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10 10 ‘17 — 21 01 ‘18 Avec le soutien de POPULATION P1 POPULATION Les groupes ethniques L’Indonésie compte plus de 300 groupes ethniques, qui vont du plus grand ( les Javanais sont au nombre de 95 millions, soit 40,1% de la population ) au plus petit ( les Bauzi en Papouasie ne sont que 2 000 ). Cette diversité s’explique par la présence des mers, des montagnes et de la jungle. Ces frontières naturelles rendent difficile ou impossible l’interaction entre les communautés. Entre deux vallées, entre deux îles, ou parfois même entre deux villages voisins, la culture et la langue peuvent être radicalement différentes. Dérivé de « Batavia » (l’ancien nom de Jakarta), le mot Betawi désigne les habitants ‘autochtones’ de cette ville. Entre guillemets, car il s’agit en fait d’immigrants de toute provenance qui se sont établis à Batavia au 18ème siècle : des Balinais, Malaisiens et Sundanais, mais aussi des marchands hollandais, portugais, chinois… Ce pot-pourri ethnique a engendré une nouvelle culture, de nouvelles habitudes culinaires et artistiques, et même une toute nouvelle langue (une sorte de créole basé sur le Malais, sur lequel se rajoutent des mots hokkiens, arabes et néerlandais). Ce n’est qu’en 1930 que les Betawi ont été reconnus comme groupe ethnique à part entière. Les Minangkabau Minangkabau (à Sumatra et dans l’archipel de Riau) forment la plus grande communauté matriarcale au monde. Ici, le nom, la terre et l’héritage sont transmis de mère en fille. La raison en est que les hommes, pour la plupart, sont des commerçants qui parcourent l’Indonésie et le monde en quête de marchandises et de richesse. Surtout dans le passé, ces voyages pouvaient être particulièrement dangereux, et beaucoup d’hommes ne revenaient pas vivants. Quoi de plus logique, donc, que les terres soient confiées aux femmes qui s’en occupaient ! Langue La langue officielle en Indonésie est le « bahasa Indonesia », qui appartient au groupe linguistique des langues austronésiennes. Il ressemble très fort à la langue malaise, à tel point que si tu ne parles pas une de ces deux langues, tu auras le plus grand mal à les distinguer. Néanmoins, il y a des différences dans la prononciation, l’orthographe et le vocabulaire. C’est un peu comme le norvégien et le suédois, ou l’espagnol et le portugais : pas tout à fait la même chose, mais en parlant lentement et avec un peu de bonne volonté, les deux se comprennent sans problème. ©Anne Lafon © Arian Zwegers © Ivo Nikolay © Hector De Cuyper © Lotta Waves

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Avec le soutien de POPULATION – P1

POPULATION Les groupesethniques

L’Indonésie compte plus de 300 groupes ethniques, qui vont du plus grand ( les Javanais sont au nombre de 95 millions,

soit 40,1% de la population ) au plus petit ( les Bauzi en Papouasie ne sont que 2 000 ). Cette diversité

s’explique par la présence des mers, des montagnes et de la jungle. Ces frontières naturelles rendent

difficile ou impossible l’interaction entre les communautés. Entre deux vallées, entre

deux îles, ou parfois même entre deux villages voisins, la culture

et la langue peuvent être radicalement différentes.

Dérivé de « Batavia » (l’ancien nom de Jakarta), le mot Betawi désigne les habitants ‘autochtones’ de cette ville. Entre guillemets, car il s’agit en fait d’immigrants de toute provenance qui se sont établis à Batavia au 18ème siècle : des Balinais, Malaisiens et Sundanais, mais aussi des marchands hollandais, portugais, chinois… Ce pot-pourri ethnique a engendré une nouvelle culture, de nouvelles habitudes culinaires et artistiques, et même une toute nouvelle langue (une sorte de créole basé sur le Malais, sur lequel se rajoutent des mots hokkiens, arabes et néerlandais). Ce n’est qu’en 1930 que les Betawi ont été reconnus comme groupe ethnique à part entière.

Les Minangkabau Minangkabau (à Sumatra et dans l’archipel de Riau) forment la plus grande communauté matriarcale au monde. Ici, le nom, la terre et l’héritage sont transmis de mère en fille. La raison en est que les hommes, pour la plupart, sont des commerçants qui parcourent l’Indonésie et le monde en quête de marchandises et de richesse. Surtout dans le passé, ces voyages pouvaient être particulièrement dangereux, et beaucoup d’hommes ne revenaient pas vivants. Quoi de plus logique, donc, que les terres soient confiées aux femmes qui s’en occupaient !

Langue

La langue officielle en

Indonésie est le « bahasa Indonesia », qui appartient au

groupe linguistique des langues austronésiennes. Il ressemble très fort

à la langue malaise, à tel point que si tu ne parles pas une de ces deux langues, tu auras le

plus grand mal à les distinguer. Néanmoins, il y a des différences dans la prononciation, l’orthographe

et le vocabulaire. C’est un peu comme le norvégien et le suédois, ou l’espagnol et le portugais : pas tout à fait

la même chose, mais en parlant lentement et avec un peu de bonne volonté, les deux se comprennent sans problème.

©Anne Lafon

© Arian Zwegers

© Ivo Nikolay

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On retrouve en Papouasie beaucoup

d’isolats  : des langues qui n’ont aucune parenté ‘génétique’

avec d’autres langues vivantes au monde. ( Pour illustration, le seul isolat

encore existant en Europe est le basque ). Il faudra encore de nombreuses années de

recherches pour tous les identifier et découvrir leur histoire. La Papouasie est un vrai paradis pour

les linguistes !

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En 1972, l’Indonésie et la Malaisie ont signé un accord pour harmoniser l’orthographe, afin de faciliter la communication entre les deux pays.

En 2009, l’Indonésie comptait encore 726 langues différentes (ce qui faisait déjà 13 langues de moins qu’en 2007). Parmi celles-ci, 63 sont en voie de disparition : les personnes qui les parlent sont désormais trop âgées pour avoir des enfants. Ils ne pourront plus les transmettre à la prochaine génération de manière naturelle et dans un contexte familial.

La Papouasie connaît la plus grande concentration de langues différentes au monde. Ces langues

n’appartiennent pas au groupe des langues austronésiennes, comme les autres

langues indonésiennes, mais forment un groupe à part. La différence

entre les langues papoues et le bahasa Indonesia est aussi

grande qu’entre l’italien et le swahili !

© Ben Baudart

© Peter Mendrofa

© Fatma Herawati

© Peter Mendrofa

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Le Borobudur

Le Borobudur, sur l’île

de Java, est un sanctuaire bouddhiste construit en pierre

volcanique. Cette magnifique pyramide, composée de sept terrasses,

est décorée de motifs symboliques les plus divers. Certains de ces symboles ont

déjà pu être décryptés, mais la plupart nage encore dans le mystère. En vue aérienne, le temple

ressemble à un mandala, une figure géométrique qui est souvent utilisée notamment pour méditer.

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Comme l’Indonésie a longtemps été une colonie néerlan-daise, de nombreux mots néerlandais ont été repris dans le bahasa Indonesia. Et maintenant, un petit jeu pour tester ta connaissance des langues ! Devine ce que signifient les mots suivants :

HandukHotperdomSekolahTaplakSakelar PanekukAlpukat

A l’inverse, on trouve des mots indonésiens dans le néerlandais :

PintirAmukBraniPikarSetang

Les religionsLe gouvernement indonésien reconnaît six religions : l’islam, le

protestantisme, le catholicisme, l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme. La religion prédominante est de loin l’islam, puisque 202 millions d’habitants se considèrent musulmans ( soit 87,2% de la population ). L’Indonésie est ainsi le pays avec la plus grande population musulmane au monde. Il existe encore 245 autres religions en Indonésie, mais celles-ci ne sont pas reconnues officiellement. Les habitants sont obligés d’afficher une des six religions officielles sur leur carte d’identité, même s’ils croient en autre chose ou en rien du tout. D’ailleurs, le blasphème est interdit par la loi, et se proclamer athée est terriblement mal vu.

Les six religions ne forment pas des entités homogènes, loin de là ! Par exemple, les Santri, qui habitent surtout dans les villes, sont des musulmans très orthodoxes qui placent le Coran et la mosquée au centre de l’existence. Les Abangan, par contre, vivent dans les campagnes et mêlent à l’islam des éléments bouddhistes, hindouistes et animistes.

Les adeptes qui veulent

exécuter le rituel bouddhiste doivent parcourir les sept

terrasses dans le sens des aiguilles d’une montre. Une bonne promenade

de 5 km ! Borobudur n’est pas seulement un édifice religieux, il est également une

source précieuse d’informations historiques. Les maisons, les navires, les instruments de musique, les

danses qui sont représentés sur ses murs remontent au 9ème siècle.

Handuk ( handdoek > essuie-main ), Hotperdom ( godverdomme ), Sekolah ( school > école ), Taplak ( tafellaken > nappe ), Sakelar ( schakelaar > interrupteur ), Panekuk ( pannekoek > crêpe ), Alpukat ( advokaat > avocat ).

Pintir ( pienter > malin ), Amuk ( amok > folie ), Brani ( branie > bravoure ), Pikar ( piekeren > se creuser la tête ), Setang ( tang > teigne, méchante femme )

© www.lonelyplanet.com/indonesia

© CEphoto, Uwe Aranas

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Les Calabai ( littéralement

« fausses femmes » ) sont des personnes qui sont nées

garçons, mais qui prennent le rôle de femmes hétérosexuelles. Ils/elles

se comportent et s’habillent comme des femmes, mais d’une façon un peu

différentes des ‘vraies’ femmes makkunrai. Ils/elles ne se considèrent d’ailleurs pas comme

des femmes, et n’envisageraient jamais de se faire opérer pour en devenir une.

Les Calalai ( littéralement

« faux hommes » ) sont nées filles, mais prennent le rôle

d’hommes hétérosexuels. Elles/ils se comportent et s’habillent comme

des hommes, et exercent des métiers typiquement masculins, comme l’armurerie.

La plupart d’entre elles/eux vivent en couple avec une femme et adoptent des enfants. Pas plus

que chez les calabai, l’idée ne leur viendrait pas de subir une chirurgie transgenre.

© Feije Riemersma

© Marine Wilmet

© Alessandro Chiesa

© Bruno Kvot

Les makkunrai et les oroané sont les

femmes et les hommes dont l’identité sexuelle

correspond au sexe biologique.

Le bissu est un chamane qui transcende les quatre

genres mentionnés ci-dessus   : il combine toutes les

qualités des makkunrai, des oroané, des calabai et des calalai. Si ces quatre

genres forment les coins d’une pyramide, le bissu serait le sommet. Il/elle ne doit pas

spécialement être hermaphrodite ( c’est-à-dire, posséder les organes reproducteurs des

deux sexes ). Le bissu a beaucoup de pouvoir et de prestige, et il joue un rôle crucial dans le mythe de la

création des Bugis.

Le bissu

En Occident, on reconnaît généralement deux sexes

(l’homme et la femme) et deux genres (masculin et féminin).

Les Bugis de Sulawesi du Sud ont une vision bien plus complexe sur le sujet : ils

reconnaissent trois sexes (l’homme, la femme et le bissu) et quatre genres (makkunrai, oroané, calabai et calalai).

Le genre chez les

Bugis

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Les Shudra forment de loin la plus grande caste dans la société balinaise (environ 90% de la population). Bien qu’elle rassemble plusieurs millions de personnes, les noms que portent ses membres sont extraordinairement limités.

Que ce soit un garçon ou une fille, le premier-né s’appelle toujours Wayan (« l’aîné(e) »), Putu ou Gede. Ni Luh est également acceptable, mais uniquement pour les filles. Le second enfant s’appelle toujours Made (“celui/celle du milieu”) ou, pour les parents un peu plus audacieux, Kadek (« petit frère/petite sœur ») ou Nengah. Le troisième s’appelle traditionnellement Nyoman (« le reste ») ou Komang. Le quatrième s’appelle Ketut (« la plus petite banane du régime »). Tout le monde l’adore, car elle est la plus sucrée ! Et s’il y en a cinq, me direz-vous… Eh bien, il ou elle s’appellera tout simplement Wayan Balik (« Wayan à nouveau »). Pourquoi se compliquer la vie ? (pour les filles), par exemple I Wayan et Ni Kadek. Les Balinais n’ont pas de noms de famille, ce qui, évidemment, ne simplifie pas les choses.

Ces dernières années, on a vu des Balinais ajouter de nouveaux appendices à leurs

noms, comme le nom d’un ancêtre connu ou d’une célébrité quelconque, ce

qui donne, par exemple, I Wayan Michael ou Ni Ketut Angelina.

Après la mort, les Balinais peuvent recevoir un

nouveau nom.

Pour distinguer les sexes, on ajoute souvent les pré-

fixes “I” (pour les garçons) ou “Ni” (pour les filles), par exemple I

Wayan et Ni Kadek.

Les nomsà Bali

© Feije Riemersma

© Alessandro Chiesa

© Gerard Vanaubel

© Fatm

a Herawati