PRÉAMBULE - Bureau du cinéma et de la télévision du ......avec ses conséquences :...
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PRÉAMBULE
Le monde de l’audiovisuel, ici comme ailleurs, a traversé des révolutions sans précédent
depuis les années 90. La technologie numérique, et les nouveaux champs de créativité
qu’elle offre, ont hâté cette révolution et notre industrie est maintenant profondément
engagée dans l’ère numérique. Le numérique, rappelons-le, fut la rampe de lancement de
cette révolution. Les artisans, producteurs, fournisseurs doivent maintenant composer
avec ses conséquences : transformation totale des outils de production et de diffusion,
réinvention des usages par le citoyen consommateur, éclatement des modèles d’affaires
traditionnels.
Et la dernière salve connue de ces bouleversements, peut-être la plus rapide et la
plus « disruptive » : la mondialisation. En moins d’une décennie, les concurrences, les
modèles de diffusion, les partenaires potentiels et les créateurs de contenu ont cessé
d’être « nationaux » pour devenir mondiaux. L’industrie de l’audiovisuel a non seulement
pris activement part aux développements des technologies numériques des vingt-cinq
dernières années, elle en a été à plusieurs égards une puissante locomotive, à l’origine
d’une suite ininterrompue d’innovations technologiques.
La vitesse de l’envahissement a été telle que les traditionnels « remparts » nationaux sont
tout simplement devenus caducs. Le résultat : il faut réinventer nos modes de
financement, le rôle de l’État dans le soutien à création à la production et très
spécifiquement prendre acte du bouleversement sans précédent intervenu dans les
modes de consommations. Plus encore, il faut inventer une façon de se projeter sur le
monde et d’exporter nos valeurs, nos talents, nos produits culturels et nos visions de ce
monde qui se transforme. L’audiovisuel et la culture seront de formidables ambassadeurs
pour autant que nous identifions promptement les avenues porteuses.
Et pour se doter des moyens, des talents et des ressources, nous devons développer
notre capacité à produire ici des contenus de qualité internationale, poursuivre la création
du cercle vertueux qui permet d’augmenter l’« exportation » de services et ce faisant, se
donner les moyens, les ressources, les infrastructures et les talents pour exporter nos
ambitions et nos créations.
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C’est le défi stimulant de cette industrie qui évolue à l’échelle mondiale dans un « petit
marché » et qui n’a d’autre choix que d’avoir de grandes ambitions.
Depuis deux décennies, notre industrie a su tirer parti des technologies numériques. Elle
a su les intégrer dans ses processus, ses outils, ses compétences. Arrive maintenant la
nouvelle frontière, la plus importante peut-être : créer pour les nouveaux usages
médiatiques et faire face à la nouvelle réalité mondialisée de la culture audiovisuelle.
C’est l’ambition de ce plan stratégique. C’est l’ambition des hommes et des femmes qui
construisent, depuis plusieurs décennies, une industrie audiovisuelle adulée de son
propre public et fière de ses réalisations.
Sylvain Lafrance
Président du conseil d’administration
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REMERCIEMENTS
Un projet d’envergure comme ce document d’orientations stratégiques demande une
collaboration exceptionnelle et efficace de la part de tous ceux qui contribuent, chaque
jour, au succès et au rayonnement de l’industrie audiovisuelle québécoise.
Grâce à cette participation active, ce projet a bénéficié de l’élan nécessaire pour proposer
une vue d’ensemble, pertinente et inspirée, des enjeux auxquels nous devons faire face
et des solutions que nous pouvons leur apporter à court, moyen et long terme.
Nous tenons à remercier tous ceux qui se sont impliqués et ont permis à ce document de
voir le jour. Un remerciement tout spécial est adressé à chacun des intervenants ou des
représentants d’organismes ayant participé à une séance de consultation.
L’Équipe du BCTQ.
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SOMMAIRE EXÉCUTIF
Nous l’avons vu dans le préambule, le monde a changé. Nous croyons le moment bien
choisi pour faire le point sur l’industrie audiovisuelle du Québec. Au cours de la saison
estivale 2016, le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec a mené une importante
consultation auprès de plusieurs leaders de notre industrie1 afin de recueillir leurs
réflexions et commentaires et de prendre, dans un premier temps, la mesure de nos
avancées, souvent remarquables. Le constat est probant. L’avenir de la filière
audiovisuelle du Québec, qui est l’un des piliers de l’économie créative, bénéficie d’une
assise solide : une industrie de classe mondiale répondant aux critères parmi les plus
exigeants. Au Québec se défile la chaîne complète de cette filière et chacun de ses
acteurs doit être considéré au regard de ses spécificités puis, dans une vision d’ensemble,
pour en assurer la cohésion et la solidité.
Dans un second temps, la consultation a également permis de mettre en lumière
l’importance des défis qu’il nous reste à relever pour assurer un rayonnement pérenne
des produits culturels québécois, ici comme à l’étranger. La concurrence que se livrent
les grands réseaux « terrestres » et les nouveaux joueurs over-the-top ou OTT2 (Netflix,
Amazon, Crave, Tou.TV, etc.) stimule la demande pour des contenus audiovisuels
originaux, de grande qualité et distinctifs. Le Québec peut être un élément dynamique de
cette évolution impétueuse des besoins relatifs à la création de contenus. Dans un monde
façonné quotidiennement par la mondialisation, s’offrent à nous des opportunités que
nous devons apprendre à saisir.
Plusieurs des leaders consultés ont soumis des pistes de solutions à cette réflexion
collective. L’objectif de ce document, dans une large mesure, est de partager ces idées,
parfois accompagnées d’une liste de recommandations qui permettront, à termes,
d’améliorer nos performances tant au niveau des investissements nécessaires à la
croissance de notre industrie qu’en termes de développement de notre capacité à évoluer
1 Voir Annexe A pour la liste des personnes rencontrées dans le cadre de cette consultation. 2 Over-the-top services ou OTT : Un service par contournement (ou offre hors du fournisseur d'accès à l'internet ; en anglais over-the-top services) est un service de livraison d'audio, de vidéo et d'autres médias sur Internet sans la participation d'un opérateur de réseau traditionnel (comme une compagnie de câble, de téléphone ou de satellite) dans le contrôle ou la distribution du contenu.
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et à rayonner dans une communauté cinématographique et télévisuelle devenue
planétaire.
L’économie du divertissement se transforme à grande vitesse : l’évolution constante des
outils de production, des pratiques de gestion, des modèles d’affaires, et particulièrement
des avenues de distribution des contenus sont autant de sujets au cœur des
préoccupations recensées au cours de la consultation. Les questions pressantes relatives
à la mise à niveau de l’arsenal fiscal mis à la disposition des acteurs de la filière
apparaissent également prioritaires pour la très grande majorité des dirigeants consultés.
À l’instar des gouvernements fédéral et provincial, qui ont entrepris de vastes
consultations sur une multitude de sujets entourant les valeurs économique et
patrimoniale de notre essence culturelle, le BCTQ refait ce parcours en ciblant
spécifiquement la filière audiovisuelle du Québec. Ce parcours trouve sa source première
dans la reconnaissance et la description de la chaîne de valeur : de la créativité, de la
production d’œuvres audiovisuelles de tous genres et de tous formats. Une chaîne dont
la fonction est de soutenir le développement économique des productions audiovisuelles.
Cette chaîne de valeur n’est pas linéaire, elle se compose de maillons dont il est
nécessaire d’optimiser l’agencement, avec en tête l’objectif de maximiser ses
performances tout en soutenant vigoureusement les efforts visant à valoriser et à
conserver dans une juste mesure la propriété intellectuelle des produits fabriqués au
Québec. Nous devons témoigner de notre volonté d’adaptation à un environnement
mondial en constante mutation et considérer que, désormais, ce mouvement perpétuel
est une composante intrinsèque de nos processus de développement, de production, de
diffusion, de distribution et de décision.
Le génie de nos artisans, l’esprit créatif de nos entrepreneurs, un sens de l’innovation
reconnu mondialement et des outils de développement économique adaptés aux besoins
d’un rayonnement national et international sont autant de facteurs qui permettront de
forger la personnalité des marques « Montréal » et du « Québec ». Alors, nous devrons
tous poursuivre un objectif commun : promouvoir le rôle et le caractère distinctif de ces
deux locomotives pour assurer une meilleure cohésion, clairement établir leurs fonctions
économiques et ce faisant, orchestrer une diffusion à grande échelle.
Enfin, dans la foulée de cette volonté de croissance et des commentaires reçus lors de la
consultation, il ressort clairement que le développement économique de notre industrie
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dans son ensemble implique une transversalité coordonnée des expertises ministérielles
faisant en sorte que des enveloppes conséquentes en provenance des ministères de la
culture, de l’économie, et des finances notamment, soient réservées et consenties aux
initiatives menées par des entreprises et organisations œuvrant dans le domaine de
l’audiovisuel et dont les projets visent très spécifiquement la croissance économique de
l’industrie. Rappelons que les infrastructures dédiées à cette industrie sont à la base de
l’expansion industrielle et qu’à terme, toutes les composantes de l’industrie profitent de
ces investissements et de la croissance qui s’y rattache.
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TABLE DES MATIÈRES
PRÉAMBULE ......................................................................................................................................2
REMERCIEMENTS ..............................................................................................................................4
SOMMAIRE EXÉCUTIF .......................................................................................................................5
TABLE DES MATIÈRES .......................................................................................................................8
LÉGENDE ...........................................................................................................................................9
1. LA CHAÎNE DE VALEUR DES INDUSTRIES CRÉATIVES ............................................................. 10
2. DÉFINIR NOS AMBITIONS ...................................................................................................... 12
3. DOCUMENTER L’INDUSTRIE .................................................................................................. 12
4. INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS : NOS CAPACITÉS D’ACCUEIL .............................................. 14
4. 1. Tournages étrangers ...................................................................................................... 14
4. 2. Effets visuels .................................................................................................................. 15
4. 3. Animation ...................................................................................................................... 16
4. 4. Nouveaux marchés potentiels de l’ère numérique ....................................................... 17
4.4. 1. Innovation : Réalité virtuelle / Réalité augmentée ............................................... 17
4.4. 2. Enregistrement sonore .......................................................................................... 18
5. MAIN-D’ŒUVRE ..................................................................................................................... 19
5. 1. Effets visuels / Animation .............................................................................................. 20
5. 2. Accueil de tournages étrangers Live Action .................................................................. 21
6. PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE.................................................................................................. 22
7. COPRODUCTION ENTRE PARTENAIRES D’AFFAIRES INTERNATIONAUX ............................... 24
8. COMMERCIALISATION / EXPORTATION ................................................................................ 25
9. DIFFUSION ET DISTRIBUTION DES CONTENUS ...................................................................... 28
10. FINANCEMENT : ADAPTER L’ARSENAL FISCAL ................................................................... 30
10. 1. Crédits d’impôt .......................................................................................................... 30
10. 2. Services de production .............................................................................................. 31
10. 3. Capital de risque ........................................................................................................ 32
10. 4. Critères d’accès au financement ............................................................................... 34
10. 5. Étude .......................................................................................................................... 34
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11. INNOVATION ..................................................................................................................... 35
11. 1. Réalité virtuelle/augmentée (RV/RA) ........................................................................ 35
11. 2. Production web ......................................................................................................... 36
12. LE RÔLE DU BCTQ : SYNTHÈSE DES SUGGESTIONS ............................................................ 37
13. CONCLUSION/RECOMMANDATIONS ................................................................................ 38
ANNEXE A – CONSULTATION : LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES ......................................... 40
ANNEXE B – CONSULTATION : LISTE DES SUJETS .......................................................................... 41
LISTE DE RÉFÉRENCES .................................................................................................................... 43
BIBLIOGRAPHIE THÉMATIQUE ....................................................................................................... 44
LÉGENDE
Au sein de ce document, l’utilisation du symbole ci-contre marquera la présence d’une
recommandation ou d’un commentaire. Tous les commentaires et recommandations
désignés dans le texte pourront être retrouvés en conclusion au sein d’un tableau
récapitulatif.
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1. LA CHAÎNE DE VALEUR DES INDUSTRIES CRÉATIVES
L’un des principaux défis de la filière est sans contredit de comprendre et d’identifier les
mécanismes par lesquels se gèrent les multiples interactions entre les acteurs d’une
même chaîne, communément nommée chaîne de valeur.
D’un côté, on note que la technologie numérique est responsable d’une rupture de cette
chaîne de valeur, et de l’autre on voit émerger une nouvelle chaine où les plateformes
intègrent les activités d’édition et de distribution aux consommateurs.
Sans nier l’effet perturbateur de la technologie numérique, nous sommes plutôt d’avis que
cette dernière n’a pas créé de rupture, mais plutôt fait émerger de nouveaux liens dans
cette chaîne. De linéaire qu’elle était, elle est devenue transversale et
multidimensionnelle. La technologie numérique est ce milieu qui devient ainsi un maillon
parallèle à l’ensemble. Savoir le reconnaître nous permettra de mieux l’utiliser pour
améliorer son efficacité.
Source : Kancel, Serge, Jérôme Itty, Morgane Weill et Bruno Durieux. « L’apport de la culture à l’économie en France ». Inspection générale des affaires culturelles. France : Ministère de la culture et de la communication, République française. 2014.
11
Nous l’avons évoqué en introduction, le numérique transforme en profondeur et de façon
disruptive les usages et les modes de consommation des produits culturels industriels. Si
le premier segment impacté est celui de la distribution/diffusion, le secteur de la création
l'est également par l’apparition de nouveaux modèles économiques permettant aux
créateurs de s’affranchir partiellement du financement par les « éditeurs » (chaînes de
télévision, éditeurs de jeux vidéo, etc.). Une part de la valeur ajoutée s'en trouve captée
par les plateformes numériques chargées de l’intermédiation entre les créateurs et les
consommateurs (Apple, Google, Amazon, etc.), les mettant en position de force pour
attirer les ressources publicitaires et pour imposer leurs conditions aux créateurs3.
C’est précisément la qualité et la fluidité de ces interactions qui permettront à terme de
maximiser les performances de l’ensemble. Dans cette perspective, il est à prévoir que
les pratiques et les ententes contractuelles qui ont contribué à ce jour à maintenir le relatif
équilibre entre les acteurs de cette chaîne sont appelées à se transformer de manière à
refléter les nombreux changements, notamment ceux observés au chapitre de la conduite
des affaires. Notre consultation démontre clairement que certaines ententes
contractuelles liant les divers acteurs apparaissent comme un frein. Le traditionnel
équilibre industriel historique ne favorise pas la pleine valorisation des propriétés
intellectuelles et ne fait plus consensus. D’une part, on protège les acquis du modèle
actuel tandis que, d’autre part, on cherche à financer des efforts légitimes de rayonnement
accru sur les marchés étrangers. Les discussions permettant de moderniser les relations
industrielles doivent s’engager sans délai. Des solutions existent, le temps file, et la
transition vers de nouveaux modèles doit être orchestrée, potentiellement modélisée et, à
terme, faire l’objet d’une proposition de rééquilibrage du partage de la propriété
intellectuelle.
3 Kancel, Serge, Jérôme Itty, Morgane Weill et Bruno Durieux. « L’apport de la culture à l’économie en France ». Inspection générale des affaires culturelles. France : Ministère de la Culture, République française. 2013.
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2. DÉFINIR NOS AMBITIONS
D’emblée, nous cherchons à accroître le volume de production de l’industrie. Pour y
arriver, nous privilégions les axes de développement suivants : élargir nos auditoires à
l’extérieur de nos frontières et augmenter notre capacité d’accueil relativement aux
investissements étrangers.
Nous sommes aussi d’avis que pour atteindre nos objectifs, tout ambitieux qu’ils soient,
nous devrons accélérer la mutation déjà engagée des écosystèmes propres à chacun des
secteurs composant la filière audiovisuelle du Québec. Plus spécifiquement, nos
objectifs devront obtenir l’adhésion enthousiaste de nos membres et les modes de
financement de l’industrie devront s’adapter à l’évolution des pratiques de production et
de diffusion, notamment à la commercialisation internationale d’œuvres culturelles
produites au Québec et pour lesquelles nous détenons la propriété intellectuelle.
Nous envisageons même qu’il soit aussi nécessaire d’entreprendre une réflexion sur une
éventuelle consolidation de l’industrie audiovisuelle et sur son potentiel à faire l’acquisition
d’entreprises étrangères dans l’objectif de favoriser son expansion à l’échelle
internationale.
C’est dans cet esprit que les sections suivantes décrivent l’état de l’industrie, présentent
les commentaires les plus consensuels faits lors des consultations ou décrivent
brièvement les orientations privilégiées par le BCTQ en fonction des opinions exprimées
mais également au regard de ses propres études publiées au cours des deux dernières
années.
Nos objectifs seront ensuite rattachés à des plans d’action mesurables élaborés à partir
de données factuelles validées par les partenaires de l’industrie.
3. DOCUMENTER L’INDUSTRIE
Étendre l’empreinte audiovisuelle des créateurs québécois nécessite que nous prenions
la mesure de ce qu’elle est présentement. Sa valeur se décline en deux qualifications : la
première est la valeur patrimoniale et la seconde, la valeur économique. La valeur
patrimoniale est celle à laquelle on attache généralement notre relation identitaire. C’est
en fait l’héritage commun d’une collectivité. Elle n’est pas parfaitement indépendante de
la valeur économique, car on la reconnaîtra et la protégera par le biais de la propriété
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intellectuelle des œuvres créées et des droits moraux qui y sont associés. Or, la propriété
intellectuelle d’une œuvre est ce qui permet d’en tirer profit autant à long terme qu’à court
terme et donc de transformer un bien culturel en moteur économique.
La valeur économique à court terme des œuvres audiovisuelles au Québec en 2015-2016
est détaillée au dernier bilan du BCTQ4. Les principales données sont les suivantes : les
productions comptent un volume d’affaires annuel total de 1.5 milliard $5 dont 20%
retournent dans les coffres de l’État. Plus de 33 000 emplois au Québec sont liés à ces
productions. Rappelons que plus de 7000 jours de tournage sont effectués annuellement
au Québec et que près de 700 le sont pour des productions étrangères, soit 10% du total.
Les informations ci-dessus ont fait l’objet d’études spécifiques, et, de manière générale,
le BCTQ estime que l’expertise québécoise et ses possibilités d’expansion doivent
reposer sur des données factuelles, résultant d’études à venir permettant de :
• mieux planifier nos initiatives;
• mesurer les risques potentiels;
• identifier les volumes d’affaires associés aux secteurs que nous voulons
développer;
• aiguiller l’industrie sur des opportunités d’affaires à saisir;
• mesurer le rendement des différents incitatifs fiscaux en tenant compte de
l’ensemble des retombées et ce faisant;
• pondérer ces résultats en présentant des comparatifs justes et documentés en
regard des investissements consentis par le Gouvernement dans des secteurs
comparables.
À ce chapitre, les éléments recensés dans la consultation suggèrent de documenter
plusieurs sujets, notamment : les retombées économiques (dépenses directes &
indirectes) associées aux crédits d’impôts, un guide d’accès aux rouages du financement
privé, les enjeux financiers associés à la production locale sur toute plateforme non-
traditionnelle et enfin, une mise à jour des conditions générales de production et de
financement des contenus destinés spécifiquement au public québécois (film et
télévision).
4 Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Bilan d’activités 2015-2016. Montréal. 2016. 5 Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Le développement de la filière audiovisuelle du Québec : Créer de la valeur en exploitant nos actifs et en faisant rayonner notre talent ici et à l’étranger. Montréal. 2015.
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4. INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS : NOS CAPACITÉS
D’ACCUEIL
Plusieurs segments d’affaires composent cette importante portion des activités du BCTQ.
Par souci de clarté nous allons traiter chacun de ces segments de manière autonome,
sachant que les objectifs et les stratégies de croissance propres à chacun diffèrent en
fonction de nos capacités d’accueil, des incitatifs disponibles, des investissements
consentis et de la nature même de l’activité.
4. 1. Tournages étrangers
La croissance du volume de dépenses directes effectuées au Québec pour des tournages
étrangers s’est effectuée depuis 2009 au gré de cycles peu prévisibles, car souvent liée
au fait d’accueillir ou non un blockbuster à Montréal. Depuis 2015 toutefois, avec ou sans
ces méga-productions, nous atteignons grâce à une plus grande diversité de produits un
seuil appréciable se situant aux alentours de 300M$ annuellement. C’est à partir de ce
seuil qu’il nous faut envisager une importante croissance afin de saisir l’opportunité de
bonifier la capacité d’accueil nord-américaine - une indication reçue des grands studios
américains lors de notre dernière mission commerciale en septembre 2016. Ce faisant,
nous pourrions concurrencer le volume d’affaires de notre voisine, l’Ontario (763M$ en
2015) :
Source : Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Bilan d’activités 2015-2016. Montréal, 2016.
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L’objectif, sur un horizon de trois à cinq ans, est d’augmenter ce volume d’affaires à
700M$. Cet objectif est atteignable en augmentant notre capacité d’accueil en termes
d’infrastructures, de main-d’œuvre et en diversifiant nos efforts de sollicitation auprès des
grands studios, des producteurs indépendants, mais aussi auprès des grands producteurs
de téléséries haut de gamme, segment en très forte croissance motivé par l’arrivée sur
les grands marchés de nouveaux joueurs (OTT6).
À ce titre, il est nécessaire d’accélérer le soutien accordé à l’augmentation de nos
capacités d’accueil (infrastructures), de former une main-d’œuvre qualifiée et disponible
et de permettre au BCTQ d’augmenter de manière significative la fréquence, l’envergure
et la diversité de ses missions commerciales à l’étranger, et plus spécifiquement aux
États-Unis. Un volume d’affaires de 700M$ annuellement aura pour effet de générer du
travail additionnel dans de nombreux secteurs de notre industrie, notamment en effets
visuels, en réalité virtuelle et dans le secteur encore embryonnaire de l’enregistrement de
trame sonore pour le film et la télésérie.
4. 2. Effets visuels
Les chiffres du secteur des effets visuels ne sont pas nouveaux mais il importe de se les
remettre à l’esprit : une croissance moyenne annuelle de 27% par année depuis 2009,
soit de 42M$ à 216M$ de volume d’affaires en 2015! Peu de secteurs connaissent une
pareille croissance et surtout, soutenue sur une aussi longue période.
Le Québec est l’un des pôles d’effets visuels les plus performants au monde; un lieu
incontournable pour une exécution de grande classe où la diversité et la qualité des
ressources disponibles sont au rendez-vous, et un écosystème qui procure une plus
grande valorisation de chaque dollar investi en production.
6 Over-the-top services ou OTT : Un service par contournement (ou offre hors du fournisseur d'accès à l'internet ; en anglais over-the-top services) est un service de livraison d'audio, de vidéo et d'autres médias sur Internet sans la participation d'un opérateur de réseau traditionnel (comme une compagnie de câble, de téléphone ou de satellite) dans le contrôle ou la distribution du contenu.
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Évidemment une pareille croissance a entrainé des problématiques de main-d’œuvre,
aussi nos efforts doivent-ils se concentrer, comme vous pourrez le constater dans le plan
d’action détaillé au chapitre de la main-d’œuvre, sur une plus grande fluidité dans le
traitement des permis de travail accordés aux talents étrangers, sur une meilleure
adéquation « formation / besoins du marché », et sur l’augmentation de la capacité de
formation de la main-d’œuvre via les établissements d’enseignement existants ou
l’attraction de nouvelles écoles étrangères reconnues mondialement, venant ainsi soutenir
la croissance et ajouter à la profondeur et à la crédibilité de l’écosystème que nous
développons.
4. 3. Animation
L’animation est un sujet de prédilection pour souligner une fois de plus l’importance de
valoriser notre propriété intellectuelle.
Dans le cadre précis de l’investissement étranger, nos recommandations se portent vers
un maintien du soutien de l’apport extérieur dans une perspective d’investissements
étrangers en conciliation avec les efforts intérieurs visant au développement de produits
nationaux ayant un fort potentiel de rayonnement sur les grands marchés. Ces objectifs
distincts ne sont pas incompatibles mais nos gouvernements doivent reconnaitre et
valoriser sans délai l’aspect industriel des processus de production associés à ce segment
Source : PWC. Étude d’évaluation du potentiel du secteur des effets visuels (VFX) au Québec, Montréal, 2014. et BCTQ. Bilan d’activités 2015-2016. Montréal, 2016.
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porteur de notre industrie. Un secteur qui, comme plusieurs autres dans l’industrie
audiovisuelle du Québec, se sent parfois à l’étroit dans son écrin culturel. Le ministère de
la Culture ne dispose pas actuellement des enveloppes dont disposent d’autres secteurs
de développement économique dont les performances sont comparables; un sujet
pressant sur lequel il existe une convergence de point de vue dans l’industrie. Nous
l’avons déjà évoqué, le développement économique de notre industrie dans son ensemble
implique une transversalité des expertises ainsi que des investissements
gouvernementaux conséquents en provenance des ministères de la culture, de
l’économie, et des finances.
4. 4. Nouveaux marchés potentiels de l’ère numérique
L’enthousiasme, le dynamisme et la volubilité des acteurs de l’innovation nous rassurent
et nous informent sur la profondeur des réflexions engagées. Encore là, les consultations
aiguillent le Bureau sur deux secteurs de développement en soutien à la croissance de
l’économie audiovisuelle.
4.4. 1. Innovation : Réalité virtuelle / Réalité augmentée
Dans une étude publiée en février dernier, nous répondions favorablement à la question
suivante : pouvons-nous envisager la création d’un pôle d’excellence en réalité
augmentée (RA) et réalité virtuelle (RV) au Québec?
Afin de concrétiser cette ambition, la filière audiovisuelle québécoise se doit d’encourager
la mise en place rapide de mesures structurantes, telles que des incitatifs fiscaux, le
regroupement des forces en présence et la formation d’une main-d'œuvre de haute qualité
pour tirer profit d’une croissance à venir vraisemblablement spectaculaire. En effet, selon
IDC Research7, le marché combiné de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle
pourrait atteindre près de 162 G$ US d’ici 2020 (les analystes anticipent que des millions
d’usagers privilégieront la réalité augmentée car elle permet de fonctionner dans l’univers
réel).
7 Worldwide Revenues for Augmented and Virtual Reality Forecast to Reach $162 Billion in 2020, According to IDC - prUS41676216 http://www.idc.com/getdoc.jsp?containerId=prUS41676216
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Un plan d’action détaillé des mesures à mettre en place pour concrétiser le
développement de ce pôle d’excellence pourra être retrouvé au chapitre consacré à
l’innovation. Sous le leadership du BCTQ, plusieurs de ces recommandations sont
actuellement en cours de réalisation.
Dans le cadre précis de l’investissement étranger, les efforts doivent se concentrer sur le
démarchage de grandes sociétés internationales afin de les inciter à développer leurs
projets au Québec, attirant ainsi de nouveaux capitaux au sein de cette industrie en pleine
expansion.
4.4. 2. Enregistrement sonore
En collaboration avec la Guilde des Musiciens et Musiciennes du Québec, des
représentants de l’OSM, des compositeurs et des ingénieurs du son de plusieurs maisons
réputées à Montréal, le BCTQ a travaillé au cours des derniers mois sur le projet de
développer à Montréal un écosystème d’enregistrement de musique destiné à la
production audiovisuelle8. Celui-ci s’inscrit dans une perspective de développement
économique de la filière audiovisuelle du Québec et a été développé conjointement avec
les grands acteurs du milieu.
Montréal possède déjà des infrastructures de tournage et de création d’effets visuels
répondant aux standards les plus élevés de la grande industrie du divertissement. L’ajout
de cette offre de service spécialisée aux infrastructures existantes permettra à Montréal
de développer un positionnement concurrentiel unique dans le paysage nord-américain.
Bien que les infrastructures nécessaires existent déjà au Québec, les emplois créés via cette
initiative eux n’existent pas présentement. Pour les compositeurs, les musiciens et tout le
personnel technique qui gravitera autour de cette activité, il s’agit d’une opportunité sans
précédent qui permettra de développer de nouveaux créneaux d’emploi à partir d’une
base de talent déjà reconnue à l’échelle internationale. En effet, la très grande qualité de
nos musiciens et la reconnaissance internationale qu’ils ont déjà, via l’OSM, l’OM et l’OSQ
notamment, offrent à cette initiative un branding hors du commun. Enfin, la collaboration
8 Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Projet : Enregistrement sonore - Productions audiovisuelles. Montréal. 2016.
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avec les facultés de musique de nos grands centres universitaires viendra consolider la
mobilisation de toute la communauté musicale du Québec.
Ce projet est né du désir profond de cette communauté de se déployer et d’emprunter de
nouvelles avenues afin de faire rayonner les talents musicaux d’ici bien au-delà de nos
frontières. Les recommandations : création par la GMMQ d’une grille tarifaire compétitive
et ajustée aux divers formats d’enregistrement, et mise en place d’un incitatif financier sur
la main-d’œuvre apparenté à celui disponible en effets visuels et spécifiquement associé
à cette nouvelle activité. Cet incitatif pourrait être consenti via le soutien d’un projet pilote
visant à démontrer la viabilité et la qualité des retombées en termes d’emplois pour
l’ensemble du secteur.
5. MAIN-D’ŒUVRE
La formation et la disponibilité de la main-d’œuvre sont des enjeux majeurs de nos
sociétés qui se tournent de plus en plus vers l’économie du savoir. Ce sont donc des
enjeux de concurrence internationale. Ce point est très bien exprimé par Klaus Schwab,
fondateur et PDG du Forum Économique Mondial :
Indeed, in a future of rapid technological change and widespread automation, the determining factor – or crippling limit – to innovation, competitiveness, and growth is less likely to be the availability of capital than the existence of a skilled workforce.9
Afin d’assurer le maintien de sa compétitivité sur l’échiquier mondial, le Québec doit donc
soutenir le développement des compétences de sa main-d’œuvre et sa capacité
d’adaptation à travers, d’une part, la formation, et d’autre part, l’attraction de talents.
Les questions de main-d’œuvre se posent actuellement au sein de deux secteurs
importants de la filière audiovisuelle du Québec : les effets visuels/animation et l’accueil
de tournages étrangers « live-action ».
9 Schwab, Klaus. Talent versus Capital in the Twenty-First Century. 13 mai 2015. Récupéré le 2 décembre 2016 de https://www.project-syndicate.org/commentary/talent-capital-economic-growth-by-klaus-schwab-2015-05
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5. 1. Effets visuels / Animation
Cette dynamique du maintien de la compétitivité par le développement de la main-d’œuvre
est actuellement très bien caractérisée par la situation que vivent les entreprises
québécoises d’effets visuels et d’animation. En effet, le Québec a mis en place un
environnement d’affaires propice au développement et à l’implantation de nouveaux
écosystèmes, que ce soit à travers sa politique d’incitatifs fiscaux ou à travers une
politique d’attraction d’investissement étranger. Tel qu’exposé au chapitre précédent, cet
environnement a permis de voir le volume des contrats d’effets visuels passer de 42M$
en 2009 à 216M$ en 2015, soit une croissance moyenne annuelle exceptionnelle de 27%.
Le nombre de travailleurs est, en toute logique, lui aussi en forte croissance. Il est
actuellement estimé à plus de 2 700 et les prévisions sont de près de 5 000 en 2020.
Cependant, cette croissance, qui permet au Québec de maintenant figurer parmi les plus
grands centres mondiaux d’effets visuels et d’animation, s’accompagne d’enjeux cruciaux
de main-d’œuvre :
• Le déséquilibre global entre l'offre et la demande de main-d'œuvre;
• L’offre de formation initiale et de formation continue inadéquate, compte tenu des
besoins du marché du travail;
• Les difficultés d'embauche de travailleuses et de travailleurs immigrants avec des
permis de travail temporaires;
• La composition de la main-d'œuvre, majoritairement contractuelle.
Les solutions sont clairement identifiées par l’industrie10 et il appartient aux entreprises,
aux maisons d'enseignement et aux partenaires publics et privés d’y travailler
conjointement en adoptant les mesures suivantes :
• Stimuler l'intérêt face aux opportunités de carrière dans le secteur des effets
visuels et de l'animation et en faire la promotion auprès des jeunes;
• Développer une offre de formation adaptée aux métiers du secteur des effets
visuels et de l'animation;
• Soutenir l'industrie dans l'aménagement d'une offre de formation continue visant à
développer et à maintenir l'expertise des travailleurs du secteur, même
contractuels;
10 CEM & BCTQ. Diagnostic des besoins de main-d’œuvre et adéquation formation-emploi : Effets visuels et animation. Montréal. 2016. http://www.bctq.ca/cluster-Etudes/?sid=23
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• Faciliter l'accès à la main-d'œuvre immigrante avec des permis de travail
temporaires, et au statut de résident permanent en améliorant l'adéquation entre
les critères d'immigration et les besoins de main-d'œuvre.
Par ailleurs, il est à noter que la forte croissance de la filière, et la visibilité internationale
que celle-ci procure, possède un effet d’attraction et de développement sur les
établissements de formation. Ainsi, deux nouvelles écoles privées françaises se sont
installées au Québec au cours des trois dernières années, tandis que d’autres
établissements canadiens ou internationaux développent eux aussi des projets
d’implantation. De plus, un établissement universitaire public prépare également un projet
d’expansion afin de former plus d’étudiants. Il est essentiel que toutes ces initiatives soient
soutenues par les Ministres de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur car elles
contribuent au renforcement et à la compétitivité de l’écosystème.
5. 2. Accueil de tournages étrangers Live Action
Les enjeux de main-d’œuvre sont aussi directement liés à notre objectif d’augmenter notre
capacité d’accueil en matière de tournages étrangers.
À ce chapitre, face à l’éventualité d’absorber une augmentation importante de volume
d’affaires au cours des prochaines années, les syndicats11 répondent unanimement qu’ils
pourront fournir une main-d’œuvre qualifiée répondant aux standards exigés par
l’industrie. À titre d’exemple et en appui à leur engagement, ils font valoir que, cette année,
plus d’équipes ont travaillé sur de plus petites productions, ce qui a entrainé la formation
d’un nombre accru de techniciens et de superviseurs. Ils assurent que leurs équipes
techniques - tous secteurs confondus - ont accès à des formations répondant aux
exigences des clientèles sollicitées et que les équipes seront compétentes et capables de
soutenir le rythme de travail des productions télévisuelles notamment.
Lorsqu’un surplus de productions est accueilli sur le territoire, les syndicats sont amenés
à former davantage de ressources, ce qui s’effectue via les programmes suivants :
• Un système dit, « des compagnons », où les travailleurs acquièrent de
l’expérience en étant jumelé avec un senior.
11 Les syndicats de travailleurs consultés sur cette question furent les suivants : ACTRA, AQTIS, DGC, IATSE 514, IATSE 667.
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• Des programmes de perfectionnement offerts par l’INIS (mutuelle de formation)
ainsi que des formations didactiques selon les besoins plus spécifiques des
producteurs.
• Une pratique « d’apprenti » pour les métiers plus spécialisés entourant le
maniement de la caméra, et permettant aux travailleurs de se familiariser aux
pratiques et aux subtilités du métier en côtoyant un ou plusieurs professionnels
dans l’exercice de leurs fonctions pendant une plus longue période.
De plus, si un plus grand volume de travail devait se présenter, les syndicats assurent
également qu’ils feront preuve de souplesse relativement aux nouveaux travailleurs, afin
de ne pas placer de barrière empêchant leur entrée dans les équipes. Enfin, il est
également permis à chaque technicien de travailler dans le département qu’il souhaite,
offrant ainsi une certaine flexibilité pour répondre aux besoins des grandes productions.
Autant de mesures permettant de garantir un accueil optimal dans le cadre d’une
augmentation du volume de productions étrangères accueillies par le Québec pour les
prochaines années.
Afin de soutenir cette ambition et les efforts des syndicats, nous recommandons que les
Ministres de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur, en collaboration avec les
diverses institutions qui le composent, mettent en place une stratégie de promotion de la
filière audiovisuelle et de ses divers métiers spécialisés. Assurer l’existence d’une relève
formée, compétente et enthousiaste permettra de soutenir les objectifs de croissance
évoqués au point 4.1 et de maintenir des pratiques répondant aux plus haut standards de
l’industrie.
À l’heure où nous nous interrogeons sur les compétences et la croissance de la main-
d’œuvre dans l’industrie télévisuelle et cinématographique du futur, nous devons garder
à l’esprit que chaque geste que nous posons pour développer l’économie du Québec doit
être accompagné d’une stratégie en matière d’éducation, de formation et d’attraction de
talents, et ce pour l’ensemble des besoins de main-d’œuvre exprimés par les divers
acteurs de la filière audiovisuelle.
6. PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
Nous l’avons déjà évoqué, la propriété intellectuelle des œuvres créées et les droits
moraux qui y sont associés est ce qui permet d’en tirer profit autant à long terme qu’à
court terme et donc de transformer un bien culturel en moteur économique.
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Une œuvre audiovisuelle ne peut se construire, se développer et être déployée que grâce
au concours des auteurs, entrepreneurs, distributeurs et autres diffuseurs. Or, bien que
tous s’entendent sur l’importance stratégique liée au contrôle de la propriété intellectuelle
d’une œuvre, les désaccords se font rapidement sentir quant à la meilleure manière de la
capitaliser mais surtout de la partager entre ceux qui la développent collectivement.
Les diffuseurs sont d’avis qu’ils doivent obtenir une côte-part afin de participer à la vie
économique de l’œuvre et éventuellement, à son développement à l’international dans le
but de maximiser le plein potentiel commercial de l’œuvre.
En effet, dans le sillon des transformations liées au numérique, les diffuseurs font, d’une
part, valoir l’investissement conséquent qu’ils font pour soutenir la mise en marché des
œuvres et, d’autre part, voient leur modèle d'affaires s'effriter lentement et parfois même
brutalement. Les changements réglementaires pour les chaînes spécialisées, la chute des
marchés publicitaires et les nouvelles concurrences rendent fragile les modèles
traditionnels.
Quant aux producteurs, qui aujourd’hui regardent les grands marchés en imaginant des
perspectives d’affaires prometteuses, ceux-ci sont pour le moins contrariés par la perte
de contrôle sur leurs œuvres et, plus spécifiquement, au regard de l’analyse qu’ils font
des efforts consentis par des tiers pour développer et déployer leurs produits sur les
grands marchés à moyen et long terme.
Ces divergences de point de vue mettent justement en lumière la fragilité de l'écosystème
audiovisuel québécois et le besoin de revoir les modèles traditionnels. Nous le verrons
plus en détail dans le chapitre traitant de la commercialisation mais il apparait évident que
la multiplicité des plateformes et la très grande diversité des formats appellent à revoir les
ententes de partage des bénéfices d’exploitation. De nouvelles opportunités d’affaires
apparaissent au fil des développements technologiques, qui stimulent les créateurs de
contenus et explosent les modèles de distribution établis.
Au Québec, les discussions entourant la formulation d’un nouveau partage de la propriété
intellectuelle tardent à se formaliser. La création d’une table de concertation regroupant
les principaux acteurs / détenteurs de PI permettrait de dégager des pistes de solution et
d’engager rapidement une démarche de commercialisation sur de nouvelles bases.
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7. COPRODUCTION ENTRE PARTENAIRES D’AFFAIRES
INTERNATIONAUX
Il existe plusieurs formes de coproduction. Celle dont nous traitons spécifiquement dans
ce document est la coproduction élaborée par des partenaires d’affaires internationaux
utilisant les incitatifs fiscaux disponibles sur leurs territoires respectifs et dont les
montages financiers intègrent au besoin du « capital de risque », donc, sans subvention
directe de l’État autre que les incitatifs fiscaux. La consultation nous indique que certains
producteurs québécois envisagent avec enthousiasme ce type de collaboration visant à
produire des contenus « haut de gamme » destinés spécifiquement aux marchés
internationaux, ce modèle ayant pour objectif de générer un financement plus élevé et
plus diversifié.
Les modèles de montages financiers auxquels nous faisons référence existent déjà,
sachant que le financement privé est l’une des clés de voûte du développement de
l’industrie audiovisuelle dans le monde. Il importe alors de faciliter ce type de partenariat
d’affaires de même que l’accès à du financement diversifié. Les partenaires issus d’autres
pays sont le plus souvent une garantie que la distribution du produit sera envisagée dès
le départ sur plus d’un territoire, offrant ainsi un accès direct et privilégié à des publics
distincts dont les profils correspondent à l’auditoire identifié lors des premières esquisses
du montage financier. À termes, et selon les résultats obtenus auprès des auditoires
ciblés, les partenaires peuvent obtenir l’opportunité d’une distribution multinationale à plus
grande échelle et sur plusieurs plateformes.
Le contexte actuel devrait favoriser ce type d’initiative car le besoin de contenu est en
forte croissance, notamment pour la production télévisuelle fiction « haut de gamme » :
• Demande soutenue par les grands territoires acheteurs : USA, Europe de l’ouest,
Canada;
• Demande croissante provenant des nouveaux marchés : Europe de l’est, Afrique,
Amérique du Sud;
• Explosion de la demande dans des pays à forte croissance économique tels que
la Chine.
Ce faisant, la répartition de la propriété intellectuelle devient un critère prioritaire d’accès
au financement et manifestement un enjeu où son partage est au cœur des négociations.
25
De nombreux pays et territoires ont mis en place diverses initiatives, privées pour la
plupart, de soutien à la commercialisation internationale. Voici, à titre d’exemple, un
schéma des différents services diversifiés et complémentaires d’aide à la
commercialisation existant. Les niveaux de soutien varient de la simple vitrine en ligne à
une implication accrue dans les transactions.
En collaboration avec la SODEC, le BCTQ souhaite favoriser la croissance de projets de
coproductions visant les marchés étrangers via les actions suivantes :
• Mise en place d’un atelier de formation destiné aux producteurs québécois dans
un contexte de coproduction basée sur la participation de partenaires d’affaires
internationaux.
• Création d’un guide recensant les fonds étrangers accessibles aux projets de
coproduction.
• Favoriser la participation du diffuseur à titre de partenaire financier pour la
commercialisation des produits sur les grands marchés
8. COMMERCIALISATION / EXPORTATION
Plusieurs productions audiovisuelles fabriquées ici sont déjà bien établies sur le marché
québécois. Pour nombre de producteurs, la croissance de leur entreprise passe
cependant par un plus grand rayonnement sur les marchés internationaux. Il est donc
Source : Bureau du cinéma et de la télévision (BCTQ). Mise en place d’une structure de soutien à la commercialisation et à l’exportation de productions télévisuelles québécoises : Contexte, enjeux et pistes stratégiques. Montréal. 2016.
et contacts
d’outils promotionnels
stratégique
aux marchés / missions
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nécessaire d’identifier les couloirs donnant accès aux marchés extérieurs tout comme il
est impératif de développer des stratégies efficaces et de mettre en œuvre des actions
mesurables permettant d’atteindre cet objectif à court, moyen et long terme. À l’instar des
scandinaves ou des israéliens, la recherche d’une marque « Québec » originale, de
grande qualité et distinctive s’impose. L’industrie audiovisuelle québécoise devra proposer
des modèles de commercialisation intégrés aux pratiques des grands marchés et
consolider une offre ayant le potentiel de se distinguer sur ces marchés.
La consultation nous indique que les producteurs de films souhaitent poursuivre dans le
cadre actuel de soutien public le chemin déjà engagé vers une plus grande
reconnaissance de leurs produits sur les marchés internationaux. Du côté de la production
télévisuelle de fiction « haut de gamme », toutefois, on valorise une toute autre approche
permettant d’aborder et de modifier la réalité suivante :
Le Canada ne participe actuellement pas à la croissance de la production télévisuelle
nord-américaine.
À la lumière de ce constat, il existe une volonté de l’ensemble des acteurs de l’écosystème
télévisuel de positionner le Québec de façon plus solide sur la scène internationale, en
capitalisant sur l’exportation de contenu original de calibre mondial. Pour ce faire, un
certain nombre de conditions sont à considérer en priorité :
• Développer un contenu de qualité et distinctif;
• Investir et prendre des risques financiers;
• Développer une masse critique suffisante et une continuité dans le temps /
récurrence pour intéresser de grands acheteurs sur une base de long terme;
Source : Bureau du cinéma et de la télévision (BCTQ). Mise en place d’une structure de soutien à la commercialisation et à l’exportation de productions télévisuelles québécoises : Contexte, enjeux et pistes stratégiques. Montréal. 2016.
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• Développer et partager des expertises de pointe au bénéfice de l’ensemble des
partenaires et viser une professionnalisation de l’approche de démarchage, de
représentation et de négociation;
• Développer des relations stables et pérennes avec les grands acheteurs et
distributeurs internationaux;
• Faire connaître la marque « Québec » pour la qualité de ses contenus, son
expertise, ses créateurs et ses talents.
Une condition de succès incontournable : collaborer
La collaboration de toutes les parties prenantes (créateurs, producteurs, distributeurs,
diffuseurs, organismes de financement, etc.) et le développement de partenariats
« gagnants-gagnants » dans une perspective à long terme est essentielle pour aborder
les marchés internationaux, avec comme objectif de maximiser la valeur globale des
propriétés intellectuelles sur l’ensemble de la durée de vie économique des œuvres.
Dans le contexte où le marché d’exportation des contenus télévisuels est en pleine
explosion, la mise en place d’un tel écosystème apparait nécessaire tout autant
qu’urgente. Un marché où la demande est très largement stimulée par de nouveaux
joueurs proposant de nouveaux modèles d’affaires : on pense à Netflix, HBO, Viacom,
Amazon, pour ne nommer que ceux-là.
Actuellement, on observe une domination claire de deux grands territoires : les États-Unis
et le Royaume-Uni, avec plus de 1000 titres exportés annuellement. Quelques territoires
de taille intermédiaire se démarquent par la créativité et la qualité de leurs productions.
Dans cette catégorie, l’exemple d’Israël est probant avec des titres tels que Homeland,
Source : Bureau du cinéma et de la télévision (BCTQ). Mise en place d’une structure de soutien à la commercialisation et à l’exportation de productions télévisuelles québécoises : Contexte, enjeux et pistes stratégiques. Montréal. 2016.
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Rising Star et Hostages notamment. L’ensemble des autres territoires intermédiaires
(France, Pays-Bas, Allemagne, Turquie, Australie et Scandinavie) exportent eux aussi
près de 1000 titres annuellement12.
Afin de prendre notre place dans ce grand marché effervescent, il est indispensable
d’avancer des pistes de solutions pouvant servir de fondement à de nouveaux modèles
d’affaires.
Finalement, quels que soit le ou les modèles retenus par les producteurs soucieux
d’accroitre leurs exportations, ceux-ci devront obligatoirement être adaptés aux pratiques
des grands marchés et faire l’objet d’une stratégie concertée d’expansion industrielle
commerciale.
Afin de réaliser cet objectif, le BCTQ initiera la mise sur pied d’une table de concertation
en collaboration avec la SODEC, l’AQPM et le FMC visant à identifier les solutions les
plus appropriées et les plus prometteuses tout en favorisant un déploiement rapide et
efficace de leur mise en place. Plusieurs pays et territoires sont déjà à pied d’œuvre, et
c’est maintenant que se réorganisent les forces vives du marché.
9. DIFFUSION ET DISTRIBUTION DES CONTENUS
Les œuvres audiovisuelles créées aujourd’hui ont le potentiel d’être transportées et
partagées dans de multiples formats en utilisant des modes de livraison tout aussi
diversifiés. Un atout indéniable qui s’accompagne d’un inconvénient : toutes les
plateformes doivent être couvertes pour assurer la diffusion la plus large possible ou à
défaut, la limitation du nombre de plateformes de diffusion et de distribution devra se
décider grâce une connaissance et un ciblage documenté et efficace de l’auditoire visé.
Plusieurs exemples de « ciblage » déjà en place dans le marché sont à considérer
(iTunes, Netflix, etc.), et ceux-ci nous avisent par exemple du caractère obsolète des
segmentations démographiques de consommateurs telles que pratiquées
traditionnellement. Ainsi la stratégie de Netflix repose-t-elle presque exclusivement sur les
intérêts communs de ses consommateurs13 plutôt que sur leur âge ou situation
12 Bureau du cinéma et de la télévision (BCTQ). Mise en place d’une structure de soutien à la commercialisation et à l’exportation de productions télévisuelles québécoises : Contexte, enjeux et pistes stratégiques. Montréal. 2016. 13 Morris, David Z. Netflix says Geography, Age, and Gender are “Garbage” for Predicting Taste. 27 mai 2016. Récupéré le 5 décembre 2016 de http://fortune.com/2016/03/27/netflix-predicts-taste/
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géographique. Autant de nouvelles pratiques à considérer pour garantir un placement
efficace des produits audiovisuels québécois sur les meilleures plateformes.
Faire notre place dans un environnement concurrentiel
Sachant que plus de 90% du marché mondial des recherches effectuées sur le web est
sous le contrôle de seulement 3 joueurs, il apparait évident que, dans un effort de diffusion
et de distribution des produits fabriqués ici et pour lesquels nous détenons de la propriété
intellectuelle, nous devons également développer voire maîtriser les questions des
algorithmes de recherche sur ces plateformes numériques. Ceci afin d’y occuper un
positionnement concurrentiel tout en préservant un accès et un espace raisonnable pour
la découvrabilité14 de nos produits. Cela implique également de développer une
méthodologie de classement des métadonnées conforme aux objectifs de positionnement
et permettant de cibler avec un maximum d’exactitude les publics visés par les campagnes
de marketing associées aux produits à diffuser. Les grands joueurs vont demeurer mais
nous avons l’obligation de maximiser l’utilisation que nous faisons de leurs services; un
secteur de savoir qu’il nous importe d’approfondir. Quelques groupes spécialisés
réfléchissent actuellement à ces questions. Le BCTQ entend se joindre à l’un d’eux afin
de formuler des recommandations.
Cela étant, la propriété intellectuelle de l’œuvre jouera toujours un rôle de premier plan
lors de la mise en place des stratégies entourant la diffusion et la distribution. À terme,
elle sera partagée, mais ce partage doit être consenti au regard de la meilleure offre de
rendement, par ou pour, un ensemble de territoire et dans le temps. Alors seulement,
l’œuvre aura une valeur économique significative et surtout pérenne.
Présentement, l’accès au financement impose un certain partage de la propriété
intellectuelle qui, dans le contexte de marché précédemment décrit, suscite des
questionnements légitimes de la part des ayants-droits. La nécessité d’évaluer les
méthodes actuelles avec l’objectif de les améliorer engage une réflexion de fonds sur la
14 « Le CRTC l’a souligné dans la décision Parlons télé : la découverte de la programmation canadienne a acquis une importance accrue maintenant que les changements technologiques ont transformé les habitudes de consommation des auditoires et permis à des contenus de toutes origines de contourner le système réglementé de radiodiffusion. Le problème a été nommé : on l’appelle la découvrabilité des contenus. Dans les milieux de la production audiovisuelle, il est souvent considéré comme le défi prioritaire que l’industrie aura à relever au cours de la prochaine décennie. » Fonds des médias du Canada. Découvrabilité, vers un cadre de référence commun. 2016.
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répartition de la propriété intellectuelle des œuvres audiovisuelles. Sur ce sujet de nature
économique, les points de vue sont fermement polarisés et ce, selon la place occupée
dans la chaîne de valeur et évidemment en regard de l’investissement consenti par ceux
qui la développent collectivement.
Tel que recommandé dans le chapitre sur la propriété intellectuelle, il est essentiel que
cette question soit discutée et négociée dans le meilleur intérêt des uns et des autres mais
en gardant à l’esprit que le potentiel économique, associé au plus grand rayonnement et
à la pérennité des œuvres, demeure l’ultime objectif de toute discussion sur le sujet.
10. FINANCEMENT : ADAPTER L’ARSENAL FISCAL
L’unanimité est faite sur la nécessité de revoir le financement public (fédéral et provincial)
lié à l’industrie audiovisuelle au Québec, et ce, à la lumière des évolutions technologiques
et de la transformation subséquente des modèles d’affaires. Cette révision doit se faire en
se fondant sur les méthodes et modalités qui ont fait leurs preuves et ont conservé leur
pertinence au fil du temps, même au cœur de la tempête numérique, et faire table rase
des modalités devenues obsolètes ou peu pertinentes pour les remplacer par d’autres,
plus efficaces.
Certains s’entendent pour demander un élargissement du financement public alors que
d’autres souhaitent une plus grande diversité des sources de financement privé. Avant
même d’entreprendre une étude poussée sur la question, qui pourrait conclure qu’une
réforme fondamentale est nécessaire, nous énumérons ci-dessous les améliorations
ciblées qui ont déjà été identifiées au cours de notre consultation.
10. 1. Crédits d’impôt
Le maintien et la stabilité des crédits d’impôt est unanimement reconnu comme étant la
pièce maîtresse de l’arsenal fiscal au soutien du financement des productions
audiovisuelles. Cependant, de nombreuses améliorations à apporter à son mécanisme
ont été identifiées par les membres de l’industrie.
Au premier chef, la nécessité d’en assurer la prévisibilité à long terme et de les traiter dans
un délai raisonnable et compétitif avec ce qui se fait ailleurs au Canada. Par exemple, un
dossier devrait être traité dans un délai moyen de 90 jours après le dépôt de la demande
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finale, comme c’est le cas en Ontario et Colombie Britannique15 notamment. Il est
également pressant de rétablir la confiance des maisons de production étrangères sur la
base d’avantages fiscaux prévisibles, égaux ou supérieurs à ceux pratiqués dans les
autres provinces. La prévisibilité se définit par 3 paramètres : le quantum à être versé, le
maintien des règles d’éligibilité soumises à une interprétation commune des agences
chargées de l’administrer, et, tel que vu précédemment, le délai à l’intérieur duquel il sera
versé.
10. 2. Services de production
Depuis que le taux effectif du crédit d’impôt remboursable pour services de production
cinématographique et télévisuelle québécois (CISP) a été ramené à 20% en 2014, alors
qu’il est de 21,5% en Ontario, les fournisseurs potentiels de ce segment de notre industrie
ont raffiné leur offre de services et, en collaboration avec le BCTQ, ont diversifié leurs
efforts de ventes afin de prendre acte de l’impressionnante croissance du volume
d’affaires associé à la production télévisuelle haut de gamme. Cela dit, la croissance devra
être soutenue par des mesures additionnelles. À titre d’exemple, voici les mesures mises
en place dans divers pays au cours des six dernières années :
15 Creative BC. “How long does it take to get a refund ?”. FIBC FAQs. Récupéré le 2 décembre 2016 de http://www.creativebc.com/programs/investment-faqs/fibc-faqs#how-long-does-it-take-to-get-a-refund
Observatoire Européen de l’audiovisuel. « Impact Analysis of Fiscal Incentive Schemes ». Revue de presse, Analyse KPMG-SECOR. Décembre 2014.
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Les recommandations qui émanent des consultations sont les suivantes :
• Investissement étranger : Afin de soutenir les efforts de l’industrie, le
gouvernement du Québec pourrait bonifier le pourcentage des CISP sur la base
des deux critères suivants : volumes conséquents (exemple : 50M$ et plus) des
dépenses directes effectuées sur le territoire Québécois et/ou récurrence d’une
franchise ou d’une série revenant pour plusieurs saisons.
• Dans le cas des crédits d’impôts accordés à la production domestique, nous
souscrivons à la proposition de l’AQPM à l’effet que 75 % des sommes devraient
être versées dans les 30 jours suivant le dépôt de la demande.
• La limite sur la masse salariale rend la bonification s’appliquant aux effets visuels
numériques non effective; en effet, si la masse salariale excède 50%, la
bonification ne s’applique plus. Nous recommandons donc que l’on harmonise le
pourcentage des dépenses admissibles avec celui du crédit d’impôt fédéral en
augmentant ainsi le taux de dépenses admissibles de 50% à 60%.
• Le bonus pour les tournages en région devrait être accordé sur la base du cumul
des dépenses effectuées en région et non sur l’unique localisation géographique
des bureaux des producteurs16. Bien que cette question divise les membres de
l’AQPM, il est certainement envisageable de trouver une solution appropriée pour
la région de Québec, seul centre régional de production, et ainsi permettre à la
vaste majorité des autres producteurs de tourner partout au Québec. À défaut
d’ajuster cette bonification, les producteurs montréalais sont condamnés à un
centrisme géographique, les coûts de tournage à l’extérieur de la région de
Montréal étant trop souvent hors de portée.
10. 3. Capital de risque
L’existence de capital de risque pour les productions audiovisuelles est reconnue, mais
l’accès à celui-ci est perçu comme trop contraignant. Nombreux sont ceux qui souhaitent
voir plusieurs de ces fonds consolidés et mieux ciblés, et ainsi repousser à la hausse les
limites de ce financement. Il est aussi à noter qu’il existe actuellement très peu de fonds
étrangers dans la structure de financement des productions francophones.
À titre d’exemple, voici une structure de financement des productions télévisuelles
canadiennes selon la langue. On observe ici clairement que le recours à du financement
étranger est presque inexistant pour les productions en langue française.
16 SODEC. Crédit d’impôt remboursable pour la production cinématographique et télévisuelle québécoise. Mise à jour : 17 Mars 2016.
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Les besoins financiers liés à commercialisation de nos produits se déclinent en trois
catégories :
• Développement : concepts, scénarios, pilotes, tests de contenus
• Production : préventes canadiennes & internationales, investissements des
partenaires, fonds publics / crédits d’impôts
• Commercialisation internationale : Financement d’outils et de matériel
promotionnel pour les productions dont la langue originale est le français
(traduction, doublage d’épisodes, voice over ou sous-titrage, bande annonce en
anglais, adaptation en anglais).
Comme on peut aisément l’imaginer, chacune de ces étapes exige des centaines de
milliers de dollars en investissement. De nombreux frais de démarchage arrivent en amont
pour vendre des concepts à des acheteurs potentiels ou en aval, pour vendre des produits
finis ou des formats. À titre d’exemple, des producteurs québécois actifs à l’international
investissent bon an mal an de 300 à 500 000 $ en développement de leur propre fonds.
Pour un pilote en anglais, les montants sont de 100 à 200 000 $17. Évidemment, d’autres
frais s’ajoutent en regard des étapes décrites ci-dessus.
17 Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Mise en place d’une structure de soutien à la
commercialisation et à l’exportation de productions télévisuelles québécoises : Contexte, enjeux et pistes stratégiques. Montréal, 2016.
Source : Bureau du cinéma et de la télévision (BCTQ). Mise en place d’une structure de soutien à la commercialisation et à l’exportation de productions télévisuelles québécoises : Contexte, enjeux et pistes stratégiques. Montréal. 2016.
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L’idée de créer un fonds multinational majoritairement détenu par des intérêts québécois
est actuellement étudiée par des partenaires de l’industrie. Ce fonds aurait pour objet de
détenir la propriété intellectuelle sur des productions à haute valeur ajoutée, toutes
nationalités confondues, destinées principalement à la vente sur les marchés
internationaux.
10. 4. Critères d’accès au financement
Un autre commentaire récurrent recueilli lors des consultations concerne les règles de
qualifications aux différents programmes fiscaux, qui comportent trop de critères, mal
adaptés, parfois hybrides, qui nuisent occasionnellement à l’efficacité de ces programmes
et à leur application. Cela crée des incertitudes économiques fâcheuses pour l’industrie,
notamment au regard de l’interprétation qui en est faite par les analystes responsables.
Citons par exemple la modification du Règlement de l’impôt sur le revenu (fédéral)
adoptée en octobre 201618 par le gouvernement pour rendre admissible le genre des
émissions « interviews-variétés » (ou talks-shows) au crédit d’impôt pour production
cinématographique ou magnétoscopique canadienne19, éliminant ainsi toute ambiguïté
d’interprétation future pour le BCPAC20.
Rappelons qu’une majorité de ces critères furent établis à une époque révolue où les
fenêtres et les plateformes de diffusion étaient limitées et spécifiquement définies alors
que nous sommes maintenant à une époque où elles sont nombreuses, fluides, et doivent
être flexibles. Une révision en profondeur des critères d’accès au financement doit donc
être entreprise afin de refléter les nouvelles pratiques de l’industrie.
10. 5. Étude
L’optimisation des ressources financières en production audiovisuelle ne pourra se faire
qu’à l’aide d’une étude ciblée sur le sujet. Celle-ci devra faire un inventaire de tous les
financements disponibles. Nous ne pouvons échapper à l’analyse complète de
18 Règlement modifiant le Règlement de l’impôt sur le revenu (productions cinématographiques ou magnétoscopiques, 2016), C.P. 2016-855, DORS/2016-262, le 30 septembre 2016. 19 Brousseault-Pouliot, Vincent. Ottawa rétablit le « crédit d’impôt Bazzo ». La Presse : Montréal. 2016. Récupéré le 2 décembre 2016 de http://www.lapresse.ca/arts/television/201610/08/01-5028692-ottawa-retablit-le-credit-dimpot-bazzo.php 20 Bureau de certification des produits audiovisuels canadiens.
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l’écosystème actuel pour en créer un nouveau qui augmentera l’efficacité, la productivité
et la qualité du travail fait dans notre industrie. Seule une approche consolidée, factuelle
et cohérente pourra soutenir une réelle mise à niveau efficace et profitable de l’arsenal
fiscal.
Il est inévitable qu’une table de concertation sur les outils fiscaux mis à la disposition de
l’industrie audiovisuelle suscitera l’émergence de positions contradictoires. Nous nous
sommes contentés ici de mettre en lumière les points de vue majoritaires des membres
de l’industrie. De toute évidence, un processus et une étude approfondie devront établir
un nouveau modèle en le justifiant. L’anticipation d’un choc des idées ne doit pas nous
retenir mais au contraire nous encourager à suivre cette voie qui nous mènera à
l’émergence d’une organisation commerciale qui proposera – chiffres à l’appui – des
pistes de solutions concrètes facilement applicable visant à soutenir le déploiement des
productions audiovisuelles québécoises sur tous les marchés.
11. INNOVATION
Contrairement à d’autres industries, qui ont raté le virage numérique, l’industrie
audiovisuelle utilise cette technologie à chacune des étapes et dans chaque maillon de la
chaine de production. Alors que nous n’avons pas fini de mesurer les impacts du
numérique et d’explorer son développement, une nouvelle opportunité se présente
maintenant à travers la réalité virtuelle et augmentée (RV/RA).
11. 1. Réalité virtuelle/augmentée (RV/RA)
Par le passé, plusieurs technologies ont été affublées du qualificatif de
« révolutionnaire » : HD, 3D, 4K/8K. Celles-ci étaient pressenties comme vouées à
modifier en profondeur les modes de consommation du contenu audiovisuel, alors qu’elles
ne furent finalement que des améliorations ou des vagues passagères.
Les téléphones intelligents et les tablettes ont eux eu un véritable impact puisque le
contenu est maintenant accessible partout et tout le temps.
La question aujourd’hui est de savoir si la réalité virtuelle/augmentée est la prochaine
révolution qui va bouleverser la consommation de contenus et les modèles d’affaires, et
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36
si le Québec peut être un joueur majeur comme il l’est déjà dans les secteurs des effets
visuels et du jeu vidéo.
Actuellement, plus d’une trentaine d’entreprises québécoises sont déjà engagées dans le
développement de contenus ou de technologies RV/RA pour l’industrie audiovisuelle, et
plusieurs bénéficient d’une reconnaissance internationale. À nouveau, les industries
créatives permettent au Québec de rayonner au-delà de ses frontières et lui offrent
l’opportunité de développer un nouveau créneau économique très porteur, puisque des
milliards de dollars sont investis à travers le monde et que le marché mondial est évalué
à 162 milliards de dollars en 2020.
En plus de ses atouts déjà existants, le Québec doit donc rapidement :
• Développer une expertise poussée en RA/RV à partir de nos piliers industriels
existants: la production audiovisuelle, les effets visuels, l’animation et le jeu vidéo.
• Regrouper toutes les forces en présence au Québec pour présenter une offre de
calibre international et la représenter sur les marchés extérieurs.
• Mettre à jour l’arsenal fiscal du gouvernement afin de saisir une partie de ce
nouveau marché mondial où le Québec peut tirer son épingle du jeu avec des
emplois de qualité et une part de marché enviable.
• Attirer des grandes sociétés internationales qui souhaitent investir dans la
production de contenus immersifs comme ce fut le cas récemment avec le jeu
vidéo et les effets visuels.
• Encourager l’investissement dans la propriété intellectuelle liée à la technologie
immersive notamment dans les secteurs du droit d’auteur, des logiciels et de la
technologie.
Le Québec doit se positionner maintenant sur ce marché qui, au-delà de l’audiovisuel,
aura un impact sur de multiples secteurs (jeux vidéo, santé, formation etc.) et ne pas
laisser cette opportunité se développer ailleurs, car il sera ensuite très difficile de rattraper
notre retard.
11. 2. Production locale sur plateforme non-traditionnelle
Un autre segment innovateur de la production audiovisuelle identifié par l’industrie
concerne le secteur de la production locale sur toute plateforme non-traditionnelle. En
effet, la manière de produire du contenu a très largement évolué depuis l’avènement du
numérique. De plus en plus de jeunes producteurs se tournent aujourd’hui vers ce type
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de contenu car les coûts sont moins important et les intermédiaires entre le contenu et le
consommateur moins nombreux.
Toutefois, bien que connaissant une popularité considérable, ce modèle d’affaire n’est pas
encore défini et même les séries à succès ne génèrent le plus souvent que peu voire pas
de revenus.
Afin de soutenir ce modèle de production, et tel que mentionné dans le chapitre
« Documenter l’industrie », il est donc essentiel de comprendre les modes de financement
et de production et de définir les enjeux économiques associés à ce secteur.
Le BCTQ souhaite démarrer ce chantier au cours des prochains mois en collaboration
avec les organisations déjà impliquées dans une réflexion à ce sujet.
12. LE RÔLE DU BCTQ : SYNTHÈSE DES SUGGESTIONS
Le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec a été fondé il y a maintenant dix ans
et son existence a pour objectif premier de contribuer au développement et à la
compétitivité du Québec comme centre de production multi-écrans de calibre mondial. Les
membres du BCTQ et ses représentants au sein de son conseil d’administration œuvrent
dans les principaux secteurs d’activités composant l’industrie de la production
audiovisuelle au Québec.
Quoique le titre du BCTQ se limite à identifier le « cinéma » et la « télévision » comme
cible de ses activités, dans les faits, le BCTQ fédère toutes les activités professionnelles
qui se rattachent au milieu audiovisuel, peu importe la plate-forme ou le mode de diffusion
choisi par les créateurs. Dans le cadre de son mandat économique, le BCTQ est
solidement engagé avec ses partenaires de l’industrie audiovisuelle québécoise dans la
mise à niveau des pratiques et des modèles d’affaires engendrés par l’évolution des
technologies.
La consultation effectuée ces derniers mois a permis de confirmer le besoin de
collaboration entre tous les acteurs de la filière, et le BCTQ entend bien être un moteur
de cette collaboration. Il existe dans notre industrie, comme dans toutes les autres, des
organisations qui représentent les intérêts particuliers et légitimes de leurs membres. Le
BCTQ, de par son rôle de secrétariat de la grappe audiovisuelle, appréhende les enjeux
de l’ensemble de la chaîne de valeur et tient un rôle de médiateur, de rassembleur. Il n’est
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38
pas en concurrence avec les composantes de l’industrie mais bien au service de son
ensemble pour accompagner son développement, pour la représenter auprès des
institutions publiques et gouvernementales, et pour faire la promotion de son apport
économique et de son importance culturelle.
Ainsi, plusieurs rôles que le BCTQ doit jouer ont été identifiés pour répondre aux attentes
des professionnels de la filière consultés. Certains de ces rôles sont parfaitement
compatibles avec la mission du Bureau tandis que d’autres suggestions l’élargiraient :
• Agir comme médiateur/facilitateur auprès des membres de l’industrie;
• Produire des analyses économiques pertinentes au développement de l’industrie;
• Représenter l’industrie audiovisuelle auprès des instances gouvernementales et
institutionnelles;
• Accueillir les productions étrangères, et aiguiller les acteurs de ce segment sur les
opportunités d’affaires potentielles;
• Développer les marchés étrangers pour divers segments de la filière audiovisuelle
du Québec;
• Initier des discussions visant à élaborer des solutions aux diverses problématiques
que lui soumet l’industrie.
Le contexte et les modèles d’affaires ont été bouleversés depuis la fondation du Bureau
du cinéma et de la télévision du Québec. Le dernier plan stratégique a engagé une
réflexion en profondeur sur l’évolution de sa mission économique et industrielle. Au terme
de deux années d’exécution de ce plan, le BCTQ occupe actuellement une position
privilégiée pour assumer un rôle de représentant pour l’ensemble de la filière. Il entend
déposer au cours des prochains mois un nouveau plan stratégique en alignement avec
son mandat et les attentes exprimées par l’industrie lors de la consultation.
13. CONCLUSION – RECOMMANDATIONS PRINCIPALES
Le BCTQ a pris acte des opinions exprimées dans les consultations et s’en est inspiré afin
de déclencher une réflexion et de dégager des recommandations pour chacun des enjeux
désignés par la table des matières de ce document. Celles identifiées comme principales
sont reproduites dans le tableau ci-après.
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RECOMMANDATIONS PRINCIPALES
1. Accroitre le volume d’investissement étranger
✓ En augmentant de 300 à 700 millions le volume d'affaires des tournages étrangers. ✓ En soutenant la croissance rapide du secteur des effets visuels. ✓ En développant l’expertise associée à l’enregistrement de trames sonores. ✓ En accélérant le soutien à l'augmentation de nos infrastructures. ✓ En favorisant la formation et l’attraction de la main-d’œuvre.
2. Renforcer et consolider notre production domestique
✓ En adaptant les mécanismes de financement à la réalité numérique. ✓ En stimulant la croissance de projets de coproduction visant les marchés étrangers. ✓ En structurant la capacité de commercialisation de nos contenus à l'étranger. ✓ En revoyant le partage de la propriété intellectuelle entre les détenteurs de droits. ✓ En soutenant le développement de l’écosystème de l’animation.
3. Encourager l'innovation dans l'industrie audiovisuelle
✓ En occupant toute notre place dans les technologies émergentes. (ex :RV/RA) ✓ En mettant à jour l'arsenal fiscal pour saisir rapidement ces nouvelles opportunités. ✓ En encourageant l'investissement dans la propriété intellectuelle.
4. Améliorer notre connaissance de l'industrie et l’intelligence d’affaires
✓ En documentant les retombées économiques de l'industrie. ✓ En développant un guide d'accès aux rouages du financement privé. ✓ En documentant les enjeux financiers liés aux nouvelles plateformes de diffusion.
5. Faciliter la découvrabilité des contenus canadiens
✓ En apprivoisant les enjeux liés aux algorithmes et aux métadonnées. ✓ En maximisant l'utilisation de grands moteurs de recherche. ✓ En améliorant notre connaissance des publics visés par nos contenus.
6. Maintenir un environnement fiscal concurrentiel dans un contexte mondialisé
✓ En favorisant une transversalité coordonnée des expertises ministérielles. ✓ En garantissant la prévisibilité des crédits d'impôt. ✓ En s'assurant d’un délai de traitement raisonnable (90 jours). ✓ En favorisant une interprétation commune des agences chargées d'administrer les
programmes.
7. Élargir le rôle du BCTQ pour répondre à ces nouvelles réalités
✓ En agissant comme médiateur/facilitateur auprès des joueurs de la filière. ✓ En produisant les analyses économiques nécessaires. ✓ En adaptant ses actions aux nouveaux enjeux identifiés dans ce document.
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ANNEXE A – CONSULTATION : LISTE DES PERSONNES
RENCONTRÉES
Liste des compagnies rencontrées lors des consultations privées tenues de
juin à août 2016 entre le BCTQ et ses membres.
1. André Bureau – Président du Conseil des gouverneurs – BCTQ
2. AETIOS – Michel Trudeau
3. AQPM – Hélène Messier
4. AQTIS – Jean-Claude Rocheleau
5. ARRQ – Caroline Fortier
6. ATTRACTION Media – Richard Speer
7. BCTM – Daniel Bissonnette
8. Bell – Pierre Rodrigue
9. Cineflix – Sam Berliner
10. Eone – Patrick Roy
11. François Macerola
12. Félix & Paul – Stéphane Rituit
13. FRIMA – Guillaume Aniorté
14. IATSE 514 – Michel Charron
15. IATSE 667 – Christian Lemay
16. Incendo – Jean Bureau
17. MELS – Michel Trudel
18. Mikros – Pascal Laurent
19. MPC / Technicolor – Émilie Dussault
20. ONF – Claude Joli-Coeur
21. Pierre Moreau – BCTQ
22. Pixcom – Jacquelin Bouchard
23. QELP / ACTRA – Kirwan Cox et Anna Scollan
24. Radio-Canada – Louis Lalande
25. RPM (Regroupement des producteurs multimédias) – Manuel Badel
26. SODEC – Monique Simard
27. Sylvain Lafrance – Président du Conseil d’administration, BCTQ
28. Télé Québec – Marie Collin
29. TVA – Julie Tremblay
30. URBANIA – Philippe Lamarre
31. V Media – Maxime Rémillard
32. Video MTL – Andrew Lapierre
33. Zone 3 – Michel Bissonnette
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ANNEXE B – CONSULTATION : LISTE DES SUJETS
Liste des sujets abordés lors des consultations privées tenues de juin à août
2016 entre le BCTQ et ses membres.
Abordabilité des productions pour l’ensemble des citoyens
Algorithmes de recherche numérique
Ambitions de l’industrie
Production anglophone québécoise
Productions sonores associées aux productions audio-visuelles
BCTQ : son rôle, son influence
Branding de l’industrie de l’audio-visuelle québécoise
Capacité de production au Québec
Les limites constitutionnelles associées à la radiodiffusion et à la télécommunication
Créativité
Découvrabilité des productions québécoises sur les plateformes numériques
Distribution des productions québécoise, au Québec et ailleurs, sur toutes les
plateformes
Doublage des productions anglophones
Économie : L’audiovisuel en tant que moteur économique
Économie : L’audiovisuel face aux réalités macro-économiques
Études et rapports en soutien à l’industrie audiovisuelle
Expertise québécoise en audiovisuel, en créativité, innovation, technologie
Exportation des productions québécoises, produits finis ou formats, en français ou en
anglais
Fiscalité comparative : Québec, autres provinces du Canada, autres juridictions
nationales (étranger)
Financements de l’industrie audiovisuelle, public, privé, de risque
Formation permanente de la main-d’œuvre
Formation de base pour la nouvelle main-d’œuvre : amélioration des programmes
d’études professionnels,
Innovations technologique et créatrice
Programmation Jeunesse
Loi sur le statut de l’artiste (LSA)
42
Main d'œuvre : sa disponibilité, le maintien et l’élargissement de son niveau
d’expertise, la préparation et le soutien de sa relève
Propriété intellectuelle (PI), sa valeur patrimoniale et économique pour le Québec
Productions, indépendante, télévision, cinéma, nouveaux formats numériques
originaux, réalité augmentée et virtuelle
Règlementations fédérale et provinciale
Relève de la main-d’œuvre technique et créatrice
Stratégie industrielle de croissance
Structure de l’industrie A-V au Québec
Visibilité de l'industrie A-V québécoise, aux niveaux national et international.
43
LISTE DE RÉFÉRENCES
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Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Le développement de la filière audiovisuelle du Québec : Créer de la valeur en exploitant nos actifs et en faisant rayonner notre talent ici et à l’étranger. Montréal, 2015.
Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Mise en place d’une structure de soutien à la commercialisation et à l’exportation de productions télévisuelles québécoises : Contexte, enjeux et pistes stratégiques. Montréal, 2016.
Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Projet : Enregistrement sonore - Productions audiovisuelles. Montréal, 2016.
CEM & BCTQ. Diagnostic des besoins de main-d’œuvre et adéquation formation-emploi : Effets visuels et animation. Montréal, 2016. http://www.bctq.ca/cluster-Etudes/?sid=23
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télévisuelle québécoise. Mise à jour : 17 Mars 2016.
44
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