PONTOnews - lyc-sections-internationales … · Alors que notre lycée s'appelle le lycée des...

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1 PONTOnews Le journal des Pontonniens NUMERO23−Mars08 Le Japon... Dossier spécial Japon Le début de l’ère Obama Une inquiétante décision papale L’abolition de la cruchitude L’abolition de la cruchitude L’abolition de la cruchitude L’abolition de la cruchitude La littérature jetée en pâture Vêtements écologiques Indianapolis Noble de Versailles LE CINÉMA U.S. EN RENAISSANCE Hamlet-cabaret Hamlet-cabaret Hamlet-cabaret Hamlet-cabaret

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PONTOnewsLe journal des Pontonniens

NUMERO 23 − Mars 08

Le Japon...

Dossier spécial Japon Le début de l’ère Obama

Une inquiétante décision papale L’abolition de la cruchitudeL’abolition de la cruchitudeL’abolition de la cruchitudeL’abolition de la cruchitudeLa littérature jetée en pâture Vêtements écologiques

Indianapolis Noble de Versailles

LE CINÉMA U.S. EN RENAISSANCE Hamlet-cabaret Hamlet-cabaret Hamlet-cabaret Hamlet-cabaret

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OpinionUNE INQUIETANTE DECISION

PAPALE p.19

L’abolition de la cruchitude P.20

La littérature

jetée en pâture

P.21

Edito p.3Edito p.3Edito p.3Edito p.3 n*23Hommage à Sandrine p.4

Dossier Spécial Dossier Spécial Dossier Spécial Dossier Spécial JaponJaponJaponJapon

En couvertureEn couvertureEn couvertureEn couverture P.9

Japon, tradition, clichés et modernité – random facts p.6

Leçon de sumo pour novice absolu p.8

Environnement

Vêtements écologiquesUn exemple : IDEO

P.23

Itadakimasu, ou Bon Appétit ! P.8P. 9 Les robots dépasseront-ils les

humains ?Essais d’écriture d’un haïku et d’un

tanka p.10

Cherry Blossoms - Hanami p.11

Introduction au Visual Kei p.12Hello! Project�: Idol Project p.14

Direction Japon Direction Japon Direction Japon Direction Japon p.17p.17p.17p.17

Actualite

Le début de l’ère

Obama

p.18

Culture et

Loisirs

Noble de Versailles p.26

Le cinema US en renaissance p.26

Japan Week à Strasbourg p.16

Vie du Lycee

Indianapolis

P.25

Hamlet-cabaret p.32

Et retrouvez toutes vos

créations page 34

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EDITO

Alors que nous sommes en mars 2009, Alors que notre lycée s'appelle le lycée des Pontonniers, Alors que des gens meurent à Gaza, Alors que la version revue et corrigée de la seconde guerre mondiale par Tarantino va sortir en août,Alors que la Gallia est toujours divisée en deux - self et comptoir, Alors que les maths sont toujours une matière enseignée au lycée, Alors que l'ours de Berlin sera bientôt dévoilé, Alors que les problèmes écologiques n'ont pas encore réduit la planète en bouillie, Alors qu'il y a toujours des poètes, Alors que Strasbourg est toujours une ville, Alors que la place de cinéma à l'UGC coûte 9,60€,Alors qu'Obama est président des Etats-Unis, Alors que l'on n'a pas encore découvert de Martiens sur Mars, de Saturniens sur Saturne et de Neptuniens sur Neptune, Alors que la capitale de l'Italie est toujours Rome, Alors qu'il y a toujours des saules pleureurs sur les berges des Pontonniers,Alors que la vie existe toujours et que nous continuons à vivre,Le journal Pontonews des Pontonniens décide pour son vingt-troisième numéro de consacrer un dossier au Japon.

Alors vous serez sûrement nombreux, amis lecteurs passionnés et ardents, à demander d'une seule bouche, interloquée et perplexe: Pourquoi le Japon? Mais quelle mouche tsé tsé les a donc piqués? Pourquoi le Japon? Enfin on veut bien quelque chose, mais pourquoi donc le Japon? Qu'est-ce qu'il vient faire ici le Japon nom d'un chien? On lui a rien demandé le Japon nous? Pourquoi donc le Japon? Pourquoi?Eh bien nous, on vous répond par le célèbre mais un peu usé adage: Pourquoi pas?

Il se trouve en effet que, par un mystérieux et insondable concours de circonstances inopinées, par un dédale inextricable de faits et de choses indescriptibles, nous avons, mais oui que voulez-vous, nous avons pris tout à coup la décision, certes un peu contestable, mais nous avons pris la décision quand même, de nous attaquer au Japon lors du dossier de notre prochain journal, c'est-à-dire celui que vous tenez entre vos mains.Mais oui que voulez-vous! Les S.S.H.C. (Sumos Sushis Haïkus et Compagnie) nous attiraient d'une façon incoercible et incompréhensible. Mais oui que voulez-vous!

Enfin pour ajouter un peu plus de poigne à notre justification, nous allons simplement vous déclarer que tel Oedipe, dont le destin était de coucher avec sa mère et de tuer son père, le destin du Pontonews était de consacrer, un jour ou un autre, une année ou une autre, un siècle ou un autre, un dossier au Japon. Mais oui que voulez-vous! Il faut pas toujours chercher la petite puce dans l'oreille: vous avez votre journal, vous avez votre dossier sur le Japon, et puis voilà, vous avez pas à vous poser trente-six questions, nom d'un sumo au sushi saumon!

Bonne lecture !

Matthias Turcaud, 1L2

Dans le cadre de ce numero special Japon, decouvrez au fil Dans le cadre de ce numero special Japon, decouvrez au fil Dans le cadre de ce numero special Japon, decouvrez au fil Dans le cadre de ce numero special Japon, decouvrez au fil des pages les haikus dedes pages les haikus dedes pages les haikus dedes pages les haikus de Matthias Turcaud. Matthias Turcaud. Matthias Turcaud. Matthias Turcaud.

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HOMMAGE A SANDRINE

A ma sœur

Sandrine, où que tu sois, entends ces paroles,J’ai mis un peu de mon âme dans ce texte,Sandrine, entends ces vers qui résonnent et qui s’envolent,Car je veux réunir ceux qu’il me reste.

Je veux te dire très humblement que je ne t’oublierai pas,Nos treize années d’amitié resteront gravées en moi,Je sais, nous savons tous, que tu nous regardes de là-bas,Et pour te garder dans mon cœur, je veux garder la foi.

Je veux aussi dédier ce poème à ta famille,Ils peuvent être fiers de ce que tu étais,Un si beau sourire, une si belle fille,Que les anges, de leur drap nacré, ont emportés.

Vuelve hermana, I’ll be missing you,Car tu regorgeais de joie de vivre,Depuis que tu es partie tout est flou,Et j’avoue que j’ai parfois du mal à suivre.

Je te devais ce poème, je te l’avais promis,Je veux qu’il soit un symbole de nos plus beaux moments,Pendant tant d’années tu as été ma meilleure amie,Mais pour l’éternité tu brilleras au firmament…

David Moncada, TES1

Sandrine J’aime croire que tu es mieux où tu es car c’est ce que tu mérites. Je sais en tout cas que tu manques ici.Tu es dans nos coeurs et tu as marqué tous nos coeurs par ton passage, par ton sourire, ta présence et ta personnalité ensoleillée.Tous nos souvenirs ensembles sont maintenant plus précieux que jamais...Merci de nous avoir fait tant rire, d’avoir été là quand il le faut ou là tout simplement.

Lisa Megan O’Boyle

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Dossier spécial Japon

En couverture

L e m o n t F u j i (c.f p. 6 )

Crédit : archaemic, Mount Fuji through the trees. In : Ressources & Stock Images. Deviantart, 2007. Accessible par : http://archaemic.deviantart.com/

S u s h i M a k i (c.f p. 8 )

Crédit : aloalosabine, Saba sushi roll. Flickr, 2007. Accessible par : http://www.flickr.com/photos/aloalosabine/

L e s G e i s h a s (c.f p. 6 )

Crédit : mboogiedown, K I K U T S U R U: Erikae. In : Flickr, 2007. Accessible par : http://www.flickr.com/photos/mboogiedown/

L e s S a k u r a s Sakura est le nom donné aux cerisiers japonais ornementaux. Symboles très célèbres du Japon, ils ont toujours été associés

à la beauté éphémère et étroitement liés aux combattants (samouraïs, bushis, aviateurs de la Seconde Guerre Mondiale et encore aujourd’hui aux policiers et militaires). Ils sont une source d’inspiration profonde en art et sont représentés aussi bien en chanson, que sur les kimonos ou dans l’art culinaire. La floraison des fleurs de sakura est très suivie par toute la population, ainsi, chacun pourra se rendre dans les parcs et les jardins pour admirer les fleurs.

S h i n j u k u d e n u i t , T o k y o Shinjuku est l’un des 23 arrondissements spéciaux de Tokyo. Il est l’un de ceux comptant le plus de

ressortissants étrangers, principalement de Corée, de Chine de France, du Myanmar et des Philippines. C’est l’un des quartiers les plus animés de Tokyo (les plus grands magasins japonais s’y trouvent, ainsi que de nombreux lieux de loisirs) mais aussi un important centre d’affaires. Il est souvent pris en photo de nuit pour montrer l’explosion de lumières due aux énormes panneaux publicitaires et aux enseignes.

L e s P o c k y Bâtonnets gourmands de la marque Glico, ils sont les originaux de nos Mikados. L’original au glaçage chocolat naît en 1965 !

Et déjà à l’époque il connaît un succès immédiat auprès des jeunes. Après l’apparition des Pocky au glaçage à l’amande et ceux à la fraise, un véritable phénomène de collection va se développer. Outre les versions permanentes comme le chocolat et la fraise, de nouvelles recettes apparaissent régulièrement – et pour la plupart ne sont pas rééditées. Ainsi, on aura pu goûter des Pocky sensation mousse, avec des morceaux, avec des marbrures, des géants et en acheter pour chaque occasion de l’année, que ce soit l’hiver ou la Saint Valentin ou en ramener de certaines régions du Japon uniquement. De nos jours, ils sont toujours aussi célèbres et adorés de part le monde par les mangamaniaques. Glico

a même gradé le 11 novembre comme… Pocky’s day !

Crédit : Pocky Gallery. [En ligne]. PockyShrine, 2009. Accessible par : http://www.intothesea.com/PockyShrine/

K u s u m i K o h a r u Kusumi Koharu est une

jeune idol japonaise de 16 ans, chantant principalement avec les Morning Musume et en tant que soliste pour l’anime Kirarin Revolution, dans lequel elle double le personnage principal. (c.f p. )

Crédit : Kusumi Koharu, Up-Front International, Hello! Project.

I r i s d u J a p o n

Crédit : Marie Eve K.A., Iris Japonica « Shaga ». In : Flickr, 2007 Accessible par : http://www.flickr.com/photos/7509810@N05/

Stahl Fanny, TL2Illustration : Maneki neko, Schmitt Maïté, TL2

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E m p l o i

Il existe sous trois formes :

• L’emploi « à vie », c'est-à-dire permanent, est vu comme idéal, puisqu’alors l’on est employé post-université jusqu’à la retraite avec des promotions successives au cours des ans. Ces augmentations de salaire et les promotions dépendent fortement des diplômes, du sexe, du type de travail de l’employé et son temps passé dans la société. A moins de violer de violer les règles de la société, les employés permanents sont les derniers à être licenciés. Cependant, ils doivent accepter de se faire transférer vers d’autres services ou filiales et de faire des heures supplémentaires pendant les temps de prospérité.

• L’emploi temporaire est à durée déterminée, et à la fin du contrat (qui peut cependant être prolongé), l’employé doit quitter l’entreprise.

• L’emploi à temps partiel se fait surtout pour les étudiants. Ces employés sont alors généralement loués par des agences de recrutement. Les employés permanents ayant atteint l’âge de retraite peuvent parfois rester, ils acquièrent alors un statut équivalent à celui d’un employé temporaire.

F u j i - s a n

Le Mont Fuji est la montagne la plus haute du Japon est se situe près de capitale Tokyo. Il est un symbole national, et le fait de le gravir est ce qui donne à un Japonais « le droit de se considérer comme un véritable Japonais ».

Le « san » de Fuji-san vient en fait de la lecture chinoise (shān) de l’idéogramme pour montagne ( ). En même temps, l’ajout « -san » veut aussi dire en Japonais « monsieur ». On dira ainsi que M. Fuji est timide lorsqu’il est voilé de nuages (c’est-à-dire la

plupart du temps).

G e i s h a

Tout le monde sait à peu près à quoi ressemble une geisha : parée d’un magnifique kimono et portant un maquillage ainsi qu’une coiffure élaborés, elle se déplace gracieusement aux côtés de ses clients richissimes. De ce fait, on associe souvent les geishas à des « prostituées de luxes », or le nom « geisha veut dire « personne exerçant les arts ». Les geishas divertissent leurs clients donc par leur conversation, en jouant du shamisen, en dansant, en chantant ou encore en récitant de la poésie, mais en cas elles auraient des relations intimes avec un client.

Cette confusion vient de l’existence des Oiran, des courtisanes de luxe portant, comme les geishas, des kimonos. On peut les distinguer grâce à leur obi (nœud du kimono) : les Oiran le portent à l’avant, alors que les geishas le portent à l’arrière. Pour devenir geisha, rien de plus difficile, le film Mémoires d’une Geisha de Rob Marshall, retrace la vie de l’une d’elle pendant tout son apprentissage et, enfin, à son apogée en tant que geisha.

M a r i a g e

Encore aujourd’hui, beaucoup de mariages arrangés ont lieu, où l’homme, la femme et les familles respectives sont présentés par un intermédiaire, appelé Nakôdo. Le mariage traditionnel japonais est ainsi plutôt la création d’un lien entre deux maisons qu’entre deux individus. Mais la situation évolue ! Le pouvoir de décision de la famille et des parents régresse et les jeunes femmes restent de plus en plus longtemps célibataires.

O r i g a m i

L’origami, d’« ori », plier, et de « kami », papier, est le nom japonais donné à l’art du pliage de papier. Le but est alors, en faisant des plis selon des motifs géométriques (et en ne découpant, ni collant de préférence), d’obtenir la représentation de divers objets.

Dossier spécial Japon

Japon, tradition, clichés et modernité – random facts

Le teint affaibli d'HamletS'etiole

Dans les nuees.

Cult

ure

7

Dossier spécial Japon

Cult

ure

Le modèle d’origami certainement le plus connu est celui de la grue, symbole de longévité. Mais il est aussi un emblème de paix en raison de la fameuse légende disant que quiconque pliant mille grues verra son vœu exaucé et l’histoire de Sadako Sasaki, jeune fille japonaise ayant été exposée au rayonnement radioactif du bombardement d’Hiroshima de 1945.

Ayant entendu de cette légende, elle décida de plier ces 1000 grues pour guérir. Elle mourut toutefois de leucémie à l’âge de douze ans en 1955, après avoir plié un total de 644

grues. Ses camarades de classe plièrent les 356 restantes et Sadako fut enterrée avec la guirlande complète de mille grues. Aussi une statue en granit représentant la petite fille tenant une grue en papier géante dans ses bras fut

érigée dans le parc de paix d’Hiroshima. Chaque année, des enfants du monde entier plient des grues qui sont alors déposés autour de la statue. Il est ainsi entré dans la tradition de plier mille grues lorsqu’un proche ou un ami est gravement

malade. L’acte, au-delà de la superstition, procure du courage et du soutien au malade.

R é c i t d u G e n j i

Le récit du Genji, datant du XIè siècle et attribué à Muraski Shikibu est le classique le plus connu de la littérature japonaise. Il est très long (il est composé de 54 livres) et narre les drames

domestiques, les intrigues et les romances de la cour… Ce récit est considéré comme le premier roman moderne et psychologique.

S t r e e t f a s h i o n à l a j a p o n a i s e

Harajuku, un dimanche. Fini les uniformes stricts d’écoles, la jeunesse tokyoïte peut enfin laisser libre cours à son imagination. C’est vêtu des costumes plus extravagants les uns que les autres qu’ils se retrouvent pour profiter du weekend.Le cosplay est le terme utilisé pour ceux qui revêtent les costumes de leurs personnages de manga préféré. Les filles comme les garçons investissent énormément d’argent pour que leur costume soit le plus ressemblant possible. Aussi le cosplay de groupes de musique lors de concerts de ces derniers est très répandu.Un autre phénomène sont les lolitas. Elles se déclinent en toutes les catégories possibles et imaginables : Les sweet lolitas, les gothic lolita, les industrial lolita ou encore les horror lolita.Sans oublier les fruits et les décora.Elles portent des robes allant jusqu’aux genoux, avec plus ou moins de dentelle, de rubans et de motifs selon le type de lolita. L’ombrelle, le headdress ou encore la petite peluche sont des accessoires privilégiées des lolitas. Les gothic lolitas, comme on peut s’en douter, priviligient des couleurs sombres, et des robes très inspirées victoriennes, généralement sans motifs. Les sweet préfèrent le rose et les motifs enfantins, les horror lolitas sont couvertes de (faux) sang, et les fruits superposent tous leurs vêtements ce qui donne une explosion de couleur et de formes.

Beryl Noë, TS2 et Nyala Noë, TS5

Sources :click japan. Geisha et maiko. In : click japan [en ligne]. Editeur inconnu, date de publication inconnue, [ consulté le 21 février 2009]. Disponible sur : http://

www.clickjapan.org/Coutumes_et_fetes_japonaises/geisha.htmclick japan. Mode de rue. In : click japan [en ligne]. Editeur inconnu, date de publication inconnu, [ consulté le 21 février 2009]. Disponible sur : http://

www.clickjapan.org/Coutumes_et_fetes_japonaises/mode_quotidien.htm#Mode de rue.Taylor, Chris, Strauss, robert et Wheeler, Tony. Japan. Lonely Planet, 1994. 798 p.

Traduit de l’Anglais par Florence Perifan. Japon : profil d’une nation. Kodansha internationale, 1995. 352 p.Wikipedia [en ligne]. The Tale of Genji, 2002 [modifié le 12 février 2009]. Disponible à l’adresse : http://

en.wikipedia.org/wiki/The_Tale_of_GenjiWikipedia [en ligne]. Origami, 2002 [modifié le 21 février 2009]. Disponible à l’adresse : http://

en.wikipedia.org/wiki/Origami

Sources photos :Sweet lolita, In : Avant Gauche [en ligne], image disponible sur :

http://www.avantgauche.co.uk/gr6/6.html

Avant que l'amourSe tait,

Je respire la fleur de mon coeur.

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Dossier spécial Japon

Leçon de sumo pour novice absoluQui na jamais entendu parler de ce noble sport qu'est le sumo ? Petit rappel pour les hésitants : De ventripotents sumotoris presque nus luttant sur un tatami, ça vous rafraichi la mémoire ? Bon. Maintenant que nous avons introduit la chose, nous pouvons entrer dans le vif du sujet.

Grâce à ce numéro du PONtOnews spécial Japon, vous allez apprendre les secrets pour mener à bien un combat de sumo (je suis certaine que vous en avez toujours rêvé). Voici donc la leçon de sumo pour novice absolu.

Tout d'abord, sachez que le respect prend une place importante dans la mentalité japonaise. On la retrouve d'ailleurs dans ce sport national, sous forme de saluts adressés à l'adversaire, ainsi qu'à l'arbitre, avant et après la performance. Si ce code de politesse n'est pas rigoureusement respecté, vous pouvez être disqualifié.

Ensuite, sachez que si vous faites partie de la catégorie "poids plume", vous risquez d'avoir un peu du mal à tenir tête à un monstre ne pesant pas moins de 200 kg. Le but du jeu étant, après un violent corps à corps, de sortir l'adversaire du terrain ou de le mettre à terre.

Enfin, ne vous désespérez pas si vous ne devenez pas un grand sumotori du jour au lendemain, à moins que vous ne désiriez à tout pris séduire quelque jeune japonaise friande de tels athlètes…

Vous voici à présent incollable sur la question, ce petit complément culturel est à garder dans un coin de votre mémoire pour briller en société et impressionner vos amis.

Eline Roane de Mathuiseulx, 2nde 2

Le papier exhaleles soupirs

de mon esprit aerien.

Cult

ure

Itadakimasu, ou Bon Appétit !Une question vous préoccupe, vous tracasse. Mais de quoi sont donc faits les bourrelets, pardon, les muscles de vos

sumos préférés ? Vous trouverez dans cet article toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur le mets

préféré des nippons !

C’est noir, c’est blanc, vert, orange et rose également, non ce ne sont pas des dragées anglaises mais bien comme vous l’imaginiez, des sushis. Ce mets succulent représente le Japon...et pour cause ! Il y serait apparu aux alentours du Vème siècle avant J-C, en même temps que la riziculture. Le sushi est, contrairement à ce que l'on pense, fabriqué à base de riz et non uniquement de poisson (dans ce cas là, il s’agit de sashimis).

Il existe différentes variétés de sushis, mais nous traiterons ici le makizushi, le plus courant, composé d'une feuille d'algue séchée, d'une couche de riz, sont ajoutés par- dessus, du poisson et des légumes. Le tout est assaisonné d'une sauce soja, de wasabi et ne s’accompagne non pas par un bon vin ou de l'eau, mais par un thé vert, du saké ou de la bière. Le sushi est une spécialité locale, mais combien de Japonais en consomment régulièrement ? A vrai dire, ils sont une minorité, et c’est sa cherté qui en est la cause. Eh oui, même au pays des mangas, il reste un plat luxueux. La plupart des sushis que nous mangeons en Europe sont préparés par des chinois qui, le plus souvent, n'ont pas été formés en tant que « maître sushi ». Mais les ‘vrais’ sushis coûtent, eux, une petite fortune : entre 5 et 15 € la paire, sachant qu’ils font un maximum de 4 cm de diamètre. On déguste ce plat dans un restaurant à sushis (un sushiya) ou dans un bar à sushi, voire dans un kaitenzushi où les assiettes (classées par prix), défilent sur un tapis roulant, sous vos pupilles dilatées par la faim.

Vous saurez que si, par chance, en vous égarant, vous débarquez au Japon, les sushis sont à ne pas manquer. Mais à moins que vous ne vous soyez égaré avec votre carte bleue, vous n’en mangerez pas beaucoup !

Félix Staedelin-Hoyo, 2nde2, Ariane Kupferman-Sutthavong, 2nde4

Sources : Wikipédia [En ligne]. Wikipédia, 30/01/09 à 05:34 [21/02/09]. Disponible à l’adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sushi

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Dossier spécial JaponLes robots dépasseront-ils les humains ?

L'utilité

des

robots

« QRIO vient de réussir maintenant ce trou en 3 coups seulement ! Deux de moins que notre champion en titre ! » C'est ce que vous risquez d'entendre à la radio dans quelques années si QRIO, un humanoïde golfeur créé par Sony en décembre 2004, est accepté pas la fédération pour le grand Tournoi de Maître (rassurez-vous, le tenant du titre est loin de se faire détrôner par un robot). Vous préférez la musique ? Un robot batteur a été présenté à l'expo 2005 Aichi à Nagakute. Ou bien nous avons aussi en stock un robot qui vous donne la réplique. Il y en a pour tous les goûts ! Plus sérieusement : ces robots n'ont pas tous été créés dans le seul but de divertir les gens ou d'amuser les gros geeks. En effet, on retrouve parmi ces machines des spécimens plutôt aimables, comme Nursebot dont le hobby préféré est d'aider les personnes âgées ou Enon qui les escorte, porte leurs courses, les guide... Les robots pourraient, en effet, bientôt représenter une grosse part des services.

Avantages/inconvénients

Du point de vue intellectuel, je ne vais rien vous cacher, un cerveau artificiel peut être 3 fois plus rapide que le vôtre (Vous vous croyiez doté d'un super Q.I. ? Dommage !). En effet, le cerveau de "Blue Gene" (3ème ordinateur le plus rapide au monde) fonctionne à 300 x 106 millions d'opérations/seconde, tandis qu'un cerveau artisanal ne fonctionne qu'à 100 x 106 millions d'opérations/seconde. De plus, notre cerveau a une mémoire d'1 million de Gigaoctets (vous pouvez ainsi en toute aisance apprendre vos cours sans aucune difficulté) tandis que Blue Gene, lui, peut se connecter à d'autres ordinateurs pour connaître directement tout le contenu de leur disque(s) dur(s) (vous, vous avez une

mémoire tellement développée qu'il vous faudrait des lustres pour tout transmettre !). Maintenant que Blue Gene est votre machine à penser préférée, je peux même vous dire qu'en 1997, il a écrasé Kasparov aux échecs ! Par contre, votre cerveau est beaucoup plus pratique que Blue Gene : il pèse 1,5 kilos contre une tonne et demie pour l'engin. Et puis sa taille est de 100m², un peu plus que notre cerveau de 1400cm3 (on vous a déjà appelé "p'tite tête" ?), sa température de 100°C (pas besoin d'essayer de le déconcentrer, vous risqueriez de vous brûler) et sa durée de vie de moins de 10 ans. Blue Gene se verra augmenté et dépassera la barre d'un million de milliards d'opérations par seconde !! Selon les dires, il pourrait ainsi simuler des interactions de molécules des médicaments avec nos cellules, prévoir des tempêtes et des cataclysmes sismiques ! S'il était aussi gentil qu'on le dit, il ne pourrait pas améliorer les calculs des bombes nucléaires... dommage ! Mais on ne peut pas lui en vouloir. Blue Gene a beau être un superordinateur, il ne réagit ni à la kryptonite, ni à la magie (Vous avez tous lu Superman ! Non ? Il est encore temps !) et encore moins au belles filles... Blue Gene est en réalité aussi stupide que le PC qui ronronne sur votre bureau (oui, celui que vous avez la flemme d'éteindre, que vous laissez donc en veille, et qui gaspille la moitié de l'électricité qu'il utilise allumé). D'ailleurs, Blue Gene tombera-t-il un jour sous le charme d'un de ses homologues, tout comme WALL-E, le robot préféré de notre tout premier président américain noir et de sa fille Malia ?

Les robots auront-ils une conscience ?

La conscience est le sentiment que nous avons de notre identité et de notre activité mentale.Tout d'abord, répondez à cette question : l'esprit est-il matériel ? C'est-à-dire est-il un produit de la matière des atomes, des molécules ?

Si oui, alors il faudrait trouver un algorithme, selon Marvin Minsky (spécialiste de l'Intelligence Artificielle à Boston), et « le tour serait joué ». Ou bien vous pouvez aussi penser que la route sera longue, mais que l'on trouvera sûrement un moyen ; ou bien que la conscience des robots sera comme celle des chats, des chiens ou de votre petit frère, c'est-à-dire qu'elle existera sans que vous ne la compreniez. Mais certains pensent que la conscience et la pensée sont des phénomènes beaucoup trop complexes pour être reproduits en labo. Si vous ne pensez pas que la conscience est matière, alors vous pourrez penser, comme Descartes, qu' « il y a très peu de chances qu'une machine parvienne jamais à imiter ou à dépasser cette chose mystérieuse qui traduit la coexistence de deux mondes : matériel et immatériel » ou bien, comme certains philosophes, que la conscience est l'élément fondamental de l'Univers, au même titre que l'espace ou le temps. Ainsi, rien n'interdirait à un robot de penser !

Conclusion

Les robots sont très utiles pour toutes sortes de services, et beaucoup plus avancés que les hommes, bien que moins pratiques et plus difficiles à réaliser (dites-moi si je me trompe). Il y a très peu de chances qu'un robot ait un jour une conscience, mais si c'était le cas, ce serait sûrement la fin de l'humanité... trop de progrès tuerait-il le progrès ?

Félix Staedelin-Hoyo, 2nde2 Sources : Lanoy, Patrick. Aquoi pensent les robots ?. Eureka, Janvier 2006, n°2,

P.32-38.

Les spaetzles dans la casserole

Me font pensera quelque chose d'imprecis

Sciences

Le Japon est réputé être la terre des nouvelles technologies et entre autres des

robots. J'en profite donc pour peser le pour et le contre de ces engins.

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Dossier spécial Japon

Essais d’écriture d’un haïku et d’un tanka

Ouverture des livresSur la courDe l'Esprit.

Litterature

V e r s i o n k a n j i :

Sakura sakuHi hana no ame waKi no namida.

V e r s i o n r o m a j i :

Les fleurs de cerisier fleurissentPluie de fleurs rougesC’est les pleurs de l’arbre.

T r a d u c t i o n :

H

A

I

K

U

V e r s i o n k a n j i :

Sakujitsu waYume wo mitateitaYoi yume de

Sho tori wa utauFujisan warau.

V e r s i o n r o m a j i :

HierJe rêvaisC’est un beau rêve

Beaucoup d’oiseaux chantentLe Mont Fuji rit.

T r a d u c t i o n :

T

A

N

K

A

Beryl Noë, TS2

Marie Selbach, 2nde2

11

Dossier spécial Japon

L'encre de la creationTe dis "Je t'aime"je ne sais ou.

Cherry Blossoms – Hanami

Sorti l’été dernier, ce film allemand retrace l’histoire d’un veuf, dont la femme était

fascinée par le Japon.

Trudi et Rudi forment un couple heureux dans un village du Sud de l’Allemagne, qui n’a pourtant pas réalisé tous ses désirs. Leurs trois enfants restent assez distants et semblent même assez débordés, lorsqu’ils leur rendent visite. Trudi se passionne également pour la culture japonaise depuis bien longtemps, sans avoir jamais eue l’occasion de s’y rendre. Elle essaie donc de vivre cette culture depuis l’Allemagne, notamment en regardant la danse traditionnelle du Bhuto. À sa mort, c’est son mari Rudi qui ira au Japon, en découvrant ce qui fascinait sa femme, tout comme en découvrant une autre réalité sur place… Le voyage initiatique permettra alors à Rudi d’accomplir son deuil.

Après une excellente première partie, non dénuée d’humour, se situant en Allemagne, on entre au cœur du sujet – la découverte du Japon – uniquement au bout de trois quarts d’heure. Le parti pris de ne pas montrer une carte postale, mais bel et bien l’image

d’une société au quotidien, apporte une dimension inattendue au film, celle de l’étude de mœurs, qui apporte un second souffle à l’histoire, dans l’ensemble très simple. En effet, l’idée de contrastes entre le rêve japonais de Trudi et la réalité vue ou vécue par Rudi prend toute sa dimension, avec l’image des sans abris tokyoïtes ou encore les panoramas de la ville, tout en gardant une légèreté poétique. La mise en scène s’inscrit correctement dans cette balance, tout comme l’interprétation de l’acteur principal, Elmar Wepper.Cependant, le film perd peu à peu ses atouts, en raison de sa longueur et de son scénario peu complexe. On en ressort alors tiraillé entre la beauté des images et l’ennui s’étant installé dans la deuxième moitié du film. Reste la belle réflexion sur la fascination que peut exercer la culture japonaise et l’émotion transmise par les personnages.

Enzo Dauphinot, 1ES1

cin

ema

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Dossier spécial JaponIntroduction au Visual Kei

Qu’est-ce que le Visual Kei ? C’est une bonne question. Chacun le définit autrement… mais tout le monde est à peu près d’accord pour dire que c’est un mouvement artistique né au Japon fin des années 80 et qui est pour le moment très peu représenté dans le reste du monde. Pour comprendre en quoi consiste le mouvement, on pourrait d’abord analyser le concept en lui-même : « Visual Kei » (style visuel). C’est Yoshiki, batteur du groupe X-Japan, fondateur du mouvement, qui utilise ce terme pour expliquer leur slogan : « Psychedelic

Violence Crime of Visual Shock “. De toute évidence il est question de visuel dans tout ça… Voyons donc à quoi ressemble un groupe de Visual Kei.

Je vous présente X-Japan !!

Le Visual Kei est principalement caractérisé par des looks très excentriques et flamboyants, des membres qui pour la plus part du temps portent du maquillage, ont des coiffures… – disons – inhabituelles…. Souvent une grande androgynie accompagne la représentation. Ainsi, Miyavi vous dira : « Les femmes portent du maquillage, pourquoi pas les hommes alors ? ». Mana (célèbre ex-guitariste de Malice Mizer, et maintenant leader de Moi Dix Mois) vous dira exactement la même chose concernant le port de robes. D’ailleurs il est aussi difficile de le voir en pantalon que de l’entendre parler. On dit souvent qu’ils ont hérité un certain nombre de choses du punk et du glam rock. Mais il semble aussi que cette androgynie et ce côté visuel mis en avant soient tout aussi traditionnels

qu’esthétiques. Ainsi on pourrait voir le kabuki comme une racine importante du VK, le kabuki étant un théâtre japonais traditionnel mettant en avant entre autres un

maquillage très élaboré et fut un temps interdit aux femmes (ce qui impliquait donc que des hommes – les Onnagatas – jouaient des femmes).

Attention (!!) Le Visual Kei n’est pas un type de musique comme le rock, le blues, etc. le sont. Les groupes de VK ne sont

pas liés à un genre. Il n’est pas rare que la musique d’un groupe varie entre pop, punk, rock, métal et rap. Cette disjonction avec un genre précis permet ainsi aux groupes une grande liberté d’expérimentation et l’acquisition d’un style qui leur est propre.

Un Art de vivre.

Aussi, pour chaque membre du mouvement VK, l’interprétation est différente. Ainsi, Miyavi dit dans une interview : « Le Visual Kei n’est pas seulement basé sur l’apparence, mettre du maquillage, se déguiser… C’est pas seulement ça. Le Visual Kei c’est une manière de vivre pour moi. »

Mais ne pensez surtout pas que tous les groupes de Visual Kei ressemblent à X-Japan sur cette photo !! Le Visual Kei a beaucoup évolué, et l’on ne s’en plaint pas. Pour se faire remarquer maintenant, il ne suffit plus d’avoir des cheveux rouges et de porter une jupe…. (Ce qui a d’ailleurs fait un peu régresser les aspects très féminins de certains groupes Visual Kei.) Ainsi les styles varient : de très coloré et joyeux à très sombre et mystérieux….

L’Oshare Kei et l’Angura Kei restent les sous-genres du Visual Kei les plus connus.

Le principe de l’Oshare Kei est comme son nom l’indique être « oshare », c’est-à-dire « bien habillé ». Les groupes de ce style ont des habits très colorés qui font parfois penser au punk. Ils jouent souvent la carte « kawaii » (chou, mignon) et leur musique est tout à fait à l’image de leur musique : joyeuse et énergique. Parmi les groupes les plus connus figurent entre autres An Café, Alice nine, Ayabie, SuG,…Même si le statut de sous-genre de l’Angura Kei est contesté (des groupes en faisant partie parodient en effet quelque fois le Visual Kei et la J-pop…), une majorité de fans la considèrent comme tel. L’Angura Kei est tout aussi à l’image de son étymologie, « angura » étant la contraction du mot anglais « underground », il a une dimension sombre et grotesque. Il représente par ailleurs le refus d’occidentalisation du Japon. Leur look et leur univers sont ainsi très orientés vers le traditionnel : les membres sont ainsi généralement habillés dans des costumes traditionnels ou des uniformes d’avant-guerre, chaussent souvent des getas (sandales traditionnelles japonaises) ou sont pieds-nus et portent des maquillages effrayants rappelant ceux du Kabuki. Les paroles peuvent aussi avoir une portée critique envers la société actuelle. Inugami Circus Dan, MUCC ou encore Heidi. sont par exemple des groupes représentatifs du mouvement.

D’autres sous-genres du Visual Kei sont le Cosplay Kei, l'Eroguro Kei, le White Kei, le Kote Kei, le Cyber Kei, le Kurofuku Kei, le Gosu Kei, le Kurafu Kei…

Et pour élargir votre culture musicale japonaise voici quelques autres groupes de VK pas encore cités : Dir en Grey, the GazettE, LM.C, D’espairsRay, Nightmare, Phantasmagoria, UnsraW, Vidoll, 12012,…

Beryl Noë, TS2

Source image : J-Hero [en ligne]. X-Japan, 2008 [consulté le 21 février 2009]. Disponible à l’adresse : http://i67.photobucket.com/albums/h292/twohd/x%20japan/xjapan_group.jpg

J'aime les chats huantsQui percent les murs

vertigineuxDe la nuit assourdissante.

musique

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Dossier spécial JaponCritique de -THIS IZ THE JAPANESE

KABUKI ROCK- de -miyavi- -miyavi- s’est engagé dans une carrière solo en 2002. Il est devenu l’un des maîtres incontestables de la

scène musicale japonaise. Sans doute l’un des meilleurs guitaristes au monde, il

se distingue notamment par sa manière unique de jouer. Essayant toujours d’innover,

il utilise depuis un certain temps maintenant ce qui est communément appelé

« slapping » (manière de jouer de la guitare produisant des sons percussifs).

Il fait beauLa rosee du matin tombe

Sur tes larmes rafraichies.

musique

Dans -THIS IZ THE JAPANESE KABUKI ROCK-, miyavi renoue avec la tradition et son pays d’origine, le Japon.Tout d’abord le titre de l’album suggère un profond lien entre sa musique et l’histoire du Japon, le kabuki étant un théâtre traditionnel japonais (fameux notamment aussi pour son jeu d’acteur très spectaculaire, ses représentations riches en décors et maquillages, mais aussi par ses onnagatas, acteurs de sexe masculin qui se sont spécialisés dans l’interprétation des rôles féminins). Il introduit dans ses morceaux des instruments et sons purement nippons. Ainsi, on trouvera dans cet album des accords de shamisen (sorte de luth), des battements de wataiko (tambour japonais), des sortes de claquettes avec des geta (sandales, décrites aussi comme l’équivalent de sabots traditionnelles japonaises),… D’un autre côté, on retrouve les influences américaines du blues, du hip hop, du rap, du punk… Tout ceci il vient le mélanger au Visual Kei et aux éléments traditionnels. De la même manière, il unit dans cet album l’ancien et le traditionnel à la modernité et à la fraicheur de ses innovations.

-THIS IZ THE JAPANESE KABUKI ROCK- se distingue ainsi surtout par l’introduction en force du hiphop. Ce qui a été pour moi un choc à vrai dire… Si cette nouvelle influence ne me plaît pas vraiment, je n’en aime pas moins miyavi ! J’ai du certes m’habituer au hiphop, mais une fois habituée, l’album est magnifique ! Je trouve « Hi no hikari sae todoakanai kono basho de » (La lumière n’atteint même pas cet endroit), « Tsurezure naru hibi naredo » (Ce quotidien qui devient tellement monotone) et Sakihokoru Hana no You Ni -Neo Visualizm- (Comme une fleur qui éclot -Neo Visualizm-) particulièrement réussies et de tout manière ses paroles sont tout à fait extraordinaires comme d’habitude !

Beryl Noë, TS2

Info�!Info�!Info�!Info�! La Fnac et Virgin Megastore ont tous les deux

une catégorie pour la musique japonaise ! Pour le premier celui-ci s’intitule « Visual Key » (s’ils n’ont pas encore corrigé la faute d’orthographe) et se trouve juste

après le métal (c’est-à-dire dans le coin tout en bas à droite, on peut donc tout aussi bien dire que cette

catégorie est invisible). On y trouve donc tout ce qui est du rock japonais même non visu. Chez Virgin, la catégorie est appelée plus justement « Japon/Visual Kei » et est rangée

à la fin du Rock alternatif.

Puis-je faire remarquer que l’instauration de ces catégories (d’une part récente) est un miracle ?

Beryl Noë , TS2

Miyavi, Marie Selbach, 2nde2

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Dossier spécial Japon

Hello! Project�: Idol ProjectHello! Project�: Idol ProjectHello! Project�: Idol ProjectHello! Project�: Idol Project

Dans le cadre de ce dossier spécial Japon, voici la présentation d’un concept musical de grande envergure qui

ne manquera pas de soulever quelques réactions : le Hello! Project, « groupe » musical d’une cinquantaine

de jeunes filles, spécialisé dans la J-pop. Explications.

Je me balade inconscient Dans les fenetres de la

vie.Que sera de demain ?

musique

Le Hello! Project dépend de la compagnie de média Up-Front Group: ses artistes sont représentés par l'agence Up-Front Agency et sont édités par la maison de disque Up-Front Works et ses labels: Zetima, Piccolo Town, Hachama... Il est créé

par Tsunku - leader du groupe de

J-Rock SharanQ – en 1997 (même si le nom de « Hello! Project » ne sera utilisé à des fins médiatiques et

commerciales qu’à partir de 2002), qui prend toutes les décisions artistiques, comme la graduation d’un membre ou la création d’un nouveau groupe, et écrit la quasi-totalité des chansons. Les styles varient en fonction des groupes, voir des chansons, mais restent majoritairement de la J-pop. Les chanteuses elles-mêmes sont choisies suite à des auditions nationales ou internationales (la Chine et maintenant la Corée). Un système de graduation est mis en place pour que les artistes puissent évoluer au sein du Hello! Project ou bien le quitter. En général décidée à l’avance (comme la graduation de la moitié du H!P prévue le 31 mars et annoncée depuis décembre 2008), elle se déroule lors d’un concert où une cérémonie d’adieux est organisée. D’autres chanteuses viennent à quitter le groupe suite à une décision personnelle ou un scandale.

Naissance du Hello! Project

Tsunku en collaboration avec Ayasan, une émission de télévision

japonaise, auditionne un millier de jeunes filles pour trouver la future chanteuse de son groupe. À l’issue de ces auditions, cinq des perdantes

(âgées de 12 à 19 ans) ont retenu son attention. Tsunku leur propose

alors une chose : si en cinq dates de promotion elles arrivent à ventre 50 000 exemplaire d’un single qu’il écrira pour elles – Ai no Tane, considéré comme le single n°0 -, il s’engagera alors à les produire. Pari tenu, et relevé par celles qui prendront le nom de Morning Musume (« les filles du matin »). De nouvelles auditions furent lancées peu de temps après pour ajouter deux nouveaux membres au groupe. Ainsi, depuis 13 ans, sa structure change régulièrement : de nouveaux sous-groupes sont formés et des auditions sont organisées régulièrement pour remplacer les membres graduées. Par la suite, des auditions indépendantes à la formation des Morning Musume auront lieu pour créer de nouveaux groupes.

Un phénomène japonais : les idols

Ces jeunes filles ont une activité bien plus large que le chant. En plus de danser sur chaque chanson, elles posent régulièrement pour des

magasines ou pour des Photobooks, font des publicités, jouent dans des dramas, dans des films, ou encore dans des comédies musicales, participent à des compétitions sportives internes (et externes, car le H!P possède sa propre équipe de football en salle féminin), et ont d’autres activités de médiatisation. Si elles participent ainsi à tant de choses, c’est parce qu’elles sont des idols. Généralement âgée entre 15 ans et une vingtaine d’année, l’idol se doit de garder une image innocente pour son public et les médias. Tout acte répréhensible, même bénin, conduit généralement à une exclusion. Ainsi, elles ne doivent pas par exemple s’afficher avec des petits amis ou des hommes (sinon on parle de « boyfriend scandal ») ou participer à des actes interdits aux mineures (boire, fumer… l’âge de la majorité étant à 21 ans au Japon). Dans le cadre du Hello! Project, deux publics distincts sont visés : un public enfantin et adolescent s'identifiant à ces artistes, et un public adulte masculin adulescent ou otaku attiré par leur image innocente rassurante.

Une structure bien rodée

La structure du H!P est extrêmement flexible. Outre les groupes fixes, de nombreux sous-groupes mobiles et éphémères sont créés. À l’heure d’aujourd’hui, c’est-à-dire en ignorant la graduation d’une partie du Hello! Project, le groupe compte à peu près cinquante membres, une trentaine d’apprenties et une quarantaine de membres déjà parties. Soixante groupes approximativement ont déjà été crées et pour la plupart dissouts. Le Hello! Project est divisé en deux sections : Les Wonderful Hearts et le Elder Club. Les Wonderful Hearts comprennent les membres les plus jeunes du H!P : Le Hello! Project avec les Morning Musume, le Hello! Project Kids avec les °C-ute et les Berryz Kôbô, le H!P Kansai avec SI*NA (un groupe qui ne chante que dans le Kansai, région de Tokyo), le H!P Taïwan avec les Ice CreaMusume (l’équivalent chinois des Morning Musume) et Frances et Aiko (deux petites filles de 6 et 8 ans), Mano Erina une soliste, et des groupes à caractères spéciaux comme Buono! (trois membres du H!P Kids), les formations relatives aux chansons écrites pour le manga Kirarin Revolution : Kusumi Koharu, soliste, Milky Way (deux membres du H! Pro Egg et Kusumi Koharu), et d’autres unités temporaires, formées avec les membres des Wonderful Hearts. Le Elder Club est composé de toutes les plus âgées du H!P (principalement des solistes et quelques groupes). C’est elles que

Tsunku a décidé de graduer, officiellement pour leur permettre

d’évoluer dans leur carrière en dehors du Hello! Project. Le Hello! Pro Egg est l’école du H!P. En effet, suite à des auditions ou à des ajouts aléatoires par

Tsunku , des jeunes filles

sont intégrées à cette

2008 - Morning Musume

PB : Sayumi Mishichige

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Dossier spécial Japon

La ville est incendieePar la beaute de tes

cheveuxNoirs de jais.

musique

école. Elles y apprennent à chanter et à danser avant d’être intégrées à de vrais groupes. Elles se produisent comme choristes et danseuses lors des concerts des autres groupes, donnent occasionnellement des concerts de reprises de chansons du H!P ou chantent pour des manifestations particulières. Par trois fois, trois groupes du H!P ont même soutenu l’équipe de baseball masculine Tohoku Rakuten Golden Eagles en chantant leur hymne (composées pour ces occasions par

Tsunku ) : DEF. DIVA en 2006, G.A.M en 2007 et les °C-ute en 2008,

tous sortis en indie. À une époque, tous les ans différents groupes éphémères, appelés units puis suffle units étaient créés par l’association de membres du H!P selon des thèmes, comme les couleurs ou les éléments naturels. D’autres groupes furent créés, dont pour beaucoup le statut est aujourd’hui ambigu : en hiatus, ils ne fonctionnent plus depuis longtemps mais ne sont pas dissouts. Avec les nouvelles auditions coréennes, il va falloir s’attendre à de nouveaux groupes.

Codes visuels

Il est indéniable que le H!P travaille sur les codes visuels. Chaque chanteuse de chaque groupe est avant tout associée à une couleur (rose, orange, bleu, jaune…), la « couleur de son personnage ». Cette couleur permet aux fans de soutenir leurs membres préférés : grâce à un T-shirt orange ou à une lumière orange, un fan peut montrer qu’il soutient Nakajima Saki qui est associée à cette couleur, par exemple. D’autre part, elles ont toutes un style de coiffure particulier, qu’elles gardent pendant une certaine période et qu’elles ont dès qu’elles apparaissent en public. Avec ça, pour chaque nouveau single, album, concert, évènement, de nouveaux costumes sont créés, chaque chanteuse ayant son propre costume. Ils sont portés à la moindre occasion médiatique : show télé, concert, promotion… En général, tous les costumes sont dans la même veine thématique pour coller à la chanson. Mais ils sont tous systématiquement différents dans les détails. Ainsi, pendant les concerts une vingtaine de chanteuses peuvent porter le même type de costume, tous soigneusement différents cependant. Enfin, leurs gestes sont eux aussi basés sur un code visuel particulier. Les chansons sont chorégraphiées et lorsqu’elles sont photographiées, elles adoptent des poses particulières. Certains mots sont associés à certains gestes. « Amour / amoureux / Love … » est représenté ainsi :

Le beurre et l’argent du beurre (et la crémière)

Il ne faut pas trop se faire d’illusion en se disant que Tsunku en tant

que chanteur, produit tous ces groupes pour l’amour de la musique. Non, il faut mieux immédiatement s’avouer qu’il y a quand même une sacrée part de profit dans toute cette histoire, et que tous les moyens sont bons pour se faire des yens. Les produits en lien avec les groupes du Hello! Project sont variés, mais surtout nombreux :Les singles, tout d’abord, peuvent être édités jusqu’à 4 versions différentes. Chaque nouvelle édition a bien sûr quelque chose que les autres n’ont pas : une jacket et un livret particuliers, et un DVD différent pour chaque édition (soit des versions spéciales des clips, soit des making of). Les Albums aussi sortent en deux versions, la normale et la limitée. Les concerts génèrent eux aussi des flots de produits dérivés : outre les DVDs (eux aussi sont parfois édités en plusieurs versions, souvent une version par membre du groupe, montrant alors le concert focalisé sur

lui), il y a les T-shirts pour chaque membre avec le logo du concert, les photos (sur le principe de sets : un set correspond à un type de photo, chaque membre ayant une photo par set. Il peut y avoir une dizaine de sets différents), les petits éventails décorés d’une photo, les sacs et objets divers, un DVD dédié aux coulisses… Et bien sûr, tout au long de l’année, des photobooks sont édités régulièrement (sur les membres les plus populaires (comprenez rentables)) ou des DVDs Magazines (des DVDs montrant une petite émission sur un groupe), et bien d’autres choses. De plus, depuis plusieurs années maintenant, certains des groupes ont leurs propres émissions de télé et de radio. Ce sont de petits shows qui montrent les membres en train de relever des défis, de jouer ou d’apprendre des choses.

Un concept si original que ça ?

Le concept du Hello! Project s'inspire de celui du super-groupe d'idols Onyanko Club qui connut le succès au milieu des années 80 avec sa cinquantaine de membres et ses propres "sous-groupes", solistes, formations changeantes, "graduations", auditions, shows TV... et dont s'inspirent aussi d'autres formations, comme Tokyo Performance Doll et Osaka Performance Doll dans les années 90, ou plus récemment (2005) le AKB48, produites par Yasushi Akimoto, aujourd'hui rival du H!P. Et les garçons ne sont pas en reste ! Le Johnny's Jimusho, aussi connu sous le nom de Johnny & Associates ou Johnny's Entertainement, est une agence crée par Kitagawa Johnny en coopération avec sa sœur Mary (ils sont mi-japonais, mi-américains) au début des années 60. Cette agence produit des groupes uniquement masculins et a comme première vocation de ne produire que des chanteurs-danseurs. Cependant, plus tard, beaucoup d’entre eux deviendront idols à part entière. On peut tout simplement qualifier cette entreprise "d'usine à bishounen" (beaux garçons).Elle est de plus un vrai phénomène, projetant systématiquement ses groupes au top des charts, avec des ventes spectaculaires allant jusqu'à plus de 300,000 millions d'exemplaires.

Pour découvrir le Hello! Project vous pouvez…

Regarder –~ Nolife tous les samedis soir à 21h00 pour voir Ami Ami Idol : Hello!France. A²I est tout simplement la première émission en dehors de l’Asie consacrée au phénomène des Idols. ~ La chaîne de Hello!Fansubs sur Veoh.com, qui propose des clips, émissions et DVDs du H!P sous-titrés en anglais. Disponible sur : http://www.veoh.com/group/HFsubtitled~ Vous trouverez quasiment tous les concerts en streaming sur Youtube ou sur Veoh (pour Veoh, ils sont pour la plupart en entier, il vous suffira juste de télécharger la Veoh Web TV pour en profiter et pour les conserver par la suite). Et évidemment, les clips, auditions, émissions, DVDs Magazines, Making Of… pour certains sous-titrés.

Si vous voulez découvrir l’effet de nos chers escargots ail et persil sur des japonaises âgées de moins de 18 ans qui confondent la France et Hawaï, il vous suffit de regarder la petite émission

Pochette à couverts “Buono!”

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Dossier spécial Japon

Plein d'images et de sonsJe suis la tout a coupEt la vie me fait un clin

d'oeil malicieux.

musique

Yorosen ! des °C-ute, semaine 54.

Ecouter –

~ Vous trouverez des playlists assez complètes sur Imeem.com pour découvrir un large choix de chansons. Je vous conseille les playlists de Ellen et de Wonderlande Starre par exemple.

Lire –

Deux articles intéressants sur Tsunku . Ils ne sont pas récents,

néanmoins la plupart des informations et des analyses restent d’actualité :

~ Sébastien Morand. Tsunku In : Shinezine. [en ligne]. 16

janvier 2005. Disponible à : http://shinezine.fr/Tsunku

~ Robert Patrick. Tsunku ce héros. In : Le Japon de Robert

Patrick. [en ligne]. 15 février 2008. Disponible à : http://lejaponderobertpatrick.blogspot.com/2008/02/tsunku-ce-hros.html

Pour finir

Malgré certains aspects assez subversifs du Hello! Project, comme l’âge de ses chanteuses ou son exploitation commerciale, une fois que l’on tombe dedans il est difficile d’en sortir. Les chansons sont dans l’ensemble bien faites (tant qu’on ne comprend pas les paroles) puisqu’elles sont entrainantes et marquent les esprits. On prend plaisir à suivre l’évolution des groupes, à attendre le prochain clip pour découvrir les costumes et les chorégraphies et les concerts sont vraiment hallucinants. Aimer les idols est certainement un état d’esprit particulier, mais aimer la J-pop ça ne se travaille pas trop difficilement, donc je vous invite à vous laisser tenter et à écouter par curiosité ! °C-ute

Fanny Stahl, TL2

loisir

sJapan Week à StrasbourgDu 22 au 27 novembre, les Strasbourgeois ont pu profiter de la 33ème édition de la Japan Week dans le cadre du 150ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et le Japon et ainsi de la venue de quelque 2000 Japonais pour leur faire découvrir un peu plus le pays du soleil levant.

Dans toute la capitale alsacienne se trouvaient dispersés spectacles, ateliers, conférences, projections et expositions. Ainsi, pendant trois jours et toutes les une à deux heures, des curieux ont pu participer à la cérémonie du thé donnée par des professionnels et rendue possible par l’École de Cérémonie du Thé de Shizuoka, l’association de Cérémonie du Thé japonais et l’association Shôwakai.

La Japan Week a permis à beaucoup de Français de découvrir des traditions et coutumes anciennes tels que les cérémonies du thé, le festival d’arts martiaux anciens ou encore un défilé de kimonos de mariage, mais instaurant aussi un lien important vers le présent et la modernité. La rencontre des libraires spécialistes du manga ou

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Dossier spécial Japon

Un ocean de diademesC'est joli.

Ou ce n'est pas ton avis?

loisir

s

encore les expositions d’art moderne en témoignent. Tout comme les danseuses en kimono d’ailleurs. La classe d’EPS de Mme Vom Scheidt du lundi de 16h à 18h a pu de ce fait profiter d’une mini représentation « privée » de 2 danseuses en kimono et avec des claquettes.

Personnellement, j’ai énormément profité de cette semaine, tous ces volontaires ont été tous très gentils parfois timides, mais

toujours adorables.

Photos : des calligraphies de Mme. Chosho Yabe et un masque de Nô de M. Asô Nônin exposés à la Chambre du Commerce et d’Industrie.

Beryl Noë, TS2

Direction JaponDirection JaponDirection JaponDirection JaponComment rejoindre le pays du soleil levant en…

… Restant dans son canapé :

Un poste de télé (ou un écran d’ordinateur) et une connexion internet devraient suffire – si vous possédez l’un des bouquet ADSL suivants : Freebox TV, Alicebox TV, neufbox TV, BBox ou Orange TV. Ainsi, en chaussettes trouées et enroulés dans votre polaire préférée, vous pourrez profiter d’une immersion dans le monde japonais. Comment ? En regardant Nolife, chaîne de télé 100% française orientée jeux vidéo et culture* japonaise. Pour les plus frileux d’entre vous qui ne s’imagineraient pas regarder « une chaîne de geek », rassurez-vous : Tokyo Café et sa charmante présentatrice japonaise vous fera découvrir une multitude de choses sur le Japon, OTO vous tiendra au courant des sorties musicales japonaises notamment en France, vous pourrez faire le plein d’Idols tous les samedis soirs, et surtout, vous pourrez soutenir vos artistes préférés dans le J-Top. Le J-Top de Nolife, c’est le top de tous les clips diffusés sur la chaîne (hormis les indies français). Ce top, c’est en votant sur le site que vous le faites. Mais, il un petit plus qu’un top traditionnel : il sert de thermomètre pour les labels japonais. Les scores obtenus par clips et artistes sont renvoyés au Japon, ainsi, ils mesurent s’il est intéressant de percer en Europe/France.

Canaux : * Freebox TV, canal 123 *Alicebox TV, canal 77 * neufbox TV, canal 61 * Orange TV, canal 111 * BBox, canal 128

*la partie musicale principalement.

… Restant devant son ordi :

Je me contenterai de vous lancer sur ce premier site : Le Japon.fr. [en ligne]. Disponible à : http://www.lejapon.fr .

… Allant pas trop loin du lycée :

Il y a plusieurs restaurants japonais à Strasbourg (que je n’ai sincèrement pas tous essayés), mais si vous voulez manger pas trop loin du lycée ce qui me semble être d’excellents plats japonais, pour des prix vraiment raisonnables, rendez vous au restaurant « Sushi » - 48, Rue Krutenau 67000 Strasbourg (03 88 14 05 13). Pour les novices, je vous conseille le Bentô à 11€ : vous goûterez un peu de tout (sashimis, sushis, yakitoris) et serez pleinement rassasiés !

Fanny Stahl, TL2

Sources : Nolife. [en ligne]. Nolife S.A, 2009. [Consulté le : 23 février 2009] Disponnible à : http://www.nolife-tv.com/

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ACTUALITE

Le début de l’ère Obama

Trois jours seulement après la cérémonie d’investiture, le nouveau président Américain a signé, comme il l’avait promis lors de sa campagne, un décret officialisant la fermeture définitive de Guantanamo, affirmant ainsi sa volonté de rompre avec les politiques controversées de son prédécesseur George W. Bush. Le centre de détention, ouvert après les attentats du 11 septembre 2001 pour détenir des hommes classés comme des «combattants illégaux», sera fermé d’ici à un an. Cependant, le 12 février 2009, Obama perd son deuxième ministre désigné au commerce : le sénateur républicain Judd Gregg. Barack Obama l’avait nommé pour pallier une première défection, celle du démocrate Bill Richardson, visé par une enquête judiciaire. Le président a ainsi perdu son deuxième ministre désigné à ce poste-clé en moins de deux mois.Mardi le 3 février, le président Obama a avoué sa première faute au sein du gouvernement : il souhaitait en effet nommer Tom Daschle au poste de secrétaire à la santé et aux services sociaux mais l’homme, dénoncé par le fisc, avait « oublié » de déclarer plus de 100 000 dollars de revenus. Il a préféré renoncer à ses nouvelles fonctions.Au niveau des relations internationales, Barack Obama prévoit d'envoyer deux brigades

de combat (jusqu'à 10.000 hommes) supplémentaires en Afghanistan, où les attaques des talibans sont en augmentation. Il a aussi prévenu qu'il donnerait l'ordre de frapper Al-Qaïda au Pakistan si le président Pervez Musharraf échouait à agir contre les bases des talibans réfugiés dans les zones tribales à la frontière pakistano-afghane. Barack Obama a aussi appelé à un engagement plus important des pays européens et de l'OTAN en Afghanistan.Enfin, discuté depuis plusieurs mois, rejeté, revu et corrigé, le texte final du plan de relance de l’économie américaine a été adopté vendredi 13 février par la Chambre des représentants et par le Sénat. Celui-ci a approuvé le plan de relance par 60 voix contre 38, après le vote de la Chambre des représentants par 246 voix contre 183, un peu plus tôt. Tous les républicains de la chambre ont voté contre cette réforme, ainsi que sept démocrates.Ce vaste plan sans pareil dans l’histoire de l’économie américaine est de 787 milliards de dollars (610,1 milliards d'euros). Défendu par le chef de l’Etat, il devrait soulager une économie en récession. Le plan prévoit des mesures d’allègements fiscaux dans le but de relancer la consommation. Son impact devrait

se ressentir progressivement d’après les analystes.Un mois après sa prise de pouvoir, le président Obama a mis en place de nombreuses mesures ; la rapidité des ses actes est en partie due au mode de scrutin américain qui permet au président de se préparer à ses débuts au pouvoir. Le président actuel a ainsi été élu en novembre et n’a pris ses fonctions que le 20 janvier dernier. Ainsi, d’après un récent sondage, plus de deux tiers des Américains (68 %) sont satisfaits des premiers jours de la présidence de Barack Obama, qui n’atteint cependant pas encore la côte de popularité qu’avait le président Kennedy au même moment.

Anouk Heili, 2nde2

Source de l’image : -seoblackout.com.[en ligne].[ Consulté le 15 février 2009] Disponible sur : http://www.seoblackout.com/buzz/barack-obama.phpSources de l’article : -eurotopics.net[en ligne].[Consulté le 14 février 2009] Disponible sur : http://www.eurotopics.net/fr/presseschau/archiv/article/ARTICLE44653-Les-debuts-difficiles-d-Obama-Romandie.com.[en ligne].[Consulté le 14 février 2009] Disponible sur : http://www.romandie.com/infos/news2/200902131913030AWP.asp-Lefigaro.fr.[en ligne].[Consulté le 14 février 2009] Disponible sur :http://www.lefigaro.fr/flash-actu/-Challenges.fr.[En ligne].[ Consulté le 15 février] Disponible sur : http://www.challenges.fr/actualites/amerique_du_nord

L’investiture de Barack Obama, 44e président des Etats-Unis, a eu lieu le 20 janvier

dernier. Retour sur les débuts de l’homme le plus attendu de 2009.

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Souvenez-vous : en janvier dernier, le pape Benoît XVI décide de lever l’excommunication de quatre évêques intégristes parmi lesquels se trouve Mgr Williamson, prélat ouvertement révisionniste. Cet acte a suscité l’indignation sur la scène politique et religieuse.Ainsi en Allemagne, où le révisionnisme est passible de cinq ans de prison, la chancelière Angela Merkel a été la première (et quasiment la seule) à critiquer la décision du pape et à demander « qu’il soit précisé clairement par le pape et le Vatican, qu’on ne peut nier l’Holocauste ». En outre, comme le déclare l’historien des religions Frédéric Lenoir, une des conséquences de cette politique à la « logique sectaire » risque d’endommager les relations tissées avec les juifs depuis quarante ans, grâce au Concile Vatican II.Le pape doit également faire face à un autre front de mécontentement, celui de l’Eglise catholique elle-même, qui se retrouve en pleine crise. Des prêtres, des évêques et des théologiens se révoltent et dénoncent une politique conservatrice, réactionnaire qui, en orientant l’Eglise vers de plus en plus de tradition, altère gravement son statut de force morale et entraîne la désertion de millions d’âmes. La fracture qui est apparue au sein de l’Eglise est d’autant plus profonde que la décision du pape à l’égard des évêques intégristes s’inscrit dans une série de mesures et de déclarations qui ulcèrent les catholiques, telles la libéralisation de la messe en latin, les nominations autoritaires d’évêques conservateurs et l’affirmation de l’existence d’un lien entre Islam et violence… Ces catholiques considèrent que les orientations du Concile Vatican II en matière religieuse et de dialogue avec les autres confessions sont bafouées et ils ne se reconnaissent plus dans cette Eglise qu’ils jugent rétrograde. Pourquoi, demandent-ils, tant d’indulgence à l’égard des intégristes et tant d’intransigeance à l’égard de questionnements de la société moderne comme la situation des divorcés remariés ou la demande des femmes qui souhaitent un statut dans l’Eglise ? Face aux pressions, Benoît XVI, qui avait motivé sa décision en tant que gardien de l’Eglise, comme un « acte de bienveillance paternelle », a demandé à Mgr Richard Williamson de s’excuser et de revenir publiquement sur

ses déclarations niant la réalité de l’Holocauste. La réponse de l’évêque fut claire : il n’envisagerait de se corriger qu’à la condition de trouver des « preuves historiques » de la Shoah et « cela prendrait du temps »… .Cela amène le problème sur un nouveau plan : celui de la politisation de l’histoire. Le pape, chef suprême de l’Eglise catholique romaine est aussi le chef d’un Etat souverain, le Vatican, qui s’est mis à la merci d’un révisionniste qui « prend plaisir à réitérer ses propos criminels pour bafouer l’autorité » dit Christian Makarian dans sa chronique de « L’Express » du 19 février 2009. « Williamson n’a pas d’ennuis, c’est Rome qui en a », conclut-il. Le Vatican a ainsi pris le risque de se faire l’allié d’un mouvement extrémiste qui se complait au remodelage du passé en fonction de ses besoins présents… Cette négation des réalités passées présente le danger d’inciter d’autres hommes à faire de même ; de plus ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter.

Sources : Le Point du 12 février 2009, n° 1900 Le Nouvel Observateur du 12 février 2009,

n° 2310 L’Express du 19 février 2009, n°3007

Le Monde du 31 janvier, du 7 et du 13 février 2009

Le Nouvel Observateur Hors-série : L’Histoire en procès

Robin Ormond, 2nde2

UNE INQUIETANTE DECISION PAPALE

OPINION

Mgr Richard Williamson

La réintégration par Benoît XVI de quatre évêques intégristes, dont le

révisionniste Mgr Richard Williamson, provoque un tollé ainsi que de

graves tensions.

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OPINION

L’abolition de la cruchitude

« Elle aura en deux ans côtoyé le sommet et frôlé les abîmes » nous dit Françoise Degois, journaliste, qui illustre, à partir d’interviews, le parcours, la pensée, la personnalité de Ségolène Royal.Femme Debout, c’est le titre de sa biographie, un titre à son image, ou celle qu’elle aimerait nous faire parvenir. C’est celle d’une femme qui ose, d’une femme libérée, luttant pour ses conceptions. Mais Femme Debout est aussi l’effigie d’une personne combative, qui se maintient, malgré des vents contraires et des échecs cuisants. Car ce livre n’est pas sans les rappeler ; de Nicolas Sarkozy à Martine Aubry, en passant par François Hollande ou Lionel Jospin, ses adversaires sont nombreux. C’est toutefois d’une langue aiguisée que leur répond la politicienne. En effet, le président est comparé à « un petit gamin heureux d’être au milieu de ses nouveaux jouets », Rachida Dati n’est à ses yeux qu’un « beau symbole », sans plus.Mais au fil des pages, au fil des mots, c’est une autre Ségolène que l’on découvre. Malgré certains propos témoignant d’une confiance absolue en soi, voire carrément d’un tempérament dominateur, derrière cette barrière, apparaît de temps en temps une femme fragile et délicate. C’est d’ailleurs avec une sincérité déconcertante qu’elle parle de ses enfants, de qui on la sent très proche. « C’est merveilleux de les avoir encore si près de moi. Ca raccroche à la vie. Sinon, quand on fait de la politique, on est totalement déconnecté » confie-t-elle à Françoise Degois. Ségolène Royal est, avant tout, une mère aimante. Et si revoir sa grammaire ne lui ferait pas de mal, elle n’est pas non plus une cruche. Loin de là, il n’y a qu’à regarder son CV pour en juger : Ena, Sciences Po, deux fois ministre… Cultivée, elle marque une profonde admiration pour les peintres impressionnistes Monet et Renoir, et se compare aux personnages balzaciens. L’art, selon elle, « ouvre des dimensions mentales ».Cependant, on l’aura déjà remarqué, la modestie n’est pas le point fort de Ségolène Royal. Elle affirme à propos des présidentielles 2012, que « S’il y en a un meilleur candidat que moi, qu’il y aille, je ferai même sa campagne. Mais pardon, pour le moment, je ne vois pas ». Cela, tout en répétant qu’« Obama n’a rien inventé (…) la démocratie participative excusez--moi de vous le rappeler que c’était l’axe de ma campagne ».

On la sent tournée vers le futur, voulant faire table rase du passé, mais va-t-elle y arriver ? La réponse ne se saura que dans trois ans, mais en attendant, nous sommes sûrs de pouvoir lire une biographie de ce ‘copieur’ d’Obama…

Ariane Kupferman-Sutthavong, 2nde 4

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Ô honte ! Ô infamie ! Voilà la littérature conspuée, ridiculisée, blâmée, insultée, vilipendée, vitupérée, là où pourtant elle devrait être louée, célébrée, chantée à sa juste valeur. Voilà que tout à coup la littérature est tout à fait rapetissée, rabougrie, ratatinée. Les cours de français ne sont plus que des condensés vides et froids, alors que la littérature invite à la chaleur, à l'enthousiasme, à l'entrain, à l'emphase ! Voilà qu'elle est transformée en commentaires, en dissertations. Voilà qu'on ne se soucie plus que de trouver des axes de commentaire et qu'on se moque de Baudelaire et de toute sa double postulation et qu'on envoie Les Fleurs du Mal et le Spleen au diable. Voilà qu'on réduit la littérature à quelques noms, rapidement appris, retenus avec indifférence, cités avec nonchalance, des noms transparents, derrière lesquels on ne peut rien mettre, simplement quelques lettres piteusement assemblées et cela donne faiblement des Hugo, des Baudelaire, des Balzac, des Flaubert. Voilà ce que ça donne la littérature.

Finalement on ne lit plus les livres, on se contente de résumés. On se concentre sur des extraits de cinq lignes qu'on hachure à loisir, dont on souligne tous les mots, en vert, en bleu, en jaune, en violet et dont on a parfois la fantaisie de retenir un mot, qu'on peut après citer pour la dissertation, en introduction, ça fait toujours bon effet, ça fait toujours bonne impression, pense-t-on. Finalement la littérature ce n'est que des axes de commentaires, des citations savantes, il y a toujours une distance, finalement les émotions ne sont jamais distillées, ne sont jamais transmises, on les noie sous des tas d'analyses savantes d'exégètes pédants, des masturbations intellectuelles invariablement débitées d'une voix monocorde, finalement on recouvre tous les ouvrages d'une fine couche de poussière, on ne laisse pas les mots venir à nous, on ne laisse pas les pensées nous atteindre, finalement on dit que c'est vieilli, que c'est plus de maintenant.

Mais on apprend pourtant, on s'intéresse à la littérature, ou du moins on fait mine de s'y intéresser, ça fait toujours bon effet, et puis il faut quand même avoir son bac. Car c'est ça finalement le but suprême, le Graal, la Fontaine de Jouvence, le Paradis parfait, l'Osmose paroxystique : le Bac, c'est là que la vie

commence finalement, une nouvelle vie. Et puis après les bac, après l'épreuve orale, après l'épreuve écrite, on enterre Madame Bovary, on enterre Ruy Blas, on enterre Les Fleurs du Mal, on enterre Candide, on tue Molière et on fête joyeusement les obsèques des fables de la Fontaine et des élégies de Lamartine. Fini littérature ! On oublie toutes les citations laborieusement apprises, laborieusement citées, on oublie tout le jargon, les épîtres, les sonnets, les hémistiches, on oublie que "autobiographie" vient du grec et que Rimbaud voulait inventer une "langue de l'âme pour l'âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs". Tout est oublié. Tout est perdu.

Car les cours c'est la mort de la littérature, c'est la littérature passée à la guillotine. On la cloisonne dans des mouvements, dans des genres stériles, on classe, on étiquette, on nomme, on dit que Lamartine est romantique, que Balzac est réaliste, que Zola est naturaliste, on dit que Breton est surréaliste, que Dada est dadaïste, que Sartre est engagé et voilà tout ce qu'on retient de tous ces siècles de grands penseurs, de l'imagination et de la verve boulimiques des génies littéraires, que l'on cantonne à quelques piteuses citations. On en vient à résumer Baudelaire, Hugo, Flaubert en un mot, on passe du coq-à-l'âne, on veut écrire des dissertations sur le roman en ayant lu deux romans, trois résumés, on veux englober des siècles de littérature avec trois citations, quatre auteurs. Ou sinon on choisit le commentaire, on peine à trouver des axes de commentaire, une problématique organisée, une introduction et une conclusion irréprochablement structurées, et le poème est oublié par-devant par-derrière, le sens est évaporé, on s'en fout du sens premier, on s'en fout du sens caché, on espère juste qu'on a trouvé trois axes pour le commentaire, ça fait quand même mieux que deux, et que la problématique est bien posée, et que l'introduction est bien tricotée, et que la conclusion est bien brodée, et que les transitions sont bien amenées, c'est tout un jargon, tout le jargon du lycéen qui dit qu'il étudie la littérature.

Mais la littérature pardi, ce sont avant tout des émotions. C'est le coeur qui tremble devant les tragiques amours de Julien Sorel et de Mme de Renâl, la main qui palpite aux déboires de Chatterton, le poète

OPINION

La littérature jetée en pâture

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maudit, les yeux qui pétillent devant la verve de Cyrano, il faut crier, blêmir, rire, exulter, jubiler, hurler, pleurer, geindre, gémir. Il faut que les mots parviennent jusqu'à nous, il faut que la musique envoûtante et cachée des mots parvienne jusqu'à nous, malgré le fossé des siècles, malgré la poussière qui recouvre les vieux ouvrages, malgré le nombre imposant de pages, malgré tous ces ridicules obstacles affolants de pragmatisme, il faut se laisser emporter, sentir l'ennui de Madame Bovary, vivre les amours de Pyrame et Thisbé, de Roméo et Juliette, être touché au coeur par les déclarations de Lamartine devant Julie Charles morte et le lac. "Ô lac !" Les mots viennent tous seuls, les mots viennent de partout, ce sont de mauvaises bêtes fauves totalement inapprivoisées et sauvages, les mots s'ensuivent, Hugo parle de la bataille de Waterloo, il faut se laisser porter par ce souffle épique implacable, il faut se laisser porter par l'emphase lyrique. Ruy Blas tu es là ! Et voilà tous les héros de la Comédie humaine tout à coup à nos yeux, le grand catalogue, ils sont tous rassemblés ici : là Mme de Nucingen, là le pauvre Lucien de Rubempré, le poète beau comme Apollon, doué comme Orphée, la rage au coeur, la rage au dent, qui veut s'élever contre tout le monde, contre toute la société, pétri de belles paroles, bercé d'illusions sur la gloire, le pouvoir et l'amour, là Eugénie Grandet et son père l'avare intraitable et puis là l'infortuné Félix de Vandenesse et sa baronne, le grabataire Goriot toujours berné par ses filles, et Rastignac, l'ambition en personne, et puis le docteur Bianchon, et Daniel d'Arthez, et David Séchard, et tous ces autres gaillards, le médecin de campagne, le colonel Chabert, tous là, tout à coup, vivants, palpitants, en chair et en os, grâce aux mots de Balzac, malgré les siècles, malgré la poussière des siècles.

Et on voudrait tout résumer, tout analyser, tout disséquer avec des axes de commentaire, et des problématiques et des conclusions et des introductions et des transitions et des citations. Au diable les commentaires ! La littérature vit à travers un coeur qui bondit, qui frémit, qui tremble et qui palpite, la littérature c'est l'émotion, c'est les larmes sur le visage du poète, c'est la bouche bée, c'est la main qui tremblante continue à tourner les pages, vite, hardiment, avidement, pour connaître la suite, la suite à tout prix du roman.Mais laissez-vous donc emporter par ce poème d'Éluard, par cette élégie de Lamartine, ce passage de Hugo, ce flot sans fin de mots, ce flux imposant de mots, cet assemblage difforme et coloré de mots de toutes sortes, des grands petits, des gros, des néologismes et des vulgarités. Laissez-vous donc emporter tout à coup par les mots d'Eluard qui

retentissent au milieu de la nuit "Nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre nous naissons de partout nous sommes sans limites." Eluard s'affranchit de la ponctuation, il n'y a plus aucune règle, plus aucune limite, plus aucune frontière, plus aucune pose, plus aucun arrêt, c'est la liberté totale et absolue. Il faut se laisser guider par ces mots sans règles, ces mots qui bafouent toutes les conventions, tous les codes et tous les académismes de tous les univers littéraires du monde. "Ô temps ! suspends ton vol et vous heures propices, suspendez votre cours, Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours" Cela correspond si bien à nous, ces quelques phrases du Lac, on dirait que Lamartine parlait de nous, qu'il nous connaissait comme sa poche quand il déclarait cela. Oh ! Mais oui il faut se laisser emporter sans plus aucun égard à aucune règle, par ce déferlement énergétique de mots et de phrases et de lettres, les phrases de Cohen se poursuivent et s'entremêlent, il n'y a plus aucun point, plus aucune ponctuation, on ne peut prendre ni bouffée d'air ni respiration, et Proust continue mine de rien son petit bonhomme de chemin. Ah ! Dieu qu'est-ce qu'on se contrefiche de savoir si c'est une métaphore filée, une synecdoque ou une prosopopée ! Ne voyez-vous pas comme c'est beau, comme c'est grand, comme c'est puissant ! Quittez, quittez donc ces vieilles phrases théoriques d'exégètes insensibles, de pédants précieux! Quittez ces mots insensibles de dissection chirurgicale ! Quittez ce jargon d'opération scientifique ! Ne voyez-vous donc pas comme c'est beau, comme ça nous touche au plus près de l'âme, au plus près du coeur, au plus près de nous-même ?

Ah chions donc, chions donc hardiment, comme dirait ce cher Rabelais in illo tempore chions sur tous les bacs blancs sur toutes les épreuves écrites, sur toutes les épreuves orales, sur tous les axes de commentaires et toutes les problématiques du monde, chions sur ce jargon de scientifique insensible, chions sur les métaphores, les hypallages, les synecdoques, les litotes, les oxymores et les épithètes, chions sur les introductions et sur les conclusions, chions sur tout ce ramassis indigeste de notes, d'épreuves, de commentaires à corriger, de tests, de bacs, de citations. Ah ! diable la littérature a mieux mérité que cela.

- Tu lis quoi ?- Apollinaire.- Ah ouais c'est pour le français ?- Non, c'est pour moi.

Matthias Turcaud, 1L2

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ENVIRONNEMENT

Vêtements écologiquesUn exemple : IDEO

« C’est pour protéger l’eau, la terre, les hommes qu’Ideo existe. Des vêtements commerce équitable et

coton biologique pour un monde plus beau. » (Inscription sur les étiquettes des vêtements Ideo.)

L e s v ê t e m e n t s é c o l o g i q u e s , c ’ e s t d ’ a b o r d u t i l i s e r d e s m a t i è r e s é c o l o g i q u e s …

… c'est-à-dire, des matières fabriquées sans mettre en danger la biodiversité des lieux environnant, sans risques d’allergies pour les porteurs des vêtements (souvent causées par les produits chimiques utilisés pour les confectionner), sans risques de maladies pour les agriculteurs (s’empoisonnant au contact régulier de produits chimiques), et sans épuiser la terre par de l’agriculture intensive à base d’OGM et de pesticides. N’est-ce pas suffisamment de raisons pour acheter écologique ?

Pour mieux vous convaincre, voici plus de détails sur les matériaux utilisés :

Le coton bio ressemble au coton dont est faite une grande majorité de nos vêtements, sauf que lors de sa culture, des pesticides naturels (pièges à phéromones…) ainsi que des engrais naturels (décoctions de feuilles de neem, fumure…) sont utilisés. Pour le coton non-bio, beaucoup d’engrais et de pesticides (chimiques) sont utilisés car le cotonnier est une plante très sensible, ce qui est à la fois dangereux pour la nature environnante aux cultures, pour les agriculteurs, et pour les porteurs des vêtements. Aussi, ces engrais sont très chers. Et voici quelques explications sur les méthodes naturelles de fertilisation et de protection de cultures de coton :*Les pièges à phéromones sont un dispositif qui attire les mâles de l’insecte recherché. Ces derniers restent ensuite collés dans le piège grâce à son fond englué, ce qui réduit largement la quantité de ces insectes, puisque leurs possibilités de reproduction sont significativement réduites. *Le neem est un arbre « aux milles vertus », puisqu’il sert non seulement de médicament contre le paludisme et de désinfectant naturel, mais aussi d’insecticide naturel très efficace : il permet de lutter contre cent espèces d’insectes et vers, mais est toutefois inoffensif pour les animaux à sang chaud et donc les hommes. *La fumure est un engrais souvent composé de fumier ou d’autres engrais naturels provenant du compost etc.

La soie « dorée » est 100% naturelle, donc il n’y a aucun risque d’allergie pour le porteur de cettematière. La soie naturelle a aujourd’hui été remplacée par la « soie artificielle », étant en fait la viscose (nommée ainsi depuis maintenant plus de dix ans), pour de nombreux vêtements et accessoires. La production de soie « dorée » n’a aucun impact sur l’environnement, puisqu’elle est produite naturellement par des vers à soie se nourrissant de feuilles de mûriers (qui ne sont traitées avec aucun pesticide). Aussi, les étapes de décreusage (l’élimination du grès, c'est-à-dire des particules de roche sableuses contenues entre les filaments de soie, permettant à la soie d’être colorée et d’acquérir toute sa souplesse et son éclat) et d’ennoblissement (la teinture, l’impression de motifs et les dernières retouches avant que le produit puisse être mis en vente) ne sont réalisées que grâce à des produits naturels. La soie « dorée » est également tissée à la main, une pratique qui a presque disparu.

L’alpaga est un animal à poils laineux cousin du lama. Sa laine est reconnue pour sa qualité, sadouceur et son aspect soyeux. Cette matière donne des habits légers mais chauds, doux, et résistants. Les alpagas peuvent être de toutes les couleurs entre le blanc et le noir, passant par plusieurs nuances de marrons. L’alpaga blanc est le plus sollicité, puisque c’est le plus facile à teindre.

… e n s u i t e , c ’ e s t u t i l i s e r d e s t e i n t u r e s r e s p e c t u e u s e s d e l ’ e n v i r o n n e m e n t …

Les teintures classiques contiennent des colorants azoïques (causant des allergies), du formaldéhyde (classé cancérigène) et du chlore (causant des irritations des yeux, du nez et de la gorge, pouvant déclencher des crises d’asthme et des conjonctivites chroniques lors de trop fortes expositions). Ces trois produits sont ainsi néfastes pour les personnes fabriquant les vêtements qui les respirent en grande quantité et pour les consommateurs qui sont en contact avec ces derniers lorsqu’ils portent leurs vêtements. On peut remplacer ces teintures par des teintures végétales, produites à base de la couleur naturelle de certaines plantes, racines et écorces. Par exemple, la mûre peut être utilisée pour des teintures

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violettes et bleues, les feuilles des pommiers pour une couleur jaune pâle, le persil pour du jaune plus vif, la pelure d’oignon pour toutes les teintes de jaune à vert en passant par l’orange, les feuilles de noyer donnent des couleurs noires, brunes et vert gris, la fleur des dahlias donne des teintures rouges, roses et oranges, l’écorce de chêne donne des couleurs brunes à noires… c’est toute une panoplie de couleurs naturelles à disposition des fabricants.

… e t e n f i n , r e s p e c t e r l e s r è g l e s d u c o m m e r c e é q u i t a b l e .

Car à quoi se réfèrent toutes ces notions de respect, si on ne respecte même pas les hommes ? C’est pour cela qu’Ideo travaille en priorité avec des petits producteurs et leur permet de vivre dignement en achetant leur coton bio à un prix 25% supérieur à celui du marché et en leur payant des salaires supérieurs aux salaires de base locaux, dans ses ateliers de confection bios. Le travail des enfants dans les ateliers Ideo est interdit, les droits de l’homme respectés et les horaires de travail, décentes. Aussi, Ideo soutient des actions dans les pays où se situent ses ateliers (aide aux écoles, construction de logements etc.), suit ses producteurs pour les former à la culture bio, et préfinance 50% du prix des produits avant leur livraison pour éviter l’endettement des petits producteurs : tout ceci fait partit de la charte « engagements pour un commerce équitable avec les producteurs » d’Ideo.Les producteurs des vêtements et accessoires Ideo se situent à divers endroits dans le monde : au Pérou par exemple, où sont produits non seulement de l’alpaga (tissé main) et du coton bio, mais aussi des jeans écologiques. La grande majorité des cultures et des ateliers de confection de coton bio se localisent en d’Inde, et la soie dorée est produite au Cambodge. Mais, ces pays sont très lointains, donc l’aspect écologique des vêtements n’est-il pas réduit considérablement par leur transport ? C’est pourquoi Ideo regroupe ses filières au sein d’un même pays et utilise en priorité les transports maritimes, s’assurant aussi que les bateaux utilisés soient bien tenus, représentant ainsi peu de contraintes au niveau environnemental. J’espère que j’ai pu vous sensibiliser non seulement à la qualité des vêtements écologiques et au respect de l’homme et bien sûr de l’environnement qu’ils représentent, mais aussi à l’importance de chacune de VOS actions au niveau écologique et combien c’est primordial, et pas uniquement pour l’environnement et le développement de commerces équitables, mais aussi pour vous, de soutenir ce genre d’action, en, par exemple, portant des vêtements écologiques. C’est magnifique de se sentir bienveillant(e) pour son environnement, son monde, et surtout auprès pour soi-même par un geste si simple que de réfléchir un peu aux vêtements qu’on achète.

Allez voir sur le site d’Ideo (sources) : il y a des magasins qui vendent des vêtements de la marque « Ideo » sur Strasbourg…

Camilla Zerr, 2nde2

Sources : *Ideo -Vêtements en coton biologiques et commerce équitable [en ligne] Disponible à l’adresse : http://www.ideocollection.com/

*Tano Document Management System «Le coton biologique, une solution contre les méfaits des pesticides? » [En ligne] [Crée le 6 octobre 2008] Disponible à l’adresse : http://dlio.ctafotogallery.webfactional.com/library/documents/11855

*Biologie et Multimédia (Université Pierre et Marie Curie) « La culture du coton » [En ligne] [Dernières modifications : 23 mai 2005] Disponible à l’adresse :http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/textiles/02-coton-culture.html

*Magellan-bio : « Pièges à phéromones » [En ligne] Disponible à l’adresse : http://www.magellan-bio.fr/piegepheromon.htm*Afrik.com « Le neem : l’antipaludéen et l’insecticide naturel » [En ligne] [Crée 26/04/05] Disponible à l’adresse : http://www.afrik.com/article8336.html

*Le marché des soies « L’ennoblissement » [en ligne] Disponible à l’adresse : http://www.texti.net/intersoie/ennoblissement.html*Les Fils du Temps « Produits de teinture » [en ligne] Disponible à l’adresse : http://lesfilsdutemps.free.fr/

tincto.htm

Vous êtes en manque de vêtements ou vous avez tout simplement un peu de temps libre et de curiosité ? Allez donc jeter un coup d’œil dans quelques magasins de vêtements écologiques tout proches avant de vous précipiter aux Halles ou à Rivétoile…

Can’art

40 rue de Zurich67000 Strasbourg

Vêtements bio, produits à base de chanvre, thé, et tout pour l'habitat et le jardinage bio.

En plus, c’est à 10 minutes à pied du Lycée, alors profitez-en !

Ekyog

2 rue des Juifs, 67 000 Strasbourg

Et le site, pour les curieux qui manquent de temps : http://www.ekyog.com

Korogo

33, Grand Rue6700 Strasbourg

Vêtements commerce équitable : un style original, très coloré…osez !

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VIE DU LYCEE

Indianapolis

Du 1er au 13 février 2009, la classe de Seconde Anglais spé 2 a effectué un « voyage d’étude » à Indianapolis.

En effet, ces 27 élèves se sont penchés sur les mœurs américaines, qu’ils ont pu étudier de très près, vu

qu’ils étaient logés chez les familles de leur correspondant (ayant pour seule règle de parler anglais).

Au fil des jours, ils ont visité le « Car Racing Circuit Museum » (paradis des amateurs de voitures), « the

basketball stadium » où ils ont assisté à la victoire des Pacers, l’équipe d’Indianapolis, et eu la chance de

rencontrer un joueur de basket (très, très grand, on ne voit pas tous les jours un géant de 2m10 dans la rue).

Depuis les musées d’art jusqu’à la représentation de l’adaptation au théâtre du roman To kill a Mockingbird

d’Harper Lee, en passant par l’incontournable journée à Chicago, sans parler des pauses shopping ou du

weekend en famille, on peut dire que les journées étaient bien remplies… et qu’ils seraient bien restés,

malgré le froid de février, quelques semaines de plus… Car même les meilleures choses ont une fin : le

vendredi 13 au matin, après un petit-déjeuner collectif au réfectoire du lycée (chaque famille ayant

contribué à garnir le buffet), les « french students » durent faire leurs adieux à l’Amérique. Mais ce n’est

qu’un au revoir, mes frères, car, devinez qui vient en mars visiter Strasbourg ? Eh oui, c’est au tour des

correspondants de l’International School of Indiana de venir à Pontonniers du 15 au 25 !

Un voyage inoubliable qui n’aurait pas été possible sans l’accueil des familles et des professeurs de l’ISI, qui

ont pris le temps d’organiser différents « workshops », sans l’aide d’accompagnateurs, Monsieur Mahr,

Monsieur Botlier Depois, Madame de Saint Martin et surtout de Mrs Woods, qui a motivé, préparé,

organisé. One more time, thank you very much.

Pour plus de détails, rendez-vous sur le blog officiel de leur séjour. Entièrement rédigé en anglais, il a permis

aux élèves de communiquer leurs impressions et images « en live » à leurs amis et familles.

http://indy-stars.skyrock.com/

Eline Roane de Mathuisieulx, 2de2

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CULTURE ET LOISIRS

Noble de Versailles

Noble – A Vampire’s Diary. Tel est le nom du

deuxième et dernier album de Versailles. En

somme rien n’a changé : ils sont toujours fans du

temps de Louis XIV (et s’habillent donc en

conséquence dans des costumes de lépoque), des

roses et des vampires.

Présentation de Versailles. Ce groupe de Visual Kei (vous ne savez pas ce que c’est ? Référez-vous à l’article quelques pages avant !) est composé de Kamijo et sa magnifique voix, les talentueux guitaristes Hizaki et Teru, l’admirable bassiste Jasmine et le génialissime batteur Yuki !

Evolution. Bien sûr le son a évolué ! En général, leur musique est devenue « plus métal », en plus du côté symphonique déjà très présent dans Lyrical Sympathy, leur premier album. On pourra aussi remarquer plus d’influences du power metal dans cet album, des riffs et une batterie plus accrocheurs et rapides.

Ce CD comprend aussi enfin la chanson ‘The Revenant Choir’ – magnifique –, leur premier single, et PV [Promotional Video] qui les a d’ailleurs rendus célèbres (et ils le sont restés !).De plus, cet album comprend aussi des morceaux que j’ai trouvés pour ma part assez surprenants. Ainsi, avec ‘Zombie’, on perd de vue la voix mélodique de Kamijo et il commence à semi-crier, semi-parler avec une voix de...zombie...

S’il y a ce numéro qui a donc été pour moi plutôt une mauvaise surprise (et j’espère ardemment que ça ne sera pas la nouvelle tendance de ce groupe que j’aime tant), mes vrais coups de cœur sont Windress et After Cloudia. Douces et puissantes à la fois, leurs mélodies entraînantes séduisent tout de suite l’oreille d’un amateur de rock mélodieux et énergique !

Les noces rebelles ou la face cachée de l’american dream

LE CINÉMA U.S. EN RENAISSANCE

Il est toujours bien venu de savoir qu'aux Etats-Unis, à côté d'Hollywood, qui transforme presque chaque film en marchandise, et fait du cinéma une industrie qui se contente de recettes faciles répétées à perpétuité et applique invariablement la loi de la standardisation

mécanique, il existe de vrais auteurs, indépendants. De vrais auteurs de cinéma finalement, qui imposent, de film en film, un véritable regard de cinéaste, une vision du monde qui leur est propre. Les années 90 en révélèrent une imposante pléiade avec pêle-mêle les frères Coen, David Fincher, Quentin Tarantino ou

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encore Stephen Soderbergh, qui aujourd'hui encore sont sur tous les fronts. Revolutionary Road (en français Les Noces Rebelles) ajoute un nouveau rejeton à cette liste honorable : en l'occurrence le réalisateur Sam Mendes. Celui-ci a en effet réussit un fameux tour de force, celui d'imposer un véritable regard de cinéaste, un regard particulier et singulier sur le monde, en seulement quatre films. Car son oeuvre, par une similitude de tons, de thèmes et de méthodes cinématographiques, se révèle déjà, malgré sa relative petitesse, d'une confondante cohérence et unité d'ensemble. Après avoir détruit l'american dream avec le magistral American Beauty, démasqué les mensonges au sein d'une famille typiquement américaine dans Les Sentiers de la Perdition, passé la guerre en Iraq au vitriol dans Jarhead, Sam Mendes continue donc sur cette voie avec Revolutionary Road. Le film relate l'histoire d'un couple dans les années 50, qui rêve d'un avenir riche et somptueux, qui se nourrit de grandes illusions sur son bonheur, qui se croit radicalement différent, qui pense se détacher totalement du commun des couples et transcender ainsi de façon évidente les familles américaines basiques. Elle est actrice, lui fils d'un brillant buraliste, ils sont jeunes, ils sont beaux et amoureux ; tout semble possible, ils dansent, elle l'embrasse, il sourit, ils sont bien habillés, son maquillage est joli, tout semble possible, l'avenir semble être pleinement entre leurs mains, et ils semblent les maîtres absolus de leur destin. Et pourtant tout chute. Car le film est bien l'histoire d'une chute, d'un changement drastique et radical. Le conte de fées se mue en tragédie antique. L'american dream s'effrite. Le rêve s'annihile. Les espérances chancellent. Le bonheur s'amenuise. Finalement la famille des Wheeler est la famille la plus basique, la plus conventionnelle, la plus typiquement américaine qui soit, comme le remarque d'ailleurs lucidement le fils pourtant fou de Madame Gidings, la propriétaire de la maison des Wheeler. Homme au boulot, femme au ménage, deux enfants, belle maison, petit-déjeuner le matin, repas copieux le soir, confort matériel irréprochable, la famille ne se détache vraiment pas. Elle sombre dans une excessive banalité. C'est là qu'on s'aperçoit de toute la force, de toute la puissance de cette remarquable tragédie contemporaine. Mrs. Wheeler s'aperçoit de l'effroyable banalité dans laquelle son couple sombre petit à petit, et planifie, désespérée, en toute hâte, une nouvelle vie à Paris, sur un coup de tête. Mais

pourtant ses efforts sont vains, le projet pour Paris est avorté, cela n'aura servi à rien, les Wheeler sont bien impuissants devant cette fatalité impitoyable qui se finira inexorablement par une mort, en l'occurrence celle de Mrs. Wheeler. On se trouve là bien au coeur de la tragédie, celle instaurée par les grands tragiques grecs, à savoir Eschyle, Sophocle, Euripide. Oedipe connaît la prophétie, mais pourtant toutes ses actions, toutes ses précautions sont inutiles, vouées à un irrémédiable échec ; les Wheeler voient leur banalité, mais ne peuvent rien y changer : ils sont un couple conventionnel, basique, typiquement américain, qui ne se distingue aucunement de n'importe quel autre couple à cette époque, en l'occurrence les années 50 aux Etats-Unis. Mais Mendes n'a pas choisi d'instaurer un climat pesant constant. La tragédie ne se fait sentir que par moments, par éclaircies : c'est la soudaine rage de M. Wheeler devant les propos, pourtant d'une acuité incontestable, que tient le fils de la propriétaire Gidings, c'est la tout aussi soudaine déclaration de Mrs. Wheeler à son mari qu'elle ne "doesn't love him and even hates him", c'est sa fuite, également inopinée, dans le bois avoisinant. La vie des Wheeler est bien réglée comme les gonds d'une porte bien huilée, tout se passe selon un emploi du temps très bien établi, devant une très exacte répartition des rôles. Tout est bien rodé, bien déterminé, bien clair, bien précis : M. Wheeler prend le train pour aller au travail, Mrs. Wheeler l'attend pendant ce temps-là, s'adonne à des tâches ménagères, lave la vaisselle, sort les poubelles, prépare le repas. Une monotonie irrévocablement s'installe. Même les adultères réciproques (Mrs. Wheeler avec son voisin Shep Campbell, M. Wheeler avec sa secrétaire du bureau) semblent convenus, et faire partie de cette impitoyable monotonie du couple incontestablement banal que forment M. et Mrs. Wheeler. Rien ne peut arrêter cette monotonie : elle s'est instillée insidieusement, sournoisement, irrévocablement. Rien ne peut l'arrêter, ni les mouvements de révolte des deux conjoints, ni leurs perpétuelles discussions perpétuellement rallongées sur ce sujet. Le flot de mots est inutile : les époux ne peuvent pas refaire leur vie, et il ne suffirait sûrement pas d'aller à Paris - ce qu'ils ne font finalement pas, contrairement aux dires de la femme - pour changer sa vie. Le type de vie menée se présente au fur et à mesure, mais à partir d'un certain moment, il semble totalement impossible de

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le renouveler ; le confort matériel, la belle maison blanche garnie d'un joli jardin, les deux enfants, l'homme au boulot, la femme occupée aux tâches ménagères, contribuent incontestablement à créer un certain train-train, un rythme monotone et monocorde. En acquérant cette maison, en choisissant d'élever deux enfants ce couple s'est construit une certaine vie, qui, en l'occurrence, est celle d'une grande majorité de couples, surtout à l'époque évoquée. Il est donc judicieux de noter que la tragédie ne se fait pas de façon trop brutale, trop brusque : ce ne sont pas des coups de couteaux assénés d'un seul coup. La chute est lente, très lente : c'est lentement, petit à petit, que l'american dream s'effrite, c'est petit à petit que les espoirs s'amenuisent, que le rêve s'évapore, que les illusions disparaissent. Car elles sont toujours présentes les illusions, ou tout du moins sous-jacentes : il faut dire qu'une salle comble qui applaudit et que le mot de Paris enthousiasme a de quoi griser, même si la pièce jouée n'est qu'un navet et que Paris n'est qu'une chimère. Les Wheeler sont jeunes, et c'est pour cela qu'ils se nourrissent toujours d'illusions, ils ont besoin de rêves auxquels ils peuvent se raccrocher, ils ne sont pas encore capables de se confronter à l'âpre et à l'impitoyable réalité. L'illusion est toujours là, et Mendes le montre d'une savante manière : c'est vrai que le tableau est charmant, le couple se retrouve, s'embrasse sur une pelouse impeccablement soignée, lui revenant du boulot, elle des tâches ménagères, il enlève héroïquement sa veste et l'étreint langoureusement, les enfants jouent devant eux, joyeux et insouciants ; il est vrai que c'est digne de la carte postale la plus kitsch, c'est finalement le bonheur superflu et artificiel que propose l'american dream et que Sam Mendes a ambitionné, depuis son fameux American Beauty de démasquer.

Mais le cinéaste ne se définit pas seulement par une conception propre du monde, et en l'occurrence aussi de l'histoire de son pays, ainsi que de thèmes privilégies et prédominants, mais également par une conception propre du cinéma et des techniques cinématographiques. Il est vrai qu'on peut reprocher à Mendes un certain manque d'originalité dans la mise en scène. Cependant, en faisant appel à un certain classicisme, Mendes fait par-là aussi référnce à l'âge d'or hollywoodien, rappelle les grandes heures d'un certain cinéma. Il ne s'agit pas d'être académique, il s'agit de faire preuve de maîtrise. Et il faut dire que la maîtrise suinte de partout, de tout l'ensemble de ce film absolument et totalement maîtrisé. La maîtrise est dans chaque plan savamment cadré par le photographe Roger Deakins, qui a également beaucoup collaboré avec les frères Coen et a récemment été récompensé aux Oscars pour No country for old men. La maîtrise est dans la façon dont le metteur en scène se situe par rapport à l'espace de cette maison impeccablement et irréprochablement soignée, cette belle maison dont la propriétaire fait l'éloge au début du film. Mendes tient sa caméra à distance, elle n'est jamais tremblante, elle est toujours très droite, et rehausse la beauté de chaque plan, rehausse aussi la "grandeur majestueuse" (Racine) de cette tragédie

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contemporaine. Le plan est toujours bien cadré, il n'y a pas d'approximatif formel dans Les Noces Rebelles, on est soit dans le plan d'ensemble pour présenter la belle maison évoquée des Wheeler, soit dans le plan moyen pour amener le spectateur au coeur de l'action (comme lors de l'accès de rage du mari avec le fou pourtant très lucide), soit dans le plan rapproché finalement, pour mettre l'accent sur l'expression des visages des protagonistes, ou mettre en exergue les entretiens, les différentes paroles prononcées. La maîtrise se manifeste aussi enfin dans cette savante osmose entre plans, dialogues et acteurs. Il faut toujours laisser dans un film à chacun sa part d'expression, chacun possède une certaine force d'expression propre, il faut mettre en relief le talent de trois intervenants majeurs du film : le metteur en scène, le photographe, le scénariste et dialoguiste et les acteurs. Ici c'est parfaitement les cas puisqu'on arrive au magistral moment où on ne parvient plus à distinguer les mérites des acteurs (impériaux Leonardo di Caprio et Kate Winslet), ceux du scénariste Justin Haythe ou ceux du metteur en scène Sam Mendes. A quoi en effet tient cette sublime tension distillée par la scène du petit-déjeuner servi par Mme Wheeler, juste le lendemain de la violente altercation entre les conjoints, l'aveu de haine de l'épouse et sa fuite dans la forêt ? A l'implacable mise en scène au cordeau de Mendes et à ses plans cadrés au millimètre, à la présence confondante de Leonardo Di Caprio et de Kate Winslet ou bien à la justesse des dialogues de Justin Haythe ? Telle est la question qu'on peut se poser à chaque fois devant les grands films.

Car Les Noces Rebelles est bien un grand film. C'est une impériale tragédie, servie par d'immenses acteurs et dans une mise en scène irréprochablement maîtrisée. C'est un film ambitieux, même s'il reprend un peu le projet de American Beauty : révéler les dessous du fameux rêve américain, les dessous de la fameuse carte postale kitsch à souhait du couple se retrouvant dans une jolie maison bordée d'un jardin et s'embrassant, après une journée de boulot pour lui et des tâches ménagères pour elle. Il y a bien évidemment un reproche qu'on peut faire à Revolutionary Road : en l'occurrence le manque, quand même flagrant, d'audace. Sam Mendes se repose finalement, pourrait-on dire si on était critique, sur le projet de American Beauty, ne va pas beaucoup plus loin dans la conception générale. Puis ce n'est pas vraiment un film où on ose, ce n'est pas un film à risques, ni dans le domaine de la mise en scène, qui n'abonde donc pas, on l'a vu, en prises de vues très périlleuses, ni dans le domaine du scénario, qui déploie donc la vision déjà écrite de l'American dream par Sam Mendes.Mais en dépit de ce manque d'audace, ne cachons pas notre immense contentement ; car cela fait toujours bien plaisir, surtout pour des cinéphiles, de voir du grand cinéma à l'écran.

The Curious Case of Benjamin ButtonThe Curious Case of Benjamin ButtonThe Curious Case of Benjamin ButtonThe Curious Case of Benjamin Button ou une ou une ou une ou une parabole sur le temps qui passeparabole sur le temps qui passeparabole sur le temps qui passeparabole sur le temps qui passe

En s'attelant, après des thrillers âpres et rudes comme Seven ou Zodiac, le huis-clos claustrophobe Panic Room et l'interrogation philosophique sur l'époque consumériste qu'est Fight Club, à la réalisation de ce conte fantastique intitulé The Curious Case of Benjamin Button David Fincher fait preuve d'une étonnante capacité de renouvellement. Évidemment, malgré ce changement littéral de cap, Fincher garde tout de même une certaine marque de fabrique. On sent poindre dans ce nouveau film ce ton un peu pessimiste voire apocalyptique, omniprésent dans Seven ou Fight Club. Dans tous ces films le réalisateur s'interroge sur un aspect tragique de la condition humaine : dans le premier c'est le côté dément de la religion et l'absence de Dieu donc de sens qui est mise en relief, dans le second les revers d'une société consumériste,

entièrement basée sur le matériel, et dans le troisième finalement il s'agit du temps qui, inexorablement et irréductiblement, passe.

En effet The Curious Case of Benjamin Button, écrit par Eric Roth d'après une nouvelle de F.S. Scott Fitzgerald, aborde principalement cette importante thématique : les ravages du temps qui passe. Cela est tout d'abord illustré dans le film par sa longueur - le temps du film est long (2h45), le temps du récit encore plus. Car finalement le scénario englobe en fait toute l'Histoire de l'Amérique Contemporaine, de 1918, la naissance de Benjamin Button jusqu'à 2003, l'année de la mort de Daisy, sa compagne. Sont évoqués en filigrane des événements capitaux de l'histoire des Etats-Unis, mais souvent de

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façon superficielle, car le film se concentre essentiellement sur l'expérience individuelle de Button : ainsi on mentionne la fin de la Première Guerre Mondiale en 1918 et la victoire des Etats-Unis, l'époque de la Colonisation et de l'esclavage des Noirs (le pygmée Tizzi raconte comment il a été maltraité par les Blancs dans un zoo), Pearl Harbor et la Seconde Guerre Mondiale, à laquelle Button participe en tant que marin. On a aussi une image des sixties - très approximative - celle de l'insouciance et la joie de vivre emblématique des Beatles,

dont un concert est montré à la télévision et regardé par le couple. Finalement c'est l'ouragan Katrina en 2003 sur lequel se clôt toute cette histoire, et lors duquel meurt Daisy, grabataire et très vieille, dans un hôpital, accompagnée de sa fille Karoline, qui y aura découvert l'histoire de son père, le fameux Benjamin Button. L'histoire gagne ainsi en cohérence : elle commence et finit par un choc, un bouleversement total, psychologique et humain surtout avec la Première Guerre Mondiale, géographique avec l'ouragan Katrina en 2003.Le récit veut donc rendre compte des ravages du temps qui passe, mettre en exergue cette fuite inexorable du temps. C'est pourquoi les séquences ne durent jamais très longtemps, il s'agit toujours de passer d'un moment à un autre, l'enjeu même du film semble être d'aller en avant, de continuer, de ne jamais s'arrêter. Rares sont les plans fixes qui durent très longtemps, les scènes de plus de 5 minutes ; Fincher emmène toujours son spectateur d'un lieu à un autre, d'une époque à une autre, en l'espace de quelques minutes, et pour lui faire remarquer l'évolution physique constante très frappante de Benjamin Button. C'est finalement un film sur l'évolution, sur les mutations de l'être, à la fois physiques et psychologiques, un film d'apprentissage enfin (selon la tradition du Bildungsroman) : il s'agit souvent de relater les premières expériences de Button : la première fois qu'il marche, la première fois qu'il joue au piano, la première fois qu'il va au bordel et couche avec une femme. En bref c'est un apprentissage de la vie que fait Button, de la vie d'un point

de vue exhaustif, une quête immense et interminable, sauf qu'elle est effectuée en sens inverse. Le héros découvre ainsi tour à tour la mort (celle de la femme de Wagner par exemple), l'amour (avec Elizabeth Abbott d'abord, sur l'île de Mourmansk), l'amitié (avec Captain Mike), la violence (lors de la Seconde Guerre Mondiale, sur le bateau). Il s'agit de découvrir, dans la plus pure tradition du récit d'apprentissage, tous les constituants de la vie, tous les éléments d'une existence humaine. C'est un film sur l'éducation, mais finalement, comme le

suggère la fin de la vie de Button, cette éducation est régressive et finalement inutile : à la fin de sa vie le héros ne sait plus ni parler ni marcher, se retrouve en bébé, et c'est comme s'il n'avait pas vécu. Cependant ce n'est pas parce que le sujet du film est la fuite inexorable du temps que l'ellipse temporelle y est cultivée à outrance. Non, il s'agit de montrer comme le temps s'égrène petit à petit, les ravages progressifs du temps sur les hommes. Ici on a donc les morts successives de tous les proches de Button, finalement à la fin il ne reste plus aucun protagoniste en vie, et c'est comme si, une nouvelle fois, cette histoire n'avait pas eu lieu, ce qui octroie une touche mystérieuse bienvenue au récit. En fait cela se traduit dans le film par d'autres astuces narratives, par exemple l'usage du flash-back, qui permet donc de pouvoir embrasser toute cette immense histoire ; par le biais du souvenir et plus particulièrement du journal intime laissé par Button. Par le regard rétrospectif qu’ont à la fois Daisy et Button, ainsi que Karoline, le film permet de bien rendre compte de cette puissance inexorable du temps qui passe, peut-être la règle suprême et ultime finalement, selon laquelle notre monde est régi. Cette image du temps qui passe surgit de façon récurrente et obsessionnelle dans le récit, c'est bien son enjeu principal et peut-être exclusif que de le figurer, notamment sous forme de symboles : ainsi la fameuse horloge construite par M. Gateau, dont les aiguilles vont à l'envers, comme pour défier justement cette règle pourtant immuable.

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Mais en plus de sa pertinente réflexion philosophique et métaphysique sur ce sujet d'une importance cruciale, The Curious Case of Benjamin Button se distingue par son aspect de conte fantastique, vivant, à l'imagination débridée. Finalement Eric Roth, le scénariste se place bien en conteur, au sens de celui qui raconte une histoire digne d'être racontée, insensée, inouïe. Le conteur est finalement celui, d'après la définition qu'en donne le film implicitement, qui brode à partir d'un simple motif, au départ très dépouillé. Finalement l'idée du film se tient en une phrase : "un homme qui est né vieillard et qui meurt bébé." Et c'est là qu'on peut vraiment parler d'un renouvellement total pour Fincher, car son cinéma s'enrichit d'une tonalité toute nouvelle, puisque en plus de la vision philosophiquement sombre qui lui est propre, il adopte ici toute la fraîcheur et la verve du conteur inventif. Car le récit déborde en imaginations inventives de tout acabit, d'histoires facétieuses, de légendes amusantes, d'anecdotes piquantes, de personnages attachants. Finalement The Curious Case of Benjamin Button tient surtout par la force de son récit et la virtuosité du conteur qui y est déployée. Cela se traduit déjà concrètement par la multiplicité des registres et des tonalités qui y sont brassés, c'est cela la fraîcheur du conteur, celui qui passe sans vergogne du grotesque (le bébé avec la tête d'un vieillard) au sublime (magnifique séquence de danse au bord du lac Pontchartrain), du comique (l'épisode de l'Église, les personnages incroyablement pittoresques que sont Captain Mike, artiste tatoueur, M. Button et le

pygmée Tizzi) au sentimental (l'histoire d'amour entre Benjamin et Daisy), de la farce au tragique. Finalement on n'est pas trop loin de Victor Hugo, et Button ne s'éloigne pas trop, dans sa différence radicale, d'un certain Quasimodo ou de la créature défigurée de L'Homme qui rit. Il faut donc savoir que The Curious Case of Benjamin Button est un film riche, foisonnant - à l'égard de l'imagination boulimique qu'y déploie le conteur évoqué. C'est un film ambitieux, une fresque épique costumée, maquillée et décorée à souhait comme en raffole Hollywood (triomphe aux Oscars pour le film). Il a fallu trouver une mise en images particulière, et il faut dire que le spectateur ne peut pas trop se plaindre : déjà on peut noter d'étonnants maquillages, qui octroient au film et à l'histoire une magie supplémentaire. Puis la photographie lumineusement poétique de Claudio Miranda est très belle : on se souviendra encore longtemps des images de danse de Daisy au bord du lac Pontchartrain.The Curious Case of Benjamin Button est donc un film où il faut se laisser emporter, emporter par l'impressionnant souffle épique, par l'imagination débordante, par les belles images de conte de fées tragique, par le couple emblématique que forment Brad Pitt et Cate Blanchett, décidément de très grands acteurs du cinéma (américain) contemporain. On pourra aussi féliciter le film d'avoir la plupart

du temps essayé d'éviter tout pathos exagéré : à part quelques dialogues d'une mièvrerie affligeante ("On n'est pas parfait tout le temps") et quelques gouttes d'un larmoyant pas très fin, l'oeuvre de Fincher réussit à émouvoir et à toucher véritablement le spectateur, sans trop d'ajouts lacrymaux.

On retient donc The Curious Case of Benjamin Button comme une fable incroyablement riche et foisonnante, qui brasse nombre de registres, de la chronique historique, au fantastique en passant par l'histoire sentimentale, l'épopée et le récit tragique. A la fois conte inventif et parabole philosophique, le film se distingue par la réflexion très pertinente à laquelle il invite sur la fuite irrémédiable du temps, comme à son lot irrésistible de belles images de contes de fées, d'acteurs charismatiques, de virtuosité technique et narrative. Malgré quelques errances chronologiques et quelques mièvreries sentimentales très larmoyantes, le film contribue donc à un nouvel essor du cinéma américain indépendant et prouve, avec d'autres films de cette saison comme le bouleversant Revolutionary Road de Sam Mendes, que cinéma n'est pas exclusivement synonyme d'industrie aux Etats-Unis.

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CULTURE ET LOISIRS

Hamlet, c'est avant tout l'histoire de corps. Des corps blessés, meurtris, défigurés, colorés, déstructurés, qui se débattent vainement contre la mort, contre Dieu, contre l'ordre du monde. C'est le corps affaibli et irréel du père d'Hamlet, qui apparaît sous forme de spectre, flou et pâle. C'est le corps tourmenté et rigide d'Hamlet, ligne toute droite à l'horizon, et l'on peut observer comme son visage pâlit, bleuit et s'étiole à mesure que la pièce avance, qu'il rejoint son père. C'est le corps de Claudius, blêmissant devant Le Meurtre de Gonzague, mettant en scène sa propre histoire. C'est le corps d'Ophélie, chantant, dansant, se mouvant gracieusement dans les airs. C'est enfin, au cinquième acte, tous ces corps totalement affaiblis, qui tombent, s'affalent, meurent, tous lamentables devant la supériorité confondante de Dieu et du Destin. L'homme est réduit à l'état de corps, sans pensée ni âme, ce corps de squelette dont le fossoyeur ramasse les débris. Mais c'est aussi une pièce sur les mots et toute leur vanité. Car les mots sont bien vains ici, inutiles, superflus. C'est la ridicule tentative de l'homme pour pouvoir s'exprimer, penser, réfléchir et enfin se dresser contre le Destin et l'Ordre du monde, de s'affirmer finalement, de montrer avec force sa présence décisive. Hamlet s'aperçoit de l'anémie confondante des mots, de leur vide suprême ("Words, words, words" répond-il à Polonius qui lui demande ce qu'il lit). Au fond les mots ne forment qu'une enveloppe prétentieuse et sans intérêt. D'après cette phrase, les mots sont en eux-mêmes une finalité, ne servent aucune cause plus grande ou plus importante. Finalement oui, cette pièce de Shakespeare peut bien se résumer comme cela : la vaine lutte des mots contre la réalité des corps, c'est-à-dire la finitude, la moisissure, l'imperfection physique humaine, les maladies, parmi lesquelles peut se compter la folie...

Peut-être peut on reprocher à Matthias Langhoff de ne pas s'être mis totalement à disposition du texte shakespearien, ou plutôt de n'avoir pas, volontairement sûrement, laissé entendre toute la force du texte pur, brut et dépouillé. L'intérêt de sa mise en scène n'est pas de mettre en exergue les différentes qualités sonores ou vibratoires du texte (à noter aussi qu'il s'agit d'une traduction) ou bien encore de bien insister sur la force psychologique ou encore la dimension presque métaphysique, philosophique du texte de Shakespeare.

Non, l'intérêt de Langhoff réside autre part. Déjà dans la volonté de restituer toute la singularité, toute l'ambivalence, toute l'originalité du théâtre élisabéthain, un peu comme la résume Voltaire dans sa Dissertation sur la tragédie ancienne et moderne de 1748: "Il semble que la nature se soit plus à rassembler dans la tête de Shakespeare ce qu'on peut imaginer de plus fort et de plus grand, avec ce que la grossièreté sans esprit peut avoir de plus bas et de plus détestable." C'est cette singularité qui constitue, selon Langhoff, la richesse et la force exemplaire de ce texte. Et dans sa mise en scène, le rire de la populace la plus basse côtoie le tragique le plus haut, la farce coudoie invariablement le tragique. Cela est incroyablement bien exprimé par le metteur en scène allemand. Le monde du cabaret avec ses numéros burlesques et ses applaudissements, ce monde frivole et vulgaire vient se mélanger ici avec le dépouillement pur propre à la tragédie (le décor est plutôt simple, mis-à-part l'artifice du théâtre dans le Théâtre : des planches superposées sur lesquelles Hamlet se promène de long en large et de large en long, en proie à l'angoisse dépressive la plus crépusculaire). La proximité incroyable de la farce la plus grossière et du tragique le plus sublime est aussi bien tangible dans la fameuse scène du "TO BE OR NOT TO BE". Dans la tirade sobrement déclamée par François Chattot, interprète d'Hamlet, dans toute sa solennité qui confine effectivement au sublime, des numéros musicaux très primitifs viennent s'intercaler, le "TO BE OR NOT TO BE" est chanté sur les airs de Singin' in the rain ou de James Bond. Le spectateur est constamment agité entre la concentration méditative et l'exclamation enthousiaste, entre, dirons-nous d'une façon peut-être exagérée, le rire et les larmes.

Ainsi parfois la mise en scène de Langhoff s'apparente à un pur enivrement. C'est la magie désuète du cabaret sous les lumières blafardes des projecteurs vieillis, ce sont les corps de femmes piteusement dénudés, qui s'agitent avec une sensualité exacerbée sur la scène, invitant immédiatement à l'acte sexuel. C'est ce désordre inouï, presque issu d'un film de Kusturica, provoqué par un mélange de musique effrénée, d'agitation continue, de couleurs, de costumes, de paillettes, de rythme, de burlesque (un cheval qui participe à l'orgie), d'images, d'ivresse enfin. C'est un kaléidoscope vivant qui s'agite sous l'effet de la musique, qui crie, qui danse interminable. C'est un indescriptible capharnaüm, un chaos joyeux et déroutant, incroyablement enthousiasmant. Un présentateur (Jean-Claude Jay,

Hamlet-cabaret

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également interprète de Polonius) esquisse quelques pas de danse sur la piste, parle du spectacle, essaie de le rendre aguichant, intéressant, essaie d'ameuter la foule des spectateurs. Ceux-ci sont d'ailleurs attablés juste devant, dans le parterre: encore une impression de cabaret. Cette ambiance légère et désinvolte est aussi rehaussée par le procédé de la distanciation, typique de Brecht : à un moment, entre deux tirades, Patricia Pottier, interprète d'Ophélie, clame haut et fort : "Demain, c'est la Saint-Valentin" (la représentation dont nous parlons ici avait lieu le 13 février), un procédé surprenant et très efficace.

Mais d'autres fois l'Hamlet de Langhoff est une pure tragédie, qui s'inscrit dans la tradition du genre, forte, simple, vraie, ample, claire. C'est évoqué par le début, qui commence en fait avec la fin de la pièce (procédé une nouvelle fois Brechtien, qu'on retrouve également dans le théâtre de Dürrenmatt : le spectacle de Langhoff s'inscrit ainsi dans toute une tradition allemande ; les corps des protagonistes sont affalés sur le sol, inanimés, immobilisés par la mort. C'est une ouverture d'une grandeur et d'une solennité tragique toute shakespeariennes, mais encore légèrement affaiblie par des bruits ou des artifices parasites. Cette ambivalence invite à la diversité, à la pluralité. C'est une pluralité qu'on retrouve dans l'interprétation. François Chattot, digne Hamlet, joue constamment sur ces deux cordes de son arc : tantôt il se montre sincère, authentique - par exemple dans la fameuse tirade de "TO BE OR NOT TO BE" tantôt il déploie de l'auto dérision, de l'humour au second degré. En fait il lui revient le mérite d'avoir fait ressortir toute la complexité extraordinaire de Hamlet. Finalement Shakespeare a fait une savante analyse de l'acteur avec ce personnage, de la même manière qu'il s'est toujours interrogé sur le théâtre dans son ensemble ("Le monde est un théâtre et nous sommes tous des acteurs", trouve-t-on dans Comme il vous plaira). Car Hamlet est un acteur, très proche de Lorenzaccio, d'une certaine façon. Le jeu fait partie intégrante de son plan, du complot qu'il fomente, de la trame qu'il ourdit. Il s'agit de se faire passer pour fou, et donc de jouer, pour éviter tous les soupçons - Lorenzaccio joue également un rôle pour pourvoir s'introduire dans la cour de Médicis. Et c'est là que le personnage de Shakespeare devient tout simplement fascinant. Comme dans les grandes pièces baroques, La comédie des comédiens de Scudéry ou Saint Genest de Rotrou, les frontières entre réalité et fiction ou théâtre sont totalement brouillées. C'est le cas chez Shakespeare : à un certain moment le spectateur est tout simplement incapable de discerner entre le réel et l'illusion théâtrale. Lorsque Hamlet assène ses propos extravagants à Polonius, à Ophélie ou à Claudius, est-il encore parfaitement conscient et maître de soi ? C'est cela une des grandes qualités de la pièce, bien mise en valeur par la mise en scène de Langhoff : le fait que l'évolution du personnage, son passage de la conscience à la folie n'est pas du tout précisé et que les étapes n'en sont pas précisées, que le réel et l'illusion se mélangent donc avec un extraordinaire brio.Mais la pluralité évoquée vaut aussi pour tous les comédiens : Anatole Kouama, interprète de Claudius, s'éloigne indubitablement de la farce et de la "grossièreté" évoquée par Voltaire en choisissant un ton ample et grave, solennel et sentencieux. Mais les Rosencrantz et Guildenstern de Marc Barnaud et Philippe Martaud sont exclusivement des personnages de farce, tout simplement grotesques. L'ambivalence est aussi parfaitement représentée dans le spectre du défunt roi de Danemark, ici Jean-Marc Stehlé. Ce personnage oscille presque tout le temps entre un tragique qui inocule le respect le plus solennel, et la farce la plus rudimentaire. Il est ainsi sublime quand il se dresse sur l'estrade, telle une silhouette vaguement fantomatique, en train de parler à Hamlet d'une voix sourde de son projet de vengeance et grotesque quand il poursuit son fils pour lui dire de faire jurer "Horatia".

Même si c'est toujours une incomparable gageure que de s'atteler à la mise en scène d'un chef-d'oeuvre de Shakespeare, on peut dire que Langhoff s'en est assez bien tiré. En allant au TNS voir sa mise en scène, on voit une certaine approche, un certain point de vue, un certain éclairage, personnel et singulier, jeté sur l'oeuvre évoquée. On salue l'audace, toujours bienvenue au théâtre, du moment qu'elle est justifiée. Ce qui est ici le cas, puisque le metteur en scène allemand arrive à faire ressortir toute l'ambivalence, toute la singularité exceptionnelle du théâtre élisabéthain, et plus particulièrement shakespearien. Ici la farce côtoie sans cesse la tragédie, la grossièreté le sublime, l'ambiance délurée du cabaret la retenue d'un décor tout en sobriété. Mais sa mise en scène est avant tout un enchantement, une espèce d'enivrement, toujours conjugué au dépouillement le plus tragique. Il faut se laisser enivrer en effet par cette cadence entêtante du cabaret déchaîné, ce cheval vivant qui bat la mesure dans un coquillage géant accompagné de danseurs "kusturiciens", dans un désordre joyeux et inimaginable de paillettes, de rire, de larmes, de chansons, de tragique, de tirades, de joie, de morts, de fête, de paillardise, d'érotisme, de folie, d'amour, de rythme et d'intensité. Un rêve de théâtre.

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CREATIONS

EUROPE - I HAVE A DREAM

I have a dream, qu’un jour nous puissions les réaliser,Ces rêves que l’on rêve de finaliser.I have a dream, qu’un jour nous puissions nous asseoir ensemble,Riches et pauvres, fils de cette Terre qui tremble.

Qui pourra m’en vouloir ? Je ne fais que songerA toute cette merde qu’il va falloir éponger.On a plongé comme des cons sans savoir nager,Et maintenant qu’on se noie, on se sent en danger.Mais ça peut changer ! Il "suffit" de tout ranger,Mais on a trop la flemme, on n’aime pas s’engager,On récolte ce qu’on sème mais on n’aime pas l’boulot,« C’est bons pour les rigolos, les fils de prolos ! »Si on en croit les mecs qui sont au bout du complot,Ceux-là même qui gagnent tout le fric, les salauds !Allons, ne soyons pas jaloux, prenons les flots,Et prônons un partage plus égal de ses lots.

I have a dream, qu’un jour l’Europe soit un moteur,Pour aider les autres à grimper sur les hauteurs.I have a dream, qu’un jour l’Europe soit moins raciste,Et qu’elle estime les mélanges auxquels elle assiste.

Car elle a sur son sol une multitude de culturesQui en font sa richesse mais aussi son allure.Une Europe à mille têtes et à mille chaussuresQui est faite pour le progrès et pour l’aventure.C’est l’aventure européenne que l’on murmure,D’abord, afin que tout le monde se rassure,Et que l’on hurle, ensuite, pour qu’elle se réalise.Tant d’pays ont besoin qu’elle leur prête des valises,Qu’elle les emmène avec elle dans son entreprise.Je veux croire que l’Europe avec plus de franchise,Pourrait franchir un cap et ainsi s’affranchirDe c’que j’lui reproche dans mes paroles incomprises.

I have a dream, qu’un jour on me comprenne,Et que mon séjour se prolonge sur cette scène.

David Moncada, TES1

Depuis que j'ai cambriolé un cabriolet barioléJ'ai la police de l'arc-en-ciel et les condés colorés,La brigade aquarelle et l'inspecteur Palette,Les Renseignements Picasso et l'armée complèteSur le dos.

Depuis que j'ai cambriolé un cabriolet barioléJe me suis paré de couleurs de la tête aux pieds,Mes yeux sont mauves et mon nombril est jaune,Mes dents son bleues assorties à mes cheveuxMais mon gros orteil vert touche toujours par terre.

Quand je regarde un film en noir et blancÇa me rappelle comment j'étais avant :Un peu terne, un peu tristeComme lorsqu’on enlève les spots de la piste…Beaucoup trop tôt.

Quand je regarde ma vie à présent,Je me dis que je me suis fait le plus beau des présents :Un pot de peinture fraîche pour garder la pêche,Des pinceaux avec une pince orange pour qu’on les range,Et du White Spirit car la peinture m’irrite.

Eh ouais, depuis que j’ai cambriolé ce cabriolet barioléJe me suis exposé aux infrarouges et aux ultraviolets,Le spectre des couleurs m’attend à toute heureEntre le magenta, le jaune et le cyan, tassé comme un voleurQui veut ma peau.

Je ne veux pas d’embrouille avec cette fripouille,Vite, je gribouille un petit message couleur rouille,Sur un bout de papier blanc cassé,Les couleurs volées se sont envolées,Et le cambrioleur de couleurs se meurt…

David Moncada, TES1

UN CABRIOLET BARIOLE

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Oublier

CREATIONS

J'ai erré dans les méandres du tempsSans jamais trouver à quoi m'accrocherSans trouver personne sur qui m'appuyerEt m'y suis perdu pour encor longtemps

Mur franchi puis pas de retour possibleChemin choisi dans ce labyrinthe fouPuis oublier rendre tout souvenir flouAinsi rendre les tourments plus paisibles

Il faudrait pouvoir perdre la mémoirePour dans les nuits pouvoir encor y croireEt ainsi laisser une lueur briller

L'Oubli est un signe de faiblesseNon sans moins devoir faire preuve d'hardiesseCar il faut se combattre pour oublier.

Félix Staedelin-Hoyo, 2nde2

TU PLONGESC'est sûr j'irai mieux avec çaMon ciel sera plus bleu comme çaPromis, je peux m'arrêter comme ça Demain, je m'serai tiré de là.

Tu vois on n'est pas si solideCrois-moi, on ne naît pas invincible

Tu plonges, tu plonges, tu plonges Et tu tombes.Tu t'échappes le temps d'une secondeEt tu bascules dans l'ombre.Tu plonges, tu plonges, tu plonges Et tu tombes.Ta vie t'échappe le temps d'une secondeEt tu bascules dans l'ombre.

C'est vrai, y' a plus faible que moi.Pourtant j'suis pas si fort que çaEt quand j'arrêterai ces conneries làOh je s'rai pas plus fier de moi

Tu vois on n'est pas si solideCrois-moi, on ne naît pas invincible

Tu plonges, tu plonges, tu plonges Et tu tombes.Tu t'échappes le temps d'une secondeEt tu bascules dans l'ombre.Tu plonges, tu plonges, tu plonges Et tu tombes.Ta vie t'échappe le temps d'une secondeEt tu bascules dans l'ombre.

C'est fou mais j'suis pas c'que tu croisEt si j'fais ça j'ai mes raisons à moi.T'en va pas, non, ne me juge pas Alors que j'me bousille devant toi.

Tu vois on n'est pas si solideCrois-moi, on ne naît pas invincible

Tu plonges, tu plonges, tu plonges Et tu tombes.Tu t'échappes le temps d'une secondeEt tu bascules dans l'ombre.Tu plonges, tu plonges, tu plonges Et tu tombes.Ta vie t'échappe le temps d'une secondeEt tu bascules dans l'ombre.

Sarah Charpilloz, TL

Six mois déjà qu'il n'est pas apparu ;Six mois déjà qu'il nous laisse aux nuagesNe se laissant pas apercevoir nuAttendant l'été pour déferler sa rage.

Viendra-t-il bientôt dégeler les roses ?A nouveau, de lumière, baigner toute chose ?Égayer, de ses rayons, tout sur TerreEt, d'un plongeon, se coucher dans la mer ?

Ramène l'Amour, ô astre tout-puissant !Laisse-le, une fois de plus, souiller nos sangs !Laisse les oiseaux gazouiller à leur aise,Façonne enfin la nature de ta glaise !

Fais pousser la vie, les plantes et les fleurs,Jette sur moi tes rayons, que vienne mon heurFais revenir l'Amour, revenir mon CœurEt qu'ainsi, sous ton joug, cesse ma douleur.

Félix Staedelin-Hoyo, 2nde2

Ce fut comme une apparition

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Silence.Vide.Le Néant, l'Absolu, l'Infini ne sont pas très loin.Et puis tout à coup MusiqueMusique mystérieusement envoûtanteOpiniâtrement entêtanteMusique qui retentit sur le petit walk-man du danseurDu danseur qui se lève et s'apprête à danserSon corps est debout; on entend la musiqueSon corps est debout; des voix l'acclamentSon corps est debout; des chants le célèbrentSon corps est debout; des mains l'applaudissent Son corps est debout: des regards l'exaltentLa salle est bondée, la salle est pleine, la musique retentit, les regards sont rivés sur le danseur exaltéEt la musique continue, entêtante, persistante, entraînanteEt le corps du danseur se meut, commence à se mouvoirLa salle est pleine, le danseur est deboutLa musique retentitLa musique mystérieusement envoûtanteSon corps bougeDoucement d"abordSon épaule onduleSes mains traversent l'airSes genoux se plientSes yeux pétillentSon cou dévieSon ventre s'agiteSes pieds remuentLa musique continueLa musique mystérieusement envoûtanteEt le danseur danseDanse mouvementéeDanse tumultueuse et jaillissante et effrénéeDanse rythméeDanse de la haine furibondeDanse de la colère rancunièreDanse de l'éclosion de l'amourDanse des antilopes dans la savaneDanse de l'engendrementDanse de la création frénétiqueDanse du désir dynamiqueDanse des hortensias et des dahliasDanse de l'odeur enivrante de thym et de sapinDanse des dattes mielleuses de la cuisineDanse des habits de fêteDanse des vêtements de nuitDanse des mouchoirs en soieDanse des meubles en boisDanse des sculptures de l'île de PâquesDanse des explorateurs endiablésDanse de LuciferDanse des Enfers et de CerbèreDanse du Styx Danse de BouddhaDanse de la recherche du temps perdu de Proust

DANSE

CREATIONS

CALLIOPE

L’aurore aux doigts de rosée,Fées imprégnées de gouttelettes parfumées.Respire encore l’odeur enivrante,Envoûtante ;Instant suave,Hommage aux muses si tôt levées.

Ariane Kupferman-Sutthavong, 2nde4

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Danse du cinéma et des images sur l'écranDanse pointilleuse du pointillisme styliséDanse du surréalisme survoltéDanse des nuits de Pleine LuneDanse des corps des amants ardentsDanse du thé dans la cafetière, danse du café dans la théièreDanse des persiennes et des rideauxDanse de la ville endormieDanse des rognons de porc au RieslingDanse des ruelles et des venelles sombresDanse des voyages en montgolfière Danse des livres lus avec aviditéDanse des baisers, des étreintes enivrantesDanse lancinante du deuil infini Danse des pleureuses aux mouchoirs blancs de soieDanse des noces d'argentDanse des labyrinthes et des dédales dans les jardins orientaux parsemés de plantes étoilées Danse des bambins apprenant à marcherDanse des bambins apprenant à parler Danse de la sépulture des corps enterrésDanse des obsèques de minuit dans des patinoires gelées Danse des eucalyptus et des caméléons alchimistes Danse des psaumes bibliques répétés dans la nuitDanse des curés, des boulangères, des avocats et des acteursDanse des pièces d'argent sur la place du MarchéDanse du braille des aveugles illisible pour les sourdsDanse de la trompette, du golf et des harengsDanse du ski, des pleurs et de la jalousieDanse du cognac, des églogues virgiliens et des napperons de repasDanse des cygnes, des noix et de la fellation Danse de l'amitié, des cathédrales et des tipisDanse de l'algèbre, de l'angélus et de l'eau calcaireDanse des briques de grès rose sur les maisons alsaciennesDanse savante des historiens éruditsDanse des cloches, des torsades et des marronsDanse des étreintes, des mots et des coquillages au ventDanse des claviers, des nains de jardin et des portes transparentesDanse des voyages, des croissants et des prisonsDanse des traités et des sacrifiésDanse des orphelins sur les grand-chemins sur les grand-routes Dehors dans l'infiniLa musique est continue, la salle est bondéeTous les yeux sont rivés sur le danseur follement tourbillonnantEngrenage remuant éblouissant frétillement Danse mouvementéeDanse tumultueuse et jaillissante et effrénéeDanse rythméeUn bras, un pied, une jambe, un oeil, une omoplate, une dentMOUVEMENT La piste est enflamméeLa musique est effrénéeLe danseur est obstinéLa salle est forcenéeLes regards sont illuminés Le rythme va crescendo, le cou du danseur est mouillé de sueurLa sueur jaillissante du danseur opiniâtreDu danseur obstiné du danseur entêtéLes mains ne cessent pas d'applaudir la peau du danseur est brûlante d'une fièvre toute rythméeMais la musique - la musique elle, - la musique effrénée, tout à coup commence, imperceptiblement, tout à coup, à baisser.

Matthias Turcaud, 1L2 (avec la collaboration de Camilla Zerr, 2nde2)

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J’ECRIS

J'écrisJ'écris sur du papierJ'écris sur un calepinJ'écris sur un brouillonJ'écris sur un cahierJ'écris sur un classeurJ'écris sur un tableauJ'écris sur la tableJ'écris sur ta peauJ'écris sur ma peauJ'écris sur mes habitsJ'écris sur tes habitsJ'écris sur l'océanJ'écris sur la terreJ'écris sur le solJ'écris sur le sableJ'écris sur ton dosJ'écrisJ'écris des motsJ'écris des conneriesJ'écris une dissertationJ'écris un commentaireJ'écris un poèmeJ'écris une pièce de théâtreJ'écris un exerciceJ'écris une lettre d'amourJ'écris une lettre de motivationJ'écris des promessesJ'écris des excusesJ'écris de l'amourJ'écris des bêtisesJ'écris des chosesJ'écris des trucsJ'écris des machinsJ'écris des bidulesJ'écris une liste des coursesJ'écris que je t'aimeJ'écris que je ne t'aime plusJ'écris des phrasesJ'écris des lettresJ'écris des pointsDes points de suspensionEt puis des points d'exclamationEt des points d'interrogationJ'écrisJ'écris avec ma mainJ'écris avec mon stylo J'écris avec mon crayon

J'écris avec mon BicJ'écris avec mon StabyloJ'écris avec mes onglesJ'écris avec mon espritJ'écris avec mon imaginationJ'écris avec ma fantaisieJ'écris avec plaisirJ'écris avec goûtJ'écris avec amourJ'écris avec toiJ'écris avec mon cerveauJ'écris avec mon coeurJ'écrisJ'écris pour rienJ'écris pour toutJ'écris pour me faire plaisirJ'écris pour me divertirJ'écris pour me faire du bienJ'écris pour faire quelque choseJ'écris pour faire sortir quelque chose de moiJ'écris pour écrireJ'écris pour je ne sais pas quoiJ'écris pour inventerJ'écris pour imaginerJ'écris pour créerJ'écris pour aimer J'écris pour avoir une bonne note à mon test de français car il avait dit que ça serait noté et puis il faut que je fasse monter un peu ma moyenne quand mêmeJ'écris pour les chosesJ'écris pour la vie J'écris pour le bonheurJ'écris pour le chocolatJ'écris pour les fraisesJ'écris pour les framboisesJ'écris pour les oiseauxJ'écris pour la joieJ'écris pour les fousJ'écris car je pense qu'il faut bien que quelqu'un écrive si c'est pas moi c'est quiNon mais j'écris surtout pour toi mon amourJ'écris pour pouvoir t'écrire "Je t'aime", mamour.

Matthias Turcaud, 1L2

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Ecoute de tout ton nezAu fond des jours La pulsation est làDes impressions figées se renouvellentAu creux de la musiqueRéinventéeUn morceau de guitare SaupoudréD'imaginationDans les minutes qui s'amoncellentDans le ciel des jours trop vite passésUn instant la musique résonne le temps s'arrête pour un momentIl faut s'agiter sous l'effet de la musique au creux de la musique qui sublime les minutes réinventées et le rythme est rédempteurRythme rédempteur Rythme salvateurQui purge de tous les crimes de toutes les offenses de toutes les blessures de toutes les tonsures du monde qui les effaceElles s'évaporent elles s'affaiblissent elles s'évaporent elles disparaissent elles s'amenuisent et elles s'étiolent elles s'en vont au loin Au loin des jours nouveauxNous sommes maîtres de notre destinLes jours s'en vont au loinNous sommes maîtres de notre destinLes jours s'en vont on s'en fout ils s'en vont au loin dans les nuages derrière les montagnes et derrière la grande plaine là-bas tu la vois elle est là-bas exactement là-bas Les jours s'en vont au loinEt la musique retentitLes musiciens s'en vont au loin dans la musique réinventée derrière les nuages percés de clés de sols de clés de fa et qui se métamorphosent en des contrebasses les contrebasses de l'orchestre qui joue la musique envoûtante qui me laisse croire que plus rien n'existevraimentEt le rythme se laisse entendre derrière les marécages boueux et pestilentiels de ton coeur qui bat sur mon corps qui s'agite sous l'effet de la musique rédemptrice C'est le début de quelque chose de différentC'est le début de quelque chose d'autreC'est le début de quelque chose de nouveauC'est le début de quelque chose d'originalC'est le début de quelque chose de singulierRegarde la musique de tout ton nezNous sommes les maîtres de notre destin vois-tuIl ne faut pas croire ce crétin d'OedipeÉcoute les rythmes ondulatoires incroyables de la musique qui joue à sa guise avec nos corps éberlués Il ne faut pas croire toutes les conneries et les crétineries des connards couillons qui sont vraiment consLe rythme purge de toutes les offenses de toutes les blessures de tous les meurtres de tous les crimes de la terre et des autres terres tu crois qu'il y a d'autres terres? il y en a peut-être il faut regarder de son mieux un peu partout oh arrête tu me fais pleurer j'ai des larmes partout c'est beau la vie quand même c'est géant ça me paraît tout grand j'arriverai jamais à tout faire ce qu'il y a faire ou tu crois que j'arriverai un jour tu me dis qu'il faut que je baisse pas les bras mais pourquoi tu dis ça ce n'est pas vrai à moins que tu as envie de dire des choses qui sont pas vraies du tout mais je crois que ce n'est pas le cas ou est-ce que c'est le cas dis-moi ou tu as pas envie de me dire enfin tu as raison c'est vraiment bête comme questions pardon enfin je crois que tu n'aimes pas quand je dis pardon excuse-moi enfin non qu'est-ce que je dis euh je trébuche sur les mots ça t'arrive de trébucher sur des mots un peu réticents à premier abordNous sommes les maîtres de notre destin sais-tuIl ne faut pas croire ce crétin d'Oedipe

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Au fond des joursla pulsation est làÉcoute nous allons tous les deux peut-être Écoute ÉcouteCe n'est pas fini enfin je crois pas tu crois que c'est fini je ne crois pas que c'est fini franchement je crois pas du tout je te disOh là là on en a plein les yeux plein la têteCa déborde de partoutOn va manger des soupes aux larmes ça peut pas être plus dégueulasse que la soupe aux ortiesQu'est-ce que tu en pensesdu monde de la vie des cigarettes des bonbons des hérissons du sexe de la cuisine épicée des avions des bureaucrates du cinéma grec des années 30oh ahles mots sortent petit à petitde l'orifice buccalc'est joli ce mottu entends la musiqueécoute de tout ton nezoh j'ai envie de pleurerest-ce que tu sens tout ce qu'il y a derrière les mots que je disécoute écoutela musique continueet le rythmeje sais pas j'hésite à former des motset des phrasesqu'est-ce qu'une phraseoh je t'aime qu'est-ce que je t'aime j'ai envie de te dire je t'aime avec tout mon corps j'ai envie que mes oreilles et mes orteils te disent je t'aime tout le jour et toute la nuit entièreoh tu me prends sûrement pour un idiot mais bon c'est pas grave qui empêche d'aimer les idiotsoh je t'aime écoute la musiqueil y a des étoiles dans le ciella musique n'est pas encore finieécoute de tout ton nez.

Matthias Turcaud, 1L2

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PontonewsRédaction et Administration :

Lycée International des Pontonniers1 rue des Pontonniers

67 081 Strasbourg CédexMail : [email protected]

Directrices de publication : Mesdames Corbin, Malfant, Martineau, RouveMaquette, mise en page : Fanny Stahl, Madame Rouve

Illustrations de couverture : Fanny Stahl

Ont réalisé ce numéro : Sarah Charpilloz, Enzo Dauphinot, Anouk Heili, Ariane Kupferman-Sutthavong, Eline Roane de Mathuiseulx, Beryl Noë, Nyala Noë, Robin Ormond, Maïté Schmitt, Marie Selbach, Félix Staedelin-

Hoyo, Fanny Stahl, Matthias Turcaud, Camilla Zerr

Contributions de : Davide Moncada, Megan Lisa O’Boyle

Le Pontonews est en téléchargement gratuit (et en couleurs ! ) sur le site Web du C.D.I à l’adresse :

http://www.lyc-sections-internationales-strasbourg.ac-strasbourg.fr/cdi . Vous y trouverez le dernier numéro et les archives du journal depuis septembre 2005.

... C’est aussi ça !