultés (graphique n°7). Trois viandes semblent l’objet d’une tendance haussière de fond : la volaille et l’agneau, depuis le milieu des années 1980, le bœuf depuis le milieu des années 1990. Le prix du porc semble lui plutôt tendanciellement à la baisse. Toutes les viandes voient leurs prix glisser depuis 2005.

2 - Bilan production/consommation : il n'y a pas de déficit spectaculaire pour la campagne en cours ni lors des dernières campagnes mais des déficits répétés Les déficits estimés pour la campagne en cours n’ont rien de spectaculaire. La récolte de maïs serait proche de l’équilibre (déficit de 2 millions de tonnes pour une consommation estimée de 800 millions) et celle de blé tout près de l’équilibre (déficit de 10 millions de tonnes pour une consommation mondiale estimée de plus de 600 millions). La récolte de riz serait, elle, excédentaire. Il est vrai que la campagne précédente a elle aussi été déficitaire pour le blé et le maïs – pas pour le riz – et avec des déficits plus marqués (maïs : -14 millions ; blé : -24 millions). Comparés aux déficits qu’ont pu connaître les marchés céréaliers au cours des 50 dernières années, les déficits actuels n’ont toutefois rien d’impressionnant. Le graphique n°8 représente l’évolution depuis 1963 des soldes des récoltes ramenés en mois de consommation pour prendre en compte la croissance des volumes. On constate qu’au cours des 45 dernières années, les récoltes de blé et de maïs ont connu au moins 10 années pour lesquels les déficits étaient supérieurs au déficit enregistré en 2006/07et 2007/08.

Ce qui fait néanmoins la particularité des déficits de la campagne en cours, c’est qu’ils interviennent après une longue succession de déficits. Depuis 2000, la récolte a été déficitaire sept fois pour le maïs, six fois pour le blé et "seulement" quatre fois pour le riz. La période 2000-2004 a été une période de déficits continus pour les trois céréales (sauf pour le riz durant la campagne 2000/2001) et de déficits d’ampleur. Le déficit de la récolte 2002/03 a été, pour le riz, le plus sérieux depuis 45 ans. Il a été proche des précédents records pour le blé.

C’est cette accumulation de déficit qui a rendu les marchés si sensible. En effet, elle s’est traduite par une baisse continue des stocks mondiaux durant la moitié de la décennie 2000.

Du point de vue des stocks mondiaux (ici mesurés en mois de consommation mondiale), et du point de vue des céréales (graphique n°8), la situation actuelle ressemble fortement à celle des années 1970. Après une période d’abondance et de volumes élevés, grosso modo de 1980 à 2000, les stocks mondiaux sont revenus à leur niveau du milieu des années 1970, c'est-à-dire à leur niveau de la dernière crise alimentaire mondiale d’ampleur. La similitude des situations, et le caractère répétitif de l’histoire, est particulièrement marqué pour le maïs avec une variation du niveau des stocks se situant entre deux mois de consommation mondiale, au point bas des "cycles", et 4 à 5 mois au point haut. On peut lire un mouvement similaire, quoique moins marqué, dans l’évolution des stocks de blé : la périodicité est la même mais les fluctuations sont d’ampleur plus réduite : entre 3 et 4 mois de consommation mondiale.

L’évolution des stocks mondiaux de riz peut être rapprochée de celle des stocks d’huile de palme et de soja (graphique n°9). Pour ces trois produits, des stocks mondiaux d’une certaine ampleur semblent se constituer pour la première fois à partir de la deuxième moitié des années 1970 (alors qu’un précédent avait existé à la fin 1950-débuts 1960 pour le blé et le

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maïs). Ils atteignent un point haut dans les années 1990 (ramené en mois de consommation les stocks de riz passent environ de 1 mois à 4 mois, ceux d’huiles de 0,5 à 2 mois). Puis, dans les années 2000, on constate une diminution progressive des stocks, cette fois pleinement en phase avec ce qui se passe pour le blé et le maïs (les stocks de riz redescendent à deux mois de consommation mondiale ; ceux d’huile à un mois).

3 – Consommation : il n’y a pas d’explosion de la d emande dans les pays émergents Le groupe de produits alimentaires dont la croissance de la consommation mondiale est la plus régulière et la plus stable est celui des huiles végétales avec deux produits phares : l’huile de palme et le soja. Avec un taux de croissance annuelle tournant autour de 5% depuis plus de trois décennies, ce "moteur" donne une orientation de long terme à l’ensemble de l’agro-alimentaire mondial (tableau n°1).

Tableau n°1 : Taux de croissance annuel moyen de la consommation mondiale d'huiles végétales et de viande

1960-70 1970-80 1980-90 1990-2000 2000-2007 Huiles végétales (total ) 4,7 5,2 4,5 5,4 Viande de bœuf Viande de porc Viande de volaille Total viande

4,1 2,8

15,6

4,6

3,1 6,4 8,1

5,1

1,9 3,2 5,3

3,1

1,0 2,9 6,8

3,2

1,7 1,6 3,5

2,1 Source : d’après USDA

Le second "moteur" est la consommation de viande (tableau n°1). La croissance de la consommation mondiale de viande a toutefois eu tendance à progressivement ralentir. Le taux de croissance annuel de la consommation mondiale de viande est descendu à 2% depuis 2000 contre 3% entre 1980 et 2000 et 5% dans les années 1970. Ce ralentissement a particulièrement touché la volaille et le porc. L’apparition de la grippe aviaire a sans doute joué ici un rôle essentiel. Ce contexte a bénéficié à la consommation de bœuf qui a évolué à contre-tendance, avec un taux de croissance à 1,7%/an contre 1% dans les années 1990). Ces évolutions se sont accompagnées de transformations importantes dans l’alimentation animale, avec une tendance marquée à un déplacement des céréales vers le soja en particulier pour la production de volaille.

La croissance de la consommation de viande s’est donc ajoutée de manière très complémentaire à la demande en huile végétale pour porter le soja en tête des produits de plus en plus consommés (entre 4 et 5% de croissance annuelle depuis 40 ans). En revanche, la croissance de la consommation de céréales dans l’alimentation animale a nettement ralentie. Son taux de croissance annuel est passée de 5,5% dans les années 1960 à 0,7% dans les années 1990 avant de connaître un léger rebond depuis 2000 (1,3% de croissance annuelle). La consommation animale de blé stagne autour de 110 millions de tonnes depuis le milieu des années 1980 (tableau n°2).

Dans les pays émergents, la demande en céréales se poursuit à un rythme élevé sans que l'on puisse considérer qu'il y a une explosion récente qui expliquerait la hausse des prix. On constate même, pour certaines céréales notamment le riz et le blé en Chine et en Inde, un ralentissement de la croissance de la demande (graphique n°25 pour la Chine, graphique n°26

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pour l'Inde, graphique n°27 pour le Brésil). La croissance de la demande en maïs reste élevée, sans accélération

Tableau n°2 : Taux de croissance annuelle moyen de la consommation mondiale de soja et de céréales

1960-70 1970-80 1980-90 1990-2000 2000-2007 Soja 6,1 5,1 5,2 4,7 4,3 Total céréales Maïs Blé Riz Orge/Sorgho

3,7

3,4 3,7 3,1 4,6

2,8

3,9 2,7 2,3 2,7

1,8

1,4 2,3 2,3 0,7

1,1

2,5 0,7 1,5

-1,8

1,2

3,4 0,9 0,7 0,9

Consommation animale toutes céréales confondues

5,5 3,1 1,6 0,7 1,3

Source : d’après USDA

4 – Production : un fléchissement sensible – mais p eut être déjà dépassé Le fléchissement de la croissance de la production mondiale de céréales n’est pas un phénomène nouveau. Il peut être daté du début des années 1980. La croissance annuelle qui se situait au cours années 1960 et 1970 autour de 3,5% a chuté à 1,7% au cours des deux décennies suivantes (tableau n°3). Depuis 2000, la croissance de la production mondiale de céréale s’est un peu redressée. Elle est désormais légèrement supérieure à 2%.

Tableau n°3 : Taux de croissance annuelle moyen de la production mondiale de céréales et de soja

1960-70 1970-80 1980-90 1990-2000 2000-2007 Total céréales Maïs Blé Riz

3,7

3,5 4,1 3,4

3,5

4,3 3,2 2,5

1,7

0,9 1,8 2,5

1,7

2,7 0,7 1,7

2,1

3,8 0,9 1,2

Soja 5,7 5,5 6,3 5,1 3,9 Source : d’après USDA

La croissance de la production de maïs a touché un point bas dans les années 1980. Depuis elle s’est vivement accélérée et a retrouvé, pour les années 2000, son rythme des années 1960 et 1970. A l’inverse la croissance de la production rizicole mondiale n’en finit pas de ralentir avec un taux de croissance annuelle moyen de 2,5% dans les années 1980, de 1,7% dans les années 1990 et de 1,2% dans les années 2000. Le taux de croissance de la production de blé est plus faible encore – 0,9% en moyenne annuelle – bien qu’il ait légèrement augmenté depuis la décennie 1990.

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Une grande partie du ralentissement de la croissance est imputable aux évolutions de la production dans les grands entités agricoles que sont la Chine, l’Inde, l’Union Européenne, les pays de l’ex-URSS et les Etats-Unis qui, ensemble, représentent 55% de la production mondiale pour le riz, 70% pour maïs et 75% pour le blé (tableau n°4). Les Etats-Unis ont ainsi affiché une croissance négative durant les années 1980. Ce fut ensuite au tour des pays de l’ex-URSS au cours des années 1990. Si, depuis 2000, les Etats-Unis et les pays de l’ex-URSS ont retrouvé les voies de la croissance, c’est désormais à l’Union Européenne de connaître une décroissance, légère mais effective, de sa production céréalière après une quasi-stagnation dans les années 1990. En Chine, la chute (blé et riz) ou la stagnation (maïs) de la production a été particulièrement marquée entre 1997 et 2003. La production céréalière chinoise s’est nettement redressée depuis 2003 (en maïs elle a atteint des niveaux record lors des dernières récoltes) mais, en tendance, la production rizicole marque nettement le pas avec un taux de croissance moyen depuis 2000 de seulement 0,3% (il était de 2,3% dans les années 1980 et de 1% dans les années 1990). Pour finir, l’Inde se distingue par le recul de sa production de blé.

Plusieurs facteurs ont pu se combiner pour expliquer ces baisses. Ils sont sans doute différents selon les produits et les zones et une analyse plus détaillée reste à mener pour estimer l'importance relative

- d'une part des réductions de surfaces, qu'elles soient volontaires ou liées à des pertes (désertification) ou de nouveaux usages des terres (urbanisation), et,

- d'autre part des plafonnements voire des baisses de rendements, là encore qu'ils soient volontaires (moindre intensification) ou liées à des contraintes techniques.

L'analyse des évolutions des surfaces cultivées en blé et en riz selon les grandes zones agricoles (graphique n° 28) montre une stagnation ou une réduction des surfaces, même dans des pays considérés comme en pleine croissance de la demande. La baisse des surfaces en blé la plus marquante est celle des pays de l'ex URSS. Elle ne se traduit pas par le même effondrement de la production qui fluctue entre 60 et 100 000 t depuis les années 90. La Chine cultivait environ 30 000 ha de blé jusqu'en 2000. Elle en cultive moins de 25 000 ha depuis 6 ans. Elle a réduit de façon continue ses surfaces en riz depuis la fin des années 70.

Ces évolutions conduisent à considérer que l’infléchissement constaté de la production céréalière est moins la conséquence de contraintes techniques insurmontables ou d’un épuisement des ressources que le résultat indirect des réformes des politiques agricoles menées dans ces pays. En effet, toutes ces entités ont connu des réformes d’ampleur : fin du socialisme réel dans les pays de l’ex-URSS, adoption du découplage en Europe et aux Etats-Unis, libéralisation en Inde et en Chine.

La réduction des productions excédentaires étaient un des objectifs explicites des réformes entreprises. De ce point de vue elles ont atteints leur objectif et rejoint celui fixé par les instances internationales de gestion du commerce (Gatt puis OMC) d'abandonner progressivement une situation d'excédants chroniques et de bas prix liée aux forts soutiens à l'agriculture pour retrouver une situation plus "normale" avec des prix plus élevés. Globalement, on arriverait donc aux résultats attendus d'une politique de réduction des excédants et donc des stocks, se traduisant par un marché plus tendu sur lequel des variations accidentelles d'offre s'en trouvent moins régulées.

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Tableau N°4 : Taux de croissance annuel moyen de la production de céréales

1960-70 1970-80 1980-90 1990-2000 2000-2007 Total céréales Monde Chine UE Ex-URSS Inde Etats-Unis Reste du monde

3,7 6,4 4,0 2,9 2,3 2,9 3,5

3,5 4,9 2,3 0,1 2,8 5,1 3,3

1,7 3,3 2,6 0,6 3,8

-1,4 1,8

1,7 2,1 1,6

-4,3 2,7 1,9 2,0

2,1 2,2

-0,3 3,9 1,1 3,1 2,5

Maïs Monde Chine UE Ex-URSS Inde Etats-Unis Reste du monde

3,5 6,2 4,5

-4,1 4,0 3,0 4,4

4,3 6,9 3,4

-1,0 -0,6 5,4 2,7

0,9 3,2 1,0 4,8 1,9

-0,5 1,3

2,7 3,2 1,0 4,8 1,9 2,5 2,6

3,8 4,7

-0,1 10,6 4,3 3,9 3,9

Blé Monde Chine UE Ex-URSS Inde Etats-Unis Reste du monde

4,1 6,5 3,9 4,0 4,8 2,6 4,1

3,2 7,4 1,8 1,9 4,9 4,2 4,7

1,8 5,2 3,3 0 4,6

-3,8 1,9

0,7 2,0 0,7

-4,1 3,5 0,1 1,3

0,9 1,5

-0,4 3,1

-1,3 -0,2 1,5

Riz Monde Chine Inde Etats-Unis Reste du monde

3,4 6,6 1,2 7,2 3,4

2,5 2,6 1,9 4,8 2,5

2,5 2,3 3,5

-0,3 2,2

1,7 1,0 2,0 2,0 2,1

1,2 0,3 1,6 0,3 1,7

Source : d’après USDA

5 – Retour sur les stocks : plus aucun pays n’occup e la place de stockeur central du marché La similitude de la période actuelle avec les années 1970 – et, dans le cas du blé et du maïs, des années 1990 avec le début des années 1960 – dissimule des transformations d’ampleur dans la répartition géographique des stocks mondiaux.

Sur les marchés du blé et du maïs (graphiques n°21 et 22), l’histoire peut se résumer par la substitution des Etats-Unis par la Chine comme "stockeur central" du marché, c'est-à-dire à la fois comme principal accumulateur de stocks puis comme principal "responsable" de leur diminution. Toutefois, la phase d’accumulation des stocks qui perdure de 1977 à 2000 peut être subdivisée, tant pour le blé que pour le maïs, en deux sous périodes. Durant une première sous-période, les Etats-Unis semblent tenter de revenir à leur rôle historique de stockeur central du marché. Ce mouvement est particulièrement visible pour le maïs. Cette "tentation"

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9

est pourtant très vite abandonnée (abandon à mettre en relation avec la réforme de la politique agricole américaine et les avancés des négociations de l’Uruguay Round) tandis que les stocks américains descendent à des niveaux très bas (équivalent à ceux de l’UE dans le cas du blé). S’ouvre alors la deuxième sous-période durant laquelle la Chine s’impose comme LE pays stockeur du marché. De 1996 à 2000, le pays détient 50% des stocks mondiaux de blé et entre 60 et 70% des stocks de maïs !

A partir de 2000, les stocks chinois vont toutefois rapidement diminuer sous l’effet des déficits de production répétés. Les excédents de blé et de maïs accumulés depuis la fin des années 1980 sont "consommés" en quatre récoltes. La baisse des stocks mondiaux qui démarre aux alentours de 2000 est ainsi largement imputable à l’évolution des stocks chinois.

Il est très peu probable que le marché retrouve une certaine stabilité en l’absence de stocks importants. La question de la prise en charge – physique et surtout financière – de ces stocks est donc une question centrale pour l’avenir des marchés alimentaires. Historiquement, des stocks importants ont existé sur le marché quand UN pays en assumait le coût pour des raisons domestiques. Cela a été le cas, pour les céréales, avec successivement l’accumulation de stocks aux Etats-Unis puis en Chine. C’est aussi le rôle qu’a joué un long moment le Brésil sur le marché du café. La gestion des stocks mondiaux pose en effet un problème typique d’action collective en situation de bien commun. L’attitude "naturelle" de chaque pays est de laisser aux autres le soin de s’en occuper. Telle a été historiquement la politique de l’Europe (graphique n°23 et 24). Est-ce encore possible compte tenu de la distribution actuelle des ressources ? Mais assumer une part de responsabilité dans la stabilisation des marchés par la constitution de stocks de sécurité ne signifie pas pour autant devenir un nourricier du monde à coup d'excédents créant une situation de bas prix comme on l'a connu avant la hausse.

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10

Graphique n°1

Indice des prix des produits alimentaires (2006=100 )

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Produits alimentaires

Moy. mobile sur 5 pér. (Produits alimentaires)

Graphique n°2

Les flambeurs

0

50

100

150

200

250

300

2006

2007

2008

Indi

ce b

ase

100

en 2

006

Cacao

Café Robusta

Blé

Riz

Huile de palme

Soja

Maïs

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11

Graphique n°3

Les presque stables (100 = 2006)

0

20

40

60

80

100

120

140

2006

2007

2008

Boeuf

Agneau

Volaille

Sucre

Thé

Graphique n°4

Prix en dollar constant (base 2000)

0,00

200,00

400,00

600,00

800,00

1000,00

1200,00

1400,00

1960

1962

1964

1966

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

Dol

lar

par

tonn

e

Blé

Maïs

Soja

Riz

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12

Graphique n°5

Prix des épices en dollar constant (base 2000)

0,00

10,00

20,00

30,00

40,00

50,00

60,00

70,00

1960

1962

1964

1966

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

Prix

du

sucr

e en

cen

ts/l

0,00

50,00

100,00

150,00

200,00

250,00

300,00

350,00

400,00

450,00

Prix

du

robu

sta

en c

ents

/l

Sucre

Robusta

Graphique n°6

Prix des oléagineux en dollar constant

0,00

200,00

400,00

600,00

800,00

1000,00

1200,00

1400,00

1600,00

1800,00

1960

1962

1964

1966

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

Huile de Soja

Huile de palme

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13

Graphique n°7

Prix des viandes en dollar constant

0,00

50,00

100,00

150,00

200,00

250,00

300,00

1960

1962

1964

1966

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

Boeuf

Agneau

Porc

Volaille

Graphique n° 8

Déficit et excédent de production

-2

-1.5

-1

-0.5

0

0.5

1

1.5

2

1962

/196

3

1964

/196

5

1966

/196

7

1968

/196

9

1970

/197

1

1972

/197

3

1974

/197

5

1976

/197

7

1978

/197

9

1980

/198

1

1982

/198

3

1984

/198

5

1986

/198

7

1988

/198

9

1990

/199

1

1992

/199

3

1994

/199

5

1996

/199

7

1998

/199

9

2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

Moi

s de

con

som

mat

ion

(con

som

mat

ion

= m

oyen

ne d

es tr

ois

anné

es a

ntér

ieur

es)

Blé

Maïs

Riz

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14

Graphique n°9

Stocks mondiaux de céréales en début de récolte, 19 60/61-2007/08

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

1960/1961 1964/1965 1968/1969 1972/1973 1976/1977 1980/1981 1984/1985 1988/1989 1992/1993 1996/1997 2000/2001 2004/2005

Moi

s de

con

som

mat

ion

mon

dial

e

Maïs

Blé

Riz

Polynomial (Maïs)

Polynomial (Riz)

Graphique n°10

Stocks mondiaux d'huile en mois de consommation

0

0,5

1

1,5

2

2,5

1963

/196

4

1965

/196

6

1967

/196

8

1969

/197

0

1971

/197

2

1973

/197

4

1975

/197

6

1977

/197

8

1979

/198

0

1981

/198

2

1983

/198

4

1985

/198

6

1987

/198

8

1989

/199

0

1991

/199

2

1993

/199

4

1995

/199

6

1997

/199

8

1999

/200

0

2001

/200

2

2003

/200

4

2005

/200

6

Huile de Palme

Huile de soja

Polynomial (Huile de Palme)

Polynomial (Huile de soja)

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15

Graphique n°11

Consommation de volaille

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

16000

18000

20000

1960

1962

1964

1966

1968

1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

Asie du Sud Est

EU

Amérique du Nord

Amérique du Sud

Asie du Sud

Série6

Graphique n°12

Consommation mondiale de céréales

0

100,000

200,000

300,000

400,000

500,000

600,000

700,000

800,000

900,000

1961

/196

2

1963

/196

4

1965

/196

6

1967

/196

8

1969

/197

0

1971

/197

2

1973

/197

4

1975

/197

6

1977

/197

8

1979

/198

0

1981

/198

2

1983

/198

4

1985

/198

6

1987

/198

8

1989

/199

0

1991

/199

2

1993

/199

4

1995

/199

6

1997

/199

8

1999

/200

0

2001

/200

2

2003

/200

4

2005

/200

6

2007

/200

8

Mill

ion

de to

nnes Mäis

Blé

Riz

Orge+Sorgho

Exponentiel (Mäis)

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16

Graphique n° 13

Consommation "non-animale" de maïs

0

20,000

40,000

60,000

80,000

100,000

120,000

1960

/196

1

1962

/196

3

1964

/196

5

1966

/196

7

1968

/196

9

1970

/197

1

1972

/197

3

1974

/197

5

1976

/197

7

1978

/197

9

1980

/198

1

1982

/198

3

1984

/198

5

1986

/198

7

1988

/198

9

1990

/199

1

1992

/199

3

1994

/199

5

1996

/199

7

1998

/199

9

2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

Mill

ions

de

tonn

es

Etats-Unis

Chine

Reste du monde

Afrique Sub-Saharienne

Graphique n°14

Consommation de céréales en Chine (échelle logarith mique)

10,000

100,000

1,000,000

1960

/196

1

1962

/196

3

1964

/196

5

1966

/196

7

1968

/196

9

1970

/197

1

1972

/197

3

1974

/197

5

1976

/197

7

1978

/197

9

1980

/198

1

1982

/198

3

1984

/198

5

1986

/198

7

1988

/198

9

1990

/199

1

1992

/199

3

1994

/199

5

1996

/199

7

1998

/199

9

2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

1000

tonn

es Maïs

Riz

Blé

Exponentiel (Maïs)

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17

Graphique n°15

Consommation de céréales en Inde (échelle logarithm ique)

1

10

100

1960

/196

1

1962

/196

3

1964

/196

5

1966

/196

7

1968

/196

9

1970

/197

1

1972

/197

3

1974

/197

5

1976

/197

7

1978

/197

9

1980

/198

1

1982

/198

3

1984

/198

5

1986

/198

7

1988

/198

9

1990

/199

1

1992

/199

3

1994

/199

5

1996

/199

7

1998

/199

9

2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

Mill

ion

de to

nnes

Maïs

Riz

Blé

Exponentiel (Maïs)

Exponentiel (Riz)

Exponentiel (Blé)

Graphique n°16

Production de grains

0

100,000

200,000

300,000

400,000

500,000

600,000

700,000

800,000

900,000

1960

/196

1

1962

/196

3

1964

/196

5

1966

/196

7

1968

/196

9

1970

/197

1

1972

/197

3

1974

/197

5

1976

/197

7

1978

/197

9

1980

/198

1

1982

/198

3

1984

/198

5

1986

/198

7

1988

/198

9

1990

/199

1

1992

/199

3

1994

/199

5

1996

/199

7

1998

/199

9

2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

Maïs

Blé

Riz

Soja

Exponentiel (Blé)

Exponentiel (Maïs)

Exponentiel (Riz)

Exponentiel (Soja)

Tendance du maïs

Tendance du blé

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18

Graphique n°17

Production de blé

0

20,000

40,000

60,000

80,000

100,000

120,000

140,000

160,000

180,000

200,000

1960

/196

1

1962

/196

3

1964

/196

5

1966

/196

7

1968

/196

9

1970

/197

1

1972

/197

3

1974

/197

5

1976

/197

7

1978

/197

9

1980

/198

1

1982

/198

3

1984

/198

5

1986

/198

7

1988

/198

9

1990

/199

1

1992

/199

3

1994

/199

5

1996

/199

7

1998

/199

9

2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

China, Peoples Republic of

European Union

Former Soviet Union - 12

India

United States

Reste du monde

Exponentiel (Reste du monde)

Graphique n°18

Production de riz

0

50,000

100,000

150,000

200,000

250,000

1960

/196

1

1962

/196

3

1964

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5

1966

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7

1968

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9

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1

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/197

3

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/197

5

1976

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7

1978

/197

9

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1

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3

1984

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5

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7

1988

/198

9

1990

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1

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/199

3

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5

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7

1998

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9

2000

/200

1

2002

/200

3

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/200

5

2006

/200

7

China, Peoples Republic of

India

United States

Reste du monde

Exponentiel (Reste du monde)

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Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire - GISA

Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008

19

Graphique n°19

Production de maïs

0

50,000

100,000

150,000

200,000

250,000

300,000

350,000

1960

/196

1

1962

/196

3

1964

/196

5

1966

/196

7

1968

/196

9

1970

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1

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/197

3

1974

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5

1976

/197

7

1978

/197

9

1980

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1

1982

/198

3

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5

1986

/198

7

1988

/198

9

1990

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1

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/199

3

1994

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5

1996

/199

7

1998

/199

9

2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

China, Peoples Republic of

European Union

Former Soviet Union - 12

India

United States

Reste du monde

Exponentiel (Reste du monde)

Graphique n°20

Production de soja

0

20,000

40,000

60,000

80,000

100,000

120,000

140,000

160,000

1986

/198

7

1987

/198

8

1988

/198

9

1989

/199

0

1990

/199

1

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/199

2

1992

/199

3

1993

/199

4

1994

/199

5

1995

/199

6

1996

/199

7

1997

/199

8

1998

/199

9

1999

/200

0

2000

/200

1

2001

/200

2

2002

/200

3

2003

/200

4

2004

/200

5

2005

/200

6

2006

/200

7

2007

/200

8

Chine

Etats-Unis

Reste du monde

Exponentiel (Reste du monde)

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Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire - GISA

Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008

20

Graphique n°21

Stocks de blé en mois de consommation mondiale

0

0,5

1

1,5

2

2,5

1960

/196

1

1962

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3

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5

1966

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7

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5

1976

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7

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1

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1996

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1998

/199

9

2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

Chine

UE

USA

Inde

Graphique n°22

Stocks de maïs en mois de consommation

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

3,5

1960

/196

1

1962

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3

1964

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5

1966

/196

7

1968

/196

9

1970

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1

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3

1974

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5

1976

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7

1978

/197

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1980

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5

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7

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1992

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1996

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1998

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2000

/200

1

2002

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2006

/200

7

Chine

UE

Etats-Unis

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Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire - GISA

Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008

21

Graphique N° 23

Blé: Ratio "part dans le stockage mondiale"/"part d ans la consommation mondiale"

0

1

2

3

4

5

6

1970

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1

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3

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1980

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1984

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1986

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1998

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2000

/200

1

2002

/200

3

2004

/200

5

2006

/200

7

Etats-Unis

EU

Chine

Graphique N°24

Maïs : Ratio part dans les stockage mondial/part da ns la consommation mondiale

0

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

4

4.5

1960

/196

1

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1968

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1970

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5

1976

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7

1978

/197

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1980

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1

1982

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3

1984

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5

1986

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7

1988

/198

9

1990

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1996

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7

1998

/199

9

2000

/200

1

2002

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3

2004

/200

5

2006

/200

7

Etats-Unis

EU

Chine

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Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire - GISA

Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008

22

Graphique n° 25

Chine : consommation de céréales

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

1960

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1

1963

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/196

7

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0

1972

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3

1975

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6

1978

/197

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2

1984

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8

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1993

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1996

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7

1999

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0

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2005

/200

6

2008

/200

9

Corn Feed

Corn Food

Corn DomesticConsumption

Rice, MilledDomesticConsumptionWheat Feed

Wheat Food

WheatDomesticConsumptionCerealsDomesticConsumptionCereals Feed

Graphique n° 26

Inde : consommation de céréales

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

200

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62/1

963

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967

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971

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987

1988

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2008

/200

9

Corn Feed Dom.Consumption (1000 MT)

Corn FSI Consumption(1000 MT)

Corn DomesticConsumption (1000 MT)

Rice, Milled DomesticConsumption (1000 MT)

Wheat Feed Dom.Consumption (1000 MT)

Wheat FSI Consumption(1000 MT)

Wheat DomesticConsumption (1000 MT)

Cereals DomesticConsumption (1000 MT)

Cereals Feed Dom.Consumption (1000 MT)

Page 23: Préambule : pourquoi approfondir l'analyse des causes de ... · toutefois ne touche pas tous les produits et demeure en deçà des niveaux atteints lors de la crise alimentaire des

Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire - GISA

Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008

23

Graphique n° 27 Brésil : consommation de céréales

0

10

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30

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70

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963

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967

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70/1

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975

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719

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82/1

983

1984

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519

86/1

987

1988

/198

919

90/1

991

1992

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319

94/1

995

1996

/199

719

98/1

999

2000

/200

120

02/2

003

2004

/200

520

06/2

007

2008

/200

9

Corn Feed

Corn Food

Corn Dom.Cons.

Rice Dom.Cons.

Wheat Feed

Wheat Food

Wheat DomCons.

Cereals Dom.Cons.

Feed Dom.Consumption

Graphique n° 28 Evolution des surfaces en blé des grandes régions du monde

0

10

20

30

40

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Wheat Area Harvested (1000 HA) EastAsia

Wheat Area Harvested (1000 HA)European Union

Wheat Area Harvested (1000 HA)Former Soviet Union - 12

Wheat Area Harvested (1000 HA) NorthAmerica

Wheat Area Harvested (1000 HA)South America

Wheat Area Harvested (1000 HA)South Asia

Wheat Area Harvested (1000 HA) Sub-Saharan Africa

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Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire - GISA

Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008

24

Graphique n°29 : Evolution des surfaces en riz des grandes régions du monde

0

10

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/196

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6

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9

1981

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2

1984

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5

1987

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1990

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1

1993

/199

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/199

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0

2002

/200

3

2005

/200

6

2008

/200

9

Rice, Milled Area Harvested(1000 HA) East Asia

Rice, Milled Area Harvested(1000 HA) South America

Rice, Milled Area Harvested(1000 HA) South Asia

Rice, Milled Area Harvested(1000 HA) Southeast Asia

Rice, Milled Area Harvested(1000 HA) Sub-SaharanAfrica

Page 25: Préambule : pourquoi approfondir l'analyse des causes de ... · toutefois ne touche pas tous les produits et demeure en deçà des niveaux atteints lors de la crise alimentaire des

Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire - GISA

Cirad – Analyse des causes de la hausse des prix alimentaires – 12 mai 2008

25

Graphique n° 29 Les importations de blé

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15

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1966

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0

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1981

/198

2

1984

/198

5

1987

/198

8

1990

/199

1

1993

/199

4

1996

/199

7

1999

/200

0

2002

/200

3

2005

/200

6

2008

/200

9

Wheat MY Imports (1000MT) East Asia

Wheat MY Imports (1000MT) Middle East

Wheat MY Imports (1000MT) South America

Wheat MY Imports (1000MT) Southeast Asia

Wheat MY Imports (1000MT) Sub-Saharan Africa