Pour une transition énegétique sociale et écologique

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élections présidentielles 2012 J-L.M écologique et sociale alternative une pour Fédérés l’Humain d’abord ! Pour une transition énergétique sociale et écologique Un autre monde est possible ! Participe au

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Position de la FASE sur la question énergétique et le nucléaire

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élections présidentielles 2012 J-L.M

écologiqueetsocialealternativeunepourFédérés

l’Humain d’abord !

Pour une transition énergétique

sociale et écologique

Un autre monde est possible !

Participe au

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« Rien ne sera plus comme avant la catastrophe nucléaire de Fukushima », avons-nous dit, avec beaucoup d’autres, alors que le monde entier découvrait en temps réel l’absence de maîtrise par l’entreprise japonaise Tepco des conséquen-ces du tsunami sur ses centrales nucléaires.

Depuis, après la conférence de Copenhague, celle de Durban vient de montrer une nouvelle fois les limites de la mobilisation mondiale contre le réchauffement climatique : les pays les plus pollueurs refusent d’assumer leurs responsa-bilités historiques ; les questions de l’accès aux droits fondamentaux et de l’égalité face aux biens communs ne sont pas prises en charge so-lidairement par la communauté internationale ; les débats sur l’avenir énergétique de la planète sont insuffisants, et avec la crise économique ils sont relégués au rang de questions secondai-res ; la cause écologique est encore largement déconnectée des enjeux sociaux et humains.

La FASE20 rue Chaudron 75010 - Paris

[email protected]

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Après Fukushima

Après les conférences de

Copenhague et de Durban

Où en sommes-nous ?

QUE FAIRE ?

La transition énergétique, le défi de la cause humaine

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écologiqueetsocialealternativeunepourFédérés

Ecritpardesmilitants issusde sesdifférentes sensibilités1 politiques, cetextedelaFédérationpouruneAlternativeSocialeetÉcologique(FASE)estunplaidoyerenfaveurd’unetransitionénergétiqueembrassantlacausehumaine.Ilveutêtreunecontributionaudébatpublic,undébatpluralisteet populaire.

L’enjeudel’avenirénergétiquedelaplanètecomprendlaquestionnucléai-re,maisvaau-delà,nousnesouhaitonspasfocaliserledébatuniquementsurcettequestion.Noussavonsquenotrepositionestattendueetl’abor-donsdefrontdanscetexte.

La FASE20 rue Chaudron 75010 - Paris

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1Son écriture a été coordonnée par Gilles Monsillon ([email protected]), Philippe Leclercq ([email protected]) et Gilles Alfonsi ([email protected]). Ce texte a été arrêté au 26 janvier 2012 ; la réflexion et les débats se poursuivent.

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L’histoire, depuis la révolution industrielleet jusqu’aujourd’hui, témoignemalheureuse-mentd’unecourseauxabîmes.D’uncôté,unmonde économique et financier qui dévasteterre, forêt,eauetquidégradenosfaçonsdevivre, demanger, de travailler, en exploitantlespeuplesetperpétuenttouteslesformesdedomination.Unmondepourlespuissants,oùle citoyendumondeperddeplus enplus saplace et sa dignité, au fur et àmesure d’unemondialisationsynonymedemarchandisationdetout.Del’autre,despotentialitésextraordi-nairesdessciencesetdestechniques,desgise-mentsdesolidaritéetdebienêtre,demultiplespossibilitésd’épanouissement,àconditiondeconstruire les conditions de l’égalité réelle.

Qui gouverne, qui décide, pour quoi, pour qui, pourquoi ? A l’image du mot d’ordre du Front de Gau-che, «l’humain d’abord !», la place de l’Homme et de la Femme, celle de la personne et de la qualité des relations sociales appellent à un rassemblement, une fédération des indignations, des résistances, des révoltes, une insurrection des consciences qui se concrétisent dans l’action individuelle et collective !

L’énergiereprésenteàlafoisunsymptômeetl’unedescausescentralesdelacriseàlaquellenous sommes confrontés aujourd’hui. Notredéveloppement social et économique, notreorganisation spatiale, nos relations aux paysdu Sud sont largement conditionnés par lerapportquenousentretenonsavecsesmodesde production et de consommation. Sileréchauffementclimatiqueestunproblè-mequisemblelointainetpeupalpableàcer-tains, lechoixdutyped’énergie,sonaccèsetsonprixsontdesquestionsquotidiennespourtout lemonde.Ledéveloppementdenos so-ciétés industrielles est fondé sur l’utilisationd’une très grande quantité d’énergie et, parvoiedeconséquence,sur lacroissanceillimi-téedesonempreinteécologique.Noussavionsdéjàquelemodèlecapitalisten’étaitpasvia-bleàlongterme;lanouveauté,c’estquenousdécouvronsquecetermeestlà,toutproche!Outre que la connaissancedu réchauffementclimatique est maintenant largement étayée,sesconséquencesécologiquessefontmainte-nant ressentir.

Dans lemême temps, l’enjeuénergétiqueestétroitementimbriquéaveclaquestiondesiné-galités sociales. La concurrence et la compéti-tion fontragepartoutenmêmetemps,entrelespays,lescontinents,lesvilles,lesbanques,les entreprises, les personnes… A coup demilliards, les institutions internationales eteuropéennes, les gouvernements libéraux etsociaux-libéraux imposent aux populationsdes plans de rigueur d’une violence inédite,commeenGrèce,poursauverlesoldat«mar-ché financier». Dans cette guerre, le servicepublic estdestinéà être venduaumarchéetlesmarchésliésàl’énergiedeviennentunpanmajeurdutoutmarchand.

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Quelle énergie pour

l’avenir?

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Depuis, après la conférence de Co-penhague, celle de Durban vient de montrer une nouvelle fois les li-mites de la mobilisation mondiale contre le réchauffement climatique : Les pays les plus pollueurs refu-sent d’assumer leurs responsabi-lités historiques ; les questions de l’accès aux droits fondamentaux et de l’égalité face aux biens communs ne sont pas prises en charge solidai-rement par la communauté inter-nationale ; les débats sur l’avenir énergétique de la planète sont insuf-fisants, et avec la crise économique ils sont relégués au rang de ques-tions secondaires ; la cause écologi-que est encore largement déconnec-tée des enjeux sociaux et humains.

Depuis de nombreuses années, le producti-vismeetlarecherchedeprofits–quisenour-rissentréciproquement–conduisentl’Huma-nité à une catastrophe climatique et sociale.Unemobilisationpopulairemondialeestuneurgence absolue pour rompre avec la mar-chandisationdetout,aveclerègnedulibéra-lismeetpourchangerd’horizon.Carl’actiondeseuls"groupesdepression",n’anilaforcenilalégitimépourchangerl’ordredumonde.Réaliser la transitionénergétiquedu localaumondial est une dimension incontournabled’une transformation sociale et écologique.Celasupposequelespartisansdel’émancipa-tion prennent à bras-le-corps ces questions.Silapartdel’énergienucléairedanslaproduc-tiontotaledesénergiesestde17%enFrance,

ellen’atteintqu’àpeine5%delaproductiondanslemonde;ellenereprésenteque13,8%delapartdel’électricité2 mondiale. Mais sa dangerosité,sescatastrophes,sonempreinteécologiquepourlessièclesàvenir,nepeuventpasêtreabordéesetgéréescommelesautresénergies.Commesur la transitionénergéti-queengénéral,ilnousfautconstruirenotreposition sur le nucléaire en prenant en comp-telesbilansgéopolitiquesglobaux,dansdesperspectives de progrès humains à l’échelleplanétaire, européenne, nationale et locale.

Le développement humain tel que nousl’entendons, ne semesure pas en addition-nant l’accumulation des richesses concen-trées dans quelques parties du monde,entre quelques mains ; il doit constam-ment construire un équilibre, entre lesbesoins du plus grand nombre - particu-lièrement ceux qui ont peu - et la façondeconsommer les ressources de la planète.

Il y a une corrélation entre, d’un coté, l’ex-ploitationdelanature,celledeshommesetlemode de production des richesses, et del’autre, la préoccupationde la qualité et durespect de l’environnement. L’usage que l’on fait de «notre terre» et de ses res-sources dépend de la vision de «notre monde». Voulons-nous continuer à le saigner à blanc pour en tirer des profits immédiats, aux prix de conflits mon-diaux incessants et de gâchis mons-trueux OU sommes-nous des êtres humains qui partagent et construi-sent ensemble un avenir commun ?

« Rien ne sera plus comme avant la catastrophe nucléaire de Fukushima », avons-nous dit, avec beaucoup d’autres, alors que le monde entier découvrait en temps réel l’absence de maîtrise par l’entreprise japonaise Tepco des conséquences du tsunami sur ses centrales nucléaires.

2 Réf : Agence internationale de l’énergie

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A l’inverse, lesmoyens existent pour dé-gager un horizon totalement différent deceluideslibérauxenprenantappuisurlespotentialitésréelles,niéesetbafouéesparlesdirigeantséconomiques.Laquestiondel’accèsdetouslesêtreshu-mainsà l’énergie,doit êtreunenjeuma-jeur. Elle conditionne l’accès aux droitsfondamentaux - logement, santé, mobi-lité…-etnécessitelaremiseencausedesfondementsd’unsystèmequiopposebiencommunetaccèsauxusagesvitauxàl’ap-pâttoujoursplusgranddugain.Labonnesantéounondel’environnementn’estpasle seul résultatde l’additiondes compor-tements individuels : elle est condition-née par les orientations économiquesdominantes, par une "gouvernance" égo-ïsted’unepoignéed’individus,qui risqued’anéantirpourtoujourslacivilisation!

Dansnotreréflexion,nousavonschoisideprivilégiernoncequinousdistingue,maiscequipourraitfaireaccorddanslesmou-vementsdelagauched’alternative,ennousappuyantsurlestravauxsérieuxdesagen-cesetsurtoutdesassociations,telles"lesamisde laterre" 3 et"NégaWatt" 4,dontnoussoulignonslaqualitédelamiseàjourdeleurscénariodetransitionéner-gétique etdontnousreprenonsbiendeséléments.

Unephilosophiecommuneparticipeànosréflexions : elle commence parmettre laquestionénergétiquedanslebonsens,enpartant des usages (besoins) et non desressources : nous chauffer, nous éclairerounousdéplacer;ensuiteelles’interrogesurlesmoyenslesplussoutenablesdesa-tisfairenosbesoinsénergétiquesenappli-quantunedémarcheentroistemps:

•Laluttecontretouslesgaspillagesprovoquésparlesystèmedeproduc-tion capitaliste impose de changernosusagesdel’énergie,deprivilé-gier les plus utiles, de restreindrelesplus extravagants et de suppri-merlesplusnuisibles;pourselibé-rer des représentations fétichistesproduitesparlesystèmecapitalistede production, nous devons inter-rogernosbesoinsetagirà traversles comportements individuels etcollectifspourconstitueruneprati-queetune culture collectivesde lasobriété.

• L’efficacité ensuite, qui consisteàagirsurlaquantitéd’énergiené-cessaire pour satisfaire un serviceénergétiquedonné;essentiellementparleschoixtechniques,delapro-ductionàl’utilisation.

•Lerecoursauxénergiesrenouve-lables, enfin, qui permet, pour unbesoindeproductiondonné,d’aug-menter la part des énergies lesmoins polluantes et les plus soute-nables.

3 Les Amis de la Terre soutiennent depuis 2007 des scénarios de sortie du nucléaire en 1 ou 2 quinquennats maximum http://www.amisdelaterre.org/Les-Amis-de-la-Terre-saluent-la.html , quelques textes :http://www.amisdelaterre.org/Necessite-et-limites-des-scenarios.html - http://www.amisdelaterre.org/Ener-gie-atomique.html - 4 www.negawatt.org

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Atraverslemonde,onvoitbienquel’enjeuénergétiqueestd’uneimportancecrucialepourledéveloppementhumain.Quelquesexpériences,notammentenAmérique la-tine, ont vu des re-nationalisations réus-siesd’entreprisescontrôlant lesprincipa-les énergies.EnFrance,Enercoop (www.enercoop.fr) conjugue investissementcitoyen local, finance éthique et énergiesrenouvelablescitoyennes.

Sortir l’énergie du marché concur-rentiel pour en faire un bien com-mun avec une tarification progressi-ve nécessite de constituer un service public de l’énergie. Service public qui devra s’ouvrir à la participation des citoyens, enjeu démocratique dé-cisif pour la transparence des choix et des politiques énergétiques.

Au sein de ce secteur, la nationali-sation de certains acteurs essentiels sera nécessaire. Certes, changer le statut d’une entreprise ne suffit pas à garantir une gestion au service du bien commun : en France et dans d’autres pays dans le passé, nous avons vu qu’une grande entreprise nationalisée peut être gérée comme une entreprise privée et parfois avec grand zèle, en particulier lorsque les choix politiques le lui imposent. A l’inverse, le statut public d’une en-treprise peut être un puissant atout pour une politique alternative, dont les critères de gestion seront aux an-tipodes des critères de rentabilité et de profitabilité actuels.

Toutlemondelesaitdésormais:lerisqued’accidentsmajeurs dans le nucléaire estpossible. Il est d’autant plus réel que lesexploitantssontdavantagepréoccupésparlemontantdesdividendesàdistribuerauxactionnairesqueparlasécuritédescentra-les.Defait,lasécuritédessalariés-deplusenplusprécarisés–etlasécuritédanslasûretédesinstallationsnesontpasdisso-ciables.

Plus largement, cette question rejoint l’enjeu global de la pro-priété des moyens de production, notamment, mais pas seulement, quant il s’agit de la production de biens communs. Certaines entreprises françaises et mon-diales - EDF, GDF-Suez, Total, Areva… - ont depuis des années touché des « aides », que ce soit pour de la recherche ou via des commandes de l’Etat. L’appro-priation de ces entreprises par la société, dans des conditions nouvelles à inventer, constitue un enjeu majeur.

Outre laquestiondu statut juridiquedesentreprises et du poids de la puissance publique pour en assurer la maîtrise, ilestindispensabledeprendreencomptelaquestiondeladémocratie,ensollicitantlepeuplepourleschoixénergétiquesprinci-paux, en faisant participer aux décisionsles citoyens, les forces sociales (syndica-les et associatives) ainsi que les salariés.C’estainsiquepourrontêtredécidéesdesstratégies d’entreprises dédiées à la pré-servationdesressourcesénergétiquesetàl’accèségalitaireauxproductionsénergé-tiques,surlabasedecritèresdegestionetd’indicateursradicalementnouveaux.

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Un pôle public de

l'énergie!

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L’enjeu de la lutte contre l’effet de ser-re est devenu aujourd’hui un objectif mondial. Danssondernierrapport,leGiec5,lescher-cheursestimentqu’unehaussedestempéra-turesàlasurfacedelaTerrequidépasserait2°Càlafindusiècleconduiraitàdescatastro-phes. Cette année les spécialistes indiquentqu’une telle augmentation pourrait se pro-duireavant2050etqu’unehaussede4°à6°pourraitarriverdanslesiècle,avecdesconsé-quencesconsidérablespourl’Afrique,lespe-titsÉtatsinsulaires,lespauvresetlesperson-nesvulnérablessurl’ensembledelaplanète.De fait, le sommet de Durban a entériné l’apartheid climatique.Ainsi,selonPablo

Selon,anciennégociateurenchefdel’ÉtatplurinationaldeBolivie,« il est faux d’affirmer qu’unedeuxièmepérioded’engagementsduprotocoledeKyotoaétéadop-téeàDurban.Ladécisionactuelle

5 Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat6 International Energy Agency www.iea.org et www.worldenergyoutlook.org7 La Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) est une organisation intergouvernementale visant à faciliter la croissance économique, la coopération, les échanges et l'investissement de la région Asie Pacifique

Une politique énergétique mondiale doit nécessairement reprendre à son compte les objectifs écologiques et sociaux mon-diaux, au premier rang desquels la lutte contre l’effet de serre et les dérèglements climatiques d’une part, et la nécessité de sortir des milliards d’êtres humains du sous développement et, d’autre part, d’agir en faveur de l’égalité entre les pays du Nord et ceux du Sud Au sein d’un tel projet, ni l’énergie nucléaire et ses dé-chets, ni les énergies fossiles ne peuvent être des solutions présentes ou d’avenir. Ainsi, la sortie du nucléaire doit se conce-voir sans augmenter la part des énergies fossiles carbonnées.

a seulement été reportée à la pro-chaineCOP,sansengagementderéductiond’émissionsdelapartdespaysriches.CelasignifiequeleprotocoledeKywwotoresteraen vie jusqu’à ce qu’il soit rem-placé par un nouvel accord en-coreplusfaible».

Contrairement à ce que l’IEA6 avance, les sommets internatio-nauxontdesrésultatstrèsinsa-tisfaisants. De nombreux payssesontengagés,danslecadredel’AccorddeCopenhague,àrédui-re leursémissionsdegazàeffetdeserre; leG20et l’APEC7 se sont également engagés à élimi-nerprogressivementlessubven-tions inefficaces aux combusti-blesfossiles.Maisleplussouventces engagements sont pris sans

les dispositifs contraignants et les vérifi-cationspermettantderendretangibleunedynamiqueinternationale.

La réponse à la question, «sommes-nous enfin sur la bonne voie pour parvenir à un système énergétique sûr, fiable et écologiquement dura-ble ?», est négative, tant les rapports de force demeurent malheureuse-ment défavorables à la cause écolo-gique, devant les intérêts financiers et impérialistes.

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Unprojeténergétique

pour l’humanité

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Aumieux,laplupartdutemps,nesontconsidé-résqueleseffetsduréchauffement,lesdégâtsdesdérèglements climatiques, les conséquences entermes de migrations de populations par exem-ple.Mais,sontmaltraitéesouàdosehoméopa-thiqued’autresdimensions:celled’unaccèségalàl’énergie,celledel’égalitéetdesinjustices,celledu développement humain. Et pour cause : cesont là des enjeux de dépassement du systèmeéconomiqueetsocial,c’est-à-direducapitalisme.Deplus,ilnesuffitpasdeparlerdedroitàl’éner-gie,carcedroitest-ilceluidegâcherdel’énergieoucelui,pourtous,d’accéderàl’énergiepourvi-vremieux,pours’émanciper?

Partisans de l’émancipation, nous pen-sons que la mobilisation mondiale doitdéfinirdesobjectifssociauxambitieux,enrupture avec toutes les dominations quirégissentlesrapportssociaux.Lemondetelqu’ilest,avecsesinégalitésabyssalesentrelesindividus,lesclassessocialesetlessociétés,dansl’accèsàl’énergiecom-medanstousleschampsdelaviesociale,n’est pas vivable ; le statuquon’est paspossible;l’enjeun’estpasdereveniràunesituationantérieurequiauraitété«pluspositive»,maisdesortirdelapréhistoirede l’émancipation. Nous souhaitons unvaste mouvement populaire qui changeeffectivement les choses, sans renvoyerles transformations à plus tardmais enexpérimentant, en nous confrontant etenconfrontantnosutopiesauréel,pourélargirlechampdespossibles

La convergence entre lacauseenvironnementaleetlacausehumaineestnotrepartipris.

Pour certains d’entrenous, lanécessitédecetteconvergenceestunacquisde l’écologie politique(contreleprojetdecapita-lismevert).Pourd’autres,elleapourracine lapriseen compte de toutes lesdimensions d’un projetd’émancipation (contreune vision uniquementéconomique ou unique-ment environnementale).Nousdisonsensemblequefautedecetteconvergence,ilneresteraitplusqu’unefausse alternative : sacri-fier l’avenir de la planètemonde,avecun"progrès"aveugleauxconséquencesdes modes de productionet de consommation (di-lapidation des ressourcesnaturelles, effondrementde la biodiversité…), ourenoncer à tout projetd’émancipation.

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L’idée de biens communs del’humanité.

Par exemple, pour que les énergies re-nouvelables soient un pas vers l’autoges-tion dans l’accès à l’énergie, et non pasun nouveau marché du capitalisme vert,ilnousfautrompreavec lamarchandisa-tionde l’énergie.Car,actuellement l’effetd’aubaine idéologico-commerciale, faitquedesénergiesditesproprespeuventêtreconsommées sur le mode le plus dispen-dieux,celuidugâchis.Ledéveloppementactueldusecteurdesénergiesrenouvela-bles se réalise, pour l’essentiel, dans lesconditionshabituellesdulibéralismeéco-nomique,commepourlaproductionetlaconsommationden’importequelsbiens,etdoncenoppositionàl’idéedebienscom-munsdel’humanité.Celle-cidoitsesituerdansunelogiquederuptureavecladomi-nationduCapitaletcontribueràengagerl’humanitésurunevoiepostcapitaliste.

Desexemples

Denombreusespistesexistentquipermet-tentd’espérerunerapideévolution,quecesoitducôtédessciencesdelaterre(géo-thermie,marées...),delachimie(valorisa-tionduCO2),desbiotechnologies(mi-croalgues,biomasseetc.).D’unpointdevueglobal,nousrenvoyonsà titred’exempleauscénariodenégawatt_ et àsesdixpointsclésenannexe.L’ave-nirsejoueraentredeuxoptions:soitcespistessontdéveloppées,soitilfau-dra construiredenouvelles centralesnucléaires. Des priorités retenues dé-pendrontleschoixbudgétaires.

L’exploitation et la consommationdes énergies fossiles (pétrole, gaz,charbon…)constituentlesprincipalessourcesderejetsdegazàeffetdeserre(GES)quiontunimpactconsidérable

sur ledérèglement climatique .La fréné-sieaveclaquellelesÉtats-Unisseprécipi-tentdansl’exploitationdesgazdeschistevaàl’opposédecequ’ilestnécessairedefaire.Cettesourced’énergieestdifficileàextraireetcausededégâtsenvironnemen-taux considérables.De nombreux permisd’exploration et d’exploitation d’énergiesfossilesrestentenvigueuret,outrelepé-trole, concernentplusieurs typesdegaz :gaznaturel,gazdehouille,gazdeschistes,égalementgénérateursdeGES.Lerythmeforcenédeleurexploitationconstitueunedilapidation des ressources fossiles ac-cumulées sur une très longue durée (lestempsgéologiques).Résultat:lesréservesactuellesdegazetdepétrolesontd’environ80ans.Ilfautdoncd’oresetdéjàpréparerplusieurs types d’énergies décarbonées.C’est pourquoi la transition, l’alternativeénergétiquedoitavoircommeaxeprinci-pal la réductiondesémissionsdeGESetdes émissions polluantes (oxyde d’azote,oxyde de souffre, particules…) liées auxénergiesfossiles.

Parailleurs,ilfauts’interrogersurlebilancarbonedecertainesproductionsréputéespropresetsoulignerlesenjeuxderecher-cheenmatièred’efficacitéénergétique,destockage,detransportetdenuisances.

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8 Ce n’est pas le seul scénario, nous le choisissons comme référence, mais sans en faire le nouveau petit livre rouge et vert.

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Rienne serait pire que de concevoir unepolitique énergétique tournée vers l’uni-que satisfaction des besoins immédiats,sansprendrepleinement en compte l’en-jeu de la limitation importante et rapidedesGES.

Danslemêmetemps,certains,prétextantque l’énergie nucléaire rejette moins deCO2,veulentenfaireuneénergied’avant-garde pour la chasse aux GES, pendantqued’autressouhaitentrelanceruncom-merce très rentable, espérant tirer profitdesdifficultésetdescatastrophesdusec-teur nucléaire.

Nous refusons l’opposition entrela sortie du nucléaire et la sortiedes énergies fossiles. La sortie desénergies fossiles ne doit pas servirdeprétextepourunerelancedunu-cléaire;etlasortiedunucléairenedoit pas servir de prétexte à la re-lancedesénergiesfossiles.Latran-sitionénergétique,quiimpliqueàlafois la fin du recours au nucléaire(quiassureenFranceprèsde80%delaproductiond’électricité)etdurecoursauxénergies fossiles,auracomme objectif principal une pro-ductiond’électricitéprincipalementissuedesénergiesrenouvelables.

EnEurope, lamajorité des pays a fait lechoixdesénergiesrenouvelables(ER);ilsontdéveloppél’emploietlocaliséleurpro-duction.Ilestparticulièrementintéressantd’évoquerlesexpérienceslocalesetd’envi-sagercommentellespeuventêtremisesàprofitpourlatransitionénergétique.

Ainsi,nombreuxsontlesterritoiresoulesvilles qui produisent localement l’énergiedont ils ont besoin. Certains ont adoptélesformulesdecoopérativedeproductionauxquelles sont associés les habitants.Ainsi,àJühnde,prèsdeGöttingenenAl-lemagne,les780habitantssontdes«cu-

riosités»depuis2003!Eneffet,dès2000,leministèrefédéraldel’agricultureafavo-risé lamiseenplaced’unprogrammedeproduction électrique issue du biogaz etduboispourproduire,encoopérative,leur"électricité strictement nécessaire". Cetteannée, la ville de Bâle a définitivementrenoncéà l’achat"d’électriciténucléaire".MaislesSuissesn’ontpaseubeaucoupdeprogrèsàfaire,ilsconsommaientdéjàen-tre80et90%d’électricitéessentiellementhydraulique.

EnAutriche,depuis20ans,lavilledeGüs-sing couvresesbesoinsenchauffageur-bainetenélectricitégrâceàunréseaudepetitesunités(surtoutenbiomasse)d’unepuissance totale de 6 MW. Le plan éner-gétiquedelavilleapermislacréationde35installationsdeproductiond'énergieetdeplusde1000emploisces12dernièresannées.Ilyapeu,Güssingainauguréunecentraledegazéificationduboisde1MW.Lesgéantseuropéensdel’énergieontdéjàmanifestéleurintérêtpourcettetechnolo-gie.Etdepuis2005,Güssingproduitplusd’énergiequ’ellen’enconsomme.Les chercheursAutrichiens sont déjà surd’autres pistes. Après le gaz, ils comp-tentsynthétiserdudieseletdel’essenceàpartirdubois.L’objectif estdeconcevoirunagro-carburantquinemenacepas lesculturesvivrières.Desexpériencesonteulieuàl’automne2009.

Enfin,àDardesheim,c’estgrâceà l’addi-tiondes sourcesd’énergies renouvelables(surtout soleil33%,maisaussi vent, eau,etbientôtbiogaz)quelacommuneréussitàêtreautosuffisanteetmêmeàrevendrelesurplusauxopérateursvoisins.Aterme,cesont250000habitantsdecetterégionaucentredel’Allemagnequiserontalimentésen électricité.

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Unautreaspect concerne l’avenirdunu-cléaireengénéral(etpasseulementlesec-teurdel’électriciténucléaire).

Ilexistedesusagesdunucléairequisontaujourd’hui indispensables. C’estle cas dans plusieurs domaines autour de la santé, scintigraphie,radiothérapie… essentiellement.Letraitementdesdéchetsproduitsest une question essentielle quin’estpasrégléepuisquelaseuleso-lutionmiseenœuvreactuellementestleurenfouissement.

Cependant,quedireetsurtoutquefaire alors lorsqu’il est questionde milliers de tonnes de déchetsissus de la seule centrale (Bren-nilis) dont le démantèlement estautorisé ? Combien de "labora-toires"serontnécessaireslorsqu’ilfaudra démanteler Fessenheim etles24centrales10 quivontarriverau ter-mede leur existencedans les annéesquiviennent ? Aujourd’hui, "mettre la pous-sièresousletapis"enattendantdetrouverd’autres solutions, grâce à des avancéesscientifiques toujours hypothétiques, estlaseuleréponsepolitique!

L’IRSN11indique:"Pendantquelquesdi-zaines d’années, la surveillance des sites

serafondéesurdescontrôles,surlamain-tenancedesdispositifsdestockageetleuraméliorationlecaséchéant,ainsiquesurdesrestrictionsd’usage.Lorsquelastabi-lité du site sera avérée, les interventionsde maintenance seront progressivementréduitesmaislesrestrictionsd’usagetou-joursappliquéespendantquelquescentai-nesd’années".Latrèslonguepériodedes

radionucléides présents dans les résidus (75000anspourlethorium230et1600anspourleradium226)nepermetpasdecompter sur la décroissance radioactivepour réduire le danger que représententces déchets. Au-delà de quelquescentaines d’années,la surveillance dustockage ne peutplus être garantie.

10 Les 21 réacteurs suivants, qui ont déjà tous dépassé l’âge fatidique de 30 ans : Fessenheim 1 et 2 - Bugey 2, 3, 4 et 5 -Gravelines 1, 2, 3, 4 - Tricastin 1, 2, 3 et 4 - Dampierre 1, 2, 3 et 4 - Saint Laurent B1 et B2 - Blayais 1. Les 21 réacteurs suivants qui atteindront les 30 ans avant la mi-2017, c’est-à-dire en principe avant la fin du prochain quinquennat : Blayais 2, 3 et 4 - Chinon B1, B2 et B3 - Cruas 1, 2, 3 et 4 - Gravelines 5 et 6 - Paluel 1, 2, 3 et 4 - Flamanville 1 et 2 - St Alban 1 et 2 - Cattenom 1. 11 Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, l’IRSN est l’expert public en ma-tière de recherche et d’expertise sur les risques nucléaires et radiologiques. Les livrets de l’IRSN, Les déchets radioactifs : http://www.irsn.fr/FR/base_de_connaissances/li-brairie/Documents/publications_grand_public/irsn_livret_dechets_radioactifs.pdf

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Lenucléaire

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Des défaillances pour-ront alors concerner l’intégrité du stockage.Il importe d’évaluer lerisque et de prendre encompte les événementsqui pourraient dégraderles dispositifs de stoc-kage, notamment l’al-tération minéralogiquedes résidus, l’érosion etd’éventuelles interven-tionshumaines.

Le problème est devantnous : compte tenudu fait qu’une partiedecesdéchetsserontenactivité radioac-tivesuruneduréedecentainesdemilliersd’années, le legs aux futures générationsestdéjàlà.Encore faut-il que l’existence de déchetsque la société devra gérer quel que soitl’avenir des choix énergétiques ne servepas de prétexte pour continuer à produire denouveauxdéchets!

Undébatestengagéconcernantlarecher-chesur lenucléaire,particulièrementsurla possibilité de maîtriser cette énergie,les procédés de fission (EPR) et/ou defusion (ITER)…Si aucunepistenedoitêtre condamnée à priori, ces recherches,

comme beaucoupdans le domaine des sciences, doi-vent relever d’unvéritable débatpublic. A son is-sue, le choix seraéminemment po-litique! Un autre aspectestl’avenirdunu-cléaire militaire,c’est-à-dire del’actuelle capacitéde destruction de la planète et des

hommes par les armes atomiques. Lesstocks considérables d’armes nucléairesexistantsaujourd’huireprésententlapos-sibilité concrète d’éliminer toute vie surlaplanètedanslecadred’unconflitmon-dial.Rappelonsque lenucléairemilitaireest responsable d’un nombre considéra-ble demorts, qu’ils soient liés aux essaisnucléaires,à labombeelle-mêmeouà ladissémination de la radioactivité. Ainsi,les bombes américainesde 1945utiliséesà Hiroschima et Nagasaki continuent defairedesvictimesaujourd’hui.Làencore,lacauseécologiqueetlacauseanthropolo-gique sont entièrement liées, interdépen-dantes.

Débarrasser l’humanitéde l’ar-meatomique,objectifquiestlui-mêmeàrelieràceluidudésar-mementmondial,estunobjectiffondamental pour une politi-qued’émancipation.Ils’agitdebannirlaviolenceguerrièredesrapportsmondiauxetd’enfiniravec l’idéologie de l’équilibrepar la terreur. Il doit être plei-nementportéetconsidérécom-me partie intégrante du combat pourl’émancipation.

* Ni nucléaire, ni effet de serre

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Sommet de Copenhague sur le climatCampagne internationaleDéjà 235 organisations partenaires dans 32 pays

Date limite de participation : 7 décembre 2009

www.dont-nuke-the-climate.org

Campagne internationale coordonnée par :

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L’électriciténucléaire

AprèsThreeMilesIslanden1976etTcher-nobylen1986,Fukushimaamontréqu’iln’existepasdesûreténucléairesuffisante,contrairement à ce qu’affirment depuisdes décennies les industriels du secteur. De plus, avec la multiplication du nom-bredecentrales, il yaaccroissementdesrisques. Dans le cas de Tchernobyl, lenombre de morts, malades et invalidessecompteen dizainesdemilliers 12 et le nombre de victimes continue d'augmen-ter.DanslecasdelacatastrophenucléairedeFukushima,onvoitencorequeperson-nenemaîtrise les conséquences ;on saitqu’elles dureront des centaines d’années,incluantl’abandond’unterritoireimmen-seoùrégnerauneradioactivitémortifère.

Avoir une politique préventive permetde gérer convenablement l’urgence. LaFrance13estla"championnedumonde"del’exploitation de l’énergie nucléaire. Celalui confère une énorme responsabilité àl’échelleplanétaire.

Noscombatsanticapitalistes,antilibérauxetlesvaleursquenousportons,nouspro-jettentau-delàdesintérêtsfinanciersoudelasoi-disantindépendanceénergétique!Parexemple,onnepeutpas fairesilencesurlesconditionsdeproductiondel’ura-nium.Ainsi,d’autrespratiquesrespectantles peuples et les interets des pays pro-

ducteurssontàmettreenœuvre;commepar exemple au Niger où aujourd’hui, laFrance,viaAreva,achètel’essentieldesonuranium.En2008,leprésidentdelaRé-publiqueduNigerarenouvelélescontratsd’approvisionnement de ce combustible.Drôle d’indépendance, aux regards desliensdetypescoloniauxquelaFranceen-tretientvis-à-visdecespaysd’Afrique! Ilestdoncnécessairederéfléchirencom-mun aux solutions prioritaires. Il faut fermer immédiatement les réac-teurs les plus dangereux ! Les préco-nisations de l’ensemble des spécia-listes lors de la construction de ces réacteurs nucléaires, indiquaient une durée de vie de trente ans. Depuis cette durée a été prolongée de cinq, puisdedixans.Mêmesilecritèred’anciennetén’estpasleseul, ilexisteaussiceuxdelasituationgéographique,durisqued’inon-dation, de la proximité de failles sismi-ques,delarépétitiond’incidents,laduréede vie de trente ans, constitue un taquetde sécurité «global». De fait, beaucoupd’organisationsontappeléà la fermetureimmédiate des centrales de plus de trente ans.Dansl’urgence,leJaponn’utiliseplusaujourd’huique2des54réacteursexploi-tésavantl’accidentdeFukushima.Ilsde-vrontfermerleresteetlepremierministrejaponaisdéclaredécaler lamise en routedes3nouveauxréacteurs.

12 http://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_de_Tchernobyl Dans les mois qui ont suivi, plusieurs centaines de milliers d'ouvriers (600 000 environ), les « liqui-dateurs » venus d'Ukraine, de Biélorussie, de Lettonie, de Lituanie et de Russie arrivent sur le site pour procéder à des nettoyages du terrain environnant. Leur protection individuelle contre les rayonnements était très faible, voire nulle. La décontamination était illusoire dans la mesure où personne ne savait où transférer le terrain contaminé. Selon Viatcheslav Grichine, membre de l'Union Tchernobyl, principale or-ganisation des liquidateurs, sur 600 000 liquidateurs, « 25 000 sont morts et 70 000 restés handicapés en Russie, en Ukraine les chiffres sont proches et en Biélorussie 10 000 sont morts et 25 000 handicapés ».Élisabeth Cardis, chef du groupe rayonnement et cancer au Circ de Lyon, estime que si l'on prend en compte l'ensemble des habitants de la zone la plus touchée par les retombées radioactives et l'ensemble des 600 000 "liquidateurs", soit environ 5 millions de personnes, « le nombre de risque de décès risque d'être plus proche de 10 000 ». Une autre étude (Tchernobyl : le vrai bilan reste à faire, Caroline Tourbe, Science et Vie, avril 2006, pages 112 à 114), portant sur toute la population européenne, soit près de 572 millions de personnes, estime que « d'ici 2065, 20 000 à 35 000 cancers seront directement consécutifs à l'accident ».

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élections présidentielles 2012 J-L.M

Raisonnablement, nous devonsprévoir, à échéance rapide, la fer-metureenFrancedes24 réacteurslesplusâgés,ceuxdont lebétonetl’acierontsubiplusieursdécenniesderadiations intenses.Nousavonsbien noté que la fermeture de cesréacteurs est prévue par l’accordentre le Parti socialiste et EuropeEcologielesVerts;maisnousavonsaussientendu,depuis,lesreculadesformuléesparlecandidatsocialisteàl’électionprésidentielle.

En matière d’emplois, soulignons d’unepart que les immenses chantiers de dé-mantèlementmaintiendrontles"100000emploisdunucléaire" jusqu’audépart enretraite des agents concernés ; d’autrepart que l’orientation vers le renouvela-bleconduiraàlacréationd’untrèsgrandnombred’emplois.Ainsi,sionadditionne

ceux créés dans le cadre de la transition énergétique, au total, c’est plus de 500000emploissupplémentaires!Nousvoulonstoutdesuitesouligner,qu’ilest curieux de parler de radicalité écologi-queoupolitiqueenfonctionduseulcritèredunombred’annéesdesortiedunucléaire.Pour nous, la transition énergétique faitpartiedelatransformationsocialeetéco-logiquedenotresociété.Elles’accompagnedoncderupturespolitiques.Nouspensonsquecettesortiedevraêtredécidéeàl’issued’unprocessusdémocratiqueetqu’ellede-vra être planifiée pour la rendre tangibleavec des mesures porteuses de profondschangements dans nos habitudes et nosusages,commedansnosstructures.

La transition énergétique nécessiteradesmesures radicales, par exemple pourcontenirl’explosiondutraficaérien.Danslemêmeordred’idée,lapopularisationduvéhicule électrique dans sa technologieactuellerisqued’entraînerdefactolajus-tificationde l’énergienucléaire.Eneffet,il fautéviterque lesefforts réalisésdanscertains secteurs soient annihilés par lemaintienouledéveloppementdeconsom-mations exorbitantes dansd’autres.Celainclut aussi la décroissance de certaines productions– celles qui nuisent à la so-ciété et à l’environnement – tandis qued’autres, socialement et écologiquementutiles,devrontcroître,enincluantlesoucidelaqualitédelaproduction,durespectde l’environnement et des conditions deleurdéveloppement.Nous avons lu et entendu que EE-LV etd’autres, comme le Front de gauche -auquelnousparticipons-,appellentàungrand débat public, suivi d’un référen-dumsurl’avenirdunucléaire.Nullementcontradictoire avec la fermeture des 24réacteurs les plus anciens, la campagnepourobtenirceréférendum,puiscelleduréférendumlui-même,serontenfinl’occa-siondevraisdébatspopulaires.

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LaFASEseprononcepourunetran-sitionénergétiquecombinantlasor-tie du nucléaire (excluant donc laconstructiondenouveauxréacteurs)etlasortiedesénergiesfossiles.Cet-tetransitiondoitêtreplanifiéeetsefixer comme objectif de remplacer,simultanément,lesénergiesfossileset l’énergienucléairepardes éner-gies renouvelables et alternatives,limitantlesrisquespourl’humanité,commepourlaplanète.Cettesortiedu fossile et du nucléaire doit êtrevolontariste, maîtrisée, planifiée.Elle doit être un choix de société,transparent et démocratique. Elledoitêtreaccompagnéed’avancéesetderupturesenmatièredesobriété,deréductiondesexcèsetd’efficacitéénergétique.

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Enmars1974,lamiseenroutedenombreu-ses nouvelles centrales, via le planMesmer,a généralisé le recours à l’énergie nucléaire,sansmêmeundébatparlementaire.Acontra-rio,noussouhaitonsundébatprofond,avecl’ensembledelapopulation,nousseronsac-teurs pour défendre nos positions pour unautre monde.

Née pour contribuer à un mou-vementde transformationsocialeet écologique, la Fédération pouruneAlternativeSocialeetÉcologi-que(FASE)souhaite,avecd’autres,ancrer ce débat dans l’opinionpublique. Un formidable défi quenousdevonsrendreconcret.Nousnousappuieronssurunlargemou-vementcitoyen,quidépasselarge-mentlesfrontièresdel’hexagoneetdel’Europe,etquipeuts’appuyersur lesdécisionsdéjàprisesdansplusieurspayseuropéens(Suisse,Italie,Allemagne…),surlesmobi-lisations citoyennes multiples etintéresséesparlesenjeuxdudéve-loppementhumain.

Nousconstatonsquelesprogrèsaccom-plis au cours des dernières années, enmatièred’informationssurlesincidentsneremplissentpas,loins’enfaut,leca-hier des charges d’une appropriationcitoyenneduchoixdémocratique.Ilsnepeuventservirdeparaventderrière lequel les choixfondamentaux continue-raient d’être faits dansl’opacité.Ilfautdonccréerles conditions pour quelescitoyensautantquelesresponsables d’EDF, ouceux d’AREVA, les syndi-calistes, les organisationspolitiques comme les as-sociations interviennentdanscedébat.

Quels choix énergétiques géné-raux ?

A plusieurs reprises, nous avons évo-qué la nécessaire prise en compte del’ampleur des besoins énergétiques, cequin’empêchepasdefaireémergeruneautreconceptiondecettenotionde"be-soins", pour rompre avec la croissance

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13 http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ijc.27425/abstract La revue Journal International du Cancer vient de publier dans son numéro de janvier une étude scientifique établissant une corréla-tion très claire entre la fréquence des leucémies infantiles aiguës et la proximité des centrales nu-cléaires. Cette étude épidémiologique rigoureuse, menée par une équipe de l’INSERM (Institut na-tional de la santé et de la recherche médicale), de l’IRSN, ainsi que le Registre National des maladies hématologiques de l’enfant de Villejuif, démontre pour la période 2002-2007 en France un doublement de la fré-quence d’apparition des leucémies infantiles : l’augmentation va jusqu’à 2,2 chez les enfants de moins de 5 ans.Elle confirme ainsi l’étude épidémiologique sur les cancers infantiles dans le voisinage des centrales nu-cléaires, éditée par l’Agence de Protection contre les Radiations et le Registre des Cancers infantiles de Mayence menée en Allemagne par le Registre des Cancers de Mayence en 2008, qui avait abouti à la même conclusion. La recherche de l’INSERM, intitulée Géocap, inclut les 2 753 cas diagnostiqués dans tou-te la France entre 2002 et 2007 à partir d’adresses géocodées et situées autour des 19 centrales françaises.

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élections présidentielles 2012 J-L.M

immodérée de la consommation et donc delaproduction.Lespolitiquesdesobrié-téjouerontunrôlemajeurpourlamaîtriseduproblèmeénergétique.

Une politique énergétique mon-diale doit combiner :

• La réponse aux besoinsénergétiques, indissociablementliée à une reconfiguration de lanotiondebesoins, contre la logi-que de surproduction et de sur-consommation que produisent lesystèmecapitalisteet sonavatarlibéral. Il s’agit de rompre avecla croissance exponentielle de ladépense énergétique au Nord audétrimentdesconditionsdeviedemillionsd’êtreshumainsauSud.L’accumulationduprofitn’aplusriendecommunavec lasatisfac-tiondesbesoins.C’estpourquoilecombatpourl’alternativeénergé-tiquemondialeestfondamentale-mentuncombatanticapitaliste!

• La réduction des risqueslorsde l’extraction,de l’exploita-tion,de laproductionetpendantle transport des matières pre-mières etdes énergiesproduites,prenantencomptelesdifférentestemporalités. • Ladiversificationdessour-ces énergétiques, c’est-à-dire lacombinaisondeplusieurssourcesd’énergies permettant de répon-dreauxdifférentsbesoinssansdi-lapiderlesressources.C’estainsiqu’ilfautparexempleprendreausérieuxlespossibilitésdeproduc-tionslocalesquirépondrontàdesbesoinsdeproximité.

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• La durabilité, pourconstruire un avenir meilleurpourlesgénérationsfuturesalorsqu’aujourd’hui nous épuisons lesmatièrespremières et dégradonsnotre environnement et la biodi-versité.

• La recherche, il est ainsiparticulièrement grave que laFrance, entièrement liée par lequasi monopole du nucléaire,ait délaissé les investissementsen matière d’énergies renouve-lables. Elle se trouve, de ce fait,dans la nécessité de produire uneffort d’autant plus importantaujourd’hui. LaFrance et les en-treprises doivent dégager des fi-nancementsnouveauxenmatièrede recherche et développement.C’est d’abord sous maîtrise pu-blique que doivent avoir lieu cesrecherches, avec plus largementl’objectif d’éviter la confiscationmercantiledesavancées.

Ce sont là des propositions d’orientations, mises en débat. On ne saurait trop souli-gner le sens global de notre position : nous pensons que la société doit être en capaci-té de décider des choix énergétiques et que seules des avancées permettront des rup-tures dans nos modes de développement. Autrement dit : si les scientifiques doivent éclairer les choix possibles, le pouvoir de décider doit appartenir aux citoyens et non aux spécialistes et aux institutions. C’est bien lorsque les citoyens s’emparent des questions, comme actuellement contre l’exploitation du gaz de schistes, que les industriels et les pouvoirs publics sont obligés de reculer.

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Annexe

Les 10 points clés du scénario NégaWatt 2011

• Unepolitiquetrèsvolontaristedesobriétéetd’efficacitéénergétique,abou-tissant à une diminution en 2050 de la demande en énergie primaire de 65 % par rapportàlasituationen2010:l’exploitationdugisementdeNégaWattpermetdefaireles2/3duchemin!

• Malgrécettepolitique,lemaintiend’unhautniveaudeservicesénergétiquespourlesbesoinsdechaleur,demobilitéetd’électricitéspécifique.

• Unrecoursprioritaireauxénergiesrenouvelablesquireprésententàterme,en2050,91%denosressourcesénergétiques.

• Unegestioncoordonnéedesréseauxdegaz,d’électricitéetdechaleurper-mettantderépondreàtoutmomentauxbesoinsetd’assurerl’équilibreenpuissan-ce.

• Uneanticipationdelafindes"fossilesfaciles"àl’approchedespicspétrolieretgazier,parlalimitationdeleurutilisationàlapétrochimieetauxmatièrespremiè-res industrielles,ainsiqu’àquelquesusagestrèsspécifiquestelsque l’industrieoul’aviation.

• Parrapportà2010,desémissionsdeCO2diviséespar2en2030etpar16en2050.

• Unsystèmeénergétiquefrançaispresquetotalementdécarbonémalgréunarrêtmaîtriséetcohérentdetouteproductiond’électricitéen2033,c’est-à-direen22ans.

• UncumuldesémissionsdeCO2surlapériode2011-2050conforme,dansunelogiqued’équitémondialeparrapportaupoidsdémographiquedelaFrance,àl’objectifdelimiterlahaussemoyennedelatempératuresurTerreendessousde2°Cd’ici2100.

• Surl’usagedessolsetl’agriculture,unscénarioénergétiqueéquilibrémalgréunerelocalisationdesproductionsetunrecourstrèsimportantàlabiomassepourlaproductiondematériauxetd’énergieencohérenceaveclescénarioAfterres2050dubureaud’étudesassociatifSolagro.

• UneFranceavançantversl’autonomieetladémocratieénergétiques,créantdescentainesdemilliersd’emploisdurables,etredonnantauxterritoiresetà leursecteursuneplacecentraledansnotrepaysageénergétique.

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Jean-Luc Mélenchon élection présidentielle 2012

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