POLITIQUE NATIONALE DE SANTE 2007 – 2015 (Septembre 2007)

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REPUBLIQUE DU TCHAD UNITE-TRAVAIL- PROGRES PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE PRIMATURE MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE POLITIQUE NATIONALE POLITIQUE NATIONALE DE SANTE DE SANTE 2007 – 2015 2007 – 2015

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Le contexte socio sanitaire du Tchad est caractérisé par la prévalence des maladies endémiques et épidémiques parmi lesquelles le paludisme, la tuberculose, les infections respiratoires aigues, le VIH/SIDA et la diarrhée tiennent le premier rang. Certaines maladies non transmissibles constituent aussi des causes importantes de morbidité et de mortalité. Ces maladies touchent particulièrement les enfants et les femmes, groupes les plus vulnérables de la population. Les principaux indicateurs de santé du Tchad sont parmi les moins bons de la sous région d’Afrique. La mortalité infantile reste élevée et n’a pas beaucoup diminué depuis plus de 10 ans : 102 pour 1000 Naissances Vivantes (NV) (Enquête Démographie et de Santé au Tchad : EDST 1, 1997) contre 103 (EDST 2, 2004), tandis que les indicateurs de la mortalité maternelle se sont au contraire dégradés : 827 pour 100 000 (NV) (EDST 1) contre 1099 (EDST2) en 2004.Le bilan de la mise en œuvre de la politique nationale de santé (PNS) réalisé en 2005 et 2006 a révélé une faiblesse de la réponse du système face à ces problèmes de santé. Il a été constaté une faiblesse d’accès de la population aux services de santé, de la disponibilité de ces services, de leur utilisation, de leur couverture et de leur qualité. Par ailleurs, cette analyse a souligné le sous financement du secteur de la santé et une insuffisance dans la gestion des ressources mobilisées.Afin de faire face à ce nouveau défi, le Ministère de la Santé Publique, en collaboration avec ses partenaires, a élaboré une PNS couvrant la période 2007-2015. Cette politique qui est le premier élément d’une réforme du secteur de la santé centrée sur le développement de l’approche sectorielle santé, a été adoptée le 04 Mai 2007. La PNS est inspirée des objectifs du millénaire pour le développement, de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et d’autres engagements auxquels le Tchad a souscrit. Elle tire sa légitimité de la Constitution de la République du Tchad stipulant dans son article 17 que : « la personne est sacrée et inviolable. Tout individu a le droit à la vie, l’intégrité de sa personne…. ». Au regard de cette Constitution révisée, le Gouvernement a réaffirmé dans son programme politique d’action, la priorité du secteur santé en maintenant le Ministère de la Santé Publique parmi les ministère prioritaires. Ce document comporte deux grandes parties. Dans la première partie une analyse de la situation résumant les principaux problèmes rencontrés dans le secteur et les scénarii de développement du système de santé sera présentée. La deuxième partie s’attardera sur le programme d’action axé sur la vision, les objectifs et les grands axes du secteur.

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REPUBLIQUE DU TCHAD  UNITE-TRAVAIL-PROGRES

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

PRIMATURE

MINISTERE DE LA

SANTE PUBLIQUE

POLITIQUE NATIONALE POLITIQUE NATIONALE

DE SANTEDE SANTE

2007 – 20152007 – 2015

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N‘Djamena, Septembre 2007

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Carte du Tchad mettant en relief les Délégations Sanitaires Régionales

LYBIE

NIGER

SOUDAN

CAMEROUN

NIGERIA

RCA

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PREFACE

L’évaluation de la mise en œuvre de la politique nationale de santé 1999 à 2006 a révélé que les principaux indicateurs de santé du Tchad ne sont pas encourageants, malgré les efforts consentis tant par le Gouvernement que par ses partenaires au développement.

En outre, dans la perspective de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement avec comme un instrument de mise en œuvre la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté, le Ministère de la Santé Publique a jugé opportun de réviser sa politique. Cette nouvelle politique s’inscrit dans la politique sociale du Gouvernement visant à faire accéder aux services de santé de base de qualité à toute la population.

A cet effet, une politique nationale de santé a été élaborée, validée et adoptée par tous les partenaires du secteur de la santé le 04 mai 2007. Elle met à la disposition des intervenants dans ce secteur, une vision du développement sanitaire à l’horizon 2015 avec des orientations stratégiques adaptées au contexte du pays ainsi qu’un cadre de mise en œuvre et des mécanismes efficaces pour le suivi et l’ évaluation.

Ainsi, tout développement d’un programme de santé au Tchad doit s’inspirer et s’intégrer dans cette nouvelle politique.

Aussi, je tiens, au nom du Gouvernement, à adresser mes sincères remerciements à tous les partenaires notamment l’OMS, l’UNICEF, UNFPA, la DCE, la Banque mondiale, les ONGS et à la société civile pour leur contribution au processus de l’élaboration, de la validation et l’adoption de cette politique. Je réitère ces mêmes remerciements aux Ministères des Finances et de l’Informatique, du Plan de l’Economie et du Développement, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, de l’Action Sociale de la Solidarité et de la Famille ainsi qu’au Secrétariat Général du Gouvernement pour leur participation à l’adoption de ce document.

J’exprime également ma reconnaissance au Bureau sous régional de l’OMS pour son appui technique à l’élaboration de cette politique.

Enfin j’exprime ma gratitude à mes collaborateurs qui ont contribué à la rédaction de ce document.

Le Ministre de la Santé Publique

Le Professeur AVOCKSOUMA DJONA ATCHENEMOU

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Table de matières

PREFACE...........................................................................................................................................................................2

TABLE DE MATIÈRES....................................................................................................................................................4

ABREVIATIONS ET ACRONYMES..............................................................................................................................5

INTRODUCTION..............................................................................................................................................................6

I CONTEXTE GENERAL.........................................................................................................................................7

I.1 APERÇU SUR LE TCHAD........................................................................................................................................7

I.2 JUSTIFICATION......................................................................................................................................................8

II. ANALYSE DE SITUATION...................................................................................................................................9

II-1 PROBLÈMES DE SANTÉ DE LA POPULATION (PROFIL ÉPIDÉMIOLOGIQUE).............................................................9

II-2 LE SYSTÈME NATIONAL DE SANTÉ.....................................................................................................................14

II-3 PROBLÈMES DU SYSTÈME NATIONAL DE SANTÉ :..............................................................................................15

a) Le bilan du financement du secteur de la santé.............................................................................................17

ii. Dépenses de santé financées par la population.............................................................................................18

iii. Dépenses de santé financées par le secteur privé et les ONG...........................................................................19

II-4 SANTÉ PUBLIQUE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE..............................................................................................20

II-5 DÉTERMINANTS DE SANTÉ..................................................................................................................................20

II-5 FACTEURS FAVORISANTS ET CONTRAINTES DU SYSTÈME NATIONAL DE SANTÉ (SNS).................................22

III SCENARII DE DEVELOPPEMENT DU SNS TCHAD 2007-2015..................................................................22

III-1 1ER SCÉNARIO : MAINTIEN DE LA SITUATION ACTUELLE....................................................................................22

III-2 2ÈME SCÉNARIO : AMÉLIORATION MODÉRÉE ET PERMANENTE DES DÉTERMINANTS DE LA SANTÉ................22

III-3 3ÈME SCÉNARIO : ÉVOLUTION TRÈS POSITIVE DES FACTEURS FAVORISANTS DE LA SANTÉ..........................22

IV VISION DU DEVELOPPEMENT SANITAIRE AU TCHAD A L’HORIZON 2015.....................................24

V VALEURS ET PRINCIPES DIRECTEURS.......................................................................................................24

VI OBJECTIFS DE LA PNS.......................................................................................................................................25

VI-1 OBJECTIF GLOBAL...........................................................................................................................................25

VI-2 OBJECTIFS SPÉCIFIQUES..................................................................................................................................25

VII ORIENTATIONS STRATÉGIQUES...................................................................................................................26

VII-1 RENFORCEMENT DE L’ORGANISATION ET DE LA GESTION DU SYSTÈME NATIONAL DE SANTÉ Y COMPRIS LES

SECTEURS PRIVÉ ET TRADITIONNEL................................................................................................................................26

VII-2 AMÉLIORATION DE L’ACCÈS ET DE LA DISPONIBILITÉ DES SERVICES DE SANTÉ DE QUALITÉ........................27

VII-3 RENFORCEMENT DES INTERVENTIONS CONTRE LES PRINCIPALES MALADIES.................................................28

VII-4 AMÉLIORATION DE LA PRESTATION DE SOINS DE QUALITÉ AUX FEMMES ET AUX ENFANTS..........................28

VII-5 DÉVELOPPEMENT ET GESTION RATIONNELLE DES RESSOURCES POUR LA SANTÉ...........................................29

VII-6 PARTENARIAT DANS LA SANTÉ.......................................................................................................................30

VIII CADRE DE MISE EN ŒUVRE............................................................................................................................31

IX MÉCANISMES DE SUIVI ET D’ÉVALUATION..............................................................................................31

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Conclusion.........................................................................................................................................................................32

ABREVIATIONS ET ACRONYMES

ARV : Anti rétro ViroATS : Agents Technique de SantéBEF : Bien Etre FamilialBET : Borkou-Ennedi-TibestiCONACED : Comité National de Codification de la DracunculoseCNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale CPE : Consultations Prénatales pour EnfantCPN : Consultations PrénatalesDCAP: Direction de Coordination des Activités en matière de la Population

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DSIS : Division du Système d’Information SanitaireDSR : Délégation Sanitaire RégionaleEDST : Enquête Démographique et de Santé du TchadFEAP : Femme en Age de procréer HTA : Hypertension ArtérielleIDH : Indice de Développement HumainINSEED : Institut des Etudes Economiques et démographiques IRA : Infection Respiratoire AigueIST : Infection Sexuellement TransmissibleMEG : Médicaments Essentiels GénériquesMSP : Ministère de la Santé PubliqueNC : Nouveau CasNV : Naissance VivanteOAPI : Organisation de la Propriété IntellectuelleOMD : Objectifs du Millénaire pour le DéveloppementOMS : Organisation Mondiale de la SantéONG : Organisation Non GouvernementalePCA : Paquet Complémentaire d’ActivitésPCIME : Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’EnfantPEV: Programme Elargi de VaccinationPF : Planning familialPIB : Produit Intérieur Brut PMA : Pays les Moins AvancésPMA : Paquet Minimum d’ActivitésPNB : Produit National BrutPNEVEG : Programme National d’Eradication de ver de GuinéePNLTHA : Programme National de Lutte contre la Trypanosomiase Humaine Africaine PNDS : Plan National de Développement SanitairePNS : Politique National de SantéPPA : Parité des Pouvoirs d’AchatPRA : Pharmacie Régionale d’Approvisionnement PTME : Prévention de la Transmission Mère EnfantPVS : Polio Virus SauvageRH : Ressources Humaines SAASDE : Stratégie Africaine d’Accélération pour le Survie et le Développement de l’EnfantSIDA : Syndrome d’Immuno Déficience AcquiseSNRP : Stratégie Nationale de la Réduction de la Pauvreté SNS : Système National de SantéSOE : Soins Obstétricaux EssentielsSONUC : Soins Obstétricaux Néonatals d’Urgence CompletsSONUB : Soins Obstétricaux Néonatals d’Urgence de BaseSOU : Soins Obstétricaux d’UrgenceSOUC: Soins Obstétricaux d’Urgence CompletTDCI : Troubles dus aux Carence en IodeVIH : Virus d’Immuno Déficience Acquise

INTRODUCTION

Le contexte socio sanitaire du Tchad est caractérisé par la prévalence des maladies endémiques et épidémiques parmi lesquelles le paludisme, la tuberculose, les infections respiratoires aigues, le VIH/SIDA et la diarrhée tiennent le premier rang. Certaines maladies non transmissibles constituent aussi des causes importantes de morbidité et de mortalité. Ces maladies touchent particulièrement les enfants et les femmes, groupes les plus vulnérables de la population.

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Les principaux indicateurs de santé du Tchad sont parmi les moins bons de la sous région d’Afrique. La mortalité infantile reste élevée et n’a pas beaucoup diminué depuis plus de 10 ans : 102 pour 1000 Naissances Vivantes (NV) (Enquête Démographie et de Santé au Tchad : EDST 1, 1997) contre 103 (EDST 2, 2004), tandis que les indicateurs de la mortalité maternelle se sont au contraire dégradés : 827 pour 100 000 (NV) (EDST 1) contre 1099 (EDST2) en 2004.

Le bilan de la mise en œuvre de la politique nationale de santé (PNS) réalisé en 2005 et 2006 a révélé une faiblesse de la réponse du système face à ces problèmes de santé. Il a été constaté une faiblesse d’accès de la population aux services de santé, de la disponibilité de ces services, de leur utilisation, de leur couverture et de leur qualité. Par ailleurs, cette analyse a souligné le sous financement du secteur de la santé et une insuffisance dans la gestion des ressources mobilisées.

Afin de faire face à ce nouveau défi, le Ministère de la Santé Publique, en collaboration avec ses partenaires, a élaboré une PNS couvrant la période 2007-2015. Cette politique qui est le premier élément d’une réforme du secteur de la santé centrée sur le développement de l’approche sectorielle santé, a été adoptée le 04 Mai 2007.

La PNS est inspirée des objectifs du millénaire pour le développement, de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et d’autres engagements auxquels le Tchad a souscrit. Elle tire sa légitimité de la Constitution de la République du Tchad stipulant dans son article 17 que : « la personne est sacrée et inviolable. Tout individu a le droit à la vie, l’intégrité de sa personne…. ».

Au regard de cette Constitution révisée, le Gouvernement a réaffirmé dans son programme politique d’action, la priorité du secteur santé en maintenant le Ministère de la Santé Publique parmi les ministère prioritaires.

Ce document comporte deux grandes parties. Dans la première partie une analyse de la situation résumant les principaux problèmes rencontrés dans le secteur et les scénarii de développement du système de santé sera présentée. La deuxième partie s’attardera sur le programme d’action axé sur la vision, les objectifs et les grands axes du secteur.

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I CONTEXTE GENERAL

I.1 Aperçu sur le Tchad Pays d’Afrique centrale entièrement enclavé, le Tchad est situé entre les 7 ème et 24ème degrés de latitude nord et les 13ème et 24ème degrés de longitude est. Il couvre une superficie de 1 284 000 Km2

et est le cinquième pays le plus vaste d’Afrique après le Soudan, l’Algérie, la République Démocratique du Congo et la Libye. Il est limité au Nord par la Libye, au Sud par la République Centrafricaine, à l'Est par le Soudan, et à l'Ouest par le Cameroun, le Nigeria et le Niger. L’immensité du pays et l’absence de côtes maritimes (le port le plus proche, Port Harcourt au Nigeria étant situé à environ 1750 km de la capitale) posent des problèmes de transport, de communication et d’accessibilité à l’extérieur.Le pays est découpé en trois (3) zones climatiques :

au nord, une zone saharienne au climat désertique (pluviométrie inférieure à 200 mm de pluies par an) ;

au sud, une zone soudanienne assez fortement pluvieuse (pluviométrie entre 800 et 1200 mm de pluies par an), rendant certaines régions quasiment inaccessibles pendant la saison des pluies ;

entre les deux, une zone sahélienne avec une pluviométrie comprise entre 200 et 800 mm : N’Djamena, la capitale, est située dans cette zone.

Comme dans d'autres pays du Sahel, cette diversité de zones climatiques est fortement liée à certains aléas climatiques, faisant baisser la production agricole et, partant, l'économie nationale encore fortement dépendante du secteur primaire. Les déficits alimentaires ainsi occasionnés entraînent des problèmes nutritionnels importants, notamment pour certains groupes vulnérables de la population comme les enfants et les femmes enceintes.

Administrativement, le Tchad est divisé en 18 Régions, 57 départements et 245 sous-préfectures. A chacune de ces 18 Régions correspond une Délégation Sanitaire Régionale.La population du Tchad est estimée en 2005 à 9 272 900 habitants parmi lesquels 48,4% d’hommes contre 51,6% de femmes (DCAP, DSIS 2005). La population du Tchad est très jeune : 3,6%, de 0-1 an, 14,6% de 1-4 ans, 48%, de personnes âgées, de moins de 15 ans et 3,5% de 65 ans et plus. Le taux d’accroissement moyen annuel est de 3,1%.

Environ 256 groupes ethniques composent cette population, inégalement répartis sur l'ensemble du territoire. La densité moyenne de 6,81 habitants/km² cache beaucoup de disparités: 0,12 dans le BET et 60,1 dans le Logone Occidental. Seulement 20% de la population vivent en zone urbaine tandis que la population nomade est estimée à 6%. L’espérance de vie à la naissance est estimée à 50,3 années.

Des centaines de dialectes sont parlés au Tchad. Le français et l'arabe tchadien sont les deux langues officielles. Les religions pratiquées au Tchad sont l’islam, le christianisme et les religions traditionnelles.

Les proportions des femmes et des hommes qui ne savent pas lire restent élevées (respectivement, 88% et 65%), et la proportion d’hommes alphabétisés est environ trois fois plus élevés que des femmes (35% contre 12%). Par ailleurs, le taux de fréquentation scolaire des garçons est de 57% pour les groupe d’âge 6-15 contre seulement 38%chez les filles1

L’Indice du Développement Humain (IDH) du PNUD place le Tchad au 171ème me rang sur 177 pays classés en 2006 et le pays est classé parmi les Pays les Moins Avancés (PMA).

1 ESDT II, 2004

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Le taux d’inactivité chez les jeunes est très élevé du fait de la faiblesse du marché du travail, induisant ainsi des problèmes sociaux importants (délinquance, alcoolisme, drogue...).

Le Produit Intérieur Brut (PIB) réel (calculé selon la Parité des Pouvoirs d’Achat (PPA)) par habitant s’élevait à 700 $ en 1997 En 2005, le PIB/hbt avait été estimé par l’Institut des Etudes Economiques et Démographiques (INSED) à 636,54 dollars. Selon les données retenues dans le calcul de l’IDA du PNUD, le Produit National Brut (PNB) par habitant (calculé selon la méthode classique) n’est que de 180 $.

I.2 JustificationLa pression de l’environnement socioéconomique et épidémiologique a introduit un changement dans l’organisation, la gestion et le financement du système de santé du Tchad. Le système national de santé du Tchad a connu une évolution rapide, passant d’un système centralisé avec des interventions verticales concentrées pour la plupart dans des hôpitaux autour des grandes agglomérations vers un système plus ou moins déconcentré à partir de 1991 avec pour priorités l’amélioration de l’accès aux soins de santé et la continuité des soins.

Malheureusement, les indicateurs de santé du Tchad sont parmi les moins bons de la sous région d’Afrique. Selon une analyse « santé et pauvreté » faite par la Banque Mondiale en 2004, cette situation serait due au niveau élevé de la pauvreté du pays. Cependant, quand on compare les indicateurs de santé avec ceux des pays ayant un niveau de PIB équivalent, ceux du Tchad restent quand même inférieurs. La mortalité infantile et infanto juvénile reste élevée et n’a pas beaucoup diminué depuis plus de 10 ans : 102 /1000 Naissances Vivantes (NV) selon l’Enquête Démocratie et de Santé (EDST 1, 1997) contre 103 (EDST 2, 2004), tandis que les indicateurs de la mortalité maternelle se sont au contraire dégradés : 827 / 100 000 NV (EDST 1) contre 1099 (EDST2) en 2004. Cette situation est contraire à la dynamique requise dans le cadre de la lutte contre la pauvreté pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à l’horizon 2015.

Par ailleurs, le Ministère de la Santé Publique (MSP) a mis en place des dispositifs pour améliorer cette situation. Une Politique Nationale de Santé (PNS) a été adoptée en 1999 pour couvrir la période 1999-2001. Cependant cette PNS a couvert la période de 1999 – 2006. Le bilan de la mise en œuvre de la PNS réalisé en 2005 et 2006 a révélé des insuffisances non négligeables en matière d’accès de la population aux services de santé, de la disponibilité de ces services, de leur utilisation, de leur couverture et de leur qualité. Les insuffisances constatées ont influencé le niveau des indicateurs.

En outre, l’impact de la mise en œuvre de la PNS est faible sur la santé de la population. Le niveau de mortalité infantile et maternelle est resté très élevé.

Ce constat appelle un changement à la fois dans la conception des interventions et dans les stratégies de leur mise en œuvre.

Ce souci a amené le MSP à engager un processus de révision de la PNS centré sur les problèmes de santé de la population et orienté vers la réalisation des OMD avec comme instrument de mise en œuvre la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP).

I. ANALYSE DE SITUATION

II-1 Problèmes de santé de la population (profil épidémiologique)Le profil épidémiologique du Tchad est caractérisé par la prévalence des maladies endémiques et épidémiques parmi lesquelles, le paludisme, la tuberculose, les infections respiratoires aigues, le

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VIH/SIDA et la diarrhée tiennent le premier rang. Certaines maladies non transmissibles constituent aussi des causes importantes de morbidité et de mortalité. Ces maladies touchent particulièrement les enfants et les femmes qui constituent les groupes les plus vulnérables de la population.

En effet, selon l’EDST II (2004) :

1 enfant sur 5 décède avant d'atteindre son cinquième anniversaire

Malgré l’effort mené en matière de vaccination, la couverture nationale reste faible et n’a jamais dépassé 80% (DCT3 78% en 2006).

Les maladies évitables par la vaccination2 restent fréquentes. De 2000 à 2002, l’évolution des cas de paralysie flasque aigue due à la polio a été satisfaisant (4 cas notifiés en 2000, 0 cas en 2001, et 2002). En 2002, le Tchad a interrompu momentanément la circulation du Poliovirus Sauvage (PVS). Cependant entre 2003 et 2006, des nouveaux cas de PVS en provenance du Nigeria ont été notifiés avec respectivement : 25, 24, 2 et 1 cas.

La rougeole constitue la maladie la plus meurtrière. Le nombre des décès, bien sous estimé varie entre 7277 (2002) et 20278 (2005). Le nombre des cas de décès bien que sous estimés demeure important  et varie entre 83 en 2004 et 516 en 2005.

Le tétanos néonatal constitue également un problème de santé publique. Le nombre de cas notifiés est de : 550 en 2000, 590 cas en 2001, 598 cas en 2002, 450 cas en 2003, 542 cas en 2004 et 364 cas en 2005. Les décès dus à cette maladie, bien que sous estimés sont malgré tout considérables. Ils varient entre 131 en 2003 et plus 215 en 2005.

Selon l’Annuaire Statistique du MSP, le paludisme, les diarrhées, les Infections Respiratoires Aigues (IRA), les dysenteries et la malnutrition sont restés les premiers motifs de consultation chez les moins de 5 ans depuis plus de 10 ans.

Depuis plus de dix ans, le paludisme demeure la première cause de morbidité et de mortalité chez les enfants de moins de 5ans.

La diarrhée fait partie des cinq premiers motifs de consultation dans les structures sanitaires du 1 er

échelon. En 2005, près de 38 000 cas de diarrhée ont été enregistrés chez les enfants de moins d’un an, soit 35 % des consultations.

Les IRA constituent également une cause de morbidité et de mortalité importante pour les enfants de moins de 5 ans. En 2005, plus de 155 000 cas ont été enregistrés chez les moins de 5 ans.

La malnutrition augmente la vulnérabilité des enfants de moins de 5 ans.

En 2005 sur les 211605 enfants vus à la Consultation Préventive Enfant (CPE) 19352 se sont révélés malnutris, soit un pourcentage de 19,1%.

Comme les années précédentes c’est dans le Kanem que le plus d’enfants malnutris ont été dépisté : 34 03 cas contre 19 352 pour l’ensemble du pays, soit 20,1% pour cette seule région.

2 Annuaire statistique sanitaire 2005, EDST II, 2004

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Par rapport à 2004, le nombre d’enfants malnutris dépistés à baissé (19 352 contre 20107) alors que le nombre des nouveaux inscrits à la CPE a augmenté (211605 contre 200561).

La CPE avec la prise en charge des enfants malnutris, est l’une des activités du Paquet Minimum d’Activités la moins développée. Cette situation est liée au fait que les enfants ne sont surtout amenés aux centres de santé que lorsqu’ils sont malades. Néanmoins, il est constaté que d’année en année le nombre des nouveaux inscrits ne cesse d’augmenter sauf en 2001 où il a connu une légère baisse par rapport à l’année précédente.

4 545 femmes Tchadiennes ont perdu leur vie, en 2004, en donnant naissance à un enfant.

La mortalité maternelle est particulièrement élevée au Tchad. Estimé à 827 pour 100 000 NV en 1997, ce taux est actuellement de 1 099 décès pour 100.000 naissances vivantes : EDST2 (2004).

Selon une étude sur les Soins Obstétricaux d’Urgence (SOU) réalisée en 2002, les avortements compliqués (18,92%) et les dystocies (18,79%) occupent la première place parmi les causes de ces nombreux décès maternels suivis par les infections du post-partum (9,27%), les ruptures utérines (6,42%), les hémorragies (6%) et les éclampsies/pré éclampsies (3,72%). Par ailleurs, l’EDST II (2004) a rapporté :

a) Une insuffisance dans la surveillance de la grossesse

Six femmes enceintes sur dix (57 %) n’ont pas bénéficié d’un suivi par un personnel qualifié ou n’ont pas été protégées contre le tétanos. En ce qui concerne les accouchements, 2 femmes sur 10 (21%) ont été assistées par du personnel qualifié, mais seulement 13% des femmes ont accouché dans un établissement sanitaire.

b) une prise en charge inadéquate des accouchements compliqués entraînant une létalité très élevée dans les services de santé (3,74% contre 1% selon la norme de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS))

En 2002, sur les 55 hôpitaux de district, 24 seulement offraient des Soins Obstétricaux d’Urgence Complets (SOUC). La répartition de ces structures SOUC est très inégale sur l’ensemble du territoire.

On constate également une très faible utilisation des services de SOUC, (moins de 10%), due en partie à : (i) l’insuffisance et la mauvaise qualité des prestations de services fournies, (ii) l’insuffisance quantitative et qualitative du personnel de santé, (iii) la faible implication des communautés dans la résolution de leurs problèmes de santé, (iv) l’insuffisance de ressources financières des populations, (v) le coût élevé des soins et (vi) la pesanteurs des facteurs socio culturels.

c) une faible prévalence contraceptive

Cette prévalence est de 3% toutes méthodes confondues et de 1,6% pour les méthodes modernes (EDST II : 2004). On note d’importantes disparités dans l’utilisation des méthodes contraceptives : 10% en milieu urbain contre 1% en milieu rural.

d) un mauvais état de santé de la femme

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L’état nutritionnel des femmes a une grande influence sur le déroulement et l’issue de la grossesse ainsi que sur la morbidité et la mortalité des jeunes enfants.

Près de trois femmes enceintes sur dix n’ont pas reçu une supplémentation en fer et acide folique durant leur dernière grossesse et à peine 4 sur 10 (39%) femmes ont bénéficié de la prophylaxie du paludisme pendant la grossesse.

L’anémie et le paludisme sont parmi les causes les plus importantes de morbidité et de mortalité de la mère et de l’enfant.

e) la persistance des mauvaises pratiques traditionnelles

En 2004, prés de la moitié des femmes (45 %) est excisée, tandis que plus du tiers (37 %) des adolescentes de 15-19 ans a déjà commencé sa vie féconde. Ces deux situations augmentent l’exposition aux risques liés aux complications des grossesses et des accouchements.

Le paludisme reste la 1ère cause de morbidité et de mortalité des enfants de moins de 5 ans.

Le paludisme constitue un problème majeur de santé publique au Tchad et demeure la première cause de consultation des enfants de moins de 5ans dans les structures sanitaires. Il représente à lui seul 22,4% des motifs de consultation, avec un taux de létalité de 7 à 12%. En 2005, 466 676 cas de fièvre isolée dont 49,20% dans la classe d’âge de 0 à 4 ans ont été notifiés dans les structures de santé.

La résistance du plasmodium à la chloroquine limite la réponse du système de santé face à cette pathologie et appelle au développement de nouveaux schémas thérapeutiques mieux adaptés.

Le SIDA constitue un problème majeur de santé publique et de développement au Tchad

Le SIDA fait l’objet d’une surveillance épidémiologique accrue depuis la mise en place d’un programme national de lutte contre ce fléau. Le taux de prévalence du VIH au Tchad est de 3,3% 3

chez les 15 à 49 ans. Ce taux est plus élevé que celui observé au Niger (0,87, %) en 2003, mais plus faible que celui du Cameroun (5,5%) en 2004. Ce taux cache des disparités importantes entre milieu urbain/rural (7,0% contre 2,3%), entre les sexes (4% chez les femmes contre 2 ,6% chez les hommes). Le SIDA pose non seulement un problème de santé, mais aussi un problème social et économique. Son impact peut s’accentuer si des mesures énergiques ne sont pas prises pour limiter le fléau.

Les autres Infections Sexuellement Transmissibles (IST) constituent également une préoccupation du MSP. En 2005, 8.000 cas d’urétrites purulentes ont été notifiés chez l'homme, 6.000 ulcérations génitales (tous sexes confondus) et plus de 25 000 cas des pertes vaginales.

La dysenterie constitue le troisième motif de consultation dans les centres de santé

En 2005, près de 50.000 nouveaux cas de dysenterie ont été enregistrés dans les centres de santé. Les taux de détection les plus élevés sont enregistrés par ordre d’importance croissante dans le Mayo-Kebbi Est (813 NC pour 100 000 hab.), le Mayo- Kebbi Ouest (802 NC pour100 000 hab.) et le Mandoul (801 pour 100 000 hab.) pour une moyenne nationale de (507 pour 100 000 habitants). Le nombre de cas est en légère baisse depuis 5 ans (-9,09% en 2005 par rapport à 2001).

3 Enquête Sero prévalence, 2005

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La lèpre est en régression depuis 1996 

De 1996 à 2005 le nombre de malades lépreux recensés au Tchad est passé de 2 545 cas à 1 114 soit une baisse de 56%. Le nombre de nouveaux cas a suivi une évolution identique passant de 946 à 795 cas au cours de la même période. Actuellement, la prévalence de la lèpre au Tchad est de 0,98 cas pour 10.000 habitants, donc compatible avec le seuil de prévalence tolérable à savoir 1 cas pour 10.000 habitants.

La tuberculose reste un problème de santé publique au Tchad

En 2005, le nombre de Nouveaux Cas (NC)de tuberculose dépistés est de 802 (dont 787 cas pour la tranche d’âge de 5 ans et plus) contre 934 NC en 2004.

Environ 27 0000 personnes sont devenues aveugles du fait de l’onchocercose au Tchad en 1998

L'onchocercose ou cécité des rivières sévit à l'état endémique dans les sept (7) régions de la zone méridionale (Logone Occidental, Logone Oriental, Mayo-Kebbi Est, Mayo-Kebbi Ouest, Mandoul, Moyen-Chari et Tandjilé). La population exposée est estimée à 2.300.000 habitants.

Le traitement à l’ivermectine à base communautaire a permis de prendre en charge, en 2005, plus de 1 million de personnes, soit 66,28% de couverture thérapeutique, avec une nette progression du nombre de personnes traitées de 2001 à 2005. Cela peut s’expliquer par la mobilisation sociale, l’éducation des communautés, le renforcement institutionnel et l’appui technique aux formations.

Trypanosomiase : les actions d’élimination de la maladie sont interrompues

La maladie est présente dans trois régions de la zone méridionale à savoir : le Mandoul, le Logone Oriental et le Logone Occidental. Dans ces trois régions, quatre (4) foyers sont connus. Le programme National de Lutte contre la Trypanosomiase Humaine Africaine (PNLTHA) basé à Moundou dans le Département du Lac Wey mène depuis des années des actions de lutte contre cette maladie. Ces actions connaissent, en certaines périodes, des interruptions plus ou moins longues faute de financement. Treize cas recensés à la consultation de référence dont 90% dans le Mandoul. La quasi totalité de ces cas se situent dans l’intervalle de 5 ans et plus.

Dracunculose (ver de Guinée) : une baisse de l’incidence de la maladie

Les cas de dracunculose sont en baisse. La mise en place d’interventions spécifiques à travers le Programme National d’Eradication de Ver de Guinée (PNEVG) a permis de réduire de façon considérable l’incidence de la dracunculose dans le pays. De 1331 cas en 1994, l’incidence est passée à 149 cas en 1995, 127 cas en 1996, 25 cas en 1997, 3cas en 1998, 1 cas importé en 1999 et 3 cas en 2000.

Depuis 2001, le Tchad est en période de pré certification car aucun cas de dracunculose n’a été notifié sur le territoire national.

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En 2006, un rapport national a été élaboré et validé par le Comité National de Codification de la Dracunculose (CONACED) puis transmis à l’OMS. Une mission de la Commission Internationale de Codification de la Dracunculose pour évaluer les activités du PNEG n’a pas pu être effectuée fin 2006 comme prévue à cause des troubles socio politiques et a été reportée ultérieurement.

La carence en iode est en diminution au Tchad

La carence en iode est un problème majeur de santé publique qui compromet la survie de l’enfant, réduit les potentialités humaines et a un impact négatif sur la productivité.

Le dépistage des TDCI, effectué en 2003 sur 1873 enfants de 6 à 12 ans, a établi un taux de prévalence du goitre de 5,5 % au niveau national et de 0 % pour le crétinisme et la surdi-mutité, établissant que la population du Tchad est actuellement touchée par une endémie très légère de goitre, qui affecte en particulier les populations vivant dans les Régions de Ouaddaï, Biltine, Batha et Salamat. Chez les 1492 sujets de 10 à 20 ans, il a été noté une réduction spectaculaire de la prévalence des TDCI dans toutes les zones géo climatiques entre 1993 et 2003.

Les maladies à flambées épidémiques, notamment le choléra et les méningites sont fréquents et désorganisent parfois la réponse du système de santé.

Les données de la surveillance épidémiologique rapportent 14000 cas de choléra enregistrés en 1991 avec un taux de létalité de 9,6%. De 1991 à nos jours, le pays a été touché presque chaque année par une épidémie de choléra. La dernière épidémie remonte à 2006 où 1675 cas ont été enregistrés avec un taux de létalité de 4%.

A l’image du choléra, des épidémies de méningite sont enregistrés pratiquement chaque année et causent de nombreux décès. En 1989, le service de la surveillance épidémiologique a enregistré 3 018 cas de méningites dont 5,6% de décès. Les taux de létalité les plus élevés sont observés en 1991 (12,5%), 2002 (17%), 2003 (16%), 2004 (16,31%) et  2005 (13%).

Autres maladies 

Les maladies non transmissibles comme les maladies cardiovasculaires dont l’Hypertension Artérielle (HTA), le rhumatisme articulaire aigu, le diabète, les cancers et plus particulièrement ceux du col de l’utérus et du sein, les insuffisances respiratoires la drépanocytose, la fièvre typhoïde …. continuent de prendre de l’ampleur et constituent un problème de santé publique.

Certains facteurs de risque tels que l’alimentation inappropriée, l’inactivité physique, le tabagisme, la consommation abusive d’alcool, l’obésité jouent un rôle important dans l’émergence de ces maladies non transmissibles.

En effet, selon les estimations de l’OMS, ces maladies non transmissibles seront à l’origine d’ici l’an 2020 de 60% des cas de tous les décès enregistrés en Afrique si aucune mesure n’est prise rapidement.

Au Tchad, selon les données d’une enquête nationale réalisée en 1999, la prévalence de l’HTA est de 30% chez les personnes de plus de 55 ans en milieu urbain.

La prévalence du diabète est de 7,36% dans la population générale.

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II-2 Le Système National de Santé

L’organisation actuelle du MSP est régie par le décret N360/PR/PM/MSP /2006 du 23 mai 2006 portant organigramme du Ministère de la Santé Publique.

Cette organisation conserve les principes de la Politique nationale de santé qui a été élaborée dans le cadre de la Table ronde sectorielle de Mars 1999. En ce qui concerne l’organisation administrative, cette politique est fondée sur un plan de découpage sanitaire calqué sur le découpage administratif et est structurée par une organisation pyramidale à trois niveaux : central, intermédiaire, et périphérique.

Le pays est découpé en 18 délégations sanitaires régionales, 64 districts dont 56 fonctionnels et 911 zones de responsabilité dont 639 fonctionnelles. Le taux de couverture sanitaire théorique est de 70% en 2005 (DSIS, 2005).

II-2-1 Niveau Central

Le niveau central comprend l’administration centrale, les programmes nationaux de santé, le Conseil National de Santé et les institutions nationales. Il a pour rôle la conception et l’orientation de la politique sanitaire du pays, est chargé d’élaborer les politiques de santé, de coordonner les aides extérieures, de superviser, d’évaluer et de contrôler la mise en œuvre des programmes nationaux.

II-2-2 Niveau Intermédiaire

Le niveau intermédiaire est constitué de 18 Délégations Sanitaires Régionales (DSR), des Conseils Régionaux de Santé et des institutions sanitaires régionales. Il est chargé de la coordination de la mise en œuvre de la politique de santé. Il apporte un appui technique au niveau périphérique.

II-2-3 Niveau Périphérique

Le niveau périphérique comprend 64 Districts Sanitaires dont 56 fonctionnels répartis entre les 18 DSR. Il est la cheville ouvrière du système et est chargé de la mise en œuvre de la politique nationale de santé. Il est constitué aussi des conseils de santé de district et des conseils de santé des zones de responsabilité. Le district sanitaire est divisé en zones de responsabilité disposant chacune d’un centre de santé. Il se compose de deux échelons : le premier échelon représenté par le centre de santé et le deuxième échelon par l’hôpital de district.

Il est chargé de l’exécution des activités définies par la politique sanitaire. Le centre de santé offre le paquet minimum d’activités (PMA) qui comprend des activités préventives, curatives et promotionnelles, tandis que l’hôpital de district prend en charge le paquet complémentaire d’activités (PCA)

II-3 Problèmes du Système National de Santé :

I-3-1 Problèmes liés à l’organisation, au fonctionnement et à la gestion du secteur public

Le bilan de la mise en œuvre de la PNS 1999-2001 a mis en évidence des insuffisances dans l’organisation, la gestion et la disponibilité en ressources à différents niveaux.

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a) Au niveau central

Les faiblesses relevées concernent la conception et la programmation des orientations stratégiques. Il s’agit:

- des faiblesses des capacités de planification, de coordination, de suivi, de supervision; d’évaluation et de contrôle;

- de l’insuffisance de dotation en ressources, particulièrement humaines;

- des insuffisances dans les formulations et la mise en œuvre des stratégies nationales:

- de lenteur du processus de décentralisation;

- de l’insuffisance dans la circulation de l’information.

b) Niveau intermédiaire

Comme au niveau précédent, on note une insuffisance en ressources. Il a été constaté également une faiblesse de coordination dans la mise en œuvre de la politique sanitaire.

b) Niveau périphérique

Ce niveau rencontre un certain nombre de difficultés, notamment une insuffisance en ressources humaines, matérielles et financières ; une insuffisance dans la mise en œuvre du PMA et PCA, en terme d’offre de services et de couverture sanitaire.

II-3-2 Problèmes liés à l’offre de soins

Une faiblesse des déterminants liés à l’offre des soins est observée. Des insuffisances dans l’accès, la disponibilité, l’utilisation, la couverture et la qualité des soins ont été soulignés par différentes sources notamment l’EDST 2 et les statistiques sanitaires du MSP en 2005. Les données rapportées soulignent ; (i) une faible couverture en structures de soins ; (ii) une inadéquation des plateaux techniques dans les structures de santé; (iii) une faible opérationnalité du mécanisme et du système de référence et contre référence; (iv) une faible qualité dans la prestation de soins; (v) une insuffisance dans l’organisation des services; (vi) une insuffisance dans la gestion des Médicaments Essentiels génériques (MEG), vaccins, Anti Retoviro (ARV) et produits contraceptifs; (vii) une insuffisance des moyens de communication ; (vii) une implantation anarchique des structures de soins suite aux décisions politiques; (ix) une insuffisance des infrastructures, équipements médico-techniques ainsi que leur maintenance à tous les niveaux ; (x) le non respect des normes et procédures des prestations par les structures privées et confessionnelles de soins.

Par ailleurs, en 2003, les conflits armés ont provoqué le déplacement des milliers de personnes, dont 200 000 à l’Est et 45 000 au sud du Tchad. Cette arrivée massive des réfugiés n’est pas sans incidences tant du point de vue économique que socio sanitaire notamment sur l’organisation de l’offre des services de santé pour répondre aux besoins de ces personnes vulnérables.

II-3-3 problèmes Liés au développement des ressources humaines

L’accès, la disponibilité et la qualité de l’offre de soins sont particulièrement liés à la disponibilité, à la qualité et à la motivation du personnel. Malheureusement, le secteur de la santé souffre d’un double handicap dans ce domaine: un déficit en ressources humaines aussi bien quantitatif que qualitatif et une mauvaise répartition géographique du personnel disponible. Ce handicap est plus accentué pour certaines catégories de ressources humaines en 2005: médecins (1 pour 27 680 habitants) contre (1 pour 10000, norme OMS), infirmiers (1 pour 6453 habitants) contre (1 pour

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5000, norme OMS) et sages-femmes (1 pour 9074 femmes en âge de procréer) contre (1 pour 5000, norme OMS). A cela, il faut ajouter une insuffisance en médecins spécialistes.

Les principales faiblesses du développement des ressources humaines sont ; (i) une mauvaise gestion du personnel; (ii) une insuffisance du quotas de recrutement annuel accordé par l’Etat; (iii) une insuffisance de crédits alloués à la formation initiale et continue; (iv) une absence de plan de carrière et de politique de motivation; (v) un vieillissement du personnel; (vi) une absence de règlementation des structures de formation privées de santé; (vii) un manque de concertation entre le MSP et le Ministère de l’Enseignement Supérieur dans le recrutement et la formation des étudiants en médecine.

II-3-4 Problèmes liés aux médicaments

Le secteur pharmaceutique a fait depuis cinq ans des avancées significatives tant sur le plan institutionnel que dans le domaine de l’approvisionnement. Cependant, la consolidation et la pérennisation des acquis encore fragiles sont nécessaires et un grand effort reste à faire pour assurer à la population des médicaments de qualité et accessibles. Les principales insuffisances liées au secteur sont les suivantes:

La Loi N° 24 relative à la pharmacie souffre d’un manque d’application en raison de la faiblesse des inspections pharmaceutiques et vétérinaires ;

Les importations et l’origine des produits pharmaceutiques qui entrent dans le pays sont insuffisamment connues ;

Le marché parallèle est un fléau qui menace dangereusement la santé des populations. Il se développe dans tout le pays;

L’absence d’un laboratoire de contrôle de qualité des produits pharmaceutiques ;

Le système d’approvisionnement du secteur public est confronté à des grandes difficultés (i) des approvisionnements irréguliers et des ruptures de stock fréquentes ; (ii) d’importants délais de paiement de ses principaux clients et en particulier l’Etat ; (iii) des créances fournisseurs très importantes, qui risquent d’entamer sa crédibilité ; (iv) une faible maîtrise de la gestion des stocks et de la gestion financière ; (v) un niveau peu fonctionnel des Pharmacies Régionales d’Approvisionnement (PRA) ; (vi) un non-respect des procédures d’achat.

Le manque de cadre de concertation efficace entre les tradipraticiens et le MSP dû au fait des résistances de certains tradipraticiens ;

L’absence de mécanisme de contrôle des prix dans le secteur pharmaceutique privé lucratif;

L’utilisation peu rationnelle des médicaments par les professionnels et les consommateurs ;

L’insuffisance de programmes de formation continue sur la thérapeutique et les médicaments qui font que ceux ci sont mal utilisés;

Le service d’information et de documentation pharmaceutique qui éditait le journal « Médicament et Santé» n’est plus opérationnel faute de moyens financiers. La seule source d’information thérapeutique pour les agents de santé reste celle des laboratoires pharmaceutiques qui n’est pas toujours objective et qui reste limitée aux grands centres.

II-3-5 Problèmes liés au financement de la santé

Le financement du secteur de la santé provient de 3 sources: (i) l’État au travers de son budget Général; (ii) les bailleurs de fonds, les Organisations Internationales et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui apportent des contributions de plus en plus importantes au secteur; (iii) les populations qui contribuent au financement de la santé au travers du recouvrement des coûts mais aussi par leurs dépenses auprès des prestataires privés.

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Le secteur de la santé est faiblement financé de manière globale et plus particulièrement par l’Etat. La faible mobilisation des ressources financières de l’Etat, des partenaires extérieurs et de la communauté limite fortement l’offre de soins et affecte l’état de santé de la population.

a) Le bilan du financement du secteur de la santé

i. Dépenses financées par l’État

De 2003 à 2007, le budget de la santé n’a jamais atteint 10% du budget général de l’Etat

Dans le secteur de la santé, le Gouvernement du Tchad finance tous les titres de dépenses, à savoir les dépenses de personnel, de biens et services, de transfert et d’investissement. Cependant, le niveau de ce financement est faible par rapport aux engagements du pays pour l’affectation d’au moins 15% du budget global au secteur de la santé (engagement d’Abuja). L’évolution du budget du MSP par rapport au budget global de l’Etat montre une faiblesse de la dotation et un niveau de dépenses réelles très faible. Selon les Lois de Finances de 2003-2007, la part du budget du MSP par rapport au budget général de l’Etat est passé de 8,44% en 2003 à 4,2% en 2006 et à 5, 3% en 2007.

En dépit de cette faiblesse d’allocation, l’exécution effective du budget (base engagement) selon le Ministère des Finances varie chaque année : 86,9% en 2003, 85, 8% en 2004, 65,4% en 2005 et 75,6% en 2006. Ce chiffre ne reflète pas toute la réalité car le financement extérieur est exécuté a plus 80% au titre des investissements.

Les dépenses de santé à partir du budget de fonctionnement de l’État ont diminué assez sensiblement au cours des années 2003 – 2005 pour se retrouver à un niveau équivalent en 2006 (tableau 1). Ces dépenses ont augmenté sensiblement en 2007, en grande partir grâce à l’augmentation des transferts.

Les dépenses de personnels ont aussi augmenté sur la même période à cause des nouveaux recrutements et des avancements réguliers du personnel en poste.

Les dépenses d’investissements représentent plus de la moitié du budget du ministère de la santé publique. Ce fort niveau d’investissement s’explique par le fait que les interventions des bailleurs sont très importantes mais en diminution.

Tableau 1   : Evolution du budget de la Santé en milliers de francs CFA

  2003 2004 2005 2006 2007

TOTAL 33 408 625 34 301 134 36 623 857 30 424 367 36 216 653

Personnel 5 294 633 5 920 980 5 482 600 7 073 699 8 073 413

Biens et Services 8 111 992 6 621 169 5 717 096 5 600 890 7 100 240

Transferts 900 000 1 000 000 1 200 000 1 400 000 5 000 000

Fonctionnement 14 306 625 13 542 149 12 399 696 14 074 589 20 173 653

Investissements 19 102 000 20 758 985 24 224 161 16 349 778 16 043 000

dont intérieur 4 810 248 1 431 539 6 227 053 4 959 110 6 340 000

dont extérieur 14 291 752 19 327 446 17 997 108 11 390 668 9 703 000

Fonct. en FCFA par habitant 1 770,6 1 632,8 1 456,2 1 609,8 2 247,5

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En % du budget de l'État 8,44% 7,08% 6,95% 4,20% 5,30%

Invest en % du total MSP 57% 61% 66% 54% 44%

Part des invest. ext. en % du total MSP 43% 56% 49% 37% 27%

Source : INSEED et Ministère des Finances, 2007

Sur la période 2003-2007, l’augmentation du budget du MSP est presque entièrement due à l’augmentation des dépenses de fonctionnement notamment celles du personnel.

La part des aides extérieures dans le budget de l’Etat a diminué de moitié entre 2004 et 2007 (56 % à 27%). La loi de finances 2007 a prévu 9,7 milliards de FCFA d’aides extérieures réparties à raison de 67% de dons et 33% de prêts

.

Tableau 2   : Evolution de l’exécution du budget (base engagement) du MSP

  2003 2004 2005 2006TOTAL 29 028 846 29 414 427 23 970 213 22 996 186

Personnel 4 111 403 5 553 531

2 507 021 6 396 569

Biens et Services 6 859 708 5 212 326 1 911 882 2 426 370 Transferts 900 000 1 000 000 1 000 000 1 300 000 Fonctionnement 11 871 111 11 765 857 5 418 904 10 122 939

Investissements 17 157 735 17 648 570 18 551 309 12 873 247 dont intérieur 2 865 983 1 394 859 2 265 163 1 482 579 dont extérieur 14 291 752 16 253 710 16 286 146 11 390 668 % Engagé 86,9% 85,8% 65,4% 75,6%

Source   : MFI,

ii. Dépenses de santé financées par la population

Le recouvrement des coûts supporté par la population est d’environ 2,133 milliards de FCFA en 2005 dont 1,474 milliards de FCFA pour l’achat de médicaments (source annuaire statistiques 2005). La proportion du recouvrement des coûts par rapport au budget de l’Etat en 2005 est de l’ordre de 5,86%.

iii. Dépenses de santé financées par le secteur privé et les ONG

Il n’y a pas des données exhaustives sur le financement de la santé par le secteur privé.

b) Les perspectives d’évolution des ressources financières

Le dernier document de cadrage macroéconomique de l’INSEED de 2007 indique le taux de croissance attendu du PIB jusqu’en 2009. Les perspectives de croissance sont peu optimistes avec des taux annuels pour 2007, 2008 et 2009 respectivement de 0,8%, 0,8% et 1,3%.

Cette prévision est fondée sur la fin des investissements du secteur pétrolier et le faible impact des investissements publics pour relancer les autres secteurs privés. La fragilité structurelle de l’économie tchadienne - faible diversification du secteur agricole et des exportations, étroitesse du secteur industriel, dépendance climatique - rend les perspectives économiques peu favorables à un réel décollage de l’économie hors secteur pétrolier.

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Les recettes fiscales de l'État devraient substantiellement s’accroître en 2007 avant de baisser fortement. Cependant les dépenses devraient être stables en 2008 et 2009 grâce aux mécanismes de stabilisation des recettes pétrolières mis en place fin 2006 par le Gouvernement.

II-3-6 Problèmes liés à la coopération internationale et au partenariat dans le secteur Santé

La collaboration et la concertation entre les acteurs sont essentielles pour le développement du secteur de la santé. L’apport des autres Départements (l’Education, l’Eau, l’Action Sociale, le Transport etc…), des partenaires internationaux, des ONG et de la société civile a contribué à l’amélioration de l’accès et de la couverture de l’offre en soins de santé. Cependant cet apport reste d’une part insuffisant au regard des besoins actuels et mal coordonné d’autre part.

Le Partenariat avec les autres secteurs publics dans le cadre de la collaboration intersectorielle est peu développé et reste timide et fragilise la synergie des interventions inter sectorielles.

L’appui des partenaires n’est pas suffisamment coordonné, ce qui limite l’impact des interventions dans le secteur.

II-3-7 Partenariat avec les ONGs et la société civile

Le développement de la politique contractuelle a certes permis d’améliorer les liens contractuels entre le MSP et les ONG, mais est restée très limité. La politique contractuelle n’est pas suffisamment diffusée (rapport d’évaluation, 2005) et tous les guides de mise en œuvre ne sont pas élaborés. Les principaux problèmes liés à la faiblesse du partenariat sont : (i) la méconnaissance de la politique contractuelle et des guides de mise en œuvre de cette politique ; (ii) l’absence de guides dans les domaines du médicament et de la participation communautaire; (iii) l’insuffisance d’outils d’évaluation et de suivi des résultats des ONG contractualisées; iv) la faiblesse dans le fonctionnement des structures de coordination et de suivi de la mise en œuvre de la politique contractuelle ; (v) l’insuffisance du développement de certains volets de l’approche  « participation communautaire »  (planification, mise en oeuvre, suivi - évaluation, prise de décision) ; (vi) la faible contribution de la société civile dans le secteur de la santé.

II-3-8 Secteur privé et son implication dans le développement sanitaire

Le secteur privé à but lucratif et non lucratif est un acteur incontournable dans l’amélioration de l’accès et de la disponibilité des soins. La collaboration entre le MSP et le secteur privé à but non lucratif est bien amorcée ces dernières années et se structure de mieux en mieux à travers la politique contractuelle. Par contre, avec le secteur à but lucratif, cette relation est timide. Sur le terrain, la contribution des écoles de santé privées, des cliniques médicales et de cabinets de soins est certes une réalité, qui cependant n’est pas prise en compte dans la carte sanitaire nationale.

Les principales difficultés que rencontre ce domaine se résument à : (i) l’insuffisance dans le respect des normes en ressources et procédures par les acteurs privés à but non lucratif ; (ii) l’insuffisance de la qualité des soins dans les formations sanitaires des secteurs privés à but lucratif et non lucratif ; (iii) l’insuffisance de coordination, suivi et supervision des formations sanitaires à but lucratif et non lucratif ; (iv) l’absence de réglementation régissant les écoles privées; (v) le non respect des normes et procédures réglementant les conditions d’exercice des pharmacies, cliniques

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et cabinets et leur mode de fonctionnement ; (vi) la faible implication des pharmacies, cliniques et cabinets privés dans les activités promotionnelles et de prévention ;

II-4 Santé publique et développement durable

La santé publique est une partie intégrante du bien-être des populations et représente à ce titre une condition sine qua non du développement. Elle est un moyen d’assurer un développement équilibré et harmonieux du pays et une répartition équitable des services de santé, contribue à l’équilibre entre les milieux ruraux et urbains et permet d’atténuer les disparités régionales.

La santé publique est aussi un des facteurs importants de lutte contre la pauvreté. En coordonnant les actions avec certains secteurs tels que, l’Education, l’Action Sociale, le Développement Rural..., elle contribue à atténuer la pauvreté extrême des groupes particulièrement vulnérables dans la société tchadienne.

II-5 Déterminants de santé

Plusieurs facteurs influencent la santé des populations tchadiennes. Parmi les plus importants, sont à noter : les facteurs politiques et institutionnels, les facteurs socioculturels, les facteurs environnementaux et les facteurs liés au système de santé.

II-5-1 Les facteurs politiques et institutionnels 

Le facteur positif est surtout l’engagement politique des autorités nationales et des partenaires en faveur du secteur de la santé. Par contre, les insuffisances en matière de coordination, de collaboration intersectorielle et de financement entravent l’exécution des programmes de santé.

II-5-2 Les facteurs socioculturels 

Le faible niveau d’éducation en général et la pauvreté de la population associée aux préjugés diminuent l’impact des activités sur les changements de comportement favorables à la santé.

Sur le plan alimentaire, de mauvaises habitudes associées dans certains groupes à la non accessibilité à une alimentation équilibrée, associé à certaines croyances sur la consommation de certains aliments, sont à l’origine de nombreux cas de malnutrition et constituent de ce fait un déterminant essentiel de la santé. Le statut de la femme dans la société et sa faible responsabilisation dans la prise de décisions limite l’impact des efforts pour le changement de comportement de la population.

II-5-3 Les facteurs politiques et socio-économiques

Le faible pouvoir d’achat des populations limite leur accès aux soins de santé. Cette situation de pauvreté favorise la consommation d’aliments, de médicaments et autres produits non contrôlés, nocifs pour la santé.

Le développement des villes avec leurs corollaires, notamment l’augmentation du parc automobile et la criminalité sont à l’origine de traumatismes et de la mortalité y afférente.

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Par ailleurs, la protection sociale est faible, voire inexistante. Le volet assurance maladie est très peu développé, tandis que la protection sociale traditionnelle a tendance à s’effriter.

Enfin, la recrudescence des conflits armés et intercommunautaires fragilise toute action de développement en général et ne facilite pas une programmation à moyen et long terme.

II-5-4 Les facteurs environnementaux

Ils sont responsables de nombreuses maladies infectieuses et parasitaires dont la prévention est rendue difficile par le bas niveau d’instruction des populations et les faibles moyens susceptibles d’assurer un diagnostic fiable.

En matière d’hygiène et d’assainissement de base, le réseau d'égouts dans les centres urbains est quasi absent et il n’existe pas de système efficace de traitement des déchets solides et liquides. L’utilisation des latrines reste très limitée en raison de l’absence d’installations notamment en zone rurale et dans les quartiers pauvres des milieux urbains.

L’évacuation anarchique des ordures ménagères et des excretats est un problème de salubrité publique de première importance qui engendre d’autres problèmes tels que la prolifération des mouches, des moustiques, des cafards, des rats … vecteurs des maladies.

Un faible pourcentage de la population a accès à l'eau potable (36%) et la qualité douteuse de l'eau de consommation et des aliments est très favorable à l’éclosion des maladies hydriques et alimentaires.

Les insuffisances dans l’élimination des médicaments et autres produits périmés ainsi que la mauvaise gestion des déchets au niveau des formations sanitaires contribuent à la dégradation de l’environnement, déterminant important de la santé.

II-5-5 Les facteurs liés au fonctionnement du système de santé publique

Le système de santé publique est peu performant, avec des mécanismes de financement peu fiables et ne répondant que partiellement aux besoins de la population. A cet effet, la population a de plus en plus recours à la médecine traditionnelle et au secteur privé.

Les conditions de travail peu satisfaisantes des professionnels, la répartition inégale du personnel entre les zones rurales et urbaines, l’exécution partielle des budgets, l’absence de ressources additionnelles, le peu d’intérêt accordé au développement sanitaire comme partie intégrante et préalable du développement socio-économique et humain, ont une grande influence sur la performance du système de santé.

II-5 Facteurs favorisants et contraintes du Système National de Santé (SNS)

Entre 2007-2009 les recettes seront stables grâce au mécanisme de stabilisation des recettes pétrolières indirectes. Par ailleurs l’engagement des hautes autorités de l’Etat à consacrer 70% de l’ensemble des dépenses du budget de l’Etat aux secteurs prioritaires dont la santé est un atout.

L’exécution du budget d’investissement du MSP par le Ministère des Infrastructures, la faible allocation budgétaire, la faible mobilisation des ressources prévues sur le budget de l’Etat  et la

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résurgence des conflits constituent des contraintes qui pourraient influencer négativement le développement du SNS.

III SCENARII DE DEVELOPPEMENT DU SNS TCHAD 2007-2015

Les forces et faiblesses du SNS du Tchad qui ressortent de l’analyse de situation nous amènent à formuler trois scénarii possibles pour le contexte de développement du système de santé, en tant que « histoires consistantes, logiques et crédibles qui pourront sûrement arriver dans l’avenir »[4].

Des variables pour décrire la situation actuelle ont été choisies pour faciliter l’analyse et la compréhension de ces différents scenarii:

i) le contexte : développement socio-économique et son impact dans la santé ; ii) les ressources allouées : le financement du secteur santé ; iii) les prestations de services : l’organisation du système et l’offre de soins de santé.

En fonction des possibilités d’évolution de la situation globale, les trois scenarii possibles sont :

III-1 1er scénario : maintien de la situation actuelleLe 1er Scénario, le plus pessimiste serait le maintien du statu quo avec la persistance des facteurs adverses au développement de la santé et des conditions de vie de la population.

III-2 2ème scénario : amélioration modérée et permanente des déterminants de la santé

La Politique Nationale de Santé se base sur le 2ème scénario qui est le plus réaliste et qui consisterait en une évolution modérée et permanente des facteurs déterminants de la Santé.

III-3 3ème scénario : évolution très positive des facteurs favorisants de la santé Il s’agit d’un scénario possible et souhaitable, dans des conditions de stabilité politique et de développement économique.

La vision de la Politique Nationale de Santé actuelle s’inscrit en droite ligne sur le 2ème

scénario qui implique un fort engagement politique, une amélioration de la situation socioéconomique et du financement du système de santé et une meilleure organisation de

l’offre des services.

Sur le plan politique, le Tchad devrait connaître une stabilisation de sa situation politique, avec l’arrêt des conflits armés et intercommunautaires, un apaisement de la tension sociale et la reprise du dialogue entre les acteurs politiques.

Sur le plan socio économique, le pays connaîtra une accélération modérée de la croissance avec des créations d’emplois et des investissements importants. Il résultera de cette situation: 

L’amélioration de la condition de vie de la population ;

La diminution modérée de l’impact négatif du VIH/SIDA sur l’économie avec la maîtrise de ce fléau ;

4[?]- Perspective en santé : le développement sanitaire sur la base de scénarii. Bureau Régional de l’OMS pour l’Afrique. Brazzaville 2000.

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La diminution modérée du taux de chômage ;

Le développement modéré de réseaux routiers et moyens de communication ainsi que de l’énergie électrique.

Ces conditions contribueront à :

La réduction de la mortalité infanto-juvénile et maternelle ;

La diminution du taux de prévalence du VIH/SIDA ;

La baisse du taux d’analphabétisme ;

L’accès à l’eau potable ;

L’amélioration de l’environnement ;

La réduction modérée du taux d’accroissement démographique (3,1%)

Sur le plan du financement du système de santé, le Tchad espère:

Une augmentation du budget de la santé jusqu’à 20% du budget global ;

Le maintien de l’apport extérieur en valeur réel ;

Une augmentation de la dépense de santé per capita ;

La réduction du taux de recouvrement des coûts par rapport au budget ;

Le développement du tiers- payant pour la prise en charge des coûts de santé des utilisateurs ;

L’amélioration du plateau technique des formations sanitaires et des effectifs du personnel qualifié.

Sur le plan de l’organisation du SNS et de la capacité de l’offre des services, le Tchad s’efforcera à:

Mettre en œuvre le « Plan de Gestion de Ressources Humaines »;

Consolider la décentralisation de la gestion des ressources;

Améliorer les réponses sociales et la prise en charge des problèmes liés au VIH/SIDA ;

Réduire la morbidité et la mortalité ;

Renforcer la collaboration avec le secteur privé;

Renforcer le partenariat avec les communautés pour la gestion des services de santé ;

Développer les actions de promotion de la santé pour le changement de comportement.

IV VISION DU DEVELOPPEMENT SANITAIRE AU TCHAD A L’HORIZON 2015

La vision du développement sanitaire au Tchad à l’horizon 2015, est d’améliorer la santé de la population tchadienne. Elle s’inscrit dans le cadre de la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), avec comme instrument de mise en œuvre la stratégique nationale de réduction de la pauvreté (SNRP).

Cette vision est soutenue par l’engagement de la plus haute autorité de l’Etat, le Président de la République, Chef de l’Etat. Elle consacre l’adhésion du Gouvernement au processus de réforme du secteur de la santé et son engagement en faveur de la mobilisation des ressources au bénéfice du secteur.

Le premier défi est de contrôler les facteurs responsables des taux élevés de morbidité et de mortalité qui touchent particulièrement les enfants et les femmes, notamment les maladies,

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l’exclusion et l’ignorance, dans un contexte de bonne gouvernance et de développement dynamique du système de santé

Le deuxième défi est d’améliorer la capacité de gestion et de financement durable du système national de santé, intégrant les domaines clinique et de santé publique, et basé sur une plus grande motivation du personnel. Un SNS adapté à la diversité culturelle et sociologique du pays, capable de répondre aux besoins des utilisateurs.

Le troisième défi est de créer des conditions nécessaires pour une mobilisation adéquate, une distribution équitable et une gestion efficiente des ressources, dans un contexte politique et socio-économique stable.

Ainsi, en 2015, le Tchad devrait connaître une situation favorable pour un développement sanitaire durable, où les individus et les communautés seront mieux informés sur les risques liés aux maladies et sur leurs droits à la santé. Ils seront ainsi plus conscients de leur rôle dans la préservation de leur santé, ainsi que dans la gestion et le financement des soins de santé.

V VALEURS ET PRINCIPES DIRECTEURS

La Politique Nationale de Santé découle de l’analyse des besoins sanitaires de la population et s’appuie sur les valeurs nationales et les valeurs universelles contenues dans la Loi fondamentale du Tchad ainsi que sur les principes fondamentaux des instituions internationales, notamment les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et la stratégie pour la réduction de la pauvreté (SNRP).

Il s’agit :

i) des droits de l’homme dont le droit à la santé ;

ii) de la solidarité entre citoyens ;

iii) de l’équité dans l’accès aux soins ;

iv) de l’éthique dans les pratiques professionnelles ;

v) de la prise en compte de l’approche genre ;

vi) de l’intégration des activités de soins ;

vii) de la décentralisation du système.

La Politique Nationale de Santé vise à améliorer l’état de santé de la population en dotant la Nation d’un système de santé cohérent, performant et accessible à tous les citoyens, orienté vers les soins de santé primaires à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, et soutenu par un système hospitalier performant. Elle s’attache ainsi à :

1. Sélectionner des stratégies et des approches à haut impact sur les OMD, reposant sur des bases factuelles et ayant un bon rapport coût/efficacité telles que la Stratégie Africaine d’Accélération pour le Survie et le Développement de l’Enfant (SAASDE), la feuille de route pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, etc…..;

2. Promouvoir la transparence et la responsabilité à tous les niveaux notamment l’obligation de rendre compte dans l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ;

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3. Renforcer le partenariat avec les différents acteurs, notamment le secteur privé,les associations de la société civile et professionnelles pour une meilleure utilisation des ressources et une meilleure coordination des activités de santé ;

4. Définir clairement les rôles et responsabilités aux différents niveaux du système, y compris le niveau communautaire pour une compréhension commune des stratégies visant à améliorer les indicateurs de santé en mettant l’accent sur la décentralisation de la prise de décision et l’établissement des contrats de performance entre les différents acteurs.

VI OBJECTIFS DE LA PNS

VI-1 Objectif global

Assurer à la population l’accès aux services de base de qualité pour accélérer la réduction de la mortalité et de la morbidité, afin de contribuer à l’atteinte des OMD à l’horizon 2015.

VI-2 Objectifs spécifiques

1. Réduire la mortalité maternelle de 1099 à 275 décès pour 100.000 naissances vivantes d’ici à 2015;

2. Réduire la mortalité néonatale de 48 à 12 pour mille naissances vivantes d’ici à 2015 ;3. Réduire la mortalité infanto juvénile de 191 à 64 pour mille naissances vivantes d’ici à

2015;4. Réduire la transmission du VIH et l’impact du SIDA; 5. Maîtriser le paludisme, la tuberculose et les autres maladies prioritaires (maladies

épidémiques, maladies à élimination et éradication, maladies émergentes, maladies non transmissibles) et commencer à inverser la tendance actuelle;

6. Assurer une meilleure disponibilité et une utilisation rationnelle des médicaments sûrs, efficaces, de bonne qualité et à un coût abordable pour les populations;

7. Assurer la disponibilité des ressources humaines en quantité et en qualité à tous les niveaux.

VII ORIENTATIONS STRATÉGIQUES

Les grands axes stratégiques de la politique sanitaire du Tchad s’articulent autour des points suivants : (i), renforcement de l’organisation et de la gestion du système national de santé y compris les secteurs privé et traditionnel(ii) amélioration de l’accès et de la disponibilité des services de santé de qualité; (iii) renforcement des interventions contre les principales maladies ; (iv) amélioration de la prestation de soins de qualité aux femmes et aux enfants ; (v) développement et gestion rationnelle des ressources pour la santé; (vi) partenariat dans la santé.

VII-1 Renforcement de l’organisation et de la gestion du système national de santé y compris les secteurs privé et traditionnel

Cette orientation, basée sur la mise en œuvre d’une décentralisation effective, vise à renforcer le développement harmonieux des trois niveaux du SNS.

Ainsi dans l’optique d’un développement simultané à chaque niveau des aspects de gestion et de prestation de soins  en partenariat avec le secteur privé, l’orientation vise : 

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Renforcer le processus de planification et de gestion à tous les niveaux (central, intermédiaire et périphérique y compris communautaire) afin d’améliorer la cohérence des interventions par : (i) l’amélioration des capacités techniques et administratives du niveau central pour supporter les niveaux intermédiaires et périphériques ; (ii) le renforcement des mécanismes de gestion pour les rendre plus transparents y compris dans les communautés ; (iii) le renforcement de la coordination des services, des interventions des partenaires et des autres secteurs à tous les niveaux.

Développer les outils pertinents telle que l’élaboration des plans stratégiques, des plans opérationnels, des micro plans ainsi que le monitorage des interventions afin d’améliorer la gestion du système de santé ;

Renforcer la coordination des services, des interventions des partenaires et des autres secteurs à tous les niveaux ;

Renforcer les mécanismes de suivi, d’évaluation, de contrôle et de supervision aux différents niveaux ;

Restructurer les programmes nationaux pour un recentrage sur leurs rôles essentiels5 ;

Renforcer le processus de décentralisation / déconcentration des ressources et de compétences pour augmenter la performance des districts sanitaires ;

Accélérer la reforme hospitalière pour améliorer la capacité technique et d’intervention de ces structures ;

Poursuivre la mise en œuvre de la contractualisation ;

Renforcer le Système National d’Information Sanitaire en intégrant les nouvelles informations et en facilitant leur utilisation;

Définir et mettre en œuvre une « stratégie nationale en matière de recherche dans le secteur de la santé » qui stimule une culture de la recherche opérationnelle et l’utilisation des ces résultats pour renforcer le système de santé;

Renforcer la politique nationale de maintenance pour assurer un fonctionnement optimal des équipements et infrastructures ;

Élaborer et mettre en place, dans le secteur privé, des normes et standards de qualité pour réglementer l’offre de soins de santé ;

Mettre en place les mécanismes de supervision de l’exercice privé de santé et s’assurer de l’application des normes et standards ;

Développer un partenariat avec le secteur privé de santé qui permettra, en complémentarité avec le secteur public, d’augmenter l’offre des services et des soins de qualité ;

Intégrer dans la carte sanitaire les services de santé de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), des sociétés et ceux relevant des forces armées, en tenant compte de l’offre de soins à toute la population desservie ;

Faciliter l’ouverture des guichets pour la vente des MEG dans les officines privées ;

Renforcer la collaboration entre la médecine traditionnelle et moderne.

VII-2 Amélioration de l’accès et de la disponibilité des services de santé de qualité

5 Rôles de conception des aspects techniques, organisation des interventions aux différents niveaux, renforcement des capacités opérationnelles et, mobilisation des ressources à mettre à la disposition des formations sanitaires)

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Cette orientation est basée d’une part sur l’amélioration de l’accès géographique, économique et culturel des populations aux soins, et d’autre part sur le renforcement de la participation des communautés aux différents niveaux du système de santé. Il s’agit de:

Rendre opérationnels progressivement tous les districts sanitaires (centres de santé et hôpitaux, directions des districts), et hôpitaux régionaux existants ;

Augmenter progressivement la couverture en centres de santé et hôpitaux par la construction et la réhabilitation, conformément à la carte sanitaire et à la disponibilité des ressources humaines, matérielles et financières pour les rendre opérationnels ;

Accélérer le développement des stratégies d’offres de services et de soins fixes, avancées et mobiles pour améliorer la couverture et l’accès des populations aux services avec une attention particulière aux plus vulnérables et démunies;

Développer les relais communautaires et d’autres stratégies telles que les Pratiques Familiales Essentielles au niveau des ménages;

Mettre en place des mécanismes favorisant l’accès aux soins et aux médicaments essentiels à la population et en particulier aux populations démunies vivant dans des zones d’accès difficiles;

Mettre en place des mécanismes de protection de toute la population contre les risques maladies (mutuelles, micro assurances, assurances maladies,…) ;

Développer un partenariat avec les secteurs privés formels à but lucratif et non lucratif et avec les communautés;

Renforcer et faire appliquer les normes de qualité, les procédures et l’accueil aux différents niveaux du système des soins pour améliorer l’utilisation des services ;

Développer une « stratégie nationale de promotion de la santé » pour un changement de comportement, pour la mobilisation des acteurs des formations sanitaires, pour le plaidoyer efficace à différents niveaux afin de promouvoir les bonnes pratiques en matière de santé dans les administrations publiques et privées.

VII-3 Renforcement des interventions contre les principales maladies

Cette orientation vise à assurer une offre intégrée de soins de santé primaires et de soins hospitaliers pour améliorer la qualité de la réponse aux maladies transmissibles et non transmissibles en particulier le paludisme, la tuberculose, le VIH/SIDA et l’ HTA, le diabète et les autres maladies prioritaires.

Elle consiste à :

Renforcer la mobilisation des ressources pour faire face aux maladies transmissibles et non transmissibles ;

Renforcer les capacités managériales et opérationnelles des programmes nationaux et des formations sanitaires pour lutter efficacement contre les maladies transmissibles et non transmissibles ;

Renforcer les mécanismes de surveillance épidémiologique et de riposte aux épidémies ;

Mettre en œuvre des mesures promotionnelles et préventives à efficacité prouvée ;

Développer des stratégies de communication pour le changement de comportement adaptées aux différents contextes ;

Développer et mettre en œuvre les stratégies d’encadrement psychosocial, de prise en charge et de réinsertion des personnes souffrant des troubles mentaux à différents niveaux du système de santé y compris le niveau communautaire ;

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Développer des stratégies pouvant améliorer la prise en charge des problèmes de santé des personnes âgées ;

Développer des actions intersectorielles de prévention et de promotion pour améliorer la santé environnementale: mise en place d’un code d’hygiène et d’une politique en matière d’assainissement.

VII-4 Amélioration de la prestation de soins de qualité aux femmes et aux enfants

L’orientation vise à placer la santé de la femme et de l’enfant au centre de toutes les interventions eu égard à la situation sanitaire précaire de ce groupe vulnérable. Ces interventions consistent à :

Développer les activités intégrées de promotion, de prévention et de prise en charge aux différents niveaux y compris communautaire (PEV Plus, PCIME Plus et CPN Plus) conformément à la Stratégie Africaine d’Accélération pour la Survie et le Développement de l’Enfant ;

Assurer de façon correcte la prévention et la prise en charge des cas de malnutrition modérée et sévère chez les enfants de moins de cinq ans aux différents niveaux du système de santé y compris communautaire ;

Développer la prévention de la transmission mère- enfant/PTME du VIH/SIDA dans les formations sanitaires ;

Développer et mettre en œuvre les Stratégies Nationales pour la Réduction de la Mortalité Maternelle et Néonatale (feuille de route nationale pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale) dans toutes ses composantes à savoir : Soins Obstétricaux Essentiels (SOE), Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence de Base et Complets (SONUB/SONUC), et le Bien être Familial/Planniing Familial (BEF/PF) et autres aspects socioculturels6.

VII-5 Développement et gestion rationnelle des ressources pour la santé

VII-5-1 Ressources humaines

Les ressources humaines constituent un élément fondamental pour le développement des activités de santé et la performance du SNS. Cette orientation consiste à:

Renforcer les politiques et stratégies de gestion des RH pour la santé en mettant l’accent sur : (i) les stratégies de motivation du personnel à tous les niveaux ; (ii) le plan de carrière (iii) le plan et le programme de formation et de suivi/supervision ; (iv) le mouvement et la répartition du personnel ;

Renforcer les compétences des RH de santé. Au niveau de la formation initiale: (i) le renforcement des compétences des enseignants ; (ii) la révision du curricula de formation ; (iii) la révision des outils d’évaluation; (iv) le renforcement des capacités des écoles de formation. Au niveau de la formation continue : (i) le renforcement des compétences des formateurs (ii) le renforcement des outils de formation ; (iii) l’amélioration de la coordination suivi et évaluation des formations.

VII-5-2 Ressources financières

6 Les soins obstétricaux essentiels/SOE dans tous les centres de santé et les soins obstétricaux et néonatals d’urgence complets/SONUC dans tous les hôpitaux.

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Le droit à la santé, réaffirmé par la Constitution de la République du Tchad, exige de l’État une mobilisation de ressources financières additionnelles. Cet effort de mobilisation des ressources doit s’accompagner d’un renforcement de la réglementation de l’utilisation ainsi que de la redistribution équitable de ces ressources. L’orientation stratégique vise à :

Améliorer la gestion des ressources financières disponibles à travers : (i) la mise en place d’un plan annuel d’actions prioritaires liés aux objectifs de la politique nationale de santé; (ii) l’adoption des normes et critères précis pour l’allocation et l’utilisation des crédits de la loi des finances;

Augmenter progressivement l’apport effectif de l’Etat au secteur de la santé pour atteindre 20% du budget national conformément aux accords pris au niveau international;

Mettre en place des procédures de décaissement spécifiques pour le secteur de la santé qui tiennent compte des priorités définies dans le document de la PNS;

Réviser les mécanismes de recouvrement des coûts en améliorant les procédures et la gestion;

Augmenter et coordonner les apports des partenaires pour compléter le financement du secteur de santé dans le cadre du développement de l’approche sectorielle;

Développer des mécanismes de financement du système impliquant les communautés, l’Etat et les partenaires extérieurs (mutuelles, micro assurance santé, assurance volontaire et obligatoire) ;

Mettre en place une politique d’exemption et de prise en charge des indigents et des personnes vulnérables à tous les niveaux du système de santé.

VII-5-3 Médicaments

L’assurance d’une meilleure disponibilité et d’une utilisation rationnelle des médicaments sûrs, efficaces, de bonne qualité et à un coût abordable pour les populations est une condition essentielle pour la qualité de la réponse d’un système de santé aux besoins dictés par le profil épidémiologique. L’orientation stratégique vise à :

Assurer une gestion efficace du circuit d’approvisionnement et distribution du médicament de qualité à tous les niveaux;

Améliorer la disponibilité géographique et l’accessibilité financière des MEG avec un accent particulier sur la forme pédiatrique et maternelle;

Promouvoir le développement de la pharmacopée, de la médecine traditionnelle pour la production des médicaments traditionnels améliorés;

Développer la formation adéquate des ressources humaines pour le secteur pharmaceutique ;

Développer le système d’assurance qualité (homologation, inspection, contrôle de qualité et pharmacovigilance);

Promouvoir un partenariat avec l’Organisation de la Propriété Intellectuelle (OAPI) et autres institutions pour la production locale de médicaments dont les brevets sont tombés dans le domaine public.

VII-5-4 Autres ressources

La décentralisation des soins de santé prévoit l’offre de services complémentaires de diagnostic le plus proche possible des communautés desservies. Le développement des services dans le PMA et le PCA, en fonction des ressources disponibles est important pour améliorer la réponse aux besoins de la population. Pour cela, il est nécessaire de:

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Développer les services de diagnostic et thérapeutique au niveau des hôpitaux des districts ;

Renforcer les services de diagnostic et thérapeutique des hôpitaux régionaux et nationaux ;

Assurer une meilleure disponibilité des équipements d’appui au diagnostic et des consommables;

Définir et mettre en œuvre une stratégie d’acquisition des équipements et infrastructures sanitaires ;

Définir et mettre en œuvre une stratégie de maintenance à différents niveaux du système de santé;

VII-6 Partenariat dans la santé

Le partenariat est un élément clé dans les interventions en santé publique et un cadre multilatéral de collaboration pour l’optimisation des ressources. Il s’agit de :

Développer une capacité nationale de coordination pour une meilleure efficacité des interventions des partenaires;

Développer un partenariat pour la collaboration intersectorielle pour l’implication effective de la société civile, des ONG et des communautés à tous les stades de la mise en œuvre de la PNS.

Développer la participation des communautés aux différents niveaux du système de santé pour renforcer l’organisation et la gestion des activités de santé ;

Renforcer le collaboration inter et intra sectorielle ;

Renforcer les capacités du MSP dans la mise en œuvre de la politique contractuelle.

VIII CADRE DE MISE EN ŒUVRE

La mise en œuvre de la Politique Nationale de Santé se fera à travers un Plan National de Développement Sanitaire (PNDS). Le PNDS sera traduit en plans d’action annuels pour la mise en œuvre des activités aux différents niveaux de la pyramide sanitaire. Dans l’élaboration de ces plans, une participation élargie de tous les acteurs de santé, y compris les organisations de la société civile est requise.

Le Gouvernement a la principale responsabilité dans la mise en œuvre de la Politique Nationale de Santé, à travers la mobilisation des ressources nécessaires, une définition des procédures de gestion rigoureuse et l’établissement d’une coopération bilatérale et multilatérale efficace ainsi qu’un partenariat interne dynamique pour la réalisation des activités.

Le Ministère de la Santé Publique a la responsabilité de la mise en œuvre et du suivi de la PNS .

Certaines contraintes pourront poser des difficultés à la mise en œuvre de la PNS, parmi lesquelles la situation économique et financière du pays, le niveau de pauvreté, les problèmes socioculturels et de comportement, qu’il faudrait prendre en compte dans la proposition de solutions des problèmes identifiés. A cet effet, le Ministère de la Santé Publique va réaliser des études dans le cadre du développement de la recherche opérationnelle pour documenter ces questions complexes entravant la mise en œuvre afin d’éclairer la prise de décisions.

En outre, il faut avoir à l’esprit que la résolution des ces problèmes est possible dans un cadre d’action multi et intersectorielle ayant un effet direct et important sur l’état de santé de la population.

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IX MÉCANISMES DE SUIVI ET D’ÉVALUATION

Le Gouvernement devra assurer le suivi et l’évaluation régulier de la mise en œuvre de la PNS.

Les outils de base de ce processus seront les évaluations techniques et financières des plans annuels.

La Division du Système d’Information Sanitaire (DSIS) sera renforcée pour la collecte et l’analyse des données afin de soutenir la prise des décisions rapides et efficaces.

Des évaluations externes seront prévues pour compléter les évaluations internes.

Le Conseil National de Santé sera mis à contribution pour assurer le suivi de la mise en œuvre de la PNS.

L’Assemblé Nationale sera informée régulièrement de l’état d’avancement de la mise en œuvre de la PNS.

Le Ministère devra créer une « structure de gestion du PNDS » dont la composition sera élargie aux partenaires au développement sanitaire pour assurer une mise en œuvre harmonieuse et équilibrée des interventions sur la base d’un « manuel de procédures » et approuvée par le Gouvernement.

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Conclusion

Le bilan de la mise en œuvre de la PNS 1999-2006 a révélé d’une part, d’importants problèmes de santé de la population en termes de morbidité et de mortalité; et d’autre part, les problèmes liés à l’organisation des services notamment la faiblesse de la disponibilité, de l’accès, de l’utilisation et de la qualité ont été mis en évidence.

Le développement de l’approche sectorielle santé se veut une réponse à ce constat. La nouvelle PNS 2007-2015 est un élément de cette approche qui comprend en plus de l’élaboration d’une PNS, deux autres composantes : l’élaboration d’un plan national de développement sanitaire et d’un cadre de dépenses à moyen terme santé ou budget programme.

La PNS 2007-2015, est orientée vers l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et utilise la stratégie nationale de réduction contre la pauvreté comme un des moyens pour y parvenir. Ses objectifs épousent ceux des OMD. Cependant le niveau des objectifs de la PNS sera adapté aux capacités du système national de santé dans le PNDS.

Le processus de élaboration de la PNS a été participatif. Tous les acteurs du secteur de la santé y ont été associés afin de faciliter son appropriation et la mobilisation des ressources pour sa mise en œuvre.

Le cadre de mise en œuvre de la présente PNS sera basé sur le PNDS et les plans d’action annuels. Une structure de coordination sera créée à cet effet. Des mécanismes et outils du suivi de la mise en œuvre seront développés. Et enfin, le système national d’informations sanitaires sera renforcé pour assurer le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre de la PNS.

10-04-2023 34