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UN ÊTRE MASQUE APPARAîT

Le masque, origine, espace et fonction



« C'est un fait, que toute l'humanité porte ou a porté le

masque. Cet accessoire énigmatique et sans destination

utile est plus répandu que le levier, le harpon, l'arc ou la

charrue. Des peuples entiers ont ignoré les plus humbles,

les plus précieux ustensiles. Ils connaissaient le masque.

Des civilisations parmi les plus remarquables ont prospéré

sans avoir l'idée de la roue ou, ce qui est pire, la

connaissant, l'idée de l'employer. Le masque leur était

familier »...ROGER CAILLOIS

« EN FACE de ceux qui étaient demeurés de ce côté-ci un

HOMME s'est dressé EXACTEMENT semblable à chacun d'eux

et cependant (par la vertu de quelque opération »

mystérieuse et admirable) infiniment LOINTAIN,

terriblement ÉTRANGER,….. Ainsi que dans la lumière

aveuglante d'un éclair ils aperçurent soudain /'IMAGE DE

L'HOMME, criarde, tragiquement clownesque, comme s'ils le

voyaient pour la PREMIÈRE FOIS, comme s'ils venaient de

se voir EUX-MÊMES »… THADEUS KANTOR.



• Il y a donc dans le masque, de par sonuniversalité, une nécessité qui nousinterroge. Il est inséparable des objetsrituels, fétiches, totems, d'une sociétédonnée, inséparable des mythes qui l'ontengendré.

• Tenter de comprendre les masques, c'estvouloir entrer dans le mystère d'autrescivilisations, c'est essayer à un autre modede représentation et de pensée.



• Les masques et les déguisements ont ainsi une

longue omniprésence dans la société humaine.

Les mascarades — les fêtes à masques — contem-

poraines, y compris les manifestations chamaniques à

finalité thérapeutique, pourraient bien n'être alors que

les cendres d'une liturgie .Seules nous en seraient

parvenues des bribes de rituels, fragments féconds

cependant, dont l'élaboration culturelle, depuis des

millénaires, continue de se poursuivre.

• C 'est en tout cas au Paléolithique supérieur -

approximativement entre -15000 et -10000 ans

que remontent les vestiges archéologiques les plus

anciens, des représentations, dessins et L'une des plus

archaïques représentations d'un « homme au masque

» est sans doute celui de la Grotte des Trois Frères,

dans l'Ariège .



• Tout est donc là avec le masque, l'autre et nous, la vieet la mort, l'illusion et le réel, le proche et le lointain.Et par-dessus tout l'étrange et l'étranger, lesprofondeurs du choc métaphysique.

• Cette omniprésence au sens spatial et temporelconduisait Levi-Strauss à une constatation : lemasque serait lui-même masqué il aurait perduson sens premier, primordial, occulté par lasuperposition des significations qui renvoie à la« ritologie », au théâtre et à l’identité, au rapport de

soi et de l’autre. Il faut donc « démasquer lesmasques » pour retrouver ce sens.



COMPLEXITE DE LA CLASSIFICATION

1.On peut d’abord opérer une première descriptionen s'intéressant aux techniques de fabrication ouaux matériaux utilisés

2.des classifications d'inspiration esthétique

3.D'autres classifications s'en tiennent à unerépartition géographique

4.répartition des masques selon leur fonctionsociale

Cette classification entraine une problématique :A trop les cloisonner dans une culture, une régionou un contenu, on perd de vue l’ordre symbolique

universel auquel les masques participent.



Le masque n’est pas un objet inerte

• Comme tous les objets de nos musées ou de nos vitrines,le masque, séparé de la manifestation culturelle qui lenécessite perd sa signification primordiale. Comme tel, iln'a de sens qu'au moment où il est gesticulé dans ladanse, le temps d’une sortie des masques, du carnavalou d’une performance théâtrale

• Or la tendance de maintes analyses consiste à l'isolercomme objet statique, le confondant ainsi avec lefétiche ou la statuette de l'idole. L’erreur serait éga-lement que l'Occident qui étudie le masque ne tiennecompte que de la partie sculptée, la plus travaillée,que l'on montre dans les musées.

• Or celle-ci n'est souvent qu'un élément du masque, quiconsiste, en fait, en un costume complet, qui a unnom propre (il n'existe pratiquement pas de termegénérique), et qui est exhibé au cours de cérémonies etde fêtes dont la musique et la danse sont partiesintégrantes.



Au prix d’une métamorphose, le masque devient objet d’art dans une

culture de la curiosité

• Cette culture a été étudié par Krzysztof PomianDans son livre «Collectionneurs, Amateurs etCurieux», il en trace l’histoire: collections, cabinetsde curiosités et musées.

• Krzysztof utilise le terme « sémiophore » pourdésigner les objets formant une collection muséale.Néologisme pour déterminer ce qu'ont en commun à lafois des tableaux, des monnaies, des coquillages, tousles éléments constituant une collection et donc aussides masques.

• Il s'agit d'objets porteurs d'une nouvelle significationet détournés de leur fonction initiale. S’ils incarnenttoujours un invisible, celui-ci n’a plus que le sensrestreint de l’ailleurs, spatial et temporel(l’exotisme) : ils n’existent plus que comme objet decontemplation.



L'oeuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique.WALTER BENJAMIN,LE DECLIN DE « L’AURA ».

• Les techniques de reproduction modifient la réception desoeuvres du passé:

• Par de nouveaux procédés, angles de vues, éclairageagrandissements, ralentis, la technique de la caméra et del’appareil surpassent la vision naturelle et introduisent unlangage nouveau.

• Ce changement de mode perceptif Benjamin le nomme d'uneformule devenue célèbre : le déclin de l'aura. « On pourrait ladéfinir comme l'unique apparition d'un lointain, si prochesoit-il ».

• Dès qu'on est - ou qu'on se croit - regardé, on lève les yeux.« Sentir l'aura d'une chose, c'est lui conférer le pouvoirde nous faire lever les yeux ». Comme une réponse de lachose au regard porté sur elle. Sentir l'aura d'une oeuvre, c'estsentir son unicité.



Malraux et le musée imaginaire

• Malraux a d’ailleurs théorisé dans le Musée Imaginaire cequ’il a appelé lui-même une métamorphose et dont il ditexplicitement que c’est la mission de l’Occident.

• Le musée transforme en art l'expression plastique du sacré

et permet à une civilisation d'hériter de la précédente:

c’est le musée qui a fait du crucifix une œuvre

d’art.»

• Il donne aux objets un nouveau statut.

• La vie perdue de l'oeuvre est compensée par une sorte

d'immortalité acquise grâce à l'art. Cette immortalité est en

fait la vie de la communauté des oeuvres d'art qui interagit

au sein du musée où les oeuvres sont rassemblées, loin de

leur lieu de naissance.



• S’il n’y a aucune raison de douter qu’il yait bien un art dans les sociétéstraditionnelles, celui ci n’est pas ce quenous appelons Beaux-Arts, ni destiné à lacontemplation (certains masques depouvoirs ou de justice sont interdits de

vision).

• S’il y a bien une beauté, celle-ci serait del’ordre de ce que Breton appelle « labeauté convulsive ou l’agentivité »(voir Gell)», ou Benjamin l’Aura.



Les savantes gloses dont, au catalogue de l'exposition on est redevable aux

spécialistes des divers groupes éthniques représentés, si région par région elles

nous renseignent quelque peu sur le sens allégorique de tels ou tels masques pour

ceux qui s'en parent et sur les pouvoirs qui leur sont prêtés, se dispensent

d'aborder le problème du masque dans son ampleur et, d'un commun accord,

se dérobent à toute approche sensible de l'objet considéré,…Il est bien évi-

dent que le masque, en tant qu'« instrument de l'hypnose »,«condensateur du subconscient organique», tire toute sa vertu du troublequ'il a été fait pour engendrer.

Le masque, pour le primitif « instrument de participation aux forcesoccultes du monde», est loin d'être au bout de sa carrière. Du heaumeempanaché du chevalier qui s'efforce de subjuguer l'ennemi jusqu'au loupde velours et à la bauta vénitienne spéculant sur l'anonymat au profit dudésir, nous pouvons, à une échelle plus proche de la nôtre, mesurerl'étendue des prestiges qui s'attachent à la transfiguration, aussi bien qu'àl'éclipsé, de ce que présente d'individuel l'aspect du visage humain. Rien,ici, de révolu. À l'oreille de Lautréamont tinte encore, commenostalgiquement, «l'heure des dominos rosés et des bals masqués».

André Breton. .Phénix Du Masque. Perspective Cavaliere,



• Terminé le rituel, brulé le roi-carnaval, disparue lacommunauté, l'objet masque devrait disparaître. Saforme durable est un leurre. Certaines sociétés ont ainsila coutume de brûler leurs masques après lescélébrations qui les concernent. En Nouvelle-Guinée, destribus procèdent à cette destruction chaque année etc'est également le cas de nombreuses sociétés africainesen ce qui concerne les masques funéraires.

• Il ne s'agit pas là d'une destruction pure et simplecar les masques sont sculptés à nouveau aussitôtque de nouvelles célébrations se préparent. Ils'agit bien plutôt d'empêcher qu'une habitude nefinisse par coder des formes et des significations



La copie sur demande(dès l’époque coloniale)est paradoxalement plus fidèle aux canons etaux styles(souvent fabriquées à partird’exemplaires de musées)

L’artisan s'il a bien reçu des techniquesde fabrication produit souvent sonmasque sous l'inspiration d'un rêve oud'une apparition quelconque. Si œuvred'art il y a, c'est parce qu'elle possèdeune « agentivité », en s'écartant dumodèle strict.



L’animisme

• La nature est une sorte de champ magnétique où l’on puise la force, à des degrés d’intensité divers.

• Le problème consiste à capter ces forces éparses et àformer avec elles un noyau de réalité plus dense.

• Dans cet esprit, le masque (comme le fétiche) agit ensupport visible des forces invisibles. Il nereprésente rien, n’est pas l’image d’un dieu, ilprésentifie la puissance captée. Dans des cérémoniesrituelles et qui ignorent la division des arts.

• Ce que nous appelons danse, musique, sculpture, nesont que les composantes d’un même acte qui tendà capter et à transmettre une force dans le collectif quil’invoque.



• Le masque ne retrouve sa pleine signification quelorsqu'il s'anime par le corps de ses porteurs, mus parla musique et la danse dont il procède, selon les codesd'une société initiée.

• La vie du masque, c’est lorsqu’il entre dans descérémonies rituelles, captant des énergies d'unmonde à l'autre

• Lorsqu’il entre dans des spectacles destinés à produireun effet physique et émotionnel sur le spectateurcomme dans la tragédie antique (la catharsis) ou leNô (l’éclosion de la la fleur - le saisissement).

• Masque et costume, profération, chorégraphie,musique et sons, occupation de l'espace, sontindissociables

Le masque vivant



PARADOXES DU MASQUE

Masquer, c'est cacher, camoufler, dissimuler, tromper; imposture selon le langage courant.

« Tous les objets auxquels le nom de « masque »doit être attribué peuvent se définir en deux mots :ils masquent. Cela signifie qu'ils cachent voireoccultent l'identité. ». W.B.Fagg

D’où une première étymologie :

XIVe siècle : le bas latin mascha signifiant « sorcière »

ou de mascarare, se barbouiller « se noircir le visage »,Noircir le visage à l'aide d'enduit, dans la périodemédiévale, était la forme la plus fréquente du masque ;« sorcière », « être hideux » ou « malfaisant », et apparupour la première fois en 643.

Il semblerait que le sens aurait glissé au fil des sièclesvers « faux visage » destiné à faire peur.



• Occulter n’est pas simple : le masque dissimule enfait pour mieux faire voir. Il est « epiphanie » de touteAltérité,

• Travailler sous le masque, dans le théâtre, le rite, le

carnaval c’est être plus et moins que soi -même.

C’est explorer de plus en plus profondément

l'être humain, en ses pulsions les plus secrètes.

Tout ce que la société inhibe, le masque le fait resurgir

et met en jeu un tête à tête avec l'Autre.

• La tromperie devient catharsis..

• le masque qu’on considère comme faux

visage est aux origines de ce qu’on appelle la

personne humaine :par un paradoxe il

entraine la dialectique de l’identité

PARADOXES DU MASQUE



Le masque et la personne sociale• En latin, le masque de l'acteur est désigné par le terme

« persona », qui a donné « personne » en français.Persona, pourrait dériver de l'étrusque Pershu ,l'hommeporteur de masques dans les jeux funèbres en l'honneurd'un défunt.

• Du rituel au théâtre: le rôle joué par l’acteur qui devaitparler avec éclat (sonare), personare : le son qui sort dumasque de l’acteur.

• Le « masque » en est rapidement venu, dès l'Antiquité, àprendre le sens de rôle qu'il faut tenir afin depouvoir vivre en société. Prosopon grec signifie à lafois masque et visage : être, c’est être vu.

• A Rome, persona va de fait, désigner le rôle, la paroledes parties dans un procès.

• Par extension, persona s’applique à l’homme, maisseulement tel qu’il se présente dans la vie juridique,qui luiattribue des ¨rôles: rôle de père ou de fils de famille,d’esclave, d’affranchi...



PERSONA ET STATUT SOCIAL

SOCIAL

• visage que nous montrons aux autres, celui quinous permet d'entrer en communication avec euxet qui les aide à nous identifier. La persona estd’abord une apparence.

• Ce qui fait dire à C.G.,Jung que « la personne

est ce que quelqu'un n'est pas en réalité,

mais ce que lui-même et les autres pensent

qu'il est. »

• D’où une dialectique de l’identité entre la partobjective et la part subjective de nous mêmes,



Construction de l’identité• L’Identité n’est pas une permanence.Elle est alteration et

aliènation,

• L'« identité pour soi » renverrait à l'image que l'on se construit de soi-même. L'« identité pour autrui » serait une construction de l'image que l'on veut renvoyer aux autres ; elle s'élabore toujours par rapport à autrui, dans l'interaction.

• C'est au contact d'autres consciences que la conscience

cherche à se trouver. Le monde extérieur et surtout autrui

sont donc les objets de son désir et représentent l'Autre

de la conscience. « Autrui est le médiateur entre moi

et moi_même. »



• « tout un immense ensemble de sociétés est arrivé à la

notion de personnage, de rôle rempli par l'individu dans

des drames sacrés comme il joue un rôle dans la vie

familiale. La fonction a déjà créé la formule depuis des

sociétés très primitives, jusqu'à nos sociétés à nous ».

• « D'une simple mascarade au masque, d'un personnageà une personne, à un nom, à un individu, de celui-ci à unêtre d'une valeur métaphysique et morale, d'uneconscience morale à un être sacré, de celui-ci à uneforme fondamentale de la pensée et de l'action, leparcours est accompli. »

MARCEL MAUSS. UNE CATEGORIE DE L’ESPRIT HUMAIN : LA

NOTION DE PERSONNE,CELLE DE MOI.



• Au prix d’une aliénation fondamentale.il y aune « béance » un vide, fondamental, uneinquiétude au sens étymologique.

• je ne peux que m’objectiver que dans unimaginaire, un image que garantit autrui. Etqui pourtant n’est pas moi. D’où l’angoissede déréalisation qui peut guetter chacun.



« L’ objet transitionnel »

• Cette angoisse qui caractérise l’enfant selon le discourspsychanalytique : serait à l’origine du jeu et du symbole.L’enfant échapperait aux présences absences qui rythment savie en maniant des objets qu’il fait apparaitre et disparaitre.Puis en les remplaçant par le langage à un stade ultérieur.

• D’où la théorie des objets de transition et de l’espace

intermédiaire selon le psychanalyste britannique Winnicot.

• « Il existe une troisième aire qui assure une transition entre moi

et non moi, la perte et la présence, l'enfant et sa mère. ». Cette aire

est justement l'espace de jeu dont il souligne le caractère créatif dans

« Jeu et Réalité ».

• Les premières expériences de seraient les bases de nos expériences

culturelles.



« J'ai tenté d'attirer l'attention sur l'importance, tantdans la théorie que dans la pratique, d'une troisièmeaire, celle du jeu, qui s'étend jusqu'à la vie créatriceet à toute la vie culturelle de l'homme. Cettetroisième aire a été opposée, d'une part, à la réalitépsychique intérieure ou personnelle et, d'autre part,au monde existant dans lequel vit l'individu, mondequi peut être objectivement perçu. J'ai localisé cetteaire importante expérience dans l'espace potentielentre l'individu et l'environnement. »

WINNICOT.JEU ET REALITE



Anthropologiquement, il existe une « fonction du double » qui selonJ.P.Vernant, se substituerait au tragique ou à l'errance menaçante : oncréerait pour se faire des « effigies de l'entre deux » (colossos , fétiches, masques, acteurs dans l’ espace théâtral ) , à la fois leurre et protection.

Ces doubles(EIDOLON) sont autres choses que des images, non plus objetmental ou imitation d'un objet. Le double est une réalité extérieure au sujet.il s'oppose par son apparence aux objets singuliers de l'ordinaire de la vie.

Il relèverait de plusieurs plans contrastés : dans le moment même, où il semontre présent,il se révèle comme n'étant pas d'ici ,commeappartenant à un inaccessible ailleurs.

« porter un masque, c'est cesser d'être soi et incarner, le temps dela mascarade, la Puissance de l'Au-delà qui s'est emparée de vous,dont vous mimez tout ensemble la face, la gesture et lavoix. »J.P.VERNANT



Pour l’anthropologie à travers des variables, propres à chaque

culture, se dessinent ainsi des procédures symboliques à

valeur universelle

Ainsi les pratiques symboliques, destinées à articuler les rapports

entre les vivants et les morts, le visible et l’invisible.,le soi et

l’altérité.

Ces pratiques mettent en jeu les corps habillés et/ou

masqués, dans leur fonction de double: apparition et présence

de l’Autre,

mascarades et théâtre sont l’espace de ces apparitions.

Dans beaucoup de sociétés traditionnelles, les mythes d'origine du

masque se situent au point d'intersection de la nature et de

la culture, soit pour instituer la transition, soit pour

symboliser ce qu'il en a couté au héros transgressif.



LE MASQUE INTERAGIT SUR UNE « AUTRE SCENE »

Il est un mode de communication établi entre plusieursgénérations d'êtres humains et différents registresontologiques

• ,sur le plan rituel, le masque « présentifie » souvent des

« entités » liées à un monde invisible, où évoluent despouvoirs supérieurs que les humains s'efforcent de faireapparaître et de contrôler .

• S’y jouent également des rapports entre personnes etgroupes de différents statuts liés à l'âge, au sexe, àl'extraction sociale et au degré d'initiation.

• S'y rediscutent les normes sociales et leur contestationplus ou moins bien régulée(carnaval par exemple.)

• Cette communication fait intervenir une esthétique,

mobilisant aussi bien la sculpture, le textile,

l'ensemble scénographie-danse-acrobatie, la musique

et le chant .



L'expérience culturelle du masque se situe

justement dans l’ aire culturelle de transition

(ainsi le carnaval est bien un temps mais hors du

temps quotidien- passage lié à l'origine au solstice.

La dialectique entre soi et l'Altérité qui peut

prendre plusieurs formes:

1.dialectique entre nature culture,

2.entre l'humanité et l'animalité,

3.entre la vie et la mort ;

4.il est intimement lié à l'entre deux des

échanges. Il se répercute également dans les

relations entre sociétés voisines et entre

groupes d'une même société.



Se masquer c'est toujours reconnaitre l‘Altérité ensoi et une capacité de métamorphose présentedans les mythologies, Altérité qui bouleverse lesidentités et transcende les limites entre nature etculture.Par exemple ,les créatures carnavalesquesmarquent ainsi par leur déguisement mi- humain,mi- animal, par la prolifération des attributs, leursappartenance mouvante à plusieurs mondes et lepassage entre ceux-ci.

ainsi le thème de l’homme sauvage renvoie à un

mythe présent depuis les temps archaïques, présent dans

toute l'Europe mais qu'on peut retrouver en Perse, Chine ou

Japon, figures ne



LE BOBI ET LE CARNAVAL DE GUYANE

• Les figures traditionnelles appartiennent à la transmission orale età la mémoire collective cayennaise dont celle de l’esclavage. .

• . On en dénombre une quinzaine : Nèg Marrons, Coupeuses de cannes, Le

vidangeur, Bobi etc…

• Elles relèvent d’une pratique du « Détour »(E.Glissant): non larévolte ou le Maronnage mais la négation de sa condition enl’assumant jusqu’au grotesque et au dérisoire. Ainsis’expliqueraient la créolisation et la langue créole.

• Le Bobi, mené par un dompteur en chapeau melon , être hybridemi-ours , mi- éléphant. mi-européen mi-africain, évoque le métissage

forcé, l'hybridation de l'être créole.

• Le Bobi, n'obéit pas malgré les chaînes, le fouet, les coups. Il accomplit de

travers les tâches demandées ou ne bouge plus,

• Mais le Bobi est un masque. Derrière se cache un homme qui joue la

désobéissance comique. La pratique du Détour crée sa propre poétique,

une contre-poétique, qui exprime par la dérision portée à son

paroxysme, l'inverse du discours apparent.



CHARLES FREGER



La dialectique nature /culture est souvent liée à la prohibition de l’inceste ou prend la forme de

l'opposition foret ou brousse et village.

• Des mythes, lient la fabrication des masques à uninceste originel.

• Il demeure une forte antithèse entre l’espace sauvageet les normes du village conquis sur la « brousse ».

• . L'économie agricole de subsistance et les tissussociaux qu'elle établit étant trop fragiles et tropinstables (sècheresse, catastrophe naturelle ), oncherche à se procurer la sécurité en se conciliantl'Autre de la foret.

• La fabrication des masques est donc soucieuse defaire intervenir les matériaux empruntés à la foret ,bois, fibres etc. et les mythes insistent sur le fait quele créateur du masque a été inspiré par un esprit dela forêt



LES MASQUES ZOOMORPHES

• En s'appuyant sur les peintures rupestres et le paléolithique, ona lié leur origine. à la chasse d'abord comme dissimulationpermettant de s'approcher de la proie, à l'aide d'undéguisement en peau animale, de ramures de cerf ou de têtesd'ours.

• Plus probantes les mythologies chamaniques comme celle desInuit qui suppose une unité originelle entre l'homme etl'animal. l'Humanisation étant coupure, séparation (loi dulangage et de l'échange )et interdisant toute fusion, les deuxrègnes sont donc distinct et le rêve de métamorphoseimpossible.

• Seul le chaman serait capable de métamorphose et d'osmose.iltransgresserait les espaces et pénètrerait, par la transe, danscelui du monde animal obtenant sa collaboration, comme auxtemps originels de la communauté de vie.



Si le masque animalier continue d'être utilisé, et il l'estabondamment, il n'a plus le même sens, dans uncontexte agricole.

. Le masque animalier quitte la forêt pour devenirl'initiateur de l'économie agricole et de la société villageoisequi en résulte. Mais il fusionne alors avec le masquede l'ancêtre, caractéristique de cette société.



LE MASQUE ET LA MORT

• Dans la Grèce antique, un masque primordialrenvoyait à l’altérité absolue: GORGÔ (laméduse).

• La face de Gorgô, c'est l'Autre, l'Etrange, c'est"l'horreur d'une altérité, celle de la mort quipétrifie.

• Car "regarder Gorgô dans les yeux, c'est setrouver nez à nez avec l'au-delà dans sadimension de terreur"…. Finalement Gorgô,c'est "soi-même, dans l'au-delà, cette têtevêtue de nuit, cette face marquée d'invisiblequi dans l'œil de Gorgô se révèle la véritéde votre propre figure". J.P.VERNANT



LE MASQUE ET LA MORT

• Le masque apparait toujours lié à l’Altérité radicale, à savoir la mort et au culte des morts.

• les rituels funéraires sont variés mais correspondent tous, selon

l'ethnologue Arnold Van Gennep à un rite de passage en trois

étapes (certaines plus ou moins atténuées selon les époques et les

civilisations) : étape de séparation concrétisée par le décès, le rite de

la vérification du décès et de l'annonce du décès (« clochetteur » en

campagne ou crieur des mortsen ville au Moyen Âge) ; espace

liminaire avec l'exposition du défunt, la veillée funèbre], le convoi

funéraire, la messes des morts, l'inhumation ou crémation ; étape

d'agrégation (repas de funérailles, commémorations) qui survient après

une période de deuil plus ou moins longue selon les époques et les

appartenances religieuses[.

• Le masque est symbole du passage et intervient dansl’espace liminaire


https://fr.wikipedia.org/wiki/Rite_fun%C3%A9raire#cite_note-6


dans nos cultures une des étymologies fait dériver le

masque du latin larva

le linceul du mort et l’appartion fantomatique un être de l'au-

delà ou plus précisément spectre issu d’une une mort violente,.

Sorcière, spectre, mort, revenant, fantôme, le mot larva, en

latin conserva son sens premier et fut, pour ces acceptions, très

rapidement négativement connoté par la hiérarchie de l'Église,

comme la présence néfaste et précisément incontrôlée du

démon, mêlant sacré et profane,

D’où l’espace du masque au théâtre: tragédie grecque

où le héros vient des mythes et erre aux confins, ainsi le Nô ou

le shite, l’acteur est toujours un fantôme qui ne peut se

détacher du monde du vivant et qui réapparait donc.



L’ANCESTRALISATION

• Dans les sociétés traditionnelles, ancestralité et processusd’ancestralisation vont de pair ;ils fondent l’origine dugroupe représentée par des ascendants en positiond’ancêtres.

• l’ancêtre devient objet d’un culte, grâce auquel il influe surla vie des vivants.

• Cette construction s’effectue dans la mise en œuvre de ritesdont les plus importants sont les rituels de mort, qui ontpour fonction de séparer les défunts du monde desvivants.

• :ce passage doit être réussi sous peine de voir revenir l’âmeou l’ombre redoutées du défunt ,d’où des rites et desmasques,

• Dans les sociétés agricoles, le système rituel,de l’ancestralIsation

remplace les esprits de la forêt ou plutôt les deux systèmes se

cotoient, Alors que l'initiation continue de se dérouler en forêt,

rappelant l'opposition forêt/village, l'inhumation en prend rituellement

le contre-pied, afin d'établir une relation ancêtre-village

• .,



CONCLUSION

• Élément de parure ou pièce de vêtement, agent de l'effroi sacré ou témoin des réjouissances profanes, le masque, porté devant les foules ou réservé au secret des initiations, apparaît tour à tour réalité et semblant.

• sa fonction participer du ludique, du religieux, du magique et du

théâtral,. A ces divers titres , il interpelle l'ethnologue, l'historien des

religions, le psycha,nalyste, l'homme de théâtre, le folkloriste,

• "Le masque cultuel, rappelle Françoise Frontisi-Ducroux, qui figure des

puissances surnaturelles appartient aux zones dangereuses de la

vision humaine"

• véritable épiphanie de l'altérité, le masque propose au regard, dans la

réciprocité de la vision, dans l'échange du voir et de l'être vu, une

expérience de possession et d'identification.

• Dans les yeux étranges du masque, l'homme ne peut se voir en

demeurant lui-même. Face à l'étranger, il fait l'expérience de sa

propre étrangeté,


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