Plantes du marais salé de Saint Hilaire de...

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Textes et photos : Françoise VERSIEUX-CHAUVIERE Plantes du marais salé de Saint-Hilaire-de-Riez

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Textes et photos : Françoise VERSIEUX-CHAUVIERE

Plantes du marais salé de

Saint-Hilaire-de-Riez

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Avant-propos Le marais salé de Saint Hilaire de Riez situé au sud du Marais breton vendéen, s’étend sur 450 hectares. Il est limité au nord par le barrage des Vallées, au sud par Saint Gilles Croix de Vie, à l’ouest par le bourg de Saint Hilaire de Riez et celui du Fenouiller à l’est, sur la rive gauche de la Vie. Après la dernière glaciation du Würm, la fonte des calottes glaciaires provoque l’inondation du Marais breton. A l’époque gallo-romaine le rivage se situe au niveau du Pas Opton. L’assèchement se fait progressivement laissant des dépôts argilo-calcaires, le bri, épais de 14 mètres au niveau de St Hilaire-de-Riez. Au Moyen Âge, l’assèchement est accéléré par le creusement d’étiers et de marais salants qu’exploitent les moines, puis les sauniers jusqu’au siècle dernier (1975). Cet « or blanc » n’étant plus rentable, le marais est abandonné, se comblant par manque d’entretien et apports de toutes sortes, tout ce que peut accueillir une déchetterie ! Certes, de-puis plusieurs années, les encombrants ont été extraits, mais demeurent de nombreuses zones de gravats plus ou moins enfouis, d’où la présence de plantes rudérales (Ballote noire, Mercuriale annuelle, Amarantes). Sur des par-celles privées, sont encore importés déchets de jardin et terre de décaissement qui induisent la présence de plantes ornementales (Iris, Jacinthes, Narcisses et autres Roses trémières) étrangères au biotope, mais qui visiblement pros-pèrent. Le pâturage ayant aussi disparu, des fourrés se forment. Sur les sols argileux, sableux ou argilo-calcaires, tous salés, se développent des plantes halophiles. Etymologique-ment ce sont des plantes qui aiment le sel. On parle souvent d’halophytes. Stricto sensu, toutes les halophytes ne sont pas des plantes halophiles puisque certaines peuvent aussi accomplir leur cycle de développement sans sel comme le font les glycophytes qui ne le tolèrent pas : ce sont des halophytes facultatives par opposition aux halophytes obligatoires qui ont besoin de sel pour se développer et se reproduire même si certaines phases nécessitent des con-centrations différentes en sel (chez la Salicorne d’Europe et la Soude maritime, faible concentration en NaCl à la germination). Les différentes halophytes vivant dans ce milieu salé sont obligées de créer dans leurs tissus une pres-sion pour attirer l’eau et les nutriments nécessaires à leur vie (phénomène d’osmose). Pour ce faire, elles stockent du sel dans les vacuoles de cellules spécialisées. Les tiges et les feuilles se gorgent d’eau (crassulescence ou succulence

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donnant l’aspect de plantes grasses). Pour éviter l’intoxication, le sel peut être concentré à la base de la plante (chez la Salicorne d’Europe une annuelle). Chez la Soude vraie, halophyte vivace, certaines feuilles noircissent et tombent, supprimant ainsi l’excès de sel. Le sel est aussi excrété par des pores, petits trous dans les feuilles (chez le Tamaris) ou exsudé sur la face inférieure des feuilles (chez l’Obione et les Limonium). Il peut être aussi régulé au niveau des racines par des phénomènes chi-miques complexes (chez l’Atriplex à feuilles d’Arroche et l’Armoise maritime). Pour que l’eau demeure, la plante doit réduire son évaporation par différentes stratégies morphologiques ou physio-logiques : suppression des feuilles ( chez les Salicornes) ou diminution de la surface - souvent arrondie - (chez les Soudes), épaississement de la cuticule, formation de poils qui en se desséchant donnent un aspect poudré aux feuilles de nombreuses Amaranthacées, diminution du nombre de stomates (organes d’échanges gazeux avec l’atmosphère) ou protection par des poils dans des cryptes, enroulement des feuilles pour les protéger les stomates (Frankénie et Chiendent du littoral.) Les halophytes se répartissent selon leur capacité à résister à l’immersion qui peut être biquotidienne, bimensuelle ou seulement lors des équinoxes. Leur résistance au vent, au soleil, aux pluies hivernales, la nature chimique et granulo-métrique du substrat, leur fixation sur les bossis (formés petit à petit par les curages des champs-morts, des œillets et des étiers) ou sur les talus protégés, tous ces facteurs, déterminent l’implantation des plantes du marais salé de St Hilaire de Riez. La liste des plantes proposées dans cet ouvrage n’est pas exhaustive. Elle ne concerne que les plantes rencontrées sur le domaine public accessible aux promeneurs, en quête de quiétude et de paysages qui semblent renouvelés sans cesse, au gré des heures et des saisons. L’utilisation médicinale de certaines plantes citées dans cet ouvrage, n’est donnée qu’à titre indicatif. Il faut tenir compte de la sensibilité de chacun aux substances qu’elles contiennent et donc, avoir recours à un thérapeute autorisé pour éviter des réactions d’intolérance.

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Tripleurospermum maritimum (L.) W.D.J.Koch = Matricaria maritima L. (Asteraceae ex Composées) Matricaire maritime Plante halophile inodore, en touffes étalées, fleurie de mai à octobre Feuilles finement découpées, plus ou moins charnues, carénées en dessous Capitules de fleurs jaunes en tube au centre entourées de fleurs en languette se courbant vers le bas en fin de maturation. Coupé en 2, le capitule ne présente pas de cavité. Sous le capitule, bractées de 1,5 à 5 mm de large à bord membraneux Aime les milieux azotés près des vasières fréquentées par les oiseaux Ressemble beaucoup à Tripleurospermum inodorum qui lui n’aime pas le sel et dont les feuilles ne sont pas carénées. Utilisations :

- ses principes chimiques antioxydants intéressent l’industrie en lien avec la cos-métique

- favorise le transit intestinal - se contentant d’un substrat mince, la Matricaire maritime est utilisée sur les

toits végétalisés.

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Réceptacle plein

Feuille carénée en dessous

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Artemisia maritima L. ( Asteraceae ex Composées) Armoise maritime, Absinthe de mer, Sémentine, Sanguenite en Vendée Halophyte facultative vivace, grise, densément duveteuse, émettant des rejets stériles, fleu-rie en septembre et octobre Feuilles 2 fois découpées en éléments linéaires, les supérieures sessiles (= sans pétiole), celles de la base, pétiolées 3 à 6 petites fleurs jaunes par capitule, toutes en tube. A maturité, elles deviennent rapide-ment brunes. Capitules tous du même côté, oblongs et pendants, groupés en une panicule lâche Originaire des îles britanniques, l’Armoise maritime est protégée dans les Pays de la Loire depuis 1993. Utilisations : - les capitules séchés sont un puissant vermifuge, mais toxiques (santonine) en cas de mauvais dosage. Elle était encore largement utilisée au siècle dernier - sert aussi à aromatiser des liqueurs.

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Un capitule à 3 fleurons

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Tripolium pannonicum Dobrocz. = Aster tripolium L. (Asteraceae ex Composées) Aster maritime, Aster tripode, Oreille de cochon, Epinard de mer Halophyte obligatoirebisannuelle*, parfois vivace, fleurie de juillet à septembre. Feuilles charnues, glabres, celles de la base ovales et longuement pétiolées, les autres lan-céolées et étroites Capitules formés de fleurs ligulées blanches à lilas, entourant des fleurs jaunes en tube. Ils sont groupés en corymbes. Certains spécimens d'Aster ne possèdent que des fleurs en tube (Tripolium pannonicum f. discoideus). Utilisations : - les feuilles de la rosette (feuilles de 1ère année) sont consommées cuites. Les jeter dans l’eau bouillante 3 mn puis les passer au beurre dans lequel on aura fait revenir une échalote. Ne pas saler! Riches en omégas 3, fer et potassium. La cueillette se fait de préférence en mars-avril. Les feuilles jeunes de 2ème année sont coupées au sommet de la plante sur 10cm maximum pour qu’elle puisse continuer son développement - plante médicinale astringente et antiseptique (en gargarismes contre les an-gines et en lotion oculaire). * Ne fleurit qu’au bout de la 2ème année.

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Tripolium pannonicum discoideus

Feuilles = oreilles de cochon

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Frankenia laevis L. (Frankeniaceae) Frankénie lisse, Bruyère marine Plante halophile vivace, tapissante, à tiges ligneuses Fleurie de mai à août Feuilles petites, charnues, enroulées pour protéger les stomates, devenant rouge-violacé en hiver Fleurs roses à 5 pétales un peu froissés. Souvent en association avec Limonium dodartii (Statice de Dodart). Utilisations : - dans les jardins comme plante ornementale très couvrante.

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Frankénie associée au Statice de Dodart

Feuilles enroulées

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Salicornia europaea L. (Amaranthaceae. Anciennement classée dans les Chenopodiaceae) Salicorne d’Europe Halophyte obligatoire* annuelle, à racines grêles, à tige dressée composée d’articles plus longs que larges. Port pyramidal, fleurie d’août à octobre Feuilles absentes, réduites à 2 gaines minuscules Fleurs réduites à 3 écailles par segment (1 au centre et 2 plus petites de chaque côté, se rejoi-gnant sous la plus grande). Chaque fleur avec 1 pistil et 2 étamines. A la fin de la floraison, 3 cicatrices visibles En automne, la Salicorne rougit. Les graines mûres tombent, germent en donnant une plantule qui végète pendant l’hiver pour reprendre son développement au printemps ou rester en dor-mance. Utilisations : - cueillie de juin à octobre, elle est cuisinée comme les haricots verts (cuire peu et sans sel la Salicorne contenant 1 g de sel aux 100g)) ou mangée crue dans les salades. Retirer la partie centrale ligneuse après cuisson, si elle est coupée d'août à octobre. La récolte par les professionnels est déterminée par arrêté de la Préfecture maritime (quota, outils de coupe, etc.). Couper le haut de la plante pour qu’elle puisse continuer à croître. Ne pas l’arracher ! - riche en oligo-éléments, vitamines, iode. * Ne peut pousser ailleurs que dans l’eau salée

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Plantule -1 cm– au printemps

Salicornes en automne

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Index par couleurs

Achillea millefolium Anthriscus caucalis Anthriscus sylvestris Baccharis halimifolia Bellis perennis Cardamine hirsuta Cerastium glomeratum Conium maculatum Datura stramonium Daucus carota Erigeron canadensis Erigeron sumatrensis Eryngium campestre Galium aparine Heracleum sphondylium Iris hollandica Lepidium draba Leucanthemum vulgare Ligustrum vulgare Marrubium vulgare OEnanthe lachenalii Ornithogalum umbellatum Plantago lanceolata Prunus spinosa Rosa canina Salpichroa origanifolia

Agrimonia eupatoria Artemisia maritima Asparagus officinalis Blackstonia perfoliata Brassica nigra Crepis sancta subsp.nemausensis Dittrichia graveolens Ficaria verna Foeniculum vulgare Glaucium flavum Helminthotheca echioides Hypericum perforatum Hypochaeris radicata Lactuca serriola Lactuca virosa Limbarda crithmoides Medicago arabica Medicago littoralis

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68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 100 102

Silene latifolia Solanum nigrum Stellaria media Trifolium repens Tripleurospermum maritimum Yucca gloriosa

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Medicago lupulina Medicago polymorpha Narcissus pseudonarcissus Plantago coronopus Portulaca oleracea Potentilla reptans Pulicaria dysenterica Ranunculus bulbosus Ranunculus parviflorus Reseda lutea Reseda luteola Senecio vulgaris Sonchus asper Sonchus oleraceus Trifolium campestre Ulex europaeus Verbascum blattaria Verbascum thapsus Xanthoria parietina

Iris foetidissima Iris germanica Limonium dodartii Limonium vulgare Lycopsis arvensis Mentha pulegium Muscari armeniacum Myosotis arvensis Myosotis discolor Prunella vulgaris Solanum dulcamara Tragopogon porrifolius subsp. eriospermum Tripolium pannonicum Valerianella locusta Verbena officinalis Veronica arvensis Veronica hederifolia Veronica persica Vinca major

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Allium vineale Althaea officinalis Anacamptis morio Anacamptis pyramidalis Arctium lappa Ballota nigra Carduus tenuiflorus

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Cirsium arvense Cirsium vulgare Cynara cardunculus Dipsacus fullonum Echium vulgare Erodium moschatum Hyacinthoides hispanica

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Cortaderia selloana Crassula tillaea Erodium cicutarium Frankenia laevis Geranium dissectum Geranium molle Geranium purpureum Geranium rotundifolium Himantoglossum hircinum Lonicera periclymenum Lamium amplexicaule Lamium purpureum Lysimachia arvensis Malva neglecta Malva sylvestris Oxalis articulata Parentucellia latifolia Rubus fruticosus Spergula marina Tamarix gallica Trifolium pratense Trifolium resupinatum Vicia sativa

Arrhenatherum elatius Arum italicum Atriplex halimus Atriplex prostrata Avena barbata Beta vulgaris maritima Bromus hordeaceus Chenopodiastrum murale Dactylis glomerata Elytrigia acuta Halimione portulacoides Holcus lanatus Hordeum marinum Humulus lupulus Juncus maritimus Mercurialis annua Parapholis incurva Polypogon monspeliensis Rumes acetosa Rumex crispus Salicornia europaea Salsola soda Sarcocornia fruticosa Sarcocornia perennis Suaeda maritima Suaeda vera Urtica dioica

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Amaranthus deflexus Amaranthus hybridus Anthoxanthum odoratum

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Ouvrages consultés Flora gallica. Flore de France Jean-Marc Tison et Bruno de Foucault Tela Botanica d’après la Flore en 3 volumes Hippolyte Coste Connaitre et reconnaitre la flore et la végétation des côtes Manche-Atlantique Cécile Lemoine et Georges Claustres Flore portative Gaston Bonnier Flore en 5 volumes Gaston Bonnier Les 1544 plantes sauvages de Vendée Alfred Hérault Mes remerciements à Bernard Taillé pour son insistance persuasive à poursuivre cet inventaire des plantes du marais salé de Saint Hilaire de Riez Un grand merci aussi à Bernard Guilmineau pour sa présence informatique L’assentiment des membres du CA de l’Association Nature et Culture a permis l’édition de cet ouvrage.

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Cette collection de plantes inféodées au sel ou s’en accommodant n’est pas exhaustive. Au gré du vent, du passage de la faune tant sur terre que dans les airs, cette flore peut être modifiée d’une année sur l’autre. Tributaires aussi de l’activité humaine (interventions plus ou moins « per-lées » de faucheuses), elle peut disparaître momentanément, ne laissant plus au promeneur, sans doute déçu, que son image figée dans cet ouvrage.

Françoise Versieux - Chauvière La section botanique de l’association NATURE ET CULTURE vous présente cette deuxième édition, revue et forte-ment augmentée, des

« Plantes du marais salé de Saint-Hilaire-de-Riez ». Ce travail considérable est l’œuvre de Françoise Versieux-Chauvière : - des textes où sont abordés les 4 piliers de la botanique : floristique (aspect physique des plantes), pharmaco-

gnosie (aspect chimique), phytosociologie (environnement naturel) et ethnobotanique (environnement cultu-rel).

- des photos originales signées de l’auteure, avec de nombreuses macros qui nous font découvrir au plus près les caractéristiques de chaque plante.

Ce volume sera utile à tous les promeneurs avides de décrypter le paysage si particulier du marais salé, dans toute sa richesse et toute sa beauté.

biodiversitenec85.fr natureetculture85.fr

Prix : 15 € ISBN 978-2-9558344-1-1