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Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) Compilation des rapports, Janvier-Décembre 2015

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Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits

Humains (POHDH)

Compilation des rapports, Janvier-Décembre 2015

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Table des matières Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014 ............ 4

SIGLES ET ACRONYMES ............................................................................................................... 5

RESUMЀ ANALYTIQUE .................................................................................................................. 6

INTRODUCTION ............................................................................................................................... 8

1) CONTEXTE ................................................................................................................................ 8

2) OBJECTIFS .............................................................................................................................. 10

3) CADRE JURIDIQUE DE PROTECTION DES DEFENSEURS DES DROITS DE

L’HOMME ........................................................................................................................................ 10

Normes Internationales ................................................................................................................. 10

Normes Régionales ........................................................................................................................ 13

Normes Nationales ........................................................................................................................ 14

4) CHAMP D’APPLICATION ET METHODOLOGIE ............................................................... 15

5) GROUPE DE DÉFENSEUR(E)S DES DROITS DE L’HOMME LES PLUS EXPOSÉS ...... 16

5.1 Les militants et membres des Organisations des Droits Humains ................................... 16

5.2 Les journalistes et professionnels des médias ................................................................... 16

5.3 Certains membres du pouvoir judiciaire ........................................................................... 17

5.4 Les Parlementaires de l’opposition ................................................................................... 17

5.5 Les femmes Défenseures des Droits de l’Homme .............................................................. 17

6) EVALUATION DES RISQUES CONCERNANT LES DEFENSEUR(E)S DES DROITS DE

L’HOMME ........................................................................................................................................ 18

Menaces Principales ..................................................................................................................... 19

Vulnérabilité .................................................................................................................................. 19

7) CONTRIBUTION DES DIFFERENTS DEFENSEUR(E)S DES DROITS DE L’HOMME A

LA CONSTRUCTION D’UN ETAT DE DROIT DEMOCRATIQUE ........................................... 20

Dénonciation ................................................................................................................................. 20

Défense des principes Républicaines et des acquis Démocratiques ............................................. 20

Contribution au renforcement institutionnel ................................................................................. 20

8) PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS ............................................................ 21

Portée de l’enquête ........................................................................................................................ 21

Résultats de l’enquête .................................................................................................................... 23

Incidences d’agressions et de menaces contre les Défenseur(e)s de Droits de l’Homme ............. 23

Age et nombre d’années engagées dans le secteur des Droits Humains ....................................... 24

Départements ................................................................................................................................. 25

Domaine de travail dans le secteur des Droits Humains ............................................................... 26

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Source des agressions et menaces ................................................................................................. 27

Déposition des plaintes et suivi des cas par les autorités .............................................................. 28

Connaissance et utilisation des organisations, instruments et mécanismes de protection et

d’accompagnement des Défenseur(e)s de Droits de l’Homme. .................................................... 29

Les femmes défenseures des Droits Humains ............................................................................... 30

9) REPONSE DE L’ETAT A LA SITUATION DES DEFENSEUR(E)S DES DROITS DE

L’HOMME EN HAITI ...................................................................................................................... 31

Les mesures conservatoires ........................................................................................................... 31

10) CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ..................................................................... 33

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................ 35

ANNEXE : Fiche d’Enquête ............................................................................................................. 36

DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME VICTIMES DE VIOLATION DE LEURS DROITS

........................................................................................................................................................... 40

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits

de l’Homme en Haïti 2013-2014

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

SIGLES ET ACRONYMES

AFO Association des Femmes de O’Borgnes

CDH Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies

CIDH Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme

DDDH Déclaration des Défenseurs des Droits de l’Homme

DDH. Défenseur(e)s de Droits de l’Homme

DUDH Déclaration Universelles des Droits de l’Homme

HCDH Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme

INDH Institutions Nationales des Droits Humains

ONG Organisation Non Gouvernemental

ONU Organisation des Nations Unies

OPC Office de la Protection du Citoyen

PIDCP Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques

PIDESC Pacte International relatif aux Droits Economiques Sociaux et Culturels

POHDH Plate-forme des Organisations Haïtienne des Droits Humains

RNDDH Réseau National de Défense des Droits Humains

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

RESUMЀ ANALYTIQUE

La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains, dans l’objectif de

promouvoir et de défendre les Droits de l’homme s’engage à suivre de près la situation des

Défenseurs et Défenseures des Droits de l’Homme en Haïti. C’est dans ce souci, qu’elle

présente ci-apres un rapport sur les différents types de violations dont les Défenseurs et

Défenseures des Droits de l’homme sont victimes en Haïti de l’année 2013 à 2014. Ce rapport

est structuré de la manière suivante :

Introduction et contexte : Les premières parties du rapport présentent un tableau de la réalité

sociopolitique haïtienne en générale et de la situation de violence en particulier dans laquelle

les défenseurs évoluent par rapport au respect des principes de Droits Humains.

Objectifs et cadre juridique de protection des défenseur(e)s des Droits de l’homme : Ces

parties présentent les objectifs clés du rapport et énumèrent tous les instruments

Internationaux, Régionaux et Nationaux, et les déclarations applicables aux Défenseur(e)s des

Droits de l’Homme (DDH) en Haïti.

Champ d’application, méthodologie et groupes de DDH particulièrement exposés: Ces

parties décrivent la méthodologie utilisée pour la cueillette des données et présentent de

manière succincte les différentes catégories de Défenseur(e)s des Droits de l’Homme qui sont

le plus souvent victimes de violence et de violations de leurs droits.

Evaluation des risques concernant les DDH : Cette partie est divisée en deux sous-parties.

D’abord, les principales menaces auxquelles font face les Défenseurs de Droits de l’Homme

sont identifiées, suivi par une analyse sociopolitique de la société haïtienne qui met en

évidence la position vulnérable des Défenseur(e)s de Droits de l’Homme1.

Contribution des DDH à la construction d’un état de droit démocratique en Haïti : Cette

partie est divisée en trois sous-parties. D’abord les principales revendications des DDH de

différentes catégories sont présentées, suivi par une appréciation de leur importance dans la

lutte pour le maintien d’une société libre démocratique en Haïti, et conclu par une

énumération des acquis démocratiques qui résultent de leur engagement dans la promotion et

la défense des droits de la Personne.

Analyse des résultats: Cette partie présente une analyse des violations des droits des DDH à

la suite de l’enquête qui a été menée auprès des organisations et individus luttant dans le

champ des Droits Humains. Les résultats sont illustrés par des graphes pour une meilleure

compréhension de l’enjeu de la problématique.

1 Dans le cadre de ce rapport les termes Défenseur des Droits de l’Homme, Défenseur des Droits Humains et

Défenseur des Droits de la Personne sont employés pour designer le même groupe d’individu

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Réponse de l’Etat à la situation des DDH : Cette partie comprend deux sous-parties qui

proposent une analyse des mesures conservatoires, des recommandations des Rapporteurs

Spéciaux, des organes de traités et de la contribution de l’Etat au respect et à de la défense des

Droits de la Personne.

Conclusions et recommandations : La partie finale de ce rapport résume brièvement les

conclusions, et fait des recommandations de fonds aux DDH en Haïti, aux Organisations des

Droits Humains, à l’Expert Indépendant sur la situation des Droits Humains en Haïti et à

l’Etat Haïtien, afin d’améliorer la situation sécuritaire actuelle des DDH dans le pays.

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

INTRODUCTION

La Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), à travers sa

mission de protéger et de promouvoir les Droits de l’Homme en Haïti, s’inscrit dans une

dynamique de plaidoyer, de sensibiliser, et s’efforce d’inculquer une culture de Droits

Humains dans le pays. C’est dans cette perspective que ce rapport sur les violations des droits

des Défenseurs et Défenseures des Droits de l’Homme tient lieu de toile de fonds à la

situation de violence dont ils sont victimes de 2013 à 2014, et présente un aperçu de

l’application des principes démocratiques et des libertés fondamentales en Haïti.

La POHDH a constaté que les Défenseurs de Droits Humains sont victimes d’assassinats, de

disparitions, d’agressions physiques et verbales, de menaces et de harcèlements, de

campagnes de diffamation et de restrictions au droit d’accès aux informations détenues par

l’État, de contrôles administratifs et financiers abusifs, et de l’impunité dont jouissent les

auteurs de ces violations.

De ce fait, la Plate-forme estime que les défenseurs et défenseures qui s’engagent pour la

promotion et la protection des Droits de la Personne, nécessitent la reconnaissance de leurs

droits et doivent bénéficier des autorités politiques la garantie des droits consacrés dans la

Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme. Car Imposer le silence aux DDH ou

les empêcher d’exercer leurs activités priverait des milliers de personnes victimes de

violations de leurs droits d’obtenir que la justice leur soit rendue. Dans ce cas, le travail de

protection et de promotion des Droits Humains, le contrôle social du fonctionnement correct

des institutions publiques, l’accompagnement et le soutien judiciaire aux victimes de

violations des Droits Humains entre, toutes ces tâches et d’autres encore courent un grave

danger2.

Ainsi ce rapport présente, entre autres, la situation des Défenseur(e)s de Droits de l’Homme

dans le contexte sociopolitique actuel, ainsi que les normes Nationales et Internationales

applicables en matière de protection et de défense des DDH. De plus, des recommandations

sont proposées à la société civile et Politique, aux autorités, judiciaires et administratives du

pays pour un véritable Etat de Droit démocratique en Haïti.

1) CONTEXTE

Le Haut-commissariat de l’Organisation des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH),

définit les Défenseurs des Droits de l’Homme comme tous individus, groupes et organes de la

société qui promeuvent et protègent les libertés fondamentales et les droits humains

universellement reconnus. Ils cherchent à promouvoir et à protéger les droits civils et

politiques ainsi qu’à promouvoir, protéger et mettre en œuvre les droits économiques, sociaux

2OEA/Ser.L/V/II.124 Doc. 5 rev. 17 mars 2006

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

et culturels3. Le travail des défenseurs des Droits de l’Homme dans le maintien des acquis

démocratiques et républicains deviennent alors fondamentales pour le plein exercice d’un

véritable Etat de Droit Démocratique en Haïti.

En fait, la POHDH a constaté que durant ces deux dernières années, plusieurs défenseurs et

défenseures des Droits de l’Homme ont été victimes d’agressions physiques ou verbales, de

meurtre, de harcèlement, de campagne de dénigrement et d’intimidation de toutes sortes qui

vise à réduire leurs actions dans leurs domaines d’intervention, que ce soit, les Droits Civils et

Politiques, les Droits Economiques, Sociaux et Culturels ou les droits spécifiques.

La Plate-forme a été particulièrement victime de cette situation par l’assassinat le 8 février

2014 de son Coordonnateur Général, l’Ingénieur Daniel DORSINVIL et de sa femme

l’Infirmière Girldy LARЀCHE DORSINVIL. D’autres Institutions membres de la Plate-forme

- telle que le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) – a été également

l’objet de menaces et d’actes d’intimidation. Le Directeur Exécutif du Réseau National de

Défense des Droits Humains (RNDDH) et Secrétaire Exécutif de la Fédération Internationale

des Ligues de Droits de l’Homme M. Pierre ESPERANCE a reçu le 2 avril 2014, une lettre

de menaces contenant une balle, qui lui était personnellement adressée. Dans ce courrier, les

auteurs accusaient ce dernier d’établir de faux rapports dans le but de déstabiliser le

gouvernement, et de porter atteinte à l’honneur des citoyens. Ces mêmes auteurs faisaient

également référence à une attaque subie par M. Espérance en 1999, en le menaçant de ne

« pas le rater » la prochaine fois4.

Dans le nord, deux femmes : Tulina APPOLLON et Marie CHERIZOL, membres de

l’Association des Femmes de O’Borgnes (AFB), ont dû abandonner leurs maisons pour se

protéger contre les partisans d’un Député qui menaçaient d’incendier leurs maisons et ont fait

circuler des menaces écrites sur elles dans toute la zone parce que leur organisation

accompagnait une jeune fille qui a été violée par l’un de ses proches.

Le secteur des Droits Humains n’est pas le seul à être victime de ce phénomène de violence.

Certaines autorités du pouvoir judicaire à cause de leur engagement dans la lutte contre la

corruption ont été également victimes de violation de leurs droits. Me Pierre Erick FAUSTIN,

Avocat, Juge de Paix de la Commune de Dessalines, auxiliaire du commissaire du

Gouvernement de ce ressort a été à plusieurs reprises et dans des circonstances différentes,

l’objet de menace de mort et de diffamation par un petit groupe de Fondé Pouvoir du dit

Tribunal et ils ont aussi agressé physiquement le Hoqueton du tribunal M. Gracia LOUIS

JOSEPH.

3Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Protecting the Right to Defend Human Rights and

Fundamentals Freedoms, Résumé analytique nº 29, publications de l’ONU, Genève, 2004

4https://www.fidh.org/fr/ameriques/haiti/15145-haiti-menaces-de-mort-a-l-encontre-de-m-pierre-esperance,

consulte le 23/11/2014

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Des Députés de l’opposition et des journalistes ont été victimes de menace parce qu’ils

dénonçaient publiquement les agissements de certaines autorités du Pouvoir en place. Le

Députe Ronald LARECHE a été l’objet de menace verbale de la part de certains groupes de

gangs à la merci du Pouvoir parce qu’il s’était prononcé dans la Presse sur l’assassinat du chef

de gang Mackenzie François alias « ti kenkenn » de Grand ravine. Il avait déclaré que cet

assassinat avait été perpétré dans l’objectif de dissimuler à la Police le vrai coupable de

l’assassinat du couple DORSAINVIL le 8 février 2014.

Cette situation de violence interpelle la POHDH non seulement parce qu’elle a été elle-même

victime, mais aussi à cause de sa mission et de son engagement envers la population haïtienne

de protéger et de promouvoir les Droits de la Personne.

2) OBJECTIFS

L’objectif général de ce rapport est de faire un état des lieux relatif aux violations des droits

des défenseur(e)s, et d’identifier les principaux obstacles et défis auxquels ils sont confrontés.

A cet effet, des objectifs spécifiques ont été formulés qui sont :

- Répertorier les différents cas de violations des droits des Défenseur(e)s des Droits de

l’Homme dans le pays, afin de les accompagner par devant les Cours et Tribunaux au

niveau National, Régional et International;

- Distinguer les menaces réelles perçues par les Défenseur(e)s des Droits de l’Homme,

déterminer la gravité des menaces et la probabilité que les menaces réelles puissent

être mises à exécution ;

- Dénoncer le laxisme de la justice haïtienne face aux agressions et menaces que

subissent les Défenseur(e)s de Droits de l’Homme en Haïti.

3) CADRE JURIDIQUE DE PROTECTION DES DEFENSEURS DES

DROITS DE L’HOMME

Les défenseurs et défenseures des droits de l’homme disposent de protection juridique au

niveau International, Régional et National à travers des mécanismes de défense mise en place

par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et les Etats membres, garantissant en particulier

la liberté d’opinion et d’expression, et le droit à la liberté de réunion pacifique et

d’association, qui servent de garanties essentielles à leur travail.

Normes Internationales

En matière de protection des Droits des Défenseur(e)s des Droits de l’Homme au niveau

International, deux principaux instruments servent de base à ce droit ; qui sont :

1- La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) du 10 décembre 1948

signée et ratifiée par Haïti, qui stipule, dans son article 19, que :

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de

ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre,

sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen

d'expression que ce soit5.

2- La Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la

société de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales

universellement reconnus, également connue sous le nom de Déclaration des Défenseurs des

Droits de l’Homme (DDH). Adoptée à l’unanimité à la cinquantième anniversaire de la

Déclaration Universelle des Droits de l’Homme le 9 décembre 1998 en réponse à la situation

critique à laquelle les défenseur(e)s font face, par la Résolution 53/144 de l’Assemblée

Générale des Nations Unies.

Cette dernière a eu lieu après plus d’une décennie de plaidoyer, de campagne et de

négociation. Le déroulement chronologique des événements pour le processus de rédaction a

commencé en février 1980 et a été achevé en février 1997. En effet, l’Assemblée Générale a

adopté la Déclaration le 9 décembre 1998, ce qui représente donc 18 ans de discussions ;

l’exercice le plus lent de son genre dans l’histoire de l’ONU6. En 2000, la Commission des

Droits de l’Homme des Nations Unies a prié le Secrétaire Général de nommer un

Représentant Spécial concernant la situation des Défenseur(e)s de Droits de l’Homme pour

superviser et appuyer la mise en œuvre de cette Déclaration qui met surtout l’accent sur la

responsabilité des États de protéger les Droits Humains et les DDH, mais aussi, elle appelle

également toutes les personnes à assumer leur rôle en tant que DDH7.

Nature juridique de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de la

Déclaration des Défenseurs des Droits de l’Homme

Ces Déclarations ne sont pas, en soi, des instruments juridiquement contraignants. Toutefois,

elles énoncent une série de principes et de droits fondés sur des normes relatives aux Droits

Humains consacrées dans d’autres instruments Internationaux tels que les Conventions,

Pactes et Protocoles facultatifs, qui sont, eux, juridiquement contraignants. Qui plus est, le fait

que l’Assemblée Générale ait adopté les Déclarations par consensus signifie que les États se

sont fermement engagés à les appliquer.

5DUDH, A.G. res. 217A (III), U.N. Doc A/810 à 71 (1948)

6 East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project, les défenseurs des droits de l’homme,

http://www.defenddefenders.org

7HCDH, ‘Les défenseurs des droits de l’homme : protéger le droit de défendre les droits de l’homme’ (fiche

d’information nº 29) ( il faut toujours preciser le jour et l’heure de consultation)

<http://www.ohchr.org/EN/PUBLICATIONSRESOURCES/Pages/FactSheets.aspx>

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

À ce jour, Haïti a ratifié les pactes et conventions relatives aux droits de l’homme suivants :

Pacte Internationale relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP)

Pacte Internationale relatif aux Droits Economiques Sociales et Culturels (PIDESC)

Convention sur l'Élimination de toutes les Formes de Discrimination à l'égard de la

Femme ;

Convention Internationale sur l’Élimination de toutes les Formes de Discrimination

Raciale ;

Convention relative aux Droits de l'Enfant

Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant

l’implication d’enfants dans les conflits armés ;

Convention sur la Protection des Personnes Handicapées ;

Le 6 Février 1991 Haïti a ratifié le PIDCP, qui contient des obligations juridiques

imposées aux États parties de promouvoir le respect universel et effectif des libertés et des

Droits Humains. L’Article 19 du PIDCP garantit le droit à la liberté d’expression et précise

que :

(1)Nul ne peut être inquiété pour ses opinions.

(2)Toute personne a droit à la liberté d'expression; ce droit comprend la

liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées

de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite,

imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix8.

Les libertés de réunion pacifique et d’association sont également garanties respectivement par

les articles 21 et 22 du PIDCP9.

Les articles 1, 5-9, et 11-13 de la Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme

prévoient des protections particulières pour les DDH, notamment, entre autre, les droits: de

chercher la protection et la réalisation des Droits Humains au niveau National et International;

de travailler en faveur des Droits Humains individuellement et en association avec d’autres;

de former des Associations et des ONG; de se réunir ou se rassembler pacifiquement; de

rechercher, obtenir, recevoir et détenir des informations concernant les Droits Humains; de

déposer des plaintes au sujet des politiques officielles et soumettre des propositions aux

organes du Gouvernement afin d’améliorer leur fonctionnement; d’offrir et prêter une

assistance juridique professionnelle qualifiée pour la défense des Droits Humains; de jouir

d’un libre accès de communication avec les Organisation Non-Gouvernementales et

Intergouvernementales; et de recevoir une protection effective en vertu de la Loi Nationale

lorsque, par des moyens pacifiques, ils s’opposent ou réagissent contre des actions ou des

omissions attribuables à l’État qui ont pour résultat des violations des Droits Humains10

.

8Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, NU

9Ibid

10HCDH, ‘Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme’ (commentaire)

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

La Déclaration des Défenseurs de Droits de l’Homme réaffirme le devoir de l’État de garantir

la Création et le Développement d’Institutions Nationales Indépendantes pour la protection et

la promotion des Droits Humains et des Libertés Fondamentales. Les Institutions Nationales

des Droits Humains (INDH) sont considérées comme les « Défenseurs Publics des Défenseurs

des Droits Humains11

».

Le 21 mars 2013, le Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies (CDH) a adopté par

consensus une résolution concernant « la protection des Défenseurs des Droits de l’Homme»

(A/HRC/22/L.13). Cette résolution historique appelle les États à garantir que «les opinions

divergentes puissent être exprimées pacifiquement,» et que les lois « n’empêchent pas les

fonctionnaires de rendre des comptes ».

Normes Régionales

1- Dans le Continent Américain, c’est l’Assemblée Générale de l’Organisation des Etats

Américains (OEA) qui s’est engagée, au nom des Gouvernements des Amériques à

faire respecter la Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme. Elle adopte à

cet effet, tous les ans depuis 1999, une résolution sur les Défenseurs et Défenseures

des Droits de l’Homme.

2- La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) est un mécanisme de

l’OEA et une institution indépendante chargée de promouvoir et de protéger les Droits

Humains dans toutes les Amériques. Elle doit notamment:

Effectuer un suivi de la situation des Droits Humains dans les États

membres;

Sensibiliser l’opinion publique sur les Droits Humains;

Réagir aux atteintes aux Droits Humains, y compris à celles visant les

défenseur(e)s de ces droits

Une partie de son travail est coordonnée par l’Unité des Défenseur(e)s des Droits de

l’Homme, qui suit et analyse la situation des militants dans la région, et publie des rapports à

leur sujet.

Elle conseille également la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme lorsque des

Défenseurs des Droits Humains demandent des mesures conservatoires. Telles mesures

peuvent être mises en place lorsqu’une personne risque de subir des préjudices graves et

irréparables du fait d’une violation de ses droits12

.

<http://www.ohchr.org/EN/Issues/SRHRDefenders/Pages/Declaration.aspx> 11

Réseau des ONG asiatiques sur les institutions nationales des droits humains (ANNI) ‘ANNI Report on the

Performance and Establishment of National Human Right Institutions in Asia 2012’ (Thaïlande 2012)

15<http://www.forum-asia.org/?p=15570> 12

Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, OEA/Ser.L/V/II.124 Doc. 5 rev. 1 7 mars 2006

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

La Commission fournit également des rapports annuels dans lesquels, elle souligne

l’importance et la dimension éthique des personnes qui se consacrent à la promotion, au suivi

et à la défense judiciaire des Droits Humains. De plus, des recommandations sont faites aux

Etats membres de manière à ce qu’ils prennent les mesures nécessaires pour protéger

l’intégrité physique des DDH et de créer des conditions qui leur permettent de mener leur

tâche à bien.

Suite à la présentation de ces recommandations aux États membres, l’Assemblée Générale de

l’OEA a adopté la résolution 1671 intitulée « Défenseurs des Droits de la Personne dans les

Amériques — Appui à la tâche accomplie par les particuliers, les groupes et les organisations

de la société civile en faveur de la promotion et de la protection des Droits de la Personne

dans les Amériques ». Par cette résolution, l’Assemblée Générale a demandé au Conseil

Permanent de poursuivre, en coordination avec la Commission Interaméricaine, l’examen de

la question des « Défenseurs des Droits de la l’Homme dans les Amériques13

».

Normes Nationales

L’Etat haïtien a pour obligation d’assurer le respect des Droits et Libertés reconnus dans la

Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Encore plus, les droits de ceux qui

promeuvent et protègent ces droits doivent être garantis et protégés par l’Etat. À l’article 19

de la Constitution Haïtienne de 1987 le respect et la reconnaissance des droits et libertés

fondamentales de la DUDH sont garantis, il stipule que : « L'Etat a l'impérieuse obligation de

garantir le droit à la vie, à la santé, au respect de la personne humaine, à tous les citoyens

sans distinction, conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH)

».

Tous les traités, conventions, pactes signés et ratifiés par Haïti, sont incorporés à la

Législation Nationale. Ce qui fait que les droits des DDH sont juridiquement protégés.

L’article 28 de la Constitution Haïtienne de 1987 reconnait que : « Tout haïtien ou toute

haïtienne a le droit d'exprimer librement ses opinions, en toute matière par la voie qu'il

choisit. » L’article 31 précise que : « La liberté d'association et de réunion sans armes à des

fins politiques, économiques, sociales, culturelles ou toutes autres fins pacifiques est

garantie. »

De plus, l’article 2 de la Déclaration sur les Défenseur(e)s des Droits de l’Homme (DDDH)

indique que :

1. Chaque État a, au premier chef, la responsabilité et le devoir de protéger,

promouvoir et rendre effectifs tous les droits de l'homme et toutes les libertés

fondamentales, notamment en adoptant les mesures nécessaires pour instaurer les

13OEA, Assemblée générale, résolution AG/RES. 1671 (XXIX-O/99), 7 juin 1999

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15

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

conditions sociales, économiques, politiques et autres ainsi que les garanties

juridiques voulues pour que toutes les personnes relevant de sa juridiction puissent,

individuellement ou en association avec d'autres, jouir en pratique de tous ces droits

et de toutes ces libertés.

2. Chaque État adopte les mesures législatives, administratives et autres nécessaires

pour assurer la garantie effective des droits et libertés visés par la présente

Déclaration14

.

Par ailleurs, l’Etat Haïtien a prévu à l’article 207 et suivant de la Constitution une Institution

Nationale de Protection du Citoyen. Elle est présentée comme une institution qui protège les

citoyens/ citoyennes contre toutes formes d’abus de l’Administration Publique, non pas

comme une Institution Nationale de Défense des Droits Humains bien qu’elle soit présentée

comme telle par le Human Rights15

.L’article 207 stipule que : « Il est créé un office dénommé

Office de la Protection du Citoyen (OPC) dont le but est de protéger tout individu contre

toutes les formes d'abus de l'Administration Publique16

. » Il est dit que les institutions

nationales de défense des Droits Humains doivent agir de manière indépendante par rapport

au gouvernement, et disposer de ressources suffisantes afin de ne pas être tributaires,

financièrement ou autrement, du Gouvernement. Il faut signaler que le budget de l’OPC

relève de l’Etat Haïtien. De plus, son caractère contraignant laisse à désirer du fait qu’en cas

de contentieux administratif, il peut jouer que le rôle de conciliateur.

4) CHAMP D’APPLICATION ET METHODOLOGIE

Les principaux groupes ciblés sont: Les Militants et Membres des Organisations des Droits

Humains, les Fonctionnaires et les Professionnels du domaine juridique, les Journalistes et

Professionnels des Médias, les Militants des Mouvements Sociaux, les Parlementaires

de l’opposition, les Femmes Défenseures de Droits Humains. Pour la réalisation de l’enquête,

nous avons utilisé la démarche méthodologique suivante :

1. Une revue de presse sur les cas de violations de droits des défenseur(e)s

répertoriés en Haïti pour la période allant de Janvier 2013 à Décembre 2014;

2. L’élaboration minutieuse d’un formulaire d’enquête ;

3. Une série d’interview avec des défenseur(e)s victimes de violations ou d’exaction

de leurs droits ont été réalisées ;

4. Une recherche documentaire sur la situation des Défenseur(e)s des Droits de

l’Homme en Haïti ;

5. La Consultation des Instruments Internationaux protégeant les Droits de

Défenseur(e)s de Droits de l’Homme.

14

ONU, Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme, 1998

15 http://www.nhr.net/nationaldatalist.asp

16Constitution Haïtienne de 1997, Des Droits Fondamentaux, Chapitre IV

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16

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

5) GROUPE DE DÉFENSEUR(E)S DES DROITS DE L’HOMME LES

PLUS EXPOSÉS

5.1 Les militants et membres des Organisations des Droits Humains

Les Défenseur(e)s des Droits de l’Homme œuvrant dans les Organisations Non

Gouvernementale (ONG) local sont particulièrement exposés aux risques de violations de

leurs droits. Il a été cité dans le cadre de ce rapport, le nom de plusieurs défenseur(e)s

appartenant à cette catégorie qui ont été victime.

Ces dernières années, les directeurs, coordonnateurs, secrétaires généraux ou quelques autres

dénominations de ceux occupant des postes à responsabilité dans des Organisations de

Promotion et de Défense des Droits Humains n’ont pas été exempts de menaces et

d’intimidation. Au contraire, leur prise de position à travers les medias nationaux et

internationaux en ont fait d’eux des cibles de premiers plan.

Les employés des organisations sont souvent pointés du doigt, par rapport aux prises de

position de la porte-parole de l’organisation, ce qui les expose aux risques de violence et de

violations de leurs droits. Dans les années précédentes des personnes se sont fait agresser

juste parce qu’ils portaient un badge ou tout autre pièce les identifiant comme membres d’une

organisation qui a, par exemple, publié un rapport défavorable à un Gouvernement.

5.2 Les journalistes et professionnels des médias

Il est clairement définit dans la Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme, que

tous ceux qui contribuent à la promotion et la protection des droits et libertés fondamentales

sont des défenseur(e)s. Cependant, dans le cadre de ce rapport nous avons rencontré certaines

figures de proue de la presse haïtienne qui ont desservie cette population pendant plus d’une

génération et qui sont respectés pour leur travail, qui ne voulaient pas s’attribuer le titre de

Défenseur des Droits de l’Homme, et qui ont précisé qu’ils n’étaient que des simples

journalistes. Elles acceptent, néanmoins sans aucune réticence le fait que la presse, qui est

garante de la liberté d’expressions, soit considérée comme le quatrième pouvoir, mais elles

s’emblent oublier que tout pouvoir légalement établi a d’abord comme essence la protection

d’un certain droit.

Les journalistes et professionnels des medias qui couvrent des sujets controversés sont

souvent harcelés par des autorités. Ils sont confrontés à des menaces physiques et juridiques,

et dans certains cas à la mort. Ils sont le plus souvent victimes de violence verbale ou

physique ou de destruction de leurs matériels de travail lors des manifestations ou de

couverture d’événements politiques, le plus souvent ces violences proviennent des autorités

policière chargées du maintien de l’ordre ou de sécurité rapprochée des autorités du Pouvoir

en place.

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17

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

5.3 Certains membres du pouvoir judiciaire

Certains officiers de l’appareil judiciaire se sont engagés résolument en faveur de la cause des

Droits Humains, de la justice et de la démocratie. À cet égard, la POHDH désire souligner le

travail méritoire que mènent les personnes ou les autorités qui ont, parmi leurs attributions,

celles de protéger, faire respecter, promouvoir ou défendre les droits de toutes les personnes

sans aucune distinction. Les juges, les avocats, les huissiers, les commissaires du

gouvernement, les commissaires de la police et les membres du pouvoir judiciaire ont un rôle

de liaison fondamental entre l’État et la population en général. En outre, ce sont eux qui

lancent les enquêtes, décident des poursuites et des sanctions contre les auteurs de violations

des Droits l’Humains17

.

Cependant, la dépendance du système judicaire haïtien face aux deux autres (2) pouvoirs

constitue un véritable handicap au plein exercice de la justice haïtienne. Les principaux

officiers du Pouvoir Judicaire sont nommés directement par l’Exécutif ou du moins leur

nomination peut tout également provenir de leur attachement à un membre du pouvoir

Parlementaire. Ce qui fait que ces derniers deviennent dans la plupart des cas dépendants de

l’autorité de nomination.

La tâche devient encore plus difficile quand les menaces proviennent non seulement du

pouvoir de nomination mais aussi des justiciables dont les motifs peuvent être diverses. Il

peut s’agir de l’insatisfaction d’une décision de justice qui peut résulter soit d’un simple

citoyen ou de partisans soit d’un Parlementaire ou d’un membre du Gouvernement.

5.4 Les Parlementaires de l’opposition

Certains Parlementaires de l’opposition haïtienne travaillent pour promouvoir et protéger les

droits de leurs compatriotes. En conséquence, ils font souvent face à des menaces de mort, à

des intimidations et à des appels anonymes ainsi qu’à des obstructions à leur travail.

Les menaces et intimidations qu’ils reçoivent proviennent souvent des partisans ou des

bandits armes proches du pouvoir exécutif .Habituellement, ils ne portent pas plainte quand

ils reçoivent ces genres de menaces, ils préfèrent augmenter le nombre de ceux assurant leurs

sécurités rapprochés.

5.5 Les femmes Défenseures des Droits de l’Homme

La POHDH estime que les femmes défenseur(e)s des droits de l’homme font l’objet de

violence ; ce qui constitue, en effet, une violation de leurs droits en tant que défenseures des

17

OEA, Rapport sur la situation des Défenseurs des Droits de l’homme dans les Amériques/Ser.L/V/II.124 Doc.

5 rev. 1 7 mars 2006

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18

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

droits de l’Homme18

. Elle a eu connaissance de types particuliers de violations, en raison du

sexe de la personne menacée sur la base des informations recueillies récemment. Elle

remarque que les femmes et les organisations qui défendent les droits de la femme continuent

d’être victimes de manœuvres d’intimidation systématiques, d’harcèlement sexuels, d’abus

sexuels et d’autres délits motivés par le travail qu’elles réalisent, ainsi que d’autres formes

spécifiques de discrimination et de violence physique, psychique et sexuelle en raison de leur

sexe19

.

Les femmes DDH sont victimes de la stigmatisation résultant de la conception historique et

patriarcale attribuant aux femmes un rôle inférieur20

. Elles sont stigmatisées du fait de

stéréotypes sociaux dégradants à propos de leur vie sexuelle ou sont accusées, en raison de

leur travail en faveur de l´élimination de la discrimination à l’égard de la femme, de porter

atteinte aux valeurs morales ou aux institutions sociales, comme la famille. Nous lisons :

Ce qui fait que la promotion et la protection des droits des autres femmes aggravent la

situation de risque dans laquelle se trouvent les femmes défenseurs et les exposent à un

facteur supplémentaire de discrimination qui vient s’ajouter aux innombrables

discriminations dont les femmes sont victimes21

.

6) EVALUATION DES RISQUES CONCERNANT LES DEFENSEUR(E)S

DES DROITS DE L’HOMME

Les Défenseurs des Droits de l’Homme à travers leur lutte pour la protection et la promotion

des droits et libertés fondamentales font l’objet de plusieurs types de violence et d’exaction.

Les informations qui ont été recueillies dans le cadre de ce rapport nous ont permis

d’identifier ces principales menaces et de mieux comprendre la vulnérabilité des défenseurs

face au climat de violence dans lequel ils évoluent. Pour évaluer la situation sécuritaire des

DDH en Haïti, il faut examiner les risques que comportent la promotion et la protection des

Droits Humains. Le niveau de risque, auquel les DDH sont exposés, augmente en fonction des

18

La Convention interaméricaine pour la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme «

Convention de Belém do Pará », à l’article 1, définit la violence contre la femme selon les termes suivants :

Aux effets de la présente Convention, on entend par violence contre la femme tout acte ou comportement fondé

sur la condition féminine qui cause la mort, des torts ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychiques à la

femme, aussi bien dans sa vie publique que dans sa vie privée.

19OEA, Rapport sur la situation des Défenseurs des Droits de l’homme dans les Amériques/Ser.L/V/II.124 Doc.

5 rev. 1 7 mars 2006 20

La promulgation d’instruments internationaux relatifs aux droits humains qui protègent les droits de la femme

indique que les États ont reconnu, à l’unanimité, le traitement discriminatoire que les femmes ont reçu

traditionnellement dans leurs sociétés

21Déclaration de la Haute Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Mary Robinson, Beijing + 5,

Conférence de révision : Nous devons reconnaître que certaines femmes défenseurs des droits humains sont

exposées à des risques plus grands en raison des droits qu’elles s’efforcent de protéger, en particulier quand

ceux-ci concernent des questions comme la sexualité, l’orientation sexuelle et les droits génésiques.

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19

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

menaces auxquelles ils sont confrontés et de leur vulnérabilité face à ces menaces. Toutefois,

ce niveau de risque peut ensuite être réduit par la capacité accrue des DDH à faire face aux

menaces qui pèsent sur eux22.

Une menace est alors présentée comme une offense contre un DDH résultant de l’exercice de

son travail, et qui risque de se reproduire s’il poursuit son travail. Le mot vulnérabilité quant à

lui, fait référence aux facteurs qui augmentent les chances qu’un DDH, ou un groupe de

DDH, subisse une attaque ou un préjudice plus grave à la suite d’une attaque23. Tous les DDH

sont vulnérables en Haïti du fait de facteurs tels que le contexte sociopolitique, le manque

d’indépendance du pouvoir judiciaire, l’utilisation de l’appareil d’État à des fins de

propagande et de contrôle. Toutefois la vulnérabilité varie selon le type de DDH. Les

différents types de DDH ont des capacités différentes à faire face aux menaces. Certains DDH

sont mieux préparés pour faire face aux menaces que d’autres, ce qui réduit leur vulnérabilité.

Par exemple un Parlementaire de l’opposition est moins vulnérable à certains types de menace

qu’un journaliste ou un hoqueton puisque la sécurité d’un parlementaire est assurée par des

gardes du corps en raison de son statut particulier.

Menaces Principales

Les principales menaces sont déterminées par les informations recueillies dans les

questionnaires, ainsi que par un suivi minutieux et une recherche approfondie sur la situation

des Défenseur(e)s de Droits Humains en Haïti. Les plus graves menaces auxquelles les DDH

haïtiens sont confrontés sont les attaques physiques et verbales, le meurtre, l’intimidation et le

harcèlement.

Vulnérabilité

Si les Défenseur(e)s de Droits Humains ne peuvent pas empêcher les menaces, ils peuvent

par contre, réduire leur vulnérabilité en augmentant leur capacité à les gérer par plusieurs

mesures concrètes, qui seront traitées dans la partie «Conclusion et recommandations» ci-

dessous. Il est important de souligner que dans le cadre de ce rapport tous les DDH ne sont

pas vulnérables au même titre, la provenance de la menace ainsi que la situation économique

d’un groupe de défenseurs par rapport à un autre est résultante de son niveau de vulnérabilité.

22

Frontline Defenders, ‘Manuel de protection pour les défenseurs des droits’ (Dublin,

novembre2007)<http://www.frontlinedefenders.org/files/en/Front%20Line%20Protection%20Handbook.pdf> 23

Ibid

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20

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

7) CONTRIBUTION DES DIFFERENTS DEFENSEUR(E)S DES DROITS

DE L’HOMME A LA CONSTRUCTION D’UN ETAT DE DROIT

DEMOCRATIQUE

L’essentiel de l’activité des défenseurs des droits de l’homme consiste à accompagner les

personnes dont leurs droits ont été violés à trouver justice et réparation. En enquêtant sur les

violations et en les signalant, ils contribuent à y mettre un terme, à empêcher qu’elles ne se

reproduisent et à assister les victimes devant les tribunaux. Certains défenseurs des droits de

l’homme offrent une assistance juridique aux victimes et les représentent en justice, d’autres

les conseillent et les aident à se réadapter.

Dénonciation

Les défenseurs des droits de l’homme enquêtent sur les violations, recueillent des

informations et les communiquent. Ils peuvent, par exemple, mener des actions pour

mobiliser le public et les principaux acteurs de la scène politique et judiciaire afin de s’assurer

qu’une suite soit donnée à leur travail d’enquête et qu’une réponse soit apportée aux

violations. Ce sont le plus souvent les Organisations de défense des Droits Humains qui font

connaître leurs constatations en publiant régulièrement des rapports.

Défense des principes Républicaines et des acquis Démocratiques

Les Défenseurs des Droits de l’Homme s’efforcent de défendre le principe de responsabilité

en matière d’application des normes juridiques relatives aux droits humains. De manière

générale, il peut s’agir d’exercer une pression sur les autorités et d’exhorter l’État à intensifier

ses efforts en vue de s’acquitter des obligations nationales et internationales en matière de

Droits Humains qu’il a contractées en ratifiant des instruments internationaux. Et de manière

plus spécifique a respecté les acquis démocratiques et les valeurs républicaines de la nation en

contribuant à faire en sorte que justice soit rendue et que la lutte contre l’impunité soit

engagée, empêchant ainsi des violations des Droits de la Personne.

Contribution au renforcement institutionnel

Les Défenseurs des Droits de l’Homme haïtiens participent au renforcement des institutions

par le renforcement de la capacité de l’État à traduire en justice les auteurs de violations, par

exemple en dispensant aux juges une formation dans le domaine des Droits Humains. Le fait

que la formation continue des juges et officiers de justice ne soit pas pris en compte cela

amoindrie leur capacité à rendre des décisions de justice en tenant compte des conventions

internationales et traités internationaux signés et ratifiés par l’Etat Haïtien. Leur plaidoyer ont

conduit à l’adoption de nouvelles texte de loi comme la loi portant sur la paternité

responsable, la maternité et la filiation promulguer dans le journal officiel Le Moniteur, le 28

mai dernier. Elle a été votée, respectivement à la Chambre des députés le lundi 10 mai 2010 et

au Sénat de la République, le 12 avril 2012. Ce texte de loi combat la stigmatisation et la

marginalisation dont sont victimes les enfants des familles monoparentales avec une mère à

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21

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

charge24

. Ces nouvelles orientations juridiques sont le fruit de l’engagement et de la lutte

méritoire de militantes féministes haïtiennes.

Les DDH mènent également une autre action importante, à savoir l’éducation dans le domaine

des Droits Humains. L’emphase est mise sur la nécessiter d’inculquer aux haïtiens la culture

des Droits Humains. Ils s’accentuent sur les droits et libertés fondamentales, la bonne

gouvernance, préconisant la démocratisation et la lutte contre la corruption et l’abus de

pouvoir, et expliquant à la population comment voter et pourquoi il est important de participer

aux élections.

8) PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Dans cette section nous présentons les résultats de l’enquête réalisée par la POHDH auprès

des organisations de Droits Humains, des organisations de base, des institutions liées à la

défense des Droits Humains, et des individus luttant pour les droits de la Personne. L’enquête

a ciblé des DDH en général avec une attention particulière aux défenseur(e)s qui ont

récemment reçu des menaces – quoi que ce soit verbal, physique ou écrit - ou qui ont subi des

agressions physiques à cause de leur engagement pour la défense des Droits Humains. La

POHDH a contacté ces organisations membres et leurs réseaux départementaux ainsi que des

autres organisations et institutions liées à la défense des Droits Humains et des libertés

publiques.

Portée de l’enquête

La population couverte par l’enquête constitue un total de 27 Défenseur(e)s de Droits de

l’Homme. Une majorité de 70% des participants étaient des hommes, 22% étaient des femmes

et 8% n’a pas indiqué leur sexe sur la fiche d’enquête. La plupart des répondants viennent du

département de l’Ouest (63%), ce qui s’explique par une certaine concentration des

organisations de Droits Humains dans la zone métropolitaine et par la proximité du bureau de

la Plateforme aux autres organisations situées dans ce département.

24

http://metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=24820

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22

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Les répondants appartiennent aux différents groupes d’âge, avec 4% ayant moins que 25 ans,

22% âgé entre 25 et 30 ans, 15% entre 30 et 35 ans, 26% entre 35 et 40 ans, et 33% ayant plus

que 40 ans. L’enquête a aussi recueilli des informations sur la durée de l’implication des

répondants dans le secteur des Droits Humains, comme mesure de leur degré de

l’engagement. Un bon nombre d’entre eux sont déjà actifs comme DDH pour une période de

plus que 10 ans (33%).

Les répondants à l’enquête sont actifs dans divers secteurs sous la rubrique générale de Droits

Humains, représentant de différentes générations des Droits Humains aussi bien qu’un bon

nombre de droits spécifiques. 41% des répondants s’identifient comme des défenseurs des

Droits Humain en général, 55% est actif dans le secteur des Droits Civils et Politiques, alors

que 4% se situe dans le secteur des Droits Économiques, Sociales et Culturels.

38% des DDH n’ont pas indiqué un droit spécifique comme champ d’action, alors que les

autres 62% se concentrent sur l’un des droits spécifiques suivants: la liberté de parole et

d’expression (spécifiquement la presse), le droit à la justice, les droits des femmes, les droits

de l’enfant, les droits des paysans, les droits des LGBT, et le secteur syndical.

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23

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Les répondants ont participé volontairement dans l’enquête sur l’invitation de la Plateforme et

ont confié des détails sur leur champ de travail, des incidents d’agressions, de menaces et de

harcèlement dont ils étaient victimes, aussi bien que des détails sur la poursuite de leur cas et

leur connaissance et utilisation des mécanismes et instruments de protection. Les résultats de

la présente enquête nous permettent d’élaborer une analyse sur la situation des DDH en Haïti

vis-à-vis les droits qui leurs appartiennent sur la bases des mécanismes et instruments de

protection au niveau National, Régional et International.

Résultats de l’enquête

Incidences d’agressions et de menaces contre les Défenseur(e)s de Droits de l’Homme

L’enquête menée par la Plateforme visait à déterminer les principales agressions et menaces

réelles faites aux DDH en Haïti aussi bien que la mesure dans laquelle ces défenseur(e)s sont

au courant et utilisent les mécanismes et instruments garantissant leurs droits.

L’enquête faisait distinction entre des agressions physiques, des agressions verbales, des

menaces verbales et écrites, et des menaces de mort. Des agressions physiques sont des actes

violents à l’égard d’une ou plusieurs personnes destiné à blesser physiquement la personne ou

groupe de personnes. Des agressions verbales constituent des comportements abusifs utilisant

le langage. Des menaces verbales et écrites comprennent des communications d’une intention

d’infliger des blessures ou des dommages matériels à une autre personne ou groupe de

personnes dans le but d’exercer un contrôle sur l’individu ou le groupe de personnes.

L’enquête a isolé la menace de mort comme une catégorie à part, étant donné le caractère

radical et particulièrement grave de ce type de menace.

81% des défenseurs de droits humains touché par l’enquête a révélé d’avoir été victime d’une

ou plusieurs types d’agressions et de menaces au cours des années 2013 et 2014. Une majorité

de 68% des victimes étaient des hommes, alors que les femmes représentent 27% des victimes

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24

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

et 5% n’a pas déclaré leur sexe. Bien que l’enquête a ciblé particulièrement des DDH ayant

récemment reçu des menaces ou subi des agressions, le pourcentage élevé des victimes réelles

d’agressions et menaces dans le sondage est sans doute inquiétant et indicatif de la situation

précaire dont font face les DDH en Haïti. En outre, la majorité des répondants ont subi

plusieurs agressions et menaces au cours de cette période. Le tableau ci- dessous démontre

les pourcentages de victimes de chaque catégorie d’agression et menace :

Type d'agression ou menace

subi

Pourcentage de défenseurs

victimes

Agression physique 48%

Agression verbale 67%

Menace verbale et/ou écrite 63%

Menace de mort 33%

Aucune menace ou agression 19%

Les agressions verbales et les menaces (soit verbales ou écrites) se produisent plus

fréquemment, suivi par des agressions physiques et des menaces de mort. Dans le cas

d’agressions verbales, il s’agit d’insultes dirigées contre les DDH en vue de les intimider et de

les pousser à arrêter leur travail de dénonciation, et de plaidoyer. Les menaces verbales et

écrites adressée aux DDH comprennent des menaces de violence physique non seulement

contre la personne elle-même mais aussi contre les membres de sa famille. Plusieurs DDH ont

été menacé de voir leur maison incendier et ont été obligé de chercher un hébergement

temporaire ailleurs. 33% des répondants ont reçu une menace de mort dans la période 2013-

2014, un pourcentage juge très alarmant par la POHDH.

81% des répondants, en outre, signale de connaître au moins un autre Défenseur(e) de Droits

de l’Homme dans son environnement qui ait été victime d’agression ou de menace.

Age et nombre d’années engagées dans le secteur des Droits Humains

Les victimes d’agressions et de menaces appartiennent à différents groupes d’âge sans qu’un

groupe soit significativement plus représenté qu’un autre. Étant donné le caractère ouvert de

l’enquête, cela semble indiquer que les menaces et les agressions contre les Défenseurs de

Droits de l’Homme ciblent tous les groupes d’âge. Cependant, l’enquête a trouvé une

corrélation positive entre le nombre d’années passées à travailler dans le secteur de Droits

Humains et le nombre de cas de menaces et d’agressions. 64% des victimes sont des hommes

et des femmes qui travaillent dans le secteur pour une période de plus de 5 ans, dont 37% plus

que 10 ans.

Page 25: Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains … · RESUMЀ ANALYTIQUE La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains, dans l’objectif de promouvoir

25

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Il a également été démontré que le risque d’être victime d’agressions et de menaces augmente

avec le nombre d’années d’engagement comme Défenseur(e) de Droits de l’Homme. Dans le

groupe des Défenseur(e) de Droits de l’Homme engagés moins que 5 ans dans le secteur, le

pourcentage de victimes dans le sondage était 73%, alors que pour les défenseur(e)s engagés

plus que 5 ans, le pourcentage augmente jusqu’à 88% des répondants. Plutôt que leur âge,

c’est leur engagement– mesuré en nombre d’années travaillé dans le secteur de Droits

Humains – qui semble mettre les Défenseur(e)s des Droits de l’Homme à risque de devenir

victime de menaces et d’agressions. Nous pouvons poser l’hypothèse que plus les

Défenseur(e) de Droits de l’Homme sont engagés dans leurs luttes pour les Droits

Humains, plus ils semblent être menacés et victimes des violations. (En outre, 10 parmi

les interviewés ont affirmé avoir reçu des menaces de morts. Ces dix (10) victimes travaillent

dans le secteur des Droits Humains depuis plusieurs années.) Nous tenons à préciser que les

victimes travaillant depuis plus de 5 ans dans le secteur représentent 70% des cas de ceux qui

reçoivent des menaces de mort.

Nombre d'années engagé

Victime de menace de

mort

Entre 1 et 2 ans 20%

Entre 2 et 5 ans 10%

Entre 5 et 10 ans 20%

Plus de 10 ans 50%

Les 20% de DDH qui ont travaillé qu’entre 1 et 2 ans qui ont reçu une menace de mort sont

des personnes actifs dans le secteur des droits des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles et

Transgenres (LGBT). Comme nous le verrons plus loin, il s’agit d’un secteur plutôt

particulier.

Départements

A cause du fait que la majorité des répondants (66%) soit actif dans le département de

l’Ouest, ce département représente aussi la majorité des cas d’agression et menaces recueilli

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26

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

lors de l’enquête, c’est-à-dire 55%. Néanmoins, même un sondage limité comme tel mené par

la Plateforme a abouti a révélé des cas de violations sortant de six différents départements du

pays, c’est-à-dire les départements Ouest, Nord-Est, Nord, Artibonite, Sud-Est, et Grande

Anse.

Domaine de travail dans le secteur des Droits Humains

La majorité des DDH victimes dans le sondage sont actifs dans des champs d’action liés aux

Droits Civils et Politiques. Les Droits Civils et Politiques représentaient déjà une majorité de

55% des répondants à l’enquête et sont encore plus représentés dans le groupe de répondants

ayant été victime d’agressions et de menaces (66%). En effet, tous les répondants luttant pour

les Droits Civils et Politiques ont subi des agressions ou ont reçu des menaces.

Au niveau des droits spécifiques, DDH victimes des agressions et menaces représentent

divers sous-secteurs du champ général de Droits Humains. 32% des répondants se considèrent

comme des défenseurs des Droits Humains en général sans spécification. Les 68% restants

sont actifs dans la lutte pour la liberté d’expression (spécifiquement de la presse), le droit à la

Page 27: Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains … · RESUMЀ ANALYTIQUE La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains, dans l’objectif de promouvoir

27

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

justice, les droits des femmes25

, les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, les

droits des paysans et le secteur des syndicats.

Le secteur des droits des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles et Transgenres pose un cas

particulier. Non seulement parce que les défenseurs des droits LGBT représentent un bon

nombre des défenseur(e)s victimes dans le sondage, mais surtout parce que, en contraste avec

les autres défenseur(e)s, ils font régulièrement face aux agressions physiques et menaces

sortant de la population Haïtienne. Pour ce groupe-là, il est aussi plus difficile de faire la

distinction entre la violence contre eux comme défenseur(e)s de droits humains et la violence

contre eux comme personne ayant une orientation sexuelle différente. Tandis que d’autres

défenseurs de Droits Humains sont plutôt intimidés par des individus et institutions ayant du

pouvoir, les défenseur(e)s des droits LGBT semblent avoir besoin de protection spéciale

contre la violence de la société.

Source des agressions et menaces

L’enquête a demandé aux participants d’identifier aussi bien que possible la source des

agressions et des menaces dont ils ont été victime. Cette partie a été ajoutée à l’enquête après

un premier sondage déjà effectué en vue de mieux comprendre la nature des agressions et des

menaces. Le graphe ci-dessous rassemble seulement des informations sur les 16 cas dont les

répondants ont indiqué la source de l’agression et/ou la menace subie.

25

Les 2 défenseures de droits des femmes dans le sondage sont aussi à la fois des défenseures des droits de

l’enfant.

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28

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Un pourcentage alarmant de 37% identifie les autorités et des partisans du pouvoir exécutif

comme source de l’agression et/ou de la menace. Un autre 6% indique la police comme

coupable de violation des droits des DDH. Dans ce cas-là il s’agit des arrestations illégales ou

des menaces d’arrestation. Les menaces et les intimidations faites par les autorités, les

partisans du pouvoir et la police vis-à-vis les Défenseur(e)s des Droits de l’Homme en vue de

les empêcher de faire leur travail d’observation et de dénonciation, représentent clairement

des violations graves des droits des DDH. Selon le sondage, les agressions et menaces venant

des autorités et des partisans du pouvoir ciblent surtout les DDH luttant pour les Droits

Humains en général et pour les Droits Civils et Politiques en particulier.

Les 38% des DDH victimes des agressions et menaces venue de la population sont

principalement (83,3%) des défenseur(e)s des droits LGBT. Le pourcentage élevé de ce type

de menaces s’expliquent par la présence d’un grand nombre de défenseur(e)s des droits LGBT

dans le sondage. Une seule visite dans le bureau d’une organisation LGBT dans le cadre de

l’enquête a abouti au rassemblement de plusieurs cas d’agressions et de menaces au sein

d’une seule organisation.

Le 19% restant indique ne pas connaître la source des menaces qu’ils ont reçu. Il s’agit des

menaces anonymes contre leur personne.

Déposition des plaintes et suivi des cas par les autorités

Environ trois quarts (73%) des DDH victimes d’agressions ou de menaces ont déposé une

plainte formelle par devant les autorités de l’appareil judiciaires concernées. Cependant, plus

de la moitié des répondants signalent un manque de suivi par l’appareil judiciaire de leur

plainte, même dans les cas où il s’agit de menaces de mort et de graves agressions physiques.

Les autres 44% n’ont pas fourni des informations sur l’état des lieux de leur plainte. Aucun

répondant n’a rapporté une résolution favorable de leur plainte.

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29

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

L’enquête a invité les victimes qui n’ont pas déposer de plainte formelle contre leurs

agresseurs de motiver leur décision. Une vaste majorité de 83% indique de ne pas avoir

suffisamment de confiance dans le bon fonctionnement de l’appareil judiciaire pour se lancer

dans une telle démarche. La perception de partialité des juges et des liens de proximités entre

l’appareil judiciaire et les partisans du pouvoir empêchent les DDH de porter plainte contre

leurs agresseurs. 17% des répondants indique avoir peur des possibles représailles qui

pourraient s’en suivent s’ils s’engagent dans une démarche judiciaire.

Raisons pour ne pas porter

plainte

Peur 17%

Pas de confiance dans la justice 83%

Le manque de suivi et de résolution des plaintes déposés et les intimidations sortant des

autorités et des partisans du pouvoir représentent des violations claires et simples des droits

des DDH comme reconnus dans les instruments juridiques Nationales, Régionales et

Internationales.

Le manque de confiance dans la justice haïtienne est commun dans la zone métropolitaine

aussi bien que dans les autres départements du pays ou l’accès à la justice s’avère encore plus

difficile.

Connaissance et utilisation des organisations, instruments et mécanismes de protection

et d’accompagnement des Défenseur(e)s de Droits de l’Homme.

Bien que les DDH font très peu confiance a la l’appareil judiciaire haïtien, bon nombre

d’entre eux connaissent et cherchent l’accompagnement des organisations de Droits Humains

et des instruments protégeant leurs droits.

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30

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Les instruments les plus cités sont La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

(DUDH), Le Pacte Internationale relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP), et le Pacte

Internationale des Droits Economiques, Sociales et Culturels (PIDESC). Le Déclaration des

Défenseurs de Droits de l’Homme semble peu connu par les répondants, et n’a pas été

mentionné par aucun d’entre eux.

Malgré l’existence d’un Office de la Protection du Citoyen (OPC) responsable de la

protection du citoyen contre toutes les formes d'abus de l'Administration Publique en Haïti,

les répondants n’ont pas fait référence à cet office dans leurs réponses.

En contraste, les organisations des Droits Humains Haïtiennes dont les répondants font

confiance pour la défense de leurs droits sont la Plateforme des Organisations Haïtiennes de

Droits Humains (POHDH), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), la

Commission-Episcopale Justice et la Paix (CE-JILAP), l’Action Concertée pour la Promotion

et la Défense des Droits Humains (ACPRODDH), le Programme pour une Alternative de

Justice (PAJ) et le Groupe d’Assistance Juridique (GAJ). Sur le plan international, les

répondants ont mentionné la ‘Front Line Defenders’, une fondation internationale de défense

des DDH, aussi bien que la section de Droits Humains au sein de la Mission des Nations

Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH).

Les femmes défenseures des Droits Humains

22,7% des victimes de menaces et d’agressions recueillies lors de l’enquête était des femmes.

En plus, la majorité d’entre eux (71%) sont des DDH luttant spécifiquement dans les secteurs

de droits des femmes et des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres.

Cela nous montre non seulement que dans le cadre de l’enquête les femmes défenseures sont

l’objet de menaces et de violence presque autant que les hommes, mais aussi que les femmes

défenseures subissent des violations de leurs droits à cause de leur sexe et à cause de leur

engagement pour les droits des femmes et des droits des personnes avec une orientation

sexuelle différente. Cela semble confirmer que la promotion et la protection des droits des

femmes aggravent les risques de violations des droits des femmes défenseures de droits de

l’homme.

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31

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

9) REPONSE DE L’ETAT A LA SITUATION DES DEFENSEUR(E)S DES

DROITS DE L’HOMME EN HAITI

L’Etat haïtien à travers la constitution de 1987 assure la reconnaissance des Organisations de

défenses des Droits Humains en consacrant la liberté d’expression, de réunion et d’association

respectivement à l’article 28 et 31 .Cependant, les entretiens avec les différents défenseur(e)sr

des droits de l’homme ont démontré qu’ils ont très peu confiance dans le système de justice

haïtien. Les plaintes qui ont été déposées et dont certaines copies nous ont été communiquées

sont restées sans suite malgré l’évidence de préjudice irréparables à leurs endroits.

Les mesures conservatoires

Quand l’appareil de justice est défaillant les DDH haïtiens se tournent vers les mesures

conservatoires pour protéger leur vie. Le mécanisme des mesures conservatoires accordées

par la Commission Interaméricaine est l’un des moyens les plus efficaces de protéger le

travail et les droits des défenseurs dans le cadre du système interaméricain. À l’instar des

mesures provisoires ordonnées par la Cour Interaméricaine26

, les mesures conservatoires

remplissent une fonction de précaution, dans le sens de préserver une situation juridique face

à l’exercice, par la Commission, de sa compétence, et une fonction de sauvegarde dans le sens

de préserver l’exercice des Droits Humains fondamentaux consacrés par les normes du

système interaméricain, en évitant que des dommages irréparables soient infligés à des

personnes27

.

Ces mesures conservatoires ou provisoires sont en effet, un mécanisme de procédure utilisé

par différents tribunaux et organes quasi-judiciaires internationaux, aussi bien dans la sphère

de compétence universelle des Nations Unies que dans les systèmes régionaux de protection

des Droits Humains en Europe et dans les Amériques. Dans le système interaméricain, la

Commission et la Cour Interaméricaines sont habilitées à ordonner des mesures

conservatoires et provisoires, respectivement.

De même que d’autres organes internationaux, la Commission interaméricaine a établi

l’existence et le fonctionnement de ce mécanisme dans son Règlement28

. Le texte de l’article

25 dispose que :

26

La faculté de la Cour interaméricaine de décider de mesures provisoires est prévue dans la Convention

américaine relative aux droits de l’homme. L’article 63 (2) de cette Convention dispose que:

Dans les cas d'extrême gravité requérant la plus grande célérité dans l'action, et lorsqu'il s'avère nécessaire

d'éviter des dommages irréparables à des personnes, la Cour pourra, à l'occasion d'une espèce dont elle est saisie,

ordonner les mesures provisoires qu'elle juge pertinentes. S'il s'agit d'une affaire dont elle n'a pas encore été

saisie, elle pourra prendre de telles mesures sur requête de la Commission. 27

OEA/Ser.L/V/II.124 Doc. 5 rev. 1 7 mars 2006, Rapport sur la situation des défenseurs des droits de l’homme

dans les Amériques, p 73 28

La faculté d’ordonner des mesures provisoires n’est pas prévue dans le Pacte international relatif aux droits

civils et politiques ni dans son Protocole facultatif mais dans les Règles de procédure du Comité, aux articles 86

et 91.

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32

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

1. Dans des cas graves et urgents et dans la mesure jugée nécessaire en

fonction des informations disponibles, la Commission peut, de sa propre

initiative ou sur la demande d’une des parties, solliciter de l’État concerné

l’adoption de mesures conservatoires pour empêcher que des dommages

irréparables soient infligés aux personnes.

2. Si la Commission n’est pas réunie, le Président, ou à défaut de celui-ci, l’un

des Vice-présidents, consulte les autres membres, par l’intermédiaire du

Secrétariat exécutif, sur l’application des dispositions du paragraphe

précédent. S’il n’est pas possible de tenir des consultations dans un délai

raisonnable en fonction des circonstances, le Président prend la décision, au

nom de la Commission, et la communique à ses membres.

3. La Commission peut solliciter des informations des parties intéressées sur

toute question portant sur l’adoption et l’application des mesures

conservatoires.

4. L’acceptation de ces mesures et leur adoption par l’État ne préjugent en rien du

fond de la question.

La situation des DDH en Haïti est alarmante dans la mesure où de 2013 à nos jours près de six

mesures conservatoires ont été accordés à des DDH haïtiens afin de protéger la vie et

l’intégrité personnelle des membres d’organisations de Droits Humains et de militant de la

société civile29

.

29

Voir CIDH, Résolution 2/2013, Mesure conservatoire No. 157-13, République d’Haïti ; 23 septembre 2013 ;

Mc/13 Villasson Séraphin al., Haïti, 24 juillet 2013 Résolution 10/2013 Mesure conservatoire No 103-14

République d’Haïti, 27 novembre 2013 ; 104-13 Patrice Florvilus et membre de l’organisation « Défenseur des

Opprimés » Haïti, 27 novembre 2013.

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33

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

10) CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Ce rapport ne présente pas de manière exhaustive tous les Défenseurs des Droits de

l’Homme qui ont été victime de l’année 2013 à 2014. Telle n’était pas d’ailleurs notre

prétention, il s’agissait pour nous de présenter a partir d’un échantillon la réalité de ceux qui

s’exercent à défendre les Droits Humains, et la faiblesse ou plutôt le laxisme du système

judiciaire haïtien face aux actes de violence dont ils sont victimes. En effet, ce rapport dresse

un tableau plutôt sombre de la situation des Défenseurs des Droits de l’Homme dans le pays.

Ce qui est inquiétant vu le rôle et l’implication des DDH dans le système démocratique et

républicaine de la nation.

Il est important de souligner qu’au cours de l’enquête la POHDH a constaté que la majorité

des DDH ne faisait pas confiance à la justice haïtienne, ce qui a notre sens parait paradoxal

vu leur implication dans la promotion et la défense des Droits Humains, tandis qu’eux même

ne se sentent pas en sécurité quand leurs propres droits sont violés.

constitue un véritable obstacle a l’exercice démocratique et a l’état de droit en Haïti

Il faut mentionner que les données collectées dans le cadre de ce rapport démontrent que les

Défenseur(e)s des Droits de l’Homme en Haïti font face à un niveau élevé de risque dans le

cadre de leur travail. Et que le manque de moyens appropriés pour évaluer et faire face aux

menaces contre les Défenseur(e) de Droits de l’Homme amplifie ces menaces et les rend

encore plus vulnérables par rapport au contexte sociopolitique du pays. Le rapport a permis de

constater que la situation des Défenseur(e) de Droits de l’Homme en Haïti est alarmante et

mérite que les autorités du pays assument leurs responsabilités en garantissant le respect des

Droits Humains, particulièrement celui des Défenseur(e)s des Droits de l’Homme.

Fort de ce constat, la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains

(POHDH) formule les recommandations suivantes à l’endroit du secteur des Droits Humains

et des Autorités étatiques du pays.

1) Organiser des rencontres périodiques entre les institutions de défense des Droits

Humains en vue de faire un suivi de la situation sécuritaire des Défenseur(e)s des

Droits de l’Homme ;

2) Continuer à porter plainte auprès des autorités à chaque fois qu’une violation des

droits des Défenseur(e)s de Droits de l’Homme se produise et assurer le suivi des

plaintes déposées par les Défenseurs des Droits de l’Homme pour violation de leurs

droits par devant les Cours et Tribunaux nationaux en vue d’exercer la pression ;

3) Continuer à dénoncer les cas de violations des Droits des Défenseur(e)s de Droits de

l’Homme dans la Presse nationale et internationale ;

4) Au Gouvernement Haïtien d’inviter le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les

droits des Défenseurs des Droits de l’Homme en Haïti à dresser un état des lieux et

formuler des recommandations pour assurer la sécurité des Défenseur(e)s ;

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34

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

5) Au Gouvernement Haïtien de mettre en application les mesures conservatoires rendues

par la CIDH en faveur des Défenseur(e)s de Droits de l’Homme en Haïti ;

6) Au Gouvernement Haïtien de créer une atmosphère de confiance pour que les

Défenseurs de Droits de l’Homme puissent travailler en toute quiétude ;

7) A L’Office de Protection du Citoyen (OPC) de vulgariser la Déclaration sur les droits

des Défenseurs des Droits de l’Homme auprès des organisations de Droits Humains,

les autorités de l’Etat en particulier et le public haïtien en général ;

8) A la Communauté Internationale de renforcer les mécanismes et mesures de protection

des Défenseur(e)s de Droits de l’Homme ;

9) Au Rapporteur Spécial sur les droits des Défenseur(e)s et à l’Expert Indépendant sur

la situation des Droits Humains en Haïti de demander au Haut-commissariat des

Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) d’organiser des séances de formation

en Haïti pour les Défenseurs des Droits de l’Homme ;

10) Aux Organismes Haïtiens des Droits Humains de travailler en Synergie afin de

renforcer leur secteur et leur protection de leurs Droits.

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35

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

BIBLIOGRAPHIE

Livres

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1997

Yves DAIDET, La crise d’Haïti, Ed Monchretien, Paris, 1996

Friedrich A. HAYEK, Droit, Législation et liberté, l’ordre politique d’un peuple libre,

Presse Universitaire de France, Paris, 1983

Guy HERNET, Le passage à la Démocratie, Presse des sciences, Paris 1996

Pierre-Raymond DUMAS, La transition d’Haïti vers la Démocratie, Imprimeur II,

Port-au-Prince, 1997

Cherif BASSIONI, La Démocratie : Principes et Réalisation, Union

Interparlementaire, Genève, 1998

INTERNATIONAL LAND COALITION, Mécanismes internationaux de protection

des Défenseurs des Droits de l’Homme menacés en raison de leur travail sur les droits

fonciers, juillet 2012

NATIONS UNIES/ Droits de l’Homme/ Haut Commissariat aux Droits de l’Homme,

Les défenseurs des droits de l’homme : Protéger le droit de défendre les droits de

l’homme, Fiche d’information No 29

OEA, Rapport sur la situation des Défenseurs des Droits de l’Homme dans les

Amériques, ST. N.W Washington D.C, 2006

Articles/Revues

AMNESTY INERNATIONAL : Rapport 2013, La situation des Droits Humains dans

le monde

IRG : La gouvernance Démocratique, Juillet 2012

Sites

www.institut-gouvernance.org

www.ochch.org

www.frontlinedefenders.org

www.protectioninternational.org

www.defendingwomen-defendingrights.com

www.hrw.org

https://www.fidh.org/fr/ameriques/haiti/

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36

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

ANNEXE : Fiche d’Enquête

Fich ankèt sou vyolasyon dwa Defansѐ30

Dwa Moun an Ayiti

►Ribrik enfomasyon pou anketè/anketèz la

Dat…………………………………

Non………………………………….. Siyati…………………………………………….....

Zòn nan:………………………

Deskripsyon zòn nan :

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

Lè w komanse ankèt la: …………………………..

Lè w fin fè ankèt :……………………………………

Moun nan vle kolabore ak nou pou nou fè etid la: Wi Non

Ribrik enfòmasyon pèsonèl

Laj: Ant 20-25 lane Ant 25-30 lane Ant 30-35 lane

Ant 35-40 lane Ant 40 ak plis

Estati moun nan Marye Plasaj Selibatè/èz Divòse Mari /madanm

mouri

Seks moun nan : Fi Gason

1- Domèn travay ou ?

30

Defansѐ dwa moun se tout moun ki poukont li ou an asosiyasyon ak lot moun angaje li pou fѐ pwomosyon ak

defans dwa moun en general, (ke li wѐ tѐt li kom militan, kòm pwomotѐ oubyen edikatѐ dwa moun yo tout gen

menm objektif ki se respѐ dwa tout moun.

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37

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Dwa moun an jeneral:

Dwa Sivil ak Politik

Libète la pawol, enfomasyon ak la près Libète pou moun reyini ak fѐ asosiyasyon

Libète pou w panses ak chwazi relijyon Dwa pou moun vote Dwa pou yo jije

w byen

Dwa pou moun gen byen Dwa pou moun marye Dwa pou w gen yon nasyonalite

Dwa Ekonomik Sosyal ak Kiltirѐl :

Dwa pou moun travay Dwa pou moun al lekol Dwa pou moun gen yon kilti

Dwa pou moun jwenn kay nòmal pou yo rete Dwa lamanjay

Dwa pou moun jwenn bon dlo pou yo bwѐ

Dwa Espesyal:

Fanm Timoun LGBT Andikape Migran

Lòt òganizasyon sosyal:

Peyizan Sendikalis Pwofesyonel

Mamb òganizasyon popilè Manb òganizasyon peyizan

2-Depi konbyen tan wap travay/milite nan òganisation sa a (sa yo) ?

1an a 2 zan 2 zan a 5 kan 5 kan a 10 zan 10 zan e plis

3-Eske ou kon resevwa menas oubyen sibi zak vyolans akoz de travay ou ?

Wi Non

4-Eskew konnen genyen òganizasyon ak enstriman ki la pou pwoteje moun kap defann dwa

lòt moun ?

Wi Non

5-Si se wi, ki òganizasyon ak enstriman ou konnen ?

6- Si se wi, daprѐ ou ѐske òganizasyon sa yo ak enstriman sa yo pwoteje tout bon vre dwa

Defansѐ Dwa Moun yo?

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38

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

Wi Non

7- Eske ou konn itilize yo nan kad travay ou ?

Wi Non

8-Eskew konnen yon moun ki te viktim paskel tap defann dwa lòt moun ?

Wi Non

9- Ki kalite menas oubyen vyolans ou konn resevwa ?

10-Depi ki lè ou te resevwa menas sa yo ?

1an 2 zan 3 zan e plis

11-Ki kote menas sa yo soti ?

Otorite nan pouvwa Lapolis Patizan pouvwa

Otorite nan branch jistis la Popilasyon an Mwen pa konnen

12-Eske w te pote plent la jistis ?

Wi Non

13-Si wi eske w ka banou yon kopi plent lan ?

Wi Non

14- Eske otorite yo te fè dosye a mache ?

Wi Non

15-Si w pa konn pote plent kisa w konn fѐ lѐ ou sibi menas ou vyolans ?

16- Si se non pouki sa ou pa pote plent la jistis ?

Paske m pè Paske m pa panse sa empòtan Paske m pa fè sistѐm jistis la

konfyans

Paske lajistis pat resevwa plent mwen an Lòt rezon

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39

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

17- Si w konn resevwa menas ekri eskew ka banou yon kopi de lèt menas la ou byen montre

nou sms ?

Wi Non

18- Eske w prè pouw kolabore avek nou nan ede nou jwenn nenpòt lot prèv ki ka ede nou

nan kad ankѐt la ?

Wi Non

19 - Eske ou abitye itilize òganizasyon ak enstriman ki la pou defann dwa Defansѐ Dwa

Moun yo leu ou sibi vyolans ou lòt fom de vyolasyon dwa moun ?

Wi Non

20- Ki rekòmandasyon ou ta ka fѐ pou amelyore travay Defanse Dwa Moun yo an Ayiti ?

►Remak pou anketè/anketèz la : fè yon ti ranmase sou dewoulman sikolojik ankèt la ak

difikilte n te rankontre pouw reyalize l.

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………

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40

Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME VICTIMES DE VIOLATION DE

LEURS DROITS

Etzer CESAR et Watson PHANORD journalistes de RFM ont été victimes de

brutalité policière le 13 février 2013 lors des festivités carnavalesques au Cap Haïtien.

Féguens Canez PAUL, journaliste de Télé Star accrédité au Parlement haïtien a été

agressé le 04 juin 2013 lors de la convocation du Premier Ministre LAMOTHE au

Parlement.

Lionel SIMON, Mirabeau LOUIS et Israël Claudy ROGER, respectivement trois

(3) Journalistes de « Radio Rezistans FM » et « RC F.M » qui se trouvent à

Mirebalais, ont été assignés devant les Tribunaux le 27 avril 2013 par le Juge de Paix

de Saut d’Eau, Sauter FAURIS sous prétexte de diffamation, après avoir commenté

une information relative à sa personne.

Davidson ALCIMÉ, journaliste de Télé Paradis et Radio Paradis au Cap Haïtien

déclare qu’il ferait l’objet de sérieux menaces de mort de la part du directeur du

ministère de la jeunesse et des sports dans le département du Nord M. Wesly

BORGELLA, après avoir réalisé une émission sur le bilan des deux années de la

Présidence de Monsieur MARTELLY.

Me Newton Louis SAINT-JUSTE et Me. André MICHEL déclarent recevoir des

menaces à cause des démarches entamées pour combattre certaines dérives du Pouvoir

en place.

Me. Patrice FLORVILUS, Avocat et Militant des Droits Humains dénonce des

menaces quotidiennement de certains policiers dans le cadre de l’accompagnement

qu’il fournit aux victimes d’expulsions forcées du camp Accra à Delmas.

Me Jean Rénel SENATUS, ex Commissaire du Gouvernement près du Tribunal de

Première Instance de Port-au-Prince, déclare qu’il reçoit des menaces de la part des

personnes inconnues.

Jean Oreste MORIN, journaliste de Radio Tropic F.M., animateur de l’émission

Espace Vérité a reçu, le 3 avril 2014, une lettre de menaces.

Dans la lettre qui lui est envoyée figurent les noms de plusieurs autres journalistes

comme Patrick CHERY de Radio Télévision Zenith, Jean Monard METELLUS de

Radio Télévision Caraibes FM et de Liliane PIERRE PAUL de Radio Télévision

Kiskeya.

Jean Monard METELLUS, journaliste de Radio Télévision Caraïbes FM, animateur

de l’émission journalière Intersection et de l’émission hebdomadaire Ranmase a reçu

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Rapport sur la situation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Haïti 2013-2014

plusieurs lettres de menaces dont la dernière renfermait aussi un petit sachet contenant

une substance assimilable à de la poudre.

Joanel FRANÇOIS, directeur de l’information à la Radio Hosanna et animateur de

l’émission Inter action.

Irané SAMEDI, directeur de la salle des nouvelles à la Radio Hispaniola FM et

animateur de l’émission Hispaniola Actualités.

Santo LAMITIE, correspondant de Radio Télévision Scoop FM et animateur de

l’émission Chèche Verite, qui passe à la Radio Télé Diffusion Jacmélienne.

Fritzner PHILOGENE, responsable de l’information et animateur de l’émission

Trait d’Union qui passe à la Radio Télévision Express Continental.