Portrait dans Challenges

3
Affranchi Arrivé au perchoir, l'ancien lieutenant de Laurent Fabius n'a rien perdu de sa combativité. Au contraire, il en profite pour affirmer sesfortes convictions de gauche. Quitte à froisser l'exécutif U il fils de prolo, il apprend à bien faire. .. Personne ne dit que je ne suis pas à la hau teur. Personne ne regrette Ségo- lène. » Effectivement, au Palais- Bourbon, tout le monde chante les louanges de Claude Bartolone, élu président de l'Assemblée nationale en juin 2012. Tout le monde le trouve convivial,chaleureux, impar tial. Les jeunes, les vieux, la gauche, la droite, son prédécesseur, Bernard Accoyer. .. Et puis, tous ont du res pect pour son parcours. Un fils de prolo au perchoir, ça impressionne. Débardeur aux Halles la nuit, son père dort lejour. Dans le 2-pièces ils vivent à cinq, il ne faut pas faire de bruit. Pour s'occuper, Claude dévore les livres.Il est bon à l'école, sa maîtresse convoque ses parents pour qu'il aille au lycée. Luise voyait devenir garagiste !Avec son âme de boy-scout, il tombe dans la politique, il gravit les échelons un à un. Un parcours qui en fait une icône de la méritocratie républicaine. Mais si tout le monde l'aime, beau coup ont tiqué lorsqu'il a appelé à une « confrontation » avec l'Alle magne, ou quand il a jugé, dès la ren trée 2012, que l'objectif des 30Zo était intenable. Comment le quatrième personnage de l'Etat a-t-ilpu contes ter la ligne décidée par le président de la République ? Cela a choqué. Lui qu'on prenait pour un modéré a semblé donner des gages aux durs de l'aile gauche du PS. « Irrespon sable, démagogique et nocif », a dénoncé Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur. « Nous sommes en paix, on peut confronter nos idées! ré torque l'intéressé. Le compromis ne SELF-MADE- MAN 29 juillet 1951 Naissance à Tunis. 1960 Installation au Pré-Saint-Gervais, cité Jean-Jaurès. 1979 Conseiller général de Seine-Saint- Denis. 1981 Député de Seine-Saint-Denis. 1983 Conseil municipal des Lilas. 1995-1998 Maire du Pré-Saint-Gervais. 1998-2002 Ministre de la Ville. 2005 Non au référendum sur le traité constitutionnel européen. 2008-2012 Président du conseil général de Seine-Saint-Denis. 26 juin 2012 Président de l'Assemblée nationale. peut naître que de la confrontation. J'ai leprivilège de l'âge. Et une cer taine expérience. Entre François Mitterrand et Helmut Kohi, il y a eu la fameuse poignée de main, et aussi des conversations extrême ment tendues àLatche, notamment sur la monnaie unique. » En réali té, Claude Bartolone, qui appartient au courant Rassembler à gauche, a toujours été très à gauche. Il défend sa ligne, âprement. Sans complexes sur l'argent Ce qui surprend, c'est l'assurance, l'indépendance de celui qui n'a long temps été que le porte-flingue un peu méprisé de Laurent Fabius. « Il est malin et sympathique, mais il ne nous a jamais éblouis par sa hauteur de vues! » lance un vieux grognard. Dernier exemple en date de cette émancipation : la loi sur la transparence. Elle prévoit d'exiger la publication des déclarations de patrimoine des parlementaires et d'interdire le cumul avec certaines professions. Claude Bartolone s'est empressé de dénoncer une initiative qui, selon lui, va créer une suspicion généralisée On va jeter les dépu tés en pâture. » Destinée à donner un brevet d'honnêteté à la classe po litique en pleine affaire Cahuzac, la mesure a agacé au plus haut point les députés, d'autant plus remontés qu'ils s'estiment très mal traités par l'exécutif. On ne répond pas à leurs questions, on renvoie leurs amende ments avec des annotations désobli geantes... « On va, trouver un ac cord pour contrôler, mais pas tout dévoiler au public », confie le prési dent de l'Assemblée. Qu'il possède une maison d'architecte aux Lilas évaluée à 2 millions d'euros, comme l'a révélé Le Canard enchaîné, ne change, selon lui, rien à l'affaire. Sans complexes, il raconte com ment, un jour, il a acheté le potager de ses voisins, des amis. « J'avais bien vu qu'il y avait une vue sur tout Paris », glisse-t-il, en précisant que le prix a été fixé par des profes sionnels. Il leur en laisse la jouis sance, jusqu'à ce qu'ils soient trop vieux pour bêcher. Et, en 2003, il construit la villa de ses rêves. « En tout, elle m'a au maximum 500000 euros. » Un passé plutôt conflictuel explique aussi la tension entre le chef de l'Etat et le président de l'Assemblée. Ils n'ont jamais appartenu aux mêmes chapelles, et se sont souvent étrillés. François Hollande ne s'est pas privé de bons mots pour assas siner ce fabiusien chargé des basses Et Claude Bartolone a canardé sa candidature à la primaire socialiste en raillant « sa petite entreprise ». Blessant! En même temps, en 2007, c'est à Claude Bartolone que François Hollande fait appel pour donner un coup de main à Ségolène Royal, dont la campagne pour la prési dentielle patine. D'ailleurs, cinq ans plus tard, il a soutenu, en sous-main, sa candidature au perchoir afin de barrer l'autre candidat, Jean Glava- ny, un anti-Ségolène notoire. Et quand « Barto » a été élu, le chef de l'Etat l'a immédiatement appelé : « Tu laisses tout et tu viens me voir. » Les deux hommes ont savouré leur succès en devisant sur leurs étonnants destins. Bartolone a alors assuré Hollande de sa fidélité, Selon un principe de réalité

description

 

Transcript of Portrait dans Challenges

Page 1: Portrait dans Challenges

AffranchiArrivé au perchoir, l'ancien lieutenant de Laurent Fabius n'a rien

perdu de sa combativité. Au contraire, il en profite pouraffirmer sesfortes convictions de gauche. Quitte à froisser l'exécutif

Uil fils de prolo, ilapprend à bien faire. . .Personne ne dit que jene suis pas à la hau

teur. Personne ne regrette Ségo-lène. » Effectivement, au Palais-Bourbon, tout le monde chante leslouanges de Claude Bartolone, éluprésident de l'Assemblée nationaleen juin 2012. Tout le monde letrouve convivial,chaleureux, impartial. Lesjeunes, lesvieux, la gauche,la droite, son prédécesseur, BernardAccoyer. . . Et puis, tous ont du respect pour son parcours. Un fils deprolo au perchoir, ça impressionne.Débardeur aux Halles la nuit, sonpère dort lejour. Dans le 2-piècesoùils vivent à cinq, il ne faut pas fairede bruit. Pour s'occuper, Claudedévore les livres.Il est bon à l'école,sa maîtresse convoque ses parentspour qu'il aille au lycée. Luise voyaitdevenir garagiste !Avec son âme deboy-scout, iltombe dans la politique,où ilgravit les échelons un à un. Unparcours qui en fait une icône de laméritocratie républicaine.Mais si tout le monde l'aime, beaucoup ont tiqué lorsqu'il a appelé àune « confrontation » avec l'Allemagne, ouquand ila jugé, dès la rentrée 2012,que l'objectif des 30Zoétaitintenable. Comment le quatrièmepersonnage de l'Etat a-t-ilpu contester la ligne décidée par le présidentde la République ? Cela a choqué.Lui qu'on prenait pour un modéré asemblé donner des gages aux dursde l'aile gauche du PS. « Irresponsable, démagogique et nocif », adénoncé ManuelValls,le ministre del'Intérieur. «Nous sommes en paix,on peut confronter nos idées! rétorque l'intéressé. Le compromis ne

SELF-MADE-MAN

29 juillet 1951Naissance

à Tunis.

1960Installation au

Pré-Saint-Gervais,cité Jean-Jaurès.

1979Conseiller général

de Seine-Saint-Denis.

1981Député de

Seine-Saint-Denis.

1983Conseil municipal

des Lilas.1995-1998

Maire duPré-Saint-Gervais.

1998-2002Ministre

de la Ville.

2005Non

au référendumsur le traité

constitutionneleuropéen.

2008-2012Président du

conseil général deSeine-Saint-Denis.

26 juin 2012Président del'Assemblée

nationale.

peut naître que de la confrontation.J'ai leprivilège de l'âge. Et une certaine expérience. Entre FrançoisMitterrand et Helmut Kohi, il y a eula fameuse poignée de main, etaussi des conversations extrêmement tendues àLatche, notammentsur la monnaie unique. » En réalité, Claude Bartolone, qui appartientau courant Rassembler à gauche, atoujours été très à gauche. Il défendsa ligne, âprement.

Sans complexes sur l'argentCe qui surprend, c'est l'assurance,l'indépendance de celui qui n'a longtemps été que le porte-flingue unpeu méprisé de Laurent Fabius. «Ilest malin et sympathique, mais ilne nous a jamais éblouis par sahauteur de vues! » lance un vieuxgrognard. Dernier exemple en datede cette émancipation : la loi sur latransparence. Elle prévoit d'exigerla publication des déclarations depatrimoine des parlementaires etd'interdire le cumul avec certainesprofessions. Claude Bartolone s'estempressé de dénoncer une initiativequi, selon lui, va créer une suspiciongénéralisée : « On va jeter les députés en pâture. » Destinée à donnerun brevet d'honnêteté à la classe politique en pleine affaire Cahuzac, lamesure a agacé au plus haut pointles députés, d'autant plus remontésqu'ils s'estiment très mal traités parl'exécutif. On ne répond pas à leursquestions, on renvoie leurs amendements avec des annotations désobligeantes... « On va, trouver un accord pour contrôler, mais pas toutdévoiler au public », confie le président de l'Assemblée. Qu'il possèdeune maison d'architecte aux Lilas

évaluée à 2 millions d'euros, commel'a révélé Le Canard enchaîné, nechange, selon lui, rien à l'affaire.Sans complexes, il raconte comment, un jour, il a acheté le potagerde ses voisins, des amis. « J'avaisbien vu qu'il y avait une vue surtout Paris », glisse-t-il,en précisantque le prix a été fixépar des professionnels. Il leur en laisse la jouissance, jusqu'à ce qu'ils soient tropvieux pour bêcher. Et, en 2003, ilconstruit la villa de ses rêves. « Entout, elle m'a coûté au maximum500000 euros. »Unpassé plutôt conflictuel expliqueaussi la tension entre le chef del'Etat et le président de l'Assemblée.Ils n'ont jamais appartenu auxmêmes chapelles, et se sont souventétrillés. François Hollande ne s'estpas privé de bons mots pour assassiner cefabiusien chargé des bassesœuvres. Et Claude Bartolone acanardé sa candidature à la primairesocialiste en raillant « sa petiteentreprise ». Blessant!En même temps, en 2007, c'est àClaude Bartolone que FrançoisHollande fait appel pour donner uncoup de main à Ségolène Royal,dont la campagne pour la présidentielle patine. D'ailleurs, cinq ansplus tard, il asoutenu, en sous-main,sa candidature au perchoir afin debarrer l'autre candidat, Jean Glava-

ny, un anti-Ségolène notoire. Etquand « Barto » a été élu, le chef del'Etat l'a immédiatement appelé :« Tu laisses tout et tu viens mevoir. » Les deux hommes ontsavouré leur succès en devisant sur |leurs étonnants destins. Bartolone a Ialors assuré Hollande de sa fidélité, dSelon un principe de réalité

Tous droits de reproduction réservés087C882F51004D0160FB01636E0C25B01D24749071DA3CB2C6DCEE1

Date : 30/05/2013Pays : FRANCEPage(s) : 66-69Rubrique : PortraitDiffusion : 260972Périodicité : HebdomadaireSurface : 329 %

Page 9

Page 2: Portrait dans Challenges

Claude Bartolone,longtempsau second plan1. En mai 2001, à Roubaix. Eludela banlieue parisienne, le ministredélégué à la Ville dugouvernementJospin est à l'aise sur le terrain.

2. Avec Laurent Fabius,au Mans,en 2005. Les deux hommes,qui se connaissent depuis 1980,militent contre la Constitutioneuropéenne. Bartolones'émancipera trois ans plus tard.

3. En campagne avecSégolèneRoyal, à Pantin, en mars 2007.A la demande de François Hollande,il donne un coup de mainà la candidate socialiste pourla présidentielle.

4. Avec Martine Aubryau congrèsde Reims,en 2008. Il soutient lamaire de Lille contre Ségolène Royal.

5. Sur le chantier du futur tramway traversant la Seine-Saint-Denis,en juin 2010.Elu en 2008, le président duconseil général s'est démené pour revitaliser le département.

►► é̂vident.«Je lui ai expliquéqu'en2017,c'estlui qui serait rééluoubattu, confiel'intéressé.Et qu'en2022,j'aurai 71ans... »Lesrivalités,c'est doncfini?AuPS,tout le monde soupçonnepourtantClaude Bartolone de mener campagne pour Matignon.EmmanuelMaurel,animateurducourantMaintenant la gauche,est mêmecertainqu'il «chercheàfédérer la gaucheduparti et à occuperla placelaissée vacante par Martine Aubrypour s'imposerà Matignon».

«Plus rien à prouver »Leprésident de l'Assembléenationaleassurequ'ilneveutriend'autrequesonperchoir.En2012,commeilne figurait pas parmi les minis-trables,il avaitconfiéà un amiqu'ilpensaitse reconvertirdans leprivé.Après trente ans de vie parlementaire, il ne se voyaitpas député debase, alors que la gauche revenaitau pouvoir.Etpuis ladéfaitede Ségolène Royalà LaRochelle et unecampagneéclairl'ontconduitàl'hôtelde Lassay.Celale comble.Peut-être, unjour, sera-t-ilappeléà Matignon. «Mais cela ne conduit pasmon action. Je n'ai plus rien àprouver, je n'ai jamais été aussilibre. » Il veut donc profiterde safonctionpourdéfendreses idées.Et sur l'Allemagne,ClaudeBartolonea des convictionsetne se laissepas intimiderpar la bronca qu'il adéclenchée.Pour lui,les fondamentauxdesdeuxéconomiessontdifférents. En premier lieu sur le plandémographique.«Es sont attentifsà la renteetobsédéspar l'inflation.Ils ne voient les questions monétaires que sous ce prisme. Nous,nous sommesun paysjeune, nousavons besoin de croissance. » Etd'ajouter:«Leslibérauxeuropéenssontpersuadésqu'enassainissant,aveclarigueur, toutfinira par allermieux, et l'argent viendra s'investir. Moi, je considère que sansharmonisation sociale,sans politiqueénergétiquetransitoire, sansinfrastructures, l'Europese désintégrera. »Quelquesjours plus tard,lors de sa conférencede presse, lechefde l'Etat reprenait ce discoursmot à mot, Claude Bartolone neboudaitpas sonplaisir.Ce Méditerranéensouriant, qu'onprenaitpour un sous-fifre,a bel et

Tous droits de reproduction réservés087C882F51004D0160FB01636E0C25B01D24749071DA3CB2C6DCEE1

Date : 30/05/2013Pays : FRANCEPage(s) : 66-69Rubrique : PortraitDiffusion : 260972Périodicité : HebdomadaireSurface : 329 %

Page 11

Page 3: Portrait dans Challenges

bienmué. Pourcommencer,il s'estaffranchi de la tutelle de LaurentFabius, après que ce dernier l'aaccusé d'avoir mal défendu sesintérêts lors du congrès PS deReims,en 2008.Ensuite, la présidence du départementde la Seine-Saint-Denislui a donné de l'épaisseur. Enorme travailleur - il dortcinqheures parnuit -, il a transforméle9-3,devenuterre d'électiondenombreuxsiègessociaux.« C'est un instinctif qui bosse,décrypte son directeur de cabinet,Jean-Luc Porcedo. Il est très exigeant sur la qualité et la quantitédesdossiersqui lui sontfournis. Rveut beaucoupde chiffres. »C'estd'ailleursen consultantdeschiffresqu'àson arrivéeà la présidencedudépartement,après avoirdemandéun rapportd'audit,il tombe surlesfameuxempruntsstructurés.«Personnen'enparlait. Ila tout desuitedit : "On dirait des empruntstoxiques."Ilpourrait demanderuncopyright»,racontePorcedo.

Amitiés dans le patronatPas toujoursjugé à sa juste valeurdansleshautes sphèresduparti,oùil est de bonton d'avoirfait l'ENA,Claude Bartolone compte enrevanche de nombreuses amitiésdans le monde des affaires. Certainessontnéesdansle9-3,quandilallait démarcher les patrons pourqu'ilsviennenty installerleur siègesocial. Recevant Henri Proglio,alorspatron deVeolia,iln'a pas hésité à prendre sa voiture sur-le-champpour luimontrer le sitequ'illuiréservait.«Je lui aifait ladansedu ventre. » Sesamissont surtoutdes self-made-men,commelui.Lepromoteur immobilierAlainDi-nin, PDGde Nexity,qui le défendbec et ongles: «Bartolone est business friendlyet très à gauche. Iln'estpas dogmatique.Et il dit touthaut ce que tout le monde pensetout bas. » Même fougue chezClaude Berda, le président d'ABGroupe,chezquiilva régulièrementchasser,en Sologne.« Çasuffit dedire qu'onpeutfaire commel'Allemagne.Oualors,onsupprime l'armée, l'exception culturelle, lescrèches pour les enfants, les35 heures, le smic... » Bartoloneami du célèbre exilé fiscal? Shoc-king. Mais dans l'entourage des

Ce qu'ils disent de luiLaurence Parisot, présidentedu Medef : «C'est unhommeouvert, attentif. Il cherche àfavoriser les échangesentre les

entrepriseset lesjeunes députés, qui sonttrès étrangers au milieu entrepreneurial.»

Stéphane Richard, PDGde FranceTélécom : « Politiquement,je divergeun peu. Mais j'aime sa simplicitéet sachaleur.Ce n'est pasun idéologue. Ilestauthentique.Et d'une fidélité absolue. »

Jean Glavany, député PS : «Je n'aiaucuneamertume. Jesalue sa victoire.Etj'ai de l'estime pourson parcours. Filsd'immigrés italiens, devenir le quatrièmepersonnagede l'Etat, ce n'est pas rien. »

Alain Dinin, PDGde Nexity: «Je suisun fan! Il fait partie de ces gros bosseursqui ont toujours l'air disponibles. Il a unevraie énergie. Il n'a pas peur, il avance.»

Jean-Vincent Placé, sénateur EELV:«Il a été le premierà dire que les 30Aétaient inatteignables. Sur le volontarismeeuropéen, la relance, il me sembleavoir les bonnes réponses.»

Bernard Accoyer, son prédécesseur auperchoir : «C'est un très bon présidentde l'Assemblée nationale. Je m'entendstrès bienavec lui.Je suis un peu étonnéde ses propossur l'Allemagne.Sur lessujets internationaux,il est de traditionde respecter la lignede l'exécutif. »

deux hommes, on assure que siClaude Berda s'est exilé en 1996,c'est à la suited'actesantisémitesàsonencontre.Quandils se rencontrent, en 1991,Claude Berda est quasi ruiné. Lafaillitede la Cinq laissele producteur avec un énorme cataloguededroits, un monceau de dettes, et500salariés.Jamaisil n'avaitimaginéprendredesrisquesen travaillantavecJean-LucLagardère,l'hommedeMatra.Iln'estpas leseuldanscecas.HenriWeber,fabiusienmariéàune productrice, l'emmène voirClaudeBartolone,alors présidentdelacommissiondesAffairesculturellesetsociales.Berdaluiexposelasituation.Très solennel,Bartolonerépond : « Nous, socialistes,sommes très attentifs à ce qui sepasse à la télévision,car c'estlà quese transmet la culturepopulaire! »Et là, Berdarétorque : « Oh, voussavez,je suis à la culture ceque lamerguez est à la cuisine française! »Eclatsderire.Bartoloneselève,faitletour de la table,s'assiedàcôté desonvisiteuretluidit : «Appelle-moiClaude.»Puisilvaplaidersa cause auprès de Pierre Bérégovoy, qui sommera Jean-LucLagardèredene laisseraucunproducteursur le carreau. Depuis, les deuxClaudesont commedes frères.Pource déraciné,les copains,c'estsacré. Qu'ils soient riches oupauvres, de droite ou de gauche.A l'Associationdes amisde Cham-

ILAIMELescopains.

Lesoleil.Lachasse.Lavoile.

L'opéraitalien.Sa maison.

ILN'AIMEPASLa trahison.

Laneige.Leschats.Wagner.

bord, dont il est devenuprésident,lui,le gossede banlieue,bonvivant,côtoiel'ancienministrede l'Économie François Baroin, devenu unami, Pierre Mongin,le PDGde laRATP,le chiraquienBertrandLan-drieu,MichelCharasse,le sénateurUMPLadislasPoniatowski... Et ilne boude pas son plaisir. Cequ'ilpréfère,c'est la chasseau sanglier:« Selever tôt, marcher dans laforêt. » Dprécisetout de même:«Cesont des battues de régulation. »Mêmeœil rieurquandil évoquesesvirées à la voile avec son copainprof de gymdans leMidi,ouquandil raconte que le dernier acte de laToscalui arrache des larmes,touten entamantl'airde Mario.Cequiséduitchezcet homme,c'estque,malgréladuretédelapolitique,il a gardéunpeu de lamagiede sonenfance.L'histoiredeClaudeBartolone,c'est celled'immigréssicilienscrevant la faim.Un grand-pèrequiquittesonîlenataledansles années1920et débarque en Tunisie.Terred'accueilqu'ilfaut quitterlorsde laréforme agraire de Bourguiba.Lafamilleatterrit cité Jean-Jaurès,auPré-Saint-Gervais.«J'avais 9 ansquand je suis arrivé en Seine-Saint-Denis. En quarante-huitheures,je suis passé de l'odeurdesorangers, du blanc et bleu de laTunisie et de la Méditerranéeà labanlieue de Paris. »Il reste en luibeaucoupde ce gaminvif,curieux,intrépide. GhislaineOttenheimer

Tous droits de reproduction réservés087C882F51004D0160FB01636E0C25B01D24749071DA3CB2C6DCEE1

Date : 30/05/2013Pays : FRANCEPage(s) : 66-69Rubrique : PortraitDiffusion : 260972Périodicité : HebdomadaireSurface : 329 %

Page 12