POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3...

24

Transcript of POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3...

Page 1: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance
Page 2: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance
Page 3: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

Au beau mitan de sa troisième année, LUNE A L'AUTRE frôle le millier d'abon-nements : les actions des militantes de la première heure portent enfin fruit ! De plus en plus nom-breuses en effet sont les personnes qui ont amorcé une certaine réflexion avec la ferme intentiond'appuyer les femmes dans leur démarche pour s'approprier leur expérience d'accouchement.

Cependant, l'image résolument moderne que nous avons adoptée, imagequi a précisément contribué à l'accroissement du nombre d'abonnements, en inquiète quelques-unes qui craignent que LUNE À L'AUTRE devienne trop commerciale et que son information s'en trouvede ce fait diluée dans le seul but de rejoindre un public élargi. Il n'en est absolument pas ques-tion, qu'on se rassure. Nous nous adressons en première instance aux groupes d'humanisation quiinterviennent auprès des femmes enceintes ainsi qu'aux personnes qui oeuvrent dans le domainede la périnatalité. À ce groupe de lectrices et de lecteurs s'ajoutent les femmes, les hommes etles couples qui entreprennent les démarches nécessaires pour vivre pleinement un événement qu'ilsestiment unique. C'est donc en ce sens que s'orientera la qualité de notre information : le trainest en marche, il faut le suivre !

Nous avons donc préparé pour les prochains n uméros un programme rédac-tionnel qui saura soutenir l'intérêt de toutes et de tous. Ainsi, notre dossier du printemps propose,pour résoudre le problème des césariennes dont le taux continue de progresser de façon alarmante,une solution : l'accouchement vaginal après césarienne, communément appelé I'AVAC. Sacrée Santépoursuit pour sa part son chemin dans le monde des médecines douces, cette fois du côté de lach iropratique.

Enfin, ne manquez surtout pas de lire le programme que vous réserve lecolloque de NAISSANCE-RENAISSANCE en avril prochain sous le thème « Notre force de changement ». Etpuisque ce numéro de printemps vous rejoint pour le 8 mars, nous vous souhaitons la plus radieusedes journées !

NAISSANCE-RENAISSANCE SuzanneBlanchet dresse un bilan de la tour- Mnée provinciale. f

SACRÉE SANTÉ André Brassard expliqueles avantages de la chiropratique ppour la femme enceinte. 3

PROFESSION : SAGE-FEMME LorraineLeduc apporte des nouvelles du colloquede l'Alliance des sages-femmes /d'Amérique du Nord. 0

ACTUALITÉ Isabelle Brabant réplique àl'étude réalisée pour le compte de laCorporation professionnelle des •*médecins du Québec. /

LE DOSSIER LAVAC, un moyen de réduirele taux de césarienne. Le commentet le pourquoi avec HélèneVadeboncoeur. 8

POUR DES MAISONS DE NAISSANCEBilan du comité qui déposait récemment

rapport au ministère de lasonSanté et des Services sociaux. 18

ENTRE ALLIÉES Camille Larose a rencon-tré un avocat afin d'en savoir davantage surles poursuites médicales, thème qu'elleavait amorcé dans le numéro m *précédent. 10

Photo de la couverture Michel Dubieiul

L'UNE À L'AUTRE ÉDITEUR : Naissance-Renaissance REDACTRICE EN CHEF : Suzanne Blanchet COORDINATION : Dhyane lezzi COLLABORATION :Isabelle Brabant, Paule Brière, André Brassard, Michèle Champagne, Camille Larose, Lorraine Leduc, Céline Lemay, Hélène Vadeboncoeur GRAPHISME : MarieChicoine RECHERCHE ICONOGRAPHIQUE : Judith Pothier COMPOSITION : Composition Solidaire inc. IMPRESSION : Imprimerie Renaud Ltée MAR-EETING : Lucie Gervais PROMOTION : Francine Dubreuil SECRÉTARIAT : Christyne Ouellet POLITIQUES DE LA MAISON : Nous laissons aux auteuresl'entière responsabilité de leurs textes. La reproduction partielle ou totale des articles est autorisée à condition de mentionner la source (mois, année, auteure).Si la reproduction des articles et des illustrations est faite à des fins commerciales, il faut obtenir l'autorisation préalable de la direction. TARIFS D'ABONNE-MENT pour 4 numéros (1 an) • individu-es 10 $ ; groupes 15 $/de soutien 20 $ ou plus ; corporations ou institutions 25 $/de soutien 40 $ ou plus ; étranger : ajouter5 $. Adresse postale : NAISSANCE-RENAISSANCE, C.P. 249 Suce. E, Montréal (Québec) H2T 3A7. Tél. : (514) 525-5895. Dépôt légal : 4e trimestre 1983, Biblio-thèque nationale du Québec. Courrier de deuxième classe, numéro d'enregistrement en cours.

L'UNE A L'AUTRE PRINTEMPS 1986

NOUS AVONS LU Quatre livres queMichèle Champagne et Céline f\f\Lemay ont lus pour vous. £v

NOUVELLES EN BREF 22

Page 4: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

saai NAISSANCE-1 RENAISSANCE

chronique

Céline Lemay, Soizic Motte.

LA TOURNÉE :BILAN POSITIFS uite au symposium tenu à

Montréal en mai dernier sousle thème « Femmes et sages-femmes : un lien privilégié »,N A I S S A N C E R E N A I S S A N C E entreprenait,deux semaines plus tard, une tour-née provinciale en collaborationavec I'ASSCCIATION DES SAGES FEMMES DUQUEBEC.

L'événement visait plusieursobjectifs : sensibiliser le grandpublic sur le dossier sage-temmeafin d'éliminer les mythes qui cir-culent au sujet de leur formation,leur pratique, leur travail ; mousserle dossier sage-femme dans lesmédias régionaux ; rejoindre lesgroupes de femmes susceptibles dedonner leur appui ; établir des con-tacts avec les députés locaux.

NAISSANCE-RENAISSANCE 3 profité de

ce déplacement en région pourrencontrer ses membres et leurapporter le soutien dont les grou-pes éloignés peuvent avoir besoin.Pas question cependant que« Montréal vienne leur dire quoifaire » : les membres avaient l'en-tière responsabilité de l'organisa-tion des rencontres et elles ontprouvé leur savoir-faire avec lesmoyens du bord, peu nombreuxtant en ressources financières qu'enpersonnes-ressources. Malgré tout,un taux de participation fort inté-ressant : 75 personnes en moyenneont assisté aux rencontres régiona-les, des femmes en très grandemajorité. À Hull cependant, lapopulation étant davantage inté-ressée par la question grâce à uneétude sur les maisons de naissan-ces déposée par un comité duCRSSS, 200 personnes se sontprésentées.

« Nous pensions n'attirer quedes femmes déjà sensibilisées, pré-cise la coordonnatrice PaulaMcEeown, mais nous avons eul'agréable surprise de rejoindre desgens de tous les milieux qui se sontmontrés fort intéressés. » Pouramorcer la discussion, projectiond'un film qui présente trois sages-

Lorraine Leduc, Françoise Rrchard, Céline Lemay et Myriam Tiersen.

femmes oeuvrant dans des milieuxdifférents : à domicile, dans uncentre de maternité et dans unhôpital, ce qui a largement contri-bué à démystifier la profession. Onen venait inévitablement à parlerde la formation des sages-femmes.Surprise pour plusieurs quicroyaient encore à l'amateurisme,inquiétude pour d'autres quidénoncent précisément une« génération spontanée de sages-femmes, de simples accoucheu-ses », rapporte le bilan de Rober-val/Alma.

Les rencontres ont parfois prisune tournure de débat politique.Ce fut le cas à Québec notam-ment, avec comme invitées Pauline

Marois et Thérèse Lavoie-Roux àmoins de deux semaines des élec-tions. Par contre, la presse a donnéà l'événement une dimensionprovinciale.

À cet effet, il est important desouligner la collaboration desmédias régionaux. Dans Chicou-timi/Jonquière, un dossier depresse fort impressionnant. ÀRimouski, les médias électroniquesont couvert la rencontre ; aux Iles-de-la-Madeleine, la radio commu-nautaire, écoutée par 90 pour centde la population, en a fait autant.Jusqu'au chauffeur de taxi qui, là-bas, parlait de la visite des sages-femmes !

Gertrude Lavoie, Nancy Perron et Edith Bélanger.

Petit à petitLa tournée aura-t-elle des répercus-sions ? Bien sûr, les résultats ne semanifesteront que graduellementau fil des mois qui viennent. On nepeut s'attendre à une révolution dujour au lendemain ! Cependant, letravail de sensibilisation a déjà faitun bout de chemin. On note parexemple que les groupes régio-naux ont acquis une crédibilité évi-dente et y ont gagné en « visibi-lité » : les femmes s'adressent à nosmembres pour plus de renseigne-ments et les gens du milieu hospi-talier font appel à leurs services.Il est désormais possible d'établirde nouveaux types de relationsbasés sur le respect.

Aux Iles-de-la-Madeleine, l'in-firmière responsable des cours pré-natals a demandé l'aide d'unesage-femme pour améliorer sonapproche et à Valleyfield, le CLSCa engagé une sage-femme pourétudier le contenu des rencontresprénatales.

A Gaspé, une femme médecina manifesté publiquement sonappui et promis d'adresser une let-tre circulaire aux médecins de l'estdu Québec pour les encourager àen faire autant.

Enfin, deux semaines après laconférence régionale, l'hôpital deMont-Laurier mettait sur pied uncomité invité à écouter les recom-mandations de NAISSANCE-RENAISSANCEdans l'étude d'une éventuellechambre de naissance.

La tournée s'est avérée uneexpérience tout aussi intéressantepour les membres de NAISSANCERENAISSANCE à Montréal, car elles sesentent désormais sensibilisées à laréalité régionale. Envisage-t-on unedeuxième tournée ? « Maintenantque les régions sont organisées etmieux connues, elles sont enmesure d'effectuer le travail de sen-sibilisation elles-mêmes, estimePaula McEeown. Si nous retour-nons en région, ce ne sera pas dansle cadre du dossier sage-femmecette fois, mais plutôt pour appor-ter du soutien à nos groupes-membres. » •

SUZANNE BLANCHET

Page 5: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

=**<# SACREESANTÉ

GROSSESSEETCHIROPRATIQUEL' hygiène de la colonne verté-

brale pendant la grossesses'avère essentielle. Or, cettepériode est souvent associée à desdérangements structuraux qui relè-vent directement du champ d'ac-tivité du chiropraticien.

Evénement privilégié, la gros-sesse devrait être exempte demalaises nerveux et musculaires,puisque le calme et le bien-êtrephysique et mental sont des con-ditions primordiales à un accou-chement qui laisse un bon souve-nir à la mère. Pourtant, elle n'enapporte pas moins certainsmoments d'inconfort. Ainsi, larégion sacro-iliaque subit, pendantla période de gestation, des trans-formations régulières à mesure quele bébé et la mère prennent dupoids. Altérées, les courbes de lacolonne vertébrale engendrentparfois maux de dos, sciatalgie,crampes musculaires, oedème,engourdissement des extrémités,subluxations vertébrales, car l'in-tégrité neuromusculo-squelettiquen'est plus maintenue. Les manipu-lations chiropratiques, absolumentinoffensives tant pour l'enfant quepour la mère, peuvent avoir raisonde ces sensations désagréables,voire douloureuses.

La chiropratique prévient defaçon efficace les problèmes reliésà la colonne vertébrale et aux arti-culations périphériques et procureplus de souplesse aux articulationsde la colonne vertébrale et de larégion du bassin. Les soins chiro-pratiques permettent en outre unedétente physique en faisant relâ-cher les tensions musculaires, assu-rant de ce fait un accouchementplus en douceur tout en améliorantl'état de santé de la mère.

Deux fois 9 moisS'il faut neuf mois pour mener unenfant à terme, il faut compterautant de temps pour que le corps

de ia femme se remette entière-ment des effets de la grossesse.Rien d'étonnant, puisque le volumede l'utérus a été multiplié parmille, son poids par 30, sans comp-ter que chaque fibre musculaire del'utérus s'est allongée de 40 fois.

Le volume sanguin de la mèrea augmenté du tiers, la charge deson coeur de 50 pour cent. Sesreins ont dû filtrer 50 pour centplus de sang qu'en temps normalet le surplus de poids a accentuéles courbes vertébrales associéesà l'élargissement de la structuremusculaire des os du bassin.

Un examen consciencieux dela colonne vertébrale, des os dubassin et des articulations asso-ciées devrait par conséquent êtreeffectué par un chiropraticien, soità l'hôpital, soit au retour à la mai-son. Si l'examen n'est pas effectuérapidement, de multiples troublespeuvent s'ensuivre : constipation,varices, inflammations de la ves-sie, allergies, troubles menstruels,nerveux, digestifs.

Arbre de vieLa position de l'enfant à sa nais-sance détermine sa santé verté-brale. La colonne cervicale ainsique les mouvements respiratoiresdes os crâniens sont étroitementreliés, et des déplacements verté-braux peuvent se produire chez lenouveau-né dès sa naissance. Plu-sieurs enfants demeurent maladifsparfois même jusqu'à l'adolescenceparce qu'il s'est produit une ou dessubluxations cervicales lors de lanaissance.

On oublie trop souvent que lepoids de la tète du bébé représenteprès de la moitié de son poids total.C'est donc dire qu'au cours desdeux ou trois premiers mois de lavie de l'enfant, la colonne cervi-cale maintient en mouvement pres-que 50 pour cent de son poidstotal. Certains maux d'oreilles,éruptions cutanées, difficultés res-piratoires allant de la bronchite àl'asthme, allergies et difficultés decroissance proviennent de subluxa-fions qui n'ont jamais été corrigées.C'est pourquoi des techniques spé-

ciales ont été développées pour lesenfants, et ces derniers y réagissentmerveilleusement bien, car le trai-tement chiropratique est naturel etne laisse aucune séquelle.

Les parents perpétuent la viepar leurs enfants et nous, chiropra-ticiens, perpétuons la santé parl'arbre de vie qu'est la colonnevertébrale. •

ANDRÉ BROSSARD,chiropraticien

L'UNE A L'AUTRE PRINTEMPS 1986

Page 6: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

PROFESSION :SAGE-FEMME

À SAN FRANCISCOLa rencontre

annuellede VAS FAN

& A

S an Francisco, octobre 1985, scène du collo-que annuel de l'Alliance des sages-femmesd'Amérique du Nord (ASFAN/MANA). Sous lethème « Roots and Renewal » (Racines et renou-

veau), plusieurs centaines de nouvelles sages-femmes,de travailleuses et travailleurs de sphères connexes etreprésentantes d'associations d'usagères des services enpérinatalité sont réunis.

Au menu, conférences, ateliers, tables rondes et repaspermettent, tant sur le plan formel qu'informel, d'enten-dre, de voir, de toucher et de comprendre les nouvellespratiques et préoccupations actuelles des sages-femmes.Un profond plaisir à se retrouver ou à faire connaissanceémane de ces moments privilégiés de rencontre et pro-pulse toutes les participantes à un niveau élevé de soli-darité et d'échanges intellectuels et spirituels.

Quelle que soit la provenance, la formation (profes-sionnelle ou autodidacte), l'origine ethnique, l'expé-rience dans la pratique de la profession, la diversité inci-tait toutes et chacune à participer à un enrichissementqui contribue à juste titre à définir toujours davantagele concept de la nouvelle sage-femme.

Dans sa conférence intitulée « Alliance ou rivalitésdans la famille », Linda Lonsdale fait voir la croissancedes sages-femmes par le portrait d'un arbre généalogi-que. Elle nous rappelle que les racines profondes de cetteprofession remontent au temps de la Genèse. Seules lespremières décennies du siècle actuel ont failli l'étein-dre, et ce principalement en Amérique du Nord.

De cette quasi-extinction est né le concept de nou-velle sage-femme, fruit d'une greffe des temps moder-nes entre l'arbre archaïque de la profession et cette nou-

velle génération de praticiennes nord-américaines issuesde divers courants culturels, classes sociales et forma-tions technologiques.

Partout dans le monde, les sages-femmes se sententconcernées par l'hyper-médicalisation de l'accouche-ment. Elles tournent leur regard vers les nouvelles sages-femmes de notre continent dans l'espoir qu'elles amè-neront un souffle nouveau à la profession et une plusgrande reconnaissance de leur pratique.

MESSAGE D'ESPOIRPour chacune, la rencontre annuelle de l'ASFAN devientl'occasion renouvelée de rassembler les énergies et derepartir sur une note d'espoir. Espoir alimenté parl'énorme tâche déjà accomplie par toutes ces femmes.Espoir dans ce renouveau de la profession. Espoir dansl'union de nos forces pour faire croître le modèle holistequi reconnaît à chacune le pouvoir d'auto-déterminerson vécu et son accouchement. Espoir que par cette pro-fession soit rendue à la population.

Que toutes les femmes du Québec qui croient en lamaternité réappropriée s'associent à cet espoir et agis-sent en exprimant leurs besoins, voilà déjà un pas. QueNAISSANCE-RENAISSANCE et toute autre association concernéecollaborent à l'avènement de la nouvelle sage-femme,voilà un autre pas.

Et tous ces petits pas multipliés mèneront, sansaucun doute, à la croissance et la maturité d'une sagessecommune. Celle de l'équilibre entre le coeur et l'esprit,celle de la sage-femme. •

LORRAINE LEDUC

Page 7: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

ACTUALITECSvT

f°«fe«%a

CONTROVERSEUn sondage

menacesérieusement

des projetsimportants

en périnatalité

tÈ Accouchements : satisfaction garantie ». Voilà ce^^ qu'on pourrait afficher à la porte des hôpitaux

québécois si l'on se fie au sondage mené récem-ment pour le compte de la Corporation profession-

nelle des médecins du Québec (CPMQ). Les femmesmédecins qui avaient commandé cette recherche en sontelles-mêmes restées surprises : 98,6 % des femmes sedisent satisfaites de leur accouchement, un résultat quimenace sérieusement des projets sociaux actuels enpérinatalité, comme la législation des sages-femmes etl'implantation de Maisons de naissance.

Isabelle Brabant, Marie-Claude Martel, HélèneValentini et Paula McEeown en conférence depresse le 11 février dernier.

LES LIMITES DE LA MÉTHODOLOGIEIl y a tout lieu de se questionner sur la méthodologiedu sondage effectué au cours de l'été 85. Des considé-rations d'ordre pratique, dit le Dr Boivin-Lesage ducomité des femmes médecins, ont décidé du momentchoisi pour rejoindre les femmes, soit deux jours aprèsleur accouchement et trois jours après une césarienne,à l'hôpital ^ême. Or des études démontrent clairementque cette façon de procéder ne permet absolument pasde recueillir des résultats conformes à l'expériencevécue : les femmes sont toutes alitées, soumises à unhoraire et à des règlements, dépendantes du personnel.Elles ne sont pas encore remises, ni physiquement niémotivement, de l'accouchement qu'elles viennent devivre. Elles ont leur bébé, et « c'est le principal ». Ellesne bénéficient d'aucun recul.

Non, elles ne sont pas folles, ni ne déparlent, commea dit le Dr Boivin-Lesage, cherchant à ridiculiser cetargument. Il faut plusieurs mois et quelquefois desannées pour évaluer l'impact véritable d'un tel événe-ment et des interventions qui l'ont accompagné. D'ail-leurs, les auteurs du sondage (du Centre de sondagede l'Université de Montréal) s'inquiètent de l'effet défor-mant de ce biais et suggèrent un suivi à la recherche.Une inquiétude dont on s'est bien gardé de faire partà la presse.

On s'est contenté de mesurer le taux de satisfactiondes femmes de façon indirecte en « demandant à l'ac-couchée les choix qu'elle ferait dans l'éventualité d'unenouvelle grossesse ». Les recherches dans le domainede la santé considèrent généralement au moins unedizaine de facteurs pour mesurer la satisfaction. L'opi-nion immédiate n'en constitue qu'un seul. Et quel cré-dit peut-on accorder à un résultat comme 98,6 % quand

on lit la seule question (sur 100) d'où il provient : « Defaçon globale, est-ce que votre accouchement en milieuhospitalier a été une expérience positive ou négative »avec ces deux seuls choix de réponses. C'est ce qu'onappelle, en recherche, un questionnaire à choix forcé.Avait-on intérêt à ne pas obtenir une réponse plusnuancée ?

DES CHIFFRES RÉVÉLATEURSLe sondage a produit aussi des statistiques factuellesrévélatrices : 43 % des femmes ont eu un lavement et58 % un rasage, des interventions que le Comité lui-même qualifie d'« anciens protocoles d'hôpitaux quimériteraient d'être révisés ». 92 % des femmes ontaccouché dans la position couchée, alors qu'il est main-tenant reconnu dans les manuels d'obstétrique que cetteposition est anti-physiologique et peut entraîner deseffets sérieux pour la mère et le bébé. Les femmes onteu au moins une échographie dans 92 % des cas, « l'in-novation importante de la décennie » prétend le Comité.Pourtant le ministère de la Santé et du Bien-être socialdu Canada recommande qu'on en réserve l'usage auxindications médicales, et non pas routinières, parce queles conséquences à long terme sont encore mal connues.18,8 % des femmes ont subi une césarienne, 66,7 % uneépisiotomie, et 26 % un accouchement provoqué. Tousdes chiffres, d'ailleurs, dont le Comité s'inquiète.

Pourquoi les femmes choisiraient-elles alors le mêmemédecin et le même hôpital ? Par manque d'informa-tion ? À cause de l'absence de points de comparaison ?Comment se trouver insatisfaites d'interventions perfor-mées « pour notre bien » et faisant partie de l'accouche-ment soi-disant « normal » ?

L'ART DE RÉINVENTER LA ROUEET D'EN PRENDRE LE CRÉDITVoilà qu'aujourd'hui, par ce sondage, la Corporation desmédecins discrédite le mouvement d'humanisation, lemarginalise, et reprend à son compte ses préoccupations,annonçant du même coup son intention d'entreprendredes études là-dessus. Cette recherche sur la qualité dessoins en obstétrique est sur la place publique, y com-pris dans les milieux médicaux, depuis plusieurs années.Il suffit pour s'en convaincre de jeter un coup d'oeil surles très nombreuses publications à ce sujet, ou, parexemple, sur le projet du gouvernement d'Ontario delégaliser la pratique des sages-femmes.

Nous ne nions pas pour autant que des femmes aientpu obtenir satisfaction dans les hôpitaux. Mais qu'on aitau moins l'honnêteté de reconnaître que c'est en grandepartie dû à la visibilité des groupes d'humanisation etau sérieux de leurs revendications. C'est ensemble queparents et professionnels doivent continuer de travail-ler, d'innover intelligemment, d'évaluer et de corrigerles changements. Un projet beaucoup plus productif quede s'asseoir triomphalement sur des chiffres douteux. •

ISABELLE BRABANT

L'UNE A L'AUTRE PRINTEMPS 1986

Page 8: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance
Page 9: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

**̂ LE DOSSIER

*&..

aissez-vous l'AVAC ?Tout permet

de croire que le dicton« Césarienne un jour, césarienne toujours »

n'aura bientôt plus sa place. D'ailleurs quelqueshôpitaux offrent déjà, chez nous, l'accouchement vaginal

après césarienne (AVAC). Cependant, peu de femmes le réclamentet moins de médecins encore le proposent, non pas par manque d'intérêt

ou de mauvaise volonté, mais plutôt par manque d'information.Nous souhaitons donc, par ce dossier, inciter les unes et les autres

à amorcer une réflexion dans ce sens pour réduire le taux de césariennes.

L e 4 octobre 1980. Date dou-blement mémorable pour moi :j'apprends que je suis enceintede mon deuxième enfant et je lisdans LA PRESSE qu'une femme peut

encore accoucher de façon naturelle aprèsune césarienne. Je me rends compte alorsque je ne veux vraiment pas d'unedeuxième césarienne. Le 22 avril 1981,j'accouche d'une belle petite fille en par-faite santé. Par voie naturelle. Le cheminqui mène à l'accouchement naturel aprèsune césarienne (AVAC) n'est cependantpas facile. Il aura fallu du temps avant queje me décide à écrire sur le sujet. J'enten-dais toujours le médecin me dire : « Dequoi vous plaignez-vous ? Vous devriez êtrecontente ! » C'est pour aider les autres fem-mes que je me décide enfin.

LA CÉSARIENNE

O n nous informe rarement, dans lescours prénatals, que la césarienne

s'avère l'aboutissement d'un accouchementsur cinq. Pourtant, les chiffres sont élo-quents : 18,05 pour cent des accouche-

ments au Québec, 17,9 pour cent auCanada, 20 pour cent aux États-Unis,selon les dernières statistiques disponibles.De 1965 à 1982, le taux de césariennesest passé de 5 à 18 pour cent.

En 1983, la césarienne constituait latroisième intervention la plus couranteauprès des Canadiennes. Un obstétricienaméricain déclarait à ce propos que « lacause principale des césariennesaujourd'hui ne serait ni la détresse foetaleni la détresse maternelle, mais bien ladétresse de l'obstétricien ». Les causes lesplus souvent invoquées ? La dystocie (arrêtde travail et disproportion céphalo-pelvienne), un premier accouchement parcésarienne (dans 30 à 40 pour cent descas), une présentation de siège, un bébéen souffrance, un placenta praevia, un pro-lapsus du cordon, etc. On raconte mêmeque le 30 septembre de chaque année, desfemmes réclameraient une césarienne pouréviter que leur enfant ne soit retardé d'unan à l'école !

Ailleurs dans le monde cependant, lenombre de césariennes est relativement

peu élevé. C'est le cas de la Hollandenotamment. Comment expliquer que là-bas, on ne trouve qu'un bébé en souffrancesur 250 contre un sur quinze aux États-Unis ? La présence de sages-femmes et lenombre élevé d'accouchements à la mai-son en seraient-ils la cause ?

On oublie trop souvent que la césa-rienne est une intervention majeure quiprésente tous les risques associés à unechirurgie abdominale et menace parfoismême la santé du bébé si l'on procèdeavant qu'il ne soit à terme. On oublie éga-lement que la césarienne laisse souventbien plus qu'une cicatrice physique etexerce un certain impact sur la famille :relevailles plus longues, difficulté pour lamère d'établir un premier contact avec sonbébé, sentiment d'échec.

Dans ces conditions, il semble logiquede vouloir éviter une deuxième césarienne,objectif qui s'intègre parfaitement à la ten-dance actuellement en cours au Québec :la volonté de se réapproprier nos accou-chements. Quel bel exemple alors qu'unaccouchement vaginal après césarienne(AVAC) !

P A R H É L È N E V A D E B O N C O E U R

L'UNE A L'AUTRE PRINTEMPS 1986

Page 10: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

**£ LE DOSSIER

LES RISQUES

Ll Institut national de la santé aux États-Unis affirme que, contrairement à la

croyance, les césariennes à répétition (ité-ratives) présentent deux fois plus de ris-

ques qu'un AVAC. La césarienne faitencourir à la parturiente quatre fois plusde risques de mortalité que l'ensemble desaccouchements vaginaux. La moitié desrisques proviennent des complicationsayant conduit à la césarienne ou d'un état

pathologique chez la mère, l'autre moitiédes risques associés à un acte chirurgical.Une publication gouvernementaleaméricaine2 estime à 2,5/100 000 lesmortalités maternelles pour un AVAC con-tre 100/100 000 pour une deuxième césa-

LE DOCTEUR ANDRÉ LALONDE PIONNIER DES AVACS À MONTRÉAL

André Lalonde, 42 ans, gyné-cologue-obstétricien depuis 13 ans,est à la tête du service d'obstétriqueet de gynécologie à l'Hôpital géné-ral La Salle.

Il commence à effectuer desAVACs en 1980 à l'hôpital RoyalVictoria, après s'être rendu comptepar hasard, lors d'un accouchementvaginal surprise, que l'utérus de sapatiente ne porte plus trace de cica-trice d'une césarienne antérieure.Intrigué, il se documente et décou-vre qu'en Europe, on laisse souventles femmes accoucher vaginalementaprès une césarienne. Il effectue unedizaine d'AVACs à l'hôpital RoyalVictoria avant d'introduire cettepratique à l'Hôpital généralLa Salle en 1982. Depuis 1984, ilsuggère lui-même aux femmes quiont déjà eu une césarienne d'accou-cher par voie naturelle si le coeurleur en dit.

L'an dernier, sur 400 cas decésariennes, 100 sont devenus desAVACs. « Je vise cependant60 pour cent, précise le docteurLalonde. J'ai actuellement un tauxde 65 à 70 pour cent de réussiteavec des patientes ayant précédem-ment eu un siège ou un bébé ensouffrance et 50 pour cent de suc-cès dans les cas de dystocie. Je n'ex-clus a priori que les femmes ayanteu un bassin déformé suite à unepolio, à du rachitisme ou un acci-dent grave. »

Le docteur Lalonde, qui a forméson personnel pour ce genre d'ac-couchement et qui donne même dessessions de formation à ses collè-gues ailleurs au Québec, estime

qu'il n'est pas nécessaire de prendreplus de précautions pour un AVACque pour tout autre accouchement.Ce qui importe, c'est que la femmequi accouche bénéficie de tout lesupport nécessaire, qu'elle puissemarcher durant son travail et qu'elleaccouche assise ou accroupie, bienque très peu optent pour ces posi-tions.

« Nous demandons que la pa-tiente ait une intraveineuse, nousconnaissons son groupe sanguin etnous surveillons le coeur du bébépar écoute électronique intermit-tente, poursuit-il. Il n'y a aucuneraison pour que tous les hôpitauxqui ont un service d'obstétrique pré-sentement ne fassent pas d'AVACs,pourvu que, comme pour tout autreaccouchement d'ailleurs, le médecinet l'anesthésiste puissent arriver enmoins de trente minutes. »

Que pense-t-il des médicamentset des interventions contre la dou-leur? « Je ne suis pas contre. Je neAndré Lalonde, médecin

pense pas que cela nuise à l'accou-chement. Les femmes peuventmême recevoir une épidurale, àcondition de ne pas l'effectuer tropprès du moment de la poussée. Ilnous arrive également d'utiliser duSyntocinon. Cependant, la femmequi accouche devrait avoir une per-sonne expérimentée à ses côtésdurant tout son travail, ce qui estloin d'être le cas actuellement àcause des restrictions budgétai-res. »

Quant à la hantise d'une rup-ture, le docteur André Lalonde croitqu'on maintient cette crainte à par-tir de statistiques qui remontentavant les années 50, alors que lescésariennes n'étaient pas réaliséescomme aujourd'hui. D'après le spé-cialiste, le risque de rupture est deun cas sur 5 000 césariennes, qu'ily ait ou non tentative d'AVAC.Cependant, toujours d'après le doc-teur Lalonde, l'incision utérine ver-ticale demeure une contre-indication presque absolue àl'AVAC. À l'Hôpital généralLa Salle, on n'a enregistré aucuncas de rupture en quatre ans.

Enfin, le docteur Lalonde attri-bue deux causes aux réticences deses collègues face à l'AVAC : lemanque d'information et la peurdes poursuites. Il rappelle cepen-dant un pas dans la bonne direc-tion : l'American Collège of Obsté-triciens and Gynecologists s'est pro-noncé en faveur de l'AVAC,fin 1984. « Les AVACs sont un signeque la médecine évolue, toutcomme les femmes qui savent cequ'elles veulent », conclut-il.

L'UNE À L'AUTRE PRINTEMPS 198610

Page 11: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

-** LE DOSSIER

-£5.

« On oublie trop souvent quela césarienne est une interven-tion chirurgicale majeure. »

rienne. Par ailleurs, le taux de décès desbébés nés par césarienne est supérieur autaux de mortalité des bébés nés par AVAC.

Quant à la rupture de l'utérus qu'onbrandit comme un épouvantail, il est grandtemps de la démystifier. L'image terrifianteet exagérée de l'utérus qui éclate est erron-née : une rupture est rarement aussi dra-matique qu'on voudrait bien le laissercroire. Il s'agit en fait de la cicatrice quise découd, une situation ni plus ni moinsdramatique que toute autre urgence obs-tétricale. Difficile de citer des statistiquesà ce sujet, car la rupture est trop souventconfondue avec les « fenêtres » ou lesdéhiscences, lesquelles n'entraînent passystématiquement une rupture. Les premiè-res sont des trous qui se forment dans lacicatrice au cours de la cicatrisation etqu'on ne découvre que lors d'une césa-rienne subséquente ou à la révision utérineaprès un AVAC, les deuxièmes des partiesde cicatrice où les différentes couches del'utérus ne se sont pas soudées, un peucomme une pâtisserie « Baklavah ».

L'accouchement vaginal après césa-rienne est généralement déconseillé auxfemmes dont l'utérus aurait été sectionnéà la verticale, l'incision dite « classique »,car une rupture serait alors plus dramati-que, mais certaines Américaines ontquand même réussi leur AVAC sous surveil-lance étroite. Pratiquée de nos jours dansplus de 90 pour cent des cas, l'incisionhorizontale dite « bikini », plus mince, gué-rit mieux et se contracte moins durant letravail. Aucun cas de rupture catastrophi-que d'incision « bikini » n'avait été relevéen 1983, lors de la publication de SilentEnife, bible radicale de l'AVAC, ce qui fai-sait dire à son auteure, Nancy Cohen :« Choisir d'avoir une deuxième césariennen'est pas opter pour une solution sans ris-ques, c'est opter pour des risques différentset plus considérables selon nous . »

L'AVAC

S i l'AVAC s'avère une solution logique, iln'est pas pour autant facilement acces-

sible. Aux États-Unis, on le pratique sur-tout dans les hôpitaux universitaires etquelques rares petits hôpitaux. Les grandscentres sont davantage favorisés et desfemmes déterminées à avoir un AVAC doi-vent parfois parcourir des centaines dekilomètres pour l'obtenir. Rejointe au télé-phone, Nancy Cohen se dit plutôt décou-ragée, car les politiques d'extrême droitede Reagan ne favorisent guère l'accroisse-ment du nombre d'AVACs.

Au Canada, la situation est sensible-ment la même. La Colombie-Britanniqueviendrait en tête, suivie du Québec et del'Ontario. À Montréal, on peut obtenir unAVAC dans certains hôpitaux francopho-nes comme Notre-Dame, Saint-Luc etSainte-Justine et dans les hôpitaux anglo-

« La femme qui souhaite unAVAC doit être profondémentdéterminée. »

L'UNE À L'AUTRE11

PRINTEMPS 1986

Page 12: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

LE DOSSIER

phones affiliés à l'Université McGill : RoyalVictoria, Jewish General, Saint Mary's,La Salle. On pratique également l'AVACdans certains hôpitaux de Québec et Sher-brooke. Enfin, quelques hôpitaux en pro-vince (Rimouski, Arthabaska et Thetford-Mines) auraient également commencé àl'autoriser.

De nombreuses femmes continuentd'être tenues dans l'ignorance de ce choix,souvent parce que les médecins sont eux-mêmes mal informés. Ou encore, après unpremier accouchement traumatisant, ellesne veulent prendre le risque de revivre untel événement et préfèrent opter pour unecésarienne où elles sont conscientes, leurmari à leurs côtés.

Quand est-il possible d'avoir un AVAC ?A l'exception d'un bassin sérieusementdéformé, aucune raison ayant provoqué lapremière césarienne n'en justifie unedeuxième. La revue Mothering rappelleà ce propos qu'on relève très peu de contre-indications à l'AVAC : un cas de placentapraevia ou de prolapsus du cordonseraient, avec le bassin déformé, les seulsmotifs valables. Plusieurs recherches ten-dent même à démontrer que le bassin tropétroit et la disproportion céphalo-

pelvienne ne sont pas des obstacles réelsà l'AVAC.

Au cours de la « National ConsensusConférence on Various Aspects oiCaesarean Birth » tenue en octobre 1985,la déclaration intérimaire recommandaitl'AVAC pour les femmes répondant aux cri-tères suivants :• une seule césarienne• un seul bébé, qui se présente par la tête• une incision utérine horizontale « bikini »• l'absence de motif absolu tel le placentapraevia

Les instances officielles proposent sou-vent de suivre un protocole plus rigoureuxlorsqu'on est en présence d'un AVAC : arri-vée à l'hôpital dès le début du travail,soluté et écoute électronique du coeur foe-tal en permanence, etc. Dans les premierstemps, on conseillait même de ne donneraucun analgésique à la femme en travailde peur de masquer l'apparition d'une dou-leur reliée à une rupture utérine. On décon-seillait également l'utilisation d'hormonespour aider le travail. Certains médecinssuivent ces recommandations, d'autres esti-ment qu'une surveillance adéquate permetd'y déroger à l'occasion.

Taux de césar iennes/1 00 naissances - Hôpi taux canadiens 1971 à 1962

2 0 y ,

18 --

16 --

14 -

12 -Taux /100naissances '0

8

6

4

0

CH césariennes i térat ives

Première césarienne

Il \1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982

Années

Source -.Trends in Caesarean Sec t ion Births m L"anada>-

Maude et Claudine, les enfants de Lorraine

Témoignage LO

Infirmière, Lorraine Thouin asouvent travaillé en obstétrique. En1978, elle accouche d'un premierbébé par césarienne à cause d'unplacenta praevia. Son médecin, ledocteur Bernard Leduc, de l'hôpitalNotre-Dame, l'informe alors de lapossibilité d'accoucher par voievaginale à sa prochaine grossesse,pourvu que le placenta soit bienplacé, le bébé pas trop gros et letravail normal. Deux ans et demiplus tard, elle donne naissance àune seconde fille par voie vaginaleau même hôpital, avec le mêmemédecin.

« Ça s'est passé très vite, se sou-vient Lorraine. Je suis arrivée àl'hôpital dilatée d'un centimètre. Lemédecin a crevé les eaux et deux

L'UNE A L'AUTRE12

PRINTEMPS 1986

Page 13: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

LE DOSSIER

ÎRAINE THOUIN

heures après, en deux poussées, jedonnais naissance à mon bébé... Jen'ai pas eu peur et je n'ai pratique-ment pas pensé à la possibilitéd'une rupture. »

Elle avoue s'être peu renseignéeà propos de l'AVAC, confiante enson médecin, bien qu'elle ait craintqu'il ne soit pas de garde à son arri-vée, lui qui était alors le seul à effec-tuer des AVACs à l'hôpital Notre-Dame. Malgré un sentiment defierté, elle déplore la vitesse àlaquelle l'accouchement s'estdéroulé. « Je n'ai pas eu le tempsd'apprivoiser chaque phase du tra-vail... j'aurais aimé ça avoir unaccouchement comme dans leslivres », lance-t-elle en boutade !

COMMENT SE PRÉPARER

L a femme qui souhaite un AVAC doit êtreprofondément déterminée. Pour résister

aux réactions négatives de son entourageet des médecins, elle doit tout d'abord fairevenir le dossier de son accouchement. Ellepeut aussi se renseigner, de préférenceavant même sa grossesse, auprès de l'As-sociation pour l'accouchement parcésarienne et auprès de femmes qui ontvécu cette expérience et lire « SilentEnife ». Il n'est cependant jamais trop tardpour entreprendre ces démarches en coursde grossesse.

^Association pour l'accouchement parcésarienne informe les femmes sur la césa-rienne et sur les façons de la prévenir. Fon-dée à Montréal en 1979 par une Améri-caine, cette association tenait ses premiè-res séances d'information en français en1982. On y offre des conférences, de ladocumentation, des cours prénatals et unservice téléphonique de renseignementsoù l'on peut apprendre, par exemple, lenom des médecins en faveur de l'AVAC etdes hôpitaux qui le pratiquent.

^Association publie en outre un feuil-let d'information et prépare, à l'intention

« Le taux de décès des bébésnés par césarienne est supé-rieur au taux de mortalité desbébés nés par AVAC. »

des parents et des intervenants en périna-talité, un manuel bilingue qui traitera deprévention et de support dans les cas decésariennes.

Elle peut également « magasiner » sonmédecin et son hôpital, négocier l'accou-chement quelle désire, suivre un cours pré-natal approprié, auprès d'une sage-femmede préférence, se préparer physiquementet mentalement et surtout, rechercher l'ap-pui de son conjoint et de ses proches. Enoutre, le choix d'une accompagnante expé-rimentée, une sage-femme peut-être, peuts'avérer une présence praticulièrementréconfortante dans le cas d'un AVAC.

Enfin, elle doit tout de même se prépa-rer à l'éventualité d'une césarienne sousépidurale avec son conjoint ou une autrepersonne présente, auquel cas elle exigera

Compî

20 -r

15 •

Taux/ 100 , ,1 U -

naissances

ia

5l

sraison du taux de césariennes/100 naissances - 1971 h 1983

••• Pays-Bas Q'-D"'""̂ /"*

•°~ Grande-Bretagne D-''̂ «-"^_D-^-^~ _^,m-

_ n- — •--••- Canada ^ ^*- —.a- «"""̂

•°- Etats-Unis ^ ' f/^

jf

^ ^'^" ^

~~~ ___. . •• *~~"~*^_ .» -» * -#-~~~

1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1962 1983

AnnéesSource «Trends in Caesarean Section Births in Canada»

L'UNE A L'AUTRE13

PRINTEMPS 1986

Page 14: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

LE DOSSIER

de ne pas être séparée de son bébé. Ellepourra alors se dire que, malgré tout, ellea donné le meilleur d'elle-même durant letravail et sera quand même fière d'avoiressayé. Et rien ne l'empêche de se repren-dre, si elle désire un troisième enfant ! •

Hélène Vadeboncoeur travaille présentement à larédaction d'un livre sur l'AVAC.

1 COHEN, NANCY WAINER et LOIS J. ESTNER,Silent Eniie, Caesarean Prévention & Vaginal BirthAfter Caesarian, Bergin & Garvey Publishers Inc.,1983.Caesarean Chilàbiith, Consensus Report of théNational Institute oi Health, US Dept. of Health andHuman Services, 1981.

3 Silent Eniie.4 Caesarean spécial — VBAC, dans MOTHERING,

n° 26, hiver 1983.On peut rejoindre cette association au(514) 694-6404.

AUTRES RÉFÉRENCESNAIR, CYRIL ET SURINDER WADHERA, Trends m

Caesarean Section Births in Canada — to be pre-sented to thé National Consensus Conférence onVarious Aspects of Caesarean Births.

NORMANDEAU, ANDRÉE, La Césarienne, dans L'UNEA LAUTRE, Vol. 1, n° 2, printemps 1984.

PANUTHOS, CLAUDIA ET CATHERINE ROMEO,Ended Beginnings — Healing Childbearing Losses,Bergin & Garvey Publishers Inc., 1984.

STERNBERG, CHRISTINE, Testimony to National Con-sensus Conterence on Various Aspects of CaesareanBirth.

Guidelines for Vaginal Delivery After a Previous Cae-sarean Birth, American Collège of Obstétriciens andGynecologists Committee Statement,novembre 1984 (l l e publication : 1982).

Intérim Statement of thé Panel from thé National Con-sensus Conférence on Various Aspects of CaesareanBirths, automne 1985.

Nicole, Raymond et François.

Témoignage SHIRLEY, EXEMPLE DE TÉNACITÉShirley a eu deux césariennes, la trois heures. Le bébé engagé, la

trop grande circonférence de sa têtel'empêche de passer. « J'ai eu une

première à cause d'une dispropor-tion céphalo-pelvienne, ladeuxième par automatisme. Elleavait bien tenté de convaincre sonmédecin de la laisser entrer en tra-vail avant de lui faire une césa-rienne, mais peine perdue. « J'aitrouvé cela très frustrant, d'autantplus qu'à l'époque (c'était il y a sixans), je ne savais où aller pour trou-ver du support. »

À sa troisième grossesse, elledécouvre simultanément l'Associa-tion pour l'accouchement par césa-rienne et l'existence des AVACs :« Je suis allée voir le docteurLalonde, qui m'a donné 40 pourcent de chances de réussir. J'aivoulu essayer quand même. »

Après plusieurs heures d'un tra-vail normal, elle commence à pous-

troisième césarienne, mais je suistrès reconnaissante au docteurLalonde de m'avoir laissé avoir l'ac-couchement que je voulais. Il n'afermé aucune porte et m'a laisséessayer longtemps d'expulser lebébé. Même si cela n'a pas marché,je suis très heureuse. J'ai réussi àprouver à plusieurs médecins que,contrairement à leurs prévisions, jepouvais dilater jusqu'à dix centimè-tres et que mon bébé s'engageait.Pour moi, l'expérience fut un succès.Et devant mon harcèlement (rires),le docteur Lalonde m'a réponduque, peut-être, si mon bébé étaitplus petit, on pourrait reparler de lapossibilité d'un AVAC la prochainefois. »

ser. Elle pousse pendant plus deTémoignage NICOLE SICOTTE ET RAYMOND GAUTHIER

Trois ans et demi après avoirvécu une césarienne d'urgence,Nicole et Raymond accueillent Fran-çois par voie naturelle. Pourtant, lesmédecins ont essayé de les décou-rager, faisant allusion à l'étroitessedu bassin de Nicole et à la possibi-lité de voir son utérus éclater.

Peu impressionnés, ils lisent lelivre de Nancy Cohen, « SilentEnife », et assistent à une réunionde l'Association pour l'accouche-ment par césarienne, où ils obtien-nent le nom d'un médecin à Ville deLaSalle, le docteur Claude Fortin.Son premier bébé étant resté coincédans le bassin, ce qui avait entraînéla césarienne, Nicole choisit cettefois de rencontrer une sage-femmequi effectue des pelvimétriesmanuelles. Cette dernière luiaffirme que son bassin est assezlarge pour laisser passer un bébé,pourvu qu'elle n'accouche pas enposition assise ou semi-assise, àcause d'un petit problème au bas dudos.

Puis, ils rencontrent le docteurFortin et, deux semaines avant l'ac-couchement, le docteur Guy PaulGagné, qui estime qu'ils ont90 pour cent de chances de réussir.« Finalement, nous avons accouchéavec le docteur Gagné, qui était degarde », précise Raymond. « Il s'estmontré détendu et non-interventionniste, ajoute Nicole.J'accoucherais encore avec lui. »« Elle a accouché accroupie sur lelit, accrochée aux barres servant àcet usage, le dos au médecin quin'avait jamais vu personne accou-cher ainsi, mais qui l'a laisséefaire », rappelle encore Raymond.

Le soir même, ils quittent l'hôpi-tal après avoir signé une série derefus de traitements pour elle et lebébé et le lendemain, la sage-femme vient constater que « lamère et l'enfant se portent bien ».« J'étais donc contente de moncorps : il avait fait sa job ! »

L'UNE À L'AUTRE PRINTEMPS 198614

Page 15: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

4 AVRIL

? Débat publicUniversité ae Montréal

Pavillon Principal, local Z-110Chemin de la Tour, Montréal

PANELD'OUVERTURE

« Les centres de maternité :une alternative réaliste ? »

avec la participation spéciale de 2 sages-femmes américaines :MADAME EHRISTINE EULHMAN, NEW-HAMPSHIRE

MADAME FRAN VENTRE, MASSACHUSETTSComment pouvons-nous développer au Québec

des centres de maternité qui répondent bien aux demandes de la population :• favoriser un état de santé positif

• promouvoir une naissance saine et heureuse• encourager l'autonomie

• respecter les choix et l'intimité• avoir un suivi de maternité fait par une sage-femme

• assurer toute la sécurité nécessaire

*A

NAISSANCE-RENAISSANCE Tél. : (514) 525-5895

Page 16: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

ENTRE ALLIÉESchroniquejuridique

POURSUIVRE POUR SEPour poursuivre

il faut prouverla faute

selon toutevraisemblance

ÈÈ Je suis comme un bateau à la dérive. Je ne sais%% trop où je vais accoster. Tout ça, c'est du gâchis.

Je me trompe peut-être. Comment savoir ? » Cesont les paroles de Johanne Lespérance, une jeune

femme venue raconter son histoire aux bureauxd'ALiEHNATivE NAISSANCE. Une histoire d'accouchement malfait, avec séquelles importantes, tant chez la mère quechez l'enfant. Après bien des hésitations et malgré desmoyens financiers limités, Johanne décide d'entrepren-dre des démarches judiciaires et se trouve un avocat.

SON TÉMOIGNAGELa grossesse est compliquée : gain de poids élevé, pro-blèmes cardiaques, pression anormale et, dans les der-

nières semaines, le médecin diagnostique une impor-tante calcification du placenta et l'absence du liquideamniotique, indiquant que le bébé éprouve peut-êtrequelque difficulté. Le médecin ne paraît pas troublé parces données et procède à un accouchement normal parvoie naturelle. Cet accouchement extrêmement difficilenécessite l'administration de nombreux médicaments(Pitocin pour augmenter les contractions, morphine etGravol pour calmer la douleur intense), l'utilisation deforceps et une très large épisiotomie. Le bébé, une fillede 6 livres, n'obtient que trois sur dix à l'APGAR de lapremière minute. Après dix minutes, 1APGAR atteinthuit sur dix.

Les complications après l'accouchement sont éga-lement sérieuses : le placenta reste collé et il faut pro-céder à une révision utérine ; on met une heure et demieà recoudre l'épisiotomie, quelque 50 points de suturequi finiront par s'infecter ; on lui installe une sonde dansla vessie parce qu'elle ne peut uriner et des drains surles points ; des hémorroïdes énormes n'arrangent rien...et les infirmières manquent de temps pour la soignerconvenablement. La jambe de Johanne paralyse et restedepuis ce temps inconfortable.

L'enfant ne va guère mieux : elle pleure constammentet ne dort qu'une heure par jour pendant son séjour àl'hôpital de même que dans les mois qui suivent. D'ail-leurs, aujourd'hui encore, soit presque quatre ans plustard, son sommeil est toujours anormalement court etperturbé par des cauchemars d'une violence inou'ïe, des« terreurs de nuit » peut-être causées par un manqued'oxygène au moment de l'accouchement, disent les neu-rologues. Peut-être...

Après d'innombrables démarches pour se soigner etcomprendre ce qui arrive à sa petite fille, Johanne finitpar acquérir la conviction que le médecin aurait pu(dû ?) agir différemment et leur épargner à toutes deuxces conséquences désastreuses et qui s'avèrent mêmepermanentes. Encore une fois, nombreuses démarchespour connaître les possibilités de recours, à la hâte tou-jours, afin d'arriver chez un avocat avant la fin des délaisprescrits par la loi. Elle ne sait cependant toujours pasaujourd'hui si le risque en vaut la peine.

UNE QUESTION D'EXPERTISENous avons posé la question à son avocat, maître Jean-Pierre Ménard, l'un des rares spécialistes montréalaisdu droit médical. D nous explique que le cas de Johanne,comme celui de beaucoup d'autres liés aux accouche-ments, est complexe. Pour obtenir justice, il lui faut essen-tiellement répondre oui à trois questions fondamentales :

1. Y a-t-il eu dommage(s) ?2. Y a-t-il eu faute(s) professionnelle(s) ?3. Y a-t-il un lien direct entre le dommage et la faute ?

Ainsi posé, le problème est simple, mais la preuvedoit être strictement menée et prouver — non pas hors

L'UNE A L'AUTRE16

PRINTEMPS 1986

Page 17: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

ENTRE ALLIEESchroniquejuridique

CONSOLERde tout doute raisonnable comme au criminel, mais selontoute vraisemblance — que les dommages subis parJohanne et sa fille sont directement reliés à des erreursmédicales précises. L'expérience de Me Ménard, en cinqans de causes médicales, démontre qu'une telle preuveest rarement évidente : « On trouve des fautes qui n'ontrien à voir avec les problèmes de nos clientes, ou encoredes dommages impossibles à relier avec des erreurs pré-cises, ou encore des fautes et des dommages sans qu'onpuisse prouver qu'il y ait causalité. »

Ce sont les experts médicaux qui détiennent la cléde ces preuves à établir. Contrairement à la croyance,affirme Me Ménard, de tels experts existent qui sontprêts à témoigner contre leurs confrères, par souci d'éthi-que et pour sauvegarder leur profession. Le cas deJohanne dépend pour le moment de cette expertisetechnique.

PARLONS ARGENTSi les experts consultés arrivent à établir une preuve dif-ficilement contestable par l'autre partie en cause, onentame les poursuites. Sinon, il vaut mieux laisser tom-ber, précise l'avocat. A cette étape, la cliente n'auradéboursé que quelques centaines de dollars : entre 50et 100 $ pour obtenir la copie du dossier médical, entre200 et 400 $ pour l'expertise et quelques heures en fraisd'honoraires pour l'avocat.

Une cause perdue ? Cela peut coûter entre 2 000et 5 000 $ selon le cas. Une cause gagnée ? Un récentrèglement de plus d'un million de dollars pour un enfantparalysé à la suite d'un accouchement permet d'entre-voir certaines possibilités. Il ne faut cependant pas s'at-

g tendre aux fabuleux montants dont on entend parfoisH parler dans la presse américaine, car les barèmes d'éva-°- luation sont parfois délirants chez nos voisins du sud.t Au Québec, les évaluations sont différentes et baséesS. sur des chiffres qui se précisent d'année en année : on8 évalue les pertes de salaire et les coûts des soins spé-£ ciaux ; les indemnités exigées sont rarement arbitraires.

Jean-Pierre Ménard, avocat

ATTENTION AUX DÉLAISIl est fort important de consulter un avocat avantque ne s'écoule le délai prévu par la loi pour por-ter plainte. Ce délai est de trois ans pour les vic-times directes des dommages, à partir dumoment où se manifeste le dommage ou que lafaute a été commise, mais de un an seulementpour toutes les victimes indirectes : parents, con-joints, enfants, héritiers. À noter que les concu-bins n'ont aucun droit de recours.

Il faut compter un minimum de six mois pourpréparer un dossier qui se tienne. Il est donc pru-dent de ne pas attendre la toute fin de ces délais.Petite consolation : les nouvelles modalités judi-ciaires permettent d'espérer que votre cause soitentendue et réglée en moins de trois ans !

Il faut se méfier des avocats qui promettent beaucoupplus que ce que la jurisprudence québécoise n'a déjàaccordé. Signalons enfin que l'avocat réclame un pour-centage sur les indemnités versées, ne pouvant dépas-ser 30 pour cent du montant total.

UNE LUTTE INÉGALE?Beaucoup de causes se règlent maintenant hors courdepuis qu'un règlement oblige les parties à dévoilerleurs expertises avant de se présenter devant le juge.Une expertise solide de la part des demandeurs incitealors à régler à l'amiable. Me Ménard nous rappelle quela défense (en l'occurrence médecins, hôpitaux, infir-mières et maisons d'assurances) est surreprésentée dansla profession, comme en témoigne le nombre de bureauxd'avocats spécialisés en ces matières. Il faut être enmesure de lutter contre les « grosses boîtes » et pour-tant, rares sont les avocats qui, comme lui, se spéciali-sent en droit médical. « C'est un domaine où l'on ne peutimproviser, où la preuve technique doit être impecca-ble. C'est infiniment plus compliqué qu'une cause dedivorce. Il faut connaître le monde médical, son jargon,ses lois particulières, trouver des experts qui ne soientpas des collègues des médecins impliqués. A Montréal,on trouve des anglophones et des francophones qui sefréquentent peu ; j'ai fini par me débrouiller. »

Le cas de Johanne Lespérance n'est pas réglé. Lesera-t-il un jour ? S'il faut beaucoup de support, de forceet de courage pour entreprendre des démarches dansle cas d'une cause évidente, la situation peut devenirplus traumatisante encore lorsque tout reste à prouver.En discuter ouvertement avec son médecin aurait peut-être suffit pour aider la femme qui a vécu une mauvaiseexpérience lors de son accouchement à en guérir mora-lement. À défaut, ne lui reste-t-il vraiment, pour touteconsolation, que la démarche judiciaire ? •

CAMILLE LAROSE

Il faut se méfierdes avocats quien promettenttrop!

L'UNE A L'AUTRE17

PRINTEMPS 1986

Page 18: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

*** POURdes maisons de

NAISSANCE

IL ÉTAIT UNE FOIS...Les Maisons

de naissancedépasseront-elles

l'étape du rêve?

D ans notre numéro d'automne, Hélène Valentinilevait un coin de rideau sur certaines particu-larités de quelques maternités françaises. Leurséduisant éventail de possibilités indique cepen-

dant que personne n'est à l'abri des contradictions, pasmême les maternités « modèles » comme les Lilas ouPithiviers. Aujourd'hui, le Comité Maisons de Naissanceretrace les grandes étapes de l'élaboration du pro-gramme fonctionnel et technique du centre de mater-nité, lequel n'a pas échappé non plus à quelquescontradictions.

La conception du centre de maternité commence unpeu comme un conte pour enfants : c'est l'entente par-faite entre les diverses membres du Comité, usagères,représentantes de groupes d'humanisation et de Cen-tres de santé de femmes, sages-femmes, médecins, infir-mières, ainsi qu'avec les membres du Comité consulta-tif du MSSS. À l'unanimité, nous abondons dans le sensde l'autonomie, de la continuité, de la démédicalisation,

de l'ouverture aux approches alternatives et de la placecentrale des femmes, de leurs bébés et de leurs proches.

Cependant, le mandat du Comité n'étant pas d'éla-borer un traité de philosophie sur l'humanisation de lanaissance, il a fallu se retrousser les manches et s'atte-ler au « fonctionnel et technique ». Nous avons lutté con-tre la fermeture de Ste-Jeanne-d'Arc ; nous avons bâtiun idéal de maison de naissance ; nous devons mainte-nant jeter les bases du centre de maternité dont nousrêvons.

Dès lors, à travers les faits les plus banals et les don-nées les plus techniques apparaissent les inévitablesvariations d'interprétation d'une même philosophie.Variations entre nous et le MSSS d'abord, mais égale-ment points de vue différents à l'intérieur même de notreComité. Ainsi, un centre de maternité peut-il, doit-il offrirl'épidurale aux femmes qui la désirent ?

Côté positif, la volonté et le pouvoir des femmes decontrôler leur corps, donc leur douleur, comme elles l'en-tendent. Côté négatif, les risques de complications etla certitude que la meilleure anesthésie demeure la pré-paration et le support constant. Après discussion, leComité conclut que le centre de maternité n'offrira pasd'épidurale mais insistera sur une bonne préparation àla douleur et sur des moyens alternatifs d'y faire face.La porte reste cependant entrouverte, puisque l'épidu-rale pourrait être introduite à plus long terme.

Combien « d'heureuses élues » profiteront chaqueannée du centre de maternité autonome ? Sur ce sujet,bien des tâtonnements, à cause des nombreux paramè-tres à considérer :• désir d'ouvrir le centre de maternité à l'ensemble de

la population en évitant 1 elitisme et la marginalité ;• importance du caractère intime et chaleureux des

lieux et des relations interpersonnelles ;• obligation de « compétitivité » en termes de sécurité

et de coûts ;• image non institutionnelle du bâtiment.

C'est en jonglant avec toutes ces données que nousavons abouti au « chiffre magique » de 400 suivis dematernité par année. Presque rien, en comparaison del'ampleur des demandes de la part des femmes. Les650 lettres d'appui au projet que le Comité a reçues àce jour en témoignent aisément1. Qu'à cela ne tienne,ce premier centre de maternité au Québec devrait êtrel'aîné d'une famille nombreuse. C'est une question detemps et... de volonté politique.

LE NOEUD DE L'HISTOIREUne foule d'autres sujets ont suscité des remises en ques-tion : les critères de référence et de transfert, l'accueildu nouveau-né, l'ampleur du suivi post-natal, la perti-nence de l'enseignement et de la recherche, la partici-pation des enfants, la place des médecines douces etj'en passe. Mais tout cela n'est que détails comparé àla complexité d'arrêter une définition des rôles et destâches des infirmières, des sages-femmes et des méde-

Page 19: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

**̂ POURIdes maisons de

NAISSANCE

cins. Si l'on peut dire aujourd'hui que le travail duComité est un compromis qui reflète bien la diversitédes enjeux dans ce dossier, c'est en large partie à causede cet épineux sujet.

Au départ, le Comité ne comptait pas de sages-femmes dans ses rangs. Il aura fallu peu de temps pourse rendre compte que leur présence était indispensa-ble. Elle a cependant suscité une petite révolution. Leton a alors monté, les positions de chacune se sont pola-risées, les passions enflammées ! C'est que nous tou-chions là au noeud de l'histoire, à savoir comment allaits'exprimer concrètement toute notre belle philosophied'humanisation dans la pratique des rapports fem-mes/professionnelles.

Le Comité a mis fin à ses travaux de recherche dansun climat plus serein autour d'un consensus : l'absencede consensus ! Cette solution pour le moins paradoxalemet en lumière un problème de fond : est-il souhaita-ble, possible, que des infirmières, des sages-femmes etdes omnipraticiennes travaillent ensemble au centre dematernité dans un climat de collaboration et d'égalité ?

Fort complexe, cette question en soulève d'autres. Laplace des infirmières doit-elle être juxtaposée à celledes médecins avec le risque de hiérarchisation qui endécoule habituellement ? Peuvent-elles collaborer avecles sages femmes ? Comment intégrer leurs tâches sansdédoubler celles des sages-femmes ni leur créer un rôlevague où leur sont dévolues toutes les tâches délaisséespar les autres professionnelles ?

Le sourd mécontentement de nombreuses infirmiè-res québécoises exige des changements en profondeurqui ne peuvent qu'être encouragés dans un centre dematernité autonome. Mais la direction précise et lesmodalités de cette évolution ne sont guère évidentes,car les infirmières vivent présentement une période deremise en question individuelle et collective.

Le fait de ne pas exister officiellement pose problèmeaux sages-femmes. Comment définir les fonctions d'uneprofessionnelle qui n'a encore aucun statut légal mêmesi elle existe dans les faits ? Quelle sera sa formation ?Quelles seront ses compétences ? Quel type de prati-que privilégiera-t-elle ? En pleine définition, les sages-femmes ne forment pas un groupe homogène. Dans cesconditions, le Comité ne saurait trancher pour elles desrôles et des tâches qui ne leur correspondraient peut-être pas en bout de ligne.

Les omnipraticiens-nés se trouvent dans une situa-tion très équivoque. D'une part, la natalité étant enbaisse au Québec, plusieurs craignent que la concur-rence des sages-femmes ne leur fasse perdre une partiede leur clientèle. D'autre part, les médecins de familleoffrent une continuité à long terme (suivi du nourrisson,gynécologie, etc.) moins visible que celle des sages-femmes, qui se concentre pendant la période de transi-tion à la maternité. La pertinence de leur présence aucentre de maternité se révèle par conséquent moinsévidente.

Les rares médecins intéressés par le centre de mater-nité, et les femmes en particulier, se trouvent coincésentre le milieu médical qui prise fort peu ce genre « d'ex-centricité » et les groupes de femmes qui réclament destransformations majeures de leur pratique.

...DE NOMBREUX ENFANTSFace à toutes ces contraintes, et je passe sous silencecelles qu'imposent les aléas politiques, le Comité recom-mande que, dans la conjoncture actuelle qui évolue rapi-dement, les trois groupes de professionnelles travaillenten collaboration au centre de maternité. Ce but n'estpas facile à atteindre. Les moyens d'y parvenir restentà explorer, mais toutes les énergies doivent y être con-sacrées. C'est à ce prix que le centre de maternité serarapidement créé pour répondre aux diverses demandesdes femmes et éliminer les préjugés qui séparent actuel-lement infirmières, sages-femmes et médecins.

Tous ces débats ne sont en fait que le reflet de ceuxen cours dans notre société, à une différence près : lesmembres du Comité sont toutes convaincues de l'ur-gence d'implanter un centre de maternité autonome àMontréal et de légaliser la profession de sage-femme.Ce n'est qu'avec la force de notre cohésion et de notreconviction que nous convaincrons le gouvernement deconcrétiser notre projet en respectant ses dimensions fon-damentales d'autonomie et de contrôle par les femmes.

Et alors, ce jour-là, cette passionnante aventurepourra finir en conte comme elle avait commencé... « lecentre de maternité vécut heureux et eut de nombreuxenfants ». •

PAULE BRIÈRE '

En collaboration avec Hélène Valentini.Votre appui au projet est toujours important. Faites-le parve-nir au COMITÉ MAISON DE NAISSANCE, Case postale 55,Suce. « E », Montréal (Québec) H2T 3A5.

Cohésion,énergieet convictionpour enfinconcrétiserle projet

Brigitte Vandal, Dhyane lezzi, HélèneValentini, Sylvie Berthiaume et VéroniqueO'Leary.

L'UNE A L'AUTRE19

PRINTEMPS 1986

Page 20: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

NOUSAVONS LU

Barbara !l

LE GUIDEMÉDICALDE LA FEMME[par unefemmemédecin)Barbara Edelstein Leséditions Héritage Amérique,1984, 369 pages.

N I oubliez jamais de regarder àl'arrière d'un livre avant de

l'acheter : vous vous éviterez demauvaises surprises ! Ainsi, vousn'amorcerez pas la lecture duGuide médical de la femme sanssavoir qu'il ne parle que des fem-mes de quarante ans et plus ! Lapremière surprise passée, le lecteura droit à plusieurs autres en coursde lecture. Saviez-vous, par exem-ple, que, « aujourd'hui, le pireennemi de la femme n'est pointl'homme mais plutôt le corps fémi-nin, son propre corps »? (p. 11)

L'auteure explique cependantde façon consciencieuse et scien-tifique les modifications physiolo-giques et physiques des âges mûrset très mûrs des femmes. Elle décritégalement quelques-unes des réa-lités vécues par les femmes plusâgées : changements corporels,

certaines maladies, traumatismespsychologiques et problèmesd'obésité. Le rationnel prédominenettement, ainsi que la réponsemédicale aux principaux besoinsdes femmes.

Les messages au sujet desmédicaments sont ambivalents : siBarbara Edelstein émet des misesen garde, elle tient par ailleurs ànous dire qu'ils peuvent changernotre vie. Cette spécialiste du trai-tement de l'obésité semble prendrepour acquis que l'embonpoint estinévitable après quarante ans etqu'une diète, la sienne il va sansdire, est nécessaire pour survivre.Elle montre les dents aux psycho-thérapies car après quarante ans,dit-elle, la vie est d'abord un pro-blème d'hormones et de dégéné-rescence du corps. Mais ne vous enfaites pas, « grâce à la médecine,une femme peut survivre de nom-breuses années à ses ovaires ».(p. H)

Malgré certains renseigne-ments intéressants, ce livre dirigedéfinitivement ce groupe de fem-mes vers une perte d'autonomie auprofit de la médecine. Celles quiveulent s'approprier leur corps etleur santé, celles qui veulent gar-der une vision globale de la vieaprès quarante ans ont donc inté-rêt à s'en abstenir la lecture !

^EdmondeMoiSPetit manuel de guénlla'

àVusage fc**~[des femmes

enceintes

Seuil

PETITMANUELDE GUÉRILLAÀ L'USAGEDES FEMMESENCEINTESF. Edmonde Morin, Seuil,1985, 215 pages.

T itre très alléchant pour cellesqui cherchent les outils néces-

saires pour étayer leurs revendica-tions de femme enceinte. EdmondeMorin explique bien la réalité quepeuvent vivre de nombreuses fem-mes lors de leur accouchement.Chaque lieu, chaque geste fait àla femme en travail est analysé etremis en question. L'auteure n'y vapas de main morte dans ses remar-ques pour dénoncer les agressionsmédicales inutiles et même nuisi-bles aux femmes et aux enfants.Les références pour justifier ses pri-ses de position ne sont pas trèsnombreuses, car elle parle souventau nom du gros bon sens qui, lui,n'est pas médical.

Les réflexions de l'auteure tou-chent d'autres aspects de la vie desfemmes, comme la stérilité, récu-pérée et mécanisée par la méde-cine. De plus, la dépendance faceau médecin instaurée dès la gros-

sesse se poursuit ensuite face aupédiatre. Ce pouvoir usurpé par lesmédecins se transforme souvent enun sentiment d'incompétence desparents face à leur rôle de protec-teurs et d'éducateurs. On nousmontre comment les manuels depuériculture eux-mêmes contri-buent à l'angoisse parentale.Edmonde Morin nous fait entrevoirenfin les différents facteurs sociauxqui amènent beaucoup plus faci-lement à dire non à la maternité.

Ce livre appuie profondémentla revendication de démédicalisa-tion autour du ventre des femmes.Il se veut un outil qui a une visée :une autonomie et une clarté maxi-male dans les rapports si souventembués avec le corps médical.Cependant, les solutions proposéesne sont pas à la portée d'action detoutes les femmes. La guérillaimplique un minimum de con-fiance en soi, un sens de sa valeuret de ses droits, ce qui n'est pasencore une réalité pour bon nom-bre de femmes, hélas.

Voilà peut-être un livre à utili-ser à l'occasion de rencontres degroupes de préparation à l'accou-chement. Le fait d'oser en discuterensemble pour éclairer nos rap-ports avec le corps médical estporteur d'espoir, pour chacune,d'avoir la force de faire un pas, ouplusieurs, dans cette direction. •

CÉLINE LEMAY

L'UNE À L'AUTRE PRINTEMPS 1986£i\J

Page 21: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

NOUSAVONS LU

L'APRÈS-GROSSESSEDr Claude Grillot Éditionsde Vecchi, 1985, 137 pages.

Q ui est Claude Grillot? Unhomme, une femme, un

généraliste, une psychanalyste ?Première question à laquelle sebute la lectrice ou le lecteur enabordant ce livre. Au til des pages,la démarche se clarifie, la person-nalité s'affirme et on finit par avoirla certitude que c'est un homme,un thérapeute. À qui s'adresseL'après-grossesse ? Aux médecins,aux femmes, aux couples, auxintervenants ? Voilà qui n'est pasévident non plus. Le livre estcependant disponible dans toutesles librairies : c'est peut-être unélément de réponse !

Malgré un souci de vulgarisa-tion évident et l'ordonnance claireet progressive des chapitres,L'après-grossesse est français, trèsfrançais même, tant au niveau dustyle que des termes (un lexiqueest inclus) et des situations ; il n'estdonc pas tout à fait adapté à ceque nous vivons.

Pour mieux nous situer, l'auteurbrosse d'abord un bref tableau dela grossesse et de l'accouchementen notant bien sûr les « blues dupost-partum ». Il nomme sans trops'étendre ni dramatiser les psycho-

ses puerpérales. Un chapitre entierest consacré à « la récupérationdes fonctions normales par la réé-ducation... .> Il faut bien entendreici qu'il s'agit de redonner du tonusaux muscles du vagin et du péri-née par des exercices appropriéset de l ' é lec t ros t imulat ion.Permettez-moi ce douter des inté-rêts en jeu (masculins ou féminins)et de trouver ur peu macho cetteapproche scientifico-moderno-etc.

L'attitude paternaliste et un peusimpliste du bon docteur qui saittout est présente tout au long dulivre. Les conseils sur l'allaitementparaissent un. peu déphasés, lessituations diffici.es réglées par une« bonne » thérapie choquent. Lesmises en situation sont par ailleurstrès exactes et savoureuses, mais lafaçon de les régler manque d'ima-gination. Pour comprendre les pro-blèmes sexuels du post-partum, lelecteur a droit à un cours condenséde la sexualité selon les théories deFreud.

L'approche psychanalytique deL'après-grossesse se veut déculpa-bilisante et offre l'avantage de con-sidérer comme normaux des com-portements dits anti-maternels ouanti-féminins. Lie livre laisse laplace au doute, à l'angoisse, à l'er-reur, aux ajustements dus à cha-que naissance. Le rôle du père estlui aussi bien analysé et les diffé-rents comportements possibles,bien décrits. L'après-grossesseaurait pu être un très bon outil s'iln'était tombé dans le piège du « nevous en faites pas ma petitemadame, c'est normal, je vais vousarranger ça ».

>.

1 ES SOIS«&?*$:£&'"• "'•"'fArf»»**!.»..r ".VW"1'i1;, ..'S-*-*-

LES SOLEILSÀ VENIRIsabelle Robert LibreExpression, 1985, 186 pages.

A près « Il n'y a pas lieumadame », qui raconte une

première grossesse tardive et lanaissance d'un enfant mongolien,Isabelle Robert nous revient avecle journal qu'elle a tenu durant lessept années de sa vie dite dematernitude. Il y a toujours un cer-tain sentiment d'impudeur à lire unjournal intime. C'est quand mêmeavec beaucoup de discrétionqu'elle se livre à nous : elle ne se« répand » pas, elle nous fournit lesclefs de son mystère.

Le journal n'est pas, comme onpourrait s'y attendre, un récit duvécu quotidien de l'auteure. C'estplutôt une longue démarche inté-rieure à travers le désespoir decette grande déception, où la cul-pabilité n'entre pas, la chute versla dépression, conjuguée rapide-ment, l'attente d'être enceinte, l'at-tente de l'amniocentèse, l'attentede la paix, l'attente de rencontrerChristian, son premier enfant, toutcela à travers l'analyse psychanaly-tique de ses rêves et le support deLaurent, le psy auquel elledemande de l'aide à l'occasion

pour faire le point et repartir plussolide.

J'ai dévoré ce livre. Son styleconcis, vivant, en rend la lectureagréable. On sent une sorte de sus-pense omniprésent : va-t-elle s'ensortir ? Va-t-elle devenir enceinte ?Le bébé sera-t-il normal ? Va-t-elleretourner travailler ? Va-t-elle revoirson enfant ? Autant de questionsqui nous font avancer dans la viede l 'auteure qui signe d 'unpseudonyme.

Les soleils à venir rejoint lespréoccupations des « superwo-men » que nous sommes et raconteles tiraillements que chacune d'en-tre nous affronte quotidiennement.J'ignore s'il est possible de porterun jugement sur le journal d'uneautre, mais je ne peux m'empêcherde penser qu'Isabelle Robert seleurre tout au long de ces septannées, qu'elle ne va pas au coeurd'elle-même, qu'elle refuse de seposer les bonnes questions, refletde notre société où la tête et la rai-son prennent tant de place. •

MICHÈLE CHAMPAGNE

NOUVEAUTÉ

A u jour le jour, par GillesJulien. Recueil pour la pro-

motion de la santé de l'enfant quilaisse une juste place aux parentscomme premiers guides face à lasanté. Simple, sans prétention, bienfait.

L'UNE A L'AUTRE21

PRINTEMPS 1986

Page 22: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance

**̂ NOUVELLESEN BREF

JOURNÉE DESENSIBILISATIONSUR LA SANTÉDES FEMMES

L e regroupement des CENTRES DE

SANTÉ DES FEMMES DU QUÉBEC VOUS

invite à une journée de sensibili-sation sur la santé des femmes dontles principaux thèmes porterontsur la reproduction, la sexualité etl'auto-santé des femmes, le samedi12 avril 1986 à Montréal.

Si la santé physique sexuelle etmentale des femmes dans uneperspective féministe vous inté-resse, si vous êtes une femme ou ungroupe de femmes qui travaille,milite ou intervient de près ou deloin en santé des femmes, si vousvoulez vous informer ou en savoirdavantage sur le sujet, vous décou-vrirez au cours de cette journée desensibilisation les bilans et lesperspectives sur les luttes, lesacquis et les enjeux actuels ensanté des femmes.

Vous pouvez obtenir les coor-données et la programmation com-plète en vous adressant à :Josée Belleau, coordonnatrice,REGROUPEMENT DES CENTRES DE SANTÉ DES

FEMMES DU QUEBEC,

27, Saint-Louis, app. 5,Hull (Québec) J9A 1H8(819) 770-3674.

ATTENTIONFUTURESMÈRES

D ans le cadre d'une rechercheinternationale, le service de

planification familiale par moyensnaturels Seréna est à la recherchede futures mères de la région deMontréal qui accoucheront dansles prochains mois. Les principauxcritères d'admission :• avoir l'expérience d'une méthodenaturelle de régulation des nais-sances (sympto-thermique ouBillings) ;• avoir entre 18 et.39 ans ;• prévoir allaiter complètement aumoins 3 mois ;• ne pas avoir mis plus d'un anavant de réussir à concevoir.

Votre participation se résumeraà recueillir un échantillon d'urinepar jour et à remplir un graphiquepost-partum. Une infirmière pas-sera régulièrement vous rendrevisite, prendre vos échantillons etvous aider si des difficultés seprésentent.Pour plus de renseignements,veuillez communiquer avec :Suzanne Paronteau-Carreau,m.d., (514)273-7531;Lise Martin Trépanier, inf.(514)273-7531 ou 678-9177;Denise Laflamme,(514) 653-3314.

TABAGISMEETOPHTALMOLOGIE

U ne étude réalisée par unophtalmologiste de l'Univer-

sité de Waterloo auprès de 98 pourcent des élèves de première annéede l'élémentaire du Nouveau-Brunswick, démontre que lesenfants dont la mère fumai tlorsqu'elle était enceinte avaient1,7 fois plus de chances de souf-frir d'affections de l'oeil telles quemyopie, hypermétropie, presbytie,strabisme et problèmes de coordi-nation de la vue que les enfantsdont la mère n'avait pas fumédurant la grossesse.

Le Dr Emerson Woodruff attri-bue les troubles de la vision à unediminution de la réserve d'oxygènedu foetus, car les concentrationsd'oxyde de carbone dans le sangde la mère consécutives au fait defumer nuisent à l'aptitude du foe-tus de recevoir l'oxygène et éliminel'acide carbonique.Source : LA PRESSE,21 décembre 1985.

NOUVELLESDES USA

U ne récente étude de ['ASSOCIA

TION MÉDICALE AMÉRICAINE révèle

que le taux de mortalité lié auxgrossesses a baissé de près de50 pour cent au cours des huit der-nières années chez les Américai-nes de race blanche de plus de35 ans. Les auteurs de l'étude esti-ment que ce déclin est dû à l'amé-lioration des conditions socio-économiques des femmes de plusde 35 ans qui décident aujourd'huid'avoir des enfants.

Par ailleurs, une étude effec-tuée par les CENTRES FOR DISEASECONTROLaux États-Unis conclut que l'inci-dence de huit types de malforma-tions congénitales a augmenté auxÉtats-Unis entre 1970 et 1983. Deschercheurs estiment cependantque cela peut s'expliquer par lefait qu'un plus grand nombre demédecins détectent et rapportentles cas de malformations.Source : LE DEVOIR, 6 janvier 1986.

LES VICTIMESDU STÉRILETDALEON SHIELD

Il y a une dizaine d'années, lestérilet Dalkon Shield était

retiré du marché mondial à la suitede la publication de rapports men-tionnant des complications médi-cales associées à son utilisation. Sivous avez utilisé un de ces stériletsentre 1970 et 1975, vous avezjusqu'au 30 avril 1986 pour porterplainte contre le fabricant, la com-pagnie A.H. Robins, à l'adressesuivante :Dalkon Shield, P.O. Box 444,Richmond, Virginia 23203, USA.

Sont autorisées à porter plainteles personnes qui peuvent avoirsubi des lésions pour avoir utiliséle Dalkon Shield personnellement,celles qui peuvent avoir utilisé leproduit sans avoir encore constatéde lésions et celles qui peuventavoir subi des lésions du fait del'utilisation du produit par un tiers.11 n'est pas nécessaire de recourirà un avocat pour porter plainte.

Les plaignantes et plaignantsdoivent fournir leur nom et adresseaccompagnés d'une déclarationstipulant qu'ils portent plainte. Ilsrecevront alors, par retour du cour-rier, un questionnaire de mêmeque les instructions complémentai-res pour leur permettre de faireenregistrer leur plainte par le tri-bunal. Ce questionnaire devra êtreretourné au tribunal le30 juillet 1986.Source : LA PRESSE,12 janvier 1986.

PIERRE CREPOAJONQUIERE

V ous appréciez les photogra-phies de Pierre Crépô que

nous publions à l'occasion dansLUNEÀLAUTRE ? Du 7 au 30 mars pro-chain à la Galerie Séquence deJonquière, vous aurez l'occasiond'admirer son exposition photogra-phique NUIT BLANCHE MATIN ROSE, quirelate l'histoire d'une naissance àla maison.

Le dimanche 9 mars en après-midi, vous pourrez rencontrer lephotographe et son sujet : la mère.Un rendez-vous à ne pas manquerau 2419, rue Saint-Dominique,local 1, Jonquière.Pour plus de renseignements :(418) 547-3574.

L'UNE À L'AUTRE

Page 23: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance
Page 24: POUR DES - CDÉACFbv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd399_1986v3n2.pdfpour la femme enceinte. 3 PROFESSION : SAGE-FEMME Lorraine Leduc apporte des nouvelles du colloque de l'Alliance