POÈTES EN PRISON

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JEAN-MARC VARAUT

POÈTES EN PRISON

De Charles d'Orléans à Jean Genet

Librairie Académique Perrin 8, rue Garancière

Paris

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La loi du 11 mars 1957 n'autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur, ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinéa 1 de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

© Librairie Académique Perrin, 1989. ISBN 2-262-00603-2

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Pour Laurence, Alexandre et Pierre-Guillaume

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Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres. Gérard de NERVAL (Vers dorés - « Les Chimères »)

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DE LA POÉSIE CARCÉRALE COMME EXERCICE SPIRITUEL

Je balbutie, meurtri : la poésie est l'expres- sion, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux de l'existence. Elle doue ainsi d'authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spi- rituelle.

Stéphane MALLARMÉ

De tous les objets auxquels s'applique la pensée, la poésie est le plus difficile à définir. Elle appartient au langage dont elle est la source ou la rosée, mais elle lui échappe ; elle résiste à l'analyse. Pourquoi est-elle présente dans ces vers de Chénier faisant parler la Jeune Captive de la prison Saint-Lazare,

Pour moi Palès encore a des asiles verts, Les amours des baisers, les Muses des concerts; Je ne veux pas mourir encore.

Ou dans ceux de Verlaine montant de la cour de la prison de Bruxelles :

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Le ciel est par-dessus le toit Si bleu, si calme...

ou encore dans ces quelques syllabes de Guillaume Apollinaire écrites à la prison de la Santé :

Adieu, adieu, chantante ronde, Ô mes amis, ô jeunes filles...

Il semble que le langage dont le tremblement rimé et rythmé se nomme poésie ne puisse dire alors ce qu'elle est. Il n'y a pas de concept de la poésie qui puisse rendre compte de ce que Villon et Verlaine ont en commun et qui les fait nommer poètes. Chaque poète est au contraire, comme le dit si bien Thierry Maulnier, un et incomparable, et ne ressemble aux autres poètes que dans son aptitude à être un et incomparable. Tel que le dit Claudel : « Quelqu'un qui soit en moi plus moi-même que moi... »

La parenté des poètes entre eux est précisément cette expérience poétique que l'écrit délivre et répète et qui est le propre du poète, le plus propre, le plus proche, le plus personnel, le plus incommunicable. Les vers miraculeux de Villon, miraculeux parce qu'ils touchent à ce secret de la vie dont nous ne sai- sissons que les reflets, sont comme les traces d'anima sur la terre ; le poète ne déchiffre que lui-même et pourtant fait naître en chacun son propre poème, allumer sa propre étoile et réveiller son âme oublieuse de ce qu'elle est unique.

Hommes, ici n'a point de moquerie... La poésie, ce mystère en pleine lumière, comme

disait Barrès de la mystique, cette liberté primitive qui accepte la règle, cette présence dans les mots de la transcendance, cet art des choses tues, ce fantôme d'éternité sur fond de banalité, l'activité poétique, cette divination du spirituel dans les choses du sens, cette innocence savante, cette aventure et cette expé- rience, il n'y a peut-être que Rimbaud pour en dire la

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merveilleuse illusion : « nous parlerons du mystère des choses comme si nous étions les espions de Dieu. » Le mystère ne s'explique pas. Raconter un poème c'est en abolir la poésie.

Oui, la raison discursive ne peut rendre compte de l'opération poétique qui relève de la plus haute rai- son, celle qui ne croit pas épuiser la réalité réduite à sa visibilité ou à son opacité, mais qui en révèle en écho la part ineffable et indicible par le moyen de la mesure et de la cadence, c'est-à-dire par l'opération de l'esprit la plus rigoureuse ; coïncidence du mystère et de la loi :

Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres...

pour citer un poète essentiel, Gérard de Nerval, ou Paul Valéry :

Honneur des hommes, Saint LANGAGE, Discours prophétique et paré, Belles chaînes en qui s'engage Le dieu dans la chair égaré...

Nous ne pouvons donc définir notre premier objet : la poésie, puisque la poésie est le pouvoir du langage qui dépasse son pouvoir d'explication, pouvoir sur les choses que le poète désigne, et miroir où se reflète leur part invisible. Nous pouvons au contraire définir la prison, notre second objet, comme le lieu commun, château fort de l'ordre civil et politique, où des hom- mes que l'on dit des poètes ont été contraints de vivre, parfois dans l'attente de la mort. C'est la ren- contre de cette condition subie qui est notre propos. Rencontre créatrice.

Le poète en prison est affronté à une situation qui est par nature contraire à celle où la création poéti- que peut naître et s'épanouir. Une cellule de détenu n'est que dans l'apparence identique à la cellule d'un moine. Celui dont la vocation est le silence a choisi de clore son espace physique par un acte de sa liberté

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chaque jour renouvelé dans la prière, alors que celui dont la vocation est la parole, lorsqu'il est empri- sonné, l'est par une décision extérieure qui s'impose à lui. Son isolement du monde des autres, des saisons, des chants, du vent et des vagues n'est pas recueille- ment pour écouter, éveiller, raisonner, et épanouir en échos une expérience poétique de l'ineffable. Le poète qui fait oraison et le moine qui rythme sa prière diffè- rent par cet indicible même : la liberté.

C'est précisément la rencontre d'une liberté et d'un destin, du poète avec la prison, ou l'exil, ou le camp, que nous avons voulu considérer en supposant qu'elle ne pouvait être indifférente ou anodine. Et de fait, de nombreux et grands poètes français ont subi cette épreuve. La prison de François Villon a précédé celle de Clément Marot et de Théophile de Viau ; certes l'exil douloureux de Charles d'Orléans n'est pas com- parable au camp d'extermination de Robert Desnos ; de même les prisons d'André Chénier et de Robert Brasillach, si elles sont parallèles, ne sont pas identi- ques ; il y a loin aussi de la brève détention de Guil- laume Apollinaire au long enfermement de Charles Maurras. Mais les uns et les autres ont subi une épreuve qu'ils ont acceptée comme un mode du destin.

Les uns et les autres ont subi ce que décrit Théo- phile de Viau en 1622 : « soudain je fus écroué, on me dévala dans un cachot, dont le toit même était sous terre ; je couchais tout vêtu et chargé de fers si rudes et si pesants que les marques et la douleur demeurent encore à mes jambes ; les murailles y suaient d'humi- dité et moi de peur. » Trois siècles plus tard le droit de punir n'a pas beaucoup changé. Tel l'a éprouvé Oscar Wilde dans la geôle de Reading en 1895 :

Chaque cellule que nous habitons Est une infecte et sombre latrine Et l'haleine fétide de la Mort vivante Étouffe chaque lucarne grillée Et tout, sauf le Désir, est réduit en poussière Dans la machine Humanité

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L'eau saumâtre que nous buvons Est souillée d'une vase infecte. Le pain amer qu'on nous rationne Est plein de craie et de chaux Et le sommeil ne peut se coucher, et marche, Les yeux hagards, et à grands cris, appelle le

[Temps, With slouch and swing around the ring We trod the Fools 'Parade !

Nous sommes bien loin de la vie poétique telle que Novalis l'a souhaitée pour ses confrères : « il faut au poète un sens calme, attentif, des idées et des pen- chants qui l'écartent des affaires terrestres et des préoccupations mesquines, une situation libre de tous soucis, des voyages, la fréquentation d'hommes de toutes sortes, des opinions variées, de la légèreté d'esprit... », réminiscence de la plus ancienne et de la plus juste formulation de ce qu'est la poésie, celle de Platon : « chose légère, ailée et sacrée ».

La condition des poètes prisonniers, la rencontre de la prison avec la poésie nous amènent à considérer qu'il y a au moins deux expériences poétiques. La poésie peut être, au sens exact où l'emploie Pascal, divertissement ; c'est-à-dire un moyen dont l'homme s'avise pour ne pas penser au malheur, à la misère, à la mort dont il ne peut guérir. La poésie est peut-être aussi approfondissement, ou exercice spirituel, lors- que le poète est affronté à une condition dont il ne peut ni se divertir ni s'abuser. C'est de la poésie comme exercice spirituel que nous parlerons dans les suites de cet essai, en reprenant ces mots au titre d'un numéro de la revue Fontaine parue à Alger en 1942 sous la direction de Max Pol Fouchet.

Spirituel au sens étymologique du mot, exercice de souffle, exercice de rythme dans les limites d'un espace réduit, sans horizon, clôturé, où la marche scande la métronymie intérieure, le cœur anéanti dans la mesure ; exercice spirituel dans son sens le plus profond aussi, celui où elle est un exercice pour

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prendre conscience de ce que l'action poétique n'est évasion, comme on le dit trop souvent, que parce qu'elle est approfondissement. « La poésie est la par- tie la plus haute du journal du poète. Elle est le jour- nal de ses plus hauts moments », a dit le philosophe et poète Jean Wahl.

L'emprisonnement, la limitation involontaire de l'espace et du temps, la réduction de l'élan physique, la rupture avec le monde des vivants libres, la proxi- mité emblématique et souvent réelle de la mort, voilà l'expérience que nous avons choisi de considérer, dans sa présence dans le destin des plus hauts poètes.

La littérature critique a beaucoup étudié la poésie lyrique et la poésie précieuse, la poésie symboliste et la poésie surréaliste, la poésie érotique et la poésie incantatoire ; et entre les deux guerres son intérêt s'est porté sur la relation entre l'expérience mystique et l'expérience poétique, et aussi sur la poésie pure. Elle n'avait jamais vraiment considéré la poésie car- cérale, pénitentiaire surtout, mais concentrationnaire aussi ; sans en excepter cette prison hors les murs qu'est pour le poète, depuis Ovide, l'exil. C'est-à-dire la veille faite de souffrance et de patience, d'attente angoissée et de déraison, et son épreuve comme pré- sence esthétique sous les espèces de la rime et du rythme.

Le huis clos quotidien et la solitude trop peuplée pour être habitée ouvrent en effet parfois l'espace de l'imaginaire. Il y a des prisonniers que rien n'a prépa- rés à cette expérience et qui, comme les galériens dans leurs chansons, les bagnards dans leurs mélo- pées, les Noirs américains dans les negro spirituals éprouvent et libèrent ce besoin de poésie qui existe à l'état brut chez l'homme et qui se satisfait d'ordinaire par les leurres de la mode ou les chansons, et qui dans la prison cherche à s'assouvir autrement. Les poésies écrites sur les murs des prisons ou récitées dans les camps de la mort entre 1942 et 1945 témoi- gnent de cette métamorphose de l'homme, forte et fugitive.

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J'ai donc été à la recherche des conditions judiciai- res et des circonstances pénitentiaires de cette ren- contre et de ses suites poétiques. Les poètes, leurs prisons, leurs exils, les temps et les circonstances de leurs emprisonnements sont divers, mais je me suis efforcé d'appliquer pour chacun d'eux l'invitation du maître des exercices spirituels, saint Ignace de Loyola lui-même : « Je m'appliquerai à écouter, en quelque manière, les propos divers que tiennent ces personnes diverses. » Et ce qu'ils ont en effet partagé c'est que ce quelque chose qui se trouvait hors d'eux, l'empri- sonnement, est entré en eux et a été éprouvé comme une expérience douloureuse, et souvent mortelle, mais aussi comme une richesse. Oui, mortelle, Villon, Viau, Chénier, Apollinaire, Desnos, Brasillach avaient à peine dépassé la trentaine lorsqu'ils sont morts, laissant leur œuvre poétique inachevée. Comme la Jeune Captive, je les ai entendus dire :

Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la [moisson...

... Je veux achever ma journée...

... Je ne veux point mourir encore... De la désintégration qui est l'effet ordinaire et com-

mun de l'emprisonnement sur les autres emprison- nés, les poètes que j'ai considérés — sans en excepter Robert Desnos et Max Jacob morts comme Lorca sans poèmes, mais non sans poésie — ont fait par les ana- logies rimées, les émotions rythmées, les métaphores explicites, les émotions scandées une expérience poé- tique, c'est-à-dire une réintégration. Les uns et les autres, selon leur mode, ont expérimenté ce moment capital et ont transformé ce monde imposé en une vie poétique par le moyen de la discipline la plus délibé- rée qui soit : la versification, selon le daïmonion de chacun. Poètes, ils avaient délivré le poète prisonnier en tout homme, tout en vivant cette réclusion perpé- tuelle de la vie en poésie qu'est l'acte poétique ; pri- sonniers, ils ont vécu comme une passion la dualité

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du poète prisonnier dans l'homme emprisonné et du prisonnier que la poésie transfigure en homme :

Frères humains qui après nous vivez N'ayez les cœurs contre nous endurcis...

C'est donc un document que je présente, ou plutôt une exposition de documents sur les expériences car- cérales et les exercices poétiques des poètes, avec le regard de celui que son expérience professionnelle a conduit à entrer souvent dans des prisons et à deviner quelquefois derrière les visages scrutés un autre visage.

La prison n'est certes pas une habilitation litté- raire. Le poète n'est pas poète à cause de la prison, ou grâce à la prison (sinon il faudrait rendre grâce pour leur emprisonnement), mais il n'est pas en prison hors de la poésie. Soit que dans son temps, comme Verlaine, il écrive, soit que comme Oscar Wilde il doive faire son temps avant de pouvoir écrire. Il n'y a pas de poésie pure ou impure ; la poésie engage. Et les poètes que nous avons accompagnés se sont enga- gés poétiquement dans l'épreuve, pour eux-mêmes, par nécessité, mais aussi, avocats de leurs compa- gnons, pour délivrer la parole qui est en eux ; ainsi Max Jacob :

Adieu, muse, va dire aux hommes, Ce soir de fête en la cité, Que dans la prison où nous sommes On meurt de les avoir aimés...

Comment comprendre, comment concevoir l'épreuve de la prison, sans avoir soi-même franchi les grilles, subi la fouille et les formalités d'écrou qui transforment l'homme en objet, remonté les longs et vastes couloirs, entendu se refermer derrière soi la porte de sa cellule, la porte trouée à hauteur du regard d'une petite vitre ronde qu'on appelle juste- ment un judas, avoir secoué en vain les battants cloués de la fenêtre aux carreaux dépolis derrière

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laquelle il y a encore des barreaux dont on apprend vite comme ils sont froids au toucher, rugueux et invincibles. Ceux-là seuls qui ont connu la prison savent le prix du temps que le poète a dû subir, comme les autres, sans rien savoir de son avenir, sans rien pouvoir, et ont su exprimer l'inexprimable : l'impuissance qu'on se ressasse sans l'épuiser, l'acca- blement au matin de chaque journée qui apparaît comme une ennemie qu'il faut tuer heure par heure ; en marchant de la porte à la fenêtre, de la paillasse à la tablette, en criant parfois, en se meurtrissant les mains et la tête contre les murs ; et l'ennui mons- trueux, énorme : ne pas lire, ne pas écrire, ne pas par- ler, ne pas voir le soleil, ne pas aimer, mais rêver ; rêver de liberté, d'évasion, d'amour, de nourriture.

Je ne veux rien dire au-delà. Je ne me suis voulu que l'historien des poètes français qui ont connu l'exil, la prison ou la déportation, avec parfois la mort à son terme. Avec une affection toute particulière pour ceux qui comme Jean Cassou n'ont eu que leur mémoire pour papier et la nuit pour encre.

Cette chronique judiciaire et pénitentiaire des poè- tes en prison est aussi d'une certaine façon, selon la formule même de Montaigne en exergue, une antholo- gie de la poésie prisonnière. Je serai heureux si, ama- teur de poésie, au sens plein du mot amateur, et par vocation appelé parfois par des prisonniers à l'aide, j'ai pu contribuer à ce qu'à la lecture de ces vers le cœur de quelques hommes libres soit moins « endurci » à l'égard des hommes enfermés par d'autres hommes, et si pour quelques prisonniers, ces vers de leurs « frères humains » contribuaient à révé- ler la poésie qui rêve en eux.

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J'ai seulement fait ici amas de fleurs étrangères, n'y ayant fourni de mien que le mince filet à les lier. MONTAIGNE

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Charles d'Orléans écrivant ses chansons pendant sa captivité dans la Tour de Londres (Presses de la Cité).

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CHARLES D'ORLÉANS Le livre des heures captives

Le premier poète français fut un prince prisonnier : Charles d'Orléans.

Dans la nuit qui précède Azincourt et la bataille que vont se livrer les armées du dauphin de France et d'Henri V d'Angleterre, Shakespeare prête à son roi cette interrogation impatiente :

— Le matin n'arrivera donc jamais ?

Le matin du 25 octobre 1415 est venu. Et la charge de la cavalerie française rompue, dans la plaine détrempée, par les traits des archers anglais. Les che- vaux bardés de fer et les lourdes armures se sont enli- sés dans la boue. Il n'est plus resté aux fantassins qu'à égorger les chevaliers démontés. À l'aube du len- demain les détrousseurs qui dépouillent les morts découvrent plusieurs survivants. Parmi eux, une bonne prise : le duc Charles d'Orléans. Aussi est-il traité avec égards.

Au soir de la bataille, quand l'issue était encore incertaine, Henri V a fait massacrer tous les prison- niers. Mais le lendemain, sur la route de Calais, il invite le duc, qui ne veut ni boire ni manger, à se réconforter : « Beau cousin, faites bonne chère ! » Et le dévot roi ajoute pour le consoler : « Je reconnais que Dieu m'a donné la grâce d'avoir la victoire sur les Français, non pas que je la vaille ; mais je crois certai-

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nement que Dieu a voulu les punir. Et s'il est vrai que j'en ai ouï-dire, ce n'est merveille. Car on dit que onques plus grand désordre de voluptés, de péchés et de mauvais vices ne fut vu, comme ceux qui règnent en France aujourd'hui. C'est pitié de l'ouïr recorder et horreur aux écoutants. Et si Dieu est courroucé, ce n'est merveille et nul ne s'en doit ébahir. »

Charles va subir sa condition d'otage en des lieux différents de l'Angleterre, mais tous également bru- meux, et qui jamais ne lui feront oublier le ciel et l'air de la Touraine, ses blés, ses vins, ses fruits ; ses bon- nes villes et ses douces gens. Il est à Londres d'abord. Il est l'ornement du Triomphe du Roi qui entre au milieu des vivats : Noël ! Noël ! Welcome Henry the fifth! King of England and of France! Puis à Windsor avec les autres princes prisonniers

Les visites et la correspondance tout d'abord ne manquent pas. Mais en 1417, Henri V, qui se défie de ses intrigues épistolaires et craint toujours une révolte de l'Écosse, le fait transférer dans une forte- resse du comté d'York, à Pontefract, avec un seul ser- viteur, sous la surveillance rigoureuse de Robert Waterton. Le 1 octobre 1419, Henri V écrit de Gisors à son chancelier de bien veiller sur les prisonniers français « que ledit duc d'Orléans n'avait jamais été plus dangereux qu'à cette heure, comme il pourrait arriver si quelqu'un d'eux échappait, particulière- ment ledit duc d'Orléans. Ce que Dieu empêche ! C'est pourquoi comme nous avons foi en vous, vous veille- rez à ce que Robert Waterton ni par foi, beaux dis- cours ou promesses qui pourraient lui être faites ni par aucune autre cause ne soit ainsi aveuglé par ledit duc au point de devenir inattentif à sa garde », et il ajoute de sa main : « Il vaut mieux qu'il manque son plaisir que nous d'être trompés. » Pour correspondre avec son frère, le Bâtard d'Orléans, Charles doit cacher ses missives sous la queue d'un chien qu'il lui envoie car les gardes anglais fouillent et déshabillent

1. Toutes les notes sont regroupées en fin d'ouvrage.

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les messagers. Sa situation semble sans issue. Les négociations n'avancent pas. Ses domaines sont occu- pés. Le supplice de l'attente va durer vingt-cinq années. Vingt-cinq années d'espoirs qui se rapprochent ou s'éloignent selon que les armées françaises sont victo- rieuses ou défaites. Mais le peuple de France, sensible à l'infortune, n'oublie pas le prisonnier d'Azincourt. Une certaine Jeanne quitte son village de Domrémy pour changer l'histoire en son nom. Elle déclare que le pri- sonnier est « de sa charge » ; qu'elle l'ira chercher en Angleterre ; elle l'aimait, disait-elle, « plus que l'aise de son corps ». Après avoir délivré Orléans, elle porte une robe verte doublée de satin blanc, qui sont les couleurs du duc prisonnier. Jeanne d'Arc lui restera fidèle jusqu'à la fin. Après la victoire de Patay et le sacre de Reims, qui est le sacre de l'unité française, ce sont les sombres journées de Compiègne et de Rouen. Sa fidé- lité ne va pas défaillir. À son procès, elle répond à celui qui l'interroge :

« Comment eussiez-vous libéré le duc d'Orléans ? — J'eusse pris assez d'Anglais deçà la mer pour le

ravoir, et si je n'eusse pas assez de prise en deçà, j'eusse passé la mer pour aller le quérir, par puis- sance, en Angleterre. »

Lui ne parlera jamais d'elle. Alors qu'un gueux dévoyé comme François Villon honore dans sa Bal- lade des dames du temps jadis

Jehanne la bonne Lorraine Qu'Anglais brûlèrent à Rouen,

le duc n'exprimera aucune reconnaissance pour la libératrice d'Orléans. Il est prince français au moins par l'ingratitude.

LE REFUGE DU RÊVE

Tandis que l'on s'affronte ainsi sur le sol de France en son nom, le prince captif trouve sa consolation dans les livres, dans les psautiers, les missels, les vies

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de saints, dans Boccace et Aristote. Ce sont là lectu- res de chanoine plus que de prince.

Il trouve aussi sa consolation dans un petit volume de vélin sur lequel on transcrit pour lui et il transcrit lui-même les ballades, les chansons et les complaintes qu'il rêve et qu'il rime :

De ballader, j'ai beau loisir, Autres déduiz me sont cassez.

La défaite et la captivité, qui ont mis un terme à cette vocation obligée d'homme de guerre, libèrent sa voca- tion profonde. Charles était né poète. Il avait grandi au milieu d'une cour de poètes, auprès d'un père prince charmant et plus roi de France que son frère Char- les VI, et d'une mère italienne, protectrice de Christine de Pisan et d'Eustache Deschamps. Dans la chambre tendue de noir qui est son nouveau domaine, il revient à la poésie qui lui ouvre le refuge du rêve. La poésie va tromper sa nostalgie, le divertir de son ennui, le conso- ler d'une condition à laquelle il ne se résignera jamais. Mais quel prisonnier jamais se résigne ?

Les minutieuses recherches conduites au début de ce siècle par l'archiviste Pierre Champion à qui nous devons la découverte d'une œuvre jusqu'à lui mécon- nue, permettent de reconnaître nombre de poèmes écrits durant la captivité. On pourrait en composer un Livre de la prison ; une suite sentimentale qui serait le livre des Heures de Charles d'Orléans. Heures nostalgi- ques, galantes, dévotes. Dans le même temps, Jacques Stuart, roi d'Écosse, qui fut dix-huit ans prisonnier, se console lui aussi en composant des chansons : le King is quair. Richard Cœur de Lion est son émule en mal- chance et en poésie, et le roi René, prisonnier du duc de Bourgogne, découvre lui aussi la poésie.

Les contemporains ne s'y sont pas trompés. On appelait son recueil : Livre qu'il fit en Englant. Le manuscrit qui est à la bibliothèque de l'Arsenal porte en exergue sur la première feuille :

« S'ensuit le livre que fit Mgr d'Orléans lui étant prisonnier en Angleterre où qu'il y a dedans plusieurs

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belles ballades et rondeaux envoiez à Madame sa femme et la réponse d'iceulx moult plaisant ami que pourrez voir ci-après. »

Alors que le recueil des rondeaux qui ont été écrits à Blois est plus accessible par leur forme vivante à nos sensibilités, ce sont les complaintes, les ballades et les chansons œuvres de la captivité, qui sédui- saient ses contemporains. L'italien qui entreprit l'œuvre déraisonnable, vers 1450, de traduire en latin cette manière inimitable de supporter l'exil, écrivait en préface à sa pédante trahison : « Les vers qu'écri- vit Ovide dans la région Pontique m'ont souvent rem- pli d'étonnement ; maintenant ma surprise tombe en face d'un tel poète, quand je lis les compositions du prince captif. » Il y a comme un romantisme d'aurore dans cette manière retenue de traduire en vers doux et transparents une destinée tragique, de faire enten- dre le plus en disant le moins.

« JE SUIS CELUI AU CŒUR VÊTU DE NOIR »

Il n'en dit pas plus. Il le dit aussi en anglais : In black mourning is clothed my corage Cette œuvre à mi-voix n'exprime guère l'exil qui le ronge. Elle est détachée de l'expérience dont cependant elle ne cesse de s'inspirer. Le poète surmonte la captivité et veut l'ignorer. Par pudeur, il recouvre d'ornements ses pensées et emprunte pour dire ses maux les images conven- tionnelles de la poésie courtoise. Il fait penser à Wat- teau : l'Indifférent du XV siècle, mais son nonchaloir est l'expression de la courtoisie des cours d'amour.

Devant sont allés mes fourriers Pour appareiller mon logis En la cité de Destinée.

Le fracas des armes, les cris, les sanglots, les pri- sons, tant de bruit et de fureur qui accompagnent les aventures de sa vie ne passent dans ses vers que comme un reflet :

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Je suis de tous maux bien garni, Autant que nul en France.

Les poèmes de sa captivité ne sont que rarement des poèmes de captif. Ils sont sans date. Seuls les plaintes, le regret allusif, l'impossibilité d'agir nua- gent ces vers du souvenir du moment qui les fit naî- tre. Un parfum.

Ma bouche fait semblant qu'elle rie Quand maintes fois je sens mon cœur pleurer.

L'abbé Sallier, qui publia en 1740 les premiers extraits d'une œuvre oubliée, relève en homme de goût qu'on trouve chez le duc d'Orléans, « avec la liberté française et une heureuse facilité pour expri- mer ce qu'il pense et ce qu'il sent, toute la décence et la retenue que la noblesse d'une haute origine et que des mœurs douces et formées par une éducation convenable pouvaient imprimer dans le discours. On sent déjà dans la langue cette délicatesse qui fait que le moindre sens grossier l'offense » Le premier édi- teur des Poésies exprime judicieusement la délica- tesse courtoise du prince captif qui est dans la tradi- tion de la chevalerie.

Les amoureux courtois se devaient d'être poètes et les poètes d'être amoureux de leur Dame. Aussi, ses ballades nous le montrent prisonnier d'Amour autant que des Anglais. Sa maîtresse, que suivant l'usage courtois des troubadours il ne nomme pas, est sa jeune femme, Bonne d'Armagnac. Il l'avait épousée pour sceller l'alliance de ses troupes avec celles du comte d'Armagnac et poursuivre de sa vengeance Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, qui avait fait assassiner son père, le duc Louis. À cette prin- cesse lointaine, il adresse toute une correspondance amoureuse rimée à la manière du Roman de la Rose.

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Il n'invente rien. L'arsenal des mots, des tournures de phrases, des images, des allégories est celui des rhétoriqueurs. Le captif de Windsor est un poète pré- cieux Il est à la fois survivant des cours d'amour et précurseur des poètes galants ; cousin de Guillaume de Machaut et grand-oncle de Voiture, ses ballades et ses rondeaux annoncent Émaux et Camées de Théo- phile Gautier, et les Fêtes galantes de Verlaine en retiennent l'écho. Mais il est naturellement précieux, naturellement raffiné. Sous les allégories, le lecteur moderne attentif perçoit les réalités sensibles que le poète appelle Espoir, Soupir, Nonchaloir, Mélanco- lie ; sous le fard de la rhétorique, il reconnaît la peine. « Il renouvelle les thèmes usés à force de grâ- ces imprévues, d'images faites », dit Lanson. Gaston Paris le compare à Henri Heine et Jean-Marc Bernard le rapproche d'Omar Kayam.

Quand, après dix ans d'espoirs fidèles, de corres- pondances galantes, il apprend la maladie, puis la mort de sa jeune femme, le rythme des vers, leur dou- ceur, l'aisance fluide de la mélodie nous restituent, sous l'allégorie, le mouvement qui se précipite du cœur de Charles d'Orléans.

J'ay fait l'obsèque de ma Dame Dedans le moustier amoureux Et le service pour son âme A chanté penser doloreux Maints cierges de Soupir Piteux Ont été en son luminaire ; Aussi j'ai fait la tombe faire De regrez, tous de larmes pains : En tout autour, moult richement, Est escript : Cy-git vraiment Le trésor de tous biens mondains... De rien ne servent plours ne plains : Tous mourrons, ou tard ou briefment, Nul ne peut garder longuement Le trésor de tous biens mondains.

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La musicalité des mots, le doux parler français sont utilisés « à des fins de magie », observait Jean Tar- dieu. Charme que Michelet a reconnu : « Mais les Anglais eurent beau faire, il y eut toujours un rayon de France dans cette tour de Penfret. Les chansons les plus françaises que nous ayons y furent écrites par Charles d'Orléans. Notre Béranger du XV siècle, tenu si longtemps en cage, n'en chanta que mieux. » Les images très douces et la forme parfaite de ses Rondeaux, où il n'y a ni un mot à ajouter ni un mot à retrancher, s'accordent avec la langue française, claire et légère, dépouillée des archaïsmes de ses pré- curseurs :

Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s'est vêtu de broderie De soleil riant, clair et beau.

Si la captivité lui inspire de chanter des ballades semblables aux miniatures enluminées où son temps excella, elle ne lui arrache pas les vers pathétiques, d'une humanité éternelle, d'un François Villon. Sans doute, parce que la cage évoquée par Michelet est une cage dorée. Ses prisons sont des châteaux. Il n'est pas soumis à l'isolement cellulaire, ni aux rigueurs de la prison qui bouleversent, déforment, transforment ceux qui en sont les victimes. S'il souffre, et il souffre réellement, ce n'est pas de la prison, mais de l'exil qui ronge sa vie. Avec le temps, sa condition s'adoucit. En 1432, William Pole, comte de Suffolk, obtient sa garde. C'est un capitaine renommé, libéré sur parole par le Bâtard d'Orléans ; il est aussi grand amateur d e p o é s i e f r a n ç a i s e

C h a r l e s d ' O r l é a n s f u t t r è s b i e n accue i l l i . E t les f em-

m e s q u ' i l r e n c o n t r e n ' o n t p a s é t é t o u t e s i n s e n s i b l e s à s o n c h a r m e . B i e n q u ' i l so i t d é l i c a t d e c o n j e c t u r e r a u s u j e t d e la v e r t u d ' u n e é p o u s e a n g l a i s e , il s e m b l e q u e ce s o i t à la p r o p r e f e m m e d e s o n h ô t e , Alice, pe t i t e - f i l le d e C h a u c e r , q u ' i l é c r i t :

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Votre bouche dit baisez-moi Il m'est avis, quand la regarde.

Mais les plaisirs qu'il goûte ne l'empêchent pas d'éprouver presque du désespoir. Il inaugure ainsi la tradition poétique de la mélancolie, de la tristesse et de l'ennui qui n'est pas mieux exprimée que par le mot de spleen, emprunté par Chateaubriand à l'anglais. La tristesse et l'ennui ne sont pas pour lui des figures. Le captif envisage réellement la mort comme une délivrance :

Je ne vueil plus rien que la mort.

Il l'exprimera devant la cour des pairs et le roi de France quand, en 1458, il défendra son gendre, le traî- tre duc d'Alençon, et demandera la pitié :

« J'ai connaissance par moi-même qu'en ma prison en Angleterre, pour les ennuis, déplaisances et dan- gers en quoi je me trouvais, j'ai maintes fois souhaité que j'eusse été mort à la bataille où je fus pris pour être hors des peines où j'estoie. »

Mais un jour de 1433, il croit la paix imminente. On le conduit à Douvres pour le rapprocher des négocia- teurs. Il voit les dunes de France. Il charge de sou- haits « la nef d'Espérance ».

En regardant vers le pays de France, Un jour m'advint à Douvres, sur la mer, Qu'il me souvint de la douce plaisance Que souloye* au dit pays trouver ; Si commençais de cœur à soupirer Combien certes que grand bien aimer doit.

Paix est trésor qu'on ne peut trop louer. Je hais guerre, point ne la doit désirer, Destourbé** m'a long temps, soit tort ou droit, De voir France que mon cœur aimer doit.

* Souloye : j'avais l'habitude. ** Destourber : détourner, empêcher.

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Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Ces vers de Paul Verlaine écrits dans la cour de sa prison sont

dans toutes les mémoires. Comme le dernier vers de François Villon dans l'ombre de la mort :

N'ayez les cœurs contre nous endurcis. D'autres poètes français ont connu cet affrontement avec une

condition — la prison, le camp ou l'exil — qui est par nature contraire à celle où la création poétique peut naître et s'épa- nouir. Jamais, avant Jean-Marc Varaut, on n'avait étudié les effets sur la création poétique de la limitation involontaire de l'espace et du temps, de la réduction de l'élan physique, de la rupture avec le monde des vivants libres, dans la proximité emblématique et souvent réelle de la mort. A travers Charles d'Orléans, François Villon, Clément Marot, Théophile de Viau, André Chénier, Paul Verlaine, Guillaume Apollinaire, Robert Desnos, Jean Cassou, Benjamin Fondane, Jean Cayrol, Max Jacob, Robert Brasillach, Charles Maurras etjean Genet, c'est une expérience carcérale et poétique capitale qui est évo- quée, et une anthologie des poètes enfermés.

Sa profession d'avocat préparait Jean-Marc Varaut à faire comprendre cette coexistence miraculeuse de la détresse la plus profonde et de la lumière intérieure :

Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres.

Jean-Marc Varaut, avocat, est spécialiste des libertés publiques, du droit de la presse, de la propriété littéraire et artistique et du droit pénal des affaires. Phi- losophe du droit, il est docteur d'État ès lettres et sciences humaines. Il a publié : la Prison, pour quoi faire? (1973), la Liberté des temps difficiles (1976) aux éditions de La Table Ronde; l'Abominable Docteur Petiot chez Balland (1974) et un essai sur le libéralisme aux P.U.F. : le Droit au droit (1986).

Recueil de poèmes de Charles d'Orléans fait pri- sonnier à Azincourt en 1415. On le voit détenu à la Tour de Londres vers 1500. (Snark-Edimedia).

Jean Genet. (Leonard Freed/Magnum).

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