Pledorie

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Plaidoirie : Monsieur le Juge, Mesdames et Messieurs les jurés. Qui accusons-nous aujourd’hui ? Une femme abandonnée, esseulée, trompée et abusée… et pourtant une femme combattante, courageuse et dévouée ! Comment peut-on accepter que cet homme, qui a eu le bonheur de l’avoir pour épouse, la traîne devant nos tribunaux ! Et pourquoi ? Pour une horrible accusation de maltraitance ! Mesdames et messieurs les Jurés vous n’êtes pas sans savoir que la question de la maltraitance infantile n’est pas sujette à plaisanterie ! Et pourtant cet homme vil et manipulateur s’en sert ouvertement pour gagner son petit divorce ! Oui, vous avez le droit d’être interloqués, choqués voire horrifiés chers Jurés. Cette femme méritante élève seule ses quatre petits garçons, je dis bien seule. Ils ont un père certes mais un père qui « rentre souvent tard chez lui » quand « les enfants sont déjà couchés ». Un homme qui considère que les femmes au foyer ne font « rien de [leurs] journées », qui ne s’occupent pas de ses enfants le week-end… je ne parle pas seulement de faire le dîner ou de ranger la maison, je parle de jouer, de passer du temps avec ses fils ! Non cet homme ne le fait car « c’est le boulot de [sa] femme ça ! [qu’il] travaille bien assez comme cela ! »… Cet homme considère que donner de l’amour à des enfants est un travail, peut-être même une corvée ! Un père qui a demandé le divorce pour une obscure amante ? Un père qui abandonne sa femme et ses enfants… voici de quoi est faite l’accusation. Cet homme a laissé cette femme faire front à la vie et essayer d’élever quatre garçons particulièrement dynamiques voire hyperactifs qui n’hésitent pas à arracher un portillon, à exprimer leur créativité sur un pauvre chien, à jouer sur un lit double et ce fut la fois de trop… Un concours de circonstances, le destin, la fatalité, la faute à pas de chance, appelez cela comme vous voudrez, Monsieur le juge, Toujours est-il que ce soir là ces quatre enfants se sont retrouvés

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Pledorie la limba franceza - in limba franceza Facultatea de Drept anul 1

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Page 1: Pledorie

Plaidoirie :

Monsieur le Juge, Mesdames et Messieurs les jurés.

Qui accusons-nous aujourd’hui ? Une femme abandonnée, esseulée, trompée et abusée… et pourtant une femme combattante, courageuse et dévouée !

Comment peut-on accepter que cet homme, qui a eu le bonheur de l’avoir pour épouse, la traîne devant nos tribunaux ! Et pourquoi ? Pour une horrible accusation de maltraitance !

Mesdames et messieurs les Jurés vous n’êtes pas sans savoir que la question de la maltraitance infantile n’est pas sujette à plaisanterie ! Et pourtant cet homme vil et manipulateur s’en sert ouvertement pour gagner son petit divorce !

Oui, vous avez le droit d’être interloqués, choqués voire horrifiés chers Jurés.

Cette femme méritante élève seule ses quatre petits garçons, je dis bien seule. Ils ont un père certes mais un père qui « rentre souvent tard chez lui » quand « les enfants sont déjà couchés ».

Un homme qui considère que les femmes au foyer ne font « rien de [leurs] journées », qui ne s’occupent pas de ses enfants le week-end… je ne parle pas seulement de faire le dîner ou de ranger la maison, je parle de jouer, de passer du temps avec ses fils ! Non cet homme ne le fait car « c’est le boulot de [sa] femme ça ! [qu’il] travaille bien assez comme cela ! »… Cet homme considère que donner de l’amour à des enfants est un travail, peut-être même une corvée !

Un père qui a demandé le divorce pour une obscure amante ? Un père qui abandonne sa femme et ses enfants… voici de quoi est faite l’accusation.

Cet homme a laissé cette femme faire front à la vie et essayer d’élever quatre garçons particulièrement dynamiques voire hyperactifs qui n’hésitent pas à arracher un portillon, à exprimer leur créativité sur un pauvre chien, à jouer sur un lit double et ce fut la fois de trop…

Un concours de circonstances, le destin, la fatalité, la faute à pas de chance, appelez cela comme vous voudrez, Monsieur le juge, Toujours est-il que ce soir là ces quatre enfants se sont retrouvés aux Urgences parce qu’ils sont tombés de ce lit double ! La mère de ma cliente peut l’attester : Jonathan est d’abord tombé, puis Allan et Kévin et enfin Nicolas… Où était Mr Jones à ce moment là ? Au travail ? Dans les bras de son amante ? On peut même imaginer qu’il prenait un verre au bistrot avec ses amis !

Toujours est-il qu’il n’était pas là, que ma cliente a du affronter seule les urgences, craignant pour la santé de chacun de ses enfants.

Ajoutez à cela la fatigue accumulée par le dur labeur du quotidien, le sentiment d’abandon de son mari et vous obtenez une femme détruite, désespérée, culpabilisée, épuisée qui a eu besoin de s’évader de cette vie imposée par un mari peu attentionné qui l’a abandonné!

Monsieur le Juge, ma cliente aime profondément ces enfants, mais n’importe quelle Maman dans ces conditions aurait pu craquer. Je vous demande de ne pas retenir les accusations portées à l’encontre de ma cliente et de l’acquitter.

Je vous remercie de votre attention.