Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

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Punctuation and Syntax in Medieval French Language.

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BEIHEFTE ZURZEITSCHRIFT F�R ROMANISCHE PHILOLOGIE

BEGR�NDET VON GUSTAV GR�BER

HERAUSGEGEBEN VON G�NTER HOLTUS

Band 354

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NICOLAS MAZZIOTTA

Ponctuation et syntaxe

franÅaise m�di�val

�tude d�un corpus de chartes originales �crites� Li�ge entre 1236 et 1291

nMAX NIEMEYER VERLAG T�BINGEN

2009

dans la languee

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Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek

Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen National-bibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet �ber http://dnb.ddb.de abrufbar.

ISBN 978-3-11-023105-2 ISSN 0084-5396

� Max Niemeyer Verlag, T�bingenEin Imprint der Walter de Gruyter GmbH & Co. KGhttp://www.niemeyer.deDas Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich gesch�tzt. Jede Verwertungaußerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlagesunzul�ssig und strafbar. Das gilt insbesondere f�r Vervielf�ltigungen, �bersetzungen, Mikro-verfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen.Printed in Germany.Gedruckt auf alterungsbest�ndigem Papier.Gesamtherstellung: Hubert & Co., Gçttingen

2009

Les matériaux utilisés dans le cadre de la présente étude sont accessibles à l’adresse suivante: http://hdl.handle.net/2268/25773.

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Préface

L’ouvrage deNicolas Mazziotta est un travail profondément original et nouveau. L’au-teur s’est en effet fixé pour tâche de répondre à la question suivante: «Comment,d’après ce qu’on peut observer dans les chartes écrites en français à Liège avant 1292,la ponctuation originale interagit-elle avec la syntaxe dans la langue française médié-vale?»

Il s’agit là en effet d’un champ d’analyse presque totalement neuf, de deux pointsde vue. D’une part, les études sur la ponctuation sont assez rares, et celles sur laponctuation des textes français médiévaux le sont encore davantage. D’autre part, laplupart de ces analyses ont recherché les critères d’emploi des signes de ponctuationaux divers niveaux de représentation et de performance du texte; or N. M. a opéré unchoix très différent, et très ambitieux: celui de placer son enquête au seul plan de lasyntaxe. En cela, il reprend l’hypothèse de M.-G. Boutier selon laquelle la structura-tion syntaxique du textesuffità rendre compte de l’essentiel de la ponctuation. Cetteproposition, très forte, demandait à être validée sur un corpus important: grâce à cetouvrage, c’est désormais réalisé. Certes, nous y reviendrons, valider cette hypothèsene revient pas à poser qu’elle est la seule possible; une telle analyse, même réussie,n’invalide pas d’autres approches, d’autres hypothèses, en particulier des explicationsplus complexes croisant syntaxe et intonation, par exemple. Mais après ce travail onpeut considérer comme acquis que syntaxe et ponctuation ont partie liée.

Pour mener à bien son enquête, l’auteur a travaillé sur un corpus quantitative-ment important (148 chartes, plus de 60 000 mots), et il s’est attaché à fournir dechaque énoncé et de chaque élément de ce corpus, ponctué ou non, une analyse syn-taxique intégrée permettant ensuite d’intervenir avec les outils de calcul statistique etde traitement informatique. Ce faisant, N. M. n’a pas choisi la facilité: il aurait pu, defaçon plus traditionnelle, se contenter de sélectionner uniquement les cas d’usage demarques de ponctuation, et d’en décrire le contexte. Le candidat a préféré partir de la«population» globale des constituants linguistiques, pour voir lesquels, dans quellesfonctions et positions, «attiraient» une ponctuation, lesquels au contraire y étaientrétifs.

L’organisation de l’ouvrage est claire et progressive. Après une brève mais denseIntroduction qui souligne les difficultés et les nouveautés (dont l’hypothèse testée ici)de sa recherche, et une spécification des concepts requis, l’auteur donne un excellentchapitre→2, qui retient le meilleur des travaux fondateurs de Catach et d’Anis, etpropose une organisation conceptualisée de la spatialité de l’écrit qui, par étapes, per-met de définir les ponctogrammes comme des unités spécifiées par un trait, la non-paraphrasabilité. On a là l’un des aspects qui font l’originalité de ce travail: il ne s’agitplus de considérer les marques de ponctuation comme des unités chacune prise dans

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son contexte; mais bien au contraire, c’est leur organisation d’ensemble qui fait sens,c’est la façon dont elles structurent le tissu – ici posé comme tissu syntaxique.

Une telle approche nécessitait l’adoption d’une conception linguistique qui per-mette de structurer le texte en éléments. N. M. a choisi de se situer dans le cadre de lalinguistique argumentale (Tesnière, Lazard, Lemaréchal), et il a construit un modèleproposant une structuration des constituants par relations et hiérarchisée. Une fois lesfondements posés, l’analyse des données constitue la seconde partie de l’ouvrage. Lesrésultats sont clairement exposés, en particulier en tableaux et figures. La spécificitéde chacun des ponctogrammes apparaît clairement: sans surprise, le punctum révèleson écrasante domination et sa polyvalence.

On ne peut qu’être impressionné par tout à la fois l’ampleur de cette démarcheet l’exigence de rigueur qu’elle révèle: on trouvera là à bien des égards un modèle,reproductible car non impressionniste et explicite, pour des études comparables. Grâceà une telle démarche, l’étude de la ponctuation gagne définitivement son domainepropre et révèle son importance.

De notre point de vue, il s’agit là d’une étape importante, peut-être fondatrice;mais ce ne peut être qu’une étape. En effet, l’hypothèse «syntaxique» demandait àêtre vérifiée; et cette analyse vérifie que toute marque de ponctuation peut s’expliquerpar l’existence d’une frontière syntaxique. Trois chapitres décrivent les corrélationsentre chaque type d’unités syntaxiques et chacun des «ponctogrammes»; ce travaila le mérite de révéler des régularités: la fréquence du marquage ponctué n’est pasla même suivant la nature des structures argumentales; et une quinzaine de tableauxpermettent d’ailleurs de voir si l’attraction (ou la répulsion) de telle unité avec telsigne se fait «vers la gauche» ou «vers la droite». Mais le fait que cette relation nesoit pas systématique, qu’il n’y ait pas ponctuation dès lors qu’il y a frontière syn-taxique, montre qu’il subsiste un «reste» à analyser. Divers travaux antérieurs avaientmis l’accent sur la valeur pragmatique, intonative peut-être, du marquage ponctué.Peut-être une prochaine étape pourrait-elle consister à réexaminer ces hypothèses, aumoins en ce qui concerne certains pongtogrammes, et à mettre au jour d’autres régu-larités, telles que par exemple celle qu’on a pu mettre en évidence pour l’emploi ducommadans un manuscrit de laQueste del saint graal: certes, son emploi coïncideavec certaines frontières syntaxiques, de deux types: aprèsHa ouHéen début de prisede parole, et à la jonction de deux éléments de phrase corrélés («Car ausi com Caynsocist Abel au vendredi·

’ausi ocist Judas son creator au vendredi.», ms. K de Lyon,

f. 211c, corresp. p. 217 de l’éd. Pauphilet). C’est l’hétérogénéité de ces deux typesd’emploi qui nous a conduite à rechercher le trait qu’ils ont en commun: la volonté ducopiste d’indiquer une montée de la voix (Marchello-Nizia 2007). Or on constate quepar exemple un emploi ducommaanalysé par l’auteur uniquement du point de vuesyntaxique (→0.1.1.2, p. 4 et s.), et qui se trouve dans une charte dont la référence est:Document 1236–05, 6, ressortirait clairement à une autre analyse, intonative et corré-lative: cecommaaccompagne la reprise-répétition duque, c’est à dire qu’il marque,plus qu’une frontière syntaxique, une indication de continuité à prévoir, tant dans l’in-tonation (élévation de la voix?) que dans la corrélation qui est à établir entre les deuxquede même fonction.

Ce premier ouvrage du jeune chercheur qu’est encore Nicolas Mazziotta marqueà notre avis un moment capital dans le renouveau des études sur l’évolution de laponctuation: ce travail remarquable et novateur dans ses exigences et sa méthodolo-

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gie apporte des résultats incontournables, toute autre étape devra d’abord prendreencompte ces acquis.

Christiane Marchello-Nizia

Remerciements

Qu’il me soit permis de remercier les personnes suivantes pour l’aide qu’elles m’ontapportée, que ce soit sur le plan scientifique que sur le plan émotionnel. Je remer-cie tout d’abord mes professeurs et collègues de l’Université de Liège: Marie-GuyBoutier (qui a dirigé cette étude), Pierre Swiggers, Jean-Marie Klinkenberg, ÉtienneÉvrard, Gérald Purnelle, Philippe Lambert, ainsi qu’Esther Baiwir, Pascale Renderset France Gabriel. Ma gratitude va également à mes collègues de l’École NormaleSupérieure – Lettres et sciences humaines de Lyon: Céline Guillot, Serge Heiden etAlexei Lavrentiev. Je remercie également les membres du jury extérieurs à l’Univer-sité de Liège, qui ont évalué la thèse qui a engendré ce livre: Christiane Marchello-Nizia et Günter Holtus. Mes amis et la famille ont également permis à ce travaild’aboutir; merci à Laurent Bozard, à Brigitte Antoine et à Jean-Christophe Vanhalle,à Lionel Lardinois, à Pierre Doyen et à « Rémy », mais aussi à Laetitia Godfroidet à Christophe Lejeune ainsi qu’à Véronique Voisin. Merci également à mes frèresJulien, Pierre-François et Thomas (pour sa protection), à ma sœur Olivia et à mes pa-rents Bernadette et François. Les membres de ma belle-famille méritent également magratitude: Annette de Martin, Anne Lochet et Kévin Jeanfils.

Merci enfin à Catherine pour son indéfectible confiance et son amour sans limite,ainsi qu’à Jeanne pour la joie qu’elle nous procure chaque jour.

Nicolas Mazziotta

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Table des matières

Table des figures XVII

Liste des tableaux XXVII

0 Introduction 10.1 Objectifs de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

0.1.1 Études précédentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20.1.1.1 Pluralité des valeurs de la ponctuation médiévale 20.1.1.2 Le «pari» de la syntaxe . . . . . . . . . . . . . 4

0.1.2 Position de la présente étude . . . . . . . . . . . . . . . . 40.2 Corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

0.2.1 Genèse du projetKhartêset constitution du corpus . . . . 50.2.2 Problèmes liés au corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

0.2.2.1 Hétérogénéité des types discursifs . . . . . . . 60.2.2.2 Quantité de données . . . . . . . . . . . . . . 8

0.3 Plan de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90.3.1 Première partie: modélisation . . . . . . . . . . . . . . . 90.3.2 Deuxième partie: analyse des données . . . . . . . . . . . 9

0.4 Ressources techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100.5 Travail en cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

0.5.1 Erreurs et évolutivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110.5.2 Programmation des requêtes . . . . . . . . . . . . . . . . 12

1 Préalables épistémologiques: concepts et terminologie 131.1 Mécanisme de conceptualisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141.2 Impératifs terminologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

1.2.1 Établir une terminologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151.2.2 Positionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

1.3 Conventions de schématisation des concepts . . . . . . . . . . . . 171.3.1 Présentation des conventions . . . . . . . . . . . . . . . . 171.3.2 Intérêts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

2 Théorie de l’écriture et ponctuation 192.1 Regard linguistique sur l’écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

2.1.1 L’écriture et les regards possibles . . . . . . . . . . . . . 202.1.2 Constitution du concept delangue écrite . . . . . . . . . 20

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2.1.2.1 Un moule d’envisagement de l’objetlangue . . 212.1.2.2 Relation entreécritureet langue . . . . . . . . 212.1.2.3 Vers une définition de la langue écrite . . . . . 24

2.2 Classement et nomination des unités de la langue écrite . . . . . . 242.2.0 Préalables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

2.2.0.1 Orientation de la démarche de classement . . . 252.2.0.2 L’activité pratique de transcription . . . . . . . 25

2.2.1 Unité de base et première dichotomie . . . . . . . . . . . 272.2.2 Critère fonctionnel de double articulation . . . . . . . . . 29

2.2.2.1 Types de grammèmes . . . . . . . . . . . . . 292.2.2.2 Types de topèmes . . . . . . . . . . . . . . . . 30

2.2.3 Critère spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302.2.3.1 Autonomie des plérégrammes . . . . . . . . . 302.2.3.2 Axes de construction et de combinaison des

grammèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 322.2.4 Paraphrasabilité et plurisystème . . . . . . . . . . . . . . 34

2.2.4.1 Paraphrasabilité . . . . . . . . . . . . . . . . 352.2.4.2 Abréviations et plurisystème . . . . . . . . . . 36

2.2.5 Synthèse: hiérarchie des scriptèmes . . . . . . . . . . . . 382.3 La ponctuation comme objet d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . 38

2.3.1 Recherche d’une définition . . . . . . . . . . . . . . . . . 382.3.1.1 Définitions existantes . . . . . . . . . . . . . . 382.3.1.2 Définition adoptée . . . . . . . . . . . . . . . 42

2.3.2 Valeur des ponctogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . . 422.3.2.1 Multiplicité des fonctions . . . . . . . . . . . 432.3.2.2 Largeur du champ . . . . . . . . . . . . . . . 43

2.3.3 Inventaire des formes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 452.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

3 Modèle d’analyse linguistique 473.1 Préalables méthodologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

3.1.1 Concepts et terminologie linguistique . . . . . . . . . . . 483.1.2 Les unités de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

3.1.2.1 Unité maximale: le texte . . . . . . . . . . . . 493.1.2.2 Unité minimale: le mot . . . . . . . . . . . . . 50

3.1.3 Décrire l’ancien français . . . . . . . . . . . . . . . . . . 533.1.3.1 Décrire la langue: triple organisation de l’énoncé 533.1.3.2 Comprendre un état de langue passé . . . . . . 563.1.3.3 Juger et prévoir la structure . . . . . . . . . . 573.1.3.4 Relativité des modèles . . . . . . . . . . . . . 59

3.2 Morphologie et syntaxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 603.2.1 La syntaxe comme un système de relations . . . . . . . . 60

3.2.1.1 Un système de dépendances . . . . . . . . . . 603.2.1.2 Relation minimale . . . . . . . . . . . . . . . 62

3.2.2 La morphologie et le système de marques . . . . . . . . . 643.2.2.1 Expression et contenu . . . . . . . . . . . . . 643.2.2.2 Marques et spécification . . . . . . . . . . . . 65

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3.2.2.3 Des marques qui n’expriment pas que des rela-tions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

3.2.3 Niveaux d’analyse syntaxique . . . . . . . . . . . . . . . 673.2.3.1 Tripartition de la syntaxe selon Gilbert Lazard 673.2.3.2 Des marques à tous les niveaux . . . . . . . . 68

3.3 Parties du discours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 693.3.1 L’impasse de la voie traditionnelle . . . . . . . . . . . . . 693.3.2 L’impasse de la voie syntaxique . . . . . . . . . . . . . . 703.3.3 Catégories sémantiques grammaticalisées et syntaxe de mot 71

3.3.3.1 Verbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 723.3.3.2 Noms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 733.3.3.3 Adverbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

3.3.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 753.4 Description analytique de l’ancien français des chartes . . . . . . . 76

3.4.1 Du texte à la phrase, en passant par l’énoncé . . . . . . . 773.4.1.1 Délimiter l’énoncé et la phrase . . . . . . . . . 773.4.1.2 Phrases-énoncés et énoncés non phrastiques . . 793.4.1.3 Enchaînement des énoncés phrastiques . . . . 823.4.1.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

3.4.2 Subdivision de la phrase et structure argumentale . . . . . 863.4.2.1 Relations argumentales: généralités . . . . . . 863.4.2.2 Actants et marques morphologiques . . . . . . 903.4.2.3 Circonstants . . . . . . . . . . . . . . . . . . 963.4.2.4 Cas «intermédiaires» . . . . . . . . . . . . . . 983.4.2.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

3.4.3 Construction du prédicat . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1043.4.3.1 Problème des temps «composés» . . . . . . . 1043.4.3.2 Position adoptée . . . . . . . . . . . . . . . . 105

3.4.4 Construction des arguments . . . . . . . . . . . . . . . . 1063.4.4.1 Noms: spécification synthétique additionnelle . 1063.4.4.2 Noms: spécification analytique segmentale . . 1073.4.4.3 Noms: spécification séquentielle . . . . . . . . 1093.4.4.4 Adverbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1103.4.4.5 Propositions avec prédicat personnel . . . . . . 1113.4.4.6 Propositions avec prédicat non personnel . . . 1143.4.4.7 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

3.4.5 Construction des énoncés non phrastiques . . . . . . . . . 1193.4.5.1 Structure exprimant un procès . . . . . . . . . 1193.4.5.2 Structure n’exprimant pas un procès . . . . . . 121

3.4.6 Relations immédiates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1223.4.6.1 Apposition et détermination . . . . . . . . . . 1223.4.6.2 Spécification de la détermination . . . . . . . 1263.4.6.3 Adverbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1273.4.6.4 Propositions avec prédicat personnel . . . . . . 1313.4.6.5 Propositions avec prédicat non personnel . . . 1363.4.6.6 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

3.4.7 Problèmes généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

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3.4.7.1 Relations argumentales ou relations immé-diates? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

3.4.7.2 Coordination . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1413.4.7.3 Hiérarchie des appositions . . . . . . . . . . . 1443.4.7.4 Portée des sélections . . . . . . . . . . . . . . 1453.4.7.5 Structures discontinues . . . . . . . . . . . . . 1473.4.7.6 Hors système . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

3.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

4 Méthode d’analyse statistique 1514.1 Introduction aux principes de statistiques employés . . . . . . . . . 151

4.1.1 Individus et variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1524.1.2 Distribution et représentations graphiques . . . . . . . . . 153

4.1.2.1 Données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1534.1.2.2 Histogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1544.1.2.3 Courbe de densité . . . . . . . . . . . . . . . 1544.1.2.4 Boîte à moustaches . . . . . . . . . . . . . . . 155

4.1.3 Test d’hypothèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1564.1.3.1 Concept d’hypothèse nulle. . . . . . . . . . . 1564.1.3.2 Jugement de l’utilisateur . . . . . . . . . . . . 157

4.2 Statistiques et validité des analyses . . . . . . . . . . . . . . . . . 1584.2.1 Nature des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1584.2.2 Pertinence des questions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1594.2.3 Formalisation des données . . . . . . . . . . . . . . . . . 1594.2.4 Finesse de la description . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

4.2.4.1 Réintroduction des informations . . . . . . . . 1614.2.4.2 Commentaire des données insuffisantes . . . . 162

4.2.5 Évolution du corpus et de la démarche d’analyse . . . . . 1624.2.5.1 Reproductibilité . . . . . . . . . . . . . . . . 1624.2.5.2 Recherche de l’inattendu . . . . . . . . . . . . 1624.2.5.3 Perfectibilité des étapes . . . . . . . . . . . . 163

4.3 Mode opératoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1644.3.1 Ordre de l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1644.3.2 Présentation des dépouillements et des résultats . . . . . . 165

5 Tendances générales 1675.0 Définition des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167

5.0.1 Choix des individus et taille de l’échantillon . . . . . . . . 1675.0.2 Définition des individus . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168

5.0.2.1 Variables morphosyntaxiques . . . . . . . . . 1685.0.2.2 Variables positionnelles . . . . . . . . . . . . 1695.0.2.3 Variables ponctuationnelles . . . . . . . . . . 1695.0.2.4 Définition complète de l’exemple . . . . . . . 170

5.1 Tris à plat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1705.1.1 Variables morphosyntaxiques . . . . . . . . . . . . . . . 171

5.1.1.1 Variable MI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1715.1.1.2 Variable MF . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

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5.1.1.3 Variable MN . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1725.1.1.4 Variable MR . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1725.1.1.5 Synthèse des variables morphosyntaxiques . . 173

5.1.2 Variables positionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1735.1.3 Ponctuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174

5.1.3.1 Données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1745.1.3.2 Difficultés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174

5.2 Tris croisés par variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1765.2.1 Guide de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

5.2.1.1 Tableau de contingence . . . . . . . . . . . . . 1775.2.1.2 Test duχ2 («chi-carré») . . . . . . . . . . . . 1775.2.1.3 Rapport de chances . . . . . . . . . . . . . . . 1805.2.1.4 Structure de l’écart . . . . . . . . . . . . . . . 1805.2.1.5 Test exact de Fisher . . . . . . . . . . . . . . 181

5.2.2 Examen des tris croisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1815.2.2.1 Variable MI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1825.2.2.2 Variable MF . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1835.2.2.3 Variable MN . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1845.2.2.4 Variable MR . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1855.2.2.5 Variable LID . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1855.2.2.6 Variable LIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186

5.2.3 Synthèse et critique de la démarche . . . . . . . . . . . . 1875.2.3.1 Ponctuation et segmentation en constituants . . 1875.2.3.2 Un panorama trop général . . . . . . . . . . . 1885.2.3.3 Atomisation des individus . . . . . . . . . . . 190

5.3 Tris croisés sur une variable de synthèse . . . . . . . . . . . . . . 1915.3.1 Procédure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

5.3.1.1 Fusion des variables . . . . . . . . . . . . . . 1915.3.1.2 Séparation par modalité de MI . . . . . . . . . 1925.3.1.3 Décomposition des écarts . . . . . . . . . . . 193

5.3.2 Examen des tris croisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1945.3.2.1 Phrase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1945.3.2.2 Propositions personnelles de fonction argumen-

tale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2015.3.2.3 Propositions non personnelles de fonction argu-

mentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2055.3.2.4 Arguments non propositionnels . . . . . . . . 2085.3.2.5 Propositions personnelles de fonction immédiate 2115.3.2.6 Propositions non personnelles de fonction im-

médiate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2155.3.2.7 Constituants non propositionnels de fonction

immédiate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2165.3.3 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218

5.3.3.1 Régularités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2195.3.3.2 Tableaux synoptiques . . . . . . . . . . . . . . 2195.3.3.3 Points forts et questions . . . . . . . . . . . . 224

XIII

Page 15: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6 Fréquences de marquage 2296.0 Procédure d’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229

6.0.1 Définition des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2296.0.1.1 Variables additionnelles . . . . . . . . . . . . 2306.0.1.2 Sélection des individus . . . . . . . . . . . . . 230

6.0.2 Étapes de l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2316.1 Examen des structures argumentales et de la coordination . . . . . 232

6.1.1 Phrase et proposition personnelle . . . . . . . . . . . . . 2326.1.1.1 Fréquence du marquage initial . . . . . . . . . 2326.1.1.2 Fréquence du marquage final . . . . . . . . . . 2416.1.1.3 Synthèse de l’analyse sur la ponctuation de la

phrase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2476.1.2 Prédicat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250

6.1.2.1 P0 et PPD de manière générale . . . . . . . . . 2506.1.2.2 P0 et PPF de manière générale . . . . . . . . . 2566.1.2.3 1,0,P0,0,0 et PPD dans MI.¬pers . . . . . . . 2586.1.2.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

6.1.3 Actants et A4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2616.1.3.1 0,0,S1,0,0 (phrase): PPD . . . . . . . . . . . . 2616.1.3.2 0,0,S1,0,0 (phrase): PPF . . . . . . . . . . . . 2636.1.3.3 0,1,S1,pers,1 (phrase): PPD . . . . . . . . . . 2656.1.3.4 0,0,R2,0,0 (phrase,¬pers): PPD . . . . . . . . 2676.1.3.5 0,0,R2,0,0 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers):

PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2696.1.3.6 0,0,R2,pers,1 (pers): PPD . . . . . . . . . . . 2726.1.3.7 0,0,R2,pers,1 (phrase, pers): PPF . . . . . . . 2726.1.3.8 0,1,R2,0,0 (phrase): PPD . . . . . . . . . . . . 2736.1.3.9 0,1,R2,pers,1 (¬pers-arg): PPD . . . . . . . . 2746.1.3.10 0,0,R2,¬pers,0 (phrase, pers): PPF . . . . . . . 2756.1.3.11 0,0,R3,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers):

PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2766.1.3.12 1,0,R3,0,1 (phrase): PPF . . . . . . . . . . . . 2776.1.3.13 0,0,A4,0,1 (pers-arg,¬pers-arg, pers): PPF . . 2786.1.3.14 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279

6.1.4 Circonstants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2826.1.4.1 0,0,C5,pers,0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2826.1.4.2 0,0,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,¬pers): PPF . . 2876.1.4.3 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers): PPD . . . . . . . . . 2886.1.4.4 0,0,C5,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers,

¬pers): PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2906.1.4.5 0,0,C5,¬pers,1 (phrase): PPF . . . . . . . . . 2926.1.4.6 0,0,C5,pers,1 (phrase, pers-arg, pers): PPF . . 2926.1.4.7 1,0,C5,pers,1 (phrase): PPF . . . . . . . . . . 2936.1.4.8 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg, pers,¬pers): PPD 2946.1.4.9 0,1,C5,0,1 (phrase, pers-arg, pers): PPD . . . 2956.1.4.10 0,1,C5,¬pers,1 (phrase, pers): PPD . . . . . . 2966.1.4.11 0,1,C5,pers,1 (phrase): PPD . . . . . . . . . . 297

XIV

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Page 16: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.1.4.12 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2986.1.5 Coordination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300

6.1.5.1 Préparation des données . . . . . . . . . . . . 3016.1.5.2 Analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3026.1.5.3 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306

6.2 Syntaxe immédiate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3086.2.1 Révision des tableaux synoptiques pour la syntaxe immé-

diate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3096.2.2 Examen des ruptures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311

6.2.2.1 0,0,Ap,0,0 (synt): PPD . . . . . . . . . . . . . 3116.2.2.2 0,1,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPD . . . . . . 3136.2.2.3 1,0,Dt,0,1 (synt): PPF . . . . . . . . . . . . . 3146.2.2.4 0,0,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPF . . . . . . 3156.2.2.5 0,0,Ap,¬pers,0 (synt-arg): PPF . . . . . . . . . 315

6.2.3 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3166.3 Relateurs et C6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317

6.3.1 Attraction de PPD.1 par les C6 et les coordonnants . . . . 3176.3.1.1 Ressemblances . . . . . . . . . . . . . . . . . 3176.3.1.2 Données numériques . . . . . . . . . . . . . . 317

6.3.2 Répulsions de PPF.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3206.3.2.1 C6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3206.3.2.2 Relateurs non coordonnants . . . . . . . . . . 3236.3.2.3 Relateurs coordonnants . . . . . . . . . . . . . 325

6.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3266.4.1 Cohérence dans le corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . 3266.4.2 Interférences non contrôlées . . . . . . . . . . . . . . . . 327

6.4.2.1 Interférences sémantiques . . . . . . . . . . . 3276.4.2.2 Interférences énonciatives . . . . . . . . . . . 328

6.4.3 Remise en question du modèle . . . . . . . . . . . . . . . 3296.4.3.1 Lexèmes employés . . . . . . . . . . . . . . . 3296.4.3.2 Coordination et apposition . . . . . . . . . . . 3296.4.3.3 Description de la syntaxe immédiate . . . . . . 3306.4.3.4 Coordonnants et autres relateurs . . . . . . . . 330

6.4.4 «Règles» et proportions de marquage expliqué . . . . . . 3306.4.4.1 Interdictions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3306.4.4.2 Régularité des tendances . . . . . . . . . . . . 3316.4.4.3 Puissance explicative . . . . . . . . . . . . . . 332

7 Forme du marquage 3337.1 Données soumises à l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333

7.1.1 Fréquence des ponctogrammes . . . . . . . . . . . . . . . 3337.1.2 Création du tableau de contingence . . . . . . . . . . . . 334

7.2 Analyse factorielle des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3357.2.1 Décomposition du tableau . . . . . . . . . . . . . . . . . 3367.2.2 Représentation bidimensionnelle . . . . . . . . . . . . . . 3377.2.3 Interprétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3407.2.4 Réduction du tableau de contingence . . . . . . . . . . . 341

XV

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Page 17: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

7.2.4.1 Modalités de faible effectif . . . . . . . . . . . 3427.2.4.2 Analyse du tableau réduit . . . . . . . . . . . 347

7.3 Tests statistiques sur les groupements obtenus . . . . . . . . . . . 3507.4 Ponctogrammes rares . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352

7.4.1 Ponctogramme ‹:› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3527.4.2 Ponctogramme ‹–› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3537.4.3 Ponctogramme ‹;› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3547.4.4 Ponctogramme ‹//› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3557.4.5 Ponctogramme ‹·/› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3567.4.6 Ponctogramme ‹·¶·› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 356

7.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3567.5.1 Implications sémiotiques de la variété des formes . . . . . 356

7.5.1.1 Facultativité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3577.5.1.2 Force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357

7.5.2 Problèmes liés à la substance . . . . . . . . . . . . . . . . 3577.5.2.1 Validité des transcriptions . . . . . . . . . . . 3587.5.2.2 Ponctogrammes et système graphique . . . . . 358

8 Conclusion 3598.1 Progression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359

8.1.1 Première partie: modélisation . . . . . . . . . . . . . . . 3598.1.2 Deuxième partie: analyse des données . . . . . . . . . . . 3608.1.3 Tableau de synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 362

8.2 À l’épreuve d’autres matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3648.2.1 Charte luxembourgeoise ou lorraine de 1245 . . . . . . . 364

8.2.1.1 Lecture suivie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3648.2.1.2 Signes expliqués . . . . . . . . . . . . . . . . 3658.2.1.3 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367

8.2.2 Charte champenoise de 1270 . . . . . . . . . . . . . . . . 3678.2.2.1 Lecture suivie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3678.2.2.2 Signes expliqués . . . . . . . . . . . . . . . . 3688.2.2.3 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369

8.2.3 Apports des analyses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3698.3 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369

8.3.1 Enrichissement du corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . 3708.3.1.1 Meilleure représentation des modalités . . . . 3708.3.1.2 Meilleure description externe . . . . . . . . . 371

8.3.2 Faits linguistiques exploités . . . . . . . . . . . . . . . . 3718.3.2.1 Approfondissement et amélioration du modèle 3718.3.2.2 Autres points de vue . . . . . . . . . . . . . . 372

8.3.3 Interférences avec le système graphique . . . . . . . . . . 372

Bibliographie 373A Travaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373B Documents d’archives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 378

Index 383

XVI

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . .

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Table des figures

1.1 Représentation d’un concept et de ses caractères . . . . . . . . . . . . 171.2 Représentation d’un concept non nommé . . . . . . . . . . . . . . . . 171.3 Représentation d’une hiérarchie de concepts . . . . . . . . . . . . . . 17

2.1 Concept de langue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222.2 Concept de langue écrite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242.3 Exemple de réalisation (Document 1272–07–08, 1) . . . . . . . . . . 262.4 Exemples depuncti(Document 1272–07–08, 2) . . . . . . . . . . . . 272.5 Exemple d’accent décalé (Document 1277–02–03, 27) . . . . . . . . 272.6 Concept de scriptème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282.7 Types de scriptèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282.8 Types de grammèmes: critère fonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . 292.9 Types de topèmes: critère fonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . 302.10 Exemple de cénégramme «marqué» (Document 1282–02–01, 2) . . . 312.11 Types de plérégrammes: critère d’autonomie . . . . . . . . . . . . . . 312.12 Exemple de ‹t› (Document 1282–02–01, 2) . . . . . . . . . . . . . . 322.13 Types de plérégrammes: axe de construction . . . . . . . . . . . . . . 342.14 Types de cénégrammes: axe de construction (provisoire) . . . . . . . 342.15 Types de nébulogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 362.16 Exemple d’abréviation par contraction (Document 1271–12–03a, 11) . 362.17 Exemple d’abréviation par lettre suscrite (Document 1236–07, 6) . . . 372.18 Concept de logogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 372.19 Types de scriptèmes (classement complet) . . . . . . . . . . . . . . . 392.20 Concept de ponctuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

3.1 Schématisation du type de textecharteselon Marie-Guy Boutier . . . 503.2 Concept detexte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 513.3 Concept d’occurrence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 533.4 Concept demot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 533.5 Concept delexème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 533.6 Concept d’énoncé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 543.7 Concept desyntaxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 623.8 Représentation de la relation minimale . . . . . . . . . . . . . . . . . 643.9 Concept deconstituant immédiat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 643.10 Concept derelation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 643.11 Représentation de la spécification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 663.12 Structure deont doneit a Jakemin. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

XVI I

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3.13 Types de fonctions syntaxiques suivant les termes reliés . . . . . . . . 663.14 Types desyntaxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 683.15 Types de parties du discours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 753.16 Types d’énoncés en fonction de leur structure morphosyntaxique . . . 853.17 Relations sémantiques marquant des relations syntaxiques . . . . . . . 903.18 Principaux constituants immédiats de la phrase . . . . . . . . . . . . 903.19 Représentation de R2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 933.20 Représentation de S1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 933.21 Types d’actants en fonction de leur forme . . . . . . . . . . . . . . . 933.22 Représentation de la relation attributive impliquant S1 et R2 . . . . . 953.23 Types d’actants en fonction de leur potentiel commutatoire . . . . . . 963.24 Types d’arguments en fonction de leur potentiel commutatoire . . . . 973.25 Types de circonstants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 983.26 Types d’arguments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 993.27 Relation attributive impliquant R2 et A4 . . . . . . . . . . . . . . . . 1013.28 Types de constituants immédiats de la phrase (classement complet) . . 1023.29 Représentation des relations syntaxiques impliquant des arguments . . 1033.30 Représentation des relations argumentales simples . . . . . . . . . . . 1033.31 Représentation de la dépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1033.32 Représentation de la combinaison avec dépendance . . . . . . . . . . 1043.33 Convention d’annotation des relations . . . . . . . . . . . . . . . . . 1043.34 Représentation de la relation attributive . . . . . . . . . . . . . . . . 1043.35 Structure de P0 complexe (l’auxilié est argumental) . . . . . . . . . . 1053.36 Structure de P0 complexe (l’auxilié n’est pas argumental) . . . . . . . 1053.37 Concept derelateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1083.38 Structure dea savoir est que. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1163.39 Structure dea savoir faisons que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1163.40 Structure defera loer me femme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1173.41 Structure dea savoir vos faisons ke. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . 1173.42 Structure deoï mon frere tesmonghier. . . . . . . . . . . . . . . . . 1173.43 Structure deme constraindre a tenir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1183.44 Structure rejetée deJakemes. . . conoistre veriteit. . . . . . . . . . . . 1203.45 Structure deHenri. . . salut en Nostre Signeur. . . . . . . . . . . . . 1203.46 Structure deJakemes. . . conoistre veriteit. . . . . . . . . . . . . . . 1213.47 Structure deEn nom du Pere. . . Amen. . . . . . . . . . . . . . . . . 1223.48 Structure desires Gerars aroit. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1233.49 Types de combinaisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1243.50 Structure defilhe mon saingnor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1243.51 Types de sélections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1263.52 Structure dele decés dame Magon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1263.53 Structure defilhes a mon sainor. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1263.54 Fonctions du relateur au niveau argumental . . . . . . . . . . . . . . 1283.55 Fonctions du relateur au niveau immédiat . . . . . . . . . . . . . . . 1283.56 Structure deci devant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1293.57 Structure detrop damajousement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1303.58 Structure depar deseuravec détermination (hors contexte) . . . . . . 1303.59 Structure depar deseuravec détermination (relateur) . . . . . . . . . 130

XVIII

Page 20: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

3.60 Structure depar deseursans détermination (relateur) . . . . . . . . . 1303.61 Structure depar desor les quatuose. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . 1303.62 Apposition d’une relative et d’un nom . . . . . . . . . . . . . . . . . 1323.63 Apposition d’une relative et d’un nom: fonctions du relateur . . . . . 1323.64 Apposition d’une complétive et d’un nom . . . . . . . . . . . . . . . 1343.65 Structure deavons pendu. . . por que. . .. . . . . . . . . . . . . . . . 1353.66 Structure rejetée de la relation entre nom et participe coorientés . . . . 1363.67 Structure de la relation entre nom et participe coorientés . . . . . . . . 1363.68 Types de relations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1373.69 Relation médiate entre un nom et un infinitif relaté . . . . . . . . . . 1393.70 Structure de la détermination d’un nom par un infinitif relaté . . . . . 1393.71 Interprétation argumentale dedes siez jornaz. . . doit le moitié. . .. . . 1403.72 Interprétation immédiate dedes siez jornaz. . . doit le moitié. . .. . . . 1403.73 Structure deJakes. . ., li maire. . . de Liege faisons savoir ke. . .. . . . 1413.74 Structure deErmensens. . . et Henri. . .(coordonnant spécifiant) . . . . 1423.75 Décomposition d’une coordination (1) . . . . . . . . . . . . . . . . . 1433.76 Décomposition d’une coordination (2) . . . . . . . . . . . . . . . . . 1433.77 Structure deaura li glise le deus et li voweiz le tierce. . . . . . . . . 1433.78 Interprétation des C5 de niveau ambigu . . . . . . . . . . . . . . . . 1463.79 Structure deon bonier d’alu de terre. . .(hiérarchie 1) . . . . . . . . . 1463.80 Structure deon bonier d’alu de terre. . .(hiérarchie 2) . . . . . . . . . 1463.81 Structure deon bonier d’alu de terre. . .(structure plate) . . . . . . . 1473.82 Structure defilhe Tyri de Jace. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

4.1 Histogramme des R2 par phrase, par charte . . . . . . . . . . . . . . 1544.2 Estimateur de densité des R2 par phrases, par charte . . . . . . . . . . 1544.3 Boîte à moustache des R2 par phrase, par charte . . . . . . . . . . . . 1554.4 Probabilité que R26 5% . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5.1 Synthèse après tris croisés généraux: segmentation et ponctogrammes 1875.2 Synthèse après tris croisés généraux: segmentation, relateurs et poncto-

grammes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1885.3 Synthèse après tris croisés généraux: interruption . . . . . . . . . . . 1885.4 Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme devant et derrière 1895.5 Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme devant seulement 1895.6 Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme derrière seulement 1895.7 Synthèse après tris croisés généraux: aucun ponctogramme . . . . . . 1895.8 Synthèse après tris croisés généraux: cas intermédiaires . . . . . . . . 1905.9 Attractions entre PPD et MM, au niveau phrase . . . . . . . . . . . . 1955.10 Répulsions entre PPD et MM, au niveau phrase . . . . . . . . . . . . 1955.11 Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau phrase (sans les

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1985.12 Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau phrase (sans les

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1985.13 Attractions entre PPF et MM, au niveau phrase . . . . . . . . . . . . 1995.14 Répulsions entre PPF et MM, au niveau phrase . . . . . . . . . . . . 199

XIX

Page 21: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

5.15 Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau phrase (sans lesconstituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200

5.16 Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau phrase (sans lesconstituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200

5.17 Attractions entre PPD et MM, au niveau pers-arg . . . . . . . . . . . 2015.18 Répulsions entre PPD et MM, au niveau pers-arg . . . . . . . . . . . 2025.19 Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau pers-arg (sans les

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2025.20 Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau pers-arg (sans les

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2035.21 Attractions entre PPF et MM, au niveau pers-arg . . . . . . . . . . . . 2035.22 Répulsions entre PPF et MM, au niveau pers-arg . . . . . . . . . . . . 2035.23 Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau pers-arg (sans les

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2045.24 Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau pers-arg (sans les

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2055.25 Attractions entre PPD et MM, au niveau ¬pers-arg . . . . . . . . . . . 2055.26 Répulsions entre PPD et MM, au niveau ¬pers-arg . . . . . . . . . . . 2065.27 Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau ¬pers-arg (sans

les constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2065.28 Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau ¬pers-arg (sans

les constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2065.29 Attractions entre PPF et MM, au niveau ¬pers-arg . . . . . . . . . . . 2075.30 Répulsions entre PPF et MM, au niveau ¬pers-arg . . . . . . . . . . . 2075.31 Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau ¬pers-arg (sans

les constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2085.32 Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau ¬pers-arg (sans

les constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2085.33 Attractions entre PPD et MM, au niveau synt-arg . . . . . . . . . . . 2095.34 Répulsions entre PPD et MM, au niveau synt-arg . . . . . . . . . . . 2095.35 Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau synt-arg (sans les

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2095.36 Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau synt-arg (sans les

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2095.37 Attractions entre PPF et MM, au niveau synt-arg . . . . . . . . . . . . 2105.38 Répulsions entre PPF et MM, au niveau synt-arg . . . . . . . . . . . . 2105.39 Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau synt-arg (sans les

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2115.40 Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau synt-arg (sans les

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2115.41 Attractions entre PPD et MM, au niveau pers . . . . . . . . . . . . . 2125.42 Répulsions entre PPD et MM, au niveau pers . . . . . . . . . . . . . 2125.43 Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau pers (sans les

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2135.44 Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau pers (sans les

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2135.45 Attractions entre PPF et MM, au niveau pers . . . . . . . . . . . . . . 213

XX

Page 22: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

5.46 Répulsions entre PPF et MM, au niveau pers . . . . . . . . . . . . . . 2145.47 Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau pers (sans les

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2145.48 Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau pers (sans les

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2145.49 Attractions entre PPD et MM, au niveau ¬pers . . . . . . . . . . . . . 2155.50 Répulsions entre PPD et MM, au niveau ¬pers . . . . . . . . . . . . . 2155.51 Attractions entre PPF et MM, au niveau ¬pers . . . . . . . . . . . . . 2165.52 Répulsions entre PPF et MM, au niveau ¬pers . . . . . . . . . . . . . 2165.53 Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau ¬pers (sans les

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2165.54 Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau ¬pers (sans les

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2165.55 Attractions entre PPD et MM, au niveau synt . . . . . . . . . . . . . 2175.56 Répulsions entre PPD et MM, au niveau synt . . . . . . . . . . . . . 2175.57 Attractions entre PPF et MM, au niveau synt . . . . . . . . . . . . . . 2185.58 Répulsions entre PPF et MM, au niveau synt . . . . . . . . . . . . . . 2185.59 Proportions de marquage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2205.60 Tableau synoptique des tendances générales, PPD . . . . . . . . . . . 2225.61 Tableau synoptique des tendances générales, PPF . . . . . . . . . . . 2235.62 Tableau synoptique des tendances générales, PPD (sans les constituants

initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2245.63 Tableau synoptique des tendances générales, PPF (sans les constituants

finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225

6.1 Attractions entre PPD et la phrase par charte . . . . . . . . . . . . . . 2346.2 Répulsions entre PPD et la phrase par charte . . . . . . . . . . . . . . 2346.3 Attractions entre PPD et la proposition argumentale par charte . . . . 2356.4 Répulsions entre PPD et la proposition argumentale par charte . . . . 2356.5 Attractions entre PPD et la proposition immédiate par charte . . . . . 2366.6 Répulsions entre PPD et la proposition immédiate par charte . . . . . 2376.7 Graphiques des fréquences de marquage initial des propositions . . . 2396.8 Attractions entre PPF et la phrase par charte . . . . . . . . . . . . . . 2416.9 Répulsions entre PPF et la phrase par charte . . . . . . . . . . . . . . 2426.10 Graphiques des fréquence de marquage final des propositions . . . . . 2446.11 Graphiques des fréquences de marquage final de la phrase (haut) et de

la p. imm. (bas) par rapport à p. arg. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2466.12 Attractions entre PPD et le prédicat par document . . . . . . . . . . . 2516.13 Répulsions entre PPD et le prédicat par document . . . . . . . . . . . 2526.14 Attractions entre PPD et le prédicat par construction précédente . . . . 2536.15 Répulsions entre PPD et le prédicat par construction précédente . . . . 2536.16 Marquage final du prédicat par document (attractions) . . . . . . . . . 2576.17 Attractions entre le prédicat et PPF par construction suivante . . . . . 2576.18 Répulsions entre le prédicat et PPF par construction suivante . . . . . 2586.19 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type

0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262

XXI

Page 23: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.20 Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262

6.21 Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263

6.22 Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263

6.23 Attractions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264

6.24 Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264

6.25 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265

6.26 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265

6.27 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267

6.28 Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267

6.29 Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . 268

6.30 Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . 268

6.31 Attractions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . 270

6.32 Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . 270

6.33 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . 271

6.34 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . 271

6.35 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,1,R2,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273

6.36 Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273

6.37 Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273

6.38 Structure desavoir faisons que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2746.39 Structure dea savoir faisons que. . .(rappel) . . . . . . . . . . . . . . 2746.40 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants de

type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . 2756.41 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants de

type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . 2756.42 Attractions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type

0,0,R3,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . 2766.43 Attractions significatives entre MMS et PPF pour les constituants de

type 0,0,R3,0,1 (niveau: phrase), réduit . . . . . . . . . . . . . . . . . 276

XXII

Page 24: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.44 Répulsions significatives entre MMS et PPF pour les constituants detype 0,0,R3,0,1 (niveau: phrase), réduit . . . . . . . . . . . . . . . . . 277

6.45 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,A4,0,1 (niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . 279

6.46 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,A4,0,1 (niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . 279

6.47 Attractions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . 287

6.48 Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . 287

6.49 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . 288

6.50 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . 288

6.51 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

6.52 Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

6.53 Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

6.54 Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

6.55 Attractions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . 290

6.56 Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . 291

6.57 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . 291

6.58 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . 292

6.59 Attractions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . 293

6.60 Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les constituants de type0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . 293

6.61 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . 293

6.62 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . 293

6.63 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . . . . 294

6.64 Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . . . . 294

6.65 Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . 294

6.66 Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . 295

XXIII

Page 25: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.67 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . 296

6.68 Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . 296

6.69 Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . 296

6.70 Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants detype 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . 296

6.71 Structure d’une phrase comprenant deux circonstants (modèle choisi) . 2996.72 Structure d’une phrase comprenant deux circonstants (modèle alternatif) 2996.73 Marquage initial de MC.fin par constituant précédent . . . . . . . . . 3046.74 Marquage initial de MC.fin par constituant précédent . . . . . . . . . 3046.75 Représentation de la spécification (rappel) . . . . . . . . . . . . . . . 3056.76 Structure deErmensens. . . et Henri. . .(rappel) . . . . . . . . . . . . 3056.77 Représentation de la spécification de la coordination (revue) . . . . . 3066.78 Tableau synoptique des tendances en syntaxe immédiate, PPD (revu) . 3106.79 Tableau synoptique des tendances en syntaxe immédiate, PPF (revu) . 3106.80 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type

0,0,Ap,0,0 (niveau: synt) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3126.81 Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants de

type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3126.82 Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants de

type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3126.83 Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants de

type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . 3146.84 Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les constituants de

type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . 3146.85 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type

1,0,C6,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3186.86 Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type

1,0,C6,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3196.87 Attractions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type

0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320

6.88 Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les constituants de type0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 321

6.89 Proportions de marquage des C6 et des Co . . . . . . . . . . . . . . . 3226.90 Réalisation de ponctogramme après un C6: grattage (Document

1270–09–29, 18) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3236.91 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants de

type 1,0,Rl,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324

6.92 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 1,0,Rl,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324

XXIV

Page 26: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.93 Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325

6.94 Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les constituants detype 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326

6.95 Graphique des proportions de marquage expliqué par les environne-ments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332

7.1 Décomposition en valeurs propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3367.2 Analyse factorielle des correspondances: points-colonnes . . . . . . . 3387.3 Analyse factorielle des correspondances: points-lignes . . . . . . . . 3397.4 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes et

environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3397.5 Attractions entre CiF et RB pour punctus ‹·

’› . . . . . . . . . . . . . . 342

7.6 Répulsions entre CiF et RB pour punctus ‹·’› . . . . . . . . . . . . . . 342

7.7 Attractions entre CiF et RB pour punctus ‹/› . . . . . . . . . . . . . . 3437.8 Répulsions entre CiF et RB pour punctus ‹/› . . . . . . . . . . . . . . 3437.9 Attractions entre CiF et RB pour punctus ‹·/› . . . . . . . . . . . . . . 3437.10 Répulsions entre CiF et RB pour punctus ‹·/› . . . . . . . . . . . . . . 3437.11 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes et

environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3457.12 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes et

environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3467.13 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes et

environnement (points-lignes et points-colonnes séparés) . . . . . . . 3477.14 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes et

environnement (points-lignes et points-colonnes séparés), facteurs 2 et3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 349

7.15 Réalisation de ‹:› (Document 1247–06, 17) . . . . . . . . . . . . . . . 3537.16 Réalisation de ‹:› (Document 1271–07–25, 9) . . . . . . . . . . . . . 3537.17 Réalisation de ‹–› (Document 1277–07–01, 14) . . . . . . . . . . . . 3537.18 Réalisation de ‹–› (Document 1286–05–15, 2) . . . . . . . . . . . . . 3547.19 Réalisation de ‹//› (Document 1283–12–26, 10) . . . . . . . . . . . . 3557.20 Réalisation de ‹·/› (Document 1274–05–31a, 27) . . . . . . . . . . . . 3567.21 Réalisation de ‹·¶·› (Document 1289–01–12, 2) . . . . . . . . . . . . 356

XXV

Page 27: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale
Page 28: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Liste des tableaux

2.1 Inventaire des ponctogrammes relevés . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

5.1 Exemple de définition d’individu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1705.2 Exemples de définition d’individu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1705.3 Exemple de tri à plat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1705.4 Tri à plat de MI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1715.5 Tri à plat de MF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1725.6 Tri à plat de MN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1725.7 Tri à plat de MR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1735.8 Tri à plat de LID . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1735.9 Tri à plat de LIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1735.10 Tri à plat de PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1745.11 Tri à plat de PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1745.12 Exemple de tableau de contingence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1775.13 Exemple de tri croisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1785.14 Exemple de tri croisé: valeurs attendues . . . . . . . . . . . . . . . . 1785.15 Tri croisé MI× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1825.16 Tri croisé MI× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1825.17 Tri croisé MF× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1835.18 Tri croisé MF× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1845.19 Tri croisé MN× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1845.20 Tri croisé MN× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1845.21 Tri croisé MR× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1855.22 Tri croisé MR× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1855.23 Tri croisé LID× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1855.24 Tri croisé LID× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1865.25 Tri croisé LIF× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1865.26 Tri croisé LIF× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1865.27 Exemple de définition d’individus, MM en dernière colonne . . . . . 1925.28 Exemple de décomposition de la table de contingence MM× PPD:

0,0,C6,0,0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1935.29 Tri à plat de PPD pour les constituants MI.phrase . . . . . . . . . . . 1945.30 Tri à plat de PPF pour les constituants MI.phrase . . . . . . . . . . . 1985.31 Tri à plat de PPD pour les constituants MI.pers-arg . . . . . . . . . . 2015.32 Tri à plat de PPF pour les constituants MI.pers-arg . . . . . . . . . . . 2025.33 Tri à plat de PPD pour les constituants MI.¬pers-arg . . . . . . . . . . 2055.34 Tri à plat de PPF pour les constituants MI.¬pers-arg . . . . . . . . . . 207

XXVII

Page 29: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

5.35 Tri à plat de PPD pour les constituants MI.synt-arg . . . . . . . . . . 2085.36 Tri à plat de PPF pour les constituants MI.synt-arg . . . . . . . . . . . 2105.37 Tri à plat de PPD pour les constituants MI.pers . . . . . . . . . . . . 2115.38 Tri à plat de PPF pour les constituants MI.pers . . . . . . . . . . . . . 2125.39 Tri à plat de PPD pour les constituants MI.¬pers . . . . . . . . . . . . 2155.40 Tri à plat de PPF pour les constituants MI.¬pers . . . . . . . . . . . . 2155.41 Tri à plat de PPD pour les constituants MI.synt . . . . . . . . . . . . 2175.42 Tri à plat de PPF pour les constituants MI.synt . . . . . . . . . . . . . 218

6.1 Tri croisé début de phrase× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2336.2 Tri croisé début de phrase× PPD, (sans les documents1265-05b, 1272-

03, 1283-02-13a, 1289-01-12) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2336.3 Tri croisé début de prop. argumentale× PPD . . . . . . . . . . . . . . 2356.4 Tri croisé début de prop. immédiate× PPD . . . . . . . . . . . . . . . 2356.5 Tri croisé types de propositions× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . 2366.6 Tri croisé phrases et autres prop.× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . 2386.7 Tri croisé prop. argumentales ou non× PPD . . . . . . . . . . . . . . 2386.8 Probabilités de différence de marquage initial des propositions . . . . 2406.9 Tri croisé fin de phrase× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2416.10 Tri croisé fin de phrase× PPF, (sans le document 1272-03) . . . . . . 2426.11 Tri croisé fin de prop. argumentale× PPF . . . . . . . . . . . . . . . 2426.12 Tri croisé fin de prop. immédiate× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . 2426.13 Tri croisé types de propositions× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . 2436.14 Tri croisé phrases et autre proposition× PPF . . . . . . . . . . . . . . 2436.15 Tri croisé propositions argumentales ou non× PPF . . . . . . . . . . 2436.16 Probabilités de différence de marquage final des propositions . . . . . 2456.17 Probabilités de différence de fréquence de marquage final de la phrase

par rapport à p. arg. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2476.18 Fréquence de marquage final de la p. imm. par rapport à p. arg.: statis-

tiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2476.19 Proportions de marquage expliqué par la ponctuation de la phrase . . . 2496.20 Tri à plat de la position (limite de phrase ou non) pour les positions non

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2496.21 Tri à plat de la position (limite de phrase ou non) pour les positions

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2496.22 Tri à plat de PPD pour les prédicats non initiaux . . . . . . . . . . . . 2506.23 Tri à plat de PPF pour les prédicats non finaux . . . . . . . . . . . . . 2566.24 Tri à plat de PPD pour les 1,0,P0,0,0 dans ¬pers . . . . . . . . . . . . 2596.25 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,S1,0,0 (niveau:

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2616.26 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,S1,0,0 (niveau:

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2646.27 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,S1,pers,1 (niveau:

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2666.28 Tri croisé entre MMP et PPD, pour les constituants de type 0,1,S1,pers,1

(niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266

XXVIII

Page 30: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.29 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,R2,0,0 (niveaux:phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267

6.30 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,0,0 (niveaux:phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269

6.31 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1 (niveau:pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272

6.32 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1 (niveaux:phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272

6.33 Tri croisé entre MMS et PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1(niveaux: phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272

6.34 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,R2,0,0 (niveau:phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273

6.35 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,R2,pers,1 (niveau:¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274

6.36 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux:phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275

6.37 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,R3,0,1 (niveaux:phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276

6.38 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,R3,0,1 (niveau:phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277

6.39 Tri croisé MMS× PPF, pour les constituants de type 1,0,R3,0,1 (niveau:phrase, Document 1272-03 retiré) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277

6.40 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,A4,0,1 (niveaux:pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278

6.41 Proportions de marquage expliqué par la ponctuation des actants . . . 2816.42 Tri à plat de la position (limite d’actant ou non) pour les positions non

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2816.43 Tri à plat de la position (limite d’actant ou non) pour les positions ponc-

tuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2816.44 Tri croisé phrases et incidentes× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . 2836.45 Tri croisé phrases et incidentes (groupées)× PPD . . . . . . . . . . . 2846.46 Tri croisé incidentes× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2846.47 Tri croisé phrases, incidentes et autres circonstants propositionnels×

PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2846.48 Tri croisé incidentes et autres circonstants propositionnels× PPD . . . 2856.49 Tri croisé phrases et incidentes× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . 2856.50 Tri croisé phrases et incidentes× PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . 2866.51 Tri croisé phrases et incidentes (phrase)× PPF . . . . . . . . . . . . . 2866.52 Tri croisé phrases, incidentes et circonstants propositionnels× PPF . . 2866.53 Tri croisé incidentes et circonstants propositionnels× PPF . . . . . . 2866.54 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,0,0 (niveaux:

phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2876.55 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,C5,0,1 (niveaux:

pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2886.56 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,0,1 (niveaux:

phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . 290

XXIX

Page 31: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.57 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,¬pers,1 (niveau:phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 292

6.58 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,pers,1 (niveaux:phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 292

6.59 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,C5,pers,1 (niveau:phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293

6.60 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,0,0 (niveaux:phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 294

6.61 Tri croisé position finale ou non× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . 2956.62 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,0,1 (niveaux:

phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2956.63 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,¬pers,1 (niveaux:

phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2976.64 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,pers,1 (niveau:

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2976.65 Proportions de marquage expliqué par la ponctuation des compléments 3006.66 Tri à plat de la position (limite de complément ou non) pour les positions

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3006.67 Tri à plat de la position (limite de complément ou non) pour les positions

non ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3016.68 Tri croisé des positions de coordination et PPD . . . . . . . . . . . . 3026.69 Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord et MC.début et PPD 3036.70 Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord et MC.centre et

PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3036.71 Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord et MC.centre et

PPD (coordonnants retirés) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3036.72 Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord et MC.fin et PPD 3046.73 Tri croisé des positions de coordination (sans MF.Co) et PPF . . . . . 3066.74 Proportions de marquage expliqué par la ponctuation de la coordination 3076.75 Tri à plat de la position (limite de coordination ou non) pour les positions

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3076.76 Tri à plat de la position (limite de coordination ou non) pour les positions

non ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3076.77 Proportions de marquage expliqué par une tendance générale . . . . . 3086.78 Tri à plat de la position (limite de constituant attirant le marquage ou

non) pour les positions ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3086.79 Tri à plat de la position (limite de constituant attirant le marquage ou

non) pour les positions non ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . 3086.80 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt) 3116.81 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux:

synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3136.82 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,Dt,0,1 (niveau: synt) 3146.83 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,Ap,pers,1 (niveaux:

synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3156.84 Tri croisé entre MMS et PPF, pour les constituants de type 0,0,Ap,pers,1

(niveaux:synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315

XXX

Page 32: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.85 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,Ap,¬pers,0 (niveau:synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315

6.86 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 1,0,C6,0,0 (niveau:phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318

6.87 Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,Co,0,0 (niveaux:phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg) . . . . . . . . 318

6.88 Tri croisé C6 ou Co× PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3196.89 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,C6,0,0 (niveau:

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3236.90 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,Rl,0,0 (niveaux:

phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg) . . . . . . . . 3246.91 Tri croisé MI× PPF pour les constituants 1,0,Rl,0,0 . . . . . . . . . . 3256.92 Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,Co,0,0 (niveaux:

phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg) . . . . . . . . 3256.93 Proportions de marquage expliqué par une tendance générale (repris) . 3316.94 Tri à plat de la position (limite de constituant attirant le marquage ou

non) pour les positions ponctuées (repris) . . . . . . . . . . . . . . . 3316.95 Tri à plat de la position (limite de constituant attirant le marquage ou

non) pour les positions non ponctuées (repris) . . . . . . . . . . . . . 3316.96 Tri croisé des proportions de marquage× environnements . . . . . . . 332

7.1 Tri à plat des formes de ponctogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . 3347.2 Tri croisé environnement× forme du ponctogramme . . . . . . . . . 3357.3 Points-colonnes, données numériques (1er facteur) . . . . . . . . . . . 3367.4 Points-colonnes, données numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . 3387.5 Points-lignes, données numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3407.6 Tri croisé RB× actant ponctuable à la finale pour ‹·

’› . . . . . . . . . . 342

7.7 Tri croisé environnement× forme du ponctogramme (revu) . . . . . . 3447.8 Tri croisé environnement× forme du ponctogramme (revu) . . . . . . 3447.9 Points-lignes, données numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3487.10 Points-colonnes, données numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . 3487.11 Tri croisé forme des ponctogrammes (réduit)× environnement (C5F,

Énoncé, Coord.) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3507.12 Tri croisé attraction de ‹·› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3507.13 Tri croisé ‹·›× contexte l’attirant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3517.14 Tri croisé attraction de ‹/› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3517.15 Tri croisé opposition ‹·

’› vs‹·/› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351

7.16 Tri croisé ‹··›× contexte l’attirant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352

8.1 Tableau synthétique des tendances dégagées . . . . . . . . . . . . . . 363

XXXI

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0 Introduction

Comment, d’aprèsce qu’on peut observer dans les chartes écrites en français à Liègeavant 1292, la ponctuation originale interagit-elle avec la syntaxe dans la langue fran-çaise médiévale? Voilà une interrogation qui en amène immanquablement une fouled’autres, parmi lesquelles on peut compter: qu’entend-on parponctuation? qu’entend-on parsyntaxe? qu’est-ce qu’une charte? qu’est-ce que la langue écrite, exactement?quels documents ont été observés?1

Notre introduction ne répondra pas à toutes ces questions préalables. Elle se limi-tera à poser le cadre de notre travail, c’est-à-dire tout ce qui a constitué lesdonnéesdesquelles nous sommes parti. Pour le reste, elle n’indiquera que le chemin que nousavons emprunté pour rechercher, sinon une réponse, une perspective nouvelle pouraborder la ponctuation médiévale. On ne trouvera donc pas de définition des termesponctuationou syntaxedans ces quelques pages introductives, pas plus qu’une ex-plication de ce que nous entendons parlangue écrite. La clarification de ces termesnécessitera, on le verra, de longs développements qui n’auraient pas leur place ici. Quel’on veuille bien nous pardonner, mais il faudra se résigner à comprendre ces mots demanière intuitive dans un premier temps.

Par contre, le lieu nous paraît opportun pour que nous y posions les objectifs del’étude (→0.1) et pour que nous délimitions précisément notre corpus et que nousdécrivions en quelques mots les problèmes qu’il pose (→0.2).

Cela fait, nous exposerons le plan de notre démarche (→0.3).Enfin, nous clorons cette introduction sur une brève présentation des ressources

techniques qui ont été nécessaires pour traiter notre objet (→0.4) et sur un avertisse-ment quant au caractère perfectible des méthodes dont nous avons fait usage (→0.5).

0.1 Objectifs de l’étude

Dans cette section, nous présentons les différentes options suivies jusqu’à présent pourétudier la ponctuation de l’ancien français (→0.1.1) avant de définir la position quenous tiendrons tout au long de notre étude (→0.1.2).

1 Ce travail, réalisé sous la direction de Marie-Guy Boutier, est issu de la thèse de doctorat quenous avons défendue le 21 décembre 2007 à l’Université de Liège. Le jury en était le sui-vant: Jean-Marie Klinkenberg (président), Christiane Marchello-Nizia, Marie-Guy Boutier(promotrice), Günter Holtus, Gérald Purnelle (secrétaire) et Pierre Swiggers.

1

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0.1.1 Études précédentes

Deux attitudesse sont développées dans le champ de la recherche sur la ponctuationmédiévale: celle qui souligne la pluralité des valeurs de signes et juge l’analyse syn-taxique incapable de rendre compte à elle seule des habitudes des scribes (→0.1.1.1);et celle qui, ne rejetant pas le bien-fondé de cette pluralité, consiste néanmoins à choi-sir de se servir de la syntaxe comme moyen privilégié pour accéder aux emplois de laponctuation (→0.1.1.2).

0.1.1.1 Pluralité des valeurs de la ponctuation médiévale

a. Les pionniers.La première étude linguistique de la ponctuation dans les manuscritsmédiévaux du domaine gallo-roman est due à Mario Roques (1952). Dans son articleLe manuscrit fr. 794 de la Bibliothèque Nationale et le scribe Guiot, qui concerne plusles habitudes de Guiot que la ponctuation elle-même, il met en évidence des «habi-tudes graphiques qui donnent de la netteté à la présentation et à la lecture» (193). Ayantsomme toute peu de matériaux à sa disposition, Mario Roques se borne à «signaler»ces habitudes graphiques sans véritablement les systématiser.

Il conclut en formulant le souhait que la ponctuation médiévale soit étudiée de ma-nière diachronique, insistant sur le besoin de tenir compte, dans cette entreprise, «deshabitudes et des nécessités de pensée, de lecture, de diction, auxquelles [les signes deponctuation] correspondent, et qui ont varié suivant les époques, les auteurs, les ora-teurs et les lecteurs» (196). En philologue chevronné, il souligne ainsi l’importancede la relation entre le texte et son environnement, mais ne pose aucune balise quant àl’étude proprement linguistique des pratiques de ponctuation médiévale.

Un nouveau palier est franchi avec la publication de l’articlePonctuation et «unitéde lecture» dans les manuscrits médiévaux ou: je ponctue, tu lis, il théorise, proposéà la communauté par Christiane Marchello-Nizia (1978). Cette dernière compare laponctuation de six «éditions» (terme regroupant en l’occurrence les copies et éditionsimprimées) duJouvencelde Jean de Bueil (composé entre 1461 et 1466), en prenantcomme point de départ les conceptions que les traités anciens livrent: la ponctuationserait l’expression d’une pause dans la voix (34). D’emblée, Christiane Marchello-Nizia choisit de compter les «majuscules» parmi les signes de ponctuation, une optionque suivent également toutes les études ultérieures.

Selon cette étude, la ponctuation se rencontre à des endroits qui correspondent auxlimites de structures syntaxiques et au début d’adverbes et de conjonctions capitalespour l’organisation du message, mais les différentes éditions ne se servent pas dessignes de la même manière pour segmenter le texte: chacune se distingue des autrespar la ponctuation (42). L’analyse révèle également que les théories syntaxiques nesuffisent pas à épuiser les informations que nous livre la ponctuation. La conclusionest nette: pour avoir une chance de la comprendre un jour, il ne faut pas isoler laponctuation dans ses rapports avec la syntaxe telle que nous la concevons, mais tenterd’appréhender les «unités de lecture» que nous livrent les scribes eux-mêmes.b. Définition progressive des types de valeurs.La même idée d’«insuffisance de nos‹outils théoriques›» (Marchello-Nizia 1978, 44) se retrouve dans la conclusion del’étude d’Hélène Naïs (1979) sur le manuscrit B de laConqueste de Constantinoplede Villehardouin:

2

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«Lorsque l’on sait que la philologie moderne a relevé et édicté des règlestrès strictes d’ordredes mots en ancien français, [. . .] conditionné par les éléments initiaux de la phrase, il estparticulièrement déroutant de constater que les manuscrits médiévaux ne permettent pas vrai-ment de repérer ces éléments initiaux. À quelle réalité correspond exactement la notion dephrase en ancien français?» (55).

Aux yeux d’Hélène Naïs, qui généralise ses découvertes, la ponctuation n’a pas devaleur grammaticale.

Il en résulte que les études suivantes s’efforcent de mettre en relation la ponctua-tion avec d’autres structures que les structures syntaxiques. Ainsi, l’étude de CélineBarbance (1995) compare cinq manuscrits desCas des nobles hommes et femmesdeLaurent de Premierfait (15e siècle) et divise son analyse en plusieurs parties: «Ponc-tuation et structure syntaxique» (511), «Ponctuation et sémantique» (516), «Ponc-tuation métalinguistique2» (521). Ce classement, bien qu’il permette d’expliquer ungrand nombre de signes, met à nouveau en évidence, sans pouvoir l’expliquer, unegrande liberté de la part des copistes.

Se détachant encore davantage d’un cadre prédéfini par une analyse linguistique,Alexei Lavrentiev (2000) introduit son étude sur la ponctuation dans les manuscrits etincunables de l’Image du mondede Gossuin de Metz (13e siècle) en affirmant:

«Une caractéristique importante qui semble marquer la ponctuation de la plupart des textesfrançais médiévaux est un gros écart entre les doctrines de ponctuation, qui ne manquent pas,et la pratique qu’on peut constater dans les manuscrits.» (26).

Par la simple observation des formes des marques et de leur fréquence, l’auteur repèreun certain nombre d’«unités de lectures», qui montrent que la ponctuation interagitavec les «majuscules» et se retrouve essentiellement devant les connecteurs, entre lesphrases et entre les syntagmes coordonnés.

D’autres tentatives, comme celle de Susan Baddeley (2001), adoptent une dé-marche sémasiologique, partant des signes à la recherche de leur valeur, pour aboutirà nouveau à la conclusion que la ponctuation médiévale n’est pas syntaxique.

Nous avons nous-même montré (Mazziotta 2007b) que l’organisation du textedes chartes en «parties du discours» (au sens diplomatique) structurant l’informationqu’elles contiennent était, dans le cas de documents émanés d’une cour particulière,clairement soutenue par l’emploi de la ponctuation.

La pluralité des valeurs de la ponctuation médiévale la rapproche de son homo-logue moderne. En effet, dès les premières études linguistiques consacrées à la ponc-tuation du français moderne, Ludmilla Védénina (1980 et 1989), héritière du fonc-tionnalisme praguois, distingue un plan sémantique, un plan communicatif et un plangrammatical, correspondant terme à terme aux plans sémanticoréférentiel, énonciatif-hiérarchique et morphosyntaxique de la théorie des trois points de vue (→3.1.3.1).Depuis, les études sur la ponctuation moderne rendent généralement compte de cettepluralité.

Quelle que soit la période étudiée, il semble que seul un examen simultané desinformations livrées par chacun des trois points de vue approcherait l’exhaustivité.

2 Nous écririonsénonciative.

3

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c. Vers un programme.Le développement des recherches pousse ainsi progressive-ment à abandonner l’idée que l’analyse syntaxique fournit la clef absolue de l’étude.Cela mène Alexei Lavrentiev à rappeler:

«Comme l’ont démontré les études précédentes, l’emploi de la ponctuation peut être condi-tionné par de multiples facteurs: syntaxiques, sémantiques, pragmatiques, rythmiques etmême ‹esthétiques› (décoratifs).» (Lavrentiev à paraître).

Il propose ensuite une liste d’«unités ponctuables» reprenant ces catégories et devantpermettre de traiter efficacement la ponctuation d’un grand nombre de textes:

«Parmi les grandes catégories, nous avons distingué (A) les frontières entre les unités de lamacrostructure textuelle; (B) les frontières liées au changement de plan énonciatif, et, engénéral, tout ce qui est lié au discours direct [. . .]; (C) les frontières entre les propositions in-dépendantes (y compris juxtaposées et coordonnées); (D) les frontières entre les propositionssubordonnées et leur principale; (E) les frontières entre les syntagmes coordonnés et juxta-posés; les débuts et fins d’énumération; (F) les syntagmes ‹ponctuables› à l’intérieur de pro-positions (compléments circonstanciels, appositions, reformulations, etc.) [. . .]» (Lavrentievà paraître, §1.2).

0.1.1.2 Le «pari» de la syntaxe

Parallèlement à cette évolution, tentant l’expérience alors nouvelle de l’étudeexhaus-tive des signes de ponctuation dans une seule charte luxembourgeoise, Marie-GuyBoutier (2001) fait le pari que la majorité des signes de ponctuation peuvent être expli-qués à l’aide des structures syntaxiques. La perspective est résolument synchroniqueet cadrée sur l’étude du système d’un seul document. Presque tous les signes trouventune «justification» syntaxique, ce qui mène à une conclusion forte: «[Il est permis] desupposer, sous-jacent à cet usage particulier, un véritable système de la ponctuation[. . . ].» (443)

Enthousiasmé par ces résultats, nous prenons la décision de la suivre en faisant ànotre tour l’étude complète de la ponctuation d’une autre charte, liégeoise cette fois(Mazziotta à paraître), ce qui nous permet de constater que la syntaxe, si elle ne peuttout expliquer, suffit à décrire la grande majorité des signes rencontrés.

Continuant sur cette lancée, nous essayons, dans la contributionInconstance ouconsensus? Marquage de la protase en tête de phrase dans les chartes liégeoises du13e siècle(Mazziotta 2007a), de comparer la ponctuation d’une structure syntaxiqueparticulière au travers d’un petit corpus de chartes liégeoises dans une perspective tou-jours synchronique. La conclusion de ce travail est que malgré la variation, la majoritédes chartes suivent une tendance commune.

Manifestement, en dépit de l’indéniable influence de la sémantique ou de la struc-ture discursive sur la ponctuation, il semblerait que, dans le cas des chartes médié-vales, la syntaxe puisse constituer un point de référence suffisamment rentable pourêtre étudié pour lui-même.

0.1.2 Position de la présente étude

En conséquence de la section précédente, nous avons choisi de poursuivre notre re-cherche en privilégiant la description des relations entre les signes de ponctuation et

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les structures syntaxiques. Nous traiterons ainsiune partiedu problème général dela ponctuation médiévale et nous sommes conscient des limites que nous posons auxrésultats de notre travail. Cette étude n’épuisera donc pas le sujet.

À ce jour, une étude générale sur la partie exacte de la ponctuation que la syntaxepermet d’expliquer fait encore défaut. Nous proposons d’explorer notre corpus (→0.2)dans cette direction.

Dans la mesure où la ponctuation met en évidence des unités de lecture tributairesdes représentations linguistiques intériorisées par les scribes, l’étude de la ponctua-tion dans ses rapports avec la syntaxe constitue un moyen privilégié d’accéder à cesreprésentations. Cela nous permettra de vérifier si les structures que nos outils d’ana-lyse identifient correspondent bien à des «unités de lecture» pour les gens qui lesemployaient.

La description des rapports entre la ponctuation et le système syntaxique deschartes originales écrites en français à Liège avant 1292 impose à nos yeux une dé-marche qui consiste à:

1. délimiter le corpus employé;2. définir exactement ce que nous entendons parponctuationetsyntaxe;3. décrire le système graphique le plus indépendamment possible du système syn-

taxique (et inversement);4. évaluer les corrélations entre les deux systèmes décrits.

Nous délimiterons le corpus dans la présente introduction (→0.2). Les autres étapesseront abordées ensuite et serviront de guide à la progression dont nous ferons le planci-dessous (→0.3).

0.2 Corpus

Depuis 1998, le service delinguistique française et dialectologie wallonnede l’Uni-versité de Liège, dirigé par Marie-Guy Boutier, s’est engagé dansKhartês, un projetd’édition et d’étude linguistique de chartes originales rédigées en français en Walloniedans le courant du 13e siècle.

La genèse du projetKhartês, par laquelle s’explique la constitution de notre cor-pus, fera l’objet du point→0.2.1. Nous évaluerons ensuite les problèmes posés par lescaractéristiques intrinsèques à ce choix de textes (→0.2.2).

0.2.1 Genèse du projetKhartêset constitution du corpus

Khartês trouve sa place dans la plus vaste démarche d’édition desDocuments lin-guistiques de la France, inaugurée en 1974 par Jean-Gabriel Gigot et son édition desdocuments originaux conservés dans le département de Haute-Marne, préparée sousla direction de J. Monfrin (Gigot 1974). Cette première pièce ouvre la marche du pro-jet, destiné à réunir les textes non littéraires originaux rédigés en langue vulgaire dansle domaine français. Trois séries devaient se partager la collection, couvrant les do-maines d’oïl (série française) et d’oc, mais aussi le domaine du franco-provençal. Ily était notamment prévu d’éditer des chartes originales conservées dans les différentsfonds d’archives de la France (la série franco-provençale est un recueil d’éditions de

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textes dialectaux non littéraires). À la mort de Jacques Monfrin, la direction du projetfut reprise par l’actuelle directrice de l’École des Chartes, Françoise Vielliard, avec lacollaboration de Martin-Dietrich Gleßgen.

Le premier volume desDocuments linguistiques de la Belgique romane, série pa-rallèle à la série française paraît en 1984. Il comprend les chartes du Hainaut (Ruelle1984) et se voit accompagné, trois ans plus tard, des chartes flamandes (Mantou 1987).Le troisième volume que devrait comprendre la série, encore manquant, sera dédié auxchartes de Wallonie.

Répondant à l’invitation que lui fit personnellement Jacques Monfrin pour comblercet hiatus, Marie-Guy Boutier entreprend le projetKhartês, destiné dans un premiertemps à fournir les matériaux nécessaires à l’élaboration du tome trois desDocumentslinguistiques de la Belgique romaneet donc à couvrir la Wallonie (provinces de Liège,de Namur et de Luxembourg). Le corpus étudié dans le cadre du projetKhartêsseraconstitué pour commencer des chartes originales conservées dans les provinces deLiège et de Namur. Le travail a débuté par l’édition de celles qui sont entreposées auxArchives de l’État à Liège. Toutes les chartes originales antérieures à l’avènement del’évêque Hugues de Chalon (1292) seront étudiées, la plus ancienne datant du moisde mai 1236 (il s’agit du document référencé Document 1236–05), soit un corpusévalué actuellement à 285 chartes. Il a rapidement été décidé que les éditions fourniespar le projet seraient électroniques et accompagnées d’une reproduction digitale desdocuments.

Actuellement, deux personnes participent activement au projetKhartês– bien queson avancée ait été quelque peu ralentie depuis 2004 –: Marie-Guy Boutier et nous-même. Dans la mesure du possible les étudiants intéressés sont invités à collaborerau projet. C’est ainsi que Stéphanie Audrit, Nicolas Brugali et nous-même avons pu,encore étudiants, proposer une nouvelle édition pour certains des documents cibléspar le projet – voir respectivement Audrit 2003, Brugali 2003 et Mazziotta 2001.

Le travail évolue lentement, mais il est déjà suffisamment avancé pour que nousayons à notre disposition une transcription diplomatique fiable de 148 documents lié-geois – voir la liste des références en fin de volume. Le critère de sélection est ici liéà la fiabilité des éditions disponibles: seuls les documents dont la transcription diplo-matique est suffisamment aboutie font partie du corpus retenu pour la présente étude.

0.2.2 Problèmes liés au corpus

Du fait de sa nature et de la manière dont il a été constitué, le corpus pose plusieursproblèmes liés à son hétérogénéité (→0.2.2.1) et à la quantité de données qu’il rendaccessibles (→0.2.2.2).

0.2.2.1 Hétérogénéité des types discursifs

Le grand nombre de types d’actions juridiques enregistrées dans les chartes influencecertainement la variété des structures textuelles.a. Classement diplomatique des documents.En dépit d’une structure générale com-mune, qui fonde la définition du termecharteet la pertinence du regroupement desdocuments dans un seul échantillon, les chartes que nous étudions forment un en-semble incontestablement hétérogène. Quiconque a pratiqué quelque peu ce genre de

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texte est conscient de cette hétérogénéité. Si bien que les manuels de diplomatique lesplus récents n’hésitent pas à affirmer que «[l]acharten’est pas à proprement parlerun terme technique, mais plutôt un terme générique, recouvrant une variété confusede documents. N’étant pas technique, le mot est assez flou. [. . .] Une charte contientsoit une concession de biens, de droits,. . . soit une décision judiciaire.» (Guyotjeanninet al. 1993, 25, italiques en grasses dans le texte). La majorité des diplomatistes ontchoisi d’accepter la définition floue du motcharte. Le classement des actes sur base del’action juridique qu’ils enregistrent est délaissé,3 au profit d’une typologie basée surla qualité de l’auteur (la personne juridique s’identifiant comme l’émetteur de l’acteécrit) ou du bénéficiaire (celui à qui profite l’acte juridique). On distingue alors lesactes publics (souverain, princier ou seigneurial, pontifical ou encore épiscopal) desactes privés.4 Suivant ce critère, tous les documents du corpus entrent dans la dernièrede ces catégories.b. Inadéquation du classement.Du point de vue du linguiste, la solution ne convientpas tout à fait. Les structures morphosyntaxiques mobilisées dans un texte dépendentgrandement du message qu’il véhicule. Nous aurons l’occasion de revenir sur la défi-nition du texte dans les préalables du chapitre consacré à l’analyse morphosyntaxique(→3.1.2.1). Pour l’heure, donnons un exemple concret du problème que laisse sub-sister la typologie communément acceptée. On sait dès les premiers mots de ces troischartes qu’elles ne traitent pas des mêmes actions et que leur structure en sera certai-nement différente:

«Nos, Guis, cuens de Flandres, faizons savoir a_tos ke nos Geramont et les appendances etBornehemet les appendances ki astoient nostre franc aluel avons receut en_fiés[2] ligementa_tenir de mon saingnor Henri, par le grasse de Deu eveske de Liege,et de ses successeurseveskes de Liege perpetuement [. . .]» (Document 1263–05–27a, 1).

«A tos cheaus ki ches letres veruntet orunt, maistre Jehans de Sain_Tron, chanoines deHui, et Watiers de le Wege,[2] chevaliers, arbitre esliut del besten ki a esté entre le gliseSaint Lambert de Liege, d’une part, et mon segnor Gilon,[3] chevalier d’Otoncort et ses oirs,d’autre part, [. . .], saluset conisanche de verité.» (Document 1270–05–10, 1).

«Je, Lambers de le Fosse, citainset eskevien de Liege, en me plain senset en me bonememore, a me testament a queil ciste lettre[2] est afichie et saelee de ces meimes saias fai jetele addition [. . .]» (Document 1283–02–13a, 1).

Par exemple, nous savons d’avance que le troisième de ces documents contiendra uneliste de dispositions et de legs, alors que le deuxième contiendra un verdict. Ces diffé-rences quant au contenu des textes influencent leur structure discursive. Par ailleurs, ilest probable que cette dernière, même si elle ne se trouve pas au cœur de notre étude,influence la ponctuation: on ne ponctue pas de la même manière une liste et une sen-

3 «[L]a diplomatiquea pu sortir du débat où elle risquait de s’enliser, en prenant en compteun critère plus juridique (la nature de l’action juridique et le statut des protagonistes) quediplomatique (la forme de l’acte et la nature de son authentification).» (Guyotjeannin et al.1993, 115).

4 C’est-à-dire «tout acte émanant d’une personne privée, ou d’une personne publique agissantpour le compte d’une personne privée», définition proposée par Robert-Henri Bautier et laCommission internationale de diplomatique, cf. Guyotjeannin et al. 1993, 104.

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tence d’arbitrage.5 Malheureusement, unclassement par type discursif (et indirecte-ment par type juridique), outre le fait qu’il demanderait des compétences d’historienet de juriste, nécessiterait une étude détaillée de la question. Pareil travail n’aurait passa place ici.

0.2.2.2 Quantité de données

Suivant que l’on considère les textes dans leur ensemble ou les unités sémiotiques etlinguistiques qu’ils véhiculent, on devra conclure à l’indigence ou à l’extrême richessedu corpus.a. La faible quantité de documents pousse à ignorer les données extralinguistiques.L’hétérogénéité des types d’actes n’est pas le seul facteur à influencer la validité d’uneétude centrée sur des documents originaux. Faute d’avoir été restreintea priori, l’ex-trême variété des auteurs, des scelleurs, des impétrants et des scribes mène irrémédia-blement à une disproportion: certains auteurs, comme par exemple la cour allodiale deLiège,6 sont à l’origine de quelque 55 documents du corpus, alors qu’un seul acte estémané du duc Henri de Limbourg (Document 1237–09–16). On pourrait certes classerles documents en fonction de ces observations «objectives», mais que donnerait un telclassement sur un corpus aussi réduit? Pas grand-chose, assurément, compte tenu dufait que l’on ne pourrait garantir la représentativité des différents groupes formés.

Nous avons donc dû nous résoudre à travailler dans des conditions qui sont loind’être optimales, en attendant que le corpus s’enrichisse ou qu’il soit possible de lecomparer à d’autres textes issus d’autres fonds d’archives. Cela rendra peut-être pos-sible la description adéquate de plusieurs partitions consistantes. Nous ne ferons doncqu’épisodiquement référence à la description extralinguistique des chartes.b. La quantité démesurée d’unités linguistiques et sémiotiques pousse à réduire la ri-chesse des documents.Si nous pouvons regretter le peu de données disponibles pourclasser les documents les uns par rapport aux autres, il n’en est pas de même lorsquenous abordons les «lettres», mots, «signes de ponctuation» et structures syntaxiquesqu’ils comportent. Chacune de ces sortes d’unités permet d’isoler des milliers d’oc-currences, voire des dizaines de milliers. Ainsi, sans aborder ici la question du discer-nement des unités et à titre d’exemple, le corpus étudié contient pas moins de 64252occurrences de mots. Quelle que soit l’optique adoptée pour les traiter,il faut bien ad-mettre que cette quantité est trop importante pour être manipulée efficacement par unêtre humain. Face à pareil foisonnement, il sera nécessaire deréduire les données.

5 Une idéeque nous avons déjà avancée dans Mazziotta à paraître, §1.1.6 Cette cour, qui porte le nom particulier deCasa Dei(formes romanes:Chise Dieu,Cise

Dieu, etc., soit le type_Chaise Dieu_) est compétente en matière d’alleux, c’est-à-dire debiens possédés en pleine propriété. Elle est composée de propriétaires de tels biens (qui sontdits hommes de la Chaise Dieu), lesquels échappent ainsi à la juridiction scabinale. VoirBertrand 2004, 165s.

8

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0.3 Plan de l’étude

Nous organiserons notre exposé en deux parties: la première sera consacrée à laconstruction des concepts nécessaires à l’analyse, tandis que la seconde contiendral’analyse proprement dite.

0.3.1 Première partie: modélisation

Les chapitres→1 à→3 constitueront la première partie du travail. Dans le premier,qui sera relativement abstrait, nous poserons les bases qu’on pourrait qualifier demé-taconceptuelles: il sera question d’exposer la manière dont les concepts intégrés auxmodèles de description de la langue écrite et de la syntaxe seront construits.

Le chapitre→2 relèvera à la fois de la sémiotique et de la linguistique. Nous yproposerons une systématisation nouvelle des unités de la langue écrite, menant ainsià un classement complet d’où émergera une définition précise du termeponctuation.

Le chapitre→3, quant à lui, traitera exclusivement de linguistique. Nous y in-troduirons un modèle d’analyse syntaxique personnel, ce qui nous mènera à définirconcrètement ce que le motsyntaxesignifie à nos yeux.

On pourra voir comment les concepts et analyses décrits dans cette première partieont été appliqués systématiquement au corpus en se reportant aux annexes.7

0.3.2 Deuxième partie: analyse des données

Dans la deuxième partie, nous mettrons en relation les unités (relevant des deux do-maines modélisés) que nous avons pu identifier à l’intérieur de notre corpus. Pour cefaire, nous devrons mobiliser un petit nombre de techniques statistiques simples, dontles concepts fondamentaux seront exposés au chapitre→4, d’une manière que nousespérons accessible.

Le chapitre→5 sera consacré à la recherche de tendances générales concernant lafréquence des signes de ponctuation aux limites des structures syntaxiques. Nous ten-terons de répondre à la question: «Quelles structures paraissent plus ponctuées que lesautres?», ou au contraire: «Quelles structures sont clairement les moins ponctuées?»De cette manière, nous identifierons les structures que nous devons étudier de manièreplus approfondie.

S’enchaînant avec le précédent, le chapitre→6 sera focalisé sur les structures lesplus remarquables pour en faire l’examen détaillé, en prenant à nouveau en considé-ration la fréquence d’occurrence de la ponctuation.

Contrastant avec les deux chapitres qu’il suit, l’examen qui formera le corps duchapitre→7 tiendra compte de la forme des signes de ponctuation et non plus unique-ment de leur fréquence.

Enfin, dans la conclusion (chapitre→8), nous ferons le point sur notre démarcheet les résultats que nous avons pu dégager.8

7 Voir l’adresse permanentehttp://hdl.handle.net/2268/25773, qui fournit les annexes de laprésente étude.

8 La structure de→8.1 répond au plan que nous venons d’exposer.

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0.4 Ressources techniques

Avant de les enfouir dans les annexes, disons quelques mots des logiciels et tech-niques informatiques employés pour encoder les données. Aucun logiciel répondantexactement à nos besoins n’étant disponible, nous avons été contraint de développernous-même l’ensemble des programmes employés. De manière très concrète, voici cequi a dû être fait.

Les chartes ont été transcrites et encodées à l’aide d’une norme largement ré-pandue pour stocker les données complexes de nature textuelle: l’eXtensible MarkupLanguage(XML), qui permet à l’ordinateur de retrouver les mots et les signes deponctuation originaux au moyen de programmes adéquats. Ces derniers sont fournisen annexe.9 Les outils de traitement des données prennent la forme de scripts10 écritsdans un langage nomméPerl.11 On pourra également consulter les transcriptions di-plomatiques abouties en se reportant aux annexes.12

Les analyses morphosyntaxiques, conformes à l’exposé du modèle du chapitre 3,ont été encodées dans le même fichier informatique que celui qui contenait l’éditionde chaque charte. Les analyses exhaustives, représentées par des boîtes imbriquéessuivant un ordre déductif allant des textes aux mots, sont fournies en annexe.13

Enfin, les chapitres→4 à→7 nécessitaient que les données soient extraites etsoumises à un nombre important de calculs. La sélection des données (rassembléeségalement à l’aide d’un programme Perl) et leur traitement numérique prend la formede scripts écrits dans un langage nomméR,14 particulièrement adapté aux traitementsstatistiques.

Quels que soient les programmes et les langages utilisés, il importe de soulignerdeux choses: la liberté des codes sources et l’absence de garantie.

Les programmes d’extraction des données ne sont pas forcément infaillibles etcontiennent probablement des erreurs. Dans une perspective scientifique, il est impé-ratif que le code source des applications soitouvertet documenté. Si les codes sontreportés en annexe, il reste un important effort de documentation à faire. Qu’on nouslaisse poser ici un jugement sévère et catégorique sur les logiciels dont les sources,pour des raisons commerciales ou autres, ne sont pas accessibles aux utilisateurs: pa-reilles pratiques nuisent à la science. C’est ainsi que les programmes et standards quenous avons choisi d’employer sont libres et ouverts.15

9 Voir la sectionRessourcesdes annexes.10 C’est-à-dire de programmes non compilés, «lisibles» dans n’importe quel éditeur de texte.

La compilation des programmes écrits dans un langage de scripts est généralement effectuéeà l’exécution.

11 Version 5.8.7, voir la «bible» du langage, par son créateur: Wall et al. 2000.12 Voir la sectionTranscriptionsdes annexes.13 Voir la sectionAnalyses syntaxiques.14 Version 2.4.0, voir R Development Core Team 2005.15 Les licences d’utilisation de Perl et R sont fournies dans les paquets binaires d’installation

de ces logiciels; voir la sectionRessourcesdes annexes.

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0.5 Travail en cours

Il est d’autre part important de pouvoir prendre en considération le fait que le travailest effectué sur un corpus inédit, encore en construction à l’heure où nous écrivonsces lignes.16 Malgré notre soin, les efforts d’édition des matériaux17 et d’annotation18

comportent certainement encore beaucoup d’imperfections.Par ailleurs, une fois le corpus édité et annoté sous forme électronique, en suppo-

sant qu’il soit exempt d’erreurs et d’imprécisions et soit présenté dans un état définitif,il reste toujours à gérer le délicat problème de l’extraction de son contenu.

Cet état transitoire du corpus et des outils, intimement lié à l’abondance des don-nées et au travail important que leur traitement implique, mène à des obstacles tech-niques et contingents.

0.5.1 Erreurs et évolutivité

Commençons par distinguer leserreursen fonction de leurs causes. Une erreur doittoujours être située par rapport aux matériaux traités, mais également par rapport aumodèle choisi pour travailler. Elle peut ainsi être due à une inconsistance de l’analyseou à une conceptualisation inadéquate des phénomènes observés. Pratiquement, leserreurs les plus problématiques sont celles de la première sorte: si durant l’encodage,nous avons mal identifié un constituant, l’identifiant comme un «verbe principal» alorsqu’il a la fonction de «sujet», nous avons commis une erreuraccidentelle.

Quant aux erreurs de conceptualisation, elles sont à situer sur le plan épistémolo-gique: on a mal perçu la nature des données (erreura priori). Ce type de biais est inhé-rent à la recherche empirique dans ses activités de réduction autant qu’à la recherchethéorique dans ses activités de modélisation. Nous aurons maintes fois l’occasion defaire remarquer que l’enregistrement des données et la conceptualisation ne consti-tuent que des approximations de la réalité observée.19 Cela signifie que les erreurssont inévitables et font corps avec la recherche. Il est cependant nécessaire de les dé-crire et de les annoncer: lorsque nous écrivons, dans la section décrivant les relationsentre les «compléments» à l’infinitif et le «verbe principal»:20

«Devant ce phénomène complexe, nous avons choisi la solution qui paraissait la plus raison-nable et la plus conforme au modèle.» (p. 114).

puis que nous détaillons notre choix dans les lignes qui suivent, nous informons lelecteur sur la portée et l’importance de l’approximation que nous avons cru licite desupporter. On s’attend donc à retrouver les mêmes approximations dans les analyseset dans leurs conclusions, ce qui est tout à fait normal. Ces erreurs systématiques nepourraient être corrigées qu’en revoyant les fondements du travail.

16 Et sur lequel nous avons jusqu’à présent été très peu nombreux à travailler.17 Revus en partie par Marie-Guy Boutier.18 Sur lesquels nous avons travaillé seul, et qui n’ont bénéficié d’aucune relecture extérieure.19 Concernant le mécanisme de conceptualisation,→1.1 pour une présentation générale.20 Nous reviendrons sur ces termes dans le chapitre→3, où les notions qu’ils désignent seront

systématisées.

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0.5.2 Programmation des requêtes

Une foisdéfinis les individus et les variables qui servent à les décrire, l’analyse n’estpossible que si, d’une manière ou d’une autre, ces individus et leurs modalités spé-cifiques sont extraits du corpus. Leur quantité est telle qu’il n’est pas imaginable deprocéder manuellement, si bien que chaque question oblige à écrire des programmesinformatiques chargés d’effectuer cette tâche.21 Cette étape du travail, très technique,prend également beaucoup de temps.22

Or, comme on le verra,23 les conclusions statistiques et l’expérience des textesmènent parfois à poser de nouvelles questions aux documents. Parfois, ces questionsultérieures nécessitent de nouveaux dépouillements, qui nécessitent à leur tour de nou-veaux programmes, c’est-à-dire beaucoup de temps de développement.

Nous serons donc forcé de limiter nos recherches à ce que nos capacités techniqueset notre matériel ont permis de traiter jusqu’à présent.

21 Voir la sectionRessourcesdes annexes.22 L’élaboration de requêtes – devant donner des résultats fiables (pas d’erreur) dans des dé-

lais raisonnables (temps de traitement) avec le matériel informatique dont nous disposons(ressources matérielles) – est un processus exigeant.

23 Voir par exemple la conclusion du chapitre→5, p. 218.

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1 Préalables épistémologiques: concepts et terminologie

Le statut«proto-scientifique»,1 de la linguistique, couplé à un héritage chargé d’unelourde tradition, oblige à un recadrage terminologique constant, traduisant idéalementle système des unités conceptualisées.2 Il est préférable pour un linguiste de se situerpréalablement à toute étude, par rapport à une terminologie construite; la remarque estd’autant plus appropriée dans le jeune champ de la ponctuation.

La théorisation linguistique ne peut faire l’économie d’une réflexion structurée surla terminologie qu’elle mobilise. Il est, écrit Gilbert Lazard (1999b, 113), «difficile,dans l’état actuel de notre discipline, de parler de terminologie sans aborder en mêmetemps des questions théoriques et méthodologiques». La réciproque est égalementtout à fait justifiée: toute réflexion théorique mettant en relation de nouveaux conceptsou en réorganisant d’anciens soulève le problème de la nomination de ces concepts.C’est précisément ce point de vue que nous allons adopter: partant d’un travail d’abordd’organisation et de définition des concepts, nous devrons nommer ces derniers pourqu’ils puissent servir à un examen approfondi des faits.

Ce chapitre est ainsi destiné à poser les bases théoriques nécessaires à la défini-tion des différents concepts et termes que nous créerons ou mobiliserons pour classeret analyser les unités de la langue écrite et les structures morphosyntaxiques. Il viseessentiellement cet objectif pratique. Nous nous devons donc de présenter la manièredont nous allons élaborer les concepts et les nommer préalablement à tout développe-ment. Les principes resteront abstraits dans les limites du présent chapitre, mais serontappliqués de manière concrète dans les chapitres→2 et→3. Désireux avant tout decréer un canevas de travail simple tout en restant rigoureux, nous nous sommes gardéde nous aventurer dans l’exposé des techniques les plus récentes développées prin-cipalement dans un cadre de recherche informatique, à savoir, d’une part, leUnifiedModelling Language(UML) et, d’autre part, les ontologies et le web sémantique. La

1 Ce qualificatifrevient à Gilles-Gaston Granger, pour qui la linguistique se trouverait actuel-lement dans l’«état de la physique avant Galilée» (cf. Lazard 1999a, 68) c’est-à-dire unediscipline qui n’est pas encore une véritable science. Pour Gilbert Lazard, il manque sim-plement à la linguistique «de définir de manière explicite et rigoureuse l’objet ou les objetsauxquels doit s’appliquer le travail du linguiste désireux d’atteindre des connaissances ob-jectives et définitives, comme sont les connaissances scientifiques» (Lazard 1999a, 69). Cettedémarche est incontournable, et en ce sens, nous adhérons à la réflexion de Gilbert Lazard.Néanmoins, la connaissance «définitive» paraît quant à elle peu accessible: toute scienceinductive (ce qui exclut les mathématiques et une partie de la logique) se fonde sur le faitqu’aucune connaissance ne peut être tenue pour définitive.

2 Voir un exemple de recadrage dans Lazard 1999b.

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complexité des métamodèles introduits dans l’un ou l’autre de ces cadres aurait com-pliquél’exposé sans pour autant le rendre plus rigoureux.3

Nous aborderons tout d’abord brièvement les rapports entre l’objet de descriptionet sa conceptualisation (→1.1), avant de se centrer sur les impératifs méthodologiquesnécessaires à la création d’une terminologie rigoureuse (principes repris de PierreSwiggers,→1.2). Nous expliquerons ensuite comment ce modèle peut être schématiséde manière à en simplifier l’exposé (→1.3).

1.1 Mécanisme de conceptualisation

La construction de la terminologie implique tout d’abord de conceptualiser la réalitéà laquelle elle s’applique. La terminologie linguistique n’étant avant tout qu’une sortede terminologie,4 il est utile de considérer les démarches pratiques des terminologuespour construire notre système. Pour ce faire, nous avons besoin des notions5 d’objet,concept,propriété et caractère(Depecker 2002). La réalité est constituée d’objets,perceptibles ou concevables, pourvus de certaines propriétés; p. ex.: un vase posé surune table peut être fait de verre bleu, mesurer 28,3 cm de haut,. . .

Conceptualiser un objet (créer un concept dont il serait une occurrence) revient àsélectionner une partie de ses propriétéscomme des traits essentielsqu’ont en com-mun tous les éléments de l’ensemble des objets particuliers qu’on cherche à définir; àces propriétés sélectionnées, on donne le nom decaractères(voir la présentation qu’enfait Loïc Depecker 2002, 133, Depecker 2003, 54). Ceux-ci permettent unedéfinitiondu concept (Rey 1979, 42): un concept se définit ainsi par une série de caractères abs-traits des propriétés des objets. Par rapport à l’objet, le concept constitue unmodèlesusceptible de révision et de remaniements, mais surtout dépendant duregardqui estporté sur l’objet. De ce fait, le regard sur l’histoire de la langue, par exemple, seradifférent selon qu’on considère son histoire externe ou son histoire interne.

Dans le cadre de la construction d’une terminologie, cette élaboration est idéale-ment beaucoup plus simple que celle de la définition d’une uniténaturelle. En effet,parlant de la terminologie employée dans les manuels techniques, Loïc Depecker in-dique la contrainte que «de la première page d’un manuel à la dernière, une mêmeunité terminologique désigne systématiquement le même objet, sauf indication ex-plicite» (Depecker 2002, 133). Cette contrainte, nécessaire dans le cadre d’applica-

3 Voir, au sujet d’UML Si Alhir (2003). Ce langage a été créé dans le but pratique de dévelop-per des programmes informatiques, mais son haut degré de généralité permet la conceptionet la schématisation de n’importe quelle notion ou processus. En ce qui concerne les ontolo-gies (dans le cadre de l’informatique), la page de l’Ontology Web Languagedu World WideWeb Consortium (http://www.w3.org/2004/OWL/) est un bon point de départ. Les ontolo-gies permettent de définir formellement les concepts à l’aide d’une notation logique nomméedescription logic(voir Baader/Nutt 2002 pour un exposé détaillé).

4 Affirmation à relativiser, voir Rey-Debove 2001.5 Le problème que pose la métaterminologie est évidemment d’un poids épistémologique

considérable. Nous ne prenons pas la peine de nous attarder sur ce fait, qui mérite à luiseul quantité de réflexions. Le seul terme deconceptpose notamment le problème de la re-lation entre terminologie et linguistique (Depecker 2002, 127, présenté dans Depecker 2003,29) et ne se laisse pas définir (Rey 1992, 30s.). Voir cependant ci-dessous, note 7.

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tions techniques (comme la fabrication de composants électroniques, les manipula-tions pharmacologiques,etc.), permet d’éliminer les phénomènes de brouillage du lienentre forme d’expression et contenu (synonymie, homonymie, etc.) à l’intérieur d’unsystème terminologique donné. Cela n’implique pas pour autant que ces problèmessont inexistants en terminologie (Depecker 2002, 142), mais qu’il serait malheureuxd’en élaborer une nouvelle sans les éviter.6 Cette démarche de nomination entraîneimmanquablement un besoin denéologie, qui pourrait sembler prétentieux, mais qui,en réalité, est simplement nécessaire; cela ne signifie pas que nous ne «récupérerons»aucun terme, mais que nous ne nous priverons pas d’en créer quand il y aura lieu dele faire. La vision désormais classique, mais «trop belle pour être facilement appli-cable» proposée par Bernard Pottier (1974, 29–30) peut être concrétisée: il est aiséde construire des définitions par sélection de propriétés, de manière à construire dessémèmeshiérarchisés dans des relations d’hypo-hyperonymie; les hyponymes héri-tant des caractères de leurs hyperonymes (sèmes génériques) et se distinguant de leurscohyponymes par un ou plusieurs caractères (sèmes spécifiques).7 Par exemple, sion compare les concepts delézardet dechien, le caractèrepourvu de quatre pattes,commun à tous les quadrupèdes, définit ces désignations comme cohyponymes dequadrupède(sème générique), alors que les caractèresmammifèreet saurien(sèmesspécifiques) permettent de distinguer les deux hyponymes.

1.2 Impératifs terminologiques

Pour élaborer nos terminologies, nous suivrons les jalons posés par Pierre Swiggersdans saSystématique de la terminologie linguistique(1999). Dans cet article, l’auteurétudie la terminologie linguistique sous ses aspects historique (comme «objet donné»),méthodologique (comme objet à constituer) et épistémologique (comme un retour versl’objet langage).

Nous nous focaliserons essentiellement sur l’aspect méthodologique (→1.2.1),puisqu’il s’agit pour nous deconstruireune terminologie en relation avec la systé-matisation du domaine. Nous expliquerons ensuite comment nous nous positionnons«historiquement» (→1.2.2).

1.2.1 Établir une terminologie

Les considérations méthodologiques que Pierre Swiggers expose prescrivent quatrecontraintes formelles – cinq en comptant la systématicité – pour élaborer une termi-nologie linguistique:8

– Transparence: les termes choisis doivent être maximalement transparents,9 en ce

6 Bien entendu,il est question d’éviter exclusivement les brouillages et non les propriétés liéesà la hiérarchie des concepts, telles que l’hypero-hyponymie.

7 La question de la relation entre le concept et le signifié (Depecker 2002, 127) n’est pasrésolue. Nous assimilons l’un à l’autre.

8 Cité verbatimde Swiggers 1999, 31, avec quelques aménagements typographiques.9 En guise d’exemple, Pierre Swiggers renvoie au système de termesparataxe,diataxe,apo-

taxe,anataxe,catataxe,métataxe,épitaxeet hypertaxe; les sept premiers désignent diffé-

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que leur signification devra être univoquement associée à la structuration formelledu métalangage.

– Adéquation: les termes choisis doivent être dans un rapport de référence directe etunivoque avec un domaine applicatif, défini par l’ensemble des termes relatifs à cedomaine (cette circularité est incontournable); on pourra parler d’adéquation parsommation en parlant d’ensembles de termes décrivant les secteurs d’un domainecomplexe.

– Cohérence: la nomenclature terminologique dans son ensemble doit être cohérente,c’est-à-dire exempte de relations de contradiction interne et unifiée par des rapportsde solidarité, d’inclusion, d’opposition définie, de superordination, etc.

– Économie: la nomenclature terminologique doit être parcimonieuse, c’est-à-direutiliser le nombre minimal de termes requis par la description du domaine (ou duproblème) et ne doit pas employer des termes de structure complexe là où des termesde structure simple sont disponibles.

1.2.2 Positionnement

D’autre part, comme l’exprime Pierre Swiggers, d’un point de vue strictement histo-rique,

«Une théorie doit se définir par rapport à d’autres théories et modèles. Cette ‹entrée surle marché› est une affaire d’auto-publicité, de rhétorique positive et négative, de stratégiesd’exclusion et de promotion, d’exploitation (ou de non-exploitation) des traditions culturelleset scientifiques.» (Swiggers 1999, 23).

Il nous faudra nécessairement – c’est le prix de la démarche scientifique – nous situerpar rapport à nos devanciers. Cela peut théoriquement se faire de plusieurs façons:soit par la critique systématique de leurs théorie et terminologie dans le but d’élaborernotre propre théorie dans un mouvement de synthèse dialectique entre ces termino-logies et les critiques que nous avons à leur formuler; soit en situanta posteriori lesthéories antérieures par rapport à la nôtre, exposée en faisant table rase de ces travaux.Le choix de la méthode de positionnement dépend en grande partie de l’état de l’art dudomaine dans lequel s’insère la conceptualisation – nous verrons ci-dessous que noschoix ne seront pas identiques en ce qui concerne la conceptualisation de la langueécrite et celle de la syntaxe.10

Bien entendu, il n’est pas souhaitable de poser la terminologie théoriquement, sanségard à la réalité des faits, et la construction des axiomes se fera en fonction de cetteréalité, c’est-à-dire, en fonction d’une intuition – qui, pour méthodique qu’elle soit, necessera de devoir être considérée comme telle – que nous nous devrons d’expliciter.

rentes dimensions syntaxiques relevant de l’ordre du segmental, ledernier, d’ordre supra-segmental, se superposant, se combinant ou s’ajoutant à la syntaxe segmentale (Eynde et al.1998). Les règles de construction morphologique de ces termes sont exprimées ainsi: «Pourdésigner les dimensions syntaxiques, nous nous servons de termes qui, tout comme le terme‹syntaxe› lui-même, se composent de deux parties tirées du grec: la racine ‹taxe› et un préfixeapproprié.» (Eynde et al. 1998, 33).

10 Voir l’introduction du chapitre→2 pour notre position par rapport à la langue écrite et→3.1.1concernant la syntaxe.

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Concept@caractère 1@caractère2

FIG. 1.1 – Représentation d’un concept et de ses caractères

@caractère 1@caractère 2

FIG. 1.2 – Représentation d’un concept non nommé

Concept parent@caractère 1@caractère 2

Concept enfant 1@caractère 1.1@caractère 1.2

Concept enfant 2@caractère 2.1@caractère2.2

FIG. 1.3 – Représentation d’une hiérarchie de concepts

1.3 Conventions de schématisation des concepts

Ces principes exposés, convenons à présent d’un système de notations qui soit pratiqueet nous permette de formaliser la représentation des concepts. Ces conventions, quimettent en évidence les caractères retenus, permettront également de nous exposerexplicitement à d’éventuelles critiques quant à la pertinence des choix opérés et desformulations.

1.3.1 Présentation des conventions

Schématiquement, on peut représenter le concept sous la forme d’une boîte, à laquelleon donnerait une étiquette correspondant à son nom. La boîte est remplie de la listedes caractères spécifiques (propriétés sélectionnées) au concept en question et chaquecaractère est précédé du signe ‹@› (figure 1.1). Bien entendu, rien n’empêcherait deconstruire un concept qui n’aurait pas de dénomination (figure 1.2).11

La hiérarchisation des concepts est présentée sous forme d’arbre, chacun desnœuds héritant de tous les caractères de ses ancêtres. Les concepts enfants sont éti-quetés comme les concepts parents, mais leur définition complète comporte en outreles caractères des concepts ancêtres: parent, parent du parent, et ainsi de suite, récursi-vement (figure 1.3). D’après ce schéma, les caractères 1 et 2 sont communs au conceptparent et aux concepts enfants 1 et 2, qui se définissent respectivement par les groupesde caractères 1.1, 1.2 et 2.1, 2.2.

Cette hiérarchisation peut être représentée par un emboîtement quand il n’est ques-tion que d’un seul concept et que l’on désire préciser son ascendance: «Concept enfant

11 Dans uneperspective purement opératoire, il n’est pas non plus impossible de créer unconcept dont les caractères ne seraient pas (encore) définis.

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est unConcept parent» qui a les caractères numérotés 1.1 et 1.2. Par économie, nousomettons parfois les caractères du concept parent, ce qui met clairement en évidenceque le fait d’être un concept parent est un caractère du concept enfant.

1.3.2 Intérêts

À nos yeux, les conventions de présentation que nous allons appliquer dans les cha-pitres→2 et→3 donnent au lecteur un accès facile et résumé à l’ensemble de l’exposéqui soutient la démarche de conceptualisation.

Enfin, et cela est commun à toute tentative de représentation formalisée, les sché-mas isolent les différents éléments de l’argumentation, de sorte qu’il devient possiblede les critiquer individuellement avant de les remettre en perspective. Il est donc en-visageable de corriger par petites touches les concepts proposés, sans pour autant re-mettre en question l’ensemble du système.

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2 Théorie de l’écriture et ponctuation

Même entendueintuitivement, la ponctuation est conçue comme faisant partie inté-grante du système de l’écriture. Nous ne pouvons donc nous passer de la délimiterdans ce champ. C’est en fait la définition progressive du concept delangue écriteetdes unités qu’on y trouve qui va nous permettre de rencontrer notre premier objectif.

Nous proposons non seulement de définir ici le concept deponctuation, tel qu’ilsera entendu durant toute notre étude, mais surtout de placer cette définition en boutde course d’une construction dont chaque point sera exposé de manière à pouvoir êtreremis en question s’il est confronté à de nouvelles données de l’expérience.

Armé de méthodes théoriques pour définir nos concepts et notre terminologie(→1), nous définirons le concept de langue écrite (→2.1) avant d’appliquer ces mé-thodes aux réalités rencontrées dans les documents: la démarche sera déductive dupoint de vue de l’élaboration conceptuelle (il s’agira d’appliquer la méthode définieabsolument), mais elle resteraempirique, parce que toujours cadrée par les matériauxque nous explorons (→2.2). Cette confrontation dégagera une terminologie à vocationplus générale (démarche inductive), permettant une définition du concept deponctua-tion (→2.3).

En ce qui concerne la situation de notre travail dans l’évolution de la réflexion surla langue écrite, nous devrons d’abord exposer nos vues, pour nous situera posterioripar rapport à nos devanciers. Cette solution, qui n’est pas sans fausser légèrementl’Histoire et qui ne rend peut-être pas assez justice aux prédécesseurs en question, estla seule qui nous paraisse envisageable dans une démarche que nous avons d’embléequalifiée d’empirique: il s’agit de partir des données observées pour construire unethéorie.

Mais comment pourrait-on faire autrement, alors que la totalité des visions systé-matisantes que nous connaissions de l’écriture vise à décrire des systèmes modernes,c’est-à-dire contemporains des descripteurs? Transposer ces vues au système médiévalserait pur anachronisme.

Vu le sens de notre démarche, nous ne pourrons donc d’emblée «marchander» noschoix terminologiques à partir de ceux de nos devanciers. Il nous sera possible de leurrendre leur dû en signalant la paternité des termes que nous choisirons, mais nous nepourrons nous positionner face à leur système théorique qu’a posteriori, lorsque nousaborderons le concept de ponctuation (→2.3).

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2.1 Regard linguistique sur l’écriture

Dans unpremier temps, il s’agit de définir le concept delangue écrite. Comme indi-qué ci-dessus, la définition d’un concept est tributaire d’un certain regard sur l’objet.En l’occurrence, la définition du concept en question se fait en portant un regard delinguiste sur l’écriture.1 Nous aborderons ainsi les regards possibles sur l’objet qu’estl’écriture (→2.1.1), puis les regards de linguistes sur cet objet (→2.1.2). Cela nousmènera à choisir un point de vue et à définir en conséquence le concept delangueécrite.

2.1.1 L’écriture et les regards possibles

L’écriture est un artéfact humain et peut être considérée des différents points de vuehumains portant sur les artéfacts. Elle peut être envisagée en tant qu’objet réel et his-torique, ou être appréhendée à travers ses répercussions, ou encore être vue commeun tout systématique. En tant qu’objet, l’écriture peut recevoir une définition trèslarge, les propriétés pourront être aussi nombreuses qu’on voudra. Les approches sontaussi multiples que sont les sciences de l’homme: historique, paléographique, psycho-logique, esthétique, sémiotique, sociologique, linguistique, etc. L’objetécriture estvaste par la complexité et l’abondance de ses propriétés. Intuitivement, on distinguedes propriétésmatérielles(elle se développe dans l’espace, elle est presque toujoursvisible, elle peut être plus ou moins durable, etc.); desfonctions, qu’elles soient utili-taires/volontaires ou non (elle sert à communiquer à distance, dans le temps, elle sertà transcoder l’oral, elle transmet des informations sur le subconscient du scribe,. . .);etc. L’écriture est donc un objet qui peut être conceptualisé par un regard particulier.

Chacun des regards qu’on peut lui porter réduit cet objet à une série de carac-tères qui permettent de définir un concept propre à une représentation scientifique,technique ou artistique. Ainsi, le paléographe négligera la propriété «transmet des in-formations sur le subconscient. . . » pour élaborer le concept descript, alors que legraphologue en fera un caractère essentiel.

2.1.2 Constitution du concept delangue écrite

Quant au linguiste, les propriétés qu’il sélectionne dans l’objet lui donnent la possi-bilité de créer le concept delangue écriteou celui decode écrit,2 et ainsi d’intégrerl’écriture à son domaine d’étude. Il est bien connu que les différentes écoles linguis-tiques conceptualisent la langue de façons différentes, ce qui en soi pourrait impliquerune grande variété des terminologies en linguistique (Mounin 1974,VII -XXII ). Le re-gard du linguiste peut être différent en fonction de la manière dont il considère lalangue, c’est-à-dire le «moule d’envisagement»3 de l’objet languequi lui permet deconceptualiser ce dernier dans son sens le plus général (‘langage’). Il faut donc ré-

1 Nous verrons ci-dessous le rapport entre les concepts delangueet code écritsNous justifie-rons le choix du premier par notre objectif pratique (→2.1.2.2 c).

2 Voir les différentes perspectives linguistiques de l’analyse de l’écritureinfra,→2.1.2.2.3 La formule est de Pierre Swiggers (1999, 19–20), qui énumère, dans une liste qu’il qualifie

de non exhaustive, pas moins de douze de ces «envisagements».

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pondre à deux questions: quelle sera notre vision de l’objetlangue(→2.1.2.1)? etcomment se caractérisera le rapport entre cette conception de la langue et celle qu’onaura de l’écriture (→2.1.2.2)? La réponse à ces questions nous donnera les moyens dedéfinir, nous l’espérons adéquatement, le concept delangue écrite(→2.1.2.3).

2.1.2.1 Un moule d’envisagement de l’objetlangue

Le simple fait de choisir un moule d’envisagement revient à définir ce qu’on entendpar langue. Il est vrai que vouloir tenter une définition est ambitieux: la diversité desmoules est le témoin de la difficulté d’approcher cette définition. Pour cette raison, ilnous faut choisira priori notre point de vue, en fonction de nos convictions, plutôtque d’adopter une démarche éclectique molle.

Ce qui rend légitime que le linguiste prenne l’écriture comme sujet d’étude etconstruise le concept delangue écrite, c’est qu’une partie des caractères de cette der-nière sont directement hérités du concept delangue, ce qui implique une dépendancepar rapport au moule d’envisagement choisi. Ce n’est qu’en restreignant le concept àl’aide de ce caractère qu’il peut devenir pertinent pour le linguiste.4 La langue écriteétant une langue, elle hérite de tous les caractères de cette dernière. Bien que chaquepoint mérite discussion et soit sujet à polémiques, nous prenons comme point de dé-part une vue traditionnelle de ce qui définit la langue:

– comportant des unités pourvues d’une forme d’expression et d’un contenu (signesbifaces, cf. Saussure 1967, 97s. Hjelmslev 1968, 65s.);

– doublement articulée (cf. Martinet 1996, 17s.; idée exprimée chez Hjelmslev (1968,58s.) dans l’oppositionsignesvs figures);

– dont les unités sont arbitraires (cf. Saussure 1967, 100s.);– dont le potentiel expressif est illimité.5

Cette définition se situe ainsi dans la lignée du structuralisme fonctionnaliste déve-loppé à partir de Ferdinand de Saussure, Louis Hjelmslev, André Martinet, etc. (figure2.1).

2.1.2.2 Relation entreécritureet langue

Par rapport à la langue, l’écriture (Swiggers/Van Hoecke 1991, 504), peut être envi-sagée de trois façons différentes, que Jacques Anis et ses collaborateurs présentent ences termes:

4 «Une définitionplusrestreinte, qui fasse explicitement référence à la dimension linguistique,nous parait donc souhaitable. C’est le cas de celle que donne Hagège (1985[=1986]: 72) –L’écriture est une ‹technique de re-présentation de la parole par une trace laissée sur unsupport conservable› – ou mieux encore celle de Coulmas (1996: 555) – L’écriture est un‹système d’enregistrement du langage à l’aide de marques visibles et tactiles en relationsystématique avec les unités de la parole›.» (Jaffré 2001, 530).

5 Cf. Hjelmslev 1968, 138: «En pratique, une langue est une sémiotique dans laquelle toutesles autres sémiotiques peuvent être traduites, aussi bien les autres langues que toutes lesautres sémiotiques concevables.»

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langue@système sémiotique@àdouble articulation@arbitraire@au potentiel expressif illimité

FIG. 2.1 – Concept de langue

«Parmi les diverses approches linguistiques de la langue écrite [. . .] on pourrait, en simpli-fiant, dégager trois tendances:

– le phonocentrisme, qui traite la langue écrite comme une représentation déformée de lalangue parlée;

– le phonographisme, qui traite la langue écrite comme une représentation structurale de lalangue parlée, intégrant également des caractéristiques spécifiques;

– l’autonomisme, qui traite la langue écrite comme un système spécifique en interactionrelative avec la langue parlée.» (1988, 77).

Le phonocentrisme est à considérer comme «hors du débat» (ibid.), puisqu’il ne visepas à une description de l’écrit comme système.a. Perspective phonographique.Face au termephonographique, Nina Catach (1988a)a proposé le termeglossographique. Selon ce point de vue, dans sa forme abou-tie,6 elle postule théoriquement quatre «solutions» pour articuler les codes orauxet écrits avec la langue, ou plutôt quatre façons d’écrire une langue parlée (Catach2001, 737a):7 1/ traduction de la substance phonique en substance graphique (termeà terme); 2/ construction d’un code d’expression parallèle, mais différent (spécificitépartielle du code écrit); 3/ construction d’un code d’expression partiellement parallèle,introduisant des oppositions inexistantes à l’oral, et permettant une analyse morphé-matique différente; 4/ construction d’une langue différente. Dans la pratique, l’unitéde base, legraphème, est définie par Nina Catach comme la désignation génériquede différentes unités, dont les types se distinguent en fonction de ce qu’elles serventà noter (voir p. ex. Catach 2001; Gruaz 1985), ce qui revient toujours à définir lesunités du code écrit par rapport au code oral, puisque, considérant l’interférence entreles deux codes, c’est toujours le même sens de la relation qui est pris en compte (les«solutions» sont ordonnées en fonction de la distance qu’elles accusent par rapport àl’oralité).

Concrètement, dans son approche du système graphique du français, qu’elle quali-fie deplurisystème(voir p. ex. Catach 1988a, 248, Catach 2001, 738as.), Nina Catachdistingue les graphèmes représentant des phonèmes (phonogrammes), de ceux qui re-présentent des morphèmes (morphogrammes) ou des unités «idéographiques», qu’onreconnaît et identifie instantanément comme des unités de sens (logogrammes), etc.Ainsi, a est un graphème qui représente un phonème dansvilla, mais pas dansman-ger, où c’est le groupeanqui constitue un phonogramme; dansil viendra, ce mêmeareprésente en outre un morphème; par ailleurs, le signec’estest un logogramme. Cettepluralité fonctionnelle de l’unité de base du système graphique est à la base de ce queNina Catach nomme «mixité» du système. Néanmoins, pour le français, 83% des gra-

6 Il est hérité de Vladimír Horejší (1971) et de Vladimir Gak (1976), cf. Anis et al. 1988, 79.7 «L’écrituredoublela langue phonémique.» (Catach 1988a, 253).

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phèmes noteraient des phonèmes (Catach 1998, 63), ce qui contribuerait d’aprèselleà justifier une approche prenant l’oral comme point de référence.b. Perspective autonomiste.Jacques Anis (1988, 213) adopte la position selon la-quelle la langue «existe sous deux formes [orale et écrite], entre lesquelles la lin-guistique ne postule ni hiérarchie, ni dépendance»; il qualifie lui-même cette positiond’autonomiste. La théorie, mise au point par Jacques Anis dans les années 80 (Anis1983; Anis 1988; Anis et al. 1988), se réclame de Josef Vachek (1973). Il faut y voirune option méthodologique qui se positionne par rapport aux conceptions générale-ment acceptées jusqu’alors et dont Nina Catach est le représentant le plus engagé.Selon les autonomistes, les théories modernes de la lecture (Anis 1983, 32) ayant misen évidence qu’il était possible de comprendre un texte écrit sans accès à la formephonique correspondante, il est envisageable de décrire la structure du code écrit in-dépendamment du code oral.

Les tentatives de descriptions autonomistes, peu nombreuses au demeurant,nomment égalementgraphèmesles unités de la langue écrite. Jacques Anis répartit lesgraphèmes en trois classes qu’il définit comme suit: lesalphagrammesou ‘graphèmesalphabétiques, unités purement distinctives’; lestopogrammes, ‘graphèmes ponctuo-typographiques, qui contribuent à la production du sens, en tant qu’organisateurs dela séquentialité et indicateurs syntagmatiques et énonciatifs’; et leslogogrammesou‘graphèmes correspondant à une unité significative’ (Anis 1998, 15). La classe destopogrammes correspond ainsi à une fonction, définie exclusivement par la relationentretenue entre les unités graphiques.8

c. Positionnement.Les deux perspectives, qui par ailleurs ne sont pas incompatibles(Swiggers/Van Hoecke 1991), se défendent, et ce n’est pas le lieu de juger du bien-fondé de l’une ou de l’autre. Néanmoins, au vu de nos objectifs pratiques, il sembleraisonnable d’opter pour un regard autonomiste.

Il est vrai que d’un point de vue historique les pratiquants eux-mêmes considèrentles codes comme indépendants (Parkes 1992, 34), mais le plus important des argu-ments plaidant en faveur de cette approche est d’ordre épistémologique. Bien qu’en-core au stade de «proto-science», la linguistique doit néanmoins avoir pour objectifde devenir un jour une science à proprement parler, et donc d’employer des méthodesappropriées. La falsifiabilité d’une théorie par les données de l’expérience doit être unimpératif. La «méthodologie falsificationniste», due à Karl Popper (cf. Barreau 2002,47), est conçue comme une alternative à une inexistante logique inductive. La condi-tion nécessaire à la validité de toute science empirique est que le modèle doit pouvoirêtre partiellement ou totalement remis en cause lorsqu’il est confronté à des donnéesqui ne s’y conforment pas. Or, nous ne savons rien – et nous ne saurons probablementjamais grand-chose – sur l’intonation médiévale. C’est pourquoi l’attitude glossogra-phique ne pourrait dépasser dans ce cadre l’étape de la spéculation: pas de donnée,pas de théorie. Dans l’éventualité où la ponctuation renseignerait sur cette intonation,cette dernière serait le point d’arrivée de la démarche, pas son point de départ. La rela-tion entre la ponctuation du treizième siècle et l’intonation de la même époque ne doitpas être envisagée, non que cette relation soit invraisemblable, mais il est impossibled’évaluer la validité d’une éventuelle reconstruction.

8 Voir cependantla critique que Roy Harris formule à ce sujet (→2.2.3).

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langue écrite@langue@à médiumspatial

FIG. 2.2 – Concept de langue écrite

2.1.2.3 Vers une définition de la langue écrite

Joignant ces deux prises de position, nous sommes amené à dire que toute langueécrite est à considérer comme une langue à part entière (autonomisme). Pour quela définition soit néanmoins opératoire, il faut trouver ce qui fait la spécificité de lalangue écrite par rapport à la langue: quel caractère spécifique pourrait servir à lesdistinguer? Choisir ce(s) caractère(s) revient donc à définir la langue écrite par rap-port à la langue; au linguiste de le(s) choisir dans l’ensemble des propriétés de l’objetécriture. On conçoit que ce choix n’est pas simple et qu’il mobilise à nouveau desreprésentations sur la langue. Décider que le caractère à retenir est@durablerevientà exclure tout ce qui serait écrit à la surface de l’eau (Harris 1995, 45s.) et à incluredans le concept les supports enregistrés comme le disque ou les fichiers informatiquesaudios (Catach 1988a, 244). Décider que ce caractère est@visuelrevient à exclure lebraille (lorsqu’il est lu par un aveugle), etc. (Catach 1988a, 244, Harris 1995, 38s.).Il y a lieu de choisir la propriété la plus générale qui définisse l’écriture par rapport àce qui lui ressemble le plus: tous les moyens de communication linguistique. On nes’étonnera nullement de la nature sémiotique de ce caractère si l’on veut bien considé-rer le rapport d’inclusion qui fait de la linguistique un sous-domaine de la sémiotique.Une solution qui nous paraît satisfaisante est ainsi proposée en sémiotique par RoyHarris (1995, 45):

«[. . .] the underlying substratum9 of writing is not visual, but spatial.»

Soulignons que c’est une propriété matérielle de l’écriture qui est prise en compte.Le choix est légitime, parce que la spatialité est impliquée dans la formation – miseen formeau sens de la linguistique structurale – du signifiant (Saussure 1967, 155s.,163s., etc. Hjelmslev 1968, 68, 70–71, 74, etc.). La substance étant la partie de lamatière qui est mobilisée par la forme linguistique, le phonéticien peut tout négligerde la matière phonique, sauf la substance. Pareillement, il est du ressort du linguiste deprendre en considération la substance spatiale lorsqu’il s’occupe de la langue écrite.

Au bout du compte, nous aboutissons au modèle conceptuel schématisé par lafigure 2.2, qui correspond au concept généré par un (notre) regard linguistique struc-turaliste et autonomiste sur l’écriture.

2.2 Classement et nomination des unités de la langue écrite

Cette section sera consacrée à la taxinomie des unités de la langue écrite. Une foisabordés quelques préalables méthodologiques (→2.2.0), nous proposerons une dési-

9 L’acception dutermesubstratumnous paraît ici métaphorique; plus rigoureusement, on em-ploiera les termesmatièreetsubstance.

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gnation générale des unités de la langue écrite et nous poserons une première dicho-tomie (→2.2.1). Nous distinguerons les unités qui organisent l’espace graphique decelles qui sont précisément l’objet de cette organisation. Sur la base du critère fonc-tionnel de la double articulation, nous scinderons ces deux types d’unités en classessubordonnées (→2.2.2). Le critère spatial (→2.2.3) ainsi que le problème de la pa-raphrasabilité des unités – certaines unités peuvent en remplacer d’autres – (→2.2.4)mènera à poser de nouvelles distinctions. Nous synthétiserons ensuite notre réflexion(→2.2.5).

2.2.0 Préalables

Avant de commencer à classer les unités de la langue écrite, nous définirons la dé-marche de classement adoptée (→2.2.0.1). D’autre part, le recours aux transcriptionsen guise d’exemples sera parfois inévitable, d’où la nécessité de soulever le problèmeque pose la relation entre la démarche pratique de transcription et la démarche théo-rique de classification (→2.2.0.2).

2.2.0.1 Orientation de la démarche de classement

Le modèle conceptuel de la langue écrite étant posé, nous avons à notre dispositionle cadre nécessaire à la définition des unités de la langue écrite. Voyons à présent cequ’impose l’empirisme de notre approche. Il y a, nous semble-t-il, deux manières deprocéder: 1/ soit on essaye, d’un point de vue théorique, de prendre en compte toutesles unités de toutes les langues écrites (c’est-à-dire tous les objets qui peuvent êtreconsidérés comme des instances du conceptlangue écritetel que nous venons de ledéfinir), de manière à ébaucher une théorie générale du langage écrit, pour ensuitedégager les principes qui nous serviront pour notre question; 2/ soit on part des don-nées qu’offre une de ces instances et on essaye de raisonner à partir de celles-là pourconstruire une terminologie jugée suffisante à son seul égard, quitte à avouer explici-tement son caractère provisoire face à une théorie plus générale de la langue écrite.Notre approche implique la seconde solution. Une raison supplémentaire qui nous in-cite à conserver ce choix est notre incompétence face au domaine vaste et compliquédes écritures dans leur multiplicité, qui nous mènerait bien loin de notre objectif dedescription de la ponctuation des chartes. Néanmoins, nous pensons que se focalisersur cette seule langue écrite peut déjà mener à un classement fin des unités du langageécrit.

2.2.0.2 L’activité pratique de transcription

Dans la démarche de taxinomie, il s’agira de classer tout d’abord des formes d’ex-pressions, c’est-à-dire des signifiants. Ne sachant pas exactement ce que signifient lessignes que nous classons, puisqu’il s’agit du but ultime de notre démarche, nous nepouvons approfondir le classement des unités en fonction de leur valeur10 au delà del’oppositionsignificatif/distinctif(double articulation,→2.2.2). Procéder en cherchant

10 Terme qu’onpréférera àcontenu, qui a l’inconvénient d’évoquer une valeur d’ordre séman-tique.

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FIG. 2.3 – Exemple de réalisation (Document 1272–07–08, 1)

à retrouverdes conceptions actuelles dans les pratiques anciennes fausserait l’analyse(Boutier 2001, 431).

Cette description de la forme doit précéder celle de la substance pour deux rai-sons: 1/ la substance n’est intéressante que parce qu’elle sert à la construction de laforme; 2/ la forme nous est intuitivement accessible parce que, dans notre corpus,nous comprenons en grande partie le message véhiculé, sa pertinence. Voilà une dé-marche qui implique inévitablement le danger de catégorisera priori – et parfois dese tromper devant une écriture inconnue. Il importe donc de ne jamais oublier que l’onraisonne sur des représentations, qui, en tant que telles, peuvent être revues en fonc-tion de remises en question théoriques. Prenons par exemple la réalisation visible dansla figure 2.3. Pour être utilisable, cette réalité a dû être transcrite, c’est-à-direréduiteà une représentation de sa forme. Cette réduction se fonde sur un principe deressem-blance: il y a dans les documents des réalisations graphiques qui se ressemblent et quenous pouvons considérer comme étant identiques, parce que leur tracé est similaire(ressemblance sur le plan de l’expression), et parfois parce qu’elles ont clairement lamême valeur. Dans le premier cas, le plus fréquent face à un matériau inconnu, latranscription est impressionniste. Ainsi, on transcrira l’image donnée ci-dessus11:

«a tous cheaus quí ces preſens letres veront ·nos li homme de ciſe deu [. . .]»

Si l’on peut rapidement – par simple commutation avecteus, par exemple – prouverque ‹o›12 est bel et bien uneformed’expression exprimant une valeur, en l’occurrencedistinctive (→2.2.2.1), l’écriture médiévale comporte par contre des ‹í› qu’on identifiecomme tels avec un œil moderne, mais dont on ne peut évaluer la pertinence: l’alter-nance entre la présence ou non de l’accent pourrait tout à fait être libre dans l’ensemblede la langue écrite que nous analysons, ou simplement dans un idiolecte particulier.Par ailleurs, nous avons transcrit ‹·› au milieu de la ligne; de même, on aurait trans-crit lespunctiqu’on retrouve dans la photographie 2.3 ci-dessus et dans la figure 2.4au milieu de la ligne, sans aucune distinction. Avant d’avoir étudié le phénomène endétail, il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que l’on a bien affaire à plusieursoccurrences d’une même unité. On voit donc qu’à côté de transcriptions ne faisant pas

11 Les exemples cités dans ce chapitre sont des transcriptions diplomatiques qui conservent lesfaits suivants: accents; oppositions entre ‹s› et ‹ſ›, ‹ı› et ‹j› ainsi que ‹u› et ‹v›; ponctuation;opposition entre l’espace et la petite espace ‹˘˘› Les «lettres» plus grasses ou plus grandesque les autres sont transcrites en gras. Les chevrons entourent les portions de texte ayantdû être restituées parce qu’elles étaient endommagées, les crochets marquent les portionsvolontairement grattées et les demi crochets signalent que le texte a été ajouté au-dessus de laligne. Pour être rédigées de manière rigoureuse, ces conventions nécessiteraient normalementque soient définies les principales unités à transcrire. On voudra bien nous pardonner cetteinévitable circularité. Voir la sectionTranscriptionsdes annexes pour une tentative allantdans ce sens.

12 Nous transcrivons les unités graphiques entre chevrons.

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FIG. 2.4 – Exemples depuncti(Document 1272–07–08, 2)

FIG. 2.5 – Exemple d’accent décalé (Document 1277–02–03, 27)

l’ombre d’un doute,certaines sont de l’ordre dupari: il se peut qu’on conserve dansnotre transcription des variantes libres,in-signifiantes d’un point de vue linguistique,ou, ce qui est certainement plus grave, qu’on passe sous silence des oppositions per-tinentes. Il peut également arriver que l’opposition soit fonctionnellement présente,mais que nous ne puissions en comprendre la valeur.13 Tout cela est inévitable.

Enfin, les cas de télescopages (jugés) accidentels d’unités sont formalisés de lamême manière: ainsi, un accent détaché du ‹ı› au-dessus duquel il devrait être esttranscrit au-dessus de ce dernier, même s’il se trouve en réalité au-dessus d’un ‹r› si-tué plus à droite, comme dans la figure 2.5: ‹notaíre›. Cependant, pour risqué qu’ilsoit, ce pari est pleinement justifié par le fait que nous cherchons quelque chose, maisque nous ne savons pas ce que nous allons trouver. Nous ne savons pas s’il y a des rai-sons valables pour opposer les deux signes ‹·

’› et ‹·/›, mais l’opposition est maintenue

au cas où ces raisons existeraient; en outre, la fréquence et la constance d’une alter-nance de ce type donnent déjà à penser qu’il est utile de procéder ainsi. Le systèmeterminologique devrait idéalement permettre de tenir compte de la différence entrematière, substance,formeet représentation. Néanmoins, pour des raisons pratiques,nous ferons comme si nous avions devant nous desformeset nous hiérarchiserons lesdifférents types rencontrés pour aboutir au tableau hiérarchique (→2.2.5).

2.2.1 Unité de base et première dichotomie

Tirons parti immédiatement du fait que la langue écrite ait un médium de nature spa-tiale pour poser une première dichotomie. Ayant admis dans un premier temps quenous n’avons transcrit que des formes d’expression qui expriment une valeur, nouspouvons, par commodité, transcrire ces formes entre petits chevrons (p. ex.: ‹i›, ou ‹·

’›).

Considérons l’ensemble des unités d’une langue pourvues d’une forme d’expression.Ces unités linguistiques, en vertu de la double articulation, peuvent être minimales ounon.

Les unités de la langue écrite qui pourront être considérées comme minimalesd’une façon ou d’une autre, seront nomméesscriptèmes(figure 2.6).14

13 Voir en l’occurrence le «cas insoluble» de l’opposition de ‹·’› et ‹·/› dans Document (1272–03),

voir notre étude (Mazziotta à paraître).14 Lat. scriptio ‘action d’écrire’, scriptura ‘écriture’; terme qui remplace ici legraphèmede

certaines théories prenant en compte la «mise en page» (→2.3.2.2).

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scriptème@unité linguistiqueminimale@à médium spatial

FIG. 2.6 – Concept de scriptème

scriptème@minimal@spatial

grammème@non organisateurspatial

topème@organisateurspatial

FIG. 2.7 – Types de scriptèmes

Par commutation, on isole assez facilement des unités discrètes véhiculant le sens,jusqu’à aboutir à des segments minimaux:

«conute choſeſoit a chaſconet a tos ke [. . .]» (Document 1280–05–04, 2).

Par ailleurs, nous pouvons constater que la manière dont s’organisent les unitésconstitue également un véhicule de sens. Observons à nouveau la réalisation présentéeen figure 2.3, p. 26. On voit clairement que le texte se présente sous la forme d’unesuite de blocs espacés: il y a une espace plus large entre ‹cheaus› et ‹quí› qu’entre le‹c› et le ‹h› du premier de ces blocs. De plus, ces derniers sont positionnés les uns parrapport aux autres de manière à ce que leur ordre soit significatif.

Nous distinguons de la sorte deux types d’unités significatives en fonction de leurforme d’expression. Nous proposons de nommertopèmesles unités non discrètes quistructurent et organisent l’espace.15 Dans ce cadre, nous définissons donc le topèmepositivement, comme un scriptème organisant l’espace graphique, le distinguant desunités qui ne sont pas des topèmes, que nous nommeronsgrammèmes.16 D’un pointde vue perceptuel, les occurrences de grammèmes sont en effet organisées les unespar rapport aux autres: elles peuvent se suivre de haut en bas, de gauche à droite,etc., elles peuvent être espacées les unes des autres, ou au contraire se superposer.Le termetopèmerecouvre ainsi l’ensemble des procédés de disposition relative desgrammèmes. Un scriptème sera donc soit un grammème, soit un topème (figure 2.7).

On peut dès à présent faire remarquer que le coupleorganiseur/organiséentre-tient une relation de présupposition mutuelle –interdépendancesur le plan syntagma-tique, ousolidarité, disait Louis Hjelmslev (1968, 51–52). Dès lors qu’il est questiond’occurrence de scriptèmes, tout agencement de grammèmes est un topème17, et toutgrammème est forcément positionné par rapport aux autres, nature spatiale de la sub-stance oblige.

15 Gr. tìpo ‘lieu, endroit’.La notion detopèmeconvient également pour désigner l’organisation particulière de la pageimprimée, qu’on nomme habituellementmise en page.

16 Le terme est proposé par Swiggers/Van Hoecke (1991).17 Nous reviendrons ci-dessous (→2.2.2.2) sur les difficultés pratiques que pose cette définition.

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grammème@non organisateur spatial

plérégramme@significatif

cénégramme@distinctif

FIG. 2.8 – Types de grammèmes: critère fonctionnel

2.2.2 Critère fonctionnel de double articulation

Cette première distinction posée, nous pouvons à présent nous servir de la double ar-ticulation, qui caractérise toute langue, pour distinguer plusieurs types de grammèmeset plusieurs types de topèmes.

2.2.2.1 Types de grammèmes

Les grammèmes peuvent être divisés en deux groupes distincts. En observant la chaînepage 28, nous constatons que toutes les unités ne sont pas similaires: les unités mini-males qui véhiculent le sens se différencient de celles qui n’ont de valeur que dis-tinctive – principe de la double articulation. Ainsi, même sans faire référence à l’oral,‹conute› se découpe en trois unités significatives (cp. ‹conurent›, ‹conut›, etc.): ‹con›(sens lexical) + ‹u› (catégories verbales18) + ‹t› (catégories verbales) + ‹e› (genre). Parcontre, ‹conu› est formé de quatre unités exclusivement distinctives. Nous dirons donc,suivant ici Nina Catach,19 que ‹conu› estplérémiqueet qu’il est constitué de quatreunitéscénémiques.20. En tant que scriptème non organisateur, minimal au point dela signification, ‹conu› est unplérégrammeconstitué de scriptèmes non organisateurségalement, mais limités à une valeur distinctive: descénégrammes. On peut regroupercet ensemble sous l’hyperonymegrammèmes(figure 2.8).

À ce stade, la relation d’hypo-hyperonymie entregrammèmeet les co-hyponymesplérégrammeet cénégrammeimplique que le grammème ne soit pas forcément mini-mal sur tous les niveaux d’articulation à la fois: il sera plérégramme ou cénégrammesuivant qu’il est minimal au point de vue de la première ou de la seconde articulation.Dans ‹conute›, ‹conu› comme ‹c› sont des grammèmes, le premier un plérégramme,le second un cénégramme; de même, ‹e› y est un plérégramme composé d’un seulcénégramme ‹e›.

18 Nous passons ici sur les difficultés de l’analyse morphématique et nous permettons quelqueimprécision.

19 Qui reprend (cf. Catach 1979, 22) le terme de Haas (1976), lequel s’inspirait directement deHjelmslev. Voir cependant la note 20 ci-dessous.

20 Gr. pl rh ‘plein, rempli’, gr. kenì ‘vide’, gr. gr�mma ‘caractère, d’écriture’ Il noussemble cependant que la manière dont Nina Catach reprend le rapprochement de Haas n’estpas en accord total avec la terminologie de Hjelmslev, pour qui lesplérématèmessont desglossèmesdu contenu et nonde contenu, c’est-à-dire des unités linguistiques entièrementsituées sur le plan du contenu, alors que l’adjectifplérémiquede Nina Catach s’applique àdes signes à part entière; voir Hjelmslev 1939, 143, Hjelmslev 1954, 48–49. Nous adoptonsmalgré tout le terme.

29

Page 63: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

topème@organisateur spatial

plérétope@significatif

cénétope@distinctif

FIG. 2.9 – Types de topèmes: critère fonctionnel

2.2.2.2 Types de topèmes

Quelle que soit la sorte de valeur qu’on peut y voir, les grammèmes sont organiséspar les topèmes. En poussant le concept de topème à ses limites, on peut considérerque les groupements de plérégrammes ainsi que les groupements de cénégrammessont construits à l’aide de topèmes. Ainsi, la figure 2.3 montre des séparations entreplérégrammes concaténés, eux-mêmes formés de cénégrammes qui s’enchaînent. Lestopèmes ont donc un rôle à jouer aux deux niveaux de la langue écrite – ce qui est uneconséquence directe de l’interdépendance entre grammèmes et topèmes: tout gram-mème actualisé, même cénémique, présuppose un topème.

Néanmoins, il y a une différence fondamentale entre ce qu’on voudra bien dèslors considérer comme deux types de topèmes: les topèmes qui organisent les pléré-grammes sont susceptibles de comporter un surcroît de sens – on les nommera doncplérétopes–, alors que ceux qui organisent les cénégrammes sont de simples formesdistinctives, que nous nommeronscénétopes(figure 2.9).

Dans l’exemple de la page 28, il y a un plérétope qui organise ‹conute› par rapportaux mots qui l’entourent, de même que les unités qui le composent (cénégrammes)sont organisées par des cénétopes.

2.2.3 Critère spatial

Prendre en compte le caractère@spatial repose la question de l’autonomie au ni-veau des plérégrammes et invite à déterminer sur quel axe les unités discrètes sontconstruites et combinées. La démarche permet par ailleurs de se passer complètementde l’oralité, évitant l’écueil dénoncé par Roy Harris:

«Du côté des ‹autonomistes›, le problème est plus grave, parce que, s’ils posent comme pos-tulat l’indépendance sémiologique de l’écriture, dans la pratique, ils sont bien embarrasséspour commencer ailleurs que par une correspondance déjà établie entre telle langue parléeet tel système d’écriture. Les prétendues analyses ‹autonomes› commencent toujours parconsidérer les structures graphémiques par rapport à une fonction phonographique ou logo-graphique qui est sous-entendue. On se demande si ce n’est pas refuser la primauté de laparole en tant que doctrine théorique, quitte à la réinstaller comme présupposé méthodolo-gique.» (1993, 364).

2.2.3.1 Autonomie des plérégrammes

La question de l’autonomie posée au niveau des plérégrammes nous invite à affiner leclassement de ceux-ci. Examinons la substance des plérégrammes de la figure 2.10.Les chaînes sont composées de cénégrammes, dont le premier est plus imposant queles autres. Ce cénégramme est considéré comme unelittera notabilior (Parkes 1992,

30

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FIG. 2.10 – Exemple de cénégramme «marqué» (Document1282–02–01, 2)

plérégramme@significatif

hétérogramme@dépendant

autogramme@autonome

FIG. 2.11 – Types de plérégrammes: critère d’autonomie

305) par les médiévaux: il porte une marque qui permet à l’œil de le distinguer desautres cénégrammes. Il peut donc être ditmarqué; il y a entre la substance de ce cé-négramme et celle du ‹c› qui suit une différence qui n’est pas d’ordre segmental, maisqui nécessite des unités de ce type pour se manifester. Ce rapport de dépendance estsimilaire à celui qu’entretiennent les topèmes et les grammèmes. Néanmoins, puisqueles grammèmes se définissent par le fait qu’ils n’organisentpasl’espace, cesmarquessupplémentaires sont une sorte de grammème.

La question de la valeur de ces grammèmes non autonomes que constituent cesmarques est particulièrement complexe. Dans certains cas, ces marques semblent clai-rement correspondre à une segmentation du texte en phrases: dans l’exemple qui suit,‹conute› commence une nouvelle phrase21 (les grammèmes marqués sont transcrits engras):

«··a toſ ceas ki ceſ preſens lettres verontet ouront ·li homeſdelle chieſe deu font conoi[2]

ſtre veriteit ·conute choſe ſoit a chaſcon et a tos ken lan de graſce · m · cc ·ſeitanteet onc[. . .] vienrent par˘deuant nos entre saínte[4] marie et sainlamber a liege · me dame kathelíne[. . .] dune part ·et ſi troiſ enfans [. . .] dautre part deſour dítte» (Document 1271–07–25, 1).

Nous pouvons estimer que la valeur de la marque est significative: le grammème estdonc plérémique. Il pourrait arriver que la présence de la marque soit non significative,voire non distinctive, ce dont on ne peut préjuger. Dans ce second cas, il s’agiraitd’un problème que génère notre transcriptiona priori des matériaux étudiés (commediscuté sous→2.2.0.2): nous aurions maintenu un caractère pour rien, eu égard àla forme d’expression. Par contre, dans le premier cas, il faudrait considérer que lamarque est d’un niveau d’articulation (v.supra) supérieur au cénégramme et que c’estl’ensemble formé par cette marque et d’autres unités de même niveau d’articulationqui construit un cénégramme distinct. Dans ce cas, la question de la marque se poseau niveau de la construction du cénégramme (→2.2.3.2). Pour ces raisons, nous nousdispensons d’affiner la hiérarchie des cénégrammes, approfondissant uniquement celledes plérégrammes (figure 2.11).

21 Nous définissons ce terme, qui est loin de trouver une acception qui convienne à tous, dansla section→3.4.1.2 du chapitre où nous décrivons notre modèle linguistique.

31

Page 65: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FIG. 2.12 – Exemple de ‹t› (Document 1282–02–01, 2)

2.2.3.2 Axesde construction et de combinaison des grammèmes

Le problème de la construction des grammèmes pose en premier lieu la question fon-damentale de la limite du cénégramme: qu’est-ce qui empêche de considérer que lasubstance soulignée dans la figure 2.12 ne puisse être analysée en une composition de‹ı› et de ‹›, puisqu’on retrouve ces composants par ailleurs? Qu’est-ce qui nous permetde dire que la transcription ‹t› est acceptable et que ‹t› n’apporterait rien de plus?

Comparons les plérégrammes (autogrammes): ‹et› et ‹z–›.22 L’observation de ladistribution des occurrences de ces deux signes révèle qu’ils sont équivalents du pointde vue du sens: on trouve indifféremment l’un ou l’autre dans des positions tout àfait similaires; par exemple dans la formule_À tous présentset à venir_.23 Sur le plande l’expression, ‹et› est constitué de plusieurs cénégrammes concaténés, alors que lamême analyse ne pourrait être faite de ‹z–›: soit ce dernier est indécomposable, soit,si l’on devait considérer qu’il est constitué de cénégrammes.24, on y décèlerait ‹z› et‹–› Dans le cas de ‹et›, l’axe sur lequel s’organisent les cénégrammes pour former lesplérégrammes est le même que celui sur lequel s’enchaînent ces plérégrammes, maispas dans le cas de ‹z–›. Cela devient particulièrement clair quand ces plérégammes sontobservés en contexte:

present et avenir. . .vspresentz–avenir. . .

Si nous estimions que ‹e› ou ‹t› sont également décomposables, nous constaterionsque le discernement de leurs formants est impossible sans opérer le même changementd’axe. Le cénégramme se laisse donc définir par le caractère@indécomposable sur lemême axe que celui sur lequel sont formés les plérégrammes.25

Rationalisons la notion d’axeen tirant parti du concept de topème. Dans les faits,les topèmes sont des unités difficiles à dénombrer, mais la proximité relative des gram-

22 Le second grammème est l’une des abréviations usuelles qu’on trouve pouret dans les ma-nuscrits médiévaux.

23 Formule d’adressefréquente. L’adresse est la partie de la charte qui exprime le destinatairedu message de l’acte écrit (Guyotjeannin et al. 1993, 75). En l’occurrence, toute personneamenée à lire le document.

24 En se fondant, par exemple, sur l’argument matériel duductus: le signe est tracé en plusieursétapes.

25 Sans vouloir entrer dans un débat dont la complexité dépasse le cadre de notre étude autantque celui de nos compétences, il nous semble que la définition reste valable pour analyserles écritures dites «idéographiques» (égyptien, chinois), où les plérégrammes sont organi-sés en chaînes, et construits suivant un autre principe (le chinois inscrit ses plérégrammesdans un carré avant de les enchaîner). Il y a de la même façon un moment de rupture situéentre la construction et la combinaison des grammèmes. Les écritures dites «idéographiques»construisent les plérégrammes sur un axe différent de celui de leur combinaison; les écrituresdites «alphabétiques» construisent les cénégrammes sur un axe différent de celui de leurcombinaison. La présence d’un axe constant sur lequel s’organisent les plérégrammes estune conditionsine qua nonà une syntagmatique de type linguistique.

32

Page 66: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

mèmes peut être, du point de vue de la substance, purement et simplementmesurée:certainsgrammèmes sont plus proches les uns des autres et constituent des blocs plusou moins distants d’autres blocs formés de la même façon (voir p. 28). Pour com-mencer, on peut faire l’économie de la description des relations entre les unités quiappartiennent à des blocs différents: elles peuvent être décrites de manière médiate,dans la mesure où les relations entre les différentes unités de ces groupements et lesrelations entre ces derniers sont définies de manière satisfaisante. Les topèmes orga-nisent et orientent la chaîne, où chaque unité peut être simplement définie par sonrang dans la succession des autres unités du même ordre sur cet axe. D’un point devue pratique, la description est satisfaisante si l’on se limite à définir la position d’uneunité par rapport à celle qui la précède et celle qui la suit directement. On peut direqu’il y a rupturede l’axe à partir du niveau où la position relative des grammèmes nepeut plus être décrite de la sorte, mais où il faut admettre que leur configuration ne selaisse appréhender que dans son ensemble. Ainsi, pour ‹et›, le topème se laisse définircomme une concaténation relative: ‹e› est suivi de ‹t›; par contre, si ‹z–› est vu commeune composition de ‹z› et ‹–›, ces deux unités ne sont pas simplement enchaînées.

Ceci appelle deux conclusions: (a) il convient de distinguer deux types de pléré-grammes et deux types de cénégrammes sur base de ce critère; (b) une fois l’axe deconstruction déterminé, tout changement d’axe implique une rupture et il n’y a pluslieu de parler des mêmes unités.a. Deux types de pléré/cénégrammes.Les plérégrammes du type ‹et› doivent ainsiêtre distingués des plérégrammes comme ‹z–›. Les premiers sont formés de céné-grammes ordonnés sur un seul axe de combinaison, lequel correspond à celui surlequel se combinent à leur tour les plérégrammes; nous nommeronscaténogrammes26

ces autogrammes dont les cénégrammes constitutifs sont alignés sur un axe par destopèmes «orientés». Les seconds, quoique s’alignant sur un axe unique, sont formésde cénégrammes qui ne sont pas organisés suivant un axe particulier; nous les nom-meronsnébulogrammes.27 Cela nous permet de proposer la représentation de la figure2.13.

En ce qui concerne les cénégrammes, nous distinguerons, d’une part, ceux qui secombinent sur un seul axe, comme ‹e› ou ‹a›, pour construire les plérégrammes etd’autre part, les cénégrammes qui, comme le trait dans l’abréviation deet, ne sont pascombinés suivant un unique axe, mais prennent une configuration qui ne peut être pré-vue sans connaître l’unité formée. Nous nommons les premierslinéogrammes,28 lessecondspérigrammes.29 Cette représentation doit être considérée comme provisoire:nous verrons (→2.2.4.2) que les faits sont en réalité plus complexes (figure 2.14).b. La rupture comme indice de changement de niveau.Revenons à la question quia engendré notre discussion: pourquoi ne pas diviser ‹e› ou tout autre linéogramme

26 Lat. catena‘chaîne’.27 Lat. nebula ‘brouillard’.

Cette analyse reste valable dans le cas d’«accidents»: en japonais, le kanji signifiant ‘deux’ abeau être composé de deux traits superposés, alignés exactement sur le même axe que celuidans lequel s’enchaînent les plérégrammes, il reste un nébulogramme, parce qu’il commuteavec des unités qui sont sans conteste des nébulogrammes (comme le kanji pour ‘dix’).

28 Lat. linea ‘ligne’.29 Gr. per� ‘autour de’.

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Page 67: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

plérégramme@significatif

hétérogramme@dépendant

autogramme@autonome

caténogramme@topèmes deconstruc-tion orientée

nébulogramme@topèmes deconstruc-tion non orientée

FIG. 2.13 – Types de plérégrammes: axe de construction

cénégramme@distinctif

linéogramme@axe de combinaison unique

périgramme@axede combinaison multiple

FIG. 2.14 – Types de cénégrammes: axe de construction (provisoire)

en plus petits cénégrammes? Rien n’empêche de le faire. Cependant, dès lors qu’onchange d’axe de combinaison/construction, on n’a plus affaire aux mêmes unités: ily a entre ‹c› et ‹e› une différence qu’on pourrait isoler, par commutation, dans laboucle ajoutée pour former ‹e› à partir de ‹c›, mais cette valeur distinctive ne sert pasà distinguer deux unités dont la valeur est significative. Contrairement aux modèlesphonétiques articulatoires,30 permettant de distinguer des traits non discrets dans lessons, il est possible de diviser les cénégrammes en unités discrètes plus petites, cequi fonde toute la légitimité de la question. Cela signifierait donc que la langue écriteserait au moins triplement articulée. . . Pour considérer un objet au potentiel expres-sif infini et dont les signes sont arbitraires comme une langue, le regard du linguistetel que nous l’avons défini a besoin de trouver deux articulations, mais peut ignorerles niveaux d’articulation supérieurs (subordonnés) au deuxième. Cette prise de posi-tion est ainsi appliquée au problème évoqué ci-dessus au sujet des hétérogrammes: sil’hétérogramme a une valeur distinctive entre deux cénégrammes, il n’est pas plus né-cessaire pour nous de l’analyser que de considérer comme une unité la boucle ajoutéeà ‹c› pour construire ‹e›.

2.2.4 Paraphrasabilité et plurisystème

La paraphrasabilité se définit comme la capacité, pour une unité, à être exprimée parune unité différente. Abordons successivement ce caractère (→2.2.4.1) et les implica-tions qu’il a sur le système de la langue écrite (→2.2.4.2).

30 À nouveau,la comparaison avec la phonétique est ici purement didactique et n’impliqueaucune corrélation entre l’oral et l’écrit.

34

Page 68: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

2.2.4.1 Paraphrasabilité

Nous avons mentionné ci-dessus le problème des axes de construction/combinaisondes grammèmes (→2.2.3.2), opposant le caténogramme ‹et› au nébulogramme ‹z–›,mais spécifiant qu’ils étaientsémantiquement équivalents. En d’autres termes, il estpossible de paraphraser le plérégramme ‹et› par ‹z–› et vice-versa.31 Il est par ailleursremarquable que cette équivalence concerne également le plan syntaxique: gloser uneunité par une autre ne perturbe pas les relations entre les constituants. Ce caractère de@paraphrasabilité par des unités d’un autre ordresemble commun aux deux typesd’autogrammes; et bien que certains mots ne puissent être abrégés par un signe spécial,cette potentialité n’est jamais exclue (c’est le cas des notes tironiennes, par exemple).De plus, le caractère peut s’appliquer également aux cénégrammes, puisque certainspérigrammes sont paraphrasables en un ou plusieurs linéogrammes (c’est le cas dutilde abréviatif).

Il faut cependant remarquer: (a) que le nombre de scriptèmes n’est pas pour autantconstant, de même que le nombre de plérégrammes; (b) que certains nébulogrammesrésistent à la conversion.a. Altération du nombre de scriptèmes.Entre ‹et› et ‹z–›, le nombre de morphèmesest constant, de même que le nombre de plérégrammes. Qu’on examine à présentl’abréviation ‹9›, qu’on paraphrase par ‹con›, ‹com›, qui peuvent avoir la valeur dec’on suivant le contexte. Dans ce cas, la paraphrase comporte deux caténogrammes:‹c› (pronom relatif) et ‹on› (pronom personnel): la paraphrase résout l’amalgame queprésentait ‹9›, où il n’était pas possible de discerner deux formes d’expression cor-respondant à ces deux contenus. Ces considérations, qu’il ne faut pas perdre de vue,n’invalident en rien l’emploi du caractère de paraphrasabilité.b. Nébulogrammes non paraphrasables.Il convient en outre de distinguer les nébulo-grammes qui sont paraphrasables de ceux qui ne le sont pas. Ainsi, dans

«se il raportoient sor leur seremens ke om nos fesist tort·/ leueskes nos doit aidier ·»(Document 1242–05–02, 13).

le nébulogramme ‹·/› ne pourrait pas être paraphrasé par un ou plusieurs caténo-grammes sans au moins modifier la structure syntaxique de la phrase:32

*se il raportoient sor leur seremens ke om nos fesist tortalors leueskes nos doit aidier ·

En conséquence,on distinguera deux types de nébulogrammes: ceux qui sont para-phrasables, nous les nommeronslogogrammes, ceux qui ne le seront pas prendront lenom deponctogrammes(figure 2.15).

31 Pareillement, etavec les mêmes précautions que ci-dessus (note 25), il nous semble que lecritère est opérationnel pour les langues écrites dites «idéographiques», où les unités peuvent– Gelb (1973, 121) mentionne des syllabaires divers tirés des valeurs phonétiques des logo-grammes pour le sumérien, l’égyptien, le chinois, etc. – être glosées par des nébulogrammesdésémantisés, c’est-à-dire convertis en cénégrammes, par le principe du rébus. Ce point mé-riterait un approfondissement.

32 Le mot censé paraphraser le nébulogramme est souligné.

35

Page 69: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

nébulogramme@axe de construction indéterminé

logogramme@paraphrasable

ponctogramme@non paraphrasable

FIG. 2.15 – Types de nébulogrammes

FIG. 2.16 – Exemple d’abréviation par contraction (Document1271–12–03a, 11)

2.2.4.2 Abréviationsetplurisystème

Le termeplurisystème, repris de Nina not. Catach (1988a, 248s.) doit ici être replacédans une optique distributionnelle et dans le système de termes qui vient d’être pré-senté. Il est à nos yeux une conséquence directe du caractère de paraphrasabilité.L’équivalence entre ‹et› et ‹z–› ne correspond qu’à une petite partie des faits. Les unitéssignificatives ne sont pas, tant s’en faut, toutes intégralement composées sur le mêmeaxe ou complètement «désaxées». En nous concentrant sur les problèmes posés parce que les paléographes nommentabréviation(a), nous proposerons de nuancer lesystème que nous venons d’exposer (b).a. Traitement des abréviations.La langue écrite des chartes offre plusieurs exemplesde mixité. Les phénomènes de ce genre, étudiés par les paléographes (voir p. ex.Stiennon 1991, 145s.) et dénommésabréviationspar ces derniers, ont été classésempiriquement en cinq catégories: l’abréviation par contraction «consiste à préleverau sein d’un mot une ou plusieurs lettres, [et] s’accompagne d’habitude d’un signed’abréviation placé au-dessus du mot»; l’abréviation par suspension «affecte la findu mot, privé ainsi d’une ou plusieurs lettres et muni [le plus souvent] d’un point,point-virgule ou d’un autre signe qui marque l’arrêt»; l’abréviation par lettres suscrites«consiste à placer une lettre [souvent] de petit module comme exposant ou coiffe à uneou plusieurs lettres principales»; les signes spéciaux sont des «signes d’abréviation devaleur précise ou déterminée»; et enfin, les graphismes sont des «symboles représen-tant un mot» (Stiennon 1991, 145–147). Ces définitions pratiques nous permettentd’avoir une idée de ce qu’on peut rencontrer dans les chartes. Voyons à présent com-ment ces formulations peuvent être traduites en termes qui s’intègrent à notre système,partant à nouveau des faits observés.

Par exemple, le premier mot de la figure 2.16 peut être paraphrasé par ‹cheualiers›.On voit clairement qu’une partie des grammèmes (‹c›, ‹h›, ‹e›, ‹u›, ‹a›, ‹l›, ‹s›) s’en-chaînent sur le même axe, mais qu’un autre (‹∼›) vient se superposer à la construction.Si l’on applique notre classification de manière rigide, on ne peut que conclure que laréalisation que nous avons sous les yeux est un nébulogramme.

Par ailleurs, le deuxième mot de la figure 2.17 peut être paraphrasé par ‹autre›,ce qui remet en question notre classement des cénégrammes: le ‹e› que nous y lisons

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Page 70: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FIG. 2.17 – Exemple d’abréviation par lettre suscrite (Document1236–07, 6)

logogramme@au moins partiellement paraphrasablepar un ou plusieurs linéogrammes

FIG. 2.18 – Concept de logogramme

est incontestablement une unité quiressembleau premier ‹e› que l’on retrouve dans‹cheualiers›, c’est-à-dire, selon les principes énoncés ci-dessus, un linéogramme (quis’enchaîne sur un axe unique avec d’autres linéogrammes). Or, dans ‹aute›, l’axe estrompu: nous avons affaire à un plérégramme de typenébulogramme. Il n’y a dès lorsque deux solutions: 1/ soit considérer que ce ‹e› est une unité différente dans ‹aute›et dans ‹chevaliers›, et dans ce cas, notre classement reste valable; 2/ soit, ce quirencontre une intuition, considérer qu’on a bien affaire à lamême unité, et dans cecas, le classement des cénégrammes est à revoir. Raisonnons par l’absurde. La seuledifférence entre les ‹e› des deux mots qui servent de bases à notre réflexion est leurpositionpar rapport aux autres cénégrammes. Or, puisque les positions relatives desgrammèmes sont également des unités, non discrètes, certes, mais conceptuellementisolables (unités que nous avons nomméestopèmes), il n’est pas cohérent de voir en‹e› et ‹e› deux unitésminimalesdifférentes. La première solution n’est pas valable: ‹e›en exposant est constitué du cénégramme ‹e› et du topème qui le met en exposant parrapport aux autres cénégrammes.

Dans ces deux cas, subsiste le problème de la paraphrasabilité: les nébulogrammes‹cheuals› et ‹aute› peuvent être paraphrasés, ce sont donc des logogrammes. . . mais sil’on y regarde de près,une partie seulementest paraphrasable. Or, cette partie n’est pasun plérégramme, mais elle entre dans la composition de l’un d’eux. Dans un cas, c’estla combinaison du topème et du cénégramme qui est intégralement paraphrasée. Ainsi,le tilde est complètement absent de ‹cheualiers›; dans l’autre cas,seul le topèmeestparaphrasé, puisque l’unité placée en exposant se retrouve dans la forme non abrégée.Ce même cas de paraphrasabilité partielle apparaît dans des formes comme ‹9uiers›mis pour ‹conuiers› ou ‹t7re› mis pour ‹terre›.

Il faut donc distinguer les abréviations par graphisme des autres types d’abrévia-tions: seul le graphisme est un logogramme «pur», puisque lui seul est intégralementparaphrasable. Les autres moyens d’abréger un mot se servent d’une combinaison degrammèmes caténogrammiques et nébulogrammiques pour former des unités qui nesont ni tout à fait l’une ni tout à fait l’autre de ces catégories.b. Révision du systèmeTous ces problèmes énoncés, il faut donc au minimum revoirles caractères des logogrammes comme indiqué dans la figure 2.18.

37

Page 71: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

2.2.5 Synthèse: hiérarchie des scriptèmes

On trouvera p. 39 l’arbre de hiérarchie de ces concepts, reprenant les caractères défi-nitoires correspondants (voir les conventions exposées sous→1).

2.3 La ponctuation comme objet d’étude

L’analyse qui précède a permis d’établir un système cohérent, et, partant, de nom-mer exactement les unités dont nous voulons parler. C’est à l’intérieur de ce systèmeque nous situons la ponctuation, que nous avons définie jusqu’à présent de manièreintuitive.

Nous exposerons les principales définitions qu’on a pu donner du terme et nousanalyserons leur construction ainsi que leurs implications. Cela nous mènera à forgernotre propre définition (→2.3.1). La valeur des signes fera l’objet de la seconde partiede cette section (→2.3.2).

2.3.1 Recherche d’une définition

Il est clair que «[l]es études qui s’attaquent de front à la question de la ponctuationsont en général à restituer dans des analyses qui abordent l’écrit d’une façon globale ets’intègrent à une approche théorique de la linguistique» (Jaffré 1991, 64). Néanmoins,nous n’entreprendrons pas ici un tour d’horizon du même type que ceux que proposentJean-Pierre Jaffré (1991) et Jacques Anis (2004) et nous éviterons d’entrer dans lesméandres de la littérature concernant toutes les tentatives de définition de la langueécrite.

Nous donnerons tout d’abord un bref aperçu critique des définitions que les spé-cialistes ont pu donner de notre objet – la manière dont ils l’ont conceptualisé. Il nes’agira pas pour nous de critiquer leur point de vue en disant qu’ils se trompent etqu’ils oublient tel ou tel signe, qu’ils donnent à la ponctuation un sens trop large outrop restreint: il s’agira plutôt de critiquer leurméthodede définition.

Avant de présenter (sans conclure par une définition qui lui serait propre), lesessais de Nina Catach, Jacques Anis et Claude Tournier en la matière, VéroniqueDahlet souligne toute la difficulté qu’il y a à vouloir délimiter clairement le conceptdeponctuation:

«Définir la ponctuation est un exercice retors et difficile puisque, comme on le verra à l’ana-lyse, il s’agit tout à la fois de doter la ponctuation de son statut linguistique, de la démarquerdu matériau alphabétique et enfin, d’indiquer le principe directeur de sa fonction.» (Dahlet2003, 17).

Comment les chercheurs se sont-ils affranchis de ce programme?

2.3.1.1 Définitions existantes

a. Ludmilla Védénina.Au point de départ de toute démarche de définition de la ponc-tuation, il y a, croyons-nous, un ensemble d’unités reconnues intuitivement commedes «signes de ponctuation». Le «degré zéro» de la définition consiste à énumérer les

38

Page 72: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

scrip

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39

Page 73: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

signes en question, ou à simplement les évoquer, comme le fait Ludmilla Védénina,dont lestravaux ébauchent une définition en extension qui témoigne d’une vision largede la ponctuation (→2.3.2.2):

«Par ponctuation, nous entendons non seulement les signes comme le point, la virgule, etc.,mais également certains procédés typographiques comme l’emploi des caractères, l’espaceblanc entre les signes, etc.» (Védénina 1989, 1).

La principale difficulté que pose cette approche est que, constituant un inventaire flou(«etc.»), elle ne permet pas de sortir de l’intuition.b. Le ‹Bon usage›.Pour prétendre à la scientificité, la définition doit nécessairementêtre rédigée en intension, comme l’est déjà celle duBon usage:33

«Laponctuationest l’ensemble des signes conventionnels servant à indiquer, dans l’écrit, desfaits de la langue orale comme les pauses et l’intonation, ou à marquer certaines coupures etcertains liens logiques.» (Grevisse/Goosse 2007, §116).

Dès qu’elle s’efforce de trouver ce qui fédère les unités réunies intuitivement, la dé-finition manifeste un point de vue sur l’objetponctuation, et, plus généralement, surl’objet langue écrite. Il est donc prévisible qu’on retrouve des définitions de type pho-nographique et des définitions de type autonomiste (→2.1.2.2). La définition duBonusagecorrespond tout à fait à la perspective phonographique, puisqu’elle considèreque le trait définitoire de la ponctuation est d’être untranscodage. C’est cette fonctionelle-même qui rassemble les différentes unités regroupées sous le terme. Néanmoins,la définition de Maurice Grevisse ne se limite pas à mettre en relation l’écriture etl’oralité: elle est complétée par l’évocation d’autres fonctions, sous une forme restantabstraite et intuitive. Cette tentative est représentative de l’attitude qui consiste à es-sayer de définir la langue écrite par le biais de la langue orale, puis à se rendre comptedes limites de la démarche.c. Nina Catach.Prenant le parti de ne pas immédiatement réduire la ponctuation à untranscodage, Nina Catach forme la proposition suivante:

«Ensemble des signes visuels d’organisation et de représentation accompagnant le texte écrit,intérieursau texte etcommunsau manuscrit et à l’imprimé; la ponctuation comprend plu-sieurs classes de signes graphiques discrets et formant système, complétant ou suppléantl’information alphabétique.» (Catach 1980, 21, repris textuellement dans Catach 1996, 9).

Ici, la définition se détache de la fonction des signes pour rendre compte de leur dis-tribution et de la relation qu’ils entretiennent avec les autres unités de la langue écrite.Elle reste cependant floue («plusieurs») et centrée sur les modes d’écriture tradition-nellement dits «alphabétiques». Bien qu’insuffisante pour permettre de répondre à laquestion «Ceci est-il un signe de ponctuation?», face à un signe choisi au hasard dansn’importe quelle langue écrite, la tentative se rapproche de notre perspective autono-miste.

Néanmoins, l’abandon de l’idée de transcodage n’est qu’apparente: la définitionest complétée dans l’exposé de l’auteur, qui ajoute:

33 Tout commecelles de la plupart des grammaires et dictionnaires l’ayant précédé. Voir l’in-ventaire constitué par Claude Tournier (1980, 31–33).

40

Page 74: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

«Nous parlerons, pour être clairs [sic],d’intonèmesà l’oral et deponctèmespour les signesécrits.» (Catach 1996, 105).

mais aussi:

«Il s’agit d’unités fondamentalement suprasegmentales et syntaxiques.» (Catach 1996, 105).

La perspective relève dès lors du phonocentrisme et mène Nina Catach àconfondreles propriétés distributionnelles de la ponctuation et celles de l’intonation sur la based’une ressemblance fonctionnelle. Il nous paraît difficilement défendable qu’un faitde ponctuation puisse être reconnu commesuprasegmental.34

d. Jacques Anis.Soucieux de doter la perspective autonomiste (→2.1.2.2) d’un en-semble de concepts organisés en système, Jacques Anis abandonne le concept deponc-tuationau profit d’une opposition entre trois types d’unités, regroupées sous l’hyper-onymegraphème‘unité minimale de la forme graphique, définie par sa fonction dansla communication écrite’ (Anis et al. 1988, 245): les alphagrammes, les logogrammeset les topogrammes, définis comme suit:

«alphagramme: graphème alphabétique, unité purement distinctive.logogramme: graphème unique correspondant à une unité significative (ex. &, $) ou groupe-ment tendant à un fonctionnement synthétique (sigles, logos).topogramme: graphème ponctuo-typographique, qui contribue à la production du sens, entant qu’organisateur de la séquentialité et indicateur syntagmatique et énonciatif.» (Anis etal. 1988, 245–246).

Nous ne critiquerons pas ici les définitions des termesalphagrammeet logogramme,qui recouvrent approximativement les unités que nous avons rassemblées respective-ment sous les notions delinéogrammeet denébulogramme(→2.2.3.2). La définitionde topogrammenous intéresse plus, parce qu’elle intègre intuitivement la notion deponctuation. Elle a l’avantage de spécifier exactement la fonction des signes.

Malheureusement, chacun des formants du termeponctuo-typographiquedérange:1/ la réalité floue deponctuationest employée comme s’il s’agissait d’un acquis biendéfini, alors que c’est précisément ce concept qu’il faut délimiter; 2/ il mêle à la formedes considérations sur la substance (typographie).

Il est difficile d’admettre cette conception sans aménagement, d’autant qu’ellepose à nouveau explicitement la question de l’extension du champ de la ponctuation(→2.3.2.2).e. Claude Tournier.S’affranchissant presque complètement de la fonction des signespour écrire sa définition de la ponctuation, Claude Tournier délimite préalablement lesnotions degraphème«la plus petite unité de la chaîne écrite ayant un correspondantphonique et/ou sémique susceptible d’une analyse linguistique»35 (Tournier 1980, 35)et reprend de Nina Catach l’emprunt à Louis Hjelmslev de l’opposition entrecénèmeet plérème36 (Tournier 1980, 35). Il explique enfin que les signes de ponctuation ont

34 Dans ses premiers travaux sur la question, l’auteur parle de «fonction suprasegmentale»(Catach 1980, 22).

35 L’approche dans son ensemble n’est pas purement autonomiste.36 Voir note 20.

41

Page 75: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

ponctuation@ensemble desponctogrammes@propre à une langue écrite

FIG. 2.20 – Concept de ponctuation

uncontenu sémantiqueet sont indécomposables (Tournier 1980, 36) avant de conclurecomme suit:

«La ponctuation est l’ensemble des graphèmes purement plérémiques, non décomposablesen unités de rang inférieur, et à caractère discret.» (Tournier 1980, 36).

Cette définition est obtenue par calibrage du concept par rapport à d’autres conceptsprédéfinis, par héritage de classe et par spécification de caractères supplémentairespar rapport à l’hyperonyme; chacun des termes employés peut être critiqué indépen-damment. Cette démarche correspond exactement à celle que nous avons nous-mêmeadoptée. Ensuite, le caractère général de la formulation, rendu possible par l’absenced’a priori quant à la fonction des signes, la rend utilisable dans un cadre où nous ne sa-vons pas quelle sera la forme des unités rencontrées. La définition de Claude Tourniernous convient donc particulièrement. Nous la prendrons comme modèle.

2.3.1.2 Définition adoptée

Si nous nous fondons sur la démarche de Claude Tournier et continuons dans le cheminque nous avons tracé, il nous suffit de sélectionner, parmi les scriptèmes définis toutau long de la section→2.2, ceux qui recouvrent l’extension traditionnelle des signesde ponctuation. En l’occurrence, lesponctogrammes, c’est-à-dire les plérégrammesautonomes non paraphrasables (→2.2.4). Pour une langue écrite particulière, nous dé-finirons simplementponctuationen ces termes: «ensemble des ponctogrammes d’unelangue écrite spécifique» (figure 2.20). Par extension, nous nommerons égalementponctuationla simple présence des ponctogrammes.

2.3.2 Valeur des ponctogrammes

Nous avons vu dès l’introduction que les études sur la ponctuation médiévale s’ef-forçaient de catégoriser les différentes fonctions de la ponctuation (→0.1.1.1). Lesponctogrammes étant des signes à part entière, il paraît en effet nécessaire de décrireleur valeur, tributaire de la fonction de la ponctuation dans la langue écrite.

Nous pourrions passer en revue les conceptions des différents chercheurs quantà leur valeur de la ponctuation,37. Pour l’heure, nous préférons adopter l’attitude

37 Voir les conceptions de Lidya Hirschberg 1965 qui considère les ponctogrammes de lamême manière que les constituants des structures syntaxiques; Ivan Fónagy 1980, qui at-tribue aux ponctogrammes une valeur sémantique permettant de distinguer des synonymes,homonymes et signes polysémiques; Ludmilla Védénina 1980, Nina Catach 1980, 21–25 etClaude Tournier 1980, 37–38, qui distinguent de multiples fonctions, dans une optique simi-laire à celle présentée dans l’introduction (→0.1.1.1); ou Jacques Anis et al. 1988, 122, quiinsistent sur le caractère organisateur de la ponctuation.

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Page 76: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

pratique suivante: les ponctogrammes apparaissent devant ou derrière d’autresgram-mèmes, qui contribuent eux-mêmes à la construction d’unités syntaxiques. Il noussemble profitable d’adopter à nouveau un point de vue général sur la question.

2.3.2.1 Multiplicité des fonctions

D’un point de vue sémiotique, les scriptèmes sont capables de remplir simultanémentde nombreuses fonctions38 relevant, d’une part, de la langue et de la relation entrelangue écrite et oralité et, d’autre part, de ce que rend possible la spatialité qui ca-ractérise la langue écrite. Nous focalisant sur les ponctogrammes, nous choisissonsd’en décrire la fonctiondémarcative(Klinkenberg 2005, 179–180), qui suppose queles ponctogrammes sont avant tout desindex, des signes «ayant pour fonction généraled’attirer l’attention sur un objet déterminé et pour fonction particulière de donner uncertain statut à cet objet» (Klinkenberg 2005, 187).

Pour traiter notre problème, disons que la ponctuationdélimitedes structures syn-taxiques, mais que nous ne pouvons accéder au surcroît de sens qu’elle confèreraitau segment délimité. Déterminer exactement quel constituant est délimité est en soiproblématique, puisque, dans la majorité des cas observés, les ponctogrammes ap-paraissent au moins entre deux constituants. Il semble que la plus raisonnable despositions à adopter est de considérer tout d’abord que les ponctogrammesmarquentsimplement les structures aux bornes desquelles ils apparaissent. Tout le travail d’ana-lyse des chapitres→5 à→7 consistera à dépasser progressivement la simple notion demarquagepour identifier quelles constructions sont effectivementdélimitéeset quellesformes d’expression prennent les ponctogrammes.

Anticiper sur les développements qui suivront nous permet d’exemplifier la dé-marche. Soit le ponctogramme souligné dans:

«·et le remanant[7] prent ıhl en fıez de la glıſe ·en tel manıre keſe de luj´ defaloıtſenz hoırdeſoncorſ ·

’ke la terre reuenroıt a〈le〉 〈glıse〉ſaz le humerſ ſa femme» (Document 1236–05,

6).

Adoptant un découpage traditionnel, on peut dire que le ponctogramme est à la fois:à la fin deſon corſ, à la fin decorſ, à la fin de la subordonnée conditionnelleſe deluj defaloıt ſenz hoır deſon corſ, au début de l’apodose, etc. Le ponctogramme ‹·

’›

marque simultanément toutes ces structures. Ce n’est qu’au bout d’une longue ana-lyse que nous serions en mesure de dire que la marquedélimite essentiellement laprotase (→6.1.4.6), et que la forme d’expression du ponctogramme est partiellementspécifique à cette fonction (→7.3).

2.3.2.2 Largeur du champ

a. Ponctuation «au sens étendu».La tentative de définition de Ludmilla Védéninaa la particularité d’étendre explicitement le champ de la ponctuation à un ensembled’unités qui n’entrent pas dans la notion traditionnelle. Reprenons:

«Par ponctuation, nous entendons non seulement les signes comme le point, la virgule, etc.,

38 Voir Klink enberg 2005, 168–169.

43

Page 77: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

mais également certains procédés typographiques comme l’emploi descaractères, l’espaceblanc entre les signes, etc.» (Védénina 1989, 1, nous soulignons).

Cela pris en compte, on constate que les définitions destopogrammesde Jacques Aniset de laponctuationde Nina Catach recouvrent également ces procédés. Cette dernièrenous livre son point de vue dans sonQue sais-je?sur la ponctuation (1996, 7–8):

«L’étude de la ponctuation peut se comprendre au sens large ou au sens étroit.Au sens large, lamise en page(MEP) comportera les signes,39 mais aussi tous les procédéstypographiques de mise en valeur du texte, titres, marges, choix des espaces et des carac-tères, et[,] au-delà[,] agencement général des chapitres et façonnement du livre. Au sensétroit, on lui accorde en général une quinzaine d’éléments graphiques étroitement liés autexte alphabétique: essentiellementséparateurs(virgule, point-virgule, point final, d’excla-mation, d’interrogation, de suspension); et signes de communication ou de «message» (deuxpoints, guillemets, tirets simples ou doubles, parenthèses, crochets). Il est nécessaire d’yajouter l’usage des blancs et des majuscules, piliers, avec le point, les plus anciens de laponctuation, plus que jamais indispensables.» (italiques dans le texte).

Traduit dans notre système conceptuel, la ponctuation ainsi «élargie» (le sens res-treint dépasse déjà notre propre définition en intégrant les «blancs» et les «majus-cules») comprend l’emploi des topèmes et celui des hétérogrammes, ce qui revient àregrouper dans une catégorie unique deux ou trois types de scriptèmes fondamenta-lement différents selon le point de vue adopté pour la conceptualisation – au moinsquatre caractères différencient ces unités. Il y a dès lors lieu de justifier ce regroupe-ment: quels caractères ces unités auraient-elles en commun?b. Présupposé fonctionnel.La plupart des études actuelles, dont celles qui ont portésur la ponctuation médiévale (→0.1.1), admettent d’emblée que les hétérogrammeset les topèmes «fonctionnent souvent ensemble (en se complétant ou en se rempla-çant)» (Lavrentiev 2000, 26) pour remplir des fonctions spécifiques. Il est certes en-visageable de se fonder sur cette complémentarité comme hypothèse de travail, maisnous ne le ferons pas. Le termeponctuationcontinuera d’être appliqué ici aux seulsponctogrammes. L’étude des relations entre les ponctogrammes et le reste du systèmegraphique ne sera pas abordée dans les pages qui suivent.

Le statut des «blancs», qui relèvent des topèmes de notre système, mérite néan-moins qu’on s’y intéresse. Nina Catach (1980, 18) le justifie pleinement dans lestermes suivants:

«Cependant, on ne peut se satisfaire longtemps d’une délimitation aussi étroite (dix à onzesignes) du secteur considéré.[. . .] En l’absence de ponctuation, que reste-t-il? Un blanc, lequel est déjà un signe, le plusprimitif de tous, ‹un signe en négatif›.»

Nous adhérons à cette idée moyennant de petits ajustements. Il nous semble qu’il n’y apas de «blanc» en l’absence de ponctogramme, mais uneabsence: les plérétopes mo-bilisés n’ajoutent pas un «blanc», ils structurent l’espace en fonction des grammèmesen présence. Il reste toutefois évident que la valeur de la ponctuation ne peut être envi-

39 C’est-à-dire,les signes de ponctuation au sens étroit, que l’auteur définit plus loin – voir plusbas dans cette même citation.

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Page 78: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Forme Nom latin le cas échéant Description

· punctus simplepoint·· deux points enchaînés/ virgula barre oblique// deux barres obliques enchaînées– virgula plana trait horizontal

·’

punctus elevatus point surmonté d’un trait incurvé·/ punctus elevatus point surmonté d’une barre oblique; punctus versus point surmontant un trait incurvé: colon superposition de deux points¶ paraphus signe au tracé complexe·/ point suivi d’une barre oblique·¶· paraphusprécédé et suivi d’un point

TAB . 2.1 – Inventaire des ponctogrammes relevés

sagée que si nous considérons simultanément l’ensemble des endroits où elle apparaîtet l’ensemble des endroits où elle n’apparaît pas.

2.3.3 Inventaire des formes

Suivant la définition choisie, la ponctuation relevée dans les documents de notre cor-pus prend les formes reprises dans la table 2.1.40 Remarquons que nous avons consi-déré comme un seul ponctogramme ce qui pourrait également être interprété commeune séquence.

2.4 Conclusions

a. Nécessité de l’élaboration de bases théoriques.Au terme de ce chapitre, nousavons à notre disposition une définition que nous croyons solide du concept deponc-tuation. Pour en arriver là, il a été capital de passer en revue l’ensemble des unités dela langue écrite.

En effet, d’un point de vue théorique, on ne peut définir ces signes sans com-prendre la manière dont ils s’intègrent au système dans son ensemble. On a vu que cen’est que par une sélection progressive de propriétés très précises que nous sommesarrivé à délimiter clairement les concepts.

D’un point de vue pratique, faire l’économie de l’aspect généraliste de notre étuden’aurait pas mené bien loin sans qu’il ne soit nécessaire de faire appel à l’intuitionpour justifier la catégorisation de telle ou telle unité.b. Consensualité du classement obtenu.Par ailleurs, s’il est question d’intuition, onremarquera que le classement des unités correspond généralement à la perception in-tuitive qu’on en a. La correspondance est nette:

– lettrecorrespond àlinéogramme;– idéogrammecorrespond àlogogramme;

40 Nous donnonsà chaque forme le nom latin correspondant, cf. Parkes 1992. Voir la sectionTranscriptiondes annexes pour un exemple de réalisation de chacun de ces ponctogrammes.

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– signe de ponctuationcorrespond àponctogramme.

Peut-être notre analyse est-elle, en fin de compte, tributaire de représentations tra-ditionnelles. Cela importe peu, puisque notre démarche est évaluable indépendammentde ces modèles aux contours flous. Ainsi, revenons sur les termes: qu’est-ce qu’unelettre? qu’est-ce qu’un idéogramme? qu’est-ce qu’un signe de ponctuation? À cesquestions, il n’était pas possible de répondre clairement. Les termes étaient disparates,les notions floues. Les relations entre celles-ci apparaissent désormais très clairement,et l’on peut par exemple apprécier à la fois la différence et les points communs entreles ponctogrammes et les idéogrammes.c. Autonomie de la description.Fait capital pour le bon déroulement de la suite denotre étude, les unités de la langue écrite ont été définies à l’aide de concepts quis’aventurent le moins loin possible dans la description de leur valeur. Ainsi, la seuleconsidération concernant cette dernière a été de poser la distinction entre les pléré-grammes et les cénégrammes. Nous n’avons pas dépassé la simple opposition «il y aun sens»vs«il n’y en a pas».

Cette autonomie de la description des unités de la langue écrite par rapport au plandu contenu fonde la possibilité de comparaisons ultérieures.d. Importance de la terminologie.Nous nous sommes permis ce que d’aucuns pour-raient juger comme étant une «débauche» de nouveaux termes. Il faut cependant ad-mettre que nous n’avions pas le choix. Les mots disponibles étaient trop peu nombreuxet trop spécifiques à des conceptions auxquelles nous n’adhérons pas pour permettrela nomination de toutes les unités que nous avons pu dégager. Sans ces innovations,les concepts n’auraient pas pu être manipulés efficacement.

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3 Modèle d’analyse linguistique

L’objectif de ce chapitre est de décrire l’ensemble des règles qui ont été suivies pouridentifier, analyser et classer les unités linguistiques contenues dans les textes ducorpus. Il s’agit donc de donner une description sommaire de l’ancien français deschartes liégeoises du treizième siècletel que nous concevons son fonctionnement.

Nous avons dû construire un modèle personnel pour mener à bien la description.Celui-ci, élaboré sur la base des données que livrent les textes, prend la forme dedéfinitions de concepts par sélection des caractères que nous avons jugés suffisantspour forger une définition appropriée (→1).

Quant aux exemples qu’on lira dans les lignes qui suivent, nous les avons voulusavant tout illustratifs: notre modèle pose des hypothèses avec lesquelles les extraits re-levés, que nous espérons suffisamment représentatifs, s’accordent généralement. Nousne discutons que les cas douteux qui méritent au moins un commentaire. L’analyseexhaustive du corpus qui permettra au lecteur de critiquer le détail de notre travail setrouve en annexe, sous la forme d’éditions électroniques annotés.1

Enfin, la description ne tient pas compte de la ponctuation originale, à laquelle ellesera comparée dans la deuxième partie de notre étude. Dans cette optique, il nous aparu plus commode de présenter les extraits dans une transcription modernisée: celales rend plus lisibles et cela évite de rapprochera priori la morphosyntaxe et le sys-tème graphique.

Après avoir posé quelques préalables méthodologiques (→3.1), nous opposeronsensuite les concepts demorphologieet desyntaxe, distinction sans laquelle il n’au-rait pas été possible de travailler (→3.2). Cela permettra de définir trois classes demots fondamentales (→3.3). Enfin, l’essentiel de l’exposé sera consacré aux relationssyntaxiques que ces mots entretiennent en discours, que nous présenterons suivantun principe analytique, partant des plus grandes unités pour aboutir aux plus petites(→3.4).

3.1 Préalables méthodologiques

Avant d’entrer dans la description, nous voudrions en évoquer les bases méthodolo-giques. Dans une première partie, il s’agira d’expliciter la position que nous adop-tons par rapport à la terminologie linguistique, problème incontournable que nous nepourrions ignorer sans entraîner l’ensemble de l’exposé dans le flou le plus absolu(→3.1.1). Nous verrons que les choix opérés dans ce chapitre diffèrent de ceux quiont été posés dans le cadre du chapitre→2. Nous présenterons ensuite les unités qui

1 Voir la sectionAnalyses syntaxiquesdes annexes.

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Page 81: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

peuvent être considérées comme desdonnéesfournies parles documents (→3.1.2).La section s’achèvera sur les implications de la démarche de description de l’ancienfrançais et les obstacles qu’elle rencontre (→3.1.3).

3.1.1 Concepts et terminologie linguistique

Il paraît opportun d’exposer d’emblée la manière dont nous allons nous comportervis-à-vis de la terminologie.2

On sait à quel point la description linguistique est tributaire d’une longue tradition,s’appuyant trop souvent sur des notions vagues et sur un cadre théorique hétéroclite.Nous nous efforcerons d’éviter ces écueils, en proposant l’intégration de termes tra-ditionnels à un système de définitions plus rigoureux, suivant le modèle exposé auchapitre→1. Nous ne réviserons donc pas intégralement la terminologie linguistique.En premier lieu, nous prendrons garde d’éviter un des pièges dénoncés par GeorgesMounin dans l’introduction de sonDictionnaire de la linguistique(1974,X-XI ).

«Il y a certainement une psychologie du chercheur, et même une psychopathologie, dont ilfaut prendre [XI ] conscience. La conviction qu’on a découvert quelque chose parce qu’on arebaptisé un concept déjà bien élaboré par quelqu’un d’autre doit être une maladie profes-sionnelle du savant, du jeune savant, du candidat-savant.»

Il serait bien outrecuidant de chercher à donner un nouveau nom à des concepts déjàclairement délimités, ce qui mènerait en outre à tomber dans un autre piège, qui n’apas manqué d’attraper certains des plus géniaux théoriciens (Mounin 1974,XIII -XIV ):

«[I]l paraît bien imprudent de croire comme, en 1928, Hjelmslev – lequel a largement ap-pliqué son axiome – que ‹la terminologie est une question de goût›. Elle ‹ne touche pas auxréalités›, poursuit-il, oubliant que la science est une œuvre collective, qu’une langue, mêmeune langue scientifique, est un instrument de communication, et que le néologisme impéni-tent, si génial soit-il, est presque toujours sanctionné sur ce point par l’échec: on n’apprendpas ‹sa langue›, on ne le lit pas, on le lit mal, on ne le comprend pas, on l’abandonne sur lebord de la route. L’histoire de la linguistique, comme celle de beaucoup d’autres sciences,est un immense cimetière de voitures termino-[XIV ]-logiques. . . qui n’ont jamais roulé oupresque. Cimetière peu visité, dont la visite serait pourtant très instructive. Des 106 termescréés par Hjelmslev il en survit 5% dans l’usage commun.»

Par ailleurs, à moins de rester à un degré d’abstraction qui rendrait la lecture labo-rieuse, il est très difficile de définir progressivement les concepts employés sans avoirbesoin pour ce faire de concepts qui n’ont pas encore été décrits, mais dont on a aumoins une représentation intuitive. Cette difficulté est liée au phénomène de circula-rité, inhérent à de nombreuses terminologies. En outre, pour être compris, nous devonspartir de bases connues. Afin que l’exposé reste accessible et puisse être situé dans laréflexion linguistique sur l’ancienne langue, il est inévitable de partir parfois de cesnotions floues qu’offre la description traditionnelle, mais en guise d’approche intuitiveexclusivement; une fois le concept cadré, nous essayerons d’en donner une définition

2 Sur laproblématique du lien entre la conceptualisation et la terminologie (→1).

48

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plus stricte, dans les limites données par le modèle employé.3 Cette approchenouspermettra de «récupérer» les termes traditionnels.4

Par exemple, on emploiera la notion de «conjonction de coordination» pour arriverà délimiter l’énoncé (→3.4.1), alors que le concept ne sera redéfini que bien plus loindans le chapitre (→3.4.7.2).

3.1.2 Les unités de base

Dans un cadre très abstrait, il est souvent possible de refuser à tout élément le statutde donnée: tout phénomène est effectivement catégorisé et formalisé par le cerveauhumain, dans une dynamique cognitive complexe qui dépasse le cadre de notre travailet de nos compétences. Pour une étude empirique comme celle-ci, il nous semblecependant que nous pouvons simplifier le problème et admettre que le corpus nouslivre directement des informations, préalablement à toute analyse. Nous considéronsque les documents délimitent les contours des unités que sont lestextes(→3.1.2.1) etlesmots(→3.1.2.2).

3.1.2.1 Unité maximale: le texte

L’unité la plus large, letexte, a l’avantage d’être la moins artificielle (→a). Nous dé-crirons brièvement ici comment le texte doit être mis en relation avec le contexte deson utilisation (→b) avant de proposer une définition de l’unité (→c).a. Le texte comme donnée.Le segment «maximal», celui dont part l’analyse linguis-tique, est relativement simple à délimiter pour qui travaille à partir d’un corpus:

«Si l’on peut parler de données (nous laissons cela comme une condition dans le sens épis-témologique), ces données sont, pour le linguiste, letexte, dans sa totalité absolue et nonanalysée.» (Hjelmslev 1968, 21).

Les bons philologues (qui, dans le meilleur des mondes, travaillent avec les lin-guistes à l’établissement des textes), savent que le texte est déjà le résultat d’une ana-lyse qui implique un regard linguistique. Néanmoins, au point de vue de la hiérarchi-sation des –shiérarchisation des structures, qui est l’objet de la section→3.4, le texteest bien la seule structure linguistique dont on ne puisse dire qu’elle est intégrée dansune autre plus large. Au delà du texte, il n’y a rien qui soit linguistiquement structuré.b. Document et texte.Malgré tout, il se pourrait que les limites supérieures du texte necoulent pas de source. Par exemple, pour Knud Togeby (1965, 6), la langue est «consi-dérée comme un texte infini dont il faut décrire la structure». Pour que les choses soientclaires, il est nécessaire d’articuler la définition du texte avec celle du document queconstitue la charte. Les définitions qu’on rencontre dans les manuels écrits par leshistoriens tentent d’en rendre compte:

3 De cepoint de vue, la démarche est similaire à celle suivie au chapitre→2.4 De ce point de vue, par contre, la démarche est complètement différente de celle suivie au

chapitre→2, où nous devions construire une nouvelle terminologie.Nous récupérons les termes d’une manière assez similaire à celle de Denis Creissels (1995)dans sesÉléments de syntaxe générale, si ce n’est que le présent modèle est focalisé sur unelangue particulière.

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[authentification [écrit [parole [action]]]]

FIG. 3.1– Schématisation du type de textecharte selon Marie-GuyBoutier

«La charten’est pas à proprement parler un terme technique, mais plutôt un terme géné-rique, recouvrant une variété confuse de documents. N’étant pas technique, le mot est assezflou. On l’emploie généralement pour désigner un acte écrit, émanant le plus souvent d’uneautorité royale, religieuse ou seigneuriale, mais jamais à une époque où l’auteur multiplie lesdocuments dans le cadre d’administration ad hoc. Une charte contient soit une concession debiens, de droits,. . . soit une décision judiciaire.» (Guyotjeannin et al. 1993, 25, italiques engrasses dans le texte).

«Unecharteest un acte par lequel se manifeste au Moyen Âge la volonté de l’auteur de l’acteécrit et qui constitue normalement un titre entre les mains de son bénéficiaire.» (Cárcel Ortí1994, §385).

Comme l’avouent les auteurs, ces définitions sont approximatives, mais elles replacentcependant le document dans un cadre pragmatique clair: l’objetcharteest construit parun ou plusieurs individus pour servir à communiquer un message à d’autres individusdans une situation qui justifie ce transfert d’information, dont le texte est le véhicule.Cette description «externe» situe le document dans le monde (pourquoi il est écrit,par qui, pour qui, etc.) et place en conséquence le texte dans un contexte. Selon Jean-Michel Adam (1999, spéc. 37–40), cette insertion d’une structure linguistique dansune situation d’énonciation définit de manière générale lediscours.

Le contexte ainsi que les contraintes sociales et pragmatiques influencent la ma-nière dont le texte est structuré en séquences ordonnées (ce que Jean-Michel Adamnommetexture). Le fait est extrêmement prégnant dans le cas des chartes, et Marie-Guy Boutier (2003) a pu montrer que la structure énonciative du document est entière-ment pensée dans le sens de son utilisation. Une charte, écrit-elle, est un «écrit adresséauthentique faisant connaître une parole créant ou attestant une action juridique» (41).Après avoir exposé que la charte «publiait» par écrit la parole performative d’un actejuridique (exprimé par un verbe) – schématiquement: figure 3.1. Tous ces éléments dedéfinition trouvent un écho dans les chartes, qui suivent pratiquement toujours la pro-gression suivante: 1/ l’auteur de l’acte, qui profère la parole performative s’identifie;2/ la parole en question est recensée et l’action juridique est identifiée par un verbespécifique; 3/ les autorités compétentes corroborent la véridicité de cet écrit (c’est-à-dire la conformité entre la parole et sa représentation écrite). Les contraintes que letexte subit contribuent donc en grande partie à le définir.

Cette spécificité du type de texte implique que, quelles que soient les conclusionstirées des analyses basées sur ces textes, nous devrons être conscient qu’elles ne valentquepour la famille des chartes appartenant au corpus étudié.c. Définition.Nous pouvons donc, dans le cadre de notre étude, nous satisfaire de ladéfinition formalisée de la figure 3.2.

3.1.2.2 Unité minimale: le mot

Nous pouvons admettre que les mots nous sont «donnés» comme le texte, mais dansune moindre mesure (→a). Cela justifie à nos yeux que nous prenions le mot comme

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texte@unité linguistiqueen présence@non intégré à une unité linguistique plus vaste@véhiculant une information@suivant une stratégie de communication liée à la situation

FIG. 3.2 – Concept detexte

unité de base. Il nous faudra peser ce choix (→b). On distinguera ensuite lesoccur-rencesdesmotset deslexèmesen opposant les niveaux d’abstraction (→c), puis lesnotions seront clairement définies (→d).a. Le mot comme «donnée».Bien que cela soit plus discutable, et devra être nuancé,les scribes ont ressenti le besoin de séparer les chaînes de linéogrammes par des«blancs».5. Ce faisant, ils nous livrent un texte partiellement analysé. Le mot, conçualors comme une unité graphique, est également donné. Cependant, les textes analysésétant préalablement transcrits,6 le mot doit être conçu comme une graphie homogé-néisée. Le mot est ainsi posé comme une unité de base de la description.7

b. Besoin impérieux d’une définition.Il est vrai que lemotse laisse quant à lui diffici-lement définir avec rigueur, si bien qu’il «est volontiers banni au profit de la recherched’unités significatives minimales, chaque linguiste ayant alors sa terminologie propre:lexie, synapsie,8 lexème,unité significative, etc.» (Dubois et al. 2002, 313). Ainsi,dans sonDictionnaire de la linguistique, Georges Mounin va jusqu’à écrire que «lemot n’est pas une réalité de linguistique générale» (1974, 223). Pourtant, aussi dou-teux que paraisse ce terme depuis l’arrivée du structuralisme, force est de constaterqu’il correspond à une réalité intuitive qui s’impose à beaucoup comme une évidence.Émile Benveniste, dans son article sur lesStructures de l’analyse linguistique(1964,123) déclare le terme «irremplaçable». Il est néanmoins vrai que cette «évidence» doitêtre nuancée et qu’il serait effectivement nécessaire de définir précisément ce qu’onentend parmot.9

5 Les topèmesorganisant les linéogrammes créent des espaces qu’on peut appelerblancsVoir→2.2.3.2 a concernant les linéogrammes.

6 Voir la sectionTranscriptionsdes annexes.7 Exception faite des phénomènes d’amalgame, qu’il serait absurde de négliger (Feuillet 1988,

72).8 Il nous semble que le terme (Benveniste 1974, 171–176) ne s’insère pas bien dans la liste: la

synapsie est une forme de composition lexicale.9 Il faut mentionner ici le livre de Maurice Pergnier (1986), qui, décrivant l’histoire de la

notion, et surtout son rejet par la linguistique structuraliste et ses descendants, propose deréhabiliter le terme sans l’aide de critères sémantiques, se basant sur les travaux de JeanGagnepain (1982), qui se fonde sur une analyse distributionnelle. Malheureusement, il consi-dère que la «préposition» fait partie de mots comme les «noms», ce qui l’amène à poserdes marques ø là où la préposition n’apparaît pas. En plus d’être critiquable dans son prin-cipe (voir Lemaréchal 1997), cette hypothèse a le défaut de ne pas être d’un caractère assezgénéral pour être transposée facilement à l’ancien français. Elle demande en outre à êtredémontrée pour chaque langue, et nous ne voyons pas comment cela pourrait être possibleici.

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c. Occurrences, mots et lexèmes.Enfin, nousvoudrions poser ici une importante dis-tinction, dont nous aurons constamment besoin. Dans son excellentComprendre lalinguistique(2002), Robert Martin oppose trois niveaux d’abstraction. Reprenons sestermes:

«Les énoncés sont construits, selon les besoins, au moyen d’un instrument qui permet de lesgénérer (et, inversement, de les comprendre). Constitué de signes et de règles combinatoires,cet instrument n’est autre que la langue. F. de Saussure (Cours de linguistique générale,1916) a opposé nettement lalangueet laparole: lalangueest un système inscrit dans la mé-moire commune, qui permet de produire et de comprendre l’infinité des énoncés; laparoleestl’ensemble des énoncés effectivement produits. Depuis, on a ajouté (notamment le linguistefrançais G. Guillaume) un troisième terme, celui dediscours: le discoursest l’ensemble in-fini des énoncés possibles, dont la parole est un sous-ensemble réalisé. Lalangueest alorsle système capable d’engendrer (et de décoder) lediscours.» (55, italiques emphatiques engrasses dans le texte).

À chacun de ces trois niveaux d’abstraction (langue,paroleetdiscours10), nous feronscorrespondre trois concepts différents. Au niveau le plus concret, celui des formes at-testées, nous rencontrons desoccurrencesséparées les unes des autres par des blancs(que ces blancs soient reconstruits par la démarche éditoriale ou non). Nous pouvonsregrouper un ensemble d’occurrences en vertu de leur équivalence de forme d’expres-sion et de contenu, et les représenter par une seule unité, plus abstraite, à laquelle nousréserverons le nom demot. Par exemple, dans l’extrait

«cilh ki sontet ki a_venir sont» (Document 1274–05–31b, 2).

il y a deux occurrences du motsont. Ainsi l’occurrence relève de laparole (elle estattestée dans un énoncé effectivement réalisé), alors que lemot fait plutôt partie dudiscours. Mais nous savons que le motsontentretient une relation particulière avecd’autres mots, commeestre,est,estoient, etc. Toutes ces formes sont des formes flé-chies relevant, dira-t-on en termes traditionnels, du même paradigme. On atteint icile niveau de la langue: celui de l’inventaire des signes et des règles qui permettentde les employer. Cet ensemble de formes fléchies peut à son tour être représenté parune unité, plus abstraite encore, que nous nommeronslexème, la considérant commeune unité de lalangue. Par commodité, nous emploierons les conventions tradition-nelles pour donner une forme d’expression à cette unité très abstraite, représentant les«verbes» par leur infinitif (estre, dans notre exemple) et les «noms» par leur formeneutralisée. Par ailleurs, nous emploierons le termelexèmeindifféremment pour lesmots «lexicaux» commechevalier, afaitier, etc. et pour les mots «grammaticaux»,commeil, de, etc. Nous donnons ainsi au terme le sens pratique d’‘unité du diction-naire’.d. Définitions.Nous devons donc définir précisément les concepts demot,occurrenceet lexème. Pour cette étude, il nous semble que les définitions formalisées suivantespeuvent convenir:11 au niveau de la parole se trouve l’occurrence(figure 3.3); auniveau du discours se trouve lemot (figure 3.4); au niveau de la langue se trouve lelexème(figure 3.5).

10 L’acception duterme est donc ici différente de celle que lui donne Jean-Michel Adam et quenous avons mentionnée ci-dessus (→3.1.2.1 b).

11 Elles se révèleraient sans doute insuffisantes pour mener une réflexion plus approfondie.

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occurrence@graphie@relevant de la parole@homogénéisée par la démarche éditoriale

FIG. 3.3 – Concept d’occurrence

mot@abstraction de la forme et du sens communs à un ensemble d’occurrences@relevant du discours

FIG. 3.4 – Concept demot

lexème@abstraction du signe commun à un ensemble de mots@relevant de la langue

FIG. 3.5 – Concept delexème

3.1.3 Décrire l’ancien français

Le texte et les mots ne constituent que le point de départ: si l’on veut comprendrecomment ces unités sont construites et comment les mots se combinent, il faut entamerune démarche d’analyse.

Nous partirons du modèle général de la triple organisation de l’énoncé, qui servirade base à l’ensemble de l’analyse (→3.1.3.1). Cela mènera à envisager lesensdesénoncés du corpus. Nous verrons alors comment la question de la compréhension detextes écrits dans un état de langue ancien a été abordée (→3.1.3.2). Le délicat pro-blème de l’évaluation des analyses linguistiques poursuivra la réflexion (→3.1.3.3).Enfin, nous synthétiserons nos remarques en soulignant les limites inhérentes à la dé-marche choisie (→3.1.3.4).

3.1.3.1 Décrire la langue: triple organisation de l’énoncé

Du fait de son aspect très général, le modèle de la triple organisation de l’énoncé ou«théorie des trois points de vue» est vu par ses créateurs comme le cadre préalableà l’analyse de tout énoncé linguistique («phrase-énoncé»). Nous commencerons parexposer succinctement en quoi consiste ce modèle, qui postule qu’un énoncé peut êtreanalysé de trois manières idéalement indépendantes (→a), avant de montrer en quoices différentes analyses sont nécessairement entrelacées (→b).a. Exposé synthétique.La théorie des trois points de vue, élaborée à partir des travauxde František Daneš (1964) par Claude Hagège (notamment 1984 et 1999, en particulier27–31) et Gilbert Lazard (cf. Feuillet 1988, 36), fournit un cadre strict à l’analysede l’énoncé,12 défini comme «une production linguistique acceptée par les locuteurs

12 L’origine de la théorie est donnée par Lazard 1998, 80. Dans le monde anglo-saxon, onretrouve les mêmes conceptions chez Michael Alexander Kirkwood Halliday (1985).

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énoncé@unité linguistiquecomplète@transmet un message@suit une stratégie énonciative

FIG. 3.6 – Concept d’énoncé

natifs comme complète et possédant une intonation reconnue comme liée à ce fait»(Hagège 1999, 27).

Ainsi, tel que l’a exprimé Claude Hagège:

«Le premier [point de vue sur la phrase-énoncé] l’envisage en relation avec les systèmes dela langue. On étudie donc, selon cette perspective, les rapports entre les termes, ainsi quel’expression de ces rapports. C’est le point de vuemorphosyntaxiqueou point de vue 1. Ledeuxième relie les phrases au monde extérieur dont elles parlent. Ce ne sont pas, cette fois,des formes que l’on retient, mais les sens transmis par elles, d’où le nom desémantico-référentielqui est ici proposé pour désigner le point de vue 2. Enfin, le point de vue 3, laphrase est considérée dans ses rapports avec celui qui la profère, relié lui-même à un audi-teur. Le locuteur choisit une certaine stratégie ou mode de représentation, introduisant unehiérarchie entre ce qu’il énonce et ce à propos de quoi il l’énonce. De là le nom d’énonciatif-hiérarchiqueque l’on proposera pour ce point de vue.» (1986, 276).

L’acte de communication linguistique (énonciation) se manifeste par l’expression d’unmessage (ou contenu sémantique) en rapport avec le monde. Cette expression mobilisele potentiel morphosyntaxique de la langue et est énoncée suivant une visée commu-nicationnelle spécifique à la situation discursive et aux intentions du locuteur. Noustransposons cette théorie dans notre système de conceptualisation (→1), ce qui nousmène à formuler la définition formalisée du concept d’énoncéà l’aide de trois ca-ractères correspondant aux points de vue (figure 3.6).13 Cette définition rapprochel’énoncé du texte (→3.1.2.1). Toutefois, le fait de constater qu’un texte est constituéd’énoncés distincts relève déjà de l’analyse, et la subdivision du texte en énoncés14

est loin d’être tout à fait évidente. Ignorons temporairement cet aspect, auquel nousreviendrons.15

Chacun des trois points de vue permet de poser un regard différent sur l’énoncéet mène à une analyse spécifique. Claude Hagège (1986, 276) insiste également sur lefait que la théorie de la triple organisation ne postule aucune hiérarchie entre les pointsde vue: il ne s’agit pas deniveaux, mais deplansqui ne sont pas hiérarchisés.16 Onne soulignera jamais assez la nécessité d’éviter les confusions entre les plans, ce quin’est possible que si ces derniers sont bien définis, mission qu’accomplit la théorie demanière très satisfaisante.

13 On verra ci-dessous (→3.4.1.1) que l’application de cette définition au corpus mérite unediscussion approfondie.

14 Il est tout à fait possible qu’un texte ne soit constitué que d’un seul énoncé.15 Voir les choix posés pour le corpus (→3.4.1).16 Ce qui est un postulat assez complexe à maintenir en pratique: étant donné que les données

des points de vue 2 et 3 ne sont accessibles que par le biais du point de vue 1.

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b. Interférences entre les points de vue.Claude Hagègeprécise également qu’il estévident que ces différents points de vue entrent naturellement en relation et sont loind’être toujours clairement descriptibles indépendamment les uns des autres.

«Toute étude d’un seul point de vue isolé des deux autres est un artifice ignorant la réalitédes liens indissolubles entre les trois.» (Hagège 1986, 277).

Par exemple, les phénomènes d’ambiguïté ne peuvent être décrits efficacement sansrecourir à la fois aux points de vue morphosyntaxique et sémantico-référentiel.17 Ad-mettons que la question de la compréhension des énoncés soit résolue et considéronsl’extrait suivant:

«La afaitat [‘transférer (un droit réel immobilier) à (un bénéficiaire) devant la juridictioncompétente et selon les formes prescrites’18] ilh frere Marsille [. . .] l’alut ke freres Wa-[8]-tirs[. . .] aportat a la maison de_le Vas Benoiete.» (Document 1260–02–21a, 6).

L’exemple montre que, d’un point de vue strictement morphosyntaxique, la principaledifférence entrel’alut. . . et frere Marsillese situe sur l’axe paradigmatique:frere Mar-sille commute avecli et l’alut. . . avecle,19 mais aussi par le fait quefrere Marsilleesten variation libre aveca frere Marsille, qui ne présente pas la même ambiguïté, commel’atteste

«La afaitarent elles a[5] frere Libier de Frelus, a owez de la maison de la Vas Benoiete delésLiege, delle ordene de[6] Citeaz, xvii verges de terre» (Document 1263–07–20, 4).

Cependant, ces propriétés paradigmatiques ne sont pas évidentes si l’on ne connaît pasles compatibilités syntaxiques du verbeafaitier dans ses relations avec le nomaleu.Cette connaissance, qui est d’ordre lexical, est liée à la connaissance du sens du verbe,laquelle valide l’interprétation qui fait defrere Marsille le bénéficiaire du procès et dealeule patient. Il n’est pas raisonnable de se priver des informations livrées par le pointde vue sémantico-référentiel pour décrire efficacement la structuration syntaxique,20

même si le sens est inapte à définir à lui seul cette structuration.Il est donc, de manière générale, impossible de commencer la description d’une

langue par une analyse qui soit exclusivement morphosyntaxique. Pour le linguiste,il faut tenter de reconstituer ce plan, par le biais d’une dialectique permanente entreles trois points de vue (en particulier entre le premier et le deuxième). Néanmoins,nous devons prendre garde de bien identifier le point de vue dont relèvent les élémentsmis en relation. De ce fait, il est d’une importance capitale que la terminologie em-ployée reflète cette distinction des points de vue. Nous suivrons ainsi l’exemple deGilbert Lazard (1999b), qui propose de parler deprocès,participantsetcirconstancesau point de vue sémantique et deverbe,actantset circonstantsau point de vue mor-phosyntaxique – nous formaliserons plus loin cette terminologie (→3.4.2), qui seraadoptéegrosso modo.

17 Voir également Soutet 1998, 7, qui montre que la distinction entre grammaticalité et inter-prétabilité n’est pas aussi franche qu’on l’aurait voulu.

18 Cf. Boutier 2003, 44.19 Voir sous→3.4.2.2 comment tirer profit de cette commutation.20 Cet exemple sera à nouveau discuté (→3.4.2.1).

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3.1.3.2 Comprendre un état de langue passé

La constanteinterférence entre les points de vue n’est malheureusement pas la seuledifficulté dont il faut tenir compte. Comme nous travaillons sur l’ancien français, noussommes immédiatement confronté à un problème méthodologique majeur: la langueque nous étudions n’est plus la langue d’aucun locuteur vivant.a. La reconstruction du sens.Christiane Marchello-Nizia (1985, 483–484) l’expliquetrès clairement: il faut être locuteur natif pour pouvoir dire si un énoncé possède ounon du sens ou si plusieurs énoncés ont le même sens. Pour le descripteur, seule lareconstructiondu sens est envisageable, laquelle peut parfois se faire simplement àl’aide des grammaires et des dictionnaires disponibles. . . et aboutit à unetraduction.L’auteur souligne qu’il ne faut jamais oublier que cette reconstruction, souvent per-fectible et parfois franchement insuffisante, est avant tout unehypothèse, qui peut êtrerenforcée ou affaiblie par des recherches ultérieures.

Nous pensons que les chartes constituent un terrain d’enquête privilégié.21 Grâceaux historiens et aux diplomatistes, notamment, nous sommes à même de cerner l’en-jeu pragmatique des textes, et leur mise en série confirme généralement les hypothèsesque nous pouvons formuler concernant leur sens.b. Stabilité de la description morphologique.Pour l’ancien français en général, ilsemble que nous puissions compter sur une série d’hypothèses stables. Ainsi, on admetgénéralement que la morphologie de l’ancien français est relativement bien décrite etconsensuelle:

«[L]a morphologie du nom et celle du verbe (qui englobent l’ensemble des prédéterminantsdu substantif et des pronoms) configurent un domaine privilégié où le descripteur se sent àl’aise. Il n’encourt là aucun risque de commettre des anachronismes. L’identification, l’ana-lyse des morphèmes, leur attribution à tel ou tel dialecte requièrent des compétences éten-dues mais qui excluent, à ce niveau, une interprétation de rendement expressif de ces traits.Il n’est donc pas surprenant que la morphologie soit la partie la plus solide de la ‹grammaire›de l’ancien français.» (Wagner 1974, 56).

Même s’il faut relativiser cette prétendue absence de risque,22 les grammairiens etlinguistes de l’ancien français mettent à notre disposition un système «qui marche»,et qui est basé sur la compréhension. C’est parce que nous comprenons les phrases

«Et nos, maireet eskeviens devant dit, par jugement, si ke droiset lois [17] porte,afaitamescesthyretage a la maison del Vauz Saint Lambert» (Document 1270–03–24, 16).

«me sires Wilhamesafaiterat a le glise totes ces choses devant dittes» (Document1278–08–01, 10).

«Et la afaitat [4] et werpit et quittat chi Libiers desur_dis a me dame l’abbesse et a frere

21 On nepeut pas en dire autant de l’ensemble des textes en ancien français (Wagner 1974, 70).22 Jean-Pierre Chambon 2003 a ainsi pu proposer une révision de la description morphologique

de la flexion substantivale en l’ancien occitan allant dans le sens d’une très importante simpli-fication. Il conclut par ailleurs son étude en disant: «Il est connu que la flexion substantivaleen ancien occitan diffère peu de ce qu’on observe en ancien français et en ancien provençal.On peut donc s’attendre à ce que ce type d’analyse que nous avons préconisé ci-dessus puisseconvenir aux deux autres langues médiévales de la Galloromania [. . .]».

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Lambier, a owés d’eas et de_lur maison desur ditte, tos les alués qu’ilh[5] tenoitet avoit ensel choir et ens elle vilhe d’Oire» (Document 1280–07–20, 3).

que nous pouvons comparerafaitames,afaiteratet afaitat et y déceler: 1/ d’une partun radical verbalafait-, portant le sens «lexical» du verbe; 2/ d’autre part la série dedésinences-ames,-erat, -at, qui expriment des catégories grammaticales et peuventse retrouver à la suite du radical de tous les verbes qui ont un infinitif en-er.Le lecteur comprenant ces extraits est à même de compartimenter le sens, d’identifierles segments qui le véhiculent, et d’arriver à la conclusion que certains mots sontanalysables en segments exprimant des types de sens différents: le radical portant unsens «lexical», la désinence exprimant des catégories.

Nous verrons que cette analyse des catégories grammaticales se révèle utile pourclasser les mots en fonction de leur potentiel morphologique (→3.3).

3.1.3.3 Juger et prévoir la structure

Malheureusement, cette simple interprétation ne suffit pas à aboutir à une descriptiondes relations qui construisent les énoncés. Or, pour décrire synchroniquement un sys-tème linguistique, il faut pouvoir poser, au moins de manière relative, des jugementsd’acceptabilité.a. Rôle opératoire de la paraphrase.Le descripteur ne peut faire appel à sa proprecompétence pour valider ses analyses. Robert-Léon Wagner (1974, 70) résume demanière efficace le problème:

«Faute d’intuition, quel moderne s’aventurerait dans les démarches que les générativistesont mises au point? Ces va-et-vient de l’admis, du toléré à l’impossible d’où se dégagentpeu à peu les conditions latentes qui assurent l’intelligibilité d’un syntagme et font varier lesniveaux de grammaticalité? À chaque instant l’étude de l’ancien français conduit à mesurerl’écart de la connaissance à la puissance comme les limites de la connaissance elle-même.»

On ne peut donc évaluer intuitivement la grammaticalité des constructions, ce quicomplique la description morphosyntaxique. Faut-il pour autant baisser les bras? Non,si l’on en croit Christiane Marchello-Nizia. Pour résoudre le problème, elle préconiseune démarche qui prend appui sur la paraphrase et la compréhension (1985, 488, ita-liques dans le texte):

«c’est le recours aux énoncés paraphrastiques qui compense, en quelque sorte, l’absencede locuteur témoin. Ainsi, lorsqu’une règle proposée produit, entre autres, un énoncé qu’onne trouve jamais attesté, l’on ne dispose d’aucun critère, de personne, pour juger de sonacceptabilité:a priori, ce n’est pas parce qu’une phrase ne se trouve pas dans les textes quinous sont parvenus qu’elle n’existait pas ou qu’elle était impossible. Mais l’on peut fairele raisonnement suivant: l’on ne peut certesprouverque l’énoncé en question n’appartientpas à l’état de langue dont on veut faire la grammaire – l’absence d’un énoncé ne fait paspreuve; mais si l’on constate qu’un autre énoncéqui le paraphraseest, lui, attesté, on peutfaire l’hypothèse que le premier énoncé était agrammatical.»

La paraphrase met en effet en évidence des faits de figement et des blocages transfor-mationnels liés à certaines formules ou à certaines unités du lexique.23

23 Voir Marchello-Nizia1985, 488–490.

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b. Évaluer les commutations.En cequi nous concerne, nous aurons surtout besoinde valider des commutations. La paraphrase est particulièrement efficace pour éva-luer le figement et les combinaisons de mots. Elle peut également servir à évaluer lescommutations, quoique de manière un peu différente.

Comment procéder concrètement? Raisonnons à partir d’un exemple. Nous dé-finirons plus loin (→3.4.2.2) deux fonctions «régimes», distinguées par la forme dupronom (leou li) avec laquelle commutent les constituants immédiats de la proposi-tion. Imaginons que nous posions que les formes soulignées dans les phrases suivantescommutent toutes avecle (sans tenir compte des contraintes de position), ce qui lesrangerait dans la classe des régimes du premier type:24

«reportarent el main nostre [6] maior, en tesmong de nos eskeviens,l’yretagedeseurnomeittot entierement»(Document 1268–03–10, 5).

«[. . .] Johans [. . .] ki astoitvenuza sesjors aprésla mort [3] de sonpere [= avait atteint samajorité. ..], vient par devant moi [. . .]» (Document 1270–11–26, 2).

«[. . .] ne molesterons mon[12] signorHumbier Corbea, chevalier desoir dit [. . .]» (Document1287–09–08, 11).

«[. . .] ne molesteronsmon [12] signorHumbierCorbea,chevalierdesoirdit [. . .]» (Document1287–09–08, 11).

Pourchacune de ces quatre commutations, nous posons deux hypothèses: première-ment, la substitution d’une forme à l’autre ne modifie pas le sens du contexte (ausens linguistique du terme) et les énoncés se traduiront de la même manière, sauf àl’endroit de la commutation; deuxièmement, l’énoncé obtenu après commutation estacceptable. Si l’une de ces deux conditions n’est pas remplie, on peut dire que lacommutation n’est pas valable. Il y a dès lors trois cas envisageables: 1/ les commu-tations postulées sont confortées par des attestations; 2/ les commutations ne sont pasattestées et sont incompatibles avec le sens ou avec le reste du système décrit; 3/ lescommutations ne sont pas attestées et paraissent compatibles avec le sens et avec lereste du système.

La seule chose qui puisse valider une commutation est de rencontrer dans le corpus(ou dans un corpus proche) un contexte qui montre qu’elle est probable; par exemple,la première commutation est validée par l’existence de

«Et cis [17] dans Anthones desor dis entre Sainte Marieet Saint Lambert a Liegele reportaten mesmaens [. . .]» (Document 1270–11–26, 16).

L’extrait montre qu’il est possible d’avoirle comme régime du verbereporter. Néan-moins, comme les commutations impliquent l’axe paradigmatique (les unités ne sontdonc pas présentes), la démonstration ne peut aboutir à une preuve: on constate sim-plement que, dans l’entourage du même verbe et sans en changer le sens, on peutrencontrerle à la place del’yretage. . . pour désigner le patient.

Il est également envisageable d’invalider certaines hypothèses de commutation. Latraduction le permet parfois. Par exemple, la reconstruction oùle est censé commuteravecvenuz a ses jors aprés la mort de son pere,

24 Que nousnoterons R2 (et non R1) plus loin.

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*Johans, [. . .] kil’astoit, vient par devant moi.

déstructure lescatégories de temps et d’aspect véhiculées par le verbe. Le sens deastoit change: avec le pronom, le procès est statif et le verbe dénote un état; avecle participe passé et son complément, le procès est dynamique et le verbe dénote unchangement d’état. Si la commutation proposée ne fait pas que modifier le sens de cequi est remplacé et altère profondément la valeur du contexte, on peut raisonnablementla rejeter.

Pareillement, nous écarterons toute commutation rendant l’énoncé ininterprétable,comme celle qui remplacenepar le et aboutit à:

** le molesterons mon signor Humbier Corbea.

En dehorsde ces cas, on ne peut pas prouver qu’une commutation est possible.Ainsi, l’hypothèse de commutation demon signor. . . avec le dans l’entourage demolesterci-dessus ne peut pas être confortée par d’autres attestations du verbe dansle corpus (où il s’agit d’un hapax), mais ne semble pas poser de problème au pointde vue du sens et de la conformité avec le reste du système. Il faut alors l’admettreprovisoirement (pour éventuellement la rejeter plus tard): sans cette souplesse, aucunedescription ne serait possible.

3.1.3.4 Relativité des modèles

Le modèle qui sera présenté dans les pages qui suivent a été construit sur des basesempiriques: nous avons fait correspondre les concepts aux données par le biais d’unaller-retour permanent entre la théorisation et les faits. En conséquence, la démarchen’a été ni hypothético-déductive, ni complètement inductive: la stabilité relative desthéories n’a été atteinte que par une dialectique de tous instants, que nous ne pourronsprésenter dans les moindres détails, mais dont nous donnerons le résultat.

Le modèle défini est ainsi limité par le corpus, qui circonscrit les faits observés,et l’on se gardera donc de le généraliser aveuglément à d’autres variétés de l’ancienfrançais, fussent-elles de la même époque.

Par ailleurs, l’analyse étant fondée sur l’hypothèse que nous comprenons les do-cuments, il est possible que l’amélioration de la compréhension mène à réviser lesfondements du modèle proposé ou certaines de ses parties. Il est en effet toujourspossible de mieux comprendre les textes.

Enfin, la modélisation est également limitée par des contraintes pratiques: il nenous a pas paru envisageable, vu les milliers d’unités et de relations impliquées dansle corpus, de justifier toutes les analyses, par exemple en recherchant les commutationsattestées et en les dénombrant, ou en évaluant la probabilité qu’une commutation nonattestée soit correcte.25

En fin de compte, puisque le corpus peut s’ouvrir et que les analyses sont perfec-tibles, il est possible que le modèle qui en découle évolue ou soit même radicalementrévisé. De ce fait, nous avons décidé de toujours privilégier l’hypothèse la plus simpleen cas de doute.

25 L’ensembledes analyses fournies dans la sectionAnalyses syntaxiquesdes annexes devraitfournir une base solide à une entreprise de ce type.

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3.2 Morphologie et syntaxe

Sachant àprésent sur quelles unités nous allons travailler et les difficultés que nousallons rencontrer, nous voudrions expliquersous quel angleil est possible d’analy-ser les unités. Nous délimiterons ici les domaines respectifs de la morphologie et dela syntaxe. Cette dernière sera envisagée comme un système derelations entre lesconstituants (→3.2.1), alors que la morphologie sera considérée comme relevant duplan de l’expression (→3.2.2). Nous verrons enfin que les constituants peuvent êtredes groupes de mots, des mots isolés ou des morphèmes, ce qui nous a amené à dis-tinguer plusieurs «niveaux» dans la syntaxe (→3.2.3).

3.2.1 La syntaxe comme un système de relations

Définir la notion recouverte par le termesyntaxen’est pas chose aisée: comme tous lesconcepts héritiers d’une longue tradition en linguistique et comme la linguistique elle-même, la définition du concept de syntaxe est loin d’être complètement consensuelle.L’acception que reçoit le terme doit être précisée. En l’occurrence, la syntaxe est vueici comme un système de relations fondées sur le concept de dépendance (→3.2.1.1).La caractérisation des relations entre constituants se fait sur la base de la «relationminimale» posée par Alain Lemaréchal (→3.2.1.2).

3.2.1.1 Un système de dépendances

Qu’on compare les approches différentes de Louis Hjelmslev (1968), Lucien Tesnière(1965), André Martinet (1979) ou de Claude Hagège (1999), on sera frappé par unprésupposé commun: la syntaxe est élaborée à partir d’éléments irréductibles, quiprennent la forme de structures ou de relations.

L’inventaire des fonctions possibles entre deux unités de la langue que donneLouis Hjelmslev est sans doute le plus général d’un point de vue épistémolo-gique. Il systématise ces fonctions en trois types (1968, ch. 11): ladétermination,l’interdépendanceet la constellation. La taxinomie des fonctions est établie sur labase du critère exclusif de la condition d’existence des unités mises en rapport (entermes hjelmsléviens, desfonctifsqui contractentla fonction). Les unités peuvent eneffet être de deux types: soit elles sont la condition nécessaire d’occurrence d’uneautre unité, et dans ce cas on les nommeconstantes(c), soit elles ne le sont pas, etelles sont nomméesvariables(v). Ces définitions impliquent qu’une unité ne se défi-nit que par son comportement vis-à-vis d’autres unités. En vertu de cette distinction,les fonctions sont définies comme suit:

– une détermination met en rapport une variable et une constante;– une interdépendance met en rapport deux constantes;– une constellation met en rapport deux variables.

Ces fonctions interviennent tant sur le plan paradigmatique (unités en absence, quientretiennent des rapports désignés sous le nom générique decorrélations) que sur leplan syntagmatique (unités en présence, qui entretiennent des rapports désignés sousle nom générique derelations). Sur ce dernier plan, les relations sont:

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– lasélection, qui est une détermination;– lasolidarité, une interdépendance;– lacombinaison, une constellation.

Par exemple, pour un héritier de Louis Hjelmslev comme Knud Togeby (1965, 74),il y a solidarité entre une «conjonction de subordination» et une «subordonnée» enfrançais moderne: la présence simultanée des deux constantes est la condition de lasubordination.

Telle qu’elle est conçue par Lucien Tesnière (1965, ch. 2 et 3) dans sesÉlémentsde syntaxe structurale, la syntaxede dépendanceaffirme que «[l]’ensemble des motsd’une phrase constitue [. . .] une véritable hiérarchie» (ch. 2, §5), où certains mots, ditsrégissantscommandent un ou plusieurssubordonnés. Ensemble, régissant et subor-donné forment unnœud. L’auteur précise:

«[T]out subordonné suit le sort de son régissant. Soit par exemple la phrase:mon vieil amichante cette jolie chanson[. . .], si j’en renverse les éléments pour dire:cette jolie chansoncharme mon vieil ami[. . .], le substantifami, en passant de la fonction de sujet à celle decomplément d’objet, entraîne avec lui les adjectifsmonet vieil qui dépendent de lui.» (ch 3,§4, italiques en grasses dans le texte).

Cette remarque exprime le principe de dépendance, que Lucien Tesnière ne définitpas, mais que Paul Garde formule ainsi:

«[T]oute relation syntaxique (entre morphèmes dans le mot, entre mots dans la phrase) s’éta-blit entre deux termes dont l’un, subordonné, dépend de l’autre, principal. Le terme principal(s’il s’agit de mots, le mot principal) est celui qui contient l’information [160] sur les rapportssyntaxiques entre l’ensemble constitué par le principal et son subordonné et l’environnementde cet ensemble.» (Garde 1981, 159–160).

Termes principal et subordonné s’unissent pour, selon les termes de Lucien Tesnière,former unnœud. Le plus important des nœuds est appelénœud des nœudset com-mande tous les subordonnés, ce qui le place «au centre de la phrase, dont il assurel’unité structurale en en nouant les divers éléments en un seul faisceau. Il s’identifieavec la phrase.» (ch. 3, §15). La relation qui unit un régissant à ses subordonnés estdite relation deconnexion(ch. 1); c’est cette relation de dépendance qui permet à laphrase d’exister en tant que telle, puisque toute la hiérarchie est fondée sur elle. Com-paré à l’inventaire de Louis Hjelmslev, ce principe de dépendance est transposable entermes devariableet deconstante. La connexion doit dès lors être comprise commeune relation entre deux termes et l’on peut la qualifier desélection, allant du mot régiau mot régissant.

Dans saGrammaire fonctionnelle du français, André Martinet exprime cetteconception:

«On peut également exprimer le rapport entre un élément, le noyau, conditionnant l’appa-rition d’un autre, le déterminant, en disant que le déterminant est uneexpansiondu noyau.Lorsqu’on désire seulement marquer le rapport de dépendance, on peut parler du noyau et desessatellites.» (1979, 10, italiques en gras dans le texte).

On reconnaît, exprimées dans un cadre formel moins sophistiqué, les mêmes idéesque celles de Louis Hjelmslev: il y a des constituants (lesnoyaux) qui sont la condi-

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syntaxe@règles dedépendance et de coocurrence des unités en présence

FIG. 3.7 – Concept desyntaxe

tion nécessaire à l’existence d’autres constituants (lessatellites), dans un rapport fortproche de celui existant entre variables et constantes hjelmsléviennes.

La classification que Claude Hagège donne dansLa structure des langues, fondéesur une induction à partir des structures observées dans de nombreuses langues dumonde, est également d’ordre très général:

«Il n’existe quetrois relationspossibles, universellement, au sein de l’énoncé: laprédica-tion, la détermination(et ses cas particuliers, la subordination et la complémentation), lacoordination[. . . ]» (Hagège 1999, 34).

Claude Hagège ne donne cependant pas de définition explicite de chacune de cesfonctions — on aurait aimé que sa synthèse comprenne une définition rigoureuse dela notion dedétermination. Néanmoins, nous avancerons (sans toutefois pouvoir enêtre tout à fait certain) que ce qu’il nommeprédication, condition d’existence de laphrase-énoncé, met en relation de dépendance réciproque les termes qui la contractent(fonction de solidarité chez Hjelmslev), alors que la détermination correspond à unesélection et la coordination à une combinaison.

Nous ne pensons pas trahir la pensée de ces auteurs en affirmant que la syntaxe estgénéralement conçue comme un monde de relations hiérarchisées entre les unitésenprésence, où la hiérarchie se traduit par le fait que l’apparition de certains segments estconditionnée par celle d’autres segments dont on peut dire que les premiersdépendent(schématiquement: figure 3.7). Dans la mesure où seules les unités en présence sontabordées, limiter le domaine de la syntaxe à celui des dépendances26 des segmentsles uns par rapport aux autres permet de la distinguer clairement de la morphologie(→3.2.2), mais aussi d’évacuer de sa description toute considération sémantique. Parexemple, en français moderne, la «préposition»à est syntaxiquement définie par lefait qu’elle dépend d’une autre unité. De même, on peut dire sans risque de se tromperque le «sujet» et le «prédicat» dépendent l’un de l’autre, en ce sens que la relation quiles lie, la prédication, est la condition d’existence de la phrase-énoncé.

3.2.1.2 Relation minimale

En ancien français, la question de la dépendance ne s’aborde pas aussi facilement(→3.1.3.3) et il faut limiter l’interprétation. On peut, pour ce faire, tirer parti de la«relation minimale», telle qu’elle a été définie par Alain Lemaréchal (1997, 3): unerelation «dont le signifiant est la simple coocurrence et le signifié un simple ‹il y ade la relation›». Cette relation, qui joue à la fois sur le plan sémantique et sur le plansyntaxique, est, nous dit l’auteur, repérable à l’aide de marques intégratives:

«Comment cela peut-il fonctionner? La première condition est qu’il y ait une indicationdes frontières aussi bien du segment englobant que des segments englobés, ce qui relèvedes marques démarcatives/intégratives déjà rencontrées. Il est indispensable qu’il y ait des

26 Nous incluonségalement dans ce terme le sens d’interdépendancede la glossématique.

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instructions indiquant où finit et commence un mot, un syntagme, etc.; ducoup, on voitque la syntaxe ne peut faire l’impasse sur des questions d’accent, d’harmonie vocalique (etconsonantique), de sandhi, de tempo, de registre de hauteur, etc., tous phénomènes qui ont,de ce fait, les caractéristiques du signe, et constituent de véritables marques; de même queles questions d’ordre des mots, fixe ou non, etc.» (Lemaréchal 1997, 103).

Cette théorie nous séduit beaucoup, et nous la ferons nôtre au prix de modifications mi-neures. Tout d’abord, nous préféreronsconstituantàsegment, terme qui sous-entend lacontinuité des éléments qui le composent – ce qui n’est pas nécessairement le cas. En-suite, ce qui est certainement beaucoup plus important, lemediumemployé dans noschartes (voir ch.→2) n’est pas adéquat à l’expression de phénomènes prosodiques.Nous limiterons en conséquence les marques intégratives à l’indice donné par le faitque les constituants fonctionnent ensemble dans un constituant plus large, ce qui nousoblige à faire appel au sens.

Pratiquement, nous commencerons par constater, sur la base de critères séman-tiques,27 que certains mots fonctionnent ensemble. Par exemple, dans

«[. . .] damoiselle Sybille, filhe mon saingnor Leone [. . .], vint pardevant[3] nos et pardevantles hommes de le Chiese Deu» (Document 1260–02–03, 2).

damoiselle Sybille, filhe mon saingnor Leoneexprime l’agent du procès ‘venir’. Il ya une relation entre les contenus des constituants et il est raisonnable de dire que,puisque cette relation sémantique existe, il y a là une relation syntaxique potentielle.Il est tout aussi plausible de se baser sur cette relation pour dire que chacun des motsdu constituant qui exprime l’agent entretient une relation à un niveau d’intégrationinférieur à celle qui le relie au procès. Mais de ces relations syntaxiques, on ne peutencore rien dire d’autre à ce stade. Il faut donc permettre au descripteur d’indiquerqu’il existe une relation entre les motssans statuer sur le statut hiérarchique réci-proque de ces mots. Au bout du compte, la syntaxe est définissable comme l’ensembledes relations de dépendance qui existent entre les constituants, mais il n’est pas néces-saire de qualifier letypede dépendance pour affirmer qu’il y adépendance.

Face à une structure qu’on peut analyser en constituants immédiats, au sens tra-ditionnel,28 sans postuler de hiérarchiea priori, nous pouvons dire, en suivant AlainLemaréchal, que la structure est formée de ses constituants immédiats et d’une rela-tion minimale qui les lie; ce qui peut être représenté comme dans la figure 3.8.29 Celanous permet de formaliser le concept deconstituant immédiat(désormais CI, figure3.9) et, réciproquement, celui derelation (figure 3.10).

27 Voir→3.4.2.1pour les principes suivis au niveau de l’organisation des constituants autour duverbe (syntaxe argumentale,→3.2.3.1). Le niveau de la construction des syntagmes (qu’ondira immédiat,→3.2.3.1) est singulièrement plus compliqué (→3.4.7.3 et→3.4.7.4).

28 C’est-à-dire celui proposé par Leonard Bloomfield (1970, 153), que Henry-Allan Gleason(1969, 109) formule de manière limpide: «Unconstituant immédiat(abréviation courante C.I.) est un des deux (ou plus de deux) constituants qui forment directement une constructiondonnée.»

29 Cette schématisation correspond à celle qu’en fait Alain Lemaréchal (1997, 126); nous nenous sommes permis que des modifications d’ordre esthétique.

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[constituant immédiat] [constituant immédiat]relation

FIG. 3.8– Représentation de la relation minimale

constituant immédiat (CI)@unité linguistique en présence@contenue dans une structure plus large qu’il sert à construire directement@contractant une relation avec un autre CI de même niveau

FIG. 3.9 – Concept deconstituant immédiat

relation@dépendance ou coocurrence à l’intérieur d’une structure englobante@implique au moins deux constituants immédiats

FIG. 3.10 – Concept derelation

3.2.2 La morphologie et le système de marques

Nous voyons donc la syntaxe comme un système de dépendances et de coocurrencesentre constituants. La question qui se pose dès lors est de savoir comment ces re-lations sont exprimées. L’opposition saussurienne entreexpressionet contenudis-tingue la syntaxe de la morphologie, relégant cette dernière au domaine des marques(→3.2.2.1). Mises en rapport avec la relation minimale, les marques lui apportent unsurcroît d’information, qu’Alain Lemaréchal nommespécification(→3.2.2.2).

3.2.2.1 Expression et contenu

Depuis ses débuts en tant que science30 autonome, la linguistique distingue les plansdu contenu et de l’expression. Le signe saussurien en est la première application ex-plicite (Saussure 1967, 97 sqq.). La reformulation de Louis Hjelmslev (1968, ch. 13)formalise ensuite la distinction: il est à présent fort commun de dire qu’il faut éviter deconfondre le plan de l’expression et le plan du contenu (qui ne peut être atteint que demanière médiate). On n’aura donc aucune peine à bien distinguer les deux plans fon-damentaux: celui du contenu et celui de l’expression de ce contenu. Dans ce secondplan, on trouve par conséquent toutes les marques qui servent à exprimer un contenusyntaxique. Ces marques ne sont ainsi pas des relations (des faits de syntaxe), maisun des moyens de les projeter sur le plan de l’expression. Dans le cadre du syntagmeverbal, Gilbert Lazard (1994, 1) énumère ces marques:31

«Les relations entre le verbe et les termes nominaux sont indiquées par plusieurs procé-dés, souvent employés simultanément. Les uns sont des morphèmes relateurs, ordinairementaffixés au nom ou situés dans leur voisinage. D’autres, indices actanciels généralement inté-grés à la forme verbale, sont en coréférence avec certains termes nominaux. En outre, dans

30 Ou «proto-science» dirait Gilles-Gaston Granger, cf. Lazard 1999a, 68.31 Voir aussi Lemaréchal 1997, 123.

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beaucoup de langues l’ordre des termes joue un rôle fondamental. Certainesconnaissent desformes plus ou moins poussées de coalescence entre terme nominal et verbe.»

Les marques d’expression sont au moins de trois ordres: morphologique (flexion, em-ploi d’adpositions, phénomène d’accord et de rection), séquentiel (ordre des consti-tuants) et lexical (phénomènes de figement, qui impliquent une modification des pro-priétés transformationnelles32). À cela, on ajoutera l’intonation, qui sert également àexprimer les relations, mais aussi l’intégration du constituant à une construction pluslarge (Lemaréchal 1997, notamment 123). Il n’y a bien entendu aucune raison que cestypes de procédés soient employés exclusivement pour marquer les relations entre lenoyau verbal et les termes nominaux. Dès lors, traiter les marques d’expression seg-mentales et leur contenu sans les distinguer nettement est d’autant plus absurde queces procédés segmentaux sont en concurrence, ou plutôt ensuperposition, avec lesautres procédés.33

3.2.2.2 Marques et spécification

Les relations syntaxiques sont donc exprimées par des marques. Voyons comment cesdernières s’articulent autour de la relation minimale.

Si l’on reprend les vues qu’Alain Lemaréchal a exposées dansZéro(s)(1997), lesmarques sont des contraintes qui s’ajoutent à la relation minimale pour laspécifier,c’est-à-dire en préciser la valeur sémantique;34 par exemple, dans:

«li abbesse[4] et li covens [. . .] ont doneit a trecensaJa-[5]-kemin le Rotial [. . .] .» (Document1260–02–21b, 3).

la marque segmentale facultativea spécifie la relation entreont doneitet Jakeminetfait de ce dernier le bénéficiaire.35

Selon Alain Lemaréchal, les marques sont hiérarchisées (122–123): en particulier,il considère que les marques intégratives ou démarcatives sont toujours présentes etque les marques séquentielles et catégorielles s’y superposent. Dans cette vision deschoses, les marques segmentales viennent se greffer, en dernier lieu, aux marquescatégorielles. Ce qui importe surtout, c’est que ce sont les marques intégratives quirévèlent la relation minimale et que les autres types de marques ne font que s’y ajouter.La spécification est une surimpression des marques.

La préexistence de la relation minimale suppose que toute contrainte supplémen-taire se superpose à ce «bruit de fond cosmologique» (Lemaréchal 1997, 107). Parconséquent, celui qui repère une spécification repère forcément une relation minimaledu même coup. On peut ainsi relativiser ce qui a été dit plus haut (→3.2.1.2): il n’y apas que la sémantique qui permette de repérer une relation minimale. On peut se servir

32 Voir notammentGross 1996, 12–13.33 Voir Lemaréchal 1983, où l’auteur montre que c’est la superposition de ces marques qui

permet de lever l’ambiguïté posée par les marques segmentales «homonymes».34 Cf. Lemaréchal 1997, en particulier 107–114.35 Nous étudions le phénomène ci-dessous (→3.4.4.2).

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[constituant][

[

mot spécifiant]

restedu constituant]

relation

spécification

FIG. 3.11– Représentation de la spécification

[ont doneit][

[a] Jakemin. . .]

FIG. 3.12 – Structure deontdoneit a Jakemin. . .

fonctions syntaxiques@au moins un terme est un constituant

relation@les termes sont des constituants

spécification@un termeest une relation

FIG. 3.13 – Types de fonctions syntaxiques suivant les termes reliés

descatégories véhiculées par les segments (phénomènes d’accord) pour la mettre enévidence.36

Lorsqu’elle est segmentale, nous représenterons la spécification par une flèchegrisée pointant non vers un constituant, mais vers une relation (figure 3.11). Dansnotre exemple, la relation est spécifiée para, qui reste un constituant dea Jakemin(→3.4.6.3), comme représenté dans la figure 3.12.

Ce que le schéma montre bien, c’est que le mota, qui spécifie la complémentation,n’a de valeur qu’en présence de cette dernière. La spécification est ainsi une fonctionseconde, contractée par un constituant (si la marque est segmentale) et une autre fonc-tion. Il serait utile de réserver le termerelationaux fonctionspremières, qui relient parcontre deux constituants. On schématisera cela par la figure 3.13.

3.2.2.3 Des marques qui n’expriment pas que des relations

D’autre part, l’analyse est légèrement compliquée par le fait que les marques, lors-qu’elles sont segmentales, «indiquent non seulement les relations entre les mots, maisaussi les catégories grammaticales et les types énonciatifs» (Feuillet 1988, 72). Laphrase

«li veskeset li cuens i [= à la charte] ont pendut lors sayaus.» (Document 1236–12–15, 12).

est analysable facilement grâce aux désinences casuelles, qui indiquent en mêmetemps la catégorie du nombre. En termes traditionnels,li veskeset li cuenssont tous

36 Dans lescas de discontinuité, cela est même fondamental. Les langues comme le latin oule sanscrit ne requièrent pas la continuité des constituants du syntagme: pour y retrouver lesrelations minimales, on est obligé de passer par une analyse des marques synthétiques (doncsegmentales).

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deux des «sujets» au singulier, alors quelors sayausest un «complément d’objet di-rect» au pluriel.

On sait qu’en ancien français, la présence d’un-s à la fin d’un «nom» masculinindique conjointement son nombre (catégorie) et la relation qu’il entretient avec lesautres unités (ici, le verbe).

L’amalgame des marqueurs segmentaux fusionne indications de relations et decatégories et oblige à posermarqué + marqueurs morphologiquescomme analyse dumot, puis à distinguer les marques en fonction du type de contenu qu’elles véhiculent(catégories ou relations).

3.2.3 Niveaux d’analyse syntaxique

Intuitivement, on voit bien que toutes les relations de dépendance ne sont pas du mêmeordre: certaines relations semblent fondamentales et permettent à l’énoncé d’exister,d’autres jouent à un niveau inférieur. Nous verrons tout d’abord comment Gilbert La-zard présente cette distinction entre les niveaux d’analyse syntaxique sous la formed’une tripartition (→3.2.3.1). Nous mettrons ensuite la question des marques en rap-port avec cette division en trois niveaux (→3.2.3.2).

3.2.3.1 Tripartition de la syntaxe selon Gilbert Lazard

Les dépendances ne jouent pas toutes au même niveau. Dans un article nomméLadistinction entre nom et verbe en morphologie et en syntaxe(1984), Gilbert Lazarddisait:

«On peut donc se représenter la morphosyntaxe comme un continuum dont l’une des ex-trémités couvre les séquences les plus courtes, l’autre, disons, la proposition bien entendu,cette dernière limite est arbitraire: on peut considérer des séquences plus longues, phrasecomplexe et même ensembles supérieurs à la phrase, mais ce n’est pas nécessaire pour notrepropos. Par définition, ce continuum ne se divise pas en parties bien distinctes. Il est cepen-dant pratiquement nécessaire d’y définir approximativement des zones. Il est commode d’endistinguer trois:1) la morphologie: ce terme entendu ici dans son sens traditionnel, comme l’étude des unitéset de leurs combinaisons à l’intérieur du ‹mot›; ce dernier terme est lui-même bien difficileà définir précisément, mais il représente dans beaucoup de langues une réalité indéniable,même si ses contours restent un peu flous;2) la syntaxe ‹immédiate›: c’est celle du syntagme, au sens ordinaire du terme, c’est-à-direcelle qui étudie les combinaisons du mot avec ses satellites;3) la syntaxe de proposition ou ‹phrastique›: elle décrit la nature et les rapports du prédicatet des actants (et des circonstants).»

Cette partition délimite les domaines respectifs d’une syntaxe ditede mot(que GilbertLazard nomme, non sans une inévitable ambiguïté,morphologie), une syntaxeimmé-diateet une syntaxede phrase, que nous préférons direargumentale.37 La premièreconcerne les relations entre les formants des mots, la deuxième celles entre les consti-tuants immédiats du syntagme, la troisième les relations entre les constituants im-médiats des propositions.38 Cette dernière est fondamentale, puisqu’elle permet l’ex-

37 Voir la distinction entrephraseeténoncé(→3.4.1.2).38 Voir →3.4.2 sur la distinction entrephrase-énoncéetproposition.

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syntaxe@règles dedépendance et de cooccurrencedes unités en présence

s. de mot@entre les CIdu mot

s. immédiate@entre lesCIdu syntagme

s. argumentale@entre lesCI dela proposition

FIG. 3.14 – Types desyntaxe

pression d’un procès et de ses participants au travers du prédicat et de ses arguments;elle fonde l’énoncé, lui pourvoyant simultanément les caractères@unité linguistiquecomplèteet@transmet un message.

Adoptant cette tripartition, nous pensons que le concept desyntaxeque nous avonsdéfini plus haut doit être subdivisé (figure 3.14). De cette façon, la formation dedroi-ture (Document 1236–07, 7) outresfons(Document 1236–07, 3) par affixation d’unebase est un fait relevant de la syntaxe de mot, alors que la combinaison de ces unitésavec un mot commelor est un fait de syntaxe immédiate:

«[N]os aiderons le vesqueet l’eglise de lor droitures a maintenir [. . .]» (Document1242–05–02, 10).

Les relations qui unissentnos et le vesqueà aideronsrelèvent quant à elles de lasyntaxe argumentale.

3.2.3.2 Des marques à tous les niveaux

Considérons exclusivement les marques de relations: si la partition de la syntaxe entrois zones est légitime, la langue doit fournir les moyens d’exprimer les relations dansces trois zones. Nous nous attendons donc à trouver des marques: 1/ qui explicitentla formation des mots; 2/ qui indiquent les relations immédiates; 3/ qui indiquent lesrelations argumentales.a. Syntaxes argumentale et immédiate.Le fait qu’une unité soit accordée à une autrepeut relever de la syntaxe immédiate, – comme c’est le cas danslors sayausci-dessus–, ou de la syntaxe argumentale – comme dansnos aiderons. . .dans l’exemple abordé.Toute marque est susceptible de jouer simultanément à ces deux niveaux de syntaxe.Il faudra donc être attentif à ces superpositions. Ainsi, dans la phrase suivante,

«[N]os volons ke ces choses soient estaules [. . .]» (Document 1242–05–02, 18).

la marque du pluriel présente danschosesest impliquée dans la relation immédiate quilie ce mot àceset contribue également à exprimer la relation (de syntaxe phrastique)qui existe entrechoseset soient: le fait que ces deux mots s’accordent indique qu’ilsfonctionnent ensemble.b. Syntaxe de mot.Au niveau de la syntaxe de mot, le phénomène est différent.Comme c’est le cas pour le français moderne (Soutet 1998, 5), il nous semble qu’enancien français, les constituants du mot n’entretiennent de relation syntaxique directequ’avec le reste du mot qu’ils servent à former. En conséquence, la seule cooccurrenced’une base (ou d’un radical, ou d’un thème) avec une désinence qui lui est compatible

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suffit à marquer la relation syntaxique qui les unit pour former le mot. On ne trouveà ce niveau que des relations minimales. Cette désinence marque parfois d’autres re-lations syntaxiques quele mot entierentretient avec d’autres constituants, mais cesconsidérations ne relèvent plus des procédés de combinaison des constituants: si onévalue une marque du point de vue de sa valeur, on cesse de la voir comme un consti-tuant.

Ainsi, dans l’exemple ci-dessus, la marque segmentale-s à la fin dechosesen-tretient une relation avecchose(syntaxe de mot), mais à ce niveau, elle ne fait quefonctionner avec le reste du mot, rien de plus.

3.3 Parties du discours

La section précédente a montré qu’il était possible de séparer d’un côté, les considé-rations sur la construction des mots et la manière dont les marqueurs véhiculent lescatégories qui leur sont inhérentes; de l’autre, la manière dont les mots entrent en re-lation sur l’axe syntagmatique, ainsi que les moyens formels employés pour marquerces relations. Nous considérerons comme résolues les difficultés posées par le fait queles marqueurs fonctionnent à ces deux niveaux et décrirons ici la manière dont nousconcevons la construction du mot.

De l’avis de Jack Feuillet,39 la littérature sur les «parties du discours» est abon-dante et les tentatives de définition sont dans l’ensemble toujours inabouties, si bienque l’on songerait à abandonner un concept aussi flou, qui amalgame des considéra-tions morphosyntaxiques et sémantiques sans réellement les distinguer nettement: ons’échine tant bien que mal à classer des mots. Les critiques ainsi adressées aux prin-cipaux essais de classement paraissent tout à fait fondées. Toutefois, bien que JackFeuillet propose de renoncer à classer les mots et de se focaliser plutôt sur les grandsconstituants,40 nous devons classer les mots avant d’entamer (→3.4) l’analyse dé-ductive: il apparaîtra ultérieurement que certains d’entre eux constituent de véritablespivots pour la description de la syntaxe immédiate et de la syntaxe argumentale.

En premier lieu, nous verrons succinctement ce qu’on peut reprocher aux dé-marches de classement qui mélangent les points de vue exposés précédemment(→3.3.1) et pourquoi un classement exclusivement syntaxique, à la base duquel ontrouve les conceptions de Lucien Tesnière, n’est pas réalisable (→3.3.2). Enfin, nousmontrerons comment nous avons tiré parti de la manière dont la syntaxe de mot et lasémantique (au niveau des catégories exprimées) s’articulent pour élaborer le classe-ment retenu (→3.3.3).

3.3.1 L’impasse de la voie traditionnelle

Si l’on se borne à suivre les critères de la grammaire traditionnelle, la définition desparties du discours se fait sur une base éclectique, qui mélange sans uniformité lescritères de points de vue hétérogènes – principalement les points de vue morphosyn-

39 Voir entreautres sa conclusion (1988, 71–75).40 C’est la position qu’il défend dans Feuillet 1983; Feuillet 1988.

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taxique et sémantico-référentiel (voir p. 53). Le fait est bien connu et l’on reprendrasimplementles observations de Jack Feuillet:

«Un des traits les plus remarquables de cette analyse est l’utilisation de critères différentspour définir les constituants: le nom est ‹le mot qui sert à désigner, à ‘nommer’ les êtresanimés et les choses [. . .], non seulement les objets, mais encore les actions, les sentiments[etc.]› (Grevisse 1969, 172), le verbe ‹est le mot qui exprime soit l’action faite ou subie parle sujet, soit l’existence ou l’état du sujet, soit l’union de l’attribut au sujet› (Grevisse 1969,533) [. . .] On a affaire ici à des définitions de type notionnel, alors que pour le pronom (quiremplace lenom), l’adjectif (qui accompagne le substantif) [etc.], on a des définitions de typefonctionnel qui se distinguent des définitions de type positionnel utilisées pour la préposition(‹placée devant› le substantif) [. . .].» (Feuillet 1988, 61, typographie modifiée).

Un tel classement ne peut servir de base à des dépouillements systématiques, parcequ’il ne permet pas de déterminer avec exactitude en quelle proportion les phénomènesobservés au niveau du verbe ou du nom, par exemple, sont comparables. De plus, d’unpoint de vue plus pratique, il laisse une grande latitude à l’intuition de l’analyste (unnom peut également exprimer une action. . .) et se révèle très difficile à mettre en œuvredans le cadre d’un balisage exhaustif. Faute de cadre rigoureusement défini, le pointde vue sémantico-référentiel mène à des résultats peu fiables.

3.3.2 L’impasse de la voie syntaxique

Il est donc essentiel de choisir un critère et de s’y tenir pour arriver à un classementconsistant. Le critère qui paraît le plus rigoureux est d’ordre syntaxique. Pour les lin-guistes qui l’adoptent, les lexèmes peuvent être classés en fonction de l’information –stockée dans le lexique – qui concerne leurs compatibilités syntaxiques (Feuillet 1988,67–68). C’est la perspective de Lucien Tesnière (1965) et, à sa suite, de Paul Garde(1981) et d’Alain en particulier Lemaréchal (1989).

Lucien Tesnière et les partisans de son modèle considèrent que les lexèmes pos-sèdent intrinsèquement des compatibilités avec d’autres lexèmes, qui leur permettentde fonctionner automatiquement avec ces derniers (principe deconnexion,→3.2.1);par exemple, un adjectif et un substantif mis en présence l’un de l’autre contracte-raient automatiquement une connexion. Cette théorie de la connexion va de pair aveccelle de latranslation, qui permet, à l’aide d’autres mots ou morphèmes que LucienTesnière nommetranslatifs, à des mots qui ne sont pas compatibles41 de contracternéanmoins une connexion.42 Il affirme que dansle livre d’Alfred, si le substantifAl-fred est capable de se connecter àlivre, c’est parce qu’il a été transféré en adjectif.43

Suivant le modèle tesniérien, Paul Garde classe ainsi les parties du discours durusse par rapport aux relations de dépendance qu’elles peuvent entretenir.44 Établir

41 Il y a «changement de nature syntaxique» (Tesnière 1965, ch. 151, §19).42 Lucien Tesnière ne limite pas la translation à un phénomène marqué par un segment. Il peut

y avoir translation sans translatif (1965, ch. 162, §1). Cela pose le problème méthodologiquedes marques ø, sur lequel on ne s’attardera pas ici.

43 Voir cependant Lemaréchal 1989, 129–138 pour une révision de cette analyse, présentéesynthétiquement p. 126 ci-dessous.

44 Voir supra(→3.2.1.1) la définition de la dépendance dans la conception de Lucien Tesnièreet de ses continuateurs.

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le classement sur ce principe implique cependant qu’on puisse toujours se prononcersur le statut des constituants (principal ou subordonné) et qu’on ait connaissance decette «information sur les rapports syntaxiques» contenue dans le principal. Or, lediscernement est loin d’être évident pour l’ancien français (→3.1.3.3).

La voie syntaxique, surtout si elle fait appel à la théorie des translations, n’est pasadéquate pour traiter le corpus préalablement à une analyse des relations. Elle supposeen effet une vue d’ensemble des rapports entre les mots en présence, vue qui n’est pasaccessible à ce stade. Nous devons donc renoncer à cette voie pour éviter la circularitédu raisonnement.

3.3.3 Catégories sémantiques grammaticalisées et syntaxe de mot

Pour disposer d’une base de travail qui serve à construire un modèle des relationssyntaxiques entre les mots sans faire appel à ces dernières, le seul moyen de procéderest de décrire les mots du point de vue de leur formation, et selon les morphèmes quiles composent.

Si l’on se résout à ne faire usage que des informations livrées par les lexèmesen dehors de toute intégration syntaxique, il faut, dans la mesure du possible, faireabstraction des contextes dans lesquels ils sont rencontrés pour se focaliser sur lecontenu sémantique de leurs formants. La description se limite ici à la manière dontcertains contenus sémantiques abstraits sont exprimés de manière systématique (c’est-à-dire les catégories grammaticales).

Nous exploiterons donc le critère morphologique. Le plus gros reproche qui pour-rait lui être fait est qu’il mène à une taxinomie qui «ne saurait prétendre à l’universa-lité»:45

«Le principemorphologique, consistant à grouper ensemble les mots ayant un même typede flexion, est incompatible avec l’universalité, puisqu’il ne peut s’appliquer aux langues quiont une flexion peu développée ou inexistante.» (Garde 1981, 158).

Néanmoins, à cet égard, quel que soit le point de référence choisi, aucun classement nepourrait être valable pour toutes les langues. André Martinet (1979, §1.12) le confesseà propos de sa tentative distributionnelle, mais cette limite pourrait également êtrevalable pour un classement syntaxique:

«Les classes de monèmes ressemblent à ce qu’on désignait traditionnellement comme les‹parties du discours›. En renonçant à ce terme, nous marquons simplement qu’il n’y a pasde parties du discours valables pour toutes les langues, et qu’il faut, pour chacune d’elles,distinguer les classes en fonction de leurs compatibilités particulières.»

La classique définitiondifférentiellede la valeur des membres du système46 rend im-possible toute tentative de classement universel. Quelle que soit l’optique choisie,seuls les critères de description peuvent revêtir un caractère général: lié au point devue morphosyntaxique, le classement en parties du discours est forcément propre à lalangue décrite – ce qui n’exclut pas que certaines langues puissent avoir des inven-taires de parties du discours assez proches.

45 Comme ledit Jack Feuillet 1988, 64, qui mentionne l’avis de Paul Garde, cité ici.46 Cf. Saussure 1967, 158–162.

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Sur les bases choisies, nous rangeons les mots en trois grandes classes dis-tinctes: celledes verbes (→3.3.3.1), celle des noms (→3.3.3.2) et celle des adverbes(→3.3.3.3).

3.3.3.1 Verbes

D’après Jack Feuillet (1988, 84), les catégories que sont le temps, le mode et l’aspectdoivent, d’un point de vue général, être considérées comme portant sur l’ensemble dela phrase-énoncé plutôt que sur un de ses constituants en particulier – dans une optiquede description déductive. Pour l’ancien français, ces catégories sont toujours morpho-logiquement rattachées à un mot qui en supporte obligatoirement les marques.47 Parcommodité, on désignera ce mot du nom deverbe.48

Par exemple, dans la phrase:

«La afaita Werris [. . .] a sangorArnult [. . .] ii ver ges [7] et demie d’aluez» (Document1267–10–29, 6).

le motafaita supporte les marques morphologiques (amalgamées dans sa désinence)qui situent dans le passé le procès exprimé, et permettent également de dire qu’ils’agit d’une action ponctuelle assumée comme «réelle» par l’énonciateur. Aucuneautre unité de l’énoncé ne le permet: même si certains mots comportent des infor-mations similaires (le motla à l’initiale pose le cadre temporel autant que le cadrespatial), ces mots n’expriment pas ces contenus au moyen de marques morphologiquessystématiques.

Par conséquent, le verbe s’oppose au non-verbe par la présence obligatoire d’unedésinence exprimant ces catégories de temps, mode et aspect, lescatégories verbales.Suivant ce modèle, il n’est pas possible de rencontrer un verbe sans qu’il soit porteurde ces informations.

Qu’on ait affaire à des modes «personnels» ou à des formes dites «nominales» duverbe (participe et infinitif), on constate qu’il véhicule ces mêmes catégories. Il est vraique l’opposition entre le présent et le passé ne doit pas être appliquée sans précautionaux autres modes que l’indicatif,49 mais quel que soit le mode, les catégories verbalesexpriment toujours une position temporelle par rapport à un repère du même ordre,ainsi que la manière dont le procès est ou non actualisé.

Par ailleurs, ces modes «nominaux» s’opposent aux «déverbaux» par leur carac-tère systématique: tous les verbes peuvent être mis au participe ou à l’infinitif, alorsque les dérivations par des suffixes comme-able, -tion ne sont pas prévisibles (ellesrelèvent du lexique).

Cela oblige à poser une distinction fondamentale entre des formes commepaiable

47 Nous ignoronsici les cas de coordination, qui impliquent que plusieurs mots comportent desmorphèmes grammaticaux coréférents à ces mêmes catégories (→3.4.7.2).

48 Le fait semble fort répandu, si l’on en croit David Cohen (1989, 264), qui n’hésite pas àproposer, d’un point de vue général: «Le verbe, conjonction de phrase, en tant qu’il est lelieu où se manifeste la relation prédicative, tend à être chargé des morphèmes généraux de laphrase et se manifester ainsi, éventuellement, dans des formes marquées comme ‹aspectives›,‹temporelles›, ‹diathétiques›, ‹personnelles›, etc.» Voir en outre Cohen 1989, 53.

49 Voir Wilmet 2003, § 374s., spéc. § 374 et 377.

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(Document 1259–05, 4) etpaier (Document 1259–01–16,6), la première ne compor-tant pas de morphèmes exprimant des catégories verbales. Le modèle ne se prononcepas sur le statut des morphèmes constitutifs pris isolément. L’équivalence des environ-nements – les deux formes peuvent avoir un complément qui commence par le motaet qui précise la valeur sémantique du complément comme celui du bénéficiaire, voirsous 3.4.4.2 –, est un phénomène touchant le lexique et la syntaxe qu’il n’est pas duressort du présent classement d’expliquer.50

Cette première classe correspond donc exactement à la classe traditionnelle desverbes, dont les grammairiens décrivent la flexion («conjugaison»).51

Nous aurons l’occasion de constater que cette propriété morphologique du verbe,qui le place au centre de la proposition, est une base opératoire très utile pour com-mencer l’analyse des relations (→3.4.1.2).

3.3.3.2 Noms

Parmi les non-verbes, certains lexèmes sont capables de véhiculer les marqueurs expri-mant les catégories du genre et du nombre. Ces catégories sont plus faciles à rattacheraux mots que les catégories verbales. Même chez les plus réticents à partir des uni-tés les plus petites, on constate que «le genre est une propriété de la base» (Feuillet1988, 96),52 alors que le nombre est une catégorie qui se manifeste souvent de manièrediscontinue, sur plusieurs mots. Ces catégories sont ditescatégories nominaleset lesnon-verbes qui sont susceptibles de les véhiculer sont desnoms. Notons que le fait desupporter pareilles catégories n’est pas l’apanage de ces derniers, et que les formesdites «participiales» des verbes peuvent également les exprimer.

Nous poserons trois questions importantes au sujet de la classe des noms: (a) qu’enest-il de la flexion casuelle? (b) peut-on parler de «pronoms»? (c) peut-on distinguerle «substantif» de l’«adjectif»?a. Flexion casuelle.Le cas «n’est pas une catégorie» (Feuillet 1988, 97). En effet, lavariation morphologique casuelle n’indique pas un contenu sémantique descriptibleen dehors de toute relation contractée sur le plan syntagmatique. Par exemple les oc-currences dehommedans les phrases suivantes

«[. . . ] je Lowis Naveaz, [. . .]et li autre homme de_le Cize Deu faisons kenoiestre verité»(Document 1260–02–21a,1).

«Johans, archeprestres de Liege, a la requeste deshommes [. . .] de_le Chize De〈u〉 [. . .] avonspendut a ces lettres presentes nostre saial » (Document 1260–02–21a, 18).

sont toutes deux des masculins pluriels, la différence de contenu ne s’envisage que parrapport aux relations que le mot entretient avec son entourage.53 Néanmoins, même

50 Voir les réflexions sur le parallélisme entre le niveau argumental et le niveau immédiat, à lafin de→3.4.6.1 a et→3.4.6.1 b. Pour les problèmes que ce parallélisme pose,→3.4.7.1.

51 Voir, par exemple, Moignet 1988, 52–81.52 Comme les catégories que l’auteur dit «d’espèce», commeanimé/inanimé,humain/non hu-

main, qui ont peu d’implication pour l’ancien français.53 Dans la mesure où la syntaxe est la forme linguistique d’expression de ce procès, on pourra

tirer profit de la flexion casuelle pour caractériser les relations, voir l’exposé sous→3.4.2.2.

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s’il n’est pas une catégorie, le cas reste une propriété morphologique et peutêtre misà contribution pour affiner le classement.b. Statut du «pronom».De fait, les mots qui acceptent la flexion casuelle sont de plu-sieurs sortes: ils peuvent suivre des paradigmes différents («déclinaisons»), que lesgrammaires de l’ancienne langue distinguent et énumèrent.54 Ce n’est pas le lieu dese prononcer sur les éventuelles «lacunes» ou «faiblesses» du système casuel en an-cien français et sur son hétérogénéité. Il est plus utile de constater simplement que lesnoms ont, de ce point de vue, un potentiel expressif plus ou moins riche; certains nomspermettent l’expression de plus de deux cas: les «pronoms personnels de la troisièmepersonne» et les «pronoms relatifs». On réservera ici le termepronom(Pn) à ces nomsdont le paradigme permet la distinction de plus de deux cas – ce qui exclutje, tu, nosetvos.55

Nous tirerons parti de cette richesse flexionnelle pour analyser la construction dela proposition autour du verbe (→3.4.2.2 a).c. Distinction «substantif»vs «adjectif».D’autre part, nous préférons ne pas distin-guer ici une éventuelle classe des «adjectifs» et une classe de «substantifs» par rapportà leurs compatibilités syntaxiques (avec le mot «intensifieur»trés, par exemple, quiobligent à parler d’«adjectifs substantivés»56) ou sémantiques.

En ce qui concerne la taxinomie présentée, la distinction de classe ne serait jus-tifiée que si elle était fondée sur un critère morphologique: les «adjectifs» seraientdes noms acceptant deux genres, alors que les «substantifs» n’en accepteraient qu’unseul. On serait alors forcé d’admettre que les quelques «substantifs» qui possèdent cepotentiel, comme la pairemarchiseet marchissont des «adjectifs», comme le montrel’extrait suivant:

«Je, Ermesens, contesse de Lucemborget de_La Rocheet marchise d’Erlons,et je, Hanris,ses fiz, cuens[2] de Lucemborget marchis d’Erlons, fasons conissant [. . .]» (Document1243–07–09, 1).

Mieux vaudrait, dans ces conditions, opter pour une autre terminologie, qui mettraiten évidence la distinction.57

Nous trouvons raisonnable de distinguer les pronoms des autres noms, mais il nenous a pas paru nécessaire d’affiner davantage le classement.

3.3.3.3 Adverbes

Ce classement laisse un groupe qui se caractérise négativement par le fait qu’il n’estporteur ni de catégories verbales, ni de catégories nominales; les unités de ce groupeseront nomméesadverbes.

On conviendra qu’il ne faut pas traiter ici le problème des unités que l’on désignesous les noms de «prépositions» et «conjonctions»: en vertu de la définition choisie,

54 Voir, par exemple, Wagner 1974, 91–107 ou Moignet 1988, 17–27.55 Cela exclut lespronomsau sens d’Émile Benveniste (1946), qui les classe suivant un critère

sémantique.56 Ou même l’inverse. . . voir Buridant 2000, §70 pour un exemple flagrant.57 Par exemple,noms monogenres(commehomme),épicènes(comme afr.tel ou grand) et

bigenres(comme afr.petit oumarchis).

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partie du discours@lexème@définiepar des marques flexionnelles

verbe@catégorie verbale

non-verbe@sanscatégorie verbale

nom@catégorie nominale

non-pronom@paradigme pauvre

pronom@paradigme riche

adverbe@sanscatégorie nominale

FIG. 3.15 – Types de parties du discours

il s’agit bien d’adverbes,58 puisqu’ils n’expriment ni des catégories verbales, ni descatégories nominales. Or, les distinguer des autres adverbes ne pourrait se faire quesur des bases syntaxiques et distributionnelles, ce qui n’est pas le propos d’un clas-sement morphologique. Il va sans dire que le foisonnement des valeurs sémantiquesvéhiculées par les adverbes ne sera pas abordé ici.59

3.3.4 Synthèse

a. Hiérarchie des concepts.Nous avons donc défini les classes morphologiques del’ancien français des chartes, que nous nommonsparties du discours, par la hiérarchieconceptuelle de la figure 3.15.b. Reclassement des «parties du discours» traditionnelles.En accord avec ce classe-ment, nous rangeons les parties du discours traditionnelles (mentionnées entre guille-mets) comme suit.

La classe des verbes contient les «verbes» traditionnels, ce qui exclut les déver-baux par dérivation.

La classe des pronoms rassemble les «pronoms» personnels de la troisième per-sonne et les relatifs, ce qui exclut tous les autres «pronoms», qu’ils soient personnels(je, tu,. . .), possessifs (mien,tien,sien,. . .), démonstratifs, (cest,cel, etc.) ou indéfinis(autre,certain, etc.).

Parmi les noms qui ne sont pas des pronoms, nous trouvons les «substantifs» et«adjectifs» (en ce compris les déverbaux commepaiable), ainsi que tous les «pro-

58 À ce propos, Jack Feuillet (1983, 25) déclare: «le critère morphologique n’est pas non plussatisfaisant: certaines langues ‹isolantes› n’auraient plus qu’une seule partie du discours; lefrançais réunirait dans une classe unique adverbes, conjonctions, prépositions et interjec-tions.» Mais quel problème y a-t-il à cela? On peut très bien classer les unités d’un pointde vue morphologique, puis d’un point de vue syntaxique. Il est normal que les descriptionsainsi focalisées regroupent en une seule classe des unités dont on perçoit intuitivement ladisparité. L’erreur serait de vouloir d’emblée mélanger les critères.

59 Voir →3.4.4.4 et→3.4.6.3. D’un point de vue syntaxique, les prépositions et conjonctionssont liées à des fonctions particulières.

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noms» qui n’entrent pas dans la classe précédente, mais comportent des marquesdegenre et de nombre (ce qui excluten,ici, la, etc.).

Quant aux adverbes, ils regroupent les traditionnels «adverbes» (alors, pourtant,etc.), mais aussi les «prépositions» (de,a, etc.) et «conjonctions» (se,quand,ou, etc.)qui n’entrent pas dans la classe des pronoms (comme le relatifqui). La classe com-prend également les «adverbes pronominaux», auxquels nous avons refusé le statutmorphologique de pronom.c. Nécessité de la mise en contexte.La classification des lexèmes «en langue» restecependant impossible à réaliser sans observer les faits de discours et sans opérer descommutations. Ce sont les phénomènes d’accord qui, à cet égard, sont les plus révéla-teurs. Ainsi, les catégories supportées par un mot ne portant pas de désinence peuventêtre décelées quand il est accordé avec d’autres mots. Par exemple, le motpais est«indéclinable», mais une attestation du type

«le60 pais ki est faite entre monsignor le veske de Liege [. . .]et Waleran» (Document1237–09–16, 2).

permet de constater (par l’accord du participe passé defaire) quepais supporte enl’occurrence les catégories du féminin et du singulier et est donc un nom et non unadverbe.

3.4 Description analytique de l’ancien français des chartes

Poursuivons notre analyse à partir des unités «données» (→3.1.2). Après avoir classélesmotset la manière dont ils sont construits, essayons de comprendre comment lestextesfonctionnent, en descendant progressivement dans la hiérarchie des structurespour revenir au mot. Nous aurons ainsi, par une démarche déductive, examiné lesrelations à tous les niveaux entre nos deux unités de base, qui constituent les bornesde l’analyse présentée dans cette section.

C’est à Louis Hjelmslev que l’on doit la formulation limpide du principe d’analysedéductive (ou analytique) en linguistique:

«Le seul procédé possible pour dégager le système qui sous-tend ce texte61 est une analysequi considère le texte comme une classe analysable en composantes; ces composantes sontà leur tour considérées comme des classes analysables en composantes, et ainsi de suite,jusqu’à exhaustion des possibilités de l’analyse. [. . .] La linguistique contemporaine [. . .]a désigné ce procédé, et d’autres plus [22] ou moins analogues, du terme dedéduction.»(Hjelmslev 1968, 21–22).

La première subdivision du texte, ainsi que toutes les divisions ultérieures,consistent en l’inventaire des unités de niveau hiérarchique directement subordonné.Les unités résultant de chaque division ont un statut similaire par rapport à cette der-nière. Si le découpage du texte isole des énoncés, tout segment résultant de cette di-vision devra être considéré comme un énoncé. Pratiquement, cela signifie qu’il n’est

60 En dialecteliégeois, dont la scripta laisse parfois paraître des traits (Remacle 1948), l’«articledéfini» est épicène.

61 C’est-à-dire celui qui est ‹donné› au linguiste (→3.1.2.1).

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pas possible d’isoler des segments qui, bien que n’étant pas des énoncés (commedessyntagmes, par exemple), soient de même niveau que des énoncés.

Pour des raisons qui apparaîtront dans l’exposé, nous ne pourrons appliquer ri-goureusement la démarche déductive à notre corpus. Notre recherche de solutionspratiques sera parfois incompatible avec cette position théorique. Du point de vue del’élégance de l’analyse, cela est bien décevant, mais il ne peut en être autrement.

Néanmoins, il nous a semblé pertinent d’organiser notre exposé de manière analy-tique. La description analytique de la langue des chartes met en évidence quatre typesd’éléments significatifs, jouant à quatre niveaux d’intégration différents.

En premier lieu, nous analysons la manière dont le texte est décomposable enénoncés. Ce niveau d’intégration ne relève pas de la syntaxe, mais permet d’en définirles limites. Il fera l’objet du premier développement, qui sera l’occasion de définir laphrasepar rapport à l’énoncé (→3.4.1). Au niveau d’intégration situé directement en-dessous de la combinaison des énoncés intervient la constitution de la phrase-énoncé,organisant les termes autour d’un noyau verbal, organisation qui relève de la syn-taxe de la phrase,62 que nous avons qualifiée d’argumentale(→3.4.2). Vient ensuitele niveau de la construction du noyau verbal (→3.4.3) et de ses grands constituantsarguments, où des moyens morphosyntaxiques sont mis en œuvre pour clarifier ouspécifier la relation qu’ils entretiennent avec le verbe (→3.4.4). Les énoncés qui nesont pas des phrases ne pourront être analysés de la même manière (→3.4.5). Enfin,l’agencement de constituants dans un cadre indépendant du procès exprimé – c’est-à-dire les faits de syntaxe proprement immédiate (voir également→3.2.3.1) – constituele dernier type de niveau d’intégration (→3.4.6).

Une fois cette hiérarchie présentée, il restera à aborder les phénomènes et pro-blèmes d’analyse généraux qu’on peut rencontrer à tous ces niveaux (→3.4.7).

3.4.1 Du texte à la phrase, en passant par l’énoncé

En guise de première approche, nous dirons que le texte se compose d’une succes-sion d’énoncéset que la première étape de l’analyse consiste à distinguer ces derniersles uns des autres. Pour commencer, voyons en quoi il est impossible de procéderde manière purement analytique pour faire ce premier découpage. Nous opposeronsl’énoncéà laphrase, ce que nous n’aurions pu faire jusqu’à présent (→3.4.1.1). En dé-finissant laphrasede manière empirique, nous distinguerons les énoncés qui sont desphrases de ceux qui n’en sont pas (→3.4.1.2). Enfin, viendra le détail des règles sui-vies pour résoudre les problèmes que pose cette première étape dans la segmentation(→3.4.1.3).

3.4.1.1 Délimiter l’énoncé et la phrase: limites de la démarche analytique

Avant d’aborder l’analyse syntaxique de la phrase-énoncé, il faut trouver le moyende segmenter le corpus de manière systématique, à l’aide de critères qui ne relèventidéalement pas de l’organisation syntaxique de la phrase. L’intérêt de l’approche estévident: exclure les faits syntaxiques du processus de segmentation permettrait d’évi-ter la circularité. Il paraît donc logique de dire:

62 Voir →3.2.3.1.

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«[L]a décomposition du texte en phrases ne saurait se faire sur le modèlede la décompositionde la phrase en ses unités inférieures.» (Soutet 1998, 8).

La question qui se pose évidemment d’emblée est de savoir comment délimiterles unités intégrées pour former le texte, sans se servir de ce qu’elles contiennent pourprocéder.63 Les tenants de la glossématique préconisent ainsi le recours à la prosodiepour déterminer les contours de la phrase:

«Le point de départ d’une procédure analytique est la phrase du contenu, définie par sonrapport avec la modulation [c’est-à-dire la prosodie]. La matière première de la syntaxe estdonc un inventaire de toutes les unités de la langue qui peuvent jouer le rôle de phrase.»(Togeby 1965, 62).

Mais cette façon de faire pose problème. En effet, si l’on n’hésite pas à faire de l’into-nation une propriété de l’objet recouvert par le concept d’énoncé,

«[. . .] une production linguistique acceptée par les locuteurs natifs comme complète et pos-sédant une intonation reconnue comme liée à ce fait.» (Hagège 1999, 27).

de manière générale, l’énoncéne correspond toutefois pas forcément à laphrase.Prenons un exemple moderne (pour éviter de compliquer l’exposé): les segmentsLaporte!ouMagnifique!prononcés dans des situations adéquates sont considérés commedes énoncés – suivant la définition donnée précédemment (→3.1.3.1 a) –, mais ilsobéissent à des règles de formation différentes de celles mobilisées pour construireFerme la porte, il fait froid!ou Cette plante est magnifique!, qu’on considère généra-lement comme des phrases.64 L’intonation peut donc se révéler impropre à délimiterles phrases. Comme le dit André Martinet (1979, §1.25),65

«Il s’y ajoute souvent une courbe de la mélodie du discours avec montée initiale et descentefinale, par exemple, dans la phrase à deux prédicats coordonnéesIl est venu, puis il est reparti.Il peut y avoir contradiction entre l’unité assurée par les relations internes et celle que suggèrela mélodie du discours; dansIl pleut. . . Je ne sors pas, par exemple, avec la montée initialede la courbe et descente sur la finale, la mélodie suggère une seule phrase. Mais l’absencede marque de liaison entre les deux parties de l’énoncé nous amène à interpréter cet énoncécomme composé de deux phrases.»

Cependant, cette prosodie est inaccessible; et se servir de la ponctuation pour déli-miter les phrases serait une faute de méthode flagrante dans une recherche qui viseprécisément à établir les conditions et modalités d’une telle corrélation. Le regardautonomiste sur la langue écrite rend utopique la démarche proprement déductive. Iln’est pas possible de délimiter les énoncés à l’aide d’indices qui leur seraient tous exté-

63 La démarcheanalytique l’interdit en effet: «[Des] linguistes américains, comme Bloch etHaas, emploient apparemment la démarche analytique, mais en réalité la procédure inverse,toute unité étant définie par ses parties:major sentence, par exemple, par le fait de contenirfinal clause,clauseparpredicate,predicatepar inflected expression.» (Togeby 1965, 61).

64 «Ces énoncés syntaxiquement achevés [les phrases] se distinguent par là d’énoncés qui lecas échéant s’avèrent à peu près équivalents en tant que véhicules d’un message donné dansune situation de communication donnée, mais ne se prêtent pas aux mêmes transformations.»(Creissels 1995, 33).

65 Et, pareillement, Leonard Bloomfield (1970, 161).

78

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rieurs. Nous sommes forcé de les situer par rapport aux constituants qu’ils contiennentou à ceux qui sont intégrés à d’autres phrases: pour déterminer l’étendue d’une unitésyntaxique, on a le plus souvent besoin de connaître les limites de ses constituants etde comprendre les relations que ces constituants entretiennent.

Nous devons nous résoudre à délimiter l’énoncé et la phrase de manière empirique,à l’aide des constatations des grammairiens de l’ancien français.

3.4.1.2 Phrases-énoncés et énoncés non phrastiques

Devant cette difficulté, nous définirons la phrase de manière empirique commel’énoncé correspondant à la phrase «verbale» traditionnelle (→a), l’opposant ainsiaux constructions qui n’ont pas cette particularité (→b).a. Définition empirique.Pratiquement, délimiter les énoncés ne serait pas chose ai-sée si l’on n’était aidé par une observation empirique essentielle. Les philologues etlinguistes de l’ancien français ont en effet remarqué que, pour reprendre les termes tra-ditionnels, la phrase était le plus souvent «verbale», c’est-à-dire fondée sur un «verbeconjugué à un mode personnel» (qu’on nommeraprédicat par commodité), ce quicorrespond à un verbe portant des marques de la catégorie de la personne (→3.3.3):

«La phrase sans verbe est rare en AF dans la langue littéraire. On la trouve surtout dans lalangue parlée66 (ordres, exclamations) et dans le style concis des maximes et des proverbes.»(Ménard 1994, §203).

Au vu des exemples relevés dans les grammaires, les phrases «non verbales» sontemployées dans des situations d’énonciation très spécifiques, ou sont insérées dansdes discours où elles ont une place prédéterminée. Gérard Moignet (1988, 97), quine donne comme exemple de phrase non verbale que la phrase «nominale», cite deuxexemples de proverbes:67

«Les mors as mors, les vis as vis.» (Perceval, 3630).

«de bien fait col frait [=‘rompu’].» (Renart, 9518).

ainsi que quatre exemples d’exclamation

«quel mal, quel duel, quel felonie qu’en tel guise estes perie!» (Pir. Tisbé, 722).

«Le vin aforé [= ‘mis en perce’] de nouvel. . .!» (S. Nic., 642).

«Hareu! le leu! le leu! le leu!» (Robin et Mar., 603).

«Escaper, li fil a putain!» (S. Nic., 442).68

On s’attend à ce que l’immense majorité des phrases rencontrées soient «verbales».Il est donc légitime de partir de la «phrase verbale» pour commencer à segmenter le

66 C’est-à-diredans la représentation écrite que les textes livrent de la langue parlée.67 Nous modifions la typographie. Claude Buridant (2000, §69) cite une partie de ces mêmes

exemples et des suivants.68 Gérard Moignet souligne qu’il s’agit ici d’un «cas sujet».

79

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texte, pour peu qu’on ne lui assigne pas une structurea priori qui fausserait l’ana-lyse.69

D’une certaine manière, la démarche, contrainte par la difficulté inhérente auxmatériaux, se rapproche de celle d’André Martinet (1979, §1.25, nous soulignons):70

«On appellephrasel’ensemble des monèmes qui sont reliés par des rapports de détermina-tion ou de coordination71 à un même prédicat ou à plusieurs prédicats coordonnés.»

Pareille approche n’est pas si éloignée de celle de Lucien Tesnière, qui faisait du verbele nœud des nœuds(→3.2.1).

Si l’on conserve la définition de l’énoncé telle qu’elle a été donnée ci-dessus(→3.1.3.1 a), ce n’est pas la présence ou non d’un verbe fléchi à un mode personnelqui détermine si un segment linguistique employé dans une certaine situation signi-fie quelque chose et est proféré selon une visée communicative particulière: seul lepoint de vue morphosyntaxique se doit de rendre compte de cette différence avec unephrase verbale. Par souci d’économie, les phrases verbales étant majoritaires, nousréserverons désormais l’emploi du termephraseà ces dernières. Nous distingueronsdès lors: des énoncés qui sont des phrases (phrases-énoncés); des énoncés qui ne sontpas des phrases (énoncés non phrastiques). Le motphraserenverra donc à une cer-taine forme d’organisation morphosyntaxique, où le procès est exprimé à l’aide d’unlexème de nature verbale (→3.3.3.1) conjugué à un mode personnel et où le reste desconstituants s’organisent autour de lui. La propriétéfondé sur un verbe conjugué àun mode personnelpermet de délimiter l’intension de laphraseà l’intérieur de cellede l’énoncé. La conséquence pratique de cette conception est que nous considéronsqu’aucun énoncé n’est constitué de plusieurs phrases.

En vertu des principes exposés, le texte suivant72 est aisément divisé en énoncésdistincts (que nous avons, selon l’usage moderne, séparés par des points):

*Nos fasons connissance de veriteit. Sacent tuit cilh qui sunt et qui a_venir sunt que, pardevant nos, vinrent Elyas c’om dist li Coens, dame Lyse, sa feme, Frankes Brebenchonset Lowis, d’une part,et freres Pieres, d’autre. La conurent ilh, Elyas, dame Lyse, sa feme,Frankeset Lowis desoure nomeis, que de la quarte partie des wendes noves c’om dist dela Costerie, avoient fait donet vesture a frere Piron devant nomeit. Si orent en_covent pardevant nos Elyas, dame Lyse, sa feme, FrankesetLowis que jamais n’en iroient encontre celevesture que ilh avoient fait. Par ce que ce soit plus ferme coseet plus estable avons a cestepresens letres pendut nos saieaus en tesmongage de veriteit. Ce fu fait l’an del IncarnationNostre Saingnor m cc lx et set, le joedi aprés le Grant Quareme. (texte artificiel construit ensimplifiant Document 1268–03–01)

Seule une démarche synthétique (et le recours aux structures examinées dans lessections suivantes) permettrait de pallier le manque d’une connaissance intuitive dela langue et laisserait juger de la complétude d’une structure. Dans les constructions

69 Comme leschème de réécriture générativiste P→ SN + SV (Feuillet 1988, 77–81).70 La question de la coordination sera abordée ci-dessous,→3.4.7.2.71 Voir →3.4.1.3 et→3.4.7.2 à ce sujet.72 L’exemple a été fortement simplifié pour les besoins de l’exposé. Aucun texte du corpus ne

pourrait être aussi facilement segmenté.

80

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suivantes, qui constituent des phrases-énoncés, on voit que chaque find’énoncé estmarquée par le début du suivant, etvice versa:73

1. Nos fasons connissance de veriteit.2. Sacent tuit cilh qui sunt et qui a_venir sunt que, par devant nos, vinrent Elyas c’om

dist li Coens,[3] dame Lyse, sa feme, Frankes Brebenchons et Lowis, d’une part,etfreres Pieres, d’autre.

3. La conurent ilh, Elyas, dame Lyse, sa feme, FrankesetLowis desoure nomeis, quede la quarte[6] partie des wendes noves c’om dist de la Costerie, avoient fait donetvesture a frere Piron devant nomeit.etc.

Intuitivement, on remarque déjà que les «propositions subordonnées» de la gram-maire traditionnelle sont structurées de manière similaire aux phrases.74

b. Énoncés non phrastiques.Le cas des énoncés non phrastiques ne complique pasvraiment les choses. À la suite d’une division du type de celle qui vient d’être expo-sée, les segments qu’on ne peut voir comme des phrases pour des raisons morpho-logiques font forcément partie de la deuxième catégorie d’énoncés, puisque chaquesegmentation isole des unités de même niveau.75

Le protocole76 prend souvent la forme d’un énoncé non phrastique, comme:

«A_tos ceas qui ces presens letres veront, li homme delle Cise Deu, saluset conoiestre[2]

verité.» (Document 1267–10–22, 1).

Celui-ci reste inanalysé quand les phrases ont toutes été identifiées.En outre, les chartes sont des documents fortement formalisés, et on remarque vite

que les énoncés non phrastiques sont quasi toujours localisés au début (protocole) ouà la fin du texte (seing notarial). De plus, le contenu informatif limité de ces énoncésconcorde tout à fait avec les observations des grammairiens: l’énoncé non phrastiqueest limité en ancien français à des situations énonciatives ou textuelles spécifiques.

Seules les anacoluthes, exceptionnelles, n’entrent pas dans le canevas. La traditionjuge généralement qu’il s’agit d’erreurs. Elles pourraient être problématiques, parceque, contrairement aux énoncés non phrastiques «normaux», il ne serait pas possibled’en prévoir l’apparition.

Il y a parfois lieu de relativiser ce point de vue. Le corpus ne livre que trois cas:77

«A toz cheazet a totes celes a cui ces amoines ki en ceste chartre sunt escritn’unt ilhsoulement fours ke lor vie en recherrunt[26] totes en Robermont» (Document 1247–06, 25).

73 Voir néanmoinsle problème des incidentes, sous→3.4.4.5 b.74 Voir →3.4.4.5 et→3.4.6.4 pour les différents emplois de ces subordonnées.75 Cf. p. 76.76 Début du texte d’une charte, reprenant de manière stéréotypée une ou plusieurs des informa-

tions et formules suivantes: invocation (formule par laquelle l’acte est mis sous la protectiondivine), suscription (mention de l’autorité de qui la charte est émanée), adresse (public visé),salut (formule de salut). On parle également deprotocole initial (Guyotjeannin et al. 1993,72–76).

77 Il est nécessaire de citer intégralement le contexte qui précède. Le début de la phrase qui suitla construction interrompue est souligné.

81

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«Saicent trestuit cilh ki suntetki a_venir sunt ke de[3] conten ki astoiet entre la maison de_leVas Benoite delés Liege, del ordene de Citea, d’une part,et Facin [4] de Ceris, d’atre part,endroiet d’une terre ke cilh Facin clamoiet devant le maoret les enskevins de[5] Ceris, de cuicille terre devoiet movoier, encontre la maison de la Valz Benoiete devant dite;la quele[6]

maisonde la Valz Benoieteet cilh Facins se misent en nos, Lowiet Tiri, devant le maoretles enskevins[7] de Ceris qu’ilh tenroiet de hatet de bas che ke nos dirins [. . .]» (Document1260–05–09, 2).

«Nos faison a savoir ke nos, arbitre enliut de_le contraversion ki estoit entre me dammel’abesse de Robert-montet le co-[4]-ven, d’une part, et le saignor Gerar de Hermees, chevalier,d’autre part, sor chu ke mes sires Gerars de Hermeeis deman-[5]-doit sor les masuiers l’abessedevant ditteet le covent, mainent a Hermeeis sor l’aluez l’abesseet le covent devant_dit,[6]

forcheet restealetcorrueie.Et nos, li arbitre desor nomeit, presiens en_nos le fais del arbitre[. . .]» (Document 1263–03–31, 3).

Le premier cas est effectivement peu orthodoxe, puisque deux «pronoms relatifs»sont employés pour un seul verbe personnel.

Commentons les deux autres, qui sont fort semblables. Tout d’abord, on pour-rait penser que l’«erreur» consisterait en ce que ces propositions s’achèvent toutesbrutalement après un très long constituant complexe contenant une ou plusieurs su-bordonnées. Néanmoins, le constituant en question exprime le thème, et toutes cesanacoluthes ont lieu dans une proposition qui a fonction de «complément» par rapportau verbe de la notification (savoirouconoistre).

Or, cette position particulière correspond à l’endroit où débute la partie du discoursdiplomatique qu’on nommeexposé.78 Il est remarquable que la limite entre la notifi-cation et l’exposé soit un point de rupture important dans la structure du documentdiplomatique. Néanmoins, d’un point de vue morphosyntaxique, cette rupture n’estpas marquée par le début d’une nouvelle phrase.79 Le nombre d’attestations très ré-duit ne permet pas d’avancer de conclusion générale, mais nous ne serions pas étonnéde rencontrer d’autres cas d’anacoluthes à cet endroit particulier du texte. Dans cecas, la structure ne devrait plus être considérée comme irrégulière, puisqu’elle seraitprévue par latexture(→3.1.2.1 b).

3.4.1.3 Enchaînement des énoncés phrastiques

Devant un segment qui contient plusieurs verbes conjugués à un mode personnel, iln’est pas toujours facile de décider si l’on a affaire à une seule ou de plusieurs phrases.Les phénomènes de subordination (au sens traditionnel), abordés plus loin (→3.4.4.5et→3.4.6.4), sont généralement en dehors du problème.80 Les phénomènes de «coor-dination» interfèrent bien plus au niveau qui nous occupe.81 La séparation d’énoncés

78 «L’exposé est un récit [. . .], soit de type historique, relatant par exemple les origines et lesdébuts d’une abbaye, ou exposant les origines et les motivations d’une donation, soit de typejudiciaire, racontant les raisons d’être d’un procès ou les différentes étapes déjà effectuées.»(Guyotjeannin et al. 1993, 79).

79 Voir Mazziotta 2007b.80 On admet généralement que la subordination implique une hiérarchisation; il n’y a alors

qu’une seule phrase.81 Ces phénomènes jouent à tous les niveaux d’intégration syntaxique supérieurs au mot. Nous

les approfondirons après avoir détaillé l’organisation de ces environnements argumental et

82

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qui paraissent coordonnés paret est expliqué en premier lieu (→a). D’autres cas diffi-ciles sont abordés ensuite: les constructions paratactiques (→b) et les incidentes (→c),sans toutefois les détailler car l’exposé de leur traitement mobilise de nombreuses no-tions qu’il faudra définir exactement.a. Le motetet la «coordination» des énoncés.Les cas d’énoncés phrastiques discutésci-dessus ne sont cependant pas les plus fréquents; on pourrait même dire qu’ils repré-sentent une vision des choses tellement simplifiée qu’elle ne correspond absolumentpas à la réalité. En effet, la plupart du temps, les chartes enchaînent des segments quicommencent (ou sont précédés, suivant le point de vue) par le motet, que les gram-mairiens classent parmi les «conjonctions de coordination». Cette citation de GérardMoignet (1988, 330–331) permet d’entrer dans le problème:

«Et, qui peut coordonner les phrases entre elles, peut aussi figurer en tête d’une phrase sansconstituer une coordination syntaxique [331] avec l’énoncé précédent, ni appeler une phrasesuivante coordonnée. Il traduit alors un mouvement affectif, un enchaînement vif [. . . ].»

Les exemples que Gérard Moignet donne du dernier emploi ne posent pas de pro-blème car leet qu’ils contiennent figurent en tête d’un énoncé qui se caractérise parun changement d’énonciateur; par exemple, (cf. 1988, 331):

«[. . .] Et il respont que nenil.Non? fet ele;et ge le vos dirai en tel maniere que ja ne vos mentirai de mot» (MortArtu, 77,13).

L’énonciateur de l’incisefet ele(le narrateur) n’est pas le même que celui deet ge levos dirai. . .(un des personnages).Malheureusement, les choses sont loin d’être toujours aussi claires. Si l’on essaye derelever toutes les valeurs que peuvent avoir ces occurrences initiales deet, on obtientrapidement une liste longue, abrégée ici (cf. Ménard 1994, §194 et 196):82

«a) «Et» reliant des principales ou des indépendantes.194. [. . .]1. [La conjonctionet] s’emploie avec valeur temporelle ou consécutive au sens de ‘et alors,et ensuite, et donc’. [. . .]2. Elle marque une addition insistante, avec la valeur argumentative de ‘et qui plus est, et desurcroît’. [. . .]3. Elle introduit une opposition au sens de ‘et pourtant, mais’. [. . .]c) «Et» initial de phrase[. . .]196. [. . .]1. Et n’est pas rare, notamment dans les textes en prose, pour indiquer un enchaînementtemporel, amorcer un nouvel épisode, ou bien servir de transition en ouvrant une digressionou en revenant au sujet. Certains écrivains abusent parfois de cetet initial de phrase. [. . . ]2. Chez les bons écrivains,et est une attaque de phrase chargée de vivacité qui introduitdes propos au style direct ou qui détache de manière expressive l’intervention d’un nouveaupersonnage dans le récit.»

immédiat (→3.4.7.2), maisil n’est pas possible de travailler sur la proposition sans réglerpréalablement le problème à ce niveau, en raison de la fréquence importante du phénomène.

82 Les passages élidés contiennent une partie de la numérotation.

83

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On pourrait se demander si les valeurs accordées àet ne sontpas extrapolées du rap-port qui unirait les énoncés entre lesquels il se trouve même s’il n’était pas présente.Par ailleurs, les emplois du type relevé par Philippe Ménard au §196, 1 correspondentà la diversité des emplois dans les chartes, c’est-à-dire à une sorte de catégorie «fourre-tout».83 Et ne ferait dès lors qu’expliciter unelimite, et non unevaleur.

Cette «coordination» des énoncés est extrêmement fréquente. Le texte qui suit,choisi pour sa briéveté, est représentatif de la forme que prennent habituellement lestextes (leset impliqués sont soulignés):

«Je, Ermesens, contesse de Lucemborg, faz savoir a touz ceaus qui ces lettres[2] verront quede sis_cent mars de ligois, quemessires Robers, parla grace de[3] Deu eveskes de Liege,dovoit a moiet a monfil Hanri, a il fait bon [4] paementet entier,et nos en tenons a paié,eten aquittons touz nos[5] pleges. En tesmongnage de ce, li doing je mes lettres saelees de monsael,[6] quefurent faites le jor del Assumption Nostre Damme, quant li miliares coroit par[7]

m et ccet xl trois ans. » (Document 1243–08–15).

Prenons position: tout d’abord, en suivant un principe de simplicité, il nous a paruraisonnable de considérer qu’il n’y a jamais de coordination syntaxique de deux énon-cés. La constructionJe, Ermesens, contesse de Lucemborg, faz savoir a touz ceaus quices lettres[2] verront que [. . .](Document 1243–08–15) citée ci-dessus est très cou-rante. Aucune marque grammaticale ne permet de se prononcer quant à l’éventuellecoordination de toutes les propositions introduites paret dans la suite du texte, qui se-raient dans ce cas toutes des subordonnées. L’ambiguïté ne peut être levée et il paraîttout aussi difficile de trancher dans un sens ou dans l’autre. Pour simplifier l’analyse,il nous a paru intéressant de considérer qu’il s’agissait de principales. Dans cette op-tique, l’analyse de la charte Document 1243–08–15 se fait comme suit (la double barresépare les énoncés):

«Je, Ermesens, contesse de Lucemborg, faz savoir a touz ceaus qui ces lettres[2] verront quede sis_cent mars de ligois, quemessires Robers, parla grace de[3] Deu eveskes de Liege,dovoit a moiet a monfil Hanri, a il fait bon [4] paementet entier, ||et nos en tenons a paié, ||et en aquittons touz nos[5] pleges. || En tesmongnage de ce, li doing je mes lettres saelees demonsael,[6] quefurent faites le jor del Assumption Nostre Damme, quant li miliares coroitpar [7] m et ccet xl trois ans.» (Document 1243–08–15).

Compte tenu de cela, et sachant que l’ancien français est une langue dans laquelleune phrase est correcte sans qu’aucun constituant autre que la flexion verbale n’ex-prime le «sujet» (voir p. ex. Ménard 1994, §55), nous avons séparé en deux phrasesce segment (la séparation est marquée par deux barres verticales):

«Et por ce[12] ke ce soit ferme et stable, avo_nos a ce letres pendut nostre saeal. ||Et avonspriet mom le veke ke ihl i_metit le sin.» (Document 1236–05, 11).

«[. . .] se ihl vendre le voloit ne sez hoirs aprés, li_glise l’aurat dev〈ant t〉oz achators. ||Etsi en_donroit tant com ele varoit[9] solon ce ke un_vent terres en ce-lui pais.» (Document1236–05, 8).

83 On pourraitfaire les mêmes remarques au sujet de la liste fournie par Claude Buridant, quece soit dans son étude sur les rapports deet et la ponctuation (Buridant 1980) ou dans sagrammaire (Buridant 2000, §449–451).

84

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énoncé@unité linguistique complète@transmet un message@suit une stratégie énonciative

énoncé phrastique (= phrase)@fondé sur un verbeà un mode personnel

énoncé non phrastique@non fondésur un verbeà un mode personnel

FIG. 3.16 – Types d’énoncés en fonction de leur structure morphosyn-taxique

Ony voit clairement que la présence ou non du sujet84 n’a rien à voir avec la divisionen énoncés.

Il se peut néanmoins qu’un indice grammatical s’oppose de manière péremptoireà ce type de découpage, comme le mode du verbe – ce qui n’arrive pratiquement quepour les subordonnées, (→3.4.4.5 et→3.4.6.4). Ainsi, on conviendra qu’il n’est pasjudicieux de séparer les subordonnéesque li fiez fust si petis [. . .]etpoint de terre n’entenistdans la phrase:

«ets’ilh truvent par[9] verté que li fiez fust si petis qu’il ne fust〈m〉ie honoirs le conte qu’ilhle tenist del[10] veske u point de terre n’en tenist, li veskes li doit amender [. . .]» (Document1236–12–15, 8).

Le mode de leur verbe «principal» indique leur dépendance par rapport à la prédicationprincipale.

Pour éviter toute incohérence, les rapports sémantiques qui justifieraient la su-bordination ont été ignorés. Pareillement, le rapport unissant certains compléments«circonstanciels» à deux principales coordonnées n’est pas lié à des marques gram-maticales (→3.4.7.4 a).b. Parataxe.La parataxe (au sens traditionnel) est une subordination qui n’est pas ex-primée par une marque segmentale. Néanmoins, l’enchâssement de la structure et lesinformations véhiculées par la valence du lexème verbal aident toujours à déceler unesubordination. On ne rencontre ces parataxes qu’en syntaxe immédiate (→3.4.6.4 c).c. Incidentes.Les discussions terminologiques autour du termeincidente85 obligentà en préciser l’acception: un énoncé complet enchâssé dans un autre sans qu’aucunemarque segmentale n’exprime de rapport de dépendance. Contrairement aux structuresparatactiques, les incidentes sont des énoncés qui pourraient être autonomes, et nondes propositions (→3.4.4.5 b).

3.4.1.4 Synthèse de la segmentation du texte en énoncés

Dans cette première étape de l’analyse, nous avons été amené à distinguer deux typesd’énoncés, suivant qu’ils obéissent aux règles de construction des phrases ou non (fi-gure 3.16). Même si la base de l’analyse repose sur des choix pratiques, au termede l’exposé, nous pouvons formuler des règles de découpage qui s’appliquent facile-

84 Voir →3.4.2.2ci-dessous pour une définition du terme.85 Pour la distinguer notamment de l’incise; voir les différentes options recueillies par Marc

Wilmet (2003, §693).

85

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ment de manière systématique. L’analyse prend appui sur la définition de la phraseetsur les deux principes empiriques suivants: 1/ chaque verbe «principal» implique laprésence d’une phrase; 2/ la coordination de phrases n’existe pas. Ces principes sontposés comme préalables à tout le reste de l’analyse; nous n’en changerons plus dansla suite de l’exposé.

Toutes les structures laissées inanalysées par cette étape du découpage, qui cor-respondent à des séquences particulières prévues par le type de texte (protocole, seingnotarial), sont des énoncés non phrastiques.

D’un point de vue morphosyntaxique, les deux types d’énoncés sont profondé-ment différents. Nous les étudierons donc dans des sections séparées: nous verronsd’abord comment la phrase est construite (→3.4.2 et s.) et de quoi se composent sesconstituants immédiats avant de nous pencher plus brièvement sur les énoncés nonphrastiques (→3.4.5).

3.4.2 Subdivision de la phrase et structure argumentale

De notre point de vue, l’expression du procès par un verbe conjugué à un mode per-sonnel est la condition d’existence de la phrase-énoncé et en constitue la part irréduc-tible. Nous pensons qu’il est possible d’envisager la description du reste des consti-tuants de même niveau d’intégration syntaxique en caractérisant le rapport qui lesunit à ce verbe. Nous nommerons ainsiargumentsles constituants immédiats de laphrase lorsque nous les considérons au travers de ce rapport avec le «verbe principal»,auquel nous donnerons le nom deprédicat (que nous désignons par le sigle P0).86

Cette conception est similaire à celle de Lucien Tesnière, où le verbe est vu commele «nœud» par excellence, le centre vers lequel convergent toutes les relations de laphrase (→3.2.1).

La présence d’un prédicat et de ses arguments (point de vue syntaxique), expri-mant ensemble un procès, ses participants et son cadre (point de vue sémantique) àl’intérieur d’une structure syntaxique, est la condition pour qu’on puisse parler deproposition. Celle-ci est donc une construction centrée sur un prédicat, un constituantde nature verbale, capable d’exprimer de manière grammaticalisée les catégories detemps, mode et aspect (→3.3.3.1). Partant, la phrase n’est donc qu’une propositionqui fonctionne comme un énoncé.

Après avoir montré comment, d’un point de vue général, le prédicat organise lesrelations argumentales (→3.4.2.1), on verra comment employer cette propriété géné-rale pour classer les arguments des propositions rencontrées dans les chartes (→3.4.2.2à→3.4.2.4). Les différents types de relation que le classement des constituants a mo-bilisés seront abordés en guise de synthèse de ces principes de description (→3.4.2.5).

3.4.2.1 Relations argumentales: généralités

Dans un premier temps, nous aborderons les relations entre les arguments et le prédi-cat de la proposition qui constitue la phrase. Ces relations grammaticales exprimentdes relations sémantiques d’une manière conventionnelle (→a). Cette convention qui,pour un lexème verbal donné, lie une certaine organisation sémantique des partici-

86 Voir la note 96, p. 89, sur le choix de ces termes.

86

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pants à une certaine forme d’expression morphosyntaxique (domaine des marques,→b) permet de dire que les relations sémantiques constituent un premier indice del’organisation purement morphosyntaxique (→c).a. Le schéma argumental comme représentation grammaticale de phénomènes.Lalangue offre à ses locuteurs la possibilité de communiquer à propos du monde qui lesentoure: il existe une relation entre les points de vue morphosyntaxique et sémantico-référentiel. Cette constatation se résume ainsi:

«La phrase exprimant un certain ‹état des choses›, [l]es relations grammaticales expriment,et reflètent dans une certaine mesure, les relations perçues entre les choses ou les êtres parti-cipant à cet état des choses.» (Lazard 1994,X).

Il existe une cohérence entre les deux organisations. D’une part, certains marqueursexpriment les relations sémantiques qui unissent le procès (entendu ici au sens le plusgénéral87) et les participants; d’autre part, le prédicat – une forme morphologique-ment spécifique, puisqu’il s’agit d’un verbe – exprime le procès. Or, nous avons déjàconstaté (en fin de→3.2.3.1) que la flexion nominale (déclinaison) véhiculait des in-formations dont la teneur ne pouvait être décrite sans mettre en relation les unités enprésence. Ainsi, les marqueurs morphologiques permettent d’interpréter correctementun énoncé comme:

«La afaita Werris devant diz a sangorArnult devant nomet ii verges [7] et demie d’aluez»(Document 1267–10–29, 6).

pour peu qu’on connaisse les conventions qui unissent la structuration grammaticaleau sens.88 Bien sûr, ces relations ne sont pas naturelles:

«Si les relations syntaxiques au sein de la phrase ne sont pas sans rapport avec les relationsperçues dans le monde réel, il s’en faut de beaucoup pour qu’elles en soient le reflet puret simple. Elles font partie du réseau complexe que constitue la structure grammaticale dechaque langue [. . .]» (Lazard 1994,X).

Pour cette raison, il paraît beaucoup plus rigoureux de définir les arguments en fonc-tion de leur forme d’expression – spécifique au système de la langue – et non de leurcontenu.89

b. Classement morphosyntaxique des actants et notion d’orientation.Gilbert Lazarddéfinit d’un point de vue général les différents types d’arguments. Il se sert pour celade critères purement morphosyntaxiques et aboutit à un classement fin. Il distingue eneffet une série d’arguments, qu’il nommeactants, liés au prédicat par des contraintesformelles (1994, 68–80): l’actantobligatoire,90 pour lequel la contrainte est la plusforte et dont la présence est la condition nécessaire à toute prédication; les actants à

87 Nous reprenonsla position de Claude Hagège (1999, 46, note 8): «Ce terme recouvre doncici, par convention, la totalité des situations, y compris celles qu’on pourrait juger trop peudynamiques pour être appelées des procès.»

88 Ce que Robert-Léon Wagner souligne au début de ses conclusions sur les limites d’une gram-maire de l’ancien français (1974, 55).

89 Voir les problèmes exposés dans Lazard 1994, 64–68 et dans Creissels 1995, 203–210.90 Généralement unique d’après l’auteur.

87

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la fois requiset régis, dont le verbe requiert la présence et impose la forme (p. ex.,verbes nécessitant un objet «indirect» introduit parde); les actants seulement régis,dont la présence n’est pas nécessaire, mais dont la forme est fixée par le verbe (dutypeà sa dulcinéedanspenser à sa dulcinée); et enfin lesadjets,91 requis, mais nonrégis (donc, de forme libre) et en outre cumulables. Il y a donc des marques morpho-logiques (flexion) et segmentales (adpositions) qui permettent d’évaluer la distancesyntaxique des actants par rapport au verbe. Ces contraintes de marquage s’ajoutent àla contrainte de présence, qui ne suffit pas pour aboutir à un classement compréhensifdes arguments.92

Outre ces actants, Gilbert Lazard parle decirconstants, «qui n’ont d’autre lienavec le prédicat verbal que celui sans lequel ils ne feraient pas partie de la phrase»(1994, 81). Ces arguments ont comme particularité d’être de forme libre par rapportau prédicat et d’être suppressibles sans nuire à la grammaticalité de la phrase.

Comme nous travaillons sur l’ancienne langue, nous ne pouvons caractériser lesarguments en fonction du fait qu’ils sont requis ou non par le prédicat (→3.1.3.3).Néanmoins, puisque la taxinomie proposée par Gilbert Lazard est fondée sur la com-paraison de nombreuses langues dans une optique de linguistique générale, il n’y a pasde raison qu’elle ne trouve pas un écho dans le fonctionnement de l’ancien français.Nous ne transposerons pas les concepts définis par Gilbert Lazard dans notre systèmede notation, mais nous emploierons son classement comme hypothèse de travail.

Si l’on essaye de mettre explicitement en relation les contraintes formelles (pointde vue morphosyntaxique) et les participants et circonstances qu’elles expriment(point de vue sémantico-référentiel), on constate assez vite que la connaissance duverbe et de son sens donne une idée précise de la manière dont les informations sé-mantiques sont véhiculées par une forme d’expression spécifique. Ainsi, en français,pour les verbes pouvant avoir deux actants, en phrase active biactancielle, l’actant obli-gatoire exprime l’agent, alors que l’autre actant exprime le patient. Cette associationest nomméeorientationpar Alain Lemaréchal (1989, 102):

«Pour un verbe appartenant à une sous-classe donnée et à une voix donnée, des rôles précisdans la situation (agent, patient, destinataire, causateur) sont associés aux différents actants:en français, un verbe transitif, donc au moins bivalent, à l’actif a un premier actant agent etun second actant patient:Bernard renverse Alfred.L’‹orientation› d’un verbe est cette caractéristique qui associe aux différents participants enrapport avec lui à la fois un rang dans la hiérarchie [c’est-à-dire une fonction syntaxiquespécifique] et un rôle dans la situation, sachant que cette association est caractéristique de lasous-classe et de la voix de la forme verbale. Dès qu’un verbe est bivalent, trivalent, etc., uneforme verbale appartenant à ce verbe associe des rôles précis à la fois aux premier, second,tiers actant [. . .].»

L’auteur poursuit en disant que le prédicat des propositions biactancielles a une«orientation primaire» vers l’agent et une «orientation secondaire» vers le patient.L’orientation est gérée par le système de la langue, qui pose une série de contraintessur les différents actants. Ces contraintes spécifient les relations unissant les argumentsau prédicat.

91 Terme queGilbert Lazard emprunte à Jack Feuillet 1988, 147; voir Lazard 1994, 84.92 C’est pourtant l’option que suit Claude Hagège dansLa structure des langues(1999, 37), en

ne posant que la distinction entre argumentsnucléaires(requis) ou non.

88

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L’orientation associe ainsi, dans le cadre défini par le verbe, une correspondanceentre lesrôles sémantiques et les marques, excluant donc lescirconstants. AlainLemaréchal étend la notion à toutes les «parties du discours» (entendues chez lui dupoint de vue de la sémantique de la syntaxe). Voici l’analyse qu’il propose pour lesnoms en français moderne:

«On peut définir une orientation primaire des nominaux par le seul jeu des propositionsnominales, avec ou sans copule, et des procédures d’apposition ou autres constructions épi-thétiques [. . .]

– ce médecin est chef de clinique– ce livre est un cadeau– ce médecin, un chef de clinique– un médecin chef de clinique– ce livre, un cadeau– un livre-cadeau

Dans tous ces exemples, les nominaux, substantivés ou non,93 sont coorientés. Il y a coorien-tation entremédecinet chef de clinique,livre et cadeau, aussi bien dansce médecin est chefde cliniqueouce livre est un cadeau(proposition nominale), que dansce médecin[,] un chefde clinique,un médecin chef de clinique,ce livre[,] un cadeauou un livre-cadeau(appo-sition). En règle générale, l’orientation primaire d’un nominal se [110] définit comme unedésignation de cet objet.» (Lemaréchal 1989, 109–110).

Dans ce cadre étendu, la notion d’orientation revêt une valeur plus sémantique. Del’orientation des nominaux, nous retiendrons surtout la notion decoorientation, quise définit comme l’orientation commune de plusieurs constituants vers la désignationd’un même objet.94

c. La sémantique comme indice des relations syntaxiques.On ne peut élaborer toutela description syntaxique sur la base de critères sémantiques. Cependant, l’existencede la correspondance entre la forme et le rôle autorise à faire usage de la sémantiquepour isoler les arguments, c’est-à-dire segmenter la phrase en arguments. Pour l’an-cien français, il n’y a de toute façon pas le choix (→3.1.3.1). La relation qui existeentre un participant et le procès est, dans une certaine mesure, transposable sur le plansyntaxique.95 C’est le sens que nous donnons ici àargumentet prédicat:96. Ainsi,le prédicat implique une série de relations minimales (figure 3.17). En guise de pre-mière évaluation de la structure syntaxique, on peut simplement affirmer que chaqueargument «fonctionne» avec le prédicat, qu’il y a entre eux une relation syntaxiqueminimale (→3.2.1.2). L’analyse révélera peut-être si cette relation est spécifiée (sur leprincipe de la spécification,→3.2.2.2).

«La afaita Werris [. . .] a sangorArnult devant nomet ii verges [7] et demie d’aluez»(Document 1267–10–29, 6).

93 Voir Lemaréchal1989, 44–54, où l’auteur expose ses vues sur la distinction entre les nomset les substantifs.

94 Voir également Lemaréchal 1997, 128–129.95 En présence de structures complexes, avec plusieurs prédicats hiérarchisés, il est parfois

insuffisant de se servir de la sémantique, ne fût-ce que pour détecter la relation minimale;voir le cas des infinitives (→3.4.4.6).

96 Et c’est pour cette raison que le choix des termes semble défendable: il y a une valeur logiquesous-jacente à l’organisation des constituants syntaxiques les uns par rapport aux autres.

89

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[

argument. . .]

[

argument. . .]

[

argument. . .]

[

prédicat]

relation

relation

relation

FIG. 3.17 – Relations sémantiques marquant des relations syntaxiques

constituant immédiat de la phrase@constituant immédiat@compris dans la phrase

prédicat@verbe conjuguéà un mode personnel@dénote un procès

argument@dénote un participantou le cadre du procès

FIG. 3.18 – Principaux constituants immédiats de la phrase

Si afaita exprime le procès etWerris l’agent, il y a de fortes chances pour que larelation sémantique qui les unit soit rendue par une relation syntaxique. Par ailleurs,d’un point de vue morphosyntaxique, la coocurrence d’éléments nominaux et verbauxdans la même structure indique également qu’il y a relation.

Au niveau argumental, le concept deconstituant immédiat97 est donc subdivisécomme indiqué dans la figure 3.18. La qualification ultérieure des relations qui lientprédicat et arguments ne relève que du plan morphosyntaxique. Les unités qui trans-portent le sens sont organisées d’un point de vue strictement interne au système dela langue. Ce n’est qu’une fois cette relation repérée qu’on cherchera à déterminerquelles marques morphosyntaxiques la spécifient.

3.4.2.2 Actants et marques morphologiques

Nous venons de voir que, d’un point de vue général, les types d’arguments se distin-guaient les uns des autres en fonction des contraintes morphosyntaxiques auxquellesils sont soumis. Nous définirons ici une première classe d’arguments, auxquels nousdonnerons le nom d’actants. La contrainte qui définit ces actants est d’avoir une desformes du «pronom personnel de la troisième personne» ou de commuter avec l’uned’elles.

Cette analyse est inspirée de ce que Gilbert Lazard expose à propos de l’emploidu pronom en français moderne. Il considère: 1/ que les pronoms personnels gravi-tant autour du verbe sont des «indices actanciels» (que nous comprenons comme desmarques grammaticalisées de fonctions au niveau argumental); 2/ que la «corrélation

97 Défini ci-dessus, voir→3.2.1.

90

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avec des indices actanciels intra- ou paraverbaux» est un critère «de premier ordre»pourla définition des actants (Lazard 1994, 68). Voici son analyse:

«Le français, lui, a quatre séries [d’indices actanciels],98, dont trois sont illustrées par (8aetb).

(8a) Nobel a légué ses biens à l’Académie suédoise(8b) Il les lui a légués

Dans (8b), la première série est représentée par le morphème de la 3e personne du singulierdans le verbe (a) et le ‹pronom conjoint› [72]il ; la deuxième série l’est par le ‹pronom›leset la marque de pluriel dans le participe (légués); la troisième l’est par le «pronom»lui.Dans (8a), la fonction actancielle de chacun des termes nominaux se laisse identifier par lasérie d’indices actanciels avec laquelle ils sont en corrélation:Nobelest en coréférence avecle morphème verbal de la 3e personne du singulier et en distribution complémentaire avecil (1re série);ses biensest en distribution complémentaire avecles (2e série);à l’Académiesuédoiseest en distribution complémentaire aveclui (3e série).» (Lazard 1994, 71–72).

Or, le paradigme de ce pronom n’a que peu varié depuis l’ancien français. Il estpossible que l’analyse proposée par Gilbert Lazard convienne à cet état de langue.Tentons de le montrer progressivement. Nous verrons en premier lieu que le pronompersonnel de la troisième personne associe un rôle spécifique à chacune des formes deson paradigme (→a), ce qui peut être employé pour définir les relations syntaxiquesliant ce pronom au prédicat (→b). Nous étendrons ensuite ces conclusions aux consti-tuants qui commutent avec ces formes pronominales (→c), avant d’aborder des casparticuliers (→d et→e).a. Formes du pronom et rôles sémantiques.L’ancien français est déjà une langue engrande partie analytique, et la déclinaison y exprime un nombre relativement restreintde relations. De plus, le foisonnement des paradigmes limite son efficacité. Toutefois,le pronom «personnel de la troisième personne» (ilou elle) offre encore un potentielflexionnel riche et apte à exprimer un certain nombre de rôles de manière univoque.Les grammairiens s’accordent pour reconnaître trois formes au masculin singulier:il,le, li, qui sont les formes «de base» du pronom.99 Les formesle et li alternent avecune forme dite «forte» (lui), en fonction de contraintes séquentielles par rapport auprédicat100 ou aux «prépositions».

Comment l’ancien français met-il en relation ces formes de base avec les rôlessémantiques joués par les participants? La formeil correspond généralement à l’agentde la phrase active bi– ou triactancielle; de même, on la retrouve comme actant de laphrase uniactantielle:

«nos avons fait homages[3] a no signeur Robert [. . .] des fiez de Natoie, ensi cum[4] il est»(Document 1242–05–02,2).

« il recevraetprendra lesfruis et les renteset tenra toutes les seigno-[7]-ries entierement, ensicomil les a tenues tous jors» (Document 1264–04, 6).

98 Note dansle texte: «Je laisse ici de côtéy et en qui remplissent des fonctions diverses,actancielles ou non [. . .].»

99 Les formes dites «réfléchies» du pronom ne sont pas utiles à l’argumentation qui suit; ellesne seront pas prises en considération ici.

100 Voir le premier chapitre de la thèse de Povl Skårup (1975), dans lequel il explique que ladistinction entre les formes «fortes» et «faibles» du pronom personnel n’est pas liée à l’ac-centuation, mais à la place qu’il occupe par rapport au prédicat.

91

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«la denatilh [. . .] a frere [6] Libier deFrelus [. . .] vesture de quatre bonirs [. . .]» (Document1263–07–19, 5).

La formele correspond au patient de la phrase active bi– ou triactancielle:

«se ihl vendrele voloit ne sez hoirs aprés, li_glisel’aurat dev〈ant t〉oz achators» (Document1236–05, 8).

«damoiselle Sybillele reportat sus la meismes a oelz de la mai-[8]-son de Robermont»(Document 1260–05–14, 7).

La formeli exprime le bénéficiaire de la phrase triactancielle:

«et paisli fu commandee sor ce par le jugement des homes,et plainementli fu afaitiez cizfiz» (Document1266–06–13, 13).

«[. . .] nos lettres overtes ke nosli avons doneis» (Document 1252–03–01a, 21)

Au vu des phrases observées, chaque forme du pronom est associée à un rôle séman-tique particulier.101

b. Du rôle sémantique à la fonction syntaxique.Puisque les correspondances entreune série casuelle et un rôle sémantique particulier sont stables, et qu’à une formedonnée est assigné un rôle sémantique, on peut catégoriser du point de vue morpho-syntaxique la relation que les occurrences relevées pour chacune de ces trois formesentretient avec le prédicat qui exprime ce procès. Il s’agit donc d’arguments du prédi-cat de forme contrainte. Si on les numérote de manière arbitraire:

1. il (correspondant à l’agent de la phrase active);2. le (patient de la phrase active);3. li (bénéficiaire de la phrase active).

Ces trois arguments jouent la fonction syntaxique d’actantpar rapport au prédicat.Par ailleurs, les catégories de nombre et de personne véhiculées par la forme 1 se

retrouvent également exprimées dans le prédicat; le même contenu est donc exprimé àdeux endroits de l’énoncé. D’un point de vue sémantique, ce phénomène d’accord peutêtre vu comme la marque d’une relation particulière entre les unités qui le contractent.Le transfert de catégories correspond à l’expression d’une relation sémantique stable.L’orientation primaire du verbe se fait ainsi simultanément vers la forme 1 et lui-même: les formes du premier type sont coorientées par rapport au prédicat. Le termedecombinaison102 qualifiera la relation entre le sujet et le prédicat, à cause de cettecoorientation. Plus précisément, sur le plan des marques, cette coorientation concerneexclusivement les morphèmes de la personne et du nombre, et non le prédicat dansson ensemble. Par contre, sur le plan des relations, elle implique les mots entiers.

Il nous paraît cohérent de dire que la numérotation proposée ci-dessus n’est pasarbitraire pour ce qui concerne l’actant 1, puisqu’on le distingue des autres actants

101 On constate du reste que l’ancien français est une langue «accusative»: la forme de l’actantqui exprime l’agent de la phrase active biactancielle est la même que celle de l’actant uniquede la phrase uniactantielle (en suivant Lazard 1994, 30s. et 1999, 122s.).

102 Le sens est ici différent de celui que lui prête Louis Hjelmslev, voir→3.2.1.

92

Page 126: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[le] [P0]relation R2

FIG. 3.19– Représentation de R2

[il ] [P0]relation S1

FIG. 3.20– Représentation de S1

actant@a une forme de la sérieil, le, li

sujet@accord avec P0

actant 1 (S1)@formeil

régime@non-accord avec P0

actant 2 (R2)@formele

actant 3 (R3)@formeli

FIG. 3.21 – Types d’actants en fonction de leur forme

régis, en vertu de sa relation privilégiée avec le prédicat: il est plus proche de cedernier que ne le sont les deux autres. L’appellation desujet(désormais S1), que nousreprenons à la grammaire traditionnelle, sera réservée à cet actant; les deux autresseront ditsrégimes, (désormais respectivement R2 et R3). Par extension, on pourradire qu’un S1 entretient une relation S1 avec le prédicat et qu’il est, dans ce cadre, defonction S1. Il semble qu’il n’y a aucun inconvénient à procéder de la sorte, puisqu’onpeut classer les constituants en fonction des relations syntaxiques entretenues.

Pourle (de fonction R2), par exemple, on a pu préciser la relation en annotant laflèche, comme dans le schéma 3.19, où la flèche indique la dépendance – les argu-ments nécessitent la présence du prédicat.103 On peut dire la même chose pour R3et classer ainsi ces arguments en fonction de leur forme. La nature particulière de S1nécessite une représentation qui exprime également la combinaison (par une doubleligne), comme nous l’utilisons dans la figure 3.20. Tout cela se résume dans l’arbreconceptuel de la figure 3.21. La relation qui existe entre un argument pronominal et leprédicat est donc spécifiée par des moyens synthétiques (marques morphologiques).c. Commutations: principe général.Ce premier bilan est très utile pour caractériserles constituants autres que les pronoms. D’un point de vue général, David Creissels(1995, 211) affirme en effet:

«[p]armi les propriétés non immédiatement apparentes permettant de caractériser lescontrastes entre constituants nominaux en fonction d’arguments d’un même prédicat,104 ilest souvent utile de prendre en considération la relation entre les constituants nominaux etles morphèmes désignés ici comme indices pronominaux.»

103 Voir cependantles cas d’énoncés non phrastiques, sous→3.4.5.104 On peut donner aux termes le même sens que celui exposé ici-même.

93

Page 127: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

La relation dont il est question est d’ordre paradigmatique: les actants se définissentmorphosyntaxiquement parla forme du pronom avec laquelle ils commutent,105

S1: «cel meime droit ke[10] messireset mesperesdevantdis lor at quitteitet doneit enalmoine[. . .]» (Document 1268–03–10, 9);R2: «reportarent [. . .]l’yretagedeseurnomeit tot entierement» (Document 1268–03–10, 5);R3: «nosavons donetWarnier le bolengier c’on dist de Rumezees une mason [. . .]»(Document 1252–03–01b,3).

Dans ces conditions, les segments nominaux qui commutent avec un pronom de fonc-tion S1 sont également S1, et similairement pour R2 et R3. De ce fait, la faiblesse decertains paradigmes eu égard à l’expression des relations sémantiques (comme c’est lecas du féminin, où la déclinaison n’existe plus pour un grand nombre de noms) n’estpas déterminante: même s’il manque à certains noms la forme fléchie qui spécifieraitexactement la relation, c’est le potentiel commutatoire du constituant en contexte quiimporte. Par ailleurs, la coorientation entre le sujet et le prédicat semble stable, à enjuger par les phénomènes d’accord observés.106

d. Commutations: cas de l’«attribut du sujet».Le primat de l’axe paradigmatiquedans cette analyse – le seul dont on puisse avoir une vision complète – pousse à allerjusqu’au bout du raisonnement. Nous dirons que la fonction R2 convient égalementà la plupart des constituants qu’on dit traditionnellement «attributs du sujet», où S1et R2 qualifient le même référent, posant une équivalence ou une caractérisation,107

c’est-à-dire qu’ils sont orientés vers le même objet, ce qu’Alain Lemaréchal (1997,128–129) nomme égalementcoorientation.108

La commutation n’est pas attestée dans le corpus, mais la continuité semble fer-mement assurée entre les formes plus anciennes et le français moderne, où la com-mutation est possible (attestations tirées des ressources du site internetLaboratoire defrançais ancien):

«Mes c’il ert pruz jeo l’ameroie.Allas, qe doel, il nel’est mie!» (Ipomédon,93).

« ‹[. . .] il sanble mialz tornoieorque marcheant ne changeor.Il est chevaliers, ce me sanble.›Et les dameiseles ansanble

105 Nous négligeonscomplètement les contraintes de position modifiées par la substitution dupronom au syntagme nominal. Ces contraintes sont en effet différentes pour le nom et lepronom (cf. Marchello-Nizia 1995, 107s.).

106 Voir néanmoins les problèmes que pose le phénomène de coordination (→3.4.7.2).107 Voir cependant p. 99, où sont abordés les «attributs» qui ne sont pas équatifs ou caractéri-

sants.108 Voir →3.4.2.1 b. En réalité, l’auteur considère que les traditionnels «attributs du sujet» sont

«transférés en verbes au moyen de la copule» (Lemaréchal 1989, 123) et sont ainsi orientésvers le participant exprimé par S1 (Alain Lemaréchal parle d’«agent», terme qu’on pourraitjuger inadéquat, parce qu’il suppose un contrôle du procès, absent de la relation entre le sujetet la copule). Précisons, même si cette conception n’est pas mobilisée dans ce travail, que lapropriété principale du substantif en matière d’orientation est d’être auto-orienté, c’est-à-direorienté vers l’objet qu’il désigne (Lemaréchal 1989, 109–110).

94

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[x] [P0][

y]

relation S1 relation R2

relation attributive

FIG. 3.22– Représentation de la relation attributive impliquant S1 et R2

li dïent: ‹Bele dolce amie,s’il le sanble, nel’est il mie; [. . .]›» (Cgraal, 380a.5015).

Nous admettons donc le statut de R2 pour:

« xv verges de terre sor bonir ki estalus» (Document 1269–02–23, 4).

Et nousposons, par extension, ce statut pour les constituants du même type, qui appa-raissent dans l’environnement d’un verbe dénotant un état ou un changement d’état:

«li autre, ki vive [10] demorat, tenrattote sa vie ceste tenore» (Document 1264–11–29, 9).

Nous parlerons dès lors d’une relationattributive (ou attribution) entre un R2 et unS1 coorientés. Cette relation lie S1 et R2 par le biais de l’emploi d’un prédicat dontle schéma actanciel et la valeur sémantique sont compatibles avec cette coorientation(estre,demorerdans les exemples qui précèdent109). La relation attributive ne s’envi-sage pas sans un sujet et un prédicat. Les attestations tirées deLaboratoire de françaisancienci-dessus montrent bien que R2 n’a pas la même fonction syntaxique que S1par rapport au prédicat. R2 et S1 sont donc unis par une relation médiate, représentéedans la figure 3.22 par un trait discontinu.e. Commutations: distinction entre R2 et R3.D’autre part, la distinction entre R2 etR3 nécessite un commentaire. En effet, seule une série limitée de noms110 offrent desséries de trois formes. Pratiquement, si l’on examine l’entourage du verbedoner, onconstate que le statut de R3 du motlor ci-dessous est déterminé morphologiquement(un R2 aurait certainement eu la formeles):

«Et je cel meime droit [. . .] lor[11] quitte ausiet lor done en almoine se nul droit i ai»(Document 1268–08–02a,9).

Dès lors, les syntagmes soulignés ci-dessous sont tous deux des R3, en dépit de ladifférence formelle qui les oppose (présence ou non d’une «préposition»), puisqu’ilscommutent avec un pronom R3:

«nos avons donetWarnierle bolengierc’on distdeRumezees une mason[4] en hiretagelui etses oirs» (Document 1252–03–01b, 3).

«li abbesse[4] et li covens de_la maison de Robermont deleiz Liege ont doneit a trecensaJa-[5]-keminle RotialetadameEvelette,safemme, une curt et une maison [. . .]» (Document1260–02–21b, 3).

109 Ce qu’on pourrait envisager en termes de translation si le terrain exploré le permettait(→3.3.2), cf. note 108.

110 Les pronoms, cf. p. 74.

95

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actant@commute avec il, le ou li

sujet@accord avec P0

actant 1 (S1)@commute avec il

régime@non-accord avec P0

R2@commute avec le

R3@commute avec li

FIG. 3.23 – Types d’actants en fonction de leur potentiel commutatoire

C’esten premier chef la forme du pronom avec laquelle ils commutent qui distingueR3 de R2. Néanmoins, cela n’exclut pas la possibilité d’une variation libre entre laprésence et l’absence de l’adverbea au début de l’argument, comme on le voit ci-dessus.111

Le schéma 3.21 (p. 93) doit être revu, en soulignant que c’est le potentiel para-digmatique qui permet de reconnaître les actants: nous le faisons dans la figure 3.23.De notre point de vue, les relations actancielles sont des relations spécifiées par desmoyens morphologiques. Soit ces marques sont «en présence», c’est le cas du pro-nom de la troisième personne; soit ces marques sont «en absence», et ne peuvent êtreappréhendées que si l’on a conscience des commutations possibles.

3.4.2.3 Circonstants

Le modèle exposé dans la section précédente ne suffit pas à classer tous les arguments.Si l’on fait commuter les constituants immédiats de cette phrase (excepté le prédicat)avec les pronoms, l’opération échoue pour deux constituants immédiats de la phrase:

«La afaitarent elles a[5] frere Libierde Frelus,a owezdela maisondela VasBenoietedelésLiege,delleordenede [6] Citeaz, xvii verges de terre». (Document1263–07–20, 4)

Ces constituants soulignés sont ainsi le reliquat de l’analyse, puisqu’ils ne commutentavec aucune forme du pronom. Si l’on désirait les faire commuter, l’opération ne réus-sirait qu’avec un adverbe:la commuterait aveci eta owez. . .avecsi. Pour cette raison,ces constituants n’entrent pas dans les classes S1, R2 et R3 qui viennent d’être défi-nies. Il est cependant indubitable que ces constituants ont un sens qui ne se conçoitqu’en relation avec celui dénoté par le prédicat (ici,afaitarent) ou à l’ensemble dela phrase qu’il fonde. Cette relation sémantique suppose une relation syntaxique, et àcet égard, ces constituants sont également des arguments du prédicat. Pour marquerla différence avec S1, R2 et R3, qu’on a groupés sous le terme d’actant, on parleradecirconstants(désormais C5). On obtient ainsi la hiérarchie présentée dans la figure3.24.112

111 Ce fait relève de la construction des arguments et on verra ci-dessous comment interpréter laprésence de cea (→3.4.4.2).

112 Ce schéma sera revu (→3.4.2.4).

96

Page 130: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

argument@en relationavec P0

actant@commute avecil, le ou li

circonstant@ne commutepas avecil, le, li

FIG. 3.24 – Types d’arguments en fonction de leur potentiel commuta-toire

Vue de cette manière, la spécification se fait ici de manière négative, ce qui apour conséquence de regrouper dans la même classe les arguments non-actants dontla forme est indépendante du choix lexical du prédicat ou de la diathèse et ceux dontla forme est associée à un rôle spécifique compte tenu de la diathèse. Par exemple, lecomplément dit «d’agent» est classé dans les circonstants.113

Voyons à présent s’il est possible de distinguer plusieurs catégories de circons-tants.a. Expression du «cadre» du procès.On perçoit intuitivement que les circonstantspeuvent être classés en sous-groupes, mais aucune marque morphosyntaxique ne per-met de procéder à ce classement: on ne peut se fier qu’à la manière dont ces consti-tuants interfèrent sémantiquement avec le reste du procès et de ses participants. De cefait, certains des circonstants en question interagissent avec la phrase-énoncé de ma-nière interne au procès, en posant un cadre spatio-temporel, logique, final, consécutif,etc.

La seule différence sémantique ne suffirait cependant pas à caractériser les cir-constants par rapport aux actants. C’est pourquoi le classement sémantique se faitobligatoirement à la suite du classement syntaxique, de manière à profiter du garde-fou que constitue la grammaire le plus longtemps possible. Ainsi, le bénéficiaire peutêtre exprimé par un actant ou un circonstant:114

R3: «li abbesse[4] et li covens de_la maison de Robermont deleiz Liege ont doneit a trecensaJa-[5]-keminle RotialetadameEveltte,safemme, une curt et une maison [. . .]» (Document1260–02–21b, 3);circonstant: «Les queiz set boniere de terreet les dous curs[10] Houduins devant dis reportatsus en la main del maior pardevant easa oésde_lamaisonde [11] Robermontdevantdite»(Document 1260–05–30a,9);circonstant: «nos en donames donet vesture pardevant les homes de_le Chiese Deu[13] afrere Henri de Robermont,aoésde_lamaisondevantdite» (Document 1260–05–14, 12).

La coexistence de R3 et du circonstant dans le dernier exemple ne laisse aucun douteau sujet de l’analyse de ce dernier.

113 Il est possible d’envisager les choses autrement. On peut considérer que la relation est spé-cifiée par des marques beaucoup plus précises et contraignantes que les autres circonstants:non seulement la diathèse, mais également les adverbesde,par (seuls ou combinés), ainsique l’impossibilité de commuter avec un adverbe. Elle est par ailleurs liée à une certaineclasse de verbe.

114 Cette analyse n’est pas celle de Denis Creissels (1995, 245–247), qui affirme que la distinc-tion entre R3 et les circonstants n’est pas assurée, de même, dit-il, que la distinction des«attributs». Le test de commutation nous paraît pourtant sans appel: R3 commute avec lepronomli (et en fr. mod.lui), ce qui n’est pas le cas des circonstants.

97

Page 131: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

circonstant@ne commutepas avecil, le, li

C5@exprime le cadre du procès

C6@lie l’énoncéau précédent

FIG. 3.25 – Types de circonstants

Par contre, cette approche sémantique permet de distinguer ces circonstants quiexpriment le cadre du procès et certains participants (désormais C5), d’autres consti-tuants qui ont plutôt pour rôle d’organiser les énoncés les uns par rapport aux autres.

b. Expression de l’organisation des énoncés.Au point de vue du sens qu’ils véhi-culent, certains circonstants agissent effectivement à un autre niveau: ils se com-prennent plutôt par rapport à l’énoncé entier, en mettant en relation ce dernier aveccelui qui précède et construisant ainsi ce qu’on appelle lacohésiondu texte.115

Cette analyse convient au fameuxet initial de phrase (→3.4.1.3) et à tous lesadverbes commutant avec lui (ne,ou,ains,car), mais également à l’adverbesi.

«[Des dispositions sont prises. . .]Et par-mi ceste pais at quite clamé li glise monsaingnorOston totes convenances k’ilh a eu a lui de ci a ore;ne ne li doit emcombrer de[19] sonachatde Lovierval ne de le vowerie;ains li doit aidier en bone foi , sain le sin doner» (Document1244–01–19, 18).

«[À la fin d’une charte]Et por ce que ce soit fermement tenut, li veskeset li cuensi ontpendut lors sayaus» (Document 1236–12–15, 12).

«nos avons changiet a le maizon del Va_Benoite et frere[5] Warnier [. . .] [6] dois boniers deterre et un jornal [. . .] et-contre atre terre [. . .];s’en gisent de ces dois bonier desor nommésv jornalentre Ans et Hanbru [. . .] » (Document 1260–10–02, 4).

Pour les distinguer des C5 et pour indiquer leur distance plus grande par rapport auprédicat, ces circonstants ont le sigle C6 (figure 3.25). Ne disposant que de critèressémantiques pour distinguer C5 et C6, nous reconnaissons la fragilité de cette sépara-tion.

3.4.2.4 Cas «intermédiaires»

Aux actants et circonstants s’ajoute un troisième type d’argument, qui pose un pro-blème de description. Certains participants au procès ont une forme qui semble liéeau lexème verbal employé comme prédicat, mais ne commutent pas avec un pronom.Dans ce cas, l’absence de marque segmentale nous laisse un peu désarmé pour traiterle problème.

Il y a tout lieu de croire – mais le fait mériterait d’être vérifié – que la forme de cesarguments est limitée à des schémas très spécifiques qui semblent dépendre du lexèmeverbal. Par exemple, le verbedefalir est toujours attesté avec un argument introduit parde, comme dans l’extrait suivant:

115 Voir l’exposé détaillé des procédés de cohésion dans Halliday 1985, ch. 9.

98

Page 132: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

argument@en relationavec P0

actant@commute avecil, le ou li

non-actant@ne commutepasavecil, le, li

A4@forme dépendantedu lexème de rôle P0

circonstant@forme indépendantedu lexème de rôle P0

FIG. 3.26 – Types d’arguments

«se watiers u sei hoir auchunan [6] defaloientde_paiementde ces iiii muis, de censetde la rente, si ke dit est, Johans poroit alar a ces l’endemain sens demener» (Document1271–12–09, 5).

Certaines séries de verbes au sémantisme proche acceptent également des complé-ments relativement figés. Par exemple, les terres transmises à une institution religieusepar simple don, qu’on appelleaumones, peuvent êtrelassiees, werpies116 oudonees:

«i bonier de quartal terre [. . .][10] ke Thomas Batas desour disavoit lassiésen amoine»(Document 1276–02–24,9).

«etwerpit por Dieuet enamoine» (Document 1284–05–11, 6).

«Et je[. . .] donaienamoene, [. . .] al abbeiteta covent del Vaus Saint Lambert desor dis [. . .]tel alué ki astoit en ma maen» (Document 1270–11–26, 21).

La distinction entre ce type d’argument et ceux qui posent un cadre spatio-temporel paraît parfois bien mince et ne saurait être posée catégoriquement. Il sembleque ces arguments servent en particulier à marquer un complément proche du prédi-cat, alors que la position R2 est déjà occupée par un autre argument (il y a en quelquesortesaturationd’une des cases prévues par le schéma argumental) ou que la fonctionR2 est incompatible avec le lexème qui est prédicat (commealer ouvenir).

Il est difficile de trouver dans la tradition un terme adéquat pour désigner ces ar-guments de type intermédiaire. Nous emploierons simplement le sigle A4 pour lesdésigner, soulignant le fait qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes contraintes de formeque les actants, mais sont moins libres que les circonstants par rapport à l’informationstockée dans le lexème qui a fonction de prédicat. Le numéro 4 est destiné à reflétercette position intermédiaire. On doit ainsi ajouter une branche au schéma 3.24 de lapage 97 en intercalant le concept opératoire denon-actantdans la hiérarchie (figure3.26). La conceptualisation est moins péremptoire qu’il n’y paraît: on pourrait égale-ment envisager un schéma mettant en évidence le caractère qui regroupe les actantsaux A4 et les oppose aux circonstants (leur dépendance par rapport au lexème de rôleP0). L’arbre ci-dessus est préférable parce que les commutations avec les pronomssont des moyens d’accès plus rigoureux à la distinction des relations syntaxiques.

En suivant ce principe, les traditionnels «attributs» de S1 qui ne sont pas coréfé-

116 C’est-à-dire‘déguerpies’.

99

Page 133: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

rents à ce dernier et qui ne commutent pas avec un pronom doivent également êtredécritscomme des A4. Ils dénotent généralement une situation, un contexte ou unpossesseur. Par exemple:

« canones ki seronten_lavilhe» (Document 1236–05, 6).

« El nomdeDeu soit» (Document 1265–07–04, 1).

« Sachent tuitcilh ki suntet ki a_venir sont ke [. . .]» (Document 1268–03–10, 2).

« le hugeki fu sepere» (Document 1272–03, 31).

où l’on constate bien qu’aucune commutation avecil, le ou li n’est possible.En comparaison, les traditionnels «attributs du complément direct» peuvent être

définis comme mettant en coréférence R2 et A4.

«Do quelh testament ju enlis et faisfoumains [. . .] sangnorThirri de Dynant, [. . .] dameAnnés [. . .]» (Document 1289–01–12, 31).

Il est remarquable que, du point de vue sémantique, lorsque R2 et A4 sont coexis-tants, il est très souvent possible d’envisager qu’ils expriment tous deux une désigna-tion du même objet.117 Ainsi, d’un point de vue sémantique, le procès exprimé par laphrase citée fait des patients (sangnor Thirri. . .), exécuteurs testamentaires (foumains)du locuteur (ju). De même, dans

«sires Gileset sa mere reconoisent a le gliseet claimentquitte le quarte part de tote la dimede Nodués[. . .]» (Document 1236–05, 4).

le nomquite exprime des propriétés de la réalité désignée parle quarte part de ladime de Nodués. La transformation traditionnelle qui fait de l’«attribut du complémentd’objet direct» un «attribut du sujet» est possible.118 Puisque le corpus contient,

«[. . .] li vi mars de cens, les queis j’ai lassiés en me testament sor ma maison de_le Fosse[. . .] soient quittes et paisueles[7] a Johan [. . .]» (Document 1283–02–13a, 6).

il n’est pas déraisonnable de postuler qu’on peut former:

*Giles et sa mere claiment que le quarte part. . . est quite

ce qui rend plausible l’analyse parallèle à celle de l’«attribut» de S1 (figure 3.27).Même si elles rentrent dans ce moule, les structures de ce type impliquant des infinitifs

117 À première vue,certaines constructions semblent s’opposer à cette analyse: «[. . .] ai prietl’official de Liege qu’ilh pende le seal de l’officialité de Liege por[14] mi a ches presens letres»(Document 1271–12–03b, 13); si on analysel’official de Liegecomme un R2 (ce qu’on faitintuitivement en tant que locuteur du français moderne), l’hypothèse de la coorientation netient pas. L’observation du corpus révèle qu’il s’agit en fait d’un R3: «[. . .] et se prieetrequierausi a manbor [. . .] qu’il donent [. . .] lettres de recognisance [. . .]» (Document 1283–02–13b,18). La spécification para n’est pas attestée pour R2.

118 Dans les termes de notre modèle, nous disons que cette transformation transpose respective-ment R2 et A4 en S1 et R2 attributif d’un P0 copule.

100

Page 134: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[x] [P0][

y]

A4 R2

relation attributive

FIG. 3.27– Relation attributive impliquant R2 et A4

nécessitent un commentaire et seront abordées de manière plus détaillée ci-dessous(→3.4.4.6).

3.4.2.5 Synthèse des relations argumentales

Nous ferons suivre le tableau des constituants immédiats de la phrase (→a) avant dele généraliser à la proposition (→b). Ensuite, nous dresserons un premier inventairedes conventions de schématisation des relations rencontrées (→c).a. Taxinomie des constituants immédiats de la phrase.Nous considérons que toutconstituant immédiat de la phrase est forcément soit prédicat, soit argument, c’est-à-dire que toutes les relations sont organisées autour du prédicat. Ainsi, aucune relationde niveau argumental n’existe en l’absence du prédicat.

Le classement proposé distingue les arguments et les hiérarchise en fonction de la«distance» qui les sépare du prédicat.119 Les arborescences conceptuelles présentéesdans les paragraphes ci-dessus se regroupent en un seul schéma, où la distance parrapport au prédicat augmente au fur et à mesure qu’on se déplace vers la droite del’arbre (voir la figure page 102).b. Notion de proposition.À ce stade du découpage, le fait que le prédicat exprime ounon des catégories personnelles (aux modes dits «personnels»: indicatif et subjonctif)n’a pas d’incidence sur la définition obtenue.

D’ailleurs, et cela nous a servi de base pour découper le texte en énoncés (→3.4.1),le verbe se caractérise par son potentiel à assumer la fonction de prédicat et imprimerà la proposition entière une structure syntaxique particulière. Quelle que soit la dési-nence que prenne le verbe, il conditionne le même environnement syntaxique (change-ments de diathèse mis à part). À l’exception de S1, tous les arguments se comportentde la même manière par rapport au prédicat, qu’il soit conjugué à un mode personnelou non. Nous avons donc tout intérêt à adopter une terminologie qui mette en évidencecette persistance tout en permettant de parler de la désinence du verbe. Nous distingue-rons simplement les propositionspersonnelles,participialeset infinitives, réservant lenom dephraseaux propositions personnelles employées comme énoncés (→3.4.1.2).

Dans un souci de cohérence, comme nous avons refusé le statut de verbe auxdéverbaux commepaiable(→3.3.4), nous n’analysons pas le syntagme dont il est le«centre» comme une proposition.120

c. Relations fondamentales: classement et schématisation.Comme précisé en jetantles bases du modèle d’élaboration de concepts (→1.1), la sélection des propriétés à

119 Même si tous les arguments d’un certain type ne sont pas forcément équivalents de ce pointde vue; par exemple, parmi les C5, le complément d’agent peut être considéré comme plusproche du prédicat que les autres, puisqu’il est lié à la diathèse (→3.4.2.3).

120 Du reste, il semblerait que les déverbaux de ce type bloquent les possibilités de commutationdes «arguments» (on ne peut plus à proprement parler les qualifier comme tels) avec unpronom.

101

Page 135: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

con

stitu

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gré

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phra

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P0

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FIG

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Type

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ssem

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com

plet

)

102

Page 136: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

relation@dépendance oucooccurrence@les termes sont des constituants

relation vers P0@P0 est sélectionné

combinaison@coorientationde l’argument et P0

complémentation@non-coorientation

relation entre arguments@aucun termen’est P0

attribution@coorientation

FIG. 3.29 – Représentation des relations syntaxiques impliquant des ar-guments

[P0] [x]

FIG. 3.30 – Représentation des relations argumentales simples

[P0] [x]

FIG. 3.31 – Représentation de la dépendance

abstraireen caractères faite durant le raisonnement dépend du descripteur, mais aussidu point de vue adopté durant l’analyse. Il serait possible de construire un autre arbre,qui mette en évidence d’autres oppositions caractéristiques. Il n’est pas ici questionde proposer un classement parallèle à celui qui vient d’être synthétisé, mais plutôt desouligner une opposition importante qui sera utile ultérieurement et qui ne resteraitque sous-jacente si l’on se contentait de l’arbre de la page 102.

Tout d’abord, nous avons fondé la distinction entre deux classes d’actants princi-pales sur la base du comportement qu’ils ont par rapport à l’accord avec le prédicat. Lesujet s’accorde de manière directe avec le prédicat, ce qui n’est pas le cas des régimes– l’accord d’un R2 en relation attributive avec un sujet est indirect (voir p. 94). Larelation qui unit le sujet au prédicat a été nomméecombinaison(voir p. 92). En ancienfrançais – de même qu’en français moderne et dans toutes les langues romanes –, cetterelation est tout à fait particulière et s’oppose à toutes les autres relations que les ar-guments peuvent entretenir avec le prédicat. Nous reprendrons le terme généralementreçu pour désigner ces «autres relations» et nous dirons qu’il s’agit de relations decomplémentation, et que ces arguments (R2, R3, A4, C5 et C6) sont lescomplémentsdu prédicat. Le concept derelationse subdivise comme dans la figure 3.29.

Les relations peuvent être représentées à l’aide d’un petit nombre de principes deschématisation. Pour indiquer une relation sans précision supplémentaire, on procèdecomme dans la figure 3.30. Pour montrer que la relation implique une hiérarchisa-tion des constituants, nous utilisons une flèche, dirigée vers le constituant dont dépendl’autre constituant; par exemple, le prédicat (figure 3.31). Pour indiquer une combi-naison, nous faisons usage d’une double ligne, comme dans la figure 3.32 – le caséchéant, la flèche indique la hiérarchie121. Enfin, la relation peut être caractérisée en

121 On verra plus loin (→3.4.6.1 a) des cas où la hiérarchisation ne doit pas être faite.

103

Page 137: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[P0] [x]

FIG. 3.32 – Représentation de la combinaison avec dépendance

[P0] [x]R2

FIG. 3.33– Convention d’annotation des relations

[x] [P0][

y]

S1 R2

attribution

FIG. 3.34– Représentation de la relation attributive

indiquant son type sur la ligne qui la représente; par exemple, c’est la relation R2 quiest représentée dans la figure 3.33.

Toutes les relations présentées ci-dessus ont deux particularités: 1/ elles sont di-rectes; 2/ elles impliquent toujours le prédicat. Si une relation est médiate (elle ne portepas sur le prédicat, mais a besoin de sa présence pour s’établir), elle est représentéepar un trait discontinu (figure 3.34).

3.4.3 Construction du prédicat

Le prédicat, tout comme les arguments (→3.4.4), est parfois une unité complexe dontil faut analyser la structure. Il sera ici question des temps «composés» et de la positionadoptée à leur égard.

3.4.3.1 Problème des temps «composés»

Traditionnellement, les grammairiens de l’ancien français opposent les formes ver-bales «simples» aux formes verbales «composées», construites à l’aide des verbesestreou avoir (qui servent d’«auxiliaires») et du lexème verbal fléchi au participepassé (l’auxilié). Sous certaines conditions, les catégories verbales doivent donc êtreexprimées par des moyens analytiques. De la même manière, la diathèse passive, quiconsiste en un changement d’orientation (voir p. 87), est également formée à l’aide del’auxiliaire estre. Les exemples abondent:

«nosavonsdonet Warnier [. . .] une mason» (Document 1252–03–01b, 3).

«[. . .] Johans [. . .] kiastoitvenuz a ses jors aprés la mort[3] de son pere, vient par devant moi[. . .]» (Document 1270–11–26, 2).

«[. . .] ensi com ilhestcontenut plus esclairiement en[43] lettres nostre frere ki de cesuntfaites.» (Document 1265–05a, 42).

La questionqui se pose est celle du statut à accorder à l’auxilié: est-il un argu-ment de l’auxiliaire (lequel est assimilé au prédicat dans ce cas) et possède-t-il sonpropre schéma argumental? ou est-il au contraire indissociable de l’auxiliaire (les deux

104

Page 138: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

argument]

[

[P0 (auxiliaire)] [P0 (auxilié)]]

FIG. 3.35 – Structure de P0 complexe (l’auxilié est argumental)

[P0 (auxiliaire)][

[auxilié][

argument]

]

R2

FIG. 3.36– Structure de P0 complexe (l’auxilié n’est pas argumental)

formes construisent ensemble le prédicat)? La hiérarchie serait soit celle représentéedans la figure 3.35, soit celle représentée dans la figure 3.36.

3.4.3.2 Position adoptée

Il est vrai que l’on rencontre des cas de coordination (→3.4.7.2) qui montrent bienque les auxiliés peuvent être multipliés sans qu’il y ait besoin de répéter l’auxiliaire.Ces auxiliés peuvent même avoir chacun leur schéma argumental propre, comme entémoignent:

«La u li amone devant dite fut afaitié ma[17] damme l’abbeesse [. . .]et li conisancede iii bonirs d’alu devant dis faiete, furent hommes de Cize[18] Deus [. . .]» (Document1265–04–15, 16).

«la lettre ki faite en estet saieleie de saial de la citeil de Liegeet del [7] hospitaal de SanJehan.» (Document 1273–12, 6).

Certaines coordinations mettent sur le même pied deux schémas différents: le premieravec un R2 attributif (voir p. 94), le second avec un auxilié:

«tot li arrerageet tot li besten ki unt esté entr’eaus suntquite et totes les malesamorspar-[15]-donees»(Document 1270–05–10, 14).

Cependant, du point de vue sémantique, forme auxiliée et auxiliaire fonctionnentde concert: la suppression de l’une ou l’autre des deux formes modifie radicalementles catégories aspectuelles et temporelles exprimées dans l’énoncé. Or, le prédicat estvu comme le siège exclusif de ces catégories. Parallèlement, du point de vue mor-phosyntaxique, le statut de la construction change si on retire l’auxiliaire, puisque laphrase se définit notamment par la présence d’un morphème personnel dans le lexèmeverbal.

D’autre part, la commutation qu’on pourrait faire entre l’auxilié accompagné deses arguments et une forme du pronom, si elle est envisageable, n’est pas attestée dansle corpus, mais on peut aisément construire:

*Johans, [. . .] ki l’astoit, vient par devant moi.

On voit ici que les commutations opacifient complètement le sens du procès dénotéet l’orientation. Pareillement, les formes passives se caractérisent par une orientationprimaire (vers S1) du prédicat vers le patient, mais cette orientation ne subsiste pasquand la phrase

105

Page 139: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

«persones ki sont escrit el testament Godefroit» (Document 1274–05–31b, 8).

esttransformée par commutation en:

*persones ki le sont el testament Godefroit.

Sans toutefois rejeter formellement l’autre analyse possible – il faudrait une étudeplus approfondie pour trancher –, il semble que ces raisons autorisent à considérer les«temps composés» comme des prédicats à forme complexe.

3.4.4 Construction des arguments

La notion despécification synthétiquesert à caractériser les relations simples entreles unités qui constituent les arguments (→3.4.4.1) de nature nominale. Laspécifi-cation analytique segmentale(→3.4.4.2) et laspécification analytique séquentielle(→3.4.4.3) sont ensuite introduites pour traiter les cas complexes.

Une fois ces mécanismes observés, l’analyse est étendue aux arguments de naturesadverbiale (→3.4.4.4) et propositionnelle (→3.4.4.5 et→3.4.4.6).

3.4.4.1 Noms: spécification synthétique additionnelle

La spécification de la relation liant les arguments nominaux qui ne sont pas des pro-noms au prédicat est détectée en utilisant la procédure commutative. Ce sont desmarques synthétiques qui permettent aux pronoms de spécifier la relation sans l’aided’autres mots. La déclinaison des autres noms constitue parfois une marque synthé-tique supplémentaire qui se superpose à la spécification que comporte le potentielparadigmatique. Ainsi, dans:122

«le queil aluéWilheames [. . .][12] kenut par devanles homes k’ilh en astoit bin vestis»(Document 1270–09–29, 11).

la fonction S1 est marquée par le fait queWilheamescommute avecil, mais égale-ment par une désinence spécifique (-s). La coordination perturbe parfois ces marques(→3.4.7.2) bien que dans l’ensemble, les formes restent stables. C’est le cas dans:

«La afaitarentWilheamesetAgnés[. . .] etWerris[. . .], a maistre Amelé, doin de Saint Donis,en nomde maistre Conrar, maison, curs, terres, [7] preis, cens, chapons, bleiset bois [. . .]»(Document 1276–06–10a, 5).

où le marquage rend reconnaissables deux «cas sujets» S1 masculins singuliers (Wil-heameset Werris), sans livrer aucune information à propos deAgnés. Toutefois, cesmarques synthétiques ne sont apparemment pas primordiales. Il faudrait une étude ap-profondie pour l’affirmer avec certitude, mais la spécification analytique, par emploide prépositions et figement de l’ordre des mots, paraît déjà jouer un rôle bien plus

122 Pour simplifier l’exposé, le constituant intéressant a été réduit à un seul mot (un nom propre).Il est évident que dans les faits, les syntagmes sont beaucoup plus complexes, mais laconstruction de ces syntagmes est un fait de syntaxe immédiate (→3.4.6).

106

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important dans les documents. En effet, une grande partie des mots n’ont déjàplus dedéclinaison (notamment les féminins et les mots se terminant par-s).

Par ailleurs, même pour le peu de noms pour lesquels la déclinaison est encore ef-ficace, les grammaires de l’ancienne langue énumèrent une multitude d’emplois divers(voir p. ex. Ménard 1994, §3–4) du «cas régime». Ce dernier correspond donc à uneforme nominale morphologiquement sous-spécifiée, c’est-à-dire une forme qui n’im-prime pas une valeur sémantique précise à la relation qu’elle entretient avec d’autresconstituants – ce qui est tout le contraire du «cas sujet». La langue autorise l’emploide contraintes supplémentaires pour que ce cas serve à exprimer des rôles sémantiquesprécis; la marque est alors analytique et segmentale.

Ce qui est certain, c’est que le marquage synthétique estpossibleparce qu’unerelation particulière est contractée.123

3.4.4.2 Noms: spécification analytique segmentale

L’ancien français ne peut compter sur son système casuel pour exprimer de manièreunivoque toutes les relations sémantiques possibles entre le prédicat et ses arguments.Une partie de la nature syntaxique des relations est marquée par d’autres moyens quedes moyens flexionnels.a. Relation R3.Rappelons l’exemple

«nos avons donetWarnier [. . .] une mason» (Document 1252–03–01b, 3).

Si l’on ignore les contraintes d’ordre séquentiel (→3.4.4.3), la phrase est ambiguë:aucune marque ne distingue le bénéficiaire du patient. Néanmoins, nul ne penseraitqu’un bâtiment puisse être le bénéficiaire de l’action dénotée par le prédicat. Mais cecas n’est pas le plus fréquent. L’emploi d’un adverbe commea124 permet souvent delever l’ambiguïté. L’adverbe explicite la relation qui unit R3 au prédicat. Par exemple:

«li abbesse[4] et li covens de_la maison de Robermont deleiz Liege ont doneit a trecensaJa-[5]-keminle Rotial et a dameEveltte,safemme, une curt et une maison [. . .]» (Document1260–02–21b, 3).

Et pour l’exemple étudié:

*nos avons donetaWarnier [. . .] une mason.

La présenceou non de l’adverbea ne change rien à l’existence de la relation syn-taxique, mais explicite ou clarifie le sens de cette dernière. L’adverbe en question peutêtre considéré comme un relateur, dont la valeur sémantique s’envisage par rapport aurôle sémantique que l’argument dont il est le constituant immédiat exprime, et doncau travers de la relation qui lie cet argument au prédicat. On définirarelateurcommeindiqué dans la figure 3.37. Cette marque de spécification s’oppose d’une part auxsegments spécifiants synthétiques (flexion) par le fait qu’il est un mot, d’autre partaux constituants impliqués dans la relation qu’il spécifie par le fait qu’il ne contracte

123 Dans uneperspective diachronique, il est clair que c’est la coexistence de marques faculta-tives qui permet la variation et, partant, le changement.

124 Selon la définition morphologique de l’adverbe (→3.3.3.3).

107

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relateur@mot@spécifiant unerelation qu’il n’entretient pas directement

FIG. 3.37 – Concept derelateur

pas directement cette relation. Quand une structure qui comprend un relateur voit sarelation avec une autre structure spécifiée par ce même relateur, nous dirons qu’elleestrelatée.

Par ailleurs, lorsqu’il est présent, le relateur a également la fonction de délimiteur:il se rencontre le plus souvent à l’extrême gauche du syntagme. Au point de vue de laréception, la présence de tels délimiteurs indique qu’on n’a plus affaire au même argu-ment ou que la relation entre le constituant qui suit le relateur et ce qui le précède estd’un autre ordre (→3.4.6.3). Comme les relateurs sont le plus souvent employés avecdes noms ou des verbes conjugués à un mode «nominal», on peut parler de marquecatégorielle.

Ainsi analysée, la différence qui existe entre R3 relaté et R3 non relaté impliqueque la construction où le relateur est absent n’est pas plus remarquable que celle oùil est présent. En réalité, c’est plutôt l’inverse. Ce qui correspond exactement à cequ’Alain Lemaréchal a fait remarquer en ce qui concerne l’emploi ou non dethatpourintroduire une «complétive» en anglais, et qu’il généralise comme suit (Lemaréchal1997, 73):

«[D]ans tous les cas où il y a, comme en anglais, variation (libre?) entre marque et absencede marque, on doit considérer la construction avec marque comme seconde par rapport àla construction sans marque, pour la simple raison que, s’il existe une construction sansmarque qui soit interprétable et qui ne présente pas de changement profond de valeur parrapport à la construction avec marque, c’est qu’on peut se passer de la marque; il faut doncd’abord rendre compte de la construction sans marque, puisque ‹ça marche›, et expliquer cequi lui permet de fonctionner efficacement, et ensuite seulement dégager ce que la marquesegmentale ajoute, si elle ajoute quelque chose.»

Le a n’est ainsi qu’une marque supplémentaire, qui se superpose à l’information déjàcontenue dans le lexème verbal – qui prévoit un actant R3. En conclusion, au moinstrois marques se superposent: 1/ cas régime; 2/ orientation contenue dans les lexèmes(verbe et argument) et compatibilité des lexèmes; 3/ facultativement, le relateura.Cette superposition permet une spécification progressive de la relation en R3. L’ajoutde a est réservé à la relation R3, en contraste avec la relation R2, qui rejette cettemarque.125

b. Relations C5.On trouve également des cas de C5 sans relateur, comme

«Ce fut faitle lundi [. . .] a Enchastres [. . .]» (Document 1236–12–15, 13).

«Ce fufait l’an del IncarnationNostreSaignor [. . .]» (Document 1265–05a, 49).

où l’absenceet la présence de relateurs alternent parfois librement. Comparons notredernier exemple à

125 Ce quine veut pas dire que tout argument autre que R3 la rejette: on trouve des A4 et des C5relatés aveca.

108

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«Che fut fait en l’an del IncarnationNostre SaingnourJhesu_Crist [. . .]» (Document1263–03–31,30).

À côté de ces alternances «libres», certains C5 ne sont jamais accompagnés de rela-teurs (le lundici-dessus), alors que d’autres le sont toujours. Mais très souvent, tousles C5 relevant d’un sémantisme particulier sont spécifiés par un relateur; par exemple:

hypothèse: «Seunshomdist lait aautre, v sous doit» (Document 1241–09, 4);but: «xl souz de ligeois qui sunt[11] asseneespor faire l’anniversairemunsangiurmunpereperpetuement» (Document1273–12, 10).

Il serait difficile de démontrer que, par un mécanisme du genre de la translation.126,les relateurs permettent aux constituants de contracter les fonctions argumentales enfonction du sémantisme exprimé. Les grammaires relèvent d’ailleurs de nombreux casde figure où le syntagme au «cas régime» sans relateur a fonction de C5 exprimant letemps, mais aussi la manière, la condition, la concession ou la cause. Ainsi, GenevièveJoly (1998, 231–3) cite entre autres:

manière: «Sire, fet li rois Baudemagus,salvevostregrace, il nel fera mie premiers» (Queste,23, 11).concession: «se vos la damoisele ne poés desfendre encontre moi, l’emmeneramau grévostre» (Trist., prose, 127, 18).

On pourraitse demander si ce n’est pas le figement, lié à certains lexèmes, qui au-torise l’emploi d’un cas régime sans relateur, mais de là à dire que c’est la présencede ce dernier qui rend possibles certaines relations. . . on ne s’avancera pas. Ce quiest en revanche indubitable, c’est que les relateurs participent à la construction dusémantisme exprimé. Ils spécifient en effet une relation en se combinant à un consti-tuant et précisent la relation qui unit ce dernier à un autre constituant de même niveaud’intégration. Le relateur ne fonctionne pas en autarcie. De plus, la spécification qu’ilapporte est souvent liée à d’autres informations, en particulier à celles stockées dansle lexème verbal. Par exemple, on voit bien que la valeur deendans les A4 suivantsdépend du lexème:127

«[. . .] quant je m’en_dui aleiren Pulhe por la besongne de Sainte Eglise [. . . ]» (Document1267–08–28, 2).

«[. . .] freres Giles desor dis futem_pais comandeis en che iii denirs» (Document1285–07–04, 11).

3.4.4.3 Noms: spécification séquentielle

La spécification séquentielle est malheureusement un phénomène dont l’analyse esttrop complexe pour que nous ayons pu en rendre compte de manière satisfaisantedans notre étude. Nous nous bornerons à mentionner sa présence.

126 Voir l’exposé succinct page 70. Voir en outre la note 156.127 Plus le relateur est fréquent et «vide», plus sa charge spécificative dépend de l’environnement

– les cas dea etdesont les plus extrêmes.

109

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La spécification par des moyens segmentaux (qu’ils soient synthétiques ou ana-lytiques) est la plus facile à détecter. Elle n’est néanmoins pas le seul type demarque dont la langue dispose pour spécifier les relations. Revenons encore une foisà l’exemple

«nos avons donetWarnier [. . .] une mason» (Document 1252–03–01b, 3).

et comparons-leà d’autres phrases triactancielles simples:128

«[. . .] je lai dammeAnés,[3] me femme, ses humiers, tant com elle vivrat [. . .]» (Document1289–01–12, 2).

«La afaitat ilhfrere Marsille [. . .] l’alut ke freres Wa-[8]-tirs [. . .] aportat a la maison de_leVas Benoiete» (Document 1260–02–21a, 6).

Dans ces trois phrases, le constituant exprimant le patient est post-posé au consti-tuant exprimant le bénéficiaire, de sorte que le R3 non relaté se trouve plus proche(en «surface») du prédicat que le R2. On peut donc considérer qu’une spécificationséquentielle s’ajoute aux indices donnés par la sémantique du lexème verbal évoquéedans le paragraphe ci-dessus.

Parmi les nombreux cas du corpus où le R3 non pronominal n’est pas accompagnéd’un relateur, un seul place les constituants dans l’ordre inverse (le R3 est à nouveausouligné):

«Et si lait xal quatre denierski sont d’ekanges de_le maison Ottelet (dont Garsilhes liBresseres doit xxii deniers etGerars de Ty-[20]-loit doit ausi xxii deniers) Juten,le filhe Johanle Hongre» (Document 1247–06, 19).

Ainsi, bien que peu fréquente, la structure n’exploitant pas la spécification séquen-tielle (R3 devant R2) ne doit pas non plus être jugée plus remarquable que celle quil’exploite.

3.4.4.4 Adverbes

D’après le classement en parties du discours, les adverbes ne peuvent comporterde marques morphologiques de catégories. Ils ignorent la flexion casuelle et donctout phénomène d’accord. La nature morphologique des arguments conditionne lesmoyensmis en œuvre pour spécifier la fonction qui les relie au prédicat. Voici quelquesexemples de C5 adverbiaux:

« li maisons[22] de la Valz Benoiete devoiet demorerpaisulement en son bon hiretage»(Document 1260–05–09,21) «nos deviens enquerredroiturierement entre l’une paroleetl’autre» (Document1263–03–31, 7).

«La afaitarent elles a[5] frere Libier de Frelus, [. . .] xvii verges de terre» (Document1263–07–20, 4).

128 C’est-à-direne présentant pas de phénomènes de subordination ou de thématisation qui vien-draient troubler leur structure.

110

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En outre, nous avons restreint la fonction C6 à un inventaire restreint (et,ou, ne, etc.)de mots de nature adverbiale:

«ains li doit aidier en bone foi» (Document 1244–01–19, 19).

«Ne ne_le_porons [. . .] metre hors de no main» (Document 1263–05–27a, 4).

L’absence de flexion casuelle concorde avec le fait que l’adverbe ne commutejamais avec le pronom personnel et ne comporte aucune marque qui permettrait d’op-poser S1 à R2 et R3. De ce fait, l’adverbe ressort de ces observations comme unepartie du discours orientée et spécifiée en langue: une unité du lexique qui s’actua-lise dans une orientation liée aux fonctions C5 ou C6 et qui donne d’elle-même unespécification particulière au lien qui s’établit avec le prédicat. Les arguments de re-lation préspécifiée(spécification en langue, lexicale) s’opposent ainsi aux argumentsde relationpost-spécifiée(spécification en discours, grammaticale). Employés commerelateurs, nombre d’adverbes impliquent une spécification préexistante par rapport àla relation. Certes, cette spécification reste floue pour certains d’entre eux (aetdeontune charge spécificative très faible du fait de leur importante polysémie), qui ne sontefficaces qu’en cas de superposition de marques, mais la plupart dénotent des relationsprécises (devant,deriere,avant,aprés,por, contre, etc.).

3.4.4.5 Propositions avec prédicat personnel

La nature des constituants n’est pas limitée aux membres de la triadeverbe, nom,adverbe: les cas fréquents de «complétives» et les rares «relatives sans antécédent»du corpus abondent dans ce sens. Certaines propositions où le prédicat est conjugué àun mode personnel sont attestées dans les fonctions argumentales. Reprenant le termetraditionnel, nous dirons que ces propositions sontsubordonnées. La subordinationplace une proposition à prédicat personnel en position de dépendance par rapport à unautre constituant;129 au niveau argumental, ce constituant est le prédicat.130

La particularité de la proposition subordonnée est que son analyse se fait exacte-ment de la même façon que celle de la phrase: le prédicat de la subordonnée organisede la même manière les arguments. Généralement, les subordonnées sont relatées àl’aide d’un adverbe ou d’un pronom (→a); plus rarement, il peut ne pas y avoir derelateur (→b).

Nous n’aborderons pas les contraintes portant sur le mode du prédicat dans lasubordonnée, lesquelles dépendent souvent du prédicat «principal» et pourraient àce titre être également considérées comme des marques de subordination (voir ledeuxième exemple ci-dessous).131

a. Présence d’un relateur.Les subordonnées sont le plus souvent introduites par unrelateur:

129 En termesd’orientation, la subordonnée est orientée vers le procès qu’elle exprime,cf. Lemaréchal 1989, 153–160.

130 Pour la subordination en syntaxe immédiate,→3.4.6.4.131 Voir, d’un point de vue sémantique, l’excellent exposé de Gérard Moignet (1988, en particu-

lier sur les «complétives» 213–226).

111

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S1: «Conute chose soit a_chascunet a_toske [3] nosavonsdonetWarnierle bolengierc’ondist deRumezees,unemason[. . .]» (Document 1252–03–01b, 2);

R2: «[.. .] je welquecil acui je laissele spiautepren-[13]-dent detel anki dontcommencera»(Document 1272–03,12);

C5: «Seunshomdist lait aautre, v sous doit.» (Document 1241–09, 4);

C5: «Cefust fait et donnei en l’an del IncarnationNostre Seignor,quantli [15] milliaire corroitpar mil douscenssexanteetonse [. . .]» (Document 1271–09–17, 14).

Les exemples de circonstants montrent bien que le relateur suffit parfois à lui seulà déterminer la nature du cadre posé:seexprime la condition,quand le temps. Negénéralisons cependant pas: on trouve des subordonnées C5 enque (très peu spéci-fiées).132

« [. . .] l’atre partie auroit pooir[12] del abatreet del destruire,ke ja n’en devroit requerrelapartieki i edefieroit.» (Document 1237–12, 11).

« qu’ilh orentoi lire lor dit, ilh nos cargarent par[13] jugement[. . .] ke Facins n’avoiet rins ace qu’il clamoiet encontre la maison [. . .]» (Document 1260–05–09, 11).

« Et je tel fiez ki reporteis m’astoit[14] en amoene de Johan, le fiu Thomas devant dit, rendientierement,ke je bien pou faerepar droit et [15] par loi, [. . .] a dant Anthone de Termong[. . .]» (Document 1270–11–26, 13).

Il est très rare de rencontrer une subordonnée relatée par un pronom qui joue à elleseule un rôle argumental. Ce circonstant «thématique» en est la seule attestation dansnotre corpus:133

«Ki toutmenbreu ochiit home, [. . .] corset avoirs est[7] a la volentei le signeur» (Document1241–09, 6).

Néanmoins, l’emploi de la relative en fonction argumentale est bien attesté en ancienfrançais, au «cas sujet» (extraits tirés de Moignet 1988, 156–157, nous soulignons):

«Ki lui portatsuef le fist nurrir.» (Alexis32).

«Or voi je bienqui vosadestornéagarir tantlonguement[.]» (Tristan pr.315, 2).

Mais aussi au «cas régime», que nous avons qualifié desous-spécifié(extraits tirés deMoignet 1988, 159):

«Artus sotqueFrollesfeisoit.» (Wace,Brut 9971).

«Doncvos dirai je, dist Josephes,quevosferoiz.» (Queste35, 3).

Il reste cependant extrêmement fréquent que la subordonnée relatée soit apposée à unnom ou un adverbe – il s’agit alors d’un fait de syntaxe immédiate (→3.4.6.4).

132 La plupartdu temps, cependant, la subordonnée est apposée à un adverbe. Dans ce cas, larelation contractée par la subordonnée est en syntaxe immédiate, voir p. 135.

133 Autres attestations en afr., voir Moignet 1988, 157.

112

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Enfin, les relateurs qui spécifient la relation impliquant une subordonnée de lasortese trouvent, dans l’immense majorité des cas, au début de la proposition en ques-tion.134 On observe donc un fonctionnement similaire à celui observé dans le cadred’arguments nominaux (→3.4.4.2).b. Absence de relateur.En l’absence de relateur, nous estimerons – sauf si l’enchâs-sement ou le mode du prédicat s’y oppose – qu’il n’y a pas subordination, mais juxta-position, et qu’on a affaire à deux phrases différentes. Il est assez exceptionnel qu’uneproposition fonctionne comme un argument sans qu’aucun relateur ne l’accompagne.Nous reprendrons dans ce cas les termes traditionnels et distinguerons lesincidentesdes constructionsparatactiques– ces dernières ne sont pas attestées en contexte argu-mental (→3.4.6.4 c).

Les incidentes sont des propositions personnelles sans marque segmentale de su-bordination, mais dont l’intégration (enchâssement) trahit la position hiérarchique:elles ont fonction de C5. Parmi les incidentes, on distingue deux groupes principaux:celles qui utilisent le nomquel et celles qui utilisent la formule(c’)est a savoir/dire(voir les exemples analysés ci-dessous). Dans tous ces cas, il y a une dépendancediscursive entre la principale et l’incidente.

En dehors des marques intégratives, seules des raisons sémantiques ou discursivespeuvent être alléguées pour asseoir la dépendance de la proposition enquelpar rapportà la principale: si l’on néglige l’enchâssement, la proposition est une phrase à partentière. Généralement,le et quel sont apposés à un autre nom (→3.4.6.1 a). Il y adonc précision sémantique importante apportée par ce nom, qui contribue à renforcerl’autonomie de la proposition sur ce plan.

«[. . .] nos veimes et oimes ke sires Godefrois[9] desor només avoit laisiés trois bonirs dealut, li quésalusgisoit a Musin, [10] a poveres begines del paroche de SainCristofle [. . .]»(Document 1270–06–06, 8).

Le corpus ne livre que deux attestations où ce n’est pas le cas:

«Je weilhet ordene [. . .] que[5] li vi mars de cens,lesqueisj’ai lassiésenmetestamentsormamaisonde_leFosse, [. . .] soient quittes et paisueles (Document 1283–02–13a, 3)Et se tient Jakemins devant dis[17] et damme Evelette, sa femme, delle maison de Robermonthiretablement une curt ki siet[18] desoz la ville de Robermont devers Jupilhe,la quelefutde_leparchonki fut faite [. . .], par teilh condition ke [. . . ]» (Document 1260–02–21b, 16).

En ce qui concerne les incidentes contenant la formule figée(c’)est a savoirou(c’)est a dire, par exemple,

«[. . .] avons vendu az homes de religion (c’estasavoir:al abbeitet acoventdela maisondela Val [3] SaintLambert,delordenedeCysteaz,delesveschietdeLiege) la grosseet la menuedimede la villeet del terrois de Peres [. . .]» (Document 1265–05a, 2).

134 Il est exceptionnel que cela ne soit pas le cas. Cela n’arrive que pour quelques concessives,qui sont par ailleurs difficiles à analyser et mériteraient une étude: «Et nos [. . .] avons au-[14]-tresi en_covent [. . .]ken qu’ilh avenge de nos wendes, lor[15] stiut a warandir [. . .] »(Document 1259–01–16, 14). On dirait que le «pronom relatif»kenest rejeté devant le rela-teurqu – l’analyse qui consiste à faire de ce relateur un «pronom relatif» dont l’antécédentseraitken(Moignet 1988, 166) est ici rejetée.

113

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on voit clairement comment ces incidentes s’insèrent dans la phrase.135

Lesattestations d’autres types d’incidentes sont sporadiques, mais leur intégrationrend l’analyse évidente:

«Et se tient Jakemins devant dis[17] et damme Evelette, sa femme, delle maison de Robermonthiretablement une curt ki siet[18] desoz la ville de Robermont devers Jupilhe [. . .] (semoetli cursdevantdite dela maisonde [20] Robermontpar desorenommee;s’enrentJakeminsetseihoir chascunana la maisonde [21] Robermontpar desorenommeecink solzde_ligoisetdouscapons) [. . .], par teilh condition ke [. . . ]» (Document 1260–02–21b, 16).

« [. . .] me sires Libiers Butores prist le dit sor luiet si [14] le_dist en ce manire entreSainte Marieet Saint Lambier a Liege (devant nos si ke devant les hommes de ChizeDeu ): ke li en-[15]-fant de Corwaremme devant dit n’avoient droiet a l’alu devant noméqu’ilh clamoient a la maison de_la Vas Benoiete (me [16] siresLibiers ButoresdemandatauzenfansdeCorwaremmedevantdiss’ilh nientclamoiental’alu devantnomé;li enfant[17]

deCorwaremmerespondirentchascunspor li k’ilh nientn’avoienta l’alu devantnomé;chisdis et cescovenancesdevant[18] enscritesfurentfaieteset recordeezpar_devantnosetmisesennoswardesetennosretenancesentreSainteMarieetSaint[19] LambieraLiege);etke136

li maisons de la Vas Benoiete devant dite devoiet demorer quitteet en paiz ens el alu devantnomé,[20] si k’en lor bon iretage» (Document 1264–09–07, 13).

«Et li hyretages[16] ki devant est dis est teiz: trois boniersde terre, une quarte moins, ki gistsor le streie en la Mute_rue (en dois pieches), un jornal[17] de preit ki gist a le Herchonoir,[. . .] (et tot chemuetdel eveske),[21] et un jornal de terre ki muet de la maisonet sa curtetsa maison.» (Document 1271–12–22, 15).

3.4.4.6 Propositions avec prédicat non personnel

Le seul cas à envisager est celui des propositions infinitives contractant une fonctionargumentale – nous n’avons en effet pas trouvé de proposition participiale argumen-tale.137

Il est malaisé de décrire de manière cohérente toutes les structures où une propo-sition dont le prédicat est à l’infinitif est employée comme argument d’un prédicat deniveau d’intégration supérieur.138 Devant ce phénomène complexe, nous avons choisila solution qui paraissait la plus raisonnable et la plus conforme au modèle. Une sé-rie de cas relevés sont relativement simples (→a), d’autres requièrent une discussion.La question essentielle étant de savoir à quel prédicat (l’infinitif ou le verbe qu’ilcomplémente) se rapportent les arguments, nous analyserons d’une part les relationsattributives (→b) et, d’autre part, la construction factitive et les verbes de perception(→c).a. Cas simples.Il y a tout d’abord une série de cas simples où l’infinitif constitue leprédicat d’uneproposition infinitivequi peut être analysée comme le R2 du prédicat

135 Par contre,l’analyse de l’infinitif et du constituant qui le suit est nettement moins évidente(→3.4.4.6).

136 Coordonné à la subordonnée débutant à la fin de la ligne 14.137 Nous avons posé plus haut l’extension de la notion de proposition aux syntagmes dont le

centre est un participe (→3.4.2).138 Le niveau d’intégration de l’infinitif n’est pas toujours évident à déterminer: est-il impliqué

dans une relation argumentale ou immédiate (→3.4.7.1)?

114

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«principal»: même si l’infinitif, invariable, bloque toute possibilité d’accord et nousprive de cet indice pour évaluer l’orientation, la commutation avecle reste plausible.Dans certains cas, la proposition infinitive ne comporte aucun argument:

«se il avenoit ke nobles[2] hom, nos chiers foiables Guis, cuens de Flandres, geust a ost [. . .],si com il puetfaire» (Document 1263–05–27b, 1).

mais il est plus courant qu’elle comprenne un argument ou plus

«s’autres[13] ke nos i clamoit droitureet voloit faireestal [. . .]» (Document 1237–12, 12).

«l’eveskes doitenvoierdeusdeseshommesla u om nosfroit tort» (Document 1242–05–02,12).

où estaln’est pasR2 devoloit, ni deux de ses hommes. . .R2 dedoit pour des rai-sons sémantiques. Cette analyse vaut pour tous les «semi-auxiliaires» (voloir, povoir,devoir). La construction factitive sans agent s’analyse pareillement:

«je, Lowis Naveaz [. . .]et li autre homme de_le Cise Deu, faisonskenoiestreverité»(Document 1260–06–09,1).

«Nos faisonssavoir [. . .] ke nosa dammeAgnésHubinede Hoy avonsen doniersconteisrechiesquarantesetmarsdelie-[4]-gois» (Document 1288–02a, 3).

veritéetke nos a damme. . .sont respectivement les régimes dekenoiestreetsavoir.L’infinitive joue parfois le rôle de A4 ou de C5, mais elle est alors relatée. À

nouveau, les constructions s’analysent facilement:

A4139: «cilh ki sontet ki avenir sont ke [. . .]» (Document 1265–07–04, 2);

C5: «lamaisons poroit aler a hyretage [. . .]sensdeminer» (Document 1271–12–22, 10).

b. Relationsattributives.Examinons à présent ce qui se passe quand, d’un point devue sémantique, un constituant qui exprime un participant du procès dénoté par leprédicat à l’infinitif est également interprétable comme un participant du procès duprédicat principal. Ainsi, dans

«Et ce prometons nos a_faire» (Document 1243–07–09, 16).

«Nos faisons savoir a touske nosa dammeAgnésHubinedeHoy avonsendonirsconteisrechiesquarantesetmars[4] deliegois [. . . ]» (Document 1288–02b, 3).

le cedu premierexemple est-il R2 deprometonsou defaire? La subordonnée du se-cond exemple est-elle argument defaisonsou desavoir? En comparant la constructionà

«Et si est a savoir ke [. . . ] li diset le taxations des deus de ces trois seroit tenus.» (Document1263–05–27b, 12).

139 Le fait que le prédicat régissant l’infinitif soit lui-même le prédicat d’une subordonnée n’a pasd’implication de ce point de vue. Voir→3.4.6.4 pour un développement sur les subordonnéesen syntaxe immédiate.

115

Page 149: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[a savoir] [est][

que. . .]

A4 S1

relation attributive

FIG. 3.38– Structure dea savoir est que. . .

[a savoir][

faisons] [

que. . .]

A4 R2

relation attributive

FIG. 3.39– Structure dea savoir faisons que. . .

où estre a savoir que. . .pose la coorientation (→3.4.2.1 b) entrea savoiret la subor-donnée, on peut, en se souvenant de la construction de l’attribution entre R2 et A4140,déduire quefaire a savoir que. . .exprime la même relation sémantique entre les deuxarguments (soit l’analyse donnée dans la figure 3.38). Similairement, on en déduitdonc l’analyse donnée dans la figure 3.39. Cette hypothèse est confortée par la pos-sibilité de coordonner (→3.4.7.2) l’infinitif relaté à un autre constituant qui s’analysecomme un A4 (→3.4.2.4):

«ju [. . .] fai a_savoiret connissance[2] ke jen, a la renteet a l’amoine [. . .] meet HenriPolarde[. . .]» (Document 1273–12, 1).

L’argumentconnissanceest coorienté par rapport au R2 (la subordonnée).c. Factitifs et verbes de perception.Les constructions factitives et l’emploi de verbesde perception comme prédicat permettent à la construction d’intégrer un argumentsupplémentaire, exprimant l’agent du procès dénoté par l’infinitif. Examinons troisextraits:

«loeraiet fera loermefemme [. . .] le pais ki est faite» (Document 1237–10–12, 4).

«[. . .] ge ai priiet a mon[13] seignor l’evesque devant dit qu’il [. . .]me face[14] tenir touteslescovenances [. . .]» (Document 1264–04, 12).

«si ke je oï tesmonghier[5] monfrere devant dit» (Document 1267–08–28, 4).

Dans ledeuxième et le troisième exemples, le marquage casuel ne laisse aucun doutesur le statut des constituants: les formesmeet monsont limpides et la formefrereprend un-s au singulier partout où il est employé comme S1 dans le même texte.L’argument supplémentaire est donc un régime et non un sujet: voir un S1 dans cetargument serait incompatible avec le modèle. Deux questions subsistent cependant:de quel type de régime s’agit-il (R2 ou R3)? quel est le prédicat qu’il complémente?

Pour la construction factitive, il n’y a pas d’attestation où cette fonction est rem-plie par un membre du paradigmeil, le, li, mais l’argument est souvent précédé d’unrelateur (spécification analytique):

«Nos faisons savoiratous ke nos [. . .] avons [. . .] rechies quarante set mars [. . .]» (Document1288–02a, 3).

140 C’est-à-direle traditionnel «attribut du complément d’objet direct», cf. la transformationprésentée p. 100.

116

Page 150: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

me femme] [

fera (1re pers. sg.)]

[loer. . . ]R3 R2

FIG. 3.40– Structure defera loer me femme

[a savoir. . .]

[vos. . .]

[ke. . .]

[

faisons]

A4

R3

R2

attr

ibut

ion

FIG. 3.41 – Structure dea savoir vos faisons ke. . .

[

mon frere]

[oï][

tesmonghier. . .]

R2 A4

relation attributive

FIG. 3.42– Structure deoï mon frere tesmonghier

S’il s’agissait d’un R2, il faudrait admettre que ces cas seraient les seules attestationsde R2 relatés dans le corpus.141 Il s’agit donc d’un R3. Or, le fait d’accepter ou non unrégime dans son schéma argumental est une propriété liée au lexème verbal. Commel’actant R3 est limité à une petite catégorie de verbes, alors que la transformationfactitive ne l’est pas, il est plus économique et cohérent de considérer que ce R3 estrégi par l’«auxiliaire factitif», et qu’il est prévu dans le schéma argumental defaireainsi employé (schématiquement: voir figure 3.40). Dans certains cas, l’infinitif estrelaté:

«Nos vos faisonsa_savoir ke nos avons vendut a maistre Conrar, chanone de Saint Donisen Liege, le nostre part[3] delle dime de Melen grosseet graileet menue [. . .]» (Document1276–06–10b, 2).

L’analyse ne change pas, si ce n’est que l’infinitif doit être considéré comme un A4 etque la structure attributive exposéesupras’y combine (figure 3.41). Ce sont donc lesinformations stockées dans le verbe qui rendent possible l’interprétation des relations.

Par contre, la situation des verbes de perception est toute différente. La seule attes-tation du corpus142 (citée ci-dessus) permet déjà de tirer des conclusions. Le lexèmetesmonghierne prévoit pas de place pour un régime dans son schéma argumental.En conséquence, l’argument est forcément R2 du verbe de perception. Nous conclu-rons schématiquement par la figure 3.42: R2 et A4 contractent une relation attributive,

141 Comme onl’a vu ci-dessus, R2 rejette le relateur (→3.4.4.2).142 Mais le tour est fréquent en ancien français (cf. Ménard 1994, §165).

117

Page 151: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[me] [constraindre] [a tenir. . . ]R2 A4

relation attributive

FIG. 3.43– Structure deme constraindre a tenir. . .

fondée sur le fait qu’ils sont des désignations de la même réalité (ils sont donc co-orientés). Cette similarité sémantique se retrouve dans le lien qui unit le sujet et leprédicat (combinaison,→3.4.2.2 b). La relation attributive et la combinaison du su-jet et du prédicat sont donc deux moyens morphosyntaxiques différents d’exprimer lemême contenu sémantique.143

Il paraît cohérent d’expliquer de la même manière les régimes de prédicats qui sontdéjà complémentés par un infinitif relaté (A4). On fera abstraction des semi-auxiliairesdans les attestations suivantes:

«me puissent constraindre par lor forcea te-[11]-nir ces covenances devant dites» (Document1264–04,10).

«elle le poroit[9] destraindreapair» (Document 1249–06–25, 8).

Malgré laproximité sémantique de la tournure factitive et de ces constructions, il n’estpas possible de soutenir que les régimes demeet le sont des R3 (figure 3.43).

3.4.4.7 Synthèse de la construction des arguments

Trois faits ressortent de manière particulièrement prégnante de ce qui précède.a. Importance de la sous-spécification.L’ancien français ne possédant qu’un systèmede déclinaison relativement pauvre, la spécification synthétique est souvent très lâche,et des moyens analytiques se superposent pour lever les ambiguïtés. En présence d’uneforme ambiguë, nous parlons, comme le fait Alain Lemaréchal, desous-spécification.

La manière dont les relations argumentales sont spécifiées est assez claire. Le plusfrappant est que l’omniprésence de la sous-spécification et la facultativité de certainesmarques (→3.4.4.2) n’empêchent pas que les rôles des arguments soient expriméssans ambiguïté. C’est un faisceau d’indices qui permet la compréhension. Le systèmedonne une grande latitude et, d’un point de vue diachronique, prépare le changement.

Les moyens mis en œuvre pour spécifier les relations peuvent être de niveau in-férieur au mot (synthétiques,→3.4.4.1). Parallèlement, certaines spécifications sontfaites par l’emploi de relateurs (mots indépendants).b. Délimitation des constituants.Quel que soit le moyen employé pour spécifier lesrelations, on constate qu’il joue également un rôle démarcatif: l’accord marque toutesles unités impliquées,144 les relateurs se rencontrent au début des structures qu’ilsintègrent. Partant, il est tout à fait possiblesans comprendre les structures, de les

143 Cela revient à dire que le traditionnel «sujet de la proposition infinitive» est une sorted’«apposition» à l’infinitif; cette position est celle que défend Marc Wilmet (2003, §642)pour le français moderne.

144 Le fait sera plus clair encore ci-dessous, quand il sera question de décrire les relations immé-diates→3.4.6.1.

118

Page 152: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

délimiter en se servant des segments dont on connaît au moins partiellement lavaleurspécificative.c. Lien entre «natures» et «fonctions».Le système, souple, autorise les mots desclasses du verbe et du nom à assumer toutes les fonctions argumentales (Décrites dansla section→3.4.2). Apparemment, l’adverbe est «par nature» limité à certaines fonc-tions (→3.4.4.4). Ces différentes fonctions peuvent également être contractées par desstructures complexes: des propositions entières. Ces propositions, si elles sont person-nelles, sont le plus souvent relatées; c’est-à-dire que la relation qu’elles contractentest généralement spécifiée (→3.4.4.5). Les moyens mis en œuvre pour spécifier lesrelations entretenues par ce genre de constituant sont généralement segmentaux etanalytiques.

3.4.5 Construction des énoncés non phrastiques

Laissés en marge de l’analyse à cause de leur caractère exceptionnel, les énoncés nonphrastiques se divisent en deux catégories: les structures qui expriment un procès etcelles qui n’en expriment pas.

3.4.5.1 Structure exprimant un procès

L’analyse est différente suivant que le procès est exprimé par un verbe à l’infinitif ouau participe passé.a. Verbe à l’infinitif.Certains énoncés non phrastiques contiennent un verbe à l’infi-nitif:

«Jakemes, li provost, Johans, li doïns, li archiakene et toz li capitelez de Sain Lamber deLiege, a toz ceaz ki verrunt ce letres, conoistre veriteit.» (Document 1236–05, 1).

«Nos, suer Ode, par la Deu pacience humele abbeesse de la Valz Benoite delez Liege, delordene de Ci-[2]-teaz, et trestoz li covens de cel liu meismes, a trestoz ceauz ki ces lettresveront, conoistre ve-[3]-riteit.» (Document 1259–01–16, 1) .

Dans ces exemples, les arguments comportent les mêmes marques que les argumentsde prédicats personnels, si ce n’est qu’aucun constituant immédiat ne commute avecil. Néanmoins, les constituantsJakemes . . . et toz li capitelez de Sain Lamber de Liegeetnos, suer Ode . . . et trestoz li covens. . .portent les marques morphologiques spéci-fiant habituellement S1. La structure avec un prédicat à l’infinitif est très proche de lastructure proprement phrastique, mais il ne nous semble pas cohérent de la représenterde la même manière (schématiquement, voir figure 3.44). Le marquage du prétendu S1correspond à celui du constituant qui exprime l’agent de la phrase active. Cependant,d’un point de vue sémantique, ce S1 n’est manifestement pas l’agent du procès deconoistre, qui ne serait pas attesté avec un bénéficiaire (exprimé par R3) ailleurs quedans ce type de contexte. Pour éviter les erreurs, mieux vaut partir de constructionsexprimant un procès, mais ne comportant pas de verbe.

«Henris, par le grase de Deu evekes de Liege, a_tos cias ki ces presens lettres veront, saluten Nostre Signeur.» (Document 1263–11, 1).

119

Page 153: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[Jakemes. . .]

[veriteit]

[a toz ceaz. . .]

[conoistre]

S1

R2

R3

FIG. 3.44 – Structure rejetée deJakemes. . . conoistre veriteit

[S1Henris. . .]

[

R2salut en Nostre Signeur]

[R3 a tos cias. . .]

FIG. 3.45 – Structure deHenri. . . salut en Nostre Signeur

«A totesjustices seculees ki ces presenz letres veruntet oront, nos, Gerars, che-[2]-valiers deBerloz, Baduins, prevoz de Sain Gilhe, executor de testament jadis da_me_[3] Jehanne, femeJohan d’Ohai, saluzet conisance de veritei.» (Document 1284–10–04, 1).

Sémantiquement, l’énoncé exprime les procès «connaître» et «saluer». Au point devue morphosyntaxique, on remarquera: 1/ la spécification marquant l’agent de laphrase biactancielle (marque casuelle) reste présente; 2/ ces constructions sans pré-dicat verbal commutent parfois librement avec une phrase dont la structure est trèsressemblante:

«Michiez, par le Deu pascience abbés delle glise mon sainor sain Jakeme de Liege, delle[2] ordene saint Benoit, a tos ceaz ki ces letres veront fait conisance de verité.» (Document1263–07–19, 1).

L’utilisation ou non du verbefaire ne change rien à l’emploi des marques casuelles:les relations restent spécifiées. Faute de mieux, et pour rendre compte de la proximitédes structures, nous avons identifié les grands constituants de l’énoncé non phrastiqueà l’aide des mêmes étiquettes que celles qui ont servi pour désigner les arguments,mais ce ne sont plus les relations qui sont caractérisées (figure 3.45).145

La coordination (→3.4.7.2) desalutà une proposition infinitive, telle qu’attestéedans

145 Cela revient malheureusement à poser une sorte de «prédicat zéro».

120

Page 154: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[S1Jakemes. . .]

[

R2 [conoistre] [veriteit]]

R2

[R3 a toz ceaz. . .]

FIG. 3.46 – Structure deJakemes. . . conoistre veriteit

«A tosceasqui ces presens letres veront, nos, li homme delle Cise Deu, saluset conoiestreverité.» (Document 1269–02–23, 1).

nous autorise à reporter l’analyse sur la structure comprenant un infinitif (figure 3.46).

Il faudra néanmoins toujours garder à l’esprit que les relations décrites dans uncadre phrastique ne sont pas du même ordre que celles décrites dans un cadre nonphrastique: en l’absence de prédicat, on ne peut plus parler d’arguments.b. Verbe au participe passé.Dans deux cas, le verbe n’est pas à l’infinitif, mais auparticipe passé:

«Ce fait l’an del Incarnation[27] de Nostre Saingnor milhet cc quarante set, ens elle mois dejunii» (Document 1247–06, 26).

«Che faitet doneit en l’an de grasse milhe deus_cens quatre vienset set, en mois de fevrier»(Document 1288–02b).

Nous pensons que ce genre de construction est dû à une erreur du scribe et ne méritepas ici une description approfondie. La deuxième des deux occurrences relevées setrouve dans un document dont nous possédons par ailleurs une deuxième expéditioneffectuée par la même main et ne présentant pas la même structure:

«Che fut faitet doneit en l’an de grasse milhe dues cens quatre_vinset set, en mois defevrier» (Document 1288–02a).

Si l’on se résigne à admettre que la seconde attestation est peu orthodoxe, il n’yaurait qu’un seul énoncé non phrastique exprimant un procès à l’aide d’un participepassé dans l’ensemble du corpus.

3.4.5.2 Structure n’exprimant pas un procès

Dans certains cas, l’énoncé non phrastique n’exprime aucun procès; c’est le cas pourles invocations du protocole initial et les signatures:

«En non dou Pere, dou Filet dou Saint Esperite, Amen.» (Document 1272–03, 1).

«G. de Salud[illisible]» (Document 1289–01–12, 38).

121

Page 155: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[En nom du Pere. . .] [Amen. . .]

FIG. 3.47 – Structure deEnnom du Pere. . . Amen

Ici, l’analyse du premier niveau d’intégration doit se limiter à une simple segmentation(figure 3.47).

3.4.6 Relations immédiates

Les fonctions que les mots de la phrase-énoncé contractent ne sont pas toujours liéesdirectement au prédicat (relation ou spécification de celle-ci). Certes, la condition né-cessaire et suffisante pour pouvoir parler de phrase est la présence d’un prédicat et deses arguments; de ce fait, si un constituant immédiat de la phrase autre que le prédicatest présent, il est forcément impliqué dans une des relations argumentales possiblesavec ce dernier. Toutes les relations qui ne sont pas proprement argumentales sont for-cément subordonnées à celles-ci. Elles sont donc contractées par des constituants quine jouent pas le rôle d’arguments, mais sont intégrées à une unité plus large. Toutefois,cela ne les empêche pas d’avoir une influence plus ou moins importante sur le rôle quele constituant intégrant peut jouer. Par exemple, dans

«A toz ceaz ki cez letres verontet oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité»(Document 1267–10–29, 1).

il y a bien un prédicat (font), un sujet (li home. . .), un R2 (conoistre. . .) et un R3 (atoz ceaz. . .), mais décrire ces relations ne suffit pas à donner une analyse complète dela phrase: il y a une relation qui unit, dans R3, lea au reste de l’argument, de mêmequeli ethomesont organisés d’une certaine manière l’un par rapport à l’autre, etc. Parconséquent, les marqueurs ont des fonctions syntaxiques différentes:146 1/ au niveaude la syntaxe phrastique, ils expriment la relation entre l’argument et le prédicat; 2/au niveau de la syntaxe immédiate, ils indiquent quels mots fonctionnent ensemble(démarcation des constituants).

Pour décrire les relations immédiates, nous prendrons à nouveau appui sur la mor-phologie. Les constituants nominaux, qui comportent des marques morphologiques(→3.4.6.1 et→3.4.6.2) sont distincts de ceux qui n’en comportent pas (constituantsadverbiaux,→3.4.6.3). Les propositions peuvent également contracter des rapports àce niveau (→3.4.6.4 et→3.4.6.5).

3.4.6.1 Apposition et détermination

Du fait qu’ils sont porteurs de plus de marques, les constituants nominaux permettentde classer facilement les relations impliquées dans leur construction. Nous définironsd’abord la relation d’apposition, en transposant la notion de combinaison au niveauimmédiat (→a). Nous aborderons ensuite la relation dedétermination, qui place unconstituant en situation de dépendance par rapport à la partie la plus «centrale» dusyntagme (→b).

146 Voir la distinction entre les trois niveaux de la syntaxe selon Gilbert Lazard (→3.2.3).

122

Page 156: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

[sires] [Gerars]apposition]

[aroit]S1

FIG. 3.48– Structure desires Gerars aroit. . .

a. Apposition.Le type de relation qui unit le sujet au prédicat aide à comprendre lamanière dont s’organise le marquage des fonctions. Comme on l’a vu, la relation entrel’argument S1 et le prédicat est exprimée par des moyens flexionnels (→3.4.4.1). Or,les unités qui servent à former l’actant 1 sont également unies par un phénomèned’accord: elles partagent non seulement des marques de genre et de nombre sem-blables, mais aussi les marques de l’appartenance à la première série casuelle. End’autres termes, la même marque exprime à la fois la cohésion du syntagme et lafonction que celui-ci contracte avec le prédicat.

Le fait est limpide dans:147

«[. . . ] siresGerars, parle poineet le travailh, aroit quatre mars de ligiois» (Document1263–03–31, 17).

En plus du choix d’une forme correspondant au «cas sujet», la combinaison entrele sujet et le prédicat implique une contrainte d’accord entre les constituants du su-jet. Cet accord interne à l’argument n’est pas le fait exclusif de S1: on observe uncomportement similaire pour R2, R3 et C5:148

R2: «ilh ara receutle contedevantdit a home» (Document 1263–07–15, 8);R3: «nosavons donetWarnier le bolengier [. . .] une mason[4] en hiretagelui et ses oirs»(Document 1252–03–01b, 3);C5: «Ce fut faitle lundi [. . .] a Enchastres [. . .]» (Document 1236–12–15, 13).

Nous voyons une relation du même ordre entresiresetGerars,le etcomte,le et lundiqu’entre un sujet et un prédicat: une combinaison; à ceci près que la dépendance quiaffecte le sujet ne se retrouve pas à ce niveau. Il y acoorientationentre chacun desconstituants de ces arguments: à nouveau, d’un point de vue sémantique, ces motsdénotent des caractéristiques d’un même objet (→3.4.2.1 b). En ce qui concerne lahiérarchie des constituants et des relations, cette combinaison a une portée qui n’atteintpas le niveau des relations argumentales: la relation qui liesiresetGerarsest distinctede celle qui existe entresires Gerarsetaroit. Le terme d’appositionsera réservé à cescombinaisons qui ne lient pas le sujet et le prédicat (figure 3.48).

D’autre part, l’indice morphologique d’apposition que constitue l’accord permetde déterminer parfois de manière très précise lesbornes des arguments, c’est-à-direl’endroit où ils commencent et celui où ils finissent. Cette observation contribue àrelativiser l’intégrité de la démarche analytique (→3.4.1.1): il est bien clair qu’on abesoin de ces marques pour isoler les arguments. En syntaxe immédiate, l’accord est

147 Il est peu d’exemples aussi simples: le contexte ci-dessous livre en effetmes sires Gerarsetnonsires Gerars. Le possessif est retranché parce qu’il implique un niveau supplémentairede hiérarchie. Voir→3.4.7.3.

148 C6 n’est pas attesté sous forme nominale, et A4 nominal est toujours relaté.Par ailleurs, ces exemples présentent également une hiérarchisation des appositions, phéno-mène traité plus bas (→3.4.7.3).

123

Page 157: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

combinaison@coorientation@cointégration

S1@syntaxe argumentale

apposition@syntaxe immédiate

FIG. 3.49 – Types de combinaisons

[

filhe] [

monsaingnor. . .]

Dt

FIG. 3.50– Structure defilhe mon saingnor. . .

un moyen relativement sûr d’évaluer que les constituants fonctionnent ensemble. Leclassement des relations se précise (figure 3.49).b. Détermination.Néanmoins, toutes les unités à l’intérieur d’un argument ne sontpas forcément apposées; souvent, l’accord ne rassemble pas toutes les unités:

«[. . .] damoiselle Sybille, filhemonsaingnorLeone [. . .], vint pardevant[3] nos et pardevantles hommes de le Chiese Deu» (Document 1260–02–03, 2).

«[. . .] l’an-[5]-demain des aposteles saint Piere et saint Pol, vint par devant nos, entre Sainte[6]

Marie et Saint Lambiert a Liege, sires Henris, filsErnuBaise-aine, prestres et[7] vestis adontdel auteit saint Lorent» (Document 1274–06–30, 4).

Dans le premier exemple, au niveau argumental, le constituantdamoiselle Sybille,filhe mon saingnor Leoneest le sujet devint. Mais la forme demon saingnor Leonenecorrespond pas à elle seule à un sujet – on aurait certainement observé la forme*messires Leonesdans ce cas. Cette rupture morphosyntaxique s’accompagne, sur le plansémantique, d’une rupture référentielle: alors qu’entre les deux motsdamoiselleetSybilleil n’y a pas de différence de référent (c’est de la même personne qu’on parle),filheetLeonene désignent pas la même personne.

Nous concluons qu’un ensemble de mots qui n’est pas accordé avec le reste d’unsyntagme dont la forme implique une fonction particulière (p. ex.: S1) est en situationdedépendance. Dans l’exemple, l’effacement du reste du syntagme aurait pour consé-quence de changer la fonction de ce groupe par rapport au prédicat (et au surplus deproduire un énoncé irrégulier149):

** mon saingnorLeone [. . .] vint pardevant [3] nos et pardevant les hommes de le ChieseDeu.

Le constituant qui se trouve dans une telle position de rupture par rapport au syntagmeest undéterminant(Dt). Il contracte une relation dedéterminationavec les autresmembres syntaxiques de même niveau, qu’on nommeranoyau. Ainsi,mon saingnor. . .déterminele motfilhedans la figure 3.50.150

Les choses sont très claires dans le cadre d’un S1. Quant aux compléments (R2 endehors de la relation attributive, R3, A4, C5), la rupture d’accord est parfois visible

149 Par rapportau système linguistique du texte, qui respecte la déclinaison.150 Tout problème concernant la hiérarchie des appositions mis à part (→3.4.7.3).

124

Page 158: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

en dehors de tout marquage de type casuel, simplement en se servant des marquesdugenre et du nombre:

«[. . .] ches chozes sont[13] contenues plus plainement es letresle eveskedevantdit ki de chesont faites.» (Document 1263–07–15, 12).

Cependant, la rupture n’est pas toujours directement perceptible, puisque ce sont lesmêmes marques casuelles qui indiquent toutes ces fonctions autres que S1 (et R2attributif) – le «cas régime».151 Ainsi, il n’y a toujours pas de différence de marquagecasuel ou de marque de genre ou de nombre dans les constituants de

«[le] testament Godefroit» (Document 1274–05–31b, 4).

et l’on ne peut tirer les mêmes conclusions que ci-dessus. Ces ambiguïtés sont im-possibles à lever sans opérer de transformation: c’est à nouveau les connaissanceslexicosémantiques qui permettent de dire que, si le R2 ou R3 qu’on cherche à évaluerétait transposéen position de S1, les ruptures d’accord similaires à celles observéespour S1 seraient mises à jour. Nous reconstituons

*Li testamens Godefroit est acomplis.

à partir de

«Etpor chu ke[24] men arme soit acuiteeetchis testamens del tot acomplis, je mes en le mainde mes foimains [. . .].» (Document 1289–01–12, 23).

pour aboutir aux mêmes conclusions. La spécification se fait ainsi de manière syn-thétique, non grâce à un marquage particulier, mais grâce à un contraste entre lesmarquages de constituants cointégrés.

La détermination a parfois un pronom comme noyau:

«[. . .] il [sont] tenut de faere cescunan troes anniversaeres : lesigneurAsson,me pere, ledammeMahaut,memere,et le Sapiente,mesereur[. . .].» (Document 1272–03, 11).

Le mécanismede détermination est fondamentalement identique à celui de la com-plémentation dans le cadre actanciel. En conséquence, il nous semble intéressant d’en-visager les relations entre les constituants qui ne sont pas argumentaux comme simi-laires à celles qui lient les arguments au prédicat. Nous nommeronssélectionl’exten-sion comprenant les relations de complémentation et de détermination – voir figure3.51.152

Le point commun de la complémentation et de la détermination est qu’il s’agit derelations qui mettent un constituant en situation de dépendance par rapport à un autre.

Ce modèle ne postule pas d’autre hiérarchie entre les constituants que celle quioppose les combinaisons aux sélections: sauf phénomènes complexes de hiérarchie(→3.4.7.3 et→3.4.7.4), tous les déterminants sélectionnent en bloc tous les consti-tuants apposés:

151 Dont ona souligné la «sous-spécification» (→3.4.4.2).152 Le termesélectionvient de Louis Hjelmslev (→3.2.1).

125

Page 159: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

sélection@non-coorientation@ou non-cointégration

complémentation@syntaxe argumentale

détermination@syntaxe immédiate

FIG. 3.51 – Types de sélections

[

[le] [decés]] [

[dame][

Magon]

]

Dt

FIG. 3.52 – Structure dele decés dame Magon

[

filhes]

[

[a] mon sainor. . .]

Dt

possesseur

FIG. 3.53– Structure defilhes a mon sainor. . .

«le decés dame Magon [. . .]» (Document 1283–02–13b, 8).

est analysé comme indiqué dans la figure 3.52. Nous ne discuterons pas ici des pro-blèmes spécifiques que posent l’analyse de l’«article» (considéré ici comme un nom).

3.4.6.2 Spécification de la détermination

Les exemples qui précèdent se caractérisent par l’absence de relateur: bien souvent, larupture n’est marquée que par des moyens morphologiques. Pour exprimer la notiond’appartenance à une personne, la relation de détermination n’est marquée par aucunadverbe.

De la même façon que pour la complémentation (→3.4.4.2), la langue a lesmoyens d’expliciter ou de spécifier la relation syntaxique entre un noyau et ses dé-terminants par l’emploi d’adverbes relateurs, lesquels peuvent simplement expliciterla relation déjà existante. Ainsi, les Dt avec ou sans relateurs sont en concurrence:153

«damoiselle Sybille, filhemonsaingnorLeone [. . .] vint pardevant [3] nos et pardevant leshommes de le Chiese Deu» (Document 1260–02–03, 2).

«Mahotet Aielit, filhes amonsainorRobiertdeCorwaremme» (Document 1264–09–07, 3).

Soit, sion devait représenter schématiquement la deuxième structure, la figure 3.53.Ce schéma montre bien que le fonctionnement de la spécification est identique à celuiqu’on rencontre pour R3 au niveau argumental (→3.4.4.2).

153 Cette concurrenceest cependant limitée: «Le tour [sans préposition, c’est-à-dire, dans la ter-minologie employée ici, sans relateur] a un emploi restreint en ancien français. Le détermi-natif désigne presque toujours une personne [. . .]» (Moignet 1988, 92). L’auteur mentionnenéanmoins quelques (rares) attestations qui font exception à cette règle.

126

Page 160: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

En ce sens, l’analyse est assez proche de celle qu’Alain Lemaréchal (1989, 129–138)propose dudede l’exemple tesniérienle livre d’Alfred. D’après lui, le relateurnepermet pasla relation entrelivre et Alfred, mais en modifie la valeur. Étant donné lepotentiel morphologique de l’ancien français, c’est la flexion qui permet ici la relation;le deou lea s’y superpose.

Dans certains cas, le relateur spécifie plus précisément la relation:

«le venre-[18]-di aprés l’Ascention» (Document 1260–05–14, 17).

«le judidevant la Magdalene» (Document 1263–07–19, 16).

Sémantiquement, lesrelateursavantet aprèspositionnent la circonstance expriméepar le déterminant par rapport à celle exprimée par le noyau, ici dans un contextetemporel.

Il serait difficile d’affiner davantage le classement à l’aide de critères morpho-syntaxiques.154 Malheureusement, arrêter le classement à ce stade mène à certainsproblèmes pour déterminer à quel niveau joue la sélection (→3.4.7.4).

3.4.6.3 Adverbes

Une grande partie des relateurs sont des adverbes.155 En plus de leur valeur spécifica-tive, il faut rendre compte de leur insertion en syntaxe immédiate (→a). Par ailleurs,les relations que les adverbes non-relateurs entretiennent avec d’autres constituants ré-clament un peu d’attention pour être décrites correctement. En particulier, un nom peutêtre déterminé par un adverbe (→b) et les adverbes peuvent fonctionner ensemble, soiten se combinant ou se déterminant (→c), pour éventuellement former des relateurscomplexes (→d).a. Relateurs.La fonction qui unit le relateur au reste du syntagme dont il spécifie larelation est différente de la spécification. En dehors de cette opposition, il ne paraît pasnécessaire de pousser plus loin l’analyse: l’important est de constater que le relateurfonctionneavec les termes nominaux, de la même façon qu’une désinence fléchit lemot (→3.1.2.2). Si l’on considère la hiérarchie des relations et des constituants, les

154 Alain Lemaréchal(1989, ch. 12) propose de limiter l’orientation primaire des noms en fr.mod. aux déterminants introduits pardeouà, reléguant au second rang ceux qui sont relatéspar d’autres adverbes. Nous n’adhérons pas à cette vision des choses: l’extrême variabilitéde la charge spécificative des relateursdeetà nécessiterait une étude approfondie.Il n’est pas envisageable non plus de se servir du point de vue sémantique et de distinguerici les «déterminants quantifiants» des «déterminants caractérisants» de l’analyse en consti-tuants immédiats (Soutet 2001, 294–309), ni de poser un statut hiérarchique subordonné – oumême superordonné – à l’«article». Ce modèle postule que les déterminants gravitent autourdu nom et le précisent sémantiquement: les caractérisants limitent l’ensemble des objets dumonde auxquels le syntagme est applicable (p. ex.:rouge, dans fr.ballon rouge); les quan-tifiants dénombrent les objets dénotés (p. ex.:un, le, deux). Malheureusement, en voyant leschoses ainsi, il est souvent difficile de justifier rigoureusement la position «centrale» du nomdéterminé (pourquoiballonne limiterait-il pas l’ensemble des objets rouges?), en particulieren cas de «substantivisation d’adjectifs».

155 Voir cependant→3.4.6.4 a au sujet des pronoms relatifs.

127

Page 161: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[avons donet(P0)][

[a] [Warnier. . .]]

complémentation

spécification:BNF

FIG. 3.54 – Fonctions du relateur au niveau argumental

[

filhes]

[

[a] [mon sainor. . .]]

Dt

possesseur

FIG. 3.55 – Fonctions du relateur au niveau immédiat

relateursfont partie du constituant dont ils spécifient la relation, au même titre que lesmarques morphologiques de S1. Concrètement, dans l’exemple déjà abordé,

*nos avons donetaWarnier [. . .] une mason.

la relation decomplémentation liea Warnier. . . au prédicatavons donet. Le groupeformé par le relateur et le constituant avec lequel il fonctionne forme un bloc, ce quiimplique l’existence d’une relation entre ces constituants. De ce fait, il faudrait revoirles schémas pour noter explicitement le lien entre le relateur et le reste du syntagme(figures 3.54 et 3.55). Comme le montrent les schémas, la nature exacte de la relationentre le relateur et le reste du syntagme n’est pas précisée. Ainsi, la question: «Le re-lateur sélectionne-t-il le terme nominal ou est-ce au contraire ce dernier qui déterminele relateur?» restera sans réponse.156

b. Détermination d’un nom par un adverbe.La simple cooccurrence d’un adverbequi ne soit pas un relateur dans un constituant contenant un nom constitue une rupturesur le plan morphologique. La continuité du marquage nominal est ainsi rompue pardes marques intégratives et catégorielles. Par ailleurs, comme on va le voir, si le nomporte des marques spécificatives, ces dernières portent sur une relation contractée à unniveau supérieur.

Par exemple, l’adverbeplusn’est pas un relateur, il ne spécifie pas la relation quiunit le constituant intégrant le nom qu’il détermine aux autres constituants de mêmeniveau, mais apporte une précision sémantique.

«Et por chu ki chis testamens soitplus fermes, ju, Bastiens, testamenteres devant dis,[35] l’aifait saeler [. . .]» (Document 1267–08–28, 34).

«Et en ai pris Philippe Tabart a home,[34] par teil devise ke ce n’est ke unsous homages deces dozeboniers ensemble [. . .]» (Document 1267–08–28, 33).

156 À première vue,c’est plutôt le relateur qui sélectionne le terme nominal, puisqu’il spécifiela relation qui unit ce dernier à d’autres constituants de niveau supérieur. Néanmoins, dansla mesure où nous acceptons les théories de la translation – bien qu’on ne puisse y faireappel pour des raisons méthodologiques (→3.3.2) –, la présence du relateur pourrait être laconditionsine qua nonpour que certains mots assument certaines fonctions. Il est même descas où le relateur peut être employé seul (sans «régime») (Lemaréchal 1989, 94–98); parexemple,devanten fr. mod.

128

Page 162: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[ci] [devant]

FIG. 3.56 – Structure deci devant

La forme defermesrésulte de la relation d’attribution qui lieplus fermesà chis testa-mens. De même, la formehomagesest due à la relation d’attribution entreceet soushomages.c. Relations entre adverbes.Le syntagme adverbial pose à nouveau problème du faitqu’il ne comporte pas de marques morphologiques. Que faire devant des constituantscomposés seulement d’adverbes? Comment décrire la relation qu’ils contractent? Soitles attestations suivantes:

«sa partie des deniers kici devant sont nommeit» (Document1244–01–19, 15).

«la quele dette [. . .] aloit [. . .]tropdamajousement» (Document 1260–02–03, 4).

Les adverbes groupés sont-ils apposés ou l’un détermine-t-il l’autre? En l’absence derepères morphosyntaxiques, seule la sémantique aide à y voir clair.

Dans le premier des exemples ci-dessus,ci devantpermet de comprendre en quoiconsiste la coorientation dans le domaine adverbial. On a avancé que l’adverbe étaitune partie du discours comportant une spécification en langue (→3.4.4.4). Si tel estle cas, la valeur de la spécification de deux adverbes coorientés doit être au moinspartiellement identique. Dans le cas deci, la valeur véhiculée est celle d’une loca-lisation spatiale (au sens propre ou figuré), alors quedevantdénote une localisationspatio-temporelle. Dans ces conditions, l’apposition est envisageable (figure 3.56). Ontrouve également dans le corpus des attestations deci ou devantisolés avec un senssimilaire:

«Et quant ci termines se-[11]-ra passés, totes le fermetés kidevant sunt dites cesseront»(Document 1249–06–25,10).

«Et par[13] ce ke les changes et lesconvenances kici sunt de-visees soient plus fermes et[14] mielz conutes, avons nos fait saeleir ceste lettre del sael les Povres [. . .]» (Document1260–10–02, 12).

Par contre, si l’argumenttrop damajousementexprime le cadre du procès dénotéparaloit, nous ne pensons pas que les deux mots soient coorientés. On admettra quele sens du mottrop n’a pas changé de manière significative depuis l’ancien français: ilfaut le voir – sur le plan sémantique – comme un modificateur d’intensité; il est déjàpeu probable qu’il manifeste la même spécification quedamajousement. De plus, sil’on tente d’effacer les constituants, on constate que le sens de*la quele dette aloittrop – si tant est qu’une telle construction soit possible – s’écarte plus radicalementdu sens du contexte cité que*la quele dete aloit damajousementne s’en écarte:alertrop damajousementest une façon d’aler damajousement. La conclusion de cela estque sitrop modifie le sens de la phrase, il le fait plus précisément en modifiant le sensdu syntagme dans lequel il apparaît; par contre,damajousementne modifie pas le sensde l’argument, mais le fonde. De ce fait, les deux adverbes ne peuvent être apposés.Cette relation de dépendance sur le plan sémantique implique que les relations entre

129

Page 163: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

trop] [

damajousement]

détermination

FIG. 3.57– Structure detrop damajousement

[

par]

[deseur]détermination

FIG. 3.58– Structure depar deseuravec détermination (hors contexte)

[

[

par]

[desor]]

[

les quatuose. . .]

FIG. 3.59 – Structure depar deseuravec détermination (relateur)

[

par]

[

[desor][

les quatuose. . .]

]

FIG. 3.60 – Structure depar deseursans détermination (relateur)

[

[

par]

[desor]]

[

les quatuose. . .]

FIG. 3.61 – Structure depar desor les quatuose. . .

les mots aient lieu à des niveaux d’intégration syntaxique différents:trop déterminedamajousementde la même manière qu’un déterminant détermine un noyau nominal(figure 3.56).d. Relateurs complexes.Certains relateurs sont composés de plusieurs adverbes. Nousles nommeronsrelateurs complexes.

«La reportat damoiselle Sy-[7]-bylle devant diteensen la main del maior [. . .] douze bonierede terreerrableet un jor-[9]-nal tierchal» (Document 1260–05–30b, 6).

«li abbéset li covens de_la Vals Saint Lambert m’on paiet tout entiere-[3]-ment, [. . .] ce kela grosse dime de Peres pooit plus valoiret [4] monter,pardesor les quatuose vins mars ke jeavoieja receus» [. . .] (Document 1267–07–06, 2).

«Sacent thuit ke l’an_de _grase m cc lxx [. . .] vinrentpardevant nos [. . .] Hen-[4]-ris li Hardisde Horion [. . .] et de sanior Ge-[6]-rare de Hemricurt [. . .]» (Document 1270–06–06, 2).

«pooir avoit[6] depar l’abesse et le covent» (Document 1278–10–17, 5).

Il estassez difficile de proposer une analyse des relations internes à ces relateurs com-plexes. Par exemple, commepar deseurpeut avoir seul la fonction C5, le raisonnementtenu ci-dessus (→c) mène au schéma 3.58.

Faut-il garder cette analyse quandpar deseura une fonction de relateur (figure3.59)? Dans ce cas, la même description convient-elle àens enet àde par? Ou bienfaut-il analyser un enchaînement de relateurs comme deux relateurs se succédant –ce qui implique une hiérarchisation du syntagme –, cf. figure 3.60. Sans une étudeappropriée, il est plus prudent de décrire ces combinaisons comme des figements – àl’intérieur desquels les relations ne sont pas vraiment analysables (figure 3.61).

130

Page 164: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

3.4.6.4 Propositions avec prédicat personnel

La subordinationde propositions dont le prédicat est à un mode personnel n’est paslimitée à la construction des arguments, mais se retrouve également à tous les niveauxd’intégration inférieurs. Le mécanisme de marquage de la relation y est similaire àcelui employé au niveau actanciel: un relateur exprime généralement la subordination:

«A toz ceazki cez letres verontet oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité»(Document 1267–10–29, 1).

«Et ilh recordarent tot en tel maniereke chi desore est escrit.» (Document 1273–05–12, 15).

«Et laou che fut fait furent present [. . .]» (Document 1274–02–24, 15).

Dans l’état de langue étudié, l’emploi d’un relateur est quasi systématique, ce quiest compréhensible. Dans une langue où les changements d’orientation sont essen-tiellement marqués par la flexion nominale et les adverbes relateurs, les risques deconfusion et d’ambiguïté pourraient être importants en l’absence de marque segmen-tale pour indiquer une relation entre une construction aussi longue et complexe que laproposition et le reste du syntagme qui l’englobe. La langue ne pouvant se servir dela morphologie pour indiquer la subordination, elle emploie des adverbes dédiés à cetusage. On a donc l’impression que du point de vue de la structure de la langue, l’em-ploi du relateur permet à la proposition d’assumer une fonction qu’elle ne pourraitcontracter sans lui.

Examinons les cas de «relatives» et «complétives» en relation avec un nom ou unadverbe.a. «Relatives» en relation avec un nom.Dans un contexte nominal, une subordon-née peut entrer en relation avec un nom et être relatée par un mot qui exprime unedésignation de la même réalité que ce nom:

«[. . .] ma damme Beatris,ki ja fut abbesse de la maison devant dite, en_prist donet vestureentre Sainte Marieet Saint Lam-[7]-bert [. . .]» (Document 1260–05–14, 6).

«A toz ceazki cez letres verontet oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité.»(Document 1267–10–29, 1).

«[. . .] Facins n’avoiet rins a cequ’il clamoiet encontrela maison de[14] la Valz Benoite»(Document 1260–05–09, 18).

«Et de cest fiez Henris devant[10] diz retient un bonier,dont ilh demorat hom de fiez le saignord’Astenoit.»(Document 1266–06–13, 9).

«Item, je lai Bastien, monanné filh, me grande maison de Sain Servaisu ju [4] demoure [.. .]»(Document 1289–01–12, 3).

Tous ces cas appartiennent à la classe de ce que la grammaire traditionnelle désigne dunom de «relative» et sont très proches du français moderne. La relative entretient unerelation particulière avec son antécédent. Le développement que fait Alain Lemaréchal(1997, ch. 5 et 6) à ce sujet est le suivant: d’après lui, les relatives sont des propositionsque le relateur subordonne, mais aussiorientevers l’antécédent.

131

Page 165: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[nom][

[relateur][

proposition]

]

coorientation

FIG. 3.62– Apposition d’une relative et d’un nom

[nom][

[relateur] [P0]]

coorientation

FIG. 3.63 – Apposition d’une relative et d’un nom: fonctions du relateur

L’antécédent et la relative sont, d’un point de vue sémantique, des désignations dela même réalité (cf. Lemaréchal 1997, 175); soit la figure 3.62.

C’est à peu près ce que Gérard Moignet (1988, 155), qui estime que la relative estune «sorte de substantif de discours», a exprimé en ces termes:

«L’être que désigne la proposition relative ainsi constituée est affecté dans une autre phrase,dite régissante,157 des fonctions grammaticales du substantif: sujet, objet, apposition, régimeprépositionnel, régime absolu – ou de l’adjectif: épithète, apposition, quand il est référé à unsubstantif ou a un pronom, dit antécédent.»

Pour Alain Lemaréchal, tant l’antécédent que la relative sont orientés vers un parti-cipant. De même, un relateur adverbial supplémentaire orienterait la relative en consé-quence; ainsi, dans fr. mod.158

hache avec laquelle Paul coupe les arbres

le nomhacheet la relative seraient tous deux orientés vers l’instrument. Cette ana-lyse ne convient que si l’on pose que le relateur nominal ne remplit pas de fonctionà l’intérieur de la relative, mais ne fait que l’introduire et la spécifier. Nous préféronsconsidérer que le nom qui joue le rôle de relateur est impliqué dans le schéma argu-mental du prédicat de la relative. La relation entre le relateur et le reste du syntagmeest donc spécifiée (figure 3.63). Dans ce cas, autant il est aisé d’admettre qu’il y a biencoorientation entre la relative et l’antécédent, autant nous ne voyons pas commentle constituant formé par la relative (en ce compris le relateur) pourrait, en dehors detoute relation de sélection, être orienté vers autre chose que lui-même. Il y a semble-t-il une distinction à faire entre la fonction immédiate qui appose antécédent et relativeet la fonction (éventuellement argumentale) que le constituant ainsi formé contracte.Si l’on reprend et que l’on développe le dernier exemple, on voit que le constituanten question (la hache avec laquelle Paul coupe les arbres) peut être orienté différem-ment:159

patient: Il a volé la hache avec laquelle Paul coupe les arbres.agent: La hache avec laquelle Paul coupe les arbres tranche bien.

157 Nous soulignons l’autonyme.158 Pour simplifier, nous commençons l’exposé par un exemple en français moderne, qui ne

diffère pas de l’ancien français sur ce point.159 L’«article», que l’auteur considère comme un «substantivant» du syntagme nominal

(Lemaréchal 1989, 46–54), pourrait être considéré comme coorienté.

132

Page 166: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

instrument: Il s’est blessé avec la hache avec laquelle Paul coupe lesarbres.

C’est une contrainte supplémentaire qui spécifie l’orientation au niveau argumen-tal (marque séquentielle ou marque segmentale). L’ancien français fonctionnait déjàainsi. Dans l’exemple qui suit,ki est la forme contrainte de S1, mais l’ensemblea tozceaz ki cez letres veront et orontest R3:

«A toz ceazki cez letres verontet oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité.»(Document 1267–10–29, 1).

La forme du relateur n’est donc pas liée au contexte intégrant, mais à la fonctionqu’il a dans la subordonnée. Ce cas de coordination le montre particulièrement bien:

«Alisandres [. . .] werpit le siene part de tot l’aluki gist a Oire et sorcui li cens gistke Jakemins d’Oire ki[7] fut lur lassat, luiet Gilet, son frere, en amoine.» (Document1284–02–12, 5).

Dans le cadre des constituants propositionnels comportant ce type de relateur, laflexion nominale n’est ainsi d’aucun secours pour appréhender la coorientation parrapport à l’antécédent, purement sémantique.160 C’est cette coorientation qui est l’in-dice d’apposition de la subordonnée au nom.

Puisque la spécification du relateur prend effet à l’intérieur de la subordonnée,la présence d’un adverbe spécificateur joue à un niveau syntaxique inférieur à la su-bordination; dans l’extrait suivant,par permet d’exprimer la cause du procès de lasubordonnée:

«[. . .] me sires Facins, se peres, n’en fist onkes chosepar quen ilh dewiste estre deserités.»(Document 1276–07–22,5).

Les relateurs adverbiaux se comportent de manière identique et leur orientationpropre peut différer de l’orientation de la subordonnée considérée dans son ensemble:

«Et de cest fiez Henris devant[10] diz retient un bonier,dont ilh demorat hom de fiez le saignord’Astenoit.»(Document 1266–06–13, 9).

«Item, je lai Bastien, monanné filh, me grande maison de Sain Servaisu ju [4] demoure [.. .]»(Document 1289–01–12, 3).

On voit bien quedontet ou jouent à la fois un rôle extérieur et intérieur à la proposi-tion, mais la charge spécificative du relateur prend tout son effet dans la subordonnéeet non dans la relation qui unit celle-ci au constituant en apposition.

Quant aux parataxes, elles sont quasi inexistantes en contexte nominal: on ne re-lève que ces deux extraits:

160 Et de ce point de vue, on peut s’échiner à distinguer «relatives appositives» et «relativesdescriptives», mais force est de constater qu’elles sont construites de manière absolumentidentique, et que quel que soit le cas de envisagé, il y a toujours une forme de coréférenceentre le nom et la subordonnée de même niveau: les deux constituants désignent le mêmeobjet.

133

Page 167: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[nom][

[relateur][

proposition]

]

coorientation

FIG. 3.64– Apposition d’une complétive et d’un nom

«Me sires Godefroiez Valee [. . .] avoit vendutet afaietiet iii bonirs de terre d’alu [. . .] désa_tensli_sigesfut devantAiez.» (Document 1265–04–15, 15).

«Et de quele161 oire li gliese desourditte [27] en soit en don et en vestureet lour aientquitteit, li quatre bonier d’aluz desour dis revenront quitteetpaisulea devant[28] dit Baduin.»(Document 1278–04–06, 26).

Ces attestations sont bien moins précieuses que celles qui montrent que les sélectionspeuvent fonctionner sans relateur. On constatera simplement que ces propositions pa-ratactiques sont toujours intégrées à un constituant C5.b. «Complétives» en relation avec un nom.Une subordonnée peut être apposée à unnom sans que le relateur ne joue de rôle à l’intérieur de la proposition. Dans ce cas, onparle traditionnellement de «complétives». Par exemple

«por cequecesoitfermementtenut, li veskeset li cuensi ont pendut lors sayaus.» (Document1236–12–15, 12).

La structure est également celle représentée dans la figure 3.64, mais, contrairementà ce qui se passe pour les relatives, le relateur ne contracte ici aucune fonction àl’intérieur de la proposition.162

c. «Relatives» en relation avec un adverbe non relateur.La relation entre la subordon-née et un adverbe de même niveau se présente de façon similaire à celle qui unit une«relative» à un nom. Cette fois, la différence notable entre le contexte nominal et lecontexte adverbial n’implique qu’une restriction au niveau des coréférences possibleset l’impossibilité d’employer un relateur nominal.

«La ou totes ces choses desoir_escrites furent faites, furent homes dele [24] Cise Deu.»(Document 1274–05–31b, 23).

L’orientation de l’adverbeou, codée en langue, ne joue pas au niveau de la relation quela subordonnée entretient avecla, mais à l’intérieur de la subordonnée introduite. Parcontre, le fait quela etousoient «préorientés» entraîne forcément que les orientationsde la subordonnée, de son apposé, du relateur et du constituant qu’ils forment soientidentiques (→3.4.6.3 c).

La parataxe est également très rare,

«[. . .] par ensiseriensfaut amesmueblesporpaierleslassesde-seurdittes,je weilh queonretrence[53] a_l’avenantdecescunelassequeje ai fait endenirs» (Document 1283–02–13b,52).

161 Nous neconsidérons pasquelcomme un relateur: cela compliquerait inutilement l’analysede la construction la plus fréquentede quele eure que. . .

162 Il serait envisageable de poser qu’il n’y a pas de différence entre ce relateur et leque«pronomrelatif». On pourrait, suivant notre modèle, considérer lequecomme un argument du prédicatde la subordonnée. Il aurait alors fonction de C5 ou de C6, avec une valeur sémantique quiserait très limitée. Nous n’avons pas encore pu tester cette vision des choses sur le corpus.

134

Page 168: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

avons pendu]

[

[

por] [

que ceste chose. . . . . .]

]

C5

but

FIG. 3.65 – Structure deavonspendu. . . por que. . .

mais notons qu’un document fait systématiquement suivrela de la subordonnée (sansrelateur):

«[. . .] je voilh ke li iretages demoraistla ilh le voroit laisier [. . .]» (Document 1289–01–12,10).

«[. . .] je voilh ke mei foimains doisent quatre mars de ligoisla ilh verontet troverontparbonsclerskemenarmesoit miésacuiteie [. . .]» (Document 1289–01–12, 26).

«[. . .] je lais un march, le quelh me dameet li foimain donront en aournement d’atés,la ilhverontk’ilh seratmiésenploiés.» (Document 1289–01–12, 26).

La particularitéreste trop peu attestée pour qu’on en tire des conclusions intéressantes.Comme pour les propositions apposées à un nom, ces cas sont limités à des C5.d. «Complétives» en relation avec un adverbe non relateur.Le schéma est le suivant:adverbe et subordonnée sont également coorientés. On fera simplement remarquer quel’adverbe sert en quelque sorte de classificateur à la complétive (cf. Lemaréchal 1997,152):

«Et [13] li commandons ens em_paissi ke droiset loysporte.» (Document 1278–12–03, 12).

e. «Complétives» et «relatives» en relation avec un adverbe relateur.La plupart dutemps, le rôle des subordonnées est spécifié indirectement: un relateur porte sur unensemble formé par le nomceet une proposition apposée; par exemple:

«Et por ce que ce soit fermement tenut, liveskeset li cuens i ont pendut lors sayaus.»(Document 1236–12–15, 12).

Dans ce cas, on ne peut pas vraiment dire que la relation contractée par la subordonnéesoit spécifiée: c’est la fonction du constituantce que. . .qui est spécifiée. Par contre,il arrive qu’un relateur précède directement une subordonnée «complétive»:163

«Et por que ceste[15] chosesoit plus ferme, nos avons pendu a cest present escrit nos saiaspropres en tesmonghage de[16] verité.» (Document 1287–10, 14).

«Ne ne_le_porons,[5] nos [. . .], metre hors de no main ne desevreir,por quoi nos [. . .] netengnons [6] a perpetuité ces chozes des eveskes de Liege.» (Document 1263–05–27a, 4).

Dans ce cas, puisquequene joue aucun rôle dans la complétive, nous considérons quele relateur spécifie forcément la relation qui implique la subordonnée (figure 3.65).

163 On remarqueque le motce, qui impose un environnement nominal, est absent.

135

Page 169: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[P0][

[nom][

participe (P0)] [

autre argument]

S1]

FIG. 3.66 – Structure rejetée de la relation entre nom et participe co-orientés

[P0][

[nom][

[

participe (P0)] [

autre argument]

] ]

FIG. 3.67 – Structure de la relation entre nom et participe coorientés

3.4.6.5 Propositions avec prédicat non personnel

a. Propositions participiales.Les propositions participiales – pour rappel, nous nom-mons ainsi les propositions dont le prédicat est conjugué au participe passé ou au par-ticipe présent (→3.4.2.5 b) –, qui entrent en relation avec des constituants nominauxde même niveau sont coorientées par rapport à ce dernier: le prédicat de la propo-sition et le terme nominal expriment une propriété de l’objet dénoté. Le marquagemorphologique (accord en cas, genre, nombre) est en accord avec la coorientation:

«Et nos, Giles de Lageri, doiens devantnomeiz, avons pendut a cest present[7] escritnostresaieal.» (Document 1271–12–03, 6).

«la mai-[8]-son de Robermont devantdite» (Document 1260–05–14, 7).

«vi mars[4] de cens [. . .] bienassis a estimation de preus-dommes»(Document 1283–02–13a,3).

La question principale que soulève l’analyse des participiales est celle de la rela-tion qui unit le nom coorienté à P0 au schéma argumental de la proposition. Les propo-sitions dont le prédicat est à un mode personnel comprennent un sujet non obligatoirecombiné à ce prédicat. Somme toute, la relation observée ici est fort ressemblante.Dès lors, pourquoi ne pas dire que le nom constitue un sujet? L’analyse pourrait doncêtre celle de la figure 3.66. Mais il s’agit d’un fait de syntaxe immédiate, parce quela relation de dépendance n’est pas la même: à notre avis, la présence d’un prédicatconjugué à un mode personnel est la condition fondatrice de la phrase (→3.4.1.2),alors que l’effacement d’un participe apposé à un nom ne change rien au rôle argu-mental que ce dernier peut jouer; par exemple, si on enlèvedevant nomeizdu premierextrait ci-dessus:

*Et nos, Giles de Lageri, doiens, avons pendut a cest present escrit nostre saieal.

Par ailleurs, le nom apposé au participe ne commute pas avecil, alors que tousles autres arguments conservent leurs propriétés paradigmatiques. On préfèrera doncl’analyse présentée dans la figure 3.67. Les marques segmentales de cas correspondentd’ailleurs à la fonction du nom apposé dans la phrase, et non à son rôle par rapport auparticipe.

«Et nos, li home[13] de la Chise Deu, ouwe la veritee etle testamentbin regardeet, en feimesdon etve-[14]-sture par le consel de mut de prodomes ki la astoent a sanior Anthone devantdit en [15] nome del amoine de-sor nomee.» (Document 1270–06–06, 12).

136

Page 170: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

relation@dépendance oucoocurrence@implique deux constituants

combinaison@coorientation@cointégration

S1@contexteargumental

apposition@contexteimmédiat

sélection@non-coorientation@ou non-cointégration

complémentation@contexteargumental

détermination@contexteimmédiat

FIG. 3.68 – Types de relations

b. Propositions infinitives.L’infinitif est compatible avec la fonction de déterminant(il est alors relaté).

«Et les xxiiii solsde [10] censa_paiera termines [. . .] werpirent cilh Lambers Vennisons et se[11] femme» (Document 1255–05–21, 9).

«[. . .] me_sires Wilheames devant dis avoit[6] pooiretmandement specialdeprendrevesturesdetoslesyretages [. . .]» (Document 1274–05–31b, 5).

Cette relationne pose absolument aucun problème, même s’il n’est pas toujoursévident de la distinguer d’une relation attributive (de niveau argumental). Cette dis-tinction fera l’objet d’une section ultérieure (→3.4.7.1 b).

3.4.6.6 Synthèse des relations immédiates

Le parallélisme des fonctionnements des niveaux argumental et immédiat est clair.Tout d’abord, on retrouve le même type de relations (figure 3.68). Ce sont les mêmesmarques qui sont employées aux deux niveaux pour exprimer les spécifications: lesmoyens casuels et les relateurs. Et du point de vue de leur nature, les constituantsimpliqués sont les mêmes. La seule différence, qui fonde la disjonction des niveauxargumental et immédiat, est qu’à ce dernier niveau, il n’y a que très rarement un prédi-cat central. En conséquence, une structure de niveau immédiat ne peut pas constituerun énoncé phrastique et est forcémentdépendante, à moins que certaines conventionsexternes, liées au type de texte ou à la situation, ne lui permettent de jouer le rôled’énoncé (→3.4.1.2 b). Chacun de ces phénomènes mériterait une monographie. Onse limitera ici à quelques observations générales et à l’exposé des choix qui ont dû êtrefaits.

3.4.7 Problèmes généraux

Tout d’abord, il est fréquemment problématique de déterminer avec exactitude à quelniveau de syntaxe se situent les relations observées: jouent-elles au niveau argumentalou au niveau immédiat (→3.4.7.1)? Une fois le niveau déterminé, il peut subsister deshésitations quant à la hiérarchie des structures les plus complexes. La coordinationaccroît le nombre de constituants de même fonction (→3.4.7.2). D’autre part, plusieurs

137

Page 171: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

combinaisons et sélections peuvent être présentes sans qu’il soit toujours possiblededéterminer exactement quels constituants elles impliquent précisément (→3.4.7.3et→3.4.7.4). Enfin, les quelques apparitions de structures en mention et d’énoncésen latin se placent naturellement en dehors du système qui a été présenté ci-dessus(→3.4.7.6).

3.4.7.1 Relations argumentales ou relations immédiates?

Compléments et déterminants agissent de manière similaire, si ce n’est que les pre-miers sélectionnent un prédicat, mais non les autres. Cette propriété commune com-plique la description (a). Les cas les plus particuliers: l’intégration des infinitifs (b) etles phénomènes de thématisation (c) méritent un commentaire approprié.a. Généralités.Il est assez fréquent que les déterminants prennent une forme trèsproche des C5, mais qu’il soit impossible de les interpréter comme tels, parce qu’ilssont visiblement intégrés en syntaxe immédiate:

«ilh ont enluis[3] quatre hommes: le prevost de Tret, mon saingor Henemant d’Otoncur,depar le Conte,[4] mon saingor Gilion de Barbenchonet maistre Lambert de Halos,depar leveske [. . .]» (Document 1236–12–15, 2).

Puisquequatrehommeset le prevost de Tret. . . de par le veskesont en relation d’ap-position et constituent ensemble un R2, il n’est pas possible d’accorder un statut deC5 aux constituants commençant parde par. . ..

Nous expliquons ainsi les constructions impliquant la formuled’une part. . .d’autre part: en fonction de l’intégration syntaxique, on analyserad’une part etd’autre partcomme des C5 ou comme des Dt:

C5: «Conute choise soit a tos ke l’an de grasce m cc quatre_vins[3] et on, le semedi devant leChandeloir, vinrent par devant nos [. . .] Jehans, li fis le maoir de Horpale,d’unepart,et mesiresJehans[5] c’on_dist delle Savenire [. . . ],d’atrepart.» (Document 1282–02–01, 2);

Dt: «[. . .] le pais ki est faite entre monsignor le veske de Liege,d’unepart,et Waleran, mon[3] frere,d’atre, [. . .] sue_je tenes a faire garder [. . .]» (Document 1237–09–16, 2).

L’intégration du constituantentre. . . d’atrecomme C5 empêche de considérerd’unepart etd’atre comme des C5.

Parfois, le niveau d’intégration ne peut être repéré qu’à l’aide de la sémantique:

«Et la afaitat Gedefrois desor dis a frere Gilon de[7] Hambrut desoir nomeit et a_owés dellemaison delle Va Benoite trois denirs[8] ligois de censparan» (Document 1285–07–04, 6).

Dans lecontexte,afaitier est une action ponctuelle et unique, et ne peut être compriscomme itératif. Si le prédicat exprime un procès unique, un C5 présupposant unerépétition (commepar an) lui est forcément incompatible.

Une grande quantité de cas ne peuvent être analysés de la même manière. Ilest souvent possible d’interpréter le constituant dont on cherche à définir la relationcomme un Dt ou un complément de type C5:

«Et avuec ces choses devant dites avons nos repris en fiezet en homage[6] deli et del eglisedeLiege le dieme de Tohongneet de Wirice» (Document 1243–07–09, 5).

138

Page 172: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[nom] [P0][

[relateur] [infinitif]]

FIG. 3.69 – Relation médiate entre un nom et un infinitif relaté

[P0][

[nom][

[relateur] [infinitif]] ]

FIG. 3.70 – Structure de la détermination d’un nom par un infinitif relaté

Le constituant souligné sélectionne-t-ilfiezet homageou bienavons repris? En règlegénérale, on doit poser un choix arbitraire. Pour simplifier l’analyse, nous dirons quedans tous les cas ambigus (ou pour lesquels nous doutons), le constituant est un C5.C’est-à-dire qu’il est placé au niveau d’intégration le plus élevé possible dans l’arbresyntaxique.

Ne perdons pas de vue que ce choix ne fait pas que déterminer le niveau d’intégra-tion de la structure: il implique aussi un changement de statut des relations syntaxiquesqui unissent les constituants. Comme indiqué plus haut.164, si un argument entretientune relation avec un autre argument, cette relation «passe par le prédicat»: elle estmédiate .b. Infinitifs.La description des schémas argumentaux impliquant un infinitif méritaitdéjà un exposé détaillé (→3.4.4.6). À un niveau d’analyse supérieur, déterminer si lerôle d’un infinitif doit se mesurer au niveau argumental ou immédiat ne se fait pas sanshésitation. En ancien français, en effet, la séquence

nom + adverbe relateur + verbe à l’infinitif

(où le nom exprime le patient du procès de l’infinitif) est très fréquente. Prenons-enquelques exemples pour servir de cadre à la réflexion:

«[. . .] Henris [2] del Aitre reconut par devant nos en justice ke la_maison del Vauz SaintLambert at aquis a_li x stiers d’avaine hyretable-[3]-ment,apaier le jor de_la feste saint Remi[. . .]» (Document 1270–03–24, 1).

«Et ce doze doniers doit_ons a le chachie[12] arefaire chascun an.» (Document 1252–03–01a,11).

«Et je[. . .] li rendi cest[6] fieza_tenir de mi [. . .].» (Document 1270–11–26, 5).

«Cestepais et ceste assens at cre-[11]-anteit l’une partie et l’atrea tenir et a guarder.»(Document 1236–05,10).

Comment modéliser les relations? L’hésitation porte sur le choix entre la structurequi place l’infinitif au niveau du prédicat (figure 3.69) et celle qui le place en syntaxeimmédiate (figure 3.70). En d’autres termes, la relation entre le nom et l’infinitif passe-t-elle par le prédicat (relation d’attribution) ou l’infinitif détermine-t-il le nom?

Tout d’abord, la question ne se pose que si aucun relateur ne s’intercale entre leprédicat principal et le nom. S’il y en a un, l’analyse est assez simple: le nom estdéterminé par l’infinitif relaté,

164 Voir p. 94.

139

Page 173: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

Des siezjornaz. . .]

[doit] [le moitié. . .]C5 R2

FIG. 3.71– Interprétation argumentale dedes siez jornaz. . . doit le moi-tié. . .

[

paier]

[

[le moitié][

[del trechens][

Des siez jornaz. . .]

] ]

R2 DD

FIG. 3.72– Interprétation immédiate dedes siez jornaz. . . doit le moi-tié. . .

«Et ce doze doniers doit_ons ale chachie[12] arefaire chascun an.» (Document 1252–03–01a,11).

Quand laquestion se pose, c’est le sens qui apporte une réponse: si, dans le cadredu procès exprimé par l’infinitif, le nom joue un rôle sans que le sens du prédicatprincipal ne conditionne l’existence de ce rôle, nous préférons placer l’infinitif dansla sphère du nom. L’infinitif relaté exprime une propriété du nom:

«[. . .] Henris [2] del Aitre reconut par devant nos en justice ke la_maison del Vauz SaintLambert at aquis a_li x stiers d’avaine hyretable-[3]-ment,apaier le jor de_la feste saint Remi[. . .]» (Document 1270–03–24, 1).

Le sens du prédicatat aquisn’implique pas que les «dix setiers» dont il est questionsoient «à paier». Par contre, si le prédicat régissant conditionne le rôle, nous préféronsl’analyse argumentale:

«Et je [. . .] li rendi cest[6] fieza_tenir de mi [. . .].» (Document 1270–11–26, 5).

«Cestepais et ceste assens at cre-[11]-anteit l’une partie et l’atrea tenir et a guarder.»(Document 1236–05,10).

On constate que, dans le premier extrait, le procès exprimé parrendi change le statutdu «fief»: il devient «à tenir» de quelqu’un.c. Thématisations.Il arrive fréquemment que la structure énonciative disloque la sé-quence pour mettre en évidence un constituant, qui a alors la fonction énonciative dethème. Par exemple:

«Desqueissiezjornazdeterredesourdis nostre maisons doit paier le moitié del[14] trechens[. . .]» (Document 1280–05–04, 13).

«Do quelh testament ju enlis et fais foumains [. . .] sangnorThirri de Dynant, [. . .] dameAnnés [. . .].» (Document 1289–01–12, 31).

Il y a deux manières d’analyser le résultat de cette transformation, suivant qu’on consi-dère que la thématisation transforme le lien entre le constituant thématisé et le prédicat(figure 3.71) ou non, ce qui implique un phénomène de discontinuité (figure 3.72). Leproblème vient du fait que d’un point de vue sémantique, on a l’impression quedessiez jornaz. . . est une propriété de la réalitétrechenset constitue en outre le cadredu procès et de l’énonciation. L’état actuel du modèle ne permet pas de prendre en

140

Page 174: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

[

Jakes. . . li grant eglise] [

li maires. . . de Liege]

]

[

faisons]

[savoir ke. . .]

S1 S1

relation

R2

FIG. 3.73 – Structure deJakes. . ., li maire. . . de Liege faisons savoirke. . .

compte ces hiérarchies multiples et il faut poser un choix. Bien que cette décision nesoit pas pleinement satisfaisante, la structure a été intégrée au niveau le plus élevépossible.

3.4.7.2 Coordination

Une série d’adverbes peuvent servir à augmenter le nombre de constituants impliquésdans une relation sans changer cette dernière. C’est le cas deet etou.165 Par exemple:

«por ce que ce soit fermement tenut,li veskeset li cuens i ont pendut lors sayaus.» (Document1236–12–15, 12).

Cette construction étant traditionnellement nomméecoordination, ce terme serviraprovisoirement à désigner la relation qui existe entre les constituants ainsi reliés paretouou, lesquels assument ainsi la fonction decoordonnant(ou Co).

On compare traditionnellement la coordination à la «juxtaposition» (pas de Co).La construction sans Co est effectivement attestée; et c’est d’elle qu’on partira. Ainsi,par exemple,

«Jakes, par la graze de Deu prevoz, Jehans, li doiens, li archediakeneet toz li chapitres[2] dela grant eglise, li maires, li eschevin, li jureitet toz communs de la citeit de Lie-[3]-ge, faisonssavoir [. . .] ke [. . .]» (Document 1237–12, 1).

s’analyse comme dans la figure 3.73. Cette «juxtaposition» peut être décrite en termesd’orientation. On voit ici que les deux S1 désignent des groupes de personnes diffé-rents. Pris séparément, les S1 en question sont les cibles de l’orientation primaire duprédicat. Cependant, on ne peut pas dire qu’ils soient des désignations de la mêmeréalité. Il y a en outre une relation floue (minimale) entre les constituants juxtaposés.

En cas de coordination, nous analysons le coordonnant comme une marque seg-mentale supplémentaire, qui spécifie la relation entre les constituants (ou les groupesde constituants) coordonnés:166

165 Les lexèmesains,doncetmaisont généralement la fonction de C6 (→3.4.2.3 b).166 Le nosinitial a été retiré de l’attestation qui suit pour simplifier l’exposé.

141

Page 175: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

[Ermensens. .. marchisse d’Arlon] [et] [Henri. . . marchis d’Arlon]]

[

faisons]

[conissiance ke. . .]

S1 S1

relation

addition

R2

FIG. 3.74 – Structure deErmensens. . . et Henri. . .(coordonnant spéci-fiant)

«[. . .] Ermensens, contesse de Luceleborcet de La Rocheet marchisse d’Arlon,et Henris,ses fils, quens de Lucele-[2]-borc et marchis d’Arlons, faisons conissiance [. . .] ke [. . . ]»(Document 1242–05–02, 1).

La relation qui existe entreErmensens. . .et Henris. . . est spécifiée paret commeétant additive. Si la conjonction avait étéou, la relation aurait été spécifiée commedisjonctive (figure 3.74).

Comme on le voit, de la même manière que pour les relations de complémenta-tion et de détermination, la présence d’un adverbe vient spécifier une relation qui n’apas besoin de lui pour s’établir. En conséquence, il n’est pas nécessaire d’avoir deuxtermes différents pour désigner la relation spécifiée ou non. Le termecoordinationservira donc indifféremment.

La coordination se retrouve à tous les niveaux d’intégration syntaxique. Son fonc-tionnement au niveau argumental ne diffère pas de son fonctionnement au niveau im-médiat.a. Niveau argumental.Au niveau argumental, la coordination touche des P0, des S1,des R2, des R3, des A4 ou des C5. Elle semble incompatible avec C6, certainementen vertu du fait que les lexèmes employés en fonction de C6 sont les mêmes que ceuxqui ont fonction de coordonnants. On se bornera à donner quelques exemples:

P0: «A toz ceaz ki cez letresverontet oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité.»(Document 1267–10–29,1);

S1: «por ce que ce soit fermement tenut,li veskeset li cuens i ont pendut lors sayaus.»(Document 1236–12–15,12);

R2 attributif: «[Pour que les convenances] soientfermes et estables» (Document1252–03–01a, 20);

R3: «Le vivier a riwe de Hee loe li glizemon [8] saingnorOstonet sonhoir » (Document1244–01–19, 7);

P0(auxilié): «nos, le chapitre, d’une part,et les citains, d’altre, sumesassentiet concordeiten teilma-[6]-niere» (Document 1237–12, 5).

142

Page 176: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

li glise]

[aura] [li deus]S1 R2

FIG. 3.75– Décomposition d’une coordination (1)

[li voweiz] [aura] [le tierce]S1 R2

FIG. 3.76– Décomposition d’une coordination (2)

[ [

[

le glise]

[le deus]]

[et][

[li voweiz] [le tierce]] ]

[aura]S1

S1R2R2

relation

addition

FIG. 3.77 – Structure deaura li glise le deus et li voweiz le tierce

La coordination peut également lier des ensembles de constituants de niveau ar-gumental, multipliant effectivement les schémas argumentaux autour d’un ou de plu-sieurs prédicats:

«le viez fondement kisejoint [7] al mur del viez palaiset s’estentjuc al mur dela maisonleprevost» (Document 1237–12, 6).

«[. . .] nos, li chapitreset li communs de la citeit,[14] seriensdecontreet le defendrienscommunalment [. . .]» (Document 1237–12, 13).

«[. . .] aurali glisele deuset li voweizle tierce [. . .]» (Document 1244–01–19, 6).

Analysons letroisième exemple: la coordination implique à la fois les relations repré-sentées dans la figure 3.75 et celles représentées dans la figure 3.76. En regroupantcela en un seul schéma, nous obtenons la figure 3.77.b. Niveau immédiat.Au niveau immédiat, la coordination est tout aussi courante. Ellepermet à plusieurs constituants d’être apposés ensemble à un autre

«Et nos, Ernus, Winans,et Colette [. . .]et nos maistres, Johans, archeprestes[34] de Liegedevantnomeit, tesmongnhons ke nos avons pendu nos saeas [. . .]» (Document 1270–11–26,33).

ouencore d’être déterminés simultanément par un seul déterminant:

«Le tailhes,le mortemains,lesmessonset lesbatons des liu claime quittes li voweizet seshoirs» (Document 1244–01–19, 9).

«li degreit portront iuc k’ala terreet li murs par derri-[9]-er lesdegreiz» (Document 1237–12,8).

143

Page 177: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

3.4.7.3 Hiérarchie des appositions

Comment sefier au seul critère morphologique pour séparer, à l’intérieur d’un syn-tagme où tous les mots sont coréférents, des groupes dont on perçoit néanmoins l’au-tonomie par rapport au reste du syntagme? L’exemple des titres accompagnant un nomde personne, qu’on rencontre fréquemment dans les documents, est particulièrementrévélateur:

«me sires Gerars» (Document 1263–03–31, 17).

«mes sires Wilheames d’Awans» (Document 1268–03–10, 8).

On a l’impression que le titre forme une unité, alors que le nom de la personne enforme une autre. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer qu’un phénomène de fige-ment affecte le titre indépendamment du groupe coréférent.

On trouve en outre des exemples qui attestent la détermination d’un seul desgroupes par un syntagme non coréférent. Dans l’exemple qui suit, c’estfilhe unique-ment que détermine le syntagmeTyri de Jace:

«damoiseelhe Lieiars, filhe saingnor Tyri de Jace» (Document 1247–06, 2).

Les motsdamoiseelheet Lieiars sont apposés àfilhe, qui est déterminé parTyri deJace. Le potentiel syntaxique et sémantique (figé dans le lexique, mais aussi dans lerapport de ce mot avec le monde) deLieiars ne permettrait pas queTyri de Jaceledétermine également. Ce qui légitime donc la subdivision du syntagme en syntagmesconstituants, c’est que la détermination de chacun des groupes est possible sans qu’ellene porte nécessairement sur les autres. Il est courant qu’un constituant ne détermineainsi qu’une partie seulement d’un ensemble de mots coorientés. Qu’on repense àl’organisation des arguments autour du prédicat pour voir à quel point ce phénomèneest général: ce n’est pas parce que R2 complémente le prédicat et que ce dernier estcoorienté par rapport à S1 que R2 complémente S1.

Tous les cas ne sont pas aussi transparents. Souvent, seul le référent peut aider àanalyser la hiérarchie des appositions:

«A tos cheaus ki ces lettres verrontet oront, nos, Ustaces li Frans Hons de Holeingnule,Wilheames d’A-[2]-wans, chevalier, sires Henris de Nuviset sires Gerars des Changes,esceviendeLiege, saluset conissance de veriteit.» (Document 1263–03–31, 1).

Ce n’est que parce qu’on sait par ailleurs que Guillaume d’Awans n’est pas échevin deLiège (il est chevalier) qu’on peut dire queescevien de Liegeest apposé exclusivementà sires Henris de Nuvis et sires Gerars des Changes. La plupart du temps, ce genred’information nous fait défaut et il n’est pas possible de trancher. Ainsi, dans le mêmedocument, devant

bon plege furent doneit de par mon saingnor Gerar de Hermees: sires Ustaces li Frans Honsde Holeingnule, li sires Wilhe-[11]-ames d’Awans, mes sires Wilheames de Waruez,chevalier[. . .] (Document 1263–03–31, 10).

144

Page 178: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

ne connaissant pas tous les personnages se portant garants, on admet qu’ilsont toustrois chevaliers, mais le système morphosyntaxique ne s’oppose pas à ce que seuls lesdeux derniers le soient.

3.4.7.4 Portée des sélections

Résoudre la question du niveau d’intégration (→3.4.7.1) des sélections ne suffit pasà écarter toute ambiguïté. Le problème de la hiérarchie des appositions en contexteimmédiat touche en effet également les sélections, que ce soit au niveau immédiat(déterminations) ou argumental (complémentations).a. Complémentations.Le problème a déjà été évoqué quand on a abordé la segmen-tation du texte en énoncés: il arrive souvent que deux phrases soient reliées paret,que nous avons posé comme un C6 et non un Co (→3.4.2.3 b et→3.4.7.2), et cer-tains constituants sont des C5 exprimant les circonstances des procès exprimés dansles deux phrases (ou parfois plus):

«Et [. . .] [26] s’ilh avenoitqu’ilh la volsist susrendre, Jakemins doit venir a la maison deRobermont [27] et lor doit sus rendre. Et li maisonz li doit rendre al enwart de proudomesce [28] qu’ilh aurat la curt devant dite enmiedree puis l’ore qu’ilh la prist.» (Document1260–02–21b, 25).

Le statut périphérique des C5 et leur potentiel de connexion avec n’importe quelverbe167 autorise l’analyse à cantonner ce complément à la première des deux phrasesou aux deux en même temps sans que la structure décrite ne soit profondément modi-fiée. Comme il n’est pas toujours possible de prouver que l’une des hiérarchies pos-sible est meilleure que l’autre, C5 a été relié systématiquement à la phrase qui en était,d’un point de vue séquentiel, la plus proche.

Un problème similaire se pose lorsqu’un C5 se trouve dans une phrase qui com-porte une subordonnée (qu’elle soit de type argumental ou immédiat) et que sa positionfait qu’il pourrait être complément de la principale, complément de la subordonnée,ou encore des deux en même temps:

«le pais [. . .] sue_je tenes a faire garderentel manniereke, se[4] mesfreresvenoitencontrela paisu encontreakunpuint de le pais,ke je le feroi amender [. . .]» (Document 1237–12,2).

«[. . .] nos devons envoier douz de nos homes la [. . .]por savoirseon li fasoit tort u non.»(Document 1243–07–09,11).

À nouveau, on voit mal comment se prononcer avec toute la rigueur qu’on voudrait:dans le premier exemple, le C5 souligné pourrait aussi bien être complément desuetenesque defaire ougarder; dans le second, il pourrait complémenterdevonscommeenvoier. Or, d’un point de vue sémantique, on admettra sans problème que le cadred’un procès soit projeté comme cadre de tout procès qui en dépendrait (ce qui estsouvent exprimé par une subordination). Il est dès lors légitime de faire «remonter» larelation de complémentation le plus haut possible dans l’arbre, c’est-à-dire au niveaude la principale (figure 3.78).

167 À l’exceptionnotable des C5 «compléments d’agents», cf. note 113.

145

Page 179: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[sue tenes]

[

je. . .]

[

a faire. . .]

[en telle manire. . .]

A4

C5

S1

FIG. 3.78 – Interprétation des C5 de niveau ambigu

[

[on bonier] [d’alu]D]

[de terre. . .]D

FIG. 3.79 – Structure deon bonier d’alu de terre. . .(hiérarchie 1)

[on bonier][

[d’alu] [de terre. . .]D]

D

FIG. 3.80 – Structure deon bonier d’alu de terre. . .(hiérarchie 2)

Par contre, il est parfois évident que le cadre du procès dénoté par le prédicat dela subordonnée n’est pas compatible avec celui de la principale. Dans ce cas, le senss’oppose à la «remontée» du circonstant:

«Jo, Jehans de Herierpont, faz savoir [. . .] ke je me sui obligiés enver le eglize mon segnor[2] saint Lambert que, quinze jors aprés ço queille me somonra, joet Ide, ma femme, veronsdevant le ve_s_que,senosne[3] avonsloial soignedenoscors.» (Document 1237–10–12, 1).

Il serait pragmatiquement absurde que la conditionnelle exprime le cadre du procèsprincipal: l’obligation impliquée par ce dernier n’est pas soumise à la condition.b. Déterminations.Les faits examinés ici sont étroitement liés à la hiérarchisation desappositions et à la coordination, dont on vient d’avoir un aperçu.

L’exemple suivant permet à lui seul d’exposer une bonne partie des choix que nousavons été forcé d’opérer:

«on bonier d’alu de terre errile ki giest ens el terroir entre Lantinset Hambru [. . .]»(Document 1287–06–24, 6).

Tout d’abord, les deux déterminants relatés parde (d’alu et de terre errile) posentla question de leur hiérarchie réciproque. On a le choix entre les trois hiérarchiessuivantes (en ignorant les relations des relateurs pour simplifier les schémas). Soit,schématiquement, la figure 3.79 ou la figure 3.80, ou encore la figure 3.81. La dernièrehiérarchie – qui suppose le moins de niveaux – a été choisie à chaque fois que le douteétait présent, pour les mêmes raisons que dans le cadre de la complémentation.

Bien entendu, certaines structures s’opposent à cette analyse. Par exemple, les

146

Page 180: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[d’alu]

[de terre. . .]

[on bonier]

D

D

FIG. 3.81 – Structure deon bonier d’alu de terre. . .(structure plate)

[

filhe]

[

[

Tyri]

[de Jace]D]

D

FIG. 3.82 – Structure defilhe Tyri de Jace

noms de personnes à fonction de déterminant et comprenant un déterminant présententassurément une hiérarchie complexe:

«filhe [. . .] Tyri de Jace» (Document 1247–06, 2).

est structuré comme dans la 3.82.

3.4.7.5 Structures discontinues

Il arrive que l’unité d’un constituant ne soit pas rendue explicite par la contiguïté deses constituants immédiats. L’unité peut alors être indiquée par d’autres marques. Ladiscontinuité d’une structure correspond à une discordance entre son contenu et lamanière dont il est exprimé. Il s’agit d’un phénomène de surface.168

a. Niveau argumental.Pour S1, il est fréquent que le pronomcepermette la disconti-nuité:

«c’est a_savoir :siresJehansde Restees,doiensdeSaintPieredeLiege, et siresJakemes,siresdeClermont,[4] chevaliers» (Document 1278–08–01, 3).

«ce est nos grezet volanzke le douzmuis despiateke dameJehane[5] desordite at laisiet[. . .] om enfacedonet vesture[8] a frereLoren» [. . . ] (Document 1284–10–04, 4).

R2 est souvent discontinu lorsqu’il consiste en une proposition infinitive.

«[. . .] le parties desor_nomeesle devoienttenir [. . . ]» (Document 1263–03–31, 9).

b. Niveau immédiat.Le plus souvent, il s’agit de constructions «détachées»:

«Je weilhet ordene ke [. . .]169 Johans, mes freres, u Lambon, ses fils, weilentet puissentassennervi mars [4] de cens hiretablement,bien assisa estimationde preus-dommes, amanbors de l’amoine de Povres de la citeit de_Liege» (Document 1283–02–13a, 3).

168 Peut-être faut-il interpréter la discontinuité comme une sous-spécification au point de vueséquentiel.

169 Dans ce contexte, la subordonnée est en fait hypothétique.

147

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«bonplege furent doneit de par mon saingnor Gerarde Hermees:siresUstacesli FransHonsdeHoleingnule,li siresWilhe-[11]-amesd’Awans,messiresWilheamesdeWaruez,chevalier[. . .]» (Document 1263–03–31, 10).

Pour chacun de ces exemples, les segments soulignés font partie du même constituant,qui commute avec une des formes du pronom.

3.4.7.6 Hors système

On doit considérer comme hors système les constituants qui sont, par un mécanismelinguistique général, employés en mention, ainsi que les constructions rédigées enlatin.a. Autonymes.Les emplois en mention sont très limités. Nous nous bornons à relever:

« La subscripton deClarin nos aprovons» (Document 1272–07–08, 18).

«le paiski est faite entre le glizeet mon [5] segnor Ernol, de que il est fais escris qui ensiencommence :Jo, Ernos» (Document 1237–10–12, 4).

Peut-être faut-il rapprocher la deuxième partie du S1 dans la constructionc’est asavoirde ces constituants en mention. Il ne s’agirait pas à proprement parler d’emploiautonymique, mais d’une forme de blocage de la structure morphosyntaxique. Celaexpliquerait que la spécification du constituant ne soit pas toujours en accord avec safonction de S1. Par exemple, il peut être relaté

«et ces vi muis assenat ilh a_prendre [. . .]; c’est a savoir:a unepiechede terre [12] ki gisten Favetus,dont ilh est v jornaz, pou plus u pou moins,et sor le cortilh la repiecie [. . .]»(Document 1271–08–16,10).

ou, au contraire, être sous-spécifié

«[. . .] a_savoir sont:Renel li Forberes de Spees, Gyles de[9] Graz [etc.]» (Document1283–02–21, 8).

voire empêcher l’accord du prédicat:

«[. . .] a_savoir est : Martin de Rens, Us-[10]-sur de Sain Lambier [etc.]» (Document1276–06–10b, 9).

b. Latin.Le latin ne se rencontre pratiquement que dans des contextes particuliers cor-respondant aux endroits de la structure du texte qui permettent l’actualisation d’énon-cés non phrastiques (→3.4.1.2 b): comme invocation initiale ou comme signature,

«In nomine Patris et FiliietSpiritus Sancti, Amen.» (Document 1247–06, 1).

«Magister Alardus Pilés perhomines.» (Document 1285–07–21, 15).

Ces énoncés ne sont pas non plus construits autour d’un prédicat. On s’est refuséà en faire plus qu’une analyse en surface, limitée à une simple hiérarchisation derelations minimales. Le système latin est suffisamment différent du système françaispour nécessiter une analyse qui lui serait propre.

148

Page 182: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Nous avons par ailleurs relevé un seul emprunt direct au vocabulaire de laliturgie.

«Che fut fait l’an del In-[19]-carnation Nostre SangnorJeshu Crist milh dous cens uitanteetouut, le semedi aprésInuocauit me» (Document 1289–03–05,20).

3.5 Conclusions

Avant de nous lancer dans l’analyse des rapports entre les relations dégagées et laponctuation, faisons un bilan.a. Nécessité du recours à la linguistique générale.Par une démarche positive, nousavons tenté de produire le modèle qui puisse servir à annoter les matériaux pour lesinterroger. Les grammaires de l’ancienne langue, si excellentes qu’elles soient, se sontrévélées inadéquates à ce genre d’entreprise. Pour atteindre cet objectif, nous avonsdû faire usage de concepts et de procédures d’analyse généraux: ce n’est que grâceaux progrès de la linguistique générale que le corpus a pu être analysé. Ce sont lesrésultats de la comparaison de nombreuses langues vivantes qui ont servi à analyserune langue dont il ne subsiste aucun locuteur; on a ainsi essayé d’éviter autant quepossible l’ethnocentrisme et l’anachronisme si préjudiciables en linguistique synchro-nique. Nous espérons que l’enrichissement sera réciproque et que ce travail permettrade dégager des faits qui dépassent la langue étudiée.b. Souplesse du modèle.Les voies ouvertes par Alain Lemaréchal au travers duconcept de la «relation minimale» permettent de procéder en deux temps: tout d’aborden repérant les relations, ensuite en analysant les spécifications. La souplesse de laprocédure descriptive réside dans le fait que, si nécessaire, il est possible de se passerde l’étape de la recherche des marques spécificatives. Pour une langue qui n’est plusparlée, l’intérêt est de taille: loin de contraindre l’analyse, le modèle autorise le douteet le flottement. On pourrait même aller plus loin: fondé sur la relation minimale, paressence sous-spécifiée, le modèles’appuie sur le flou.c. Importance de la terminologie.Dans cette démarche, on ne soulignera jamais as-sez l’importance de la terminologie. Nous avons voulu préserver autant que possiblel’héritage traditionnel, en n’innovant que là où il était impératif de le faire. Cet héri-tage, il a fallu néanmoins le dompter, le soumettre à desdéfinitionsqu’on aura essayéde rendre les plus strictes possibles.Texte,mot,énoncé,phrase,syntaxe,morphologie,relation,nom,verbe, etc. sont autant de mots auxquels le lecteur est habitué, mais quiont reçu ici une acception délimitée. Les termes ne sont pas d’un grand secours si onne prend pas la peine de les cadrer. . . Ils sont même dangereux. Bien sûr, le refus dela «néologite» a pour effet pervers que le lecteur pourrait ne pas se rendre immédiate-ment compte que les termes employés ne le sont pas exactement dans leur acceptiontraditionnelle.d. Description de l’ancien français.Le mécanisme de description a mis en évidencela similarité des structures et des relations contractées par les constituants à chacun desdeux niveaux qui ont occupé la majeure partie de la section→3.4 du chapitre:com-binaison(sans dépendance) etsélectionapparaissent dès lors comme omniprésentes.Il en ressort principalement que la souplesse de l’ancien français est à envisager entermes de sous-spécification dans les relations de sélection. Dans beaucoup de cas, les

149

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relateurs sont facultatifs, l’ordre des mots semble libre. Mais on voit déjà intuitivementque cette souplesse est limitée: certaines structures sont plus figées, plus contraintes(par exemple, la place relative des régimes). Maintenant que les relations ont reçu cettepremière description, il est peut-être temps de faire ressortir le rôle des relateurs et lepotentiel translatif de ces derniers, de mettre en relation les parties du discours avecles fonctions. . .e. Un modèle inabouti?Au bout du compte, le modèle reste perfectible: on pourraitpousser plus loin l’analyse des marques mobilisées par les circonstants; par exemple,on pourrait analyser mieux le complément d’«agent», ou les phénomènes de figement,etc. Il y a encore beaucoup de choses à faire, et c’est un modèle incomplet et provisoirequi a été patiemment appliqué au corpus. Mais le corpus annoté peut déjà servir deterrain de travail pour étudier la ponctuation. Par ailleurs, il est le meilleur outil donton dispose pour améliorer le modèle. Les dépouillements systématiques et exhaustifsqu’il permet rendent possibles les études qui mèneraient à une correction approfondie.

150

Page 184: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

4 Méthode d’analyse statistique

Les chapitresprécédents ont permis de construire une idée précise de ce que nousentendons parponctuation(chapitre→2, en particulier→2.3) et parsyntaxe(chapitre→3, en particulier→3.2). Les différents constituants et structures syntaxiques sontà présent définis à l’aide d’une sélection de caractéristiques morphosyntaxiques, demême qu’est délimité le champ exact de la ponctuation (au sens restreint (→2.3.1.2).Ces préalables donnent la possibilité d’étudier des relations entre les unités de cesdeux domaines, que nous débutons dès le chapitre→5. Les résultats de cette étudemettent à jour le fonctionnement de la ponctuation au sens restreint.

Avant de commencer l’analyse concrète des données, nous exposerons les optionsméthodologiques choisies: ce qui nous a mené à employer des outils statistiques, lesimplications de ce choix sur le traitement des données, les résultats qu’on peut attendrede ce traitement. La grande majorité de la production scientifique en linguistique ro-mane – en particulier les études sur les états anciens des langues gallo-romanes – n’apas recours aux méthodes statistiques pour traiter les problématiques qui lui sont spé-cifiques. C’est la raison pour laquelle nous avons trouvé préférable de faire un exposédétaillé justifiant l’emploi de ces méthodes et leurs fondements. Cela fera l’objet de lasection→4.1 ci-dessous.

Nous rappellerons les principaux problèmes inhérents à notre problématique etévaluerons la manière dont les méthodes choisies peuvent être appliquées, sinon pourles résoudre totalement, du moins pour contourner partiellement certains d’entre eux(→4.2).

Nous synthétiserons cette première section par un mode opératoire général, étapequi sera également l’occasion de préciser sous quelle forme les résultats apparaîtrontdans les chapitres ultérieurs (→4.3).

4.1 Introduction aux principes de statistiques employés

Les notions d’individu, devariable, dedistribution statistiqueet detest d’hypothèsesont introduites dans cette section.1 Le lecteur qui est déjà familier avec ces notionspeut sans dommage passer les paragraphes qui suivent et reprendre la lecture au point

1 Tous lescalculs et graphiques de ce chapitre ont été réalisés à l’aide du langage et environ-nement de programmation libre R (R Development Core Team 2005).

151

Page 185: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

→4.2, p. 158. Nous nous limiterons à présenter les concepts fondamentaux;2 d’autrestechniques plusparticulières seront expliquées au moment où nous en ferons usage.3

4.1.1 Individus et variables

Toute étude statistique se doit, après avoir posé clairement la question qui la motive, dedéfinir avec précision lapopulationqui constituera son champ d’investigation. D’unpoint de vue général, elle correspond tout simplement à

«l’ensemble des événements (scores des étudiants, revenus des personnes, vitesses de coursede rats, etc.) qui [. . .] intéressent [le chercheur].» (Howell 1998, 2).

Une population est donc un ensemble d’unités distinctes, appeléesindividusdans laterminologie statistique.

Comme il n’est pas toujours possible d’observer l’ensemble d’une population, ilfaut parfois en extraire unéchantillon, c’est-à-dire un certain nombre d’individus, dontl’effectif est notén. La sélection de cet échantillon peut se révéler délicate, surtout sielle n’est pas faite aléatoirement (Howell 1998, 2–3). Par exemple, l’ensemble deschartes originales écrites à Liège avant 1292 constitue un ensemble fini de documentsdont nous ne connaissons pas l’effectif. Cet ensemble peut être considéré comme lapopulation que nous voulons étudier, chaque charte constituant un individu distinctde cette population. Les chartes retenues pour notre étude ne sont dès lors qu’unéchantillon d’effectifn = 148 de la population à décrire. Le choix de ces documentsa été contraint par des restrictions pratiques et n’est donc pas complètement aléatoire.Comme nous l’avons précisé lorsque nous avons parlé de la constitution du corpus(→0.2), la manière dont s’est élaborée la collection a d’inévitables conséquences surl’homogénéité des données (→4.2).

Un individu se caractérise par un ensemble devariables, auxquelles sont assignéesdes valeurs:

«Une fois abordées la sélection des sujets et leur répartition dans des groupes de traitement,il est temps de considérer les données qui en résulteront. [. . .] Unevariableest une propriétéd’un objet ou événement qui peut prendre différentes valeurs. Ainsi, la couleur des cheveuxest une variable parce qu’il s’agit de la propriété d’un objet (les cheveux) et qu’elle peutprendre différentes valeurs (cheveux bruns, blonds, roux, gris, etc.). [. . .] [C]haque élémentde la population prendune valeur pour chaque variable. Nous pouvons encore distinguerlesvariables discrètes, comme le sexe ou la classe de lycée, qui ne prennent qu’un nombrelimité de valeurs, et lesvariables continues, comme l’âge [. . .], qui peuvent prendre, au moinsen théorie, n’importe quelle valeur entre les points inférieur et [4] supérieur de l’échelle.»(Howell 1998, 3–4).

2 Les détailsde ces concepts pourront être lus dans le manuel de David Howell (1998):Mé-thodes statistiques en sciences humainesnous y ferons souvent référence, en mentionnantles pages précises où le lecteur pourra trouver les développements qui servent de base ànotre exposé. Le classiqueInitiation aux méthodes de la statistique linguistiquede CharlesMuller (1973) est toujours très utile. Le premier chapitre du livre de Michael Oakes (1998)est également riche.

3 Par exemple, le test ditduχ2 (p. 177s.).

152

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Lorsqu’une variable est discrète, les différentes valeurs qu’elle peut prendre corres-pondentà autant demodalités, mutuellement exclusives, de cette variable. Lesdon-nées catégoriellessont discrètes sans être numériques.

Par exemple, chaque charte peut être définie par le nombre de mots qu’elle com-porte (variable quantitative discrète), ou par l’institution dans les fonds de laquellele document a été conservé (donnée catégorielle), variable dont les modalités sont:Couvent du Val-Benoît à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,Couvent de Ro-bermont, etc.

La sélection des variables jugées utiles pour définir les individus peut être intuitive,fondée sur un programme d’étude ou encore sur les résultats d’analyses antérieures.Nous ferons bien entendu appel aux acquis découlant des chapitres→2 et→3 pourchoisir ces variables et déterminer leurs valeurs.

Ensemble, la sélection précise des individus et des variables, suivie de la définitionde ceux-là par celles-ci, traduit les données dans une forme susceptible d’être soumiseà une description statistique.

4.1.2 Distribution et représentations graphiques

L’examen individuel d’une variable quantitative montre généralement que cette der-nière a un certain nombre de valeurs, chacune des valeurs apparaissant un certainnombre de fois. L’ensemble des fréquences d’occurrence des différentes valeurs dansun échantillon donné constitue ladistributionde la variable observée.

4.1.2.1 Données

Raisonnons à partir d’un exemple, où les individus sont les 148 chartes de notre échan-tillon, décrites chacune par une variable: le rapport entre le nombre de R24 et lenombre de constituants immédiats de la phrase. Nous avons alors à notre dispositionun ensemble de 148 valeurs variant entre 0 et 1; les voici par ordre croissant:

0.043 0.049 0.059 0.065 0.066 0.069 0.071 0.073 0.074 0.076 0.082 0.083 0.085 0.085 0.0860.086 0.087 0.087 0.088 0.088 0.089 0.089 0.092 0.095 0.099 0.100 0.100 0.100 0.100 0.1000.101 0.103 0.103 0.103 0.104 0.104 0.105 0.106 0.106 0.107 0.108 0.109 0.109 0.109 0.1090.111 0.111 0.111 0.111 0.111 0.113 0.114 0.114 0.115 0.117 0.117 0.118 0.119 0.119 0.1190.120 0.120 0.120 0.120 0.121 0.122 0.122 0.122 0.123 0.123 0.125 0.125 0.125 0.127 0.1280.128 0.128 0.129 0.129 0.130 0.131 0.131 0.132 0.132 0.132 0.132 0.133 0.133 0.133 0.1340.136 0.136 0.137 0.138 0.138 0.138 0.138 0.138 0.140 0.140 0.140 0.141 0.141 0.143 0.1430.143 0.143 0.143 0.145 0.146 0.147 0.148 0.148 0.149 0.149 0.149 0.150 0.150 0.150 0.1520.156 0.157 0.157 0.158 0.160 0.167 0.167 0.167 0.167 0.168 0.169 0.171 0.172 0.174 0.1790.184 0.186 0.186 0.190 0.191 0.192 0.194 0.200 0.200 0.206 0.209 0.212 0.222 (min. =0.043, max. = 0.22, moyenne = 0.13)

Théoriquement, chacune des valeurs pourrait apparaître entre 1 et 148 fois, mais enpratique, elle est relevée entre 1 et 5 fois. Cependant, citer ainsi toutes les valeurs dela distribution n’est pas particulièrement utile. L’une des premières tâches des statis-tiques est de fournir, à l’aide d’autres chiffres ou de graphiques, le meilleur résumé

4 Par exemple, le constituantnosſaıas propresdans «noſauons pendu a ceſt preſent eſcrít nosſaıas propres» (Document 1287–10, 15). Voir→3.4.2.2.

153

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Fré

quen

ce

0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.250

20406080

FIG. 4.1 – Histogramme des R2 par phrase, par charte

0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.2502468

10

Den

sité

FIG. 4.2 – Estimateur de densité des R2 par phrases, par charte

possiblede ces données. Par exemple, la moyenne et l’histogramme sont des résumésde données connus de tous.

4.1.2.2 Histogramme

Représenter les valeurs sur un histogramme n’aurait pas grand sens si les fréquencesn’étaient pas regroupées d’une manière ou d’une autre; par exemple, l’histogrammedes fréquences de la figure 4.1 groupe les valeurs en classes, lesquelles sont reportéessur l’axe des abscisses. Ici, cinq classes de valeurs sont définies: les valeurs allant de0 à 0.05, de 0.05 à 0.10, etc. L’axe des ordonnées indique quant à lui le nombre dedocuments concernés. Ainsi, pour plus de 80 documents sur 148, entre 10 et 15% desconstituants immédiats de la phrase ont la fonction R2.

4.1.2.3 Courbe de densité

Pour simuler la distribution de la population dont est tiré l’échantillon, on utilise fré-quemment unestimateur de densité. Celui-ci est figuré par une courbe, dont la formesuit approximativement le dénivelé de l’histogramme, mais en gomme les angles (fi-gure 4.2). Le graphique est construit en évaluant les valeurs dey (nombre de R2 parcharte) pour chaque valeur dex (ratio de présence de ces R2 par rapport aux autresconstituants de même niveau) si un échantillon aux dimensions tendant vers l’infiniétait disponible. La densité (axe des ordonnées) doit être considérée comme la «va-leur attendue de la courbe pour chaque valeur dex» (Howell 1998, 133). La courbede densité d’une distribution évalue ainsi la probabilité des différentes valeurs dex.La totalité de la surface inférieure à la courbe représente la somme des probabilitéspour toutes ces valeurs, soit 100%. L’approximation de la distribution de la populationn’est pas tributaire d’une quelconque division des valeurs en classes, ce qui donne un

154

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0.05 0.10 0.15 0.20

Proportion de marquage

FIG. 4.3 – Boîte à moustache des R2 par phrase, par charte

aperçuplus net de la population sous-jacente.5 La courbe est d’ailleurs nettement plusdouce que ne l’était l’histogramme.

La distribution dessine une cloche dont la queue de gauche est approximativementégale à la queue de droite.6 La distribution est ditegaussienneou normale(Howell1998, ch. 3). Une distribution de ce type est adéquatement résumée par sa moyenne (x)et sonécart-type (s). Ce dernier correspond à la racine carrée positive de lavariance(s2).7 En l’occurrence,x = 0.13 ets= 0.035. Cesparamètressuffisent à dessiner laforme de la distribution.

4.1.2.4 Boîte à moustaches

Une autre manière utile de représenter les données est le graphique dit de la «boîte àmoustaches» (figure 4.3).8 Celui-ci prend la forme d’une boîte grisée pourvue d’uneou de deux «moustaches» (ligne discontinue, ici horizontale, s’achevant par un traitperpendiculaire).9 La boîte montre comment l’essentiel des données se concentre au-tour de la médiane.10 (trait noir). Les moustaches représentent la dispersion des don-nées Quant aux points extérieurs, il s’agit de valeurs adjacentes, qu’il faut considérercomme atypiques. L’orientation de la boîte n’a aucune signification particulière.

5 Par exemple, un histogramme comportant 50 classes, n’aurait pas présenté une forme parti-culière.

6 Ceci anticipe sur la suite de l’exposé (→4.1.3), mais il est possible de se servir de testsspécifiques et de techniques de représentations pour appréhender la normalité des données.Nous ne nous étendrons pas sur le sujet. Nous indiquons au lecteur intéressé que le testde Shapiro-Wilks (Upton/Cook 2006, 388–389) sur l’échantillon ne permet pas de rejeterH0 (→4.1.3.1) et d’affirmer l’anormalité de la population. L’examen de la droite de Henrymontre qu’on peut raisonnablement accepter la normalité. Voir annexe4.1.2.3.shapiro.txt.

7 Voir Howell 1998, 50–51. La variance est calculée en faisant la somme des écarts au carréde chaque valeur (oùx représente chaque valeur etn la taille de l’échantillon):

s2=

(x− x)2

n−1(4.1)

8 Voir Howell 1998, §2.10.9 Voir Howell 1998, 60–63.10 Valeur de la distribution qui compte autant de valeurs qui lui sont inférieures que de valeurs

qui lui sont supérieures; voir Howell 1998, 39.

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0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.2502468

10

Den

sité

FIG. 4.4 – Probabilité que R26 5%

4.1.3 Test d’hypothèse

Les propriétés des distributions servent, entre autres, à tester des hypothèses, c’est-à-dire à inférer des informations à partir de la structure des données. Ces inférences sontfondées sur le concept fondamental d’hypothèse nulle(→4.1.3.1). Néanmoins, l’em-ploi de méthodes mathématiques pour étudier les données n’affranchit pas totalementle chercheur du recours à son propre jugement (→4.1.3.2).

4.1.3.1 Concept d’hypothèse nulle

Expliquons les principes dutest d’hypothèseà partir de la distribution normale présen-tée ci-dessus11 (x= 0.13,s= 0.035). Imaginons la situation suivante: nous découvronsun nouveau document où laproportion de R2 constituants immédiats de la phrase estde 5%, ce qui est très faible. Nous voudrions savoir quelle est la probabilité pour cenouveau document d’être tiré de la même population que l’échantillon déjà décrit.

Il y a deux possibilités: soit le score est anormalement bas, et le document, de touteévidence, ne provient pas de la même population; soit le score n’est pas anormalementbas, et il n’y a pas de raison de considérer que le document vient d’une autre popula-tion. Dans cette dernière situation, la variation qui existe entre les deux échantillonsou populations comparés (dont, en l’occurrence, un échantillon d’un seul individu)est due au hasard. L’hypothèse selon laquelle la variation serait effectivement due auhasard est appeléesituation d’indépendance. L’hypothèse nulleconsiste à considérercette indépendance comme correspondant à la réalité; on la noteH0. L’hypothèse op-posée, qui consiste à dire qu’il existe une différence suffisamment importante pourqu’elle ne soit pas liée exclusivement à des causes aléatoires se nommehypothèse al-ternative(notéeH1). En règle générale, les tests donnent la probabilité que les écartspar rapport àH0 (appelésécarts à l’indépendance) soient en nombre significativementélevé.

Nous avons vu que la courbe d’une distribution dessinait avec l’axe des abscissesune surface correspondant à une probabilité de 100%. N’importe quelle valeur situéeentre les valeurs extrêmes peut se trouver sous la courbe. La probabilité qu’une chartedont 5% des constituants immédiats de la phrase soient des R2 correspond à la surfacede la courbe dont les valeurs dex sont comprises dans l’intervalle [0;0.05] (figure 4.4).Le calcul de la probabilité est ici fait par ordinateur et est d’autant plus simple que ladistribution en présence est normale et qu’on en connaît la moyenne et l’écart-type.

11 Nous n’auronsplus recours à ce test dans les pages qui suivent, mais il s’avère qu’il est leplus simple à comprendre parmi les tests d’hypothèse et qu’il met facilement en évidence lesprincipes du calcul des probabilités.

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La probabilité calculée12 est de1.2%. Cela signifie qu’il y a1.2% de chances qu’unecharte provenant de lapopulation représentée par cette courbe contienne à peine 5%ou moins de R2 comme constituants immédiats de la phrase.

Il n’est pas épistémologiquement valide de démontrer queH0 est vraie.13 Lestests statistiques ont beau calculer la probabilité de cette hypothèse, il sont tous orien-tés vers son rejet. Pour cette raison, les statisticiens sont divisés quant à la manièred’interpréter un résultat non significatif: pour certains on ne peut jamais rien conclured’un pareil résultat; pour d’autres, il est préférable d’accepterH0 jusqu’à preuve ducontraire (cf. Howell 1998, 106). Nous adopterons une position pragmatique à cetégard, en tenant compte des données et de la probabilité deH0.

L’intérêt du test se limite à indiquer qu’un phénomène qui n’est pas dû au hasardorganise les données. Ces dernières constituent un monde fermé dans le cadre duquelles calculs sont effectués. En conséquence, le rejet ou non deH0 se fait sans tenircompte de la relation qui existe entre les variables étudiées et d’autres variables aveclesquelles elles pourraient être mises en relation. Par ailleurs, la comparaison des ré-sultats avec des informations non formalisées, comme l’intuition ou la connaissancegénérale que le chercheur a des matériaux, fait partie de l’interprétation des résultats.

4.1.3.2 Jugement de l’utilisateur

À ce stade intervient le jugement de l’utilisateur: il peut décider que ce pourcentageest trop faible et affirmer qu’il rejetteH0 et accepte en conséquenceH1. Dans ce cas,il a exactement 1.2% de chances de commettre une erreur ditede la première espèceouerreurα.14 Dans cette erreur, il considèrera à tort que la nouvelle charte découvertefait partie d’une autre population que son échantillon de référence (148 documents).La liste des valeurs donnée au début de la section→4.1.2.1 montre qu’il est possiblede se tromper de la sorte, la valeur la plus faible étant effectivement inférieure à 0.05.

La tolérance de l’utilisateur à l’erreurα est décidée préalablement à l’analyse. Ilest courant d’en fixer le seuil à 5%. L’erreurde la seconde espèce, ouerreurβ consisteà ne pas rejeterH0 alors queH1 est vraie. On pourrait fixer le seuilα à 1%, à 1‰,ou plus bas encore: tout dépend du degré d’exigence de l’étude et des conséquencesqu’il y a à commettre l’erreurα. En recherche médicale, un seuil trop élevé auraitdes conséquences dramatiques; par contre, dans une étude de marketing, un seuil tropbas ne mènerait jamais à la moindre conclusion utile. Dans ce second cas, commettrel’erreur β pourrait être catastrophique. Les tests offrent donc des moyens rigoureuxd’évaluer le risque qu’un utilisateur prend en rejetant l’hypothèse d’indépendance.Dans un contexte d’exploration comme le nôtre, le seuil général de 5% est classiqueet raisonnable.

Pour chaque test effectué, la probabilité est ditesignificativequand elle est infé-rieure au seuil choisi. Par extension, les écarts à l’indépendance et les relations entreles variables seront alors ditssignificatifségalement.

12 La fonctionR employée pour ce faire estpnorm().13 «Tous les statisticiens s’accordent [. . .] sur un point: on ne peut jamais prétendre avoir

‹prouvé› l’hypothèse nulle.» (Howell 1998, 106).14 Voir Howell 1998, §47.

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4.2 Statistiques et validité des analyses

La problématiquegénérale du travail a fixé d’emblée l’analyse des relations entreponctuation et syntaxe comme objectif. La définition de cet objectif nous a guidé pasà pas, si bien que nous avons à présent à notre disposition une collection de donnéesréparties en deux ensembles très différents: des structures syntaxiques et des marquesde ponctuation. Toute information que nous livrent ces matériaux est évidemment inté-ressante, mais comment déterminer dans quelle mesure il est pertinent de lui consacrerune étude spécifique? L’étape suivante consiste ainsi à s’interroger: quelles questionsvoulons-nous poser aux matériaux rassemblés?

Dans l’approche traditionnelle, on tend à vouloir tout expliquer, parfois sans s’as-surer de la pertinence par rapport à la représentativité (numérique) des données ma-nipulées. Or, le «bon sens» n’est d’aucun secours pour évaluer cette représentativité.Appliqués à une partie ou à l’ensemble du corpus pour en dégager les tendances gé-nérales, les tests statistiques s’affranchissent partiellement du jugement intuitif.15

Choisir d’employer les statistiques implique qu’on réfléchisse au préalable sur lamanière dont ces outils s’accommodent de la nature des données, en particulier ence qui concerne à leur complexité et leur homogénéité. Nous rappellerons donc lesparticularités du corpus (→4.2.1), avant de voir comment nous en avons tenu compte(→4.2.2 à→4.2.5).

4.2.1 Nature des données

Dès l’introduction (→0) nous avons souligné les principales pierres d’achoppementque le corpus met sur notre chemin:

1. Le corpus est hétérogène, aussi les observations qu’il permet de faire ne peuventen aucun cas être généralisées: elles sont spécifiques à l’échantillon dont nousdisposons;

2. les données sont nombreuses;3. la constitution du corpus et le travail d’annotation sont en cours.

À ces inconvénients, l’analyse détaillée de la morphosyntaxe et la théorisation dusystème graphique nous forcent à ajouter que:

3. les structures morphosyntaxiques sont complexes et récursives (chapitre→3);4. les données sont réparties de manière disproportionnée: certaines constructions

sont attestées deux ou trois fois, d’autres le sont un grand nombre de fois;5. on ne peut échapper au délicat problème de la réduction des données.

Tous ces problèmes sont plus ou moins bien gérés par des méthodes faisant appel auxdénombrements et aux statistiques.

L’hétérogénéité des types discursifs, la complexité des structures et la répartitioninégale des données, lorsqu’elles sont conjuguées à une grande quantité de matériaux,donnent une impression de désordre, si bien qu’il est parfois malaisé de savoir sur quoi

15 Nous verrons en effet que certains phénomènes périphériques, comme la ponctuation deschiffres ou des noms de personne, ont été abordés sans que la pertinence de la question nesoit évaluée (→5.3.2.1 b).

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se focaliser. Ce choix fera l’objet de notre premier développement, au point→4.2.2.Décider quellesquestions méritent d’être posées constitue en effet l’étape initiale dela démarche, qui devra au bout du compte décrire le plus finement possible les infor-mations découvertes.

Toutefois, l’emploi de méthodes statistiques implique que les données soient dé-crites à l’aide d’une sélection limitée de variables (→4.2.3). On verra que toute sélec-tion de variables est forcément réductrice par rapport au grand nombre d’informationspotentiellement accessibles pour chaque individu.

Le choix des questions et la sélection des variables sont donc synonymes deré-duction de la richesse des matériaux. Pour accroître la finesse de la description, ilnous faudra réintroduire une partie des informations négligées dans l’analyse. Cettedémarche sera abordée sous→4.2.4.

Enfin, l’enrichissement permanent du corpus et la possibilité d’étendre la problé-matique à d’autres corpus rend le contrôle de la qualité plus ardu que si l’échantillonétait figé. Cet état dynamique a des implications à plusieurs niveaux, dont nous parle-rons sous→4.2.5.

4.2.2 Pertinence des questions

Par le biais des tests d’hypothèse (→4.1.3.1), les statistiques classiques servent à dé-terminer s’il est raisonnable de penser qu’un phénomène n’est pas dû au hasard ets’il est éventuellement pertinent de chercher une cause à un phénomène. D’autre part,les méthodes numériques posent intrinsèquement des limites excluant les cas pourlesquels les informations disponibles ne suffisent pas à aller plus avant.

Par exemple, nous verrons que dans le contexte défini par la phrase, les incidentesse distinguent du reste des constituants immédiats par la présence significativementplus fréquente d’un ponctogramme à l’initiale (→5.3.2.1). Cette observation, basée surla pertinence statistique d’une affinité entre une construction et un marquage, répondà la question: «Le marquage initial des incidentes est-il spécifique par rapport à celuid’autres constituants également marqués à l’initiale?» avant qu’elle ne soit posée. . .Elle permet ensuite de s’interroger sur la différence qui existe entre ce marquage etcelui des phrases (→6.1.4.1). À l’inverse, le lien entre la ponctuation initiale et lesappositions à l’intérieur d’un constituant qui n’a pas une fonction argumentale n’estpas significatif (→5.3.2.7). Dans ce cas, vouloir expliquer ce lien serait peu utile,puisque rien ne prouve qu’il ne soit pas dû à des causes aléatoires.

4.2.3 Formalisation des données

La définition des individus à l’aide d’une série de variables est une étape fondamentalede l’analyse: pour manipuler les données, il importe qu’elles soient décrites de façonhomogène. Cette définition mène obligatoirement à une réduction très importante. Parexemple, dans le cadre de la mise en évidence des tendances générales (chapitre→5)dans les relations entre la ponctuation et la syntaxe, on verra que nous avons ignorépurement et simplement la forme des ponctogrammes. De cette manière, l’analyseoutillée est forcément plus grossière qu’une étude minutieuse des détails. La réductionest particulièrement importante lorsque les individus sont des unités linguistiques:

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«[L]a méta-information, dans les cas de données textuelles, est particulièrementabondante.Chaque mot utilisé, même si c’est un mot grammatical [. . .] a droit à plusieurs lignes, ouplusieurs pages dans un dictionnaire encyclopédique.16 Les règles de grammaire constituentévidemment une méta-information fondamentale.[. . .]Le problème principal concerne la pertinence de ces différents niveaux de méta-informationvis-à-vis du problème que l’on étudie.» (Lebart/Salem 1994, 21).

À cet égard, la définition des individus en vue d’un traitement statistique est une pro-cédure assez proche de celle qui consistait, à un niveau plus abstrait, à discerner lescaractères parmi les propriétés des objets, de manière à définir les concepts (chapitre→1).

Chaque occurrence de construction est en rapport avec de nombreuses donnéesd’ordres différents. Il serait effectivement possible d’intégrer d’innombrables va-riables au traitement, mais à l’exigence de pertinence s’ajoute celle de simplicité.Lorsqu’il est question de traiter des données syntaxiques, qui sont structurées suivantun modèle hiérarchique (chapitre→3), la récursivité multiplie virtuellement à l’in-fini les informations qu’il est possible d’intégrer à la description de chaque individu.S’agissant de décrire une proposition dont le prédicat est à l’infinitif, par exemple leconstituant souligné dans:

· en tıeſmong de ceſte[8] choſe · ajıo faıt ceſ letreſ ſaíelerdemon˘

ſaıel · lan del jncarnatıonjhesu crıst ·mıl · et · cc ·et · xxx · vj · [9] el moıs · dejvle (Document 1236–07, 7)

il pourrait serévéler pertinent de créer une variable enregistrant si ce prédicat estégalement complémenté par un R2 qui lui est propre (ce qui est le cas ici). Si ce R2est de nature propositionnelle, on pourrait continuer à relever les variables et ainsi desuite. Une telle pratique mènerait immanquablement à un relevé disproportionné et ungrand nombre de modalités (les modalités «simples») seraient surreprésentées.

Il faut donc sacrifier une partie de l’information et une partie de l’intérêt du cor-pus s’en trouve dès lors négligée. On pourrait juger sévèrement toute réduction desmatériaux, arguant que l’élimination d’informations précieuses affaiblit les conclu-sions qu’on en tire. Le procédé est cependant obligatoire: sans lui, chaque individuserait défini par un très grand nombre de variables aux modalités extrêmement variées.La seule conclusion à laquelle l’analyse aboutirait alors est que chaque individu estl’unique représentant d’une classe particulière, dont on ne peut rien dire, faute d’effec-tif. . . Les statistiques n’étant réellement utilisables que si les effectifs sont suffisants,il faut se résoudre à limiter le nombre de variables et le nombre de modalités de cha-cune d’elles. Paradoxalement, le fait de négliger une partie de l’information permetde décrire plus efficacement les données. On évite de se perdre dans une myriade devariables complexes en sélectionnant d’emblée un petit nombre de variables simples.

4.2.4 Finesse de la description

La formalisation des données et la sélection des questions jugées pertinentes sont au-tant de facteurs qui diminuent la finesse de la description.

16 Sic.

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Il nous a semblé essentiel de tenter de contrebalancer ce mouvement de réductionpar deuxdémarches, correspondant aux deux moments où une partie de la richessedes données est laissée de côté: réintroduire les propriétés des individus qui n’ontpas été prises en compte pour effectuer des tests généraux; commenter les donnéesinsuffisantes.

4.2.4.1 Réintroduction des informations

La réintroduction d’informations supplémentaires dans le traitement statistique im-plique une nouvelle sélection de variables pour définir les individus. Ce choix, commele premier, est basé sur la théorie préalable à l’analyse des relations, mais est lié auxrésultats des premières analyses.

Certains raffinements vont de soi et sont dans la continuité de la question posée.Ainsi, on verra que nous commencerons la description de la ponctuation des consti-tuants en opposant simplement la présence à l’absence de ponctogramme de part etd’autre, sans prendre en considération la forme du marquage (→5.0). Par exemple,nous montrerons que les circonstants propositionnels ne figurant ni à l’initiale ni à la fi-nale de la structure qui les contient ont tendance à être marqués à la finale (→5.3.3.3 d)et, concernant le contexte,→6.1.4.6). En d’autres termes, la présence d’un signe àl’endroit indiqué par le symbole ‹⊗› dans l’exemple qui suit est conforme à une habi-tude générale:17

«et le remanant[7] prent ıhl en fıez de la glıſe ·en tel manıre keſe de luj´ defaloıtſenz hoır deſoncorſ⊗ ke la terre reuenroıt a〈le〉 〈glıse〉[. . .]» (Document 1236–05, 6).

La forme du ponctogramme est réintroduite dans l’analyse dans un second temps,une fois l’étude centrée sur des constructions particulières (chapitre→7). Pourl’exemple choisi, on verra que les circonstants marqués à la finale ont tendance àattirer les signes ‹/›, ‹·

’› et ‹·/›, soit des ponctogrammes autres que ‹·› (→7.2.4.2). En

l’occurrence:

«et le remanant[7] prent ıhl en fıez de la glıſe ·en tel manıre keſe de luj´ defaloıtſenz hoır deſoncorſ ·

’ke la terre reuenroıt a〈le〉 〈glıse〉[. . .]» (Document 1236–05, 6).

D’autres enrichissements sont quant à eux liés à la connaissance que le chercheura des données qu’il analyse. Ainsi, nous ne sélectionnerons pas d’emblée une variableenregistrant si les constituants sont coordonnés ou non. L’étude du rapport entre lacoordination et la ponctuation viendra ensuite et se fondera sur les conclusions de lapremière approche.18

17 Les grandschevrons indiquent que le parchemin était endommagé à cet endroit et que nousavons restitué le texte.

18 Voir →6.1.5 sur l’étude du marquage dans la coordination.

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4.2.4.2 Commentaire des données insuffisantes

Pour lesdonnées écartées des tests faute d’effectifs, nous fournirons un simple com-mentaire. Ce dernier pourra éventuellement servir de base à une nouvelle étude lorsqueles matériaux auront été suffisamment enrichis.19

De ce fait, ces simples commentaires peuvent jouer le rôle de tremplins, préfigu-rant de nouvelles études capables d’exploiter les données que notre étude a dû négliger.

4.2.5 Évolution du corpus et de la démarche d’analyse

L’évolution constante du corpus impose que les procédures de dépouillements et lestests appliqués soient reproductibles (→4.2.5.1). Il est également utile d’employer destechniques qui mettent en relief les données les plus singulières, dans le but de lescorriger s’il s’agit d’erreurs, ou de les étudier dans les autres cas (→4.2.5.2). Enfin,l’emploi des statistiques rend possible la critique des procédures elles-mêmes et doncleur amélioration (→4.2.5.3).

4.2.5.1 Reproductibilité

Du fait qu’elles emploient des formules mathématiques, les statistiques appliquées auxmêmes données donneront toujours le même résultat, quel que soit l’expérimentateur– pour peu qu’elles ne fassent pas appel à une simulation. L’interprétation du résultatobtenu ne saurait être remplacée par un procédé automatisé: elle reste du ressort del’intuition et met en jeu de nombreuses connaissances dépassant largement le cadredu test.

Le fait que les étapes sont reproductibles autorise à envisager un accroissementitératif des données et une comparaison des résultats obtenus.

4.2.5.2 Recherche de l’inattendu

Les méthodes statistiques ont souvent la capacité de mettre en évidence à la fois lastructure générale des données et l’inattendu qui y survient.

Si l’on considère ce qu’un corpus nous livre par rapport à la fiabilité des donnéeset à leur apport informatif, il y a quatre types de résultats auxquels on s’attend: 1/des informations fiables, qui mettent en évidence un phénomène particulier; 2/ desinformations fiables qui ne mettent en évidence que des phénomènes généraux; 3/ desinformations erronées, dues à des erreurs de traitement ou d’encodage, qui mettent en

19 Le corpusétant en construction (→4.2.5). Bien que les conclusions soient moins assuréesquand nous avançons une interprétation pour ces cas moins documentés, elles nous per-mettent généralement de mettre en évidence des phénomènes nouveaux, élargissant parfoisla problématique.Par exemple, nous verrons que les occurrences du ponctogramme ‹//› sont très rares, maisn’apparaissent que dans le cas particulier de l’ajout d’un mot ou d’un groupe de mots, cequi montre que les «accidents» survenant dans le support sont en lien direct avec l’emploi deponctuation (→7.4.4) pour le relevé exhaustif des occurrences de ce signe et une illustrationde sa réalisation.

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évidence de pseudo-phénomènes particuliers; 4/ des informations erronées donnantl’illusion qu’il existe un phénomène général correspondant.

Scientifiquement, l’objectif est de repérer et de décrire adéquatement les informa-tions relevant des deux premiers types.20 Dans un champ d’études déjà bien inves-tigué, les informations correctes mais triviales sont de peu d’intérêt, et le chercheurcentrera ses efforts sur la recherche d’informations particulières. Par contre, dans uncas comme celui qui nous occupe, où il est question d’approcher un champ presquevierge, toute information concernant la structure des relations nous intéresse, mêmetrès générale.

Dans ce cadre, les statistiques se révèlent très utiles, dans la mesure où ellespermettent l’identification de structures qui émergent d’un rassemblement de phéno-mènes.

Revenons à la distribution observée ci-dessus (pourcentage de R2 parmi les consti-tuants immédiats de la phrase): la boîte à moustaches (→4.1.2.4) montrait qu’unepartie des documents présentaient une valeur aberrante. En quoi cela nous intéresse-t-il par rapport à notre manière d’aborder l’erreur? Si tout se passe bien – si nouschoisissons le test ou la représentation qui convient et l’appliquons correctement –,les statistiques mettront en évidence les phénomènes marginaux: elles attireront notreattention sur eux en même temps qu’elles permettront la description rigoureuse desphénomènes généraux. Concrètement, cela signifie que: 1/ nous remarquerons les ex-ceptions, mais également les erreurs particulières; 2/ les phénomènes aléatoires serontdécrits de manière synthétique; 3/ les erreurs insignifiantes passeront inaperçues aumilieu des phénomènes aléatoires sans perturber outre mesure leur description.

Le fait qu’il existe des valeurs aberrantes détache certains documents et nous inviteà vérifier si les annotations que nous y avons faites sont correctes (en l’occurrence,elles le sont).

Le traitement des erreurs ne nous retiendra pas plus longtemps.

4.2.5.3 Perfectibilité des étapes

Nous ne parlerons pas ici de la perfectibilité des étapes antérieures à l’analyse (→0.5).Il est souvent rappelé qu’une démarche doit être falsifiable pour être scientifique; nousavons plusieurs fois été amené à poser un choix allant dans ce sens.

Les statistiques ont l’avantage d’être directement critiquables à différents niveaux.D’une part, leur validité propre peut être remise en question (c’est le but d’une partiede la recherche fondamentale en mathématiques21). D’autre part, la justesse de leurapplication peut être critiquée – nous verrons à plusieurs reprises que le choix du testà appliquer n’est pas aisé: il n’existe pas de test universel. De ce dernier point de vue,il est important de comprendre la façon dont les tests fonctionnent pour critiquer leur

20 À moins d’adopterune démarche méthodologique et épistémologique, dans le cadre de la-quelle les deux derniers types d’erreur revêtent tout leur intérêt.

21 Dans ce premier cas, évidemment, les utilisateurs des statistiques sont tout bonnement obli-gés de faire confiance aux mathématiciens dont ils utilisent les tests: «vérifier que tout est enordre de marche, sans vice caché, est le travail du mathématicien et du statisticien. Ce sonteux qui en tant que professionnels contrôlés par leurs pairs sont à même de nous donner lesinstruments que nous utiliserons.» (Cibois 2003, 3).

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utilisation. Pour cette raison, nous expliquerons autant que possible nos choix etlefonctionnement des tests employés.22

Par contre, les conclusions fondées sur une perception intuitive de grandes quanti-tés de données ne laissent pas d’autre choix que celui de croire sur parole celui qui enest responsable. Face à de grands ensembles de données, il est parfois difficile d’évi-ter que la description présente des contradictions, c’est à dire des erreurs accidentellesqui ne se conforment pas au modèle choisi pour décrire les structures, ou sont endésaccord avec les faits. Ces erreurs accidentelles sont susceptibles de perturber nosconclusions.

4.3 Mode opératoire

À présent que les outils et les données ont été présentés, nous conclurons cette pre-mière section en synthétisant brièvement la manière dont nous allons dépouiller et ana-lyser les matériaux (→4.3.1). Nous préciserons également la manière dont les donnéesnumériques qui ont servi au travail seront mentionnées dans les sections qui suivent(→4.3.2).

4.3.1 Ordre de l’analyse

Nous nous servirons des acquis des chapitres→2 et→3 pour sélectionner une sériede traits généraux décrivant les constituants (fonction, présence d’un relateur, etc.)et pour observer les interactions de ces traits avec la simple présence de ponctuationau sens restreint, sans tenir compte de la forme des ponctogrammes. L’étude de cesobservations dégagera les tendances générales qui gouvernent l’emploi de la ponctua-tion ainsi que les problèmes méthodologiques qu’elle pose. Nous commencerons doncpar rechercher des tendances générales sur un matériau réduit par sélection d’un petitensemble de variables pertinentes.

Ces tendances générales mettront en évidence quelles structures doivent être com-parées du point de vue de leur marquage,23 ce qui fera l’objet d’une série de questionsparticulières, centrées sur les constructions les plus intéressantes (chapitre→6). Suiteà ces études spécifiques, nous réintroduirons une partie des traits définitoires dontl’analyse générale n’aura pas tenu compte, comme la distribution des tendances obser-vées entre les différents documents du corpus.24 Enfin, la forme des ponctogrammessera traitée (chapitre→7).

L’emploi des tests statistiques adéquats nous apprendra s’il y a quelque chose àdire des données: c’est-à-dire s’il faut tenter une interprétation après un test donné ous’il est intéressant d’effectuer un nouveau test. Les résultats non significatifs laisseront

22 Comme nousne pouvons faire de ce travail une introduction aux méthodes statistiques em-ployées, nous renverrons systématiquement à la littérature adéquate.

23 Voir le chapitre→5.24 Voir l’analyse de la ponctuation initiale des R2 non relatés non propositionnels ne figurant

à aucune des deux bornes de la structure qui les contient:→6.1.3.4. Nous y montrons quela tendance n’est pas générale, mais qu’elle est liée à la pratique de quelques documentsparticuliers.

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ainsi certaines questions en suspens. Quand les données ne suffiront pas àréaliser untest en raison de leur faible effectif, nous nous limiterons à un commentaire philolo-gique lorsque nous le jugerons opportun.

4.3.2 Présentation des dépouillements et des résultats

Les chiffres soumis aux calculs et les résultats de ces derniers sont nécessaires à notreexposé, c’est pourquoi nous avons choisi de les présenter systématiquement dans letexte de notre étude, qui ne serait pas compréhensible sans eux. Le recours constantà de volumineuses annexes aurait rendu la lecture particulièrement laborieuse – nousne reportons en annexe que les données trop nombreuses pour figurer décemment surune page ou celles d’un intérêt très limité.

Le texte de nos interprétations a été allégé en commentant les tableaux de ma-nière volontairement «humaine»: entre 81% et «un très grand nombre», entre 95.91%et «quasi tous», la seule différence réside dans l’intelligibilité. Les chiffres donnentune impression de grande précision, mais ont besoin d’être replacés dans leur ordrede grandeur relatif pour être significatifs. Le lecteur intéressé par les chiffres exactsretrouvera facilement ces derniers dans le tableau commenté.

Nous ne rendons pas compte de l’ensemble des tests et des essais effectués, maisuniquement des étapes qui ont été nécessaires pour aboutir à nos conclusions. L’inté-rêt de présenter l’ensemble des échecs et problèmes est somme toute assez limité etdemanderait un effort considérable pour être rédigé de manière accessible (et certai-nement un autre effort considérable pour être lu).

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5 Tendances générales

La premièreétape de la description consistera à rechercher les grandes tendances quigouvernent l’apparition de la ponctuation au sens restreint. Conformément à ce quenous avons exposésupra(→4.1.1), nous commencerons par définir l’étendue de notreéchantillon et les individus qui le composent, en précisant les variables et modalitésretenues: celles qui décrivent les propriétés morphosyntaxiques et positionnelles desconstituants d’une part, et celles qui en décrivent la ponctuation d’autre part (→5.0).Un aperçu général de chacune des variables prise isolément sera donné (→5.1), avantd’envisager la manière dont elles entrent en relation. Les «tris croisés» qui servent àévaluer les liens entre deux variables seront alors détaillés (→5.2). Nous verrons enquoi cette démarche, pour instructive qu’elle soit, reste insuffisante si l’on se borne àséparer les caractères morphosyntaxiques des constituants et nous présenterons com-ment nous avons contourné ce problème (→5.3).

Que ce soit au point de vue des calculs impliqués ou des variables choisies pourdécrire les données, ce chapitre sera relativement abstrait, la recherche de tendancesgénérales s’accompagnant d’une réduction inévitable. Néanmoins, dans la mesure oùles individus seront définis à partir des données empiriques, et comme ces dernièresseront réintroduites par la suite (chapitres→6 et→7), nous pensons que ce caractèreabstrait n’est pas préjudiciable.

5.0 Définition des données

La définition des données est une partie importante de la conversion de notre questiondans un «langage statistique» (→4.1). Il s’agira de délimiter l’échantillon étudié, enchoisissant les individus et leurs variables définitoires.

5.0.1 Choix des individus et taille de l’échantillon

Il semble que pour aborder le problème qui nous intéresse, deux alternatives de défi-nition des individus s’offrent à nous: ces derniers sont soit les constituants, soit lesponctogrammes. Pour cette première étape, nous avons considéré que les individusétaient les constituants.

L’effectif total de l’échantillon (n) est de 90752 individus. Cet effectif correspondàl’ensemble des mots (64252 individus1) et de tous les constituants construits à partirde ces mots (récursivement jusqu’au niveau directement inférieur à celui des énoncés,

1 Certains motsà double fonction, commenel (ne et le contractés) sont comptabilisés deuxfois dans l’échantillon total des constituants, mais pas dans le compte des mots.

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soit 26497 individus). L’échantillon ne comprend donc ni lesphrases, ni lesénoncésnon phrastiques.

Par ailleurs, les énoncés en latin2 ont été retirés du corpus.

5.0.2 Définition des individus

Pour éviter d’avoir à développer abondamment chaque réduction et chaque regroupe-ment, nous avons décidé de commencer le travail par une approche globale, puis de ré-introduire ultérieurement certaines des informations négligées – et non de partir d’unensemble de variables à réduire progressivement. Pour présenter les différentes va-riables et modalités choisies, nous allons détailler l’individu souligné dans l’exemplesuivant:

«·entıeſmongdeceſte[8] choſe · ajıo faıt ceſletreſ ſaíeler de mon˘˘ſaıel · lan del jncarnatıonjhesu crıst ·mıl · et · cc ·et · xxx · vj · [9] el moıs · dejvle» (Document 1236–07, 7).

Chaque individu soumis à notre étude se définit par trois types de variables, aux-quelles nous ferons référence par la suite à l’aide d’un code alphabétique:

1. les variables d’ordre morphosyntaxique (quatre variables dont le code commencepar M);

2. les variables positionnelles, décrivant la position de l’individu dans le constituantintégrant (deux variables, dont le code est en LI, pour ‘Localisation par rapport auconstituant Intégrant’);

3. les variables relevant de la ponctuation (deux variables, dont le code commencepar PP, pour ‘Ponctuation: Ponctogramme’;→2.2.4.1).

5.0.2.1 Variables morphosyntaxiques

Les variables morphosyntaxiques (M) correspondent au modèle d’analyse linguis-tique. Elles ont donc un fondement épistémologique défini dans les limites de notretravail; ces variables sont les suivantes:

1. la nature et la fonction du constituant intégrant, rassemblées dans une seule va-riable (MI): énoncé phrastique (MI.phrase), énoncé non phrastique (MI.¬phrase),proposition de mode personnel en syntaxe argumentale (MI.pers-arg), propositionde mode non personnel en syntaxe argumentale (MI.¬pers-arg), syntagme non pro-positionnel en syntaxe argumentale (MI.synt-arg) et proposition de mode person-nel en syntaxe immédiate (MI.pers), proposition de mode non personnel en syn-taxe immédiate (MI.¬pers) et syntagme non propositionnel en syntaxe immédiate(MI.synt);

2. la fonction du constituant (MF), soit sept modalités correspondant aux fonc-tions syntaxiques argumentales (→3.4.2): MF.P0, MF.S1, MF.R2, MF.R3, MF.A4,MF.C5 et MF.C6; deux modalités correspondant aux fonctions immédiates: MF.Ap

2 Lesquelsne sont pas décrits adéquatement par notre modèle (→3.4.7.6 b).

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(apposition) et MF.Dt (déterminant,→3.4.6.1); ainsique les fonctions MF.Co (re-lateur coordonnant,→3.4.7.2) et MF.Rl (relateur non coordonnant3);

3. la nature, propositionnelle ou non, du constituant (MN), soit trois modalités: nonpropositionnelle (MN.0), proposition personnelle (MN.pers), proposition non per-sonnelle (MN.¬pers,→3.4.2.5 b);

4. la présence ou l’absence de relateur spécifiant la fonction du constituant, soit deuxmodalités: relateur présent (MR.1) ou absent (MR.0).

Dans l’exemple choisi ici, les modalités sont donc: MI.phrase (la structure est consti-tuant immédiat d’un énoncé phrastique), MF.C5 (le constituant est un circonstant),MN.0 (il n’est pas de nature propositionnelle), MR.1 (il est relaté par l’adverbeen).

5.0.2.2 Variables positionnelles

L’ordre des constituants, tel qu’il se manifeste «en surface» n’a pas été décrit de ma-nière approfondie dans le chapitre→3. On peut raisonnablement penser qu’il interfèreavec le système des relations syntaxiques. Les variables liées à la position sont:

1. au début de la structure intégrante ou non (LID.1 ou LID.0);2. à la fin de la structure intégrante ou non (LIF.1 ou LIF.0).

Ici, il s’agit de LID.1 (le constituant ouvre la phrase) et de LIF.0 (le constituant n’estpas le dernier de la phrase). La division de la position en deux variables rend exploi-tables les cas où une structure ne contient que deux constituants ou un seul.

5.0.2.3 Variables ponctuationnelles

La présence de la ponctuation de part et d’autre du constituant est décrite par deuxvariables:

1. présence ou absence d’un ponctogramme au début du constituant (respectivementPPD.1 ou PPD.0);

2. présence ou absence d’un ponctogramme à la fin du constituant (PPF.1 ou PPF.0).

Dans l’exemple choisi ici, les modalités sont PPD.1 et PPF.1 (le constituant est à lafois précédé et suivi d’un ponctogramme).

On gardera à l’esprit que la séparation entre ponctuation initiale et ponctuationfinale est un artéfact, qui permet de considérer un même ponctogramme par rapportaux constituants qui s’achèvent à sa gauche (par rapport auxquels il est PPF) et parrapport à ceux qui débutent à sa droite.

Les modalités sélectionnées sont d’un niveau très abstrait: dans les faits, les ponc-togrammes associés à la modalité PPD.1 (de même qu’à PPF.1) ne se limitent pas ausimple ‹·›: ils prennent des formes variées, comme ‹/›, ‹·/›, ‹·

’›, ‹¶›, etc. La simple op-

position entre la présence et l’absence de ponctogramme est une approximation de larichesse des signes réellement employés. Comme annoncé, nous reviendrons plus loinsur la forme de ces ponctogrammes.4

3 Séparé duprécédent en raison de la différence importante de fonctionnement.4 La forme des ponctogrammes est ainsi décrite au chapitre→7.

169

Page 203: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

MI MF MN MR PPD PPF LID LIF

phrase C5 0 1 1 1 1 0

TAB . 5.1– Exemple de définition d’individu

Texte MI MF MN MR PPD PPF LID LIF

en tıeſmong de ceſte choſe phrase C5 0 1 1 1 1 0aj phrase P0 0 0 1 0 0 0faıt phrase P0 0 0 0 0 0 0ıo phrase S1 0 0 0 0 0 0ceſ letreſ ſaíeler de mon ˘

ſaıel phrase R2 ¬pers 0 0 1 0 0lan [. . .] ·mıl · et · cc ·et · xxx · vj phrase C5 0 0 1 1 0 0el moıs · dejvle phrase C5 0 1 1 1 0 1

TAB . 5.2– Exemples de définition d’individu

FAB FRE

1 4 57.140 3 42.86

7 100

0

1

0 1 2 3 4

TAB . 5.3 – Exemple de tri à plat

5.0.2.4 Définition complète de l’exemple

Les différentes variables et modalités choisies pourraient décrire 8×11×3×25= 8448

types d’individus théoriques. L’individu est réduit à une ligne de cellules contenantchacune la modalité sélectionnée d’une des sept variables (table 5.1). En analysanttous les constituants immédiats de la phrase citée comme exemple (n= 6), on obtientla liste de la table 5.2.5 Le dépouillement de l’ensemble de l’échantillon produit donc90752 lignes de ce type.6 D’un point de vue méthodologique, ces quelques variablesaux modalités abstraites vont nous aider à construire unenvironnement de référencecertes très général, mais non dépourvu d’intérêt.

5.1 Tris à plat

La première étape de l’analyse consiste à examiner chaque variable indépendammentet à vérifier la distribution de ses modalités. On reprend, pour chacune de ces der-nières, sa fréquence absolue (FAB, nombre d’individus possédant la modalité) et safréquence relative (FRE, proportion d’individus possédant la modalité); pour le petitextrait qui nous sert d’exemple, les fréquences des deux modalités de PPD figurentdans la table 5.3 (la dernière ligne, en italiques, comporte les totaux). Quatre consti-tuants sont marqués à l’initiale et trois ne le sont pas, ce qui représente respectivement57.14% et 42.86% de l’effectif de l’échantillon – à la valeur duquel correspond le total

5 Concernant l’encodagede l’analyse du prédicat, voir le paragrapheProblèmesde la sectionAnalyses syntaxiquesdes annexes.

6 Voir annexe5.0.1.all.txt.

170

Page 204: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

synt-arg 31437 34.64synt 28582 31.49phrase 11085 12.21pers 8392 9.25pers-arg 5343 5.89¬pers 3052 3.36¬pers-arg 2385 2.63¬phrase 476 0.52

90752 99.99

¬phrase

¬pers−arg

¬pers

pers−arg

pers

phrase

synt

synt−arg

0 5000 10000 15000 20000 25000 30000

TAB . 5.4 – Tri à plat de MI

dela première colonne. Normalement, le total de la seconde colonne est toujours 100,mais il arrive que la valeur varie légèrement, en raison des arrondis.

L’examen des tris à plat ne nous informe pas sur la structure des relations entreles différentes variables, mais nous montre, d’une part, si certains effectifs ne sontpas trop réduits et risqueraient de biaiser les dépouillements7 et, d’autre part, d’attirernotre attention sur des phénomènes périphériques ou singuliers.

Nous allons examiner successivement les tris à plats des variables non ponctua-tionnelles (→5.1.1 et→5.1.2), puis ceux de PPD et PPF (→5.1.3).

5.1.1 Variables morphosyntaxiques

Il n’est pas envisageable d’aborder en détails ce que nous apprennent les tris à platde ces variables: l’étude statistique du système morphosyntaxique dépasse le cadre denotre étude. Cependant, les phénomènes les plus prégnants que l’on pourra mettre àjour dans les lignes qui suivent sont susceptibles d’interférer de manière plus ou moinsimportante avec la ponctuation; nous devrons donc nous en souvenir quand nous nousengagerons dans l’étude des relations.

La lecture des tableaux est facilitée par la consultation simultanée des histo-grammes représentant les distributions.

5.1.1.1 Variable MI

Le tri à plat de MI nous montre que les modalités MI.synt et MI.synt-arg sont sur-représentées (table 5.4). Par contre, la modalité MI.¬phrase concerne une quantitéinfime des constituants. Sa prise en considération pourrait compliquer inutilement lesdonnées.

5.1.1.2 Variable MF

Les fonctions sont logiquement en accord avec ce premier tri (table 5.5). L’abondancerelative de constituants de fonction Ap était en effet prévisible: elle découle directe-

7 Si nousavions traité des variables continues, l’examen des tris à plat aurait dû être accom-pagné d’une analyse exploratoire univariée (évaluation de la forme de la distribution et deses paramètres), qui aurait permis d’analyser la manière dont les données sont distribuées(Howell 1998, ch. 2).

171

Page 205: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

Ap 42062 46.35Rl 11944 13.16P0 8106 8.93C5 6648 7.33Dt 6138 6.76S1 4697 5.18R2 3805 4.19Co 3345 3.69A4 1769 1.95C6 1157 1.27R3 1081 1.19

90752 100

R3

C6

A4

Co

R2

S1

Dt

C5

P0

Rl

Ap

0 10000 20000 30000 40000

TAB . 5.5 – Tri à plat de MF

FAB FRE

0 85677 94.41pers 2640 2.91¬pers 2435 2.68

90752 100

¬pers

pers

0

0 20000 40000 60000 80000

TAB . 5.6 – Tri à plat de MN

mentde la grande quantité de MI.synt et de MI.synt-arg que le tri à plat précédentnous a laissé voir. Cette profusion soulève deux problèmes.

Premièrement, l’étiquetteappositionest peu raffinée. Elle correspond à des unitésdont on perçoit intuitivement la différence de statut, mais que notre modèle morpho-syntaxique ne distingue pas (→3.4.6.1), parce que les caractéristiques qui servent à lesdiscerner relèvent d’un autre point de vue ou d’une autre approche de la langue. Parexemple, dans:

«celi ki ces ıııı muıs tenrat en hyretage» (Document 1271–12–09, 8).

les motsces,ıııı et muıssont tous trois considérés comme des appositions, mais noussavons que le second est un chiffre romain; il est possible que ce statut ait une influenceplus ou moins importante sur ses interactions avec le système de ponctuation.

Par ailleurs, le tri mêle les fonctions apparaissant en syntaxe immédiate à cellesque l’on rencontre en syntaxe argumentale.

5.1.1.3 Variable MN

Le tri à plat effectué sur la nature des constituants est celui de la table 5.6. La grandemajorité des constituants ne sont pas de nature propositionnelle. Il faudra considérerles modalités MN.pers et MN.¬pers comme distinctives.

5.1.1.4 Variable MR

Le tri à plat des modalités de MR est dichotomique, puisqu’il n’y a que deux valeurspossibles (table 5.7). Cela nous montre que la présence d’un relateur est un phéno-

172

Page 206: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 77794 85.721 12958 14.28

90752 100

1

0

0 20000 40000 60000

TAB . 5.7 – Tri à plat de MR

FAB FRE

0 62372 68.731 28380 31.27

90752 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000

TAB . 5.8 – Tri à plat de LID

FAB FRE

0 62372 68.731 28380 31.27

90752 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000

TAB . 5.9 – Tri à plat de LIF

mènequi est nettement moins fréquent que son absence, mais l’est plus que la naturepropositionnelle.

5.1.1.5 Synthèse des variables morphosyntaxiques

Mêlant les observations de tous ces tris, on s’attend à rencontrer fréquemment desappositions, des constituants non propositionnels et des constituants non relatés. Onextrapole ainsi que la plupart des constituants vérifieront simultanément ces trois mo-dalités.

Cette distribution des données est directement liée à leur formalisation. Les va-riables MN.0 et MR.0 correspondent en effet aux mots pris individuellement. Malgréson caractère artificiel, cette description est épistémologiquement justifiée par l’ac-ceptation des principes de l’analyse en constituants immédiats.

5.1.2 Variables positionnelles

On peut faire pour les variables qui décrivent la localisation des constituants la mêmeremarque générale que pour les variables morphosyntaxiques: elles ne nous intéressentpas directement, mais il faudra, le cas échéant, tenir compte de toute variation ex-cessive. D’autre part, à l’instar de la variable MR, les modalités positionnelles sontdichotomiques.

Pour commencer, notons que l’inégalité entre le nombre de constituants initiauxet le nombre de constituants finaux est due à l’élimination des constituants dont laréalisation matérielle a été endommagée (échancrures, taches).8 Les proportions deLID correspondent à celles de LIF (tables 5.8 et 5.9). Malgré la plus grande fréquence

8 Voir la sectionTranscriptionsdes annexes.

173

Page 207: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 81655 89.981 9097 10.02

90752 100

1

0

0 20000 40000 60000 80000

TAB . 5.10 – Tri à plat de PPD

FAB FRE

0 73986 81.531 16766 18.47

90752 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000 70000

TAB . 5.11 – Tri à plat de PPF

desconstituants qui ne se trouvent pas aux extrêmes, on voit que la différence deproportion entre les modalités est ici moindre que dans les tris précédents.

5.1.3 Ponctuation

Pour commencer, il est essentiel de garder à l’esprit que les individus ne sont pas en-visagés de manière linéaire, mais d’un point de vue hiérarchique: il s’agit de dire s’il ya un signe au début ou à la fin d’un constituant ou s’il n’y en a pas. Ce sont des unitéssyntaxiquesintégréesà une structure qui nous intéressent et non simplement des motsenchaînés les uns à la suite des autres. Les ponctogrammesne sont pasles individusdans le cadre qui nous occupe. Dès lors, un même ponctogramme peut parfois mar-quer les limites de plusieurs constituants imbriqués. Ce phénomène a d’importantesrépercussions que nous expliquerons ci-dessous (→5.1.3.2).

Voyons comment les données sont distribuées avant d’aborder, cette fois de ma-nière plus détaillée, les problèmes que ces mises à plat rendent déjà indentifiables.

5.1.3.1 Données

Le tri à plat des modalités de PPD est évidemment dichotomique (table 5.10). Lesconstituants ne sont généralement pas marqués à l’initiale: on peut donc se dire que lemarquage initial est, d’un point de vue sémiotique, véritablement saillant.

Les constatations sont assez similaires pour les modalités de PPF (table 5.11). Lemarquage est un phénomène rare. En comparant les tables, on voit cependant qu’il y aplus de constituants qui reçoivent une marque finale que de constituants qui reçoiventune marque initiale.

5.1.3.2 Difficultés

Quelles sont les difficultés que cette différence de proportion met en évidence? Ladifférence entre les deux types de marquage ne se comprend qu’en prenant en consi-dération le principe de récursivité syntaxique (→a); et une réflexion sur le contrasteentre le non-marquage et le marquage mène à distinguer nettement leur fonctionne-ment propre (→b).

174

Page 208: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

a. Récursivité et disproportion entre PPD et PPF.Comment sefait-il que les effectifsde PPD.1 et PPF.1 diffèrent, puisque, comme nous l’avons signalé en définissant lesvariables,9 la distinction entre les ponctuations finale et initiale est un artéfact? Re-venons un instant sur le modèle syntaxique. Nous avons indiqué qu’il permettait larécursivité (→5.0.2.3), option classique qui fonde une partie de l’économie du mo-dèle. Du fait de l’enchâssement, une position dans la chaîne graphique située entredeux caténogrammes peut se trouver simultanément aux bornes d’un grand nombrede structures imbriquées. Ainsi, dans

«· et lauons en tele maníre mís en noſtre papíer ·et en noſtreregıſtre⊗ et por que ceſte[15]

choſe soıt plus ferme · noſauons pendu a ceſt preſent eſcrít nosſaıas propres en teſmonghagede / [16] veríte» (Document 1287–10, 14) .

la position marquée par le symbole ‹⊗›10 est à la fois à la fin d’une phrase et de deuxconstituants:

1. et lauons en tele maníre mís en noſtre papíer ·et en noſtreregıſtre2. en noſtreregıſtre3. regıſtre

et au début d’un C6 et, partant, d’une nouvelle phrase:

4. et por que ceſte[15] choſe soıt plus ferme · noſauons pendu a ceſt preſent eſcrít nosſaıas propres en teſmonghage de /[16] veríte

5. et

À une seule position dans la chaîne correspondent cinq positions dans la hiérarchiesyntaxique – sans compter le problème soulevé par la coordination. Il s’agit d’uneconséquence importante de la récursivité dans le phénomène d’intégration syntaxique.

Dans cette optique, si une langue a tendance à construire les constituants en pla-çant les constituants sélectionnants (→3.4.6.1 b), à la suite des constituants sélection-nés,11 le nombre de constituants à la fin desquels les séparations entre caténogrammesse trouvent est en moyenne supérieur au nombre de constituants au début desquels ilsse situent. Il en découle que si un constituant est suivi d’un ponctogramme, ce n’estpas nécessairement sur lui que porte le marquage, mais peut-être uniquement sur leconstituant qui le contient ou sur celui qu’il contient.

Par ailleurs, nous avons vu précédemment que Claude Tournier, parlant de la ponc-tuation moderne, a mis en évidence l’existence de lois d’absorptionrégissant la ma-nière dont les ponctogrammes se combinent ou refusent la combinaison, en privilé-giant souvent l’apparition d’un seul signe à la place de plusieurs signes qui auraientpu se trouver concaténés.12 Ainsi, en français moderne, le point final de phrase «ab-sorbe» le point final abréviatif.

9 Voir lesvariables choisies pour décrire la ponctuation sous→5.0.2.3.10 Il y a un ‹·› à cet endroit. Nous l’avons retiré pour simplifier la présentation.11 Comme cela paraît être le cas en ancien français, ce que nous pourrions vérifier numérique-

ment à l’aide des informations encodées dans le corpus.12 Voir notre réflexion générale sur la recherche d’une valeur pour les signes (→2.3.2).

175

Page 209: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Il n’y a aucune raisona priori pour quece type de loi n’existe pas dans nos docu-ments. Toutefois, dans un système ancien dont nous ne maîtrisons plus toute la finesse,il est bien malaisé d’appréhender efficacement les phénomènes d’absorption.

Reprenons l’exemple ci-dessus: il n’est pas raisonnable de déterminer intuitive-ment le constituant sur lequel le ponctogramme situé à l’endroit marqué par ‹⊗› porte.On estimera donc dans un premier temps qu’il marque les cinq constituants aux bornesdesquels il se trouve. Mieux vaut éviter de comparer directement PPD et PPF et étudierle comportement de chacune de ces variables de manière indépendante.b. Différence entre marquage et non-marquage.Comparons ce comportement à celuid’une absence de ponctogramme (à l’endroit marqué par ‹⊗› ci-dessous):

«et por que ceſte[15] choſe soıt plus ferme · noſauons pendu a ceſt preſent eſcrít⊗ nosſaıaspropres en teſmonghage de /[16] veríte» (Document 1287–10, 14).

Dans ce cas, il est absolument clair que le non-marquage porte simultanément surchacun des constituants aux limites desquels on le rencontre. La différence entre lemarquage et le non-marquage est ainsi fondamentale, tout au moins d’un point devue théorique. Considérer que la présence et l’absence de ponctuation fonctionnent demanière équivalente reviendrait à surestimer la quantité de marques présentes.

Néanmoins, du point de vue du récepteur, il y a, somme toute, peu de différenceentre les deux possibilités. Si l’on examine les associations entre la présence d’unponctogramme et les structures qui le précèdent ou le suivent, on peut observer queles associations fortuites sont moins nombreuses que d’autres, plus systématiques.Ainsi, devant la structure

«· et lauons en tele maníre mís en noſtre papíer ·et en noſtreregıſtre · et por que ceſte[15]

choſe soıt plus ferme · noſauons pendu a ceſt preſent eſcrít nosſaıas propres en teſmonghagede / [16] veríte» (Document 1287–10, 14).

imaginons que l’on interprète le ponctogramme souligné comme marquant globale-ment toutes limites des cinq constituants cités ci-dessus. L’emploi de méthodes sta-tistiques, combiné à l’exploration d’un nombre important de données, montrera qu’unponctogramme à cette position est plus susceptible de s’y trouver parce qu’il est à lafin d’une phrase et au début d’une autre que parce qu’il est à la fin d’une appositioncommeregistre.

5.2 Tris croisés par variable

Pour évaluer les liens existant entre les modalités de deux variables, il est courantde procéder à une tabulation de leurs effectifs. On effectue ainsi ce qu’on appelle untri croisé. Ce type de tri est soumis à des tests statistiques spécifiques aux donnéesqualitatives; ces tests évaluent en quelle mesure les fréquences sont ou non le fruit duhasard.

Nous commencerons par donner un guide de lecture des tris croisés (→5.2.1).Ensuite, nous examinerons le croisement de toutes les variables morphosyntaxiques etpositionnelles avec les variables ponctuationnelles (→5.2.2). Nous synthétiserons nos

176

Page 210: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

A4 0 0 0C5 0 3 3C6 0 0 0Co 0 0 0P0 1 1 2R2 1 0 1R3 0 0 0S1 1 0 1

3 4 7

TAB . 5.12 – Exemple de tableau de contingence

découvertes par une conclusion prudente, qui mettra en lumière les acquis aussi bienque les défauts de la démarche (→5.2.3).

5.2.1 Guide de lecture

Cette section commence par une présentation de ce qu’est une table de contingence(→5.2.1.1), puis aborde les différents procédés statistiques couramment employéspour tester l’hypothèse nulle sur ces tabulations (→5.2.1.2 à→5.2.1.5). D’autres pro-cédés seront expliqués plus loin, au moment où nous en ferons usage pour la premièrefois.

5.2.1.1 Tableau de contingence

Si nous croisons MF au niveau argumental (huit modalités) et PPD (deux modalités),nous obtenons un tableau à double entrée de seize cases, qui montre combien d’indivi-dus possèdent une modalité de PPD (colonnes) pour chaque modalité de MF (lignes).Ce genre de tableau est appelétableau de contingence. Pour le petit exemple ci-dessus,on obtient la table 5.12.13 Les totaux portés en marge (en italiques) correspondent auxeffectifs des tris à plat pour chaque variable. Le total de l’ensemble du tableau (soit 7,dans le coin inférieur droit) équivaut à l’effectif de l’échantillon étudié. On voit quetrois C5 sont marqués par un ponctogramme initial, qu’un P0 est dans le même cas,etc.

Les effectifs de ce premier tableau sont cependant trop faibles pour qu’on puissel’exploiter (→5.2.1.2). En dépouillant tout le corpus (table 5.13, à gauche), nous ob-tenons suffisamment de données pour procéder à une analyse statistique et évaluerla pertinence de la répartition (table 5.13, à droite). La lecture intuitive du tableaude gauche (ou des fréquences relatives correspondantes) n’est pas recommandée et ilserait imprudent d’en tirer quelque conclusion que ce soit.

5.2.1.2 Test duχ2 («chi-carré»)

Pour interpréter ce genre de tableau, il est courant d’effectuer un test statistique clas-sique, nommétest duχ2 (voir les résultats dans la ligne sous les deux tableaux).

13 L’exemple est cité quand nous expliquons comment nous avons réduit les données (→5.0.2).

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Page 211: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

MF.A4 577 85 662MF.C5 1976 482 2458MF.C6 354 789 1143MF.Co 434 171 605MF.P0 2244 144 2388MF.R2 1181 287 1468MF.R3 506 87 593MF.S1 1259 509 1768

8531 2554 11085

PPD.0 PPD.1

8.95 ✩★★ −29.89★★★

3.76 ✩✩✩ −12.56★★★

−314.11★★★ 1049.21 ★★★

−2.15✩✩✩ 7.17 ✩★★

89.78★★★ −299.89★★★

2.32 ✩✩✩ −7.76✩★★

5.4 ✩✩★ −18.03★★★

−7.59✩★★ 25.37★★★

χ2= 1883.93,ddl= 7, p= 0 ★★★

TAB . 5.13 – Exemple de tri croisé

0 1

A4 509.47 152.53 662C5 1891.67 566.33 2458C6 879.65 263.35 1143Co 465.61 139.39 605P0 1837.8 550.2 2388R2 1129.77 338.23 1468R3 456.37 136.63 593S1 1360.65 407.35 1768

8530.99 2554.01 11085

TAB . 5.14 – Exemple de tri croisé: valeurs attendues

a. Fonctionnement.Pour ce test, on calcule un coefficient mesurant l’écart qui existeentre ce tableau et la ventilation qu’il aurait présentée si les cases avaient été rempliesaléatoirement, mais en conservant les mêmes totaux marginaux (situationH0). Si lasituation était due au hasard, chacune des cases aurait eu comme valeur le produit desmarges correspondantes divisé par le total du tableau (Howell 1998, 165–166), soitla table 5.14. On résume l’écart que la ventilation manifeste par rapport àH0 sous laforme d’un coefficient nomméχ2. Plus ce coefficient est élevé,14 plus il est vraisem-blable que le tableau de contingence ne soit pas dû au hasard, mais à un lien existantentre les variables. Il faut donc rejeterH0 au profit deH1. Ce qui signifie, dans le casd’une table de contingence, que la ventilation des données n’est pas aléatoire. On peutdès lors poser des hypothèses pour expliquer la manière dont cetécart par rapport àla situation d’indépendance (on parle d’écart à l’indépendance) est structuré. La pro-babilité deH0 est calculée sur la base d’une distribution également diteduχ2, liée au

14 On calculele coefficientχ2 suivant la formule

χ2=

∑ (o−e)2

e(5.1)

qui se lit: «Leχ2 est égal à la somme des carrés des écarts àH0 divisés par la valeur attenduesi H0 était vraie.» Voir Muller 1973, 116–127 pour un exposé adapté à un public de linguistes;voir Howell 1998, ch. 6 pour les détails. Le calcul est modifié par un coefficient (correction decontinuité de Yates, cf. Howell 1998, 167–168) dans le cas de tables croisant 2×2 modalités.La fonction R effectuant le test estchisq.test(), qui évalue la probabilité correspondant aucoefficient obtenu.

178

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nombre dedegrés de liberté.15 (ddl), qui correspond au produit du nombre de modali-tés diminué de un de chacune des deux variables, en l’occurrence, (7−1)× (2−1)= 6.Cette probabilité est ici voisine de zéro; elle est inférieure à 0.001.

On voit dans le tableau 5.13 ci-dessus que le coefficientχ2 est très élevé; donc,la probabilité queH0 soit vérifiée est proche de zéro. La ventilation du tableau n’estdonc certainement pas aléatoire. Le nombre d’étoiles pleines correspond à un seuilα de rejet deH0: ★★★ équivaut àp < 0.001,✩★★ signifie p < 0.01,✩✩★ signifiep< 0.05 et✩✩✩ signifie p> 0.05 (H0 ne peut être rejetée).b. Conditions d’application.Le test a des conditions d’application peu restrictives,mais qu’il importe de respecter. Charles Muller (1973, 121) les résume efficacement:16

«1. ce test ne s’applique qu’à deseffectifs absolus, jamais à des effectifs relatifs (pourcen-tages, par exemple), et jamais à des grandeurs (caractères17 qualitatifs);2. il perd de sa précision quand les écarts sont établis par rapport à deseffectifs trop faibles;dans la pratique, on s’interdira d’inscrire dans les effectifs théoriques des nombresinférieursà 5, et on évitera s’il se peut les nombres inférieurs à 10; pour les effectifs réels, il n’y a pasde limitation;18

3. toute erreur sur le nombre de degrés de liberté fausse le résultat.»

À ces conditions, il faut ajouter celle de n’inclure dans le tableau que des obser-vations indépendantes (Howell 1998, 175). Il faut que la probabilité de l’occurrencesimultanée d’un individu A et d’un individu B soit égale au produit de la probabilitéd’occurrence de chacun.19 En pratique, il est donc nécessaire que le total du tableaucorresponde au nombre d’individus soumis au tri, pas plus.

Ces contraintes sont assez claires et ne requièrent pas de commentaire, à l’excep-tion du problème de l’indépendance des observations.c. Récursivité et indépendance des observations.Nous venons de voir que DavidHowell dénonçait comme une erreur typique le fait de prendre plusieurs fois le mêmeindividu en considération. Or, comme on a pu s’en apercevoir en analysant les tris àplat, le même signe est pris plusieurs fois en considération pour déterminer les valeursde PPD et PPF pour l’ensemble des individus. En ce sens, ces variables sont d’embléeun indice de la non-indépendance des données. Néanmoins, ce sont les valeurs desvariables décrivant les individus qui sont liées. Les individus sont, quant à eux, bel etbien indépendants. Les tests restent utilisables, mais les variables n’en demeurent pasmoins liéesa priori.

Pour résoudre ce problème, il faudrait peut-être considérer chaque niveau d’inté-gration syntaxique indépendamment des autres, puis trouver les méthodes appropriéespour tester les relations entre ces différents niveaux. Cela ne serait envisageable quesi nous avions à notre disposition une quantité bien plus importante de matériaux.

On ne pourrait pas davantage faire des mots les individus de l’étude et les définir

15 Dans unetable de contingence, il s’agit du nombre de cases dont l’effectif peut varier enconservant des totaux marginaux fixes. Voir par exemple Howell 1998, 59 et 116–117.

16 Italiques en gras dans le texte.17 Synonyme devariableque nous n’avons pas employé ici, pour éviter toute confusion.18 En pratique, cette limite de 5 n’est pas toujours respectée sans pour autant biaiser les résultats,

cf. Howell 1998, 173–174.19 Soit P(A∩B) = P(A)×P(B), cf. (Upton/Cook 2006, 106).

179

Page 213: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

par de nombreuses variables correspondant aux constituants aux extrêmes desquelsils se trouvent. Pareille description mènerait obligatoirement à assigner un nombre devariables considérable à chaque individu – on rencontrerait les problèmes décrits sous→4.2.3.

5.2.1.3 Rapport de chances

Si nous effectuons une tabulation entre la variable MR et la variable PPD au niveau dela phrase, nous obtenons une table carrée de quatre cases (table 2×2). Pour compléterl’analyse d’une telle table, il est utile de calculer une statistique nomméerapports dechances(notéeθ ci-dessous).20 Les rapports de chances ne sont pas influencés parl’inégalité des totaux marginaux (p. ex., le fait que le total de la première ligne ne soitpas le même que celui de la seconde) et montrent quel est le degré de liaison d’unevariable par rapport à une autre.21 La tabulation de MR avec PPD donne le premierexemple de calcul du rapport de chances (→5.2.2.4).

En situation deH0, ce rapport vaut exactement 1. Plus le nombre s’écarte del’unité, plus l’écart par rapport à l’indépendance est important – néanmoins, les rap-ports de chances sont purement descriptifs et ne permettent pas de faire des inférences.Pour les tables 2×2 qui suivront dans ce travail, nous avons reporté leθ correspondantaux attractions en-dessous du tableau de décomposition des contributions (→5.2.1.4).À ce stade, il est important de comprendre que la significativité du test et le rapport dechances sont deux mesures différentes. Il se pourrait qu’unθ peu élevé soit significa-tif, cela voudrait dire qu’il est pertinent de relever le contraste étudié, bien qu’il soitdifficilement perceptible intuitivement. La situation inverse est tout aussi possible.

5.2.1.4 Structure de l’écart

Le coefficientχ2 pose une appréciation globale sur l’écart àH0: soit la ventilation estdue au hasard, soit elle ne l’est pas. Il est parfois utile d’évaluer dans quelle mesurechaque cellule du tableau s’écarte deH0. Pour ce faire, nous avons choisi d’employertrois indicateurs distincts, reportés synthétiquement dans le sous-tableau de droite dutableau 5.13. Premièrement, le sens de l’écart est indiqué par un signe moins s’il estnégatif (effectif moindre que dans la situationH0) et par aucun signe s’il est positif.

20 Il est tout à fait possible de calculer les rapports de chances pour des tables plus grandes(Agresti 2002, 55–56), mais leur interprétation devient très compliquée.

21 Pour une table

B.1 B.2

A.1 a b mA.2 c d n

r s N

la formule du rapport de chances de la case contenant l’effectif a (θ1,1) est donnée par Agresti(2002, 45):

θ1,1 =adbc= θ2,2 =

1θ1,2=

1θ2,1

(5.2)

180

Page 214: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Le nombre correspond à la part duχ2 due àla valeur de la case correspondante dans letableau de contingence (on parle decontributionauχ2). Nous avons en outre calculépen considérant leχ2 pour chaque cellule du tableau avecddl= 1 (comme s’il s’agissaitd’un tableau de deux lignes et de deux colonnes).

Grâce à cette décomposition de l’écart, on se fait aisément une idée de l’indivi-dualité des liens. Pour le tableau 5.13, on voit que les fonctions C6, Co et S1 sontliées positivement (attraction) au marquage, alors que les autres fonctions sont liéesnégativement (répulsionouopposition). L’essentiel de l’information contenue dans letableau est apporté par la ligne impliquantC6 et la présence d’un ponctogramme estplus discriminante que son absence (les contributions de la colonne de droite sont plusélevées que celles de la colonne de gauche).

5.2.1.5 Test exact de Fisher

Dans le cas où les conditions numériques d’utilisation duχ2 ne sont pas rassemblées,on conseille d’employer le test dittest exact de Fisher. La probabilité de la venti-lation est calculée sur la base de la distribution hypergéométrique – qui correspondempiriquement à un tirage sans remise dans une urne.22

Pour des raisons techniques,23 il est parfois impossible de calculer une probabi-lité exacte pour l’ensemble de la table. Dans ce cas, il faut se contenter des donnéesconcernant la décomposition de l’écart pour travailler.

Nous verrons des exemples où le test exact de Fisher, alternative auχ2, a dû êtreemployé.

5.2.2 Examen des tris croisés

Puisque, comme on vient de le voir, la distinction entre PPF et PPD est articifielle,il s’agit d’étudier ici la manière dont les constituants sont marqués sous deux anglesdifférents. Nous ferons donc en parallèle deux études distinctes de la répartition de lamême ponctuation. Nous essayerons de synthétiser ensuite les deux séries de résultats(→5.2.3).

Pour éviter les interférences avec les phénomènes esthétiques de marquage du

22 Soit latable:

B.1 B.2

A.1 a b mA.2 c d n

r s N

La formule de la probabilité deH0 est donnée par

m!n!r!s!a!b!c!d!N!

(5.3)

Cf. Upton/Cook2006, 160–161. Le test est effectué par la fonction Rfisher.test().23 Dans R, l’algorithme par défaut du test consomme beaucoup de ressources si certains effec-

tifs sont élevés.

181

Page 215: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

MI.pers 8018 374 8392MI.pers-arg 4714 629 5343MI.¬pers 2997 55 3052MI.¬pers-arg 2198 187 2385MI.phrase 8473 2540 11013MI.¬phrase 256 149 405MI.synt 26886 1690 28576MI.synt-arg 27866 3430 31296

81408 9054 90462

PPD.0 PPD.1

28.75★★★ −258.46★★★

−1.85✩✩✩ 16.61★★★

22.84★★★ −205.37★★★

1.25 ✩✩✩ −11.2✩★★

−208.57★★★ 1875.37 ★★★

−32.28★★★ 290.24★★★

53.24★★★ −478.68★★★

−3.15✩✩✩ 28.29★★★

χ2= 3516.13,ddl= 7, p= 0 ★★★

TAB . 5.15 – Tri croisé MI× PPD

PPF.0 PPF.1

MI.pers 7002 1385 8387MI.pers-arg 4281 1062 5343MI.¬pers 2594 450 3044MI.¬pers-arg 1861 523 2384MI.phrase 8466 2504 10970MI.¬phrase 264 206 470MI.synt 23611 4855 28466MI.synt-arg 25749 5594 31343

73828 16579 90407

PPF.0 PPF.1

3.42 ✩✩✩ −15.22★★★

−1.55✩✩✩ 6.89 ✩★★

4.71 ✩✩★ −20.98★★★

−3.78✩✩✩ 16.85★★★

−27.05★★★ 120.48★★★

−37.4★★★ 166.55★★★

5.74 ✩✩★ −25.54★★★

0.92 ✩✩✩ −4.11✩✩★

χ2= 461.19,ddl= 7, p= 1.75e−95 ★★★

TAB . 5.16 – Tri croisé MI× PPF

début et de la fin de la charte, nous avons retiré les constituants dont le premier motcorrespondait au premier mot du document des tests concernant la ponctuation initiale.De même, nous avons retiré les individus qui se trouvaient à la fin d’une charte pourles tests concernant la ponctuation finale.

Tabulons donc successivement toutes les variables MI, MF, MN, MR, LID et LIF,d’une part avec PPD, d’autre part avec PPF.

5.2.2.1 Variable MI

Pour les différentes modalités de MI, la tabulation avec la ponctuation initiale donne lerésultat du tableau 5.15. Si l’on regarde les contributions, le tri croisé montre très clai-rement que ce sont les constituants immédiats des structures ayant le statut d’énoncé(MI.phrase et MI.¬phrase) qui attirent le plus PPD.1. Les constituants des structurescontractant une fonction argumentale (excepté MI.¬pers-arg) suivent également cettetendance, mais de manière mois nette. En dehors d’un contexte permettant les relationsde type argumental, la répulsion est très forte.

L’examen des tris croisés impliquant plutôt PPF (table 5.16) montre que la ponc-tuation finale ne suit pas toujours les mêmes tendances qu’avec PPD: avec MI× PPF,il est déjà clair que la ponctuation n’est pas similaire de part et d’autre des consti-tuants. Remarquons tout d’abord que leχ2 de ce tableau est beaucoup plus bas quecelui du tableau qui croisait MI et PPD. On constate une attraction pour tout ce qui estintégré à une structure ayant le statut d’énoncé ou une forme propositionnelle ayant

182

Page 216: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

MF.A4 1645 123 1768MF.Ap 38135 3887 42022MF.C5 5851 797 6648MF.C6 356 801 1157MF.Co 2488 857 3345MF.Dt 5982 156 6138MF.P0 7867 238 8105MF.Rl 10957 879 11836MF.R2 3341 464 3805MF.R3 854 121 975MF.S1 3932 731 4663

81408 9054 90462

PPD.0 PPD.1

1.83 ✩✩✩ −16.45★★★

2.69 ✩✩✩ −24.17★★★

−2.9 ✩✩✩ 26.04★★★

−450.92★★★ 4054.41 ★★★

−90.59★★★ 814.56★★★

38.03★★★ −341.94★★★

45.05★★★ −405.03★★★

8.77 ✩★★ −78.85★★★

−2.02✩✩✩ 18.16★★★

−0.62✩✩✩ 5.62 ✩✩★

−16.65★★★ 149.67★★★

χ2= 6594.96,ddl= 10, p= 0 ★★★

TAB . 5.17 – Tri croisé MF× PPD

une fonction argumentale. Tout comme pour la ponctuation initiale, les constituantsde la phrase se caractérisent par l’attraction du marquage, mais leur contribution estnettement plus faible.

On voit déjà que la ponctuation initiale et la ponctuation finale ne se comportentpas de manière identique en fonction du contexte syntaxique dans lequel le constituantse trouve. Cependant, il est assez évident, vu les contributions énormes pour cetteligne, que les constituants de la phrase ont une tendance au marquage très nette etdépassant celles de tous les autres, que ce soit vis-à-vis de PPD ou de PPF.

5.2.2.2 Variable MF

Abordons à présent le comportement de la ponctuation par rapport à la fonction desconstituants. La ventilation des données dans la tabulation de MF et PPD donne latable 5.17: PPD.1 repousse les fonctions Ap, A4, Dt, P0 et Rl, mais attire les autres.Les répulsions ont une contribution plus forte que les attractions; on remarquera tou-tefois que la contribution la plus élevée est celle de la fonction C6, qui attire le ponc-togramme initial.

Il faut cependant relativiser ces observations. Comme nous l’avons fait remarquersupra (→5.2.2.2), le tri traite exactement de la même manière des unités que nousavons clairement distinguées d’un point de vue épistémologique.

La ventilation des effectifs selon les variables MF et PPF est donnée dans la table5.18. Avec les mêmes réserves que celles signalées pour PPD, les fonctions Co, C6,Rl, P0 et S1 repoussent PPF.1. Malgré l’importance de l’effectif Ap dans la colonnePPF.1, la contribution de la ligne correspondant à cette fonction est plus basse que lesautres – tout en restant statistiquement significative. Cela montre que les constituantsde cette fontion ne se laissent pas ranger dans une catégorie nette.

La divergence entre PPD et PPF est encore plus présente dans le cas de MF quedans celui de MI. On pourra distinguer (voir la synthèse→5.2.3): 1/ les fonctionsrejetant tout marquage; 2/ les fonctions attirant un marquage de part et d’autre; 3/celles qui impliquent un comportement différent à gauche et à droite du constituant.

183

Page 217: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPF.0 PPF.1

MF.A4 1178 590 1768MF.Ap 34014 7930 41944MF.C5 4494 2075 6569MF.C6 1152 5 1157MF.Co 3291 54 3345MF.Dt 3654 2388 6042MF.P0 6963 1097 8060MF.Rl 11841 103 11944MF.R2 2423 1379 3802MF.R3 713 366 1079MF.S1 4105 592 4697

73828 16579 90407

PPF.0 PPF.1

−48.93 ★★★ 217.88★★★

−1.66✩✩✩ 7.38 ✩★★

−141.22★★★ 628.85★★★

45.43★★★ −202.29★★★

114.56★★★ −510.17★★★

−332.07★★★ 1478.73 ★★★

22.06★★★ −98.24★★★

446.69★★★ −1989.16 ★★★

−149.71★★★ 666.69★★★

−32.08★★★ 142.86★★★

18.91★★★ −84.22★★★

χ2= 7379.78,ddl= 10, p= 0 ★★★

TAB . 5.18 – Tri croisé MF× PPF

PPD.0 PPD.1

MN.0 76713 8674 85387MN.pers 2371 269 2640MN.¬pers 2324 111 2435

81408 9054 90462

PPD.0 PPD.1

−0.21✩✩✩ 1.92 ✩✩✩

−0.01✩✩✩ 0.09 ✩✩✩

8.04 ✩★★ −72.27★★★

χ2= 82.53,ddl= 2, p= 1.2e−18 ★★★

TAB . 5.19 – Tri croisé MN× PPD

PPF.0 PPF.1

MN.0 71328 14017 85345MN.pers 936 1702 2638MN.¬pers 1564 860 2424

73828 16579 90407

PPF.0 PPF.1

38.3★★★ −170.54★★★

−688.92★★★ 3067.85 ★★★

−87.21★★★ 388.34★★★

χ2= 4441.16,ddl= 2, p= 0 ★★★

TAB . 5.20 – Tri croisé MN× PPF

5.2.2.3 Variable MN

En ce qui concerne la nature, la tabulation avec PPD donne le tri de la table 5.19. Lesrésultats du test sur cette dernière sont significatifs et l’examen des détails indique quel’élément fort est la répulsion que les propositions non personnelles manifestent parrapport au marquage, où la contribution est très forte.

L’examen du tableau de contingence approprié révèle que la nature des consti-tuants est également liée à leur ponctuation finale (table 5.20): les propositions s’op-posent aux constituants non propositionnels par une attraction forte, particulièrementpar ce qui est personnel. Contrairement à la ponctuation initiale, le marquage final cor-respond tout à fait au caractère saillant de ces structures, dont les tris à plat montraientla rareté relative.

Le contraste morphosyntaxique entre les constituants «simples» et les constituantspropositionnels est donc surtout marqué par la présence de ponctuation à la fin de cesderniers.

184

Page 218: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

MR.0 69506 8106 77612MR.1 11902 948 12850

81408 9054 90462

PPD.0 PPD.1

-1.64 14.729.89 -88.89

θ 1.46

χ2= 114.78,ddl= 1, p= 8.77e−27 ★★★

TAB . 5.21 – Tri croisé MR× PPD

PPF.0 PPF.1

MR.0 66867 10695 77562MR.1 6961 5884 12845

73828 16579 90407

PPF.0 PPF.1

196.56 -875.32-1186.91 5285.43

θ 5.28

χ2= 7542.08,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 5.22 – Tri croisé MR× PPF

PPD.0 PPD.1

LID.0 57785 4587 62372LID.1 23623 4467 28090

81408 9054 90462

PPD.0 PPD.1

48.83 -439.07-108.43 974.93

θ 2.38

χ2= 1570.31,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 5.23 – Tri croisé LID× PPD

5.2.2.4 Variable MR

La tabulation de MR et PPD mène à la création d’un tableau de contingence 2×2, dontnous calculons le rapport de chances (table 5.21). La très faible probabilité calculéenous autorise à dire qu’il y a répulsion manifeste entre les constituants relatés et laponctuation initiale. La valeur deθ correspond au rapport de chances entre les attrac-tions et les répulsions du tableau. Ici, l’attraction est entre MR.1 et PPD.0. Il y a, selonle calcul des rapports de chances, 1.46 fois plus de «chances» derejeter le marquageinitial pour les constituants relatés que pour les constituants non relatés.24

Par rapport à PPF, les constituants relatés manifestent une tendance opposée à cellequ’ils présentaient pour PPD (table 5.22): les constituants relatés attirent nettement lemarquage final. Cela donne l’impression que la ponctuation marque la limite de droitedes constituants relatés, alors que le relateur indique la limite de gauche. L’utilisationsimultanée d’un procédé syntaxique et de la ponctuation «encadrerait» le constituant.

5.2.2.5 Variable LID

Les tris croisant la ponctuation et la position des constituants accusent des écarts en-core plus élevés (table 5.23): les constituants se trouvant à l’initiale de la structure qui

24 Le rapportde chances inverse correspond naturellement à l’inverse du rapport présenté (il estdonc inférieur à 1). Dans les tableaux qui suivent, nous présenterons toujours le rapport dechances supérieur à 1, c’est-à-dire celui qui correspond à l’attraction.

185

Page 219: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPF.0 PPF.1

LID.0 46295 15732 62027LID.1 27533 847 28380

73828 16579 90407

PPF.0 PPF.1

-374.84 1669.22819.25 -3648.22

θ 11.0

χ2= 6510.04,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 5.24 – Tri croisé LID× PPF

PPD.0 PPD.1

LIF.0 54089 7993 62082LIF.1 27319 1061 28380

81408 9054 90462

PPD.0 PPD.1

-56.68 509.6123.98 -1114.77

θ 3.80

χ2= 1804.01,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 5.25 – Tri croisé LIF× PPD

PPF.0 PPF.1

LIF.0 57783 4589 62372LIF.1 16045 11990 28035

73828 16579 90407

PPF.0 PPF.1

920.94 -4101.04-2048.9 9123.97

θ 9.4

χ2= 16192.49,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 5.26 – Tri croisé LIF× PPF

les intègre attirent PPD.1. Les tendances liées à la ponctuation finale sont égalementopposées à celles qu’on observait pour PPD (table 5.24), où le rapport de chances esténorme: la position initiale repousse très nettement PPF.1.

5.2.2.6 Variable LIF

Si l’on observe la tabulation entre PPD et LIF (table 5.25), on voit que la répulsion estbeaucoup plus forte que le lien entre LID et PPD. Si l’on considère simultanément lesdeux derniers tris, on est amené à penser que la ponctuation initiale marque la limitede gauche des constituants. La valeur deθ est élevée dans les deux cas, ce qui signifiequ’on aurait toutes les chances de repérer ces contrastes à la simple lecture naturelledes documents.

En reliant cette tendance au fait que les relateurs – qui rejettent PPD – se trouventgénéralement à l’initiale du constituant qu’ils relatent, ce comportement va de pairavec la répulsion existant entre PPD.1 et la fonction de relateur. On pourrait déjàavancer comme hypothèse que, puisque la position des relateurs marque la limite degauche des constituants relatés (→3.4.4.2), la présence de ponctuation à cet endroitparaît redondante.

Et parallèlement (table 5.26), la position finale attire PPF.1. La ponctuation finalemarque ainsi la limite de droite des constituants de manière générale.

186

Page 220: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

⊗ [ constituant 1] ⊗ [ constituant 2 ]⊗

FIG. 5.1 – Synthèse après tris croisés généraux: segmentation et poncto-grammes

5.2.3 Synthèse et critique de la démarche

Cet ensemble de tris nous a permis de remarquer que la ponctuation était liée à cha-cune des variables sélectionnées pour l’étude. La synthèse ci-dessous permettra des’en rendre compte, tout en nous invitant à réfléchir sur la validité des analyses tellesque nous avons pu les mener jusqu’à présent. Cette démarche critique nous mènera àreconsidérer notre approche, de façon à ce qu’elle soit plus respectueuse de la réalitéque nous cherchons à décrire.

L’analyse du détail des tris croisés met en lumière que la ponctuation est un pro-cédé qui s’ajoute à ceux fournis par la morphosyntaxe pour marquer les limites desconstituants25 (→5.2.3.1). On pourrait également tenter une synthèse des différentestendances en essayant de faire voir comment les variables qui ne relèvent pas de laponctuation se comportent par rapport à celle-ci, mais la synthèse obtenue resteraitintuitive (→5.2.3.2). En particulier, une telle analyse ne tiendrait pas compte de lamultiplicité des tendances, cantonnant chaque modalité dans un schéma spécifique.De plus, elle diffracterait les variables définitoires des individus, de sorte qu’il neserait pas possible d’évaluer comment les différentes combinaisons de modalités mor-phosyntaxiques et positionnelles sont liées à PPD et PPF (→5.2.3.3).

5.2.3.1 Ponctuation et segmentation en constituants

Au chapitre→3, nous avons vu que l’accord et la présence de relateurs délimitaient lesconstituants (→3.4.4.7). Les tris croisés avec MF, MR, LID et LIF indiquent que l’onpeut raisonnablement penser que la ponctuation remplit, entre autres, une fonctionsimilaire.

Le nombre de ponctogrammes aux bornes des constituants est en effet significa-tivement supérieur (→5.2.2.5 et→5.2.2.6). Cela montre que ce sont principalementles limites des constituants qui sont marquées et que la ponctuation a une fonction desegmentation isolant les constituants de même niveau les uns des autres. Les scribesconcevaient donc la segmentation en unités de manière similaire à la façon dont nousl’avons modélisée. Soit, schématiquement, la figure 5.1.26

Par ailleurs, ce comportement est tout à fait en accord avec ce que nous avons vuau sujet de MR.1: les constituants relatés repoussent PPD.1 et attirent PPF.1. Quant àMF.Rl, qui est la modalité généralement vérifiée pour la fonction du premier consti-tuant d’une structure relatée, il repousse fortement toute ponctuation (figure 5.2).

On aurait donc deux manières de délimiter les groupes de mots fonctionnant en-semble. Certains groupes seraient délimités par un ponctogramme de part et d’autre,

25 Voir le rôle des relateurs à cet égard:→3.4.4.2.26 Dans les schémas qui suivent, nous représentons la présence d’un ponctogramme quelconque

par ‹⊗› et son absence par ‹ø›. Quand les données ne suffisent pas ou que l’écart observé n’estpas significatif, nous l’indiquons par un point d’interrogation.

187

Page 221: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

⊗ [ constituant 1] ø [ Rl — ø reste du constituant 2 ]⊗

FIG. 5.2 – Synthèse après tris croisés généraux: segmentation, relateurset ponctogrammes

[

ø [ constituant 1 ] [Rl — reste du constituant 2 ]⊗ [ constituant 3 ]ø]

FIG. 5.3 – Synthèse après tris croisés généraux: interruption

alors que les syntagmes s’ouvrant sur un relateur seraient marqués par un poncto-gramme à la finale.

Rappelons qu’il s’agit de tendances statistiques. Elles sont en ce sens relativementabstraites par rapport aux données: les signes sont, nous l’avons vu (→5.1.3), assezrares (en particulier à l’initiale), et leur apparition simultanée aux deux extrémitésd’un constituant n’est évidemment pas systématique. En outre, dans les faits, ce fonc-tionnement est rendu opaque par la récursivité des structures syntaxiques. Si la chaînegraphique est linéaire, la structure syntaxique ne l’est pas; il arrive fréquemment quecertains constituants non marqués en contiennent d’autres, qui au contraire le sont(figure 5.3). Par exemple, dans

«· en cel ıoret en cel oíre míemes ·lí deuant dıt foímens[14] en rendírent don et veſture afrere johancondıſt pangnon · delle vauzſaín lam[15]ber [. . .]» (Document 1276–02–24, 13).

la structure decondıſt pangnonest introduite par un relateur et s’achève par un ponc-togramme. Pourtant, elle se trouve à l’intérieur du constituant plus largea frere johancondıſt pangnon · delle vauzſaín lamber.

De la même manière, quand nous avons étudié les liens entre les modalités de MFet celles de PPF (→5.2.2.2), nous avons vu que PPF.1 et MF.Co étaient liés négati-vement. Cette observation, validée par le test duχ2, correspondrait ainsi à un rejetdu ponctogramme à la suite d’un coordonnant. Pourtant, il existe des occurrences decoordonnants qui sont suivis d’un ponctogramme. Or, le lien entre les deux modalitésva dans le sens de la répulsion et la modalité PPF.1 renvoie à la présence d’une autremodalité PPD.1 pour les constituants qui suivent un constituant marqué à la finale. Ilserait donc intéressant de considérer que les constituants MF.Co qui vérifient PPF.1 nesont pas fonctionnellement marqués, mais que la marque qui les suit est causée par lecontexte environnant.

Un lien significatif ne se comprend donc pas comme une implication logique: ilne s’agit que d’une tendance indiquant une convergence, n’impliquant pas nécessaire-ment une relation de causalité.

5.2.3.2 Un panorama trop général

a. Schémas de ponctuation.En considérant conjointement l’ensemble des tendances,on schématise facilement la manière dont sont réparties les marques de ponctuation.Il y a quatre cas de figure: 1/ ponctuation devant et derrière, 2/ seulement devant, 3/seulement derrière, 4/ aucune ponctuation. À chacune de ces possibilités sont asso-

188

Page 222: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

⊗[

MI.(phrase | ¬phrase | pers-arg) | MF.(R2 | R3 | C5)]

FIG. 5.4 – Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme devant etderrière

⊗[

MI.synt-arg | MF.(S1 | C6 | Co) | MR.0 | LID.1 | LIF.0]

ø

FIG. 5.5 – Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme devantseulement

ø[

MI.¬pers-arg | MF.(A4 | Ap | Dt) | MN.¬pers | MR.1 | LID.0 | LIF.1]

FIG. 5.6 – Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme derrièreseulement

ø[

MI.(synt | pers | ¬pers) | MF.(P0 | Rl)]

ø

FIG. 5.7 – Synthèse après tris croisés généraux: aucun ponctogramme

ciées un certain nombre de modalités morphosyntaxiques et positionnelles.27 Le pre-mier schéma (ponctuation devant et derrière) est ainsi représenté dans la figure 5.4. Onvoit que les modalités des deux variables associées à un marquage de part et d’autrene sont pas incompatibles.

Le schéma de ponctuation uniquement initial est celui de la figure 5.5. Ce schémaest à la fois trivial et étonnant. Suivant notre connaissance de la langue étudiée, il estnormal de retrouver associées les modalités de MF et de MR qu’on voit ici (les C6 etles coordonnants ne sont jamais relatés; les sujets ne le sont que très rarement.28 Demême, C6 et S1 sont souvent en position initiale et Co n’est jamais en position finale.Par contre, il n’est pas possible de rencontrer S1 ou C6 dans un intégrant non proposi-tionnel. De même, il nous semble que Co n’est quasiment jamais initial. L’associationde la modalité MI.synt-arg est donc problématique.

Si la ponctuation n’est que finale, le schéma est celui de la figure 5.6. Les modali-tés ne sont pas incompatibles.

Dans les cas où la ponctuation est généralement absente de part et d’autre, commeceux de la figure 5.7, P0 n’est jamais en contexte immédiat – puisqu’il définit lesstructures propositionnelles.29

Enfin, deux autres schémas partiels ont été mis à jour (figure 5.8).b. Limitations.Il faut toutefois faire preuve d’une grande vigilance car une telle syn-thèse est imprécise et donc dangereuse.

Tout d’abord, pour se faire une idée de la manière dont les attractions sont éche-lonnées, on devrait décomposer progressivement chaque tableau en faisant desχ2 suc-

27 Dans lesschémas ci-dessous, la barre verticale signifie ‘ou’. Grouper entre parenthèses plu-sieurs modalités séparées par des barres verticales nous permet d’isoler une alternative:MI.(phrase | synt)signifie ‘MI.phrase ou MI.synt’.

28 Généralement dans le cadre de la tournure_c’est a savoir. . ._ou _conute chose soit. . ._, voirles sujets propositionnels (→3.4.4.5).

29 Voir →3.4.2 sur la définition du termeproposition.

189

Page 223: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

?[

MN.pers]

? [ MN.0 ] ø

FIG. 5.8 – Synthèse après tris croisés généraux: cas intermédiaires

cessifs (voir→6.1.1 pour un exemple). En effet, face au tableau croisant MN et PPF,par exemple, nous avons vu que la décomposition de l’écart laissait des cases dontla contribution isolée n’était pas pertinente. Mais qu’en est-il de la comparaison descases entre elles? Le nombre de tests à effectuer deviendrait très rapidement trop im-portant pour être gérable et pour permettre une interprétation aisée.

Par ailleurs, la synthèse a été construite sur la base de dépouillements qui négligenttoute relation entre PPD et PPF. On vérifie ainsi que MF.Co attire PPD.1, mais y a-t-ilune différence entre les MF.Co en fonction de leur ponctuation initiale?

5.2.3.3 Atomisation des individus

Revenons à présent aux problèmes de compatibilité des modalités des différentes va-riables: deux modalités se rapprochent d’une forme de marquage soit parce qu’ellesse ressemblent par rapport au marquage (c’est le cas des différentes modalités d’unemême variable), soit parce qu’elles s’attirent. Malheureusement, tels qu’ils ont étémenés, les tris croisés ci-dessus ne laissent pas quantifier les relations entre les mo-dalités non ponctuationnelles. Par exemple, nous savons par expérience qu’un grandnombre de R2 sont de nature propositionnelle (mode personnel). Or, autant MF.R2que MN.pers attirent PPF.1. Comment pourrait-on dire si la présence d’un signe à lafinale est plus liée à l’une ou à l’autre de ces modalités morphosyntaxiques?

Cet ensemble d’observations ne nous informe que sur la manière dont les variablesse comportent lorqu’elles sont comparées deux à deux. Il s’agit d’un guide précieux,mais qui gagnerait à être enrichi par une vue plus globale, comparant systématique-ment les relations entretenues par toutes les variables.

Enfin, si les tris croisés nous ont montré les liens entre MF.R2 et PPF.1, MR.0et PPF.0, ces liens négligent une dimension importante des données: les différentesmodalités d’une même variable ont beau être mutuellement exclusives, il est évidentque les constituants combinent des modalités morphosyntaxiques et positionnelles quisont liées de manière parfois antagonistes à PPF. Ainsi, MF.R2 et MR.0 ne sont pasincompatibles, comme en témoigne

«·et parche ke cheſoıt plus ferme choıſeeteſtable /mesſıresrenírs [. . .] at pendutſon ſaıala ˘ceſpre/[20]ſenſ lettreſen teſmoıngnage de˘veríteıt» (Document 1274–02–24, 18).

La constructionſon ſaıal assumant la fonction R2 est loin d’être exceptionnelle. Demême, il se pourrait que les constituants vérifiant MR.1 soient marqués simplementparce qu’ils sont souvent en position LIF.1.

Cependant, ce n’est pas la relation entre les variables morphosyntaxiques qui nousintéresse, mais la manière dont ces dernières interfèrent avec la ponctuation. Dès lors,que faire de ces informations si les individus traités sont trop complexes pour en dé-duire une description valable? Il s’agit donc de trouver un moyen de traiter des rela-tions entre plus de deux variables. Nous avons essayé de faire en sorte que plusieurs

190

Page 224: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

tris croisés successifs éclaircissent le terrain, ce que nous exposons dans lasectionsuivante.

5.3 Tris croisés sur une variable de synthèse

Nous expliquerons tout d’abord comment nous avons mis en place une nouvelle sé-rie de tris croisés effectués sur une variable synthétisant toutes les autres variablesmorphosyntaxiques et positionnelles (→5.3.1) avant de les étudier en détail (→5.3.2).Dans la synthèse qui suivra, nous évaluerons dans quelle mesure la ponctuation estrégulière en dressant le tableau synoptique des tendances de ponctuations initiale etfinale, ce qui nous mènera à poser les questions qui orienteront la suite de notre travail(→5.3.3).

Nous avons rejeté d’autres techniques appliquables aux données catégorielles,comme l’analyse factorielle des correspondances, la description statistique des classeset l’analyse log-linéaire. Ce rejet est lié au fonctionnement de ces outils, qu’on au-rait bien du mal à présenter en quelques lignes. Retenons simplement ceci: l’analysefactorielle a le défaut d’être trop intuitive et ne permet pas d’inférence,30 et la des-cription statistique des classes complique le traitement des unités peu attestées. Quantà l’analyse log-linéaire, seule méthode que nous connaissions qui soit capable de te-nir compte de la diffraction des modalités, elle impose des contraintes concernant leseffectifs que nous ne pourrions respecter ici.31

5.3.1 Procédure

Pour éviter l’atomisation, nous avons dû grouper certaines variables morphosyn-taxiques et positionnelles en une seule «super-variable» comportant de nombreusesmodalités. La grande table de contingence obtenue en croisant cette nouvelle variableavec les variables ponctuationnelles a ensuite été décomposée en plus petites tablesexploitables individuellement.

5.3.1.1 Fusion des variables

À l’exception de l’analyse log-linéaire, impraticable avec les données dont nous dis-posons, les méthodes multivariées ne résolvent pas efficacement le problème de l’ato-misation des individus.

L’idée qui vient immédiatement à l’esprit est celle d’effectuer des tests non surdes variables simples, mais sur des combinaisons de plusieurs d’entre elles. On com-binerait les variables retenues en une seule que l’on évaluerait par rapport à sa relationau marquage. Nous avons donc regroupé les variables morphosyntaxiques et position-nelles en une seule variable complexe, qui ne diffracte pas l’information apportée par

30 Nous enferons néanmoins usage dans le cadre de l’étude de la forme des ponctogrammes(chapitre→7): dans ce cas, le nombre de modalités retenues est suffisamment réduit pouremployer efficacement cette méthode.

31 Cf. Howell 1998, 705–706 qui expose le problème en termes généraux et Agresti 2002, 395–396 qui présente les implications mathématiques de ces faibles effectifs.

191

Page 225: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

MI LID LIF MF MN MR MM

phrase 1 0 C5 0 1 1,0,C5,0,1phrase 0 0 P0 0 0 0,0,P0,0,0phrase 0 0 P0 0 0 0,0,P0,0,0phrase 0 0 S1 0 0 0,0,S1,0,0phrase 0 0 R2 ¬pers 0 0,0,R2,¬pers,0phrase 0 0 C5 0 0 0,0,C5,0,0phrase 0 1 C5 0 1 0,1,C5,0,1

TAB . 5.27 – Exemple de définition d’individus, MM en dernière colonne

les individus. Les modalités possibles de cette nouvelle variable (notée MM) corres-pondent à toutes les combinaisons possibles entre les modalités des variables simplesLID, LIF, MF, MN et MR. Soit, pour l’exemple donné ci-dessus, la table 5.27.32 Decette manière, chaque individu n’est plus défini que par une seule variable tenant si-multanément compte des variables morphosyntaxiques et positionnelles.

Le désavantage de cette manipulation est que les individus dont la définition envariables est peu représentée ne sont pas exploitables à l’aide d’un simple test deχ2. Dans ces conditions, il y a deux possibilités: les regrouper avec des membresd’une autre classe, ou les éliminer des calculs. La première possibilité ne tronquepas l’échantillon; cependant, elle introduit progressivement un biais incontrôlable aupoint de vue de la qualité des données, dont la description procure, nous l’avons déjàsouligné,33 une représentation extrêmement réduite. La seconde solution évite le biais,mais tronque l’échantillon, nous privant d’informations peut-être précieuses. On nepourrait adoptera priori la première attitude, puisque nous ne connaissons pas larelation que nous voulons mettre en évidence. Nous avons donc choisi de rejeter dansun premier temps toutes les configurations qui ne sont pas suffisamment représentées,quitte à les commenter par la suite.

5.3.1.2 Séparation par modalité de MI

Les analyses sont faites séparément pour les différents types de constituants intégrants(MI, division suivant les bases épistémologiques de la description), ainsi que pour lesdeux types de marquage. Cette séparation s’est révélée nécessaire: elle permet de leverles problèmes d’homogénéité que nous avions remarqués au sujet des modalités de MF(→5.2.2.2). De cette manière, Ap et Dt, fonctions de syntaxe immédiate, seront traitésindépendamment des modalités de MF correspondant à des fonctions argumentales.

Cette séparation des types d’incluants diminue l’imprécision liée à la récursivitésans toutefois la réduire à néant. Le seul moyen d’y parvenir serait d’éliminer du trai-tement toute structure apparaissant à plus d’un niveau, ce qui n’est pas envisageablepour une recherche de tendances générales et pourra éventuellement se faire dans desétudes plus ciblées.

32 Voir la section où nous exposons comment sont définis les individus (→5.0.2).33 Voir la section où nous choisissons les variables employées pour décrire les individus (→5.0).

192

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0 1

0,0,C6,0,0 132 10 142autres 8523 2665 11188

8655 2675 11330

0 1

5.1 -16.51-0.06 0.21

θ 4.13

χ2= 20.97,ddl= 1, p= 4.68e−06 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 43 comparaisons:★★★ (seuils: 0.00119, 0.000234, 2.33e-05)

TAB . 5.28 – Exemple de décomposition de la table de contingence MM× PPD: 0,0,C6,0,0

5.3.1.3 Décomposition des écarts

Pour appréhender la manière dont les différentes modalités de cette nouvelle variablemorphosyntaxique et positionnelle attirent ou repoussent la ponctuation, il suffit d’ef-fectuer un test pour chaque ligne des quatorze tableaux de contingence croisant MMavec PPD et PPF – sept modalités de MI et deux variables de ponctuation. Ces testssont basés sur des tables 2×2, réduisant les modalités de MM à celle de la ligne in-téressée et à une valeur nomméeautres, reprenant les effectifs de toutes les autresmodalités. De cette manière, les constituants 0,0,S1,0,0, par exemple, sont opposés àtoutes les autres constructions – et l’on peut faire de même avec chaque modalité deMM. L’hypothèse nulle de chaque test serait que le type de constituant focalisé n’at-tire ni ne rejette de manière particulièrement significative la ponctuation (initiale oufinale, en fonction de la variable croisée avec MM).

Si l’on prend comme exemple l’interaction des constituants 0,0,C6,0,0 et de PPDau niveau de la phrase, on obtient la table 5.28, qui est une table 2×2. Le tri croisénous invite à rejeter l’hypothèse nulle et à admettre que ces constituants rejettent signi-ficativement PPD. Les constructions attestées moins de dix fois (qui mènent obligatoi-rement à des valeurs attendues inférieures à 5;→5.2.1.2) n’ont pas été examinées dela sorte, mais leur effectif a toujours été pris en compte dans la ligneautres. D’autrepart, nous avons ajouté une ligne supplémentaire à la suite du tableau, ce qui mériteun commentaire. Le fait de pratiquer ces deux comparaisons de manière indépendantemène en effet au problème des comparaisons multiples, bien connu des statisticiens.Opérer de multiples tests et combiner leur résultat augmente la probabilité de com-mettre une erreur de la première espèce en fonction du nombre de tests et du seuilde tolérance retenu.34 Pour pallier ce problème, il est courant de corriger le seuilα àl’aide de l’ajustement nomméajustement de Šidàk. Cette correction tient compte dunombre de comparaisons effectuées.35 Il reste néanmoins intéressant de conserver les

34 La formuledonnant la probabilité de commettre au moins une fois une erreur de la premièreespèce est (cf. Upton/Cook 2006, 286):

1− (1−α)c (5.4)

Soit 0.14 avecα = 0.05 et seulement trois comparaisons.35 Le seuil corrigé est ainsi:

1− (1−α)1/c (5.5)

Voir par exemple Abdi 2007 pour une présentation générale. Cet ajustement est universel,puisqu’il est basé sur l’inégalité de Bonferroni, «qui stipule que la probabilité d’occurrence

193

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FAB FRE

0 8655 76.391 2675 23.61

11330 100

1

0

0 2000 4000 6000 8000

TAB . 5.29 – Tri à plat de PPD pour les constituants MI.phrase

probabilitésnon corrigées parallèlement aux probabilités corrigées. Nous avons ainsiajouté une ligne au tableau duχ2, comportant les seuilsα de 5%, 1% et 0.1% ajustésà l’aide de la méthode de Šidàk – les étoiles de cette ligne correspondent aux seuilsajustés: trois étoiles noires correspondent à une probabilité ajustée de 0.1% ou moins,deux étoiles noires à 1%, etc.

5.3.2 Examen des tris croisés

Les sept sections qui suivent comprennent l’analyse des quatorze tableaux de contin-gence correspondant aux sept types de structure incluante (modalités de MI). Chaqueanalyse comporte deux divisions: une pour la ponctuation initiale, une autre pour laponctuation finale.

5.3.2.1 Phrase

Au niveau de la phrase, l’individualité des observations est garantie par l’absence derécursivité. Une phrase est toujours directement intégrée au texte, et jamais à aucuneautre structure.36

a. Assimilation des énoncés non phrastiques à la phrase.Pour cette analyse et pourtoutes celles qui suivront, nous avons décidé d’assimiler aux phrases les énoncés nonphrastiques exprimant un procès.37 Ces derniers, dont l’analyse est faite sur le modèlede la proposition, sont en effet peu nombreux et partagent leurs frontières avec cellesdes phrases (→3.4.1.2). Il sera relativement aisé de réviser nos conceptions ultérieu-rement, lorsqu’il sera question d’étudier les constructions marquées spécifiques auxénoncés non phrastiques (→6.1.3.12).

d’un ou plusieursévénements nepeut jamais dépasser la somme de leurs probabilités in-dividuelles» (cf. Howell 1998, 409,sic; italiques dans le texte). Cependant, il est considérécomme relativement conservateur (c’est-à-dire sévère) et il augmente ainsi le risque de com-mettre l’erreurβ (Upton/Cook 2006, 286) – l’ajustement ditde Bonferroniest encore plusconservateur. Dans un contexte où les tests employés sont tous non paramétriques (voir note45), la puissance des tests s’en voit très fortement diminuée.Il faut cependant noter que les règles de décomposition duχ2 en comparaisons indépendantes(exposées sous→6.1.1.1 a) ne sont pas respectées ici (les effectifs de chaque ligne sontpris en considération dans plusieurs tables). Dans ce cas, l’ajustement de Šidak est plusapproximatif (Abdi 2007, §2.4).

36 Dans le cas contraire, il s’agit d’une proposition subordonnée. Aucun cas de discours rap-porté n’a été relevé.

37 Voir →3.4.5. Voir la liste de ces énoncés dans l’annexedep-5.3.2.1.a-notphrase-1.Les énoncés non phrastiques n’exprimant pas un procès, peu nombreux une fois les énoncéslatins ignorés (parmi lesquels on compte les seings notariaux), sont retirés de l’échantillon(voir leur liste dans l’annexedep-5.3.2.1.a-notphrase-2).

194

Page 228: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.119%)

0,1,C5,¬pers,10,1,C5,pers,10,1,S1,pers,1

0,1,C5,0,00,0,Co,0,0

0,0,C5,pers,01,0,A4,¬pers,1

1,0,C5,pers,11,0,A4,0,11,0,A4,0,01,0,R3,0,11,0,P0,0,01,0,R2,0,01,0,C5,0,01,0,C5,0,11,0,S1,0,01,0,C6,0,0

8/30 (27%)9/30 (30%)14/49 (29%)75/242 (31%)171/605 (28%)13/22 (59%)14/21 (67%)9/10 (90%)26/33 (79%)22/23 (96%)27/27 (100%)40/43 (93%)80/107 (75%)84/95 (88%)98/112 (88%)201/245 (82%)780/1002 (78%)

1e−300 1

FIG. 5.9 – Attractions entre PPD et MM, au niveau phrase

Répulsions (seuil adapté 0.119%)

0,0,S1,0,00,0,C5,¬pers,10,1,A4,pers,1

0,1,R2,0,00,1,C5,0,1

0,0,R2,pers,10,0,R2,0,00,1,A4,0,00,1,R3,0,1

0,1,A4,¬pers,10,1,S1,0,00,0,R3,0,00,0,A4,0,0

0,1,R2,pers,10,0,R3,0,1

0,0,A4,¬pers,10,0,R2,¬pers,0

0,0,C6,0,00,0,C5,pers,1

0,1,P0,0,00,1,A4,0,1

0,1,R2,¬pers,00,0,A4,0,10,0,C5,0,00,0,C5,0,10,0,P0,0,0

331/1404 (23.6%)3/18 (16.7%)6/33 (18.2%)60/277 (21.7%)79/366 (21.6%)2/19 (10.5%)149/722 (20.6%)0/18 (0.0%)3/39 (7.7%)0/28 (0.0%)14/127 (11.0%)14/137 (10.2%)1/54 (1.9%)33/243 (13.6%)58/378 (15.3%)0/60 (0.0%)0/70 (0.0%)10/142 (7.0%)7/128 (5.5%)1/95 (1.1%)2/110 (1.8%)4/177 (2.3%)13/273 (4.8%)46/608 (7.6%)55/826 (6.7%)103/2253 (4.6%)

1.23e−124 1

FIG. 5.10 – Répulsions entre PPD et MM, au niveau phrase

b. Marquage initial.Les proportions entre les individus marqués à l’initiale et ceuxqui ne le sont pas se résument à la table 5.29. Près d’un quart des individus sontmarqués à l’initiale. On sait par les tris croisés précédents (→5.2.2.1) que cette pro-portion est significativement supérieure aux autres. En décomposant les tableaux decontingence croisant PPD avec les modalités de MM rencontrées au niveau d’intégra-tion syntaxique correspondant à la phrase et attestées au moins dix fois, on obtientune liste de probabilités. Celles-ci sont ensuite classées par ordre croissant en deuxgraphiques, correspondant respectivement aux attractions et aux répulsions entre lesmodalités de MM et la présence de marquage. Ces graphiques, dont nous allons dé-tailler les conventions de lecture, prennent la forme donnée dans les figures 5.9 et5.10.38 Les graphiques se lisent comme suit. L’axe des abscisses, construit sur une

38 Le tri croisé sur la base duquel ce graphique a été construit peut être consulté en annexe; voirannexe5.3.2.table-PPD-phrase. Il en sera de même pour tous les graphiques de ce chapitre,pour lesquels nous fournissons les tabulations sous un nom explicite.

195

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échelle logarithmique,39 correspond àla probabilité40 qu’une modalité de MM at-tire (première figure) ou repousse (seconde figure) non significativement le marquageinitial (non-rejet de l’hypothèseH0). Le rapport exact des quantités de constructionsmarquées est reporté sur l’axe vertical de droite. Cette proportion donne une idée de larégularité du marquage. La couleur du fond du graphique aide à identifier les paliersde significativité: le fond blanc correspond à un rejet de l’hypothèse nulle une fois quela correction de Šidàk a été appliquée à un seuil de 5%; le fond gris clair correspondà uneH0 qui ne serait pas rejetée avec cette correction, mais qui le serait dans le casd’un test unique (toujours un seuil de 5%); le fond gris foncé indique queH0 ne peutêtre rejetée selon aucun de ces critères.

Par exemple, la première ligne figurant en haut du tableau des attractions concerneles constituants de type 1,0,C6,0,0, c’est-à-dire les C6 non relatés de nature non propo-sitionnelle situés au début de la phrase. La probabilité qu’il n’y ait pas attraction (H0)est infime et se trouve largement en-dessous du seuil corrigé le plus bas. Pour cette rai-son, le point correspondant à 1,0,C6,0,0 est situé très haut dans dans la portion blanchedu graphique. Les effectifs reportés dans la marge de gauche correspondent aux dé-pouillements et révèlent qu’une très large proportion des constituants sont marqués.On peut également voir que 1,0,S1,0,0 apparaît juste en dessous, avec une probabilitésupérieure, mais demeurant extrêmement significative.

Au fur et à mesure que l’on descend dans le graphique, la probabilité deH0 aug-mente, jusqu’à franchir le seuil critique au-delà duquel les points figurent dans la zonegrisée. Les coordonnants (0,0,Co,0,0) s’y trouvent, mais dans la partie la plus claire.Cela signifie que si nous n’avions effectué qu’un seul test opposant les coordonnantsaux autres constituants, le résultat aurait permis de rejeter l’hypothèse nulle. Néan-moins, nous avons dû effectuer de nombreuxχ2 et il est plus prudent de ne pas accep-ter que l’attraction entre PPD.1 et 0,0,Co,0,0 est significative. Quant aux 0,1,C5,pers,1(propositions de mode personnel relatées à fonction de circonstant se trouvant en finde phrase), elles apparaissent dans la partie la plus foncée, ce qui veut dire que laprobabilité du test est trop élevée pour qu’on juge l’attraction significative.

Combiner les tris croisés successifs et les comparer sous la forme de graphiquemet ainsi clairement en évidence les constituants qui se distinguent des autres, que cesoit du point de vue des attractions ou de celui des répulsions. Pareilles visualisationsrendent simultanément accessibles plusieurs types d’informations: ils nous informentcertes sur la significativité des écarts, mais également sur leur régularité.

L’observation attentive du détail des modalités de MM met en lumière des ten-dances qui les dépassent. On peut parfois observer qu’il existe un comportement so-lidaire de différents types de constituants, qui partagent une position, une fonction ouune nature similaires. Les graphiques ne sont cependant pas construits pour mettre

39 Il s’agit, plus précisément, d’un logarithme décimal. Le logarithme décimal d’un nombre estla puissance à laquelle il faut élever 10 pour obtenir ce nombre. Soit, par exemple,

log10(100)= 2,log10(0.10)= −1,etc. (5.6)

Appliqué à un axe, ce type d’échelle permet de réduire la distance entre les paliers de si-gnificativité: il y a la même distance entre 0.1 et 0.01 qu’entre 0.01 et 0.001, puisque leslogarithmes de 0.1, 0.01 et 0.001 sont−1,−2 et−3.

40 Nous avons fixé le plancher des probabilités à 1e−300.

196

Page 230: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

ce dernier type d’information en évidence: ces ressemblances ne ressortent qu’àlalecture attentive de chacun d’entre eux.

On peut ainsi décrire les deux graphiques. Examinons pour commencer celui quisymbolise les attractions:

– ce sont essentiellement les constituants initiaux qui attirent PPD;– dans d’autres positions (dans le corps ou à la finale), les coordonnants et deux

formes de C5 attirent le marquage, mais de ces trois types, seules les incidentes(c’est-à-dire 0,0,C5,pers,0) sont marquées dans plus de la moité des cas et doiventêtre conservées après ajustement du seuilα;

– le marquage initial est extrêmement régulier; le pourcentage de marquage pourchaque constituant attirant le ponctogramme est supérieur à 80% dans plus de lamoitié des cas (toutes les fonctions sont concernées), ce qui est particulièrement lecas pour les constituants initiaux;

– les constituants marqués sont généralement simples (non relatés et de nature nonpropositionnelle), mais cela est certainement dû au fait que, de manière générale,ce sont des constituants simples qui ouvrent la phrase.

Voyons ce que le second tableau nous apprend des répulsions:

– à cet égard,aucunconstituant initial ne repousse le ponctogramme initial, mêmede manière non significative: les tendances négatives répondent aux tendances po-sitives de manière remarquablement systématique;

– les répulsions ont une régularité qui dépasse 90% (soit une proportion de consti-tuants marqués inférieure à 10%) pour la majorité des constituants concernés, cequi implique toutes les fonctions;

– étant donné sa place centrale dans la construction de la phrase, le prédicat requierttoute notre attention: on voit ici qu’il manifeste le rejet le plus important par rapportà PPD;

– il y a une très grande diversité dans les types de constituants qui repoussent lemarquage.

Il ressort essentiellement un contraste entre les constituants initiaux, qui attirent lemarquage, et ceux qui ne le sont pas, qui le repoussent.

Ces observations mettent en évidence un emploi très régulier de la ponctuationpour délimiter les bornes de la phrase: sans étudier PPF, nous savons déjà que lemarquage sera très régulier à la finale, puisque les phrases s’enchaînent les unes auxautres. On ne peut par contre pas s’avancer en ce qui concerne les fonctions particu-lières qui feraient exception à cette tendance.

Étant donné son importance, le marquage du premier constituant de la phrase re-présente très certainement la plus grande partie de l’écart à l’indépendance. De ce fait,il est possible que les autres attractions soient complètement occultées par un contrasted’une telle ampleur. Il est donc intéressant de refaire l’ensemble des tris croisés, maisen retirant les constituants initiaux de l’échantillon. Nous construisons ainsi les gra-phiques 5.11 et 5.12. Nous ne commenterons pas les répulsions, sinon pour constaterque leur nombre a logiquement diminué. Les attractions mises en lumière par cettenouvelle série de tests sont bien entendu les coordonnants et les circonstants qui sedistinguaient déjà dans le graphique 5.9, mais également:

197

Page 231: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.160%)

0,1,R2,pers,10,0,C5,¬pers,10,1,A4,pers,1

0,0,R3,0,10,1,C5,¬pers,1

0,1,C5,pers,10,1,S1,pers,1

0,1,R2,0,00,1,C5,0,10,0,R2,0,0

0,0,C5,pers,00,1,C5,0,00,0,Co,0,00,0,S1,0,0

33/243 (14%)3/18 (17%)6/33 (18%)58/378 (15%)8/30 (27%)9/30 (30%)14/49 (29%)60/277 (22%)79/366 (22%)149/722 (21%)13/22 (59%)75/242 (31%)171/605 (28%)331/1404 (24%)

1.29e−33 1

FIG. 5.11 – Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau phrase(sans les constituants initiaux)

Répulsions (seuil adapté 0.160%)

0,0,R2,pers,10,1,S1,0,00,1,R3,0,10,0,R3,0,00,1,A4,0,0

0,1,A4,¬pers,10,0,C6,0,00,0,A4,0,0

0,0,C5,pers,10,0,A4,¬pers,10,0,R2,¬pers,0

0,1,P0,0,00,1,A4,0,10,0,A4,0,1

0,1,R2,¬pers,00,0,C5,0,00,0,C5,0,10,0,P0,0,0

2/19 (10.5%)14/127 (11.0%)3/39 (7.7%)14/137 (10.2%)0/18 (0.0%)0/28 (0.0%)10/142 (7.0%)1/54 (1.9%)7/128 (5.5%)0/60 (0.0%)0/70 (0.0%)1/95 (1.1%)2/110 (1.8%)13/273 (4.8%)4/177 (2.3%)46/608 (7.6%)55/826 (6.7%)103/2253 (4.6%)

1.20e−44 1

FIG. 5.12 – Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau phrase(sans les constituants initiaux)

FAB FRE

0 8648 76.161 2707 23.84

11355 100

1

0

0 2000 4000 6000 8000

TAB . 5.30 – Tri à plat de PPF pour les constituants MI.phrase

– les sujets 0,0,S1,0,0, ainsi que les régimes 0,0,R2,0,0 et 0,1,R2,0,0;– les 0,1,S1,pers,1 (quoique de manière non significative après correction du seuil);– une grande variété de circonstants relatés en position finale: 0,1,C5,0,0,

0,1,C5,pers,1 et 0,1,C5,¬pers,1.

c. Marquage final.Comme on s’y attendait, la proportion de structures marquées à lafinale est très proche de la proportion observée pour le marquage initial (table 5.30). Ànouveau, du fait que la modalité de MI est MI.phrase, aucun problème de récursiviténe se pose.

Les graphiques synthétisant les attractions et répulsions sont aussi riches que ceuxque nous avons analysés pour PPD, auxquels ils répondent assez bien. Pour ce qui estdes attractions (figure 5.13):

198

Page 232: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.119%)

0,0,R2,¬pers,00,0,C5,¬pers,1

1,0,C5,pers,10,0,R2,pers,1

0,0,C5,0,10,1,A4,0,00,0,R3,0,1

0,0,C5,pers,00,1,P0,0,0

0,1,S1,pers,10,1,C5,pers,1

0,1,A4,¬pers,10,1,R3,0,1

0,1,C5,¬pers,10,1,A4,pers,10,0,C5,pers,1

0,1,A4,0,11,0,R3,0,10,1,S1,0,00,1,C5,0,0

0,1,R2,¬pers,00,1,R2,pers,1

0,1,R2,0,00,1,C5,0,1

17/70 (24%)7/18 (39%)5/10 (50%)9/19 (47%)225/826 (27%)10/18 (56%)131/378 (35%)17/22 (77%)36/58 (62%)33/49 (67%)26/30 (87%)25/28 (89%)30/37 (81%)28/29 (97%)32/33 (97%)80/128 (62%)81/109 (74%)96/133 (72%)110/127 (87%)150/193 (78%)147/177 (83%)192/243 (79%)212/276 (77%)275/340 (81%)

6.43e−138 1

FIG. 5.13 – Attractions entre PPF et MM, au niveau phrase

Répulsions (seuil adapté 0.119%)

1,0,A4,0,01,0,C5,0,1

1,0,A4,¬pers,10,0,A4,0,00,0,R2,0,00,0,C5,0,0

0,0,A4,¬pers,10,0,R3,0,01,0,A4,0,11,0,C5,0,01,0,P0,0,00,0,A4,0,11,0,R2,0,00,0,S1,0,00,0,C6,0,01,0,S1,0,00,0,Co,0,01,0,C6,0,00,0,P0,0,0

5/23 (21.7%)21/112 (18.8%)2/21 (9.5%)7/54 (13.0%)150/722 (20.8%)116/608 (19.1%)4/60 (6.7%)17/137 (12.4%)0/34 (0.0%)8/95 (8.4%)0/44 (0.0%)38/273 (13.9%)4/107 (3.7%)257/1404 (18.3%)0/142 (0.0%)17/279 (6.1%)13/605 (2.1%)5/1002 (0.5%)56/2253 (2.5%)

3.24e−155 1

FIG. 5.14 – Répulsions entre PPF et MM, au niveau phrase

– elles restent très régulières, mais sont apparemment moins franches que pour PPD.1(pourcentages moins élevés);

– elles paraissent spécifiques de la position finale;– les constituants attirant PPF.1 sans vérifier LIF.1 sont les C5 qui prennent la forme

d’une proposition personnelle ou sont relatés et les R3 non propositionnels relatés;– si l’on ajoute à cet inventaire les constituants ne passant pas le seuil corrigé, on

retrouve également les R2 propositionnels (mode personnel) et les C5 non proposi-tionnels non finaux, mais relatés.

Les répulsions principales (figure 5.14) nous disent que:

– le marquage final n’est jamais repoussé par les constituants qui occupent la dernièreposition de la structure dont ils sont constituants immédiats;

– la répulsion du marquage final semble caractéristique des constituants non relatésde nature non propositionnelle. Seuls les constituants de fonction A4 paraissent

199

Page 233: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.183%)

0,0,A4,0,11,0,A4,0,01,0,C5,0,1

0,0,R2,¬pers,00,0,C5,¬pers,1

1,0,C5,pers,10,0,R2,pers,1

0,0,C5,0,00,0,S1,0,00,0,R2,0,0

0,0,C5,pers,00,0,C5,0,10,0,R3,0,1

0,0,C5,pers,11,0,R3,0,1

38/273 (14%)5/23 (22%)21/112 (19%)17/70 (24%)7/18 (39%)5/10 (50%)9/19 (47%)116/608 (19%)257/1404 (18%)150/722 (21%)17/22 (77%)225/826 (27%)131/378 (35%)80/128 (62%)96/133 (72%)

5.86e−86 1

FIG. 5.15 – Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau phrase(sans les constituants finaux)

Répulsions (seuil adapté 0.183%)

0,0,A4,0,01,0,A4,¬pers,1

0,0,R3,0,01,0,C5,0,0

0,0,A4,¬pers,11,0,A4,0,11,0,P0,0,01,0,R2,0,01,0,S1,0,00,0,C6,0,00,0,Co,0,01,0,C6,0,00,0,P0,0,0

7/54 (13.0%)2/21 (9.5%)17/137 (12.4%)8/95 (8.4%)4/60 (6.7%)0/34 (0.0%)0/44 (0.0%)4/107 (3.7%)17/279 (6.1%)0/142 (0.0%)13/605 (2.1%)5/1002 (0.5%)56/2253 (2.5%)

1.32e−69 1

FIG. 5.16 – Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau phrase(sans les constituants finaux)

en effet incompatibles avec le marquage dans d’autres conditions, mais jamais demanière catégoriquement significative;

– P0 repousse également ce marquage.

Ces faits ne contredisent pas ceux qui caractérisaient le marquage initial ci-dessus(→5.3.2.1 b): il y a bien une propension à employer les signes aux limites de la phrase.La différence fondamentale entre l’absence de ponctuation des constituants simples(MN.0 et MR.0) et la ponctuation des constituants complexes est manifeste.

Néanmoins, ces dernières observations ne résistent pas à un nouveau test igno-rant les constituants finaux. La force de l’attraction entre PPF.1 et les constituants enfin de phrase est telle qu’elle occulte d’autres liens, tout comme l’attraction entre laponctuation initiale et le début de la phrase cachait d’autres tendances (figures 5.15 et5.16). Les nouveaux tests font ressortir l’ensemble des constituants non finaux qui sedistinguaient déjà en première analyse, mais également:

– 0,0,S1,0,0 et 0,0,R2,0,0;– ainsi qu’un ensemble de constructions ne dépassant pas le seuil corrigé:

0,0,R2,¬pers,0 et les circonstants 1,0,C5,pers,1 et 0,0,C5,¬pers,1.

200

Page 234: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 4714 88.231 629 11.77

5343 100

1

0

0 1000 2000 3000 4000

TAB . 5.31 – Tri à plat de PPD pour les constituants MI.pers-arg

Attractions (seuil adapté 0.171%)

0,1,R2,pers,11,0,R2,0,00,1,C5,0,00,1,C5,0,1

1,0,A4,¬pers,10,0,C5,pers,0

1,0,S1,0,01,0,Rl,0,00,0,Rl,0,01,0,C6,0,00,0,Co,0,0

7/49 (14%)3/13 (23%)12/73 (16%)31/190 (16%)4/12 (33%)5/15 (33%)6/13 (46%)111/701 (16%)12/33 (36%)9/10 (90%)127/387 (33%)

4.18e−40 1

FIG. 5.17 – Attractions entre PPD et MM, au niveau pers-arg

5.3.2.2 Propositions personnelles de fonction argumentale

Les spécificités du marquage de la phrase dégagées, abordons celles des structuresinférieures, en commençant par celles qui lui ressemblent le plus. Les constituants im-médiats des structures de nature propositionnelle (mode personnel) de fonction argu-mentale sont beaucoup moins nombreux que les constituants immédiats de la phrase,ce qui se traduit par un nombre plus important de types de constituants peu représentés(effectif < 10).

Abordons, comme nous venons de le faire au niveau de la phrase, la ponctuationinitiale, puis la ponctuation finale. Il faut noter qu’à partir de ce dépouillement, la ré-cursivité des structures introduit le problème méthodologique que nous avons présentésupra(→5.1.3 a). À ce stade, nous ne le traiterons pas. Nous y reviendrons au cha-pitre suivant, lorsqu’il sera question d’étudier ces constituants particuliers (notamment→6.1.1).a. Marquage initial.La proportion de marquage est plus faible qu’au niveau de laphrase (table 5.31). Cela correspond, comme on l’a vu, à un écart positif significatifpar rapport aux tendances dégagées dans les tris croisés (→5.2.2.3). La faible fré-quence de PPD.1 laisse entendre que le phénomène de marquage doit être très pré-gnant. Les attractions (figure 5.17) nous apprennent que:

– bien que les effectifs soient faibles, il reste particulièrement clair que la positioninitiale est particulièrement liée au marquage, les relateurs se trouvant généralementà l’initiale des structures dont ils sont un constituant immédiat;

– la régularité d’attraction est beaucoup moins nette qu’au niveau de la phrase (il n’ya guère que le peu fréquent 1,0,C6,0,0 qui attire la ponctuation à plus de 90%);

– les constituants qui attirent le plus le marquage sont les relateurs, les coordonnantset les C6 (c’est-à-dire l’ensemble des mots capables de mettre en relation les pro-positions entre elles);

– en tenant compte des constituants rejetés après correction, les incidentes sont éga-lement liées au marquage initial.

201

Page 235: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.171%)

0,1,S1,0,00,1,R3,0,10,0,C5,0,1

0,0,A4,¬pers,10,0,C5,0,00,1,A4,0,0

0,0,C5,pers,10,0,R3,0,00,0,R3,0,10,0,S1,0,0

0,1,R2,¬pers,00,0,R2,¬pers,0

0,0,A4,0,00,0,R2,0,00,1,A4,0,10,1,R2,0,00,1,P0,0,00,0,A4,0,10,0,P0,0,0

4/38 (10.5%)3/26 (11.5%)40/372 (10.8%)0/11 (0.0%)45/429 (10.5%)0/12 (0.0%)1/27 (3.7%)2/46 (4.3%)2/57 (3.5%)82/830 (9.9%)1/49 (2.0%)0/37 (0.0%)0/37 (0.0%)19/249 (7.6%)3/77 (3.9%)6/127 (4.7%)0/92 (0.0%)4/261 (1.5%)65/980 (6.6%)

4.5e−08 1

FIG. 5.18 – Répulsions entre PPD et MM, au niveau pers-arg

Attractions (seuil adapté 0.205%)

0,0,C5,0,10,1,R3,0,1

0,1,R2,pers,10,1,C5,0,0

0,0,C5,pers,00,1,C5,0,10,0,Rl,0,00,0,Co,0,0

40/372 (11%)3/26 (12%)7/49 (14%)12/73 (16%)5/15 (33%)31/190 (16%)12/33 (36%)127/387 (33%)

2.36e−49 1

FIG. 5.19 – Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau pers-arg (sans les constituants initiaux)

FAB FRE

0 4281 80.121 1062 19.88

5343 100

1

0

0 1000 2000 3000 4000

TAB . 5.32 – Tri à plat de PPF pour les constituants MI.pers-arg

Ence qui concerne les répulsions (figure 5.18):

– aucun constituant initial ne paraît incompatible avec le marquage initial;– par ailleurs, alors que les attractions du marquage initial sont très faibles au même

niveau, les répulsions sont quant à elles extrêmement fortes et leur régularité dé-passe systématiquement les 90%;

– la position de P0 (répulsion) paraît aussi forte qu’au niveau de la phrase.

La ressemblance de ces tendances avec celles qui caractérisaient la phrase est frap-pante. Ainsi, à l’instar de la phrase, la proposition de mode personnel et de fonctionargumentale attire particulièrement PPD.1 devant son premier constituant. Il est doncutile de procéder à une nouvelle analyse, éliminant de l’échantillon tous les individusdont la modalité de la variable LID est 1 (figures 5.19 et 5.20). Ces nouveaux gra-phiques ne changent pas les attractions de manière aussi spectaculaire que c’était lecas au niveau de la phrase. On voit simplement que les 0,1,C5,0,1 sont particulière-ment marqués, mais ne passent pas le seuil corrigé. La relative pauvreté des résultatsest certainement liée à la faiblesse des effectifs.

202

Page 236: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.205%)

0,0,C5,0,00,1,S1,0,0

0,0,A4,¬pers,10,0,S1,0,00,1,A4,0,0

0,0,C5,pers,10,0,R3,0,00,0,R2,0,00,0,R3,0,1

0,1,R2,¬pers,00,1,A4,0,1

0,0,R2,¬pers,00,0,A4,0,00,1,R2,0,00,1,P0,0,00,0,P0,0,00,0,A4,0,1

45/429 (10.5%)4/38 (10.5%)0/11 (0.0%)82/830 (9.9%)0/12 (0.0%)1/27 (3.7%)2/46 (4.3%)19/249 (7.6%)2/57 (3.5%)1/49 (2.0%)3/77 (3.9%)0/37 (0.0%)0/37 (0.0%)6/127 (4.7%)0/92 (0.0%)65/980 (6.6%)4/261 (1.5%)

1.64e−06 1

FIG. 5.20 – Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau pers-arg (sans les constituants initiaux)

Attractions (seuil adapté 0.171%)

0,0,R3,0,10,0,R2,¬pers,0

0,0,C5,pers,00,0,C5,pers,1

0,1,A4,0,00,1,S1,0,00,1,R3,0,10,0,C5,0,10,1,P0,0,0

0,1,R2,pers,10,1,R2,¬pers,0

0,1,A4,0,10,1,C5,0,00,1,R2,0,00,1,C5,0,1

12/57 (21%)8/37 (22%)11/15 (73%)18/27 (67%)11/12 (92%)24/38 (63%)20/26 (77%)140/372 (38%)55/92 (60%)37/49 (76%)40/49 (82%)54/77 (70%)55/73 (75%)90/127 (71%)151/190 (79%)

1.03e−96 1

FIG. 5.21 – Attractions entre PPF et MM, au niveau pers-arg

Répulsions (seuil adapté 0.171%)

0,0,A4,¬pers,11,0,S1,0,01,0,R2,0,00,0,A4,0,10,0,R2,0,01,0,C6,0,0

1,0,A4,¬pers,10,0,A4,0,00,0,Rl,0,00,0,R3,0,00,0,C5,0,00,0,S1,0,00,0,Co,0,00,0,P0,0,01,0,Rl,0,0

2/11 (18.18%)1/13 (7.69%)1/13 (7.69%)45/261 (17.24%)42/249 (16.87%)0/10 (0.00%)0/12 (0.00%)2/37 (5.41%)0/33 (0.00%)1/46 (2.17%)50/429 (11.66%)91/830 (10.96%)0/387 (0.00%)50/980 (5.10%)1/701 (0.14%)

1.66e−44 1

FIG. 5.22 – Répulsions entre PPF et MM, au niveau pers-arg

203

Page 237: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.256%)

0,0,S1,0,00,0,A4,¬pers,1

0,0,C5,0,00,0,R2,¬pers,0

0,0,R3,0,10,0,R2,0,00,0,A4,0,1

0,0,C5,pers,00,0,C5,pers,1

0,0,C5,0,1

91/830 (11%)2/11 (18%)50/429 (12%)8/37 (22%)12/57 (21%)42/249 (17%)45/261 (17%)11/15 (73%)18/27 (67%)140/372 (38%)

5.86e−68 1

FIG. 5.23 – Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau pers-arg (sans les constituants finaux)

b. Marquage final.La proportion de constituants marqués est également plus réduitequ’au niveau de la phrase (table 5.32), où les liens entre MM et PPF prennent la formedes figures 5.21 et 5.22. Cela nous permet de remarquer que:

– le marquage est largement plus présent à la finale des constructions;– bien qu’apparemment plus faibles qu’elles ne l’étaient au niveau de la phrase, les

attractions du marquage initial sont ici nettement plus régulières;– en outre, seuls quelques types de constituants attirent PPF.1 sans être à la finale.

Ceux dont la fréquence est suffisante sont de fonction C5: 0,0,C5,pers,0 (inci-dentes), 0,0,C5,pers,1 et 0,0,C5,0,1, c’est-à-dire les circonstants complexes.

Quant aux répulsions:

– à nouveau, PPF.1 n’est repoussé par aucun constituant final, relaté, ou de naturepropositionnelle;

– outre le rejet systématique de PPF.1 par P0, on voit que les constituants relateurset coordonnants sont quasi totalement incompatibles avec un ponctogramme à leursuite, ce qui correspond à ce qu’on pouvait déjà remarquer pour les constituantsMI.phrase (rejet de PPF.1 par les C6 et les Co).

Il saute aux yeux que les tendances détectées pour les propositions personnellesde fonction argumentale ne diffèrent que faiblement de celles qu’on a pu dégagerau niveau de la phrase: ce sont les limites de gauche et de droite qui attirent le plusla ponctuation (de ce fait, les relateurs sont particulièrement marqués à l’initiale), etcertains C5 se détachent distinctement du reste des constituants. À ce stade, on est déjàen droit de se demander si la différence de fréquence de marquage des limites de laphrase et de la proposition personnelle de fonction argumentale est significativementdifférente.

En comparaison avec le marquage initial, les fréquences absolues et relatives demarquage final sont beaucoup plus élevées. Nous nous attendons à ce que le retraitdes constituants finaux de l’échantillon produise des changements conséquents dansles nouveaux graphiques (figures 5.23 et 5.24). Une série d’actants particulièrementmarqués à la finale se détachent:

– les 0,0,R2,0,0 et les 0,0,R3,0,1, qui attiraient déjà PPF.1 au niveau de la phrase;– mais également les 0,0,A4,0,1.

204

Page 238: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.256%)

1,0,S1,0,01,0,R2,0,01,0,C6,0,0

1,0,A4,¬pers,10,0,A4,0,00,0,R3,0,00,0,Rl,0,00,0,P0,0,00,0,Co,0,01,0,Rl,0,0

1/13 (7.69%)1/13 (7.69%)0/10 (0.00%)0/12 (0.00%)2/37 (5.41%)1/46 (2.17%)0/33 (0.00%)50/980 (5.10%)0/387 (0.00%)1/701 (0.14%)

1.45e−22 1

FIG. 5.24 – Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau pers-arg (sans les constituants finaux)

FAB FRE

0 2198 92.161 187 7.84

2385 100

1

0

0 500 1000 1500 2000

TAB . 5.33 – Tri à plat de PPD pour les constituants MI.¬pers-arg

Attractions (seuil adapté 0.244%)

0,0,C5,0,00,1,R3,0,10,0,R2,0,00,1,C5,0,11,0,Rl,0,00,1,C5,0,0

0,1,R2,pers,10,0,Co,0,0

6/76 (7.9%)3/20 (15.0%)20/189 (10.6%)17/140 (12.1%)36/270 (13.3%)14/57 (24.6%)8/15 (53.3%)39/152 (25.7%)

1.14e−16 1

FIG. 5.25 – Attractions entre PPD et MM, au niveau ¬pers-arg

5.3.2.3 Propositions non personnelles de fonction argumentale

Le nombre de constituants est encore moindre à ce niveau.41 Nous n’avons que peude matériaux pour travailler.a. Marquage initial.La ponctuation initiale est ici très rare (table 5.33). En consé-quence, on s’attend à ce que les attractions nous apprennent relativement peu de choses(peu de constituants ont un comportement suffisamment marqué pour être distinctif),comme on le voit sur les figures 5.25 et 5.26.42 On peut tout de même faire quelquesobservations, rendues possibles par les effectifs:

– il y a tout d’abord une dissemblance notable avec ce qui précède, puisque la positioninitiale ne ressort pas;

– par contre, l’attraction du marquage par les constituants Co et Rl reste pertinente(quoique les proportions en révèlent l’aspect non systématique); ces données sontpeu différenciées de ce que nous avons pu voir ci-dessus.

Les quelques tendances négatives ne concordent pas toujours avec celles que l’on avaitpu observer pour les autres constructions déjà étudiées:

41 Il est probable que cela est en partie dû à la manière dont nous avons traité les C5, que nousavons «remontés» au niveau syntaxique le plus élevé possible (→3.4.7.4).

42 Voir les annexes pour les tableaux.

205

Page 239: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.244%)

0,0,C5,0,11,0,R2,0,00,0,R3,0,00,0,A4,0,01,0,R3,0,00,0,A4,0,10,0,Rl,0,00,0,R3,0,10,1,A4,0,10,1,R2,0,01,0,P0,0,00,0,P0,0,00,1,P0,0,0

9/119 (7.56%)8/122 (6.56%)0/11 (0.00%)0/11 (0.00%)0/14 (0.00%)1/33 (3.03%)0/17 (0.00%)1/35 (2.86%)1/48 (2.08%)8/164 (4.88%)4/282 (1.42%)2/280 (0.71%)0/238 (0.00%)

3.92e−06 1

FIG. 5.26 – Répulsions entre PPD et MM, au niveau ¬pers-arg

Attractions (seuil adapté 0.301%)

0,1,R3,0,10,0,R2,0,00,1,C5,0,10,1,C5,0,0

0,1,R2,pers,10,0,Co,0,0

3/20 (15%)20/189 (11%)17/140 (12%)14/57 (25%)8/15 (53%)39/152 (26%)

4.47e−16 1

FIG. 5.27 – Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau ¬pers-arg (sans les constituants initiaux)

Répulsions (seuil adapté 0.301%)

0,0,C5,0,10,0,C5,0,00,0,R3,0,00,0,A4,0,00,0,A4,0,10,0,Rl,0,00,0,R3,0,10,1,A4,0,10,1,R2,0,00,1,P0,0,00,0,P0,0,0

9/119 (7.56%)6/76 (7.89%)0/11 (0.00%)0/11 (0.00%)1/33 (3.03%)0/17 (0.00%)1/35 (2.86%)1/48 (2.08%)8/164 (4.88%)0/238 (0.00%)2/280 (0.71%)

1.13e−06 1

FIG. 5.28 – Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau ¬pers-arg (sans les constituants initiaux)

– il est vrai que P0 rejette presque toujours le marquage, avec une régularité très forte;– néanmoins, ce rejet a lieu dans toutes les positions – alors que dans les tableaux

précédents, il n’y avait jamais de répulsion entre PPD et la position initiale, mêmenon significative. Cela est cohérent avec le fait que l’attraction n’était pas particu-lièrement importante à l’initiale.

Comme on pouvait s’y attendre, le fait de retirer les constituants initiaux de l’échan-tillon ne change rien aux attractions (figures 5.27 et 5.28). Les coordonnants, les0,1,R2,pers,1 et les 0,1,C5,0,0 restent les seuls à être liés au marquage.b. Marquage final.Contrairement au marquage initial, le marquage final reste bienprésent (table 5.34). Ce qu’il met en évidence est proche de ce qui a été dit plus haut.Les attractions (figure 5.29) montrent que:

– c’est le critère positionnel qui demeure dominant: les constituants en position finaleattirent le ponctogramme;

206

Page 240: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 1861 78.061 523 21.94

2384 100

1

0

0 500 1000 1500

TAB . 5.34 – Tri à plat de PPF pour les constituants MI.¬pers-arg

Attractions (seuil adapté 0.244%)

0,0,R3,0,10,1,P0,0,00,0,C5,0,10,1,R3,0,1

0,1,R2,pers,10,1,A4,0,10,1,C5,0,00,1,R2,0,00,1,C5,0,1

8/35 (23%)53/237 (22%)27/119 (23%)13/20 (65%)12/15 (80%)28/48 (58%)49/57 (86%)114/164 (70%)105/140 (75%)

2.09e−54 1

FIG. 5.29 – Attractions entre PPF et MM, au niveau ¬pers-arg

Répulsions (seuil adapté 0.244%)

0,0,C5,0,00,0,A4,0,10,0,R3,0,00,0,A4,0,01,0,R3,0,00,0,Rl,0,00,0,R2,0,01,0,R2,0,00,0,Co,0,00,0,P0,0,01,0,P0,0,01,0,Rl,0,0

16/76 (21.1%)6/33 (18.2%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/14 (0.0%)0/17 (0.0%)26/189 (13.8%)4/122 (3.3%)6/152 (3.9%)18/280 (6.4%)6/282 (2.1%)0/270 (0.0%)

4.63e−20 1

FIG. 5.30 – Répulsions entre PPF et MM, au niveau ¬pers-arg

– le marquage est plus régulier que pour PPD.

Les répulsions (figure 5.30) restent peu surprenantes:

– aucun constituant final ne rejette PPF.1;– les fonctions P0, Co et Rl sont presque systématiquement PPF.0.

Le marquage final a un comportement qui reste assez proche de ce qu’on a remarquépour les autres types de propositions. L’observation combinée du marquage initialet du marquage final nous fait dire que les propositions non personnelles (prédicatau mode infinitif ou participe) ne sont pas délimitées de la même manière que lespropositions dont le prédicat est à un mode personnel.

D’un autre côté, il est à présent clair que le prédicat rejette fortement toute formede marquage – nous verrons ci-dessous si cette tendance est confirmée dans le cadrede propositions de fonction immédiate.

Les tests sur l’échantillon limité aux constituants non finaux laissent se démarquerune partie des mêmes constituants que ceux relevés aux niveaux MI.phrase et MI.pers-arg (figures 5.31 et 5.32). Nous pouvons observer que:

– les circonstants propositionnels sont trop peu attestés pour être évalués, mais lesautres 0,0,C5,0,1 et 0,0,C5,0,0 sont particulièrement marqués;

207

Page 241: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.366%)

0,0,A4,0,10,0,R3,0,10,0,R2,0,00,0,C5,0,00,0,C5,0,1

6/33 (18%)8/35 (23%)26/189 (14%)16/76 (21%)27/119 (23%)

1.98e−10 1

FIG. 5.31 – Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau ¬pers-arg (sans les constituants finaux)

Répulsions (seuil adapté 0.366%)

0,0,R3,0,00,0,A4,0,01,0,R3,0,00,0,P0,0,00,0,Rl,0,00,0,Co,0,01,0,R2,0,01,0,P0,0,01,0,Rl,0,0

0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/14 (0.0%)18/280 (6.4%)0/17 (0.0%)6/152 (3.9%)4/122 (3.3%)6/282 (2.1%)0/270 (0.0%)

6.31e−07 1

FIG. 5.32 – Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau ¬pers-arg (sans les constituants finaux)

FAB FRE

0 27866 89.041 3430 10.96

31296 100

1

0

0 5000 10000 15000 20000 25000

TAB . 5.35 – Tri à plat de PPD pour les constituants MI.synt-arg

– les actants 0,0,R2,0,0 et 0,0,R3,0,1 sont à nouveau dans le groupe des attractionssignificatives;

– les 0,0,A4,0,1 attirent également le marquage, mais de manière moins nette.

5.3.2.4 Arguments non propositionnels

Le modèle ne posant que deux fonctions en syntaxe immédiate, on s’attend à ce queles listes soient plus courtes. Il est également à prévoir que soient mises en évidencedes tendances de nature différente par rapport à celles examinées dans des contextespropositionnels.a. Marquage initial.Le tri à plat est présenté dans la table 5.35. En conséquence dupetit nombre de modalités à ce niveau d’intégration, il y a effectivement peu de variétédans l’attraction du marquage initial, ainsi que le montre la figure 5.33. Les faits lesplus distinctifs au point de vue des attractions sont:

– les constituants attirant PPD.1 ne sont généralement pas relatés;– de très nombreux constituants qui ne se trouvent pas à l’initiale semblent attirer

le marquage; cela va à l’encontre de ce que nous avions remarqué au sujet de laposition des signes et de leur capacité à délimiter les constituants (→5.2.3.1);

– aucun type de constituant final n’attire le marquage;– les coordonnants sont à nouveau mis en évidence.

208

Page 242: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.256%)

1,1,Ap,0,01,0,Rl,0,01,0,Ap,0,10,0,Ap,0,00,0,Dt,0,0

1,0,Ap,¬pers,00,0,Co,0,01,0,Ap,0,0

4/34 (12%)539/4690 (11%)6/24 (25%)1120/9286 (12%)27/113 (24%)39/56 (70%)311/1217 (26%)981/4953 (20%)

2.15e−104 1

FIG. 5.33 – Attractions entre PPD et MM, au niveau synt-arg

Répulsions (seuil adapté 0.256%)

1,0,Dt,0,00,1,Dt,¬pers,1

0,0,Rl,0,00,0,Ap,pers,1

0,1,Dt,0,00,0,Dt,0,1

0,0,Ap,¬pers,00,1,Ap,0,1

0,1,Ap,pers,10,1,Ap,¬pers,0

0,1,Dt,0,10,1,Ap,0,0

1/25 (4.00%)5/88 (5.68%)4/79 (5.06%)5/120 (4.17%)5/202 (2.48%)39/632 (6.17%)0/130 (0.00%)0/149 (0.00%)74/1254 (5.90%)4/723 (0.55%)31/1900 (1.63%)231/5568 (4.15%)

8.2e−72 1

FIG. 5.34 – Répulsions entre PPD et MM, au niveau synt-arg

Attractions (seuil adapté 0.366%)

0,0,Dt,0,00,0,Ap,0,00,0,Co,0,0

27/113 (24%)1120/9286 (12%)311/1217 (26%)

5.22e−103 1

FIG. 5.35 – Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau synt-arg (sans les constituants initiaux)

Répulsions (seuil adapté 0.366%)

0,1,Dt,¬pers,10,0,Rl,0,0

0,0,Ap,pers,10,0,Dt,0,10,1,Dt,0,0

0,0,Ap,¬pers,00,1,Ap,pers,1

0,1,Ap,0,10,1,Ap,¬pers,0

0,1,Dt,0,10,1,Ap,0,0

5/88 (5.68%)4/79 (5.06%)5/120 (4.17%)39/632 (6.17%)5/202 (2.48%)0/130 (0.00%)74/1254 (5.90%)0/149 (0.00%)4/723 (0.55%)31/1900 (1.63%)231/5568 (4.15%)

1.27e−43 1

FIG. 5.36 – Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau synt-arg (sans les constituants initiaux)

En ce qui concerne les répulsions (figure 5.34):

– le rejet de PPD.1 est à nouveau très important, en particulier pour les constituantspropositionnels (mode non personnel);

– on observe en outre que les constituants en position finale sont particulièrement peumarqués.

Comme on peut le remarquer dans le graphiques 5.35 et 5.36, aucun autre contrastene ressort une fois que les constituants initiaux sont retirés de l’échantillon, ce qui

209

Page 243: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 25749 82.151 5594 17.85

31343 100

1

0

0 5000 10000 15000 20000 25000

TAB . 5.36 – Tri à plat de PPF pour les constituants MI.synt-arg

Attractions (seuil adapté 0.256%)

0,0,Ap,pers,10,0,Dt,0,0

0,1,Ap,¬pers,01,1,Ap,0,0

0,1,Dt,¬pers,10,1,Ap,0,10,0,Dt,0,10,1,Dt,0,00,1,Ap,0,00,1,Dt,0,1

0,1,Ap,pers,1

43/120 (36%)42/113 (37%)182/713 (26%)24/34 (71%)47/88 (53%)69/146 (47%)206/632 (33%)100/201 (50%)1717/5558 (31%)818/1832 (45%)765/1252 (61%)

1e−300 1

FIG. 5.37 – Attractions entre PPF et MM, au niveau synt-arg

Répulsions (seuil adapté 0.256%)

1,0,Ap,0,11,0,Dt,0,0

0,0,Ap,¬pers,01,0,Ap,¬pers,0

0,0,Rl,0,00,0,Co,0,00,0,Ap,0,01,0,Ap,0,01,0,Rl,0,0

1/24 (4.2%)1/25 (4.0%)13/130 (10.0%)0/56 (0.0%)1/79 (1.3%)28/1217 (2.3%)1151/9286 (12.4%)312/4987 (6.3%)52/4797 (1.1%)

9e−238 1

FIG. 5.38 – Répulsions entre PPF et MM, au niveau synt-arg

confirmeque les attractions les plus importantes doivent être cherchées ailleurs quedans la position des constituants.b. Marquage final.Les proportions de marquage sont figurent dans la table 5.36. Il ya plus de variété dans les constituants attirant le marquage final que le marquage initial(figure 5.37). Néanmoins, nous constatons que:

– la plupart des constituants qui attirent le marquage et sont présents en quantité suffi-sante pour être évalués se trouvent en position finale (à l’exception des déterminantset des appositions propositionnelles non relatées);

– les constituants relatés attirent le marquage indépendamment de leur position.

Par rapport aux rejets (figure 5.38),

– leur fréquence est très élevée et implique les Co et les Rl;– aucun constituant final ne rejette la ponctuation finale;– les fréquences absolues des constituants de fonction Ap non finaux acceptant le

marquage sont suffisamment élevées pour qu’on s’interroge sur leur particularité,malgré une fréquence relative de rejet très importante;

– les constituants propositionnels paraissent repousser le marquage dans la mesure oùils ne se trouvent pas directement à la finale du constituant qui les intègre.

Comme les fréquences le laissaient prévoir, ce sont les 0,0,Ap,0,0 qui ressortentcomme particulièrement marqués une fois les constituants finaux retirés de l’échan-

210

Page 244: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.427%)

0,0,Ap,¬pers,00,0,Ap,pers,1

0,0,Dt,0,00,0,Ap,0,00,0,Dt,0,1

13/130 (10%)43/120 (36%)42/113 (37%)1151/9286 (12%)206/632 (33%)

3.37e−104 1

FIG. 5.39 – Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau synt-arg (sans les constituants finaux)

Répulsions (seuil adapté 0.427%)

1,0,Ap,0,11,0,Dt,0,0

1,0,Ap,¬pers,00,0,Rl,0,01,0,Ap,0,00,0,Co,0,01,0,Rl,0,0

1/24 (4.2%)1/25 (4.0%)0/56 (0.0%)1/79 (1.3%)312/4987 (6.3%)28/1217 (2.3%)52/4797 (1.1%)

6.28e−99 1

FIG. 5.40 – Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau synt-arg (sans les constituants finaux)

FAB FRE

0 8018 95.541 374 4.46

8392 100

1

0

0 2000 4000 6000 8000

TAB . 5.37 – Tri à plat de PPD pour les constituants MI.pers

tillon (figures 5.39 et 5.40). Ce contraste est problématique, dans la mesure où le typed’apposition qui se démarque ainsi est particulièrement hétérogène.43

5.3.2.5 Propositions personnelles de fonction immédiate

Abordons à présent les constituants des structures de fonction immédiate, en commen-çant par les propositions personnelles.a. Marquage initial.La proportion de constituants marqués est faible (table 5.37). Lesfréquences absolues sont donc souvent trop petites pour qu’on puisse les exploiter.Cependant, les attractions (figure 5.41) nous livrent des informations précieuses:

– premièrement, la position initiale semble liée au marquage, comme c’était le casau niveau argumental, mais de manière assez peu régulière (cf. pourcentages);1,0,S1,0,0, qui représente toutes les propositions enqui, est significativement liéà une ponctuation initiale; les autres constituants initiaux (Rl, R2, A4, C5) ne sontpas liés significativement;

– les relateurs coordonnants attirent très significativement PPD, de la même manièreque nous l’avons remarqué dans la plupart des autres contextes;

– par contre, les relateurs non coordonnants ne sont pas significativement liés àPPD.1, bien que le sens de l’écart soit celui d’une attraction;

– les différents types de C5 attirent PPD, particulièrement à la finale.

43 Étant donnéque le modèle assimile de nombreux types de constituants à des appositions(→3.4.6.1). Nous reviendrons ultérieurement sur cette question (→6.2).

211

Page 245: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.151%)

1,0,Rl,0,00,0,A4,0,1

0,0,R2,¬pers,00,1,S1,0,0

0,0,C5,pers,10,1,R2,pers,1

0,0,R3,0,10,1,C5,pers,1

1,1,R2,¬pers,01,0,R2,0,01,0,A4,0,00,0,C5,0,10,1,C5,0,11,0,C5,0,01,0,S1,0,0

0,1,C5,¬pers,10,1,C5,0,0

0,0,R2,pers,10,0,Rl,0,00,0,Co,0,0

26/575 (4.5%)5/107 (4.7%)2/28 (7.1%)1/17 (5.9%)2/26 (7.7%)2/23 (8.7%)3/34 (8.8%)2/13 (15.4%)2/10 (20.0%)18/256 (7.0%)5/36 (13.9%)21/267 (7.9%)22/273 (8.1%)11/97 (11.3%)57/841 (6.8%)4/12 (33.3%)14/96 (14.6%)4/10 (40.0%)7/10 (70.0%)95/476 (20.0%)

4.72e−63 1

FIG. 5.41 – Attractions entre PPD et MM, au niveau pers

Répulsions (seuil adapté 0.151%)

1,0,R2,¬pers,00,1,R3,0,10,0,A4,0,0

0,0,A4,¬pers,10,1,R2,¬pers,0

0,1,A4,0,00,0,R3,0,00,1,A4,0,10,1,R2,0,00,0,C5,0,00,0,R2,0,00,0,S1,0,00,1,P0,0,00,0,P0,0,0

0/11 (0.00%)1/43 (2.33%)1/44 (2.27%)0/20 (0.00%)1/66 (1.52%)0/46 (0.00%)0/59 (0.00%)6/246 (2.44%)5/224 (2.23%)9/404 (2.23%)10/450 (2.22%)12/1074 (1.12%)3/764 (0.39%)12/1661 (0.72%)

3.12e−16 1

FIG. 5.42 – Répulsions entre PPD et MM, au niveau pers

FAB FRE

0 7002 83.491 1385 16.51

8387 100

1

0

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000

TAB . 5.38 – Tri à plat de PPF pour les constituants MI.pers

Pourles répulsions (figure 5.42):

– le prédicat rejette le marquage, de la même manière qu’en syntaxe argumentale;– les constituants simples manifestent une répulsion (significative ou non).

Les scribes avaient peut-être tendance à «remonter» le niveau de ces C5; le signe quiles précède indiquerait dès lors la fin de la proposition subordonnée.

Retirer les constituants initiaux de l’échantillon avant de tester les associations apour conséquence principale d’augmenter la significativité des quatre types de consti-tuants dépassant le seuil corrigé de Šidàk (figures 5.43 et 5.44). Les tendances restentdonc plus ou moins stables.b. Marquage final.Le marquage final est, sans surprise, plus abondant (table 5.38).On met ainsi à jour les tendances de la figure 5.45. PPF.1 est principalement observépour les constituants en finale. Dans les autres cas, seuls les constituants vérifiant

212

Page 246: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.190%)

0,1,S1,0,00,0,A4,0,1

0,0,R2,¬pers,00,0,C5,pers,10,1,R2,pers,1

0,0,R3,0,10,1,C5,pers,1

0,0,C5,0,10,1,C5,0,1

0,1,C5,¬pers,10,0,R2,pers,1

0,1,C5,0,00,0,Rl,0,00,0,Co,0,0

1/17 (5.9%)5/107 (4.7%)2/28 (7.1%)2/26 (7.7%)2/23 (8.7%)3/34 (8.8%)2/13 (15.4%)21/267 (7.9%)22/273 (8.1%)4/12 (33.3%)4/10 (40.0%)14/96 (14.6%)7/10 (70.0%)95/476 (20.0%)

1.78e−79 1

FIG. 5.43 – Attractions significatives entre PPD et MM, au niveau pers(sans les constituants initiaux)

Répulsions (seuil adapté 0.190%)

0,1,R3,0,10,0,A4,0,0

0,0,A4,¬pers,10,1,R2,¬pers,0

0,1,A4,0,00,1,A4,0,10,1,R2,0,00,0,R3,0,00,0,C5,0,00,0,R2,0,00,0,S1,0,00,1,P0,0,00,0,P0,0,0

1/43 (2.33%)1/44 (2.27%)0/20 (0.00%)1/66 (1.52%)0/46 (0.00%)6/246 (2.44%)5/224 (2.23%)0/59 (0.00%)9/404 (2.23%)10/450 (2.22%)12/1074 (1.12%)3/764 (0.39%)12/1661 (0.72%)

3.33e−14 1

FIG. 5.44 – Répulsions significatives entre PPD et MM, au niveau pers(sans les constituants initiaux)

Attractions (seuil adapté 0.151%)

0,0,R3,0,10,0,R2,¬pers,0

0,0,A4,0,11,1,R2,¬pers,0

0,0,C5,0,10,1,A4,0,0

0,0,R2,pers,10,1,C5,¬pers,1

0,1,S1,0,00,1,R3,0,1

0,0,C5,pers,10,1,C5,pers,10,1,R2,pers,1

0,1,R2,¬pers,00,1,R2,0,00,1,A4,0,10,1,C5,0,00,1,C5,0,10,1,P0,0,0

6/34 (18%)5/28 (18%)23/107 (21%)6/10 (60%)67/267 (25%)20/46 (43%)8/10 (80%)9/12 (75%)13/17 (76%)23/43 (53%)17/26 (65%)12/13 (92%)17/23 (74%)56/66 (85%)125/222 (56%)137/246 (56%)78/94 (83%)175/272 (64%)438/764 (57%)

3.48e−222 1

FIG. 5.45 – Attractions entre PPF et MM, au niveau pers

213

Page 247: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.151%)

1,0,R2,¬pers,00,0,A4,¬pers,1

0,0,Rl,0,00,0,A4,0,01,0,A4,0,00,0,R3,0,01,0,C5,0,00,0,R2,0,01,0,R2,0,00,0,C5,0,00,0,Co,0,01,0,Rl,0,00,0,S1,0,01,0,S1,0,00,0,P0,0,0

1/11 (9.09%)2/20 (10.00%)0/10 (0.00%)3/44 (6.82%)1/36 (2.78%)0/59 (0.00%)1/97 (1.03%)36/450 (8.00%)0/256 (0.00%)13/404 (3.22%)1/476 (0.21%)0/575 (0.00%)30/1074 (2.79%)1/841 (0.12%)35/1661 (2.11%)

1.7e−69 1

FIG. 5.46 – Répulsions entre PPF et MM, au niveau pers

Attractions (seuil adapté 0.244%)

1,0,R2,¬pers,00,0,A4,0,0

0,0,A4,¬pers,10,0,R2,¬pers,0

0,0,R3,0,10,0,R2,0,00,0,A4,0,1

0,0,R2,pers,10,0,C5,pers,1

0,0,C5,0,1

1/11 (9.1%)3/44 (6.8%)2/20 (10.0%)5/28 (17.9%)6/34 (17.6%)36/450 (8.0%)23/107 (21.5%)8/10 (80.0%)17/26 (65.4%)67/267 (25.1%)

1.89e−72 1

FIG. 5.47 – Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau pers(sans les constituants finaux)

Répulsions (seuil adapté 0.244%)

1,0,A4,0,00,0,Rl,0,00,0,C5,0,01,0,C5,0,00,0,R3,0,00,0,S1,0,01,0,R2,0,00,0,Co,0,00,0,P0,0,01,0,Rl,0,01,0,S1,0,0

1/36 (2.78%)0/10 (0.00%)13/404 (3.22%)1/97 (1.03%)0/59 (0.00%)30/1074 (2.79%)0/256 (0.00%)1/476 (0.21%)35/1661 (2.11%)0/575 (0.00%)1/841 (0.12%)

1.96e−09 1

FIG. 5.48 – Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau pers(sans les constituants finaux)

MF.C5 ou MN.pers sont marqués. Les répulsions (figure 5.46) sont quant à elles trèsfortes (elles atteignent 90% dans tous les cas) et elles ne concernent que les consti-tuants simples.

On peut se demander si les constituants initiaux qui ressortent ici (dont la fré-quence de marquage avoisine les 0% et dont les fréquences absolues sont proche de 0)ne sont pas des relateurs (des constituants spécifiants) ayant une fonction argumentale(→3.4.6.4 a), du type:

«celi ki ces iiii muis tenrat en hyretage» (Document 1271–12–09, 8).

Si nousretirons les constituants finaux de l’échantillon, nous obtenons les figures 5.47et 5.48; nous voyons à nouveau se démarquer:

214

Page 248: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 2997 98.21 55 1.8

3052 100

1

0

0 500 1000 1500 2000 2500

TAB . 5.39 – Tri à plat de PPD pour les constituants MI.¬pers

Attractions (seuil adapté 0.341%)

0,0,Rl,0,00,0,C5,0,01,0,P0,0,00,1,C5,0,10,0,C5,0,11,0,Rl,0,00,1,C5,0,00,0,R2,0,00,0,Co,0,0

1/18 (5.6%)1/14 (7.1%)3/40 (7.5%)4/63 (6.3%)4/52 (7.7%)8/105 (7.6%)3/14 (21.4%)5/26 (19.2%)11/30 (36.7%)

6.14e−43 1

FIG. 5.49 – Attractions entre PPD et MM, au niveau ¬pers

Répulsions (seuil adapté 0.341%)

1,0,R2,0,00,0,P0,0,00,1,A4,0,11,0,R3,0,01,0,C5,0,00,1,P0,0,0

0/31 (0.00%)1/77 (1.30%)0/14 (0.00%)0/10 (0.00%)7/1210 (0.58%)3/1296 (0.23%)

4.61e−08 1

FIG. 5.50 – Répulsions entre PPD et MM, au niveau ¬pers

FAB FRE

0 2594 85.221 450 14.78

3044 100

1

0

0 500 1000 1500 2000 2500

TAB . 5.40 – Tri à plat de PPF pour les constituants MI.¬pers

– de nombreux types de circonstants;– ainsi que les relateurs 0,0,Rl,0,0;– et les actants 0,0,R2,pers,0, 0,0,R3,0,1 et 0,0,A4,0,0.

5.3.2.6 Propositions non personnelles de fonction immédiate

a. Marquage initial.La ponctuation initiale est presque inexistante (table 5.39). Leseffectifs, très faibles, laissent paraître quelques tendances, mais on aurait de la peineà les exploiter en les considérant seules. Remarquons tout de même (figure 5.49) queles relateurs attirent le marquage initial et qu’au point de vue des répulsions (figure5.50), les C5 initiaux rejettent le marquage.b. Marquage final.La ponctuation finale est plus fréquente que la ponctuation ini-tiale (table 5.40). On doit cependant s’attendre à ce que les attractions ne concernentpratiquement que les constituants qui se trouvent à la finale de la structure étudiée,ce qui est effectivement le cas (figure 5.51). Malgré le peu de matériaux disponibles,

215

Page 249: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.341%)

0,0,C5,0,10,1,A4,0,10,1,C5,0,00,1,C5,0,10,1,P0,0,0

15/52 (29%)7/14 (50%)12/14 (86%)42/63 (67%)345/1288 (27%)

4.11e−57 1

FIG. 5.51 – Attractions entre PPF et MM, au niveau ¬pers

Répulsions (seuil adapté 0.341%)

0,0,C5,0,00,0,R2,0,01,0,R3,0,00,0,Co,0,00,0,Rl,0,00,0,P0,0,01,0,R2,0,01,0,P0,0,01,0,Rl,0,01,0,C5,0,0

2/14 (14.29%)2/26 (7.69%)0/10 (0.00%)2/30 (6.67%)0/18 (0.00%)5/77 (6.49%)0/31 (0.00%)0/40 (0.00%)0/105 (0.00%)5/1210 (0.41%)

3.72e−73 1

FIG. 5.52 – Répulsions entre PPF et MM, au niveau ¬pers

Attractions (seuil adapté 0.465%)

0,0,Co,0,00,0,R2,0,00,0,C5,0,00,0,P0,0,00,0,C5,0,1

2/30 (6.7%)2/26 (7.7%)2/14 (14.3%)5/77 (6.5%)15/52 (28.8%)

4.57e−39 1

FIG. 5.53 – Attractions significatives entre PPF et MM, au niveau ¬pers(sans les constituants finaux)

Répulsions (seuil adapté 0.465%)

0,0,Rl,0,01,0,R2,0,01,0,P0,0,01,0,R3,0,01,0,Rl,0,01,0,C5,0,0

0/18 (0.00%)0/31 (0.00%)0/40 (0.00%)0/10 (0.00%)0/105 (0.00%)5/1210 (0.41%)

4.05e−15 1

FIG. 5.54 – Répulsions significatives entre PPF et MM, au niveau ¬pers(sans les constituants finaux)

soulignons néanmoins que les C5 sont particulièrement marqués et que les relateursrejettent à nouveau le ponctogramme (cela est encore plus visible dans la figure 5.53).

5.3.2.7 Constituants non propositionnels de fonction immédiate

Ce type d’intégration syntaxique est très difficile à traiter. Alors que les propositionssont formées à partir du prédicat et de ses arguments et que les arguments sont à leurtour construits sur la base de propositions ou de syntagmes, les constituants non propo-sitionnels sont très souvents constitués d’autres structures de même nature, imbriquéesrécursivement. Par exemple,

216

Page 250: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 26886 94.091 1690 5.91

28576 100

1

0

0 5000 10000 15000 20000 25000

TAB . 5.41 – Tri à plat de PPD pour les constituants MI.synt

Attractions (seuil adapté 0.285%)

0,0,Ap,pers,10,1,Dt,¬pers,1

1,0,Dt,0,10,1,Ap,pers,1

0,0,Co,0,01,0,Ap,0,0

3/44 (6.8%)1/10 (10.0%)4/38 (10.5%)38/423 (9.0%)91/393 (23.2%)1026/6426 (16.0%)

1e−300 1

FIG. 5.55 – Attractions entre PPD et MM, au niveau synt

Répulsions (seuil adapté 0.285%)

0,0,Ap,0,00,1,Ap,0,10,0,Dt,0,00,0,Rl,0,01,0,Dt,0,0

0,0,Ap,¬pers,00,0,Dt,0,1

0,1,Ap,¬pers,00,1,Dt,0,00,1,Dt,0,11,0,Rl,0,00,1,Ap,0,0

242/4116 (5.88%)0/11 (0.00%)3/89 (3.37%)2/76 (2.63%)0/32 (0.00%)1/89 (1.12%)6/222 (2.70%)6/559 (1.07%)5/597 (0.84%)23/2158 (1.07%)133/5261 (2.53%)104/8004 (1.30%)

2.75e−94 1

FIG. 5.56 – Répulsions entre PPD et MM, au niveau synt

«· la nos requíſent lı deuant dıſfre [7]res ke nos lour feıſſíemes donet veſture delle lourpartdedemıboníerde [8] terreeríle kí aluz eſt et kılour aſtoıt eſkeut de par pereet de parmere · eas[9] et damoıſelle heluít lourſerour ·et kı gıeſt enſel terrour de hekes» (Document1277–05–04, 6).

Par ailleurs, la taille des constituants non propositionnels est généralement réduite parrapport à celle des structures argumentales. La simple lecture des documents laissevoir qu’un grand nombre de syntagmes sont composés de seulement deux mots, cequi a pour conséquence que le premier est forcément initial et que le deuxième estnécessairement final.a. Marquage initial.Le tri à plat (table 5.41) montre que le nombre de constituantsmarqués reste très élevé, en particulier si on le considère de manière absolue pourl’ensemble et le tableau.44

Selon la figure 5.55, il y a un détachement très net de Co et de Ap initiaux du côtédes attractions, alors que les répulsions présentes à ce niveau (figure 5.56) se résumentainsi:

– les constituants finaux rejettent le marquage;– les relateurs font de même.

Il n’y a pas, comme c’était le cas dans un contexte argumental, une grande quantité

44 Voir lesannexes.

217

Page 251: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 23611 82.941 4855 17.06

28466 100

1

0

0 5000 10000 15000 20000

TAB . 5.42 – Tri à plat de PPF pour les constituants MI.synt

Attractions (seuil adapté 0.285%)

0,1,Ap,0,10,0,Ap,pers,1

0,1,Dt,¬pers,10,1,Ap,¬pers,0

0,1,Dt,0,00,1,Ap,pers,1

0,1,Dt,0,10,1,Ap,0,0

6/11 (55%)18/44 (41%)7/10 (70%)192/559 (34%)214/579 (37%)292/423 (69%)912/2150 (42%)2711/7914 (34%)

1e−300 1

FIG. 5.57 – Attractions entre PPF et MM, au niveau synt

Répulsions (seuil adapté 0.285%)

1,0,Dt,0,11,0,Dt,0,0

0,0,Ap,¬pers,00,0,Dt,0,00,0,Rl,0,00,0,Dt,0,10,0,Co,0,00,0,Ap,0,01,0,Rl,0,01,0,Ap,0,0

5/38 (13.16%)0/32 (0.00%)6/89 (6.74%)5/89 (5.62%)2/76 (2.63%)18/222 (8.11%)3/393 (0.76%)234/4116 (5.69%)47/5262 (0.89%)172/6431 (2.67%)

8.13e−266 1

FIG. 5.58 – Répulsions entre PPF et MM, au niveau synt

deconstituants non initiaux qui attirent le marquage. Concrètement, les syntagmes nesont donc généralement pas «interrompus» par la ponctuation.b. Marquage final.La quantité de marquage final est à nouveau bien supérieure à laquantité de marquage initial (table 5.42). Selon la figure 5.57, les seules constructionsqui attirent le marquage sans se trouver à la finale sont les propositions personnellesrelatées. Par ailleurs, le rejet (figure figure 5.58) semble caractériser tous les consti-tuants ne se trouvant pas à la finale. On ne peut cependant parler de «règle» car unnombre non négligeable (fréquence absolue) d’Ap non finaux acceptent PPF.1. Cesrépulsions impliquent à nouveau que les syntagmes ne sont habituellement pas «rom-pus» par la présence d’un ponctogramme.

5.3.3 Synthèse

En guise de synthèse, nous comparons la régularité du marquage initial à la régu-larité du marquage final (→5.3.3.1). Nous mettons ensuite en relation les observa-tions des différents tris croisés. Pour ce faire, nous construisons deux tableaux synop-tiques (→5.3.3.2). Leur description mène à la définition de points forts et de questionsconcernant les tendances générales dégagées (→5.3.3.3).

218

Page 252: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

5.3.3.1 Régularités

Comme lemontraient déjà les tris à plat (→5.1.3), la ponctuation est un phénomènerare par rapport à la non-ponctuation. On pouvait donc s’attendre à ce que la présenced’une marque dans un contexte qui l’attire soit tout simplement moins régulière queson absence dans un contexte qui la repousse. Les tris croisés ne s’opposent pas à cetteconclusion et un rapide test permet de s’en assurer.

Reprenons toutes les spécificités positives et regroupons dans un premier échan-tillon (désigné du nomattraction) tous les pourcentages enregistrés pour les consti-tuants attirant significativement le marquage dans les tableaux ci-dessus. Faisons en-suite de même avec les répulsions, non pas en considérant le pourcentage de mar-quage, mais la différence de 100 diminué de ce dernier (échantillon nommérépul-sion). Nous obtenons deux distributions dont la différence des médianes peut êtreévaluée à l’aide d’un test nommétest de Wilcoxon.45 Nous avons reporté les résultatsdu test, ainsi qu’une représentation des deux échantillons, dans les graphiques de lafigure 5.59. Les encoches figurant de part et d’autre de la médiane dans le troisièmegraphique sont un moyen graphique de mettre en évidence la différence entre les mé-dianes des deux échantillons: de manière générale, si les encoches de deux boîtes nefigurent pas en vis-à-vis, cela signifie que les médianes sont significativement diffé-rentes.46 Le graphique est très clair.

Les courbes montrent que la distribution de la régularité de marquage est bimo-dale, ce qui est généralement l’indice que l’échantillon observé est le résultat d’unmélange entre deux échantillons différents. Il devrait être possible de regrouper lesconstituants (par position, par fonction, etc.) de manière à mettre en évidence cesdeux groupes, mais aucun des découpages que nous avons pu effectuer n’a abouti àune séparation nette.

Il ressort de la différence entre les fréquences d’attraction et les fréquences derépulsion que la présence de ponctuation autour d’un constituant d’un type qui la re-pousse est nettement plus prégnante que son absence dans un environnement l’attirant.Extrapolons ainsi: si un ponctogramme apparaît alors qu’il ne le devrait pas suivant lestendances décelées dans ce chapitre, il est plausible que les causes de son occurrencedoivent être recherchées ailleurs, c’est-à-dire soit dans le contexte immédiat, soit à unniveau d’analyse qui ne soit pas exclusivement morphosyntaxique.

5.3.3.2 Tableaux synoptiques

a. Visualisation simultanée des tris croisés.Les vingt-huit graphiques de tendanceset les commentaires que nous en avons fait ci-dessus ont chacun leur intérêt propre,sans toutefois présenter une vue d’ensemble de la situation. Pour construire une telle

45 Les distributions ne sont pas normales (→4.1.2) et requièrent un test non paramétrique, indé-pendant de la forme de la distribution (Howell 1998, ch. 18). Les tests non paramétriques ontl’avantage de ne pas nécessiter que les données soient distribuées d’une manière particulièrepour être applicables (la plupart des tests paramétriques supposent la normalité des distribu-tions). Ils ont cependant l’inconvénient de manquer de puissance, c’est-à-dire d’augmenterles chances de commettre l’erreurβ (voir page 157). Le test est effectué par la fonction Rwilcox.test().

46 Voir l’aide de R,?boxplot.

219

Page 253: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attraction

Den

sité

0 20 40 60 80

0.000

0.005

0.010

0.015

0.020

0.025

0.030

024681012141618

Répulsion

Den

sité

92 94 96 98 100

0.0

0.1

0.2

0.3

0.4

024681012141618

Attraction Répulsion

20

40

60

80

100

Test de Wilcoxon: p = 8.7e−17

FIG. 5.59 – Proportions de marquage

220

Page 254: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

vue, il faut combiner les résultats des différents graphiques. On obtient ainsi deuxta-bleaux synthétiques: un pour le marquage par un ponctogramme à l’initiale et un pourle marquage par un ponctogramme à la finale. Les tableaux ne donnent certes pas d’in-formations qui ne soient déjà apportées par l’analyse détaillée, mais ils en présententune sélection de manière simultanée, de façon à faire apparaître les ressemblances etles différences.

Pour chaque combinaison positionnelle et morphosyntaxique (verticalement) etchaque type de structure intégrante (horizontalement), le tableau indique si le type demarquage concerné est attiré significativement (indiqué par un carré noir), significa-tivement si l’ajustement de Šidàk est négligé (triangle noir) et non significativement(petit disque noir). Les symboles blancs représentent les répulsions et correspondentau même classement (carré, triangle, disque). Dans les cas où le nombre d’attestationsd’une structure n’atteint pas 10 ou est absent à un niveau d’intégration particulier, lacase est laissée vide.

Pour PPD, le tableau obtenu sur la base des principes exposés est donc reporté dansla figure 5.60. Le tableau correspondant au marquage final est donné dans la figure5.61. Ces deux résumés ont été conçus de manière à mettre en évidence les ressem-blances et les différences entre les constituants de même MI (verticalement) et entreles MI où se rencontre un même type de constituant (horizontalement). Nous avonscommencé par séparer les tendances observées en syntaxe argumentale (à gauche)de celles observées en syntaxe immédiate (à droite), étant donné que peu de moda-lités de MM se retrouvent dans les deux types d’intégration. Pour rendre les deuxsous-tableaux plus lisibles, nous avons permuté les lignes et les colonnes de manièreà regrouper les tendances significatives en deux groupes, les plus denses qu’il a étépossible.

Ces tableaux, couplés aux analyses faites dans la section→5.2.2, synthétisentnotre exploration en une série de points forts et de questions qui nous serviront deguides par la suite.b. Nécessité d’écarter les constituants aux bornes de la structure qui les contient.

Étant donné la récursivité et l’attraction du marquage aux bornes, chercher dans cequi n’est pas aux bornes paraît plus raisonnable. La plupart du temps, dans le cas desstructures propositionnelles, la ponctuation a tendance à être attestée au début ou àla fin des constituants englobants. La fréquence de ce marquage est parfois,47 suffi-samment forte pour occulter la présence d’autres tendances plus subtiles. L’examendes tris croisés débarrassés des positions extrêmes (initiales pour PPD et finales pourPPF) a ainsi montré que certains types de constituants attiraient le marquage plus clai-rement qu’on ne l’aurait pensé. Il est donc utile de construire de nouveaux tableauxsynoptiques, fondés cette fois sur les tests effectués à partir des échantillons modifiés.Le tableau 5.62 synthétise les tendances de ponctuation initiale, alors que le tableau5.63 synthétise les tendances de ponctuation finale.

Du fait de leur dépendance par rapport aux constructions de niveau d’intégrationsyntaxique supérieur, les constituants dont la modalité de MI vaut synt ou synt-arg nepourraient être traités de la même manière. Nous verrons ci-dessous (→5.3.3.3 e) lesoptions que nous avons choisies quant au traitement de ces unités.

47 Voir →6.1.1où les fréquences dépassent les 80%.

221

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0,1,P0,0,00,0,P0,0,00,0,A4,0,10,1,A4,0,10,0,C5,0,0

0,0,R2,¬pers,00,0,A4,¬pers,1

0,0,S1,0,00,1,R2,¬pers,0

0,0,R3,0,10,0,C5,pers,1

0,0,C6,0,00,0,C5,0,10,0,A4,0,00,0,R3,0,00,1,R2,0,00,1,A4,0,00,1,R3,0,1

0,1,A4,¬pers,10,1,S1,0,01,0,R3,0,0

0,0,C5,¬pers,10,1,A4,pers,1

1,0,R2,¬pers,00,1,S1,pers,1

1,1,R2,¬pers,00,1,C5,pers,10,1,R2,pers,1

1,0,C5,0,01,0,P0,0,00,1,C5,0,10,0,R2,0,0

0,0,R2,pers,11,0,A4,0,11,0,C5,0,1

1,0,C5,pers,11,0,R2,0,01,0,R3,0,1

0,1,C5,¬pers,11,0,A4,¬pers,1

0,0,C5,pers,01,0,A4,0,01,0,S1,0,00,0,Rl,0,01,0,C6,0,01,0,Rl,0,00,1,C5,0,00,0,Co,0,0

phrase pers ¬pers−arg ¬pers pers−arg

0,0,Ap,¬pers,0

0,0,Dt,0,1

0,1,Ap,0,0

0,1,Ap,0,1

0,1,Ap,¬pers,0

0,1,Ap,pers,1

0,1,Dt,0,0

0,1,Dt,0,1

0,0,Ap,pers,1

0,0,Rl,0,0

0,1,Dt,¬pers,1

1,0,Dt,0,0

1,0,Rl,0,0

1,0,Ap,0,1

1,1,Ap,0,0

0,0,Co,0,0

0,0,Ap,0,0

0,0,Dt,0,0

1,0,Ap,0,0

1,0,Ap,¬pers,0

1,0,Dt,0,1

synt−arg synt

Attraction significativeAttraction significative (si non ajustée)Attraction non significative (seuil 5%)Répulsion significativeRépulsion significative (si non ajustée)Répulsion non significative (seuil 5%)

FIG. 5.60 – Tableau synoptique des tendances générales, PPD

222

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0,0,Co,0,00,0,P0,0,01,0,Rl,0,01,0,R2,0,00,0,S1,0,00,0,C5,0,01,0,C5,0,01,0,S1,0,01,0,P0,0,00,0,R2,0,00,0,A4,0,11,0,C6,0,00,0,C6,0,00,0,R3,0,00,0,A4,0,00,0,Rl,0,0

0,0,A4,¬pers,11,0,A4,0,01,0,A4,0,1

1,0,A4,¬pers,11,0,R3,0,01,0,C5,0,1

1,0,R2,¬pers,00,0,C5,¬pers,1

1,0,C5,pers,10,0,R2,¬pers,01,1,R2,¬pers,00,1,A4,¬pers,1

0,1,A4,pers,10,1,S1,pers,1

1,0,R3,0,10,0,R3,0,1

0,0,R2,pers,10,0,C5,pers,0

0,1,C5,¬pers,10,1,C5,pers,1

0,1,A4,0,00,0,C5,0,1

0,0,C5,pers,10,1,R2,¬pers,0

0,1,S1,0,00,1,R2,0,0

0,1,R2,pers,10,1,R3,0,10,1,P0,0,00,1,A4,0,10,1,C5,0,00,1,C5,0,1

phrase pers pers−arg¬pers−arg ¬pers

0,0,Co,0,0

0,0,Rl,0,0

1,0,Rl,0,0

0,0,Ap,0,0

1,0,Ap,0,0

1,0,Ap,¬pers,0

0,0,Ap,¬pers,0

1,0,Ap,0,1

1,0,Dt,0,0

0,0,Dt,0,0

1,1,Ap,0,0

0,0,Ap,pers,1

0,0,Dt,0,1

0,1,Ap,0,0

0,1,Ap,0,1

0,1,Ap,¬pers,0

0,1,Ap,pers,1

0,1,Dt,0,0

0,1,Dt,0,1

0,1,Dt,¬pers,1

1,0,Dt,0,1

synt−arg synt

Attraction significativeAttraction significative (si non ajustée)Attraction non significative (seuil 5%)Répulsion significativeRépulsion significative (si non ajustée)Répulsion non significative (seuil 5%)

FIG. 5.61 – Tableau synoptique des tendances générales, PPF

223

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0,0,P0,0,0

0,1,P0,0,0

0,0,A4,0,1

0,0,C5,0,0

0,1,R2,¬pers,0

0,0,C5,0,1

0,1,A4,0,1

0,0,A4,0,0

0,0,A4,¬pers,1

0,0,C5,pers,1

0,0,C6,0,0

0,0,R2,¬pers,0

0,0,R3,0,0

0,1,A4,0,0

0,0,S1,0,0

0,1,A4,¬pers,1

0,1,S1,0,0

0,0,R3,0,1

0,1,R3,0,1

0,0,C5,¬pers,1

0,1,A4,pers,1

0,1,S1,pers,1

0,1,C5,pers,1

0,1,R2,0,0

0,0,R2,pers,1

0,1,C5,¬pers,1

0,1,R2,pers,1

0,0,C5,pers,0

0,0,R2,0,0

0,0,Rl,0,0

0,1,C5,0,1

0,1,C5,0,0

0,0,Co,0,0

phrase pers ¬pers−argpers−arg ¬pers

Attraction significativeAttraction significative (si non ajustée)Attraction non significative (seuil 5%)Répulsion significativeRépulsion significative (si non ajustée)Répulsion non significative (seuil 5%)

FIG. 5.62 – Tableau synoptique des tendances générales, PPD (sans lesconstituants initiaux)

5.3.3.3 Points forts et questions

Nous sommes à présent en mesure de visualiser clairement quels liens entre lesconstructions et la ponctuation sont les plus intéressants. Les quatre tableaux synop-tiques mettent en relief des ressemblances et des différences entre les lignes et lescolonnes. Les points forts de ces synthèses nous permettent de poser les questions quinous guideront dans la suite de notre recherche.a. Critère positionnel et marquage de la phrase.Ce que les deux premiers tableauxsynoptiques montrent,48 c’est que les constituants finaux attirent globalement la ponc-tuation finale, alors que les constituants initiaux attirent plutôt la ponctuation initiale.

Pour ce qui concerne le marquage initial, remarquons tout d’abord qu’à l’excep-

48 Voir lesfigures 5.60 et 5.61.

224

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1,0,Rl,0,0

0,0,Co,0,0

0,0,P0,0,0

1,0,S1,0,0

1,0,P0,0,0

1,0,C5,0,0

1,0,C6,0,0

0,0,C6,0,0

1,0,R2,0,0

1,0,A4,0,1

0,0,R3,0,0

0,0,Rl,0,0

0,0,A4,0,0

1,0,A4,¬pers,1

1,0,R3,0,0

1,0,A4,0,0

0,0,A4,¬pers,1

1,0,C5,0,1

1,0,R2,¬pers,0

0,0,C5,¬pers,1

1,0,C5,pers,1

0,0,R2,¬pers,0

0,0,S1,0,0

1,0,R3,0,1

0,0,A4,0,1

0,0,C5,pers,0

0,0,R2,pers,1

0,0,C5,0,0

0,0,R3,0,1

0,0,C5,pers,1

0,0,R2,0,0

0,0,C5,0,1

phrase pers pers−arg¬pers−arg ¬pers

Attraction significativeAttraction significative (si non ajustée)Attraction non significative (seuil 5%)Répulsion significativeRépulsion significative (si non ajustée)Répulsion non significative (seuil 5%)

FIG. 5.63 – Tableau synoptique des tendances générales, PPF (sans lesconstituants finaux)

tion des constituants immédiats des propositions dont le prédicat n’est pas un verbeconjugué à un mode personnel, les attractions semblent concentrées en position ini-tiale (modalité de MM commençant par1,0) et les répulsions sont particulièrementprésentes à la finale (0,1).

À la finale, aux bornes des structures intégrantes, la relation entre les positions desconstituants et leur ponctuation finale est encore plus systématique qu’elle ne l’étaitpour le marquage initial. Il n’y a pratiquement pas d’exception qui soit statistiquementsignificative: s’ils sont initiaux, les constituants repoussent généralement significati-vement la ponctuation; s’ils sont finaux, ils l’attirent.

Néanmoins, pour les propositions personnelles qui n’ont pas le statut d’énoncé,la proportion de résultats non significatifs est assez importante pour qu’on se pose laquestion de savoir si le lien entre les positions extrêmes et la tendance au marquage

225

Page 259: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

est spécifique de la phrase. Si l’on observe les propositions non personnelles, ilseraitpeu raisonnable de conclure qu’il existe une tendance à marquer leur premier consti-tuant et à ne pas marquer le dernier. Au contraire, ces propositions ne se caractérisentquasiment que par des phénomènes particuliers, comme le rejet de PPD par P0 et l’at-traction par C5 (→d). L’analyse effectuée jusqu’à présent ne donne pas de réponse àla question du marquage de la phrase, puisque les dépouillements des différents typesde structures ont été faits de manière indépendante. Il est donc nécessaire d’effectuerune étude ciblée à ce sujet.b. Prédicat.Le rejet du marquage par le prédicat dans toute position autre que l’ini-tiale (en particulier au début de la phrase, qui est le seul contexte où le marquage esteffectivement attiré) semble être commun à toutes les sortes de propositions. Il faudraégalement se demander quelles conditions font que le prédicat initial d’une proposi-tion non personnelle en syntaxe immédiate attire le marquage. La situation est encoreplus univoque pour le marquage final, qui est toujours repoussé, à moins que le prédi-cat achève la structure à laquelle il est intégré. Face à un rejet d’une telle systématicité,comment expliquer que certains prédicats soient tout de même marqués?c. Actants.Si l’on ignore les tendances positionnelles, qui sont les plus fortes, on peutélablir une liste précise, reprenant les actants au marquage atypique.

Une fois les constituants initiaux retirés de l’échantillon, les attractions particuliè-rement fortes vis-à-vis de PPD.1 concernent:49

– 0,0,S1,0,0: phrase– 0,1,S1,pers,1: phrase– 0,0,R2,0,0: phrase,¬pers– 0,1,R2,0,0: phrase– 0,0,R2,pers,1: pers– 0,1,R2,pers,1:¬pers-arg

Quant à la ponctuation finale, les actants l’attirant sont:

– 0,0,S1,0,0: phrase– 0,0,R2,0,0: phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers– 0,0,R2,pers,1: phrase, pers– 0,0,R2,¬pers,0: phrase, pers– 0,0,R3,0,1: phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers– 1,0,R3,0,1: phrase– 0,0,A4,0,1: pers-arg,¬pers-arg, pers

Il est nécessaire d’étudier indépendamment chacun de ces types d’actants.d. Marginalité des C5.À côté des quelques actants particulièrement marqués, les cir-constants le sont encore plus fortement. On constate d’ailleurs que les attractions sonten général clairement significatives. Le phénomène le plus prégnant dans le tableaudu marquage initial est le comportement des incidentes (0,0,C5,pers,0), qui attirentgénéralement la ponctuation initiale, en particulier au niveau de la phrase et de laproposition personnelle.

Cette position étonnante des incidentes n’est pas le seul phénomène digne d’inté-rêt. Tout d’abord, le marquage initial des différents C5 en position finale se différencie

49 Chaque typede constituant est suivi de son ou ses niveau(x) d’intégration syntaxique.

226

Page 260: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

de celui des autres constituants. Cela est particulièrement le cas au niveau dela phrase,où l’on observe, sans même retirer les constituants aux bornes, que les tendances demarquage sont non significatives, alors que le rejet est très net pour les autres consti-tuants. De manière générale, à part au niveau de la phrase (où le contraste principal estd’ordre positionnel), les tendances qui caractérisent C5, lorsqu’elles sont présentes,vont dans le sens du marquage (ou d’une tendance non significative) et non du rejet.

Le marquage final des C5 ne se trouvant pas à une des bornes du constituant qui lesintègre est également particulièrement présent, mais il concerne alors essentiellementles constituantscomplexes, c’est-à-dire vérifiant MR.1 ou une autre nature que MN.0.

Les attractions vis-à-vis de la ponctuation initiale (une fois les constituants initiauxretirés) sont:

– 0,0,C5,0,1: pers,¬pers– 0,0,C5,pers,0: phrase, pers-arg– 0,1,C5,0,0: phrase,¬pers-arg, pers,¬pers– 0,1,C5,0,1: phrase, pers-arg, pers– 0,1,C5,¬pers,1: phrase, pers– 0,1,C5,pers,1: phrase

Les attractions concernant PPF.1 sont:

– 0,0,C5,0,0: phrase,¬pers-arg,¬pers– 0,0,C5,0,1: phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers,¬pers– 0,0,C5,pers,0: phrase, pers-arg– 0,0,C5,¬pers,1: phrase– 0,0,C5,pers,1: phrase, pers-arg, pers– 1,0,C5,pers,1: phrase

Chacun de ces types de circonstant devra être étudié indépendamment.e. Appositions et déterminants.Au niveau d’intégration immédiat, le raffinement desdonnées est assez faible et nous a déjà posé problème à plusieurs reprises. Nous avonsdes difficultés à appréhender la tendance au marquage des constituants Ap et Dt quine se trouvent pas aux bornes du constituant les intégrant. On se doute déjà que laprise en considération exclusive des variables choisies jusqu’à présent ne suffira pasà aborder ce problème, qui dépasse le modèle morphosyntaxique tel que nous l’avonsconçu.

Par ailleurs, il est probable que les phénomènes de marquage observés au niveaude la syntaxe immédiate sont liés à des tendances touchant directement des structuressituées plus haut dans la hiérarchie syntaxique ou plus généralement répandues. Ilnous semble que le marquage des constituants MI.synt-arg et MI.synt ne pourra êtreappréhendé qu’une fois achevée l’étude de la ponctuation au niveau actanciel.f. C6 et relateurs (dont coordonnants).Les coordonnants et les autres relateurs oc-cupent une position morphosyntaxiquement déterminée dans le syntagme – les rela-teurs simples sont presque systématiquement à l’initiale et les coordonnants ne sontque très rarement à l’une des extrémités.

Le comportement de PPD reste très cohérent d’une colonne à l’autre du tableau.Les coordonnants attirent le marquage initial dans tous les cas. Quant aux relateursinitiaux (non coordonnants), ils attirent le marquage quand ils sont constituants im-médiats soit de propositions personnelles à fonction argumentale, soit de propositions

227

Page 261: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

non personnelles. Les relateurs des constituants non propositionnels rejettent lemar-quage en contexte immédiat (ou bien l’opposition n’est pas significative). Cela remeten question les tendances que les tris croisés mettaient en évidence: il semblerait quele type de constituant intégrant ait une influence sur la ponctuation des relateurs.

Pour PPF, les tendances sont globalement contraires à celles décelées pour PPD:coordonnants et relateurs repoussent significativement la ponctuation finale quellesque soient la nature et la fonction du constituant qui les contient directement – mis àpart pour le coordonnant dans les propositions non personnelles en contexte immédiat,pour lequel la tendance n’est pas claire.

À ces observations, il faut ajouter que les constituants initiaux des «relatives»,de nature non propositionnelle non relatés intégrés à une proposition personnelle nejouant pas le rôle d’argument se comportent comme des relateurs par rapport à laponctuation finale et la repoussent.g. Coordination.Par ailleurs, la question des coordonnants ouvre celle de la coordina-tion, que les dépouillements ont jusqu’à présent totalement négligée. Le coordonnantn’étant qu’une spécification supplémentaire (→3.4.7.2), il y a lieu de se demandercomment fonctionne le marquage entre les membres qu’il ne sert pas à relier.h. Interférences.Pour toutes les tendances décelées, figurent en trame de fond deuxquestions importantes auxquelles les tris croisés ne donnent pas de réponse. Premiè-rement, le lien n’est-il pas spécifique à un ou plusieurs documents? Dans la mesureoù nous avons considéré les documents comme indistincts, il peut nous avoir échappéque certaines attractions ou répulsions mises en évidence dans ce chapitre soient spé-cifiques à un petit ensemble de documents contenant de nombreuses attestations.

Deuxièmement, la ponctuation n’est-elle pas liée à un environnement morphosyn-taxique particulier, plutôt qu’à la structure à laquelle elle paraît liée? Par exemple, nepeut-on pas dire que les incidentes attirent le marquage initial, en raison du constituantqui les précède et non à cause de leur nature propre?

228

Page 262: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6 Fréquences de marquage

Les conclusionset les questions amenées par l’examen des tris croisés sur une va-riable de synthèse1 formeront le point de départ de ce chapitre. Prenant appui sur cestendances principales, nous allons mettre en évidence celles qui peuvent être géné-ralisées et montrer comment les constructions qu’elles impliquent se comportent parrapport au marquage. C’est donc dans ce chapitre que nous dépasserons le repéragedu marquage à valeur simplement visuelle, pour identifier exactement sur quelles uni-tés portent les signes. Nous aurons alors identifié l’interaction entre le système de laponctuation et la structuration morphosyntaxique.

Nous commencerons par exposer la procédure suivie (→6.0). Viendra ensuite unesérie d’analyses détaillées. Dans un premier temps, nous ferons l’étude du marquageen syntaxe argumentale et dans les cas de coordination, ce qui mènera à de premièresconclusions (→6.1). En nous servant de ces dernières, nous aborderons les construc-tions en syntaxe immédiate (→6.2), puis la question des relateurs et des C6 (→6.3).Au terme de ce parcours, nous aurons une idée nette de la manière dont la ponctuationse distribue autour des constituants, tout au moins du point de vue de sa fréquence.

6.0 Procédure d’analyse

En premier lieu, voyons comment nous avons défini nos données (→6.0.1) et parquelles étapes sont passées chacune des études effectuées dans les sections ultérieures(→6.0.2).

6.0.1 Définition des données

La définition des individus et des variables servant à leur description n’est pas problé-matique: les individus resteront les constructions et constituants.

Quant aux variables descriptives de base, elles seront généralement identiques àcelles employées dans le cadre du tri croisé sur la variable synthétique MM. Nousajouterons cependant trois variables supplémentaires, dont une partie ou l’ensemblesera mobilisé pour chaque analyse (→6.0.1.1). Posant à nouveau le délicat problèmede la récursivité, nous aurons à expliquer la manière dont les individus ont été sélec-tionnés pour former les échantillons dont nous aurons besoin (→6.0.1.2).

1 Voir, au chapitre précédent,→5.3 et en particulier la synthèse, sous→5.3.3.

229

Page 263: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.0.1.1 Variables additionnelles

Pour affiner le travail déjà effectué, il nous faudra enrichir la description des individusà l’aide de variables supplémentaires. La première d’entre elles sera la référence dela charte dans laquelle le constituant ou la phrase a été relevé. Cette précision réin-troduit de manière systématique l’individualité des documents, de façon à ce qu’ilsne soient plus nécessairement considérés comme indistincts. Cette variable prendra lenom deRB(pour ‘référence bibliographique’); ses modalités seront les 148 dates desdocuments dépouillés telles que nous les citons dans la liste des références en fin devolume.

La deuxième et la troisième variables ajoutées décrivent l’environnement desconstituants. Tout constituant immédiat est susceptible, quelle que soit la structurequi l’intègre, d’être suivi ou précédé d’un autre constituant de même niveau d’intégra-tion syntaxique – bien entendu, les constituants initiaux ont comme particularité de nepas être précédés d’un autre constituant, de même que les constituants finaux ne sontsuivis par aucun autre.2 Nous appelleronscontexte immédiatcet environnement directdes constituants étudiés. Les variables décrivant le contexte immédiat reprennent ladescription morphosyntaxique des constituants (MM) qui entourent l’individu. Ellesprendront comme nomsMMP pour le constituant précédent etMMS pour le consti-tuant suivant. Par exemple, dans le circonstant prenant la forme du syntagme:

«el moıs · dejvle» (Document 1236–07, 9).

le déterminantde jvleconstitue le contexte immédiat se trouvant à la suite du motmoıs,lequelest donc défini entre autres par la modalité 0,1,Dt,0,1 de la variable MMS, soitMMS.0,1,Dt,0,1. Réciproquement,moısest le contexte immédiat se trouvant devantle déterminant, soit MMP.0,0,Ap,0,0.

D’autres nouvelles variables seront parfois mobilisées. Nous les présenterons entemps utile.

6.0.1.2 Sélection des individus

L’épineuse question de la récursivité (→5.1.3.2 a) se pose spécifiquement pour chaqueconstruction faisant l’objet d’un examen particulier. Dans certains cas, aucune récursi-vité n’est possible, notamment avec les constituants qui ne se trouvent pas à l’une deslimites de la structure qui les intègre. Ainsi, jamais 0,0,Ap,0,0 ne posera de problèmeà cet égard, puisque son premier ou son dernier constituant n’auront jamais la mêmevaleur de MM. Dans d’autres cas, le phénomène refait surface. Par exemple, dans lecadre de l’étude du marquage de la proposition, il est inévitable que l’on trouve desmots qui soient à la fois à la fin d’une phrase et d’une subordonnée qui l’achèverait,comme dans:

2 Il arrive que l’ordre linéaire ne corresponde pas à une séquence de constituants de mêmeniveau d’intégration. Dans ce cas, le contexte immédiat ne peut être étudié de manière aussisimple. Nous avons retiré de l’échantillon toutes ces structures complexes, dont la liste fic-gure dans les annexesdep-6.0.1.1.notMMP-PPDetdep-6.0.1.1.notMMS-PPF.

230

Page 264: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

«Conute choise soit a tos ke l’an de_grasce m cc quatre_vinset chinq, [.. .] vinrent pardevant nos [. . .] me sires Simons,[4] vestis delle Magdalene a_Treste, d’une part, et freresGiles, maistres delle Va Benoite, d’atrepart.» (Document 1286–03–23, 2).

où lemotpart souligné est à la fin de la phrase, mais également de la subordonnée.On ne peut éliminer complètement les inconvénients liés à la récursivité si l’on

s’obstine à vouloir garder l’ensemble des individus pour effectuer un test. Pour quel’expérience soit utile, nous devons commencer par isoler les différentes structures lesunes des autres, en ne considérant que les constituants indépendants. Pratiquement, s’ilfaut, par exemple, comparer le marquage des phrases à celui des subordonnées, noussélectionnerons donc exclusivement les individus qui sont à l’extrémité de gauche oude droite (en fonction du marquage étudié) d’une et une seule proposition – phrase ousubordonnée.

De manière générale, si nous étudions la ponctuation initiale nous exclurons del’échantillon les constituants dont le premier mot est également celui d’un autre consti-tuant. Quand nous étudierons la ponctuation finale, nous procéderons de la même ma-nière avec les derniers mots. Ainsi, ni la phrase, ni la subordonnée de l’exemple citéci-dessus ne seront conservées.

6.0.2 Étapes de l’analyse

De manière générale, nous aborderons la fréquence du marquage pour chaque struc-ture étudiée. L’analyse prendra un tour différent en fonction du constituant ou de lastructure étudié(e).

La première étape du traitement de chacune de ces questions particulières sera devérifier si les attractions ou répulsions observées ne sont pas caractéristiques d’un oude quelques documents particuliers, représentés par la variable RB.

Chaque fois que cela sera possible, le contexte immédiat sera testé; de la mêmemanière que nous l’aurons fait par rapport à la variable RB, nous vérifierons si certainscontextes immédiats ne sont pas particulièrement surreprésentés.

Dans les cas où la structure se prête à la comparaison avec une ou plusieurs autres,l’examen sera alors contrastif. Les constituants intéressants qui suivent les mêmes ten-dances et se ressemblent d’un point de vue morphosyntaxique seront alors comparésdu point de vue de la fréquence de leur marquage. On peut théoriquement arriver àdeux observations: soit les fréquences de marquage sont clairement différentes, soiton ne peut statistiquement affirmer cette différence. S’il est possible d’en déceler une,cela signifie que, d’une manière ou d’une autre, la structure a une certaine individua-lité par rapport à d’autres qui lui ressemblent. Il faudra souvent procéder à plusieurstests successifs pour analyser la structure du tableau.

Nous emploierons essentiellement le test duχ2 et le test exact de Fisher3 pourévaluer la pertinence des ventilations. Nous ferons sporadiquement appel à d’autrestechniques; par exemple, le test de Wilcoxon sur des échantillons indépendants, letest de Kruskal-Wallis4 ou la représentation sous forme de courbes de densité ou de«boîtes à moustaches» (→4.1.2). Le fonctionnement des outils nouveaux sera exposéquand nous en ferons usage pour la première fois.

3 Voir, respectivement,→5.2.1.2 et→5.2.1.5.4 Voir Howell 1998, 740–741.

231

Page 265: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.1 Examen des structures argumentales et de la coordination

Pour desraisons qui apparaîtront au fur et à mesure du développement de cette section,l’idéal est de traiter dans un premier temps les structures argumentales ainsi que lacoordination. La synthèse des résultats obtenus pourra alors être exploitée dans lasuite, lors du traitement de la ponctuation en syntaxe immédiate (→6.2).

Les structures seront décrites dans un ordre reflétant l’organisation de la struc-ture argumentale: tout d’abord la phrase et la proposition (→6.1.1), puis le prédicat(→6.1.2), les différents actants et A4 (→6.1.3) et les circonstants (→6.1.4). Nous étu-dierons enfin la coordination et dresserons un premier bilan (→6.1.5).

6.1.1 Phrase et proposition personnelle

Comme nous l’avons expliqué ci-dessus (→5.3.2.1), l’énoncé non phrastique expri-mant un procès a été assimilé à la phrase pour les dépouillements qui suivent.

Il existe une tendance à marquer le début et la fin de la phrase, c’est du moins ceque nous apprennent les tris croisés sur la variable MM lorqu’ils sont effectués au ni-veau de la phrase. De même, les propositions personnelles sont surtout marquées aprèsleur dernier constituant. Morphosyntaxiquement, notre modèle distingue les phrasesdes autres propositions personnelles par la capacité que les phrases ont à jouer lerôle d’énoncé (→3.4.2.5 b). Les propositions personnelles ont ainsi une fonction syn-taxique propre à l’intérieur d’une proposition (fonction argumentale) ou d’un syn-tagme non propositionnel (fonction immédiate).5 On peut donc se demander si cettedifférence morphosyntaxique correspond à une différence significative de fréquencede marquage.

La fréquence du marquage initial, puis celle du marquage final seront examinéesindépendamment. Nous considérerons les mots par rapport à leur position dans la pro-position personnelle. Si nous tentons d’étudier la relation entre les propositions et laponctuation initiale, nous devons, pour chaque mot, répondre à quatre questions: 1/ lemot est-il au début de la phrase? 2/ le mot est-il au début d’une subordonnée à fonctiond’argument? 3/ le mot est-il au début d’une subordonnée en syntaxe immédiate? 4/ ya-t-il un ponctogramme devant ce mot? Pour étudier la ponctuation finale, les indivi-dus sont décrits en posant les questions correspondantes (le mot est-il à la fin de laphrase? etc.).

Comme nous désirons comparer le marquage des différentes sortes de proposi-tions personnelles, nous retirerons de l’échantillon tous les individus pour lesquels laréponse aux trois premières questions est «non».

6.1.1.1 Fréquence du marquage initial

Vérifions que les tendances sont bien générales (→a) avant de traiter l’oppositioncomme si le corpus ne constituait qu’un seul grand texte (→b). Voyons enfin ce qui

5 Voir →3.2.3.

232

Page 266: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

Début de phrase.0 2287 240 2527Début de phrase.1 344 1380 1724

2631 1620 4251

PPD.0 PPD.1

334.23 -542.82-489.91 795.65

θ 38.2

χ2= 2159.62,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 6.1 – Tri croisé début de phrase× PPD

PPD.0 PPD.1

Début de phrase.0 1994 216 2210Début de phrase.1 336 1173 1509

2330 1389 3719

PPD.0 PPD.1

268.22 -449.93-392.82 658.95

θ 32.2

χ2= 1767.02,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 6.2 – Tri croisé début de phrase× PPD, (sans les documents1265-05b, 1272-03, 1283-02-13a, 1289-01-12)

se passe lorsque l’on considère les proportions prises pour chaque document indépen-damment (→c).6

a. Tendances par document.Le test de décomposition est un test ultérieur à la consta-tation que les phrases sont marquées au début: il vise à voir uniquement si certainsdocuments privilégient davantage ce type de marque. Le tri croisé sur l’ensembledu corpus confirme sans surprise que la position initiale de la phrase attire effecti-vement PPD.1 (table 6.1). Reste à savoir si cette tendance n’est pas spécifique à unpetit nombre de documents. Si nous croisons la modalité PPD des individus en tête dephrase avec la référence de la charte dans laquelle on les trouve, nous voyons commentles tendances d’attraction (figure 6.1) et de répulsion (figure 6.2) du marquage initialse décomposent. Le premier graphique montre quels documents seraient susceptiblesde déstabiliser les effectifs, de sorte qu’en ignorant la répartition des phrases entre lestextes, on aurait l’impression que le marquage est un phénomène général, alors qu’il neserait limité qu’à un nombre restreint de textes. Du fait qu’il met en évidence le phéno-mène opposé – quelles chartes se distinguent de l’ensemble par l’absence de marquageinitial de la phrase –, le second tableau nous intéresse nettement moins. On voit ainsiqu’un ensemble de quatre documents se distingue du reste du corpus – par précau-tion, nous considérons de la même manière les individus significatifs après correction.Que se passerait-il si nous refaisions le même tri croisé que ci-dessus (tableau 6.1),après avoir enlevé de la tabulation tous les individus relevés dans ces documents? Lenouveauχ2 (table 6.2) montre un écart significatif orienté exactement dans le mêmesens que le précédent. Le rapport de chances, bien qu’inférieur, reste très élevé. Enconclusion, les quatre documents repérés ne déséquilibrent pas le corpus.

Appliquons le même procédé aux propositions argumentales pour voir si la répul-sion repérée par le tri croisé suivant est spécifique à quelques documents (table 6.3).Il est déjà visible que, par rapport à la phrase, les écarts sont orientés dans la direc-tion opposée. Leθ est par ailleurs beaucoup plus petit. Par rapport aux documents,

6 Les structures ignorées à cause de la récursivité sont énumérées dans l’annexedep-6.1.1.1.removed-PPD.

233

Page 267: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.0754%)

1289−03−051242−05−021270−11−261289−04−191271−12−221271−03−18

1260−02−21b1260−05−091277−06−12

1288−02a1275−01−10a1265−04−151243−07−091267−08−281280−05−041270−03−241278−08−011271−12−091271−05−221265−07−041263−03−311278−04−061289−07−191271−04−20

1263−111277−05−04

1276−06−10b1288−02b

1282−12−221276−02−241271−07−251270−09−291267−10−22

1263−05−27a1265−11−13

1275−081263−05

1270−05−101266−06−13

1270−06−06a1265−05a

1272−06−221273−05−12

1265−05b1283−02−13a1289−01−12

1272−03

15/18 (83%)10/12 (83%)17/21 (81%)13/16 (81%)13/16 (81%)9/11 (82%)9/11 (82%)17/20 (85%)22/26 (85%)9/10 (90%)9/10 (90%)9/10 (90%)9/10 (90%)23/27 (85%)15/17 (88%)15/17 (88%)20/23 (87%)17/19 (89%)17/19 (89%)12/13 (92%)18/20 (90%)19/21 (90%)14/15 (93%)14/15 (93%)14/15 (93%)15/16 (94%)16/17 (94%)10/10 (100%)10/10 (100%)10/10 (100%)10/10 (100%)10/10 (100%)10/10 (100%)10/10 (100%)17/18 (94%)11/11 (100%)11/11 (100%)18/19 (95%)18/19 (95%)13/13 (100%)13/13 (100%)14/14 (100%)18/18 (100%)33/34 (97%)63/68 (93%)49/51 (96%)62/62 (100%)

0.000122 1

FIG. 6.1 – Attractions entre PPD et la phrase par charte

Répulsions (seuil adapté 0.0754%)

1274−05−31a1252−03−01a1274−05−31b1260−02−21a

1236−051278−04−04a1276−06−10a1260−05−30b

1247−061270−04−161276−07−221268−03−101283−12−261284−05−111280−08−091280−05−051289−08−011280−07−201244−01−191289−04−051278−10−17

12/16 (75%)12/16 (75%)11/14 (79%)8/11 (73%)11/15 (73%)8/10 (80%)8/10 (80%)10/14 (71%)24/33 (73%)6/11 (55%)12/20 (60%)18/29 (62%)7/14 (50%)5/11 (45%)5/11 (45%)5/11 (45%)3/10 (30%)10/23 (43%)12/30 (40%)2/13 (15%)0/15 (0%)

8.22e−14 1

FIG. 6.2 – Répulsions entre PPD et la phrase par charte

234

Page 268: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

Début de prop. arg..0 2076 1503 3579Début de prop. arg..1 555 117 672

2631 1620 4251

PPD.0 PPD.1

-8.73 14.1846.52 -75.54

θ 3.43

χ2= 143.94,ddl= 1, p= 3.67e−33 ★★★

TAB . 6.3 – Tri croisé début de prop. argumentale× PPD

Attractions (seuil adapté 0.465%)

1272−031263−05−27a1263−05−27b

7/38 (18%)2/10 (20%)3/11 (27%)

0.639 1

FIG. 6.3 – Attractions entre PPD et la proposition argumentale par charte

Répulsions (seuil adapté 0.465%)

1265−05b1243−07−09

1247−061278−08−011271−04−201242−05−021289−01−12

1283−02−13a

2/15 (13.3%)1/11 (9.1%)2/19 (10.5%)1/13 (7.7%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)2/32 (6.2%)2/35 (5.7%)

0.0999 1

FIG. 6.4 – Répulsions entre PPD et la proposition argumentale par charte

PPD.0 PPD.1

Début de prop. imm..0 899 1497 2396Début de prop. imm..1 1732 123 1855

2631 1620 4251

PPD.0 PPD.1

-229.92 373.41296.98 -482.32

θ 23.4

χ2= 1380.27,ddl= 1, p= 4.08e−302★★★

TAB . 6.4 – Tri croisé début de prop. immédiate× PPD

on construit donc les tableaux de décomposition des figures 6.3 et 6.4, qui montrentqu’aucun document ne se distingue particulièrement – notons cependant que très peude chartes attestent suffisamment la construction pour pouvoir être évaluées.

Quant aux propositions en syntaxe immédiate, le tri croisé montre égalementqu’elles repoussent la ponctuation initiale (table 6.4). La répulsion est encore plusforte qu’au niveau de la proposition argumentale. On observera donc le graphique desrépulsions par rapport aux documents (figure 6.6). On y remarque immédiatementque la structure est bien attestée dans de nombreux textes, mais qu’aucun d’eux ne sedistingue par une répulsion particulière du marquage.

En fin de compte, les tendances générales peuvent être considérées comme telles:aucun document ou groupe de documents ne paraît déstabiliser à lui seul les attractionsou répulsions du marquage.b. Dépouillements généraux.Le fait que les tris croisés ci-dessus soient orientés dif-féremment (attraction de PPD.1 pour la phrase et répulsion pour les autres modalités)est l’indice d’une différence entre les fréquences, mais ne suffit pas à confirmer la si-

235

Page 269: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.0666%)

1276−06−10b1263−11

1266−06−131270−06−06a1263−05−27a1243−07−09

1263−05−27b1270−05−101264−09−071289−07−191283−12−26

1281−031267−07−06

1237−121275−081247−06

1270−04−071268−03−01

1236−051286−03

1263−03−311276−02−241265−11−13

1236−071274−02−241280−08−141273−05−121236−12−15

2/21 (9.5%)2/25 (8.0%)1/11 (9.1%)1/12 (8.3%)1/12 (8.3%)1/12 (8.3%)1/13 (7.7%)2/16 (12.5%)1/14 (7.1%)2/13 (15.4%)2/13 (15.4%)2/13 (15.4%)2/13 (15.4%)2/12 (16.7%)3/21 (14.3%)3/20 (15.0%)2/10 (20.0%)3/19 (15.8%)3/15 (20.0%)3/14 (21.4%)3/13 (23.1%)4/13 (30.8%)7/28 (25.0%)4/10 (40.0%)5/14 (35.7%)5/13 (38.5%)8/20 (40.0%)7/11 (63.6%)

2.32e−12 1

FIG. 6.5 – Attractions entre PPD et la proposition immédiate par charte

0 1

phrase 344 1380 1724prop. arg. 555 117 672prop. imm. 1732 123 1855

2631 1620 4251

0 1

−489.91 ★★★ 795.65★★★

46.52★★★ −75.54★★★

296.98★★★ −482.32★★★

χ2= 2186.92,ddl= 2, p= 0 ★★★

TAB . 6.5 – Tri croisé types de propositions× PPD

gnificativité du contraste. Pour ce faire, il est nécessaire de rassembler les trois typesde propositions en un seul tri croisé.

Commençons l’analyse en faisant une tabulation. Les individus en sont les mots endébut de proposition. Les variables décrivant ces derniers sont: 1/ le type de construc-tion au début de laquelle ils se trouvent; 2/ la présence ou l’absence d’une ponctuationinitiale. On obtient le tableau de contingence suivant (à gauche dans la table 6.5). Ilest absolument clair que la phrase se démarque fortement des autres structures par uneponctuation beaucoup plus fréquente. Leχ2 reste extrêmement élevé pour un tableauà deux degrés de liberté.

Les propositions qui ne sont pas des phrases sont, comme le sens des attractionspermet de le voir, caractérisées par un rejet important de la ponctuation à l’initiale: onest déjà assuré qu’unχ2 opposant la première ligne aux deux autres serait significatif àun seuil inférieur au millième. La question est à présent de savoir si la ponctuation dis-tingue également les subordonnées entre elles. À ce propos, aucun des tests effectuésjusqu’à présent n’apporte la moindre information.

Il est légitime d’effectuer plusieurs tests consécutifs sur des sous-tables (Agresti

236

Page 270: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.0666%)

1289−01−121270−11−261267−08−28

1272−031284−06−091260−10−02

1260−02−21a1253−03−01

1265−05b1289−04−191287−09−081285−07−041285−02−241284−05−111284−02−121278−12−031278−10−171277−05−041277−03−231271−07−251271−12−221289−08−011289−03−051282−12−22

1275−01−10a1271−03−18

1264−041260−05−141271−05−22

1283−02−13a1274−05−31b1242−05−02

1278−04−04a1270−03−241271−04−201265−04−151290−08−241276−07−22

1274−05−31a1280−05−04

1252−03−01a1268−03−101260−05−091244−01−191271−12−091278−04−061277−06−121278−08−011280−07−20

3/49 (6.1%)1/20 (5.0%)1/26 (3.8%)3/48 (6.2%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)2/33 (6.1%)1/19 (5.3%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)1/29 (3.4%)0/12 (0.0%)0/13 (0.0%)0/13 (0.0%)0/13 (0.0%)0/13 (0.0%)0/13 (0.0%)0/13 (0.0%)0/14 (0.0%)3/67 (4.5%)0/15 (0.0%)0/15 (0.0%)0/16 (0.0%)0/16 (0.0%)0/17 (0.0%)0/17 (0.0%)0/18 (0.0%)0/18 (0.0%)0/18 (0.0%)0/20 (0.0%)0/20 (0.0%)0/22 (0.0%)0/23 (0.0%)0/27 (0.0%)0/28 (0.0%)0/29 (0.0%)0/30 (0.0%)0/32 (0.0%)0/36 (0.0%)

0.202 1

FIG. 6.6 – Répulsions entre PPD et la proposition immédiate par charte

2002,82–84), en groupant ou en supprimant les lignes et les colonnes de manière àrespecter les règles suivantes.7 Comme le présente Alan Agresti (2002, 84):

«1. The df8 for the subtables must sum to df for the full table.

Each cell count in the full table must be a cell count in one and only one subtable.2. Each marginal total of the full table must be a marginal total for one and only one sub-table.»

7 Ces règlesde décomposition sont basées sur lerapport de vraisemblance, statistique prochedu χ2 notéG2, dont la formule (cf. Howell 1998, 179) est (oet e ont la même significationque dans la formule duχ2 (voir note 14, p. 178):

G2= 2[

o× ln(oe

)]

(6.1)

Le rapportde vraisemblance calculé sur la table initiale correspond à la somme des rapportsde vraisemblance de toutes les sous-tables obéissant aux critères cités.

8 C’est-à-dire le nombre de degrés de liberté.

237

Page 271: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

phrase 344 1380 1724prop. 2287 240 2527

2631 1620 4251

0 1

-489.91 795.65334.23 -542.82

θ 38.2

χ2= 2159.62,ddl= 1, p= 0 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

TAB . 6.6 – Tri croisé phrases et autres prop.× PPD

0 1

prop. arg. 555 117 672prop. imm. 1732 123 1855

2287 240 2527

0 1

-4.65 44.311.68 -16.05

θ 2.97

χ2= 65.44,ddl= 1, p= 5.98e−16 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

TAB . 6.7 – Tri croisé prop. argumentales ou non× PPD

En construisant la table de contingence correspondant au contraste que nous venonsde relever, on obtient la table 6.6, où la dernière ligne du tri correspond à la somme,colonne par colonne, des deux dernières lignes de la table de contingence précédente.L’écart est extrêmement important et le rapport de chances est énorme. Nous sommesdans une situation où le contraste est tellement évident qu’il ne serait pas nécessairede faire un test pour l’admettre. La simple lecture des documents inviterait n’importequel lecteur attentif à la même conclusion. Ce test prouve à quel point les exceptionsà la tendance générale sont insignifiantes.

D’autre part, nous pouvons opérer un nouveau test opposant exclusivement lessubordonnées entre elles, c’est-à-dire sur la base d’un tableau de contingence ne com-portant que les deux dernières lignes de la tabulation donnée au début de cette sec-tion (tableau 6.5). La nouvelle table de contingence (table 6.7) montre à nouveau unedifférence remarquable, les deux probabilités étant infimes. Les propositions de typeargumental sont donc plus fréquemment marquées.

Pour des raisons mathématiques dont l’exposé n’a pas sa place ici,9 il est préfé-rable de faire l’économie d’un test supplémentaire – par rapport aux conditions dedécomposition,10 le test initial a 2ddl et chacun des deux tests ultérieurs en a un seul(ou bien les comparaisons ne seraient plus indépendantes). On ne peut éliminer toutesles propositions qui ne sont pas des phrases et n’ont pas une fonction argumentale etfaire un test sur la nouvelle tabulation. Néanmoins, ses résultats sont impliqués parceux des deux tests précédents. Il ne serait de toute manière pas utile de compareraposteriori le marquage de la phrase et celui des propositions immédiates: la première

9 «It might seem more natural to computeG2 for the (J− 1) separate 2× 2 tables that paireach column with a particular one, say the last. However, these component statistics are notindependent and do not sum toG2 for the full table. This is beyond our scope at this stagebut relates to the contrasts of log probabilities that form the log odds ratios for the two tablesnot being orthogonal.» (Agresti 2002, 82).

10 Voir page 237.

238

Page 272: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 20 40 60 80 100

0.00

0.02

0.04

0.06

0.08

Den

sité

phraseprop. arg.prop. imm.

0

20

40

60

80

100

prop. imm. prop. arg. phrase

148 147 146

FIG. 6.7 – Graphiques des fréquences de marquage initial des proposi-tions

tabulation montrait déjà que la ligne correspondant à ces dernières s’opposait au restedu tableau.

On peut donc synthétiser les résultats de l’analyse de la fréquence du marquageinitial en une série de conclusions relatives: la phrase a un taux élevé de ponctuationinitiale, la proposition en syntaxe argumentale a un taux moyen de ponctuation initialeet la proposition en syntaxe immédiate a un taux bas de ponctuation initiale.c. Proportions par document.Une autre manière d’aborder la question consiste àconsidérer les documents comme des individus définis par trois variables continues: lepourcentage de phrases marquées qu’ils contiennent, le pourcentage de propositionsargumentales marquées et le pourcentage de propositions immédiates marquées – enne conservant que les individus non ambigus. Cette approche n’est évidemment pos-sible que parce qu’un grand nombre d’individus sont à notre disposition pour chaquecharte.

La distribution des valeurs de chacune de ces trois variables peut alors être repré-

239

Page 273: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PRB seuil ajusté

Kruskal-Wallis 8.68e−56 ★★★

Wilcoxon: phrase et p. arg. 5.19e−36 ★★★ ★★★

Wilcoxon: phrase et prop. imm. 1.19e−46 ★★★ ★★★

Wilcoxon: prop. arg. et prop. imm. 5.01e−02 ✩✩✩ ✩✩✩

TAB . 6.8 – Probabilités de différence de marquage initial des proposi-tions

sentée sous la forme d’une courbe ou d’une boîte à moustache (figure 6.7).11 Lescourbes montrent que la ponctuation de la phrase se caractérise par une tendanceinverse très prononcée par rapport à celle des autres propositions: comme lesχ2 lemontraient, la phrase attire manifestement plus le marquage. Par contre, les courbesconcernant les propositions subordonnées décroissent dans la même direction. Lefait que les encoches des boîtes correspondantes se recouvrent indique que si l’onconsidère les taux de chaque charte, la différence entre les subordonnées s’estompe.Néanmoins, la dispersion des données autour des médianes est différente: les boîtesmontrent des propositions immédiates ne dépassant 30% de marquage initial que dansdes cas exceptionnels, alors que les pourcentages sont répartis de manière beaucoupplus lâche dans le cas des propositions argumentales; les courbes de densité sont toutaussi limpides.

Il est possible de calculer les probabilités de l’absence de différence (H0) entre lesmédianes des trois distributions à l’aide de tests non paramétriques – qui n’imposentpas que les distributions aient une forme particulière (Howell 1998, ch. 18). Malheu-reusement, le test de Wilcoxon12 ne suffit plus à évaluerH0 en présence de plus dedeux échantillons. On utilise alors le test de Kruskal-Wallis (Howell 1998, 740–741),dontH1 stipule qu’au moins un des échantillons a une médiane différente des autres.On effectue ensuite un testa posteriorien comparant les échantillons deux à deux –test de Wilcoxon ajusté par la correction de Šidàk (Abdi 2007). Les statistiques calcu-lées confirment tout à fait ce que l’examen des encoches pouvait nous apprendre (table6.8).13 Les médianes des proportions de marquage des deux types de subordonnées nesont pas significativement différentes. La probabilité non modifiée par l’ajustement deŠidàk était déjà à la limite de la significativité. Cela pourrait signifier que la différenceobservée dans lesχ2 est en réalité caractéristique de quelques documents compre-nant un grand nombre des constructions, alors que la situation de chaque charte priseisolément est beaucoup plus floue.

Les conclusions sont donc différentes suivant qu’on envisage tous les documentscomme s’ils constituaient un seul texte ou qu’on préserve leur individualité. De ma-nière générale, il y a un écart très net entre les fréquences de marquage des trois typesde propositions, mais le contraste entre les subordonnées est certainement caractéris-tique d’un nombre limité de documents. Si l’on considère tous les documents commeparticipant à la construction du même texte, on perd complètement cette particularité.

11 Voir les dépouillements en annexe:6.1.1.1.c.proportions-phrase,6.1.1.1.c.proportions-proparget6.1.1.1.c.proportions-propimm.

12 Déjà employé ci-dessus (→5.3.3.1).13 Bien entendu, le test de Kruskal-Wallis ne doit pas être ajusté, puisqu’il porte sur l’ensemble

des échantillons.

240

Page 274: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPF.0 PPF.1

Fin de phrase.0 568 553 1121Fin de phrase.1 191 753 944

759 1306 2065

PPF.0 PPF.1

59.04 -34.31-70.11 40.75

θ 4.05

χ2= 202.91,ddl= 1, p= 4.85e−46 ★★★

TAB . 6.9 – Tri croisé fin de phrase× PPF

Attractions (seuil adapté 0.171%)

1267−08−281277−06−121278−04−061289−07−191280−05−041271−12−221271−12−091270−03−241265−07−041263−03−311271−05−221266−06−131270−05−101289−01−121289−03−05

1276−06−10b1265−05a1265−05b

1283−02−13a1272−03

14/17 (82%)12/14 (86%)8/10 (80%)9/10 (90%)9/10 (90%)9/10 (90%)9/10 (90%)10/11 (91%)10/11 (91%)11/12 (92%)12/13 (92%)13/14 (93%)10/10 (100%)17/18 (94%)11/11 (100%)11/11 (100%)11/11 (100%)18/19 (95%)22/23 (96%)38/38 (100%)

0.00305 1

FIG. 6.8 – Attractions entre PPF et la phrase par charte

6.1.1.2 Fréquence du marquage final

La même procédure s’applique sans encombre à la ponctuation finale. Appliquonsainsi les mêmesχ2 sur l’ensemble des individus retenus, en considérant la fin desstructures, ainsi que la présence ou non d’un ponctogramme à leur suite. Les effectifssont beaucoup plus faibles que ceux qui étaient mobilisés pour la ponctuation initiale.Un grand nombre d’individus ont en effet dû être retirés du fait qu’ils cumulaientplusieurs positions.14

a. Tendances par document.Vérifions tout d’abord globalement l’association entre laposition à la finale d’une phrase et le marquage (table 6.9). L’attraction est assurée,mais on voit qu’elle est moins forte que pour PPD.

Un seul document se démarque de l’ensemble par une ponctuation remarquable-ment régulière (figures 6.8 et 6.9). Notons qu’en raison du retranchement de nom-breuses structures pour éviter de considérer les propositions s’achevant au même en-droit, peu de chartes rassemblent suffisamment de données pour être testées. Reti-rer les phrases de ce document de l’échantillon ne change pas la tendance générale,comme en témoigne la table 6.10. De même, le lien entre PPF et les propositions defonction argumentale peut être testé à l’aide du tri de la table 6.11, qui laisse voir que

14 Les structures ignorées à cause de la récursivité sont énumérées dans l’annexedep-6.1.1.2.removed-PPF.

241

Page 275: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.171%)

1278−08−011260−05−09

1260−05−30b1247−06

1252−03−01a1270−11−261244−01−191268−03−101283−12−261278−10−17

9/12 (75%)9/12 (75%)10/13 (77%)15/20 (75%)7/10 (70%)10/14 (71%)9/18 (50%)8/17 (47%)4/11 (36%)0/10 (0%)

3.28e−09 1

FIG. 6.9 – Répulsions entre PPF et la phrase par charte

PPF.0 PPF.1

Fin de phrase.0 562 523 1085Fin de phrase.1 191 715 906

753 1238 1991

PPF.0 PPF.1

56.04 -34.09-67.12 40.82

θ 4.02

χ2= 196.77,ddl= 1, p= 1.06e−44 ★★★

TAB . 6.10 – Tri croisé fin de phrase× PPF, (sans le document 1272-03)

PPF.0 PPF.1

Fin de prop. arg..0 684 1182 1866Fin de prop. arg..1 75 124 199

759 1306 2065

PPF.0 PPF.1

-0.01 00.05 -0.03

θ 1.05

χ2= 0.04, ddl= 1, p= 0.834✩✩✩

TAB . 6.11 – Tri croisé fin de prop. argumentale× PPF

PPF.0 PPF.1

Fin de prop. imm..0 266 877 1143Fin de prop. imm..1 493 429 922

759 1306 2065

PPF.0 PPF.1

-56.54 32.8670.09 -40.73

θ 3.79

χ2= 198.91,ddl= 1, p= 3.61e−45 ★★★

TAB . 6.12 – Tri croisé fin de prop. immédiate× PPF

la tendance ne peut être déterminée avec certitude. Peu soumise aux extrêmes, cetteabsence de tendance ne peut être imputée à un seul document.15

Le même test effectué sur les propositions immédiates donne à voir une tendanceà la répulsion, nette cette fois, entre cette structure et le marquage final (table 6.12). Lepetit tableau décomposant les écarts par document ne nous apprend pas grand-chose,nous l’avons reporté en annexe.16

b. Dépouillements généraux.En croisant le type de structure à la présence de la ponc-tuation finale, on obtient les résultats de la table 6.13. Une opposition est apparente

15 Voir l’annexe 6.1.1.2.table-propargRBxPPF-all, où l’on voit que la construction ne comptegénéralement pas assez d’attestations par document pour que l’écart puisse être testé.

16 Voir 6.1.1.2.figure-propimmxPPF.

242

Page 276: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

phrase 191 753 944prop. arg. 75 124 199prop. imm. 493 429 922

759 1306 2065

0 1

−70.11 ★★★ 40.75★★★

0.05 ✩✩✩ −0.03✩✩✩

70.09★★★ −40.73★★★

χ2= 221.75,ddl= 2, p= 7.03e−49 ★★★

TAB . 6.13 – Tri croisé types de propositions× PPF

0 1

phrase 191 753 944autre proposition 568 553 1121

759 1306 2065

0 1

-70.11 40.7559.04 -34.31

θ 4.05

χ2= 202.91,ddl= 1, p= 4.85e−46 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

TAB . 6.14 – Tri croisé phrases et autre proposition× PPF

0 1

prop. arg. 75 124 199prop. imm. 493 429 922

568 553 1121

0 1

-6.62 6.81.43 -1.47

θ 1.9

χ2= 15.68,ddl= 1, p= 7.48e−05 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

TAB . 6.15 – Tri croisé propositions argumentales ou non× PPF

entre le marquage de la phrase et celui des autres propositions, dont les contributionssont assez proches, alors que la direction de l’écart est opposée. Les contributions dela deuxième ligne sont annulées par la présence de ces deux scores antagonistes.

La table réduite (6.14, qui groupe donc les lignes en fonction de l’orientation del’écart) oppose à nouveau les phrases aux subordonnées. Il n’y a pas vraiment desurprise, mais on voit que le rapport de chances est beaucoup plus petit qu’il ne l’étaitdans le rapport ci-dessus, entre le marquage des propositions et le marquage initial(tableau 6.4).

Pour compléter ce tableau, il faut examiner la manière dont les propositions ar-gumentales s’opposent aux propositions immédiates (table 6.15). La différence entreles deux types de subordonnées émerge de ce test, qui nous montre un écart toujourssignificatif entre les fréquences. L’ajustement de Šidàk n’invalide pas le résultat.

En conséquence, la gradation de la fréquence de ponctuation finale est donc simi-laire à celle de la ponctuation initiale, mais moins prononcée. Exprimées relativement,les tendances de marquage sont: les phrases s’opposent aux subordonnées et les deuxtypes de subordonnées sont distincts.c. Proportions par document.Considérons, comme nous l’avons fait pour la ponctua-tion initiale, les documents comme des individus définis par trois variables continues(pourcentage de phrases marquées à la finale, pourcentage de propositions argumen-tales et pourcentage de propositions immédiates).

243

Page 277: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 20 40 60 80 100

0.00

50.

015

Den

sité

phrasep. arg.p. imm.

0

20

40

60

80

100

p. imm. p. arg. phrase

147 67 144

FIG. 6.10 – Graphiques des fréquence de marquage final des proposi-tions

Lescourbes et boîtes à moustaches se rapportant à ces distributions sont visiblesdans la figure 6.10.17 Les renseignements que les graphiques fournissent à proposdes propositions argumentales sont particulièrement intéressants. La courbe comportedeux modes (sommets), localisés à 0 et un peu moins de 100%. La présence de deuxmodes signifie généralement que la distribution étudiée rassemble deux échantillonsissus de populations distinctes. En l’occurrence, certaines chartes ont tendance à mar-quer toutes les propositions argumentales, alors que d’autres n’en marquent aucune.La dispersion des fréquences est de ce fait très large, ce qui est particulièrement visiblequand on regarde la boîte centrale du graphique au bas de la figure 6.10.

Les tests de Kruskal-Wallis et les testsa posterioriajustés donnent des résultatsconcordant aux conclusions amenées par les graphiques (table 6.16). Il y a donc bienau moins une différence significative entre les trois distributions: celle qui oppose

17 Voir les dépouillements6.1.1.2.c.proportions-phrase,6.1.1.2.c.proportions-proparget6.1.1.2.c.proportions-propimmen annexe.

244

Page 278: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PRB seuil ajusté

Kruskal-Wallis 1.69e−14 ★★★

Wilcoxon: phrase et p. arg. 3.85e−02 ✩✩★ ✩✩✩

Wilcoxon: phrase et p. imm. 1.56e−17 ★★★ ★★★

Wilcoxon: p. arg. et p. imm. 2.77e−02 ✩✩★ ✩✩✩

TAB . 6.16 – Probabilités de différence de marquage final des proposi-tions

les phrases aux propositions personnelles immédiates. Les autres contrastes sont troppeu marqués pour être exploitables: même sans ajustement, ils sont beaucoup moinssignificatifs (phrasevs p. arg.est d’ailleurs à la limite du seuil de 5%).d. Deux populations.L’hétérogénéité de la distribution bimodale invite à relativiserles résulats ne permettant pas de rejeterH0: puisqu’il y a probablement deux popula-tions mêlées, la solution raisonnable consisterait à les considérer comme disjointes.

Divisons l’échantillon en quatre sous-échantillons, en fonction de la proportion demarquage des subordonnées argumentales: 0%, 100%, entre 0% et 100% (non inclu,cet intervalle se note ]0;100%[) et un dernier groupe comprenant les chartes dont au-cune proposition argumentale n’a pu être retenue (NA). En effet, nous n’avons pasla possibilité d’expliquer par une autre variable la différence entre les chartes desdeux populations. De ce fait, tous les pourcentages intermédiaires posent problème.De même, les chartes dont nous n’avons pas pu retirer la moindre proposition person-nelle argumentale font partie de l’échantillon total, mais n’entrent évidemment dansaucune catégorie; la donnée est considérée comme manquante.

En réalité, la situation est difficile à évaluer, parce que les effectifs des construc-tions différentes des phrases sont souvent limités à quelques unités, voire à une seulepar charte.18 On peut cependant garder la répartition en quatre groupes comme hypo-thèse de travail.

Si l’on construit donc les boîtes à moustaches correspondant d’une part au pour-centage de marquage des phrases dans les chartes de chacun des groupes, d’autre partau marquage des propositions immédiates, on obtient les graphiques de la 246 (lesdonnées manquantes sont séparées des autres par une ligne verticale).

Observons les graphiques avant d’effectuer le moindre test. De manière généraledans les deux ensembles, les médianes laissent apparaître une gradation: plus le pour-centage de marquage des propositions argumentales augmente, plus la médiane serapproche de 100%.

Le groupe NA présente toujours une dispersion qui couvre toutes les valeurs.Si l’on regarde les encoches, pour les phrases, le groupe NA n’est distinct que du

groupe 100%. En n’analysant que les documents des groupes associés à un pourcen-tage, on voit que seul le groupe 0% se distingue bien des deux autres. La situationest similaire pour les propositions immédiates, mais le groupe 0% semble distinct dugroupe intermédiaire.

Les calculs de probabilités (test de Kruskal-Wallis et tests de Wilcoxon non pai-rés ajustés) correspondent tout à fait au graphique 6.11 pour ce qui est de la phrase,comme on le voit dans la table 6.17. On constate en outre que les ajustements de Šidàkne modifient pas excessivement la significativité des tests.

18 Voir lesdépouillements complets en annexe:dep-6.1.1.2.proparg-PPF.

245

Page 279: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

020

4060

8010

0

Fréquence de marquage des p. arg.

Fré

quen

ce d

e m

arqu

age

des

phra

ses

NA 0% ]0,100%[ 100%81 20 17 30

020

4060

8010

0

Fréquence de marquage des p. arg.

Fré

quen

ce d

e m

arqu

age

des

p. im

m.

NA 0% ]0,100%[ 100%81 20 17 30

FIG. 6.11 – Graphiques des fréquences de marquage final de la phrase(haut) et de la p. imm. (bas) par rapport à p. arg.

246

Page 280: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PRB PRB ajustée

Kruskal-Wallis 0.00286 ✩★★

Wilcoxon: 0% et ]0,100%[ 0.01035✩✩★ ✩✩✩

Wilcoxon: 0% et 100% 0.00100✩★★ ✩★★

Wilcoxon: ]0,100%[ et 100% 0.60992✩✩✩ ✩✩✩

Wilcoxon: NA et 0% 0.57453✩✩✩ ✩✩✩

Wilcoxon: NA et 100% 0.00442✩★★ ✩✩★

Wilcoxon: NA et ]0,100%[ 0.05692✩✩✩ ✩✩✩

TAB . 6.17 – Probabilités de différence de fréquence de marquage finalde la phrase par rapport à p. arg.

PRB PRB ajustée

Kruskal-Wallis 6.88e−04 ★★★

Wilcoxon: 0% et ]0,100%[ 2.85e−02 ✩✩★ ✩✩✩

Wilcoxon: 0% et 100% 7.48e−05 ★★★ ★★★

Wilcoxon: ]0,100%[ et 100% 5.86e−02 ✩✩✩ ✩✩✩

Wilcoxon: NA et 0% 1.84e−02 ✩✩★ ✩✩✩

Wilcoxon: NA et 100% 6.58e−03 ✩★★ ✩✩★

Wilcoxon: NA et ]0,100%[ 9.55e−01 ✩✩✩ ✩✩✩

TAB . 6.18 – Fréquence de marquage final de la p. imm. par rapport à p.arg.: statistiques

Les mêmes tests appliqués aux fréquences de marquage des propositions immé-diates donnent la table 6.18. L’ajustement oblige à rejeter les distinctions entre NA et0% (cela est visible dans la figure p. 246 si l’on observe les encoches des boîtes), ainsiqu’entre 0% et ]0,100%[. Les chartes qui marquent toujours les p. arg. ont une nettetendance à marquer d’autant plus les phrases et les p. imm.

On retiendra que le contraste fondamental oppose nettement les groupes 0% et100%. Le fait que la subdivision en quatre classes mène à la constatation de cecontraste, parfaitement cohérent, est un sérieux argument en faveur de la distinctionréelle entre les chartes qui marquent et celles qui ne marquent pas les propositions ar-gumentales. Bien entendu, la non-significativité des contrastes (en particulier avec destests non paramétriques et des ajustements sévères19) ne signifie pas pour autant queces contrastes n’existent pas – il subsiste un risque de commettre l’erreurβ –, mais lefait qu’ils soient nettement moins importants permet tout de même de leur reconnaîtreune position intermédiaire. Ainsi, le groupe des NA et celui des ]0,100%[ se trouventà mi-chemin entre les deux autres, ce qui confirme l’intuition selon laquelle il fallaitdistinguer deux populations.

En généralisant ces dernières conclusions, il semblerait donc qu’il existe une co-hérence interne à chaque charte, qui fait que les tendances de ponctuation sont, pourles propositions au moins, orientées dans le même sens.

6.1.1.3 Synthèse de l’analyse sur la ponctuation de la phrase

Que retenir de cet examen? Les différents tests ont mené à la conclusion que lesphrases étaient toujours beaucoup plus marquées que les subordonnées.

19 Voir note45.

247

Page 281: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

a. Cohérence à travers le corpus.Trois tendancesont pu être décelées, en fonctionde la structure impliquée. Les phrases sont les unités les plus stables et l’attractionqu’elles manifestent vis-à-vis du marquage semble répandue dans presque tout le cor-pus. L’inverse est vrai de la part des propositions immédiates, qui rejette au contrairefortement la présence de ponctuation, en particulier à l’initiale.

Par ailleurs, les derniers tests effectués sur les proportions de marquage final pardocument ont montré que non seulement les propositions de fonction argumentale nesont pas nécessairement toujours moins marquées que les phrases, mais surtout queleur marquage se fait de manière différente suivant le document dans lequel on lesrencontre. La présence de ponctuation est d’autre part visiblement liée au reste destendances concernant les autres propositions, puisque la proportion de phrases et desubordonnées de fonction immédiate marquées augmente avec celle des subordonnéesargumentales. Cela a d’importantes conséquences sur la manière dont nous devrions,à l’avenir, considérer l’élaboration du corpus: pour classer les documents et tenterd’expliquer cette variation, il serait nécessaire d’avoir à notre disposition un ensemblede variables supplémentaires, définissant les documents de manière plus externe. Ilest possible qu’on puisse décrire les chartes émanées de certaines autorités ou da-tant d’une certaine époque comme étant plus ou moins marquées que la moyenne.Malheureusement, cette démarche n’est pas possible à l’heure actuelle, où le corpusexploitable est encore bien maigre.b. La phrase comme «unité de lecture».Quoi qu’il arrive, la phrase est toujours nette-ment distinguée des autres propositions par le fait qu’elle attire plus systématiquementun ponctogramme à chacune de ses bornes. Cette observation est extrêmement impor-tante: elle montre que l’unitéphrase, telle que nous l’avons définie empiriquement ettelle que l’ont conçue intuitivement les philologues jusqu’à présent, constituait réel-lement une unité de lecture pour les scribes. Ces derniers ressentaient le besoin d’enmarquer le début et la fin plus souvent qu’ils ne marquaient les limites des propositionsn’ayant pas le statut d’énoncé.

Au delà de la significativité de la différence, l’intensité montre à quel point elleétait présente: nous avons remarqué que les rapports de chances, notamment ceuximpliqués dans l’étude de PPD (→6.1.1.1), étaient énormes. La distinction entre lesdifférents types de subordonnées est plus floue.

L’étude répond donc à une question fondamentale à laquelle les premiers travauxsur la ponctuation médiévale avaient mené:

«[Selon Hélène Naïs 1979, dans le ms. B de laConqueste de Constantinople, l]a ponctuationn’a pas de caractère grammatical, elle vise plutôt à mettre en valeur les qualités esthétiquesdes pages et à souligner les éléments intéressants du texte (les sous-titres étant absents), desorte qu’il est difficile de repérer les éléments initiaux de la phrase –ce qui pose la questionde savoir à quelle réalité correspond la notion de phrase en ancien français.» (Gruaz 1980,9, nous soulignons).

Comment les scribes médiévaux concevaient-ils la phrase d’un point de vue morpho-syntaxique? Au regard de ce que la ponctuation des chartes peut nous apprendre, il ya tout lieu de croire que leurs conceptions ne différaient pas grandement des nôtres.c. Proportions expliquées.Il est dès lors utile d’examiner les tendances sous un autreangle, en observant non plus les mots, mais les positions entre les mots. Ces posi-tions sont alors considérées comme des individus et permettent de ne plus distinguer

248

Page 282: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

P.0 P.1

Phrase.0 57615 4572 62187Phrase.1 420 1462 1882

58035 6034 64069

P.0 P.1

29.3 -281.83-968.23 9312.43

θ 43.9

χ2= 10583.54,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 6.19 – Proportions de marquage expliqué par la ponctuation de laphrase

FAB FRE

0 57615 99.281 420 0.72

58035 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000 50000

TAB . 6.20 – Tri à plat de la position (limite de phrase ou non) pour lespositions non ponctuées

FAB FRE

0 4572 75.771 1462 24.23

6034 100

1

0

0 1000 2000 3000 4000

TAB . 6.21 – Tri à plat de la position (limite de phrase ou non) pour lespositions ponctuées

la ponctuation initiale de la ponctuation finale. Chaque individu est défini par deuxvariables aux modalités dichotomiques: la première variable spécifie si la position estremplie par un ponctogramme ou non; la valeur de la deuxième variable répond à laquestion: «Cette position correspond-elle à la limite d’une phrase?». En répondant àces questions pour toutes les positions entre les mots, on construit la table de contin-gence 6.19. Il est à peine nécessaire de commenter le rapport de chances. La valeurde ce dernier est si élevée qu’elle autorise à extrapoler: non seulement le lecteur habi-tué à parcourir des chartes sait que les phrases sont plus fréquemment marquées queles autres propositions, mais, en plus, il s’attend à ce que la plupart, sinon toutes lesphrases qu’il rencontrera soient délimitées clairement par l’emploi de la ponctuation.

Observons à présent séparément les deux colonnes du tableau de contingence autravers des tris à plats correspondants. La première colonne (table 6.21), qui reprendles positions non marquées, montre que la proportion de phrases est effectivementinfime. La deuxième colonne (table 6.20) indique que la description de la ponctuationmédiévale ne pourrait se limiter à la définition de la seule tendance selon laquelle laphrase attire le marquage. Les limites des phrases «expliquent» un peu moins du quartdes ponctogrammes.d. Relation avec d’autres tendances.D’autre part, il y a lieu de remarquer que le rejetqui caractérise l’association entre MF.Rl et PPD.1 trouve ici une illustration concrète:les subordonnées commencent en effet presque toujours par un relateur – à l’exceptiondes cas de parataxe et des incidentes, que nous traiterons plus loin (→6.1.4.1). Lesrelateurs seront étudiés de manière détaillée ci-dessous (→6.3).

249

Page 283: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 7547 97.541 190 2.46

7737 100

1

0

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000

TAB . 6.22 – Tri à plat de PPD pour les prédicats non initiaux

6.1.2 Prédicat

Les tris croisés généraux nous ont appris que les prédicats rejetaient massive-ment le marquage, à moins qu’ils ne se trouvent en position initiale ou finale(→5.3.3.3 b). Nous allons étudier la ponctuation initiale (→6.1.2.1) et la ponctua-tion finale (→6.1.2.2) des prédicats qui ne se trouvent pas aux bornes des structuresdans lesquelles ils sont intégrés. Nous verrons ensuite le cas particulier du lien entrePPD.1 et les prédicats qui sont les premiers consituants de subordonnées de mode nonpersonnel (1,0,P0,0,0 avec MI.¬pers,→6.1.2.3).

6.1.2.1 P0 et PPD de manière générale

Si nous sélectionnons tous les prédicats qui ne figurent pas en position initiale duconstituant qui les contient et que nous faisons le tri à plat de la variable PPD pour cesindividus, nous obtenons la table 6.22, qui manifeste clairement la conséquence de larépulsion du marquage initial: la proportion de constituants marqués est minime.a. Tendances par document.Employons à nouveau le même procédé que ci-dessus(→6.1.1.1 a) pour vérifier si la tendance à la répulsion, que nous avons observée enconsidérant que tous les documents étaient identiques, n’est pas caractéristique d’uneou plusieurs chartes particulières.Dans un premier temps, seul le graphique des répulsions nous retiendra: c’est en effetune tendance àne pasmarquer le prédicat que nous avons pu souligner ci-dessus. Sicelle-ci est caractéristique d’un petit ensemble de chartes, il se pourrait bien que latendance générale observée soit en réalité limitée à ce nombre restreint. Or, il n’en estrien: aucun document ne repousse significativement les ponctogrammes devant P0,comme l’indique la figure 6.13. Il faut noter que ce procédé vise à révéler l’absencede lien significatif, c’est-à-direH0. Or, comme on l’a vu plus haut en exposant lesconcepts de base de la description et de l’inférence statistiques, il n’est pas légitimed’essayer de prouver l’hypothèse nulle (→4.1.3.1). Il importe donc de bien se rendrecompte que ces tests, dans la mesure où ils ne mettent pas en évidence d’associationsentre les documents et le (non-)marquage, ne prouvent pas l’absence d’attraction oude répulsion, mais se contentent de dire que les écarts observés ne suffisent pas à sepersuader de leur présence. Dans un cas comme celui-là, on peut adopter la positionpragmatique suivante: jusqu’à preuve du contraire, étant donné que rien ne prouvequ’il y ait une association, nous estimerons qu’elle n’existe pas.b. Examen du contexte immédiat: tri général.À présent que nous avons admis que latendance à rejeter PPD.1 est commune à l’ensemble des chartes, interrogeons-nous surl’environnement de P0. Si le rejet est en effet une tendance bien nette, il n’en est paspour autant une tendance absolue. Il souffre donc des exceptions. Peut-on remarquerque ces exceptions sont liées à un type de constituant particulier précédant le prédicat?

250

Page 284: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.0351%)

1267−10−291270−06−06a1289−03−05

1263−05−27b1247−061264−04

1268−03−251260−02−21b

1286−031287−06−241260−10−02

1274−05−31b1267−08−28

1275−01−10a1273−12

1271−04−201274−06−301271−09−17

1287−101286−03−231243−08−15

1275−01−10b1274−09−06

1271−12−03b1265−05a

1282−02−01a1271−12−03a1249−06−251286−05−151281−06−061283−05−021274−02−24

1288−02a1277−03−231281−03−031271−05−221270−04−071259−01−161277−05−19

1263−05−27a1290−08−241289−01−121277−07−011263−03−311282−03−031289−04−19

1271−07−07a1236−07

1289−07−191275−08

1265−11−131263−11

1288−02b1260−02−031287−09−081268−03−01

1241−091270−05−101237−09−16

1281−031280−08−14

1272−031283−02−13b

1237−12

1/21 (4.8%)2/60 (3.3%)2/64 (3.1%)2/64 (3.1%)3/92 (3.3%)2/52 (3.8%)1/27 (3.7%)1/27 (3.7%)2/51 (3.9%)1/28 (3.6%)1/28 (3.6%)2/75 (2.7%)4/123 (3.3%)2/48 (4.2%)2/48 (4.2%)2/79 (2.5%)1/32 (3.1%)1/33 (3.0%)1/34 (2.9%)1/34 (2.9%)1/12 (8.3%)1/35 (2.9%)1/35 (2.9%)1/35 (2.9%)2/44 (4.5%)1/36 (2.8%)1/36 (2.8%)1/36 (2.8%)1/37 (2.7%)1/37 (2.7%)1/38 (2.6%)1/38 (2.6%)2/42 (4.8%)2/42 (4.8%)1/39 (2.6%)3/75 (4.0%)1/40 (2.5%)1/40 (2.5%)2/41 (4.9%)3/74 (4.1%)3/68 (4.4%)7/203 (3.4%)2/35 (5.7%)3/66 (4.5%)2/34 (5.9%)3/61 (4.9%)2/28 (7.1%)2/28 (7.1%)3/55 (5.5%)4/82 (4.9%)4/78 (5.1%)5/104 (4.8%)3/44 (6.8%)2/20 (10.0%)3/41 (7.3%)4/65 (6.2%)3/36 (8.3%)5/76 (6.6%)3/23 (13.0%)4/37 (10.8%)4/35 (11.4%)12/205 (5.9%)4/33 (12.1%)6/47 (12.8%)

3.99e−05 1

FIG. 6.12 – Attractions entre PPD et le prédicat par document

251

Page 285: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.0351%)

1260−06−091255−05−211285−07−211279−03−10

1268−08−02c1263−07−201244−01−191277−05−041283−02−21

1271−12−03c1284−10−041275−05−271264−11−29

1252−03−01b1278−04−04a1272−07−081268−05−311263−07−191270−03−241277−06−121269−02−231253−03−011237−10−121278−10−171271−12−091271−07−25

1271−07−07b1267−10−22

1260−05−30a1266−06−131271−03−181263−07−151260−05−14

1276−06−10a1284−05−11

1270−06−06b1276−07−221280−08−091267−03−23

1265−05b1272−06−221271−12−221289−04−051285−07−041280−05−051276−09−161236−12−151267−07−06

1268−08−02b1276−02−241270−11−261265−07−04

1260−05−30b1263−05−27c1285−02−241284−02−121278−12−031289−08−011284−06−091270−09−291268−03−10

1268−08−02a1263−05

1282−12−221270−04−161243−07−091283−12−26

1236−051242−05−021278−04−061265−04−151264−09−071273−05−12

1260−02−21a1280−07−201260−05−091280−05−04

1252−03−01a1276−06−10b1274−05−31a1278−08−01

1283−02−13a

0/20 (0.00%)0/20 (0.00%)0/22 (0.00%)0/22 (0.00%)0/22 (0.00%)0/22 (0.00%)2/107 (1.87%)1/57 (1.75%)0/23 (0.00%)0/23 (0.00%)0/18 (0.00%)0/18 (0.00%)0/24 (0.00%)0/17 (0.00%)1/55 (1.82%)0/25 (0.00%)0/25 (0.00%)0/25 (0.00%)1/69 (1.45%)2/112 (1.79%)0/16 (0.00%)0/26 (0.00%)0/26 (0.00%)1/53 (1.89%)2/90 (2.22%)1/52 (1.92%)0/27 (0.00%)0/27 (0.00%)0/27 (0.00%)1/73 (1.37%)1/51 (1.96%)1/51 (1.96%)1/51 (1.96%)0/28 (0.00%)1/50 (2.00%)0/29 (0.00%)1/76 (1.32%)1/49 (2.04%)0/30 (0.00%)3/165 (1.82%)1/48 (2.08%)1/78 (1.28%)0/32 (0.00%)0/32 (0.00%)0/32 (0.00%)0/33 (0.00%)0/34 (0.00%)1/45 (2.22%)1/44 (2.27%)1/43 (2.33%)1/87 (1.15%)0/39 (0.00%)0/39 (0.00%)0/40 (0.00%)1/41 (2.44%)1/41 (2.44%)1/41 (2.44%)0/41 (0.00%)0/41 (0.00%)0/42 (0.00%)1/95 (1.05%)0/44 (0.00%)0/45 (0.00%)0/48 (0.00%)0/48 (0.00%)0/50 (0.00%)0/51 (0.00%)0/54 (0.00%)0/60 (0.00%)1/116 (0.86%)0/62 (0.00%)0/63 (0.00%)0/68 (0.00%)0/68 (0.00%)1/126 (0.79%)0/70 (0.00%)0/71 (0.00%)0/73 (0.00%)0/76 (0.00%)0/77 (0.00%)0/135 (0.00%)2/292 (0.68%)

0.0718 1

FIG. 6.13 – Répulsions entre PPD et le prédicat par document

252

Page 286: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.205%)

0,0,A4,0,01,0,A4,¬pers,1

0,0,R2,0,00,0,R3,0,11,0,A4,0,01,0,C5,0,10,0,S1,0,00,0,C5,0,1

2/75 (2.7%)2/34 (5.9%)16/486 (3.3%)2/13 (15.4%)4/23 (17.4%)5/32 (15.6%)69/1575 (4.4%)38/235 (16.2%)

2.24e−42 1

FIG. 6.14 – Attractions entre PPD et le prédicat par construction précé-dente

Répulsions (seuil adapté 0.205%)

1,0,R2,0,01,0,A4,0,1

0,0,A4,¬pers,10,0,R2,¬pers,0

0,0,C5,0,00,0,Rl,0,01,0,P0,0,01,0,R3,0,00,0,A4,0,10,0,C6,0,01,0,C6,0,00,0,R3,0,00,0,Co,0,01,0,Rl,0,01,0,S1,0,00,0,P0,0,01,0,C5,0,0

2/105 (1.90%)0/23 (0.00%)0/18 (0.00%)0/17 (0.00%)17/767 (2.22%)0/35 (0.00%)0/11 (0.00%)0/10 (0.00%)0/110 (0.00%)0/124 (0.00%)0/138 (0.00%)0/176 (0.00%)0/351 (0.00%)0/374 (0.00%)4/640 (0.62%)6/778 (0.77%)4/1240 (0.32%)

2.02e−07 1

FIG. 6.15 – Répulsions entre PPD et le prédicat par construction précé-dente

En croisant les deux variables (PPD et MMP) pour le premier échantillon,20 nouspouvons décomposer le tableau de contingence (figures 6.14 et 6.15).c. Examen du contexte immédiat: attractions.En observant les attractions, nous es-sayons de repérer quels environnements permettent à la ponctuation d’apparaître mal-gré la répulsion manifeste entre PPD.1 et la fonction P0. Ce sont essentiellement lescirconstants relatés de nature non propositionnelle qui se démarquent. On peut citer,en guise d’exemples:21

«·/ et a la requeſte monſeıgnor ·jehan[19] deuant dıt/ auonſnoſmíſ noſtre seel auuec leſíenseel a ceſpreſenteſlettreſ» (Document 1264–04, 18).

«/ et tel hyretage por ces · ıııj· muíset tel censke dıt eſt /reportatjohans deuant dıs en[14]

maíns demaıoírs deuant díſ» (Document 1271–12–09, 13).

«¶ je wel ke deſpluſ aparıllıeſ meules comtrouera entourſmı · ſoıent paıeſles˘couſtengeſdemeſepulture» (Document 1272–03, 2).

Dans ces cas, les constituants formant le contexte direct du prédicat font partie deceux pour lesquels nous avions repéré une tendance au marquage final dans le cha-pitre précédent (→5.3.3.3). Nous y reviendrons quand nous traiterons les circonstants(→6.1.4).

20 Voir la table de contingence en annexe,6.1.2.1.table-P0-MMPxPPD.21 Le P0 est souligné. Voir le relevé completdep-6.1.2.1.P0-PPD. On y voit que ces constituants

C5, s’ils ne sont pas initiaux, se rencontrent immédiatement après un C6.

253

Page 287: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Les autres types de constituants précédant P0 sont moins faciles à commenter.Ainsi, les formes de 0,0,S1,0,0 sont assez hétéroclites et inattendues,22 étant donnéque ce type de constituant est censé rejeter massivement le marquage final. Malgréles difficultés qu’on éprouve à y repérer quelque régularité, on trouve néanmoins laformule_qui le vesture/l’afaitement/. . . fist_attestée quinze fois – mais on ne peut faireautre chose que simplement relever le phénomène:

«· la quele conıſſanchejohanscondıſt delle roſecıtaíns[13] de lıege kı lafaıtıſon en fıſt·’míſt

ens ellewarde des homes delle chıſe díeu kí[14] la furent preſens» (Document 1281–06–06,12).

Par ailleurs, le S1 contient une subordonnée qui s’achève en sa fin dans de nombreuxcas; par exemple:

«· conute[2] choſeſoıt a˘˘chaſcun et a˘˘tos / que damoıſelle sýbılle fılhe monſaıngnor leonecheualır de˘nyuelle kı ıa fut /vínt par deuant[3] noſ et pardeuant leſhommeſde˘le chıeſe deu/ entreſaınte maríe etſaınt lambert» (Document 1260–05–14, 1).

«· et ſı eſt aſauoır keſe lı doı preudome deuant dıt /v cıl kı [13] pour lun v pour eausdeusſeroıent prısv enuoıe au ıour de le taxatıon faıre par lokıſon deuant dıte /preſıſcent[14] vntıerchpour ce kıl neſe porroıent acorder / lı dıset le taxatıons desdeus de cestroıs ſeroıttenus» (Document 1263–05–27b, 12).

Le seul moyen de traiter efficacement ces attestations serait de prendre en considéra-tion tous les niveaux d’intégration syntaxique pour vérifier si ce détail vaut la peined’être pris en compte. Comme nous l’avons déjà dit, la démarche n’est pas envisa-geable (→4.2.3).

Les A4 simples initiaux sont peu nombreux, ce qui nous donne la possibilité deles énumérer:

« · [. . .] foemenſde touteſleſ choſeſdeſeure eſcrıteſ ·’fach ıou monſıgneurıehan de hodege

[. . .] et monſıgneurernol de begıenler [. . .]» (Document 1272–03, 43).

«· la ou cıs íugement fut faıset rendus par˘deuant[22] nos ·furent noſtre uoír íureít ·et íugeor[. . .]» (Document 1265–11–13, 21).

«[22] · la ov cıſte reconıſſanche fut faíteet cís recors ·fut [. . .] radeles dıle» (Document1275–01–10, 22).

«· la ov totes ces choſes deſoíreſcrıtes furent faıtes /furent homes de le cıſe deu» (Document1274–05–31a,23).

Il est remarquable que ces constituants soient du type_la ou ces choses furent faites_

dans trois cas sur quatre. Or, pour avoir acquis l’habitude de parcourir des chartes del’époque, nous savons que la structure en question – tout comme la formule relevéepour S1 – fait partie du style formulaire des documents. Il est évidemment impossiblede dépasser la simple constatation, mais nous verrons que ce type de correspondanceéventuelle entre une formule et la ponctuation n’est pas limité aux alentours de P0 (parexemple,→6.1.3.9).

22 Voir le dépouillement completdep-6.1.2.1.P0-MMP00S100-PPD.

254

Page 288: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Les autres attractions dans le contexte immédiat MMP.0,0,R3,0,1 n’atteignent pasle seuil corrigé et ne nous apprennent pas grand-chose:

«· nos faıſonsſauoír a˘˘tous ke nos a dammeagnes hubıne de hoy / auons en donírs conteísrechıes /quarante˘set · mars [4] de˘lıegoıs» (Document 1288–02b, 3).

«[. . .] par la cıteıt[6] ſı que lı banſ dure · a toteſlaıeſ perſones ·prendra om vn eſcot parproudomeſ por ceſte dette paıer et[7] anıtır» (Document 1260–02–03, 5).

d. Examen du contexte immédiat: répulsions.Quant au rejet du marquage, il s’agitde la tendance la plus régulière, mais un certain nombre de constituants lui sont par-ticulièrement liés. Seuls les C5 non relatés initiaux s’opposent significativement aumarquage. Cela ne concerne en fait que les propositions non personnelles en syntaxeimmédiate, du type_devant dit_.

«· et [20] ceſchoſeſdeuant dıteſ ſuntfaıteſ · lan del jncarnatıon jheſu crıſt ·m · cc · et ˘tren /[21]teſettíme · elmoıs dedecembre» (Document 1237–12, 19).

«etauuec[5] ceſchoſeſdeuant díteſdeuonſnoſ reprende deleveske deuant dítsıſıanteet dısmarchıeſde terre ke noſ[6] deuonſaſeneír a leueſke deuant dít · entredynantet franchíermont· et entrewarommeet la roche» (Document 1242–05–02, 4).

Remarquons que tous les cas où il y a tout de même un ponctogramme sont en boutde ligne:

«· [16] [. . .] noſ ıakemínſmaıreſet lı eſceuín deſor /[17] eſcrít auonſpenduſnoſ saıaſa ceſpreſenſlettreſ[. . .]» (Document 1272–06–22, 16).

«/ le [29] queıl recoret le queıl temongnage · wılheames deſaın loren deſeurdıs / míſt ens eno[30]ſtre warde sı ke maíres» (Document 1290–08–24, 28).

«et par[13] · ce ke les changeſet leſconuenanceſkı cı ſunt devıſeeſ ſoıent pluſfermeſet [14]

mıelz conuteſauonſnoſ faıt ſaeleır ceſte lettre delſael les poures de ˘˘

ſor ·· [15] nommeız»(Document 1260–10–02,12).

«· et fut deuıſeít la así ke mesſıres corbeaset lj atre deſoırdít poíoent raquere celcensdeſoırdít dedens doıs ans prochaínement ·[16] venant · apres la date de ces lettres preſens ·[. . .]» (Document 1275–08, 15).

«· et país comandames dant henon deſoír /[22] dít a oes de la maıſon dela ual ſaínt lambertdeſoírnomeıe es · vínte boníer daluen deſoírnomezſı ke [23] droíset loís porte» (Document1274–05–31a, 21).

Les autres tendances ne dépassent pas le seuil corrigé, mais demeurent révélatrices.Comme on s’y attendait, le fait qu’un P0 en précède un autre ne favorise pas le mar-quage.23 Ce type de séquence correspond à la construction qui fait se suivre un auxi-liaire et un participe:24

«· [13] et porce queceſoít fermement tenut·/ lı veſkeſ· et lı cuenſ· j ontpendutlorſ · sayauſ»(Document 1236–12–15, 12).

23 Voir le dépouillement exhaustifdep-6.1.2.1.P0-MMP00P000-PPDen annexe.24 Voir cependant le paragrapheProblèmesde la sectionAnalyses syntaxiquesdans les annexes.

255

Page 289: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 5451 96.981 170 3.02

5621 100

1

0

0 1000 2000 3000 4000 5000

TAB . 6.23 – Tri à plat de PPF pour les prédicats non finaux

«et por co que ceſoıt ferme [7] coze je aı pendu monſáal a ceſ lettreſ» (Document1237–10–12, 6).

Les rares cas marqués sont tous des coordinations:

«· et moı prıa mesſıres et mes freresſı [29] com ılh auoet en couent a freres de la vausſaínt lambert ke ıe totes ces choſes kı deſoureſunt dıtes[30] greaſſe /loaſſe /et conſentıſſe»(Document 1267–08–28, 28).

«·et ceſt hyretage ne puet ılh neſeı hoır / vendre /deſchangıer / ne oblıgıer[10] netrecenſerſens laſſens de˘la maıſon» (Document 1271–05–22, 9).

Les autres rejets pertinents avant correction du seuil sont cohérents avec ce que nousavions relevé: les S1 non propositionnels initiaux, ainsi que les relateurs (→6.3), im-posent un rejet important du signe devant eux.

6.1.2.2 P0 et PPF de manière générale

Après avoir observé les relations entre P0 et PPD, voyons ce qu’il en est de la ponctua-tion finale. Changeons donc d’échantillon pour sélectionner les individus de fonctionP0 qui ne se trouvent pas à la finale pour cette nouvelle sélection. Le tri à plat de lavariable PPF (tri à plat pour PPF: voir table 6.23).a. Tendances par document.Le graphique des répulsions25 de la modalité PPF.1 parrapport à la référence du document où se trouve l’occurrence ne nous montre aucunetendance significative à repousser PPF.1. Ces ensembles de tests confirment que, jus-qu’à preuve du contraire, aucune charte ne se distingue particulièrement des autres ence qui concerne les répulsions.

Il y a du reste un petit nombre de documents qui attirent le marquage plutôt qu’ilsne le rejettent (figure 6.16). Nous n’avons malheureusement pas pu tirer de conclu-sions à leur sujet.b. Examen du contexte immédiat.Suivant la même progression que pour PPD, nouscroisons la présence d’un ponctogramme à la finale avec le type de constituant suivantdirectement le prédicat. La manière dont les répulsions et les attractions sont diffé-renciées se dessine dans les graphiques 6.17 et 6.18. Il ne nous paraît pas nécessaired’illustrer les attractions: on voit que les types de constituants attirant significative-ment le plus d’apparitions de la ponctuation sont les coordonnants et deux types decirconstants, sur lesquels nous reviendrons.26 Cela est clairement en accord avec lestendances générales.

Les cas de répulsion les plus importants qui se démarquent statistiquement

25 Voir annexes.26 Voir, respectivement,→6.1.5 et→6.1.4.

256

Page 290: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.0351%)

1287−06−241283−02−21

1271−12−03c1260−02−21b1252−03−01b

1247−061277−07−011268−03−251264−11−291289−03−051271−05−221267−10−291274−09−061285−02−24

1286−031265−05b

1276−02−241288−02a1288−02b

1287−09−081277−06−12

1275−01−10a1283−02−13b1265−11−131289−04−05

1271−12−03a1263−03−311249−06−251267−08−281273−05−121277−03−231237−10−121290−08−241268−03−01

1263−111264−09−071267−07−061237−09−161283−05−021289−07−191260−02−031280−08−14

1237−121275−08

1272−06−221236−12−15

1287−101241−09

1271−07−07a1289−01−12

1270−06−06a

1/17 (5.9%)1/17 (5.9%)1/17 (5.9%)1/16 (6.2%)1/16 (6.2%)3/81 (3.7%)1/19 (5.3%)1/19 (5.3%)1/19 (5.3%)2/54 (3.7%)2/55 (3.6%)1/13 (7.7%)1/23 (4.3%)1/25 (4.0%)2/39 (5.1%)5/127 (3.9%)1/27 (3.7%)1/29 (3.4%)1/30 (3.3%)1/30 (3.3%)3/62 (4.8%)1/32 (3.1%)2/31 (6.5%)3/56 (5.4%)2/30 (6.7%)2/28 (7.1%)3/53 (5.7%)2/27 (7.4%)5/103 (4.9%)3/50 (6.0%)2/23 (8.7%)2/23 (8.7%)3/43 (7.0%)3/43 (7.0%)4/66 (6.1%)3/42 (7.1%)3/41 (7.3%)2/20 (10.0%)2/19 (10.5%)3/37 (8.1%)2/17 (11.8%)3/27 (11.1%)4/44 (9.1%)5/54 (9.3%)4/35 (11.4%)4/32 (12.5%)4/28 (14.3%)5/31 (16.1%)6/26 (23.1%)18/158 (11.4%)10/44 (22.7%)

5.21e−13 1

FIG. 6.16 – Marquage final du prédicat par document (attractions)

Attractions (seuil adapté 0.205%)

0,1,R3,0,10,0,R2,pers,1

0,0,S1,0,00,0,R2,0,0

0,1,R2,pers,10,1,C5,0,10,1,S1,0,00,1,C5,0,00,0,Co,0,0

2/54 (3.7%)1/13 (7.7%)14/422 (3.3%)18/506 (3.6%)6/119 (5.0%)13/290 (4.5%)6/86 (7.0%)9/141 (6.4%)47/379 (12.4%)

2.65e−27 1

FIG. 6.17 – Attractions entre le prédicat et PPF par construction suivante

257

Page 291: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.205%)

0,0,C5,0,10,1,A4,¬pers,1

0,1,A4,pers,10,1,R2,0,00,0,A4,0,00,0,R3,0,0

0,0,A4,¬pers,10,1,A4,0,0

0,0,R2,¬pers,00,0,R3,0,10,0,C5,0,00,0,A4,0,1

0,1,R2,¬pers,00,1,P0,0,00,0,P0,0,00,1,A4,0,1

10/345 (2.90%)0/19 (0.00%)0/11 (0.00%)13/485 (2.68%)0/37 (0.00%)0/38 (0.00%)0/60 (0.00%)0/67 (0.00%)0/72 (0.00%)2/169 (1.18%)7/396 (1.77%)4/349 (1.15%)0/155 (0.00%)0/161 (0.00%)6/628 (0.96%)0/327 (0.00%)

0.00167 1

FIG. 6.18 – Répulsions entre le prédicat et PPF par construction suivante

concernentd’une part les P0 à la suite d’un 0,1,A4,0,1. Tous les P0 marqués devantun autre P0 sont des coordinations:

« [1] noſ [. . .] faıſonſa ſauoír [. . .] ke noſ[. . .] auonſ· doneíe · ordeneíe ·et deuíſeíe · a noſtrevolente ceſte forme de paíſ· kı en ceſletreſ [4] eſt eſcríte» (Document 1241–09, 1, deuxformes).

«·et sılh auıent en acun tens kı uenrat ke cellehalle deuant˘dıte le que[16]le ılh ont fatte a leurpropres coſt et aleur propres deſpens /chaet / ardet / v empíret en˘partıe u˘en˘tot / nos [. . .] porlemoıtıet des coſt et des deſpens [. . .]ſummes oblıgıet et aſtraínt» (Document 1263–11, 15).

«·et ıe por deuet por la prıere mon saıngnor mon frere ce ke fut faıt des[31] vnzeboníers pardeuant luíet par mes homes /greıe /lou / et conferme» (Document 1267–08–28, 30).

«· et moı prıa mesſıres et mes freresſı [29] com ılh auoet en couent a freres de la vausſaínt lambert ke ıe totes ces choſes kı deſoureſunt dıtes[30] greaſſe /loaſſe / et conſentıſſe»(Document 1267–08–28, 28).

«·et ceſt hyretage ne puet ılh neſeı hoır /vendre / deſchangıer /ne oblıgıer[10] ne trecenſerſens laſſens de˘la maıſon» (Document 1271–05–22, 9).

De plus, de nombreux contextes n’attirent jamais le ponctogramme. Ils ont donc unefréquence de marquage de 0%. Néanmoins, cette répulsion ne peut être jugée signi-ficative en raison du faible effectif évalué. Gardons à l’esprit que quelle que soit leurposition dans les graphiques, ces différents constituants suivant P0 repoussent globa-lement la ponctuation de manière significative, puisqu’ils se trouvent à la suite d’unprédicat. Ce sont les tendances les plus extrêmes que nous venons de décrire.

6.1.2.3 1,0,P0,0,0 et PPD dans MI.¬pers

Présentons à présent brièvement le cas particulier des individus vérifiant à la foisMM.1,0,P0,0,0 et MI.¬pers, qui se démarquent des autres prédicats par leur attrac-tion vis-à-vis de la ponctuation initiale.

En sélectionnant l’échantillon comprenant les prédicats initiaux dans les proposi-tions infinitives ou participiales (table 6.24), on voit qu’ il y a très peu d’attestationsde ce lien. Si bien que notre examen doit se limiter à un simple relevé:

258

Page 292: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 37 92.51 3 7.5

40 100

1

0

0 5 10 15 20 25 30 35

TAB . 6.24 – Tri à plat de PPD pour les 1,0,P0,0,0 dans ¬pers

«[1] · noſ [. . .] faıſons connıſſanta touſ cıas kı verront ceſpreſens lettres · kefreſſens [. . .]acquıſt bıenet loıalment [. . .] víntequatreſols [. . .] ſor leur maıſon kılh ont adınant[6] et ſorle cortılh deríerle maıſon · kı˘ſıet enleruwe docouíertpuíſh ·joındant le maıſonjehan [. . .]»(Document 1255–05–21,1).

«· meſ ſıreſgerars de hermeeıſdeman/ [6]doít ſor leſmaſuıerſlabeſſe deuant dıtteet le couent· maınent a hermeeıs [. . .] forcheet reſteal ·et corrueıe» (Document 1263–03–31, 3).

«· et se˘˘príeet requíer auſí a˘˘manbor de˘˘la˘˘moíne deſeur dítte quıl donent[19] et ſoíent tenuſde doner a˘˘freres precheurs de˘˘lıege de ˘˘ſeur nomeít lettres de˘˘recogníſance · de · vıj· marsde˘˘cens deſeur dít /ſaelees de˘˘ſaeal de˘˘la˘˘moíne de˘˘poures de˘˘la˘˘cíteıt de˘˘lıege» (Document1283–02–13b, 18).

Les trois attestations sont tirées de documents différents et ne nous voyons pas quelpoint commun permettrait de les regrouper.

6.1.2.4 Synthèse

Tirons les premières conclusions de ces examens détaillés. Bien que le travail se soitjusqu’ici focalisé sur le marquage du prédicat, il paraît déjà profitable de généraliserles observations. Les faits relevés inclinent à penser que les tendances mises en évi-dence au chapitre précédent sont correctes et cohérentes, mais que le modèle qui aservi à les faire émerger souffre de limitations.a. Cohérence à travers tout le corpus.Nous avons pu constater que nous n’étionsassuré de la significativité du marquage des P0 que pour un nombre très limité de do-cuments, alors qu’aucune charte ne paraît rejeter particulièrement les ponctogrammesautour du prédicat. Le rejet est donc un phénomène général, qui caractérise très clai-rement une fonction. Nous en concluons que les scribes ne marquaient généralementpas le prédicat, à moins que quelque chose d’autre que la fonction de ce constituantne les y pousse, comme le contexte immédiat.b. Examen du contexte immédiat.Le contexte influence manifestement la ponctuationdu prédicat de manière très visible. La prise en considération du contexte permet decomprendre les «exceptions à la règle» qui voudraient qu’on ne place pas de poncto-gramme devant ou à la suite d’un P0: s’il est présent, le ponctogramme marque trèscertainement une autre structure, qui attire sa présence par ailleurs. Ainsi, dans lesphrases:

«et la endroıt míſmeſloeraí ·et fera loerme femmeet tenír le paíſkı eſt fáte entre le glızeet mon / [5] ſegnor ernol de que ıl eſt faıſeſcrıſquı enſı encommence ·jo ernoſ» (Document1237–10–12, 4).

«·et ſı moıns ıauoıt · v rıenſne[17] venıſt·’nos deuons del nostre en toz kas paıer lescınquante

muís» (Document 1265–05a, 16).

259

Page 293: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

il est raisonnable de penser que la présence du ‹·› qui suitloeraí et auoıt estliée aucoordonnant.

La question de la coordination, que nous n’avions abordée qu’au travers des re-lateurs coordonnants au chapitre précédent, prend ici une dimension plus complète.Les attestations sont très claires: on ne rencontre de ponctogrammes entre deux P0 demême niveau d’intégration syntaxique que dans le cas d’une coordination. Le phéno-mène est important, puisque l’environnement, tant précédant que suivant la positionen question, est particulièrement réfractaire à la présence du marquage. Nous verronsplus loin comment la relation de coordination, qu’elle soit spécifiée ou non, est liée àla présence d’un ponctogramme (→6.1.5).

Malheureusement, les analyses morphosyntaxiques du contexte des prédicats quenous avons pu élaborer ne permettent pas toujours de poser avec autant d’assuranceune conclusion de ce type quand le marquage ne correspond pas aux tendances géné-rales. Dans ce cas, il est possible que la ponctuation soit explicable par des structuresqui dépassent le cadre du point de vue morphosyntaxique.c. Formules.Le style formulaire des documents n’a pas été pris en considération pourélaborer le modèle d’analyse syntaxique employé. En conséquence, nous n’avons en-core aucun moyen de retrouver et de comparer ces formules et de vérifier nos hypo-thèses à l’aide de tests adéquats. Remarquons simplement leur présence et posons laquestion (qui restera ouverte) de leur rapport à la ponctuation. Jusqu’à présent, nousavons ainsi repéré (le symbole ‹⊗› représente l’endroit où on peut trouver un poncto-gramme):

– _x [= représentant de l’autorité] qui l’afaitement fit⊗ mit en la garde de. . ._;– _la ou ces vestures furent faites⊗ furentx [= témoins]_.

d. Priorité du marquage.Toutes ces constatations sont soutenues par un fait: bien quela force de la répulsion soit considérable et qu’on puisse quasiment parler de règle, lemarquage semble prioritaire par rapport au non-marquage. Admettre que la présenced’un ponctogramme peut être liée à une partie seulement de son environnement revientà hiérarchiser ce dernier. Il faut dépasser ce que nous disions plus haut au sujet de:

«et la endroıt míſmeſloeraí ·et fera loerme femmeet tenír le paíſkı eſt fáte entre le glızeet mon / [5] ſegnor ernol de que ıl eſt faıſeſcrıſquı enſı encommence ·jo ernoſ» (Document1237–10–12, 4).

Le ponctogramme ‹·› n’est pas seulement attiré par le coordonnant: il y a lieu d’ajouterqueseul ce dernier conditionne sa présence.

Poser la priorité du marquage sur le non-marquage nous met en mesure derépondre à la question posée par la possibilité qu’un phénomène d’absorption(→5.1.3.2 a) soit présent. Lorsque la répulsion est régulière, il n’y a pas d’absorp-tion: le signe présent ne marque pas le constituant qui rejette la présence d’un poncto-gramme, mais celui qui le suit ou le précède. On peut d’ores et déjà s’attendre à ce quecette explication convienne à tout ce qui rejette quasi systématiquement la ponctua-tion, comme c’est le cas des relateurs. Nous aurons l’occasion de le montrer ci-dessous(→6.3).

260

Page 294: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 1073 76.421 331 23.58

1404 100

1

0

0 200 400 600 800 1000

TAB . 6.25 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,S1,0,0(niveau: phrase)

6.1.3 Actants et A4

Comme nous allons le voir, les conclusions amenées par l’examen du marquage duprédicat sont loin d’être contredites pas les observations concernant la ponctuationgravitant autour des actants S1, R2, R3 et A4 que nous allons examiner successive-ment.

À partir de cette section et jusqu’à la fin du chapitre, les dépouillements et tableauxqui n’apparaissent pas dans le texte peuvent être consultés dans les annexes.27 Nousles y avons rangés suivant une clef de classement correspondant à leur numéro de sec-tion,28 la modalité de MM concernée (sans les virgules de séparation29) et la variableponctuationnelle étudiée. Les différentes tables sont identifiées par la cleftable, et lesfigures par la cléfigure. Les tableaux de contingence sont généralement au nombrede deux: un tableau complet (clefall) et un tableau reprenant les modalités dont leseffectifs marginaux sont inférieurs à dix (cleffqlt10).30 Quant aux dépouillements, ilssont identifiés par la clefdep. Nous ne renverrons pas systématiquement à ces annexes.Par contre, lorsque le traitement d’un type de constituant aura nécessité des dépouille-ments et des tests complémentaires mais non reportés dans le texte, nous donnerons lenom de l’annexe correspondante.

6.1.3.1 0,0,S1,0,0 (phrase): PPD

Au niveau d’intégration MI.phrase, lorsqu’il n’est ni initial, ni relaté, ni proposition-nel, le sujet attire le marquage initial. Les proportions des modalités de PPD pour cetype de constituant sont représentées dans la table 6.25. En sélectionnant les 0,0,S1,0,0et en croisant la variable PPD avec la variable correspondant à la référence du docu-ment où l’individu apparaît, on obtient les probabilités des figures 6.19 et 6.20. Il estpossible que les quelques documents auxquels est associée une probabilité significa-tive d’attraction soient les seuls où le marquage est effectivement attiré – les effectifssont assez élevés. Si nous retirons de l’échantillon les documents ne dépassant pas leseuil non corrigé (5%) et que nous croisons à nouveau MM et PPD pour les consti-tuants qui n’apparaissent pas à l’initiale, la relation entre 0,0,S1,0,0 et l’attraction restestable, avec une probabilité de 6.324188e−23. En d’autres termes, la tendance estbelet bien de portée générale.

Observons à présent la manière dont l’environnement influence le marquage ini-

27 Ces dernièrescontiennent également tous les tableaux employés dans la présente étude.28 Parfois, pour des raisons techniques, le numéro est à un niveau hiérarchique supérieur; par

exemple, les tableaux correspondant à la section 6.1.3.1 sont référencés en 6.1.3.29 Pour des raisons techniques également, le signe ‹¬› est remplacé parnot.30 L’ordre des clefs n’est pas nécessairement fixe.

261

Page 295: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.0967%)

1276−07−221289−04−19

1265−05b1289−01−121265−07−041278−04−061289−07−191242−05−02

1283−02−13a1243−07−09

1237−121263−03−311265−11−13

1260−05−30b1274−05−31a

1272−031278−08−01

1265−05a1268−03−25

1276−06−10a1274−02−24

5/19 (26%)4/15 (27%)6/25 (24%)12/46 (26%)4/13 (31%)7/25 (28%)4/11 (36%)4/11 (36%)11/36 (31%)4/10 (40%)5/12 (42%)6/13 (46%)7/16 (44%)7/16 (44%)9/22 (41%)10/25 (40%)9/21 (43%)9/16 (56%)9/14 (64%)11/18 (61%)20/27 (74%)

1.82e−09 1

FIG. 6.19 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuants de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)

Répulsions (seuil adapté 0.0967%)

1271−04−201264−11−29

1263−111260−02−21a1276−06−10b1260−05−091285−07−041265−04−151278−10−171270−05−10

1236−051289−04−051267−08−281270−04−161270−03−241271−12−221266−06−131271−12−09

1252−03−01a1280−05−041271−05−22

1263−051259−01−161280−07−201289−03−05

1274−05−31b1263−05−27c1277−06−121271−03−18

1247−061268−03−101244−01−19

2/11 (18.2%)2/10 (20.0%)2/10 (20.0%)2/10 (20.0%)3/14 (21.4%)3/16 (18.8%)2/13 (15.4%)2/14 (14.3%)3/19 (15.8%)2/15 (13.3%)2/15 (13.3%)1/10 (10.0%)3/20 (15.0%)1/12 (8.3%)1/12 (8.3%)2/18 (11.1%)1/14 (7.1%)2/20 (10.0%)1/15 (6.7%)2/21 (9.5%)2/22 (9.1%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)2/23 (8.7%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)1/18 (5.6%)0/15 (0.0%)1/25 (4.0%)1/26 (3.8%)0/28 (0.0%)

0.00607 1

FIG. 6.20 – Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuants de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)

262

Page 296: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.394%)

0,0,A4,0,10,0,C5,0,1

0,0,C5,pers,11,0,R3,0,10,0,S1,0,0

7/12 (58%)46/110 (42%)55/78 (71%)74/107 (69%)88/105 (84%)

1.16e−49 1

FIG. 6.21 – Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)

Répulsions (seuil adapté 0.394%)

0,0,C5,0,01,0,C5,0,11,0,C5,0,01,0,R2,0,01,0,P0,0,00,0,Co,0,01,0,C6,0,00,0,P0,0,0

5/29 (17.24%)14/74 (18.92%)7/49 (14.29%)2/42 (4.76%)0/41 (0.00%)6/135 (4.44%)2/217 (0.92%)9/343 (2.62%)

2.14e−26 1

FIG. 6.22 – Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)

tial. Les attractions et répulsions entre le contexte immédiat précédent et la ponctua-tion initiale sont représentées dans les figures 6.21 et 6.22. Les attractions visiblessont de deux types: soit le contexte immédiat est un autre sujet, soit il est d’un typepour lequel nous avons déjà repéré une tendance à attirer le marquage final. Dans lepremier cas, qui rejetteH0 avec la probabilité la plus basse, nous avons affaire à unerelation de coordination, comme dans:

«·et ſı furent auſı sıres[26] gıles dejehagnhe chevalıers ·rıgazdela nouevılhe ·etwılheameskon dıſt wıloıe ſes freres ·et [27] albers de vıouset pluſour autre teſmoıng» (Document1266–06–13, 25).

Déjà observé en analysant la ponctuation du prédicat, le lien entre le marquage ini-tial et la coordination apparaît comme de plus en plus plausible. Les autres contextes,comme on le verra ci-dessous au sujet des circonstants (→6.1.4), suffisent générale-ment à expliquer la présence de ponctuation. À ce stade, il faut conclure que l’attrac-tion observée entre le marquage initial et 0,0,S1,0,0 n’est probablement pas intrinsè-quement liée à ce type de constituant, mais plutôt à une série de contextes spécifiquesoù ces sujets sont attestés.

Quant aux répulsions, elle n’ont rien d’étonnant, puisqu’elles correspondent auxrépulsions observées entre la ponctuation finale et les prédicats, les C6 et les coordon-nants.

6.1.3.2 0,0,S1,0,0 (phrase): PPF

D’après les tendances repérées, les sujets non relatés et non propositionnels attirentégalement le marquage final. Les proportions sont celles de la table 6.26. Vérifions ànouveau l’association entre le marquage final de 0,0,S1,0,0 et les différents documentsdu corpus (figures 6.23 et 6.24). Comme pour le marquage initial, un certain nombrede documents ressortent de l’ensemble. En comparant la colonne de gauche du derniergraphique à celle du graphique 6.19, on voit que les documents qui sont significative-

263

Page 297: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 1147 81.71 257 18.3

1404 100

1

0

0 200 400 600 800 1000

TAB . 6.26 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,S1,0,0(niveau: phrase)

Attractions (seuil adapté 0.0967%)

1266−06−131263−03−311271−05−22

1263−051259−01−161276−07−221271−12−091289−04−191278−04−06

1260−05−30b1265−07−04

1274−05−31a1268−03−251265−11−13

1276−06−10a1237−12

1265−05a1274−02−24

3/14 (21%)3/13 (23%)5/22 (23%)2/10 (20%)2/10 (20%)5/19 (26%)6/20 (30%)5/15 (33%)8/25 (32%)6/16 (38%)6/13 (46%)9/22 (41%)7/14 (50%)8/16 (50%)11/18 (61%)9/12 (75%)11/16 (69%)25/27 (93%)

8.52e−23 1

FIG. 6.23 – Attractions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)

Répulsions (seuil adapté 0.0967%)

1278−10−171247−06

1276−06−10b1285−07−041267−08−281270−05−101280−05−041270−03−241264−11−29

1263−111244−01−191271−04−201289−07−19

1263−05−27c1242−05−02

1283−02−13a1277−06−121271−12−221265−04−151278−08−011271−03−18

1252−03−01a1236−05

1289−04−051260−02−21a1243−07−091289−03−05

1274−05−31b1270−04−161280−07−201260−05−09

1265−05b1268−03−10

1272−031289−01−12

3/19 (15.8%)4/25 (16.0%)2/14 (14.3%)2/13 (15.4%)3/20 (15.0%)2/15 (13.3%)3/21 (14.3%)2/12 (16.7%)1/10 (10.0%)1/10 (10.0%)4/28 (14.3%)2/11 (18.2%)1/11 (9.1%)1/11 (9.1%)1/11 (9.1%)5/36 (13.9%)2/18 (11.1%)2/18 (11.1%)1/14 (7.1%)2/21 (9.5%)1/15 (6.7%)1/15 (6.7%)1/15 (6.7%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/12 (0.0%)1/23 (4.3%)0/16 (0.0%)1/25 (4.0%)1/26 (3.8%)0/25 (0.0%)2/46 (4.3%)

0.0217 1

FIG. 6.24 – Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)

264

Page 298: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.341%)

0,0,A4,0,10,1,A4,0,10,0,R2,0,00,1,S1,0,00,0,Co,0,00,0,S1,0,0

5/25 (20%)2/10 (20%)25/109 (23%)7/10 (70%)41/124 (33%)88/105 (84%)

2.61e−70 1

FIG. 6.25 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)

Répulsions (seuil adapté 0.341%)

0,1,R2,0,00,0,R3,0,00,1,C5,0,1

0,1,R2,pers,10,1,R2,¬pers,0

0,0,R3,0,10,0,C5,0,00,0,C5,0,10,0,P0,0,0

4/25 (16.0%)2/19 (10.5%)1/13 (7.7%)6/55 (10.9%)1/26 (3.8%)3/46 (6.5%)2/57 (3.5%)13/162 (8.0%)34/440 (7.7%)

4.87e−13 1

FIG. 6.26 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)

ment liés au marquage final sont tous observés dans le groupe de ceux qui attiraient lemarquage initial. Malgré ces ressemblances, une fois les quelques documents attirantle marquage retirés de l’effectif, les constituants 0,0,S1,0,0 n’attirent plus le marquageau niveau d’intégration MI.phrase.

Le graphique des attractions vis-à-vis du contexte immédiat montre que la relationde coordination a un poids particulièrement important, puisque seuls les coordonnantsou d’autres S1 se démarquent effectivement (figures 6.25 et 6.26).

Il semble que seules les constructions coordonnées soient particulièrement pro-pices au marquage. Nous concluons donc à nouveau que l’attraction entre 0,0,S1,0,0et PPF, limitée à quelques chartes, est certainement due au contexte d’occurrence deces sujets dans une relation de coordination, dont nous avons constaté à plusieurs re-prises l’influence sur la ponctuation.

La répulsion liée à un contexte immédiat prenant la forme d’un prédicat est co-hérente avec l’analyse de ce dernier, tandis que les répulsions propres aux C5 corres-pondent à ce qui avait été repéré dans l’analyse ci-dessus (→5.3.2.1 b).

6.1.3.3 0,1,S1,pers,1 (phrase): PPD

D’après le tri à plat, l’effectif des actants de fonction sujet qui prennent la formed’une subordonnée et s’achèvent en fin de phrase est assez réduit, mais les propor-tions dévoilent une ponctuation relativement fréquente (table 6.27). Aucune charte neregroupe un effectif suffisant d’attestations pour qu’on puisse tester la distribution dumarquage entre les documents.31 Nous ne nous attarderons pas sur la question, pasplus que sur l’examen contrastif du contexte, étant donné la limpide ventilation du tricroisé entre PPD et la forme de la structure précédente (table 6.28). Dans les faits,les 0,1,S1,pers,1 correspondent à un nombre restreint de structures stéréotypées: les

31 Voir annexes.

265

Page 299: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 35 71.431 14 28.57

49 100

1

0

0 5 10 15 20 25 30 35

TAB . 6.27 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,S1,pers,1(niveau: phrase)

PPD.0 PPD.1

MMP.0,0,A4,0,1 2 0 2MMP.0,0,A4,¬pers,1 3 0 3MMP.0,0,C5,0,0 2 0 2MMP.0,0,P0,0,0 2 0 2MMP.0,0,R3,0,1 26 14 40

35 14 49

TAB . 6.28 – Tri croisé entre MMP et PPD, pour les constituants de type0,1,S1,pers,1 (niveau: phrase)

types_conute chose soit que. . ._et _est a savoir que. . ._.32 Les exemples sont tous trèssemblables pour le premier de ces types:

«·conute choſeſoıt a˘chaſcunetatos ·quegyleſmaıreſ[3] denyuelleet lı eſcheuíndenyuellevınrentpar deuantnoſalıege» (Document 1260–05–30b, 2).

«· conutechoſeſoıt achaſcunet atoſ ke lı maıreſet lı eſcheuínde nyuelle [3] vınrentpardeuantnoſa˘˘lıege» (Document 1260–05–30a, 2).

Cependant, l’affinité avec le marquage ne concerne que les constructions directe-ment précédées d’un R3, ce qui exclut les attestations impliquées dans la formule dutype _est a savoir que. . ._:

«et eſt [13] aſauoır aſſıke parmíceſteamoínedoıtons faıre ſon anıuerſare· ıııj · foıſ lan aquatretemporasdelan» (Document 1284–05–11, 12).

De même,les autres cas – qui ne correspondent pas à des formules – ne sont pasmarqués:

«·com enſıſoıt kenosaıenſentendutparle verrıteıt deprodomeſ/ ke [3] vnsbeſtens /et vnequereleeſtoıteſmute» (Document 1273–05–12, 2).

«· et ſeſt auſı de ma volenteet de monconſentementke mes ſıres [7] deſor dıs lor aquıtteet doneenalmoınesılh auoıtnul droıt demettrepeſchorenſ eseaıwes» (Document1268–08–02a, 6et sa copie Document 1268–08–02b, 6).

Nous voyons reparaître ici, de manière encore plus nette qu’à propos du prédicat,une tendance autant liée à la fonction syntaxique du constituant qu’à son emploi dansun style formulaire.

32 Voir le dépouillement exhaustif en annexe.

266

Page 300: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 594 79.411 154 20.59

748 100

1

0

0 100 200 300 400 500

TAB . 6.29 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,R2,0,0(niveaux: phrase, ¬pers)

Attractions (seuil adapté 0.301%)

1274−05−31b1280−05−05

1247−061289−01−12

1283−02−13a1272−03

7/17 (41%)6/11 (55%)6/11 (55%)15/36 (42%)22/34 (65%)41/63 (65%)

3.14e−19 1

FIG. 6.27 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers)

Répulsions (seuil adapté 0.301%)

1263−03−311252−03−01a1270−11−261244−01−191268−03−101276−07−22

1265−05b1280−07−201277−06−121260−05−091267−08−28

1/10 (10.0%)1/10 (10.0%)1/12 (8.3%)1/14 (7.1%)1/17 (5.9%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/13 (0.0%)

0.132 1

FIG. 6.28 – Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers)

6.1.3.4 0,0,R2,0,0 (phrase,¬pers): PPD

Après avoir traité les attractions liées aux constituants de fonction sujet, voyons com-ment se comportent les régimes. Les proportions de marquage initial de 0,0,R2,0,0sont représentées dans la table 6.29.

Comme nous allons le voir, l’association entre 0,0,R2,0,0 et le marquage initialest soumise à des conditions très limitées. Tout d’abord, un certain nombre de docu-ments manifestent tout particulièrement cette tendance (figure 6.27). Parmi ces sixdocuments, quatre ont la particularité d’être des testaments, comme le protocole detrois d’entre eux33 le montre clairement:

«· jou heluís dıtte daıſ[. . .] fach en me boenſenſ teſtament de˘˘touſ meſ bıenſmeuleſethıretage ·et ordenance[2] enſı comeſcrít˘eſt cı apres» (Document 1272–03, 1).

«· je lambers dele foſſe[. . .] de tos mes bíens[2] que ıe˘aí en muebleet en híretage · a champet a vılhe˘faı ˘deuíſe» (Document 1283–02–13b, 1).

«· ju baſtíens apeles dawans [. . .] ordenne deuíſe ·et faísmon teſtament [. . .] de tos[2] meſbıens mobleset hıretages enſı ke chí par deſos eſt eſcrıt» (Document 1289–01–12, 1).

33 Voir note76.

267

Page 301: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.465%)

0,0,S1,0,00,0,C5,0,10,0,C5,0,00,0,R2,0,00,0,R3,0,01,0,R3,0,10,0,R3,0,1

26/118 (22%)13/44 (30%)9/26 (35%)9/10 (90%)12/15 (80%)12/12 (100%)45/61 (74%)

7.52e−26 1

FIG. 6.29 – Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers)

Répulsions (seuil adapté 0.465%)

0,0,A4,0,10,0,Co,0,01,0,C6,0,00,0,P0,0,0

4/48 (8.3%)5/73 (6.8%)1/88 (1.1%)7/216 (3.2%)

1.19e−13 1

FIG. 6.30 – Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers)

De même, la charte 1247–06 constitue une liste de legs:

«· syreſ wılheameſ· lı preſtreſde ſaınt albıer [etc.] funt conıſance · kedamoıſeelhelıeıarſfılhe saıngnortyrı de jace at laıſſıet[3] azdammeſde robermontle moıtıe dum molín kelletenoıt vltre lez monſle jardínet les cenſet lez chaponſet lez tyerchenſky jᢢpartínent[4] almolín ſaz che kelle jat laıſſıetſus marothe la fılheſon antaín dalor · ııj· muj de mutureſavıe» (Document1247–06, 1).

En refaisant les tests croisant la variable MM et la variable PPD à tous les niveauxconcernés, nous constatons que l’attraction ne subsiste qu’au niveau MI.¬pers (figures6.29 et 6.30).34

Observons quelques attestations représentatives de ces R2 à l’intérieur des tes-taments (on repère aisément les R2 qui expriment les legs dans les exemples quisuivent):

«¶ je laıſaſponſde lıege refaereet retenír·’x ſols · [27] ¶ al baſcornıllon·

’xx ſols en pıtance

¶ al hoſpıtal nouıal deſaınt crıſtofle·’x ſols etvn lıt · a celuí deſaınt ıehanbaptıste·

’dıſ ſ · a

celuí de tıenlemont·’x ſ ¶ pour doner en couteſen chemíſeſet enſollerſ [28] ou promıer íuíer

apres me mort·’dız mars ¶a jehanme frere·

’xl ſ · a henrıonſe fıl ·

’xx ſ ¶ a mon ſıgneur

ernol preſtre de begıenler· sıgneurgılon provost· aſ deuſpreſtres del hoſpıtal ·a ſıgneurwıll de begıenler· [29] sıgneur henrí de lens · sıgneurmorıal de lantremengeſ· a ceſcundespreſtres deſaınt denıset deſperrochıenſdou chapıtle nostre damme de lıege·

’vn trentel · ¶

a ceſcune encluſe de líegeet dou forborc·’vj d ¶a meſ [30] necıenſ·

’vaedane·

’x ſ ·

’adıle·

’v

ſ ·’florette de begıenler·

’x ſ ·

’agneſde prıceı·

’x ſ ·

’auaenle ſereur monſıgneurernol·

’x ſ ·

emíſſe de lens·’x ſ ¶ a ceſcundeſenfanſjehandaıſ · ſens henrıon·

’xx ſ ·

’et ſıl [31] muerent

· voıſent de lun a lautre ¶ a heluıt fılle ıadıſrobınme marıt·’dız ſols etle huge kı fuſe pere

¶ a caterıne fılle me frere·’vn lıt˘˘et íj lıncheıeſ¶ a damme oſſımont·

’x ſ · a robın ſe frere

·’x ſ ¶ a [32] heluít fílle me frere·

’le lıt kı fu damme maghınme ſereur¶ a caterıne fılle me

frere·’lx ſols ſele bıenſe prveue al dít de meſfoemenſ· et ſe ce non·

’ſe ſoıent donet pour

deu ¶a aelıſme dammíſele·’xx · ſ [33] ¶ a frere ıehande waremme deſcroıſıeſ·

’x ſols ſe mí

34 Voir la probabilité dans la première colonne de6.1.3.00R200PPDstable.

268

Page 302: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 1356 84.221 254 15.78

1610 100

1

0

0 200 400 600 800 1000 1200

TAB . 6.30 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,0,0(niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)

foement le voıent en ceſt paıſdeuens le promıer demí an apres me mort·’autrement níent ¶a

mahíllonme nechıen·’v ſ · waſſemuet et vedelette·

’[34] ceſcune vſ ¶ pour querre les orızonſ

enſı comboenſamblera a meſfoemenſ·’xl ſ» (Document 1272–03, 26).

«· je˘˘laís auſí a˘˘ceſcun preſtre parrochíen de˘˘lıege enteıl ·et por requerre les orıſons a˘˘ual ſaíncreſtofle · v · mars · et en˘˘la˘˘parrocheſaínt albíer /[47] · ııj · mars · a˘˘labeíe de˘˘ſolıere · x ·ſ · eta maron le fılhe thírí de˘ſaín mort · x ·ſ» (Document 1283–02–13b, 46).

La simple observation de ces attestations laisse voir que les chiffres sont souvent déli-mités par un ponctogramme les précédant, voire un ponctogramme de part et d’autre.Il est par ailleurs clair, lorsque l’on inspecte les attestations de niveau MI.¬pers,35

qu’une fois les documents les plus fortement marqués retirés de l’échantillon, l’attrac-tion implique surtout les chiffres.

Nous avons déjà constaté ci-dessus (→6.1.2.1 ou→6.1.3.3) que le marquage nepouvait toujours être expliqué à l’aide de l’analyse syntaxique à cause de l’influenceque les formules faisaient peser sur les tendances observées. Dans le cas présent, noussommes à nouveau amené à constater que l’analyse morphosyntaxique ne suffit pas,mais pour une tout autre raison, d’ordre sémantique cette fois: les chiffres ont la parti-cularité d’exprimer une valeur numérique – apparemment, que cette valeur soit expri-mée en chiffres «romains» ou non ne change rien à la situation.

6.1.3.5 0,0,R2,0,0 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers): PPF

Nous avons remarqué que les constituants 0,0,R2,0,0 étaient liés à la ponctuation fi-nale. Lorsqu’on regarde quelles proportions sont marquées, on obtient:a. Tendances par document.En effectuant les tris croisés (figure 6.31) entre les ré-férences des documents et le marquage de ce type de constituant, on voit que troisdocuments comportent nettement plus d’attestations de 0,0,R2,0,0 que les autres etque la majorité des occurrences qu’ils contiennent sont suivies d’un ponctogramme.Les trois documents qui se démarquent sont trois des testaments attirant également lemarquage initial (→6.1.3.4). Si on les retire du corpus et qu’on croise à nouveau MMet PPF, la significativité de l’attraction entre PPF.1 et MM.0,0,R2,0,0 ne subsiste pasau niveau de la phrase.36

b. Examen du contexte immédiat.N’arrêtons pas là. Si nous conservons l’échantilloncomplet (incluant les trois testaments), nous pouvons voir comment se distribuent lestypes de constituants qui suivent le plus souvent ces régimes marqués (figures 6.33 et6.34).

Deux des trois types attirant significativement le marquage (les Co et les R2) font

35 Voir dep-6.1.3.4.00R200.36 Voir 6.1.3.00R200PPFstable.

269

Page 303: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.0855%)

1277−05−041270−03−241260−05−141273−05−12

1263−05−27a1290−08−24

1288−02a1271−12−03a1278−08−011268−03−01

1263−051241−09

1271−04−201265−11−131272−06−221289−03−05

1271−12−03b1263−03−311270−05−10

1263−111247−061281−03

1263−07−151275−08

1265−05a1288−02b

1274−05−31b1278−04−06

1283−02−13a1272−03

1289−01−12

2/10 (20%)2/10 (20%)3/15 (20%)4/24 (17%)4/24 (17%)2/11 (18%)2/11 (18%)2/11 (18%)3/18 (17%)2/12 (17%)2/12 (17%)2/12 (17%)3/19 (16%)3/19 (16%)4/19 (21%)3/13 (23%)3/13 (23%)3/13 (23%)4/18 (22%)5/21 (24%)5/21 (24%)3/10 (30%)4/15 (27%)5/18 (28%)4/13 (31%)4/11 (36%)6/18 (33%)6/16 (38%)24/77 (31%)30/91 (33%)22/54 (41%)

8.25e−07 1

FIG. 6.31 – Attractions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuants de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)

Répulsions (seuil adapté 0.0855%)

1265−05b1287−09−081265−07−04

1237−121271−12−09

1252−03−01a1274−05−31a1280−05−041277−06−121267−08−281264−09−071280−07−20

1270−06−06a1260−02−21a1270−11−261266−06−13

1275−01−10a1270−09−291243−07−09

1236−051268−03−10

1276−06−10b1275−01−10b1265−04−151259−01−161280−05−051244−01−191260−05−091276−07−22

4/29 (13.8%)1/10 (10.0%)1/10 (10.0%)1/10 (10.0%)2/15 (13.3%)3/21 (14.3%)1/11 (9.1%)2/14 (14.3%)2/14 (14.3%)3/25 (12.0%)2/13 (15.4%)2/21 (9.5%)1/15 (6.7%)1/15 (6.7%)2/23 (8.7%)1/16 (6.2%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)1/20 (5.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)0/17 (0.0%)1/27 (3.7%)0/18 (0.0%)0/21 (0.0%)

0.09 1

FIG. 6.32 – Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuants de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)

270

Page 304: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.394%)

0,1,R3,0,10,1,C5,0,00,0,Co,0,00,0,R2,0,0

3/21 (14%)12/46 (26%)59/208 (28%)15/17 (88%)

2.30e−19 1

FIG. 6.33 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)

Répulsions (seuil adapté 0.394%)

0,0,C5,0,10,1,A4,0,10,0,R3,0,10,1,C5,0,10,0,A4,0,10,0,R3,0,00,0,C5,0,00,0,P0,0,00,1,P0,0,0

11/92 (11.96%)4/41 (9.76%)4/41 (9.76%)18/171 (10.53%)2/32 (6.25%)0/18 (0.00%)8/104 (7.69%)15/291 (5.15%)1/154 (0.65%)

2.81e−06 1

FIG. 6.34 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)

directement penser qu’il y a, de la même manière que pour P0 et S1, une tendance aumarquage en cas de coordination.

Sur le plan sémantique, ces contextes dans les testaments montrent de longueslistes associant des patients (legs) à leur bénéficiaire (légataire), ce qui se traduit mor-phosyntaxiquement par l’emploi de paires de R2 et R3. En analysant le corpus, nousavons choisi de considérer que les différentes paires associant l’expression des legs àcelle des légataires étaient coordonnées,37 ce qui fait de chaque patient un R2 non ini-tial, non propositionnel et non relaté. Il est en effet possible – c’est même la solutionqui malmène le moins le modèle38 – de dire, pour le premier des contextes cités, parexemple, que le prédicat principallaıſ est complémenté par chacun des groupes de R2et R3 qui le suivent. Il faut donc rapprocher cette attraction de celle que nous avonsdéjà observée plus haut pour les P0 et S1 coordonnés: la relation de coordination estliée à la présence des ponctogrammes.

Une autre façon de voir la situation serait de considérer que cet enchaînement depaires (qui peut, comme le premier exemple ci-dessus l’atteste, être très long) défie lescontraintes habituelles de taille des constituants grâce à son caractère conventionneltrès marqué: dans un testament, on s’attend à rencontrer ce genre de liste. De ce pointde vue, on aurait ainsi affaire à une sorte de formule, moins stéréotypée que celles ren-contrées aux articulations fondamentales des actes, mais tout de même suffisammentfigée pour permettre l’expression d’un message raccourci.

Nous parlerons plus des R3 impliqués dans la section qui leur sera dédiée ci-dessous (→6.1.3.11).

Quant à la seule répulsion statistiquement significative, on voit qu’elle concerne

37 Voir le paragrapheProblèmesdans la sectionAnalyses syntaxiquesdes annexes.38 Dans l’analyse que nous avions donnée de Document 1272–03 (voir Mazziotta à paraître),

nous avions estimé que les associations en question étaient des énoncés non phrastiques, avec«ellipse du prédicat».

271

Page 305: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 6 601 4 40

10 100

1

0

0 1 2 3 4 5 6

TAB . 6.31 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1(niveau: pers)

FAB FRE

1 17 58.620 12 41.38

29 100

0

1

0 5 10 15

TAB . 6.32 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1(niveaux: phrase, pers)

PPF.0 PPF.1

MMS.0,0,Co,0,0 10 15 25MMS.0,0,P0,0,0 1 0 1MMS.0,1,C5,0,1 0 1 1MMS.0,1,C5,pers,1 1 1 2

12 17 29

TAB . 6.33 – Tri croisé entre MMS et PPF, pour les constituants de type0,0,R2,pers,1 (niveaux: phrase, pers)

un environnement correspondant à un P0, ce qui suit la tendance générale et s’écartedes cas que nous venons d’aborder.

6.1.3.6 0,0,R2,pers,1 (pers): PPD

Les quelques attestations relevées ne suffisent pas à effectuer la moindre analyseL’observation des contextes d’occurrence39 n’apporte aucune information que nousayons pu exploiter40.

6.1.3.7 0,0,R2,pers,1 (phrase, pers): PPF

Comme on le voit dans le tri à plat (table 6.32), ce type de constituant est très peuattesté, mais fréquemment marqué.41 Aucun document ne peut, à cause des faiblesfréquences, être distingué des autres.42

Un tri croisé impliquant les constituants rencontrés à la suite de la structure montrede manière très claire que la coordination joue ici un rôle prépondérant (table 6.33). Lemarquage est donc certainement dû à des causes extérieures à l’analyse du constituanten lui-même.

39 Voir lesannexes.40 Voir les tables en annexe.41 Voir les annexes.42 Voir les annexes.

272

Page 306: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 217 78.341 60 21.66

277 100

1

0

0 50 100 150 200

TAB . 6.34 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,R2,0,0(niveau: phrase)

Attractions (seuil adapté 1.70%)

1289−01−121283−02−13a

1272−03

6/11 (55%)10/19 (53%)12/18 (67%)

6.86e−06 1

FIG. 6.35 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase)

Attractions (seuil adapté 0.73%)

0,0,C5,0,00,0,C5,0,10,0,R3,0,1

4/11 (36%)15/34 (44%)14/25 (56%)

0.00043 1

FIG. 6.36 – Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase)

Répulsions (seuil adapté 0.73%)

0,0,A4,0,10,0,S1,0,00,0,Co,0,00,0,P0,0,0

3/14 (21%)5/26 (19%)3/27 (11%)4/80 (5%)

8.38e−07 1

FIG. 6.37 – Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase)

6.1.3.8 0,1,R2,0,0 (phrase): PPD

Les proportions: indiquent un marquage important, dont on peut voir, d’après le gra-phique 6.35,43 que seules ressortent quelques attractions, qui concernent deux destestaments relevés quand nous avons étudié 0,0,R2,0,0 (→6.1.3.4). La probabilité44

que l’attraction entre PPD.1 et cette modalité de MM est due à des causes aléatoiresest trop forte si l’on retire ces documents du corpus.

D’autre part, si l’on examine les constituants qui se rencontrent devant les R2 étu-diés (figure 6.36), nous constatons que les tendances sont très proches de celles danslesquelles les constituants 0,0,R2,0,0 sont impliqués. Au vu de ces similitudes, nousconcluons que le marquage initial de 0,1,R2,0,0 n’est, lui non plus, pas dû au régimelui-même, mais à une combinaison de facteurs impliquant son contexte immédiat et letype d’acte juridique enregistré par le document où le constituant est attesté.

43 Aucune répulsion ne se manifeste dans les modalités de RB retenues; voir les annexes.44 Voir annexe6.1.3.01R200PPDstable.

273

Page 307: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

1 8 53.330 7 46.67

15 100

0

1

0 2 4 6 8

TAB . 6.35 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,R2,pers,1(niveau: ¬pers-arg)

[

faisons]

[

[savoir][

que. . .]

]

R2R2

FIG. 6.38– Structure desavoir faisons que. . .

[a savoir][

faisons] [

que. . .]

A4 R2

relation attributive

FIG. 6.39– Structure dea savoir faisons que. . .(rappel)

6.1.3.9 0,1,R2,pers,1 (¬pers-arg): PPD

Cette structure n’est pas très fréquente, mais plus de la moitié des occurrences sontmarquées (table 6.35). Comme cela apparaît nettement dans la table croisant les réfé-rences au marquage – reléguée aux annexes –, on ne peut pas dire que l’attraction soitcantonnée à certains documents.

Un dépouillement complet45 révèle que cette structure correspond en fait à uneformule stéréotypée dans nos documents: la construction_savoir faisons que. . ._. Parexemple:

«[1] ··ge jehanſaínſnes fıs le conte delos faſ ſauoır a touſceuls quí ceſlettres[2] verrontetoíront / quela terrequemeſ ſıresmeſperes ·arnolscuenſde loſ et de [3] chíny a doneeetaſſeneeenmaríageamoíetamafemeyſabeaudonteleeſtdoéque[4] geaıpromíſaudeuantdıt monſeıgnormonpereparmafoı creanteeloıau/ [5]ment /deuantmonſeıgnor ·henríparla gracededíeueueſquedelıege /quetant [6] comegevíuraí / ıl receuraet prendraleſ fruíſet leſ renteſ» (Document 1264–04, 1).

«[4] nos faıſonsſauoír a˘tous /kenosadammeagneshubínedehoy auonsendonıersconteısrechıes /quaranteset ·marsde˘˘lıe / [5]goıs»(Document 1288–02a, 3).

Malgré le petit nombre d’attestations, la significativité de l’écart, couplée à la pos-sibilité d’observer toutes les occurrences, nous permet de dépasser la simple constata-tion d’une affinité possible entre une formule et une structure morphosyntaxique: dansce cas précis, ces deux plans (énonciatif et grammatical) coïncident exactement.

Cependant, on trouve des constructions formulaires proches (apparaissant auxmêmes endroits dans les documents ou formées sur les mêmes lexèmes), mais syn-taxiquement décrites de manière très différente. Par exemple, si la structure_savoirfaisons que. . ._s’analyse effectivement comme indiqué dans la figure 6.38. La struc-ture _a savoir faisons que. . ._est par contre décrite dans la figure 6.39.46

45 Voir le dépouillement complet en annexe.46 Voir →3.4.4.6, où nous justifions cette différence.

274

Page 308: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 76 77.551 22 22.45

98 100

1

0

0 10 20 30 40 50 60 70

TAB . 6.36 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers)

Attractions (seuil adapté 1.70%)

0,1,C5,0,10,0,Co,0,0

10/34 (29%)6/12 (50%)

0.0382 1

FIG. 6.40 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers)

Répulsions (seuil adapté 1.70%) 0,0,C5,0,0 1/12 (8.3%)

0.378 1

FIG. 6.41 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers)

Or, du point de vue énonciatif, on voit que l’information est portée à la connais-sance du récepteur de manière similaire dans les deux cas: le thème (formule) précèdele propos. De même, en limitant l’analyse morphosyntaxique au lexique mobilisé pourconstruire les deux formules, il faut conclure que ce sont les mêmes unités qui sontutilisées. Il y aurait donc lieu de s’interroger sur la cohérence entre les deux formulespar rapport à la ponctuation. Malheureusement, il n’est pas possible, faute d’un en-codage adéquat, de retrouver toutes les attestations de la deuxième forme (avec unrelateur devantsavoir), ce qui empêche toute comparaison.

6.1.3.10 0,0,R2,¬pers,0 (phrase, pers): PPF

Le tri à plat est donné dans la table 6.36. Les tests habituels montrent que l’attractionn’est pas spécifique à un petit groupe de documents particuliers.47

L’examen des formes à la suite d’un de ces R2 marqués doit se limiter aux at-tractions (figure 6.40). Deux observations ressortent de ce graphique. D’une part, lescoordonnants occupent à nouveau une position prédominante en matière d’attractiondu marquage. Quelques exemples illustrent bien ce genre de cas:

«· et noſ lı arbıtre deſor ˘˘nomeıt preſıenſennoſ le faís del arbıtre [. . .]ke noſ deuıenſenquerredroıturıeremententreluneparoleet lautre ·et oír le uerteít a cheſcun» (Document1263–03–31, 6).

«· [16] ¶ je laıſal deſeure dıt henrıon [. . .] v mars·’par enſı [. . .] quıl nenpuıſt faeredonne

deuıſe·’aínſreuıngnent a meſfoemens [. . .]» (Document 1272–03, 15).

D’autre part, bien que l’attraction les concernant de manière indépendante n’atteigne

47 Voir lesannexes.

275

Page 309: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 347 68.851 157 31.15

504 100

1

0

0 50 100 150 200 250 300

TAB . 6.37 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,R3,0,1(niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)

Attractions (seuil adapté 1.70%)

1289−01−121283−02−13a

1272−03

8/13 (62%)43/69 (62%)29/37 (78%)

3.85e−10 1

FIG. 6.42 – Attractions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,R3,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)

Attractions (seuil adapté 0.73%)

0,1,R2,0,00,1,R2,pers,1

0,0,R2,0,00,1,S1,pers,1

2/10 (20%)7/32 (22%)8/21 (38%)14/40 (35%)

0.00444 1

FIG. 6.43 – Attractions significatives entre MMS et PPF pour les consti-tuantsde type 0,0,R3,0,1 (niveau: phrase), réduit

pas le seuil de probabilité de 5%, les autres constituants participant à l’attraction dumarquage sont tous des circonstants; les deux types les plus fortement liés à PPF.1 fontpartie de ceux qui ont été relevés dans le cadre de la recherche de tendances générales(→5.3.3.3).

Cette combinaison de facteurs (coordonnant ou circonstant à la suite) «explique»presque toutes les occurrences de ponctogrammes derrière 0,0,R2,¬pers,0. On peutdonc se permettre de conclure que ce dernier n’attire pas la ponctuation.

6.1.3.11 0,0,R3,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers): PPF

Certains régimes R3 attirent également PPF; pour les 0,0,R3,0,1, le tri à plat de PPFest dans la table 6.37.a. Tendances par document.La tabulation que nous avons déjà effectuée plusieursfois est éloquente (le manque d’effectifs empêche de se prononcer à propos des ré-pulsions): quand on regarde les décomptes de près (figure 6.42), on voit que troisdocuments apparaissent dans les attractions. Ces trois documents sont exactement lesmêmes que ceux qui attiraient le marquage à la fin de 0,0,R2,0,0. De fait, en retirantles deux textes significatifs du corpus avant de croiser MM et PPF, on voit que les R3n’attirent plus significativement PPF.1 qu’au niveau de la phrase.48

Le graphique évaluant les relations entre les contextes immédiats et la ponctuationà ce niveau prend la forme de la figure 6.43.49 Qu’elles attirent ou repoussent la

48 Voir lesprobabilités6.1.3.00R301PPFstable.49 Voir le relevé des attestations en annexe:dep-6.1.3.00R301reduced-PPF.

276

Page 310: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.73%)

0,1,C5,0,10,0,Co,0,00,0,C5,0,1

2/21 (9.5%)6/57 (10.5%)2/31 (6.5%)

0.126 1

FIG. 6.44 – Répulsions significatives entre MMS et PPF pour les consti-tuantsde type 0,0,R3,0,1 (niveau: phrase), réduit

FAB FRE

1 96 72.180 37 27.82

133 100

0

1

0 20 40 60 80

TAB . 6.38 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,R3,0,1(niveau: phrase)

PPF.0 PPF.1

MMS.0,0,C5,0,0 1 0 1MMS.0,0,P0,0,0 1 0 1MMS.0,0,S1,0,0 33 74 107

35 74 109

TAB . 6.39 – Tri croisé MMS× PPF, pour les constituants de type1,0,R3,0,1 (niveau: phrase, Document 1272-03 retiré)

ponctuation à la suite d’un 0,0,R3,0,1, toutes les constructions suffisamment attestéespour être soumises à unχ2 sont propices à la présence du marquage initial. C’est dumoins ce qui est ressorti de la conclusion du chapitre précédent. Par ailleurs, quandle constituant suivant est un R2 non propositionnel, il s’agit la plupart du temps d’unchiffre.50

Pour les niveaux autres que la phrase, il faut donc conclure, comme nous l’avionsdéjà fait pour la ponctuation finale de 0,0,R2,0,0 (→6.1.3.4) que l’attraction mani-festée par 0,0,R3,0,1 vis-à-vis du marquage final est liée à une toute petite partieseulement du corpus, composée de textes d’un type énonciatif tout à fait spécifique(testaments). Au niveau de la phrase, les ponctogrammes sont vraisemblablement dusà une combinaison de facteurs impliquant le contexte immédiat de 0,0,R3,0,1.

6.1.3.12 1,0,R3,0,1 (phrase): PPF

La proportion de présence de ponctuation est ici exceptionnellement élevée (table6.38). Aucune charte ne contient suffisamment d’attestations pour qu’il soit possiblede calculer si elle se distingue particulièrement de l’ensemble.

L’examen du contexte immédiat montre que la construction est particulièrementattestée devant un sujet (table 6.39). Par ailleurs, quand le marquage précède systéma-

50 Voir la liste des attestations en annexe:dep-6.1.3.00R301reduced-PPF.

277

Page 311: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 327 81.551 74 18.45

401 100

1

0

0 50 100 150 200 250 300

TAB . 6.40 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,A4,0,1(niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers)

tiquement un sujet,51 la construction se rencontre tout au début de la charte. Elle enconstitue ce que les diplomatistes nommentadresse:52

«[1] a tos cheazkı ces lettresveront / lı maıreset lı eſkeuín denandren / saluz en deu»(Document 1270–03–24, 1).

«[1] a˘˘toz ceazkı ces lettresveront et oront / henrıs cheualıers sıres de hermale saluzetconıſance[2] de verıte» (Document 1271–04–20, 1).

«[1] a toſ cheauſkı ceſpreſenslettreſverrontetoront ··lı homme dele chıſe deu fontconoıſtreverıteıt» (Document 1274–02–24, 1).

Cependant, la forme de l’adresse est codée dans le type discursif qu’est la charte,et le fait qu’elle précède immédiatement la suscription invite à hésiter: que marquele ponctogramme, en fin de compte? marque-t-il l’adresse? marque-t-il la suscrip-tion? D’autant que certains cas non marqués reportent visiblement le signe devant ledeuxième mot de la suscription:

«[1] atouscheaskı chespreſenslettresvıerontet oront lı ·· homes delle chıſe dıeu /ſalusetconoıſtre verıteít» (Document 1287–06–24, 1).

La fréquence et la cohérence du marquage sont telles que nous devons souligner ànouveau l’importance du style formulaire, bien que nous soyons obligé de le négli-ger pour l’instant. Du fait que la structure syntaxique correspond presque toujours àla formule d’adresse, il reste envisageable de ne considérer que l’aspect grammati-cal du constituant et d’en tirer une tendance de ponctuation: 1,0,R3,0,1 attire bien lemarquage.

6.1.3.13 0,0,A4,0,1 (pers-arg,¬pers-arg, pers): PPF

Une importante proportion de 0,0,A4,0,1 sont marqués à la finale (table 6.40). Alorsque les effectifs demeurent trop réduits pour qu’on puisse vérifier si un document sedémarque particulièrement, on peut par contre observer les contextes immédiats lesplus liés au marquage.

Selon la figure 6.45, le contexte attirant le marquage final est MMS.0,0,S1,0,0,type de constituant qui attire apparemment le marquage (au niveau de la phrase seule-ment), mais dont l’examen approfondi révèle que cette tendance est due à des causes

51 En réalité,bien souvent, l’énoncé n’est pas phrastique, mais correspond à un de ceux quenous avons assimilés à la phrase pour simplifier le traitement (→5.3.2.1).

52 Voir le dépouillement complet en annexe.

278

Page 312: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.465%)

0,0,R2,0,00,1,C5,0,00,0,Co,0,00,1,C5,0,10,0,S1,0,0

3/13 (23%)3/11 (27%)13/50 (26%)9/25 (36%)26/43 (60%)

3.72e−13 1

FIG. 6.45 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,A4,0,1 (niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers)

Répulsions (seuil adapté 0.465%)

0,1,A4,0,10,0,C5,0,10,1,R2,0,00,1,P0,0,00,0,P0,0,00,0,A4,0,1

5/29 (17.2%)3/17 (17.6%)1/15 (6.7%)0/13 (0.0%)0/29 (0.0%)3/112 (2.7%)

6.92e−07 1

FIG. 6.46 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,A4,0,1 (niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers)

extérieures (→6.1.3.1). Un certain nombre de 0,0,A4,0,1 sont l’expression du lieudans la partie de la charte que les diplomatistes nommentexposé.53

6.1.3.14 Synthèse

À ce stade, et avant de passer à l’étude des circonstants, on peut synthétiser les décou-vertes en enrichissant les conclusions auxquelles avait mené l’examen du marquagedu prédicat (→6.1.2.4). En règle générale, les faits détaillés complètent cette premièresynthèse ou mettent en évidence des phénomènes différents.

Sans revenir sur les questions de priorité du marquage, nous passerons en revueles autres points abordés à propos du prédicat.a. Cohérence à travers le corpus.La question de la cohérence des liens entre lesconstituants et la ponctuation à l’intérieur de l’ensemble du corpus prend toute sadimension lorsque nous étudions les actants. Parfois, nous avons constaté qu’à l’ins-tar des tendances manifestées autour du prédicat, il n’était pas possible de reléguercertaines tendances à un petit groupe de documents, puisque l’intensité des liens (pro-babilités) restaitgrosso modoidentique, que ces documents soient présents ou non.

Dans d’autres cas,54 par contre, les tendances observées sont cantonnées à un trèspetit nombre de documents, partageant qui plus est une caractéristique commune: ils’agit de testaments. Ce type d’action juridique est d’une telle singularité que sa miseà l’écrit55 rend possible (voire oblige) l’emploi de structures particulières, lesquellesattirent à leur tour une ponctuation spécifique. Dans ce cas, la ponctuation se faitl’indice d’un type discursif particulier. Soyons néanmoins prudent: trois testamentsressortent ainsi du lot, non l’ensemble d’entre eux. . .

On pourrait par ailleurs disséquer les différentes attractions et répulsions négligéesjusqu’ici pour éventuellement mettre en évidence des groupements de chartes, mais

53 Voir note78.54 Par exemple, R2, cf.→6.1.3.4, ou R3, cf.→6.1.3.11.55 D’après la conception de Marie-Guy Boutier, exposée ci-dessus, sous→3.1.2.1 b.

279

Page 313: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

une étude sérieuse à ce sujet nécessiterait que soit clairement défini un protocole dedescriptionextralinguistique des documents du corpus, fondé, par exemple, sur unclassement en fonction des protagonistes impliqués dans l’acte juridique.

De la même manière que P0, le marquage des actants semble associé à des condi-tions qui les dépassent, de sorte que la plupart des ponctogrammes pourraient être liésà l’environnement des actants plutôt qu’à leurs caractéristiques propres.b. Contexte immédiat.La plupart des constituants attirant le marquage (final) peuventêtre mis en relation avec le constituant de même niveau d’intégration qui se trouvedirectement à leur suite:

– 0,0,S1,0,0 est suivi d’un autre sujet ou d’un coordonnant;– 0,0,R2,0,0 (dans certains testaments) est suivi d’un coordonnant, d’un autre R2 ou

d’un autre groupe exprimant le patient et le bénéficiaire;– 0,0,R2,¬pers,0 et 0,0,R2,pers,1 sont suivis d’un coordonnant ou d’un circonstant.

Il est à présent très clair que les environnements morphosyntaxiques attirant lemarquage peuvent être rangés en deux catégories: 1/ ceux qui sont impliqués dansune relation de coordination; 2/ ceux qui sont à proximité d’un circonstant. Presquetoutes les attractions mettent en évidence ces mêmes affinités. À ce stade, on voit donccombien il est nécessaire de décrire la ponctuation autour des circonstants et celle quiapparaît en cas de coordination.c. Relations avec les autres points de vue.Aux deux formules semblant attirer le mar-quage devant le prédicat, il faut ajouter celles qui interviennent aux alentours desactants:

– 0,1,R2,pers,1 (→6.1.3.9):_savoir faisons⊗ quex [= exposé ou dispositif de l’acte]_;– 1,0,R3,0,1 (→6.1.3.12):_a tous ceux qui ces lettres verront . . .⊗ x [= auteur de

l’acte] fait savoir. . . _.

Ces formules paraissent liées au marquage et sont de portée générale.On peut dire que les suites d’associations entre les legs et les légataires dans les

testaments ont également une forme conventionnelle prévisible, qui attire le marquage– voir les sections sur 0,0,R2,0,0 (→6.1.3.4) et 0,0,R3,0,1 (→6.1.3.11):

_ay [= un légataire]⊗ z [= legs] _

où le ponctogramme marque en quelque sorte l’élision du prédicat (→6.1.3.5). À nou-veau, ce recensement de formules remarquables ne peut dépasser la simple constata-tion, faute de dépouillements exhaustifs.

D’autre part, l’examen des attestations de la ponctuation initiale des 0,0,R2,0,0(→6.1.3.4) mène à considérer le cas du marquage des chiffres (romains ou non), quiparaissent attirer la ponctuation – bien qu’aucun test ne puisse être fait. Si ce lienexiste, le marquage ne porte pas sur une structure syntaxique, ni sur une formulepropre aux chartes, mais sur un certaincontenu, relevant du point de vue sémantico-référentiel.d. Unités de lecture.Au bout de l’examen du marquage des actants, nous sommesà même d’ajouter un petit nombre de positions supplémentaires à celles qui attirentla ponctuation. Une petite proportion de ponctogrammes «expliqués» complète ainsila première synthèse que nous avons pu faire au sujet de la phrase (→6.1.1.3). La

280

Page 314: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

P.0 P.1

Act.0 57158 4297 61455Act.1 457 275 732

57615 4572 62187

P.0 P.1

0.86 -10.83-72.14 909.05

θ 8

χ2= 988.39,ddl= 1, p= 6e−217★★★

TAB . 6.41 – Proportions de marquage expliqué par la ponctuation desactants

FAB FRE

0 57158 99.211 457 0.79

57615 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000 50000

TAB . 6.42 – Tri à plat de la position (limite d’actant ou non) pour lespositions non ponctuées

FAB FRE

0 4297 93.991 275 6.01

4572 100

1

0

0 1000 2000 3000 4000

TAB . 6.43 – Tri à plat de la position (limite d’actant ou non) pour lespositions ponctuées

liste des actants considérés comme propices à l’apparition d’un ponctogramme est lasuivante pour PPD:

– 0,1,S1,pers,1, au niveau MI.phrase (→6.1.3.3);– 0,1,R2,pers,1, au niveau MI.¬pers-arg (→6.1.3.9).

Pour PPF, la liste est:

– 0,0,R3,0,1, uniquement pour Document 1272–03 et Document 1283–02–13b(→6.1.3.11);

– 1,0,R3,0,1 (→6.1.3.12);– 0,0,A4,0,1, aux niveaux MI.pers, MI.pers-arg et MI.¬pers-arg (→6.1.3.13).

Une fois les limites d’énoncés retirées de l’effectif des positions entre les mots,ces dernières peuvent être définies par deux variables dichotomiques: la ponctuationest attirée à cet endroit par un actant de la liste (oui ou non); la ponctuation est présenteou non. On peut dès lors construire le tri croisé de la table 6.41. Le test duχ2 confirmeque les actants sélectionnés attirent bel et bien la ponctuation. On voit toutefois que lerapport de chances est ici plus petit qu’il ne l’était pour les positions aux limites desénoncés (→6.1.1.3 c).

Comme en témoignent les effectifs, parmi les constituants non marqués, peu fontpartie de la catégorie des actants attirant le marquage. Le fait est encore plus per-ceptible présenté sous la forme d’un tri à plat (table 6.42). Si nous observons lesconstituants marqués, le tri à plat de la table 6.43, révèle que très peu de poncto-grammes sont expliqués par les tendances de marquage des actants. Néanmoins, bien

281

Page 315: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

que peu fréquentes, ces constructions n’en demeurent pas moins régulièrement mar-quées. Le fait qu’elles ne suffisent même pas à expliquer 10% des occurrences deponctogrammes n’apparaissant pas aux limites des énoncés ne signifie pas qu’ellessoient insignifiantes, mais que l’analyse ne doit pas s’arrêter là: dans la section sui-vante nous allons voir que l’examen du marquage des circonstants permet d’enrichirsubstantiellement cet inventaire des positions liées à la ponctuation.

6.1.4 Circonstants

Jusqu’à présent, la position marginale des circonstants d’un point de vue morphosyn-taxique se répercute sur leur ponctuation: dans de nombreux cas ci-dessus, le mar-quage peut être «expliqué» par la proximité directe des constituants avec un circons-tant attirant particulièrement la ponctuation.

Les configurations morphosyntaxiques qui ont été jugées dignes d’intérêt au termede l’examen général (→5.3.3.3) seront abordées ci-dessous dans l’ordre suivant:

– 0,0,C5,pers,0;– 0,0,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,¬pers): PPF;– 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers): PPD;– 0,0,C5,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers,¬pers): PPF;– 0,0,C5,¬pers,1 (phrase): PPF;– 0,0,C5,pers,1 (phrase, pers-arg, pers): PPF;– 1,0,C5,pers,1 (phrase): PPF;– 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg, pers,¬pers): PPD;– 0,1,C5,0,1 (phrase, pers-arg, pers): PPD;– 0,1,C5,¬pers,1 (phrase, pers): PPD;– 0,1,C5,pers,1 (phrase): PPD.

6.1.4.1 0,0,C5,pers,0

De toutes les structures prises par les circonstants, les incidentes prennent la formela plus susceptible d’une analyse contrastive: nous avons défini l’incidente commeune proposition de mode personnel qui assume la fonction C5 sans être relatée(→3.4.4.5 b). Il faut donc poser la question de la fréquence du marquage de ces struc-tures par rapport à la fréquence du marquage de la phrase. Ces unités, si proches desénoncés, mais dont l’enchâssement trahit la dépendance, sont-elles aussi bien délimi-tées que le sont les phrases? D’autre part, la seule différence morphosyntaxique entreune subordonnée circonstancielle et une incidente est la présence d’un relateur. Cetteproximité a-t-elle un écho dans la ponctuation?

Suivant notre modèle, une incidente ne se trouve jamais à la fin ou au début dela phrase, ce qui simplifie la sélection des individus, puisque nous ne sommes pasconfronté au phénomène de récursivité, comme c’était le cas lorsqu’il était question decomparer la phrase aux autres subordonnées (→6.1.1). On concevra donc facilementune variable à deux modalités, distinguant les propositions qui sont des phrases d’unepart et les incidentes d’autre part.

Cependant, lorsque nous avons exposé les choix posés afin de déterminer le niveaud’intégration des C5 (→3.4.7.4 a), nous avons vu qu’en cas de doute, nous avons

282

Page 316: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

phrase 8655 2675 11330incidente (phrase) 8 13 21incidente (autre) 15 15 30

8678 2703 11381

0 1

0.03 ✩✩✩ −0.09✩✩✩

−4.01✩✩★ 12.87★★★

−2.71✩✩✩ 8.7 ✩★★

Test exact de Fisher,p= 3.08e−06 ★★★

Valeur attendue minimale = 4.99

TAB . 6.44 – Tri croisé phrases et incidentes× PPD

considéré que les C5 se trouvaient au niveau le plus élevé de la hiérarchie syntaxiqueà chaque fois que cela était possible. Certaines incidentes ne peuvent être «remontées»au niveau de la phrase, et leur enchâssement dans un constituant de niveau inférieur àla phrase est manifeste; par exemple:

«· je weılhet ordene ke se johans meſfreres v lambon seſfıls · weılentet puıſſent aſſenner· vı mars[4] de cens híretablement bíen aſſís a eſtímatíon de˘˘preusdommes /a manbors de˘˘lamoíne de˘˘poures de la cíteít delíege · que[5] lı · vj · mars de˘˘censlesqueísıaı laſſíesenmeteſtamentſor ˘mamaıſondele˘˘foſſe dont lí manborde˘˘lamoneſont rechí[6]ueurſ· et rendeursa ˘ríre a freresprecheursdelıege ·le ıor de mon annıuerſare cheſcunan ·

’ſoıent quíttes et

paıſueles[7] a ıohan me˘frereet a ˘lambonſe ˘fılh · et a ˘ceas kí apres eaus tenront híretablementle ˘maıſon deſeur dítte» (Document 1283–02–13a, 3).

Pour notre examen, nous avons donc séparé les incidentes qu’il était possible d’ana-lyser comme des C5 de la phrase des autres, ce qui nous permet de créer une variableà trois modalités, suivant le type de structure auquel nous sommes confronté:phrase,incidente (phrase)et incidente (autre). Nous allons donc croiser ces dernières avec lesvaleurs des modalités PPD et PPF.

Nous séparons derechef l’étude de la ponctuation initiale de celle de la ponctuationfinale. Pour chacune d’elles, nous examinons d’abord s’il y a une différence entrele marquage de la phrase et celui des deux types d’incidentes, avant d’observer lamanière dont se comportent les circonstants propositionnels relatés par rapport auxphrases et aux incidentes. Ces dernières étant peu représentées, il n’est pas possible des’assurer qu’aucune charte ou contexte immédiat particulier ne correspond à ce typede structure.56

a. Fréquence du marquage initial.En guise de première tabulation, croisons le typede proposition considéré et PPD. On obtient un tableau de six cases (table 6.44). Letest sur l’ensemble du tableau est significatif, mais le contraste entre les cases n’estpas particulièrement marqué. Les deux types d’incidentes se distinguent des phrasespar leur attraction vis-à-vis du marquage initial.

Si l’on regroupe les incidentes en additionnant les totaux des colonnes des deuxdernières lignes en une seule, on obtient la tabulation 6.45, qui indique clairement queles phrases et les incidentes sont globalement distinctes. Le rapport de chances nousapprend que les phrases sont environ quatre fois moins marquées que les incidentes.

Qu’en est-il de l’écart entre les différentes sortes d’incidentes? L’analyse du sous-tableau ne tenant pas compte de la phrase donne la table 6.46. Malgré un rapport de

56 On voit dans les tableaux figurant en annexe qu’il n’y a pas de charte ou de structure parti-culière qui se retrouve dans l’environnement des incidentes marquées.

283

Page 317: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

phrase 8655 2675 11330incidente 23 28 51

8678 2703 11381

0 1

0.03 -0.09-6.49 20.84

θ 3.94

χ2= 25.75,ddl= 1, p= 3.88e−07 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

TAB . 6.45 – Tri croisé phrases et incidentes (groupées)× PPD

0 1

incidente (phrase) 8 13 21incidente (autre) 15 15 30

23 28 51

0 1

-0.23 0.190.16 -0.13

θ 1.63

χ2= 0.31, ddl= 1, p= 0.579✩✩✩

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:✩✩✩ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

Valeur attendue minimale = 9.47

TAB . 6.46 – Tri croisé incidentes× PPD

0 1

phrase 8655 2675 11330incidente (phrase) 8 13 21C5,pers,1 142 16 158

8805 2704 11509

0 1

−0.02✩✩✩ 0.06 ✩✩✩

−4.05✩✩★ 13.19★★★

3.69 ✩✩✩ −12.02✩★★

Test exact de Fisher,p= 5.91e−08 ★★★

Valeur attendue minimale = 4.93

TAB . 6.47 – Tri croisé phrases, incidentes et autres circonstants proposi-tionnels× PPD

chances relativement élevé, il n’est absolument pas possible d’inférer un lien entre lesvariables. Il est vrai que si un test ne parvient pas à rejeterH0 cela ne signifie pas pourautant qu’il faut considérer que cette hypothèse est démontrée (→4.1.3.1), mais lescontributions sont si faibles qu’on ne pourrait ignorer la faiblesse du contraste.

Il y a donc bien une gradation, qui distingue la phrase de l’incidente, mais au-cun moyen de s’assurer que le comportement de la ponctuation varie en fonction del’insertion syntaxique des incidentes.

Examinons à présent le tableau de contingence croisant les phrases, incidenteset autres propositions personnelles subordonnées à la phrase avec PPD (sans tenircompte de celles qui se trouvent en début de phrase, pour lesquelles le marquage inter-férerait bien évidemment avec celui de la phrase) – il ne paraît pas pertinent d’intégrerles incidentes de niveau inférieur, puisqu’elles constituent des unités qui ne pourraientêtre comparées aux C5 de phrase.

Au niveau de la phrase, les attractions montraient déjà que les incidentes se dis-tinguaient des autres C5 propositionnels de mode personnel. Les tests sur l’échan-tillon limité confirment cette tendance (table 6.47). Les incidentes sont apparemment

284

Page 318: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

incidente (phrase) 8 13 21C5,pers,1 142 16 158

150 29 179

0 1

-5.23 27.080.7 -3.6

θ 14.4

Test exact de Fisher,p= 3.23e−07 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

Valeur attendue minimale = 3.4

TAB . 6.48 – Tri croisé incidentes et autres circonstants propositionnels× PPD

0 1

phrase 8637 2702 11339incidente (phrase) 6 17 23incidente (autre) 11 16 27

8654 2735 11389

0 1

0.05 ✩✩✩ −0.16✩✩✩

−7.54✩★★ 23.85★★★

−4.41✩✩★ 13.97★★★

χ2= 49.98,ddl= 2, p= 1.40e−11 ★★★

Valeur attendue minimale = 5.52

TAB . 6.49 – Tri croisé phrases et incidentes× PPF

à considérer comme des structures plus proches des phrases que des autres subordon-nées circonstancielles.

Ensuite, au vu du dernier sous-tableau, on ne pourrait confondre les incidentes etles subordonnées circonstancielles relatées au point de vue de leur marquage initial(table 6.48). La probabilité est également très faible etθ atteint à nouveau une valeurintuitivement perceptible. On peut synthétiser cette description de la ponctuation ini-tiale par une gradation: la phrase est plus marquée que les incidentes, qui sont plusmarquées que l’ensemble des autres circonstancielles.b. Fréquence du marquage final.Remarquons tout d’abord que les effectifs sont tropfaibles pour pouvoir vérifier si quelque document serait significativement différent dela majorité.

Qu’en est-il du marquage final? Si nous construisons un tableau de contingencesimilaire à celui que nous avons obtenu en croisant les phrases et les différents typesd’incidentes avec PPD, remplaçant ce dernier par PPF, nous obtenons la table 6.49.Le résultat de l’analyse statistique de la tabulation est similaire à celui que nous avonsobservé pour PPD: les incidentes se distinguent des autres propositions étudiées, parune tendance à attirer le marquage.

Par ailleurs, la différence de marquage entre les phrases et l’ensemble des inci-dentes paraît plus forte qu’avec PPD (table 6.50). Enfin, il n’est à nouveau pas possiblede distinguer les incidentes entre elles (table 6.51): la valeur duχ2 est si faible qu’ilparaît raisonnable de considérer que l’hypothèse nulle n’est certainement pas loin dela réalité.

Passons à présent à la comparaison des phrases, incidentes et autres subordonnéescirconstancielles qui ne se trouvent pas en fin de phrase. Ces dernières sont, d’aprèsla décomposition de l’écart de la table 6.52, nettement moins marquées que les autresmodalités. Par contre, comme on peut le voir dans la table 6.53, la distinction entre lesincidentes et les autres subordonnées circonstancielles est très floue.

285

Page 319: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

phrase 8637 2702 11339incidente 17 33 50

8654 2735 11389

0 1

0.05 -0.16-11.6 36.7

θ 6.2

χ2= 46.23,ddl= 1, p= 1.05e−11 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

TAB. 6.50 – Tri croisé phrases et incidentes× PPF

0 1

incidente (phrase) 6 17 23incidente (autre) 11 16 27

17 33 50

0 1

-0.42 0.220.36 -0.19

θ 1.95

χ2= 0.63,ddl= 1, p= 0.429✩✩✩

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:✩✩✩ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

Valeur attendue minimale = 7.82

TAB. 6.51 – Tri croisé phrases et incidentes (phrase)× PPF

0 1

phrase 8637 2702 11339incidente (phrase) 6 17 23C5,pers,1 53 85 138

8696 2804 11500

0 1

0.46 ✩✩✩ −1.42✩✩✩

−7.46✩★★ 23.14★★★

−25.27★★★ 78.37★★★

χ2= 136.13,ddl= 2, p= 2.76e−30 ★★★

Valeur attendue minimale = 5.61

TAB. 6.52 – Tri croisé phrases, incidentes et circonstants propositionnels× PPF

0 1

incidente (phrase) 6 17 23C5,pers,1 53 85 138

59 102 161

0 1

-0.7 0.40.12 -0.07

θ 1.77

χ2= 0.81,ddl= 1, p= 0.367✩✩✩

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons:✩✩✩ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)

Valeur attendue minimale = 8.43

TAB. 6.53 – Tri croisé incidentes et circonstants propositionnels× PPF

286

Page 320: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 564 80.81 134 19.2

698 100

1

0

0 100 200 300 400 500

TAB . 6.54 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,0,0(niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)

Attractions (seuil adapté 0.366%)

1265−05b1278−08−01

1247−061267−08−281289−01−12

3/13 (23%)3/12 (25%)6/25 (24%)4/12 (33%)9/21 (43%)

0.0119 1

FIG. 6.47 – Attractions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)

Répulsions (seuil adapté 0.366%)

1271−12−091283−02−13a1280−05−04

1272−031270−11−261244−01−191270−03−241271−05−221280−07−20

2/12 (16.7%)8/42 (19.0%)1/10 (10.0%)3/22 (13.6%)1/11 (9.1%)1/11 (9.1%)1/12 (8.3%)0/10 (0.0%)0/14 (0.0%)

0.134 1

FIG. 6.48 – Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)

c. Synthèse.L’analyse du comportement des incidentes par rapport à ce qui leur res-semble le plus (d’une part les phrases proprement dites, d’autre part les propositionspersonnelles C5 relatées au niveau de la phrase) montre que les 0,0,C5,pers,0 sont desunités que l’on peut qualifier d’intermédiaires, clairement distinctes des deux autrestypes de structures. Par contre, il n’est pas possible de distinguer des tendances diffé-rentes quant au marquage des différents types d’incidentes.

Cette position correspond tout à fait au problème que soulèvent intrinsèquementles 0,0,C5,pers,0: bien que n’étant pas tout à fait des phrases indépendantes, ellessont perçues comme des unités plus autonomes que les subordonnées. À notre avis,devenant l’indice de la conscience linguistique du scribe, la ponctuation reflète cetteperception.

6.1.4.2 0,0,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,¬pers): PPF

Les proportions de marquage des 0,0,C5,0,0 sont celles de la table 6.54; et l’on peutconstater qu’une seule charte attire ce marquage (figure 6.47). En retirant cette chartede l’échantillon, la probabilité que les 0,0,C5,0,0 soient liés à PPF.1 ne change à aucunniveau.57

Comme en témoignent les figures 6.49 et 6.50, peu de contextes immédiats res-

57 Voir l’annexe6.1.4.00C500PPFstable.

287

Page 321: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.366%)

0,0,C5,0,10,1,R2,pers,1

0,0,C5,0,00,1,R2,0,00,0,Co,0,00,0,R2,0,00,1,C5,0,10,1,C5,0,0

10/48 (21%)3/11 (27%)10/43 (23%)5/18 (28%)8/26 (31%)12/34 (35%)21/45 (47%)38/59 (64%)

2.02e−19 1

FIG. 6.49 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)

Répulsions (seuil adapté 0.366%)

0,0,S1,0,00,0,R3,0,10,0,A4,0,1

0,1,R2,¬pers,00,1,P0,0,00,0,P0,0,0

5/29 (17.2%)5/33 (15.2%)2/18 (11.1%)0/11 (0.0%)0/51 (0.0%)4/181 (2.2%)

1.65e−11 1

FIG. 6.50 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)

FAB FRE

0 294 92.161 25 7.84

319 100

1

0

0 50 100 150 200 250

TAB . 6.55 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,C5,0,1(niveaux: pers, ¬pers)

sortent. En observant les dépouillements,58 on remarque que les attestations relevéesau niveau de la phrase sont souvent aux alentours de chiffres. Par exemple:

« ·ce choſesſont faıteſlandel jncarna/ [13]tıonnoſtresangeor ·mılhe ·doıſcenset treteſıs ·el moıſ demay» (Document 1236–05, 12).

«· cıſte [24] chozeet ceſ lettreſ furent faıteſlannoſtreſaíngnor ·mılh · deucenſet quarantetroız ·le londı apreſleſ otaueſde letreme» (Document 1244–01–19, 23).

«et de cez xal · ıııj · denıers· revatarríre · j· denıers· al trefonſ» (Document 1247–06, 20).

Toutefois, cette correspondance n’est pas systématique. En outre, aux autres niveaux,les chiffres n’interviennent pas.

6.1.4.3 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers): PPD

Cette construction n’est pas souvent attestée (voir table 6.55). Le seul document quiressort (figures 6.51 et 6.52) ne perturbe pas les attractions, qui restent identiquessi on l’ignore. Quant à l’environnement attirant le marquage, il est essentiellementformé de circonstants (figure 6.53). En observant les attestations, on voit que c’est la

58 Voir enannexe.

288

Page 322: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.73%)

1283−02−13a1278−08−011255−05−211265−11−131270−04−07

2/16 (12%)2/16 (12%)1/10 (10%)2/12 (17%)3/10 (30%)

0.0402 1

FIG. 6.51 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers)

Répulsions (seuil adapté 0.73%)

1271−12−221265−05b

0/11 (0%)0/11 (0%)

0.679 1

FIG. 6.52 – Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers)

Attractions (seuil adapté 0.73%)

0,0,R2,0,00,0,S1,0,00,0,C5,0,1

3/21 (14%)2/10 (20%)14/51 (27%)

8.23e−08 1

FIG. 6.53 – Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers)

Répulsions (seuil adapté 0.73%)

0,0,C5,0,01,0,S1,0,00,0,Co,0,00,0,P0,0,0

0/15 (0.0%)0/38 (0.0%)0/43 (0.0%)2/102 (2.0%)

0.0130 1

FIG. 6.54 – Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers)

coordination qui ressort. Par exemple:

«· de laterre [. . .] ke dammeodıerne etſez fıs ſıreſ gıles attenue a nodueſa ramelhıes endıme groſſe et menue ·en patronage de glıse ·encenſ· en chaponſen terreſarableset en [4]

toteſatreſrenteſſıreſ gıleset ſa˘˘mere reconoıſent a le glıſeet claıment quıtte le quarte part[. . .]» (Document 1236–05, 2).

«[1] · noſ [. . .] faıſons connıſſanta touſ cıas kı verront ceſpreſens lettres · kefreſſens lıbeggíne com[4] dıſt lı dıegleacquıſt bıenet loıalment par nom dachat ·a ˘lambertvennıſoneta ˘ge [5]lujt ſe femme · víntequatreſols [. . .] appaıer chaſconan a ˘touſ jourſ ceſ · vıntequatreſols de cenſ[8] a · ıj · termíneſ· moıtíet a feſte ſaín jehanbaptıſte ·et moıtıet a noıel ·parteılh droıt [9] et par teılhamende ke on paíet lesatres cens en˘˘le vılhe de dínant» (Document1255–05–21, 1).

«· [8] et lı abeſſeet lı couens de robıermont deſordıs reſpondírent encontre eauſen tel maníere· ke cíls hírretage lor fut[9] doneíz en almoíne · de ıohan le boríoıset derau ſe fılh · ſı ke deldroıt hoír kı ahíreteıſen˘˘fut par le cuertet [10] par les íugeors · sı ke loıset íugement portet ·et ſı quılh aparoít par les lettreſpendans quılh en˘˘auoıent de moı ·[11] et par les lettres quılhauoıent de mon saıngnorrogıer de waſſenberge · cuí frere ıe ou ·et par les oeureſkı faıteſen [12] furent par noſ· et par les íugeors kı a íugıer en orent · kı par íugement a˘˘le requeſte

289

Page 323: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 1162 71.031 474 28.97

1636 100

1

0

0 200 400 600 800 1000

TAB . 6.56 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,0,1(niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers)

Attractions (seuil adapté 0.0777%)

1242−05−021278−08−011290−08−24

1265−05a1289−01−121270−05−101277−05−04

1263−05−27b1275−01−10a1255−05−21

1288−02b1265−04−15

1275−081271−07−07a1272−06−221270−09−29

1272−031288−02a

1273−05−121275−01−10b1270−04−071236−12−151263−03−311268−03−011265−11−13

1270−06−06a

4/12 (33%)10/33 (30%)5/16 (31%)5/15 (33%)7/24 (29%)3/10 (30%)4/10 (40%)4/10 (40%)5/13 (38%)8/22 (36%)7/17 (41%)9/22 (41%)7/16 (44%)6/13 (46%)5/10 (50%)5/10 (50%)21/55 (38%)8/15 (53%)8/15 (53%)10/16 (62%)10/16 (62%)8/11 (73%)13/20 (65%)16/24 (67%)18/27 (67%)17/22 (77%)

1.66e−06 1

FIG. 6.55 – Attractions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers)

·· labeſſeet le couent deuant˘˘dít [13] lor líurarent ceſte terre ·par verge ·et par meſure ·etabonarent ·et paıscommandarent paríugement ·ſı ke loı porte» (Document 1265–11–13,7).

6.1.4.4 0,0,C5,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers,¬pers): PPF

Les proportions de marquage de cette structure sont parmi les plus élevées (table 6.56).

a. Tendances par document.La décomposition de la tabulation entre les référenceset PPF indique que l’attraction est caractéristique de trois documents (sept sans lesajustements, voir figure 6.55). Mais même si l’on retire les 0,0,C5,0,1 contenus dansces sept chartes de l’échantillon, l’attraction reste du même ordre.59

b. Contexte immédiat.On peut se pencher sans crainte sur l’examen du contexteimmédiat à la suite de ces constituants (figures 6.57 et 6.58). Les constructionsqui suivent généralement un de ces circonstants marqués sont les coordonnants, les0,0,S1,0,0 et, dans une moindre mesure, les incidentes et les 0,1,C5,0,0.

59 Les tests figurent en annexe.

290

Page 324: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.0777%)

1276−06−10a1265−07−04

1283−02−13a1264−04

1277−06−121252−03−01a1244−01−19

1283−02−13b1260−05−141271−05−221284−05−11

1236−051263−05−27a

1263−111271−12−03a1263−05−27c

1247−061287−09−081270−03−241264−09−071271−04−20

1271−07−07b1271−03−181270−11−261276−07−221260−05−091283−12−26

1263−051278−04−061280−07−201266−06−13

1276−06−10b1270−04−161271−12−221267−08−281271−12−09

1274−05−31a1260−02−21a

1265−05b1274−05−31b

3/12 (25.0%)4/15 (26.7%)13/45 (28.9%)3/13 (23.1%)3/11 (27.3%)4/17 (23.5%)4/17 (23.5%)2/10 (20.0%)2/10 (20.0%)5/21 (23.8%)3/14 (21.4%)3/14 (21.4%)6/25 (24.0%)8/33 (24.2%)2/12 (16.7%)2/12 (16.7%)2/12 (16.7%)3/16 (18.8%)3/17 (17.6%)3/17 (17.6%)5/25 (20.0%)2/13 (15.4%)2/13 (15.4%)4/22 (18.2%)3/18 (16.7%)2/14 (14.3%)1/10 (10.0%)1/10 (10.0%)1/11 (9.1%)3/20 (15.0%)2/17 (11.8%)2/18 (11.1%)2/19 (10.5%)2/20 (10.0%)3/25 (12.0%)2/22 (9.1%)1/18 (5.6%)0/13 (0.0%)7/51 (13.7%)0/18 (0.0%)

0.0138 1

FIG. 6.56 – Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuants de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers)

Attractions (seuil adapté 0.270%)

0,1,R2,0,00,0,R3,0,10,0,R2,0,0

0,1,A4,pers,10,1,C5,0,00,0,S1,0,0

0,0,C5,pers,00,0,Co,0,0

15/50 (30%)7/22 (32%)21/65 (32%)6/10 (60%)40/103 (39%)51/121 (42%)9/11 (82%)130/327 (40%)

1.43e−06 1

FIG. 6.57 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuants de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers)

291

Page 325: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.270%)

0,1,R2,pers,10,0,C6,0,00,1,R3,0,10,0,C5,0,00,0,C5,0,10,1,C5,0,10,0,A4,0,10,1,P0,0,00,1,A4,0,1

0,0,C5,pers,10,0,P0,0,0

13/47 (28%)8/33 (24%)3/16 (19%)24/101 (24%)41/170 (24%)34/144 (24%)5/37 (14%)0/16 (0%)0/16 (0%)0/16 (0%)38/219 (17%)

7.43e−05 1

FIG. 6.58 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers)

FAB FRE

0 11 61.111 7 38.89

18 100

1

0

0 2 4 6 8 10

TAB . 6.57 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type0,0,C5,¬pers,1 (niveau: phrase)

FAB FRE

1 115 63.540 66 36.46

181 100

0

1

0 20 40 60 80 100

TAB . 6.58 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,pers,1(niveaux: phrase, pers-arg, pers)

6.1.4.5 0,0,C5,¬pers,1 (phrase): PPF

Nous ne pouvons dégager de tendances claires sur la base des attestations exa-minées, si ce n’est que deux d’entre elles figurent dans le document 1272–03 et sontmarquées comme les 0,0,R3,0,1 que nous avons analysés ci-dessus (→6.1.3.11):

«¶ je laıſaſponſde lıege refaereet retenír·’x ſols [. . .] ¶pourdonerencouteſenchemíſeſet

enſollerſ [28] ou promıeríuíerapresmemort ·’dız mars ¶ [. . .] ¶pourquerrelesorızonſenſı

comboenſambleraameſ foemenſ·’xl ſ» (Document 1272–03, 26).

Il est plausible que la dimension sémantique prime dans ce contexte.

6.1.4.6 0,0,C5,pers,1 (phrase, pers-arg, pers): PPF

La structure est également très souvent marquée (table 6.58). L’attraction (figure 6.59)ne semble pas limitée à une charte en particulier60 et l’examen du contexte (figures6.61 et 6.62) ne nous en apprend pas davantage.

60 Voir le tableau en annexe.

292

Page 326: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 1.70%)

1265−05b1272−03

9/10 (90%)16/19 (84%)

0.0841 1

FIG. 6.59 – Attractions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)

Répulsions (seuil adapté 1.70%) 1247−06 1/11 (9.1%)

0.000388 1

FIG. 6.60 – Répulsions significatives entre RB et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)

Attractions (seuil adapté 1.70%)

0,0,Rl,0,00,0,S1,0,0

7/10 (70%)68/96 (71%)

0.0474 1

FIG. 6.61 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)

Répulsions (seuil adapté 1.70%) 0,0,C5,0,0 5/14 (36%)

0.048 1

FIG. 6.62 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)

FAB FRE

0 5 501 5 50

10 100

1

0

0 1 2 3 4 5

TAB . 6.59 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,C5,pers,1(niveau: phrase)

6.1.4.7 1,0,C5,pers,1 (phrase): PPF

Le peu d’attestations dans le corpus (voir table 6.59) ne nous laisse d’autre choixque de les citer:

« ·sevnſ homdıſt laıt aautre · v ·»ſouſdoít (Document 1241–09, 4).

«· ſevnſ homfıert autreſanſſaínc[5] corant · xx ·ſolsdoít»(Document 1241–09, 4).

«· ¶sıl eſt deuenſleſ deuſpromıersansapres [14] memort generauſpaſſageſoutre mer ·’je

laıſ a ˘le croíſdíx marſde líeíoes» (Document 1272–03, 13).

«¶seıe _ſuí _tenue_pourmı v pourautrvı parpromeſſev parautre raıſon· a perſonev a˘˘líua cuí ıe aıelaıſſıetv donetenceſteſcrıt v autrement·

’íe wel [37] que toutſoet en paıement·/

ſe ıe ne le deuıſe nommeement a paıer» (Document 1272–03, 36).

293

Page 327: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 303 74.081 106 25.92

409 100

1

0

0 50 100 150 200 250 300

TAB . 6.60 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,0,0(niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers)

Attractions (seuil adapté 1.70%)1265−05b 6/11 (55%)

0.0646 1

FIG. 6.63 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers,¬pers)

Répulsions (seuil adapté 1.70%)

1283−02−13a1272−03

5/20 (25.0%)1/17 (5.9%)

0.100 1

FIG. 6.64 – Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers,¬pers)

Attractions (seuil adapté 0.639%)

0,0,C5,0,10,0,C5,0,0

36/92 (39%)39/64 (61%)

9.76e−12 1

FIG. 6.65 – Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers,¬pers)

«·quantchefut faít ··lı homme dele chıſe deu / lı commandarent enſpaís ·et lı fıſent toteſlesdroıtureſ/ ſı com[15] ſuelt faıre atels veſtureſ» (Document 1274–02–24, 14).

Certains signes figurent devant des chiffres, mais les effectifs sont si faibles que nousne pouvons nous prononcer.

6.1.4.8 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg, pers,¬pers): PPD

Les proportions de marquage sont figurées dans la table 6.60. Pour peu qu’on puisseobserver les associations entre PPD et certains documents (l’effectif est généralementinsuffisant pour ce faire), elles sont toutes non significatives (figures 6.63 et 6.64).61

Quand on regarde de près quelles structures précèdent ces circonstants, on voit quece sont principalement d’autres circonstants qui attirent significativement la présencedu ponctogramme. Si l’on observe les attestations, on découvre que l’eschatocole re-vient fréquemment:62

61 Voir le tableau en annexe.62 Voir le dépouillement complet en annexe.

294

Page 328: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.639%)

0,0,A4,0,10,0,R2,0,00,0,R3,0,10,0,S1,0,00,0,Co,0,00,0,P0,0,0

4/21 (19.0%)11/51 (21.6%)2/16 (12.5%)1/12 (8.3%)0/12 (0.0%)7/109 (6.4%)

1.11e−07 1

FIG. 6.66 – Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers,¬pers)

PPD.0 PPD.1

LCF.0 344 87 431LCF.1 20 31 51

364 118 482

TAB . 6.61 – Tri croisé position finale ou non× PPD

FAB FRE

0 697 84.081 132 15.92

829 100

1

0

0 100 200 300 400 500 600

TAB . 6.62 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,0,1(niveaux: phrase, pers-arg, pers)

«· cıſte [24] chozeet ceſ lettreſ furent faıteſlan noſtreſaíngnor ·mılh · deucenſet quarantetroız ·le londıapreſleſ otaueſdele treme» (Document 1244–01–19, 23).

«· chefut faıt en lan del ıncarnatıon noſtre saıngnour ıhesucrıſt · mo · [31] · cco · lxııjo · lederrıen ıour demarch» (Document 1263–03–31, 30).

«·chefutfaıt et doneít ·lanet les joursdeſeurnomeís» (Document 1289–07–19, 22).

On peutvérifier cette association entre la fin de l’eschatocole et le marquageinitial en tabulant une variable binaire indiquant si le constituant est ou non à lafin de la charte (LCF) avec la variable PPD (tableau 6.61). Le tri croisé est parlant(χ2= 38.4907,p= 5.502e−10): l’association entre la position en fin de charte et ce

marquage est nette. Ce qu’on découvre ici est donc à la limite de la morphosyntaxe etfait à nouveau entrer en jeu le style formulaire.

6.1.4.9 0,1,C5,0,1 (phrase, pers-arg, pers): PPD

La proportion de 0,1,C5,0,1 marqués à l’initiale est appréciable (table 6.62). Elle neparaît pas liée à un document en particulier (la probabilité deH0 est très élevée pourtous les documents, cf. figures 6.67 et 6.68).

L’affinité du marquage et d’un contexte immédiat constitué d’un autre circonstantest à nouveau très claire (figure 6.69). Les 0,1,C5,0,1 prennent des formes très di-

295

Page 329: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.270%)

1273−05−121272−031236−05

1270−11−261278−08−011270−05−101271−04−20

1283−02−13a

2/10 (20%)7/39 (18%)2/11 (18%)2/12 (17%)3/13 (23%)3/13 (23%)3/12 (25%)9/45 (20%)

0.576 1

FIG. 6.67 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)

Répulsions (seuil adapté 0.270%)

1265−05b1276−06−10b1289−01−121271−12−221260−05−091271−12−091265−11−131266−06−131244−01−191268−03−101267−08−28

2/16 (12.5%)1/10 (10.0%)3/21 (14.3%)1/11 (9.1%)1/11 (9.1%)1/12 (8.3%)1/12 (8.3%)0/10 (0.0%)0/10 (0.0%)0/12 (0.0%)0/12 (0.0%)

0.262 1

FIG. 6.68 – Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)

Attractions (seuil adapté 0.568%)

0,0,R2,¬pers,00,0,A4,0,10,0,C5,0,10,0,C5,0,0

12/44 (27%)15/56 (27%)30/107 (28%)24/53 (45%)

5.1e−09 1

FIG. 6.69 – Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)

Répulsions (seuil adapté 0.568%)

0,0,R3,0,10,0,R2,0,00,0,S1,0,00,0,Co,0,00,0,P0,0,0

4/28 (14.3%)22/162 (13.6%)2/53 (3.8%)1/80 (1.2%)7/213 (3.3%)

9.54e−09 1

FIG. 6.70 – Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)

verses et nous n’avons pu dégager de points communs fréquents pour les occurrencesponctuées.63

6.1.4.10 0,1,C5,¬pers,1 (phrase, pers): PPD

Cette structure, qui prend la forme d’une infinitive relatée, est également très peu at-testée (table 6.63). En conséquence, il est prévisible qu’aucun document ne contienne

63 Voir le dépouillement en annexe.

296

Page 330: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 30 71.431 12 28.57

42 100

1

0

0 5 10 15 20 25 30

TAB . 6.63 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type0,1,C5,¬pers,1 (niveaux: phrase, pers)

FAB FRE

0 21 701 9 30

30 100

1

0

0 5 10 15 20

TAB . 6.64 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,pers,1(niveau: phrase)

assez d’occurrences de la construction pour qu’on puisse tester son association.64

Cependant, et la différence avec la structure qui précède est majeure, ces C5 mar-qués sont très cohérents: un coup d’œil sur les attestations, dont voici les trois pre-mières,65

«· et ſıl auenoít quelı eueſkeſ[11] ſe pleínſıſt quehon lı feíſt tort·/ noſ deuonſenuoíer douzde noſhomeſ la v on lí [12] feroıt tort ·/ por ſauoír ſe on lı˘˘faſoít tort v non» (Document1243–07–09, 10).

«·et ſı neſt enſıſe˘˘rauenrat le maıſon maıntenant ·porachateırvín [19] et oſtezal ſacrament»(Document 1247–06,18).

«· et par lor jugement celedíme groſſe et menue[11] de peres rendıemes nos a lamaıſondeuant dıte ·por teníret recíuoırperpetuement[12] sıcomme˘lour dımelıgement» (Document1265–05b, 10).

montreque le relateur employé est toujourspor. On avait pu admettre, au vu des sec-tions précédentes – étude du prédicat (→6.1.2.1) et des actants (→6.1.3) –, que laponctuation ne dépendait pas uniquement de la morphosyntaxe, mais qu’elle suivaitcertainement des tendances liées à la structure énonciative des documents et au styleformulaire. Avec ce type de structure, on peut en outre s’interroger sur les mots em-ployés pour marquer les relations et étendre la question de la ponctuation aux consi-dérations portant sur lexique employé.

6.1.4.11 0,1,C5,pers,1 (phrase): PPD

Cette fois, plus du quart des constituants de ce type attirent le marquage (table 6.64).La tabulation – reléguée aux annexes – entre les références des documents et le mar-quage laisse voir qu’aucun texte ne rassemble suffisamment d’attestations pour êtreévalué.

64 Voir le tableau en annexe.65 Voir le dépouillement complet en annexe.

297

Page 331: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Du reste, les constructions correspondant à ce type sont très variées. À titred’exemple, on peut citer:66

«·et chaſcune de noſpartıeſ· at ceſle [19]treſ ſemblanz mot a˘˘mot eſcrıteſ· keleſnepuıſſenteſtrechangıeſnemuees» (Document 1237–12, 18).

«· et ce paıment doıent ılh[8] faıere des díj´s muıs enſı com ılheſt deuıſet de moıs en moızentırement ·quenkemolınauenge» (Document 1252–03–01a, 7).

«· lı quel quatre repromíſent[12] couent a tenír de part monſaıngnor gerar de quarante marſde lıgoıs· ſılh eıſſoítdenosdís» (Document 1263–03–31, 11).

«· les˘quez nos paıerons tant ke nos víuerons ·et la maıſons[14] apres le deces de noset dameadeılhıen deuant dıte ·quantelleentırementla dımerecíuerat» (Document 1265–05a, 13).

Si bienque nous n’avons pu leur trouver un point commun qui les caractériserait.

6.1.4.12 Synthèse

a. Cohérence.Bien que souvent trop peu représentées pour permettre un test en bonneet due forme, les structures laissent voir que, dans le cas où les effectifs suffisent, il n’ya pas d’exclusivité ou de quasi exclusivité, comme c’était le cas pour les actants. Lesphénomènes de marquage sont, jusqu’à preuve du contraire, répartis dans l’ensembledu corpus.b. Contexte.Lorsque les effectifs le permettent, il est possible de s’assurer que lesconstituants attirent une ponctuation aux alentours les uns des autres, mais on ne voitpas reparaître les actants attirant le marquage repérés précédemment. Cela confortel’idée de l’indépendance du marquage.

Les circonstants marqués se rencontrent dans l’entourage d’autres C5, ce qui nechoque pas dans les quelques cas évalués. Théoriquement, la définition des circons-tants dans le modèle fait qu’ils ne sont pas considérés comme prévus par le schémaactanciel du lexème verbal assumant la fonction P0 (→3.4.2.3). Par conséquent, lenombre de constituants possibles n’est pas fixé. Les différents circonstants sélection-nant le même prédicat peuvent généralement être jugés indépendants, mais le faitrelevé ci-dessus nous incite à nous demander s’il ne vaudrait pas mieux les décrirecomme des coordonnés. En effet, prenons l’exemple suivant:

«· [Elles67] furent faıteſlan noſtreſaíngnor ·mılh · deucenſet quarante troız ·le londı apreſleſ otaueſde letreme» (Document 1244–01–19, 24).

Cette phrase, qui contient les deux circonstantslan noſtre ſaíngnor mılh deucenſetquarante troızet le londı apreſleſ otaueſde le treme, est représentée comme dansla figure 6.71 d’après notre modèle, ce qui n’est pas très différent de ce qu’on ob-serve dans la figure 6.72.68 Il existe cependant une relation sémantique entre les deuxcirconstants qui n’est pas du même ordre que celle observée généralement en cas de

66 Voir le dépouillement complet en annexe.67 Nous pronominalisonscıſte choze et ceſlettreſ pour simplifier l’exposé.68 Voir 3.4.7.2 sur la schématisation de la coordination.

298

Page 332: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[

l’an Nostre Saignor. . .] [

le londi aprés. . .]

[

furent faites]

[Elles]

C5 C5

S1

FIG. 6.71– Structure d’une phrase comprenant deux circonstants (mo-dèle choisi)

[

[

l’an Nostre Saignor. . .] [

le londi aprés. . .]

]

[

furent faites]

[Elles]

C5 C5

coordination

S1

FIG. 6.72– Structure d’une phrase comprenant deux circonstants (mo-dèle alternatif)

coordination. Cela se traduit morphosyntaxiquement par l’absence généralisée de co-ordonnant spécifiant la relation entre les deux C5.

Qu’on accepte l’idée que les circonstants sont coordonnés ou non ne change rienà l’attraction qu’ils manifestent de manière générale par rapport au marquage. Cetteattraction semble d’autant plus forte que les circonstants sont en contact les uns avecles autres.c. Hors de la morphosyntaxe.À la liste des formules relevées jusqu’à présent, il fautpeut-être ajouter la portion finale de l’eschatocole, de forme variée.

Par ailleurs, l’étude des 0,1,C5,¬pers a mis en évidence l’emploi systématiquedu relateurpor. Pour approfondir l’étude de la relation entre les lexèmes mobilisés,les structures qu’ils servent à construire et leur ponctuation, il serait nécessaire delemmatiser le corpus. L’entreprise pourrait commencer par les adverbes relateurs.d. Proportions expliquées.Si l’on admet de ranger les constituants parmi les unitésattirant la ponctuation, on peut dresser la liste des attractions, de la même manièreque nous l’avons fait ci-dessus pour les actants. Ainsi, pour la ponctuation initiale, lescirconstants attirant sa présence sont:

– 0,0,C5,pers,0;– 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,pers,¬pers);– 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers);– 0,1,C5,0,1 (phrase,pers-arg,pers);– 0,1,C5,¬pers,1 (pers,phrase);– 0,1,C5,pers,1 (phrase).

299

Page 333: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

P.0 P.1

ActCirc.0 54919 3479 58398ActCirc.1 2696 1093 3789

57615 4572 62187

P.0 P.1

12.26 -154.49-188.95 2381.1

θ 6.4

χ2= 2733.45,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 6.65 – Proportions de marquage expliqué par la ponctuation descompléments

FAB FRE

0 3479 76.091 1093 23.91

4572 100

1

0

0 500 1000 1500 2000 2500 3000

TAB . 6.66 – Tri à plat de la position (limite de complément ou non) pourlespositions ponctuées

Parallèlement, pour la ponctuation finale, nous retenons les attractions impliquant lesconstituants:

– 0,0,C5,pers,0;– 0,0,C5,0,0 (¬pers-arg,¬pers);– 0,0,C5,0,1 (phrase,pers-arg,¬pers-arg,pers,¬pers);– 0,0,C5,¬pers,1 (phrase);– 0,0,C5,pers,1 (phrase,pers-arg,pers);– 1,0,C5,pers,1 (phrase).

Nous pouvons ainsi reconsidérer les résultats de la synthèse sur la ponctuation desactants (→6.1.3.14), et construire un tri croisé sur la base de la définition de chaqueposition entre deux mots (limites de l’énoncé exceptées) par deux variables répondantaux questions: la position est-elle à la limite d’un actant ou d’un circonstant attirantla ponctuation à cet endroit? la position est-elle effectivement marquée d’un poncto-gramme? Cela nous permet de construire la table 6.65. En dehors du marquage de laphrase, les positions reconnues comme attirant la ponctuation sont significativementbeaucoup plus marquées que les autres.

À nouveau, si nous envisageons les exceptions à ces tendances, il est plus fréquentque les positions ne soient pas marquées alors que le contexte attire la ponctuationplutôt que le contraire. Ainsi, considérer les circonstants comme des environnementspropices à l’apparition de la ponctuation permet d’augmenter la proportion de ponc-togrammes expliqués par leur position (table 6.66) sans pour autant augmenter de ma-nière démesurée la quantité de constructions non marquées alors qu’elles pourraientl’être (table 6.67).

6.1.5 Coordination

D’après les analyses effectuées jusqu’à présent, l’influence de la coordination surl’emploi de la ponctuation est apparemment aussi importante que généralisée. On aen effet vu apparaître son influence tant aux alentours du prédicat que des actants et

300

Page 334: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 54919 95.321 2696 4.68

57615 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000 50000

TAB . 6.67 – Tri à plat de la position (limite de complément ou non) pourlespositions non ponctuées

même, dans une certaine mesure, des circonstants. La coordination est donc un type deconstruction qui touche tous les niveaux d’intégration syntaxique. En tant que telle, onpourrait exiger de l’étude du marquage de la coordination qu’elle tienne compte d’unimportant nombre de variables pour être tout à fait fiable. Néanmoins, la généralité dela relation sur le plan morphosyntaxique justifie une approche unifiée, où les coordi-nations de niveaux argumental et immédiat seront étudiées sans être distinguées.

Les données ont été sélectionnées et annotées (→6.1.5.1) de manière à permettreun traitement approprié de la problématique (→6.1.5.2).

6.1.5.1 Préparation des données

La sélection des constituants qui formeront l’échantillon de notre analyse devra tenircompte de ce que nous avons découvert à ce point de l’exposé (a). Les variables dis-ponibles ne suffisant pas à aborder les coordinations, nous serons amené à définir unenouvelle variable, plus adéquate au traitement de la problématique (b et c).a. Sélection des individus.L’étude de la phrase, des actants et des circonstants a misen évidence une série d’environnements qui favorisaient l’apparition de la ponctua-tion. Il est probable que ces tendances interagissent avec la manière dont la coordina-tion influence la présence des ponctogrammes. Dans une logique similaire à celle quinous a poussé à écarter les propositions partageant une de leurs limites avec une autrequand nous avons étudié leur marquage,69 il nous paraît profitable de ne pas intégrerà l’échantillon les constituants dont la ponctuation peut déjà être «expliquée» par undes environnements pouvant être considérés comme la justifiant.b. Ajout d’une nouvelle variable.Pour étudier de manière approfondie la construc-tion, nous avons dû créer une nouvelle variable décrivant les constituants, à laquellenous avons assigné le sigleMC. Les modalités de cette variable décrivent la positiondu constituant dans un ensemble coordonné: MC.¬coord indique que l’unité n’est pascoordonnée; MC.début signifie qu’il s’agit de la première unité du groupe coordonné;MC.fin qu’il s’agit de la dernière et MC.centre que l’unité est coordonnée, mais n’estni en première, ni en dernière position. Par exemple, dans la phrase:

«[1] jakemes lı prouoſt · johans lıdoınſ · lı archıakene et toz lı capıtelez [. . .]» (Document1236–05, 1).

la valeur de MC pour le constituantjakemes lı prouoſtest MC.début; celle dejohans lıdoınſ et de lı archıakeneest MC.centre; celle detoz lı capıtelezcorrespond à MC.fin.Plusieurs constituants peuvent ainsi avoir comme modalité MC.centre tout en faisant

69 Voir →6.0.1.2sur les raisons qui nous poussent à retirer de chaque échantillon les unitéspartageant une de leurs limites avec une autre unité du même échantillon.

301

Page 335: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

MC.¬coord. 67480 2996 70476MC.début 2284 414 2698MC.fin 2872 139 3011MC.centre 2677 1559 4236

75313 5108 80421

PPD.0 PPD.1

33.2★★★ −489.55★★★

−23.3★★★ 343.54★★★

0.97 ✩✩✩ −14.27★★★

−419.46★★★ 6184.53 ★★★

χ2= 7508.82,ddl= 3, p= 0 ★★★

TAB . 6.68 – Tri croisé des positions de coordination et PPD

partie du même groupe coordonné. Pour simplifier le traitement, le coordonnant quispécifie la relation reçoit la modalité de MC correspondant à sa position, exactementcomme s’il était lui-même coordonné, c’est-à-dire, généralement MC.centre.c. Cas particulier des groupes de constituants.Le traitement est plus complexe dansle cas de coordination de groupes de constituants, comprenant par exemple un prédicatet un ensemble d’arguments:

«· et [10] ıe celmeíme droıt [. . .] lor quıtte auſıet lor doneen almoıne /ſe nul droıtı˘˘aj»(Document 1268–08–02b,9).

La valeur de MC pour les différents arguments dépend alors de la ponctuation étu-diée (initiale ou finale). Dans tous les cas, les arguments regroupés dans un membrecoordonné qui ne se trouvent ni au début, ni à la fin de ce membre reçoivent la mo-dalité MC.¬coord. C’est le cas dedoneet endans l’exemple ci-dessus. Si on étudiela relation entre la coordination et la ponctuation initiale, tout argument autre que lepremier du groupe sera également MC.¬coord, alors que le premier sera MC.début,MC.centre ou MC.final, en fonction de la position de l’ensemble du groupe dans lastructure rassemblant les éléments coordonnés. Par exemple, seul le constituantlorsera décrit par la modalité MC.début. Pour la ponctuation finale, on procède de même,mais en ne marquant que l’argument final (ici,almoıne).

6.1.5.2 Analyse

Nous n’avons à ce jour pas développé de moyen permettant d’extraire efficacement lecontexte immédiat des groupes coordonnés. Aussi, les analyses fournies ci-dessous netiennent pas compte des constituants qui précèdent ou suivent les groupes coordonnés.

Pour étudier la ponctuation des différents membres coordonnés, il ne paraît pasnécessaire d’aborder distinctement la ponctuation initiale et la ponctuation finale desconstituants. Nous commencerons par traiter la ponctuation initiale dans toutes lespositions correspondant aux modalités de la variable MC (a, b et c) avant de nousfocaliser sur le marquage final du dernier membre (d).a. Tabulation générale.Une fois l’échantillon sélectionné et les constituants décritsà l’aide de la variable MC, il est aisé de construire la tabulation 6.68, qui croise lesmodalités de la nouvelle variable avec celles de PPD. La ventilation est très significa-tive. La décomposition de l’écart, sur le tableau de droite, présente principalement lesMC.¬coord et les MC.fin comme repoussant PPD.1.

302

Page 336: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

MC.¬coord. 67480 2996 70476MC.début 2284 414 2698

69764 3410 73174

PPD.0 PPD.1

1.24 -25.3-32.31 660.94

θ 4.08

χ2= 717.29,ddl= 1, p= 5.21e−158★★★

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)

TAB . 6.69 – Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord etMC.début et PPD

PPD.0 PPD.1

MC.¬coord. 67480 2996 70476MC.centre 2677 1559 4236

70157 4555 74712

PPD.0 PPD.1

25.57 -393.77-425.35 6551.31

θ 13.1

χ2= 7390.31,ddl= 1, p= 0 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)

TAB . 6.70 – Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord etMC.centre et PPD

PPD.0 PPD.1

MC.¬coord. 67446 2979 70425MC.centre 562 931 1493

68008 3910 71918

PPD.0 PPD.1

10.84 -188.62-511.54 8897.43

θ 37.5

χ2= 9597.14,ddl= 1, p= 0 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)

TAB . 6.71 – Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord etMC.centre et PPD (coordonnants retirés)

b. Attractions.Lorsqu’on compare séparément la ponctuation de MC.¬coord et desmodalités MC.début et MC.centre,70 on voit tout d’abord que l’attraction est effectivepour MC.début (table 6.69).

De même (table 6.70),71 les constituants MC.centre (parmi lesquels on compteles coordonnants, rappelons-le) s’opposent également à la tendance propre à la non-coordination. En retirant les coordonnants (table 6.71), le rapport de chances est net-tement plus élevé.c. Répulsions.Les constituants non coordonnés et les constituants finaux d’une co-ordination s’opposent ensemble à la présence de marquage. Ils peuvent à leur tourêtre comparés (table 6.72). Les constituants qui rejettent la ponctuation ne s’opposentpas entre eux significativement. L’observation de quelques attestations permet d’enentrevoir la raison:

70 La répartitiondes attractions par document ne modifie pas l’orientation et la significativitéde l’écart. Voir l’annexe6.1.5.figure-coord-init.

71 La répartition des attractions par document ne modifie pas l’orientation et la significativitéde l’écart. Voir6.1.5.figure-coord-centre.

303

Page 337: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPD.0 PPD.1

MC.¬coord. 67480 2996 70476MC.fin 2872 139 3011

70352 3135 73487

PPD.0 PPD.1

0 -0.04-0.04 0.87

θ 1.09

χ2= 0.86, ddl= 1, p= 0.355✩✩✩

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons:✩✩✩ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)

TAB . 6.72 – Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord etMC.fin et PPD

Attractions (seuil adapté 1.27%)

1,0,Ap,0,00,0,S1,0,00,0,Ap,0,0

7/13 (54%)17/24 (71%)78/112 (70%)

4.56e−237 1

FIG. 6.73 – Marquage initial de MC.fin par constituant précédent

Répulsions (seuil adapté 1.27%) 0,0,Co,0,0 29/2771 (1.0%)

1e−300 1

FIG. 6.74 – Marquage initial de MC.fin par constituant précédent

«· yſabeaz [recevra] · ııj· ſoz · de cenſ[. . .] · ſelle perſoure en relıgıon ·et ſelle estmananſáſaínt crıſtofle» (Document 1247–06, 17).

«· lı tenantſunt ſıreshenrotte denuefvıs ·tyrıs de preet · vlar le /[19] peıſſıreset gılez lıchínuzet autre prodome ·louuís de flemale maıres de lıege ·ewras de loweet lambeılhoırspan /[20]cherons» (Document 1252–03–01a, 18).

La présence d’un coordonnant devant le dernier membre semble impliquer le non-marquage. Et en effet, si l’on examine les constituants qui précèdent un individu à lamodalité MC.fin et qu’on croise leur type (MM) avec la présence de ponctuation, larecherche des modalités de MM particulièrement significatives donne des graphiquespeu fournis, mais limpides (figures 6.73 et 6.74): dans tous les cas où MC.fin n’estpas précédé d’un coordonnant, il y a attraction significative du marquage. La situationest très fréquente dans le cas des nombres:

«· sacent[2] tujt ken lan delle jncarnatıon noſtreſaínor jhesucrıſt · m · cc · lxíj · [. . .]»(Document 1263–07–20,1).

Toutefois, l’attraction est également visible dans des contextes moins spécifiques:

«· apres nos auons teılh conuent entre nos et les deuant˘˘dıs maıeur /ſkeuíns /jureıs et totlecommun / [13] ke tote lımoıtıes des preus et des rentes kı uenront de celle halle dor en˘auantſerat noſtre [. . .]» (Document 1263–11, 12).

où l’ensemblemaıeur /ſkeuíns / jureısest apposé àles deuantdıs. D’autres contextessont possibles, comme:

304

Page 338: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[constituant][

[

mot spécifiant]

restedu constituant]

relation

spécification

FIG. 6.75– Représentation de la spécification (rappel)

[

[Ermensens. . . marchisse d’Arlon] [et] [Henri. . . marchis d’Arlon]]

[

faisons]

[conissiance ke. . .]

S1 S1

relation

addition

R2

FIG. 6.76 – Structure deErmensens. . . et Henri. . .(rappel)

«· et de tout ce ke deſeure · eſt dıt deuons nousfaıre boeneſevrteı auconte deuant dıt parnos letres et par[10] les letres douchapıtle deuant dıt ·et les letrres de nos boenes uıles · etpar les letres leconte de los / monſegneurwıllaume dauteríue · le[11] ſegneurde stene · leſegneur deborne · monſegneurrenart dargentea · leſegneur demoreaumeıs · monſegneurtherrı derochefort ·monſegneurgo / [12]defroıdecaumont» (Document 1263–05–27c, 9).

La distinctionentre les chiffres (romains) et les autres appositions ne relevant pas dela morphosyntaxe – du moins dans le modèle que nous proposons –, nous n’avons putraiter efficacement le marquage l’environnant.

En attendant une étude précise du sujet, on peut toutefois se risquer à commentercette opposition entre le marquage du dernier membre par un ponctogramme ou parun relateur. À notre avis, elle remet en question la manière dont nous avons analyséla spécification de la relation de coordination ainsi que la position du coordonnantdans la hiérarchie syntaxique. En effet, comme les tendances générales l’ont montré,et comme nous n’allons pas tarder à le détailler (→6.3), le rejet de la ponctuation fi-nale est commun aux coordonnants et aux autres relateurs. Or, la position du relateurdans l’emboîtement des constituants est celle schématisée dans la structure 6.75, sui-vant la conception généralement admise que nous avons faite nôtre (→3.2.2.2). Aucontraire, quand nous avons analysé d’une manière qui illustre notre conception de lacoordination (→3.4.7.2) la phrase suivante,

«[. . .] Ermensens, contesse de Luceleborcet de La Rocheet marchisse d’Arlon,et Henris,ses fils, quens de Lucele-[2]-borc et marchis d’Arlons, faisons conissiance [. . .] ke [. . . ]»(Document 1242–05–02, 1).

nous avons dessiné le schéma 6.76. Dans ce dernier, le relateuret est extérieur auxdeux membres coordonnés.

Toutefois, la ponctuation semble se conformer plus aisément à une analyse quitraiterait de manière identique le coordonnant et les autres relateurs (figure 6.77).

305

Page 339: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

[membre 1][

[coordonnant]membre2]

coordination

spécification

FIG. 6.77– Représentation de la spécification de la coordination (revue)

PPF.0 PPF.1

MC.¬coord. 56124 5415 61539MC.début 1910 714 2624MC.fin 1237 255 1492MC.centre 3466 925 4391

62737 7309 70046

PPF.0 PPF.1

18.37★★★ −157.71★★★

−82.45★★★ 707.71★★★

−7.38✩★★ 63.36★★★

−55.41★★★ 475.62★★★

χ2= 1568.01,ddl= 3, p= 0 ★★★

TAB . 6.73 – Tri croisé des positions de coordination (sans MF.Co) etPPF

d. Marquage final du dernier constituant.Le marquage final du dernier constituantcoordonné72 paraît également significatif. En retirant les coordonnants de l’échan-tillon, on construit effectivement le tri croisé 6.73. Quand on regarde le tableau dedroite, la décomposition de l’écart indique que tous les constituants coordonnés at-tirent le marquage par rapport à une non-coordination. Puisque toutes les positionsimpliquées dans la coordination ont été abordées dans l’exposé sur la ponctuation ini-tiale, seule nous intéresse l’avant-dernière ligne du tri croisé, qui montre que la ponc-tuation finale est généralement attirée par le dernier membre. Cependant, l’attractionparaît moins forte que pour les constituants au début ou au milieu de la coordination.

6.1.5.3 Synthèse

Nous arrivons ainsi à la conclusion que le marquage des membres d’une coordinationest généralisé: quelle que soit leur position, ils sont marqués, à moins qu’ils ne soientprécédés directement d’un coordonnant. Cette tendance au marquage et la force del’exception qui lui est associée nous permettent, d’une part, d’augmenter sensiblementla proportion de ponctogrammes pouvant être expliqués et, d’autre part, de critiquerle modèle employé.a. Proportions expliquées.Sans tenir compte des positions entre les mots se trouvantaux limites de constituants qui pourraient justifier la présence de la ponctuation,73

nous pouvons – comme nous l’avons fait précédemment pour ces constituants atti-rant la ponctuation – construire un tri croisé des positions entre les mots. Celui-ci estfondé sur deux variables dichotomiques: 1/ la position est-elle au début ou à la find’un membre coordonné (mais pas à la fin d’un coordonnant)? 2/ la position est-elleponctuée? Le résultat prend la forme de la table 6.74. Non seulement le test duχ2

est significatif, mais de plus, le rapport de chances est particulièrement élevé. La pro-

72 La répartitionpar document ne paraît pas significative, voir annexe6.1.5.figure-coord-fin.73 Voir ci-dessus les sections sur le marquage de la phrase (→6.1.1), des actants (→6.1.3) et

des circonstants (→6.1.4).

306

Page 340: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

P.0 P.1

Coord.0 49266 2147 51413Coord.1 8349 2425 10774

57615 4572 62187

P.0 P.1

55.98 -705.4-267.12 3366.14

θ 6.66

χ2= 4391.94,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 6.74 – Proportions de marquage expliqué par la ponctuation de lacoordination

FAB FRE

1 2425 53.040 2147 46.96

4572 100

0

1

0 500 1000 1500 2000

TAB . 6.75 – Tri à plat de la position (limite de coordination ou non) pourlespositions ponctuées

FAB FRE

0 49266 85.511 8349 14.49

57615 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000

TAB . 6.76 – Tri à plat de la position (limite de coordination ou non) pourlespositions non ponctuées

portion de ponctogrammes aux limites des constituants coordonnés explique un grandnombre d’occurrences.

Les tris à plat correspondant aux colonnes de ce tri croisé montrent en effet enquelle mesure ces décomptes sont importants. Plus de la moitié des ponctogrammesattestés sont impliqués dans une coordination (table 6.75). Mais cela ne signifie paspour autant que le marquage soit systématique (table 6.76): plus que toute autre ten-dance, celle du marquage de la coordination est loin d’être une règle. Il nous sembleque cela soulève une autre question que nous ne sommes pas encore en mesure detraiter pour des raisons techniques:74 le nombre de membres impliqués dans la coor-dination, ou la nature de ces membres (groupements de constituants argumentaux ousimples constituants) n’influencent-ils pas le marquage?

Néanmoins, nous pouvons nous satisfaire de ces résultats provisoires et les com-biner à ceux livrés par l’étude du marquage des phrases et des constituants de syntaxeargumentale (table 6.77). Les proportions de la deuxième colonne du tri croisé laissentvoir qu’une grande partie des ponctogrammes peuvent être justifiés par une des ten-dances mises à jour (table 6.78). Quant à la première colonne (table 6.79), elle nousindique que les environnements attirant la ponctuation sont généralement marqués.b. Critique du modèle.Par ailleurs, l’examen de la ponctuation de la coordination amené à revisiter la manière dont nous avons analysé les coordonnants dans le corpus.Nous proposons de tenter l’expérience de leur appliquer une analyse similaire à celle

74 Voir →0.5.2sur les difficultés posées par le traitement automatisé des données.

307

Page 341: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

P.0 P.1

any.0 47057 1335 48392any.1 11063 4712 15775

58120 6047 64167

P.0 P.1

237.34 -2281.19-728.08 6997.88

θ 15

χ2= 10241.32,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 6.77 – Proportions de marquage expliqué par une tendance géné-rale

FAB FRE

1 4712 77.920 1335 22.08

6047 100

0

1

0 1000 2000 3000 4000

TAB . 6.78 – Tri à plat de la position (limite de constituant attirant le mar-quageou non) pour les positions ponctuées

FAB FRE

0 47057 80.971 11063 19.03

58120 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000

TAB . 6.79 – Tri à plat de la position (limite de constituant attirant le mar-quageou non) pour les positions non ponctuées

que nous avons employée pour traiter les autres relateurs. Un marquage réparti de lasorte:

⊗ constituant A⊗ constituant B⊗

est une invitation visuelle à considérer que le contenu du constituant B forme un bloc.Plus qu’une simple correction de détail, cette révision montre que la confrontation

de phénomènes peut ouvrir la réflexion sur les modèles qui ont servi à les formaliser.

6.2 Syntaxe immédiate

Dans une analyse déductive comme la nôtre, la syntaxe immédiate doit forcément êtreabordée en dernier lieu. Comme nous l’avons annoncé dans la synthèse du chapitre→5, la présence de ponctuation autour des constituants au niveau de la syntaxe im-médiate peut très bien être due à des phénomènes de marquage intervenant plus hautdans la hiérarchie syntaxique ou à des phénomènes généraux, comme la ponctuationde la coordination.

Si nous considérons que les tendances décelées dans la section→6.1 «expliquent»la présence d’un grand nombre de ponctogrammes, ceux d’entre eux pouvant être jus-tifiés par une de ces tendances ne doivent pas être pris en compte pour tenter de décou-vrir les attractions et répulsions liant les modalités de MM et la ponctuation en syntaxeimmédate. En conséquence, nous devrons commencer l’étude par une révision des ta-

308

Page 342: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

bleaux synoptiques proposés (→6.2.1). Nousserons alors en mesure de repérer lestendances, auxquelles nous donnerons le nom deruptures, qui méritent un traitementapprofondi (→6.2.2).

6.2.1 Révision des tableaux synoptiques pour la syntaxe immédiate

Avant de commencer les analyses, nous allons sélectionner exclusivement les indivi-dus dont le marquage éventuel ne peut être imputé à une des tendances déjà repéréesdans la section précédente. Par exemple, dans:

«[1] jakemes lı prouoſt · johans lıdoınſ · lı archıakene et toz lı capıtelez [. . .]» (Document1236–05, 1).

les différents ‹·› qui séparent les syntagmesjakemes lı prouoſt,johans lı doınſ, etc.peuventêtre expliqués par la relation de coordination dans laquelle ils sont impliqués.Il n’est pas utile de compter le constituantjohansparmi les 1,0,Ap,0,0, de l’échantillonservantaux tris croisés de MM et PPD en contexte MI.synt-arg, puisque le poncto-gramme qui le précède peut être interprété comme une marque due à la coordination.S’il n’y avait pas eu de ponctogramme à cet endroit, il n’aurait pas été utile non plusde garder le constituant.

De même, les constituants dont le premier mot se trouve au début d’une phraseou d’un actant ou circonstant attirant PPD.1 doivent être retirés de l’échantillon quandnous étudions la relation entre MM et PPD. Pareillement, les tris croisés entre MM etPPF sont effectués sur un échantillon ne contenant pas de constituants dont le derniermot termine une phrase, un actant ou un circonstant attirant PPF.1.

Cette réduction opérée, nous allons effectuer à nouveau les quatre tris croisant MMet PPD, puis MM et PPF aux deux niveaux d’intégration MI.synt-arg (arguments nonpropositionnels) et MI.synt (constituants non propositionnels de fonction immédiate).Cela fait, nous évaluerons le lien entre chacune des modalités de MM et le marquage,de la même manière que nous l’avons fait ci-dessus (→5.3.2.4 et→5.3.2.7).

Nous ne présenterons ici que les nouveaux tableaux synoptiques et renvoyons auxannexes pour le détail des graphiques décrivant les attractions et répulsions qui ontservi à construire ces nouvelles synthèses.

Le premier tableau synoptique révèle essentiellement que peu de constituants at-tirent la ponctuation initiale (figure 6.78). La ponctuation apparaissant devant le pre-mier constituant immédiat d’une structure ne sera pas traitée: pour les structures desyntaxe argumentale, on peut considérer qu’elle est déjà traitée en détails par le biaisdes analyses préalablement effectuées (de→6.1.1 à→6.1.4). Pour les structures desyntaxe immédiate, la situation est un peu plus compliquée, mais justifie égalementqu’on ne s’attarde pas à décrire la ponctuation des constituants initiaux. En effet, siun constituant initial de niveau MI.synt est marqué, même s’il est le premier d’unsyntagme contractant une relation immédiate, il constiturea en unerupture(par récur-sivité) dans la cohésion du syntagme. Par exemple, dans

«·et ſe ıl auenoít que˘la terre quı eſt entre vı[14]neı /etmueze reuenoıt a noſ·/ v une partíe delaterre /noſ deuonſleueſkeet leglıſe [15] remetre enteıl tenure queıl furent an tenſle conte ·thıebautdebar le peıre le com/ [16]te· hanrı quı eſt morſvtre meír» (Document 1243–07–09,13).

309

Page 343: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0,1,Ap,¬pers,0

0,1,Dt,0,1

0,0,Ap,¬pers,0

0,0,Dt,0,1

0,1,Ap,0,0

0,1,Ap,0,1

0,0,Ap,0,0

0,0,Ap,pers,1

0,0,Dt,0,0

0,0,Rl,0,0

0,1,Dt,0,0

0,1,Dt,¬pers,1

1,0,Dt,0,0

1,1,Ap,0,0

0,1,Ap,pers,1

1,0,Ap,0,0

1,0,Rl,0,0

1,0,Dt,0,1

synt−arg synt

Attraction significativeAttraction significative (si non ajustée)Attraction non significative (seuil 5%)Répulsion significativeRépulsion significative (si non ajustée)Répulsion non significative (seuil 5%)

FIG. 6.78 – Tableau synoptique des tendances en syntaxe immédiate,PPD(revu)

1,0,Rl,0,0

0,0,Ap,0,0

1,0,Ap,0,0

1,0,Dt,0,0

0,0,Rl,0,0

1,0,Ap,0,1

1,0,Ap,¬pers,0

0,1,Dt,¬pers,1

0,0,Dt,0,0

0,0,Dt,0,1

0,0,Ap,¬pers,0

0,1,Ap,pers,1

0,0,Ap,pers,1

0,1,Ap,0,0

0,1,Ap,0,1

0,1,Ap,¬pers,0

0,1,Dt,0,0

0,1,Dt,0,1

1,0,Dt,0,1

synt−arg synt

Attraction significativeAttraction significative (si non ajustée)Attraction non significative (seuil 5%)Répulsion significativeRépulsion significative (si non ajustée)Répulsion non significative (seuil 5%)

FIG. 6.79 – Tableau synoptique des tendances en syntaxe immédiate,PPF(revu)

le mot thıebaut, qui est décrit par la modalité MM.1,0,Ap,0,0 dans le syntagmesouligné, est marqué à l’initiale. La description de la ponctuation de ce dernier(MM.0,1,Ap,0,0) suffit néanmoins à comprendre le ponctogramme. Ainsi, seuls les0,0,Ap,0,0 (au niveau MI.synt) et les 0,1,Ap,pers,1 (aux deux niveaux) nous intéres-seront.

Le second tableau synoptique (figure 6.79, traitant de PPF) montre que la ponc-tuation finale est attirée par un plus grand nombre de constituants. Néanmoins, dela même manière que pour PPD, ce sont les constituants finaux qui sont les plusnombreux à être liés au marquage. Pour les mêmes raisons que pour PPD, seuls

310

Page 344: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 3515 96.571 125 3.43

3640 100

1

0

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500

TAB . 6.80 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,Ap,0,0(niveau: synt)

les constituants non finaux retiendront notre attention: 1,0,Dt,0,1 au niveau MI.synt,0,0,Ap,¬pers,0 au niveau MI.synt-arg et 0,0,Ap,pers,1 (aux deux niveaux).

6.2.2 Examen des ruptures

Les quelques types de constituants attirant le marquage sans se trouver aux bornessont donc:

– 0,0,Ap,0,0 (synt): PPD;– 0,1,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPD;– 1,0,Dt,0,1 (synt): PPF;– 0,0,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPF;– 0,0,Ap,¬pers,0 (synt-arg): PPF.

Nous les étudierons dans cet ordre.

6.2.2.1 0,0,Ap,0,0 (synt): PPD

Les proportions apparaissent dans la table 6.80. La distribution du marquage entreles documents montre qu’un petit nombre de chartes se distinguent du reste du corpus(figure 6.80).75 Si nous enlevons ces chartes de l’échantillon, l’attraction disparaît. Onne peut pas dire que le phénomène soit général.

D’autre part, quand on regarde quels sont les constituants qui, précédant les0,0,Ap,0,0, attirent le marquage initial de ce dernier, on voit que les ponctogrammesapparaissent essentiellement au contact d’autres 0,0,Ap,0,0 (figure 6.81). L’examendétaillé des contextes révèle que ce sont des nombres ou des noms de personnes(presque exclusivement):

«·et ſe ıl auenoít que˘la terre quı eſt entre vı[14]neı /etmueze reuenoıt a noſ·/ v une partíe delaterre /noſ deuonſleueſkeet leglıſe [15] remetre enteıl tenure queıl furent an tenſle conte ·thıebautdebar le peıre le com/ [16]te· hanrı quı eſt morſvtre meír» (Document 1243–07–09,13).

«·ce faıt lan deljncarnatıon[27] denostre ſaıngnormılh et · cc ·quaranteſet ·enselle moıſde juníj» (Document 1247–06, 26).

«·et les ·xxıııj · ſols · de[10] cenſapaíer a termıneſkı par˘deſeurſont deuıſeíswerpírent cılhlambersvennıſons˘et ſe [11] femme ·etaffaıtont a˘celı freſſent · par deuant noſ ſeans enjustıcepar teılhdroıt com[12] jlh dıerentſolonc le loıet le coſtume delevılhe de dínant · appoſſeír a˘˘

lı et a ˘

ſonoır a touſ[13] jourſen˘˘paıſ ſens calenge» (Document 1255–05–21, 9).

75 Le graphiquedes répulsions n’apporte aucune information; il est relégué aux annexes.

311

Page 345: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.0386%)

1284−06−091265−04−151286−03−231274−09−061270−09−291243−07−091287−09−08

1264−041288−02b

1271−12−03c1287−06−24

1288−02a1289−07−191286−05−15

1271−07−07b1272−06−22

1275−081289−01−12

1275−01−10a1276−06−10b1289−03−051289−04−191270−05−101271−05−221280−08−141284−05−111271−03−181278−08−011278−04−061290−08−241280−05−041267−10−22

1274−05−31b1271−07−07a1263−05−27c1264−09−071255−05−21

1283−02−13a1283−12−261276−02−241272−07−081271−12−09

1/15 (6.7%)2/42 (4.8%)1/16 (6.2%)1/16 (6.2%)1/16 (6.2%)1/17 (5.9%)1/12 (8.3%)1/12 (8.3%)1/18 (5.6%)1/18 (5.6%)1/11 (9.1%)1/20 (5.0%)1/21 (4.8%)1/21 (4.8%)1/22 (4.5%)1/23 (4.3%)2/33 (6.1%)2/58 (3.4%)1/24 (4.2%)2/32 (6.2%)1/25 (4.0%)1/26 (3.8%)1/26 (3.8%)1/27 (3.7%)1/29 (3.4%)2/29 (6.9%)2/25 (8.0%)3/44 (6.8%)4/62 (6.5%)2/17 (11.8%)3/32 (9.4%)3/20 (15.0%)6/57 (10.5%)4/26 (15.4%)3/15 (20.0%)5/37 (13.5%)3/13 (23.1%)14/153 (9.2%)4/17 (23.5%)5/22 (22.7%)10/28 (35.7%)14/51 (27.5%)

9.2e−20 1

FIG. 6.80 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuants de type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt)

Attractions (seuil adapté 0.73%)

1,0,Ap,0,00,0,Ap,0,0

68/829 (8.2%)125/866 (14.4%)

7.22e−33 1

FIG. 6.81 – Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuants de type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt)

Répulsions (seuil adapté 0.73%)

1,0,Dt,0,00,0,Ap,¬pers,0

0,0,Rl,0,00,0,Co,0,01,0,Rl,0,0

0/12 (0.0%)0/13 (0.0%)2/35 (5.7%)2/224 (0.9%)39/2111 (1.8%)

2.42e−29 1

FIG. 6.82 – Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuants de type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt)

312

Page 346: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 1467 93.261 106 6.74

1573 100

1

0

0 200 400 600 800 1000 1200 1400

TAB . 6.81 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg)

«[1] nosguís cuens deflandresfaızonsſauoır atos ke nos ·geramont et les appendances · etbornehemet les appendances · kı aſtoıent noſtre franc aluel auons receut enfıes[2] lıgementatenır de monſaıngnorhenrı par le graſſe de deu eueſke delıege ·et de ſes ſucceſſeurseueſkes delıege perpetuement ·entel maníere ke nos et noſtreſucceſ[3]ſeurconte vconteſſesde flandres deuons tenırgeramontet bornehemet leur appendances deuant˘˘dıs del eueſkedeuantdıtet de ſesſucceſſeurs eueſkes de lıege a vn[4] fıes lıgementſauesles feateısle roıde france ·le ··conte dehaınnau· le ··roı dalemaıngne · le ··roı dengletere ·et leueſke decambraı» (Document 1263–05–27a, 1).

«·/ et a la requeſte monſeıgnor ·jehan[19] deuant dıt/ auonſnoſmíſ noſtre seel auuec leſíenseel a ceſpreſenteſlettreſa tenır de nousen fıef hıretauelement» (Document 1263–05–27c,3).

«·entre ces doz parolles lı ·· abbeſſeet lı maıson de la vas benoıet dune part ·[12] et lı enfantmon ſaínor wılleame de corwaremme deuant dít datre partſe mıſent en˘˘mon ſaínor lıbıerebutore degeneffe[13] ceualırſor paíne de · lx ·mars de lıgoıez quılh tenroíent che quılhdıroíet» (Document1264–09–07, 11).

En conséquence, cela signifie que le modèle morphosyntaxique n’est à nouveau d’au-cun secours pour évaluer la pertinence de l’association. Tout comme nous l’avonsremarqué au sujet des formules, il est peu utile à la description des nuances séman-tiques véhiculées par les mots. Nous remarquons intuitivement ce que d’autres ontde nombreuses fois relevé précédemment:76 il y a des ‹·› autour des chiffres, et lesnoms de personnes physiques ou les syntagmes désignant des personnes morales sontparfois précédés d’un ponctogramme. Dans le cas de 0,0,Ap,0,0, presque toutes lesattestations de marquage initial appartiennent à cette catégorie. Le problème, tel quenous l’avons rencontré plusieurs fois jusqu’à présent, est de savoir en quelle mesureces ponctogrammes sont impliqués dans les tendances de marquage des actants, descirconstants ou de la coordination. Dans l’état actuel d’élaboration du corpus, il n’estpas possible de procéder autrement que par un dépouillement manuel des textes, cequi n’est pas envisageable.

6.2.2.2 0,1,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPD

L’examen du tri à plat n’apporte presque rien (table 6.81), mais la présence abondantede 0,0,Ap,pers,1 devant les 0,1,Ap,pers,1 marqués à l’initiale fait penser que la co-ordination joue à nouveau un rôle important dans l’explication du marquage (figure6.83).

Cependant, il est étonnant de mentionner ici la coordination, puisque nous avonsretiré tous les constituants dont le marquage pouvait être éclairé par ce type de struc-ture dès le début de la section→6.2. Nous rencontrons ici le même problème que

76 Voir parexemple Guyotjeannin et al. 1993, 307–308.

313

Page 347: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.639%)

0,0,Dt,0,00,1,Ap,0,00,0,Dt,0,1

0,0,Ap,¬pers,00,0,Ap,pers,1

3/29 (10.3%)2/14 (14.3%)10/118 (8.5%)5/37 (13.5%)24/48 (50.0%)

4.2e−36 1

FIG. 6.83 – Attractions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg)

Répulsions (seuil adapté 0.639%)

0,0,Co,0,00,0,Ap,0,01,0,Ap,0,0

0/83 (0.0%)38/828 (4.6%)9/404 (2.2%)

0.000234 1

FIG. 6.84 – Répulsions significatives entre MMP et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg)

FAB FRE

0 31 88.571 4 11.43

35 100

1

0

0 5 10 15 20 25 30

TAB . 6.82 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,Dt,0,1(niveau: synt)

celui détaillé ci-dessus au sujet des circonstants (→6.1.4.2): dans le modèle employé,les différentes appositions, constituants du même syntagme, ne sont pas considéréescomme coordonnées, à moins qu’un relateur ne l’explicite. Il est donc possible quele marquage de la structure soit dû à ce contexte d’occurrence, mais nous ne pouvonsle vérifier. L’examen de la ponctuation finale de 0,0,Ap,pers,1 ci-dessous confirmeracette impression.

6.2.2.3 1,0,Dt,0,1 (synt): PPF

L’association est trop peu attestée pour qu’un test soit possible (table 6.82), mais lesattestations sont claires:

«lı eueſkes ·et lı cuens deuant dít ·renoueleront lecouenanches jadís faítes entre lomede[10] bonememore ·huart jadıseueſke de líege ·et le contephılíppe denamur» (Document1263–07–15, 9).

«/ et lı hyretages kı est afaıtıez eſt teíz /de la curt denandren · ııj· bonıersen vnepıecheen [16] 〈...〉ke / de˘˘la˘˘maıſon demı bonıersde terre deſeur le stoke enheve /et · ı · bonıerdepret la˘˘meımes /de la curt maıſtresarnut · v · jornalzde terre kı gıſt en vne[17] 〈pıe〉che enhıerſaıng» (Document 1271–12–09, 15).

«[1] a tous cheaus kı ches preſens lettres vıerontet oront ·nos ſuersermengharspar le dıeupaſſıenche ·· abbeſſeet tous [2] lı ·· couens delle vas benoıte de lordene decytea dune part· et ju humbıers corbeas cheualıersſıre dawans dautre[3] ſaluset conıſſanche de verrıteít»(Document 1287–09–08, 1).

314

Page 348: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 47 61.841 29 38.16

76 100

1

0

0 10 20 30 40

TAB . 6.83 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,Ap,pers,1(niveaux: synt, synt-arg)

PPF.0 PPF.1

MMS.0,0,Ap,0,0 7 2 9MMS.0,0,Ap,pers,1 3 1 4MMS.0,0,Co,0,0 51 29 80MMS.0,1,Ap,0,0 11 2 13MMS.0,1,Ap,pers,1 24 24 48MMS.0,1,Dt,0,1 1 1 2MMS.0,1,Dt,¬pers,1 1 1 2MMS.1,0,Ap,0,0 1 0 1

99 60 159

TAB . 6.84 – Tri croisé entre MMS et PPF, pour les constituants de type0,0,Ap,pers,1 (niveaux:synt, synt-arg)

FAB FRE

0 106 89.081 13 10.92

119 100

1

0

0 20 40 60 80 100

TAB . 6.85 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type0,0,Ap,¬pers,0 (niveau: synt-arg)

Dans tous les cas, les raisons du marquage peuvent être rapprochées de celles obser-vées pour 0,0,Ap,0,0: ce sont soit des chiffres, soit des noms ou des titres de personnesqui suivent les 1,0,Dt,0,0 ponctués à la finale.

6.2.2.4 0,0,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPF

Il n’est pas possible de calculer les attractions relatives au contexte immédiat (table6.83). Par contre, une simple tabulation comme 6.84 indique que presque toutes lesattestations pourraient être assimilées à des coordinations. Parmi les occurrences mar-quées à la finale, seul un petit nombre ne se trouve pas à la suite d’une autre propositionrelatée de mode personnel ou d’un coordonnant. Il est vraisemblable que le marquagefinal de la structure ne soit pas dû à autre chose que son contexte.

6.2.2.5 0,0,Ap,¬pers,0 (synt-arg): PPF

Peu de constructions entrent dans cette catégorie (table 6.85). Les attestations pa-raissent liées à ce que nous venons de remarquer pour toutes les autres ruptures ensyntaxe immédiate: le mot qui suit peut être un chiffre ou servir à désigner une per-sonne. Ainsi,

315

Page 349: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

«·etdeſdıſ · v · marſa warder [. . .]·’fach ıe manborſmeſfoemens [. . .]» (Document 1272–03,

16).

«· [. . .] les doıs damoıſelles deſeur dıttes rendírent tantoíſt apres chu adeuant[14] dıt ·symonen lanſage le boníer dalu deuant dıt [. . .]» (Document 1290–08–24, 11).

Ou bien le constituant suivant est une proposition en apposition:

«· en teſmoıgnage de la quel choſe / nousauons donne ces preſentes letres auconte de[23]

flandres deuant nommeıtſeeleesdenoſtre ſeel · kı furent donees en lan deljncarnatıon noſtreſegneur jeshu crıſt / mıl · deuscens ·[24] soıſſante ettroıs · le ıour de latrıníte» (Document1263–05–27c, 22).

«·en teſ/ [15]moıgnage de la quel choſe / nousauons ces preſentes letres donees auconte deflandres deuant dıtſeeleesde [16] no ſeel · kı furent donees en lan deljncarnatıon noſtreſegneur jeshu crıſt / m · cc · soıſſanteet troıs · le ıour de letrı / [17]níteít» (Document1263–05–27b, 14).

«·com enſıſoıt ke nos aıenſentendut par le verrıteıt de prodomeſ/ ke [3] vns beſtens / et vnequerele eſtoıt eſmute entre me damme labbeſſeet le couent dele val benoıte dele ordene decyteaux dune part ·et elyas dele aıle ·[4] et corbeal dawans ·et damoıſelle adılheet juettefılhes ıadısa˘˘saıngnor ıohan coſtant dautrepart ·dendroıt dune voıe dune treſchambre kıſıetdeleıs les berrodıers[5] et dune altre uoıe dune treſchambre kı sıet deleıs le poncealıoíndantdeſſtueuesdele val benoıte ·v enſlı maſſuer dele val benoıte ont eut lor aıſeset lor voıtures»(Document 1273–05–12, 2).

Un seul cas n’est pas réductible à une tendance déjà observée:

«/ et lenueſtırons douchaſtel [4] et des appendancesdevantdıs / a tenır de nousen fıefhıretauelement» (Document 1263–05–27c, 3).

6.2.3 Synthèse

Difficilement exploitables dans l’état actuel du modèle d’analyse, les structures re-levant de la syntaxe immédiate semblent devoir leur marquage exclusivement à desphénomènes sémantiques (nombres, noms de personnes) ou à la coordination. Il sepourrait que seul 0,1,Ap,pers,1 soit particulièrement marqué à l’initiale. Toutefois,il faut admettre qu’à ce niveau, sa participation à l’«explication» de l’ensemble desponctogrammes serait limitée à quelques unités.

Peut-être faudrait-il revoir la manière dont nous analysons les constituants de syn-taxe immédiate pour que notre modèle soit plus utile à la description des relationsentre la ponctuation et les constituants de ce niveau d’intégration. Il ne s’agit bien en-tendu pas de modifier le modèle en fonction des ponctogrammes observés – pareilledémarche serait incompatible avec notre méthode77 –, mais plutôt de raffiner notredescription, notamment en prenant en compte les contraintes positionnelles qui pèsentsur la structuration séquentielle des constituants (par exemple,li est toujours initial).Il ne s’agit pas non plus d’intégrer au modèle des faits qui ne relèvent pas directementde la morphosyntaxe, comme le fait que nous ayons affaire à des chiffres ou des nomsde personnes.

77 Nous avons d’emblée souligné notre volonté de faire en sorte que les modèles d’analyse del’écriture et de la syntaxe soient indépendants (→0.1.2).

316

Page 350: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Dans ces conditions, nous avons décidé de ne pas employer les maigres résultatsde cettesection pour augmenter la quantité de ponctogrammes expliqués.

6.3 Relateurs et C6

Dès les premiers tris croisés entre les fonctions et la ponctuation (→5.2.2.2), nousconstations la nette tendance qu’ont les C6 et les coordonnants à attirer la ponctuationinitiale et, à l’instar des autres relateurs, à repousser la ponctuation finale. Ce sontessentiellement ces tendances, non démenties par l’analyse des relations entre MM etles variables PPD et PPF, qui nous occuperont tout au long de cette section.

Nous n’aborderons pas ici le problème du marquage initial des relateurs non coor-donnants. À notre avis, le fait d’avoir traité précédemment la ponctuation initiale desstructures relatées nous dispense de devoir étudier les liens entre PPD et les relateurs.

6.3.1 Attraction de PPD.1 par les C6 et les coordonnants

Les tableaux synoptiques mettent en évidence des tendances d’attraction semblablesde ponctuation initiale pour les C6 et les coordonnants. Cette convergence nous pousseà revenir sur la distinction, poséea priori, entre ces deux fonctions.

6.3.1.1 Ressemblances

Les coordonnants et les C6 partagent un certain nombre de caractéristiques com-munes: du point de vue du lexique mobilisé, les formes les plus employées en fonctionde C6 (etet ne) peuvent également assumer la fonction de coordonnant.78 D’autrepart, la relation que les coordonnants spécifient unit le plus souvent des unités oudes groupes d’unités de même fonction syntaxique. Or, par rapport au texte qu’ellesservent à construire, les phrases partagent des propriétés communes. On pourraitmême dire que le sens véhiculé par les formeset ou ne ne varie pas fondamentale-ment avec leur fonction.

Ces similitudes pourraient éventuellement mener à la conclusion que la distinctionentre les fonctions est purement artificielle: un C6 ne serait qu’un coordonnant auniveau de la phrase. Nous allons nous livrer à une analyse contrastive, pour vérifiersi, d’un point de vue quantitatif, il existe une différence significative entre les deuxemplois des mêmes lexèmes.

6.3.1.2 Données numériques

La généralité du marquage initial des C6 et des coordonnants sera d’abord évaluée.Nous passerons ensuite à l’analyse des tris croisés et des proportions de marquage pardocument, de manière à apprécier l’importance de l’écart entre le comportement desC6 et celui des coordonnants par rapport à la ponctuation initiale.a. Tris à plat et distribution dans le corpus.Tout d’abord, les tris à plat effectués surla variable PPD des constituants de fonction C6 ou Co montrent qu’une quantité ap-

78 Pour unaperçu des formes de C6, voir→3.4.2.3 b.

317

Page 351: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

1 780 77.840 222 22.16

1002 100

0

1

0 200 400 600

TAB . 6.86 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 1,0,C6,0,0(niveau: phrase)

FAB FRE

0 2415 74.081 845 25.92

3260 100

1

0

0 500 1000 1500 2000

TAB . 6.87 – Tri à plat de PPD, pour les constituants de type 0,0,Co,0,0(niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,¬pers-arg)

Attractions (seuil adapté 0.171%)

1270−03−241242−05−021277−06−121271−05−221270−11−261271−12−221278−08−011289−04−19

1263−111263−03−311271−12−091271−04−201267−08−28

1265−05a1276−06−10b1265−11−131289−01−121266−06−13

1283−02−13a1270−05−10

1265−05b1272−03

9/11 (82%)9/11 (82%)12/15 (80%)10/12 (83%)15/19 (79%)8/10 (80%)16/19 (84%)9/10 (90%)9/10 (90%)10/11 (91%)12/13 (92%)12/13 (92%)18/20 (90%)10/10 (100%)11/11 (100%)12/12 (100%)20/21 (95%)14/14 (100%)31/34 (91%)16/16 (100%)25/26 (96%)23/23 (100%)

0.0196 1

FIG. 6.85 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 1,0,C6,0,0 (niveau: phrase)

préciable de mots sont marqués à l’initiale. Selon les tris à plat pour C6 et pour lescoordonnants (tables 6.86 et 6.87), il est déjà visible, en les comparant intuitivement,que la fréquence relative de C6 marqués est largement supérieure à celle des coordon-nants. Nous pouvons donc poser l’hypothèseH1 que C6 est plus marqué que Co.

Vérifions à présent la distribution du marquage dans les différents documents ducorpus. Dans le cas des C6, le nombre de chartes comprenant assez d’attestations pourêtre soumises au test est limité (du fait qu’il est nécessaire que la charte contiennedix phrases commençant par un C6), mais permet de construire les graphiques 6.85 et6.86. Les attractions semblent réparties dans tout le corpus car les deux documents at-tirant le marquage avant correction du seuilα ne paraissent pas déstabiliser l’écart. Eneffet, une fois ces documents retirés de l’échantillon, on peut calculer une probabilitéinfime que C6 ne soit pas soit lié à PPD.1 au niveau de la phrase.79

79 Voir l’annexe6.4.10C600PPDstable.

318

Page 352: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.171%)

1252−03−01a1236−051247−06

1276−07−221283−12−261268−03−101244−01−191280−07−20

9/12 (75%)7/11 (64%)17/25 (68%)7/13 (54%)5/11 (45%)9/19 (47%)7/20 (35%)3/13 (23%)

8.59e−06 1

FIG. 6.86 – Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 1,0,C6,0,0 (niveau: phrase)

PPD.0 PPD.1

MF.C6 356 801 1157MF.Co 2420 846 3266

2776 1647 4423

PPD.0 PPD.1

-188.69 318.0466.85 -112.67

θ 6.44

χ2= 684.4,ddl= 1, p= 7.4e−151★★★

TAB . 6.88 – Tri croisé C6 ou Co× PPD

De même, malgré la quantité plus importante de documents attirant spécifique-ment le marquage initial des coordonnants (voir le graphique page 320) l’attractionentre ces derniers et PPD.1 reste stable une fois l’échantillon réduit (figure 6.88).80

b. Tri croisé.Il en résulte que nous pouvons effectuer un tri croisé entre MF et PPDsur un échantillon composé uniquement des constituants ayant fonction de C6 ou deCo (table 6.88). Les calculs accompagnant la tabulation ne font que confirmer nospremières impressions: la ventilation n’est pas aléatoire et manifeste une différencede proportion (θ) très importante: les C6 sont plus marqués que les coordonnants.c. Proportions par document.Étant donné la quantité d’attestations disponibles, nouspouvons compléter le simple tri croisé par une étude des proportions de ponctuationde ces deux structures par charte.81 Les échantillons mènent à la construction des gra-phiques 6.89, p. 322 (le dernier graphique comporte les résultats d’un test de Wilcoxonentre les deux échantillons). Les graphiques sont très clairs et confirment les résultatsdu tri croisé: malgré une tendance à attirer le marquage initial commune aux C6 et auxcoordonnants, ces derniers sont moins marqués.d. Synthèse.De manière générale, les C6 et les Co diffèrent. Or, ce qui les sépare n’estpas d’ordre lexical, mais d’ordre relationnel, et est, au départ, basé exclusivement surla capacité qu’a la phrase à assumer le statut d’énoncé. Si cette différence correspondà une opposition du point de vue de la ponctuation, il est fort probable que les scribeseux-mêmes distingaient les emplois. La fréquence de ponctuation est donc l’indiceque les structures n’étaient pas considérées de la même manière.

Il est possible que la tendance à marquer le coordonnant dépende du constituantqui le suit. L’analyse n’a pas été faite, parce qu’elle nécessite que le corpus soit apprêtéd’une manière qui corresponde à une autre analyse du coordonnant.82

80 Voir l’annexe6.4.10Co00PPDstable.81 Suivant le même procédé que celui employé pour étudier le marquage de la phrase

(→6.1.1.1 c).82 L’encodage de la coordination est présenté dans la sectionAnalyses syntaxiquesdes annexes.

319

Page 353: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.0398%)

1284−05−111270−04−071283−02−211277−03−231268−03−25

1260−05−30a1276−02−24

1276−06−10b1263−05−27c1285−02−241265−04−151266−06−131271−04−201289−03−051267−08−281271−12−221264−11−29

1283−02−13b1271−12−091265−07−04

1271−12−03b1286−031281−03

1280−05−041275−08

1268−03−011265−05a

1259−01−161271−07−07b1270−09−291272−06−22

1288−02a1271−12−03a

1241−091288−02b

1278−08−011237−12

1267−07−061270−05−101260−02−031273−05−12

1236−071263−03−31

1271−07−07a1267−10−291280−08−14

1283−02−13a1263−07−151265−11−131289−01−12

1270−06−06a1274−02−24

8/29 (28%)5/17 (29%)3/10 (30%)3/10 (30%)3/10 (30%)4/14 (29%)6/22 (27%)8/30 (27%)9/31 (29%)5/16 (31%)7/27 (26%)5/19 (26%)14/49 (29%)6/19 (32%)11/37 (30%)11/36 (31%)4/11 (36%)6/17 (35%)12/36 (33%)8/22 (36%)5/12 (42%)9/25 (36%)6/15 (40%)10/28 (36%)13/38 (34%)12/34 (35%)9/24 (38%)5/11 (45%)6/14 (43%)7/17 (41%)10/26 (38%)7/16 (44%)6/13 (46%)6/13 (46%)8/17 (47%)18/47 (38%)10/21 (48%)9/18 (50%)11/23 (48%)8/14 (57%)20/45 (44%)7/10 (70%)17/33 (52%)12/19 (63%)9/12 (75%)10/14 (71%)41/96 (43%)16/23 (70%)30/48 (62%)41/73 (56%)24/33 (73%)23/29 (79%)

1.80e−10 1

FIG. 6.87 – Attractions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuantsde type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)

6.3.2 Répulsions de PPF.1

Les relateurs et les C6 ont également en commun un rejet très prononcé de la ponc-tuation finale.

Nous renvoyons aux annexes pour l’examen de la répartition du phénomène pardocument: les graphiques et calculs ne mettant en évidence aucune charte déstabilisantl’écart, on peut considérer la tendance au rejet comme une générale.

6.3.2.1 C6

Les proportions de marquage montrent que le nombre de relateurs ou C6 suivis d’unponctogramme est très réduit (table 6.89) et le nombre d’attestations d’un poncto-

320

Page 354: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.0398%)

1265−05b1272−07−081277−07−01

1247−061272−03

1264−09−071260−05−141278−04−061274−06−301289−07−19

1287−101275−01−10a1274−09−061277−06−12

1273−121263−11

1243−07−091260−10−021255−05−21

1252−03−01b1282−03−031271−03−181270−03−24

1263−051275−01−10b1286−03−23

1268−08−02b1260−05−30b1278−04−04a1252−03−01a1271−05−221268−05−311284−02−121271−07−251242−05−021267−03−231244−01−19

1282−02−01a1289−04−051287−06−241281−03−031277−05−191277−05−041284−06−09

1263−05−27b1280−05−051270−04−161283−05−021286−05−15

1264−041260−05−091278−12−031278−10−17

1236−051270−11−261276−09−161267−10−221289−08−011279−03−10

1270−06−06b1289−04−19

1276−06−10a1260−02−21a1282−12−22

1268−08−02a1283−12−26

1263−05−27a1271−09−171287−09−081281−06−061290−08−24

1274−05−31a1280−08−091276−07−22

1274−05−31b1268−03−101280−07−20

13/52 (25.0%)2/10 (20.0%)3/14 (21.4%)4/18 (22.2%)18/73 (24.7%)6/24 (25.0%)6/24 (25.0%)11/46 (23.9%)5/20 (25.0%)4/16 (25.0%)4/16 (25.0%)5/23 (21.7%)4/19 (21.1%)11/47 (23.4%)3/15 (20.0%)12/51 (23.5%)5/24 (20.8%)2/12 (16.7%)2/12 (16.7%)2/12 (16.7%)2/13 (15.4%)4/22 (18.2%)4/22 (18.2%)8/39 (20.5%)3/18 (16.7%)2/14 (14.3%)2/14 (14.3%)2/14 (14.3%)4/23 (17.4%)7/36 (19.4%)6/32 (18.8%)1/10 (10.0%)2/15 (13.3%)3/20 (15.0%)4/25 (16.0%)2/16 (12.5%)7/40 (17.5%)1/12 (8.3%)1/13 (7.7%)1/13 (7.7%)1/13 (7.7%)1/13 (7.7%)4/28 (14.3%)1/14 (7.1%)1/14 (7.1%)1/15 (6.7%)3/26 (11.5%)2/21 (9.5%)1/16 (6.2%)1/16 (6.2%)3/27 (11.1%)2/22 (9.1%)2/22 (9.1%)2/22 (9.1%)5/38 (13.2%)0/11 (0.0%)0/11 (0.0%)2/23 (8.7%)0/12 (0.0%)0/12 (0.0%)4/35 (11.4%)1/19 (5.3%)3/31 (9.7%)2/26 (7.7%)0/14 (0.0%)1/22 (4.5%)5/45 (11.1%)0/17 (0.0%)1/24 (4.2%)0/18 (0.0%)2/31 (6.5%)1/25 (4.0%)0/21 (0.0%)2/34 (5.9%)0/25 (0.0%)2/47 (4.3%)3/70 (4.3%)

5.39e−05 1

FIG. 6.88 – Répulsions significatives entre RB et PPD, pour les consti-tuants de type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)

321

Page 355: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

C6

Den

sité

0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

0

4

8

12

16

20

24

28

32

Coordonnants

Den

sité

0.0 0.2 0.4 0.6 0.8

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

0481216202428323640

C6 Co

0.0

0.2

0.4

0.6

0.8

1.0

Test de Wilcoxon: p = 0

FIG. 6.89 – Proportions de marquage des C6 et des Co

322

Page 356: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 997 99.51 5 0.5

1002 100

1

0

0 200 400 600 800

TAB . 6.89 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,C6,0,0(niveau: phrase)

FIG. 6.90 – Réalisation de ponctogramme après un C6: grattage(Document 1270–09–29, 18)

gramme à lasuite d’un 1,0,C6,0,0 est si faible que seul un examen manuel est envisa-geable:

« [15] et · che ke deuant dıt eſt par nostre arbıtre commandons noſ a˘˘tenír az partıez deuantdıteſ ſor le paínne kı míſe íeſt» (Document 1270–04–16, 15).

«·et · [ı] ſılh navoıt paıſle xııj · mvı de˘˘ſpeate[19] devan˘˘dıſ devenſlotavle de˘˘ſent andrıe · lıvıj · bonıer[20] dalue deſor dıtſunt le poureſ ſen demínerſen nul aıor[21]nemenfeır parcouentfaıt» (Document 1270–09–29, 18).

«·et · nos líeſkeuıen[28] de líege deſoírnomeít conıſſons ke nos fumes · a ces[29] conuenanceset a ceſt recort kı cí deſoír eſt eſcrís[30] et ke lí maíres deuant˘dís le míſt en nostre warde ·et[31] ke nos bíen en awímes nos droıtures» (Document 1275–01–10, 27).

«et / [26] par chu ke cheſoıt ferme choſeet eſtaule sı auons nos pendut a ces preſens ·lettrenostre saíal[27] en teſmongnage de verıteıt» (Document 1280–05–04, 25).

«·et / [30] ceſera tantoſt apres mon treſpaſ» (Document 1283–02–13b, 29).

Il est impossible de justifier l’apparition de la ponctuation à la suite de ces C6 parleur environnement morphosyntaxique. Il faut se limiter à observer que, dans trois descinq cas en présence, le ponctogramme interagit avec le reste du système graphique.Ainsi, la deuxième attestation ci-dessus se réalise comme montré dans la photographie6.90, où l’on voit que le ponctogramme précède un linéogramme qui a été gratté. Ilest possible que le ‹·› présent derrière le ‹z–› soit lié à une unité qui n’apparaît pas dansle texte final. Il faut dès lors conclure que le ponctogramme est là par erreur.

Les deux dernières occurrences de la liste présentent des ponctogrammes en fin deligne.

6.3.2.2 Relateurs non coordonnants

Les relateurs non coordonnants repoussent également la ponctuation finale, mais lesfréquences absolues du tri à plat suivant montrent que les ponctogrammes apparaissentparfois à leur suite (table 6.90). Que nous apprend le contexte immédiat de ces rela-teurs? D’après les figures 6.91 et 6.92, les constituants qui attirent la présence de

323

Page 357: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

0 11610 99.151 100 0.85

11710 100

1

0

0 2000 4000 6000 8000 10000

TAB . 6.90 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 1,0,Rl,0,0 (ni-veaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)

Attractions (seuil adapté 0.394%)

0,0,Rl,0,00,0,C5,pers,1

0,0,Ap,0,0

1/78 (1.3%)1/32 (3.1%)87/5577 (1.6%)

5.59e−15 1

FIG. 6.91 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 1,0,Rl,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)

Répulsions (seuil adapté 0.394%)

0,0,R2,0,00,0,C5,0,10,0,C5,0,0

0,0,Ap,¬pers,00,0,P0,0,00,1,P0,0,00,0,A4,0,10,0,Dt,0,00,0,S1,0,00,1,Ap,0,0

0/53 (0.00%)0/50 (0.00%)0/85 (0.00%)0/33 (0.00%)0/185 (0.00%)0/189 (0.00%)0/14 (0.00%)0/10 (0.00%)0/1013 (0.00%)11/4353 (0.25%)

9.4e−08 1

FIG. 6.92 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 1,0,Rl,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)

marquage sont les 0,0,Ap,0,0. En conséquence, vu les découvertes présentées dans lasection→6.2, nous avons certainement affaire à des nombres ou des noms de per-sonnes.

L’examen des attestations83 indique en effet que presque tous les cas de marquageconcernent des relateurs précédant un nombre ou un titre; par exemple:

«· lequeles · xvıj· vergesbaduíns lı marchans kı lalut vendı tínt en hıretage[8] por · xxıj ·ſtırs deſpeate boneet loıaz chaſcun an alıege alíuerer aſe deſpens ·et a la [9] meſure de˘lıege»(Document 1263–07–20, 7).

«[9] et je parle jugementet lenſengnement de˘mes homes donaı en fıezal ·· abbeıtet acouentdeuant[10] dıt tot luſageet tot le droıt ke je auoı enleawe deſor dıteſennıent a˘˘retenír / saufles [11] droetures mes peſſoers deflones /dengısetde chamont» (Document 1271–04–20, 9).

Apparemment, presque toutes les attestations de signes à la suite des constituantspeuvent être justifiées par des causes extérieures à la morphosyntaxe.

Par ailleurs, il est également remarquable qu’une seule attestation de PPF.1 n’ap-paraît pas au niveau de la syntaxe immédiate, comme le montre la tabulation 6.91; lavoici:

83 Voir le dépouillement en annexe.

324

Page 358: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

PPF.0 PPF.1

MI.pers 575 0 575MI.pers-arg 700 1 701MI.¬pers 105 0 105MI.¬pers-arg 270 0 270MI.synt 5215 47 5262MI.synt-arg 4745 52 4797

11610 100 11710

*

TAB . 6.91 – Tri croisé MI× PPF pour les constituants 1,0,Rl,0,0

FAB FRE

0 3207 98.371 53 1.63

3260 100

1

0

0 500 1000 1500 2000 2500 3000

TAB . 6.92 – Tri à plat de PPF, pour les constituants de type 0,0,Co,0,0(niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,¬pers-arg)

Attractions (seuil adapté 0.190%)

0,1,Ap,0,00,1,C5,0,10,1,R2,0,00,0,Ap,0,00,0,R2,0,0

10/518 (1.9%)3/103 (2.9%)3/64 (4.7%)20/697 (2.9%)9/163 (5.5%)

0.000202 1

FIG. 6.93 – Attractions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)

«et otrıons a˘˘la˘˘cıteıt delıege · que/ ſe [8] eſtoıt rebelles de paír les fermetez deuant dıtes /elle le˘˘poroıt [9] deſtraíndre a˘˘paır · en quel manıere quemıes lur˘ſemblera afaıre ·ſennos[10]

aforfaıre de rıen ·et aler en ˘˘contre noſtre íuſtıce» (Document 1249–06–25, 7).

Nous ne nous hasarderons pas à commenter cette occurrence, pour laquelle nous nevoyons aucune explication plausible.

Les observations sur la ponctuation finale des relateurs confirment que les phé-nomènes attirant le marquage sont prioritaires sur ceux attirant le non-marquage(→6.1.2.4).

6.3.2.3 Relateurs coordonnants

Les relateurs coordonnants marqués à la finale sont peu nombreux également (table6.92) et ce sont à nouveau les 0,0,Ap,0,0 qui ressortent (figure). Nous devons doncfaire un dépouillement manuel,84 qui nous apprend que les nombres sont le plus sou-vent marqués. Par exemple:

84 Voir en annexe.

325

Page 359: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Répulsions (seuil adapté 0.190%)

0,0,Dt,0,10,0,A4,0,10,1,A4,0,10,0,S1,0,0

0,1,Ap,¬pers,00,1,Dt,0,00,1,S1,0,00,1,C5,0,00,0,C5,0,0

0,1,R2,pers,10,1,R3,0,10,1,Dt,0,10,0,R3,0,10,0,A4,0,00,0,Rl,0,0

0,1,R2,¬pers,00,0,R3,0,00,0,Dt,0,0

0,1,Ap,pers,10,1,P0,0,00,0,C5,0,10,0,P0,0,0

0/29 (0.00%)0/35 (0.00%)0/26 (0.00%)6/382 (1.57%)0/25 (0.00%)0/23 (0.00%)0/46 (0.00%)0/20 (0.00%)1/71 (1.41%)0/18 (0.00%)0/17 (0.00%)1/134 (0.75%)0/63 (0.00%)0/13 (0.00%)0/73 (0.00%)0/12 (0.00%)0/12 (0.00%)0/12 (0.00%)0/83 (0.00%)0/134 (0.00%)0/195 (0.00%)0/217 (0.00%)

0.0924 1

FIG. 6.94 – Répulsions significatives entre MMS et PPF, pour les consti-tuantsde type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)

[5] le craſenſele voıe deſaín remacle por víntſos de˘˘lıgoıſ cheſcun an[6] et quatre chaponſapaıer · x ·ſols anoıelet · ıııj · chaponſ· et · x ·ſols aleſaín[7] johan baptıſtreet a · ıj · ſols ·de˘requíſtıſon doír aautre» (Document 1252–03–01b, 2).

«· [3] sacenttreſtuít cılh kı ſunt ·et kı a venírſunt kenz el an delejncarnatıon nostreſangor[4]

jheſu crıſt · m ·et · cc ·et · lx · vıj · lendemaín dele feſte ſaíntſymon ·et ſaínt jude · vınrent[5] pardeuant noſ · entreſaínte marıe ·et ſaínt lambert a lıege · werrıſ lı fız dame raínewj´ [6]

de holongeſor jer dune part ·et ſıre arnulz lı preſtreſ · capelaínz del alteſaínt jakeme[7] degyneffe dautre part» (Document 1267–10–29, 2).

6.4 Conclusions sur la fréquence du marquage

Au cours de ce chapitre, nous avons progressivement examiné les constituants attirantou repoussant la ponctuation de manière significative.

6.4.1 Cohérence dans le corpus

Quand les effectifs suffisent à le tester, les tendances peuvent être considérées commegénérales. Il n’y a donc aucune raison de penser, comme on a pu le dire précédemmentà propos d’autres documents, que la ponctuation des chartes est «sommaire» et qu’ellen’«obéi[t pas] à des règles précises» (Monfrin 1974, lxiv). Bien sûr, nous n’avonsgénéralement examiné que destendanceset non des règles d’implication. En ce sens,il est certain que les utilisateurs de la ponctuation médiévale avaient la possibilitéde poser deschoix, mais nous avons pu identifier un certain nombre de structuresparticulièrement liées à l’emploi de ponctogrammes.

Malgré tout, il est fréquent que quelques documents manifestent une régularité

326

«· conute choſeſoıt achaſcunet atoſke [3] noſ auonſdonet warníer le bolengıer con dıſt derumezéſvne maſon[4] en˘˘hıretage luj´ et ſeſoırſ kı ſıet apont damercuer deleſlemaıſon johan

Page 360: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

plus importante que les autres dans le respect de certaines tendances,85 voire soientles seuls à les attester.86

De même quasi chaque tendance délimite un petit ensemble de chartes qui s’op-posent aux tendances générales. Ainsi, alors que la plupart des chartes marquent ré-gulièrement les limites de la phrase, certaines n’emploient pas un ponctogramme àcette position (→6.1.1.1 a et→6.1.1.2 a). Pareillement, alors que la fonction de coor-donnant attire généralement PPD.1, quelques textes repoussent particulièrement cettetendance.

L’existence d’une ligne directrice commune et d’inclinaisons plus ou moins mar-quées à suivre la mouvance générale ou à s’en détacher correspond à ce qui est obser-vable, en linguistique traditionnelle, lorsqu’on parle denormeset d’usages, ceux-ci sepositionnant par rapport à celles-là. En d’autres termes, il y a tout lieu de penser qu’ilest envisageable d’étudier la ponctuation sous l’angle de sa variation. Le marquagedes actants dans les testaments (→6.1.3.4,→6.1.3.5 et→6.1.3.11) et la propension àmarquer certaines structures formulaires87 pourraient former l’embryon d’une étudevariationnelle de la ponctuation dans la société – en fonction des types discursifs et desstructures textuelles. Bien entendu, tout reste à faire: non seulement ce type d’étudedemanderait qu’un nombre considérablement supérieur de documents soient exami-nés, mais en plus les notions de description diplomatique sont, nous l’avons déploré(→6.1.3.14 a), encore trop vagues pour permettre une analyse fine de la relation entrel’acte juridique et l’acte écrit.88 Enfin, les descriptions diaphasiques et diastratiquesnécessitent que soit pris en compte un nombre conséquent de variables extralinguis-tiques, relevant tant de l’histoire que de la sociologie.

6.4.2 Interférences non contrôlées

Notre choix initial était de ne considérer que la structuration morphosyntaxique destextes (→0.1.1.2). Nous n’avons donc pas établi de cadres descriptifs précis concer-nant les points de vue sémantique et énonciatif.89

Néanmoins, l’observation directe des attestations dans leur contexte a permis demontrer concrètement les limites de l’analyse fondée sur la syntaxe: la ponctuationdes constituants est parfois liée à des faits d’ordre sémantique ou énonciatif.

6.4.2.1 Interférences sémantiques

Du reste, l’analyse de la ponctuation en syntaxe immédiate (→6.2) et l’examen des at-testations allant à l’encontre des tendances générales dans le cadre de la syntaxe argu-

85 Il suffit par exemple d’observer la manière dont se répartissent les documents du marquageinitial de la phrase (→6.1.1.1) pour voir que certains d’entre eux ponctuent la phrase danstous les cas.

86 Voir, pour le marquage final de 0,0,R3,0,1, par exemple, la figure 6.42, page 276.87 Voir les inventaires dans les synthèses pour chaque section:→6.1.2.4 c pour le prédicat,→6.1.3.14 c pour les actants et A4 et→6.1.4.12 c pour les circonstants.

88 Souvenons-nous de la réflexion sur la nature de l’unitétexte et de ses relations avec lecontexte de sa construction (→3.1.2.1 b).

89 Voir →3.1.3.1 sur la théorie des trois points de vue.

327

Page 361: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

mentale (par exemple,→6.1.3.5) oudu marquage des relateurs (notamment→6.3.2.2)font penser que certains faits dont le point de vue morphosyntaxique n’est pas à mêmede rendre compte, influencent le marquage de manière non négligeable. Ces faits sontde nature sémantique. Ainsi, les chiffres paraissent «encadrés» par une ponctuation depart et d’autre, alors que les noms de personnes ou les titres sont parfois marqués àl’initiale par un ponctogramme. En employant des méthodes statistiques, il n’est paspossible, sans dépasser le cadre étroit de la syntaxe, d’être assuré de l’importance deces tendances, puisque nous n’avons pas les moyens d’extraire l’ensemble des chiffresou l’ensemble des noms de personnes.

Cet état des lieux est gênant. Le marquage des chiffres est sans conteste celuiqui a été intuitivement perçu comme le plus répandu. Les noms de personnes sontégalement bien reconnus comme un facteur attirant le marquage.90 En somme, cestendances sont ainsi justifiées par une recherche philologique, mais cette dernière nejustifie pas qu’on les prenne en considération dans une étude censée se limiter à dé-crire les relations entre la ponctuation et la syntaxe. Selon nous, c’est le fait que cetteponctuation soitfréquenteet qu’elleinterfèreavec la ponctuation syntaxique qui jus-tifie que nous en tenions compte. Un marquage à valeur non syntaxique est forcémentdistribué autour des structures syntaxiques, c’est là un fait évident qui a été relevé dèsles premières études sur le sujet.91 En outre, un marquage fréquent a la propriété d’in-fluencer dramatiquement les décomptes dans lesquels il est impliqué. Il y a donc undanger à ne pas considérer les faits extérieurs à la syntaxe: par exemple, celui de consi-dérer qu’une structure entière est souvent marquée à l’initiale, alors que son marquageest lié au fait qu’elle débute souvent par un chiffre ou un nom de personne. . .

C’est pourquoi nous nous devrions de vérifier, pour chaque tendance, si les chiffreset les noms n’y sont pas impliqués outre mesure. Pour pouvoir appliquer des méthodesnumériques à ce problème, il faudra attendre que notre corpus soit enrichi d’une lem-matisation appropriée. Nous avons néanmoins pu le faire intuitivement de manièresatisfaisante à chaque fois que les effectifs rendaient l’opération manuelle raisonna-blement réalisable.

6.4.2.2 Interférences énonciatives

Du fait de l’emploi que les protagonistes d’une action juridique font de l’objetcharte,la rédaction du texte de cette dernière est tributaire de conventions de rédaction for-malisées et formulaires.

Contrairement aux interférences ayant trait au caractère sémantique des unités,l’importance du marquage de structures stéréotypées, qui revêt une dimension énon-ciative et pragmatique, ne nous met pas autant dans l’embarras. Comme le montre par-ticulièrement l’étude du marquage des actants, les formules attirant le marquage sontsouvent d’une forme morphosyntaxique particulière, qui laisse penser que l’aspecténonciatif converge avec l’aspect morphosyntaxique. Ainsi, les structures 1,0,R3,0,1semblent réservées à l’adresse du texte (→6.1.3.12), de même que les 0,1,R2,pers,1comme régime d’un prédicat à l’infinitif sont liées à des formules du type_faisons

90 Voir Monfrin 1974, lxiv.91 Voir Marchello-Nizia 1978, 48.

328

Page 362: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

savoir que. . ._. Lorsque la correspondance est si nette, nous estimons que le modèlesyntaxique suffit à rendre compte de la tendance.

Cependant, non seulement certaines formules échappent à cette régularité –comme c’est le cas de_x qui l’afaitement fit_, relevé en étudiant le marquage du prédi-cat –, mais en plus, il n’est pas possible de tenir compte simultanément de la présenceet de l’absence du marquage sans un dépouillement exhaustif.

À nouveau, privé de décomptes précis nous avons néanmoins relevé le phéno-mène, dans l’attente sur le système de la ponctuation dans ses relations avec d’autrespoints de vue que celui sur lequel nous avons concentré nos efforts.

6.4.3 Remise en question du modèle

L’intérêt de la confrontation des deux modèles construits dans la première partie n’estpas exclusivement pratique. Nous avons vu à plusieurs reprises que l’analyse pouvaitmener à la remise en question des fondements épistémologiques de la description duchamp morphosyntaxique. Au travers de faits concrets, nous avons ainsi pu formulerquatre critiques importantes.

6.4.3.1 Lexèmes employés

La structure 0,1,R2,pers,1 a attiré notre attention sur la formule_savoir faisons que. . ._, qui alterne dans les documents avec la formule_a savoir faisons que. . ._(→6.1.3.9).Or, malgré la ressemblance des deux formules (elles ne diffèrent que par l’emploidu relateur), la structure «profonde» que nous proposons les envisage comme radi-calement différentes (→3.4.4.6). Notre modèle ne tient pas assez compte du lexiqueemployé, lequel relève du point de vue morphosyntaxique.

6.4.3.2 Coordination et apposition

La mise en évidence de l’importance de la coordination vis-à-vis de la ponctuations’est faite progressivement, en examinant le contexte immédiat des constituants mar-qués. Nous avons, par exemple, remarqué que les 0,0,S1,0,0 attiraient le marquagefinal lorsqu’ils étaient suivis d’un autre constituant du même type ou d’un coordon-nant.92 L’observation de faits semblables pour d’autres constituants93 a mené à laconclusion que la coordination était fortement impliquée vis-à-vis de la ponctuation.Il nous fallait donc étudier l’attraction entre les structures coordonnées et le marquage.

D’autres faits proches de la coordination n’ont pas été considérés comme en rele-vant. Ainsi, nous avons vu que les propositions comprenaient fréquemment plusieurscirconstants successifs, mais non coordonnés d’après notre modèle (→6.1.4.12 b). Demême, les propositions relatées de mode personnel en syntaxe immédiate se succèdentrégulièrement sans que le fait ne soit décrit comme une coordination. Il y aurait lieude reprendre le problème dans son ensemble, peut-être pour étendre la notion de co-ordination.

92 Voir la figure 6.25, page 265.93 Voir par exemple les figures 6.29 et 6.33.

329

Page 363: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

6.4.3.3 Description de la syntaxe immédiate

Nous nereviendrons pas longuement sur ce problème, qui constitue selon nous laprincipale faiblesse du modèle décrit au chapitre→3. Bien qu’économique, le mo-dèle ne suffit pas à rendre compte de toutes les subtilités de la syntaxe immédiate. Ila néanmoins permis de comprendre un certain nombre de mécanismes et de mettreen relation les tendances de ponctuation liées à la morphosyntaxe à celles liées à lasémantique.

6.4.3.4 Coordonnants et autres relateurs

Traitée spécifiquement, la question de la coordination nous a également amené àréviser la manière dont nous concevons l’insertion syntaxique des coordonnants(→6.1.5.3 b). Le rôle démarcatif de la ponctuation invite en effet à comprendre lesblocs qu’elle permet d’isoler comme des groupements de constituants fonctionnantensemble. Or, notre analyse du coordonnant le plaçait en quelque sorte «en dehors»de tous les syntagmes ou groupes coordonnées (→3.4.7.2). L’examen de la ponctua-tion sert ici de révélateur. Peut-être le modèle est-il inutilement compliqué? Il semblequ’assimiler le fonctionnement des coordonnants à celui des autres relateurs ne nuiraitpas à la finesse de la description.

6.4.4 «Règles» et proportions de marquage expliqué

Nous pouvons conclure en formulant l’hypothèse suivante: la cohérence des tendancestémoigne qu’il existe un consensus, une pratique partagée par une communauté, dontles membres connaissent un certain nombre de règles qu’ils appliquent et un certainnombre de tendances qu’ils sont libres de suivre ou non.

6.4.4.1 Interdictions

Si l’on admet que la ponctuation a une fonction visuelle générale d’aide à la lecture, saprésence dans des endroits incongrus devient unobstacleà l’intelligibilité, alors queson absence là où on pourrait la rencontrer reste généralement anodine. En somme, sil’on doit parler de «règles», il y a lieu de les nommerinterdictions:

– on ne ponctue pas le prédicat (→6.1.2.4);– on ne met pas de ponctogramme à la suite d’un relateur ou d’un C6 (→6.3.2);– on ne rompt pas la cohésion du syntagme.

Face à ces règles, nous avons pu observer un certain nombre delicences, toutesliées au contexte immédiat:

– la coordination attire la ponctuation;– bien que cela ne soit pas vérifié, les chiffres et les noms de personnes permettent la

ponctuation.

Ainsi, les environnements favorables prévalent sur ceux qui rejettent la ponctuation.Ces observations révèlent toute la dimension fonctionnelle de la ponctuation: l’ab-

sence de marque correspond à une indication de continuité, la fonction principale

330

Page 364: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

P.0 P.1

any.0 47057 1335 48392any.1 11063 4712 15775

58120 6047 64167

P.0 P.1

237.34 -2281.19-728.08 6997.88

θ 15

χ2= 10241.32,ddl= 1, p= 0 ★★★

TAB . 6.93 – Proportions de marquage expliqué par une tendance géné-rale (repris)

FAB FRE

1 4712 77.920 1335 22.08

6047 100

0

1

0 1000 2000 3000 4000

TAB . 6.94 – Tri à plat de la position (limite de constituant attirant le mar-quageou non) pour les positions ponctuées (repris)

FAB FRE

0 47057 80.971 11063 19.03

58120 100

1

0

0 10000 20000 30000 40000

TAB . 6.95 – Tri à plat de la position (limite de constituant attirant le mar-quageou non) pour les positions non ponctuées (repris)

des ponctogrammes paraissant jusqu’à présent être ladémarcationdes unités. Ne pasmettre de ponctogramme revient à préserver l’unité graphique des mots entourant laposition qui aurait pu être ponctuée. Les «unités de lecture» médiévales sont tellesque le contexte immédiat du prédicat et les mots suivant les relateurs en sont rarementdétachés, ce qui nous conforte dans l’analyse que nous avons pu donner de la relationentre différents types d’arguments et le prédicat (→3.4.2) et du statut hiérarchique desrelateurs (→3.2.2.2 et→3.4.4.2).

6.4.4.2 Régularité des tendances

On pourrait dire que la sélection d’un petit nombre de tendances fortes permetd’expliquer une proportion avoisinant 80% des ponctogrammes (table 6.93). Si, demanière abstraite, beaucoup de structures sont effectivement «ponctuables», dans lesfaits, seules certaines d’entre elles attirent effectivement la ponctuation. On peut re-garder les résultats d’une autre manière, et construire le tableau 6.96, qui reprend,pour chaque tendance attirant la ponctuation, les proportions de présence effectived’un ponctogramme. Ainsi, dans le graphique 6.95, les barres foncées représententla fréquence absolue de non-marquage des positions indentifiées sur l’axe vertical.Les barres claires expriment la quantité de marquage dans les mêmes positions. On yvisualise clairement que toutes les attractions n’ont pas la même régularité. La ponc-tuation de l’énoncé est la plus régulière et explique un très grand nombre de positions,alors que la ponctuation des membres coordonnés est la moins systématique, mais ex-plique la plus grande partie des occurrences de ponctogrammes. La ponctuation des

331

Page 365: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

Coordination 8423 2480 10903Circonstant 2265 844 3109Actant 459 275 734Énoncé 420 1462 1882

11567 5061 16628

TAB . 6.96 – Tri croisé des proportions de marquage× environnements

Coordination

Circonstant

Actant

ÉnoncéPrésence

Absence

0 2000 4000 6000 8000

FIG. 6.95 – Graphique des proportions de marquage expliqué par les en-vironnements

actantset des A4 est intermédiaire, de même que celle des circonstants. Nous avonstoutefois vu que la première était très spécifique à certains types de documents ou àcertaines formules figées (→6.1.3.14), alors que la seconde est plus répandue et paraîtse rapprocher de la coordination (→6.1.4.12 b).

6.4.4.3 Puissance explicative

Les dépouillements et analyses résolvent la question de savoir jusqu’où il faut allerdans la recherche des unités, mais exclusivement dans le cadre du modèle proposécomme référence. Si nous avions considéré toute position comme étant ponctuable,nous aurions «justifié» toute la ponctuation, sans pour autant l’expliquer de manièresatisfaisante.

En posant les limites d’un modèle, puis celles fixées par les effectifs, les propor-tions et les tests statistiques adéquats, nous avons volontairementlimité la puissanceexplicativede notre exposé, reléguant la responsabilité de l’explication d’une partiedes phénomènes ponctuationnels à d’autres études.

332

Page 366: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

7 Forme du marquage

Les deuxderniers chapitres ont été entièrement focalisés sur les relations qu’entrete-naient les constructions syntaxiques avec les modalités de PPD et de PPF, c’est-à-diredes variables dont les modalités sont très abstraites, opposant simplement la présenceà l’absence de ponctogramme – voir→5.0 sur la définition de ces variables, en par-ticulier→5.0.2.3. Ce choix initial, visant à canaliser les données pour permettre untraitement général, a abouti à la définition de grandes tendances expliquant une grandepartie des occurrences de ponctogrammes dans les chartes.

Les grandes lignes ont été tracées. Il nous paraît opportun de revenir aux formesde ponctogrammes et d’étudier leurs relations avec la syntaxe.

Nous commencerons par présenter les données soumises à l’analyse, ce qui abou-tira à la création d’un grand tableau de contingence. La forme des ponctogrammes seraconfrontée au contexte syntaxique de leurs attestations (→7.1). Ce tableau sera ensuitesoumis à l’analyse factorielle des correspondances, outil particulièrement adapté ànotre problématique. Cette démarche mènera à la découverte de plusieurs associa-tions de forme et de structure (→7.2). Celles-ci seront testées à l’aide de techniquessimilaires à celles que nous avons employées précédemment (→7.3). Enfin, nous ob-serverons les occurrences des ponctogrammes les plus rares (→7.4).

7.1 Données soumises à l’analyse

Nous devons définir les données soumises à l’analyse. Nous verrons tout d’abordquelles formes de ponctogrammes apparaissent dans les documents et en quelle quan-tité chacune d’entre elles est attestée (→7.1.1). Nous serons alors à même de mettreles occurrences de ces signes en relation avec les structures syntaxiques. Cela mèneraà la construction du tableau de contingence qui sera soumis aux analyses (→7.1.2).

7.1.1 Fréquence des ponctogrammes

Dans ce chapitre, l’individu étudié est le ponctogramme. Chaque individu est définipar une variable dont les modalités sont les différentes formes que prennent les signes.En effectuant un tri à plat sur cette variable, on obtient le tableau 7.1. Bien qu’il nenous informe pas encore sur la manière dont les ponctogrammes interagissent avecla syntaxe, ce tri à plat nous appelle à la vigilance. En effet, la surabondance de laforme ‹·› et la faible fréquence de la majorité des autres ponctogrammes risquent decompliquer l’analyse.

D’autre part, on présume que la grande variété de forme des signes était superflue

333

Page 367: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FAB FRE

· 4681 78.46/ 863 14.47

·’

179 3·· 108 1.81

·/ 62 1.04¶ 53 0.89; 7 0.12// 6 0.1– 3 0.05: 2 0.03·/ 1 0.02·¶· 1 0.02

5966 100.01

TAB . 7.1 – Tri à plat des formes de ponctogrammes

pour la majorité des scribes: malgré l’abondance de signes disponibles et la variétédes constructions, il est probable que la plupart de ces dernières soient marquées de lamême manière, quelles que soient leurs différences.

Nous devons donc trouver l’outil adéquat au traitement de ces effectifs déséquili-brés.

7.1.2 Création du tableau de contingence

Au delà de leur intérêt propre, les tendances que nous avons considérées comme gé-nérales nous offrent un ensemble qui peut servir de cadre de référence pour une étudeplus ciblée. Nous ne sommes plus perdu devant un énorme ensemble de structures va-riées, puisque nous avons pu mettre en évidence que la majorité des ponctogrammesse manifestaient dans des contextes particuliers. Plutôt que de considérer à ce stadel’ensemble des environnements syntaxiques possibles, nous ne sélectionnerons parmieux que ceux dont nous sommes certain qu’ils attirent le marquage. Ainsi, les ponc-togrammes sont définis par une seconde variable: l’environnement syntaxique attirantle marquage, c’est-à-dire sept modalités:

1. Énoncé: le ponctogramme se trouve entre deux énoncés (voir la synthèse→6.1.1.3).

2. Actant D: le ponctogramme se trouve devant un actant attirant la ponctuation ini-tiale (→6.1.2.4).

3. Actant F: le ponctogramme se trouve derrière un actant attirant la ponctuationfinale (→6.1.2.4).

4. C5 D: le ponctogramme se trouve devant un circonstant attirant la ponctuationinitiale (→6.1.3.14).

5. C5 F: le ponctogramme se trouve derrière un circonstant attirant la ponctuationfinale (→6.1.3.14).

6. Coord.: le ponctogramme se trouve à une des bornes d’un constituant coordonnéet ne suit pas un coordonnant (→6.1.5).

7. Aucun: le ponctogramme n’est pas expliqué par une des tendances mises à jour.

Pour respecter les contraintes de construction des tables de contingence, nous avonsretiré de l’échantillon les positions correspondant simultanément à plusieurs ten-

334

Page 368: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Aucun Actant F Actant D C5 F C5 D Coord. Énoncé

– 1 0 0 0 0 0 2 3; 0 0 0 0 0 0 7 7: 1 0 0 0 0 0 1 2

·/ 25 0 0 15 3 8 4 55

·’

42 44 0 48 7 16 7 164/ 227 12 9 108 37 272 109 774// 4 0 0 1 0 1 0 6· 961 82 14 162 106 1765 1165 4255·/ 0 0 0 0 0 1 0 1·· 70 9 0 3 0 15 8 105·¶· 0 0 0 0 0 0 1 1¶ 0 0 0 0 0 11 23 34

1331 147 23 337 153 2089 1327 5407

TAB . 7.2 – Tri croisé environnement× forme du ponctogramme

dances. La tabulation de la variable décrivant la forme avec celle décrivant l’envi-ronnement produit la table de contingence 7.2. Devant un tel tableau, il est difficiled’avoir une idée d’ensemble de la manière dont les lignes et les colonnes sont effecti-vement associées. Un test sur l’ensemble n’est pas possible, étant donné l’importantequantité de cases présentant un effectif très faible, voire nul.1 Il n’est pas non plusenvisageable de comparer entre elles toutes les cellules: on aboutirait à un ensembleinexploitable – parce que trop large – de tests dépendant les uns des autres. Tout cequ’on peut déjà remarquer est que certains signes, très rares, ne sont attestés que dansdes environnements très limités, alors que le signe ‹·› est toujours le plus fréquent,quel que soit l’environnement dans lequel on le rencontre.

Nous devons donc nous servir d’une technique qui nous permette d’y voir plusclair dans cette grande table de contingence.

7.2 Analyse factorielle des données

Dans le monde francophone,2 on utilise couramment l’analyse factorielle des corres-pondances(AFC) pour analyser de grands tableaux de contingence. L’AFC fait partiede la famille des statistiquesexploratoires. Ces dernières s’opposent aux statistiquesinférentielles, dont relèvent tous les tests que nous avons employés jusqu’ici. En effet,elles visent à donner un aperçu général de la structure des données, non à calculer desprobabilités.

Pour faciliter la lecture de grandes tables de contingence, l’AFC les divise en unesérie de tables unidimensionnelles simples (→7.2.1). Ces tables simples sont ensuitecombinées en une représentation graphique bi– ou tridimensionnelle (→7.2.2) qui peutêtre interprétée (→7.2.3).

1 Voir la colonne des totaux dans le tableau de contingence 7.2.2 Les méthodes factorielles n’ont pas conquis aussi aisément les statisticiens anglo-saxons

(Meter et al. 1994); en témoigne le volumineuxMéthodes statistiques en sciences humainesde David C. Howell (1998), qui ne mentionne pas cette technique dans le panorama qu’ildresse.

335

Page 369: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0.04%

0.41%

3.52%

10.49%

17.81%

67.73%

Valeurs propres

0.00

0.02

0.04

0.06

0.08

0.10

0.12

FIG. 7.1 – Décomposition en valeurs propres

CD1 CT1 CS1

Aucun -0.13 0.03 -0.20Actant F -1.40 0.41 -0.76Actant D -0.06 0.00 -0.01C5 F -0.85 0.34 -0.82C5 D -0.18 0.01 -0.27Coord. 0.17 0.08 0.74Énoncé 0.26 0.13 0.64

TAB . 7.3 – Points-colonnes, données numériques (1er facteur)

7.2.1 Décomposition du tableau

La base de l’AFC est la décomposition en facteurs. Celle-ci simplifie les tableaux decontingence complexes en plusieurs petites tables unidimensionnelles qui, lorsqu’onles considère toutes simultanément, permettent d’appréhender le tableau entier.3. Cha-cune de ces petites tables, oufacteurs, représente une partie de l’information contenuedans le grand tableau (soninertie ). La proportion d’inertie expliquée par chaque fac-teur décroît rapidement: le premier d’entre eux explique une grande partie de l’inertie,le deuxième un peu moins, le troisième encore un peu moins, etc. L’inertie est ainsidécomposée envaleurs singulières(Lebart/Salem 1994, 15–31, Greenacre 1994, 12–14). On parle également detrace(Lebart/Salem 1994, 90).

Il faut cinq facteurs pour expliquer l’intégralité de la ventilation du tableau decontingence sur lequel nous travaillons. On peut voir que la proportion de l’inertietotale expliquée diminue rapidement dans le graphique 7.1. Chaque facteur peut êtreinterprété unaxe, qui s’étend dans l’intervalle ]−∞;∞[. Cet axe possède un pointcentral appeléorigine, dont la coordonnée est 0. Chaque ligne et chaque colonnedu tableau correspond à une coordonnée sur cet axe; on parle depoints-ligneset depoints-colonnes. Ces points sont calculés de manière à pondérer les petits effectifs etles prendre en compte. Pour la table étudiée, les points-colonnes sont positionnés surle premier axe suivant les coordonnées (CD) données dans la première colonne dutableau 7.3 (les colonnes suivantes seront expliquées ensuite). On voit que certainspoints sont positionnés dans l’intervalle ]−∞;0[ et d’autres dans l’intervalle ]0;∞[.Cette répartition représente une opposition entre les modalités associées aux pointspositifs et celles associées aux points négatifs. Plus un point est éloigné de l’origine,

3 Les calculsnécessaires à l’AFC ont été effectués à l’aide du paquetADE-4. Les graphes ettableaux ont été générés à l’aide d’un ensemble de fonctions que nous avons écrites; voir lefichierR/cor.Rdans le paragraphe consacré à R de la sectionRessourcesdes annexes.

336

Page 370: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

plus la force du contraste dans lequel il est impliqué est grande. Par exemple, lesac-tants et les circonstants ponctués à la finale ont une coordonnée négative très basseet s’opposent ainsi fortement à tous les autres points. Notons que le signe de la coor-donnée n’a pas d’autre valeur que celle de marquer une opposition: si l’on multipliaittoutes les coordonnées par−1, l’axe serait interprété de manière similaire et mèneraitaux mêmes conclusions.

La deuxième colonne du tableau 7.3, CT, donne lacontribution(Lebart et al. 1998,94–95) du point à la construction du facteur. La somme des contributions des pointsvaut 1 pour chaque axe. Plus la contribution d’un point est élevée, plus il est importantdans le contraste inhérent au facteur. Ainsi, la contribution du point-ligne représentantles circonstants attirant la ponctuation finale est plus élevée que celle du point del’énoncé.

Du fait que les facteurs simplifient la grande table de contingence, la positiondes points sur les axes n’est qu’une approximation. La qualité de celle-ci est donnéepar une mesure nomméecosinus carré(Lebart et al. 1998, 95–97), reportée dans latroisième colonne (CS) du tableau. Plus la valeur absolue du nombre figurant dans lacolonne des cosinus carrés est proche de l’unité, plus la coordonnée calculée est fiable;un cosinus carré n’est jamais négatif (puisqu’il est le carré d’un cosinus) et le signequi précède la valeur reportée dans le tableau correspond à celui de la coordonnée. Lepoint-ligne des circonstants attirant la ponctuation finale est plutôt bien représenté surcet axe, alors que celui des circonstants attirant la ponctuation initiale l’est très mal.En conséquence, l’interprétation du facteur doit ignorer les points de faible cosinuscarré. Il n’existe pas de règle mathématique fixant une limite à la qualité des points àconsidérer (Lebart et al. 1998, 97).

7.2.2 Représentation bidimensionnelle

Chaque facteur équivaut donc à un axe sur lequel sont positionnés des points plus oumoins bien représentés. La combinaison des coordonnées données par tous les axesobtenus par décomposition en valeurs propres permet de dessiner un espace àk dimen-sions, oùk est le nombre d’axes. Dans cet espace, la projection géométrique du tableaude contingence est parfaite (la somme des cosinus carrés d’un point vaut 1): chaquefacteur corrige l’approximation fournie par le(s) précédent(s) jusqu’à ce qu’aucunecorrection supplémentaire ne soit possible (Cibois 2000, 27–34). Malheureusement,l’être humain est incapable d’appréhender efficacement plus de deux dimensions –trois dimensions constituant naturellement un maximum. Les représentations tridi-mensionnelles ne sont pas facilement interprétables, parce que l’observateur est obligéde choisir un point de vue pour observer l’espace, ce qui élimine automatiquement latroisième dimension. C’est pourquoi on construit une visualisation planaire du tableaude contingence en prenant en considération les deux premiers axes de l’espace calculé.Ce plan représente la partie de l’inertie équivalant à la somme des contributions desvecteurs impliqués dans sa construction. Bien que réducteur, un plan formé par lesdeux premiers axes d’une AFC correspond souvent à une grande partie de l’inertie dutableau – Il dépasse généralement 90% de cette dernière.

Pour dessiner ce plan, nous avons donc besoin de deux axes fournissant les coor-données des points-colonnes du tableau 7.4 (la colonne R indique pour chaque pointla proportion de qualité de représentation dont les axes précédents ne rendent pas

337

Page 371: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

CD1 CT1 CS1 CD2 CT2 CS2 R

Aucun -0.13 0.03 -0.20 0.16 0.19 0.32 0.49Actant F -1.40 0.41 -0.76 -0.76 0.46 -0.23 0.02Actant D -0.06 0.00 -0.01 0.52 0.03 0.49 0.50C5 F -0.85 0.34 -0.82 0.23 0.09 0.06 0.12C5 D -0.18 0.01 -0.27 0.19 0.03 0.28 0.45Coord. 0.17 0.08 0.74 0.00 0.00 0.00 0.26Énoncé 0.26 0.13 0.64 -0.16 0.19 -0.25 0.12

TAB . 7.4 – Points-colonnes, données numériques

−1.

0

−0.

5

0.0

−0.8

−0.6

−0.4

−0.2

0.0

0.2

0.4

Contribution de f1 : 0.1312 (67.73 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f2

: 0

.03

45

(1

7.8

1 %

)

Aucun

Actant F

Actant D

C5 F C5 D

Coord.

Énoncé

FIG. 7.2 – Analyse factorielle des correspondances: points-colonnes

compte).En utilisant les coordonnées du premier axe pour positionner horizontale-ment les points et les coordonnées du second axe pour positionner verticalement lespoints, on dessine le plan de la figure 7.2. Seul le centre des disques correspond auxcoordonnées. La surface des disques est proportionnelle à la qualité (cosinus carré)cumulée des points sur les deux axes employés. Grâce à cette représentation, on peutinterpréter efficacement la distance qui sépare les différentes modalités. Par exemple,Actant F est plus éloigné de Actant D que de C5 F.

Les points-lignes sont positionnés dans un espace distinct. Sur la base des co-ordonnées du tableau 7.5, on dessine le plan de la figure 7.3 (les formes ‹·

’› et ‹·/›

sont rendues respectivement par ‹?› et ‹!›). Chacun des deux espaces construits de lasorte donne une idée de la manière dont chaque modalité se comporte par rapport auxautres modalités de la même variable. On projette les deux plans ainsi obtenus dansun seul espace (figure 7.4; la couleur des disques n’a pas d’autre fonction que cellede permettre la distinction des points-lignes et des points-colonnes), ce qui permetd’interpréter les relations entre les points-lignes et les points-colonnes. Du fait queles espaces sont ajustés (par contraction ou dilatation) de manière à être combinés,l’interprétation de la distance entre les points-lignes et les points-colonnes ne peut sefaire intuitivement.

338

Page 372: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

−1.

5

−1.

0

−0.

5

0.0

0.5

−1.0

−0.5

0.0

0.5

1.0

Contribution de f1 : 0.1312 (67.73 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f2

: 0

.03

45

(1

7.8

1 %

)−−

;

:

!

?

/

//

· ·/

··

·¶·

FIG. 7.3 – Analyse factorielle des correspondances: points-lignes

−1.

5

−1.

0

−0.

5

0.0

0.5

−1.0

−0.5

0.0

0.5

1.0

Contribution du plan : 0.1657 (85.54 %)

Contribution de f1 : 0.1312 (67.73 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f2

: 0

.03

45

(1

7.8

1 %

)

−−

;

:

!

?

/

//

· ·/

··

·¶·

Aucun

Actant F

Actant D

C5 F C5 D

Coord.

Énoncé

FIG. 7.4 – Analyse factorielle des correspondances: forme des poncto-grammes et environnement

339

Page 373: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

CD1 CT1 CS1 CD2 CT2 CS2 R

– 0.36 0.00 0.10 -0.29 0.00 -0.07 0.83; 0.72 0.01 0.17 -0.88 0.03 -0.25 0.58: 0.18 0.00 0.03 0.00 0.00 0.00 0.97

·/ -0.71 0.04 -0.42 0.73 0.16 0.43 0.15

·’

-1.76 0.72 -0.92 -0.52 0.23 -0.08 0.00/ -0.26 0.07 -0.36 0.32 0.42 0.55 0.10// -0.55 0.00 -0.23 0.79 0.02 0.47 0.29· 0.13 0.10 0.88 -0.05 0.05 -0.11 0.01·/ 0.46 0.00 0.13 -0.02 0.00 0.00 0.87·· -0.52 0.04 -0.23 0.20 0.02 0.04 0.74·¶· 0.72 0.00 0.17 -0.88 0.00 -0.25 0.58¶ 0.64 0.02 0.36 -0.60 0.07 -0.32 0.32

TAB . 7.5 – Points-lignes, données numériques

7.2.3 Interprétation

L’interprétation doit suivre un petit nombre de règles simples que nous allons illustrerconcrètement en faisant l’analyse de l’ensemble du plan.

Généralement, on commence par interpréter le premier facteur, puis le second,avant de mettre en relation les points-lignes et les points-colonnes.a. Interprétation du premier axe.Le premier axe exprime naturellement l’essentiel de

l’information. Parmi les ponctogrammes (points-lignes), il oppose essentiellement ‹·’›

(ici représenté par ‹?›) aux autres ponctogrammes, comme la contribution de ce pointl’indique clairement. Les ponctogrammes le plus nettement distingués comprennent‹·›, dont la position proche du centre montre le faible pouvoir discriminant. En d’autrestermes, on s’attend à ce que les formes délimitées par un ‹·

’› soient nettement plus

spécifiques que celles ponctuées d’un simple point.Les types d’environnement (points-colonnes) les mieux représentés et contribuant

le plus à la construction du premier axe sont les actants et circonstants ponctués à lafinale d’une part et coordonnants d’autre part.b. Interprétation du deuxième axe.Le deuxième axe met en évidence l’oppositionentre, d’une part, le groupe formé par ‹¶› et ‹·¶·› et, d’autre part, le groupe formé par‹/› et ‹·/› (ici représenté par ‹!›). Pour ce qui est des environnements, il oppose cettefois les circonstants et les actants ponctués à la finale, rapprochant ces derniers del’énoncé.c. Interprétation des plans.Si l’on considère simultanément les deux plans (celui despoints-lignes et celui des points-colonnes), il est possible de déceler les relations exis-tant entre les ponctogrammes et les environnements. Néanmoins, pour des raisonsmathématiques,4 il n’est pas correct d’interpréter directement les distances entre unpoint-ligne et un point-colonne. Par contre, on peut examiner la position d’un point-ligne par rapport à tous les points-colonnes (et vice-versa).5 Une autre manière deprocéder pour apprécier la distance entre un point-ligne et un point-colonne est de cal-culer l’angle formé par l’origine des axes (qui est le sommet de cet angle) et ces deux

4 Cf. Lebart/Salem1994, 88, «En fait, il n’est pas licite d’interpréter [l]es proximités croiséesentre un point-ligne et un point-colonne, car les deux points ne sont pas dans le même es-pace au départ.» La représentation simultanée des deux espaces contracte un des deux plans(ibid.).

5 Cf. Lebart/Salem 1994, 88.

340

Page 374: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

points.6 Si l’angle est aigu, il y aattractionentreles points (et donc entre les moda-lités correspondantes). Si l’angle est obtus, il y arépulsion. Un angle droit représentel’indépendance.

Par exemple, le point-colonne C5 F et le point-ligne du ponctogramme ‹¶› des-sinent un angle obtus dont le sommet est l’origine des deux axes. Il y a donc répulsionentre les circonstants attirant la ponctuation finale et le ponctogramme ‹¶›. Par contre,le point-ligne du ponctogramme ‹/› dessinerait un angle aigu avec l’origine et le point-colonne C5 F; pareille configuration indique une attraction entre les modalités.

En suivant ces principes, le plan livre principalement les informations suivantes:

1. l’attraction la plus forte est sans conteste celle qui lie les actants ponctués à lafinale au ‹·

’› et au ‹¶›;

2. les C5 ponctués à la finale ressemblent à ces actants par leur attraction de ‹·’›, mais

s’en distinguent par une attraction singulière envers ‹/› et ‹·/›;3. bien que peu éloignés du centre en raison de leur association avec ‹·›, les énoncés

se rapprochent des actants ponctués à la finale par leur attraction envers le poncto-gramme ‹¶›.

Comme le montre la dernière colonne des données numériques (colonneR quicontient la part d’information négligée pour chaque point), un nombre important deponctogrammes restent non expliqués par les deux premiers axes. De même, l’envi-ronnement constitué par la ponctuation initiale des actants et l’absence d’environne-ment spécifique est mal représenté. Normalement, si les données en valent la peine, oncomplète l’analyse fournie par les deux premiers axes en examinant successivementtous les axes suivants. Néanmoins, on gagnerait certainement en clarté en supprimantdu traitement tous les ponctogrammes dont l’effectif est très faible. Cela permettraitcertainement au point-ligne correspondant à ‹··› de se trouver représenté efficacement.Il y a donc tout intérêt à réfléchir à la manière de réduire le tableau.

7.2.4 Réduction du tableau de contingence

Bien que l’AFC permette de se servir d’effectifs très petits, cette capacité peut poserproblème:

«L’analyse factorielle des correspondances [. . .] pondère les petits effectifs et les prend ainsien compte: c’est même là une de ses qualités reconnues. Cependant, cette qualité peut setransformer en piège. Il suffit pour cela que quelques modalités soient prises en même tempspar un tout petit nombre d’individus et qu’ainsi ce regroupement apparaisse dans le premierfacteur d’analyse.» (Cibois 1997, 309).

À ce problème, auquel Philippe Cibois donne le nom d’effet de distinction, il fautajouter le fait que la table de contingence ne tient absolument pas compte de la répar-tition entre les documents. Il est dès lors possible que certaines tendances observéessoient caractéristiques d’un petit nombre de chartes particulières.

Il est donc utile d’inspecter préalablement les modalités de faible effectif et demodifier le tableau de contingence en retirant celles d’entre elles qui seraient, d’une

6 Voir Cibois2000, 16–17.

341

Page 375: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0 1

1272-03 57 42 99Autres 76 4 80

133 46 179

TAB . 7.6 – Tri croisé RB× actant ponctuable à la finale pour ‹·’›

Attractions (seuil adapté 1.70%)

1263−03−311265−05b

5/10 (50%)8/10 (80%)

0.00424 1

FIG. 7.5 – Attractions entre CiF et RB pour punctus ‹·’›

Répulsions (seuil adapté 1.70%) 1272−03 26/99 (26%)

0.0333 1

FIG. 7.6 – Répulsions entre CiF et RB pour punctus ‹·’›

part, trop rares, d’autre part, trop spécifiques (→7.2.4.1). Ce tableau réduit rendrapossible une analyse moins tributaire de tendances marginales (→7.2.4.2).

7.2.4.1 Modalités de faible effectif

Nous aborderons successivement la ponctuation finale des actants et des circonstantsainsi que la forme des ponctogrammes rares avant de proposer un tableau de contin-gence réduit.a. Marquage final des actants.Nous savons que la ponctuation finale des actants estparfois un phénomène limité à un nombre de chartes très restreint.7 Si l’on observe eneffet la manière dont la ponctuation des actants par ‹·

’› se distribue entre les documents,

on obtient la tabulation 7.6.8 Cette ventilation est éloquente: nul besoin de test pourconstater que l’association ne concerne qu’un seul document, qui s’est déjà distinguéde nombreuses fois quand nous étudiions les fréquences de marquage.9

b. Marquage final des circonstants.Dès lors que la première attraction n’a pas lieud’être considérée comme générale, on peut se demander si chacun des trois poncto-grammes attirés par les circonstants ponctués à la finale n’est pas spécifique de do-cuments particuliers. Selon les figures 7.5 et 7.6, pour le signe ‹·

’›, un document se

démarque. Pour ‹/›, trois documents pourraient se démarquer, mais ne franchissentpas le seuil corrigé (figures 7.7 et 7.8). Pour ‹·/›, il n’y a pas d’attraction significative(figure 7.9 et 7.10). En somme, si une distorsion est introduite par ces quelques as-sociations (qui, du reste, ne concernent qu’une petite proportion des ponctogrammesimpliqués), il est certain qu’elle est bien moindre que celle que nous venons de consta-ter au sujet des actants.

7 Voir enparticulier le cas du marquage final des R2,→6.1.3.5.8 Voir la tabulation complète dans l’annexe7.2.4.1.table-RB-punctuselevatus.9 Voir, entre autres,→6.1.3.4 ou→6.1.3.11.

342

Page 376: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Attractions (seuil adapté 0.160%)

1271−04−201267−08−281274−02−24

1283−02−13a1267−07−06

1288−02a1263−05−27a

1264−041268−08−02b1270−06−06a1263−05−27b

1263−11

8/36 (22%)7/34 (21%)4/19 (21%)7/26 (27%)5/17 (29%)7/24 (29%)6/18 (33%)4/10 (40%)5/11 (45%)13/38 (34%)8/15 (53%)11/24 (46%)

0.00387 1

FIG. 7.7 – Attractions entre CiF et RB pour punctus ‹/›

Répulsions (seuil adapté 0.160%)

1288−02b1273−05−121280−08−141272−06−221290−08−241289−04−191270−03−24

1271−07−07a1287−06−241271−03−18

1287−101260−05−141271−05−221270−11−261268−03−101289−04−051287−09−081276−07−221271−12−221271−12−09

3/17 (17.6%)4/23 (17.4%)3/16 (18.8%)3/19 (15.8%)3/20 (15.0%)2/15 (13.3%)2/18 (11.1%)4/30 (13.3%)1/13 (7.7%)2/20 (10.0%)1/14 (7.1%)1/15 (6.7%)3/28 (10.7%)3/28 (10.7%)1/16 (6.2%)0/10 (0.0%)0/11 (0.0%)1/20 (5.0%)3/36 (8.3%)2/47 (4.3%)

0.00853 1

FIG. 7.8 – Répulsions entre CiF et RB pour punctus ‹/›

Attractions (seuil adapté 1.70%)1273−12 5/13 (38%)

0.838 1

FIG. 7.9 – Attractions entre CiF et RB pour punctus ‹·/›

Répulsions (seuil adapté 1.70%)

1236−12−151272−03

3/11 (27%)2/11 (18%)

0.456 1

FIG. 7.10 – Répulsions entre CiF et RB pour punctus ‹·/›

343

Page 377: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Aucun Actant D C5 F C5 D Coord. Énoncé

· 956 14 158 105 1743 1136 4112/ 209 8 93 35 253 106 704

·’

41 0 47 7 16 7 118

·/ 24 0 15 3 8 4 54·· 70 0 3 0 15 8 96

1300 22 316 150 2035 1261 5084

TAB . 7.7 – Tri croisé environnement× forme du ponctogramme (revu)

Aucun Actant D C5 F C5 D Coord. Énoncé

· 961 14 162 106 1765 1165 4173/ 227 9 108 37 272 109 762

·’

42 0 48 7 16 7 120

·/ 25 0 15 3 8 4 55·· 70 0 3 0 15 8 96

1325 23 336 153 2076 1293 5206

TAB . 7.8 – Tri croisé environnement× forme du ponctogramme (revu)

c. Ponctogrammes rares.Il est évident que les ponctogrammes attestés une seule foisse verront attirés fortement par l’environnement dans lequel ils ont été relevés. C’estpar exemple le cas de ‹·¶·›, qui est attiré par l’énoncé. Avec ce type de répartition,soit les points sont mal représentés, soit ils mobilisent une part trop grande de l’inertiepour leur intérêt. Compte tenu des effectifs disponibles, il paraît raisonnable de retirerde l’effectif des ponctogrammes tous ceux dont la forme apparaît moins de dix fois.

Enfin, l’association des actants ponctués à la finale et de ‹¶› ne concerne égalementqu’un seul document (à nouveau Document 1272–03), qui contient à lui seul toutes lesattestations du signe (→7.2.4.1). Quand on voit l’importance que ce ponctogramme aeu dans le tracé des coordonnées du plan factoriel général, on est presque certainque les premiers résultats obtenus sont loin de se conformer à une réalité largementpartagée. Il faut donc remettre en question ces conclusions un peu hâtives.d. Réduction du tableau.Pour être le plus prudent possible, reconstituons un nouveauplan factoriel sur la base d’une table de contingence d’où nous avons retiré la colonnecorrespondant aux actants ponctués à la finale, les lignes des ponctogrammes peuattestés ou exclusifs à un document et les quelques chartes susceptibles de biaiser lesrelations entre ‹·

’› ou ‹/› et les circonstants. Le résultat de la réduction est la table de

contingence 7.7. Cette table est très bien représentée par le plan de la figure 7.11,p. 345.10

Cependant, nous pourrions également nous baser sur le tableau de contingencegardant les décomptes liés aux chartes associant significativement (ou presque) leponctogrammes aux circonstants ponctués à la finale (table 7.8). En effet, en ef-fectuant une AFC sur cette table, on obtient le plan de la figure 7.12, qui peut êtresimplifié en séparant la représentation des points-lignes de celle des points-colonnes(figure 7.13). Ce plan laisse paraître que l’espace n’est pas modifié de manière sen-sible par la présence des documents qui pourraient le distordre. Nous nous baseronsdonc sur cette seconde table revue et le plan qui y correspond pour effectuer la suite

10 Voir les tableaux des données numériques en annexe:7.2.4.1.table-revised-rowset7.2.4.1.table-revised-cols.

344

Page 378: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0.04%

3.23%

18.01%

78.72%

Valeurs propres

0.00

0.02

0.04

0.06

0.08

−1.

5

−1.

0

−0.

5

0.0

−1.0

−0.8

−0.6

−0.4

−0.2

0.0

0.2

Points−lignes et points−colonnesContribution du plan : 0.1168 (96.73 %)

Contribution de f1 : 0.0951 (78.72 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f2

: 0

.02

17

(1

8.0

1 %

)

·/

?

!

··

Aucun

Actant D

C5 FC5 D

Coord.Énoncé

FIG. 7.11 – Analyse factorielle des correspondances: forme des poncto-grammes et environnement

345

Page 379: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

0.05%

3.33%

17.31%

79.31%

Valeurs propres

0.00

0.02

0.04

0.06

0.08

−1.

0

−0.

5

0.0

−1.0

−0.8

−0.6

−0.4

−0.2

0.0

0.2

Contribution du plan : 0.1194 (96.62 %)

Contribution de f1 : 0.098 (79.31 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f2

: 0

.02

14

(1

7.3

1 %

)

·/

?

!

··

Aucun

Actant D

C5 FC5 D

Coord.Énoncé

FIG. 7.12 – Analyse factorielle des correspondances: forme des poncto-grammes et environnement

346

Page 380: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

−1.

0

−0.

8

−0.

6

−0.

4

−0.

2

0.0

0.2

−0.4

−0.2

0.0

0.2

0.4

Contribution de f1 : 0.098 (79.31 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f2

: 0

.02

14

(1

7.3

1 %

)

Aucun

Actant D

C5 FC5 D

Coord.Énoncé

−1.

5

−1.

0

−0.

5

0.0

−1.0

−0.8

−0.6

−0.4

−0.2

0.0

0.2

Contribution de f1 : 0.098 (79.31 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f2

: 0

.02

14

(1

7.3

1 %

)

·/

?

!

··

FIG. 7.13 – Analyse factorielle des correspondances: forme des poncto-grammeset environnement (points-lignes et points-colonnesséparés)

des analyses. Les données numériques pour les points-lignes figurent dans la table 7.9.La table 7.10 représente les points-colonnes.

7.2.4.2 Analyse du tableau réduit

a. Interprétation du premier axe.Le premier axe distribue les quatre ponctogrammes

les plus attestés en deux catégories: le ‹·› d’une part, et les ‹/›, ‹·’› et ‹·/› d’autre part.

Tous ces ponctuants sont très bien représentés sur le premier axe. On voit que lepunc-tusest très proche de l’origine, ce qui montre sa faible valeur discriminante, alors queles autres ponctuants sont graduellement de plus en plus éloignés de la coordonnée 0.

De la même manière, le premier axe oppose le groupement comprenant l’énoncé

347

Page 381: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

CD1 CT1 CS1 CD2 CT2 CS2 CD3 CT3 CS3 R

· 0.14 0.15 0.98 0.01 0.01 0.01 0.01 0.04 0.01 0.00/ -0.39 0.23 -0.90 0.03 0.00 0.00 -0.13 0.62 -0.10 0.00

·’

-1.42 0.48 -0.95 0.25 0.07 0.03 0.23 0.29 0.02 0.00

·/ -1.05 0.12 -0.97 -0.13 0.01 -0.01 0.13 0.04 0.02 0.00·· -0.36 0.02 -0.11 -1.03 0.91 -0.89 0.04 0.01 0.00 0.00

TAB . 7.9 – Points-lignes, données numériques

CD1 CT1 CS1 CD2 CT2 CS2 CD3 CT3 CS3 R

Aucun -0.17 0.08 -0.34 -0.24 0.67 -0.66 0.00 0.00 0.00 0.00Actant D -0.23 0.00 -0.10 0.13 0.00 0.03 -0.66 0.47 -0.86 0.00C5 F -1.01 0.67 -0.94 0.24 0.18 0.06 0.06 0.05 0.00 0.00C5 D -0.28 0.02 -0.62 0.17 0.04 0.23 -0.13 0.13 -0.14 0.01Coord. 0.15 0.09 0.82 0.06 0.07 0.14 -0.03 0.10 -0.04 0.00Énoncé 0.24 0.15 0.88 0.06 0.04 0.06 0.06 0.25 0.06 0.00

TAB . 7.10 – Points-colonnes, données numériques

et les phénomènes de coordination à la ponctuation finale des circonstants, qui formentun deuxième groupe (les autres points ne sont pas bien représentés). Dans ce dernier,on voit que les circonstants attirant le ponctogramme final sont les mieux représentéset qu’ils contribuent relativement bien à l’inertie de l’axe, alors que les autres pointsont une contribution plus faible.b. Interprétation du deuxième axe.Le deuxième axe corrige le premier en le préci-sant. En ce qui concerne les points-lignes, le vecteur détache fortement ‹··› de l’en-semble des autres ponctogrammes – très mal représentés dans cette dimension. Pourles points-colonnes, le facteur oppose essentiellement la modalitéAucunà C5 F.c. Interprétation des plans.La comparaison simultanée des deux plans associe l’en-vironnement à la forme de la ponctuation. Trois groupes se détachent:

1. l’énoncé et la coordination sont ponctués par ‹·›, qui reste, comme en premièreanalyse, très peu discriminant;

2. les circonstants sont associés de manière très forte aux ponctogrammes ‹/›, ‹·/› et‹·

’›;

3. les environnements n’attirant pas spécifiquement la ponctuation sont caractérisésessentiellement par l’attraction de ‹··›, qui leur est spécifique.

Par ailleurs, il faut remarquer que:

3. les ponctogrammes les plus fréquents sont ceux qui sont les moins spécifiques;4. enfin, eu égard à la forme des ponctogrammes employés, la ponctuation des actants

et des circonstants attirant un ponctogramme initial est d’un très faible intérêt.

d. Interprétation du troisième facteur.Comme nous l’annoncions ci-dessus, lorsqueles données le justifient, il est envisageable de continuer l’interprétation des différentsfacteurs. Le troisième facteur peut nous révéler d’autres oppositions ignorées par leplan construit sur la base des deux premiers. On construit généralement un nouveauplan (figure 7.14) à l’aide des axes 2 et 3 pour observer les informations livrées parce troisième facteur (le premier axe du graphique est similaire au deuxième axe dugraphique précédent). Pour interpréter ce plan, où les points ont forcément des cosinus

348

Page 382: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

−1.

0

−0.

8

−0.

6

−0.

4

−0.

2

0.0

0.2

−0.4

−0.2

0.0

0.2

0.4

Contribution de f2 : 0.0214 (17.31 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f3

: 0

.00

41

(3

.33

%)

·

/

?

!

··

−0.

4

−0.

2

0.0

0.2

0.4

−0.6

−0.4

−0.2

0.0

Contribution de f2 : 0.0214 (17.31 %)

Co

ntr

ibu

tion

de

f3

: 0

.00

41

(3

.33

%)

Aucun

Actant D

C5 F

C5 D

Coord.

Énoncé

FIG. 7.14 – Analyse factorielle des correspondances: forme des poncto-grammeset environnement (points-lignes et points-colonnesséparés), facteurs 2 et 3

carrés moins élevés que sur le plan précédent, il est nécessaire de se souvenir que tousles facteurs à partir du deuxième sont descorrections11 des précédents. De ce fait,la valeur des cosinus carrés sur ces axes a moins d’importance que les oppositionsqu’ils mettent en évidence. Ainsi, on peut observer essentiellement une opposition quidétache fortement Act D du reste des points-colonnes, l’associant, de même que lacoordination et C5 I, au ponctogramme ‹/›.

Au terme de cette description, nous sommes en mesure de réduire les donnéesà une petite série d’oppositions dominantes. Néanmoins, l’AFC étant une techniqueexploratoire, il est possible que les résultats qu’elle nous livre ne soient pas statistique-

11 Ceci est expliqué très simplement dans Cibois 2000, 84–85.

349

Page 383: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

C5 F Énoncé ou Coord.

· 162 2930 3092/ 108 381 489

·’

48 23 71

·/ 15 12 27

333 3346 3679

C5 F Énoncé ou Coord.

−49.64 ★★★ 4.94 ✩✩★

91.79★★★ −9.13✩★★

268.94★★★ −26.77★★★

64.51★★★ −6.42✩✩★

Test exact de Fisher,p= 2.39e−70 ★★★

Valeur attendue minimale = 2.44

TAB . 7.11 – Tri croisé forme des ponctogrammes (réduit)× environne-ment (C5F, Énoncé, Coord.)

C5 F Énoncé ou Coord.

· 162 2930 3092Autres 171 416 587

333 3346 3679

C5 F Énoncé ou Coord.

-49.64 4.94261.48 -26.02

θ 7.43

χ2= 339.19,ddl= 1, p= 9.57e−76 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)

TAB . 7.12 – Tri croisé attraction de ‹·›

ment significatifs. En effet, l’AFC décrit la structure des écarts et non leur intensité.12

N’importe quelle table de contingence, pour peu qu’elle ne corresponde pas exacte-ment à la table des valeurs attendues (→5.2.1.2), a une structure que l’AFC est capablede mettre en évidence, sans pour autant s’assurer de sa significativité statistique.

7.3 Tests statistiques sur les groupements obtenus

Les tests qui suivent permettent d’évaluer la pertinence des tendances détectées.a. Attraction entre ‹·› et le groupe formé par l’énoncé et la coordination.Testonsles groupements (table 7.11). Il y a bien, globalement, une cause non aléatoire quiorganise la ventilation des données dans le tableau. L’AFC ne nous a pas trompé.

Tout d’abord, ce qui est visible dans la première ligne du tableau de droite que nousvenons de donner, ‹·› est associé aux constructions qui ne sont pas des C5 attirant laponctuation finale. Le tri croisé spécifique figure dans la table 7.12. À nouveau, celaest similaire à ce que dessinait le plan factoriel. D’après la décomposition de l’écartdans la table 7.11, l’opposition est loin d’être la plus importante: la troisième lignedessinerait un contraste bien plus fort. Que cette différence d’intensité se conformetout à fait à ce que l’AFC nous apprenait n’a rien d’étonnant; l’intérêt du test estessentiellement de montrer la probabilité que l’opposition observée sur le plan estpertinente.b. Gradation de l’attraction entre ‹·› et les différents environnements.Que dire à pré-sent de l’opposition des environnements qui attirent lepunctus? Selon la table 7.13,la petite séparation apparaissant sur le troisième facteur, qui opposait l’énoncé à lacoordination, est significative, du moins du point de vue exclusif du marquage par ‹·›.

12 Voir Cibois2000, 121–122. Pour un exemple détaillé, voir Cibois 1997, 300–309.

350

Page 384: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Énoncé Coord.

· 1165 1765 2930Autres 120 296 416

1285 2061 3346

Énoncé Coord.

1.4 -0.88-9.9 6.17

θ 1.63

χ2= 17.89,ddl= 1, p= 2.34e−05 ★★★

TAB . 7.13 – Tri croisé ‹·›× contexte l’attirant

C5 F Énoncé ou Coord.

/ 108 381 489

·’ou ·

/ 63 35 98171 416 587

C5 F Énoncé ou Coord.

-8.33 3.4241.57 -17.09

θ 6.35

χ2= 68.39,ddl= 1, p= 1.34e−16 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)

TAB . 7.14 – Tri croisé attraction de ‹/›

C5 F Énoncé ou Coord.

·’

48 23 71

·/ 15 12 27

63 35 98

C5 F Énoncé ou Coord.

0.12 -0.22-0.32 0.58

θ 1.67

χ2= 0.77,ddl= 1, p= 0.381✩✩✩

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons:✩✩✩ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)

Valeur attendue minimale = 9.64

TAB . 7.15 – Tri croisé opposition ‹·’› vs‹·/›

Cette conclusion en amène une autre, qui ne fait que renforcer l’hypothèse de la dis-tinction nette entre les C6 et les coordonnants: les phrases et les membres impliquésdans une relation de coordination ne sont pas considérés comme équivalents, puisquele choix d’un autre signe que ‹·› paraît fortement lié à la coordination.c. Gradation de l’attraction entre les circonstants ponctués à la finale et les différentsponctogrammes.On peut ensuite voir comment ‹/› s’oppose aux deux autres poncto-grammes (table 7.14). Lavirgula se distingue des autres ponctogrammes proches desC5 attirant la ponctuation finale par le fait qu’elle est moins spécifique à cet environ-nement. En d’autres termes, ce que le premier plan mettait en évidence est à nouveaucorroboré par une faible probabilité.

Qu’en est-il à présent de l’opposition entre les deux formes ‹·’› et ‹·/›? On ne peut

pas dire que les deux formes dupunctus elevatussoient distinctes (table 7.15), ce quijustifie leur proximité dans l’AFC effectuée ci-dessus.d. Attraction entre ‹··› et l’absence de contexte attirant la ponctuation.D’après un testopposant simplement l’absence d’environnement particulièrement propice à la ponc-tuation à tous les environnements de ce type (voir table 7.16), le ‹··› est bel et bien spé-cifique à la modalitéAucun. Le dépouillement complet13 montre que le ponctogrammeapparaît généralement devant les noms de personnes et les titres; par exemple:

13 Ce derniera été effectué sur l’ensemble des attestations de ‹··›. Voir l’annexedep-7.3.puncti.

351

Page 385: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Aucun Autres

·· 70 26 96Autres 1255 3855 5110

1325 3881 5206

Aucun Autres

84.98 -29.01-1.6 0.55

θ 8.27

χ2= 113.6,ddl= 1, p= 1.60e−26 ★★★

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons:★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)

TAB . 7.16 – Tri croisé ‹··›× contexte l’attirant

« cheſt aſauoıren hommeſdıſcreızet honeſtes ·mon ſaíngnor··guíon de[9] bomontet monſaíngnor henrí de haloız chanonnes delle glıſe deuant dıte» (Document 1270–04–07, 8).

«nos jamaısa [26] nul ˘jor ne ferıens ne ne soferoens a faere ne a dıre choſe par coılı ·· abbeset lı couens deuant dıs[27] fuſt encombreız de tenır paſıblementle droıtureet luſage del eawedeuant dıte» (Document 1271–04–20, 25).

À nouveau, seule une étude approfondie de ce phénomène sémantique permettrait des’assurer que ces observations sont significatives.

7.4 Ponctogrammes rares

Nous avons temporairement négligé l’analyse des ponctogrammes ‹–›, ‹;›, ‹:›, ‹//›,‹·/› et ‹·¶·› en raison de leur rareté. Leur faible fréquence empêche de les intégrer auxanalyses statistiques. Il est toutefois possible de commenter leur apparition de manièreintuitive. Même limitée à ces quelques signes moins fréquents, cette approche met ànotre disposition un certain nombre d’informations sur le fonctionnement général dela ponctuation. La description qui suit est un commentaire détaillé des occurrencesdes ponctogrammes rares: ‹:› (→7.4.1), ‹–› (→7.4.2), ‹;› (→7.4.3), ‹//› (→7.4.4), ‹·/›(→7.4.5), ‹·¶·› (→7.4.6).

7.4.1 Ponctogramme ‹:›

Le ponctogramme ‹:› n’apparaît que deux fois, dans deux chartes distinctes:

«altrement ce kı cı de /[17]uant eſt dıt: reuenrat a le maıſon deuant dıte» (Document 1247–06,16).

«· et la affaıtat me dame kathelíne deuant dıte aſes [7] troıs enfans deſour nomeıſ[. . .] sedeme kıſıet a˘˘no [8]vılhe [. . .] et kı eſkeır lour deuoıt apreſ ſon deces: et sı furent lı troıſenfansdeſour dıs enſ[10] empaıs commandeıs [. . .]» (Document 1271–07–25, 6).

Les réalisations du ponctogramme sont assez différentes. La plus ancienne estcelle de la figure 7.15 et la seconde est celle de la figure 7.16. Le retour à la sub-stance mobilisée par ce que nous avions interprété comme une forme ‹:› fait penserque ces deux attestations réalisent certainement des ponctogrammes différents. S’ilssemblent déjà matériellement distincts, les environnements syntaxiques dans lesquelsils apparaissent sont loin d’être identiques: le premier correspond peut-être à la limite

352

Page 386: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FIG. 7.15 – Réalisation de ‹:› (Document 1247–06, 17)

FIG. 7.16 – Réalisation de ‹:› (Document 1271–07–25, 9)

FIG. 7.17 – Réalisation de ‹–› (Document 1277–07–01, 14)

d’un circonstant oud’une proposition personnelle apposée; le second figure entre deuxénoncés.

Alors que la complexité des traits de la première des deux formes ne laisse au-cun doute quant à l’intention du scribe qui l’a tracée, on peut se demander si dans ledeuxième cas, unique dans le corpus, la forme ‹:› n’est pas un accident. Le scribe apeut-être malencontreusement taché le manuscrit, de sorte qu’un nouveau point, pluspetit et moins net, est venu s’ajouter au-dessus du premier. Il est impossible de le sa-voir, mais rien ne s’opposerait, d’un point de vue fonctionnel, à assimiler ce secondcolon à un simplepunctus, dont nous avons constaté l’affinité avec le marquage del’énoncé.

7.4.2 Ponctogramme ‹–›

Le ponctogramme ‹–› apparaît deux fois dans un contexte précis, sous (semble-t-il) lamême plume, la même année:

«· la quele coníſ[11]ſancegılheſ [. . .] mıſt enſelle warde des[12] homes delle chıeſe deu kı lafurent preſens– a ceſte veſture a faíre furent ·· homeſ [13] delle chıeſe deu [. . .]» (Document1277–03–23, 10).

«· la quele co[13]níſſanceſıreſ ıohanſde lardíer [. . .] míſt [14] enſelle warde deſ homeſdellechıeſe deu kı la furent preſens– a ceſte veſtu [15]re a faíre furenthomeſdelle chíeſe deu [. . .]»(Document 1277–07–01, 12).

Le signe n’apparaît que devant la liste des témoins ayant assisté à l’action juri-dique. La réalisation du ponctogramme est très similaire dans les deux cas (figure7.17).

Le fait que le ponctogramme soit en contact direct avec le linéogramme qui le suitpose question. Il est possible que le trait formant ce que nous avons transcrit comme

353

Page 387: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FIG. 7.18 – Réalisation de ‹–› (Document 1286–05–15, 2)

unponctogrammefasse en réalité partie du linéogramme ‹a›, lui-même marqué par unhétérogramme. Dans ce cas, il faudrait transcrire plus simplement:

«[. . .] homes delle chıeſe deu kı la furent preſensa ceſte veſture a faíre furent ·· homeſ[13]

delle chıeſe deu [. . .]»

Tant au point de vue de leur contexte d’occurrence que de leur substance, les deuxattestations que nous venons d’examiner ne sont pas solidaires de l’attestation isoléesuivante:

«conutte choſe ſoıt a tos · ke lan de graſce ·m · cc · quatrevínset sıez le merkedı– [3] apresle saín seruaıs · vínrent par deuant nos [. . . ]» (Document 1286–05–15, 2).

Comme le laisse voir la réalisation du signe (figure 7.18), la question de la seg-mentation des unités ne se pose pas: le ‹–› suit et est distinct de ‹merkedı›. Par ailleurs,dans l’éventualité où les deux attestations de 1277 seraient effectivement des poncto-grammes, elles se différencient également de l’attestation de 1286 par l’épaisseur dutrait employé pour les dessiner.

Enfin, du point de vue de la valeur des signes, les deux premières attestations sontà la limite entre deux énoncés, ce qui n’est pas le cas de la troisième.

7.4.3 Ponctogramme ‹;›

Le ponctogramme ‹;› apparaît exclusivement à la fin d’un énoncé:

«et le doıtſıres gıles etſa mere loer en toz líus la ulıglıſe vorrat; et por ce[12] ke ceſoıt fermeet ˘ſtable auonoſ a ce letreſpendut noſtre ſaeal» (Document 1236–05, 11).

«[14] et lauons donee a damme agnesſouent nomee ·et a˘˘freres precheours de˘˘lıege deſeur dít/ en teſmoínage de veríteıt;» (Document 1288–02a, 14).

«[1] a˘˘tous chıaus kı ces lettres verrontet oront [. . .] ſaluset conıſſance de verıteıt; [3] nosfaıſonsſauoír a˘˘tous / ke nos a dammeagnes hubíne de hoy auons en donıers conteıs rechıes/ quarante set · mars de˘lıe / [4]goıs» (Document 1288–02a, 1).

«·et lauons donee a damme agnesſouent nomee ·et a˘˘freres precheours de˘˘lıege de ˘˘ſeur dít/ en teſmoínage de veríteıt; [15] che fut faıtet doneít en˘˘lan de˘˘graſſe · mılhe · dueſ˘˘cens ·quatrevíns ·et ſet ·en moıs defeurıer» (Document 1288–02b, 14).

«· j tem je laís · dousſos · por requerre les orıſons [30] de prodomeset de bone gens deuenslıegeet defours; et en totes cheſ deuíſes je reten me plaín poouer de muer [. . .]» (Document1289–01–12, 29).

354

Page 388: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FIG. 7.19 – Réalisation de ‹//› (Document 1283–12–26, 10)

«· enapres ·je laıs hanet [. . .] chu ke ju aí de terre a croıtoır ·et quatre chapons kí gıſent ahaſtal; en apres je laís lanbuíche[8] me fılh · les maıſons kíſıente ver˘les bons enfans [. . .]»(Document 1289–01–12, 6).

«·premíerement · je voılh ke me detresetmí tortfaıtſılh ıat nul ·ſoent paıet do pluſ aparlhıetdo míen; en apres je laí damme anes[3] me femmeſes humíers [. . .]» (Document 1289–01–12,2).

Nous pouvons éventuellement considérer que ‹;› est une forme «renforcée» de ‹·›,mais cette hypothèse ne peut être confirmée dans l’état actuel de notre documentation.Nous ne nous prononcerons pas davantage.

7.4.4 Ponctogramme ‹//›

Le ponctogramme ‹//› paraît avoir un emploi systématique: il est exclusivement utilisépour marquer un ajout:

«· et lor quıttat _// sıres baduıns lı vowes // _le fıez et lom/ [10]mageet frank alut lor enfıſt»(Document 1260–02–21a, 9).

«· conute[2] choſeſoıt a tos ke lan de graſce ·m · ccıııj xx et on · a tírch jour del moís demarche_// a lentreıe /_vínrent pardeuant nos [. . .]» (Document 1282–03–03, 1).

«· conute choſe soıt a tos ke [. . .] vínrent pardeuant nos entre saınte marıeet saínlambıer alıge [4] sours anes abbeſſe de robermont pourlı et pourſe couent_// dune part //_· et fılepeazlı fıs adam de her[5]meıes kı ja fut dautre part» (Document 1282–12–22, 2).

«·et ces xx_// muıs //_· deſpeate lı maıſon doıt paıer a fılepea [. . .]» (Document 1283–12–26,10).

«et che prouarent ılh por frere symon le [4] príor deſbonſ _enfans //_por ſangnor poncharpreſtreet chappellaın deuens le glıſe ſaín píerreet por baſtuele fılle ſangnor baſtín dawansdeuant dít leſ ques noſ feſímeſjurer» (Document 1289–04–05, 3).

Cet emploi est très clair dans la réalisation présentée dans la figure 7.19, où l’on voitpar ailleurs que l’édition que nous fournissons dans la transcription n’est pas tout àfait représentative des topèmes mobilisés.

Contrairement aux autres ponctogrammes, la fonction de ‹//› semble être de mar-quer une anomalie dans la substance sur laquelle sont déployées les unités linguis-tiques. Le signe n’est pas à proprement parler syntaxique, parce qu’il ne ponctue pasune structure particulière. En revanche, il sert la syntaxe en indiquant que les mots pla-cés au-dessus de la ligne doivent être compris comme occupant une place spécifiquedans la chaîne graphique.

355

Page 389: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

FIG. 7.20 – Réalisation de ‹·/› (Document 1274–05–31a, 27)

FIG. 7.21 – Réalisation de ‹·¶·› (Document 1289–01–12, 2)

7.4.5 Ponctogramme‹·/›

Le ponctogramme ‹·/› n’apparaît qu’une seule fois, dans

«aſauoír eſt ·ſıres johans de lardíer eſkeuıens de lıege kı les veſtureset les afaıtemensdeſoíreſcrıs[26] fıſt · herbers de le roſe ·gerarset buchars frere ·johans lí físſaıgnorjohan delardıer ·lambers de[27] la ríuıere ·baduıens pıfes·/ dans fılıpes moínes de la maıſon de la valſaínt lambertet pluſoír [28] autre» (Document 1274–05–31a, 25).

La matérialité du signe pose question (figure 7.20). Elle est d’autant plus probléma-tique que l’autre expédition du même document, qui nous paraît être de la même main(Document 1274–05–31b), n’emploie pas ce ponctogramme au même endroit. Cetteobservation pose la délicate question des copies, que nous ne traiterons pas.

7.4.6 Ponctogramme ‹·¶·›

Le ponctogramme ‹·¶·› n’est attesté qu’une seule fois (figure 7.21):

«· ju baſtíens [. . .] ordenne deuíſe ·et faís mon teſtament par laſent de˘˘dame anes me femmede tos[2] meſbıens mobleset hıretages enſı ke chí par deſos eſt eſcrıt·¶·premíerement · jevoılh ke me detreset mí tortfaıtſılh ıat nul ·ſoent paıet [. . .]» (Document 1289–01–12, 1).

Nous nous limiterons à remarquer que ce signe apparaît, comme ‹¶›, à la limite dedeux énoncés.

7.5 Synthèse

L’analyse factorielle et les tests par lesquels nous l’avons validée ont mis en évidencel’existence de plusieurs associations entre les environnements et la forme du mar-quage. Les effectifs mobilisés par chaque type de ponctogramme ont des implicationssémiotiques évidentes (→7.5.1). L’examen individuel de formes rares pose quant à luiplusieurs questions d’ordres méthodologique et théorique (→7.5.2).

7.5.1 Implications sémiotiques de la variété des formes

L’étude sur la relation entre la forme des ponctogrammes et l’environnement qui ap-pelle leur apparition est révélatrice de la manière dont lessignes parlent au lecteur.

356

Page 390: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Les deux caractéristiques les plus fortes de la variété du marquage médiéval sontsa fa-cultativité (→7.5.1.1) et, corrolairement, la force des signes les plus rares (→7.5.1.2).

7.5.1.1 Facultativité

Le fait le plus marquant lorsqu’on étudie la forme des ponctogrammes est la faiblerentabilisation de la variété de signes disponibles (→7.1.1) au profit d’un usage fré-quent et généralisé du simple ‹·›. Un même scribe peut donc ponctuer des structuresaussi différentes que des phrases, des circonstants enseou des coordinations à l’aidedu même ponctogramme.

Comme le montrait la table de contingence de la section→7.1.2, quelle que soit lastructure ou le constituant ponctué, le ponctogramme dont l’effectif est le plus fréquentesttoujours‹·›.

Il en ressort qu’à la conclusion «la ponctuation n’est pas obligatoire», formuléedans le chapitre précédent (→5.3.3.3), nous sommes en droit d’ajouter que là où elleest utilisée, la ponctuation peut généralement se réduire à un simple point.

Certaines conditions attirant la présence de la ponctuation n’attestent cependantjamais ‹·› dans cette fonction: nous avons vu que les ajouts étaient systématiquementindiqués à l’aide de ‹//›, qui paraît réservé à cet emploi. Il s’agit de cas rares, denature ne relevant pas de la morphosyntaxe, mais d’un «accident» dans la substancemobilisée par l’écriture. Ces signes fonctionnent en dehors du système de relationsentre la ponctuation et la syntaxe.

7.5.1.2 Force

Puisque la présence d’un ponctogramme entre deux mots est une marque pour l’œilpar opposition à l’absence de toute ponctuation, l’emploi d’un signe rare constitueune «surmarque». En effet, les ponctogrammes rares sont, du point de vue de la sub-stance, plus élaborés que les signes fréquents: le nombre de périgrammes (→2.2.3.2 a)impliqués dans leur tracé est plus important.

D’autre part, du point de vue de leur fonction, les signes un peu moins fréquentssont attirés par les fonctions les plus spécifiques,14 alors que les ponctogrammes vrai-ment rares sont en général limités à des emplois très particuliers.15

Nous pouvons à nouveau enrichir nos conclusions, précisant que non seulement laponctuation, si elle est facultative, n’en est pas moins organisée: on ne peut placer unponctogramme n’importe où (→6.4.4), mais en plus, les signes ne sont pas interchan-geables à volonté. Les scribes n’avaient pas la possibilité d’employer n’importe quelsigne à un endroit pouvant être ponctué.

7.5.2 Problèmes liés à la substance

Du reste, l’observation des ponctogrammes les plus rares nous mène à une réflexionméthodologique sur la validité des transcriptions (→7.5.2.1), ainsi qu’à une remise

14 Voir la distance des points par rapport à l’origine sur les axes de l’AFC (→7.2.2).15 Voir les cas de ‹//› (→7.4.4), ‹;› (→7.4.3) et ‹–› (→7.4.2).

357

Page 391: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

en perspective théorique sur les relations entre la ponctuation et le reste du systèmegraphique (→7.5.2.2).

7.5.2.1 Validité des transcriptions

À plusieurs reprises, nous avons vu que l’examen des formes rares pouvait mener à re-mettre en question le travail philologique effectué avant que le moindre dépouillementn’ait pu être fait.16

Ainsi, est-il vraiment nécessaire de distinguer ‹·’› de ‹·/›, puisqu’il n’est pas possible

de prouver que ces ponctogrammes sont différents eu égard aux constructions qu’ilsponctuent?17

De même, un bon nombre de signes rares posent question. La forme ‹:› est-elle at-testée deux fois, ou bien ne regrouperait-elle pas artificiellement deux ponctogrammesdifférents? La forme ‹·/› existe-t-elle réellement ou est-elle due à une rature du scribesous la plume duquel elle apparaît? Le ponctogramme ‹–› existe-t-il réellement ou letrait qui le forme fait-il partie d’un linéogramme?

7.5.2.2 Ponctogrammes et système graphique

Enfin, la dernière question philologique, à propos de ‹–›, dépasse la simple remiseen cause de l’édition: elle ouvre la discussion sur les relations entre le système deponctuation au sens strict et le reste du système graphique médiéval. Si un poncto-gramme est considéré comme unemarque pour l’œil, cette fonction sémiotique n’estpas exclusive du petit ensemble de signes dont nous nous sommes occupé.

À ce stade, on peut avancer plusieurs hypothèses de travail, sur lesquelles sontgénéralement basées les tentatives de définition de la ponctuation au sens large(→2.3.2.2). Les unités comme les plérétopes (→2.2.2.2) ou les hétérogrammes(→2.2.3.1) pourraient:

– remplacer la présence d’un ponctogramme dans une des positions qui l’attirent;– s’ajouter à un ponctogramme déjà présent, de manière, par exemple, à suppléer

l’expressivité faisant défaut au simple ‹·›, ou de manière à renforcer une marquedéjà bien visible;

– marquer d’autres unités, définies du point de vue morphosyntaxique ou d’un toutautre point de vue.

16 Voir la sectionTranscriptionsdes annexes.17 Voir →7.3 c.

358

Page 392: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

8 Conclusion

Arrivé au terme de notre étude, efforçons-nous de faire le point sur notre démarche.Nous procèderons en trois temps. Tout d’abord, nous résumerons la progression del’étude: en reprenant le plan exposé dans l’introduction (→0.3), nous montrerons com-ment chaque étape a été acheminée d’une problématique précise à un résultat exploi-table dans la suite du travail, pour finalement mener à une conclusion (→8.1) et à untableau de synthèse (→8.1.3). Nous essayerons ensuite de mettre nos découvertes àl’épreuve de nouveaux matériaux, en confrontant les tendances remarquées à la ponc-tuation de deux chartes dont l’édition a été publiée récemment (→8.2). Enfin, nousprésenterons les perspectives nouvelles que nous croyons avoir ouvertes et la manièredont il sera possible d’améliorer les résultats (→8.3).

8.1 Progression

Conscient des limites de notre approche, nous avons commencé par faire le pari quela syntaxe pouvait expliquer la majorité des ponctogrammes (→0.1.2). Cette optiquenous a guidé durant tout le développement au bout duquel nous arrivons, dont le butétait de répondre à la question:

Comment, d’après ce qu’on peut observer dans les chartes écrites en français à Liège avant1292, la ponctuation originale interagit-elle avec la syntaxe dans la langue française médié-vale?

Nous avons d’emblée positionné notre étude par rapport à la réflexion sur la ponctua-tion médiévale (→0.1.1), osant le pari que la syntaxe peut servir de point de référencepour expliquer la plus grande partie de la ponctuation des chartes. Nous avons ensuitedécrit la constitution du corpus.

Face à une pareille question, il n’était pas envisageable de commencer immédia-tement à dépouiller les documents: il nous fallait définir avec exactitude les différentsconcepts dont nous allions avoir besoin.

8.1.1 Première partie: modélisation

La première partie du travail a ainsi été consacrée à la définition, sur des bases em-piriques, des concepts mobilisés. Partant du sens commun et des principes fonda-mentaux de l’analyse linguistique classique (tenant du structuralisme et du fonction-nalisme), nous avons exploité les matériaux à notre disposition pour en dégager des

359

Page 393: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

notions, dans une approche inductive par son rapport aux faits, mais déductive par saprogression.

Ainsi, au chapitre→2, l’observation du tracé des unités graphiques sur le par-chemin nous a amené à abstraire les catégories nécessaires à une modélisation del’ensemble des unités de la langue écrite, pour lesquelles nous proposons une termino-logie neuve reflétant notre analyse. Nous avons progressivement définilangue écrite,puisscriptèmes,grammèmes, etc., progressant des unités les plus générales aux unitésles plus particulières. Ce n’est qu’à ce prix que nous avons pu enfin délimiter exac-tement, le moins intuitivement possible, notre propre acception du motponctuation:«ensemble des ponctogrammes d’une langue écrite spécifique» (→2.3.1.2). Dans cettedéfinition, le termeponctogrammedésigne une unité minimale de la langue écrite(scriptème,→2.2.1) n’organisant pas l’espace (grammème,→2.2.1 également), ex-primant un contenu (plérégramme,→2.2.2), ne dépendant pas matériellement d’uneautre unité (autogramme,→2.2.3.1), construit à l’aide de traits qui ne se combinentpas obligatoirement sur un même axe (nébulogramme,→2.2.3.2 a) et non paraphra-sable par d’autres unités significatives (→2.2.4.1 b). . . Employer ce terme ne pouvaitse faire qu’à la fin d’un exposé détaillé, passant en revue tous les hyperonymes impli-qués.

De manière moins audacieuse du point de vue de la terminologie employée, nousavons également tenté d’exposer notre conception de la syntaxe (chapitre→3). À nou-veau, c’est le corpus qui nous a servi de guide: une fois les phrases délimitées de ma-nière empirique, toutes les structures syntaxiques ont été passées en revue, nomméeset intégrées dans un système théorique fondé sur la notion, héritée d’Alain Lemaré-chal, derelation minimale(→3.2.1.2). Nous sommes parti de l’existence d’un liensémantique entre les unités en présence et nous avons caractérisé la manière dont celien étaitspécifié(→3.2.2.2).

Nous croyons, au delà de l’intérêt pratique de cette première partie, que lesconcepts dégagés peuvent être jugés suffisamment généraux sinon pour servir à lacomparaison d’autres systèmes graphiques ou syntaxiques, du moins afin de consti-tuer une base à leur description.

8.1.2 Deuxième partie: analyse des données

Une fois les concepts définis et l’ensemble du corpus annoté,1 il a été envisageable derépondre à la question posée. Néanmoins, l’ensemble des données disponibles, de parsa nature et son abondance, rendait l’approche traditionnelle – ou plutôtmanuelle–difficilement applicable. C’est pourquoi nous avons ouvert la seconde partie du travailen annonçant le recours à des méthodes plus outillées: les statistiques.2

Ces méthodes présentées, nous avons sélectionné six caractéristiques morphosyn-taxiques et positionnelles que nous avons jugées fondamentales pour décrire tous lesconstituants. Ces variables répondaient à six questions: 1/ du point de vue de l’ordrelinéaire des mots, le constituant est-il le premier de la structure qu’il sert à construire?2/ le constituant est-il le dernier de la structure qu’il sert à construire? 3/ quelle est la

1 Voir la sectionAnalyses syntaxiquesdes annexes.2 Voir →4, en particulier→4.2, où nous exposons le détail des raisons et des implications de

ce choix.

360

Page 394: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

nature et le niveau d’intégration syntaxique de la structure qui le contient? 4/ quelleest la fonction du constituant? 5/ est-il de nature propositionnelle (mode personnelou non)? 6/ est-il relaté? Nous avons ensuite pu mettre en relation les réponses à cesquestions et la simple présence de ponctuation de part et d’autre des constituants, sanstenir compte, dans un premier temps, de la forme des ponctogrammes.3

Pour ce faire, nous avons essentiellement employé les techniques statistiques lesplus classiques en sciences humaines: l’analyse des tableaux de contingence à l’aidedu test duχ2 (→5.2.1.2). Après avoir évalué la relation entre chacune des six va-riables et la ponctuation, nous avons constaté l’inefficacité de la méthode (→5.2.3), cequi nous a conduit à en rechercher une autre, permettant d’envisager simultanémenttoutes les variables morphosyntaxiques et positionnelles.4 Ces nouveaux dépouille-ments nous ont permis de repérer, au milieu de la masse de constituants inégalementmarqués par la présence d’un ponctogramme, ceux dont le marquage ou le rejet dumarquage avait la plus faible probabilité d’être dû au hasard. Ce qui est ressorti decette première étape, où les données étaient réduites à une représentation très abs-traite, c’est une liste de points forts concernant (→5.3.3.3):

– la différence de fréquence entre le marquage de la phrase et celui des autres propo-sitions;

– la spécificité du marquage d’un certain nombre de types d’arguments;– le rejet manifeste du marquage du prédicat;– la faible fréquence de marquage à la suite des relateurs;– la forte présence de marquage devant les coordonnants.

Nous avons ainsi pu observer que la ponctuation n’était pas obligatoire, mais que saprésence était certainement liée à un contexte syntaxique spécifique.

Ensuite, ces grandes lignes ont pu être inspectées de manière plus concrète: pourchaque tendance qui le justifiait, nous avons évalué la probabilité que l’attraction oula répulsion observée soit généralisée. Nous avons adopté la position pragmatique se-lon laquelle toute tendance suffisamment fréquente pouvait être considérée commegénérale si le fait de retirer les chartes qui la manifestaient de manière significa-tive de l’échantillon ne changeait pas significativement la probabilité d’attraction (parexemple,→6.1.1.1 a). Il en est ressorti que la plupart des tendances observées étaientgénérales ou trop faiblement illustrées pour être évaluées de ce point de vue.

Par ailleurs, nous avons essayé de mettre en relation la ponctuation avec lecontexte immédiat, ce qui nous a laissé observer que beaucoup de constituants étaientdavantage, voire exclusivement marqués au contact d’autres constituants attirant éga-lement le marquage5 ou dans un contexte de coordination.6

Cet examen détaillé des tendances mises en évidence au chapitre→5 permet enfin de compte de faire le tri parmi les tendances et de repérer celles qui sont manifes-tement dues à l’entourage du constituant ou au document dans lequel il est attesté. Enobservant plus intuitivement les attestations, nous avons également pu repérer, comme

3 Le détaildes modalités sélectionnées pour ces variables est exposé sous→5.0.2.4 Voir →5.3, en particulier→5.3.1, où nous expliquons comment nous avons procédé.5 Voir, par exemple, le cas du marquage du prédicat,→6.1.2.1 c.6 Voir, par exemple, le cas du sujet,→6.1.3.1.

361

Page 395: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

nous nous y attendions,7 un certainnombre de tendances liées à des facteurs étrangersà la morphosyntaxe: la ponctuation de formules spécifiques au type discursif, celle deschiffres ou encore la présence d’un ponctogramme devant les noms de personnes.

En outre, l’examen du détail des attestations nous a amené à proposer des révisionsconcernant le modèle d’analyse morphosyntaxique présenté au chapitre→3 (→6.4.3):1/ il conviendrait que soient pris en compte les lexèmes employés; 2/ la notion de lacoordination pourrait être étendue à des groupements de constituants que nous n’avonspas considérés comme coordonnés; 3/ il serait peut-être profitable de considérer lescoordonnants de la même manière que les autres relateurs. D’autre part, nous avonsinsisté sur le fait que l’analyse des structures en syntaxe immédiate gagnerait à êtremoins abstraite.

De cette étude de la fréquence du marquage est ressorti un ensemble d’environne-ments propices à la présence de ponctuation.

À ce moment, il nous a été possible de réintroduire les considérations portant sur laformedes ponctogrammes et d’employer l’Analyse Factorielle des Correspondances(AFC) pour décrire les données (→7.2). Nous avons effectué un tri croisé pour me-surer les associations entre la forme des ponctogrammes et la tendance au marquagespécifique à la position où se trouvait ce ponctogramme (ce qui incluait l’absenced’environnement attirant le marquage). Après une analyse exploratoire, nous avonscomplété notre étude par une série de tests évaluant la probabilité que les regroupe-ments entre la forme des ponctogrammes et l’environnement dans lequel on les ren-contre soit due au hasard (→7.3). Dans la majorité des cas observés, les contrastes misen évidence par l’AFC correspondaient à des oppositions significatives.

L’étude détaillée de la forme a mené à la conclusion suivante: les ponctogrammesautres que ‹·› sont plus rares, et leur emploi paraît plus spécifique à un environnementdonné. En d’autres termes: non seulement les scribes ne ponctuaient pas n’importe où,mais, en plus, ils n’employaient pas indifféremment les signes.

Les méthodes ne permettant pas de traiter de manière efficace les ponctogrammespeu attestés, nous les avons simplement commentés, laissant de côté les statistiquespour une étude plus philologique (→7.4). Ces observations ont mené, d’une part, àla critique de la validité de la transcription: 1/ certaines distinctions entre les formessont peut-être superflues;8 2/ certaines unités peuvent être confondues avec d’autres.9

D’autre part, la forme des ponctogrammes pose la question de la relation entre lesponctogrammes et le reste du système graphique (→7.4.2).

8.1.3 Tableau de synthèse

En bout de course, une partie des résultats nous paraissent bien assurés et stables etmériteraient d’être mis à l’épreuve de matériaux différents de ceux ayant servi danscette étude. Ces résultats que nous considérons comme suffisamment sûrs pour êtreconservés dans cette conclusion sont reportés dans le tableau de la page 363.

La première colonne contient l’environnement attirant la ponctuation (chapitre→6), la deuxième colonne propose un sigle pouvant être intégré à un texte dont on

7 Voir enparticulier l’analyse du marquage des structures en syntaxe immédiate, sous→6.2.2.8 Voir le cas du contraste entre ‹·

’› et ‹·/› (→7.3).

9 Voir, par exemple, le cas de ‹–› (→7.4.2).

362

Page 396: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Structure Sigle Positions Formes

Énoncé Énoncé ⊗x⊗ ‹¶›, ‹;›

Coordination Coord. ⊗x⊗ety⊗ ‹/›

Actants ⊗x (‹·’›)

– 0,1,S1,pers,1 (MI.phrase) S1

– 0,1,R2,pers,1 (¬pers-arg) R2

– 1,0,R3,0,1 R3

– 0,0,A4,0,1 (pers,pers-arg,¬pers-arg) A4

Circonstants ‹·’›, ‹·

/›

– 0,0,C5,pers,0 Incidente ⊗x⊗

– 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers) 0,0,C5,0,1 ⊗x⊗

– 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,pers,¬pers) 0,1,C5,0,0 ⊗x

– 0,1,C5,0,1 (phrase,pers-arg,pers) 0,1,C5,0,1 ⊗x

– 0,1,C5,¬pers,1 (pers,phrase) 0,1,C5,¬pers,1 ⊗x

– 0,1,C5,pers,1 (phrase) 0,1,C5,pers,1 ⊗x

– 0,0,C5,0,0 (:pers-arg,:pers) 0,0,C5,0,0 x⊗

– 0,0,C5,0,1 (phrase,pers-arg,¬pers-arg) 0,0,C5,0,1 x⊗

– 0,0,C5,¬pers,1 (phrase) 0,0,C5,¬pers,1 x⊗

– 0,0,C5,pers,1 (phrase,pers-arg,pers) 0,0,C5,pers,1 x⊗

– 1,0,C5,pers,1 (phrase) 1,0,C5,pers,1 x⊗

Autres (non confirmé par les statistiques)

– chiffres x ⊗x⊗

– titres, noms de personnes,. . . NP ⊗x ‹··›

Répulsions

– P0 NA ø x ø

– C6 NA x ø

– Co NA x ø

– Rl NA x ø

.

TAB. 8.1 – Tableau synthétique des tendances dégagées

363

Page 397: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

étudie la ponctuation. Nous l’exploiterons dans la section suivante (→8.2). La troi-sième colonne indique la position des ponctogrammes (indiquée par ‹⊗›) par rapportau constituant. La dernière colonne reprend les associations entre les environnementset les formes (chapitre→7).

8.2 À l’épreuve d’autres matériaux

Tentons une expérience. Dépassons à présent le corpus que nous avons exploité.Oublions-le et ne gardons que les conclusions auxquelles il a permis d’aboutir.Replaçons-nous ensuite dans une situation pratique fréquente pour le philologue etpour l’historien de la langue affectionnant le retour aux sources: la lecture d’un texte,sans l’aide d’un ordinateur, sans analyse préalable. Comment appliquer les résultatsde notre travail à de nouveaux matériaux? Les tendances dégagées aident-elles à com-prendre les documents?

Nous avons choisi ces documents dans des volumes d’éditions diplomatiques ré-cents: l’édition des chartes luxembourgeoises de 1226 à 1281 de l’équipe de GünterHoltus et al. (2003) et l’édition des chartes champenoises de 1270 à 1300 de PieterReenen (2007). Dans ces deux volumes, nous avons choisi la charte la plus ancienneaccompagnée d’une photographie du document, ce qui nous a permis de vérifier laqualité de la transcription.

Nous avons fait l’exercice d’annoter ces chartes au fur et à mesure de leur lec-ture. Pour chaque ponctogramme, nous avons indiqué par un sigle10 à sa suite quelletendance dégagée dans notre étude était à même d’en expliquer la valeur. Les che-vrons à l’intérieur de ces sigles pointent dans la direction du constituant concerné. Parexemple, <Co indique quele constituant à gauche du ponctogramme est coordonné;

x> indique quele constituant à droite du ponctogramme est un chiffre. Si plusieurstendances expliquent simultanément un ponctogramme, elles sont séparées par ‹;›. Les

? indiquent lesdoutes et font l’objet d’une discussion à la suite de la lecture.

8.2.1 Charte luxembourgeoise ou lorraine de 1245

Cette première charte (Holtus et al. 2003, Document 11, 11 mai 1245 ; reproductionp. 689), localisée au Luxembourg ou en Lorraine d’après les éditeurs, compte trente-neuf ponctogrammes:

– ‹·› est attesté trente-huit fois;– ‹–› est attesté une fois (ligne 9).

Nous ne nous occuperons pas du ‹–›, qui relève de la syntaxe de mot (→3.2.3), ni dudernier ‹·›, qui achève la charte.

8.2.1.1 Lecture suivie

Commençons par lire le texte intégralement, en reportant à la droite des poncto-grammes le sigle résumant la ou les raison(s) de sa présence. Nous reproduisons la

10 Celui donnédans le tableau 8.1.3.

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transcription de l’édition sans aucune modification11 autre quel’ajout de sigles pourexpliquer la poncuation.

«Wéry, archidiacre de Metz et Henri Ier de Houffalize tranchent le débat opposant la com-tesse Ermesinde de Luxembourg et ses deux fils au couvent de Saint Sauveur de Metz etattribuent à ce dernier la prévôté de Beuvange.12

[1] Je Werriſ ArcediacreſDe Mez · <Co> Et Je Henriſde Hvfailize faſonſcoigniſſant atouzceouz ke ceſlettreſ [2] vairont et oront ke dou beſtant ki eſtoit entreMadame laconteſſe Delucenbourc · <Co> et Mon ſeignor [3] Henri · <Co> Et monſeignor Gerairt · <Co> ceſdouzfilz dune part · <0,0,C5,0,1;<Co> Et lou doien · <Co> et lo chapitrede ſaint ſalue[4]ovr datre ·

<0,0,C5,0,1 ke fut miz ſuz noſpar lou concentemant deſpartieſ · Incidente> ceſt aſauoír deſ

damaigeſke liſires [5] Henriſ · <Co> et liſ ien auoj´ent fait an lauj´le de biouenges· <Co> Etdeſdouzhommeſauſi Curſe · <Co> et thiederi · <Co> Et delage[6]ſte keMadame laconteſſe· <Co> et ſuj fill demandoient anlaujle de biouengges. <Co> Et delauowerie de biouenges·

Co?> kil di ſſo[7]ient ke˘lichapitreſauoit aquaſteit ·<Co?> dont il diſſoient · ? ken lorenfaiſoittort · <Incidente Auonſ dit et raporteit· ? ke ma[8] dame laconteſſeet ſuj dou˘˘fill dauant dit

· ? njant nont · ? anceſchoceſ dauant diteſ· Co> Ne il ne˘˘lor ojr · <Énoncé> Et ſi auons[9] dit en nostre dit kil laqujſſent · <Énoncé> Et ſi auonſdit ancores ke˘˘lichapitreſacquiſſet leſ

damaigeſke meſ–[10]ſireſ Henriſ · <Co> et liſ ien firent aſHommeſdebiouenges· <Énoncé>

Et apreſ auonſdit · ? ke meſ ſireſ Henriſ ranſet achapitre[11] por˘˘lour propreſdamaigeſ·x> l · <x livres de Meceins· <Énoncé> Et ancorauonſdit en nostre raport ke˘˘ſilihomme de

biouenges[12] welent aleir a˘˘tionvile · <Co> ou enautre leu deſouſmadame laconteſſe oudeſouz les affanſpor manoir[13] li aretaigeſremaingnet touz quitteſau chapitre dauant dit ·

<Énoncé> Et pource ke ceſoit ferme choſeet [14] aſtauleſi anſunt ceſlettreſ ſeeleieſde noſſeeſen˘˘temognage de verite ·? ke furentfaiteſ lov [15] Juedi apreſleſ octaueſ ſainte croix ·

0,0,C5,0,1> elmoiſdemai · <0,1,C5,0,1;0,1,C5,pers,1>quant li ˘miliareſcoroit par· Co>;x> M · <Co>;<x

et cc· <Co>;<x et xlv anſ ·»

8.2.1.2 Signes expliqués

Cette charte ne pose pas la question de la forme du marquage des ponctuants, étantdonné que seul le ‹·› est employé – le ‹–› étant un signe apparaissant à l’intérieur d’unmot. Quelles structures expliquent le mieux la présence des ponctogrammes?a. Énoncé.Quatre énoncés (c’est-à-dire tous ceux contenus dans le document) sontmarqués de part et d’autre par ‹·›, ce qui correspond tout à fait à la tendance généraleet confirme l’individualité de la structure.b. Incidente.Le texte comporte une incidente (l. 4), qui est marquée de la même ma-nière que les énoncés, par un ponctogramme de part et d’autre.c. Autres circonstants.Deux ponctogrammes sont expliqués par la présence d’un cir-constant. Un autre ponctogramme se trouve à la limite entre deux circonstants (l. 15)et un autre pourrait autant être dû à la présence d’un circonstant qu’à une coordination(l.3).

11 Les petitesespaces, indiquées dans l’édition par ‹˘ ›, sont ici rendues par ‹˘›.12 En allemand dans le texte. Nous traduisons.

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Page 399: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

d. Coordination.La coordinationest fréquente dans le document et explique vingt-deux ponctogrammes, dont trois liés également au marquage des chiffres (l. 15) et unautre lié au marquage des circonstants (l. 3).

Dans deux cas, on pourrait considérer qu’il y a coordination entre deux proposi-tions de mode personnel relatées en syntaxe immédiate, pour peu qu’on accepte cetterévision de notre modèle d’analyse:13

«ceſt aſauoír deſdamaigeſke liſires [5] Henriſ [. . .] Et delauowerie de biouenges· kildiſſo[7]ient ke˘lichapitreſauoit aquaſteit· dont il diſſoient · ken lor enfaiſoit tort» (4).

e. Chiffres.Si on accepte leur influence sur la ponctuation, les chiffres expliquentdeux marquages à eux seuls (l. 11) et se combinent avec la coordination dans troisautres cas (l. 15).f. Tendances floues.Six ponctogrammes apparaissent à des endroits non prévus parles tendances retenues. Tout d’abord:

«il diſſoient · ken lor enfaiſoit tort»(7).

«Auonſdit et raporteit· ke ma[8] dame laconteſſeet ſuj dou˘fill dauant dit · nj´ant nont · anceſchoceſdauantditeſ» (7).

«Et apreſauonſdit · ke meſ ſireſHenriſ ranſet achapitre[11] por˘˘lour propreſdamaigeſ· l ·livres deMeceins» (10).

Le marquage de 0,1,R2,pers,1 est toujours en attraction, non significative partout, saufdans la formule_faisons savoir que_.14

En contexte immédiat, nous relevons:

«Et pour ce ke ceſoit ferme choſeet [14] aſtauleſi anſunt ceſlettreſ ſeeleieſde noſ ſeeſen˘˘temognage de verite· ke furent faiteſlov [15] Juedi apreſleſ octaueſ ſainte croix» (14).

La structure 0,1,Ap,pers,1 attire le marquage initial,15 mais nous n’avons pas gardécette tendance en raison de son affinité avec le contexte immédiat formé d’un0,0,Ap,pers,1 ponctué à droite.

Enfin, nous sommes étonné par la présence de ponctogrammes dans la positionrelevée ci-dessous:

«Auonſdit et raporteit · ke ma[8] dame laconteſſeet ſuj dou˘fill dauant dit· njant nont· anceſchoceſdauantditeſ» (7, 2 attestations).

Cette ponctuation est complètement imprévisible: elle n’est justifiée par aucune ten-dance et «transgresse» l’interdiction de marquage après le prédicat. Les causes dumarquage doivent certainement être cherchées ailleurs que dans la syntaxe.

13 Voir →6.2.2.2,où nous constatons le phénomène.14 Voir le tableau synoptique de la page 224, ainsi que l’analyse→6.1.3.9.15 Voir →6.2.2.2.

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8.2.1.3 Résultats

Seuls sixsignes sur les trente-sept ponctogrammes analysés résistent à une analysefondée sur les tendances dégagées. Cela correspond à 16.21% de l’effectif. Cette pro-portion atteint 21.62% si l’on exclut les justifications non syntaxiques (marquage deschiffres). Il nous semble que ces nombres restent suffisamment bas pour conclure queles grandes lignes du marquage des structures syntaxiques sont tout à fait pertinentesdans le cas de cette charte.

8.2.2 Charte champenoise de 1270

La charte (Reenen 2007, Document 1, 11 avril 1270 ; reproduction p.XIV-XV ) contientvingt-huit ponctogrammes:

– dix-huit ‹/›;– neuf ‹.›;– un ‹·

’›.

Nous n’analyserons pas le ‹/› apparaissant à la fin de la deuxième ligne, ce poncto-gramme relevant de la syntaxe de mot.

8.2.2.1 Lecture suivie

Nous reproduisons la transcription de l’édition en introduisant quelques modifications.Premièrement, toute modernisation a été retirée. Ainsi certaines virgules, qui s’étaientintroduites dans la transcription, ont été supprimées. De même, nous avons enlevé lesséparations de mots et les agglutinations proposées par l’éditeur. Deuxièmement, nousavons jugé nécessaire de corriger certains passages, ce que nous avons indiqué par desnotes. L’éditeur emploie ‹.› pour transcrire lepunctusque nous représentons par ‹·›.

«Assignation par Erart, sire de Vallery et connétable de Champagne, sur ses cens de Cervet,en faveur de l’infirmière de l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes, à commencerpar sa cousine Isabelle et en continuant après sa mort, de 50 sous tournois annuels donnésà l’abbaye par son père [Jean, sires de Vallery]16 pour la célébration de son anniversaire.

[1] A touz cauz qui cez presentes letres verrontet orront / <R3 Je Ernazsire de Valeri cones-

table de Champaigne Salut en nostre[2] Seignor . <Énoncé> Je faiz sauoir a touz que com messires mes peres /Co> en son boen sens /<Co> et en sa bone memoire /<Co eustdonne enaumo [/]17 [3] ne au Couuent de nostre dame aus nonnains de Troies .x> Cinquante solz detournois de Rente chascun an·

’18 <0,0,C5,0,0 a tout iors[4] por faire pittance au dit Couuent /

0,1,C5,0,0> le ior com fera anniuersare en leglise /<Énoncé> Je lesdiz Cinquante solz asie19

a [5] penreet a receuoir Chascun an /? le ior de feste saint20 Remi ou chief doctobre /<0,0,C5,0,0;0,1,C5,0,1> en mescens de Ceruel .<Énoncé> Et Weil [6] et Commant que li dit Cin-

16 Note del’éditeur.17 L’édition ne reproduit pas cette ‹/›.18 L’édition transcrit ‹;›.19 L’édition transcritafie. Nous proposons une autre lecture.20 L’édition transcrit ‹Saint›.

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quante solt soient renduet paie ama chiere Cousine ysabel dou chastel enfermiere de nostredame de Troies tant com ele viura /0,1,C5,¬pers,1> por faire la pittance au Couuent /0,1,C5,0,0>

le ior com fera21 lanniuersare[8] mon seignor monpere / <Énoncé> Et apresson deces ie Weilet conmant / ? que il soient renduet paie chascun an au terme[9] desus dit a lanfermerie de

celle eglise . <Énoncé> la quelesera tenue a departir les diz Cinquante soulz au dit Couuent le

ior de lanniuersare deuant dit /<Énoncé> Et ace don garderet tenir enterinement /<0,0,C5,¬pers,1

Jeoblige moietmes hoirset touz autres qui[11] la terre tenront apres moi .0,1,C5,0,1> par quel

que raison que ce soit .<Énoncé> Et entesmoignage de la quel chose /<0,0,C5,0,1 ie ai sellees

cez presentes letres[12] de monseel / <0,0,C5,0,1 en lande lincarnation nostre seignor . Co>;x>

mil . <Co>;<x> CC . <Co>;<x> lx et Nuef le venredi deuant pasques /0,1,C5,0,1> ou moisdeauril»22

8.2.2.2 Signes expliqués

a. Énoncé.Les sept énoncés successifs de ce document sont tous ponctués. Quatred’entre eux sont marqués par ‹·›, trois par ‹/›. L’individualité de la structure est ànouveau appuyée par la ponctuation.b. R3.Le R3 qui ouvre la charte (l’adresse) est ponctué, comme cela a été fréquem-ment relevé dans notre corpus.c. Circonstants.Les circonstants justifient le marquage de dix ponctogrammes, dontun figurant à la frontière entre deux circonstants attirant la ponctuation (l. 5). Ce der-nier signe a la forme ‹/›, comme sept autres ponctogrammes marquant un C5. Un seulest marqué par ‹·› (l. 11) et un autre par ‹·

’› (l. 3).

d. Coordination.Trois coordinations sont marquées par ‹/› et trois autres, impliquantdes chiffres, par ‹·›.e. Chiffres.Tous les chiffres marqués le sont par le ponctogramme ‹·›. Trois d’entreeux sont combinés à une coordination (l.12).f. Tendances floues.Seules deux attestations ne rentrent pas dans le canevas dessinépar nos conclusions. La première précède à nouveau un 0,1,R2,pers,1:

«Et apres son deces ie Weilet conmant/ que il soient renduet paie chascun an au terme[9]

desus dit a lanfermerie de celle eglise.» (8).

La seconde est située entre deux circonstants:

«Je les diz Cinquante solz asie a[5] penreeta receuoir Chascun an/ le ior de feste saint Remiou chiefdoctobre» (4).

Il est possible de justifier la présence du ponctogramme en étendant la notion de coor-dination (→6.4.3.2) ou en simplifiant la description des circonstants. Nous ne le feronspas.

21 L’édition introduit ici une ‹/› que nous considérons comme un trait de plume insignifiant: iln’a pas la même forme que les ‹/› du document et est rattaché au ‹a› qui le précède.

22 L’édition introduit ici un ‹.› absent du manuscrit.

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Page 402: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

8.2.2.3 Résultats

En nousrefusant d’intégrer les chiffres aux facteurs explicatifs des ponctogrammes, laproportion de signes justifiés par leur environnement est de vingt sur vingt-six ponc-togrammes, ce qui correspond à un pourcentage de 76.92%. Ce pourcentage grimpe à92.31% si nous acceptons ces ponctogrammes marquant les chiffres.

D’autre part, la forme des ponctogrammes employés se singularise de ce que nousavons pu observer globalement dans les chartes liégeoises par la présence massive duponctogramme ‹/›, qui correspond à lui seul à près de deux tiers des ponctogrammes.

Par contre, le ‹·’› est bien à la limite finale d’un circonstant (→7.2.4.2 c) et les ‹·› ne

sont attestés (à une exception près) que dans l’entourage des énoncés et de structurescoordonnées. Ces deux dernières associations se conforment très bien aux tendancesdes chartes liégeoises (→7.2.4.2 c également).

8.2.3 Apports des analyses

Que retirer de ces deux lectures? Tout d’abord, elles sont pour l’essentiel compatiblesavec les grandes lignes dégagées dans la deuxième partie de notre étude, malgré l’ori-gine géographique différente de ces deux nouvelles chartes.

Il est donc déjà possible d’affirmer que l’extension géographique des faits dépasseLiège et ses environs: même si les documents lus ici étaient exceptionnels par rapportaux autres chartes de la même région, tout dans le mode de transmission des chartesnous conforte au moins dans l’idée que les documents ont été écrits à des endroitsdifférents.23

Nous pourrions même retenir cette hypothèse selon laquelle la proximité de cesdocuments avec les nôtres est exceptionnelle et ne reflète pas la situation générale,cela ne modifierait en rien la conclusion suivante: il existe unepratique commune,géographiquement répandue.

Du reste, les faits de ponctuation qui ne correspondent pas à de grandes tendancessont généralement attestés ailleurs dans notre corpus.24 Leur présence dans ces do-cuments témoigne une fois encore de la variation à cet égard, une variation dont ladescription est à présent envisageable par rapport à la référence que constitue notreconclusion.

8.3 Perspectives

Considérons à présent cette conclusion comme un nouveau point de départ. Nousavons déjà évalué ce qu’elle apporte et la manière dont nous avons répondu à notrequestion. Tournons-nous à présent vers le futur: comment peut-on envisager la suitedu travail sur la ponctuation des chartes et, plus généralement, sur la ponctuation mé-diévale?

Tout d’abord, le travail permanent d’enrichissement du corpus permettra, en inté-grant éventuellement l’édition de chartes d’autres régions ou d’autres types de textes,

23 L’auteur qui s’identifie dans la suscription, les lieux mentionnés, etc. Voir Carolus-Barré1964 et Monfrin 1968.

24 Mis à part deux ponctogrammes relevés sous→8.2.1.1,in fine.

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de pallier les problèmes liés au manque d’effectif frappant certaines constructions oucertainesformes de ponctogrammes (→8.3.1). Ensuite, nous verrons comment pourraêtre envisagée la prise en considération de phénomènes linguistiques n’ayant pas étéexploités dans l’analyse (→8.3.2). Enfin, le champ pourra également être étendu par lamise en relation de la ponctuation et d’autres phénomènes relevant de la langue écrite(→8.3.3).

8.3.1 Enrichissement du corpus

L’évolution du projetKhartês (→0.2.1) permettra d’augmenter progressivement lataille du corpus des chartes liégeoises, puis hutoises, namuroises, etc. Par ailleurs,les efforts de la communauté scientifique pour rassembler des matériaux permettantd’étudier la langue écrite des textes et en donner une édition sous forme électroniquese multiplient. Le mouvement concerne entre autres l’édition de chartes: les sourcesdes documents traités dans Holtus et al. 2003 sont électroniques (180 documents entre1228 et 1281), l’édition des chartes lorraines (290 documents avant 1271) est en cours(Gleßgen 2005). On peut également espérer que la version électronique annoncée del’édition des chartes de l’Aube (Reenen 2007) sera diplomatique (72 chartes entre1270 et 1298).

Les textes littéraires sont également en cours d’édition. Certains sont déjà anciens,comme le projetCharrette, pionnier de l’édition électronique (Uitti 1998 et, pour unétat des lieux plus récent Murray 2005); d’autres sont toujours en cours d’élabora-tion, comme le projetBanque de Français Médiéval, partim. 5, entièrement dédié à latranscription diplomatique de manuscrits pour la plupart littéraires (Lavrentiev 2005).

Quels que soient les types de textes et leur localisation, une édition attentive à latranscription fidèle des ponctogrammes pourra servir à enrichir les résultats de notreétude: en augmentant le volume de données, les modalités peu attestées des variablesdécrivant la morphosyntaxe ou la ponctuation devraient atteindre un niveau suffisantde représentation (→8.3.1.1). En outre, cet accroissement des matériaux rendra pos-sible et nécessaire la réflexion sur le classement de ces derniers suivant des critèresextralinguistiques (→8.3.1.2).

8.3.1.1 Meilleure représentation des modalités

Du fait de l’emploi généralisé du test duχ2 pour décrire nos données, nous avonsdû écarter de l’analyse les modalités décrivant la position et la structure morphosyn-taxique des constituants trop peu représentés.25 Il est certain qu’une partie des consti-tuants ainsi négligés relèvent de tendances au marquage spécifiques. Un agrandisse-ment du corpus permettra d’augmenter l’effectif de ces structures jusqu’à un niveausuffisamment élevé pour être pris pleinement en considération.26

25 Sur lesconditions d’application du test, voir→5.2.1.2 b. Sur la manière dont nous avonsécarté les constituants, voir notamment→5.3.1.3.

26 Les structures peu attestées sont partiellement prises en considération, notamment lorsquenous vérifions, par une série deχ2, quelles modalités se distinguent de toutes les autres(→5.3.1.3): les modalités cactéristiques d’un faible effectif d’individus sont toujours inté-grées dans un groupe comprenant toutes les modalités à l’exception de celle qui est testée.

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Page 404: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

En outre, le tri à plat de la variable décrivant la forme des ponctogrammes(→7.1.1) laisse voir que certains d’entre eux, comme ‹;› ou ‹¶›, sont très peu attes-tés dans notre corpus. Or, nous savons que tous les signes étaient employés par ungrand nombre de scribes différents.27 Malgré leur relative rareté, ces ponctogrammessont répandus, et l’augmentation de la taille du corpus nous livrera certainement denouvelles attestations, rendant possible une étude statistique.

8.3.1.2 Meilleure description externe

Augmenter le nombre de chartes disponibles devra également permettre de dépasserle stade actuel, où les chartes sont, sauf exception, toutes considérées comme appar-tenant au même genre de texte.28 Nous avons constaté que quelques testaments pa-raissaient se distinguer des autres textes par une ponctuation spécifique des actants.29

Nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un fait isolé: l’action juridique enregistrée par letexte imprime une structure à ce dernier, laquelle est servie par une ponctuation adé-quate. Pour parfaire l’étude des tendances de marquage des constituants, il importeraau moins de distinguer les types de chartes, ce qui ne portera ses fruits qu’une fois quela quantité de documents disponibles permettra de constituer des groupes fournis.

L’introduction de textes relevant d’autres types discursifs que les chartes nousobligera à élaborer une meilleure description externe des matériaux, fondée non seule-ment sur la typologie textuelle, mais aussi sur la tradition dont est issu le document.

8.3.2 Faits linguistiques exploités

8.3.2.1 Approfondissement et amélioration du modèle

À plusieurs reprises, nous avons attiré l’attention sur la perfectibilité du modèle syn-taxique employé.30 L’analyse des données a permis de reconsidérer celui-ci à proposde structures particulières. Nous avons vu que plusieurs changements étaient envisa-geables, en particulier concernant, d’une part, l’extension de la notion de coordinationaux combinaisons de circonstants (en syntaxe argumentale) ou d’appositions (en syn-taxe immédiate)31 et, d’autre part, la modification de la position des coordonnantsdans la représentation de la hiérarchie syntaxique.32

Dans le même ordre d’idées, la description pourrait être précisée au niveau de lasyntaxe immédiate, pour laquelle la bipartition entre les déterminants et les apposi-tions semble trop générale pour permettre un classement fin (→6.4.3.3).

27 Voir lesnombreux exemples dans Parkes 1992.28 Voir la définition du termechartesous→3.1.2.1 b.29 Voir la conclusion sur la fréquence du marquage (→6.4.1).30 Nous avons conclu le chapitre→3 en la soulignant.31 Voir la synthèse→6.4.3.2.32 Voir la synthèse→6.4.3.4.

371

Page 405: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

8.3.2.2 Autres points de vue

Les résultatsencourageants obtenus en tenant le simple pari que la syntaxe est à mêmed’expliquer seule une grande partie de la ponctuation (→0.1.1.2) ne justifieraient évi-demment pas que l’on s’en contente. Nous pouvons à présent nous servir de la ponc-tuation syntaxique comme d’un cadre de référence pour commencer à travailler sur lesrelations entre les ponctogrammes et d’autres points de vue33 sur les textes: le plan sé-mantique et le plan énonciatif. Cependant, l’examen du plan morphosyntaxique ayantconduit à l’identification de faits sémantiques et énonciatifs paraissant particulière-ment liés à la ponctuation, il nous paraît envisageable derestreindrela description deces plans à une série limitée de phénomènes intéressants.

Ainsi pensons-nous qu’une grande partie de l’apport du plan sémantique en lamatière pourra être appréhendée par la seule catégorisation des nombres et des nomsde personnes et d’institutions (→6.2.3). De même, l’étude des structures énonciativespourra se limiter à l’identification des formules et des éléments les plus stables de lacomposition du discours diplomatique.

8.3.3 Interférences avec le système graphique

Ayant à notre disposition un ensemble précis d’environnements expliquant la présencede la ponctuation, nous pourrons nous servir de cet ensemble comme d’un nouveaupoint de référence pour confronter la répartition des ponctogrammes avec celle des hé-térogrammes ou des différents topèmes. Par exemple, concernant les hétérogrammes,nous pourrons essayer de répondre à des questions du type:

– l’emploi des hétérogrammes permet-il de pallier le manque d’expressivité dupunc-tus?

– observe-t-on un phénomène de supplétion? Les hétérogrammes apparaissent-ils auxendroits non marqués où l’on pourrait néanmoins trouver un ponctogramme?

– y a-t-il des cas où le marquage par un hétérogramme ne correspond pas du tout àune tendance relevée pour le marquage à l’aide de ponctogrammes?

Concernant les topèmes, nous pourrons nous demander ceci:

– l’agglutination des mots concerne-t-elle les mêmes unités que celles qui rejettent laponctuation?

– peut-on observer une cohérence entre l’emploi de la ponctuation de mot (coupuresde mots au passage à la ligne) et les faits d’agglutination?

La réponse à ces questions permettra de mettre en relation les unités de la langue écritesur la base de faits empiriques et non dans la démarche hypothético-déductive qui aété suivie par tous les travaux posant l’interdépendance de ces unités (→0.1.1).

En somme, les travaux à venir seront stimulants, parce qu’ils permettront d’articuler lapetite pièce que nous avons révélée au grand ensemble, qui implique tous les aspectsdu système de la langue. Nous n’avons pas fini de compter les points

33 Sur lathéorie des trois points de vue, voir→3.1.3.1.

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Page 406: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

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B Documents d’archives

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— juillet. Archives de l’État à Liège, Cathé-drale Saint-Lambert à Liège, 1236–07.

— mai. Archives de l’État à Liège, Cathé-drale Saint-Lambert à Liège, 1236–05.

— 12 octobre. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1237–10–12.

— 16 décembre. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1237–09–16.

— décembre. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1237–12.

— septembre. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1241–09.

— 2 mai. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1242–05–02.

— 15 août. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1243–08–15.

— 9 juillet. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1243–07–09.

— 19 janvier. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1244–01–19.

— juin. Archives de l’État à Liège, Couventde Robermont à Robermont, 1247–06.

— 25 juin. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1249–06–25.

— 1er mars. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1252–03–01 (= 1252–03–01a).

— 1er mars. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1252–03–01 (= 1252–03–01b).

— 21 mai. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1255–05–21.

— 16 janvier. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1259–01–16.

— mai. Archives de l’État à Liège, Couventde Robermont à Robermont, 1259–05.

— 14 mai. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1260–05–14.

— 2 octobre. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1260–10–02.

— 21 février. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1260–02–21 (= 1260–02–21a).

— 21 février. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1260–02–21 (= 1260–02–21b).

— 3 février. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1260–02–03.

— 30 mai. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Benoît à Liège, 1260–05–30(= 1260–05–30a).

— 30 mai. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1260–05–30 (= 1260–05–30b).

— 9 juin. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1260–06–09.

— 9 mai. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1260–05–09.

— 15 juillet. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1263–07–15.

— 19 juillet. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1263–07–19.

— 20 juillet. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1263–07–20.

— 27 mai. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1263–05–27 (= 1263–05–27a).

— 27 mai. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1263–05–27 (= 1263–05–27b).

— 27 mai. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1263–05–27 (= 1263–05–27c).

— 31 mars. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1263–03–31.

— novembre. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1263–11.

— 29 novembre. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1264–11–29.

— 4. Archives de l’État à Liège, CathédraleSaint-Lambert à Liège, 1264–04.

378

Page 412: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

— 7 septembre. Archives de l’État àLiège, Abbayedu Val-Benoît à Liège,1264–09–07.

— 13 novembre. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1265–11–13.

— 15 avril. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1265–04–15.

— 4 juillet. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1265–07–04.

— mai. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1265–05 (= 1265–05a).

— mai. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1265–05 (= 1265–05b).

— 13 juin. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1266–06–13.

— 22 octobre. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1267–10–22.

— 28 août. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1267–08–28.

— 29 octobre. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1267–10–29.

— 6 juillet. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1267–07–06.

— 1er mars. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1268–03–01.

— 2 août. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1268–08–02 (= 1268–08–02a).

— 2 août. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1268–08–02 (= 1268–08–02b).

— du 26 février au 10 mars. Archives del’État à Liège, Abbaye du Val-Benoît àLiège, 1268–03–10.

— 23 février. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1269–02–23.

— 10 mai. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1270–05–10.

— 16 avril. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1270–04–16.

— 24 mars. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1270–03–24.

— 26 novembre. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1270–11–26.

— 29 septembre. Archives de l’État à Liège,Hôpital des Pauvres-en-Île à Liège,1270–09–29.

— 6 juin. Archives de l’État à Liège,Hôpital Saint-Christophe à Liège,1270–06–06.

— 7 avril. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1270–04–07.

— 16 août. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1271–08–16.

— 17 septembre. Archives de l’État àLiège, Cathédrale Saint-Lambert àLiège, 1271–09–17.

— 20 avril. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1271–04–20.

— 22 décembre. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1271–12–22.

— 22 mai. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1271–05–22.

— 25 juillet. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1271–07–25.

— 3 décembre. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1271–12–03 (= 1271–12–03a).

— 3 décembre. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1271–12–03 (= 1271–12–03b).

— 9 décembre. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1271–12–09.

— après le 3 décembre. Archives de l’Étatà Liège, Cathédrale Saint-Lambert àLiège, 1271–12–03.

— 22 juin. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1272–06–22.

— 8 juillet. Archives de l’État à Liège,Collégiale Saint-Martin à Liège,1272–07–08.

— mars. Archives de l’État à Liège,Couvent des Dominicains de Liège,1272–03.

— 12 mai. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1273–05–12.

— décembre. Archives de l’État à Liège,Couvent des Dominicains de Liège,1273–12.

379

Page 413: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Document, 24 février. Archives de l’Étatà Liège, Couvent de Robermont àRobermont, 1274–02–24.

— 30 juin. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1274–06–30.

— 31 mai. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1274–05–31 (= 1274–05–31a).

— 31 mai. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1274–05–31 (= 1274–05–31b).

— 10 janvier. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1275–01–10.

— août. Archives de l’État à Liège, Abbayedu Val-Benoît à Liège, 1275–08.

— 10 juin. Archives de l’État à Liège, Col-légiale Saint-Denis à Liège, 1276–06–10(= 1276–06–10a).

— 10 juin. Archives de l’État à Liège, Col-légiale Saint-Denis à Liège, 1276–06–10(= 1276–06–10b).

— 22 juillet. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1276–07–22.

— 24 février. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1276–02–24.

— 1er juillet. Archives de l’État à Liège,Collégiale Saint-Martin à Liège,1277–07–01.

— 23 mars. Archives de l’État à Liège,Collégiale Saint-Martin à Liège,1277–03–23.

— 3 février. Archives de l’État à Liège,Cathédrale Saint-Lambert à Liège,1277–02–03.

— 4 mai. Archives de l’État à Liège, Collé-giale Saint-Martin à Liège, 1277–05–04.

— 17 octobre. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1278–10–17.

— 1er août. Archives de l’État à Liège,Collégiale Saint-Denis à Liège,1278–08–01.

— 3 décembre. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1278–12–03.

— 6 avril. Archives de l’État à Liège, Collé-giale Saint-Martin à Liège, 1278–04–06.

— 20 juillet. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1280–07–20.

— 4 mai. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1280–05–04.

— 6 juin. Archives de l’État à Liège,Hôpital des Pauvres-en-Île à Liège,1281–06–06.

— 2 février. Archives de l’État à Liège,Collégiale Saint-Martin à Liège,1282–02–01.

— 22 décembre. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1282–12–22.

— 3 mars. Archives de l’État à Liège, Collé-giale Saint-Martin à Liège, 1282–03–03.

— 13 février (ajout). Archives de l’Étatà Liège, Couvent des Dominicains deLiège, 1283–02–13 (= 1283–02–13a).

— 13 février (ajout). Archives de l’Étatà Liège, Couvent des Dominicains deLiège, 1283–02–13 (= 1283–02–13b).

— 21 février. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1283–02–21.

— 26 décembre. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1283–12–26.

— 11 mai. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1284–05–11.

— 12 février. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1284–02–12.

— 4 octobre. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1284–10–04.

— 21 juillet. Archives de l’État à Liège,Hôpital des Pauvres-en-Île à Liège,1285–07–21.

— 4 juillet. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1285–07–04.

— 15 mai. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1286–05–15.

— 23 mars. Archives de l’État à Liège,Abbaye du Val-Benoît à Liège,1286–03–23.

— 24 juin. Archives de l’État à Liège, Ab-baye du Val-Saint-Lambert à Seraing,1287–06–24.

— 8 septembre. Archives de l’État àLiège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,1287–09–08.

— octobre. Archives de l’État à Liège,Couvent des Dominicains de Liège,1287–10.

— février (seconde expédition). Archives del’État à Liège, Couvent des Dominicainsde Liège, 1288–02 (= 1288–02b).

380

Page 414: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

— février. Archives de l’État à Liège,Couvent des Dominicains de Liège,1288–02 (= 1288–02a).

— 19 juillet. Archives de l’État à Liège,Couvent de Robermont à Robermont,1289–07–19.

— 1er décembre. Archives de l’État à Liège,Couvent des Dominicains de Liège,1289–01–12.

— 5 avril. Archives de l’État à Liège,Couvent des Dominicains de Liège,1289–04–05.

— 5 mars. Archives de l’État à Liège,Couvent des Dominicains de Liège,1289–03–05.

— 24 août. Archives de l’État à Liège,Hôpital des Pauvres-en-Île à Liège,1290–08–24.

381

Page 415: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale
Page 416: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

Index

Cet index des notions a été conçu pour permettre au lecteur de retrouver facilement lesendroits où les notions sont définies ou ceux où elles sont particulièrement impliquéesdans le raisonnement. Il ne s’agit donc pas d’un index exhaustif. Les entrées ont étépensées pour permettre une consultation intuitive de l’ouvrage et ne prétendent pas àla même systématicité que le plan du travail. Ainsi, nous n’avons reporté sous l’entréemarquage (ponctuation)que les principales sections traitant la ponctuation des struc-tures que nous avons jugées les plus intéressantes. Reprendre toutes les structurestraitées aurait fait double emploi avec la table des matières et aurait nuit à la clarté del’index. Les ‹–› dans les sous-entrées reprennent la vedette du niveau supérieur.

A4, 98–101, 116abréviation, 36–37

– par graphisme, 36, 37absorption des ponctogrammes, voirponc-

togrammeaccord, 92, 123actant, 90–96

– chez G. Lazard, 55, 87régime 2, 92–93régime 2vs régime 3, 95–96, 116–

117régime 3, 92–93, 107–108rôle sémantique des –s, 91–92sujet, 92–93, 106–107

– non exprimé, 84action juridique, 6adjectif, 74adverbe, 74–75, 96, 127–130

relation entre –s, 129–130AFC, voir analyse factorielle des corres-

pondancesajustement de probabilité

– de Bonferroni, 194– de Šidàk, 193–194

alphagramme (chez J. Anis), 23, 41ambiguïté, 55, 84anachronisme, 19, 56, 149anacoluthe, 81analyse déductive, voirdémarche déduc-

tiveanalyse factorielle des correspondances,

335–341, 344–350cosinus carré, 337facteur, 336–337inertie, 336

plan factoriel, 337–338point-ligne/point-colonne, 336

analyse synthétique, voirdémarche synthé-tique

apposition, 122–124– d’adverbes, 129hiérarchie des –s, 143–145le terme – est peu précis, 172

arbitrarité, 21argument, 86

– adverbial, 110–111– nominal, 106–110– propositionnel, 111–118

mode non personnel, 114–118mode personnel, 111–114

construction des –s, 106–119aspect, 72attraction, 181attribut

– du «complément d’objet direct»,100–101

– du sujet, 94–95, 99–100infinitif –, 115–116

autogramme, 30–31autonomisme, 22–24, 40autonymie, 148auxiliairevsauxilié, 104–106axe, 32–33, 36

rupture d’–, 33–34

«blanc» graphique, 44–45boîte à moustaches, 155Bonferroni, voirajustement de –

383

Page 417: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

C5, voircirconstant exprimant le cadre duprocès

C6, voircirconstant exprimant l’organisa-tion des énoncés

caractère (métaconcept), 14, 20, 24cas

«– régime», 107«– sujet», 106indéclinable, 76le – n’est pas une catégorie, 73–74

catégorie, 71– nominale, 73– verbale, 72le cas n’est pas une –, voircas, le –

n’est pas une catégoriecaténogramme, 33cénégramme, 29cénétope, 29–30charte

– comme un document formalisé, 81définition diplomatique, 49définition linguistique, 50

χ2, voir test du chi-carrécirconstance, 55circonstant, 96–98, 108–109

– chez G. Lazard, 55, 88classement sémantique des –s, 145–

146exprimant l’organisation des énon-

cés, 98exprimant le cadre du procès, 97–98«remontée» du –, 212

circularité du raisonnement, 48, 71, 77code

– écrit, 20indépendance par rapport au code

oral, 23cohésion du texte, 98combinaison, 92, 124

– chez L. Hjelmslev, 61schématisation d’une –, 93, 103

commutation, 26, 58–59, 93–96comparaisons multiples, 193complément d’«agent», 97, 101complémentation, 103

portée des –s, 145–146compréhension, 56, 57compétence (le linguiste moderne n’a pas

de – linguistique en afr.), 57concept, 14

hiérarchisation des –s, 17schématisation d’un –, 17

conjonction, voirrelateur– n’est pas une «partie du discours»,

74constante (chez L. Hjelmslev), 60constellation (chez L. Hjelmslev), 60

constituant– immédiat, 63, 90environnement des –s, 230limite des –s, 43, 79, 118, 187–188

contenu, 54, voirexpressioncontexte immédiat, voirconstituant, envi-

ronnement des –scontrainte, voirmarque, 65, 88contribution

– à l’inertie, voiranalyse factorielledes correspondances

– au chi-carré, 180–181coordination, 141–143

– chez Cl. Hagège, 62– des énoncés, 83–85modèle revu de la –, 305

coorientation, 89, 92, 94, 116, 123, 129,132, 144

coréférence, voircoorientationcosinus carré, voiranalyse factorielle des

correspondances

définition– en extension, 40– en intension, 14, 40

degrés de liberté (en statistiques), 179démarche

– déductive, 69, 76–77identité de statut des unités de

même niveau, 76– sémasiologique, 3– synthétique, 80limites de la – analytique, 77

densité (courbe de –), 154–155dépendance, 60–63, 129

– chez Tesnière, 61schématisation d’une –, 103

détermination, voirnoyau, 124–126– chez Cl. Hagège, 62– chez L. Hjelmslev, 60portée des –s, 146–147

déverbal, 72discontinuité, 147–148discours, 50

– vsparole et langue, 51–52dispersion des données, voirdonnéesdistinctif (vssignificatif), 25distribution (en statistiques), 153–155

– bimodale, 219– hypergéométrique, 181– normale, 155

document, 49–50donnée

–s atypiques, 155–s catégorielles, 153–s discrètes, 153dispersion des –s, 155

384

Page 418: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

hétérogénéité des –s, 6, 152le mot et le texte comme –s, 49–52réduction des –s, voirréduction

double articulation, 21, 25, 27, 29

écart à l’indépendance, 156structure de l’–, 178, 180–181

écart-type, 155échantillon, 152écriture

spatialité de l’–, 24, 30–34, 43système de l’–, 19

effectif, 152– insuffisant, 160, 162

empirisme, 19, 25, 79définition empirique de la phrase,

79–81énoncé, 53, 54, 77–86

– non phrastique, 81–82, 119–122– comme reliquat de l’analyse, 81– exprimant un procès, 119–121– n’ exprimant pas un procès,

121–122– non phrastiques

assimilation des – à la phrase,194

phrase-énoncé, 53, 72, 79–81énonciateur (changement d’–), 83énonciation, 54erreur

– a priori, 11, 162–163– accidentelle, 11, 162–163– de la première espèce (α), 157– de la seconde espèce (β), 157

eschatocole (en diplomatique), 294exception (les statistiques mettent en évi-

dence les –s), 163expression

– vs.contenu, 64–65plan de l’–, 26

extension, voirdéfinition en –

facteur, voiranalyse factorielle des corres-pondances

factitif– avec agent, 116–117– sans agent, 115

falsifiabilité, 23, 163figement, 109, 144Fisher, voirtest exact de –fonction, 66forme, 27

– et substance, 26formulaire, 254, 260, 274, 278, 280, 299,

329

genre (catégorie), 73

glossographisme, 22, 23grammaticalité, 57grammème, 27–29

combinaison de –s, 32–34construction d’un –, 32–34interdépendance entre les –s et les

topèmes, 28graphème

– chez Cl. Tournier, 41– chez J. Anis, 23, 41– chez N. Catach, 22

graphiques (en statistiques), 153–155graphisme, voirabréviation

H0, voir hypothèse nulleH1, voir hypothèse alternativehabitudes graphiques, 2hétérogramme, 30–31histogramme, 154hyperonyme, 15hyponyme, 15hypothèse

– alternative (H1), 156–157– nulle (H0), 156–157test d’–, 155–157

idiolecte, 26inattendu, 162–163incidente, voirproposition –indéclinable, voircasindépendance des observations, 179–180individu (en statistiques), 152–153

hiérarchie des –s, 174regrouper ou éliminer les –s, 192

inertie, voiranalyse factorielle des corres-pondances

infinitif, voir proposition infinitive, 139–140

verbes de perception et –, 117–118ininterprétabilité, 59intégration (niveau d’–), 77intension, voirdéfinition en –interdépendance (chez L. Hjelmslev), 60intonation, 23, voirprosodieintonèmes (chez N. Catach), 41intuition, 38, 48, 57, 70, 164

jugement d’acceptabilité, 57

Khartês(projet d’édition), 5

langue– vsparole et disours, 51–52– écrite, 20–24

latin, 148–149énoncés en – retiré du corpus, 168

385

Page 419: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

lexème, 51–52, 70lexique, 55linéogramme, 33–41linguistique générale, 149littera notabilior, voir «majuscule»logogramme, 35

– chez J. Anis, 23, 41– chez N. Catach, 22

«majuscule», 2, 30, 44marquage (ponctuation)

– vsnon-marquage, 176– d’A4, 261–282– dans la phrase, 194–200– dans la proposition non person-

nelle argumentale, 205–208– dans la proposition non person-

nelle immédiate, 215–216– dans la proposition personnelle ar-

gumentale, 201–204– dans la proposition personnelle

immédiate, 211–215– dans les arguments non proposi-

tionnels, 208–211– dans les constituants non proposi-

tionnels immédiats, 216– de la coordination, 228, 300–308– de la phrase, 197, 224–226, 232–

249– de la proposition personnelle,

232–249– des C6, 227–228, 317–332– des actants, 226, 261–282– des appositions, 227, 308–317– des circonstants, 226–227, 282–

300– des coordonnants, 227–228– des déterminants, 227– des déterminations, 308–317– des relateurs, 227–228, 317–332– du prédicat, 250–260– selon la fonction syntaxique, 183– selon la nature, 184– selon la position, 185–186– selon la présence d’un relateur,

185– selon le niveau d’intégration, 182–

183facultativité du –, 357force du –, 357forme du –, voir ponctogramme,

forme des –sinterdiction de –, 330–331interférences entre le – et le reste du

système graphique, 372non-marquage du prédicat, 226synthèse du –, 362–364

marque, voircontrainte, 65–67, 88– intégrative, 62–s à plusieurs niveaux, 68hiérarchisation des –s, 65superposition des –s, 65, 108

matière, 27médiane, 155modalité (en statistiques), 153mode (catégorie), 72

– comme marque de subordination,85

morphogramme (chez N. Catach), 22morphologie

– vssyntaxe, 59–67stabilité de la description morpholo-

gique, 56–57morphosyntaxe

– vssémantique, 87confusion des plans morphosyn-

taxique et sémantique, 69mot, 50–52moyenne, 155

nébulogramme, 33, 41néologie, voirterminologienœud (chez L. Tesnière), 61

– des noeuds, 61nom, 73–74nombre (catégorie), 73notes tironiennes, 35, voirabréviationnotion floue, 48noyau, 124, voirdétermination

– chez A. Martinet, 61

objet, 14objet (dans le processus de conceptualisa-

tion), 20occurrence, 51–52organisation de l’espace, 28orientation, 88–89

paramètre (en statistiques), 155paraphrasabilité, 34–37parataxe, 85, 133parole

– vs langue et discours, 51–52– performative, 50

participant, 55, 87parties du discours, 69–76

classement traditionnel des –, 75–76concept flou, 69définition morphologique des –, 71–

76définition syntaxique des –, 70–71définition traditionnelle des –, 69–70

perception (verbes de – et infinitif), voirin-finitif

386

Page 420: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

périgramme, 33pertinence (inaccessible pour le lecteur

moderne), 26phonocentrisme, 22phonogramme (chez N. Catach), 22phonographisme, 22–23, 40phrase, voirénoncé, 77–86

– vsproposition, 101– définition empirique, 79–81– «verbale»vs– «nominale», 79–80

phrase-énoncé, voirénoncéplérégramme, 29–31

– indécomposable, 32autonomie des –s, 30–31

plérétope, 29–30plurisystème, 22, 34–37point de vue (théorie des trois –s), 53–55

dialectique entre les –, 55point-ligne/point-colonne, voir analyse

factorielle des correspon-dances

ponctème, 41ponctogramme, 35, 42

absorption des –s, 175forme des –s, 161, 333–358

formes rares, 352–358ponctuation

– au sens étendu/restreint, 43– comme marquage, voirmarquagefonction démarcative de la –, 43

population (en statistiques), 152pragmatique, 56prédication (chez Cl. Hagège), 62préposition, voirrelateur

– n’est pas une «partie du discours»,74

procès, 55, 72, 87pronom, 74

forme du – de la troisième personne,91–96

proposition, 86, 101– avec prédicat non personnel, 135–

137– avec prédicat personnel, 131–135– «complétive»

en relation avec un adverbe nonrelateur, 135

en relation avec un nom, 134– incidente, 85, 113–114– infinitive, 101, 114–118, 137– participiale, 101, 136–137– personnelle, 101– «relative»

en relation avec un adverbe nonrelateur, 134–135

en relation avec un nom, 131–134

– «relative» ou «complétive»en relation avec un adverbe rela-

teur, 135propriété (métaconcept), 14prosodie, 78–79proto-science, 13, 23protocole (en diplomatique), 81prédicat, 79, 86, 87

– «principal», 111construction du –, 104–106

R2, voiractant régime 2R3, voiractant régime 3rapport de chances, 180reconstruction, 56récursivité (des structures syntaxiques),

160, 174–176, 179–180, 221,230

réduction– des données, 8, 159–160– sémiotique, 26

regard (cognition), 14, 20régissant (chez L. Tesnière), 61relateur, 107–108

– comme délimiteur, 108– complexe, 130– de proposition, 111–114relation entre le – et le reste du syn-

tagme, 127–128relation, 66

– minimale, 62–63, 65, 89– médiate, 95, 139

schématisation d’une –, 104schématisation d’une –, 101–104

représentation (cognition), 20, 24, 26, 27,87

représentations linguistiques, 5répulsion, 181référent, 144

S1, voiractant sujetsatellite (chez A. Martinet), 62schématisation

– d’une dépendance, 93– d’une combinaison, 103– d’une dépendance, 103– d’une relation, 103– d’une relation médiate, 104

scriptème, 27nombre de –s, 35

seing notarial (en diplomatique), 81sélection, 125

– chez L. Hjelmslev, 61portée des –s, 145–147

sémasiologie, voirdémarche sémasiolo-gique

«semi-auxiliaire», 115

387

Page 421: Ponctuation Et Syntaxe Dans La Langue Française Médiévale

sens, 28Šidàk, voirajustement de –significatif

– vsdistinctif, 25– en statistiques, 156

simplicité de la description, 59, 139– en statistiques, 160

solidarité (chez L. Hjelmslev), 61spécification, 65

– analytique segmentale du nom,107–109

– analytique séquentielle du nom,109–110

– de la détermination, 126–127– en discours, 111– en langue, 111, 129– segmentale, 66– synthétique du nom, 106–107sous-spécification, 107, 112, 118,

149statistiques (les – résument les données),

153structure argumentale, 86–104structure syntaxique, 49subordonné (chez L. Tesnière), 61subordonnée, voirproposition «complé-

tive»substance, 24, 27

– graphiquevs– phonique, 22syntaxe

– argumentale, 68– de mot, 68– immédiate, 68faits de – argumentale mêlés à des

faits de – immédiate, 172morphologievs–, voir morphologieniveaux d’analyse syntaxique, 67–

68parallélisme entre – argumentale et

– immédiate, 137–141

tableau de contingence, 177, 334–335télescopage (dans le flux graphique), 27temps (catégorie), 72temps «composés», 104–106terminologie, 149

choix terminologiques, 19néologie, 15recadrage terminologique, 13récupération de terme, 15, 49système terminologique, 15tradition, 48

test– de Shapiro-Wilks, 155– de Wilcoxon, 219– du chi-carré, 177–180– exact de Fisher, 181

texte, 49–50, 54textes non littéraires, 5texture (en linguistique textuelle), 50, 82θ, voir rapport de chancesthématisation, 140–141théorie des trois points de vue, 3, voirpoint

de vuetitre (sire,dame), 144topème, voirgrammème, 27–30topogramme (chez J. Anis), 23, 41tradition (description –nelle), 48traduction, 56transcodage, 40transcription, 25–27, 358translatif, 70translation, 70, 109tri

– croisé, voirtest exact de Fisher,test du chi-carréet rapport dechances, 177–181

limites des –s par variable, 189–190

– à plat, 170–171triple organisation de l’énoncé, voirpoint

de vue,théorie des trois pointsde vue

type discursif, 8

unité– de lecture (chez Chr. Marchello-

Nizia), 2– discrète, 28– non discrète, 28– ponctuable (chez A. Lavrentiev), 4– significative, 28

valeur (d’une variable, en statistiques), 152variable

– chez L. Hjelmslev, 60– en statistiques, 152–153

– morphosyntaxique, 168–169– ponctuationnelle, 169– positionnelle, 169

variance, 155variation libre, 55verbe, 72–73

– chez G. Lazard, 55– comme prédicat, 87– conjugué à un mode personnel

comme centre de la phrase, 79– principal, voirprédicat principalforme «nominale» du –, 72

Wilcoxon, voir test de –

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