POUR UN AVENIR MEILLEUR

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Histoire illustrée de la protection sociale en Allemagne POUR UN AVENIR MEILLEUR Ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales

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Histoire i l lustrée de la protection sociale en Al lemagne

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Ministère fédéraldu Travail et des Affaires sociales

I NTRODUCTION

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Une histoire sociale illustréeL’exposition itinérante « Pour un avenir meilleur – histoire illustrée de la pro-tection sociale en Allemagne » a été présentée pour la première fois en 1987, à l’occasion du 750e anniversaire de la ville de Berlin. Depuis, elle a fait étape en plus de 40 lieux, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Japon.

Elle présente, au travers de photos et de documents fascinants, le long chemin parcouru, des balbutiements des pre-mières lois sociales à l’État social actuel.

Des groupes de personnages en action du sculpteur Josef Lang illustrent la dure réalité quotidienne il y a plus d’un siècle, tant dans ses aspects privés que profes-sionnels. Des tableaux tels que « le travail des enfants » ou « l’émigration » met-tent en lumière des problèmes sociaux donnés.

De nos jours, nous bénéficions d’un système de protection sociale performant qui couvre de nombreux aspects de notre existence.

Cette protection n’est pas née du jour au lendemain, son étendue actuelle est le fruit d’une longue évolution. La détresse des êtres humains face à la maladie, l’absence de protection de la santé, l’absence de sécurité sur le lieu de travail, le manque de protection vieillesse suite à une industrialisation rapide, des conditions de logement dégradantes et le déracinement de générations entières dans un monde en profonde mutation illustrent clairement la nécessité que représentait alors l’intervention de l’État.

Les pages suivantes s’attachent à présenter les thèmes de l’exposition en renvoyant brièvement à des avancées et à des événements importants.

Bienvenue à cette exposition !

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SOMMAI RE

Introduction 1

Du Moyen-Âge à la Révolution de 1848 4

La révolution industrielle et le mouvement ouvrier 1848–1880 11

Les lois sociales de Bismarck 1880–1889 18

Guillaume II et la Première Guerre mondiale 1889–1918 26

La République de Weimar 1918–1933 33

Le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale 1933–1945 39

La période d’occupation 1945–1949 45

La République démocratique allemande 1949–1990 51

La République fédérale d’Allemagne de 1949 à nos jours 55

Le Ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales 88

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Du Moyen-Âge à la Révolution de 1848

Mendiant à la porte d’une abbaye.

Gravure sur bois du XVe siècle.

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L’assistance aux pauvres au Moyen-Âge

Familles, communautés villageoises, monastiques ou courtoises offrent aux hommes un peu de sécurité en cas de maladie ou pour les vieux jours. Car c’est au groupe d’assurer la subsistance.

Comptent parmi les pauvres dans cette société corporative paysans et travail-leurs non indépendants, malades et invalides, veuves et orphelins, bâtards, mendiants, gens du voyage, condam-nés et débiles. La charité de l’Église vient au secours des plus indigents. Les monastères assurent des missions d’assistance aux pauvres et fondent des hospices pour les vieux et les malades.

Le manque d’hygiène, notamment dans les villes, les famines, les maladies in-fectieuses et les fléaux dévastateurs comme la petite vérole, la lèpre, la syphi-lis et surtout la peste font des millions de victimes.

Les grandes épidémies détruisent aus-si liens sociaux et repères moraux. Les hommes cherchent leur salut dans les pèlerinages de flagellants, l’inquisition et la chasse aux sorcières.

Les tribunaux ecclésiastiques, institués en 1232 par le Pape qui charge les Dominicains de leur mise en œuvre, poursuivent comme hérétiques tous ceux qui émettent des doutes sur les dogmes de l’Église ou les nient. Soumettre les suspects à la torture est expressément admis. Ceux-ci sont condamnés à des peines ecclésiastiques ou brûlés sur un bûcher. Séance de torture à l’entonnoir d’un suspect ligoté sur une table, sous les yeux de l’inquisition. Gravure sur cuivre d’époque.

DU MOYEN-ÂGE À LA RÉVOLUTION DE 1848

La peste, un des grands fléaux du Moyen-Âge, frappe l’Europe entre 1347 et 1352 et laisse dans son sillage quelque 25 millions

de victimes, soit un tiers de la population européenne.

Pèlerinages de flagellants et persécution des Juifs suspectés

d’empoisonner les puits accom-pagnent cette hécatombe. Des chapelles et des colonnes de la

peste sont érigées pour commé-morer la fin de l’épidémie.

Jan Brueghel l’Ancien, Le Triomphe de la Mort (extrait)

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La Réforme et le déclin de l’Empire

Martin Luther (1483–1546) déclenche la Réforme avec la publication de ses 95 thèses contre le commerce des indul-gences (1517). Il s’ensuit de grands boule-versements religieux et politiques.

Nombreux sont les princes-électeurs et les villes impériales à adopter la nouvelle foi protestante. Ils se placent ainsi en opposition à l’Empereur Charles Quint et à l’Église catholique. L’unité confes-sionnelle de l’Empire et l’autorité ecclé-siastique se disloquent.

Dans les territoires protestants, les mo-nastères sont fermés, les biens de l’Église sont confisqués et étatisés. Une partie des biens confisqués est utilisée pour la subsistance des pauvres et la création d’écoles. L’État aussi intervient main-tenant dans l’assistance aux pauvres. Des bureaux des aumônes et des caisses pour indigents sont créés.

Pour soulager la misère, des citoyens aisés créent des œuvres de charité. Les pauvres venus d’ailleurs n’en bénéficient pas et sont évincés. L’assistance reste à la discrétion du seigneur local. L’État ab-solutiste est impuissant face à la misère accrue qui touche des masses de gens.

Avec ses 95 thèses contre les indulgences, le moine Martin

Luther lance en 1517 le schisme avec l’église catholique. Il pose

les fondations de la nouvelle foi chrétienne « protestante ».

Il veut démanteler les monastères et apporter une assistance aux pauvres avec

les biens de l’Église. Copie suivant l’épitaphe du Bourg-mestre Meyenburg, Lucas Cranach

le Jeune, 1550.

Le salut de l’âme est mon-nayable. Les indulgences, certificats de rémission totale ou partielle des péchés contre de l’argent, et leur commerce procurent à l’Église catholique des rentrées d’argent non négligeables. Des prêcheurs sillonnent les routes pour vendre des certificats d’indulgence (1517).Gravure sur bois du XVIe siècle.

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L’absolutisme

Les différences religieuses s’accentuent au début du XVIIe siècle et déclenchent en 1618 la guerre de Trente Ans. Les trai-tés de Westphalie y mettront un terme en 1648.

Les suites de la guerre sont catastro-phiques. Le pays est dévasté, de nom-breuses villes sont détruites. Combats, famines et épidémies ont eu raison d’un tiers de la population. Mendicité, braconnage et criminalité de bandes d’errants sont autant de conséquences de la pauvreté des masses.

L’absolutisme du XVIIe siècle n’est pas fait pour remédier à une situation sociale in-soutenable. Le système économique mer-cantiliste avec ses manufactures d’État en- traîne la ruine des artisans indépendants.

La protection de la santé ne fait l’objet d’aucune règle liante. Les villes règlent elles-mêmes leur système médical, des codes médicinaux n’apparaissent dans les États que bien des décennies plus tard.

Au XVIIIe siècle, sous l’influence des Lu-mières, l’idée selon laquelle l’État se-rait tenu de veiller à la bonne santé des citoyens fait peu à peu son chemin.

« La guerre engloutit toutes les réserves dans les campagnes comme dans les villes,des soldats sans loi partout se servent, et rien n’épargnent de leurs agissements vils, le paysan rien ne peut faire pousser,et la misère bientôt de tout gagner. Et si on garde son argent,du pain, on n’en a pas pour autant, la hausse des prix tient tout le pays,les bonnes actions, la foi, nenni,du pain, du pain, réclament les pauvre gens,dans leur infortune d’un cri déchirant. » Illustration de l’époque.

Augmentation du coût de la vie et manque de painLes céréales constituent la principale nourriture de l’époque. Les mauvaises récoltes se soldent régulièrement par des famines, qui touchent tout particulière-ment les petites gens.

Jean Jacques Rousseau Le philosophe et écrivain (1712–1778) demande que la population soit instruite pour ce qui est des questions de santé et des maladies.

DU MOYEN-ÂGE À LA RÉVOLUTION DE 1848

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La Révolution française

Le XVIIIe siècle, époque des Lumières, est celui d’un désir toujours plus grand de se libérer du joug de la soci été féodale.

La Révolution française de 1789 voit, aux cris de « liberté, égalité, fraternité », la victoire du Tiers-état : commerçants, ar-tisans, paysans, fonctionnaires, ouvriers agricoles et journaliers. Ils représentent quelque 98 pour cent de la popula- tion. L’Assemblée Nationale proclame les Droits de l’Homme et du Citoyen : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. »

Les idées de la Révolution et les en-seignements d’Adam Smith (1723–1790), selon lesquels une activité économique libre de l’individu sans tutelle de l’État est créatrice de richesse, gagnent du terrain. Ils servent de fondement au libéralisme économique et politique, qui constituera le mouvement politique dominant du XIXe siècle en Europe.

La prise de la prison d’État de la Bastille à Paris le 14 juillet 1789 lance la révolte ouverte contre le système féodal. Peu de temps après, le roi est exécuté. Suite à la Révolution, Napoléon prend le pouvoir en France en 1799 avant d’étendre sa domination à l’Europe.Aquarelle de l’époque, réalisée d’après des indications du Lieute-nant Cholat qui participa à la prise de la prison.

« Unité et indivisibilité de la République. Liberté, égalité,

fraternité ou la mort. »Affiche peinte à la main, 1792.

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Les réformes en Prusse

Les défaites de l’Autriche et de la Prusse face à Napoléon entraînent un remanie-ment territorial en Europe et mettent fin au « Saint Empire romain germanique ».

En Prusse débute une phase de réformes intérieures. En 1807, le ministre prussien Karl Freiherr vom Stein abolit le servage des paysans. Avec la réforme agraire et l’abolition du système de corporations au profit de la pratique libre du com-merce débute en 1810 l’essor écono-mique de la Prusse.

La libération des paysans met aussi fin à l’obligation d’assistance qu’avait le pro-priétaire terrien. Les paysans auxquels est confiée la propriété de terres doivent dédommager l’ancien propriétaire. Ils sont nombreux à s’endetter. Les petits paysans incapables de vivre du produit de leur ferme renoncent et partent pour les villes.

Ils viennent gonfler encore les rangs de l’armée des journaliers, des compagnons et maîtres artisans que la concurrence des manufactures et des fabriques a privés de travail. Aucun d’entre eux n’a la moindre protection sociale.

En 1810, le règlement sur la domesticité entre en vigueur en Prusse. Les domestiques doivent

tenir un livret de domestique. Ils doivent obéir à leur maître

et être disponibles jour et nuit. Une grossesse est cause de

renvoi. A seul droit à une assistance en cas de maladie

celui ou celle qui a contracté la maladie pendant son service.

Gravure de Johann Voltz, 1823.

Les propositions visant un règlement par l’État de la politique de santé n’aboutis-sent pas sous un régime absolutiste. Franz Anton Mai (1742–1814) présente en 1800 un « projet de législation sur les objets importants de la police médicale », dont pour-voir à un système médical, à des logements salubres, à nourriture et vêtements, à des soins médicaux publics, à des mesures contre les maladies du bétail, assister femmes enceintes et nouveaux-nés.Gravure sur cuivre d’Anton Karcher,vers 1760.

DU MOYEN-ÂGE À LA RÉVOLUTION DE 1848

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La restauration et la révolutionA l’issue des guerres de libération, l’Europe s’affranchit en 1815 de la tutelle de Napoléon. Les différents États réta-blissent les modes de gouvernement absolutistes qu’ils avaient auparavant.

Il n’est cependant plus possible de faire la sourde oreille face aux aspirations de liberté, d’égalité et d’unité nationale. En 1817, les étudiants revendiquent sur la Wartburg l’unité de la patrie. Le mouve-ment national culmine en 1832 avec la fête de Hambach où se rassemblent plus de 30.000 citoyens, artisans, étudiants et paysans.

En 1848, les aspirations de la bourgeoisie à l’unité nationale, à une garantie des droits de l’homme et à une participation à la vie politique se manifestent par un soulèvement populaire. Une révolution avec combats et barricades enflamme les rues de Vienne, de Berlin et de nom-breuses autres villes d’Europe.

L’Assemblée nationale se tient dans la Paulskirche de Francfort en vue d’élaborer une constitution pour l’Allemagne. Le roi de Prusse rejette toutefois la nouvelle constitution de l’Empire, coupant ainsi l’herbe sous le pied à toute possibilité de réformes.

Combats de rue à Berlin les 18 et 19 mars 1848. Citoyens

et travailleurs défendent ensemble les barricades face à

l’approche des gardes.Gravure sur bois d’après un dessin

de Carl Becker, vers 1890.

Le 18 mai 1848, l’Assemblée nationale allemande se réunit dans l’église Paulskirche de Francfort. Elle est chargée d’élaborer une constitution unitaire gouvernant toute l’Allemagne et de créer un État national unifié. Le 28 mars 1849, la constitution est adop-tée et le roi Frédéric Guillaume IV de Prusse est élu souverain de l’État. Il rejette toutefois la couronne impériale, celle-ci portant « l’odeur crapuleuse de la révolution ». Si la consti-tution n’entre pas en vigueur, elle n’en demeure pas moins programme politique.Lithographie coloriée de Jean Nicolas Ventadour, 1848.

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La révolution industrielle et

le mouvement ouvrier 1848–1880

Le charbon est source d’énergie Et celle-ci fait avancer le progrès industriel. Les mineurs extraient cette matière première fort convoi-tée dans des conditions de travail extrêmement pénibles. Descente des piqueurs dans la mine.Gravure sur bois du XIXe siècle.

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La révolution industrielle

Le rythme de l’industrialisation s’accélère en Allemagne au milieu du XIXe siècle. L’industrialisation modifie profondément le mode de vie.

La machine à vapeur révolutionne les techniques de production. La roue à filer et le métier à tisser mécaniques, installés en grand nombre dans des fabriques, provoquent une forte hausse de la demande en main d’œuvre bon marché. Le chemin de fer et l’extension du réseau ferré sont importants pour l’industrialisation. Il fournit les nouvel-les aciéries et usines de machines en minerai, en bois et en charbon. Le boi-sage et l’extraction du charbon connais-sent une phase de forte expansion.

L’excédent de main d’œuvre augmente aussi. Pour vivre, les hommes se dépla-cent vers les centres industriels en plein essor. Ils y travaillent pour des salaires de misère, y logent dans des conditions pitoyables. La tuberculose y devient le nouveau fléau.

Pourtant, les progrès en matière d’hygiène et de médecine entraînent une hausse de la population, qui passe de 25 millions en 1822 à 45 millions en 1880 et atteindra même 65 millions d’ici 1910.

Ceux qui trouvent du travail dans les nouvelles usines pénètrent en même temps dans un monde nouveau. La machine dicte les opérations. Les travailleurs doivent répéter les mêmes gestes pendant 12 à 14 heures, jour après jour. Ils travaillent dans des halles sombres et surpeuplées et sont exposés en permanence au bruit des machines.Le travailleur industriel, homme-machine. Caricature d’époque.

L’invention de la machine à va-peur joue un rôle décisif pour

l’industrialisation. La machine impose sa cadence dans les

usines, dans l’agriculture et elle permet le transport rapide de grandes quantités de biens et

de personnes grâce au chemin de fer et au bateau à vapeur.

Machine à vapeur à balancier.

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LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ET LE MOUVEMENT OUVRIER 1848 – 1880

Les conditions de travail

La journée de travail est difficile et longue, jusqu’à 17 heures. La semaine de travail a six jours. Il n’existe pas de pauses fixes, les machines dictent la cadence de travail. Les mesures de protection sont quasi-ment inexistantes, les accidents de travail sont à l’ordre du jour.

L’incapacité de travail est toujours à la charge des travailleurs. Ils n’ont aucun droit et dépendent du chef d’entreprise. Femmes et enfants doivent aussi tra-vailler, la rémunération étant générale-ment insuffisante pour nourrir une fa-mille. Les maladies dues aux carences en sont la conséquence. Il n’y a pas de place pour l’instruction.

La situation des travailleurs à domicile est encore plus précaire. Ils sont totale-ment dépendants des chefs d’entreprise. Il leur faut attendre que les produits finis leur soient repris pour être rémunérés.La détresse, l’exploitation et les salaires de misère entraînent en 1844 une révolte des tisserands en Silésie. L’armée écrase ce soulèvement.

La situation catastrophique des travail-leurs devient cependant l’un des thèmes dominants du XIXe siècle.

Les accidents de travail sont à l’ordre du jour. En vertu du principe juridique selon lequel « la faute, et non le dommage, crée une obligation de dédom-magement », les travailleurs victimes d’un accident doivent apporter la preuve que le patron est responsable de l’accident. Une entreprise quasiment impossible. Ce pro- blème ne disparaîtra qu’en 1885 avec la création de l’assurance accidents qui prône que seul importe « l’accident » et non la faute du travailleur ou du chef d’entreprise.

2L’usine Harkort.

Tableau d’Alfred Rethel, vers 1834.

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Revendications visant à régler la question ouvrière

Le dénuement des travailleurs et la misère des familles ne laissent pas indifférents les citoyens et chefs d’entreprise ayant une conscience sociale.

En 1837, un premier débat parlementaire sur la question sociale est mené dans la seconde chambre de Bade. Les repré-sentants politiques de la bourgeoisie demandent des interventions étatiques pour régler les problèmes sociaux ur-gents.

Des chefs d’entreprise tels que Fried-rich Harkort et Alfred Krupp s’efforcent d’améliorer la situation économique des travailleurs. Les églises s’engagent pour soulager la misère humaine.

En mars 1848, des travailleurs exigent du roi de Prusse la création d’un ministère pour les travailleurs composé uniquement de donneurs d’ouvrage et de travailleurs. L’Assemblée nationale réunie en 1848 dans la Paulskirche pour élaborer une constitu-tion demande également la création d’un ministère du travail, qui aura pour mission de protéger le travail et d’assurer la partici-pation au produit du travail. Ces revendica-tions resteront lettre morte.

Adolf KolpingCe prêtre catholique

(1813–1865) crée en 1846 à Elberfeld « l’association des com-pagnons » qui offre aux

compagnons artisans itinérants un hébergement

dans les logements de la « famille Kolping ».

Portrait.

Friedrich Wilhelm Harkort (1793–1880),

chef d’entreprise, fonde en 1820 une caisse privée

des travailleurs et en 1843 l’association visant l’élévation

des classes les plus pauvres. Il présente en outre un

programme visant la création d’assurances maladie, invalidité et vieillesse.

Gravure sur bois.

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LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ET LE MOUVEMENT OUVRIER 1848 – 1880

La politique sociale en Prusse

Le gouvernement tente de limiter le travail des enfants, mais se heurte à l’opposition des chefs d’entreprise et des travailleurs. Les enfants sont une main d’œuvre bon marché, et les travailleurs ont besoin que leurs enfants travaillent.

Lorsque des carences sont constatées chez les jeunes gens lors de l’examen d’aptitude au service militaire, la Prusse édicte en 1839 le « Règlement relatif à l’emploi des jeunes travailleurs dans les usines » interdisant aux enfants de moins de neuf ans d’y travailler. La jour-née de travail est limitée à dix heures pour les jeunes de moins de 16 ans.

En 1845, le code prussien réglemen-tant l’activité industrielle stipule que les contrats de travail font l’objet d’un libre accord entre chef d’entreprise et travailleur. Les associations de chefs d’entreprise sont interdites au même titre que les grèves pour les travailleurs.

Les artisans fondent des corporations pour superviser la formation des apprentis et créer des caisses d’assis- tance aux veuves et aux orphelins. Des conseils des métiers sans représentation des travailleurs règlent le temps de travail et arbitrent les conflits.

Rares sont les enfants qui travaillent à se rendre à l’école. Les heures de classe du matin sont calées sur les horaires de production dans les usines. Les directeurs d’usine imposent aux « écoles d’usine » établies à proximité des usines une limitation de l’enseignement à sept heures par semaine.

Dans les mines, le travail des enfants est fréquent. Les

enfants peuvent pénétrer dans des galeries très basses

et extraire charbon et minerai. Ils passent jusqu’à 14 heures

par jour accroupis dans les galeries secondaires, ouvrant et fermant les portes pour le

passage des wagonnets.Dessin, vers 1844.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

Le système de santé

La révolution industrielle s’accompagne de nouveaux risques sanitaires. Pau-périsation due aux salaires de misère, mauvaises conditions d’hygiène, faible conscience de l’importance de celle-ci, travail des enfants et conditions de vie inhumaines entraînent fléaux et mala-dies. La variole, le typhus, la tuberculose et la grippe sont autant de ces nouveaux fléaux, et pires encore sont les grandes épidémies de choléra.

C’est le début de l’information popu-laire sur l’hygiène. Le premier institut d’hygiène voit le jour en 1879, exercices physiques et sport font l’objet d’un véri-table engouement.

Comment l’État devrait-il promouvoir la santé de l’individu et quel degré de contrainte est admis dans ce contexte ? Ces questions font l’objet de discussions publiques. Rudolf Virchow (1821–1902) demande des fonds publics pour le maintien de la santé et propose en 1842 la création d’un ministère de la santé.

Les « hôpitaux généraux » voient le jour dans les villes. Ils accueillent surtout les patients peu argentés. Les soins, qui ser-vent à l’enseignement et à la recherche, y sont en effet gratuits.

Les hospices du passé sont remplacés au XIXe siècle par des hôpitaux pour les malades curables, les « hôpitaux généraux ». Ils accueillent surtout des patients peu ar-gentés, le traitement (qui sert l’enseignement et la recher-che) y étant gratuit. Il n’existe pas de droit au traitement en hôpital.Hôpital des Diaconesses Bethanien, Berlin-Kreuzberg.

Robert Koch Ce médecin et bactériologiste

(1843–1910) découvre consécu-tivement le germe du charbon

et celui du typhus, le bacille de la tuberculose et le germe du choléra. Il prouve pour la

première fois que les infections viennent d’organismes vivants.

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LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ET LE MOUVEMENT OUVRIER 1848 – 1880

Les premiers pas du mouvement ouvrier

Les appels à résoudre la question sociale, la question ouvrière, se font de plus en plus pressants.

En 1848, dans leur « Manifeste commu-niste », Marx et Engels font une analy-se de l’histoire du monde qu’ils voient comme l’histoire d’une lutte entre les classes. Mais leur influence sur le mouve-ment ouvrier allemand reste faible.

Le premier congrès des travailleurs qui se tient à Berlin en 1848 voit la créa- tion de la « Fraternelle ouvrière générale d’Allemagne » qui lutte en faveur de ré-formes sociales. En 1854, l’État interdit les fraternelles ouvrières.

En 1863, Ferdinand Lassalle crée son « Association générale allemande des travailleurs ». Il demande le droit de vote au suffrage universel, égal et secret ainsi que la représentation politique des tra-vailleurs. Bismarck accorde à Lassalle le droit de vote pour partager le parti libéral.

Wilhelm Liebknecht et August Bebel fon-dent en 1869 le « Parti ouvrier social-dé-mocrate allemand ». Ils demandent une démocratisation et des majorités parle-mentaires. L’Association des ouvriers et le Parti ouvrier fusionnent en 1875 pour donner le jour au Parti ouvrier socialiste d’Allemagne.

Les travailleurs ne prennent que peu à peu conscience du fait que leur union ferait leur

force. En 1848, Stefan Born fonde la « Fraternelle ouvrière

générale d’Allemagne ». Il demande un État démocra-

tique et parlementaire, des conventions collectives entre

employés et employeurs, des bureaux du travail pour

le placement, des caisses d’assurance maladie, de soins

et de décès.L’agitateur. Gravure sur bois, 1877.

« Les travailleurs lockoutés ... s’ils venaient le voir dans leur situation, peut-être pourrait-on s’entendre. » En 1869, la suppression du code régle-mentant l’activité industrielle lève le dernier obstacle à la création de syndicats : toutes les interdictions à l’encontre des commerçants ou des ouvriers concernant les associations visant à obtenir de meilleures conditions de travail, notam-ment par arrêt du travail ou par renvoi des travailleurs, sont levées.Caricature d’époque.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

Les lois sociales de Bismarck 1880–1889

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1871 : fondation de l’Empire allemand

Après la victoire militaire sur la France, l’Empire allemand est proclamé en 1871 avec une nouvelle constitution. Monar-chie héréditaire avec Berlin pour capi-tale, il comprend 25 États sous la direc-tion de la Prusse.

Otto von Bismarck devient chancelier impérial tout en restant ministre- président du plus grand Land, la Prusse. C’est entre ses mains qu’est concentré le pouvoir politique dans l’Empire. Les batailles entre l’État et l’Église catho-lique qu’il mène au nom du « combat pour la culture » débouchent sur un compromis, duquel vont naître le ma-riage civil et le catholicisme politique au sein du parti Zentrum.

La politique intérieure de Bismarck a pour objectif de mettre à l’écart les minorités gênantes et c’est ainsi qu’il déclare les uns après les autres « ennemis de l’Empire » les Polonais, les Alsaciens, les Catholiques, les Sociaux-démocrates et les Libéraux de gauche. Avec ce sys-tème de gouvernement « d’intégration négative », Bismarck empêche toute dé-mocratisation de l’État et de la société.

LES LOIS SOCIALES DE BISMARCK 1880 – 1889

Le 18 janvier 1871, le roi Guillaume Ier de Prusse est

proclamé empereur allemand dans la galerie des Glaces du

château de Versailles. 22 monarchies et trois républiques ainsi que

l’Alsace-Lorraine font partie du nouvel empire.

La proclamation de l’Empire. Tableau d’Anton von Werner, 1885.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

1878 : la loi sur les socialistes

Deux attentats manqués contre l’Empereur Guillaume Ier servent en 1878 de prétexte à Bismarck pour réprimer le mouvement ouvrier. Le 21 octobre 1878 est promulguée la « Loi contre les aspirations constituant un danger public de la social-démocratie ». Tout d’abord en vigueur pour deux ans et demi, elle sera prorogée jusqu’en 1890.

Cette loi interdit les « associations qui, par le biais de tendances sociales-démocrates, socialistes ou communistes, aspirent à renverser l’ordre étatique et social ». Sont concernés le Parti ouvrier socialiste et les syndicats. Plus de 1.500 personnes sont je-tées en prison, 900 sont expulsées et des milliers sont contraintes à l’émigration. La presse est muselée.

Le parti ouvrier socialiste, précurseur du SPD, est certes gêné dans son action par les mesures répressives et poussé à la clandestinité, mais il reste en place. Bismarck ne peut en effet toucher au droit de vote au Reichstag, la Diète impé-riale. Des sociaux-démocrates sont élus au Reichstag.

La loi sur les socialistes autori-se la police à dissoudre toutes

les associations sociales-démocrates, socialistes et

communistes, à expulser des personnes et à confisquer des

écrits.Dissolution d’une assemblée

sociale-démocrate à Berlin. Berliner Illustrierte, gravure sur bois, 1890.

La commission chargée de délibérer sur la loi sur les socia-listes subit des pressions de la part de Bismarck. « Cette fois, vous n’avez pas l’embarras du choix, il vous faut vous décider pour l’un ou pour l’autre. » La loi est adoptée avec les voix des conservateurs et des libéraux-nationalistes.Caricature publiée dans Kladderadatsch, 1884.

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LES LOIS SOCIALES DE BISMARCK 1880 – 1889

1881 : le message impérial

Bismarck cherche deux issues aux ques-tions sociales alors pressantes. La Loi sur les socialistes lui permet d’une part de museler les organisations politiques des ouvriers tandis que la création d’une assurance sociale devra réconcilier les travailleurs avec l’État.

Aux succès remportés par l’opposition libérale de gauche et sociale-démocrate à l’élection au Reichstag du 27 octobre 1881, le chancelier répond par le message impérial du 17 novembre 1881.

Il donne comme motif de la politique sociale étatique le fait que « le remède aux dommages sociaux ne devrait pas être recherché uniquement par la ré-pression des excès sociaux-démocrates mais dans la même mesure par la pro-motion positive du bien-être des travail-leurs ».

Le Reichstag est dès lors chargé d’élaborer des projets de lois sur l’assurance accidents, l’assurance ma-ladie et sur l’assurance invalidité et vieillesse.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

1883 : l’assurance maladie

Le 31 mars 1883, le Reichstag adopte la « Loi concernant l’assurance maladie des travailleurs ».

Est alors établie une assurance obliga-toire par laquelle l’appartenance à l’une des caisses d’assurance maladie autori-sées et placées sous la tutelle de l’État est obligatoire pour les travailleurs as-surés. Le financement est assuré par des cotisations. Les travailleurs prennent en charge deux tiers des cotisations et les employeurs un tiers.

La loi crée pour les assurés un droit au traitement médical gratuit, aux médi-caments, lunettes et autres traitements paramédicaux semblables gratuits. L’assistance est cependant limitée à 13 semaines à compter du début de la maladie. Les caisses peuvent prolonger les prestations jusqu’à une année. En cas d’incapacité de travailler, des in-demnités journalières de maladie d’un montant de 50 % de la rémunération du travail sont versées. Le traitement en hôpital reste toutefois une prestation facultative.

Les assurés ont un droit à un traitement médical gratuit.

Le principe de la prestation en nature s’applique : les caisses concluent avec des médecins

(pas nécessairement avec tous les médecins) des agréments

sur le traitement des patients. Pour les patients, le traitement

chez ces médecins agréés est gratuit.

Tableau d’Hugo Freiherr von Habermann, 1886.

23

LES LOIS SOCIALES DE BISMARCK 1880 – 1889

1884 : l’assurance accidents

Avant l’adoption de la nouvelle Loi sur l’assurance accidents, le travailleur vic-time d’un accident du travail avait droit à un dédommagement uniquement s’il était en mesure de prouver une faute de l’employeur. Une situation intenable, au vu des conditions de travail peu sûres et du nombre élevé d’accidents ne trouvant pas compensation.

Après de longs débats et deux projets de lois avortés, le Reichstag adopte le 6 juil-let 1884 en troisième texte une Loi sur l’assurance accidents.

La responsabilité de droit privé de l’employeur est remplacée par une as-surance accidents de droit public. Le financement est assuré uniquement par des cotisations versées par les em- ployeurs. Des caisses mutuelles d’as-surance accidents assurent la mise en œuvre de la nouvelle assurance accidents. La prévention des accidents est l’une de leurs missions.

La nouvelle assurance accidents est mise en œuvre

par les caisses mutuelles d’assurance accidents. Rétablir

la capacité de travail des patients compte parmi ses missions. Là où l’assurance

maladie ne prenait en charge les traitements que pendant

13 semaines, l’assurance accidents les prend en charge

de manière illimitée dans le temps. Le premier hôpital

consacré aux accidents du travail, le « Bergmannsheil »,

ouvre ses portes en 1890 à Bochum.

Etablissement de réadaptation vers 1900.

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24

POUR UN AVENIR MEILLEUR

1889 : l’assurance invalidité-vieillesse

Le 24 mai 1889, le Reichstag adopte, après des discussions publiques animées, la « Loi concernant l’assurance invalidité et vieillesse ». Sont obligatoirement assu-jettis à cette assurance les travailleurs et les simples employés à compter de leurs 15 ans révolus.

À 70 ans, les assurés touchent une maigre pension de vieillesse. En cas d’invalidité avant l’âge de la retraite, une pension d’invalidité est versée si la capa-cité de gain est diminuée de deux tiers. Le système ne prévoit ni pension de veu-ve ou de veuf ni pension d’orphelin dans ses débuts.

Les institutions d’assurance des Länder sont chargées de l’assurance invalidité-vieillesse. Son financement est assuré par des cotisations des salariés et des employeurs, chacun s’acquittant de la moitié. Un supplément impérial de 50 reichsmark par an est également versé pour chaque pension. Bismarck est parvenu à imposer son idée du « petit rentier d’État ».

Versement en espèces de la pension au bureau de poste principal de Hambourg. En 1891, l’assurance invalidité-vieillesse verse une pension de vieillesse mensuelle moyenne de 10,33 reichsmark.Gravure sur bois de Karl Müller, 1898.

« Notre vie dure 70 ans, avec un peu de chance, on arrive à

80 ans, et si délicieuse elle a été, ce sont effort et travail qui

l’ont façonnée. »Dessin de Heinrich Zille sur la limite

d’âge de 70 ans du régime légal d’assurance invalidité-vieillesse,

vers 1900.

25

Les réactions face à la législation sociale

La réaction à la législation sociale initiée par Bismarck est en majorité négative, tant au parlement que dans la société.

La pension de vieillesse fait notamment l’objet de réserves, et se heurte au sein du Reichstag à l’opposition ferme du Zentrum et les libéraux de gauche, mais aussi des socialistes. C’est surtout le supplément impérial qui fait l’objet des critiques, qualifié par le Zentrum et les libéraux de gauche de « socialisme d’État ».

Les sociaux-démocrates persécutés par la loi anti-socialiste rejettent officiellement les lois sociales. Au niveau interne, celles-ci suscitent toutefois des discussions enflammées sur la valeur de l’assurance sociale pour les travailleurs.

Les chefs d’entreprise et les assurances s’opposent aux projets de lois par peur de voir leurs bénéfices reculer. Le chance-lier impérial bénéficie du soutien de pro-fesseurs, des « socialistes de la chaire » et de conservateurs isolés qui exigent de l’État un engagement dans le sens d’une aide paternaliste aux sujets.

LES LOIS SOCIALES DE BISMARCK 1880 – 1889

Caricature d’époque sur les lois sur l’assurance sociale en cours de discussion : « de près ou de

loin ». Le premier a les yeux fixés sur l’opinion de l’Église, le deuxième voit seulement

le coût financier, le troisième a le regard fixé sur l’élection

au Reichstag de 1890, et seul Bismarck voit loin, il est déjà

cent ans plus loin. Album Bismarck de la revue

Kladderadatsch.

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26

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Guillaume II et la Première Guerre mondiale 1889–1918

27

L’Empire

1888, « année des trois empereurs » : Guillaume Ier et son successeur Frédéric III meurent la même année. Guillaume II est proclamé empereur et procède à de profondes mutations politiques sur une courte période.

L’absence de prorogation de la loi anti-socialiste ainsi que des différends entre l’Empereur et Bismarck sur la ques-tion sociale entraînent la démission de Bismarck en 1890.

Par une législation sur la protection des travailleurs, Guillaume II veut séparer ceux-ci de la social-démocratie. Il fait pas- ser la « Loi sur la protection des travailleurs » en 1891. Le travail dominical est interdit, le temps de travail limité à onze heures. Lorsque la proposition de loi relative aux peines pénitentiaires permettant de pénaliser les appels à la grève échoue au Reichstag, le gouvernement change de politique. Il essaie de se gagner les faveurs des travailleurs par d’impor- tantes réformes de politique sociale.

Malgré ces mesures et des améliorations progressives de la vie quotidienne, la classe ouvrière reste défavorisée sociale-ment et juridiquement sous l’Empire.

GU I LLAUME I I ET LA PREMIÈRE GU ERRE MON DIALE 1889 – 1918

Croissance des grandes villes allemandesPopulation en 1875 1910 + en %Duisburg 37.000 230.000 520Kiel 37.000 212.000 470Leipzig 127.000 590.000 360Francfort 103.000 415.000 300Cologne 135.000 517.000 280Hambourg 265.000 930.000 270Nuremberg 91.000 333.000 270Munich 193.000 596.000 210Dresde 197.000 548.000 180Stuttgart 107.000 286.000 170Berlin 970.000 2.070.000 110

Chiffres arrondis

L’Empereur Guillaume II Guillaume II (1859–1941) devient Empereur allemand à 29 ans. Il accorde une grande place à l’armée et aux soldats, ce qui vaut au pays la réputation d’être un bastion du militarisme. Pour être perçu comme homme de rang dans la société bourgeoise, il faut avoir « servi » et être officier de réserve.

Conditions de logement catastrophiques dans les quar-tiers ouvriers de Berlin.Am Krögel, Berlin-Centre, entrée de l’une des cours, vers 1908.

4

28

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Une politique sociale contre la social-démocratie

La social-démocratie et le gouvernement continuent de se faire face sans volonté de s’accorder, même après 1890. Mais si la social-démocratie reste sous surveillance policière, elle peut toutefois s’épanouir au sein de l’Empire.

Après un durcissement initial, le gouver-nement change d’orientation et accepte l’élargissement de la législation sociale et l’encouragement des syndicats chré-tiens. L’objectif en est d’isoler politique-ment la social-démocratie et les syndicats (socialistes) libres. L’initiateur de cette politique est le secrétaire d’État au mi-nistère de l’Intérieur du Reich, le Comte Arthur von Posadowsky-Wehner.

Après sa légalisation, le SPD rompt en quelques années avec ses idées révolu-tionnaires issues des enseignements de Karl Marx. Il se transforme en un parti ré-formiste. Lors des élections au Reichstag de 1912, un électeur sur trois vote pour les sociaux-démocrates. Pour la premiè-re fois, ceux-ci constituent le plus grand groupe parlementaire du Reichstag.

Les interventions de la police face aux protestations de chômeurs ou de grévistes sont à l’ordre du jour. L’État essaie de poursuivre la répression face aux travailleurs, même après la levée de la loi anti-socialiste. N’y parvenant pas, il mise sur une réconciliation avec le mou-vement ouvrier en élargissant la protection du travail.Intervention de la police contre des artisans du bâtiment au chômage, Berlin 1892.Gravure sur bois, non datée.

Le système de vote des trois classes en vigueur en Prusse

depuis 1848 (et qui ne sera aboli qu’en 1918), selon lequel

les voix des électeurs sont pondérées en fonction du

montant des impôts qu’ils pai-ent, ne cesse de faire l’objet de

discussions politiques animées.Page de couverture d’une brochure du SPD. Gravure sur bois de Walter

Crane, 1910.

29

La politique en matière de santéLes trois grandes assurances sociales et la législation protégeant les travailleurs sont des étapes importantes vers une résolution de la question sociale. On ne saurait toutefois encore parler de protec-tion sociale globale.

La situation sanitaire s’améliore. Le pro-grès dans le secteur médical et l’hygiène, l’institution de l’assurance sociale et l’augmentation du nombre de médecins se font sentir. Canalisations et systèmes de distribution d’eau font leur apparition. Il existe des vaccins contre la variole. Le choléra et la peste sont soumis à des dis-positions très strictes. La mortalité infan-tile et due à la tuberculose sont en recul. La lutte contre les maladies infectieuses porte ses fruits.

La législation impériale extensive sur les vaccinations, sur les aliments, sur les fléaux d’ordre général, sur les fléaux touchant le bétail et sur bien d’autres thèmes y ont apporté une contribution importante. L’éducation sanitaire, de plus en plus une mission publique, renforce aussi les progrès accomplis en matière de santé. De 45 millions en 1880, la popula-tion passe à 65 millions en 1910.

La fédération catholique Caritas est fondée en 1897.

Elle vient s’ajouter à la Mission intérieure de l’Église protestante fondée en 1849 et à l’Association allemande

pour les soins aux pauvres et la charité fondée en 1880. Trois grandes fédérations d’aide so-ciale sont maintenant actives

en Allemagne. Au petit matin. Gravure sur bois

d’Hugo von Habermann, 1887.

En 1901, des prix Nobel sont décernés pour la première fois à Stockholm et à Oslo pour des performances « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité ». Parmi les lauréats comptent Conrad Röntgen, qui a découvert les rayons X, et Emil von Behring, qui a mis au point un sérum contre la diphtérie et le tétanos.Dessin d’époque de C. A. Olausson, 1901.

GU I LLAUME I I ET LA PREMIÈRE GU ERRE MON DIALE 1889 – 1918

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30

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Le Code des assurances du Reich de 1911

En 1911, les assurances maladie, accidents, invalidité et vieillesse sont regroupées pour ne former plus qu’une grande loi uniforme, le Code des assurances du Reich, qui permet également d’améliorer les prestations dont bénéficient les assurés.

Sont maintenant également assurés maladie les travailleurs agricoles, les tra-vailleurs indépendants, les personnes pratiquant le commerce ambulant et les employés de maison.

Quant à l’assurance invalidité et vieil-lesse, elle prévoit désormais une prise en charge du conjoint survivant et des enfants, veuf ou veuve et orphelins bénéficiant ainsi d’une pension. En 1916, la limite d’âge légale pour l’octroi de la pension de vieillesse passe de 70 à 65 ans pour les ouvriers.

Pour les employés, la Loi d’assurance des employés de 1911 crée une assurance vieillesse à part. Les prestations et les cotisations de cette nouvelle assurance sont plus élevées que ceux de l’assurance invalidité et vieillesse des ouvriers. Cette loi constitue la dernière grande loi de la législation en matière d’assurance pour les salariés.

L’introduction d’une prise en charge insuffisante du con-

joint et des enfants survivants par le Code des assurances du

Reich est vivement critiquée.Aux veuves et aux orphelins : « Allons venez petites gens et

buvez tant qu’à votre saoul ce que le bouc bleu-noir* vous a

concocté. » Il est fait référence aux partis du gouvernement

au Reichstag.Caricature de M. Vanselow,

« Le vrai Jacob », 1911.

Une Loi sur le travail à domicile est promulguée en 1911. L’inspection du travail et de la main d’œuvre y surveille maintenant les conditions du travail, la rémunération est assurée par contrat. Le travail des enfants dans ce secteur est déjà interdit depuis 1903 aux enfants de moins de 12 ans. Dentellerie produite à domicile. Malgré l’interdiction, le travail des enfants reste normal, 1906.

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L’influence grandissante des syndicats

Après l’absence de prorogation de la loi anti-socialiste (1890), les syndicats d’obédience socialiste, chrétienne ou libérale se transforment en mouve-ments de masse. En 1913, ils comptent quelque 13 millions d’affiliés.

Pendant la Première Guerre mondiale (1914–1918), une influence sur la poli-tique est concédée aux syndicats. Il est de plus en plus fait appel à eux pour des mesures d’économie de guerre, pour conseiller des institutions sociales, et même pour des attributions de police.

Dans de nombreuses branches se consti-tuent des groupes de travail de fédéra-tions d’employeurs et de travailleurs. Les syndicats prennent ainsi une part de responsabilité politique et sociétale.

Par la Loi sur le service d’aide à la patrie du 5 décembre 1916, les syndicats ob-tiennent un droit d’intervention dans les entreprises. Ils sont maintenant par-tenaires égaux des employeurs pour les négociations. Dans les entreprises comptant plus de 50 travailleurs, des comités de travailleurs élus sont consti-tués. Ce sont les premiers pas vers une cogestion au sein de l’entreprise.

Les syndicats luttent pour une hausse des salaires, pour la réduction du temps de travail à huit heures par jour, pour une amélioration des conditions de travail et l’institution de comités des travailleurs. Les mineurs se lancent dans leur premier grand combat en 1905. Sur 280.000 mineurs, 220.000 font grève. Ils abandonnent certes leur mouvement au bout de quatre semaines sans avoir obtenu gain de cause, mais une modification de la loi sur les mines prévoit tout de même une réduction du temps de travail et l’institution de comités des travailleurs dans les entreprises.Des grévistes s’enfuient devant l’avancée de la police, 1905.

Au tournant du siècle, iI existe trois grandes tendances parmi

les syndicats : les syndicats libres (socialistes), les syndicats

chrétiens et les syndicats Hirsch-Duncker (libéraux).

Couverture du journal des métallurgistes « Metallarbeiter-

Zeitung », 1911.

GU I LLAUME I I ET LA PREMIÈRE GU ERRE MON DIALE 1889 – 1918

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32

POUR UN AVENIR MEILLEUR

La Première Guerre mondiale et la fin de l’Empire

Juin 1914 : les prétendants autrichiens au trône de l’empire austro-hongrois sont assassinés à Sarajevo par des Serbes. Les États nationaux européens, prêts à la guerre, se laissent entraîner dans un conflit qui va se transformer en guerre mondiale.

L’engouement pour la guerre est tel qu’au Reichstag même le SPD vote en fa-veur des premiers emprunts de guerre.

Sur le front Est, l’armée allemande vainc la Russie, qui s’effondre en 1917 après la révolution communiste. Le manque de préparatifs en vue d’une guerre plus longue et la guerre de position sur le front Ouest entraînent bientôt misère et pauvreté dans le pays.

L’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917 scelle le destin de l’Allemagne : malgré de grands efforts de guerre, la défaite à l’ouest est inévitable.

L’Empereur Guillaume II abdique. La République allemande est proclamée à Berlin. L’Allemagne capitule le 11 novem-bre 1918.

En traversant la Belgique, l’Allemagne essaie à l’Ouest d’encercler les troupes fran-çaises par le Nord. L’avancée dans le nord de la France est toutefois stoppée à la Marne. La guerre de mouvement se fige et devient guerre de position.La fin pour des milliers de jeunes hommes des deux côtés, septembre 1914.

« Conférence préliminaire des experts. »

« Président : les débats sont clos. Que ceux qui sont pour

une entente mettant fin à la guerre lèvent la main ! La motion est adoptée à

l’unanimité. »AK

G –

Imag

es

33

La République de Weimar 1918–1933

La constitution du Reich allemand après son adoption, pourvue des signatures du Président du Reich et des membres du gouvernement du Reich, août 1919.

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34

POUR UN AVENIR MEILLEUR

L’Assemblée nationale constituante de Weimar

Après l’abdication de l’Empereur, le chan-celier Max von Baden transfère ses pou-voirs au social-démocrate Friedrich Ebert le 9 novembre 1918. Le « Conseil des commis-saires du peuple » forme le gouvernement. Le social-démocrate Scheidemann procla-me la République d’une fenêtre du Reichs-tag. Une agitation quasi révolutionnaire et la mutinerie d’une partie des forces armées placent le gouvernement face à une situa-tion difficilement maîtrisable.

En janvier 1919, une nouvelle assemblée nationale est élue et adopte à Weimar une constitution démocratique. Sont pour la première fois garantis par écrit les droits de l’être humain et le droit de vote au suffrage universel, libre, égal et secret, pour hommes et femmes.

Les nouveautés apportées par le Conseil des commissaires du peuple en matière de droit du travail restent en vigueur après l’adoption de la constitution : journée de travail de huit heures, caractère liant des conventions collectives, arbitrage de l’État lors de conflits sur les salaires, constitution de comités de travail dans les entreprises et mesures de protection des travailleurs à domicile.

L’Assemblée nationale consti-tuante de Weimar est élue

le 19 janvier 1919 au suffrage direct, secret, libre et égal. Le

SPD majoritaire reste la princi-pale force, suivi du Zentrum, le parti du centre. Friedrich Ebert

devient Président du Reich, Philipp Scheidemann devient

chancelier (tous deux sont du SPD).

Friedrich Ebert(SPD), à son bureau dans le

château de Weimar après son élection au poste de Président

du Reich (1919–1925), 1919.

Les soldats qui reviennent en grand nombre de la guerre doivent pouvoir gagner leur vie de nouveau. Tous n’y parviennent pas. Le nombre de personnes sans travail est élevé. Nombreux sont ceux qui essaient d’une manière ou d’une autre de survenir à leurs besoins.Vendeur de petits pains dans la rue, 1919.

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LA RÉPU BLIQU E DE WEIMAR 1918 – 1933

La république en crise

La République de Weimar est menacée de toutes parts dès le début. Les séparatistes s’attaquent à l’unité du Reich, les monar-chistes souhaitent rétablir l’Empire, les forces réactionnaires exigent un pouvoir d’État dictatorial, les forces de gauche veulent mener à bien la révolution.

Suite au traité de Versailles (1919), l’Allemagne doit céder des territoires et verser des réparations. Ces charges et la dramatique dévaluation de la monnaie en 1923 enveniment la situation politique et sociale. Chefs d’entreprise et commer-çants font faillite, employés et ouvriers sombrent dans la tourmente avec leur revenu fixe.

Un accord entre employeurs et travail-leurs (accord dit de Stinnes-Legien) recon-naît les syndicats comme partenaires aux conventions collectives, ceux-ci renonçant en retour à leurs revendications de socia-lisation. La Loi sur les conseils d’entreprise et le droit des conventions collectives rè-glent les droits des employeurs et des tra-vailleurs. Les deux parties doivent assurer le financement de l’assistance chômage par la voie de cotisations.

Les offensives des forces d’opposition, qui vont jusqu’à

des combats de rue, affaiblissent la « coalition gouvernementale de Weimar ». Après l’élection au Reichstag de mai, 12 partis sont

représentés à l’assemblée. Les majorités politiques stables font

défaut.Sympathisants du Parti national du

peuple allemand à Berlin, 1924.

Le versement de réparations élevées aux vainqueurs en-traîne une forte dévaluation de la monnaie qui accule de nom-breuses personnes à la misère. Fin 1923, un dollar US équivaut à 4,2 billions de marks. Une réforme monétaire introduit le rentenmark avec un taux de change avec le mark papier de 1 pour 1 billion.

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36

POUR UN AVENIR MEILLEUR

La politique sociale des « années dorées »

L’année de crise 1923 est suivie d’un court répit économique. La vie intellec-tuelle et artistique se métamorphose sous l’influence du mouvement moder-ne et transforme mode de vie et com-portements. « Dorées », ces années le sont surtout dans les grandes villes pour les classes favorisées.

Chômage, pauvreté, dévaluation et pro-blèmes de logement sont eux le lot quo-tidien d’un grand nombre de personnes.

En 1927, la Loi relative au placement de main d’œuvre et à l’assurance chômage est adoptée et un Office du Reich insti-tué. Moyennant cotisations, les salariés bénéficient de prestations en cas de chô-mage. Les cotisations sont versées à part égale par employés et salariés.

La crise économique qui débute en 1929 entraîne une hausse du chômage qui contraint la nouvelle assurance à cons-tamment réduire prestations et aug-menter cotisations. L’absence d’accord sur le montant des prestations entraîne en 1930 la chute du dernier gouverne-ment du Reich issu des élections parle-mentaires.

Le nombre de chômeurs augmente lentement, mais sûrement. En 1927, une assu-rance chômage obligatoire uniforme pour tout le Reich prévoyant un droit opposable à une assistance chômage est adoptée. Les cotisations sont prises en charge à montant égal par employeurs et sala-riés. La loi part d’un nombre moyen de 700.000 chômeurs. Pendant la crise économique mondiale de 1930–1932, elle ne peut faire face à 6 millions de chômeurs (trente pour cent de la population active).Des chômeurs font la queue devant l’agence pour l’emploi d’Hanovre, 1932.

Le peintre George Grosz (1893–1959), l’un des satiristes

les plus acerbes parmi les artistes allemands, montre

dans ses œuvres « le visage de la classe dominante ».

Eclipse de soleil, 1926.

37

LA RÉPU BLIQU E DE WEIMAR 1918 – 1933

Assurance maladie et logements sociaux

En 1918, le Conseil des commissaires du peuple adopte un élargissement décisif de l’assurance maladie légale en dou-blant le revenu limite pour l’obligation d’assurance. Les médecins protestent, redoutant pour l’avenir une baisse du nombre de patients privés. Lorsque le gouvernement limite en plus le libre choix du praticien, le corps médical se met en grève. Avec pour résultat que les caisses d’assurance maladie ne con-cluent plus d’accords avec des médecins individuels, mais avec leurs ordres.

L’assurance maladie plonge dans la tourmente de la crise économique mon-diale. Les indemnités journalières sont réduites, une participation au coût des médicaments et un droit pour les feuilles de maladie sont introduits.

À partir de 1918, des mesures telles que le droit de superficie, la loi impériale sur les foyers et le lotissement ainsi que la loi sur la protection des locataires sont prises pour faire face aux problèmes de logement. Des organisations d’entraide des caisses de crédit foncier et des asso-ciations de construction naît la construc-tion de logements sociaux.

Une taxe sur la possession de biens immobiliers existants

permet entre 1926 et 1931 de financer un grand nombre

de logements neufs (338.000 logements par exemple en 1929).

40% de ces logements sont construits par des entreprises

d’utilité publique.Cité en fer à cheval de Berlin-Britz,

construite entre 1925 et 1931 par Bruno Taut, vue peu après l’achèvement des

travaux, 1931.

Le gouvernement ne parvient pas à imposer la nationalisation du système de santé. Il double toute-fois le plafond d’assujettissement (1919) en le faisant passer à 5.000 reichsmark afin d’inclure un plus grand nombre d’assurés au régime légal d’assurance maladie. Cette mesure limite les consultations privées pour les médecins. Ceux-ci protestent. En 1931, ils parviennent à obtenir des caisses d’assurance maladie que celles-ci soient tenues de conclure des accords avec les ordres professionnels, et non plus avec les médecins individuels. Consultation de prévention médicale au grande Centre pour enfants de la ville de Berlin, 1930.

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38

POUR UN AVENIR MEILLEUR

La crise économique mondiale et la fin de la République de WeimarLe 25 octobre 1929, la bourse de New York s’effondre. Ce « vendredi noir » déclenche une crise économique d’envergure mon-diale. Sur l’économie allemande aussi, son effet est catastrophique.

Le gouvernement, sans majorité parle-mentaire, veut déclarer son insolvabilité afin d’obtenir une levée des réparations dues au titre de la guerre passée, sans te-nir compte du phénomène du chômage de masse qui commence à poindre.

En quatre ans, le nombre de chômeurs va quadrupler pour passer à plus de six mil-lions en 1932. De l’autre côté, 12 millions de personnes seulement ont du travail. La détresse est grande pour les chômeurs et leur famille.

L’échec du gouvernement pousse les mé-contents vers les adversaires du système parlementaire, les communistes et sur-tout les nationaux-socialistes. Leur électo-rat ne cesse de gonfler. Le 20 janvier 1933, le Président du Reich Paul von Hinden-burg nomme Adolf Hitler Chancelier du Reich. Les nationaux-socialistes prennent le pouvoir, le démantèlement de l’ordre constitutionnel de Weimar commence.

L’inflation et la crise écono-mique mondiale rendent l’approvisionnement en denrées alimentaires plus critique encore. Les communes ne sont plus les seules à organiser des soupes populaires, des person-nes privées le font aussi.Un endroit où être un peu au chaud, Berlin-Neukölln, 1931.

Pendant les années de crise, de 1929 à 1932, le service de

travail volontaire jouit d’une grande popularité parmi les

chômeurs. Ceux-ci sont utilisés pour la construction de routes

et dans l’agriculture.En route vers le travail volontaire,

1932.

39

Le national- socialisme et

la Seconde Guerre mondiale 1933–1945

bpk,

Ber

lin

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40

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Prise du pouvoir et mise au pas

Après la prise du pouvoir des nationaux-socialistes le 30 janvier 1933, l’incendie du Reichstag le 27 février 1933 offre un prétexte au passage d’une « Ordonnance pour la protection du peuple et de l’État » afin « de contrer les menaces commu-nistes qui mettraient l’État en danger ». Ce décret instaure un état d’urgence permanent et suspend des droits fonda-mentaux élémentaires. Les opposants au régime sont arrêtés.

En mars 1933, le Reichstag adopte la loi des pleins pouvoirs demandée par Hitler. Le groupe parlementaire social-démocrate est le seul à voter contre la loi, les députés communistes ayant déjà été arrêtés.

Cette loi ouvre la voie à la mise au pas de l’État et de la société par les nazis et à la dictature d’Hitler. Les syndicats et le SPD sont interdits, les partis bourgeois dis-sous. Le glas de la première démocratie allemande a sonné.

La mise au pas des Länder amorce l’incorporation forcée des communes, des fonctionnaires, de la justice, des as-sociations et organisations au système national-socialiste.

Hitler exige les pleins pouvoirs dictatoriaux du Reichstag. Sous la menace des SA, le Reichstag adopte la « loi des pleins pou-voirs » le 23 mars 1933 à la majo-rité des 2/3, avec notamment les voix du Zentrum et des Libéraux. Les sociaux-démocrates votent contre la loi. Le parlement est privé de tout pouvoir, la constitution est suspendue, la démocratie supprimée. Hitler justifiant devant le Reichstag laloi des pleins pouvoirs le 23 mars 1933.

Adolf Hitler est tout juste nommé au poste de Chance-

lier du Reich, le 30 janvier 1933, que commence la répression contre l’opposition. Les actes

terroristes ont maintenant l’aval du pouvoir d’État. L’incendie du Reichstag (27 février 1933) offre le

prétexte à l’adoption de l’ordonnance pour la protec-

tion du peuple et de l’État, par laquelle d’importants

droits constitutionnels sont suspendus.

Incendie du Reichstag : flammes et nuages de fumée ont été rajoutés à

la photo, l’incendie ayant déjà été maîtrisé au cours de la nuit, 1933.

41

LE NATIONAL-SOCIALISME ET LA SECONDE GUERRE MONDIALE 1933 –1945

Du travail grâce à l’armement

Afin de se rallier les travailleurs, le gou-vernement rebaptise le 1er mai, jusque là traditionnel jour de fête et de lutte du mouvement ouvrier, en « jour du travail national » flanqué de défilés en grand sty-le et de manifestations du parti.

La lutte contre le chômage est placée dès le début sous le signe de l’armement de la Wehrmacht. Les mesures annoncées à grands renforts de propagande ne sont possibles que par la création préalable d’emplois dans le secteur de l’armement. Les chômeurs sont employés à des tra-vaux d’urgence dans le cadre du service de travail volontaire, et, à partir de 1935, les jeunes sont occupés par le service de travail du Reich et par le service militaire obligatoire. Un carnet de travail permet de contrôler les travailleurs.

Le recul du nombre de chômeurs entraîne en 1936 un assouplissement du gel des salaires en vigueur depuis 1933. En 1938, le plein-emploi est une réalité. En raison du manque de main d’œuvre, la possibilité d’une réquisition obligatoire est intro-duite le 1er juillet 1938.

Tous les efforts économiques et politiques se focalisent de façon accrue sur l’armement

et la préparation de la guerre. La part des dépenses

d’armement aux dépenses du Reich passe de 4 pour cent en

1932 à plus de 50 pour cent en 1938. L’endettement extrême-

ment fort qu’implique cette politique entraînera après la

Seconde Guerre mondiale une dévaluation totale de la mon-naie et la réforme monétaire.

Hall de montage d’une usine de chars, 1942.

La construction des auto-routes a débuté pendant la République de Weimar. Les nazis reconnaissent très vite l’importance stratégique pour l’armée de voies de communication rapides et performantes. Ils se lancent en conséquence dans un vaste chantier de construction d’autoroutes.Tronçon de l’autoroute du Reich Berlin-Stettin, 1934.

6

42

POUR UN AVENIR MEILLEUR

La politique sociale du national-socialisme

Le 2 mai 1933, les locaux des syndicats sont pris d’assaut, les fonctionnaires arrêtés. Les syndicats dissous sont remplacés par le Deutscher Arbeitsfront (Front allemand du travail), organisation obligatoire qui s’approprie les biens et structures de la Fédération des syndicats allemands.

La Loi sur l’organisation du travail na-tional de janvier 1934 interdit le droit de coalition et de grève et remanie les en-treprises au nom du principe du Führer. L’autonomie de gestion des assurances sociales est abolie.

Les allocations familiales apparaissent en septembre 1936, et les Allemands non soumis à l’obligation d’assurance peu-vent cotiser à titre volontaire à l’assuran-ce invalidité-vieillesse en décembre 1937. À partir de 1941, les caisses d’assurance maladie prennent en charge les coûts jusqu’à la guérison définitive.

La politique sociale au sein de l’entreprise est confiée au Front allemand du travail. Sous le slogan « beauté du travail », il qualifie des emplois, construit logements d’entreprise, terrains de sport et cantines et améliore la protection de la maternité.

L’une des idées les plus popu-laires des nationaux-socialistes

est celle de la « communauté nationale ». En orchestrant

toute une série de campagnes, la politique souligne l’égalité sociale et la solidarité dans le cadre de cette communauté

nationale.Exercices au cerceau d’un groupe de

sport « Kraft durch Freude » (la force par la joie) lors de compéti-

tions du Reich, 1939.

La folie raciale envahit même les écoles. La « science des races » devient matière obligatoire. Un enseignant montre à ses élèves des différences au niveau de la forme des visages, 1935.

43

LE NATIONAL-SOCIALISME ET LA SECONDE GUERRE MONDIALE 1933 –1945

Persécution, mort et Seconde Guerre mondialeLa discrimination des Juifs commence en 1933 par le boycott : « N’achetez pas chez les Juifs ». Fonctionnaires et juges juifs sont congédiés, médecins et avo-cats font l’objet d’intimidations. Les livres d’auteurs juifs ou indésirables d’une autre manière sont brûlés. De nom-breuses lois, dont les lois de Nuremberg de 1935, privent systématiquement les citoyens juifs de leurs droits. En 1938, les Juifs sont exclus de la vie économique. Ces mesures sont bientôt suivies de déporta-tions massives vers ghettos et camps.

Lors de la « conférence de Wannsee » en 1942, les nazis décident de l’extermination des Juifs d’Europe. Plus de cinq millions de personnes vont trouver la mort. Les Juifs ne sont pas les seules victimes de la folie raciale, celle-ci entraîne également la mort de centaines de milliers de Sinti et de Roms, d’homosexuels, de personnes handicapées mentales et physiques, de mendiants et de malades incurables ou atteints de tares héréditaires.

Le 1er septembre 1939, Hitler envahit la Pologne et déclenche la Seconde Guerre mondiale, qui fera 50 millions de victimes.

Lors de la libération du camp de concentration de Bergen-Belsen (Basse-Saxe) en avril 1945, les troupes britanniques découvrent de vastes fosses où s’amoncellent des milliers de cadavres. C’est aussi à Bergen-Belsen que meurt Anne Frank.

Dès le début de la guerre en 1939, des pelotons d’exécution

sèment la terreur dans les territoires de l’est conquis

par la Wehrmacht, l’armée allemande. Les déportations

en provenance de l’Allemagne et du reste de l’Europe vers les camps d’extermination

commencent. En 1942, les nazis décident à la « conférence de

Wannsee » l’extermination de l’ensemble des Juifs d’Europe.

Déportations du ghetto de Varsovie, 1943.

Le 22 juin 1941, l’Allemagne lance l’entreprise « Barbarossa »

avec pour but de soumettre l’Union soviétique au joug nazi. Couronnée de succès militaires

au début de l’opération, l’entreprise va connaître un

revers avec la bataille de Stalingrad en 1942/1943. Les

troupes allemandes se trouvant dans Stalingrad capitulent le 31

janvier 1943. En octobre 1944, les forces

russes de « l’Armée rouge » sont pour la première fois aux portes

du Reich.Soldats allemands en route vers

des camps de prisonniers, 1943.

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44

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Résistance et capitulation

La résistance à la dictature nazie ne se présente pas sous forme de mouvement uniforme. En ses débuts, elle est surtout le fait de sociaux-démocrates, de commu-nistes, de représentants isolés des églises et d’un petit nombre de militaires.

Mouchardage et persécution brutale, plus une large adhésion au régime font obstacle à un mouvement de résistance puissant et homogène.

La guerre voit un accroissement de la résistance des conservateurs et des mili-taires. C’est des rangs de ces derniers que sont issus la majorité des conspirateurs qui essaient, le 20 juillet 1944, de sup-primer Hitler et de mettre un terme à la guerre. L’attentat échoue. L’Allemagne est acculée à suivre jusqu’au bout la voie em-pruntée par les nazis, qui mène à sa dé-faite militaire totale et à sa capitulation en mai 1945.

Nombreux sont ceux qui vont trouver la mort en voulant résister au régime nazi.

L’attentat du 20 juillet 1944En 1944, des officiers de la Wehrmacht et des résistants civils sont fermement décidés à attenter aux jours d’Hitler et à mettre un terme à la guerre. Le Comte Claus Schenk von Stauffenberg parvient à dépo-ser une bombe dans la salle de réunion du quartier général du Führer, la « Wolfschanze », en Prusse orientale. Hitler ne sera que légèrement blessé lors de l’attentat. Les protagonistes sont passés par les armes, quelques officiers supérieurs se suicident, 7.000 opposants au régime sont arrêtés.

Sous le nom de « Rose blanche », un groupe d’étudiants de

Munich formé autour de Hans et Sophie Scholl, Christoph

Probst, Willi Graf, Alexander Schmorell et du professeur

d’université Kurt Huber distribue des tracts contre les nazis et place des inscriptions sur les

murs de maisons. Ils sont arrêtés le 18 février 1943 et exécutés peu

de temps après.De gauche à droite : Christoph Probst,

Sophie Scholl et Hans Scholl, 1942.

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45

La période d’occupation

1945–1949

Mai 1945, la guerre est finie. L’armée russe assure l’administra-tion du secteur est de Berlin et de la zone d’occupation soviétique.

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46

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Les conséquences de la guerre et le problème des réfugiés

Début 1945, l’Allemagne est à bout de forces, du point de vue militaire, poli-tique et économique. La Wehrmacht capitule sans condition le 8 mai 1945.

Les Alliés, à savoir les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union soviétique et la France divisent l’Allemagne et sa capitale, Berlin, en quatre zones d’occupation. Les territoires situés à l’est de l’Oder et de la Neiße sont placés sous administration polonaise.

Lors de la conférence au sommet de Potsdam en 1945, les représentants des puissances alliées – Truman, Staline et Churchill – fixent quatre objectifs centraux à la politique d’occupation : dénazification, démilitarisation, décar-tellisation et démocratisation.

Plus de douze millions de personnes en provenance des territoires allemands de l’est et du sud-est de l’Europe seront expulsées ou déplacées de force. Les intégrer à la société représente un défi majeur pour l’Allemagne détruite.

Les derniers prisonniers de guerre alle-mands ne rentreront de Russie que dix ans après l’armistice, un retour tardif.

Le procès de NurembergLe procès de Nuremberg, qui a lieu au Tribunal militaire international de Nuremberg (du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946) est intenté à 22 « grands criminels de guerre » qui devront répondre des crimes commis. Douze accusés seront condamnés à mort.Le banc des accusés dans la salle du tribunal de Nuremberg, photo non datée.

La ville de Berlin est elle aussi divisée en quatre zones

d’occupation en 1945. Ces zones sont certes signalées,

mais elles ne font pas l’objet d’une délimitation particu-lièrement stricte au début.

Panneau : Vous entrez dans le secteur britannique, Berlin 1945.

47

LA PÉRIODE D’OCCUPATION 1945 – 1949

Le quotidien et le programme de reconstruction

Le pays est détruit et occupé par les puissances victorieuses. Des millions de personnes ont perdu leurs racines, leur logement dans les bombardements, ont été évacuées, ont fui ou ont été ex-pulsées, démobilisées ou libérées des camps de concentration et des prisons.

La plupart d’entre elles luttent pour leur survie, la faim et les soucis matériels do-minent. La guerre a détruit ou endom-magé près de la moitié des logements. De surcroît, des millions de réfugiés et de personnes déplacées doivent eux aussi être logés. Les « Trümmerfrauen », les femmes des ruines, déblaient les rues des villes détruites. Les briques ré-cupérées servent à la construction de nouveaux logements.

L’économie ne fonctionne plus. Face aux dommages de guerre en Europe et à la misère économique, le Secrétaire d’État américain George Marshall éla-bore un programme de reconstruction pour l’Europe en 1947. Celui-ci englobe les trois zones d’occupation occidentale, l’U.R.S.S. ayant rejeté le « Plan Marshall » pour la zone soviétique.

À la fin de la guerre, plus de 20 pour cent des logements sont totalement détruits, 30 pour

cent de plus sont endommagés. Douze millions de réfugiés et

de personnes déplacées en provenance des territoires de

l’est doivent être accueillis. Pour les trois zones ouest, le nombre

de logements à construire est estimé à cinq à six millions.

Habitation de fortune dans les ruines d’une maison, 1946.

Depuis août 1946, des millions de colis d’aide renfermant des vivres et des vêtements sont envoyés en Allemagne par l’organisation d’aide améri-caine privée CARE (Cooperative for American Remittances to Europe) et distribués à ceux qui sont dans le besoin.Une famille lors de l’ouverture d’un colis CARE, vers 1950.

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48

POUR UN AVENIR MEILLEUR

La Guerre froide

Très rapidement, les ordres que sou- haitent établir les puissances victorieu-ses s’avèrent incompatibles entre eux.

À partir de 1947, l’Allemagne devient le théâtre des antagonismes politiques en-tre l’Est et l’Ouest, plus particulièrement entre les États-Unis et l’Union soviétique. La Guerre froide va dominer la politique pendant plus de quarante ans.

Cet antagonisme va mener peu à peu à la division de l’Allemagne. Les trois puissances victorieuses occidentales (États-Unis, Grande-Bretagne, France) établissent un système démocratique dans leurs zones d’occupation. L’Union soviétique transforme sa zone en satel-lite communiste.

En 1948, la réforme monétaire dans les zones occidentales et celle effectuée à part dans la zone Est scellent la rupture de l’entité économique qui existait en-core dans la forme.

Par un blocus de toutes les voies ter-restres et fluviales, les Soviétiques ten-tent en 1948 de placer Berlin entièrement sous leur contrôle. Les alliés occidentaux réagissent en ravitaillant la ville par un pont aérien pendant douze mois.

Les années d’après-guerre sont pour beaucoup synonymes de misère noire et de privations extrêmes, surtout pour les personnes âgées et les familles ayant des enfants. Le dernier rempart que constitue l’assistance sociale menace de s’écrouler face aux immenses sollicitations financières que représentent les réfugiés et les invalides de guerre.À la recherche de nourriture dans les poubelles, vers 1946.

L’Union soviétique réagit à la réforme monétaire dans les zones d’occupation occiden-tales par une démonstration de force. Elle bloque les voies

d’accès terrestres et fluviales à Berlin. Les Alliés occidentaux assurent le ravitaillement de Berlin par un pont aérien du

26 juin 1948 jusqu’à la levée du blocus le 12 mai 1949.

Un avion de transport américain prêt à atterrir à l’aéroport de

Tempelhof, en 1948.

49

LA PÉRIODE D’OCCUPATION 1945 – 1949

Assurance sociale et conventions collectives

Les puissances d’occupation ne par-viennent à s’entendre sur le type d’assurance sociale. Faut-il maintenir l’assurance sociale à caisses multiples ou la remplacer par une assurance à caisse unique ?

La seconde formule est choisie unique-ment pour Berlin, ville elle-même divi-sée en quatre zones d’occupation.

Dans les zones d’occupation occidentale, le système d’assurance sociale à caisses multiples reste en place. L’autonomie de gestion, qui avait été supprimée par les nazis, est rétablie pour les institu-tions d’assurance sociale. En avril 1949, l’autonomie tarifaire est consacrée, une étape importante vers l’économie so-ciale de marché.

Dans la zone d’occupation soviétique, l’assurance sociale est transformée par l’administration militaire soviétique en une assurance à caisse unique pour l’assurance maladie, l’assurance vieilles-se et l’assurance accidents. Il n’y a pas d’autonomie tarifaire, salaires et condi-tions de travail sont liés aux données de l’économie planifiée.

L’ouest maintient le régime légal d’assurance maladie et l’assurance maladie privée ainsi que l’exercice libre de la médecine par des médecins établis à leur compte. A l’est, seule une assurance à caisse unique est prévue et il y a passage à un système de santé d’État avec dispense de soins dans des centres de santé et des polycliniques.Visite à l’hôpital de la Charité à Berlin, 1947.

Alors que l’ouest revient à un système de placement

et d’assurance chômage après une première phase de

dirigisme de la main d’œuvre, l’est mise sur le dirigisme de la main d’œuvre dans le cadre de

l’économie planifiée.

Tandis que l’occident se réoriente vers la période

ayant précédé le nazisme pour l’assistance publique par

exemple, ou encore pour les services sociaux et l’éducation,

ces domaines prennent pour modèle le système soviétique

dans la zone d’occupation soviétique.

Cantine scolaire, 1947.

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50

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Dortmund Essen

Düsseldorf

CologneBonn

MunichLinz

Salzbourg

Graz

Klagenfurt

Innsbruck

Brégence

Tchécoslovaquie

Administration polonaise

Pologne

Autriche

Allemagne

Suisse

France

Luxemb.

Belgique

Pays-Bas

Danemark

Berlin

Berlin et Vienne sous l’occupation des quatre puissances

Zone d’occupation britannique

Zone d’occupation américaine

Zone d’occupation française

Zone d’occupation soviétique

Vienne

Prague

Zwickau Chemnitz

Dresde

Potsdam

Leipzig Halle

Erfurt

Hanovre

Brême

Bremerhaven

Francfort-sur-le-Main

Ludwigshafen

Fribourg

Augsbourg

Ratisbonne

Schwerin

Kiel

Lübeck

Hambourg

Rostock

La division de l’Allemagne et de l’Autriche en quatre zones d’occupation par les puissances victorieuses

Polnische Verwaltung

Polen

Points de contrôlePoints de passage entre les secteurs

Berlin

La République démocratique

allemande 1949–1990

Fête officielle commémorant « le quarantenaire de la RDA » à Berlin, le 7 octobre 1989.

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52

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Fondation de la République démocratique allemandeLe 7 octobre 1949, la République démo-cratique allemande (RDA) est constituée dans la zone d’occupation soviétique sans légitimation démocratique.

Le nouvel État communiste, qui ne sera reconnu en Occident qu’après des an-nées, est dirigé par Wilhelm Pieck, qui en est le président, et par Otto Grotewohl, qui fait fonction de ministre-président.

Les premières élections à la Chambre du peuple ont lieu le 15 octobre 1950 sur la base d’une liste unique de front natio-nal, qui recueille 99,7 pour cent des suf-frages. Le système électoral n’autorise aucune alternative démocratique. Ce système, avec lequel les élections sont manipulées, sera maintenu jusqu’à la fin de la dictature exercée par le SED, le parti socialiste unifié d’Allemagne.

Malgré la création de la République dé-mocratique allemande, le rythme et les étapes de l’évolution politique et sociale sont imposés par l’occupant soviétique.

La fondation du deuxième État allemand, la « République

démocratique allemande », en 1949, vient sceller la division

de l’Allemagne. Des gens discutent à la gare

Friedrichstraße après la fondation de la RDA le 7 octobre 1949.

Le Congrès du peuple se constitue en « Chambre pro-visoire du peuple » et proclame la République démocratique allemande.Séance du Conseil du peuple allemand dans le bâtiment de la commission économique allemande (rue Leipziger Straße) le 7 octobre 1949.

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LA RÉPU BLIQU E DÉMOCRATIQU E ALLEMAN DE 1945 – 1990

RDA 1949–1990Edification du socialisme, stabilisation et chute

Le SED modèle les rapports étatiques, éco-nomiques, sociaux et culturels établis en 1945/46 de manière à les engager dans la voie du « socialisme ». Les problèmes fon-damentaux sont réglés sous la régie de l’Union soviétique.

La planification centrale et la nationa-lisation de la production sont imposées, puis élargies. Les assurances sociales sont regroupées en une assurance à caisse unique, le système de santé est nationalisé.

La construction du mur en 1961 consolide provisoirement l’économie et la société. Un « Nouveau système économique de planification et dirigisme » adopté en 1963 doit permettre à la RDA de rattraper la République fédérale en termes écono-miques. C’est un échec.

Des subventions de plus en plus élevées sont nécessaires pour maintenir biens et services à un prix bas. Elles grèvent le budget de l’État et les dirigeants de la RDA s’endettent de plus en plus auprès des pays occidentaux pour les financer. La ruine économique est inévitable.

En 1989, la population met un terme, au cours d’une révolution pacifique, à ces 40 ans d’expérience socialiste que repré-sente la RDA. En octobre 1990, l’Allemagne est de nouveau unifiée.

En juin 1953, des travailleurs berlinois se mettent en

grève pour protester contre le relèvement des normes

de travail. Ce mouvement se transforme rapidement en une

révolte de grande envergure, et les chars soviétiques doivent intervenir pour sauver la classe

dirigeante de la RDA.Des jeunes lancent des pavés sur

les chars soviétiques pour s’opposer à leur entrée, Berlin-Est,

17 juin 1953.

La population de la RDA obtient par une révolution pacifique la suppression du régime communiste et ouvre la voie à la réunification allemande. Les manifestations du lundi à Leipzig, ici celle du 16 octobre 1989, sont une étape importante.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

Let‘s go WestUn soldat de l’armée populaire nationale avec son épouse après la fin de la parade militaire com-mémorant le quarantenaire de la fondation de la RDA.Berlin-Est, automne 1989.

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La République fédérale

d’Allemagne de 1949 à nos jours

Le Chancelier de la coalition sociale-libérale, Willy Brandt, mise avec sa « Ostpolitik » sur les négociations et la détente plutôt que sur la confrontation en Europe. À l’occasion de la signature du Traité de Varsovie, Brandt rend hommage aux victimes de la terreur nazie en s’agenouillant.Willy Brandt devant le mémorial du soulèvement du ghetto de Varsovie.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

La République fédérale d’Allemagne, État socialCette partie de l’exposition « République fédérale » présente l’État social tel qu’il est. Elle jette des ponts vers le passé, elle fait référence à des développements qui ont fortement marqué de leur empreinte cet État social depuis 1949 et elle montre son visage nouveau et moderne, son visage actuel.

La présentation s’accompagne d’une échelle chronologique de 1949 à nos jours, qui retient d’autres événements historiques, sans que ceux-ci soient im-pérativement liés à la politique sociale.La politique sociale a une longue histoire. Les parties temporelles de I’exposition allant du « Moyen-Âge » à la « période d’occupation » le documentent en la présentant assortie de commentaires, une partie étant également consacrée à l’évolution en RDA.

La fondation de la R.F.A. en 1949 marque le début d’une « ère nouvelle » après le chaos, les destructions et les souffrances dont ont été victimes des millions d’êtres humains. Un nouvel ordre démocratique voit le jour, et l’État social en fait partie. Assurer sa pérennité pour les généra-tions futures, telle est la mission qui nous incombe actuellement.

La millionième Coccinelle, symbole du miracle écono-

mique allemand, sort en 1955 des chaînes de montage.

Cérémonie à l’usine Volkswagen de Wolfsburg, 5 août 1955.

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La fondation de la République fédérale d’AllemagneAprès la réforme monétaire de 1948, les trois zones d’occupation occidentale se rapprochent en vue d’un regroupement économique et politique.

Le 1er septembre 1948, le « Conseil par-lementaire » se réunit à Bonn sous la surveillance des Alliés occidentaux afin d’élaborer la « Loi fondamentale », la future constitution de l’État.

Après neuf mois de délibérations, le président du Conseil parlementaire et futur Chancelier fédéral Konrad Adenauer promulgue la Loi fondamen-tale le 23 mai 1949. La République fédé-rale d’Allemagne fait son entrée dans l’histoire. Le premier Président fédéral en sera Theodor Heuss.

La République fédérale est un État fédéral démocratique et social. La compétence législative en matière de droit social est du ressort de la Fédération.

Le 14 août 1949, les Allemands élisent le premier Bundestag allemand au suffrage universel, direct, libre, égal et secret.

Le 8 mai 1949, la Conseil parlementaire adopte à 53 voix contre 12 la Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne élaborée par ses soins. La République fédérale d’Allemagne voit le jour le 23 mai 1949. Le Conseil parlementaire est constitué de 27 députés du SPD et autant de la CDU/CSU tandis que les Libéraux en ont cinq et que le parti du centre Zentrum, le parti allemand Deutsche Partei et le KPD, le parti communiste, en comptent deux chacun ; les cinq députés de Berlin ont une voix purement consultative. Au premier rang de gauche à droite : Max Reimann (KPD), Walter Menzel (SPD), Carlo Schmid (SPD), Paul Löbe (SPD), Theodor Heuss (FDP), qui de-viendra plus tard le premier président.

Le président du Conseil parle-mentaire, Konrad Adenauer (1876–1967), signe le premier la Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne.Konrad Adenauer lors de la signature, 1949.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

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2Le regroupement des

fédérations syndicales des trois zones d’occupation

occidentales donne naissance à la Fédération des syndicats allemands le 13 octobre 1949.

Assemblée constituante, 1949.

11 La première émission télévisée

en 1952. Match de football opposant le FC St. Pauli à Hamborn 07.

1 Le « miracle de Berne » en 1954.

l’Allemagne bat la Hongrie 3 buts à 2 en finale et devient pour la première fois championne du monde

de football.

3Dans l’optique du conflit Est-

Ouest, l’Occident veut aussi avoir la République fédérale

d’Allemagne dans son camp en termes militaires. La formation

de la Bundeswehr commence en 1956.

Le Chancelier fédéral Konrad Adenauer rend visite à la première

unité de la Bundeswehr à Andernach/Rhin, en 1956.

3Signature des Traités de Rome instituant la CEE, la Commu-

nauté économique européenne. Les chefs d’État et de gouvernement des États fondateurs, la Belgique, la

France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la République fédérale

d’Allemagne. Rome, 1957.

1949 – 1957

Elimination des dommages de la guerre et début de la reconstructionLes plaies de la guerre doivent être pansées et l’État social ouest-allemand a besoin de fondations. Les systèmes traditionnels de protection sociale sont maintenus. Si des changements d’orientation font l’objet de débats, l’orientation retenue ne présente aucun changement fondamental.

59

Droit du travailLe droit du travail régit les rapports légaux entre employeurs et salariés dépen-dants de ceux-ci. S’il protège les salariés, il sert également à déterminer les règles du monde du travail. Par des lois, l’État garantit des droits minimaux, dont le temps maximum de travail, la durée minimale du congé, le maintien de la rémunération en cas de maladie, la protection contre la discrimination, les délais de préavis et la protection contre un licenciement injustifié.

Syndicats et associations patronales déterminent dans le cadre de conven-tions collectives salaires et conditions de travail, dont temps de travail et durée du congé annuel.

Dans le cadre de l’organisation des en-treprises, Ie conseil d’entreprise dispose de nombreux droits de participation et de cogestion dans des domaines variés, dont les questions sociales, personnelles et économiques.

La cogestion dans les entreprises garantit aux représentants des sala-riés d’entreprises d’une certaine taille la possibilité d’influer sur les projets et les décisions concernant l’entreprise au sein du conseil de surveillance.

Dans les entreprises du secteur minier, de la métallurgie et de la sidérurgie, les conseils de surveillance doivent être constitués à nombre égal de représentants des porteurs de parts et de représentants des salariés. Ils comptent normalement 11 membres. Le « 11e membre » est proposé par le conseil de surveillance. Sa voix est prépondérante en cas de partage des voix. (Loi sur la cogestion dans les entreprises minières et sidérurgiques de 1951). Scrutin devant décider ou non d’une grève dans l’industrie minière, 1951.

En 1956, les syndicats revendi-quent la semaine de 5 jours. Ils parviennent peu à peu à imposer un temps de travail hebdomadaire de 40 heures. Affiche de la Fédération des syndicats allemands pour le 1er mai 1956 (« Le samedi, papa est à moi »).

96% des salariés des entre-prises ou établissements régis par les conventions collectives ont à l’heure actuelle cinq semaines de congé par an ou plus.Plongeuse évoluant avec une raie dans le Pacifique. 2006.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

Sécurité et santé au travail La sécurité et la santé au travail ainsi que la prévention des accidents sont fondamentales pour protéger les travail-leurs des risques sanitaires sur le lieu de travail. La performance d’une entreprise et l’économie dans son ensemble en dépendent. Les dispositions en ce sens concernent notamment l’aménagement du poste de travail afin d’assurer la pro-tection des travailleurs face aux produits chimiques et aux agents pathogènes, l’aménagement du temps de travail, l’utilisation de machines, la protection contre le bruit et autres risques.

C’est à l’employeur qu’il revient de veil-ler à ce que le travail soit rendu sûr et à ce que chaque travailleur soit informé et puisse être entendu sur toutes les questions liées à la sécurité et santé au travail. Les dispositions en ce sens prises sur la base de dispositions légales euro-péennes l’y obligent. Des dispositions spéciales s’appliquent aux personnes exigeant une protection particulière, dont les enfants et les jeunes.

Les conseils d’entreprise disposent de droits de cogestion et de participation pour la mise en œuvre de ces objectifs au niveau de l’entreprise.

Les jeunes font l’objet d’une protection particulière dans

le monde du travail. Le travail des enfants (de moins de 15

ans) est par principe interdit.Soudeur en formation, 2006.

Les femmes ont droit à un congé de maternité pour

les six semaines précédant l’accouchement et les huit

semaines le suivant. Coiffeuse enceinte formant une apprentie, Berlin 2002.

L’utilisation de substances par-ticulièrement dangereuses est interdite afin que la santé des travailleurs et travailleuses ne soit pas exposée à des risques quelconques. Des mesures de

protection suffisantes doivent être prises pour l’utilisation de

substances dangereuses.Dépôt de tenues de travail en vue de leur nettoyage dans le secteur

nucléaire. Centrale nucléaire d’Isar II, 2005.

61

Une protection en cas d’accident du travail L’assurance accidents est l’une des grandes lois sociales dues à Bismarck. Elle fut intro-duite pour garantir aux travailleurs une protection sociale en cas d’accident. Aupa- ravant, un travailleur n’était « indemnisé » que s’il prouvait la responsabilité de l’em-ployeur ou d’un collègue dans l’accident. L’assurance accidents s’est subrogée à l’employeur en matière de responsabilité.

Les cotisations sont prises en charge par le seul employeur. Travailleurs et appren-tis, cultivateurs, enfants fréquentant des crèches, écoliers et étudiants, personnes prêtant secours en cas d’accident, mem-bres des services de protection civile ou de protection contre les catastrophes na-turelles, donneurs de sang ou d’organe ainsi que certains bénévoles sont assurés à l’heure actuelle. Chefs d’entreprise, travailleurs indépendants et personnes exerçant une profession libérale peuvent s’assurer à titre volontaire.

En plus d’un traitement curatif complet, l’assurance verse des pensions aux as-surés et au conjoint survivant. La préven-tion des accidents du travail, des maladies professionnelles et des risques sanitaires liés au travail est également l’une de ses missions centrales.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

Des accidents du travail se pro-duisent, en dépit de la préven-tion. Tout doit alors être mis en œuvre pour que la victime recouvre la santé. Elle doit également être protégée des conséquences économiques de son « arrêt de travail ».Travailleurs dans l’aciérie EKO Stahl à Eisenhüttenstadt, 2000.

Depuis 1971, les enfants fré-quentant des jardins d’enfants sont aussi protégés par l’assurance accidents.Jardin d’enfants en forêt à Lohr, 2006.

Les efforts importants déployés en matière de santé et sécurité au travail et de prévention des accidents se soldent depuis des années par un recul du nombre d’accidents. Si l’on comptait encore en 1960 130 accidents du travail pour 1.000 travailleurs à temps plein, ce chiffre est maintenant inférieur à 30.Affiche des caisses mutuelles d’assurance accidents sur le thème de la prévention des accidents, 2006.

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En 1963, le président américain John F. Kennedy est acclamé

comme symbole de la liberté de Berlin-Ouest.

John F. Kennedy (centre) au Checkpoint Charlie, 26 juin 1963.

2Le directeur de la publication et

des rédacteurs du « Spiegel » sont soupçonnés de haute trahison par le biais de la publication et

arrêtés. Le Ministre de la Défense F.-J. Strauß démissionne.

Manifestation estudiantine à Franc-fort sur le Main, 30 décembre 1962.

La pilule contraceptive entraîne un recul des naissances, appelé

« Pillenknick » (forte chute de la courbe de natalité).

La première pilule contraceptive, 1961.

33A partir de 1964, l’animateur

Peter Frankenfeld fait appel à des dons pour les enfants handicapés

avec son quiz télévisé « Vergiss-meinnicht ».

Frankenfeld avec Juliette Greco, 1965.

Konrad Adenauer (à droite) avec son successeur à la chancellerie,

Ludwig Erhard (à gauche).Palais Schaumburg, 17 octobre 1963.

A partir de 1960, des enfants naissent avec de graves malfor-

mations. Elles sont dues à un hypnogène appelé Thalidomide.

La sûreté des médicaments devient un sujet politique.

Enfant victime de la Thalidomide, 1965.

1957 – 1966

Acquis en termes de bien-être et premiers recadragesBien-être et croissance économique sont les piliers de la politique sociale. Les li-mites de l’État social et l’État providence sont aussi contestés. L’expansion de l’État social se poursuit toutefois. Les « investissements sociaux » sont l’un des mots d’ordre de l’époque.

63

La protection vieillesse

L’assurance invalidité-vieillesse fait l’objet de la troisième des grandes lois sur l’assurance sociale remontant à Bismarck et aux années 1880. Son objec-tif est de garantir aux personnes ayant quitté la vie active un revenu leur per-mettant d’assurer économiquement la troisième phase de leur vie.

Les cotisations à l’assurance invalidité-vieillesse sont prises en charge à moitié par employeurs et travailleurs. Le mon-tant de la pension est fonction de la ré-munération obtenue au cours de la vie active et pour laquelle des cotisations ont été versées. Les retraites sont reva-lorisées tous les ans, une opération qui s’oriente sur l’évolution des salaires.

Le système d’invalidité-vieillesse dans sa forme actuelle a été introduit en 1957. Jusqu’au milieu des années 70, les pres-tations versées au titre de l’assurance invalidité-vieillesse n’ont cessé d’être élargies. À l’heure actuelle, il s’agit plutôt de les maintenir à un niveau finançable pour la jeune génération, les cotisations étant en hausse en raison d’un rapport entre cotisants et retraités qui va s’inverser. Il convient de mettre un frein à cette augmentation, tout en sachant qu’un facteur important ne peut être influencé : le fait que les gens vivent de plus en plus longtemps grâce aux progrès de la médecine.

Pyramide des âges de l’Allemagne

n 1910 n 1950 n 2001 n 2050

Hommes Femmes

(données en milliers de personnes)Âge

Hommes FemmesÂge

Hommes FemmesÂge

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

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La République fédérale d’Allemagne compte de moins en moins de naissances et les gens vivent de plus en plus longtemps. Cette évolution est problématique pour les systèmes de protection sociale.Pyramides des âges.

En 1957, une pension d’invalidité-vieillesse était versée 10 ans, contre 17 ans à l’heure actuelle et 20 ans bientôt. La pension légale doit donc être complétée par une prévoyance vieillesse privée encouragée par l’État.Petite pause dans un parc, 2004.

La retraite légale reste le pilier de la protection vieillesse. Une personne au salaire moyen perçoit actuellement, après 45 ans de cotisations, 52,4 % de la rémunération moyenne (de tous les assurés) déduction faite des cotisations sociales. Personnes âgées, 1998.

9

64

1966 – 1974

Willy Brandt, le Chancelier à la tête de la coalition sociale-

libérale, rend hommage aux victimes de la terreur nazie.

À genoux devant le mémorial aux victimes du soulèvement du ghetto

de Varsovie, 7 décembre 1970.

Le 21 juillet 1969, l’astronaute américain Neil Armstrong est le premier homme à marcher

sur la Lune.L’astronaute Edwin E. Aldrin après

l’alunissage, 1969.

Les pays arabes font du pétrole une arme politique. Les pays industrialisés prennent cons-

cience de leur dépendance.Première interdiction de rouler

le dimanche, 23 janvier 1973.

L’opposition extraparlemen-taire perturbe une cérémonie

de changement de recteur afin de débattre d’une réforme de

l’enseignement supérieur.Grand amphithéâtre de l’université

de Hambourg, 9 novembre 1967.

L’ordinateur révolutionne le monde du travail en quel-

ques décennies.Centre informatique de la Poste

allemande à Hambourg, 1974.

33En 1972, le « Club de Rome » met en garde contre la des-

truction de notre planète par une croissance économique

effrénée. Des mouvements de protection de l’environnement demandent que soient proté-

gées les bases de la vie.Décharge près de Cologne, 1973.

À la croisée des cheminsLa grande coalition formée par les démo-crates chrétiens et sociaux opère des changements dans des domaines poli-tiques importants, et mise sur la planifi-cation économique. La coalition sociale-libérale qui lui succède crée un climat d’optimisme, de foi dans la planification et le progrès. La crise économique de 1974 met un terme aux réformes sociales.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

65

Une protection en cas de dépendance L’entrée en vigueur de l’assurance dépendance en 1995 comble la dernière lacune dans le système de prévoyance sociale. Les personnes affiliées au régime légal de l’assurance maladie sont désormais affiliées à l’assurance dépen-dance légale, celles ayant une assurance maladie privée doivent souscrire une assurance dépendance privée.

En cas de dépendance, l’assurance accorde des prestations pour soins à domicile (allocation de soins par exem-ple) et des prestations pour soins en établissement. L’étendue de ces presta-tions est fonction du degré de dépen-dance. Les tierces personnes assurant des soins à domicile sont assurées au régime d’assurance invalidité-vieillesse.

Les cotisations sont prises en charge de façon paritaire par employeurs et sala-riés (sauf en Saxe). Les personnes sans enfants paient un supplément de 0,25 %. Ainsi, l’éducation des enfants est prise en compte. Le fait que les gens vivent de plus en plus longtemps affecte égale-ment cette branche de l’assurance sociale. Le nombre de personnes exi-geant des soins risque fort d’être plus important à l’avenir.

Pour les soins à domicile, il est possible de choisir entre des prestations en espèces compensant les soins dispen-sés par une tierce personne et des prestations en nature fournies par un service de soins à domicile.Soins intensifs à domicile. Enfant raccordé à un système de ventila-tion à domicile, 2004.

On recense trois catégories de dépendance : grande dé-pendance, lourde dépendance et dépendance absolue. La catégorie de dépendance est constatée par le service mé-dical des caisses d’assurance maladie.Examen visant à constater la caté-gorie de dépendance mené par une employée du service médical des caisses d’assurance maladie, 2006.

La famille est le « premier service de soins de la nation ». La plupart des personnes dépendantes qui vivent chez elles sont soignées par des membres de leur famille. Des cours enseignant la dispense des soins permettent de mieux maîtriser le quotidien.Cours de dispense de soins organisé par une caisse d’assurance maladie, 2006.

9

66

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Après l’effondrement du communisme en Europe de l’Est (1989) et la fulgurante

ascension des pays asiatiques, les conditions de production auxquelles sont soumises les entreprises ont changé dans

le monde entier. Les entre-prises doivent faire face à ces

mutations.Port de conteneurs, Hambourg,

2003.

Avoir une bonne formation est essentiel pour accéder à la vie

professionnelle. Un axiome qui s’applique tant aux apprentis

qu’aux étudiants. Même des métiers dits « d’hommes » peu-

vent s’avérer fort intéressants pour les femmes.

Formation combinée chez Ford, formation professionnelle et études

supérieures, Cologne, 2004.

Depuis le 1er janvier 2005, toute personne en capacité de gain et ayant besoin d’aide perçoit

le minimum individuel servi aux demandeurs d’emploi sous forme d’allocation de chômage

II et de prestations logement.À la recherche d’un emploi, 2004.

Le marché de l’emploi Dans notre économie, la plupart des gens en âge de travailler subviennent à leurs besoins par le biais du travail. L’offre et la demande convergent sur le marché de l’emploi. Les gens sont à la recherche d’un emploi, les entreprises ont besoin de main d’œuvre.

La politique en matière d’emploi de l’État soutient l’équilibre entre offre et deman-de sur le marché de la formation et de l’emploi et garantit une protection sociale aux personnes touchées par le chômage.

Ce système de protection a une structure à deux niveaux. D’une part la promo-tion de l’emploi (assurance chômage), un système d’assurance financé par co-tisations sous la tutelle de l’Agence fédérale pour l’emploi. D’autre part le minimum individuel servi aux deman-deurs d’emploi, financé par l’impôt, qui s’adresse aux personnes en capacité de gain ayant besoin d’aide et aux membres de leur famille avec lesquels elles forment une « communauté solidaire ». Les insti-tutions chargées du minimum individuel servi aux demandeurs d’emploi sont, en fonction des missions, l’Agence fédérale pour l’emploi, les villes tenant lieu de district et les districts.

67

L’éducation Autrefois, l’instruction avait une orien-tation plutôt universelle, humaniste. Mais les contenus et les impératifs évo-luent. L’éducation n’échappe pas au défi international que pose la comparaison des performances des systèmes éducatifs et avec lui à la concurrence qui règne en termes de performance des économies et des marchés de l’emploi.

Une même importance est accordée à la formation à une profession et à la formation universitaire consacrée à la recherche de pointe.

La base reste une éducation scolaire complète et de qualité qui doit être ac-cessible à tous les enfants. Les compa-raisons internationales montrent que cette base n’est pas encore satisfaisante en Allemagne. La formation scolaire est suivie de la formation à un métier. Il peut s’agir d’une formation dans le sys-tème dualiste combinant « formation en entreprise » et « formation à l’école » ou d’études dans un institut technique supérieur ou en université. Le système éducatif doit trouver sa voie en suivant l’évolution dans le contexte internatio-nal sans pour autant se séparer de par-ticularités culturelles nationales.

120.000 étudiants étaient inscrits en République fédérale d’Allemagne pour le semestre d’hiver 1954/55. Ils sont quelque 2 millions à l’heure actuelle. Les jeunes gens issus de milieux fami-liaux défavorisés ont aussi accès aux études supérieures grâce à l’encouragement de l’État (Bafög).Université Humboldt, Berlin, 2005.

L’artisanat est le plus grand formateur d’Allemagne pour les hommes, pour ce qui est de la formation non académique. Chez les femmes, c’est la formation dans les entreprises et le commerce qui occupe la première place.Centre de formation aux métiers de la construction du Brandebourg, 2001.

Les enfants en âge préscolaire sont avides de savoir et absorbent très facilement des connaissances. Un enfant occupé avec un livre pré-scolaire, 2005.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

68

POUR UN AVENIR MEILLEUR

9L’O.N.U. proclame l’année

1975 « Année internationale de la femme » et confère au

mouvement féministe une reconnaissance accrue.

Conférence mondiale de l’O.N.U. sur le statut des femmes à Mexico, 1975.

En 1979, les électeurs des neuf États composant la Commu-nauté européenne élisent un parlement au suffrage direct.

Le Parlement de la CEE à Strasbourg, 1979.

De nouveaux mouvements de protection de l’environnement

réclament une protection de l’environnement à l’échelle

mondiale. La mort de la forêt en Allemagne

depuis les années 1970.

La hausse des prix du pétrole plonge l’économie mondiale dans une crise profonde. Les sept pays les plus industria-

lisés sont à la recherche de solutions.

Sommet économique mondial, Bonn, 1978.

G. Andreotti, J. Carter, H. Schmidt.

5« Le tambour », film allemand

de Volker Schlöndorff d’après un roman de Günter Grass,

obtient l’oscar en 1980.L’acteur David Bennent dans le rôle

d’Oskar Matzerath, 1979.

33En Pologne des travailleurs en grève obtiennent des conces-sions du gouvernement, dont

la création de syndicats et le droit de grève.

Lech Walesa, leader ouvrier en 1980, chef d’État de 1990 à 1995.

Le financement de l’État social et les nouveaux défisEn 1975, les limites de l’État social sont atteintes. La hausse des prix du pétrole et la restructuration réduisent la crois-sance économique et le plein-emploi. Les « limites de la croissance » dominent les débats. Économies et compression des coûts deviennent des objectifs de politique sociale.

1974 – 1982

68

69

Aides aux personnes handicapées Toutes les personnes qui sont handica-pées ou menacées de le devenir ont droit à des prestations de réadaptation. Peu importe l’origine du handicap. Une aide peut tout aussi bien s’avérer nécessaire après un accident de la route ou du tra-vail que pour des personnes qui doivent abandonner la profession exercée jusqu’à présent suite à une maladie ou à des phénomènes d’usure corporelle. Ont aus-si besoin d’aide les personnes handica-pées depuis leur naissance.

L’assistance et la prise en charge ne doi-vent pas être les seules préoccupations des mesures destinées aux personnes handicapées, ce qui importe tout autant, sinon plus, est leur participation à la vie sociale. Eliminer les obstacles à l’égalité des chances en fait par exemple partie.

Les personnes souffrant d’un handicap ou menacées par un handicap doivent pouvoir gérer de façon autonome leur vie. Le Livre IX du Code social regroupe toutes les prestations visant une participation. Il s’agit plus précisément des prestations de réadaptation médicale, des prestations visant une participation à la vie active et des prestations visant une participation à la vie au sein de la collectivité.

« J’ai un rêve »Shaho Qadir, sportif en fauteuil roulant, passe la ligne d’arrivée sur les mains.33e marathon de Berlin, 2006.

Les personnes handicapées ont droit à une participation à la vie culturelle au sein de la communauté. Ici, elles en sont les initiateurs et font du théâtre pour les visiteurs, qu’ils soient handicapés ou non.Théâtre de personnes handicapées « Pusteblume », fête du théâtre, 2000.

Quand enfants handicapés et non handicapés se côtoient de bonne heure, ils développent une meilleure compréhension mutuelle. Un petit garçon atteint du syndrome de Down et une petite fille non handicapée jouent dans un jardin d’enfants intégratif, 2000.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

7070

POUR UN AVENIR MEILLEUR

9En raison d’un vote de défiance

constructif à l’encontre du Chancelier Helmut Schmidt

(SPD), Helmut Kohl (CDU) est élu nouveau chef du gouvernement

par le Bundestag allemand.Prestation de serment, Bonn, 1982.

Mikhaïl Gorbatchev, Secrétaire général du PC, ouvre la voix au changement politique dans le

bloc de l’Est.E. Chevarnadze, Ministre des Affaires

étrangères et M. Gorbatchev.

1989 : le « Rideau de fer » s’ouvre au bout de 40 ans. La Hongrie ouvre en premier sa frontière

avec l’Autriche. Les ministres des Affaires étrangères Gyula Horn (Hongrie) et Alois Mock

(Autriche) coupent le « Rideau de fer », 1989.

L’incendie du réacteur nucléaire de Tchernobyl dégage plus

de radioactivité qu’en 1945 à Hiroshima. La sortie du nucléaire

devient un thème important.Tchernobyl, 1986.

« Mon stéréotype négatif, mon beau stéréotype négatif » :

glasnost (liberté d’expression/ouverture) et perestroïka

(restructuration) sonnent le glas du bloc communiste.

Caricature de Horst Haitzinger parue dans la revue « Bunte », 1988.

33En 1985, Boris Becker est le pre-mier Allemand et le plus jeune

joueur à remporter le tournoi de tennis de Wimbledon.

Boris Becker lors du All England Championship à Wimbledon, 1985.

Importance accrue du marché et restructuration de l’État socialLa coalition formée de chrétiens-dé-mocrates et de libéraux-démocrates réaménage la politique économique et sociétale « vers plus de marché ». Malgré les mesures d’austérité, une stabilité du-rable des systèmes de protection sociale ne peut être assurée en raison des défis économiques et démographiques.

1982 – 1989

70

Mein Feindbild, mein schönes Feindbild

71

Une protection en cas de maladie L’assurance maladie légale est l’une des trois grandes assurances sociales qui re-montent à Bismarck et aux années 1880. Elle fut introduite afin de procurer aux travailleurs une protection sociale en cas de maladie. À l’heure actuelle, elle constitue une assurance familiale. Les cotisations sont prises en charge par l’employeur et le salarié à raison de la moitié chacun, à l’exception de la cotisa-tion supplémentaire de 0,9 % que verse le salarié. Les enfants et le conjoint sans revenu propre sont assurés sans cotisa-tion.

Depuis le milieu des années 70, il s’est avéré nécessaire de limiter les dépenses de santé, celles-ci ayant augmenté plus vite que les recettes de l’assurance. À l’heure actuelle, les principaux défis consistent à maintenir la protection of-ferte par l’assurance sociale à un niveau finançable, à améliorer la qualité de la prise en charge et à renforcer la respon-sabilisation des assurés.

Les hommes vivent de plus en plus longtemps, grâce à une bonne offre en soins et au progrès médical. Il est donc nécessaire d’améliorer encore l’efficience du système et d’adapter les soins et prestations offerts à des besoins en mutation.

La prévention est un aspect important de la politique en matière de santé. Elle englobe des campagnes de sensibilisa-tion et d’information en vue d’un comportement propice à la santé au même titre qu’une actualisation de la prévention et du dépistage précoce.Groupe de femmes en randonnée cycliste, 2005.

A l’heure actuelle, 34 % des dé-penses des caisses d’assurance maladie vont aux hôpitaux, alors que leur part n’était que de 17 % en 1960. La présence de gros équipements en médeci-ne est un exemple du progrès médical. Opération à cœur ouvert au centre hospitalier de l’Université Friedrich Schiller d’Iéna, 2002.

Le pouvoir curatif de la lumière : Les nouveaux-nés ont souvent trop de bilirubine dans le sang. Une exposition à une lampe à quartz contribue à soigner la « jaunisse du nouveau-né » généralement inoffensive.Nouveau-né en couveuse, 2006.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

9

72

POUR UN AVENIR MEILLEUR

La politique familiale La famille représente le centre social de notre société et c’est autour d’elle que gravite la vie de la plupart des gens. La famille est le filet social le plus sûr, elle offre protection et réconfort et bénéficie à ce titre d’une protection particulière de l’État.

En République fédérale d’Allemagne, la politique familiale a toujours été perçue comme une mission transversale. Les aides matérielles pour l’éducation des enfants relèvent de ses compétences au même titre que l’égalité des droits entre hommes et femmes ou les questions d’éducation et de formation.

Permettre aux mères de concilier vie fa-miliale et vie professionnelle est l’un des accents centraux de la politique fami-liale allemande, même s’il a longtemps été contesté. La formulation d’une po-litique familiale pérenne au début du nouveau millénaire a permis de définir de nouveaux champs d’action politique en matière de compatibilité de la société et du monde du travail avec la famille. Le temps, l’argent et l’infrastructure sont devenus des éléments essentiels d’une politique familiale moderne qui crée des conditions cadres adaptées pour jeunes gens, enfants et parents.

Les acteurs de la politique en matière familiale sont unanimes :

en Allemagne, le nombre de places de garde pour les enfants

doit continuer d’augmenter, qu’il s’agisse de places dans les crèches

ou dans les jardins d’enfants. Sieste dans un jardin d’enfants, 2007.

Les parents restant à la maison après la naissance de leur enfant

et en assurant la garde eux-mêmes ont droit au salaire parental. Celui-

ci représente 67 % du revenu disparaissant après la naissance

de l’enfant à concurrence de 1.800 euros par mois, les parents y ayant

droit touchant au moins 300 euros. Il est servi sur une période de 14 mois lorsque les parents se

partagent la garde de l’enfant et tout au plus de 12 mois pour l’un

des parents.Femme enceinte avec sa fille, 2006.

L’égalité légale entre l’homme et la femme a été introduite en

République fédérale d’Allemagne en 1957. Ce qui est un fait sur le

papier l’est moins dans la vie quotidienne, dans le monde du

travail par exemple, et ce thème reste donc d’actualité.

Mariés, 2005.

73

Emploi et intégration des étrangers Au milieu des années 50, la République fédérale d’Allemagne commence à man-quer de main d’œuvre. Les entreprises réclament le recrutement d’étrangers. Le premier accord de recrutement est signé avec l’Italie en 1955. Des bureaux de re-crutement ouvrent en Espagne, au Portu-gal, en Grèce, en Turquie, au Maroc et en Tunisie. Le concept prévoit une rotation volontaire des travailleurs immigrés, mais ceux-ci souhaitent rester plus longtemps et les employeurs désirent garder le per-sonnel formé. En 1958, l’Allemagne de l’Ouest compte 127.000 travailleurs étran-gers. En 1973, ils sont 2,6 millions.

En 1973, le Gouvernement ordonne un arrêt du recrutement, les bureaux fer-ment. Ce qui a débuté en 1955 comme recrutement de main d’œuvre va se transformer en processus d’immigration avec regroupement familial. L’arrivée de rapatriés de souche allemande en pro-venance des pays de l’Est à partir de la fin des années 80 et le nombre élevé de demandeurs d’asile ouvrent un débat : au vu de l’évolution démographique et d’un manque de main d’œuvre prévisi-ble, l’Allemagne doit-elle devenir un pays d’immigration ?

En 1967, les Italiens constituent le plus grand groupe de travailleurs étrangers (266.000) ; en 1972, ils sont relayés par les Turcs (511.000). Montage chez Volkswagen, juillet 1962.

La main d’œuvre en provenance de RDA va manquer après 1961. Les « travailleurs invités » sont les bienvenus.Une mobylette, cadeau de bienvenue au millionième « travailleur invité », 1964.

Une vague de xénophobie submerge la République fédérale d’Allemagne en 1993. Cinq femmes et enfants d’origine turque meurent à Solingen.Incendie d’une maison habitée par des Turcs à Solingen, 1993.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

74

POUR UN AVENIR MEILLEUR

9

La politique sociale sous le signe de la réunificationAprès la fin du conflit Est-Ouest et la réunification allemande, l’économie de marché et les normes sociales ouest-allemandes sont adoptées dans les nouveaux Länder. La mondialisation, le chômage et le vieillissement de la popu-lation augmentent la pression à laquel-le est soumise le système social.

1989 – 1998

74

Le « Mur de Berlin » s’effondre le 9 novembre 1989. De premières élections libres ont lieu en RDA

en mars 1990. Le 3 octobre 1990, l’Allemagne est réunifiée.

Berlin-Ouest, novembre 1989.

En finir avec la division : la démolition du « Mur ».

Le Reichstag à Berlin-Ouest, la rue Ebertstraße à Berlin-Est, 1990.

La hausse du chômage devient un problème majeur : plus de

3 millions de chômeurs en 1993, presque 4,4 millions en 1997.

Robot soudeur chez Daimler, 1994.

Le 1er juillet 1990, le Traité sur l’union économique et

monétaire entre la République fédérale et la RDA entre en

vigueur. Le « DM », le deutsch-mark, devient monnaie unique.

Affluence pour changer de l’argent, Berlin, 1er juillet 1990.

En 1995, l’interruption volon-taire de grossesse est soumise à

de nouvelles dispositions légales. Elle reste sans consé-quences pénales pendant les

douze premières semaines. Un conseil obligatoire et des

mesures sociales sont destinés à faciliter la décision en faveur

de l’enfant.Manifestation, 1992.

Le 20 juin 1991, le Bundestag adopte le déménagement du

parlement et du gouvernement de Bonn à Berlin.

Le bâtiment du Reichstag emballé par Christo et Jeanne Claude, 1995.

75

L’aide sociale

L’aide sociale est une prestation de l’État qui aide des personnes à couvrir leur subsistance et leurs autres besoins par leurs propres moyens. Elle est octroyée sous forme de prestations de services (conseil par exemple), de prestations financières (aide à la subsistance par exemple) et de prestations en nature.

L’aide sociale est régie par le Livre XII du Code social allemand. Elle a pour mis-sion « de permettre aux bénéficiaires de mener une vie qui soit en accord avec la dignité de l’être humain ». Elle ne se limite donc pas à une simple assistance financière. Elle englobe également toujours un conseil, des mesures d’activation et d’autres formes d’assistance visant une indépendance vis-à-vis de l’aide sociale. Les ayants droit doivent donc faire tout ce qui est en leur pouvoir pour y parvenir.

L’aide sociale est une prestation servie à titre subsidiaire. Elle n’est donc octroyée que lorsque toutes les autres possibili-tés ont été épuisées, dont le revenu et le patrimoine de l’ayant droit, le recours au travail ou encore les droits vis-à-vis de systèmes de protection intervenant en amont.

Les personnes élevant seules des enfants sont un groupe important de récipiendaires de l’aide à la subsistance. Celle-ci est versée chaque mois sous forme d’un taux normal fixe. Les frais de logement d’un montant approprié ainsi que de chauffage sont également pris en charge.Mère célibataire, 2003.

Les aveugles perçoivent l’aide aux aveugles (allocation aux aveugles par exemple) afin de compenser les frais supplémentaires encourus en raison de leur handicap. Aveugle avec un chien guide, 2005.

Un minimum de base indivi-duel est introduit en 2003. Il est versé aux personnes de plus de 65 ans ou aux personnes de plus de 18 ans qui sont en incapacité totale de gain. Il équivaut à l’aide sociale. Un recours aux ressources des enfants ou parents n’a lieu que lorsque le revenu de ceux-ci excède 100.000 euros par an. Retraitées, 2006.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

9

Agenda 2010 – assurer l’avenirLe programme « Agenda 2010 » adop-té par la coalition SPD-Bündnis 90 / DIE GRÜNEN pose de nouveaux jalons. Les profonds changements opérés au niveau des systèmes sociaux doivent aider à faire face aux défis posés par la concurrence à l’échelle planétaire, aux mutations dans le monde du travail et à l’évolution de la structure démographique.

1998 – 2005

76

Le 19 avril 1999, le Bundestag commence à travailler dans le

bâtiment du Reichstag. L’édifice du parlement à Berlin,

Sir Norman Foster, 1999.

Depuis le 1er janvier 2000, les femmes sont acceptées

comme soldats dans tous les corps de la Bundeswehr.

Bundeswehr, 2000.

L’Allemagne est le premier pays de l’UE à ancrer la protection

des animaux comme « objectif de l’État » dans la Loi

fondamentale.Roitelet, 2001.

Le 1er janvier 2002, l’euro devient la monnaie commune

de onze États de l’Union européenne, dont l’Allemagne.

Le programme baptisé « Agenda 2010 » lance un

vaste chantier de réforme des systèmes de protection sociale afin d’améliorer les conditions

cadres visant à maintenir l’attrait de l’Allemagne comme

site de production, à créer un plus grand nombre d’emplois et à assurer un financement

pérenne des systèmes sociaux. Le Chancelier fédéral Schröder

annonce l’Agenda 2010 le 14 mars 2003.

77

Les services sociaux

Les services sociaux de notre État social sont en mutation permanente.

Certains services sociaux tels que les bu-reaux d’aide à la jeunesse ou les services de l’hygiène et de la santé publique sont des services publics. Mais de nombreux services sociaux sont assurés par des or-ganismes publics et par des institutions à but non lucratif, ou encore par des orga-nismes privés commerciaux. Les services sociaux sont financés à partir des impôts, par les fonds propres des organismes, des dons, des collectes, mais aussi par des ré-tributions, des droits et des indemnisa-tions des organismes d’assurance sociale.

Parmi eux, citons hôpitaux, maisons de retraite, services de soins, centres de la jeunesse, nourrices, centres de conseil et de planning familial, portage de repas à domicile, bureaux des seniors, clubs pour personnes âgées, centres de conseil en matière de toxicomanie, services de secours, centres de conseil pour femmes battues, foyers d’accueil pour femmes en difficulté, services de transport pour personnes handicapées, services d’appel d’urgence, SOS par téléphone ou encore les centres d’action sociale.

Les services sociaux sont des prestations évoluant en fonction des besoins. Cer-tains services sont gratuits pour les utili-sateurs, d’autres sont rendus moyennant rétribution.

Une intervention rapide est importante en cas d’accident, sur la route, à la maison, au travail ou pendant les loisirs. La présence d’un réseau dense de services de secours est donc indispensable.Accident sur l’autoroute A 3, 2005.

Les maisons plurigénérationnel-les sont des lieux de rencontre ouverts où l’on se retrouve et où l’on s’aide mutuellement, comme dans une grande famille. Des professionnels con-tribuent à y créer un sentiment d’appartenance et de tolérance entre différentes catégories d’âge et à renforcer la cohésion entre les générations.Maison plurigénérationnelle, 2006.

Des nourrices peuvent assurer la garde d’enfants, constituant une autre solution que les crèches et les jardins d’enfants.Nourrice avec des enfants, 2007.

LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

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78

POUR UN AVENIR MEILLEUR

Des villes-satellites sont construites dans Ia verdure

dans les années 60 et 70. Le quartier Märkisches Viertel

à Berlin, 1972.

La situation en matière de loge-ment est catastrophique à la

fin de la guerre. De nombreuses personnes se logent tant bien

que mal dans les ruines.Ruines d’une maison, Hanovre, 1946.

L’urbanisme moderne fait appel de façon accrue à une

multitude de formes et de couleurs. L’uniformité cède le

pas à une diversité formelle individuelle.

Architecture du XXIe siècle. Immeuble à Munich, 2006.

La politique en matière de logement En 1945, un quart des logements de la par-tie ouest de l’Allemagne sont détruits. Plus de onze millions de personnes déplacées et de réfugiés sont accueillis en Allemagne de l’Ouest. Un programme de construction de logements sociaux encouragé par l’État, associé à des investissements privés, per-met de mettre un terme à la misère sociale que constitue la pénurie de logements.

La réglementation est abolie à mesure que croît l’offre en logements, même financés par des fonds privés. L’État aide les foyers socialement défavorisés par l’allocation de logement tout en continuant à promou-voir la construction de logements sociaux. Celle-ci se transforme peu à peu en encou-ragement du logement social et englobe également de façon accrue les logements existants.

La construction de logements sociaux a bien reculé depuis, en présence d’un nombre suffisant de logements. L’encouragement de l’accession à la pro-priété à des fins de logement, pratiqué pendant des décennies sous forme d’allègements fiscaux, a été supprimé. Il est toutefois partie intégrante de l’encouragement par l’État de l’épargne retraite individuelle.

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L’indemnisation socialeLa sécurité sociale en République fédé-rale d’Allemagne signifie aussi que toute personne victime d’un préjudice causé à sa santé et pour les conséquences du-quel la collectivité est tenue responsa-ble a droit à une assistance. Il s’agit de faire en sorte qu’une indemnisation, au moins pécuniaire, soit accordée pour des coups du sort. L’indemnisation sociale concerne les victimes de la guerre, les victimes d’actes de violence, les victimes de dommages intervenus pendant le service militaire ou civil, les victimes de mesures de vaccination, les personnes emprisonnées dans l’ancienne zone d’occupation soviétique, les personnes emprisonnées en vertu d’une sentence inique en RDA. Leurs ayants droit sur-vivants ont aussi droit à une assistance.

La péréquation des charges

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, des millions de personnes ont perdu tout ce qu’elles possédaient en raison de la guer-re, des bombardements, de leur fuite ou de leur expulsion. La guerre et ses suites ont anéanti pour des milliards de valeurs. Compenser ces pertes est l’objectif de la péréquation des charges, celle-ci s’opérant sur la base de la justice sociale et dans les limites des possibilités économiques.

Plus de 12 millions de personnes s’enfuient des territoires alle-mands de l’est et d’Europe de l’Est et du Sud-Est, direction l’ouest.Colonne de réfugiés, Spreewald, 1945.

Un soldat blessé revient de la guerre.Berlin, 1945.

Détournement d’avion : retour des passagers de l’avion « Lands-hut » de la Lufthansa après leur libération à Mogadiscio.Francfort, 18 octobre 1977.

Jusqu’à fin 2006, des prestations d’un montant de 65 milliards d’euros auront été versées aux victimes. 60 ans après la fin de la guerre, les principaux objectifs de la péréquation des charges sont atteints.Manifestation contre le projet gouver-nemental de péréquation des charges, Bonn, 1951.

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3Les énergies renouvelables,

de plus en plus importantes pour l’approvisionnement

énergétique.Éoliennes en Frise Orientale, 2006.

1Une fourmi tient la roue

dentée d’un micromoteur de 1,9 mm de diamètre.

Le gouvernement fédéral promeut le développement

des nanotechnologies pour soutenir les secteurs de l’automobile, du génie

mécanique, de la chimie, de l’électronique, de la technique

médicale et de l’industrie optique.

Centre de recherche de Karlsruhe, 2006.

Les réformes de l’Agenda 2010 portent leurs fruits.

Ces réformes, sur lesquelles s’appuiera la politique menée

avec succès par le gouverne-ment de grande coalition,

puis celle de la coalition noire-jaune (Union chrétienne-dé-

mocrate, Union sociale-démo-crate, Parti libéral-démocrate)

sont indispensables pour maintenir la stabilité du

marché du travail allemand pendant la crise économique

et financière.Des ouvriers assemblent une roue

de turbine, 2012.

Les artisans de la grande coalition gouvernementale de

2005 : la chancelière fédérale Angela Merkel (CDU) et le vice-chancelier,

Franz Müntefering (SPD)Bundestag, Berlin, 2006.

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Le début d’une ère nouvelle

En réaction aux chances et aux con-traintes résultant de la mondialisation ainsi qu’aux conséquences de la crise éco-nomique et financière de 2008, le gouver-nement de grande coalition rassemblant l’Union chrétienne-démocrate et le Parti social-démocrate, au pouvoir de 2005 à 2009, intensifient les réformes en cours. L’objectif est de préserver le site industriel allemand et de garantir des systèmes de protection sociale finançables.

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LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

Grâce à la politique du gou-vernement fédéral, qui met en place des aides à l’insertion et encourage la formation conti-nue, la situation de l’emploi des seniors s’améliore : ils peuvent travailler plus longtemps et les chômeurs âgés peuvent retrou-ver un emploi plus rapidement. Production de moteurs, 2011.

À partir du 1er janvier 2008, les personnes souffrant de handi-cap peuvent faire la demande d’un budget personnel. Octroyé sous forme de prestations en espèces ou de bons, il leur per-met de subvenir à leurs besoins individuels de façon optimale.Leitmotiv de la campagne, 2008.

L’élection de Barack Obama, le premier président afro-améri-cain des États-Unis, suscite de fortes attentes par rapport à une nouvelle orientation de la politique américaine. En 2012, il est reconduit pour un nouveau mandat présidentiel. Barack Obama en 2013.

L’effondrement du marché immobilier américain en 2008 est à l’origine d’une grave crise financière et économique à l’échelle mondiale. Afin de lutter contre les conséquences de cette crise, le Bundestag adopte deux programmes conjoncturels. En font notamment partie l’allongement de la durée de l’allocation de chômage partiel, des investissements de plusieurs milliards dans les infrastruc-tures et la prime à la casse pour les véhicules d’occasion.La banque d’investissement Lehman Brothers, New-York, 2008.Recycleur de voitures, 2009.

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Après les élections législatives d’octobre 2009, le nouveau gouvernement de coalition

(CDU/CSU et FDP) se met en place. Angela Merkel est

reconduite pour un deuxième mandat de chancelière. Guido Westerwelle est nommé vice-

chancelier, fonction qui sera exercée par Philipp Rösler à

partir de mai 2011.Angela Merkel et Philipp Rösler,

2013.

Entrée en vigueur au début de l’année 2010, la Loi sur le

soutien à la croissance prévoit, pour les citoyens et les

entreprises, des allègements au niveau des charges fiscales et patronales. Les allocations familiales et les abattements

fiscaux par enfant à charge sont revalorisés.

Les vestiaires d’une garderie, 2012.

En 2010, les minima sociaux sont revalorisés. Dans le cadre

d’un paquet de mesures sur l’éducation et la formation,

enfants et adolescents bénéficient de prestations leur offrant la chance d’apprendre dans de meilleures conditions

et de mieux s’épanouir.Adolescents en cours de soutien

2007.

Une période marquée par la crise économique et financièreAu pouvoir à partir de 2009, la coalition noire-jaune (Union chrétienne-démocrate - CDU -, Union sociale-démocrate -CSU-, Parti libéral-démocrate -FDP-) poursuit la poli-tique visant à préserver le site industriel allemand. Grâce aux réformes instituées dans le cadre de l’Agenda 2010 et à la poli-tique du gouvernement fédéral, l’Allemagne supporte mieux les conséquences de la cri-se que les autres pays de l’UE. À l’issue des élections législatives de septembre 2013, la chancelière Angela Merkel forme, une fois encore, un gouvernement avec le Parti social-démocrate (SPD).

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Afin de continuer à tirer profit des atouts de la formation duale et de préserver la force d’innovation des entreprises, le gouvernement fédéral et les entreprises optent en 2010 pour une reconduction, jusqu’à2014, du Pacte national pour la formation et la relève de la main d’œuvre qualifiée. La déléguée du Gouvernement fédéral à l’Intégration ainsi que la Conférence permanente des ministres de l’Éducation et des Affaires culturelles des Länder en RFA en sont les nouveaux partenaires. Parce qu’il garantit une bonne formation de la main d’œuvre qualifiée et un taux de chômage bas chez les jeunes, le système de formation professionnelle duale suscite un intérêt auprès de nombreux États membres de l’UE.Le salon de l’apprentissage des jeunes entrepreneurs à Sarrebruck, 2013.

2010 est l’année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale : l’objectif est de sensibiliser le grand public aux causes et aux risques de la pauvreté. Logo de l’Année européenne, 2010.

La réforme des services publics de l’emploi, mise en œuvre en 2010, permet aux chômeurs de longue durée de recourir davantage à leurs compétences et potentiels. Ces réformes prévoient en outre une amélioration de la qualité du placement des demandeurs d’emploi ainsi que le regroupement d’autres services d’information (notamment pour l’accompagnement social et pédagogique, la prise en charge des enfants en bas âge ou encore le conseil financier en cas de surendettement). Entretien avec une conseillère de l’Agence fédérale du travail, 2008.

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Un tsunami provoqué par un séisme ravage la côte nord-est du Japon. La centrale nucléaire

de Fukushima devient incontrôlable. Sur ce, le

gouvernement fédéral adopte en juin 2011 un paquet de

mesures sur l’énergie de demain. Ces mesures prévoient

d’accélérer le développement du réseau électrique et des

énergies renouvelables ainsi que la fermeture progressive

des centrales nucléaires d’ici à la fin 2022.

3La centrale nucléaire de Fukushima endommagée, 2011.

5La centrale nucléaire de Broksdorf, vue depuis Hollerwettern, 2011.

Dans une société vieillissante, la dépendance devient un sujet

préoccupant. Grâce à la Loi re-lative au congé familial en cas

de dépendance, qui prend effet en 2011, il devient plus facile de concilier la vie professionnelle

et la prise en charge d’un parent dépendant. La réforme

de l’assurance dépendance adoptée par la suite améliore

la situation des personnes souf-frant de démence et du person-

nel soignant. Lors du premier sommet de la démographie en octobre 2012, les représentants du gouvernement fédéral, des Länder et des communes, des associations d’entreprises, des

syndicats et d’organisations de la société civile conviennent de la stratégie intitulée « Chaque

âge est important ». Grand-mère avec sa petite fille, 2012.

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LA RÉPU BLIQU E FÉDÉRALE D’ALLEMAGN E DE 1949 À NOS JOU RS

L’Assemblée fédérale élit le 11ème président fédéral, Joachim Gauck.Élection de Joachim Gauck à l’Assemblée fédérale le 18/03/2012.

Suite à la crise financière et en raison de déséquilibres économiques au sein de la zone euro, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et Chypre continuent de s’endetter. La situation devient critique et contraint ces États à recourir à des subventions du fonds de sauvetage mis en place dans le cadre du mécanisme européen de stabilité (MES). La monnaie unique européenne se trouve sous pression. Les chefs d’État et de Gouvernement des pays de la zone euro s’entendent sur de nouvelles bases contractuelles pour stabiliser la zone euro. De surcroît, le contrôle des banques est renforcé.La Banque centrale européenne à Francfort, en 2013.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

L’Union européenne continue de s’élargir.

Depuis le 1er juillet 2013, 28 États en font partie.

Les États-membres de l’UE, 1957–2013

A AutricheB BelgiqueBG BulgarieCY ChypreCZ République tchèqueD AllemagneDK DanemarkES EspagneEST EstonieF FranceFIN FinlandeGB Grande-BretagneGR GrèceH HongrieHR CroatieI ItalieIRL IrlandeL LuxembourgLV LettonieLT LithuanieM MalteNL Pays-BasP PortugalPL PologneRO RoumanieS SuèdeSK SlovaquieSLO Slovénie

États-membres en 2013

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L’U N ION EU ROPÉEN N E AUJOU RD’H U I.

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

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Le ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales

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Le ministère

LE MI N ISTÈRE FÉDÉRAL DU TRAVAI L ET DES AFFAI RES SOCIALES

Vue du hall d’entrée sur l’escalier principal et sur les couloirs.

Le hall d’entrée du ministère. « La grande fenêtre » de Daniel Buren, exemple de la présence de l’art dans les édifices publics.

Missions

Direction générale Z

n Ressources humaines n Budgetn Organisation

Direction générale I

n Politiques générales de l‘État social, du monde du travail et de l‘économie sociale de marché

Direction générale II

n Politique du marché de l‘emploi

n Emploi des étrangersn Assurance chômagen Minimum individuel servi

aux demandeurs d’emploi

Direction générale III

n Droit du travailn Santé et sécurité

au travail

Direction générale IV

n Protection sociale n Prévoyance vieillesse

Direction générale V

n Inclusionn Défense des intérêts des

personnes handicapéesn Indemnisation socialen Aide sociale

Direction générale VI

n Politique sociale et de l’emploi européenne et internationale

n Fonds social européen

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POUR UN AVENIR MEILLEUR

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LE MI N ISTÈRE FÉDÉRAL DU TRAVAI L ET DES AFFAI RES SOCIALES

Document d’institution de l’office impérial du Travail en 1919.

Le ministère impérial du Travail dans la rue Invalidenstraße jusqu’en 1930 à Berlin. Siège du ministère de l’Économie depuis 2002.

Histoire du ministère du TravailPendant la révolution de 1848, les tra-vailleurs revendiquent un « ministère pour les travailleurs », que demande aussi sans succès l’Assemblée nationale réunie dans la Paulskirche. En 1879, les « affaires sociales » sont déléguées par la chancellerie du Reich à l’office impérial de l’Intérieur, puis en 1917 à l’office impérial de l’Économie. En 1918, l’empereur Guil-laume II ordonne la création d’un « office impérial du Travail » dont naîtra le minis-tère impérial du Travail en 1919. Ce der-nier subsistera jusqu’en 1945. Le ministère fédéral du Travail prend ses fonctions à Bonn en 1949. En 1957, des missions sup-plémentaires lui sont confiées et il est re-baptisé ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales.

En 1991, la compétence en matière d’assurance maladie est transférée au ministère de la Santé, suivie de celle pour l’assurance dépendance en 1998. En 2002, la politique en matière de marché de l’emploi ainsi que le droit du travail sont transférés au ministère fédéral de l’Économie, les autres tâches étant con-fiées au ministère fédéral de la Santé et des Affaires sociales. En 2005, les missions initiales du ministère du Travail sont de nouveau regroupées au sein du ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales.

En RDA, c’est la Com-mission économique allemande qui sert de base aux ministères. Les autorités chargées du travail et des affaires sociales connaissent de nombreux changements. Les décisions en matière de politique sociale sont prises par la « Commis-sion étatique du Plan ».

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RÉALISATION

Éditeur Ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales, Département Presse, Relations publiques et Information, 53107 Bonn

Janvier 2016

À commander en indiquant la référence (A 203) sous l’une des formes suivantes : Téléphone : +49 30 18 272 272 1 Télécopie : +49 30 18 10 272 272 1

Par écrit : Bundesministerium für Arbeit und Soziales Informa-tion, Publikation, Redaktion 53107 Bonn

Courrier électronique : [email protected] Internet : http://www.bmas.de

Mise en page Hansen Kommunikation, Cologne

Impression Imprimerie du ministère, Bonn

Si vous souhaitez citer des passages de la présente publication, nous vous prions d’en indiquer avec précision l’éditeur, le titre et la date de parution. Veuillez également faire parvenir un exemplaire de l’article en question à l’éditeur.

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