POLITIQUE métropolisation Metz sur la carte Rossinot : «On ... · carte des grandes villes de...

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Région Jeudi 22 Décembre 2016 TTE 7 1 M etz ne disparaîtra pas de la carte des grandes villes de France. L’agglomération mes- sine qui compte 44 communes a senti le vent du boulet. Mais, mardi, l’Assemblée nationale s’est finalement prononcée, contre l’avis du Sénat, en faveur de l’élargissement de la liste des métropoles de 15 à 22. Le combat n’était pas gagné d’avance. A l’Assemblée nationale, le groupe Les Républicains avait donné pour consigne de ne pas voter ce projet de loi qui sera promulguée en février 2017. La proximité l’a parfois emporté sur la discipline partisane. Patrick Weiten vote "contre" « Denis (Jacquat) et moi avons voté pour », précise Céleste Lett, député- maire LR de Sarreguemines. Tous les parlementaires LR mosellans n’ont pas eu la même attitude. Alain Marty, député-maire de Sarre- bourg, en désaccord avec d’autres dispositions de cette loi, a voté contre, en s’assurant préalablement que Metz décrocherait son statut de métropole. Plus lourd de sens, le vote contre de Patrick Weiten, député UDI mais sur- tout président du Conseil départemen- tal. Ce dernier, ardent défenseur de l’échelon départemental, n’a jamais caché son scepticisme face au proces- sus de métropolisation. L’union sacrée n’a donc pas été sans faille derrière Dominique Gros, maire socialiste de Metz et Jean-Luc Bohl, président LR de l’actuelle com- munauté d’agglomération. 150 millions d’euros débloqués La visibilité était l’un des enjeux majeurs. Mais pas le seul. A l’heure où près de la moitié des intercommunali- tés disparaissent pour se fondre en plus grand et en plus intégré, l’Etat encourage les métropoles, forme la plus achevée de la coopération inter- communale. En 2016, un fonds de 150 millions d’euros a été débloqué pour les 15 métropoles déjà existantes, dont Nancy. « Mon calendrier est de passer en métropole en janvier 2018 en même temps que nous devions passer en communauté urbaine », annonce Dominique Gros. L’entourage de Jean- Luc Bohl ne réfute pas cette échéance tout en restant prudent pour ne pas froisser les 44 maires qui devront être consultés. Ces derniers auront ensuite à organiser des délibérations dans chacun de leur conseil municipal. Départements grignotés Une opération qui aura peu de conséquences directes sur les citoyens, même si leur vie quotidienne n’est pas absente de cette refonte. Le statut de métropole donne des compétences supplémentaires prises sur celles des départements. La ges- tion de la voirie passe automatique- ment dans son giron. Trois compéten- ces supplémentaires doivent être prises sur une liste de neuf. La quasi-totalité des métropoles existantes ont fait le choix, négocié avec leurs conseils départementaux respectifs, de la gestion des fonds de solidarité pour le logement, de l’inser- tion sociale et professionnelle des jeunes et, enfin, de la prévention auprès des jeunes et des familles en difficultés. La moitié a, en plus, préempté la culture. La métropole de Metz pourra, égale- ment, sur demande, récupérer des compétences régionales dont les lycées et le développement économi- ques. Ces dernières ressources sont séduisantes mais lourdes. Gageons que Philippe Richert, président de Grand Est, ne plombera pas l’entrée en métropole de Jean-Luc Bohl, son 1 er vice-président. P. R. POLITIQUE métropolisation Metz sur la carte de France des grandes villes Metz n’a pas raté le train de la métropolisation, qui ne repassera plus. Mais que va-t-elle changer réellement ? A-t-elle une chance de s’étendre jusqu’à Thionville ? Rossinot : «On a eu raison de se battre » «L’ accès de Metz au statut de métropole oblige les élus du nord mosellan à se poser les bonnes questions », réagit Pierre Cuny, le maire de Thion- ville et président de l’agglomé- ration Portes de France-Thion- ville. Pierre Cuny n’a jamais été hostile à l’idée d’une métro- pole Metz-Thionville. « Mais chaque chose en son temps, dit-il. Un jour Thionville rejoindra peut-être Metz dans l’aventure métropolitaine. Mais il y a un préalable indis- pensable : pour peser, le nord mosellan, doit s’organiser sur le plan politique. » Les lignes bougent Aujourd’hui, ce territoire est morcelé en six intercommuna- lités dont deux communautés d’agglomération (Portes de France-Thionville et le Val de Fensch). Mais les lignes bougent. Les six présidents viennent de créer une association de coo- pération, baptisée Nord Moselle +. Trois d’entre eux (les présidents des deux agglos et celui de la commu- nauté de communes du Pays Haut Val-d’Alzette) travaillent également à une fusion à l’horizon 2022. « Ceci ne nous empêche pas, parallèlement, de nous rapprocher de Metz, poursuit Pierre Cuny. Avant de consti- tuer, peut-être un jour, une métropole politique avec Metz, nous voulons cons- truire une métropole de pro- jets. C’est ce que nous faisons en matière de santé, d’ensei- gnement supérieur, d’environ- nement avec la mise en place de la loi Gemapi (gestion des milieux aquatiques et préven- tion des inondations) et d’éco- nomie puisque nous venons de livrer une contribution commune dans le cadre de l’élaboration du schéma régio- nal de développement écono- mique. Sur tous ces sujets, je suis en relation constante avec Dominique Gros et Jean-Luc Bohl (respectivement maire socialiste de Metz et président LR de l’actuelle communauté d’agglomération). » A. V. Thionville veut une métropole de projets La deuxième agglomération de Moselle souhaite travailler avec la métropole messine mais n’est pas encore prête à la rejoindre. Pierre Cuny, maire de Thionville. Photo Julio PELAEZ « C’est la preuve que nous avons eu raison de nous battre très tôt », dixit André Rossinot, président de la métropole du Grand Nancy. En entrant dans le club encore très fermé des gran- des métropoles françaises, le Grand Nancy a accédé à une autre échelle. En six mois, les dossiers ont avancé, à l’image des compétences transférées entre le département de Meur- the-et-Moselle et la nouvelle métropole : « La voirie, le fonds d’aide aux jeunes, le tourisme, la culture et le sport pour les transferts, le fonds de solidarité du logement pour les déléga- tions », explique André Rossi- not, qui prépare et négocie avec Mathieu Klein pour le départe- ment et Philippe Richert pour la région, les contrats métropoli- tains. C’est d’ailleurs, sur la base du contrat Etat-Métropole du Grand Nancy, qu’un pacte à près de 6 M€ de dotation a été signé : « En deux volets, l’innovation et la coopération territoriale », confirme André Rossinot, qui réagit à l’arrivée de Metz dans le concert métropolitain : « C’est la suite d’un processus. Qui prouve bien que nous avons eu raison de nous battre très tôt. Le Grand Nancy rentrait dans les critères de la loi Maptam de 2014, et a dû, pour être reconnu, produire un dossier solide, qui a légitimé notre avancée. » Alors que Metz bénéficie aujourd’hui d’un nouveau dis- positif législatif, le président de la métropole du Grand Nancy reconnaît « que la ville a été doublement touchée par la perte de la préfecture de région et du siège du conseil régional. Elle bénéficie de nouvelles disposi- tions qui lui permettent de pas- ser métropole en tant qu’ancienne capitale adminis- trative régionale. C’est donc pour elle une juste reconnais- sance. » André Rossinot voit là une étape supplémentaire pour travailler en réseau avec le sillon nord sud associant Thionville, Metz, Epinal et Nancy. Pascal SALCIARINI Désaccord de la commission mixte Députés et sénateurs ont échoué hier à s’accorder sur une version com- mune du projet de loi sur le statut de Paris, le désaccord portant notamment sur la fusion des quatre premiers arrondissements. Réunis en commission mixte pari- taire (CMP), 7 députés et 7 sénateurs ne sont pas parvenus à dégager un compromis sur ce projet, qui avait été adopté mardi par l’Assemblée et début novembre par le Sénat dans des ver- sions différentes. Le texte devra donc faire l’objet d’une nouvelle lecture. Il reviendra devant les députés le 17 janvier. Ces derniers devraient confirmer le vote favorable. Outre la fusion des arrondisse- ments, dénoncée par la droite, majori- taire au Sénat, comme un « calcul politicien », les désaccords concer- nent aussi l’extension prévue des métropoles, qui doivent passer de 15 à 22. La disposition, qui doit concerner Saint-Etienne, Toulon, Orléans, Dijon, Tours, Clermont-Ferrand et Metz, avait été supprimée par la chambre haute.

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RégionJeudi 22 Décembre 2016 TTE 71

Metz ne disparaîtra pas de lacarte des grandes villes deFrance. L’agglomération mes-

sine qui compte 44 communes a sentile vent du boulet. Mais, mardi,l’Assemblée nationale s’est finalementprononcée, contre l’avis du Sénat, enfaveur de l’élargissement de la liste desmétropoles de 15 à 22.

Le combat n’était pas gagnéd’avance. A l’Assemblée nationale, legroupe Les Républicains avait donnépour consigne de ne pas voter ceprojet de loi qui sera promulguée enfévrier 2017. La proximité l’a parfoisemporté sur la discipline partisane.

Patrick Weiten vote "contre"

« Denis (Jacquat) et moi avons votépour », précise Céleste Lett, député-maire LR de Sarreguemines. Tous lesparlementaires LR mosellans n’ont paseu la même attitude.

Alain Marty, député-maire de Sarre-bourg, en désaccord avec d’autresdispositions de cette loi, a voté contre,en s’assurant préalablement que Metzdécrocherait son statut de métropole.

Plus lourd de sens, le vote contre dePatrick Weiten, député UDI mais sur-tout président du Conseil départemen-tal. Ce dernier, ardent défenseur del’échelon départemental, n’a jamaiscaché son scepticisme face au proces-sus de métropolisation.

L’union sacrée n’a donc pas étésans faille derrière Dominique Gros,maire socialiste de Metz et Jean-LucBohl, président LR de l’actuelle com-munauté d’agglomération.

150 millions d’euros débloqués

La visibilité était l’un des enjeuxmajeurs. Mais pas le seul. A l’heure oùprès de la moitié des intercommunali-tés disparaissent pour se fondre enplus grand et en plus intégré, l’Etatencourage les métropoles, forme laplus achevée de la coopération inter-communale.

En 2016, un fonds de 150 millionsd’euros a été débloqué pour les 15

métropoles déjà existantes, dontNancy.

« Mon calendrier est de passer enmétropole en janvier 2018 en mêmetemps que nous devions passer encommunauté urbaine », annonceDominique Gros. L’entourage de Jean-Luc Bohl ne réfute pas cette échéancetout en restant prudent pour ne pasfroisser les 44 maires qui devront êtreconsultés. Ces derniers auront ensuiteà organiser des délibérations danschacun de leur conseil municipal.

Départements grignotés

Une opération qui aura peu deconséquences directes sur lescitoyens, même si leur vie quotidiennen’est pas absente de cette refonte.

Le statut de métropole donne descompétences supplémentaires prisessur celles des départements. La ges-tion de la voirie passe automatique-ment dans son giron. Trois compéten-ces supplémentaires doivent êtreprises sur une liste de neuf.

La quasi-totalité des métropolesexistantes ont fait le choix, négociéavec leurs conseils départementauxrespectifs, de la gestion des fonds desolidarité pour le logement, de l’inser-tion sociale et professionnelle desjeunes et, enfin, de la préventionauprès des jeunes et des familles endifficultés. La moitié a, en plus,préempté la culture.

La métropole de Metz pourra, égale-ment, sur demande, récupérer des

compétences régionales dont leslycées et le développement économi-ques. Ces dernières ressources sontséduisantes mais lourdes. Gageonsque Philippe Richert, président de

Grand Est, ne plombera pas l’entrée enmétropole de Jean-Luc Bohl, son 1er

vice-président.

P. R.

POLITIQUE métropolisation

Metz sur la cartede France des grandes villesMetz n’a pas raté le train de la métropolisation, qui ne repassera plus. Mais que va-t-elle changer réellement ? A-t-elle une chance de s’étendre jusqu’à Thionville ?

Rossinot : «On a eu raisonde se battre »

«L’accès de Metz austatut de métropoleoblige les élus du

nord mosellan à se poser lesbonnes questions », réagitPierre Cuny, le maire de Thion-ville et président de l’agglomé-ration Portes de France-Thion-ville.

Pierre Cuny n’a jamais étéhostile à l’idée d’une métro-pole Metz-Thionville. « Maischaque chose en son temps,dit-il. Un jour Thionvillerejoindra peut-être Metz dansl’aventure métropolitaine.Mais il y a un préalable indis-pensable : pour peser, le nordmosellan, doit s’organiser surle plan politique. »

Les lignes bougentAujourd’hui, ce territoire est

morcelé en six intercommuna-lités dont deux communautésd’agglomération (Portes deFrance-Thionville et le Val deFensch).

Mais les lignes bougent. Lessix présidents viennent decréer une association de coo-pérat ion, baptisée NordMoselle +. Trois d’entre eux(les présidents des deux

agglos et celui de la commu-nauté de communes du PaysHaut Val-d’Alzette) travaillentégalement à une fusion àl’horizon 2022.

« Ceci ne nous empêchepas, parallèlement, de nousrapprocher de Metz, poursuitPierre Cuny. Avant de consti-tuer, peut-être un jour, unemétropole politique avecMetz, nous voulons cons-truire une métropole de pro-jets. C’est ce que nous faisonsen matière de santé, d’ensei-gnement supérieur, d’environ-nement avec la mise en placede la loi Gemapi (gestion desmilieux aquatiques et préven-tion des inondations) et d’éco-nomie puisque nous venonsde livrer une contributioncommune dans le cadre del’élaboration du schéma régio-nal de développement écono-mique. Sur tous ces sujets, jesuis en relation constante avecDominique Gros et Jean-LucBohl (respectivement mairesocialiste de Metz et présidentLR de l’actuelle communautéd’agglomération). »

A. V.

Thionville veut une métropole de projetsLa deuxième agglomération de Mosellesouhaite travailler avec la métropole messine mais n’est pas encore prête à la rejoindre.

Pierre Cuny, maire de Thionville.Photo Julio PELAEZ

« C’est la preuve que nousavons eu raison de nous battretrès tôt », dixit André Rossinot,président de la métropole duGrand Nancy. En entrant dans leclub encore très fermé des gran-des métropoles françaises, leGrand Nancy a accédé à uneautre échelle. En six mois, lesdossiers ont avancé, à l’imagedes compétences transféréesentre le département de Meur-the-et-Moselle et la nouvellemétropole : « La voirie, le fondsd’aide aux jeunes, le tourisme,la culture et le sport pour lestransferts, le fonds de solidaritédu logement pour les déléga-tions », explique André Rossi-not, qui prépare et négocie avecMathieu Klein pour le départe-ment et Philippe Richert pour larégion, les contrats métropoli-tains.

C’est d’ailleurs, sur la base ducontrat Etat-Métropole duGrand Nancy, qu’un pacte à prèsde 6 M€ de dotation a été signé :« En deux volets, l’innovation etla coopération territoriale »,confirme André Rossinot, quiréagit à l’arrivée de Metz dans leconcert métropolitain : « C’estla suite d’un processus. Quiprouve bien que nous avons euraison de nous battre très tôt. LeGrand Nancy rentrait dans lescritères de la loi Maptam de2014, et a dû, pour être reconnu,produire un dossier solide, qui alégitimé notre avancée. »

Alors que Metz bénéficieaujourd’hui d’un nouveau dis-positif législatif, le président dela métropole du Grand Nancyreconnaît « que la ville a étédoublement touchée par la pertede la préfecture de région et dusiège du conseil régional. Ellebénéficie de nouvelles disposi-tions qui lui permettent de pas-s e r m é t r o p o l e e n t a n tqu’ancienne capitale adminis-trative régionale. C’est doncpour elle une juste reconnais-sance. » André Rossinot voit làune étape supplémentaire pourtravailler en réseau avec le sillonnord sud associant Thionville,Metz, Epinal et Nancy.

Pascal SALCIARINI

Désaccord de la commission mixteDéputés et sénateurs ont échoué

hier à s’accorder sur une version com-mune du projet de loi sur le statut deParis, le désaccord portant notammentsur la fusion des quatre premiersarrondissements.

Réunis en commission mixte pari-taire (CMP), 7 députés et 7 sénateursne sont pas parvenus à dégager uncompromis sur ce projet, qui avait été

adopté mardi par l’Assemblée et débutnovembre par le Sénat dans des ver-sions différentes.

Le texte devra donc faire l’objetd’une nouvelle lecture. Il reviendradevant les députés le 17 janvier. Cesderniers devraient confirmer le votefavorable.

Outre la fusion des arrondisse-ments, dénoncée par la droite, majori-

taire au Sénat, comme un « calculpoliticien », les désaccords concer-nent aussi l’extension prévue desmétropoles, qui doivent passer de 15à 22.

La disposition, qui doit concernerSaint-Etienne, Toulon, Orléans,Dijon, Tours, Clermont-Ferrand etMetz, avait été supprimée par lachambre haute.