Polypode Territoires

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Revue Polypode (éducation à l'environnement en Bretagne), parution 2003, réalisée par le REEB.

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  • Polypode - N 3

    Le REEB, Rseau dducation lEnvironnement en Bretagne est fond sur la mise en synergie des comptenceset des expriences de toutes personnes concernes par lEE.

    Structur en association loi 1901, le REEB rassembleenviron 200 adhrents (associations, collectivits locales,centres daccueil, institutions, animateurs, enseignants,tudiants, parents) et est ouvert toutes personnes intresses par lEE.

    Cr linitiative de praticiens de lducation lenvironnement, dassociations et dinstitutions,

    il fte aujourdhui ses10 ans dexistence.

    La revue Polypode est dite par le Rseau dducation lEnvironnement en Bretagne. Elle a pour but de mettre en relation les acteurs de lEE. Parution semestrielle - N ISSN : 1638 - 3184. Directeur de publication : Vincent Lefevbre. Comit de rdaction : Flicie David, Luc Guihard, Henri Labbe, Erwan Person, Bertrand Piel, Laurent Piquet, Lionel Rauch. Coordination : Flicie David - Maquette : Bernadette Colno - Illustrations : Yvan Le Goff, Alexis Nouailhat, Marc Paugam. Merci tous les rdacteurs et aux relecteurs.Les propos nengagent que la responsabilit de leur auteur. La reproduction de texte est autorise et vivement encourage, toutefois le REEB doit en tre inform.

    REEB - 14 rue du Muguet 22300 Lannion - Tl. / Fax : 02 96 48 97 99 - [email protected]

    http://www.educ-envir.org/reeb

    CHANGER ET CONFRONTER En organisant des rencontres rgionales dducation

    lenvironnement, des journes dchanges et de formation.

    PROMOUVOIR ET VALORISER En faisant reconnatre lducation lenvironnement.

    En diffusant de linformation...

    CRER ET INNOVEREn dveloppant des projets collectifs (tudes, formation).

    En conseillant les porteurs de projets en ducation lenvironnement.

    OBJECTIFSOBJECTIFS

    Polypode est ralis grce au soutien de la Direction Rgionale de lEnvironnement - DIREN, de la Direction Rgionale et Dpartementale de la Jeunesse et des Sports - DRDJS, du Conseil Rgional Bretagne, des Conseils Gnraux des Ctes-dArmor, du Finistre et du Morbihan et de lAgence de lEnvironnement et la Matrise de lnergie - ADEME.

    Dvelopper lducation lEnvironnement (EE)REEB

    Polypode rpond lobjectif principal du rseau : dvelopper lEE en Bretagne. Fruit dun travail collectif, nous souhaitons que cette revue pdagogique soit une occasion pour vous de dbattre et dchanger.Polypode parat deux fois par an ; chaque numro un dossier thmatique, des actions pdagogiques, des tmoignages, des ides danimations, des rfrences bibliographiques pour mieux connatre lEE en Bretagne.

    Pour en savoir plus sur lEE, avoir des contacts, approfondir ses connaissances, avoir des exemples concrets... Une solution : abonnez-vous !

  • 3N 3 - Polypode

    DiToLe repli ou louverture ?

    2003 sera considre comme une anne noire pour lduca-tion lenvironnement en Bretagne : sortie du dispositif emplois jeunes, baisse gnralise des crdits, arrt de lappel projets du Conseil Rgional de Bretagne, ajournement de lensemble des dossiers environnement sollicitant le FEDER* Plus que labandon de telle ou telle mesure, cest la concomitance des faits, par volont ou maladresse, qui porte un rude coup au dveloppement de nos actions.

    Les espoirs ns quelques annes plus tt, nourris encore dernirement par le prsi-dent de la Rpublique, se retournent aujourdhui contre nous. Car lvidence, les mesures daujourdhui contredisent les discours dhier. Lducation lenvironnement est-elle une priorit dans ce pays ? Les engagements nationaux et internationaux visant rduire notre impact sur lenvironnement et les ressources naturelles sont-ils simplement des verroteries pour amuser la galerie ?

    Devant tant dinterrogations et surtout de manque de lisibilit, nous courons le risque du repli ou de lailleurs. La notion de territoire dont il est question dans le dossier de ce numro de Polypode porte galement ce double risque.

    Repli identitaire ou loge de la fuite ?

    Nous vivons trs certainement une priode charnire et les ds nont pas encore choisi leur face. Beaucoup de nos repres se brouillent : tout dabord la vitesse, les moyens de communication, les rvolutions technologiques ; les territoires conomi-ques et politiques se recomposent tant au niveau local (lavnement des commu-nauts de communes, des pays) quinternational (lEurope, la mondialisation), et les liens sociaux sont en pleine mutation (les nouvelles familles, la mobilit). Lensemble de ces bouleversements accrot les fractures entre ceux qui conoivent et peroivent les nouveaux territoires et ceux qui vivent, voire subissent ces mutations. La tentation est alors grande de se replier sur son quartier.

    Autre risque, celui de lailleurs. Devant tant dincertitudes, de difficults inventer ou construire le monde de demain, nous voyons se dvelopper un ensemble de stratgies de fuite, comme si le bonheur se trouvait ailleurs quici et maintenant. Il y a lailleurs gographique, lailleurs historique - nos milieux fourmillent de ces loges du pass, tout tait bien mieux avant - mais il y a aussi la fuite dans les nouveaux mondes du virtuel ou encore le sacro-saint pour les gnrations futures comme sil ny avait pas de maintenant.

    Lenjeu dune ducation au et par le territoire

    Le territoire est trs certainement loutil pdagogique le plus intressant de ces dernires annes. La mission essentielle de notre profession est, me semble-t-il, de fournir les outils pour comprendre et agir sur le monde. Un territoire local propose tous les ingrdients pour rpondre cette mission (un territoire physique ; une terre dchange, de partage et de solidarit ; un espace politique, lieu dapprentissage du fonctionnement dmocratique ; un territoire conomique et enfin un lieu de construction des singularits personnelles et collectives).

    Devant les difficults, que nous souhaitons conjoncturelles, comme devant les grandes mutations, nous ne choisissons ni le repli identitaire, ni lloge de la fuite.

    Nous proposons une ducation au territoire, lieu dapprentissage la fois des singularits et du faire ensemble.

    Vincent Lefevbre

    Prsident du REEB

    *FEDER : Fonds Europen de Dveloppement Rgional

    Ce Polypode est pour La, membre de la rdaction, que la maladie a emport vers dautres territoires.

    Au revoir La.

    Conception de la couverture : Yvan Le Goff, daprs la carte ancienne du SHOM n 882, autorisation de reproduction n 1057/2003.

    Des complments sont sur InternetNhsitez pas visiter le site :

    www.educ-envir.org/reeb

    Objectifs du REEB 2

    dito 3

    Actions du rseau 4

    chacun son territoire sur une mme plante

    Pour [quoi] lducation aux territoires [?] 5

    Territoire, thorie : quen disent-ils ? 6-9

    Territoire, enjeux : comment interviennent-ils ? 10-11

    Territoire, expriences : quen font-ils ? 12-15

    Petit coin de la bidouille, Doc en stock 16

    DOSSIER

  • Polypode - N 3

    Polypode annonceLe Plan Rgional d'Action pour le dveloppement de l'ducation l'environnement

    Objectif Dvelopper lducation lenvironnement (EE) en Bretagne en dfinissant court, moyen et long terme les perspectives d'actions mener, de recherches lancer, de positionnement politique rechercher, de partenariats initier, de formation mettre en place et associant toutes personnes intresses par lducation lenvironnement.Cette dmarche se poursuit avec la deuxime journe rgionale dchanges autour du Plan Rgional dAction, intitule :

    LEE : nouveaux publics et nouveaux partenaires, le 10 dcembre 2003, au lyce agricole du Rheu

    de 9 h 30 17h 00Les changes se structureront autour de 7 Ateliers : EE et sphre politique (lus, agents des collec-tivits), EE et entrepri-ses, EE et agriculture et milieu rural, EE et enseignement, EE et loi-sirs et ducation populaire, EE et tourisme et culture, EE et linternational.

    Historique1999 : organisation des 1res assises rgionales de lEE Mr-de-Bretagne (240 participants). 2000 : ralisation du Plan National dAction pour le dve-loppement de lEE.2003 : en avril, le collectif breton pour lducation lenvi-ronnement lance la ralisation du Plan Rgional d'Action pour le dveloppement de lducation lenvironne-ment.

    La synthse de la premire journe est sur le site

    du REEB : www.educ-envir.org/reeb

    Polypode raconteFestival lenvironnement en Jeu !

    Une bonne mdiatisationLducation lenvironnement ncessite un travail de fond qui nest pas toujours visible, dmonstratif et facile mdiatiser. Un des objets premiers de ce festival tait justement de montrer la diversit et loriginalit de nos pratiques. Cette manifestation nous a permis de prsen-ter nos actions de nombreux mdias, notamment lors d'un reportage au journal tlvis de France 2.

    Un lieu dchange et de rencontreLe deuxime point fort voqu par les participants est sans nul doute la richesse des changes et des rencon-tres-: entre les professionnels du secteur, mais surtout entre les professionnels et des lus, des techniciens de collectivits, le grand public, des enseignantsLa diversit des animations (thtre, activits sportives, dcouvertes scientifiques, danse, sorties naturalistes, ateliers techniques) a nourri des changes riches, des ides de projets en commun et des envies de renouveler ce type de rencontre.

    Une valorisation de 10 ans dexprience pour le REEBCe festival valorise 10 ans de travail de fond pour crer un Rseau dducation lEnvironnement en Bretagne qui permette la fois aux professionnels de se rencon-trer, de se former, dchanger, mais aussi de dvelopper, en qualit et en quantit, lducation lenvironnement dans notre rgion.La participation aux stands, aux animations, aux conf-rences de la plupart des acteurs de lducation len-vironnement montre que notre rseau rpond leurs besoins et leurs esprances.

    Actions du rseau

    RE

    EB

  • N 3 - Polypode

    POUR[QUOI] LDUCaTION aUX TERRITOIRES [?]

    Le territoire est aussi un enjeu ducatif : parce que lun des objectifs essentiels de lducation est de favoriser linsertion sociale des enfants et des jeunes et leur accs lautonomie. Lducation et les actions ducatives doivent contribuer crer lappartenance et construire nos reprsentations visvis de nos territoires de vie [1]. Il sagit alors dune vritable appropriation de son territoire la fois affective, cognitive, thique et participative. Oui, mais ils sont bien nombreux nos territoires de vie : migrations quotidiennes et pendulaires, voyages et grandes vacances, rves et jardins secrets tout au long de la vie !

    Peut-on parler alors dducation aux territoires ? De toute faon, il nous faut consolider le lien quinvitablement chacun noue, ds sa naissance, avec un territoire dont les frontires voluent au gr du dveloppement de la personne, du couffin du nouveaun au village plantaire de lcocitoyen [2]. Il ne sagit pas ici de substituer le mot territoire au mot environnement, mais plutt de donner une vritable dimension co-socio-systmique lErE (ducation relative l'Environnement). Ceci en y incluant les dimensions dun dveloppement durable (Je naime pas ce terme !), le domaine de la mdiation culturelle et de la mise en valeur des patrimoines, de la prservation et du dveloppement des arts et des traditions populaires (et actuelles !). Voici peut-tre une nouvelle orientation ou une recontextualisation de la fameuse ducation populaire ! Tout cela ncessite la transversalit et la cohrence de nombreux domaines ducatifs : cole / loisirs / famille, environnement / culture / science, tourisme / agriculture / consommation Cela ne sera pas facile rali-ser, voir le dcoupage des services et des structures, les dispositifs et la contractualisation galopante, la privatisation et la vente Le mot partenariat est souvent utilis, mais selon que lon est optimiste, pessimiste ou raliste, cette synergie est plus ou moins prsente sur nos territoires.

    Pour viter le hors sol ! Voil maintenant plus de dix ans que le rseau citphile est n ; ce concept dEEU (ducation lEnvironne-ment Urbain) sent pour moi, la territorialisation d'une action ducative. Il y a bien plus longtemps encore, la FNFR, Fdration Nationale des Foyers Ruraux [3] a dvelopp ses projets (et encore maintenant) en intgrant la fois les problmatiques des espaces ruraux et les enjeux ducatifs qui y sont lis ; jaime bien. Oui, mais rcemment, une srie dentretiens que j'ai raliss avec des directeurs de CLSH (Centres de Loisirs Sans Hbergement) et lobservation de projets ducatifs et pdagogiques dassociations me font dire en les lisant quils peuvent se raliser n'importe o en France ou dans le monde ! Cela minquite un peu. On a en fait des actions ducatives DANS le territoire mais pas RELATIVES au territoire ! Je me demande parfois mme si ces projets ne se ressemblent pas un peu Est-ce lhritage d'une politique du-cative o il n'y a pas si longtemps, comme le rappelle Philippe Meyrieu, pdagogue, il tait interdit dafficher son appartenance et sa culture au nom dune certaine galit/unit.

    Donc alerte aux produits PEHS (Projets ducatifs Hors Sol). Quant ceux qui doivent sen occuper, pour lErE, jai lhabitude de dire quil y a ceux qui en font LEUR mtier et ceux qui en font DANS leur mtier. Alors pour lducation aux territoires, je pense que cest vraiment laffai-re de tous, et en particulier les agits du glocal ! (lire global et local).

    Henri Labbe, Direction Rgionale et Dpartementale de la Jeunesse et des Sports DRDJS Bretagne

    Le mot territoire est trs la mode actuellement. Il est surtout au cur de nombreux enjeux actuels : dcentralisation et nouvelles comptences territoriales, pays et schmas damnage-ment, politiques ducatives territoriales et cohrence des acteurs mais galement mondialisa-tion culturelle et conomique, conflits et territoires occups

    Quest-ce que le territoire ?Micro trottoir

    Est-il un espace de vie, est-il limit ? Chantal, leveuseUne location sur la terre Ccile, cliente sur le marchUn espace limit pour un usage prcis Babett, productriceUn lieu gographique et historique o l'on habite Anonyme

    Une entit gographique, pas forcment administra-tive, qui peut tre aborde diffren-tes chelles. Ses limites peuvent tre vagues (la Cte des Lgendes) ou prcises (communes) Jean-Christophe, gographe

    Un verger, deux jar-dins, 400 m de talus, et (hlas) une dpartemen-tale. C'est mon territoire J-E Pic, hrisson

    Espace, zone appar-tenant quelqu'un ; notion de dcouverte, de taille, de dfense et

    [1] Extrait du dos-sier Territoires, Camaraderie n 244, D. Jacquemain.[2] Extrait De la nature aux territoi-res, le parcours des Centres Permanents dInitiatives pour lEnvironnement, Champs Culturels, n 8 dcembre 1998, D. Larue[3] En Bretagne, lUBAPAR, Union Bretonne pour lAni-mation des PAys Ruraux, www.ubapar.org

    ALLEZPAPA!

    Marc Paugam, illustrateur

  • Terrain et territoireAu cur de la question du territoire - autrement dit de lamnagement de l'espace - se pose le problme de la participation active des citoyens l'or-ganisation de cet espace qui, somme toute, nest autre que l'espace de leur vie. Il n'est donc pas tonnant qu'une telle question, qui recouvre de multi-ples intrts, soit un vaste champ de recherche. Ce champ de recherche est surdtermin par la commande sociale - institutionnelle, politique ou prive - qui le finance. Le chercheur ne devra donc pas seulement s'interroger sur la nature et les problmes du territoire consi-dr, mais aussi dcrypter le sens et lorientation de la commande de recher-che. Le territoire, objet apparent de la recherche, va devoir alors tre abord avec d'autant plus de distance que sa problmatique se situe dans la tension d'une trame d'interrelations entre logi-ques productivistes ou administratives d'amnagement et dynamique ractive des socits locales concernes

    Le chercheur, dont lobjectif est de saisir la ralit et la singularit du territoire en question, retrouvera alors invitable-ment l'acteur social sur le terrain pour mettre en lumire une question centrale : celle du fonctionnement du jeu dmo-cratique au sein de la socit.

    Cette multiplicit d'intrts, qui se traduit par une multiplicit de sens le plus sou-vent contradictoires, engendre par les diffrentes familles d'acteurs en prsen-ce, nous amne, aujourd'hui encore, reprer trois ples de tension-:

    - premier ple : le principe d'amna-gement volontariste, projet politique et institutionnel, port par une idolo-gie centralitaire de la modernit, dont la grande poque se situe entre le dbut des annes soixante et la fin des annes quatre-vingt (villes nouvelles, TGV, remembrements) ;

    - deuxime ple, la pression grandis-sante en faveur d'un mnagement du territoire, pression dont les rebonds, les temps morts, les points de fixation et les pousses de fivre sont illustrs, de la fin des annes soixante-dix nos jours, par le discours et les actions d'acteurs se rclamant de lcologie ou de la protection de la nature, mais aussi par nombre d'acteurs conomiques et politiques, qui, soit sous l'influence de ce discours, soit dans leur intrt, orien-tent leurs actions dans le sens de ce mnagement.

    - enfin le management du territoire, dont les impratifs (qu'il s'agisse des qui-pements infra-structurels, des zones de production, des espaces touristiques, du dveloppement urbain, etc.) ali-mentent un discours qui devient domi-nant et prtend faire concider les int-rts privs ou sectoriels que recouvre le terme management avec l'intrt de la socit tout entire. C'est le paradigme de la mondialisation.

    Ces trois ples de tension, avec tous les systmes d'acteurs qu'ils mobilisent, interagissent dans la substance vivante de ce champ de tension que Pierre Georges appelait ltablissement humain. C'est dans l'espace de vie, d'activit, de mmorisation de socits locales, aux diffrentes chelles terri-toriales considres, que ces tensions oprent. Sachant que cet espace de vie est toujours un territoire singulier, on trouvera toujours, au cur de ce champ de tension o saffrontent des intrts et des symboliques contradic-toires, une problmatique identitaire. Le chercheur aussi bien que l'acteur de terrain seront alors dans un devoir

    de comprhension de la complexit par laquelle chaque territoire, chaque terrain impose sa singularit et - travers elle - son universalit.

    Diversit de sens et diver-sit de reprsentations La Bretagne, comme toute rgion d'Eu-rope, est un champ d'investigation signi-ficatif de ces affrontements sociaux, poli-tiques, conomiques, culturels, sachant que ces quatre plans sont toujours troi-tement corrls. Ses singularits et son histoire (trop mconnue) permettent de la considrer comme un modle socio-logique du fait rgional europen.

    C'est donc dans la cohrence et la lgitimit de ce cadre qu'il sera toujours bon de prendre du recul par rapport la notion de territoire. En commenant par rcuser ses acceptions les plus communment admises (dichotomies urbain / rural, ples / priphries, etc.). Et en acceptant la polysmie du terme territoire. Force est de constater en effet que chaque personne (ou groupe) ayant affaire avec un territoire donn est lgitime construire de cette ralit suppose objective sa propre repr-sentation. Laquelle reprsentation sera le plus souvent exclusive de toute autre. Or chacune d'elles se fonde sur une pratique impliquante (patrimoniale, pro-fessionnelle, politique, familiale), donc sur un vcu charg d'affects et de mmoire, ou encore sur un champ de comptence (technique, scientifique, etc.) producteur de lgitimit. Le territoi-re n'est donc pas seulement cette ralit gographique objective qu'il parat tre. Il est aussi la ralit de cette trame de reprsentations contradictoires.

    Par ailleurs, le territoire n'est pas une ralit fige. C'est un organisme vivant et changeant. Certains changements sont rapides, d'autres plus lents, plus profonds. De sorte que le territoire cor-respond rarement la description qu'en livrera l'observateur : le temps d'tre transcrite, mise en forme et diffuse, la description court le risque d'tre cadu-que au moment de son nonc, et d'autant plus que ces changements leur tour orientent la conduite des acteurs, modifiant par l mme leurs reprsentations.

    Polypode - N 3

    TERRITOIRE, THORIE : QUen DISENT-ils ?

    Grard Prmel, sociologue et crivain, directeur de lAtelier de Recherche sur lEnvironnement,lAmnagement et la Rgionalisation (AREAR) Rennes

    Le territoire, le chercheur et l'acteur social

  • Trop souvent, lespace local est pris pour un objet en soi. Il existe pourtant un rapport dialectique entre le local et le non-local, qui volue avec le chan-gement social. On confond galement le changement social et linnovation. Certes, tout changement implique des innovations, mais ce terme cache encore les rapports de force entre ceux qui ont intrt les adopter et ceux qui leur resteront hostiles. Certains autres, enfin, ne se sentiront pas concerns.

    On peut concevoir, au XX1e sicle, lespace local comme une ralit mat-rielle et aussi un enjeu. Pour ne pas rpter ce que nos gographes disent si bien, mais pour penser comme un sociologue, je lenvisagerai comme la superposition de quatre systmes arti-culs les uns aux autres :

    1 Un march du travail.

    2 Un systme social.

    3 Lobjet des politiques publiques.

    4 Un espace o se dveloppent de nouveaux risques, lis lappli-cation de savoirs technologiques mal contrls.

    Un march du travail Au niveau du march du travail, la nouvelle donne, cest la rarfaction des agriculteurs. Lorsque leur dclin dmographique ne signe pas la margi-nalisation de lespace local, alors sins-tallent de nouveaux groupes sociaux lis dune part aux industries rurales, dautre part la ville. Lopposition rural-urbain na plus alors de sens car la

    dynamique urbaine prime avant tout (pour lemploi, comme pour lhabitat).

    Un systme social Le systme demploi permet que stablisse une socit de consom-mateurs. Ltat-providence, transform lheure actuelle en une nbuleuse sociale mobilise pour secourir tous les exclus du progrs, complte le systme demploi : des RMIstes, des agriculteurs gs, des producteurs aussi reoivent ainsi tout ou partie de leurs revenus de la redistribution. En milieu urbain comme en milieu rural grossit la part de ceux qui ne peuvent trouver dans leur travail les ressour-ces suffisantes pour satisfaire leurs besoins (au demeurant artificiels, mais cest un autre problme).

    Lobjet des politiques publiques Cet espace local devient un espace politique quadrill par une multitude de collectivits territoriales (de la mairie, de lEurope), dagences, de conseillers en tous genres. Ce quadrillage ne signifie pas forcment un plus grand accs au pouvoir ; heureusement, un frein lalination politique est apport par la proximit du pouvoir munici-pal. Voil la source des hsitations au regroupement des 36-000 com-munes. Cet accs reste galement relatif : pas trop dhabitants, une cer-taine dure de rsidence, des freins lautocratie restent des conditions essentielles.

    Un espace de risques Les trois premiers systmes appa-ratront plus ou moins vidents au lecteur clair. Le quatrime fait rf-rence lusage des savoirs tel que

    Lyotard le dcrivait il y a dj 20 ans : le savoir devient une espce de mar-chandise, accapar par les institutions pour valoriser le capital conomique. Ce nest plus un bien noble, auquel chacun peut avoir accs.

    Le dveloppement des technologies avances (concurrence internationale oblige), celui des technologies de lin-formation particulirement, dqualifie systmatiquement les populations locales. LHabitant devient un gneur auquel on accorde moins de confiance quaux grands systmes symboliques (la recherche scientifique versus les anti-OGM), conomiques (le petit pcheur sngalais pse peu face aux navires usines) ou qu'aux grands travaux (le TGV Paris-Marseille par exemple).

    Ainsi, le contexte local peut tre influenc, tout moment, par des vnements lointains. Lespace local devient un espace de risques et ses habitants peuvent tre amens par-ticiper des luttes inopines pour reconstruire un espace politique o ils puissent se faire entendre. On revient la Socit du risque aborde dans le

    numro prcdent !

    N 3 - Polypode

    Laisser parler le territoireOn voit par l que linteraction constante des trois ples de tension voqus plus haut oblige le chercheur aussi bien que l'acteur associatif se mfier de son propre jugement tout autant que des moules (administratifs, thoriques, etc.). Cela loblige une attention nouvelle, un regard frais aux fins de parler vrai, qui l'amnent consi-drer les faits les plus anodins ou les plus vidents comme autant d'nigmes. Plus que penser son territoire, la grande question sera alors de le laisser parler, et de lcouter

    partir de ce point de mthode, des objets sociaux tels quun processus de transformation du territoire, un change-ment social, une catastrophe (naturelle,

    technique, conomique) doivent tre apprhends bien sr quant la forme qu'ils prennent au sein de la socit o ils ont lieu (dysfonctionnements, ruptu-res, nouvelles solidarits). Mais ils doi-vent aussi tre valus en faisant appel aux changements dchelle territoriale et/ou temporelle ncessaires permet-tant, par le dplaement du regard, lmergence des bonnes questions sur la gnalogie, la signification et, in fine, les consquences de cette forme.

    Alors peuvent tre envisages, dans une vritable praxis du questionnement, les actions pertinentes en vue dun usage quitable du territoire, un usage qui ne mette plus en pril ses grands quilibres naturels ni ceux des terri-toires voisins. Lenvironnement nest

    rien dautre que la consquence des pratiques (rsidentielles, productives, destructives) dune socit donne sur son territoire, ou sur les territoires quelle considre comme siens.

    Les socits dveloppes ont - et nont que - lenvironnement quelles mri-tent. Puissent les actions concertes des acteurs les plus conscients faire quune pratique quitable et responsa-ble du territoire nous permette de trans-mettre nos descendants un territoire qui ne nous fera pas honte. Dans cette vise, un acteur social qui sengage dans la dfense de lenvironnement nest rien d'autre quun militant de la vie, engag dans une praxis sociale de recherche-action permanente.

    LEspace local au dbut du XX1E sicle

    Michel Dupaquier,sociologue lUniversit Rennes 2

  • Polypode - N 3

    une poque o la socit manque de repres et o les problmes environnemen-taux abondent, la redcou-verte du territoire semble aujourdhui un enjeu priori-taire.

    En effet, tout spcialement dans une Bretagne concerne tardivement par la modernit, nous sommes brutalement projets dans un monde o ce sont de plus en plus les notions de temps et de vitesse qui lemportent. La socit na jamais t aussi presse. Fax, TGV, mobile, vitesses interac-tives Les technologies nous placent de plus en plus dans un univers de linstantanit, et lon assiste mme lessor de mobilits cumules : des hommes tlphonent en mar-chant dans des TGV et ont trois modes de dplacement en simultan. Arrivs Paris, certains poursuivent en cou-rant sur des tapis roulants tout en consultant leur message-rie voqu par Zaki Ladi, le sacre du prsent, se traduit par une obsession du faire, la difficult de sarrter et par-fois une dictature de linstant. En amont, ces pratiques ont

    souvent t encou-rages par une c o n c e p t i o n c a p i t a l i s t e du temps qui envi-sage les prouesses en termes de rentabi-lit, de com-ptitivit immdiate, de rac-tivit, de croissance, sans envisager des logiques plus alternatives de fonctionnement. Aujourdhui, le culte de lins-tant permanent ne permet plus la projection dans dautres temporalits.

    Le territoire semble alors le laiss-pour-compte de cette volution. En effet, plus on va vite et moins on sarrte. Lutilisation du TGV est opti-male avec un arrt tous les 300 kilomtres. Le Train Grande Vitesse devient le Train des Grandes Villes. Des espa-ces intermdiaires sont sacri-fis sous le prtexte que la ville est forcment moderne, le rural jug profond ou isol. Plus fondamentalement, des dcisions prises en esprant un bnfice immdiat sont par-fois des bombes retardement

    cologiques, sociales ou ter-ritoriales pour les gnra-tions futures.

    Pourtant, cest bien le territoire qui

    capitalise nos actions et les temps de la socit.

    Nos actes, nos existences mmes,

    sont marqus du sceau de lphmre, et il reste au bout du compte bien peu de choses du temps, sauf ces maisons que lon a bties, ces paysa-ges que lon a faonns, cette socit que lon a anime. Lenjeu est donc

    aujourdhui de quitter des logi-ques uniquement comptables tablies sur le temps court pour fonctionner sur dautres temporalits et finalement sur le territoire qui matrialise les actions. En Bretagne tout sp-cialement, les enfants appa-raissent aujourdhui orphelins des lieux quils occupent, igno-rant largement lhistoire de leur rgion, ne comprenant pas les enjeux dcisifs de la ru-nification pour lavenir de la Bretagne, ne connaissant plus la langue, ne sachant plus ce quest un bocage, ne connais-sant plus le cycle de leau. Dans les manuels scolaires, on les place mme louest - ct - voire dans louest atlan-tique, c'est--dire sans doute vers Terre-Neuve ou dans le Labrador

    Comment stonner alors que les problmes environnemen-taux abondent et que de mul-tiples amnagements urbains, littoraux ou ruraux sont op-rs sans fondements ? Le temps nest pas derrire nous, il est sous nos pieds. Ce proverbe africain traduit sans doute mieux la ncessit de construire des repres solides, de se rapproprier les lieux et damnager sur le temps long. Grce une ducation et des projets adapts, le territoire est sans doute - en Bretagne plus quailleurs - un enjeu central pour transformer la logique de lurgence en la construction dune utopie.

    Jean Ollivro, professeur de gographie, lUniversit de HauteBretagne, Rennes 2

    Le territoire : outil pour la construction dune utopie

  • N 3 - Polypode

    Si nous vivons ensemble sur un mme territoire, celui dune rgion, dun quartier, dune commune, dun pays ou dune plante, nous nen avons pas moins tous une perception dif-frente.

    Entre lenfant dAudierne qui va lcole vlo, la boulangre de Paimpont qui prend le relais de son mari sept heures, le pcheur de Loguivy qui rentre avec la mare, les ados qui discutent en bas des tours de Rennes, lleveur finistrien, le conseiller municipal en charge de lamnagement routier de Roscoff, les Anglais qui sinstal-lent sur la cte nord ou les cam-peurs de Sarzeau, la pratique du territoire, et la reprsentation que chacun en a, nest videmment pas la mme. Nous percevons, concevons et construisons tous diffremment le lieu dans lequel nous voluons, comme si entre voisins nous vivions dans des territoires et des mondes imagi-naires diffrents. Cest le monde de nos reprsentations mentales dj bien dcrit par dautres.

    Cette relation intime, et unique, notre environnement est lie des usages, des savoir-faire et des savoirs objectifs, mais elle est galement le fruit dhistoires, dexpriences,

    de rencontres, de sensibilits et de trajectoires personnelles plus subjectives. Les reprsentations que nous nous faisons de notre territoire et de ceux qui y cohabi-tent avec nous construisent notre univers personnel et culturel, et leur diversit fait la richesse du collectif. Cest le terreau o senra-cinent nos faons dagir sur le monde et nos manires dtre avec les autres. La mconnais-sance de cette diversit de repr-sentations est dailleurs bien sou-vent source de bien des conflits dusages.

    Cette relation notre environne-ment, physique ou humain, nest donc pas seulement le territoire de prdilection des chercheurs en sciences sociales ou en psy-chologie environnementale. Elle est galement la proccupation de tous ceux qui y dveloppent un projet collectif, amnageurs, entrepreneurs, lus, responsa-bles associatifs, administrateurs, commerants, producteurs et ducateurs lenvironnement. Cest aussi celle, quotidienne, de tout habitant.

    Comprendre les perceptions que chacun se fait des espaces dans lesquels il vit, accder son chez-lui et son imaginaire, culturel et territorial, aide vivre - et faire - ensemble. Sexprimer, changer, croiser les regards, sans jugement ni revendication, avec respect et attention, sont des

    moyens de comprendre que notre vision des choses nest pas uni-que et objective. Ces changes rendent pos-

    sibles laccueil de la diffrence, la tolran-ce et la comprhen-sion. Cest un pre-mier pas, essentiel,

    vers la construction dune identit sociale, territoriale et cultu-

    relle. Cest aussi rendre possible une faon de vivre non plus seulement la mmoire collec-tive du lieu que

    jhabite mais le projet social qui sy joue[1].

    Pour une ducation len-vironnement qui ne soit pas de la culture hors solLe territoire ncessite que nous dveloppions de relles dmar-ches collectives et participatives, impliquant lensemble de la popu-lation et incite nous dtacher progressivement dune ducation lenvironnement qui fonctionne par publics cibles (les scolaires, les ados, les touristes) et par thmes (les dchets, leau, les oiseaux). Lenjeu est de taille !

    Lentre culturelle est dtermi-nante pour nous aider vivre ensemble sur un mme terri-toire. Ce nest dailleurs sans doute pas un hasard si le mme mot culture sapplique autant lune des premires actions concertes des hommes sur leur territoire, la culture du sol et des vgtaux, qu ce qui se partage --ou se confronte - au sein du groupe social.

    Cette entre culturelle requiert des outils et des savoir-faire que nous devons approfondir. Trs souvent tourne vers lexpres-sion individuelle (le plus souvent plastique et crite), lapproche culturelle dun territoire ne peut faire lconomie de la mmoire, celle dun lieu, mais aussi celle des personnes, de la connaissan-ce des relations de chacun aux lieux, des multiples usages du monde et de projets collectifs.

    Doucement, nous dcouvrons les apports des artistes, sociologues, mdiateurs, lus locaux, entre-preneurs, ou simples habitants. nous, ducateurs lenviron-nement et au territoire de savoir nous ouvrir leurs approches, leurs rflexions, leurs cultures et leurs outils. Si nos diffren-ces culturelles (et nos imaginai-res) sont parfois importantes, nos mthodes se rapprochent sou-vent et nos objectifs peuvent tre troitement lis. De toute faon, les enjeux globaux qui nous meu-vent sont les mmes, non-?

    Vivre ensemble sur un mme territoire

    Yvan Le Goff, ducateur lenvironnement

    et

    Loc Corouge,plasticien

    [1] Pascal Amphoux, Laboratoire

    de Dynamique Territoriale, cole

    Polytechnique Fdrale de

    Lausanne.

  • Polypode - N 3

    Lducation lenvironnement sest largement dveloppe dans lagglo-mration rennaise au cours de ces dernires annes. En dix ans, on est pass dactions de sensibilisation trs ponctuelles des projets lanne, sinscrivant mieux dans la dure.

    La Charte pour lenvironnement de la Ville de Rennes a t signe en 2000 entre la mairie et le ministre de lEn-vironnement pour cinq ans. Quatre grands thmes de travail ont t dfi-nis : eau, bruit, dchets, cadre de vie, et deux thmes transversaux : duca-tion lenvironnement et participation

    des habitants. La MCE, missionne pour coordonner le volet ducation lenvironnement, a mis en place un groupe de pilotage associant les acteurs concerns (enseignement public et priv, services de l'tat et municipaux, associations lies l'en-fance, la jeunesse, l'environnement, les loisirs).

    Cest dans ce cadre qu'a t ralis un diagnostic de l'EE sur l'agglomration rennaise (points forts, points faibles, attentes, pistes d'action).

    Lcole reste le premier vecteur dducation lenvironnement.

    Cest, en effet, dans plus de la moi-ti des cas, par le biais de lcole maternelle et primaire que les enfants abordent les questions lies lenviron-nement : il peut sagir dun projet port par la classe mais aussi simplement dune visite dexposition lquipement socioculturel du quartier.

    Le dveloppement dassociations militant dans les domaines de lenvi-ronnement permet de toucher davan-tage le grand public. Par ailleurs, les quipements socioculturels se font le relais des actions militantes, travaillent de plus en plus souvent en partenariat avec les associations denvironnement et sapproprient les questions lies lenvironnement.

    Les objectifs des actions d'EE restent la dcouverte et la sensibilisation, mais sont de plus en plus lis la citoyen-net. Lapproche dmarre avec la rflexion sur les gestes au quotidien, mais progresse vers une rflexion plus globale (quilibres Nord/Sud). Du point de vue de la dmarche, notam-ment dans le milieu scolaire, le projet sinscrit dans la dure : au moins une anne scolaire. Il est transversal en tant quobjet des apprentissages dans chaque discipline et se droule de prfrence sur le lieu de vie du public concern (cole, quartier).

    Le partenariat est toujours prsent : 68 % des rpondants affirment faire appel des intervenants tech-niques. Parmi ceux-ci, un tiers sont issus des associations et 20 % des services municipaux. Pourtant, si on interroge les associations, lavis est unanime : elles aimeraient tre par-tenaires ducatifs autant que pres-tataires techniques. Le partenariat est prsent comme lment favo-risant la mise en uvre des com-plmentarits et comme facteur de reconnaissance, tant par les publics potentiels que par les autres acteurs de lducation.

    Si lon constate que les projets en ducation lenvironnement sont de plus en plus nombreux, une rflexion devrait pourtant avoir lieu sur leur mise en uvre afin de lamliorer et de dvelopper des synergies. Pour cela, plusieurs pistes sont proposes : cration dun groupe de concerta-tion et danimation autour de l'EE ; meilleure utilisation des ressources existantes-; participation aux actions du REEB.-

    Le diagnostic completest disponible gratuitement la MCE. Tl. : 02 99 30 35 50 ou sur : www.mce-info.org

    TERRITOIRE, enjeux : comment interviennent-ils

    Emmanuel Mourlet, inspecteur la DRDJS Bretagne

    La notion de territoire dans le pro-jet ducatif est relativement neuve dans le temps de lAdministration. On peut dater la premire demande de prise en compte de lespace ducatif vcu des enfants 1981-1982 par la cration des ZEP.

    Progressivement le territoire, les-pace de vie immdiat, est devenu un lment constitutif du projet du-catif. Non pas pour des questions de rationalisation du travail, mais bien pour une meilleure efficience du travail.

    De quoi sagit-il ?

    La notion de territoire est la possibi-lit offerte aux acteurs ducatifs de saisir non seulement lensemble de la ressource ducative susceptible dtre mobilise sur le projet, mais aussi de questionner des donnes de la vie quotidienne qui, sans concourir directement lduca-tion, participent de la russite des enfants.

    Le travail dlaboration du projet ducatif doit en effet questionner des thmatiques telles que les dplacements, les transports sco-laires, les cheminements dans le quartier, la desserte des quipe-ments ducatifs et culturels, ou bien encore la question du loge-ment, des espaces de vie quoti-diens des enfants et des jeunes, cest--dire lurbanisme et, au-del, la mixit sociale.

    Le territoire permet galement

    de saisir la ralit de la vie quoti-dienne des jeunes, notamment en interrogeant ce quon peut appeler le parcours du jeune ; parcours ducatif et culturel certes ! mais parcours physique, mouvement dans lespace, accessibilit des lieux dmancipation. Cette notion permet de questionner le travail de chaque institution, chaque rseau ducatif sur un territoire donn, en leur demandant de prciser la place quils entendent prendre sur ce parcours. La question peut par-fois laisser sec de rponse linter-locuteur

    Enfin, dans ce parcours du jeune, on voit aussi les pratiques dvite-ment des territoires traditionnels de la jeunesse, pour dautres ter-ritoires de la vie sociale. Lexemple des raves parties est cet gard trs intressant. Il montre en effet que lespace public, dsert par les adultes et investi depuis par les jeunes, nest mme plus un lieu de prdilection pour cette jeunesse qui semble lui prfrer une sorte de nouveau lieu neutre. Sagit-il l de nouveaux lieux de socialisation de la jeunesse ?

    Il faut, dans ce contexte de juxta-position par les jeunes de divers territoires de vie, accompagner ce mouvement par une relle du-cation relative l'environnement, permettant ces jeunes d'appr-hender leur milieu de vie de faon culturelle, avec un regard tant historique que prospectif.

    Territoire et ducation

    Charte pour l'environnement et EE : lexprience de Rennes

    Jacqueline Le Vacon, charge de mission la Maison de la Consommation et de lEnvironnement (MCE)

    Des complments sont sur Internet

    www.educ-envir.org/reeb

  • N 3 - Polypode

    La valorisation du patrimoine, une longue histoire...Le plan d'interprtation est un outil de valorisation des espaces qui pri-vilgie le qualitatif au quantitatif. Il s'appuie sur les potentiels existants, exploits ou non, afin de permettre aux gestionnaires de sites de choi-sir les meilleures options dans leurs projets de dveloppement tout en sortant des sentiers battus.

    La dmarche du plan d'interprtationAprs avoir spcifi le mandat de dpart et reconnu les limites du ter-ritoire d'tude, la dmarche du plan d'interprtation se compose de trois tapes successives : l'inventaire des potentiels, suivi d'un zonage en units d'interprtation permettant d'aboutir aux propositions concrtes de mise en valeur.

    Inventaire des acteurs et des potentielsCette tape consiste passer le ter-ritoire au peigne fin sur une base cartographique afin d'y reprer tous les facteurs qui le caractrisent. C'est un escalier cinq marches :

    L'inventaire des potentiels biophysi-ques relve les intrts gomorpho-logiques, gologiques, hydrologiques puis faunistiques et floristiques.

    L'enqute auprs des acteurs per-met de prtablir un tat des lieux, puis de recueillir et d'analyser leurs souhaits et perspectives d'actions concernant l'volution du territoire. Ce travail se finalisera par la ralisation d'une typo-logie des acteurs.

    L'inventaire des potentiels de loisirs.

    Un inventaire des potentiels socio-culturels : points d'intrts relatifs l'histoire humaine, la culture, l'ethnolo-gie qui sont des reflets de la prsence humaine.

    Enfin, un inventaire des potentiels sensoriels n'est pas ngliger. En effet, les meilleurs souvenirs que l'on garde d'une randonne sont souvent lis au ressenti. Les couleurs, la pr-sence de l'eau, les formes du pay-sage, tous ces lments peuvent par-ticiper renforcer la valeur du site.

    Pour chaque type d'inventaire, l'ac-cessibilit, la proximit des voies de circulation et la capacit de support du lieu seront autant de critres pren-dre en compte. Ces donnes seront ensuite classes en potentiels forts, moyens ou faibles, par l'intermdiaire de grilles d'valuation.

    Analyse des potentiels et zona-ge en units d'interprtationC'est ici qu'intervient la relle crativit de l'interprte. Les diffrents poten-tiels sont superposs et regroups

    en zones cohrentes appeles uni-ts d'interprtation. Chaque unit sera dtermine par un thme et une srie d'objectifs. Le thme refl-tant l'esprit du lieu donnera le ton et l'orientation des propositions d'am-nagements.

    Par exemple, un territoire parsem de nombreux petits lacs a diffrents potentiels qui se regroupent : physi-ques (hydrologie), biologiques (faune et flore spcifiques), culturels (lgen-des), de loisirs (baignade, observa-tion de lavifaune) et sensoriels (eau paisible, chants d'oiseaux). La th-matique pourra tre Mille lieux pai-sibles (laccent est mis sur l'aspect dtente) ou Leau, source de vie (laccent est mis sur la biodiversit).

    Propositions de mise en valeurSelon la vocation plus ou moins touristique du lieu, plusieurs types de propositions peuvent tre faites. Des amnagements lgers, sobres et scuritaires, sont gnralement recherchs par un public d'cotou-ristes. Les sentiers d'interprtation sont de plus en plus apprcis, mais attention aux forts de panneaux indigestes. Aucun amnagement ne se substitue l'interprte lui-mme, qui saura s'adapter chaque visi-teur.

    Ces propositions devront bien sr tre faisables sur le terrain et va-lues budgtairement.

    Il est temps qu'volue notre tradition-nelle vision cloisonne du territoire... La richesse de l'interprtation est jus-tement qu'elle nentre dans aucune case : au carrefour entre ducation et communication, environnement et culture, arts et sciences-; c'est un prcieux mlange qu'une approche sectorielle rendrait indfinissable.

    Pour des "animations patrimoniales" et un tourisme identitaireL'interprtation, ce n'est pas une sim-ple technique d'amnagement d'un sentier ou autre. C'est avant tout une dmarche globale et cohrente de mise en valeur des patrimoines au niveau d'un site ou d'un espace (voir l'article ci-dessous). C'est aussi un concept (voir les nombreux crits de F. Tilden[1] jusqu' Lencre verte n 40 [2]) qui peut permettre d'amliorer et d'enrichir nos actions d'ducation aux patrimoines en insistant sur la relation entre le visiteur et la ressource patri-moniale.Ainsi, Ren Rivard[3] dfinit l'exp-rience de visite : il s'agit de dvelopper entre vous (individu ou groupe, tou-riste ou autochtone, jeune ou moins jeune) et le patrimoine, trois types de relation. La ressource patrimoniale doit pouvoir vous, interpeller, c'est l'exprience du sen-sible et des motions, dimension sym-bolique, c'est l'esprit des lieux, confier ses secrets, voici l'exprience

    intellectuelle, dimension scientifique, c'est l'objet de connaissance, aider transposer cela dans votre vie, aujourd'hui ou demain ; c'est l'exprience de l'thique ou du sens, dimension communicative, c'est la matire rflexion ! Alors quel poids donnerez-vous chacune de ces dimensions lors de votre prochaine sortie (mais attention ne pas interprter la place des par-ticipants !) ou quand vous construirez votre sentier de dcouverte (piti, pas trop de panneaux) ?En effet, au nom de l'interprtation, on a beaucoup amnag (sentiers, mai-sons de site) laissant parfois peu de place l'animateur ou l'animation ! Pour y remdier, point de recette, si ce n'est de bien dfinir enjeux, objectifs et messages-: ceux-ci peuvent tre de l'ordre de la prservation (protection, rhabilitation), de l'conomie (dve-loppement local, tourisme), sociocul-turel (dmarche participative, identit), ducatif (plaisir, dmarches diverses, citoyennet)

    Pour en savoir plus :

    Vido : "Ashuapmushuan", L o vient boire l'ori-gnal. Dmarche qub-coise de mise en valeur du patrimoine.VHS 28 min, 20 .

    Sandira CornuejolsKoad Merrien 22140 Bgard Tl. : 06 18 31 29 96 [email protected]

    Henri Labbe,conseiller pdagogique la DRDJS Bretagne

    Linterprtation entre mdiation culturelle et ducation lenvironnement

    Sandira Cornuejols, association SPIREE Soutien de Projets en Interprtation et Relatifs l'ducation l'Environnement

    L'imagination au pouvoir : borne d'un circuit touristique sur les bords d'un des lacs du Fermanagh, ralis par un atelier d'art et les habitants du coin : leur village est coup en deux par la frontire... j'ai t mu par cette visite.

    [1]Auteur amri-cain, pionnier de

    linterprtation

    [2]Revue nationale dducation

    lenvironnement dite par le

    rseau cole et Nature

    [3]Interprte qubcois

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  • Polypode - N 3

    Des complments sont sur Internet

    www.educ-envir.org/reeb

    Jean-Luc Toquet,Base Nature de la Ville Oger SaintBrieuc

    TERRITOIRE, expriences: Quen font-ils ?

    Vincent Lefebvre,Centre Rgional dInitiation la Rivire BelleIsleenTerre

    Quand on parle de leau et de sa ges-tion, il y a un territoire qui simpose aux acteurs de la politique de leau, cest le bassin versant, unit gographique cohrente qui dfinit et influence le cours deau. Cette notion est encore plus prgnante dans des rgions comme la ntre car les bassins ver-sants sont relativement courts, et lin-dividu peut situer aisment la source et lestuaire dun fleuve. Dans bien des cas, le bassin versant se superpose

    dautres territoires de lhomme, le terri-toire historique ou le bassin de vie.

    Vers une ducation leau Consciente de la ncessit de dve-lopper un sentiment dappartenance la mme valle, Eau et Rivires de Bretagne a mis en place des actions ducatives sur les bassins versants bretons. La premire dmarche vri-tablement multi-public (grand public, lus, scolaires, associations) et multi-partenariale a t lopration que nous avons mene sur le Lguer.

    Le Lguer en FteEn 1997, lassociation de Protection et de Mise en Valeur de la Valle du Lguer, dont nous sommes administra-teurs, dcide dorganiser une fte de la valle, manifestation qui se droulera sur toutes les communes du bassin versant pendant les journes de lenvi-ronnement. cette organisation grand public, nous proposons dassocier une action ducative de fond sur lensemble de lanne.

    Objectifs du projet Sensibiliser les enfants leur environ-nement proche.

    Faire dcouvrir lenvironnement de la valle (sa faune, sa flore, son patri-moine et ses paysages).

    Montrer que le Lguer est un espace dapprentissage de lenvironnement, de lhistoire ; mais aussi un veil la citoyennet et la solidarit.

    Faire merger un sentiment dappar-tenance un mme espace gogra-phique.

    Sensibiliser aux problmes de dgra-dation de lenvironnement.

    Mthode pdagogiqueNous avons mis en place lune des for-mes de la pdagogie de projet, mais sans le dire. En fait, nous avons donn carte blanche aux enseignants en ce qui concerne le sujet ou le thme dtude. Les seules consignes taient de mettre en place un projet en relation avec la valle du Lguer (au sens le plus large possible de valle) et de retransmettre les acquis ou le vcu lors de la manifestation grand public le Lguer en fte. Le rle du Centre Rgional dInitiation la Rivire a t de rpondre aux demandes des enseignants en mettant en place des programmes danimation la carte. Ensuite, pour prparer les retransmis-sions, nous avons fait appel de nom-breux intervenants extrieurs pour aider les lves (plasticiens, photographes, acteurs, sonorisateur, historiens). Cette dmarche nous a apport une diversit maximale de thmatiques abordes, dapproches et de mthodes de retransmission.

    Retransmission des projets34 classes ont particip cette action et ont prsent leur travail dans les villes et villages de la valle. Pour garder en mmoire ce travail ducatif novateur, lassociation de Protection et de Mise en Valeur de la Valle du Lguer a dit une brochure qui prsente lensemble de lopration et les projets de classes sous forme de fiches-action. Ce docu-ment a t diffus lensemble des col-lectivits et associations de la valle.

    La Base Nature de la Ville Oger est une ferme pour enfants en milieu urbain, situe sur un espace vert de 10 hectares, qui fonctionne depuis 1982. Lexistence de cette structure est troitement lie limplication des habitants du quartier de la Croix Saint-Lambert. la fin des annes 70, des militants d'associations

    locales sorganisent en comit de quartier et vont faire de cet espace vert leur principale revendication. Dabord, pour prserver cet espace des projets durbanisme, le comit demande aux lus de ne pas raser la ferme de la Ville Oger : la munici-palit de Saint-Brieuc accepte et lui en confie la gestion.

    Prserver et amliorer l'espaceLes habitants ne veulent pas y crer une zone de loisirs standardise, ils souhaitent un amnagement permet-tant une appropriation maximale pour les utilisateurs. Vingt ans se sont cou-ls, et force est de constater que cette volont a t respecte. Aujourdhui, nous y retrouvons : une ferme pour enfants avec un espace de terres cultives biodiversifi (verger conser-vatoire, potager, jardin sensoriel),

    lcole des bassins versants, lexemple du Lguer

    Une ferme en ville

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    Quelques pistes de Planetere 2Durant Planet'ere 2* en Bretagne, un groupe a chang sur cette action. Ci-dessous, un aperu des rflexions sur le lien homme-territoire.Sur un territoire, il y a les facteurs de mobilisation : un lien his-torique (nettoyage de la rivire, ouragan de 1987), gographi-que, affectif (prsence de leau partout) ; une proximit (chelle humaine) et un contexte socio-conomique (problmatique locale mais qui sinscrit plus largement dans celle de leau en Bretagne) Et les facteurs de dmobilisation : le dplacement des populations, lurbanisation des lments dracinants.Il a t avanc lide que lducation lenvironnement doit comprendre une ducation au territoire dont lobjectif pourrait tre de dvelopper la notion dappartenance caractrise comme suit : connaissance par la population locale des limites et potentialits de leur territoire, conscientisation de sa nces-saire protection, complicit avec le milieu (sensibilit) permet-tant une coopration entre tous les acteurs.

    *Planetere 2 : forum francophone de lEE, Belle-Isle-en-Terre, novembre 2001

  • N 3 - Polypode

    Pour toi, quest-ce quun terri-toire ?Cest un milieu de vie o les gens sont en interaction avec les lments ani-maux et vgtaux. Lhomme y tient une place importante.

    O travailles-tu au Niger ?Je suis animateur sur un territoire de 77-000 km2, habit par 2 000 noma-des, semi-nomades et sdentaires. Cette rserve naturelle de lAr et du Tnr est classe depuis 1988 pour la diversit faunistique et floristique de ses milieux (dserts, montagnes, plaines), sans oublier les aspects historiques et archologiques quelle reprsente. Les difficults de gestion d'un tel territoire sont dues la prise en compte des activits de la population locale : agri-culture, levage, artisanat dont les pro-

    ductions sont vendues sur les marchs locaux de l'Ar et Bilma aprs 45-jours de traverse du dsert.

    Comment sont menes les actions sur ce territoire ?Avec une approche participative : faire participer la population, connatre les besoins... Les actions font partie d'un programme gnral dappui la conservation et la gestion des res-sources naturelles de la rserve qui contient quatre grands projets : les terrains de parcours (conception d'un espace o les habitants effectuent leur cycle de production agropastorale en fonction des saisons), le dveloppe-ment local, la gestion des ressources naturelles et lducation lenviron-nement.

    Concernant ce dernier projet, on pri-vilgie la mthode active de lensei-gnement pour favoriser les dbats et les changes. Le public cibl par les animations sont les jeunes des coles (1 000 CM1-CM2 du site), les collges o ont lieu des confrences et ga-lement les adultes dans les centres dalphabtisation.

    Chaque trimestre, nous ditons un bulletin dinformation Alam (nom du dromadaire en tamachek, dialecte local), qui parat en cinq versions : franaise et dialectes locaux. Afin de sensibiliser le plus de monde, lquipe de cinq animateurs est polyvalente et polyglotte.

    O en est ce projet ?Le projet est actuellement arrt depuis dcembre 2002, car les financements du programme de l'UICN (Union Inter-nationale pour la Conservation de la Nature) ont t arrts. On espre que cela va redmarrer, des recherches sont en cours, de l ce que cela abou-tisse Cest la vie.

    Que fais-tu ici ?Depuis mon arrive, en septembre 2002, je me suis intgr au niveau per-sonnel et professionnel. Jai suivi les techniciens en sorties sur le terrain et en animations grand public.

    Pour mon apprentissage, jtudie le site naturel du marais de Trestel Trvou-Trguignec. Cest un site de 28-hecta-res, proche de la plage, non habit. Sur ce territoire, je suis charg deffectuer un diagnostic gnral car il est peu connu (cartographie, inventaire faune et flore,...). Lobjectif du rapport de stage sera de dfinir des propositions de valo-risation et d'amnagement.

    Quelles diffrences entre ici et l-bas ?Elles sont surtout au niveau des sur-faces et de loccupation par la popula-tion. Le mode de gestion n'est pas le mme car les techniques, les milieux changent.

    Quant lapproche participative : ici la population exploite le site, mais elle ny est pas souvent. L-bas, les gens vivent sur le site et connaissent lint-rt de protger le milieu pour enrichir le patrimoine. Ainsi, la population est trs ouverte au dialogue. Il existe des liens familiaux forts dans la population, les discussions sont acceptes sur de nombreux thmes. Rsultat : les gens sont fortement sensibiliss et le milieu est protg, lconomie se dveloppe et les gens arrivent subvenir leurs besoins. Les logiques conomique, cologique et technico-administrative sentrecroisent ; il faut trouver le juste milieu.

    des jardins familiaux cultivs par des familles du quartier, un espace vert public proposant un parcours arbore-tum riche de plus de 80 espces, des terrains de sport pour le club de foot.Penser diffremment le temps des loisirsCe type de structure donne aux enfants et aux jeunes la possibilit dtre acteurs, dtre responsables en effectuant, seuls ou en groupes, les travaux de la ferme. De plus, il est facile de venir la Base Nature, plus de 1000 familles peuvent y avoir accs sans mme traverser une route. Petit petit, les jeunes se sont donc appro-

    pri lespace. Ce territoire, devenu le leur, participe la construction identi-taire de ces jeunes urbains.Rencontrer tous azimuts La Base Nature est un lieu de rencontre dcloisonn. Dcloison-nement entre les ges : si la majo-rit du public accueilli est constitue des 5- 12 ans, les tout-petits et les plus grands sont aussi pr-sents, de mme que les adultes. Dcloisonnement dans le quotidien : des jeunes qui viennent la ferme avec leur cole, puis dans le cadre du centre de loisirs, des promena-des familiales, faire un tour le soir

    aprs lcole. Cest aussi un lieu de rencontre avec le jeune handicap qui, seul ou accompagn de son ducateur, participe aux travaux de la ferme. Enfin cest un lieu de rencontre entre lurbain et le rural, dans un quartier fortement urbanis o une partie de la population est d'origine rurale. Enfin, des vne-ments intergnrationnels gratuits attirant un nombreux public sont organiss rgulirement : Fte de la pomme, du cidre et des vieux mtiers, Bourses aux plantes, Journes de greffes darbres frui-tiers, etc.

    Rencontre avec Mohamed Alhassan participant Planetere 2 en Bretagne, originaire de la rgion de l'Ar au Niger. En formation en alternance PommeritJaudy en BTS Gestion et Protection de la Nature, il est apprenti au Service Randonnes et espaces naturels sensibles du Conseil Gnral des Ctesd'Armor.

    Propos recueillis par Flicie David

    Ici et l-bas

    Des complments sont sur Internet

    www.educ-envir.org/reeb

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  • ou laventure d'une malle pdagogique sur les milieux naturels du Centre BretagneEn 1997, nous tions tous chercher des solutions pour prserver lenviron-nement du Centre Bretagne et pour que les enfants aient facilement accs la connaissance de la richesse de leur patrimoine naturel. Lassociation Skol Louarnig : lcole du petit renard, dj fortement engage dans la pdagogie active en matire dducation lenvi-ronnement, planche alors sur des solu-tions avec Jean-Marc Hervio, que nous regrettons tous, et Franois Gendre de la Fdration Centre Bretagne Environ-nement.Lide dune malle pdagogique est mise... La prservation de lenviron-nement tant inscrite dans la politique du Pays du Centre Ouest Bretagne (alors GALCOB), cest avec lui que le projet ducatif lcole du petit renard dmarre.C'est bien beau davoir un projet, encore faut-il quil serve quelque chose ! En 1998, une prtude permet danalyser les besoins des enseignants. Un comit scientifique et technique, constitu de reprsentants des administrations, de lenseignement : enseignants, conseillers pdagogiques, inspectrice de lducation nationale, de scientifiques et dduca-teurs lenvironnement des associations

    locales, a valid toutes les tapes de l'cole du petit renard.Le projet conception-tude permet de dfinir le contenu prcis de loutil. Une phase ralisation-mise en page sensuit pour corriger, tester, donner une forme dfinitive loutil, raliser des affiches sur les milieux naturels et des cartogaphies. Puis vient la phase dition-distribution-formation qui a dmarr en septembre 2002, double dun projet danimation avec une priode de test.En mai 2003, les premires malles sont distribues gratuitement tous les ta-blissements scolaires et aux mairies (pour les centres de loisirs) du territoire. Une formation aux utilisateurs, en parte-nariat avec lducation nationale et les Centres de Documentation Pdagogique, se met en place. Un site Internet et une animation dans les coles accompagnent la malle lcole du petit renard. Recette de base de la cration de cet outil selon Viviane Carlieravec l'aide de Xavier Brosse pour dmarrer

    Rcolter les objectifs, attentes et exi-gences de chacun des membres du comit de suivi. Mettre dans un bocal hermtique et bien remuer. Verser lensemble du contenu sur une feuille de papier (surtout ne rien laisser senvoler). Prendre une baguette magique de qua-lit (en coudrier argent cueillie par une nuit de pleine lune) pour trier le tout par

    couleurs, odeurs, gots, formes, sons et touchers diffrents. Proposer le rsultat au comit (ne pas oublier de valider au fur et mesure de la cration, sinon, tout sefface). Recommencer plusieurs fois les trois dernires oprations jusqu' la satisfac-tion gnrale. Faire appel des lutins pour collecter toutes les informations (plus de 200 per-sonnes ont particip cette ralisation en apportant leurs connaissances, leur aide technique, administrative ou logistique). Des doigts et des yeux de fes indis-pensables pour leur capacit dcouper des fiches, corriger les fautes, trouver des sous ! Une plume doie magique pour raliser les dessins (Pierre Quillivic). Un pastel instantan pour faire des tableaux (Loc Trhin). De lEau et des Rivires pour dessiner les cours deau. Des poussins pour tester leur rac-tion.

    Polypode - N 3

    Le 14 aot 2001, jai eu l'occasion dchanger avec Bertrand Gaudin, permanent l'association des Petits Dbrouillards au cours dune des ani-mations cit dbrouillardede Rennes dans le quartier Villejean.

    Lobjectif gnral est de proposer des animations de rue caractre scientifi-que des enfants qui ne partent pas en vacances et qui ne frquentent pas les centres de loisirs. Ceci concerne diver-ses villes en Bretagne et dans d'autres rgions. Lanimation rennaise en est maintenant sa septime dition.

    Le thme trs large de lenfant, son quartier, sa ville sinscrit dans le champ de lducation lenvironnement urbain-: alors on voit des enfants au bas des tours, des tentes remplies de matriaux de rcupration Lancrage local et ter-ritorial de cette opration est exemplaire tant dans le projet pdagogique que dans les projets d'actions. Il sagit bien pour les enfants de partir la dcou-verte de leur quartier : les expriences autour de l'eau ou de la chaleur sac-

    compagnent dune observation de la station dpuration ou de la caserne des pompiers. Lurbanisme, les transports, la zone industrielle sont ainsi explors. Les matriaux utiliss pour les maquet-tes proviennent videmment des com-merants du coin ou de la suprette d ct : encore une occasion de nouer des liens avec les habitants.

    Cet ancrage local est renforc par le par-tenariat mis en place notamment avec la Ville de Rennes, le journal Ouest-France, la Caisse dpargne, le fonds daction sociale, le dispositif Ville, vie, vacan-ces, loffice public d'HLM et les acteurs de terrain (centres sociaux, MJC, mai-sons de quartiers, cercle Paul Bert, habi-tants et commerants).

    On peut parler dune ducation relative au territoire tant les objectifs de culture scientifique et technique ctoient des proccupations de valorisation des indi-vidus, de dveloppement de lien social et des dmarches de lutte contre lexclu-sion et la dtrioration de son environne-ment. Il sagit de prparer le futur citadin mieux percevoir, comprendre et mme agir sur son cadre de vie.

    Vivianne Carlier,animatrice Skol Louarnig

    lcole du petit renard

    OprationCit DbrouillardeHenri Labbe, DRDJS Bretagne

    Descriptif de la malle : mais qu'y a-t-il dedans ? Plus de 600 fiches thmatiques (jeux, outils de classification, de rflexion...), des affiches sur les milieux naturels, des cartes.

    Le puzzle gantdes acteurs et des territoires

    de lEE en BretagneUne approche artistique du territoirePlus de cent enfants, adolescents et adultes, en famille ou en groupes, acteurs professionnels ou passagers de lducation lenvironnement, se sont runis au printemps dernier aux quatre coins de la rgion, pour prparer la dcoration du Festival Rgional de lEducation lEnviron-nement. Six ateliers ont t loccasion pour eux de porter un regard particulier sur leur territoire, le paysage et le terrain sur lequel ils vivaient, puis de raliser des empreintes de pltre, en forme de pices de puzzle, des endroits qui les touchaient le plus. Loc Corouge et Yvan Le Goff ont initi et coordonn cette dmarche.Nous travaillons depuis plusieurs annes sur des projets alliant art contemporain et duca-tion lenvironnement, paysages et relations aux territoires, en induisant le plus possible des dmarches collectives et participatives. Nous associons des expriences et des savoir-faire complmentaires : ceux dun plasticien qui btit son propos artisti-que sur la notion de territoire, sur la mmoire, la reprsentation et la construction des paysages, en intgrant ceux qui y vivent et travaillent, ceux dun ducateur lenvironnement ins-crit dans le social et le culturel, animateur de dmarches participatives et coordonnateur de projets.Les projets que nous menons se construisent en croisant les points de vue, les ntres et ceux des personnes que nous rencontrons. Cest la base de notre motivation, voir apparatre les interprtations les plus diverses et leur donner une forme qui appartient aux projets et aux lieux. Extrait de compte rendu de visite pdagogique

    Skol Louarnig,l'cole du petit renardLa Maison Bleue, BP 1229 540 Spezet Tl. : 02 98 93 93 78lecole.du.petit.renard.skol.louar-nig@libertysurf.frwww.skol.louarnig.net

  • Un territoire nouveau Venant de Haute-Normandie, jai dcouvert ici un territoire, un vrai Pays, tantt partag tantt rassem-bl. Venu de lcologie scientifique, jai dcouvert dautres faons de sintresser au milieu : Histoire, his-toires, chansons, vieilles maisons, ftes, rencontres

    Je pense justement une rencontre Image et Posie de la Bogue dOr. Une phrase de Xavier Grall men est reste, de mmoire : [Je suis mour-rant, mais jemporte avec moi] lin-finie souvenance des splendeurs de la Terre Que cette expression est belle. Nattendons pas la fin (de notre vie ou de notre monde), nous pou-vons saisir une meilleure conscience des splendeurs de la Terre.

    Fluidit des lisires territorialesAh, quel frmissement quand on dcouvre que la limite daire dune plante et celle dune danse tradition-nelle se superposent pile-poil, dli-mitant ainsi des terroirs clairement contrasts !

    Mais naturellement a ne marche pas pour tout, il y a toujours des indica-teurs qui fonctionnent autrement. La rivire fait frontire pour une chose, mais fait liaison pour une autre. Adieu les frontires nettes et univoques

    Dailleurs, lcologie sintresse bougrement ce qui se passe aux contacts entre les milieux diffrents, dans ces configurations dites coto-nes : haies, lisires, estrans, estuai-res, berges

    Il y a aussi les pieds de coteaux, ttes de vallons, queues dtangs, bras de mer Le vocabulaire dit cette ouverture, avec ces images dextrmits corporelles, orientes vers le voisinage pour des fonctions sensorielles ou prhensiles.

    Territoire partagJai t guide dans une Rserve Naturelle, et je ralise aujourdhui quelle tait davantage mon territoire que celui des visiteurs. Si le guide se montre chez lui, les nouveaux venus ont une place dinvits temporaires. Si nous montrons au contraire que ce territoire que nous aimons nest pas pour autant notre possession, le public pourra lui aussi prendre une place intime, sa mesure, une forme de parrainage affectif par exemple.

    Territoire conflictuelOn peut faire lloge de son territoire, en connatre et en aimer les sites et les gens, et en mme temps avoir lil la pente savonneuse du chauvi-nisme territorial, la pente ridicule puis dangereuse de lexpansionnisme aux dpens dautrui.

    Certaines histoires sont bien faites de ce point de vue : je pense au conflit venimeux entre les Schtroumpfs du Sud et ceux du Nord. Ils dlimitent une frontire, a ne rigole pas du tout, on sachemine vers une guerre civile

    Nous devrions davantage nous impli-quer dans les conflits, les ntres et ceux dont on est tmoins proches (car l on y peut quelque chose), pour expliciter les dsaccords, dnoncer les choses qui doivent ltre, clarifier les origines des violences sil y en a, les valeurs morales sous-jacentes, sentraner au bon arbitrage Lapathie des tmoins encourage les abuseurs de tous poils.

    Territoire militant, territoire intimeAvez-vous crois des collgues, dans la mouvance pdagogique pour ce qui nous concerne, qui en priv font souffrir, et qui en socit brillent ? Ils surinvestissent le territoire militant, compensation illusoire naturellement, mais les apparences tiennent le coup, on nen parle jamais et a continue. Le territoire militant ny gagne rien, de ces ardeurs mal places, mal fondes, qui font que lon surjoue, comme on dit dun acteur ct de son rle, au lieu de faire ce quon a faire dans notre territoire intime.

    Territoire chrirJtais exposant lors dun salon touristique Rouen. Les gens me disaient quils voulaient venir voir la Bretagne (cest tant mieux), mais beaucoup disaient quils naimaient pas leur rgion, et a ma frapp.

    Ne vous rsignez pas, les Rouennais ! Allez couter les cerfs en fort des Essarts, cherchez des sentiers sur les coteaux de la basse valle de Seine, attendez les fouines sur les toits de Rouen la nuit, arpentez les estrans lunaires au pied des grandes falaises, traversez les htraies dans les lumires de lautomne

    Chrissez votre part des splen-deurs de la Terre !

    Emmanuel Lemare, charg dtudes Interprtation au Pays d'Accueil Touristique de Vilaine

    Territoire :interprtations impromptues

    Le territoire apparat actuellement comme porteur de toutes les vertus. Une vidence dont il conviendrait bien de se mfier ou du moins de questionner. Quel lien existetil entre ducation lenvironnement, ducation relative au territoire et identit culturelle ? En quoi ces diffrentes notions viennentelles senrichir ? Et surtout quelle est la valeur mancipatrice des deux dernires ? On ne peut ignorer lclairage aveuglant de lHistoire sur les perversions qui peuvent dcouler de la notion de territorialit. Car un territoire cest une frontire qui de fait, exclut ou inclut. Car vivre ensemble, cest souvent vivre entresoi. LHistoire, encore elle, nous enseigne que sil est question dun tat naturel, cest de la migration quil sagit et que la notion de territoire est parfois loutil idal de bien des oppressions. Se servir dun territoire aux frontires volontairement floues comme support dune action, voil mon avis la seule perception acceptable de cette notion : au service des initiatives locales avec le territoire comme support et pas comme objectif. Car le seul objectif pour les acteurs de lenvironnement, cest la biosphre. En somme si on entend le territoire comme le Gegend allemand (quivalent la contre), c'estdire lespace autour de soi, on peut russir le difficile pari du contrat social. Au contraire du Gebet, lespace gouvern entour de frontires qui ne peut tre que le support du nationalisme et du communautarisme.

    Territoire, vice ou vertu ?Erwan PersonCPIE Valle de lElorn

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    Le puzzle gantdes acteurs et des territoires

    de lEE en BretagneUne approche artistique du territoirePlus de cent enfants, adolescents et adultes, en famille ou en groupes, acteurs professionnels ou passagers de lducation lenvironnement, se sont runis au printemps dernier aux quatre coins de la rgion, pour prparer la dcoration du Festival Rgional de lEducation lEnviron-nement. Six ateliers ont t loccasion pour eux de porter un regard particulier sur leur territoire, le paysage et le terrain sur lequel ils vivaient, puis de raliser des empreintes de pltre, en forme de pices de puzzle, des endroits qui les touchaient le plus. Loc Corouge et Yvan Le Goff ont initi et coordonn cette dmarche.Nous travaillons depuis plusieurs annes sur des projets alliant art contemporain et duca-tion lenvironnement, paysages et relations aux territoires, en induisant le plus possible des dmarches collectives et participatives. Nous associons des expriences et des savoir-faire complmentaires : ceux dun plasticien qui btit son propos artisti-que sur la notion de territoire, sur la mmoire, la reprsentation et la construction des paysages, en intgrant ceux qui y vivent et travaillent, ceux dun ducateur lenvironnement ins-crit dans le social et le culturel, animateur de dmarches participatives et coordonnateur de projets.Les projets que nous menons se construisent en croisant les points de vue, les ntres et ceux des personnes que nous rencontrons. Cest la base de notre motivation, voir apparatre les interprtations les plus diverses et leur donner une forme qui appartient aux projets et aux lieux.

  • Prochain numro

    Printemps/t 2004 :

    Le jeuen ducation en environnement

    Extrait des cahiers pdagogiques de la malle animation nature du ministre de la Jeunesse et des Sports par Henri Labbe et Catherine Lapoix

    >> Doc en stockLes pays dans la collection : Territoires en mouvement de la DATAR, ditions La Documentation FranaisePour mieux comprendre les politiques mises en place dans le cadre de l'amnagement du territoire, ce petit guide pratique rpondra toutes vos questions sur les pays.100 p., 7

    Rserves Biosphre - Des lieux privilgis pour les hommes et la nature, ditions UNESCOCet ouvrage donne des exemples de sites consacrs la conservation de la biodiversit. Il analyse les difficults rencontres. Il montre lintrt de ces rserves pour la recherche et la ncessit de sensibiliser le public leur conservation.208 p., 16

    1001 mots et abrviations de l'environne-ment et du dveloppement durableditions RecyconsultPratique, lheure o les langages sont consti-tus de vocabulaires officiels, de mots de spcialistes, de dfinitions et d'inventions ter-minologiques, sans oublier les sigles dont on recherche souvent la signification.190 p., 15

    L'encre verte, Territoire, revue dite par le Rseau cole et Nature, n 40, hiver 20022003, 5

    Alternatives rurales, Le milieu rural, terreau pour lducation l'environnement et le dveloppement personnel, revue dite par l'Union Peuples et Culture, n 82, t 2003, 5

    Des expriences pdagogiques sur le territoire par lEspace Naturel Rgional Nord-Pas-de-Calais (www.enr-lille.com) Le Rallye Nature : un outil pdagogique dducation au territoire Mthodologie pour la mise en uvre dun parcours du-catif sur un territoire avec des changes entre les enfants et diffrents acteurs Raliser un cahier des enfants : un outil dducation au territoire pour aborder les enjeux de socit

    Nom PrnomStructure ProfessionJe suis adhrent du REEB : oui nonAdresse

    Code postal VilleTlphone FaxMl

    Je mabonne Polypode 1 an 2 ansAbonnement simple 8 16 Abonnement de soutien 15 30 Pour les structures Abonnement en nombre 16 (5 nOS) 32 (10 nOS)C

    oupond

    abonnem

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    Ci-joint un chque

    lordre du REEB

    14, rue du Muguet

    22300 Lannion

    Tl./Fax : 02 96 48 97 99

    [email protected]

    www.educ-envir.org/reeb

    Voil, cest aussi simple : le territoire cest lespace gographique occup et dfendu activement par un individu, un couple ou un groupe familial lintrieur duquel peuvent sexercer les principales fonc-tions de la vie : se nourrir, se reproduire, se reposer et jouer. Cet espace possde des dimensions trs varies, de quelques mtres carrs pour le troglodyte quelques milliers dhectares pour certains grands mammifres.

    Lhomme, na-t-il pas lui-mme un territoire sur lequel il supporte mal la prsence dautres hommes ?

    Toi-mme, acceptes-tu facile-ment que tes parents, tes amis pntrent dans ta chambre, se met-tent sur ton lit ? Fouillent tes tiroirs-? Quelle partie de ta chambre ou de la maison souhaites-tu voir labri des autres ? Tu viens de dfinir ton territoire.

    Essaie cette exprience avec les chiens, les oiseaux (merles, rouges-gorges) et les mammifres (renards, martres, hermines, chevreuils marquent leur territoire (urines, frottis sur les corces).

    Exprience raliser : le plus petit territoire du monde ! La prochaine fois que tu parleras quelquun, essaie de tapprocher progres-sivement de lui... Que fera-t-il -? Repre la distance de son recul. Tu peux faire ce genre dobservation avec des animaux.

    - Et toi, quelle distance es-tu le plus laise pour parler avec quelquun ?Cette distance dlimite une bulle de territoire que tu prserves autour de toi et fait intervenir la notion de proxmie.

    Territoire