Planification des programmes d'enseignement et...

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Planification des programmes d'enseignement et problèmes sanitaires actuels par Warren H. Southworth Unesco

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Planification desprogrammes d'enseignement

et problèmessanitaires actuelsparWarren H. Southworth

Unesco

ISBN 92-3-201129-8Edition anglaise: ISBN 92-3-101129-4

Composé et imprimé dans les Ateliersde l'Organisation des Nations Uniespour l'éducation, la science et la culture7, place de Fontenoy, 75700 Paris

© Unesco 1974 [B]

Préface

La présente publication peut être considérée com-me un supplément à l'ouvrage du professeur C E .Turner, paru dans la collection Unesco "Program-mes et méthodes d'enseignement" et intitulé L'édu-cation sanitaire à l'école. Comme lui, cette études'adresse à ceux qui ont la charge d'élaborer desprogrammes d'enseignement sanitaire - adminis-trateurs d'établissements scolaires, inspecteursd'éducation sanitaire, spécialistes des program-mes d'enseignement, ainsi que tels ou tels ensei-gnants; mais dans les pages qui traitent d'éduca-tion en matière de population, de pollution, de pré-vention des accidents, de drogue, de maladies vé-nériennes et d'hygiène mentale, cette étude sem-ble de nature à intéresser un plus large public.

Bien qu'elle ne vise pas à offrir une descrip-tion exhaustive de chacun des problèmes, elle four-nit des données de fait et indique des directionsdans lesquelles la planification des programmesd'enseignement pourrait s'engager, l'accent étantmis tout particulièrement sur la coopération entreles établissements scolaires et les autorités res-

ponsables de la santé publique. Il ne s'agit pasd'un guide destiné à l'enseignant, mais bienplutôt d'une suite de remarques qui pourraientprésenter un intérêt pour l'élaboration de guidesdestinés aux enseignants et de programmes adap-tés à des situations particulières dans tel ou telpays ou région.

A l'origine, cette publication a été préparéeen vue d'un colloque organisé par l'Unesco etl'OMS sur la planification de l'éducation sanitaireà l'école. L'auteur, le Dr Warren H. Southworth,est professeur d'enseignement sanitaire à l'Uni-versité du Wisconsin et il fait depuis nombre d'an-nées une brillante carrière dans le domaine de lasanté publique, tour à tour conférencier, directeurde recherche et chargé de mission. Dans la rédac-tion de la présente étude, il a bénéficié des conseilset des suggestions des participants au colloque etde spécialistes de l'OMS et de l'Unesco.

Toutefois les opinions exprimées dans cetteétude sont celles de l'auteur et ne reflètent pasnécessairement celles de l'Unesco ou de l'OMS.

Table des matières

1. L'EDUCATION DEMOGRAPHIQUE 5

2. L'EDUCATION RELATIVE A LA POLLUTION 11

3. L'EDUCATION RELATIVE A LA SECURITE 19

4. L'EDUCATION RELATIVE A LA DROGUE. 24

5. L'EDUCATION RELATIVE AUX MALADIES VENERIEN-NES 31

6. L'EDUCATION RELATIVE A LA SANTE MENTALE 36

BIBLIOGRAPHIE 41

1. L'éducation démographique

Parmi les problèmes sociaux qui se posent actuel-lement avec le plus d'acuité, celui de l'expansiondémographique occupe la première place. On esti-me que la population mondiale a atteint le cap dupremier milliard aux environs de 1825, le cap dudeuxième milliard au cours de l'année 1930 et celuidu troisième milliard en 1960. Le quatrième mil-liard semble devoir être atteint vers 1975. Lesintervalles correspondant à chaque augmentationd'un milliard se présentent comme suit : 1er mil-liard (1825) - plusieurs centaines de milliers d'an-nées; 2e milliard (1930) - 105 ans; 3e milliard(1960) - 30 ans; 4e milliard (1975) - 15 ans; 5emilliard ? ? ? - ? ? ? Il se produit actuellement deuxnaissances par seconde, et, chaque jour, plus de170. 000 êtres humains voient le jour sur notre pla-nète. Si l'accroissement se poursuivait à ce ryth-me (2 % par an) jusqu'en 2000, la population mon-diale dépasserait 7 milliards d'êtres humains. Etsi la population mondiale continue à se multiplierà cette allure galopante, dans 7 ou 8 siècles àpeine, il y aura dix personnes par mètre carré àla surface du globe, y compris les océans, lesdéserts, les montagnes et les régions polaires! Lemonde peut-il subvenir aux besoins d'une popula-tion en perpétuelle augmentation ? Cette questionsuscite beaucoup d'inquiétude et de nombreux débats.

Le problème démographique

L'économiste anglais Thomas R. Malthus fut l'undes premiers à s'intéresser au problème démogra-phique. L'idée fondamentale qu'il expose dans sonEssay on the Principle of Population, publié en1798, est que les populations augmentant plus rapi-dement que les ressources alimentaires du monde,la guerre et la maladie devaient résorber l'excédentde population. "La puissance de la population estinfiniment plus grande que celle dont dispose laterre pour produire la subsistance de l'homme. "Cette idée contient une part de vérité. Toutefois, leproblème que pose la population mondiale dépassede beaucoup la recherche de l'espace et de la nour-riture nécessaires à la survie de chacun.

Les graves conséquences d'une expansiondémographique rapide peuvent se résumer com-me suit :

1. L'augmentation du revenu par tête devientimpossible, en particulier dans les pays peu déve-loppés, et les inégalités dans la répartition durevenu tendent à se perpétuer.

2. Les conflits politiques et sociaux entre lesdivers groupes ethniques, religieux, linguistiqueset sociaux prennent une plus grande acuité.

3. Le nombre des enfants augmentant encoreplus rapidement que l'ensemble de la population,la nécessité de donner un enseignement à deseffectifs toujours plus nombreux met obstacle àl'augmentation des taux d'inscription et à l'amélio-ration qualitative de l'enseignement.

4. Les services sanitaires et sociaux se trou-vent affectés en ce qui concerne leur coût, leurdéveloppement et leur nature.

5. La détérioration de l'environnement s'accé-lère.

6. La rapidité de l'expansion démographiqueest une des variables qui affectent le niveau de vie.Le revenu par tête, le niveau technologique, ladensité du peuplement humain, ainsi que la diversi-té sociale et culturelle de la population constituentd'autres variables .

Beaucoup de ces conséquences sont encore malconnues et leur portée est incertaine.

Outre le rapide accroissement démographiqueque connaissent la plupart des pays du globe - qu'ils'agisse de pays développés ou de pays en voie dedéveloppement - on constate divers autres phéno-mènes démographiques importants. Parmi ceux-ci,on peut citer : (1) la diversité croissante des peu-ples qui partagent la même aire géographique et,de plus en plus, le même espace vital ainsi queles mêmes systèmes économiques, sociaux etpolitiques; (2) la migration croissante des popu-lations rurales vers les villes (urbanisation oumétropolisation); (3) l'allongement de l'espérancemoyenne de vie.

En 1972, six nations géantes se partagent près

des 3/5e de la population du globe - plus de deuxmilliards d'êtres humains. Ces nations sont laChine, avec, estime-t-on, 786 millions d'habi-tants, l'Inde avec 585 millions, l'Union soviéti-que avec 248 millions, les Etats-Unis avec 209millions, l'Indonésie avec 129 millions et leJapon avec 106 millions. Sur la base des tauxactuels de fécondité et de mortalité, ces popu-lations pourraient bien avoir doublé d'ici à la findu siècle. Cet accroissement pourrait avoir, com-me dans d'autres pays mais avec plus d'ampleur,des effets extrêmement néfastes sur les structureséconomiques, sociales et politiques. Il pourraitégalement avoir des conséquences regrettables pourl'enseignement public, la santé et le bien-être, pro-voquer la détérioration du milieu dans lequel cespopulations vivent et causer la dégradation de leurqualité de vie.

De nombreuses régions du globe connaissentune mutation radicale», leur mode de vie agricoleet rural faisant plaa«' à un genre de vie hautementurbanisé dans lequel ^''industrie représente la sour-ce principale de subsistance pour un nombre depersonnes de plus en plus important. Un nombreplus réduit d'agriculteurs produit aujourd'hui deplus grandes quantités de denrées alimentaires;les populations excédentaires sont rejetées deszones rurales, ce qui, allié à l'attrait qu'exercesur elles l'espoir d'un emploi plus stable à la vil-le, de plus larges possibilités en matière d'éduca-tion, de soins médicaux, de vie culturelle ou autresactivités sociales, particulièrement dans les villesdes pays en voie de développement, suscite unemigration toujours plus forte de la campagne versla ville. Les progrès techniques qui sont récem-ment apparus dans le domaine industriel, celui del'énergie et des transports demandent souvent unemain-d'œuvre plus réduite pour un même volumede production. Dans le même temps, la populationdéjà urbanisée devient extrêmement mobile. Il enrésulte que les populations rurales ou celles desbourgades somnolentes vont s'installer dans degrandes régions métropolitaines ou se déplacentde l'une à l'autre. Ce courant s'accompagne d'unautre courant, celui des familles à revenus élevésqui quittent les quartiers centraux, en voie de dé-clin, pour les nouvelles communautés suburbaines.

Bien que les régions rurales et urbaines souf-frent les unes et les autres d'une dégradation del'environnement provoquée par une migration rapi-de vers les villes, tout particulièrement en Afri-que, en Asie et en Amérique latine, le principalproblème est celui des villes. Les symptômes phy-siques et sociaux ne sont que trop évidents : satu-ration de la construction; surpeuplement; mauvaisequalité de l'habitat; médiocrité des services etinstallations communautaires; prolifération destaudis; système de distribution d'eau courante rudi-mentaire et dangereux; système insuffisant de ra-massage et de traitement des ordures; implantationdes immeubles non planifiée, les problèmes d'inon-dation et de drainage étant plus ou moins négligés;

désorganisation sociale et diverses formes d'ina-daptation, de délinquance juvénile et de crimina-lité, paralysie de la circulation urbaine; encom-brement des espaces de récréation; saleté, lai-deur sordide, maladie et accidents. Nombreuxsont ceux qui parmi les migrants ne peuvent s'in-tégrer à la communauté urbaine et qui s'entassentdans ces quartiers de "squatters" qui prolifèrentdans les villes de toute importance, dans de nom-breuses régions du globe, et qui, dans certainesgrandes villes, groupent jusqu'à la moitié de lapopulation.

Les systèmes urbains sont proches de leurpoint de rupture, le nombre de gens qui veulenten tirer parti ne cessant de croître. Les villes duglobe n'occupent que 2 % des terres, mais ellescomptent de 50 à 60 % de la population. Dans lemonde entier, près de 90 villes dépassent le mil-lion d'habitants. Tokyo est la plus grande ville dumonde avec plus de 9 millions d'habitants; NewYork vient ensuite avec 8 millions; Shangaï, SaoPaulp, Pékin, Mexico, Calcutta et Rio de Janeirqont toutes une population qui d'après les estimationsde 1970 dépassait 7 millions.

Au cours des 100 dernières années, les pro-grès scientifiques en matière d'hygiène ont per-mis de juguler certaines maladies jadis meutriè-res - variole, fièvre jaune, peste, fièvre typhoïde,choléra, et diphtérie. Des progrès ont égalementété enregistrés dans la lutte contre la tuberculo-se et le paludisme. Grâce à ces succès, les tauxde mortalité ont été réduits de façon substantielleet l'espérance de vie à la naissance a augmenté ende nombreux pays. Les taux de mortalité réduitset une espérance de vie accrue ne favorisent passeulement l'expansion rapide de l'ensemble de lapopulation dans un pays donné; mais leur effet sefait également sentir sur la structure par âges decette population, les augmentations étant particu-lèrement sensibles parmi les groupes les plusjeunes et les plus âgés.

Le problème que pose la population du globecomporte d'autres éléments dont les interactionscompliquent la situation. Ces éléments sont lessuivants :

1. Grâce aux moyens de communication et detransport modernes, le monde est devenu si"petit" que le problème démographique d'un payspeut avoir de sérieuses incidences dans d'autrespays.

2. La population mondiale augmente le plusrapidement dans des régions qui connaissent déjàune pénurie de denrées alimentaires et qui sonttechniquement peu avancées - l'Asie, l'Afrique etl'Amérique latine. Leur taux d'accroissementannuel d'environ trois pour cent entraîne le dou-blement de la population en l'espace de 2 3 ans.

3. Parmi les méthodes proposées en vtie d'aug-menter la production de denrées alimentaires(telles que les pesticides, les herbicides, lesengrais chimiques, l'assèchement des sols), nom-

breuses sont celles qui, même à leur stade actueld'application, risquent d'avoir un effet néfaste sur1 ' environnement.

4. La production mondiale de nombreux articles- vêtements, denrées alimentaires, outillage,machines - ne répond pas aux besoins de popula-tions désireuses d'avoir aujourd'hui des conditionsde vie satisfaisantes.

5. La production de déchets et l'augmentation dela pollution croissent en fonction de l 'essor démo-graphique et de l'amélioration du mode de vie. Lemilieu ne peut absorber la pollution que dans unemesure limitée.

6. Les ressources de base - espace, air, eau,couche superficielle du sol, combustibles et mine-rais - sont limitées et la qualité de la vie humainese modifie à mesure que les ressources sontconsommées, s'épuisent ou sont contaminées parune population en constante expansion. En revan-che, la capacité de reproduction de l'homme estpratiquement illimitée.

7. Le monde n'est pas un immense réservoirunique d'espace, de techniques, de ressources, deconnaissances et de capitaux où toutes les nationspuissent continuellement puiser afin de satisfaireles besoins de leurs populations respectives, envoie d'expansion rapide.

8. Il existe un profond déséquilibre dans l'utili-sation des ressources du globe; six pour cent de lapopulation consomment de 40 à 50 % des ressour-ces naturelles disponibles.

9. Les aspirations croissantes de tous les peu-ples à des conditions de vie, à une éducation et àdes possibilités économiques convenables n'étantpas satisfaites, il en résulte que des tensions poli-tiques extrêmement fortes se font sentir dans lemonde entier.

10. Tout effort pour accroître la capacité d'ab-sorption du globe en fonction de l'expansion démo-graphique est voué à l'échec si cette dernière échap-pe à toute régulation.

Les responsables des services de santé soulignentque les fortes concentrations humaines sont unesource de difficultés dans les domaines de l'hygiè-ne, de la pollution atmosphérique, du logement, del'approvisionnement en eau, de l'épuisement dessols, de la malnutrition, ainsi que de la lutte contrele bruit. Les menaces qui pèsent sur la stabilitédes gouvernements et de la paix sont encore plusgraves que ces problèmes de santé. Certains expertsestiment que compte tenu du taux actuel d'accroisse-ment démographique, et à défaut d'une interventionprécise dans le domaine social, le monde doit s'ap-prêter à faire face vers 1985 ou 1990 - c'est-à-dired'ici quelques années seulement - à la plus grandefamine que l'homme ait jamais connue, une famineau cours de laquelle une grande partie de l'espècehumaine en Afrique, en Asie et en Amérique latine,risque de disparaître. On ne saurait assurer indé-finiment ne serait-ce que la subsistance d'unepopulation dont l'effectif continue à croître à lamanière d'intérêts composés.

Par ailleurs, ce n'est pas forcément l'extinc-tion que l'avenir réserverait à l'espèce humaine.Si l'on s'en rapporte à René Dubos (1), éminentspécialiste de l'environnement à l'UniversitéRockfeller :

L'homme survivra en tant qu'espèce pour une bon-ne raison : il peut s'adapter à la saleté, à lapollution et au bruit d'une ville comme New Yorkou Tokyo. Mais c'est là la véritable tragédie -nous pouvons nous adapter. Ce n'est pas tantl'homme que la crise écologique menace dedétruire que la qualité de la vie humaine, lesattributs qui font que la vie humaine diffère dela vie animale.

Les animaux sauvages peuvent survivre et mêmese multiplier dans les zoos des villes, mais celaau prix de la beauté qui caractérisait leur aspectet leur comportement dans leur habitat naturel.De la même manière, les êtres humains peuventpresque à coup sûr survivre et se multiplierdans la cage polluée de la civilisation technique,mais nous aurons peut-être à sacrifier une bon-ne part de notre qualité humaine en nous adap-tant à de telles conditions.

D'après les prévisions d'une étude faite par laNational Academy of Sciences (2) :

. . . les potentialités techniques existent qui per-mettent non seulement de nourrir tous les êtreshumains, mais d'améliorer considérablement laqualité de leur régime alimentaire, au moinsjusqu'à la fin de ce siècle. Au cours des vingtprochaines années, aucune modification destaux de fécondité ne saurait avoir d'effets sensi-bles sur la gravité du problème alimentairemondial. D'ailleurs, les ressources naturellesdont dispose actuellement la technique sontsuffisantes pour permettre une améliorationconsidérable du niveau de vie de tous les êtreshumains qui peupleront la terre d'ici 2 0 ou 30ans. Cela ne signifie pas que cette améliorationdu régime alimentaire ou du niveau de vie soitabsolument certaine. Elle dépendra de l 'amé-lioration des institutions sociales et économi-ques et du développement de la coopération etde l'interdépendance entre les peuples du monde.

Cet optimisme en ce qui concerne la productiondes denrées alimentaires et le niveau de vie nes'applique qu'à un avenir limité - 20 à 30 ansseulement. A long terme, une diminution des tauxactuels d'accroissement démographique est haute-ment souhaitable.

Au cours des siècles passés, l'augmentationdu nombre des êtres humains était régularisée partrois éléments - la maladie, la guerre et la famine.

(1) Dubos, René "Mère Survival Is Not Enoughfor Man", Life, Vol. 69, N°24, January 24, 1970.

(2) National Academy of Sciences, Rapid Popula-tion Growth, Baltimore, Maryland : The JohnsHopkins Press, 1971.

Le recul progressif de la maladie a libérél'homme d'un de ces éléments régulateurs. Laguerre et la famine continuent d'avoir des effetsrestrictifs sur l'accroissement démographique. Onpeut venir à bout de la guerre; mais étant donné quel'agriculture n'est qu'un palliatif, la prévention àlong terme de la famine exige que l'homme choisis-se entre deux solutions - une mortalité plus élevéeou une fécondité réduite. Devant le problème quepose la rapidité de l'accroissement démographique,plus de 35 pays en voie de développement ont prisdes mesures énergiques afin de réduire la fécondi-té au moyen de politiques et de programmes de pla-nification familiale. Plus de 70 pour cent des popu-lations qui vivent dans les régions en voie de déve-loppement appartiennent à des pays qui prêtent leurconcours à des mesures de planification familialeou qui ont une politique favorable à une action de cegenre.

Dans la déclaration des Nations Unies sur lapopulation, il est dit que la possibilité de décider dunombre des naissances et de leur espacement estun droit élémentaire de l'homme. Les programmesde planification familiale sont élaborés dans cetteoptique. Ils diffèrent quant aux méthodes auxquel-les ils font appel - stérilisation, contraception,avortement ou combinaison de ces méthodes derégulation de la fécondité - suivant les besoinset les conditions propres à chaque pays. Indépen-damment des effets qu'ils exercent sur l'accrois-sement démographique, les programmes de plani-fication familiale peuvent répondre à d'autres finstelles que :

1. Permettre aux couples de choisir plus sûre-ment et plus librement le nombre de leurs enfantset l'intervalle entre les naissances (en particulierdans le cas des couples pauvres ou ignorants qui nebénéficient pas de soins médicaux privés);

2. Réduire le nombre d'avortements dangereuxou fatals en donnant aux femmes qui ne veulent pasd'enfant les moyens de substituer à l'avortementune contraception sûre et sans danger;

3. Améliorer la santé des mères en les aidantà éviter les maternités trop nombreuses ou troprapprochées;

4. Protéger la santé et le bien-être des enfantsen éduquant les parents et en les aidant à limiterl'effectif de leurs familles ainsi qu'à augmenterl'intervalle entre les naissances;

5. Contribuer à soulager la misère en diminuantle fardeau économique qu'une famille nombreusefait peser sur les parents.

Parmi les obstacles auxquels se heurte la planifica-tion familiale on peut citer : (a) le sentiment d'insé-curité et le conservatisme des familles, qui s'expli-quent par les taux élevés de mortalité, notammentde mortalité infantile; (b) les traditions sociales etculturelles selon lesquelles la position sociale de lafemme est fonction de sa fécondité, une féconditéinférieure à la normale étant considérée comme unecatastrophe personnelle; (c) les traditions qui confè-

rent à la naissance de garçons une valeur parti-culière; (d) le besoin d'avoir une nombreuse famil-le, gage de soutien et de sécurité en cas de mala-die et pendant la vieillesse; (e) la carence desservices de santé et des divers autres servicesd'aide sociale; (f) les facteurs qui s'y rattachent,tant sociaux qu'éducatifs ou économiques, tellela modicité des ressources familiales. Il nefait pas de doute qu'une éducation soit nécessairepour surmonter ces obstacles à la planificationfamiliale.

Nombreux sont ceux qui attendent de la scien-ce et de la technique la solution des problèmesdémographiques mondiaux, persuadés qu'ils sontque la production accrue de denrées alimentaires,l'extension des services sanitaires, le recyclagedes ressources, la mise en valeur de nouvellessources d'énergie et peut-être de développementdes possibilités humaines dans l'espace permet-tront de résoudre le problème posé par une popu-lation en constante expansion. En fait, ces mesuresne sont que des palliatifs, non des remèdes. Lasolution du problème dépend de la bonne volontéavec laquelle les peuples, quels qu'ils soient, met-tront leurs forces économiques, culturelles, socia-les et politiques au service de la planificationdémographique, de la planification familiale, et de laprise de conscience, par chacun, de ses responsa-bilités en matière de reproduction. Dans cetteentreprise difficile, l'enseignement démographi-que devient un impératif.

Conséquences pour une vie saine à l'école

Une population en augmentation amplifie bon nom-bre des difficultés auxquelles les établissementsscolaires doivent faire face. Elle conduit notam-ment à :

1. Réclamer des résultats intellectuels d'unniveau plus élevé;

2. Reconnaître la nécessité d'établir des pro-grammes efficaces pour les sujets doués et lessujets retardés, aussi bien que pour les élèvesdits moyens;

3. Prendre en considération la variation desbesoins éducatifs en fonction des différences demilieu culturel;

4. Accepter les techniques nouvelles d'ensei-gnement telles que la télévision, le kinescope,l'enseignement programmé et le laboratoire delangues;

5. Prendre conscience du niveau variable desmaîtres, tant en ce qui concerne l'étendue deleurs connaissances que leur aptitude à enseigner;cela vaut également pour la capacité d'apprentis-sage des élèves;

6. Reconnaître l'importance de l'influence dumilieu sur la faculté d'apprentissage tant au stadepréscolaire qu'au stade scolaire;

7. Considérer comme souhaitable la formationde groupes d'élèves hétérogènes du point de vuesocial, économique et racial.

Dans le même temps, des taux d'inscription crois-sants se traduisent souvent par des dépenses supplé-mentaires, un personnel plus nombreux, des éta-blissements scolaires de plus en plus grands, desclasses surpeuplées et une sorte de déshumanisa-tion des pratiques éducatives. Les programmesdestinés à plusieurs classes, les classes uniquesà plusieurs divisions, la mise en commun des ensei-gnements, l'enseignement par équipes, les classesalternées, la prolongation de l'année scolaire, lescours d'été, l'emploi d'adjoints d'enseignement etde volontaires sont autant de mesures qui permet-tent de diminuer la pression exercée par des tauxd'inscription élevés.

Conséquences pour les services de santé et d'ali-mentation scolaires

Les contacts entre parents et les médecins, lesinfirmières ou le personnel auxiliaire des servicesde santé scolaire, constituent une occasion de don-ner une formation en matière de "planificationfamiliale" lorsque l'état de santé d'un enfant ledemande ou si cela est conforme à la politique dupays en matière de planification familiale. Il arri-ve que des parents ne mesurent pas l'importancequ'il y a à donner à un enfant malade ou blessé dessoins complémentaires; dans d'autres cas, ils nesavent où s'adresser pour cela. Lorsqu'un mem-bre quelconque du personnel scolaire informe unparent que son enfant est malade ou blessé, il estcensé lui prêter son concours, le cas échéant, enlui indiquant quelles mesures prendre ultérieure-ment, en l'aidant par exemple à se mettre en rap-port avec les personnes qui peuvent apporter uneassistance médicale. C'est là en outre l'occasionde conseiller les parents si la santé de l'enfant ledemande.

Dans certains pays en voie de développement,de nombreux enfants et adolescents qui s'inscriventà l'école présentent des signes évidents de malnu-trition - fatigue chronique, forte déficience pondé-rale, perturbations affectives - qui sont la consé-quence de divers problèmes démographiques. Cesélèves ont besoin qu'on les aide à résoudre leursproblèmes nutritionnels avant qu'ils puissent tirerpleinement parti de leurs expériences éducatives.Examen nutritionnel, alimentation supplémentaire,et éducation nutritionnelle des parents seront peut-être les mesures indispensables à prendre vis-à-visde certains groupes ou de certains individus, comp-te tenu de l'ampleur du problème. Dans ce contexteencore, il est possible de conseiller les parents àl'égard des problèmes de planification familiale.

Conséquences pour l'enseignement sanitaire

L'éducation démographique n'est pas nécessairementsynonyme de cours scolaires sur l'utilisation desmoyens anticonceptionnels. Il ne s'agit pas davan-tage d'un programme d'éducation sexuelle commeceux qu'ont mis au point certaines écoles européen-

nes et américaines. Selon la définition du Popula-tion Référence Bureau (1), "l'éducation démogra-phique vise à donner, des conséquences des modi-fications démographiques, une perception qui soità la fois profonde, universelle et propre à inspi-rer l'action. Il a pour but de faire prendre cons-cience des effets qu'ont sur l'individu, la famille,la société et le milieu, l'explosion démographique,les modifications rapides de la concentration et dela répartition des individus, les conséquences dupassage d'un groupe d'âge à un autre, ainsi quedivers autres mécanismes démographiques; enfin,il expose les options qui s'offrent à l'humanitépour faire face aux problèmes qui en découlent".

La forme spécifique que l'éducation démogra-phique revêt dans un contexte particulier doit tenircompte des politiques et des caractéristiques démo-graphiques, ainsi que du système d'éducation pro-pre au pays ou à la région en cause. Au nombredes points qui méritent de retenir l'attention figu-rent :

1. Dynamique de la population

Les élèves pourront recevoir, sur le mécanismede la croissance démographique un enseignementqui mettra l'accent sur les taux de natalité et demortalité, ainsi que sur le taux d'accroissementdémographique de leur propre pays. Au fil de leurscolarité, on pourra étudier avec eux un tableaud'ensemble de la croissance démographique dansle monde. A l'occasion des cours d'histoire natio-nale, régionale et mondiale, des cours d'hygiène,de géographie et d'instruction civique, on pourraétudier les incidences de la croissance démogra-phique. Des problèmes d'arithmétique tradition-nels utilisant des données démographiques pour-ront être pour l'élève l'occasion de compléterincidemment ses connaissances.

2. Reproduction humaine

Cette question peut faire l'objet d'une étude pro-gressive aux différents niveaux scolaires, en fonc-tion de l'intérêt et de la maturité de l'élève. Iln'est pas nécessaire de présenter des méthodesou des systèmes anticonceptionnels précis, maison pourra identifier les facteurs qui, dans les dif-férentes formes de vie, favorisent la reproductionou y font obstacle. Le programme de sciences estle cadre naturel de cet enseignement. A certainsâges et dans certaines écoles, les cours d'hygiè-ne et d'économie domestique fourniront des occa-sions propices à une telle étude. Il importe queles garçons aussi bien que les filles reçoivent cetenseignement dans le contexte des matières étu-diées, de telle sorte que les éléments présentéss'intègrent au cours normal de leurs études.

(1) Population Référence Bureau, "PopulationEducation : A Challenge of the Seventies",Population Bulletin, Vol. 26, N°3, 1970.

3. Problèmes sanitaires liés à la maternité

C'est ici que pourrait intervenir l'étude de plusieursconclusions cliniques irréfutables portant sur lesrisques de morbidité et de mortalité maternellesassociés aux cas suivants :

a. Grossesse d'une mère jeune et d'une mèreplus âgée;

b. Grossesses rapprochées;c. Parité importante.

Les problèmes de santé des enfants nés dans cestrois conditions pourraient également être envisa-gés. A partir de cette étude, on pourrait montrerla valeur sur le plan de la santé, pour les enfantset pour la mère, d'un mariage relativement tardif,d'un espacement convenable des naissances etd'une limitation de l'effectif de la famille. Cesconcepts sont assez simples pour qu'on puisse lesétudier au cours des leçons d'hygiène données dansles petites classes; mais ils pourront faire l'objetd'une étude plus approfondie dans les grandes clas-ses pendant les cours d'hygiène, d'économie domes-tique et de sciences. Les problèmes posés par l'en-fant illégitime et l'enfant non désiré pourraientégalement être examinés dans un contexte sanitaireet en liaison avec la croissance démographique. Ilimporte que cet enseignement atteigne aussi bienles garçons que les filles, étant donné que la santéde la femme et des enfants n'est pas moins impor-tante pour le futur père que pour la future mère.

4. Effectif de la famille et son incidence sur laqualité de sa vie

Parallèlement aux valeurs sanitaires qui viennentd'être mentionnées, il importe d'examiner les pro-blèmes que pose la famille nombreuse sur le planéconomique et social. Pour un niveau de ressour-ces et un revenu donnés, la part de chaque enfantdiminuera en fonction de l'accroissement de lafamille. Cette notion s'applique en particulier auxfamilles urbaines. Les conséquences ne s'en fontpas sentir seulement en matière de logement et d'a-limentation, mais elles affectent également la capa-cité de la famille à pourvoir à l'éducation, à la san-té, ainsi qu'aux autres besoins de ses enfants. Onpourra examiner la pression qu'exercent ces problè-mes, soit au niveau de la famille individuelle, soit àcelui de la communauté ou de la société tout entière.

Vers la fin des études primaires ou élémentai-res, les cours d'hygiène et d'études sociales four-niront une occasion favorable pour un tel examen.Dans le cycle intermédiaire et le cycle secondaire,les cours d'instruction civique, d'économie domes-tique et de géographie seront peut-être le cadre leplus propice à une telle étude.

5. Caractéristiques démographiques et leur rap-port avec les politiques de développementéconomique et social.

Il s'agit là d'un problème complexe et abstrait. Ilimporte en l'occurrence de mesurer pleinementl'incidence du taux de croissance, de la structure

par âges, des migrations urbaines et des carac-téristiques démographiques du même ordre surle développement économique et sur l'aptituded'une société à mettre en place le personnel et lesmoyens nécessaires à des services publics telsque l'éducation et la santé. Une question qui revêtun intérêt tout particulier pour un certain nombrede pays est celle d'un approvisionnement alimen-taire suffisant qui, non seulement assurerait àchacun une ration alimentaire minimale, maisencore permettrait de s'acheminer vers uneamélioration qualitative du régime alimentaire.Une alimentation satisfaisante n'est pas simple-ment un impératif du point de vue de la santé,elle est essentielle pour une population qui désireaccroître son énergie et sa productivité économi-que.

Dans les écoles secondaires, où l'on étudiel'histoire nationale et les problèmes actuels dedéveloppement, l'examen approprié des problè-mes démographiques est tout indiqué. De lamême manière, on pourra donner un enseignementdémographique plus complet pendant les cours degéographie. A un niveau inférieur, on pourraitprésenter, notamment dans les cours d'étudessociales, un choix de notions élémentaires, enmettant l'accent sur la communauté locale.

6. Politique démographique et programmes deplanification familiale

Dans l'optique d'une intégration sociale préparantchaque élève à son rôle de citoyen adulte et res-ponsable, on pourra donner à celui-ci une forma-tion concernant la politique démographique natio-nale et le programme de planification familialeen vigueur dans son pays. Aux niveaux élémentaire,et intermédiaire, on pourra étudier, conjointementavec les autres ressources de la communauté, lesmoyens et les symboles de planification familialeexistants. On approfondira aux derniers stades dela scolarité, l'explication des facteurs qui ont pré-sidé à l'élaboration de la politique et des program-mes en vigueur.

Il est souhaitable que les élèves des écolessecondaires soient suffisamment informés desfins auxquelles répondent les cliniques localesde planification familiale, tant publiques que pri-vées, ainsi que des moyens dont elles disposent,de sorte que ces élèves puissent y avoir recoursune fois parvenus au stade où la grossesse repré-sente un risque. L'information concernant l'exis-tence et la raison d'être des cliniques pourra êtretransmise sans qu'il soit nécessaire de présen-ter des méthodes anticonceptionnelles spécifiques.

Conséquences pour les relations entre l'école etla communauté

L'éducation démographique est d'une portée limi-tée si elle ne fait pas partie intégrante du pro-gramme de planification familiale au niveau de lacommunauté et de la nation. Il ne servirait à rien

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de faire porter un enseignement sur des services,des moyens, et une assistance qui n'existent pas.

Il n'existe nulle part au monde de modèlesparfaits d'éducation démographique, bien qu'uncertain nombre de programmes aient été mis aupoint ces dernières années. Le matériel édu-catif est peu varié et difficile à obtenir. Ilest recommandé d'aborder l'élaboration d'un pro-gramme d'éducation démographique dans une opti-que pluridisciplinaire. Outre les éducateurs, il estbon d'y associer des groupes de personnes appar-tenant aux services de santé publique, aux profes-sions médicales, ainsi que des conseillers tels quedes spécialistes de la planification familiale, desdémographes, des spécialistes de la planificationde l'emploi et des spécialistes de la vie familiale.Dans certains pays, il peut arriver que ces conseil-lers soient associés à l'agence de planificationfamiliale; ils peuvent également appartenir à d'au-tres ministères.

Questions pour les planificateurs des programmesd'enseignement

Lors d'un séminaire national consacré à l'enseigne-ment démographique, on a posé certaines questionspropres à intéresser les spécialistes de la planifi-cation des programmes. Les voici :

1. L'éducation démographique doit-elle êtreintégrée aux programmes scolaires ?

2. Quels sont les objectifs de l'éducation démo-graphique ?

3. Quels sont la portée et le contenu de l'éduca-tion démographique ? L'éducation sexuelle doit-elleen faire partie ?

4. Comment doit-on élaborer un programmed'éducation démographique ? Quelles agences doit-on inviter à y participer ?

5. Comment peut-on introduire l'éducation démo-graphique à l'école ?

a. par la voie du programme ordinaire;b. par la voie d'activités péri- ou extra-scolai-

res ?

6. Quels types de matériel et d'équipementseraient nécessaires pour faciliter l'introductionde ce programme à l'école (manuels, lectures sup-plémentaires, matériel audiovisuel et autre) ?

7. Si l'éducation démographique est intégrée auxprogrammes scolaires, quels en seront les effetssur la redéfinition des programmes d'éducation desadultes ?

8. Quelles mesures doit-on prendre pour prépa-rer les maîtres à l'éducation démographique pen-dant leur période de formation préalable et encours d'emploi ?

9. A quelles objections précises doit-on s'atten-dre si l'on demande aux maîtres de dispenser uneéducation démographique ?

10. Quelles mesures devrait-on prendre pourvaincre les résistances

a. des élèves;b. des maîtres;c. du personnel d'administration scolaire

(chefs d'établissement, inspecteurs,etc. ) ?

11. A quelles résistances doit-on s'attendre dela part de la société en général et des parents enparticulier, résistances inspirées par l'ignoran-ce, la tradition, la religion et l'inertie ?

12. Quelles mesures peut-on prendre pourvaincre ces résistances ?

13. Quel rôle convient-il que jouent les agencesgouvernementales et les institutions privées dansla mise en oeuvre de ce programme ?

14. Quels sont les rapports entre un program-me d'éducation démographique et la politiquenationale en matière de population ?

15. Comment faire bénéficier la jeunesse post-scolaire d'une éducation démographique et d'uneéducation en matière de planification familiale ?

16. Quelles sont les conséquences d'une rapideexpansion démographique ?

17. Quelles sont les bases psychologiques,sociales, culturelles, économiques et politiquessur lesquelles peut s'édifier une politique nationa-le en matière de population ?

2. L'éducation relative à la pollution

L'un des problèmes critiques auxquels l'hommed'aujourd'hui se heurte dans ses efforts pour avoirune vie longue, productive et saine tient à la rapi-dité avec laquelle décline la qualité de son environ-nement. Beaucoup des tendances que l'on observeactuellement risquent, si elles persistent pendantquelques décennies, de conduire l'homme au désas-tre. On peut citer parmi ces tendances : l'accrois-sement rapide de la population mondiale, l'indus-trialisation accélérée du monde, lés progrès de latechnologie et la quantité accrue de ressourcesqu'utilise chaque individu. Tout cela aggrave en

effet la pollution de l'environnement. Ce phéno-mène de pollution n'est pas nouveau; il se pour-suit depuis des temps immémoriaux. Ce qui estnouveau et constitue une menace, c'est l'énormeampleur qu'il a prise depuis quelques décennies.

Polluer, c'est introduire des polluants dansl'environnement. Les polluants sont des substan-ces qui altèrent le milieu environnant. Ce sontdes sous-produits de l'activité humaine, des rési-dus qui proviennent de tout ce que l'homme fabri-que, utilise ou jette au rebut. Il y en a de toutessortes : excréments humains et animaux, produits

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chimiques utilisés en agriculture, déchets indus-triels et fumées d'usines, rebuts commerciaux oudomestiques, gaz d'échappement des autos et descamions, ordures, eaux d'égouts, radiations ioni-santes et même chaleur et bruit. Certains de cespolluants ne peuvent pas être évités; ils résultentdu métabolisme humain et des efforts que faitl'homme pour se nourrir, se loger, se vêtir et sedéplacer. On ne résoudra pas le problème de lapollution en cherchant à éliminer totalement lespolluants, mais plutôt en s'efforçant d'en réduirela production et de s'en débarrasser de la meilleu-re façon.

Le problème de la pollution de l'air

La pollution de l'air pose un grave problème pourla santé publique. Elle peut aussi nuire à l'agri-culture et à l'élevage, entraver les transportsaériens et terrestres, entraîner des destructions,avoir des effets néfastes sur la flore et la faune,affaiblir la vue et offenser le sens esthétique. Elleest particulièrement préjudiciable aux jeunesenfants, aux vieillards et aux personnes qui souf-frent de troubles cardiaques ou respiratoires. Ellepeut même provoquer la mort.

L'air qui entoure la terre est concentré, à rai-son de 95 % environ, en une couche d'une vingtainede kilomètres d'épaisseur. Cette couche constitueune enveloppe qui, par rapport au globe terrestre,n'est pas plus épaisse que la peau d'une pomme deterre par rapport à la pomme de terre elle-même.Il s'agit d'une masse d'air qui, pour être volumi-neuse, n'en est pas moins limitée.

Ce qui complique le problème, c'est qu'il seforme, au-dessus de beaucoup de grandes villes dumonde, des couches d'inversion. Une couche d'in-version est une couche d'air relativement chaudesituée au-dessus d'une couche plus froide qui esten contact avec la surface de la terre ou très pro-che de cette surface. La couche d'inversion agitcomme un piège à air : elle empêche les polluantsde se mêler aux couches supérieures de l'atmos-phère. Au lieu de se trouver dilués dans une atmos-phère de vingt kilomètres d'épaisseur, les polluantspeuvent ainsi rester concentrés dans une couchedont la limite se situe à quelques centaines demètres du sol.

A l'état naturel l'air contient 78 % d'azote,21 % d'oxygène et des traces d'autres gaz. Maisdivers facteurs modifient de plus en plus fortementcette composition naturelle : gaz d'échappement desmoteurs à essence, déchets industriels et domesti-ques, fumées provenant des installations de chauf-fage et des centrales électriques, pulvérisations depesticides, explosions nucléaires, combustion desordures, etc. Au premier rang des éléments quicontribuent à la pollution de l'air il y a - surtoutdans les pays développés - les gaz d'échappementdes autos et des camions.

A l'heure actuelle, le principal polluant de l'airest l'oxyde de carbone, que les moteurs à combus-

tion produisent en quantité. L'oxyde de carboneest très porté à se substituer à l'oxygène quetransporte normalement l'hémoglobine des globu-les rouges du sang. Quand il est présent en pro-portion appréciable dans le flux sanguin, l'oxydede carbone a pour effet de priver d'oxygène lestissus vitaux du corps. Aussi est-il particulière-ment dangereux pour les personnes qui souffrentde maladies de cœur, d'asthme, d'emphysème oud'artériosclérose. Il commence à représenter undanger pour les êtres humains quand il atteint uneconcentration de 100 parties pour un million. Sicette concentration se maintient pendant plusieursheures, migraines, nausées et vertiges peuvents'ensuivre.

Au deuxième rang des polluants de l'air vien-nent les oxydes de soufre provenant des combusti-bles utilisés dans les foyers domestiques et dansles usines (charbon; mazout; etc.) L'anhydridesulfureux, en particulier, s'attaque aux délicatstissus des voies respiratoires.

Au troisième rang viennent les hydrocarbures,famille hétérogène de corps composés dont la diffu-sion résulte de la combustion incomplète du charbonet du mazout. Eux aussi proviennent essentielle-ment des pots d'échappement des autos et descamions. Quand un mélange d'hydrocarbures, devapeur d'eau et d'oxyde d'azote (ceux-ci provenant,eux aussi de la combustion du charbon et du mazout)se trouve emprisonné sous une couche d'inversion,il tend, sous l'effet du rayonnement solaire, àformer une brume atmosphérique de couleur brunjaune, appelée "smog photochimique". C'est à cetype de pollution qu'est dû le voile jaunâtre quiplane au-dessus de beaucoup de grandes villes et,notamment, des villes côtières. Le smog cause degraves dégâts aux plantes, provoque une irritationdes poumons et des yeux, a une odeur désagréableet provoque l'apparition de fissures dans les pro-duits de caoutchouc soumis à des efforts.

La pollution de l'air n'épargne pas les régionsrurales. Mais là, contrairement à ce qui se passedans les villes, le caractère et la gravité des pro-blèmes que pose cette pollution varient considéra-blement d'un lieu à un autre. Ces problèmesdépendent de la nature des activités locales, agri-coles ou industrielles. En milieu rural les princi-paux facteurs de pollution de l'air sont les sui-vants : tourbillons de poussières; fumées et cen-dres provenant de la combustion de la sciure;nuages de poussière dans les deltas; poussièreprovenant des cimenteries et des fabriques d'en-grais; vapeurs irritantes provenant de l'asphalta-ge des routes; odeurs dues à une éliminationdéfectueuse des déchets industriels organiques;aérosols toxiques dus à l'emploi d'insecticides;fumées provenant des fumigateurs allumés dansles vergers, des incendies de forêts, de l'essar-tage ou de la combustion de détritus.

Parmi les mesures qui peuvent être prisespour lutter contre la pollution de l'air, on peutciter celles qui consistent à éliminer, grâce à

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une combustion complémentaire, les substancestoxiques contenues dans les gaz imparfaitementbrûlés qui s'échappent des autos et des camions.Il y a dans certaines régions des règlements quivisent à empêcher que trop de déchets ou orduresne soient brûlés à l'intérieur des villes, ou qui ontpour but d'interdire ou de restreindre l'emploi descombustibles à haute teneur de soufre. On a misau point des filtres qui permettent de retenir unepartie des poussières dues aux processus indus-triels, ainsi que des épurateurs au moyen desquelson lutte contre la diffusion de divers gaz. Dansnombre de villes des règlements visant à réduirel'abondance des fumées ont été promulgués etappliqués.

En ce qui concerne la lutte contre les fumées,Londres a montré la voie à suivre. Les masses desuie qui se répandaient autrefois dans l'atmosphèreont été réduites de 80 % et, dans les trois quartsde l'agglomération, il n'y a presque plus de fumée.On estime que, pendant les mois d'hiver, l'ensoleil-lement de Londres a augmenté de 50 %. La pollu-tion de l'air peut partout être entravée et il fautabsolument qu'elle le soit sans trop attendre. L'opi-nion publique, l'argent, l'action politique et la tech-nologie scientifique peuvent fort bien, en se combi-nant, faire que même l'air le plus souillé redevien-ne respirable.

Le problème de la pollution de l'eau

Plus encore peut-être que la pollution de l'air, lapollution de l'eau compromet la santé publique, lacroissance économique et l'agrément des loisirs;c'est une chose dont l'humanité devrait avoir honte.Dans bien des villes, l'eau potable devient, à causedes polluants, de moins en moins agréable au goût.En outre, les besoins en eau auxquels les municipa-lités ont à faire face se sont multipliés sous l'influen-ce de divers facteurs : accroissement de la popula-tion, concentration des gens dans les agglomérationsurbaines, élévation générale du niveau de vie, déve •loppement de l'industrie, essor de l'agriculture,production de matières dont la fabrication exige degrandes quantités d'eau (papier, acier, etc. ). .

L'eau qui existe dans l'ensemble du monde estsoumise à un véritable cycle. Chaque jour la terrereçoit, sous la forme de pluie ou de neige, desmillions de mètres cubes d'eau qui, sous l'actiondu soleil, s'étaient préalablement évaporés desocéans, des lacs, des marais et des cours d'eau.Dans la proportion des deux tiers, cette massed'eau échappe tout de suite à l'homme, car elle estrapidement reconvertie en vapeur d'eau atmosphé-rique sous l'effet de la chaleur solaire et des pro-cessus qui caractérisent la vie végétale. Une partiedu tiers restant ruisselle à la surface de la terre,s'acheminant lentement vers les cours d'eau, leslacs et les océans, tandis que l'autre partie (l'eausouterraine) s'enfonce dans le sol et chemine dansses profondeurs. Dans la mesure où elle ne serapas absorbée par les racines des plantes, l'eau

souterraine réapparaîtra parfois dans les sources,les puits, les lacs, les rivières ou les marais. IIrésulte de tout cela que, sur la quantité totale depluie et de neige que reçoit la terre, un tiers seu-lement, au maximum, pourra éventuellementservir aux besoins de la population. Les ressour-ces en eau ne sont pas illimitées; leur ampleurest à peu près fixe. A mesure que la populationmondiale augmente, que l'industrie et l'agricultu-re se développent, il devient de plus en plus néces-saire de réutiliser des eaux qui ont déjà servi.Mais ces eaux sont parfois si polluées par lesdéchets domestiques, urbains, industriels ouagricoles qu'elles ne peuvent être épurées qu'avecbeaucoup de difficulté et au prix de dépensesconsidérables.

Les polluants de l'eau peuvent se classercomme suit :

1. Déchets organiques, d'origine ménagère ouindustrielle, animale ou végétale, dont la décom-position sous l'action des bactéries a pour effetde priver l'eau de son oxygène.

2. Agents infectieux provenant des eaux d'égoutet de certains déchets industriels, qui peuventtransmettre des maladies.

3. Substances nutritives qui favorisent la crois-sance d'une végétation aquatique indésirable (algues,plantes aquatiques nuisibles, etc. ),

4. Produits organiques de synthèse qui, commeles pesticides et les détergents, sont obtenus àl'aide de techniques chimiques en constante évo-lution et peuvent se révéler nuisibles pour la vieaquatique ou même, dans les cas extrêmes, pourles êtres humains.

5. Produits chimiques non organiques et élé-ments minéraux qui, quelles que soient les raisonsde leur présence (exploitations minières, proces-sus industriels ou artisanaux, opérations agrico-les, etc. ) font obstacle à la purification naturelledes cours d'eau, détruisent les poissons et autresanimaux ou plantes aquatiques, confèrent à l'eauune dureté excessive, ont des effets corrosifs etaugmentent, de façon générale, le coût de l'épu-ration de l'eau.

6. Sédiments qui ont tendance à envaser les litsdes rivières, les bassins de retenue, les ports,etc. , contribuent à l'érosion des installationshydroélectriques et installations de pompage, nui-sent aux poissons, coquillages et crustacés en sedéposant sur leurs nids, leurs œufs ou leurs res-sources alimentaires, et rendent plus coûteusel'épuration de l'eau.

7. Polluants radio-actifs dus à l'extraction etau traitement de minerais radio-actifs, à l'emploide matériaux radio-actifs raffinés ou aux retombéesdes essais nucléaires.

8. Elévation excessive de la température due àl'utilisation de l'eau à des fins de refroidissementet, par voie de conséquence, moindre solubilitéde l'oxygène et activation des processus chimiqueset biochimiques. (Dans ces conditions, la croissan-

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ce des plantes aquatiques se trouve accélérée, cequi peut avoir des effets défavorables sur les autresformes de vie aquatique).

9. Déchets provenant des navires (eaux usées,ordures, huile et essence, détritus évacués descales, etc. ).

Les méthodes couramment appliquées au traitementdes eaux usées et à la purification de l'eau permet-tent de tenir em. échec les infections bactériennes quise transmettent' par l'eau - choléra, fièvre typhoïde,etc. Mais elles ne permettent malheureusement pasd'éliminer fous;les types de polluants. Elles sonthabituellement inefficaces quand il s'agit d'élimi-ner des polluants tels que les insecticides, lesengrais, les détergents, le plomb, l'arsenic, lemercure ou bien d'autres produits chimiques quiapparaissent maintenant dans les eaux usées. Ellesne permettent pas de détruire certains virus com-me celui qui provoque l'hépatite infectieuse. Desméthodes entièrement nouvelles de traitement deseaux usées et de purification de l'eau devront d'ur-gence être élaborées et mises en application.

Parmi les techniques applicables à l'augmen-tation des ressources en eau, on peut citer : le per-fectionnement des procédés susceptibles d'êtreemployés pour planifier, construire et faire fonc-tionner des systèmes hydrauliques polyvalents; l'ex-ploration des couches souterraines aquifères; lasuppression de l1 évaporât ion; le recyclage des eauxusées; une agronomie orientée vers la conservationde l'eau; l'aménagement des forêts et pâturages envue d'un meilleur rendement en eau; le traitementet l'utilisation des eaux usées et de l'eau de mer.Les recherches entreprises pour l'amélioration destechniques de traitement de l'eau portent sur lespoints suivants : adsorption par le carbone ou pard'autres substances filtrantes, distillation, écuma-ge, congélation, échange d'ions, extraction par sol-vants, électrodialyse et électrolyse. Le problèmeest de savoir comment faire pour que, du point devue économique, il soit possible d'appliquer cestechniques à des volumes d'eau considérables.

Le problème de la pollution du sol

Le monde paraît petit par rapport à sa populationsi l'on considère la surface moyenne par habitantdes terres exploitables. Les terres émergées nereprésentent guère que 30 % de la surface totaledu globe et plus de la moitié d'entre elles sont pra-tiquement inhabitables. La population mondiale(3,75 milliards de personnes environ) se trouveconcentrée sur quelque 65 millions de kilomètrescarrés. Ce dernier chiffre peut donner l'impres-sion que l'on dispose d'espaces infinis; mais, enréalité, il n'y a en moyenne dans le monde qu'envi-ron deux hectares de terre par personne et, sur cesdeux hectares, moins d'un demi-hectare est cultiva-ble.

C'est du sol que vient en majeure partie la nour-riture de l'homme, et c'est essentiellement la terrevégétale qui, en raison des éléments nutritifs qu'elle

contient, assure le bon rendement des cultures.Or la terre végétale n'est pas également répartiesur tous les sols; dans bien des régions ellen'existe pas ou ne forme qu'une couche si mincequ'elle est pratiquement inutilisable. Dans lesmeilleures conditions naturelles, la formationd'une couche de terre végétale de deux à troiscentimètres demande de 300 à 1. 000 ans; et, parle jeu de divers facteurs imputables à l'homme(mauvais aménagement des terres, érosion, pol-lution, infiltration d'eaux usées, négligence, etc. ),ce que la nature a mis des siècles à former peutse trouver détruit en un jour.

Fertiliser le sol, c'est le traiter de façon àle rendre plus productif. Sous l'influence de diversfacteurs - accélération excessive du rythme decroissance des cultures, surpâturage, mauvaisesconditions d'assolement, érosion, excès d'irriga-tion, etc. - il arrive que les substances minéra-les dont se nourrissent les plantes se trouventextraites du sol en moins de temps qu'il n'en fautpour les remplacer. Quand le sol est appauvri, lerendement des cultures est très mauvais, et il estdifficile de remédier à cette situation.

Pour améliorer le sol et pour protéger lescultures pendant leur croissance, l'homme arecours aux pouvoirs merveilleux de la chimie.C'est ainsi qu'il dispose de tout un ensemble deproduits synthétiques très efficaces - engrais,pesticides et herbicides - qui augmentent considé-rablement le rendement à l'hectare des culturesvivrières. Mais certains de ces "produits mira-cles" laissent des résidus nocifs à la surface desaliments ou dans leur masse même. En l'absencede contrôles et de tris minutieux, ces résidus chi-miques peuvent devenir dangereux pour les ani-maux et pour l'homme; et il arrive que leurseffets ne soient pleinement connus que le jour oùun désastre se produit.

Certains des produits chimiques utilisés pourtraiter le sol et les cultures ou pour lutter contreles mauvaises herbes et les insectes nuisibles sesont maintenant largement répandus dans la natu-re. On en a trouvé des résidus dans l'organismede presque toutes les espèces d'animaux à sangchaud qui habitent la terre. Ces produits arriventmême à pénétrer dans le corps humain, où ilss'accumulent peu à peu. On en retrouve dans lachair des pingouins de la zone arctique, dans celledes phoques, dans celle des ours polaires, et mê-me dans celle de poissons qui se tiennent toujoursà plus de 150 kilomètres des côtes. Tout celatémoigne de la mobilité et de la durabilité dessubstances en question. On a constaté, en procé-dant par échantillonnage, qu'il y a des traces depesticides dans les tissus adipeux des habitantsde la zone arctique. Les expériences montrentque, sur un terrain qui reçoit 100 kilogrammes deDDT par hectare, on pourra, quatre ans plus tard,en retrouver 28 kilogrammes par hectare. Où vale reste, et pendant combien de temps des tracesde DDT demeureront-elles présentes dans le sol?

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La question la plus grave est toutefois la suivante:Qu'arrivera-t-il aux êtres humains, aux plantes etaux animaux à mesure que des quantités toujoursplus importantes de produits chimiques s'accumu-leront dans leurs tissus ? La nécessité s'imposede vastes recherches sur les produits chimiquesutilisés en agriculture, et il faudrait aussi élabo-rer des programmes de surveillance qui permet-traient de déceler et d'étudier les effets de cesproduits sur les travailleurs agricoles et sur lesconsommateurs de produits agricoles.

Il serait enfin nécessaire d'utiliser plussouvent les armes biologiques contre les insec-tes nuisibles aux récoltes et de préférer àd'autres les substances aisément bio-dégradables.Cela permettrait d'atténuer la menace que faitpeser sur le monde la présence de résidus chimi-ques dans le sol et les aliments.

Le sol et ses capacités ultérieures de produc-tion peuvent être mis en péril par un mode peujudicieux d'élimination des déchets solides : ordu-res, excréments humains, boîtes à conserves vides,papiers, matières plastiques, matériaux de cons-truction, etc. Si ces déchets ne sont pas éliminésde façon convenable, ils offrent un habitat aux ron-geurs, favorisent la multiplication des mouches,provoquent le développement de germes pathogèneset répandent des odeurs désagréables. Les articlesnon réutilisables, faits pour être jetés et faciles àmettre au rebut sont, dans le monde d'aujourd'hui,à l'origine d'une pollution qui influe défavorable-ment sur les ressources en terre et en eau de laplupart des pays. Les déchets solides peuvent ce-pendant servir de matériaux de remplissage pourl'assèchement et la mise en valeur de certaineszones (marécages, basses terres, bandes côtiè-res, etc.). Parfois aussi ils peuvent être transfor-més en matériaux qui serviront à la constructionde bâtiments ou de routes. Le recyclage des boîtesà conserves, des bouteilles et autres objets analo-gues permettrait de diminuer considérablement levolume des déchets à éliminer. Le danger que fontcourir au sol les déchets solides peut sans aucundoute être réduit.

Le problème de la pollution alimentaire

On peut, en ce qui concerne les aliments, distinguertrois grandes catégories de polluants : (1) les pro-duits chimiques; (2) les agents pathogènes; (3) leséléments radio-actifs. Tous ces polluants peuvent,quand ils pénètrent dans le corps humain avec lanourriture, provoquer des troubles.

Il existe, en matière d'alimentation, quatresortes de polluants chimiques : les agents occasion-nels de contamination, les résidus de pesticides,les adultérants et les additifs. Les agents occasion-nels de contamination sont des éléments qui pénè-trent dans la nourriture de façon accidentelle etsans que personne l'ait voulu. Il peut s'agir d'insec-ticides, d'hormones, d'antibiotiques, de désinfec-tants, de lessives, de composés de plomb ou d'au-

tres substances d'une variété presque illimitée.Leur présence dans les aliments résulte la plupartdu temps d'une erreur humaine ou d'une contami-nation par les machines. Ils peuvent même prove-nir des emballages ou récipients. Mais, d'où qu'ilsproviennent, ils peuvent provoquer des troubles,des maladies et, parfois même, entraîner la mort.

Les résidus de pesticides ont déjà fait l'objetde commentaires dans la section relative à la pol-lution du sol. On s'inquiète de plus en plus deseffets néfastes qu'ils peuvent avoir à brève oulongue échéance.

L'adultérant est une substance étrangère ouinférieure que l'on introduit dans un produit ali-mentaire à la place d'une substance plus précieu-se. L'adultérant est parfois nocif pour le consom-mateur; mais, parfois aussi, il ne fait que trom-per sur la qualité de la marchandise; c'est, parexemple, ce qui se passe quand on met de la vian-de de cheval ou des flocons de céréales dans unhamburger.

Un additif est une substance intentionnelle-ment ajouté aux ingrédients de base pour des rai-sons qui peuvent être liées à un aspect quelcon-que de la production, du traitement, de l'emballa-ge ou du stockage. Le but de cette addition peutêtre de retarder la détérioration du produit alimen-taire, d'en améliorer la saveur, la couleur ou laconsistance, de l'empêcher de sécher ou de luipermettre de rester plus longtemps croustillant.Parfois aussi, les additifs ont par eux-mêmesune certaine valeur nutritive : c'est le cas de lathiamine que l'on ajoute au pain, de l'iode que l'onajoute au sel, des vitamines A et D que l'on ajouteau lait.

Les spécialistes de la nutrition qui s'intéres-sent à la santé publique se demandent s'il est sagede consommer, comme on le fait actuellement,des quantités de plus en plus grandes d'additifsalimentaires. S'il est peu probable que la quanti-té d'additifs contenue dans un produit alimentairedéterminé puisse être réellement dangereuse pourla santé; il n'en est pas moins vrai que les person-nes ou les familles qui utilisent beaucoup d'alimentstout préparés risquent de consommer des quantitéset des combinaisons d'additifs qui sont de natureà perturber leur métabolisme ou à provoquer chezelles d'autres troubles plus ou moins graves. Lebon sens voudrait donc, semble-t-il, que l'on senourrisse d'aliments à base d'ingrédients simplesplutôt que d'aliments tout préparés, faits de mélan-ges qui contiennent des additifs.

Les polluants pathogènes que l'on peut trouverdans les aliments sont aussi nombreux que divers.Leur provenance est très variable et certainsd'entre eux ne contaminent que des catégories trèsprécises d'aliments. Ils peuvent provoquer de sim-ples troubles gastro-intestinaux, mais aussi, danscertains cas, des maladies graves et parfois mor-telles. En voici une liste sommaire :

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Agents pathogènes

Toxines bactériennes

Bactéries infectieuses

Protozoaires

Vers parasites

Maladies

BotulismeIntoxications alimentai-

res staphylococciquesFièvre typhoïde ou

paratyphoïdeCholéraShigelloseTuberculoseBrucelloseSalmonelloseInfections streptococci-

quesDysenterie amibienneBalantidiaseTaeniaseHydatidoseAscaridiaseTrichinose

Les polluants radio-actifs que l'on rencontre dansles aliments proviennent essentiellement des retom-bées qui sont la conséquence directe des essais nu-cléaires. La plupart des substances radio-activesdégénèrent un en temps relativement court. Mais lesisotopes radio-actifs de l'iode-131, du strontium-90et du caesium-137 ont des demi-vies de 8 jours, 2 8ans et 30 ans respectivement. Une fois retombé, l'iode -131 apparaît bientôt dans le lait et s'introduit ainsidans l'organisme des enfants. Par l'intermédiairede divers aliments, le strontium-90 pénètre dansle corps humain et se localise dans les os, où ilcontinue à émettre des radiations nuisibles. Demême, le caesium-137 parvient à entrer dans lecorps humain, où il se comporte comme le potas-sium et affecte les cellules et les tissus. Le typede radio-activité qui se développe ainsi dans l'orga-nisme humain peut provoquer des cancers et desmutations génétiques. Bien que les radiations pro-venant des retombées aient été aussi fortementréduites que possible dans la plupart des régionsdu monde, et bien que leurs effets sur les êtreshumains aient pu être maintenus dans des limitesadmissibles, aucune zone géographique ne sauraitêtre considérée comme définitivement à l'abri dece danger.

On constate, à travers le monde, de grandesvariations de l'efficacité avec laquelle les respon-sables de la santé publique et de l'assainissementdu milieu surveillent la production, le traitementet la manipulation des aliments en vue d'assurer laprotection des consommateurs. Des variations dumême genre peuvent d'ailleurs être observées dansbien d'autres secteurs de la santé publique. Etantdonné que les pays n'en sont pas tous au même sta-de de développement et qu'ils se distinguent les unsdes autres par leurs coutumes et par leurs modesd'alimentation, il est impossible d'établir, pour lalutte contre la pollution des aliments, des program-mes auxquels pourraient se conformer toutes lesnations.

Il est recommandé que l'on se préoccupe d'abord

d'élaborer des programmes simples et efficacespour le contrôle des aliments qui sont couram-ment reconnus comme particulièrement aptes àtransmettre des maladies et au nombre desquelsfigurent, par exemple, le lait et les produits lai-tiers, la viande et les produits qui en dérivent,la volaille, les œufs, le poisson et les coquilla-ges ou crustacés. Un programme de lutte contrela pollution alimentaire doit, pour être complet,prévoir l'inspection des fruits, légumes et autresaliments, ainsi qu'un contrôle des conditions danslesquelles ces denrées sont livrées aux commer-çants, mises en montre et servies au public. Untel programme doit également faire une certaineplace à d'autres activités : exercice d'un contrôlesanitaire sur les personnes qui manipulent lesaliments, mesures visant à encourager le recoursà la réfrigération, destruction des rongeurs etautres animaux nuisibles, exercice d'un contrôlesur les additifs alimentaires et les résidus depulvérisations. Si toutes les maladies imputablesà des produits alimentaires étaient déclarées etfaisaient l'objet d'enquêtes, cela faciliteraitconsidérablement l'évaluation des programmesmis en oeuvre pour remédier à la pollution alimen-taire et l'efficacité du travail en serait améliorée.

Le problème de la pollution par le bruit

Le bruit est un son indésirable. En tant que fac-teur de pollution, le bruit préoccupe de plus enplus les responsables de la santé publique. Danscertaines industries et dans certaines villes, lebruit, en raison de son intensité, est, non seule-ment assourdissant, mais fatigant. Dans l'indus-trie lourde, il y a longtemps que l'on observe destroubles de l'ouïe - temporaires ou permanents -chez les ouvriers des ateliers où l'on procède àdes opérations d'estampage, de découpage demétaux, de rivetage, de perçage, de soufflage, desciage, de découpage ultra-rapide du papier, etc.Ayant pris conscience des problèmes de santé,certains directeurs d'entreprises s'efforcentd'atténuer les dangers que présente le bruit enassourdissant celui de certaines machines aumoyen de silencieux, en plaçant le matériel parti-culièrement bruyant dans des enceintes insonori-sées et en exigeant des ouvriers les plus exposésqu'ils protègent leurs oreilles au moyen d'appareilsspéciaux.

Les bangs supersoniques, les automobiles,camions et autobus, les machines utilisées pourla construction des bâtiments et des routes, s'ajou-tent à d'autres facteurs pour créer un intense bruitde fond qui peut être une cause de fatigue et gênerle sommeil. Les murs qui, dans les maisons oules gratte-ciel, laissent passer jusqu'aux chucho-tements, les appareils électriques comme leslave-vaisselle ou les broyeurs d'ordures, les cli-matiseurs, les postes de radio ou de télévisionque l'on fait marcher trop fort, les moteurs destondeuses à gazon et des chasse-neige contribuent

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à l'augmentation du vacarme quotidien. Le bruitn'a pas seulement l'inconvénient d'être agaçant; ilgêne la concentration intellectuelle et peut provo-quer une irritabilité très marquée.

Il serait nécessaire de faire des recherchessur la base desquelles on pourrait élaborer descodes destinés à réglementer le bruit. Loin d'êtresimplement irritant, le bruit constitue une menacepour l'oui'e et pour la santé. Le besoin d'une légis-lation dont l'application permettrait de réduire lapollution par le bruit se fait impérieusement sentir.

Conséquences pour une vie saine à l'école

Pour donner l'exemple à la population, beaucoupd'écoles s'efforcent de contribuer le moins possi-ble à la pollution de l'environnement. En ce quiconcerne l'utilisation de l'eau et des combustibles,l'élimination des eaux d'égout et des détritus, lapréparation et la présentation des aliments ou ladiminution du bruit, elles se conforment à des nor-mes sanitaires dont l'application a été recomman-dée. Il arrive que, pour encourager le "recyclage"des matériaux, elles utilisent elles-mêmes desmatériaux recyclés (papier, etc. ) ou collaborent àdes programmes de ramassage et de recyclage decertains rebuts de papier, de verre ou de métal.

En collaboration avec d'autres institutions, lesécoles patronnent, pour l'amélioration de l'environ-nement local, des projets auxquels participent lesélèves et leurs parents. S'ils ne permettent géné-ralement de résoudre de façon complète aucun pro-blème de pollution, ces projets représentent toutau moins un pas dans la bonne direction. Les acti-vités auxquelles ils donnent lieu peuvent consister,par exemple, à recueillir les débris qui encom-brent les bords des routes, à planter des arbres,à construire de petits barrages (pour empêcherl'érosion), à curer le lit de cours d'eau, à détrui-re des plantes nuisibles, à nettoyer des lieux derécréation, à recouvrir des tas d'ordures exposésà l'air, à construire au besoin des latrines, etc.

Etant donné que les effets nocifs de la pollutionde l'air sont désormais parfaitement prouvés, lesservices de santé publique recommandent souventque, quand le smog devient intense, les écolesrenoncent à faire pratiquer à leurs élèves des acti-vités de plein air exigeant beaucoup d'énergie. Cet-te recommandation est particulièrement pertinentedans le cas des écoliers qui souffrent de troublesrespiratoires.

Conséquences pour les services de ganté scolaire

Le personnel enseignant et les services de santéscolaire sont tout prêts à essayer de découvrir siles maladies qui se déclarent chez les écolierstémoignent d'une certaine pollution de l'environ-nement. Si l'on soupçonne l'existence d'une pollu-tion quelconque, on devrait en informer immédia-tement les services de la santé publique.

Conséquence pour l'enseignement sanitaire

L'éducation relative à la pollution peut légitime-ment s'inscrire dans le cadre de l'éducation sani-taire et devrait par conséquent figurer aux pro-grammes de toutes les classes depuis le jardind'enfants jusqu'à l'école secondaire. Voici quel-ques suggestions touchant les notions à inculqueraux divers niveaux :

Jardins d'enfants et classes I à III

1. Notre santé est affectée par notre environ-nement.

2. L'espace dans lequel nous vivons influe surnotre façon de sentir et de réagir.

3. En l'absence d'eau propre et d'air propre,la vie ne pourrait pas continuer.

4. Le bruit influe sur notre façon de sentir etd'agir.

5. La pureté des aliments est essentielle àla santé.

6. Bien des gens s'occupent de la protection denos aliments.

7. Bien des gens s'occupent d'empêcher la pol-lution de notre eau et de notre air.

8. Les ordures et détritus doivent être placésdans des récipients appropriés.

9. Chacun de nous peut améliorer son environ-nement.

10. Les dangers que présente l'environnementpeuvent être dus à des êtres vivants ou à des élé-ments inanimés.

Classes IV, V et VI

1. La vie humaine dépend de l'eau, de l'air etde la terre végétale.

2. Les radiations ionisantes présentes dansl'air et dans le sol constituent une sorte de pollu-tion.

3. L'élimination des eaux usées, des ordureset autres détritus pose un problème de plus enplus grave.

4. Un mauvais mode d'élimination des eauxusées, des ordures et autres détritus peut contri-buer à la propagation des maladies.

5. Notre entourage immédiat, y compris lesgens qui en font partie, a des effets sur nous.

6. Nous dépendons de bien des gens pour l'as-sainissement de l'eau que nous buvons, de l'airque nous respirons et des aliments que nousconsommons.

7. Les conditions sanitaires s'améliorent grâceaux efforts des nombreux groupes intéressés.

8. Différentes institutions et organisationscommunautaires aident à réduire la pollution eten diminuer les effets.

Classes VII, VIII et IX

1. La santé de l'homme et des animaux peutêtre mise en danger par la pollution de l'air, del'eau, du sol et des aliments.

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2. Il est normal de trouver dans l'environnementun rayonnement de faible intensité.

3. Des produits chimiques sont ajoutés, pour dif-férentes raisons, à l'eau et aux aliments.

4. On a recours à divers moyens pour obtenirque les aliments demeurent propres, sains et sansdanger.

5. L'emploi judicieux des insecticides, pesticides,herbicides et autres substances toxiques analoguesconstitue un problème complexe.

6. Une législation de la santé publique est néces-saire à la bonne santé de la population.

7. Dans le domaine de la santé, les institutionsinternationales, nationales, provinciales et localesunissent leurs efforts pour réduire la pollution eten diminuer les effets.

Classes X, XI, et XII

1. Le comportement de l'homme est affecté parles conditions atmosphériques.

2. S'il a peu à peu triomphé des problèmes liésaux conditions climatiques, à la peste ou à la fami-ne, l'homme a, en même temps, créé un environ-nement qui fait courir de nouveaux dangers à sasanté.

3. Parmi les problèmes de santé que poseaujourd'hui l'environnement, beaucoup ont leurorigine dans un passé très ancien.

4. Les polluants qui existent dans l'air, dans l'eaudans le sol et dans les aliments ont des effets directset indirects sur la santé.

5. Quand les êtres vivants sont soumis à desradiations ionisantes, leurs cellules peuvent êtreendommagées.

6. Les spécialistes de la santé s'efforcent acti-vement de déceler les rapports qui peuvent existerentre certaines maladies et certains types de pollu-tion.

7. En ce qui concerne la qualité de l'air, de l'eauet des aliments, on aurait besoin de normes visantà assurer la réalisation des conditions qui sont ousemblent nécessaires à la santé et au bien-être del'homme, à la protection de l'agriculture et à lapréservation des biens.

8. L'approvisionnement des grandes villes endenrées alimentaires soulève des problèmes desanté publique toujours plus nombreux et plus variés.

9. La science et l'industrie collaborent au travailentrepris pour résoudre les problèmes de pollutionet, notamment, de pollution par le bruit.

10. La conservation et le contrôle de l'air, del'eau et du sol intéressent la collectivité mondialetout entière.

11. Il est nécessaire que les collectivités coopè-rent entre elles pour l'établissement de plans d'ac-tion en faveur de la santé.

12. Il existe des liens étroits entre la santéindividuelle, la santé communautaire et la santémondiale.

Conséquences pour les relations entre l'école etla communauté

Le problème de la pollution, comme beaucoupd'autres grands problèmes de santé qui se posentaujourd'hui, intéresse la collectivité tout entière.Les écoles ne peuvent pas, à elles seules, y ap-porter une solution. Elles participent, il est vrai,à l'action menée pour réduire la pollution et endiminuer les effets; le rôle qu'elles jouent à cetégard est même très important, puisque c'est unrôle d'éducation. Mais il n'en est pas moins indis-pensable que la collectivité tout entière compren-ne les problèmes complexes qui découlent de lapollution de l'air, de l'eau, du sol et des aliments,ou de la pollution par le bruit. La persistance dela vie sur notre planète dépend des efforts intelli-gents qui pourront être déployés au triple échelonlocal, national et mondial, pour réduire les dan-gers qui résultent de la pollution. Si l'on ne prendpas un certain nombre de mesures pour assurerla conservation et la judicieuse utilisation de l'air,de l'eau et de la terre végétale, l'humanité risquede mourir au milieu des déchets qu'elle aura elle-même produits. De l'éducation relative à la pollu-tion qui est aujourd'hui donnée aux enfants et auxadolescents pourront naître, dans les décennies àvenir, les changements qui s'imposent.

Questions pour les planificateurs de programmesd ' en se ignem ent

Beaucoup de questions concernant l'éducation rela-tive à la pollution ont besoin d'être étudiées parles planificateurs de programmes, avec l'aide desservices de santé, des parents d'élèves et desélèves eux-mêmes. Nous citerons notamment lessuivantes :

1. Quels sont les éléments qui constituent, pourl'école, la famille et la collectivité, un environne-ment matériellement, intellectuellement et socia-lement sain ?

2. Quelles sont, dans votre région, les formesde pollution qui influent sur le milieu et sur lesgens ?

3. Quelles sont les causes et les conséquences- sociales, politiques et économiques - de la pol-lution ?

4. Pour quelles raisons et dans quelles circons-tances la pollution peut-elle être aggravée par unepersonne, une famille, une entreprise, une indus-trie ou une collectivité ?

5. Comment les droits individuels peuvent-ils,quand il s'agit de pollution, se trouver en conflitavec les droits de propriété ?

6. Que faudrait-il faire, dans votre région, àl'égard des problèmes de pollution ?

7. Le public a-t-il conscience des problèmesde pollution ?

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8. Quels sont les moyens que l'on pourrait utili-ser pour réduire la pollution et en diminuer leseffets ?

9. Quelles mesures une personne ou une famillepeut-elle prendre pour lutter contre la pollutiondans son environnement immédiat ?

10. L'éducation relative à la pollution doit-elletenir une place importante dans les programmesscolaires ?

11. Quelles sont les parties des programmesscolaires qui pourraient servir de cadre à ce genred'éducation ?

12. A quels procédés et matériels serait-il utilede faire appel pour ce genre d'éducation ?

13. Quelles occasions y a-t-il de faire partici-per les élèves à des activités qui leur permettentd'apprendre par la pratique à lutter contre la pol-lution et contre ses effets ?

14. De quelle formation ont .besoin les martreset futurs maîtres appelés à dispenser une éduca-tion relative à la pollution ? Par qui cette forma-tion peut-elle être assurée ?

15. Combien l'éducation relative à la pollutionpeut-elle toucher de parents d'élèves ?

16. Que faut-il pour que l'éducation relative àla pollution ait une réelle influence sur la santéde l'individu, de la famille, de la population sco-laire et de la collectivité ?

3. L'éducation relative à la sécurité

A mesure que la lutte contre les maladies devientplus efficace, les accidents prennent proportionnel-lement de plus en plus d'importance. En effet, ilssont une des principales causes des décès parmiles enfants et les adultes de nombreux pays. Ilsprovoquent en outre d'immenses dommages person-nels ou matériels. De même que les maladies chro-niques, les accidents peuvent entraîner l'hospitali-sation, l'invalidité, l'interruption du travail scolai-re ou professionnel. Outre les souffrances humainesqu'ils provoquent, ils coûtent à l'économie des som-mes astronomiques.

Le problème des accidents

Les souffrances humaines et les pertes financièresqu'entraînent les blessures et les décès causés pardes accidents évitables constituent un problème desanté publique dont l'importance n'a jamais été sur-passée que par les hécatombes dues aux épidémiesde peste ou aux guerres mondiales. De récentesstatistiques des Etats-Unis (1) illustrent bien l'am-pleur que ce problème atteint dans certains pays:en effet, les accidents constituent la principale cau-se de décès parmi les personnes de moins de 38ans, et la quatrième cause de décès dans l'ensem-ble de la population. Les décès accidentels atteignentle taux annuel de 56 pour 100. 000. En 1970, le nom-bre de morts accidentelles a été de 114. 000 dont54. 500 dues à des accidents d'auto, 26. 500 à desaccidents domestiques et 14. 200 à des accidents dutravail. Parmi les enfants de un à 14 ans, les acci-dents tuent davantage que ne le font ensemble lessix maladies les plus meurtrières. Parmi les jeu-nes gens de 15 à 24 ans, les accidents provoquentdavantage de décès que toutes les autres causesde décès réunies, et près de sept fois plus que lacause de décès la plus fréquente après eux. Dansce groupe d'âge, quatre victimes sur cinq sont desexe masculin.

Ce qu'il y a de particulièrement tragique dans

le grand nombre des décès accidentels, c'est queles traumatismes tuent des milliers de personnesqui auraient pu avoir des vies longues et produc-tives; en revanche, celles qui sont atteintes d'af-fections ou de tumeurs malignes, de maladies decœur, de congestion cérébrale ou de bien d'autresmaladies chroniques meurent généralement à unâge plus avancé, de sorte que les décès acciden-tels entraînent la perte d'un bien plus grand nom-bre d'année s-homme s productives que les décèsrésultant de maladies chroniques.

Le traitement des accidentés représente unetâche énorme pour les médecins, le personnelpara-médical et les hôpitaux. Aux Etats-Unis,une personne sur quatre environ a chaque annéeun accident plus ou moins grave. Sur toutes lespersonnes blessées en 1970 - plus de 52 millions -beaucoup ont été traitées chez elles ou sur leurlieu de travail, mais la plupart ont reçu des soinsdans les cabinets médicaux, dans les dispensairesou dans les services d'urgence des hôpitaux. Onestime que plus de deux millions de victimesd'accidents sont hospitalisées chaque année; ellesoccupent 65. 000 lits d'hôpitaux pendant 22 millionsde journées d'hospitalisation et mobilisent lesservices de 88. 000 personnes. Aux Etats-Unis, unlit sur huit environ est occupé dans les hôpitauxgénéraux par une victime d'accident.

Il se produit des accidents partout où il y ades gens, c'est-à-dire dans les maisons, dans lesécoles, sur les lieux de travail, dans les rues etsur les routes, à la ville et dans les fermes, surterre, sur l'eau et dans les airs - en fait, partout.Aucun environnement fréquenté par les hommesn'est entièrement à l'abri des accidents. Lestypes d'accidents sont nombreux et variés. Engénéral, ce sont les accidents d'auto, les chutes,

(1) National Safety Council, Accidents Facts,Chicago, 111. : The Council, 1971.

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les noyades et les brûlures qui entraînent le plusgrand nombre de décès, dans des proportions quivarient d'ailleurs d'un pays à l'autre.

Il n'existe pas de cause unique pour les acci-dents. Les défaillances mécaniques et personnelles,les risques liés à l'environnement, l'insuffisancedes connaissances et des aptitudes, le caractèreinapproprié des attitudes et du comportement, toutcela peut jouer un rôle. La plupart des accidentsse produisent parce que les gens ne prennent pasles précautions nécessaires pour protéger leurpersonne et celle d'autrui. Les accidents ne sontpas l'effet du hasard. Ils sont essentiellement dûsà la violation de règles, de prescriptions ou d'usa-ges qui se sont élaborés au cours des années afinde donner aux gens la possibilité de survivre.

Bien des gens n'ont pas appris la pratique dela sécurité. Des accidents peuvent être provoquéspar les personnes qui tentent d'accomplir desexploits supérieurs à leurs capacités, celles quisont sous le coup d'une émotion ou en état d'ébrié-té, celles dont la vision ou l'oui'e sont défectueusesou celles qui sont fatiguées. Les attitudes défec-tueuses ou négatives, la temporisation ou le man-que d'attention contribuent à élever le nombre desaccidents qui font des morts et des blessés; cer-tains de ces facteurs sont liés entre eux et dansde nombreux cas, les attitudes défectueuses sontdues à un manque de connaissances.

Dans certains pays, l'augmentation vertigineu-se du nombre des accidents corporels et des décèsaccidentels est en rapport avec l'apparition derisques et dangers nouveaux qui accompagnent lesprogrès de la technologie moderne. Le développe-ment de l'électrification, notamment dans les régionsrurales, l'emploi d'insecticides puissants, le nom-bre croissant des véhicules automobiles de toutessortes qui empruntent des routes construites pourune circulation plus primitive en sont autant d'exem-ples.

La notion de "prédisposition aux accidents" estassez difficile à définir. Il existe très probablementcertaines personnes qui, de par leur structure men-tale, sont plus sujettes que d'autres aux accidents,mais il est difficile de les identifier. D'autre part,il faut bien dire que certains milieux sont très favo-rables aux accidents. Il est de fait par exemple queles logements misérables et surpeuplés des maisonsdélabrées sont particulièrement propices aux acci-dents. Il est difficile à la mère de veiller à la sécu-rité de ses jeunes enfants alors qu'elle ne dispose,pour tous les travaux du ménage tels que la cuisineou la lessive, que d'appareils insuffisants ou malagencés, entassés dans un espace restreint. Lesenfants sont constamment en danger lorsqu'on posesur le sol des casseroles ou des bouilloires conte-nant des liquides brûlants, lorsqu'il n'y a pas deplacard où ranger les médicaments ou les substan-ces dangereuses, ou lorsqu'un foyer sans pare-étincelles occupe une grande place dans une petitepièce. Les dégradations, surtout celles des esca-liers et des planchers, constituent une source per-

manente de danger. Le manque de place pour jouerà l'intérieur ou aux abords immédiats de l'habita-tion force les enfants à descendre dans la rue.Lorsque les familles vivent dans des conditionséconomiques difficiles et que la mère doit travail-ler au dehors, il arrive souvent que les jeunesenfants restent seuls à la maison pendant de lon-gues heures. Les accidents par brûlure (les plusgraves parmi les jeunes enfants) risquent d'arri-ver surtout quand les enfants sont laissés seuls.L'âtre, construit presque à ras du sol, la plaquenon protégée de la cuisinière électrique, de mêmeque le brûleur du réchaud à gaz sont des sourcesconstantes de danger. Des conditions de ce genre,parmi bien d'autres, tendent à "provoquer" desaccidents.

Que peut-on faire pour réduire le nombre desaccidents ? La politique de prévention des acci-dents comporte quatre aspects principaux : (1) desmesures techniques; (2) le vote d'une législationréglementaire; (3) l'application des règles etinstructions et (4) une action éducative. Il existede nombreux exemples des résultats que l'on peutobtenir grâce à ces quatre types de mesures pré-ventives, notamment en milieu industriel. Ladiminution spectaculaire du nombre des accidentsdu travail dans certaines industries mécaniquesmérite d'être soulignée et atteste l'efficacité desmesures de prévention lorsque la préparation etla mise en œuvre des programmes de sécuritéembrassent ces quatre aspects à la fois.

Des études techniques plus poussées peuventaccroître la sécurité des véhicules automobileset des routes pour les conducteurs et les passa-gers. Il est possible de fabriquer des jouetsd'enfant qui ne présentent aucun risque d'accident,de construire des aires de jeu qui répondent à unsouci de sécurité autant qu'à celui d'amuser lesenfants, concevoir des maisons d'où seront élimi-nés les "traquenards" des escaliers et des sols.Dans le domaine des études techniques visant à lasécurité, un exemple très convaincant nous vientdu Royaume Uni, où la nouvelle conception desgarde-feu a permis de réduire considérablementle nombre des accidents par brûlure.

Comme exemple d'adoption et de mise enoeuvre de dispositions réglementaires, on peutciter la loi sur les poisons caustiques qui, auxEtats-Unis, a pratiquement mis fin, dans la majeu-re partie du pays, aux empoisonnements parabsorption de produits détersifs. Un autre exem-ple de ce mode de prévention des accidents estfourni par la Norvège où, par des mesures légis-latives, il est devenu obligatoire de couvrir lesfosses et les puits dangereux.

C'est l'éducation qui vient compléter lesmesures sur lesquelles reposent les programmesefficaces de prévention des accidents. Le princi-pal objectif de l'éducation pour la sécurité est dedonner aux enfants, aux adolescents et auxadultes conscience des risques d'accidents quecomporte la vie de tous les jours et de leur ensei-

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gner les moyens d'y faire face. La devise "Sécuri-té d'abord" ne suffit pas; car personne n'a envie devivre uniquement pour préserver sa sécurité. Ilsemble plus réaliste d'adopter comme objectif laformule "La sécurité permet une existence plusintéressante". Car un peu de réflexion, de tempset de soin consacrés à faire les choses avec pru-dence peuvent signifier la vie au lieu de la mort, leplaisir au lieu du malheur, le succès au lieu del'échec.

Le problème des catastrophes

Outre les accidents dans lesquels une ou plusieurspersonnes sont impliquées, il existe également descatastrophes naturelles ou provoquées par l'homme:incendies, inondations, tremblements de terre,accidents de transport, explosions, ouragans, tor-nades, tempêtes de neige, foudre, les agressionsà l'aide d'armes conventionnelles ou nucléaires,etc. Ces événements peuvent se produire, et seproduisent généralement, de façon inattendue et endes lieux imprévus; ils font souvent beaucoup demorts, de blessés et de dégâts matériels. Pourparer à l'éventualité de telles catastrophes, il fautune planification très poussée et une organisationqui puisse aider les gens à survivre. Il importe queles gens acquièrent les connaissances, les métho-des et les techniques dont ils auront besoin pourfaire face à la situation.

Les écoles sont particulièrement vulnérablesen cas de catastrophe, et aucune d'entre elles n'estet ne peut être entièrement à l'abri. Chaque année,la vie de milliers d'enfants et de jeunes gens peutêtre sauvée grâce à des précautions efficacescontre les catastrophes tandis que d'autres viessont perdues parce que il n'a pas été tenu comptede certains avertissements et qu'on n'a pris aucuneprécaution. La préparation aux catastrophes estune nécessité et constitue une tâche éducativeimportante pour le personnel des écoles.

Conséquences pour une vie saine à l'école.

Les terrains qui entourent l'école, ses bâtimentset son matériel contribuent pour beaucoup à la sécu-rité de l'environnement scolaire. Leur conception,leur entretien et leur utilisation doivent être confor-mes à des principes et à des méthodes soigneusementmis au point pour la prévention des accidents.

Un programme de sécurité scolaire doit compor-ter une éducation à la fois dans le domaine de la sécu-rité et dans celui de la prévention des accidents.L'éducation dans le domaine de la sécurité prévoitun certain nombre d'expériences grâce auxquellesles enfants et les jeunes gens apprennent à prendredes décisions raisonnables et à faire le choix quis'impose dans les cas où eux-mêmes ou d'autrespersonnes risquent d'être blessés. La préventiondes accidents consiste dans la maîtrise de l'envi-ronnement (c'est-à-dire des terrains de l'école,des bâtiments, du matériel et des fournitures) et du

comportement humain (celui des élèves, du per-sonnel et des visiteurs) afin d'éliminer les condi-tions et les situations qui entraînent des blessu-res corporelles ou des dégâts matériels.

Un programme de sécurité scolaire impliquela participation des élèves, des professeurs, dupersonnel administratif et de surveillance, dupersonnel de bureau, des techniciens et des gar-diens, du personnel sanitaire de l'école, des auto-rités scolaires locales, des parents d'élèves, desspécialistes de la santé publique, des représen-tants des pompiers, de la police, des organis-mes chargés de faire face aux catastrophes civi-les, et également des représentants d'autresorganismes communautaires officiels ou bénévoles.De fait, toute personne qui participe de près ou deloin à la marche de l'école a un rôle à jouer ainsiqu'une part de responsabilité dans un programmede sécurité scolaire.

Il incombe au chef d'établissement (1) de fixer,en accord avec le ministère de l'éducation, desdirectives bien précises sur l'éducation pour lasécurité et la prévention des accidents, et (2) dedésigner les responsables de la direction et de lacoordination du programme de sécurité. Danscertains cas, c'est le chef d'établissement lui-même qui dirige le programme, mais le plussouvent il désigne un contrôleur, un coordinateurou un directeur de la sécurité.

Voici quelques uns des principaux aspectsd'un programme de sécurité scolaire (1):

1. Un conseil ou un comité de sécurité, grou-pant les représentants de l'administration, desenseignants, des élèves, du personnel médical del'école et des organismes communautaires char-gés de la sécurité. Il incombe à ce conseil : (a)d'analyser les causes des accidents scolaires etd'étudier comment ils pourraient être évités;(b) de recommander des mesures de préventiondes accidents aux enseignants, à l'administrationet au ministère de l'éducation; (c) d'introduiredans l'ensemble du programme scolaire des sug-gestions relatives à l'éducation pour la sécurité;(d) de s'assurer de la sécurité des conditions devie dans l'ensemble de l'environnement scolaire,et (e) de mettre au point une série de dispositionssur les précautions à prendre et la conduite àtenir en cas d'urgence, les exercices de luttecontre l'incendie, la réglementation de la circu-lation, l'inspection périodique des bâtiments etterrains de l'école afin de déceler ce qui menaceou pourrait menacer la sécurité.

(1) Des informations détaillées concernant lesprogrammes de sécurité scolaire se trouventdans Healthful School Environment, publica-tion du Joint Committee on Health Problems inEducation de la National Education Associationet de l'American Médical Association, Washing-ton, D. C. et Chicago, 111., 1969.

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2. Un plan minutieux et de conception modernepour la sécurité de la circulation à la fois dansl'école et à ses abords. Dans de nombreuses loca-lités, on a couramment recours aux services depatrouilles de sécurité scolaire (constituées degrands élèves) pour protéger les allées et venuesdes enfants entre leur école et leur domicile, dansles bâtiments scolaires et dans les cars de ramas-sage. Il peut être utile de baliser des passagespour piétons, de signaler dans les rues avoisinan-tes la proximité des écoles, d'installer des feuxde signalisation, et de faire diriger par des adul-tes la traversée des carrefours où la circulationest intense.

3. La sécurité du transport des élèves par auto-cars. A mesure que les districts scolaires s'éten-dent, le nombre des élèves transportés et les dis-tances qu'ils parcourent augmentent d'année enannée. Il faut pour le ramassage scolaire desconducteurs experts dont les capacités physiquesse combinent à la vivacité d'esprit, ainsi que descars appropriés dont la fabrication, l'équipementet le fonctionnement satisfassent à toutes les nor-mes de sécurité. Il faut également que la conduitedes élèves, la charge maximum du véhicule et lesarrêts où les passagers peuvent monter ou descen-dre soient réglementés.

4. Des mesures de sécurité dans les laboratoi-res, les gymnases, les terrains de jeux et d'athlé-tisme. Ces installations et le matériel qui s'y trou-vent peuvent être particulièrement dangereux si onlaisse les choses au hasard. Il faut parer à touteéventualité et ne négliger aucun effort pour préve-nir les accidents.

5. Des règlements concernant la circulation desbicyclettes et leur stationnement, les fêtes scolai-res (bals et autres), l'utilisation des bâtimentsdans la soirée, l'autorisation ou l'interdiction defumer dans les locaux scolaires, la circulation dela foule nombreuse qu'attirent les manifestationsd'athlétisme et autres réunions.

6. L'éducation pour la sécurité à tous les niveauxscolaires et l'organisation de cours spéciaux desecourisme et de conduite automobile dans les éco-les secondaires.

7. La collecte systématique de renseignementssur les accidents. En dépit de tout ce que l'on fait,on ne peut empêcher que certains accidents se pro-duisent; aussi est-il nécessaire de les signaler etde les étudier pour en tirer des indications sur lafaçon dont il convient de modifier l'environnement,d'aménager les principes appliqués et d'améliorerles programmes d'éducation pour la sécurité.

Conséquences pour les services de santé scolaire

C'est à l'école qu'il incombe de secourir d'urgenceles élèves ou les membres du personnel qui tom-bent malades ou sont blessés à l'école même oudans le cadre d'activités extérieures organiséespar elle; l'organisation de tels secours fait partieintégrante des obligations des services sanitaires

scolaires. Il est indispensable de mettre au pointet faire appliquer des mesures précises permet-tant de faire face aux événements courants, quipeuvent se produire chaque jour, et aussi, auxsituations inhabituelles qui peuvent résulter decatastrophes. C'est en se préparant soigneuse-ment à toutes les éventualités que peuvent entraî-ner la maladie et les blessures que l'on assure laprotection des élèves et du personnel, que l'onpeut éviter des erreurs de nature à engager cer-taines responsabilités juridiques, et que l'on dimi-nue le risque de réactions nerveuses excessivesà des événements inhabituels.

Les plans de secours d'urgence comprennentles éléments suivants :

1. Directives permanentes. Elles consistent enune liste précise des mesures à prendre en cas demaladie ou de blessure à l'école. Cette liste estgénéralement dressée par le personnel des servi-ces sanitaires scolaire, soumise à l'approbationdu conseil d'administration de l'école et aux diri-geants de l'établissement, et revue périodiquementdu point de vue des enseignants, des parents et desélèves. Elle contient des recommandations détail-lées sur les premiers soins à apporter aux mala-des et aux blessés.

2. Dispositions à prendre pour prévenir lesparents. Il est indispensable que les parentssoient avisés de la maladie ou de la blessure del'élève. Pour faciliter cette tâche, il faut dispo-ser à tout instant d'un répertoire à jour des élè-ves, comprenant pour chacun d'eux : (a) le nom,l'adresse et le numéro de téléphone des parentsou du tuteur (domicile et lieu de travail); (b) lenom, l'adresse et le numéro de téléphone d'unparent ou d'un voisin qui a consenti à prendresoin de l'enfant au cas où l'on ne pourrait joindreni ses parents ni son tuteur; (c) une attestationécrite délivrée par les parents ou le tuteur, auto-risant le personnel de l'école à faire appel aupersonnel médical dans un cas grave et urgent,

si l'on ne peut parvenir à joindre les parents oule tuteur; (d) toute instruction spéciale à suivreou précaution à prendre en cas d'urgence.

3. Transport des élèves malades ou blessés.Cette responsabilité incombe généralement auxparents. Il se peut toutefois que le personnel del'école ait à assurer le transport d'un élève mala-de ou blessé à son domicile ou chez un médecinou à l'hôpital. Il faut fixer précisément la marcheà suivre.

4. Aide aux parents. Il arrive que des parentsne mesurent pas l'importance de continuer à dis-penser des soins médicaux à un enfant maladeou blessé, ou bien qu'ils ne sachent pas à quis'adresser pour cela. Un membre du personnelde l'école peut leur donner des conseils sur lafaçon de procéder, par exemple les aider à trou-ver un médecin, à choisir un hôpital, ou s'occu-per du transport de l'enfant. C'est sur place qu'ilfaut mettre au point les détails relatifs à ce genred'aide.

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5. Mesures ultérieures. Il est extrêmementimportant de suivre de près tous les élèves mala-des ou blessés, afin de s'assurer qu'ils ont faitl'objet d'un diagnostic sérieux et suivi le traite-ment qui convenait à leur cas. Ils pourront ainsirevenir à l'école dans les meilleurs délais, ourecevoir un enseignement à domicile.

6. Surveillance des sportifs. Cette responsabi-lité qui incombe au personnel sanitaire et au per-sonnel de sécurité de l'école exige des directivesdétaillées sur la manière de faire face aux acci-dents qui se produisent au cours des manifesta-tions sportives et athlétiques organisées par l'éco-le.

7. Rapports concernant les soins d'urgence.Comme dans tous les cas d'accident , il importede signaler chaque cas de blessure et de maladieet consigner par écrit les mesures qu'on a prises.

Conséquences pour l'enseignement sanitaire

Voici quelques exemples des faits, des notions etdes comportements qu'il importe d'apprendre etd'enseigner dans le domaine de la sécurité :

1. Il est possible de prévenir presque tous lesaccidents.

2. La connaissance des causes d'accidents peutconduire à prendre des mesures pour les préveniret les éviter.

3. On parviendra a réduire le nombre des acci-dents lorsque tout le monde acceptera davantagede responsabilité dans la prévention des accidentset lorsqu'on aura amélioré l'aménagement de l'en-vironnement.

4. La sécurité exige de la vigilance à l'égard dece que l'on fait et à l'égard de l'environnement.

5. La sécurité de la vie est en rapport avec l'évo-lution de l'environnement.

6. La défense contre les catastrophes vise defaçon directe et immédiate à la sauvegarde de lavie.

7. La survie de l'individu dépend de l'organisa-tion et de la coordination de programmes locauxet nationaux appropriés de prévention des accidentset de protection contre les catastrophes.

8. Il faut des règles et prescriptions de sécuritépour rendre sûres toutes les activités auxquellesparticipent des êtres humains.

Il faudrait enseigner les principes de la sécurité àl'école primaire où ils devraient faire partie inté-grante des cours d'éducation sanitaire, d'éducationphysique, de sciences, d'études sociales, de lectu-re, d'arithmétique, de langue et de formation artis-tique. A ce stade il faudrait établir le contenu desleçons en fonction des besoins qui seraient détermi-nés par une analyse tenant compte : des risquestemporaires et permanents que comporte l'envi-ronnement des élèves; des risques inhérents à leursactivités; des statistiques obtenues par le relevésystématique des accidents scolaires; des risquesinhérents aux saisons et à des jours particuliers

tels que les fêtes légales; enfin de l'examen desproblèmes propres à chaque élève.

A l'école secondaire, le programme d'éduca-tion pour la sécurité doit être adapté au niveaude maturité et aux intérêts du groupe d'âge cor-respondant, et ne doit pas consister en une répé-tition des sujets traités au cours des années pré-cédentes. A cet âge, les jeunes gens ont de plusen plus l'esprit d'aventure. Il faut leur faire mieuxcomprendre les causes des accidents et la façonde les éviter, et il leur faut une motivation pouraccepter de "jouer en toute sécurité". Certainsprétendent que la sécurité est en elle-même unematière au contenu abondant, et qu'elle mériteune place à part entière dans le programme desécoles secondaires. Cependant, à part les coursde conduite automobile, l'enseignement de lasécurité est généralement inclus dans les pro-grammes d'éducation sanitaire, d'éducation phy-sique, de sciences, d'études sociales, d'artsindustriels et d'agriculture.

Partout où les véhicules automobiles sontnombreux, il faut absolument mettre au point unprogramme complet d'éducation des conducteurs.A cette fin il faut des moniteurs compétents,beaucoup de temps et un matériel approprié quipermette aux élèves d'acquérir de l'expérience auvolant d'une voiture, en classe et en laboratoire.Il a été démontré dans plusieurs pays qu'un ensei-gnement de ce genre peut former des conducteurssûrs.

Conséquences pour les relations entre l'école etla communauté

II appartient au personnel scolaire et aux organis-mes communautaires de prendre des mesures envue d'assurer la sécurité à la maison, celle de lacirculation, celle des jeux et des sports, ainsi queles précautions qu'appellent les risques de catas-trophe. La responsabilité juridique de certainesmesures de sécurité incombe à la fois aux servi-ces des pompiers et à ceux de la police, en mêmetemps qu'aux autorités scolaires. D'autres orga-nismes locaux, régionaux ou nationaux peuventapporter un concours précieux à l'élaboration ouà l'amélioration du programme de sécurité scolai-re; c'est le cas notamment de la Croix Rouge, desclubs automobiles, des groupements civiques,desassociations scientifiques et techniques, des socié-tés médicales, des services de santé, des associa-tions professionnelles d'enseignement de la con-duite automobile et de la sécurité, des commis-sions, comités et conseils de sécurité.

Questions pour les planificateurs des program-mes d'enseignement

1. De quels genres d'accident les écoliers etles jeunes gens sont-ils le plus fréquemment vic-times ?

2. Où, quand et comment les écoliers sont-ilsvictimes d'accidents ?

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3. Les bâtiments, les terrains et le matérielscolaires sont-ils des modèles de sécurité ?

4. Existe-t-il des rapports soigneusement pré-parés et mis à jour précisant les principes et mé-thodes en vigueur dans les écoles en matière desécurité et de précautions contre les catastrophes?

5. Existe-t-il des consignes permanentes pourle traitement des élèves qui se blessent ou tombentmalades alors qu'ils sont sous la surveillance dupersonnel scolaire ?

6. Existe-t-il un système efficace de relevé desaccidents scolaires ?

7. Quel est le genre d'éducation pour la sécuriténécessaire à chaque niveau ?

8. Quels sont les principes importants de l'édu-cation pour la sécurité, de l'éducation des conduc-teurs et des précautions à prendre contre les catas-trophes ?

9. Quels sont les principes de sécurité que tousdoivent connaître et appliquer ?

10. Comment peut-on déterminer et développerles aptitudes nécessaires à la sécurité et à la sur-vie ?

11. Quel est le rôle des attitudes et des valeursdans l'éducation pour la sécurité ?

12. Quel est le rapport de la santé mentaleavec l'éducation pour la sécurité ?

13. De quelle aide les enseignants ont-ils besoinpour améliorer l'éducation pour la sécurité et dequelle façon peut-on leur fournir cette aide ?

14. Comment, où, et par qui doit être donnéel'instruction relative aux premiers soins ?

15. Comment peut-on déterminer l'efficacitédes programmes de sécurité ?

16. Quelles ressources la communauté met-elleà la disposition des écoles aux fins d'éducationpour la sécurité ?

4. L'éducation relative à la drogue

C'est le Comité OMS d'experts sur la pharmaco-dépendance (1) qui a défini la drogue (ou médica-ment) comme "toute substance qui, introduite dansl'organisme vivant, peut modifier une ou plusieursde ses fonctions". Il existe des dizaines de milliersde drogues. Leur utilisation par les hommes peutêtre bénéfique ou néfaste, selon les circonstances.Grâce à certaines drogues, des maladies autrefoismeutrières, comme la pneumonie, la tuberculose,le paludisme et la fièvre puerpérale, sont mainte-nant enrayées dans certaines parties du monde; onréalise des progrès dans le traitement de diversesaffections gastro-intestinales et de la schistosomia-se; des malades mentaux peuvent faire des progrèsconsidérables dans la voie de la gué ri son et de laréadaptation. En outre, la douleur et la souffrancediminuent à mesure que l'on met au point de nou-velles drogues.

Certaines drogues sont psychotoxiques ou psy-chotropes. Elles peuvent modifier l'humeur, laperception ou la conscience, aussi les appelle-t-onpsychoactives. Il existe un grand nombre et unegrande variété de substances psychoactives, dontcertaines sont légitimement utilisées par la théra-peutique médicale. Elles vont des simples épicesemployés en cuisine (noix muscade), en passantpar certaines fleurs courantes (graines de volubi-lis) et des plantes comme le cannabis, jusqu'à desdrogues synthétiques très élaborées. Le seul autrecaractère qui soit commun à toutes les drogues estque leur utilisation par un être humain risque d'en-traîner une dépendance à leur égard. Selon le Comi-té d'experts de l'OMS (2), la dépendance est "unétat psychique et, quelquefois également physique,résultant de l'interaction entre un organisme vivantet un médicament se caractérisant par des modifica-

tions du comportement et par d'autres réactionsqui comprennent toujours une pulsion à prendrele médicament de façon continue ou périodiqueafin de retrouver ses effets psychiques et quel-quefois d'éviter le malaise de la privation. Cetétat peut s'accompagner ou non de tolérance. Unmême individu peut être dépendant de plusieursmédicaments". Par tolérance on désigne le faitque la consommation répétée d'une même dosed'une drogue donnée produit des effets d'intensitédécroissante.

Le problème de la dépendance à l'égard de ladrogue (3)

L'histoire de l'utilisation des drogues psycho-actives est presque aussi vieille que celle de l'hu-manité :

II se peut que les hommes de l'Age de pierre aientdéjà connu l'opium, le haschisch et la cocaihe.Les peuples primitifs utilisaient ces droguesafin de provoquer des états d'ivresse au coursdes cérémonies religieuses et, dans le cas du

(1) Comité OMS d'experts de la pharmacodépen-dance, seizième rapport, Suisse : OMS, 1969.(Série de rapports techniques n° 407).

(2) Ibid.(3) Cette section est extraite d'un article du Dr

Dale. C. Cameron, Médecin Chef (Pharmaco-dépendance). Organisation mondiale de la Santé,"Connaissance des drogues", Magazine del'OMS, avril 1971.

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haschisch, pour préparer les guerriers au com-bat. Dès 2700 avant Jésus-Christ, l'empereur deChine Shen Neng connaissait la marihuana quel'on recommandait notamment contre la goutte,la constipation et la "distraction". Et en 500 avantJésus-Christ, selon l'historien grec Hérodote,les Scythes utilisaient aussi la drogue (1).

A l'heure actuelle, dans de nombreux pays, on s'in-quiète vivement de l'extension épidémique de l'em-ploi de drogues psychoactives, notamment parmiles jeunes. Cet emploi de drogues entraîne souventla dépendance. Comme les caractéristiques de ladépendance varient selon la drogue en cause, ilfaut toujours, quand on utilise ce terme, spécifierde quelle drogue il s'agit.

Les drogues du type morphine (les narcotiques),sont constituées en premier lieu par les dérivés del'opium. L'opium est le jus coagulé du pavot, Papa-ver somniferum L., qui pousse facilement dans lemonde entier sur des terrains secs et ensoleillés.On en extrait, outre d'autres produits utiles enmédecine, un alcaloïde aux effets analgésiquespuissants, la morphine, ainsi nommée en souve-nir de Morphée, le dieu grec des songes. On peutfacilement transformer la morphine en codéine,qui a des propriétés analgésiques légères et agitcontre la toux. L'héroihe, un opiacé qui se fabri-que facilement à partir de la morphine, est, demême que l'opium brut, couramment utilisé parles personnes en état de dépendance à l'égard desnarcotiques.

Un certain nombre de composés synthétiquesnon opiacés possèdent aussi des propriétés narco-tiques et analgésiques; ils entraînent malheureuse-ment, la même dépendance que la morphine etl'opium.

La dépendance psychique créée par les narco-tiques en général est puissante et tend à apparaîtrerapidement; elle offre un éventail étonnant de mani-festations paradoxales. Les stupéfiants sont à lafois euphorisants ou sédatifs et "soulagent" aussibien un état de passivité excessive que l'angoisse,ou la douleur physique. Plus que toute autre dro-gue, ils sont près d'être la panacée que recherchenttant de gens souffrant de maux différents; ils sou-lagent plus d'un mal chez le même individu à diffé-rentes époques. On les prend pour "alléger" ladouleur, pour se sentir mieux, ou pour ne plusrien sentir du tout. Malheureusement, l'état dedépendance physique qui suit, survient très tôt, ets'intensifie parallèlement à l'augmentation de ladose. Prenez dix milligrammes de morphine tou-tes les quatre heures pendant quinze jours, et vousaurez atteint un état de dépendance appréciable.Votre organisme, étant adapté à la droque, exigeraque vous continuiez à en prendre pour prévenir l'ap-aarition d'un malaise ou du syndrome du sevrage,caractéristique de l'intoxication par les dérivés del'opium. L'accoutumance à la drogue se manifes-tera en même temps par la nécessité de prendredes doses toujours croissantes pour obtenir le

même effet.Le syndrome de sevrage qui apparaît avec la

morphine ou i'héroihe, quarante-huit à soixante-douze heures après la dernière dose, est un étatde "stress" (tension) physique et mental dont lesmanifestations sont très variées : angoisse, agita-tion, transpiration, écoulement nasal et lacrymal,douleurs, nausées, vomissements, crampes, per-te de poids, pouvant aller jusqu'au choc, suivi demort dans de très rares cas, en l'absence d'as-sistance médicale.

Notre vie fiévreuse actuelle donne une popu-larité croissante aux drogues dites sédatives.Depuis une cinquantaine d'années, on a synthétiséun grand nombre de dérivés de l'acide barbituri-que. Certains de ces produits ont une action cour-te et intermédiaire, tels que l'hexobarbital, etd'autres une action prolongée, comme le phéno-barbital. Tous sont toxiques. Les gens qui sedroguent donnent la préférence aux produits àaction rapide ou intermédiaire : amobarbital,cyclobarbital, hexobarbital, pentobarbital, seco-barbital. Certains de ces produits appelés tran-quillisants, par exemple le méprobamate, lechlordiazépoxide et le diazépam, entraînent lemême type de dépendance que les barbituriques.Ce n'est pas le cas de tous les tranquillisants. Lamédecine emploie ces produits pour soulager lesétats d'angoisse sans provoquer autant de sédationque les barbituriques.

La dépendance psychique entraînée par toutesles drogues de ce type peut être assez marquée.Ceux qui les prennent cherchent habituellementl'oubli, l'évasion, mais il arrive qu'elles soientprises souvent en combinaison avec d'autres dro-gues, simplement pour satisfaire à un désir d'exci-tation momentané. Les symptômes de l'intoxica-tion barbiturique chronique sont semblables à ceuxde l'alcoolisme. Les fortes doses entraînent l'in-coordination motrice et la dysfonction mentale; onobserve même à l'occasion des psychoses toxiquesqui se terminent par le coma et la mort. La dépen-dance physique peut être prononcée ; elle semanifeste habituellement quand la dose quotidienneégale trois à quatre fois la dose thérapeutique nor-male.

L'accoutumance se manifeste moins rapide-ment et moins uniformément que dans l'usage desstupéfiants et la dose mortelle reste à peu prèsla même; ceux qui abusent des barbituriques sontsouvent inconsciemment proches du suicide.

Le syndrome de sevrage débute vingt-quatreheures après la dernière dose et atteint son maxi-mum en deux ou trois jours. Il se signale parl'angoisse, les trémulations, la faiblesse, la

(1) Laboratoires Smith, Kline and French, anaAmerican Association for Health, PhysicalEducation and Récréation, Drug Abuse;Escape to Nowhere, Philadelphia, Penn. :Smith, Kline and French Laboratories, 1969.

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déformation des perceptions visuelles, l'insomnieet parfois par des convulsions épileptiformes et undélire qui rappelle le delirium tremens du sevragealcoolique; il peut être suivi d'une psychose grave.

La dépendance psychique créée par l'alcoolatteint des degrés divers. Elle peut être légère(l'alcool vous manque quand on en est privé),modérée (on s'enivre en plus d'une occasion,lors d'une réception, et souvent en secret), ouprononcée (on dépasse les bornes considéréescomme acceptables en société, on est obsédé parle désir de boire, on n'est plus capable de s'acquit-ter de ses devoirs professionnels et sociaux).

La dépendance physique envers l'alcool apparaîtlentement et seulement quand la consommation estélevée. L'accoutumance également lente, n'est jamaiscomplète, en particulier vis-à-vis des doses assezélevées pour produire le coma; aux derniers stadesde l'alcoolisme elle peut même diminuer au pointde faire face à une extrême sensibilité. On ne cons-tate guère de dépendance physique ou d'accoutu-mance tant que la boisson n'excède pas les normesadmises en société.

Le syndrome de sevrage est très semblable àcelui des intoxications par barbituriques et autressédatifs. 11 est grave dans un cas comme dans l'au-tre et peut aboutir aux convulsions épileptiformesou au délire. Il existe, fait curieux, une accoutu-mance croisée partielle à l'alcool et aux barbitu-riques. Aussi les barbituriques sont-ils assez effi-caces dans le traitement du syndrome alcoolique.Ces deux formes de dépendance sont du même type.

Les drogues du type amphétamine qui créentune dépendance ont un effet stimulant sur le systè-me nerveux central. La médecine les prescritcontre la narcolepsie et certaines formes d'hyper-activité infantile, et surtout à une grande échelle,pour diminuer l'appétit. D'autres stimulants dusystème nerveux chimiquement différents des amphé-tamines, par exemple le méthylphénidate et la phen-métrazine, entraînent une dépendance semblable àcelle de l'amphétamine.

Les produits de ce groupe ont la propriété decréer un état d'euphorie, de gaité, et de rendre lesperceptions plus aiguës. Ce sont ces effets que re-cherchent certaines personnes, et cela les conduit àun état de dépendance psychique qui peut être forte etse développer rapidement si les doses sont importan-tes. La tolérance, notamment aux faibles doses,se développe assez lentement et de façon irréguliè-re. Elle peut néanmoins commencer à apparaîtreau niveau des doses thérapeutiques normales etdevenir assez forte. Si l'on absorbe de grandesquantités de ces produits, la tolérance apparaîttrès vite. Des personnes ayant une tolérance trèsforte ont pu prendre des doses équivalant à centfois la dose thérapeutique normale. Comme il y apeu de dépendance physique, ou pas du tout, il n'ya pas de syndrome de sevrage caractérisé, bienque les personnes qui cessent d'absorber ces pro-duits soient fréquemment sujettes à l'épuisementet tombent dans un état dépressif.

Les déformations visuelles, les hallucinations et àl'occasion les psychoses que l'on observe dansl'usage de ces produits sont dues à l'intoxication etne sont pas déclenchées par le sevrage.

La cocaïne, comme les amphétamines, est unstimulant du système nerveux central et il a deseffets toxiques et euphorisants semblables à ceuxdes drogues qui créent une dépendance de typeamphétaminique. Elle ne figure pas dans la mêmecatégorie que ces produits, car, à la différencede ces derniers, elle ne crée pas de tolérance.

La cocaïne est tirée des feuilles du coca, quel'on trouve en Amérique du Sud, dans la régiondes Andes. Employée autrefois en médecine com-me puissant anesthésique local, elle a été large-ment remplacée par d'autres produits égalementefficaces qui ne risquent pas d'entraîner la dépen-dance.

La cocaïne entraîne une dépendance psychi-que prononcée. Elle produit un état d'excitationaccentuée et déforme les sensations, et donnelieu à des hallucinations. Elle n'entraîne pas dedépendance physique, ni de tolérance. Toutefois,comme elle est rapidement détruite par l'organis-me, certains sujets qui ont contracté une dépen-dance à l'égard de la cocaïne arrivent à en pren-dre jusqu'à dix grammes par jour (au cours deleurs "séances"), mais éprouvent souvent unesensation de profond épuisement lorsque les effetsde l'intoxication se dissipent.

De nombreuses préparations différentes ontpour base le chanvre, Cannabis sativa L. qui pous-se facilement dans toutes les zones tempérées ettropicales du globe. Ces produits, notamment lamarihuana et le haschisch, peuvent entraîner unedépendance de type cannabique. Bien qu'il soitencore employé dans certaines médecines tradi-tionnelles, le cannabis n'a plus de place dans lespharmacopées modernes.

Comme c'est le cas pour les autres drogues,les effets du cannabis dépendent de la dose absor-bée. Ils varient considérablement, allant de l'an-xiété, l'exaltation, la joie, l'hilarité, l'altérationdes perceptions sensorielles (surtout visuelles),la perte des inhibitions jusqu'à l'hallucination, lesidées paranoïaques, la dépersonnalisation, l'agi-tation, la confusion et l'apathie totale. La dépen-dance psychologique, modérée ou forte, semblen'apparaître que chez certains sujets qu'elle pous-se à continuer l'usage de ces drogues. Commeavec les stupéfiants, l'effet obtenu dépend pourbeaucoup de l'effet désiré. On ne constate niaccoutumance, ni dépendance physique pronon-cées, donc peu de tendance à accroître la doseet pas de syndrome de sevrage caractérisé. Tou-tefois des rapports récents montrent la nécessitéd'étudier plus à fond les problèmes de toléranceet de dépendance physique de l'homme à l'égardde ces produits.

Les drogues de type hallucinogène compren-nent le lysergide (populairement connu sous le nomde LSD), la mescaline, la psilocibine, et le dimé-

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thyltryptamine (connu sous le nom de DMT). Lelysergide est synthétisé à partir de l'acide lysergi-que, tiré de l'ergot, qui est un champignon parasi-te du seigle et d'autres céréales. La psilocibine setrouve dans certains champignons, et la mescalinedans le peyotl, qui est une cactée. D'autres hallu-cinogènes, tels que le DMT et le STP, sont pure-ment synthétiques.

Outre leur usage restreint dans les cérémoniesde quelques religions particulières à certainesrégions, les champignons hallucinogènes ou le peyotlsont généralement utilisés par les intellectuels etles artistes, ou ceux qui se croient tels, et par ceuxqui recherchent des expériences "stimulantes" (modi-fication de l'acuité sensorielle, hallucinations, "ex-pansion de la conscience" et "révélation mystique").D'autres y voient le moyen de parvenir à une meil-leure connaissance de leurs problèmes affectifs.On peut dire de ceux qui utilisent l'une de ces dro-gues régulièrement afin d'obtenir ses effets psycho-logiques qu'ils ont contracté une dépendance psy-chique à son égard. La dépendance physiqueest nulle. En revanche, la tolérance apparaît trèsvite et peut être très forte. Il existe une tolérancecroisée entre quatre au moins des hallucinogènesmentionnés. Les sensations décrites ainsi que lesréactions de panique et les véritables psychosesqui se manifestent quelquefois relèvent de l'into-xication et non du sevrage.

L'usage de drogues génératrices de dépendan-ce déclenche une interaction complexe entre lespropriétés du produit, la personnalité du consom-mateur et son environnement social et culturel.Sont également déterminants les doses, le moded'administration, la fréquence de la consommation,le cadre dans lequel a lieu l'absorption de la dro-gue, et les effets que recherche le consommateur.Les drogues sont semblables à des couteaux à dou-ble tranchant, car elle s peuvent sauver des viesaussi bien que les détruire. En effet certaines desdrogues les plus dangereuses, risquant de créerles dépendances les plus fortes, sont très utileslorsqu'elles sont administrées sous contrôle médi-cal. Mais si on les consomme pour se divertir,elles peuvent créer une dépendance et exercer uneinfluence à la fois puissante et néfaste sur les rela-tions et activités personnelles, familiales, socia-les et professionnelles de l'utilisateur.

Toutes les personnes qui essaient ou mêmeutilisent des drogues psycho-actives n'acquièrentpas forcément une dépendance à son égard. Cer-tains sujets sont plus portés que d'autres à ladépendance, et certaines drogues ont plus tendan-ce que d'autres à la créer. Il y a dépendance psy-chologique lorsque l'habitude de la drogue devientl'élément autour duquel s'organise toute la viequotidienne du drogué , ou une réaction stéréoty-pée à un grand nombre de stimulations internes.La drogue devient l'élément directeur de la viequand le sujet consacre beaucoup de son temps et,de son énergie à se procurer de la drogue et à enfaire usage, à y penser et à en parler. Elle entraî-

ne une réaction stéréotypée quand il y a recourspour l'aider à résoudre tous ses problèmes.

En dépit du danger qu'ils courent de contrac-ter une dépendance, bien des gens acceptent cerisque. Quelle en est la raison ? Parmi les motifsqui poussent à la toxicomanie, on trouve fréquem-ment : (1) le désir d'évasion; (2) le désir de faireune expérience nouvelle plaisante ou excitante;(3) le désir de parvenir à un degré supérieur de"lucidité" ou de "compréhension"; (4) le besoinde sentir qu'on est accepté; (5) le besoin de s'affir-mer, parfois avec hostilité. De fait, et quelles quesoient leurs motivations, des millions d'êtreshumains, dont une forte proportion de jeunesgens, se droguent d'une façon ou d'une autre etpour toutes sortes de raisons.

L'usage d'une certaine drogue, dans un milieusocial qui l'accepte, reste en général modéré. Siun grand nombre,de gens s'y adonnent et que lasociété qui les entoure a une attitude indulgente ouambivalente à l'égard de la toxicomanie, l'état dedépendance ne tarde pas à se manifester chez ungrand nombre de sujets. Enfin, si la drogue n'estpas acceptée socialement, ceux qui s'y adonnentsont peu nombreux, mais le font à l'excès. Latoxicomanie semble être souvent associée avecdes changements socio-économiques rapides etpeut s'expliquer par la disparition des contraintesimposées par les anciennes cultures et l'appari-tion des normes de conduite nouvelles.

Les problèmes liés à l'alcool

II est certain que l'on boit de l'alcool depuis lestemps préhistoriques. Personne ne sait exacte-ment à quelle date les hommes ont commencé àfaire du vin et de la bière, mais l'on pense quec'est par hasard qu'ils ont découvert les effetsétranges que provoquait la consommation du pro-duit de la fermentation des céréales et des fruits.

Pendant plus de deux mille ans, les hommesse sont contentés de boissons fermentées ou bras-sées. C'est seulement vers la fin du onzième ou audébut du douzième siècle qu'ils ont commencé àpratiquer la distillation de l'alcool destiné à laboisson, bien que ce procédé puisse avoir étédécouvert auparavant.

Toutes les sociétés consomment des boissonsalcoolisées sous une forme ou sous une autre,même celles dans lesquelles son usage est inter-dit par la religion. Tous les pays ont dans cedomaine leurs règlements et leurs traditions quivisent essentiellement à limiter les abus. Maisen dépit des contrôles exercés, certains problè-mes dûs à l'usage de l'alcool constituent unepréoccupation croissante pour la, société, l'undes plus importants étant celui de l'effet de la,boisson sur la conduite automobile. Le ministèreaméricain des transports estime que la consom- .mation d'alcool par des conducteurs ou des pié-tons cause chaque année au moins 800. 000 acci-dents qui font 2. 350. 000 blessés et 27. 000 morts.

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D'autres pays connaissent des hécatombes du mêmegenre, dues à la conduite en état d'ivresse.

L'alcoolisme (la dépendance de type alcoolique)est lui aussi un très grave problème qui a des ré-percussions médicales, sociales et économiques.On estime que près de 5 % de l'ensemble desbuveurs deviennent alcooliques - c'est-à-dire queleur consommation d'alcool est telle qu'elle a desincidences sur leur comportement social et pro-fessionnel. Dans certains pays, l'alcoolisme estun problème de santé publique qui ne le cède engravité qu'aux maladies de coeur, au cancer et auxmaladies mentales. C'est une maladie progressiveet répandue qui atteint les hommes et les femmesdes régions rurales autant que des agglomérations,urbaines et qui est sans rapport avec l'éducation,la religion, la culture ou l'aisance financière. Lesconséquences sociales et familiales de l'alcoolis-me se traduisent par les foyers détruits, les dra-mes familiaux, les enfants négligés, les accidentsd'auto, les crimes, le chômage et la misère.

Pourquoi prend-on des boissons alcoolisées ?Parce que l'alcool procure une sensation agréablede détente et de bien-être. Il soulage des tensionset des soucis de la vie quotidienne. Il est relative-ment bon marché, que ce soit sous une forme ousous une autre, et on peut se le procurer facile-ment presque partout dans le monde. L'usage del'alcool en tant que moyen de détente est une tra-dition admise par beaucoup de gens dans un grandnombre de pays. De plus la consommation de bois-sons alcoolisées a toujours fait et fait encore par-tie de cérémonies rituelles dans la plupart des civi-lisations. On l'utilise pour engager sa fidélité etson amitié et pour célébrer des événements telsque les fiançailles, les mariages, les naissances,les décès, les rites religieux, et la conclusionde contrats. En règle générale, les gens boiventen société uniquement pour éprouver la sensationde douce chaleur qui est liée à la présence d'unefaible concentration d'alcool dans le sang. Tantque cette concentration reste au niveau minimum,le buveur garde la maîtrise de ses réactions touten éprouvant un sentiment de détente, tandis queson humeur s'améliore. Dans ces conditions, l'al-cool est un "lubrifiant social" et son effet resteévidemment inoffensif.

Il y a excès lorsque le buveur dépasse la doseadmise par les usages sociaux; d'ailleurs les consé-quences de son ivresse provoquent la réprobationnon seulement de ceux qui l'entourent, mais aussicelle du buveur lui-même. Environ un à dix pourcent des buveurs d'alcool sont des intempérants,la proportion variant d'un pays à l'autre. Dans cegroupe on trouve la plupart des individus pour les-quels la boisson est un problème grave : (1) excès •de boisson désorganisant la vie personnelle et socia-le; (2) maladies causées par un excès de boissonsalcoolisées, telles que les ulcères de l'estomac,la cirrhose du foie ou l'intoxication alcoolique aiguë;et (3) alcoolisme.

Pour l'alcoolique, la boisson devient une sorte

de "béquille", car elle efface la réalité et donne,sans difficulté et rapidement, un sentiment d'"ac-complissement" que ni les soucis, ni le travail,ni l'intervention d'une autre personne ne pourraientprocurer. Pour une raison ou une autre, l'alcooli-que dépasse les limites. Il est difficile d'expliquerpourquoi certaines personnes deviennent alcooli-ques tandis que d'autres placées dans les mêmesconditions ou se débattant au milieu de difficultéspersonnelles plus graves ne contractent pas dedépendance à l'égard de l'alcool. De toute façon,quelles que soient les circonstances, l'alcooliqueest un malade qui a besoin de la compréhensionde sa famille, de ses amis et de son employeur,d'un traitement médical et d'une réadaptation.

Les problèmes liés au tabac

Le tabac n'a que peu ou pas d'effet toxique surla santé mentale; on ne le considère pas commeune drogue psychotrope. Toutefois il crée unedépendance et a toute une série de conséquencespour la santé des fumeurs.

Il y a déjà longtemps que l'on fume du tabac.C'est à la fin du quinzième siècle que ChristopheColomb découvrit les Indes occidentales; c'est làque lui et ses hommes virent les indigènes fumerdu tabac dans des pipes au cours de cérémonies,comme symbole de bienveillance et à cause despropriétés médicales qu'ils lui attribuaient. C'estpour cette dernière raison que les explorateursrapportèrent le tabac en Europe; et si dans cer-tains pays il fut bientôt considéré comme faisantpartie de la pharmacopée, son usage se répanditun peu partout.

C'est d'Espagne qu'est venue au XVIIe sièclel'habitude de fumer le tabac sous forme de cigareou,dans une enveloppe de papier, de cigarette. Delà, l'usage de la cigarette se répandit vers l'est,en Turquie et en Russie, et vers l'ouest, en Fran-ce et en Angleterre, où il fut rapporté par les sol-dats qui avaient servi en Europe orientale au coursde la guerre de Crimée. A Londres, on commen-ça par se moquer des hommes qui fumaient lacigarette en public; mais c'était une façon si com-mode de fumer que l'usage de la cigarette serépandit bientôt des deux côtés de l'Atlantique.En 1870, à la suite de l'invention de la pre-mière machine à fabriquer les cigarettes, l'usagede celle-ci se répandit progressivement dans lemonde entier jusque dans des régions éloignéeset sous-développées d'Asie, d'Afrique et d'Améri-que du Sud.

Parmi les nombreuses façons de consommerle tabac, la cigarette est celle qui a le plus desuccès auprès des hommes, des femmes et desjeunes gens, notamment dans la plupart des paysoccidentaux. En effet, les cigarettes sont enve-loppées dans de jolis paquets, commodes à trans-porter; elles sont faciles à allumer; de plus il estpermis de fumer presque partout. La grandemajorité des fumeurs de cigarettes avale une cer-

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taine quantité de fumée et certains, en général lesfumeurs invétérés, en avalent même beaucoup.

Pourquoi fume-t-on ? D'un point de vue psy-chologique, il existe plusieurs catégories différen-tes de fumeurs - ceux qui cherchent une stimula-tion, ceux qui aiment avoir une cigarette à la main,ceux qui recherchent une "béquille", ceux qui sontobsédés du désir de fumer et ceux qui fument parhabitude. Parmi les motifs qu'ils indiquent pourjustifier leur goût du tabac, il y a notamment :Fumer donne du plaisir; c'est agréable; cela détend,cela relaxe; c'est raffiné; cela fait bien; cela sti-mule; cela se fait en société; cela donne l'impres-sion de faire partie du groupe où l'on se trouve;cela contribue à donner l'air ou l'impression d'êtreadulte.

Quelle est donc la difficulté ? Comme le décla-re le Dr Daniel Horn (1) :

Nous devons bien admettre que si la cigarette a euun tel succès, c'est bien parce qu'elle remplis-sait certaines fonctions dont un grand nombre degens ressentaient le besoin. Elle offrait un moyenaccessible et économique de faire face à un grandnombre de problèmes. Ce n'est peut-être pas unmoyen très efficace, puisque ses effets ne sontpas durables; pourtant, si son usage n'avait pasde conséquences nuisibles, elle aurait été unbienfait pour l'humanité. Seulement, nous avonseu la malchance de découvrir après tant d'annéescombien elle est toxique.

En effet, fumer des cigarettes est dangereux pourla santé. Les conclusions suivantes ont été démon-trées à la fois pour les hommes et pour les femmes:

1. La mortalité générale est plus élevée chez lesfumeurs que chez les non-fumeurs.

2. Le taux de décès à la suite de certaines mala-dies, telles que les maladies cardiaques, le cancerdu poumon, la bronchite et l'emphysème est bienplus élevé chez les fumeurs que chez les non-fumeurs.

3. Les fumeurs sont plus sujets aux maladieschroniques et sont plus souvent absents de leur tra-vail que les non-fumeurs.

4. Le danger augmente en fonction de l'augmen-tation de la consommation de cigarettes, du nom-bre d'années pendant lesquelles on fume et de laquantité de fumée avalée.

5. Chacun des dangers encourus peut pratique-ment être ramené au même niveau que pour lesnon-fumeurs lorsqu'on cesse de fumer.

6. Le cancer du poumon est rare parmi les non-fumeurs. Il est irréfutable que le fait de fumer lacigarette augmente beaucoup la fréquence du cancerdu poumon.

7. Fumer prédispose beaucoup à la bronchitechronique et à l'emphysème.

8. Fumer peut favoriser le développement demaladies cardio-vasculaires et notamment le décèsà la suite de maladies coronaires.

9. Il existe un rapport entre le fait de fumer etl'élévation du taux de décès par suite d'ulcère pep-

tique, notamment gastrique.10. Les cancers de la bouche, du larynx et de

l'œsophage sont liés au tabac. Les cancers de lavessie sont plus fréquents chez les fumeurs quechez les non:-fumeur s.

11. Le risque de décès par suite de grippe oude pneumonie est légèrement augmenté chez lesfumeurs de cigarettes.

12. Le tabac aggrave la sinusite.

De plus, chez les femmes :

1. Le risque de fausse couche est plus grandchez les fumeuses que chez les non-fumeuses.

2. Le fait que la mère fume pendant la grosses-se entraîne une diminution du poids de l'enfant àla naissance et augmente les risques d'accouche-ment avant terme, d'avortement spontané, demortinatalité et de décès néonatal.

Conséquences pour une vie saine à l'école

La prévention de la toxicomanie est favorisée parla création d'un milieu scolaire sain, heureux etbien adapté aux enfants et aux jeunes gens, danslequel ceux-ci puissent grandir et se développer.Pour cela il faut des écoles qui éveillent l'intérêtdes jeunes gens, les acceptent, obtiennent leurparticipation active, leur témoignent de la com-préhension, et les entoure de soins vigilants. Ilfaut également que les professeurs et les autresadultes présents à l'école désirent sincèrementet loyalement aider tous les élèves, et soientprêts à faire l'effort nécessaire pour leur don-ner cette aide. Cela exige l'existence d'un largeprogramme scolaire, fondé sur les connaissan-ces que l'on a du développement humain et desprincipes de la santé mentale et affective.

Il peut être utile d'adopter certaines précau-tions spécifiques. Comme les élèves peuventêtre ravitaillés en drogues illicites par des per-sonnes extérieures à l'école (souvent des jeunesgens), il est souhaitable que tous les visiteurs quipénètrent dans le parc ou les locaux de l'écoledoivent décliner leur identité au bureau. Enoutre, il faut interpeller toutes les personnes quirôdent aux alentours sans motif légitime, ousignaler leur présence.

L'usage de produits propres à améliorer lesperformances sportives est souvent dangereux,bien souvent nocif et généralement inefficace,outre qu'il témoigne d'un médiocre esprit sportif.L'entraîneur responsable ne doit jamais conseil-ler ni excuser l'usage de produits de ce genresauf s'ils ont fait l'objet d'une prescription médi-cale.

(1) Horn, Daniel, "influencing Smoking Behaviour"Proceedings of the World Conférence on

Smoking and Health, Arlington, Va : NationalInteragency Council on Smoking & Health, 1965.

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Conséquences pour les services de santé scolaire

La marche à suivre en cas d'usage illicite d'unedrogue à l'intérieur de l'école doit être indiquéepar écrit dans les dispositions générales à obser-ver en cas d'urgence. Ces dernières doivent défi-nir les responsabilités des divers membres dupersonnel quant à l'identification de celui qui faitusage de la drogue et la manière dont il convientde le traiter. Elles doivent aussi comporter desinstructions spécifiques sur la façon de prendrecontact avec les parents, l'intervention des pou-voirs publics locaux, l'exclusion et la réintégra-tion de l'élève (ou des élèves) impliqué(s) dans uneaffaire de drogue.

A l'école primaire et dans les premières clas-ses de l'école secondaire, il faut quelquefois pré-voir des dispositions à l'intention des élèves qui,en raison de leur état de santé, et sur prescrip-tion médicale, ont à prendre des remèdes pendantleur présence à l'école, Dans chaque cas particu-lier il faut que les parents, le médecin traitant,l'enfant et le personnel de l'école sachent bien oùle médicament sera rangé, comment il sera admi-nistré, sous quelle forme et à quel moment.

Conséquences pour l'enseignement sanitaire

Les objectifs de l'éducation dans le domaine de ladrogue sont les suivants :

1. Cultiver chez les enfants la fierté d'avoir uncorps et un esprit sains;

2. Développer chez eux une saine méfiance àl'égard des dangers que peuvent entraîner les médi-caments et les produits chimiques à usage domes-tique;

3. Encourager l'usage raisonnable des médica-ments prescrits par le médecin et des substancesvolatiles;

4. Aider les élèves à comprendre la valeur thé-rapeutique des drogues et l'interaction entre elleset leur corps;

5. Fournir des renseignements objectifs sur lesdrogues et corriger les idées fausses que les élè-ves peuvent avoir à leur égard;

6. Faire comprendre les facteurs personnels etsociaux qui incitent à se droguer, à boire de l'alcoolet à fumer des cigarettes.

7. Attirer l'attention sur les raisons en faveur del'usage des drogues, de la boisson et du tabac, plu-tôt que sur les raisons contre ;

8. Encourager les jeunes gens à signaler à leursprofesseurs et à leurs parents toute sensation étran-ge qu'ils peuvent éprouver après l'absorption d'unesubstance quelconque;

9. Donner aux élèves un aperçu de la législationrégissant la production, la distribution et l'usagede toutes les catégories de drogues.

A l'école primaire il faut s'attacher au développe-ment d'attitudes sanitaires et de pratiques quotidien-nes souhaitables, plutôt qu'à un enseignement précis

sur les drogues. Si l'on traite des drogues, cedevrait être pour signaler le danger que l'on courtà prendre quelque chose dans l'armoire à pharma-cie sans la permission des parents; à accepterd'inconnus ce que l'on pense être des bonbons; àrenifler des vapeurs de colle, de peinture, d'es-sence, de produits de nettoyage et autres substan-ces volatiles.

Au niveau de l'enseignement moyen, l'ensei-gnement doit comporter des leçons sur l'alcoolet sur le tabac. En effet, les enfants de cet âgesont en contact avec des adultes qui boivent del'alcool et qui fument; ils ont tendance à faireprofiter leurs condisciples de leurs informationserronées; c'est l'âge auquel ils ont tendance àessayer de fumer, et certains d'entre eux sontpeut-être déjà de vrais fumeurs. Certains élèvesposeront peut-être des questions sur la drogue, etil faudra y répondre en tenant compte du niveaude compréhension, des intérêts et des besoins dechaque enfant.

Au niveau du premier cycle secondaire, outrel'enseignement portant sur le tabac et ses réper-cussions sur la santé, il faudra introduire et étu-dier avec soin la question de l'alcool et de l'alcoo-lomanie. C'est également à ce stade qu'il faut étu-dier les médicaments et la façon dont il convientde les utiliser pour prévenir les maladies et réta-blir la santé. Il importe également que les élèvesprennent conscience des dangers que présentel'essai de substances toxiques dangereuses.

Au niveau du deuxième cycle de l'école secon-daire, l'enseignement portant sur les drogues doitdevenir suffisamment détaillé pour réfuter lesinformations approximatives et les renseignementsinexacts que les élèves tiennent de jeunes gens deleur âge et d'autres sources contestables. Pourcela il faut leur donner des notions élémentairesde pharmacologie touchant la dépendance psycho-logique et physique à l'égard de la drogue. Celaexige également qu'on les aide à prendre claire-ment conscience de la gravité des décisions qu'ilsprennent, et continueront à prendre, de l'adoles-cence à l'âge adulte.

Conséquences pour les relations entre l'école etla communauté

Lorsqu'un problème d'utilisation de drogue sepose dans une école, ce problème concerne l'en-semble de la collectivité, et non pas simplementl'administrateur scolaire ou le professeur en cau-se. La base légale qui permet au personnel del'école de repérer, d'interpeller et d'arrêter lesdélinquants ne diffère pas de ce qu'elle est pourles autres citoyens et les autorités publiques.Voici certaines questions auxquelles il faut tenterde donner une réponse :

1. Quel genre de collaboration faut-il établirentre les écoles, les pouvoirs publics et les tribu-naux pour prévenir ces problèmes ?

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2. Quelles sont les responsabilités légales desautorités du district et du personnel de l'école ?

3. Qu'est ce que le personnel de l'école doit fai-re des drogues confisquées ?

4. Que faut-il faire lorsqu'on découvre que despersonnes de l'extérieur sont impliquées dans untrafic de drogue à l'intérieur d'une école ?

5. Quelles solutions peut-on apporter aux conflitsqui opposent les écoles et les pouvoirs publics ?

6. Quel accueil faut-il faire aux représentantsdes pouvoirs publics lorsqu'ils viennent dans uneécole ?

Questions pour les planificateurs des programmesd ' enseignement

De nos jours, les tâches auxquelles l'éducation doitfaire face exigent, pour avoir des chances de suc-cès, la participation de tous au même effort. Auxproblèmes locaux, il faudra trouver des solutionsde type local. Il faut poser les questions pertinen-tes et y répondre, par exemple :

1. Que représente le problème de la drogue, del'alcool et du tabac pour la collectivité ? Quelsgroupes de personnes courent le risque de contrac-ter une dépendance à l'égard de la drogue ?

2. Quelles méthodes pédagogiques répondent lemieux actuellement aux besoins locaux des jeunesgens de la communauté, à tous les niveaux scolai-res ?

3. Comment les autorités scolaires peuvent-ellesmettre sur pied un programme d'éducation relativeà la drogue, et que doit-il comprendre ?

4. De quelle façon peut-on obtenir la participa-tion des parents et des élèves à l'élaboration duprogramme d'éducation relative à la drogue ?

5. Comment les autorités sanitaires, les méde-cins, les pharmaciens, les contrôleurs de l'alimen-tation et des médicaments, les représentants des

pouvoirs publics, les avocats, les animateurs desmouvements de jeunesse et autres spécialistespeuvent-ils collaborer avec les administrateursscolaires, les spécialistes des programmes sco-laires et les enseignants afin de mettre au point unprogramme d'éducation relative à la drogue ?

6. Convient-il de faire participer d'anciensadeptes de la drogue, de l'alcool, et du tabacaujourd'hui réadaptés, à l'élaboration et à la miseen oeuvre des programmes d'éducation relative àla drogue ?

7. Quelles solutions de remplacement satisfai-santes peut-on proposer, au lieu de prendre de ladrogue, boire de l'alcool et fumer des cigarettes ?,

8. De quelles ressources, quel matériel, quelsmoyens et quelles techniques dispose-t-on dans cedomaine ?

9. Quelle part de l'enseignement relatif à ladrogue peut être le mieux dispensée lors des coursd'enseignement sanitaire, de sciences, d'étudessociales, d'éducation physique et d'économiedomestique ?

10. Le personnel des écoles est-il préparé àappliquer ce programme ?

11. Si le personnel a besoin pour cela d'uneformation en cours d'emploi, qui peut la lui don-ner ?

12. A quels obstacles un tel programme risque-t-il de se heurter, du point de vue des élèves, desparents et de la collectivité ?

13. Quel sera le coût du programme : temps,argent, révision ou élimination des programmesscolaires en vigueur ?

14. La communauté, la commission scolaireet les administrateurs de l'école apporteront-ilsleur soutien à ce programme ?

15. De quelle façon l'éducation relative à ladrogue peut-elle atteindre la jeunesse qui a quittél'école ?

5. L'éducation relative aux maladies vénériennes

Les maladies vénériennes constituent encore dansla majeure partie du monde un problème très gravede santé publique. Certains pays sont aux prisesavec une véritable épidémie de maladies vénérien-nes, le taux de morbidité ayant manifesté une brus-que recrudescence au cours de ces dernières an-nées. On avance différentes explications de cetétat de choses :

1. L'absence de toute éducation sérieuse dansle domaine des maladies vénériennes.

2. La répugnance traditionnelle à parler desmaladies vénériennes.

3. L'ignorance de ces maladies et de leursconséquences.

4. Le relâchement des moeurs dans la société.

5. La maturité plus précoce des jeunes genset le relâchement du contrôle exercé sur eux parles parents.

6. L'influence décroissante de l'église et d'autres institutions sociales.

7. L'égoi'sme et le manque de discernementdes jeunes gens dans la recherche du plaisir.

8. La plus grande liberté du comportementsexuel.

9. Une moindre crainte de la grossesse endehors du mariage.

10. Une confiance injustifiée dans les remèdesfaciles.

11. La nature très trompeuse des maladiesvénériennes.

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12. Une répugnance générale de ceux qui crai-gnent d'être atteints d'une maladie vénérienne àrechercher un diagnostic et un traitement sérieux.

L'importance relative de ces divers facteurs, quine sont pas les seuls à favoriser les maladies véné-riennes, peut varier d'un endroit à un autre.

Deux problèmes liés aux maladies vénériennes

II existe plusieurs maladies vénériennes dont lasyphilis, la blennoragie, la chancrelle, la lympho-granulomatose vénérienne et la granulomatoseinguinale. En pratique, seules les deux premièresde ces maladies sont assez répandues pour qu'ilconvienne d'en traiter ici de façon détaillée. Tousles ans, des centaines de milliers de personnessont contaminées par la syphilis et si elles nereçoivent pas des soins appropriés, elles risquentd'être atteintes de façon chronique par cette mala-die qui affaiblit, rend impotent et va même jusqu'àprovoquer la mort dans une forte proportion descas. La blennoragie ne provoque pas la mort, maiselle peut causer de grandes souffrances à des mil-lions de malades, si elle n'est pas traitée ou si letraitement n'est pas entrepris à temps. Ces deuxmaladies sont particulièrement répandues dans lescentres urbains. En outre, dans la grande majori-té des cas signalés, les malades sont des adoles-cents ou de jeunes adultes.

La syphilis est la plus sérieuse des maladiesvénériennes en raison de troubles graves qu'elleentraîne à longue échéance. Elle a été surnomméela "grande imitatrice", du fait qu'elle peut attaqueret détruire n'importe quel tissu du corps et que sessymptômes imitent ceux de nombreuses autresmaladies propres à ces tissus. Si dans certainspays, elle atteint plus souvent les membres de tel-le ou telle race, cela est dû à des facteurs socio-économiques et non à des facteurs biologiques.

La syphilis est causée par un spirochète, leTreponema pallidum, qui ne peut survivre à l'exté-rieur du corps que pendant quelques minutes. Ilest transmis, dans la grande majorité des cas, parcontact sexuel, mais parfois aussi par des baiserséchangés avec des personnes atteintes de lésionsinfectieuses aux lèvres ou dans la bouche, parcontamination prénatale du foetus par la mère, partransfusion sanguine et, de plus en plus rarementde nos jours, par inoculation directe accidentelle(dans le cas de médecins, d'infirmières ou de labo-rantines qui manipulent des échantillons infectieuxou des instruments contaminés).

Les premiers symptômes de la maladie appa-raissent en général trois ou quatre semaines aprèsla contamination. Il ne s'agit souvent que d'unelésion unique, ou d'une ulcération appelée chancrequi se produit à l'endroit où les parasites ont péné-tré dans le corps. Elle est généralement situéesur les organes génitaux ou à l'intérieur, bienqu'elle puisse aussi se trouver sur les doigts, leslèvres, les seins, etc. . . Elle est généralementronde, avec une base indurée relevée sur les bords;

sa taille va de celle d'une tête d'épingle à celle dubout du doigt et son diamètre moyen est d'environun centimètre. Il s'agit là de la période primairede la syphilis. Le chancre n'est pas douloureux,mais il est grouillant de spirochète s et extrême-ment contagieux.

Les premiers symptômes de la syphilis sonttrompeurs. Il arrive que le chancre n'apparais-se pas du tout, ou reste minuscule. Il peut res-sembler à n'importe quelle ulcération. Il se situesouvent dans un endroit très peu visible, où ilrisque de passer inaperçu. Cela est souvent lecas chez les femmes, chez lesquelles le chancrese situe, le plus souvent, à l'intérieur du vaginou sur le col de l'utérus, de sorte qu'on ne cons-tate que rarement des symptômes extérieurs. Sile chancre apparaît, il disparaîtra dans les deuxou trois semaines qui suivront, qu'il ait ou nonfait l'objet d'un traitement.

Quelques semaines plus tard - en moyennede six semaines à six mois après l'infection -apparaissent les symptômes de la période secon-daire de la syphilis. Une éruption de couleur cui-vrée peut envahir la totalité du corps ou seule-ment les mains et les pieds. Comme autres symp-tômes on constate l'enflure des ganglions lympha-tiques, l'élévation de la température, la chutetemporaire des cheveux, des maux de tête et desmalaises. Environ quinze jours après le début del'éruption apparaissent des plaques suintantessur les organes génitaux ou à l'entour, ainsi quedans la bouche et la gorge. Ces lésions circulai-res, d'un diamètre d'un centimètre ou davantage,pullulent de tréponèmes et sont très contagieuses.Ces symptômes secondaires disparaissent généra-lement dans les six mois qui suivent, même sanstraitement. Ils peuvent réapparaître par pousséesjusqu'à la seconde année de l'infection, et dans cecas le mal est particulièrement contagieux.

La syphilis primaire et secondaire sont lesdeux stades de la syphilis précoce. A partir de ladeuxième année de la maladie, le malade qui n'estpas soigné entre dans la période tertiaire, cellede la syphilis tardive. Du point de vue de la san-té publique, la syphilis précoce est une maladieinfectieuse aiguë, tandis que la syphilis tardiveest une maladie chronique, destructive et noncontagieuse (sauf dans le cas de transfert préna-tal de la mère au foetus).

La syphilis tertiaire est généralement carac-térisée au début par une période de latence, aucours de laquelle aucun symptôme ne se manifes-te et qui peut durer d'un an à toute une vie. Dansle tiers environ des cas qui ne font pas l'objetd'un traitement, la syphilis tertiaire attaque len-tement le coeur, le cerveau et le cordon médul-laire, et pendant une période qui peut durer decinq à vingt ans, sa gravité ne cesse d'augmen-ter. Elle entraîne des affections cardiaques, ladémence syphilitique, une paralysie partielle ougénérale, la cécité et la surdité, et quelquefoisla mort. Des ulcérations ou tumeurs, que l'on

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appelle gommes, peuvent apparaître brusquementsur n'importe quel organe ou tissu, à tous les sta-des de la syphilis tardive.

Il faut également mentionner ici une autre for-me de syphilis, la syphilis congénitale. Si la mèreest atteinte de syphilis, quel que soit le stade dela maladie, le foetus sera infecté, à moins que lamère ne se soumette à un traitement appropriéavant la dix-huitième semaine de la grossesse. Lasyphilis congénitale peut causer une naissance pré-maturée, la mise au monde d'un enfant mort, oul'extrême faiblesse du nouveau-né; ce dernier peutsouffrir de lésions ou présenter des éruptionscontagieuses. S'il nait vivant, et si l'infectionsyphilitique dure plus de deux ans, apparaissentalors les symptômes de la syphilis congénitaletardive, qui peuvent entraîner la cécité, la surdi-té, des difformités, la paralysie ou le retard men-tal.

Il existe, pour dépister l'infection syphilitique,divers types de tests sérologiques, en particulierles nombreuses variantes du test de Wasserman.Le résultat des tests ne permet pas toujours desavoir si la maladie est au stade actif, car un sujetguéri peut avoir une réaction sanguine "positive"pendant toute sa vie. Il arrive que les tests de rou-tine donnent à tort un résultat positif; mais l'ondispose à l'heure actuelle de tests sérologiquesplus précis qui permettent d'éclairer un résultatdouteux. Certaines municipalités ou certains paysexigent maintenant un examen de sang prénuptialou prénatal afin d'éviter les risques d'infection encours de grossesse.

Il est encourageant de savoir que la syphilispeut être guérie, même au stade tardif; mais untraitement entrepris au stade précoce de la mala-die réduit considérablement le risque de conséquen-ces irrémédiables. Il est possible de guérir la plu-part des malades grâce à des doses appropriées depénicilline. Dans le cas de malades allergiques àla pénicilline, le médecin pourra choisir un desautres antibiotiques, car beaucoup d'entre eux sesont révélés efficaces.

Il n'existe pas de vaccin qui permette d'immu-niser contre la syphilis. Toutefois, un sujet atteintde syphilis tardive peut avoir acquis une certaineimmunité qui subsiste après le traitement et rendpeu probable sa réinfection, tandis que dans lasyphilis précoce, une réinfection est possible,même après un traitement approprié.

La blennoragie est la plus courante des mala-dies vénériennes. Elle est due à une sorte de bac-térie délicate, le gonocoque (Neisseria gonorrheae).La transmission de l'infection se fait généralementd'une personne à une autre pendant l'acte sexuel.Le gonocoque pénètre dans le corps par les muqueu-ses des organes génitaux.

Chez l'homme, l'infection provoque, aprèsquatre à dix jours d'incubation, une urétrite accom-pagnée d'un écoulement de pus. L'urètre antérieurdevient douloureux, et le sujet ressent des brûluresà la miction. L'écoulement contient des millions degonocoques et la maladie est contagieuse.

Chez la femme, le gonocoque attaque la mu-queuse du canal cervical. Le sujet ne ressentgénéralement aucune douleur, et dans la plupartdes cas, il ne se produit pas d'écoulement, desorte que la malade peut ignorer qu'elle est attein-te. Néanmoins elle est très contagieuse. A défautde traitement, la maladie suit son cours et peutentraîner des complications graves, notammentdans les trompes de Fallope.

La blennoragie rectale se rencontre parfoischez les femmes à la suite d'activités hétéro-sexuelles; chez les hommes, elle résulte del'homosexualité. Elle se traduit par un écoule-ment anal de pus, des sensations de brûlures etdes douleurs.

Il n'existe pas à l'heure actuelle de test san-guin qui permette de dépister la blennoragie. Denombreux laboratoires pratiquent l'examen defrottis et de cultures et recourent à l'immunofluo-rescence pour étayer le diagnostic médical, par-ticulièrement difficile chez les femmes.

La blennoragie peut se guérir, mais plus ontarde à consulter un médecin, plus le traitementest difficile et plus on court de risque de compli-cations. Le traitement courant consiste à admi-nistrer des doses appropriées de pénicilline. Tou-tefois, si le sujet y est allergique ou si le gonoco-que est pénicillorésistant, le médecin peut employerun autre antibiotique.

Une blennoragie non traitée ou mal traitéepeut provoquer plus tard de graves complications.Elle peut causer l'inflammation des trompes deFallope chez les femmes et celle des vésiculesséminales chez les hommes, ce qui peut entraî-ner la stérilité dans les deux cas. Les gonocoquespeuvent pénétrer dans le sang et se répandre danstout le corps, provoquant ainsi l'apparition d'unearthrite gonoccique, qui fait gonfler les articula-tions et provoque des infirmités. Ils peuvent éga-lement causer de graves affections cardiaques.

La blennoragie n'est pas héréditaire et nepeut être transmise par la mère au foetus. Néan-moins les gonocoques peuvent pénétrer dans lesyeux du nouveau-né au cours de l'accouchementet causer une inflammation qui peut entraîner lacécité. C'est pourquoi on désinfecte les yeux detous les nouveaux-nés à l'aide d'un antiseptique.

Il n'y a pas de vaccin contre la blennoragie.L'homme et la femme ne développent après leurguérison aucune immunité contre cette maladie.

La pharmacopée nécessaire au traitementradical de la syphilis et de la blennoragie existe.Comment se fait-il que ces maladies continuentà sévir ? C'est une question à laquelle les auto-rités sanitaires répondent ainsi :

1. Ces deux maladies sont très contagieuses,et personne n'est naturellement immunisé contreelles.

2. Le sujet est contagieux dès le début de l'in-fection syphilitique ou blennoragique, alors qu'il(ou elle) ne présente que peu de symptômes de lamaladie, ou pas du tout.

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3. En raison des notions morales qui s'attachentaux maladies vénériennes, la victime a tendance àrecourir à des traitements dangereux et inefficacesqu'il entreprend de lui-même ou sur les conseilsde charlatans; la nature même de la maladie l'yencourage, notamment dans le cas de la syphilisdont certains symptômes disparaissent avec ousans traitement.

4. Les agents responsables sont quelquefoisdevenus résistants à la pénicilline ce qui les rendparticulièrement difficiles à combattre. Certainsmalades renoncent à suivre le traitement prescritpar leur médecin; d'autres n'acceptent qu'une seu-le piqûre. D'autre part, les médecins ont tendanceà se désintéresser des patients qui interrompentleur traitement de façon prématurée.

5. L'opinion publique est indifférente au problè-me des maladies vénériennes. Bien des gens s'ima-ginent que grâce aux merveilleux antibiotiques, lesmaladies vénériennes ne sont guère plus dangereu-ses aujourd'hui que le rhume de cerveau.

6. On assiste à une véritable conspiration dusilence. Les sujets atteints de maladies vénérien-nes répugnent à révéler l'identité de leurs parte-naires ce qui ne facilite pas le dépistage des por-teurs de germes infectieux. En outre, les méde-cins, pour une raison ou une autre, ont tendance àne pas signaler tous les cas de maladies vénérien-nes qu'ils rencontrent chez leurs patients.

7. Lorsque des mesures d'austérité frappent lebudget de la santé publique, on commence toujourspar réduire les subventions allouées au dépistageet au traitement des maladies vénériennes.

8. Le relâchement des mœurs et du comporte-ment sexuels peut entraîner des rapports sexuelsplus fréquents avec un plus grand nombre de par-tenaires. Dans certains pays, la propagation desmaladies vénériennes est imputable à la multipli-cité et à la diversité des relations homosexuellesou hétérosexuelles plus qu'aux prostituées demétier (ou à leurs homologues masculins), bienque la lutte contre la prostitution soit importante.

9. La publicité dont le sexe fait l'objet auprèsdes adolescents encourage une liberté des mœurssexuelles qui favorise à son tour la propagationdes maladies vénériennes.

10. Aucune véritable éducation sur la vie sexuel-le et les maladies vénériennes n'est donnée dansles familles, les écoles et les organismes commu-nautaires.

Toutes ces raisons montrent bien la nécessitéd'améliorer l'éducation relative aux maladies véné-riennes.

Conséquences pour une vie saine à l'école

Tout en guidant le développement intellectuel desenfants et des jeunes gens, l'école devrait orga-niser diverses activités récréatives et sportivesqui complètent le programme des études. Toutesces activités offrent de multiples occasions de favo-riser l'établissement de relations saines entre jeu-

nes gens de sexe opposé, et de les inciter à lafois au respect d'eux-mêmes et au respect d'au-trui.

Conséquences pour les services de santé scolaire

La solution du problème des maladies vénériennesdépend en partie d'une plus grande efficacité dudépistage, grâce à des examens sanguins de rou-tine et grâce à l'enquête effectuée dans chaquecas pour déceler la source de l'infection et déter-miner tous les contacts ultérieurs. Il faut encou-rager les élèves à aller consulter le médecin del'école pour toutes les maladies dont ils n'ont pasparlé à un médecin extérieur ou à leur médecinde famille, (écoulement des organes sexuels,lésion des organes génitaux externes, etc. ).

Conséquences pour l'enseignement sanitaire

Les conséquences du problème des maladies véné-riennes sur l'enseignement sont les suivantes :

1. L'éducation joue un rôle capital dans le succèsdes programmes de lutte ou de prévention de tou-te maladie contagieuse, grâce à la coopérationdes autorités sanitaires, des médecins et descitoyens éclairés.

2. Les autorités en matière de vénérologiereconnaissent que leur objectif principal dans ledomaine de l'éducation est l'information sur lesmaladies vénériennes, en étroite collaborationavec les enseignants et le personnel sanitaire desécoles. Néanmoins, ils sont souvent favorables,s'il y a lieu, à des programmes connexes d'éduca-tion sexuelle, de formation de la personnalité etde préparation à la vie de famille.

3. On recommande de dispenser une éducationrelative aux maladies vénériennes à tous ceux quifréquentent l'école primaire. Cette éducation doitcommencer au plus tard en septième année (enfantsde 13 ans) et se poursuivre au moins jusqu'à lafin des études secondaires (élèves de 18 ans).

4. Dans la mesure du possible, il faut enseignerles faits relatifs aux maladies vénériennes et leursconséquences dans les classes normales, sansséparer les garçons des filles ni imposer aucunecondition qui tendrait à placer les maladies véné-riennes dans une catégorie à part, différente decelle à laquelle appartiennent un certain nombrede "maladies quarantenaires" (1).

(1) Les "maladies quarantenaires" sont cellesdont l'apparition, s'agirait-il d'un seul cas,déclenche toute une série de mesures d'urgen-ce, d'isolement et de ré-éradication. La fièvretyphoi'de, la peste, la poliomyélite, la variole,la fièvre jaune et le choléra sont des maladiesquarantenaires dans certains pays. Il n'y aaucune raison valable pour que la syphilis etla blennoragie ne soient pas ajoutées à cetteliste.

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5. Un programme complet d'éducation dans ledomaine des maladies vénériennes comporte desinformations sur la nature de ces maladies, leurpropagation et leurs conséquences, sur la détec-tion, la façon de se soigner soi-même et les remè-des de charlatan, les traitements et les mesurespréventives ainsi que tous les autres renseignementsà donner à une population scolaire pour qu'elle soitcorrectement informée. Tout cela fait logiquementpartie de l'enseignement relatif aux maladies conta-gieuses.

6. Il faudrait ajouter aux manuels d'éducationsanitaire des écoles primaires et secondaires unepartie plus approfondie sur les maladies vénérien-nes.

Pour que les objectifs d'une éducation relative auxmaladies vénériennes puissent être atteints chaqueélève:

1. doit être informé de la nature et de la gravitédes maladies vénériennes qui menacent la santéindividuelle et publique, notamment celle des jeunesadolescents et des jeunes adultes;

2. doit apprendre l'importance historique, psy-chologique, sociale, économique et sanitaire desmaladies vénériennes;

3. doit apprendre que les maladies vénériennes,comme beaucoup d'autres maladies contagieuses,peuvent être prévenues, combattues et guéries;

4. doit se rendre compte du rapport qui existeentre l'activité sexuelle et la lutte contre les mala-dies vénériennes;

5. doit éviter scrupuleusement les maladiescontagieuses, et au cas où il craint d'avoir contrac-té une maladie infectieuse quelconque, se faire exa-miner et soigner par un médecin qualifié.

6. doit considérer que toutes les maladies véné-riennes font partie des maladies quarantenaires;

7. doit prêter son concours et son appui auxpouvoirs publics dans la lutte curative et préventi-ve contre les maladies contagieuses, y comprisles maladies vénériennes;

8. doit disposer des informations nécessairespour pouvoir répondre aux questions élémentairesque ses propres enfants pourraient lui poser, actuel-lement et dans l'avenir, au sujet des maladies véné-riennes.

Il existe des suggestions et des matériaux pour l'édu-cation relative aux maladies vénériennes. Il s'agittantôt d'éléments à intégrer dans les cours de bio-logie donnés à l'école secondaire, tantôt de pro-grammes d'instruction individualisés. On n'a guèrefait jusqu'ici de recherches sur leur efficacité; ilfaudrait les essayer et les soumettre à des tests.

Conséquences pour les relations entre l'école etla communauté

Les maladies vénériennes constituent un problèmesocial, car elles affectent l'ensemble de la commu-nauté. Naturellement tout le monde n'est pas atteint,mais chaque contribuable participe aux frais qu'im-

pose l'infection. Aux Etats-Unis, par exemple, ondépense près de 50 millions de dollars par an pourl'entretien des déments syphilitiques dans desinstitutions spécialisées financées par les pouvoirspublics. Ceux-ci dépensent en outre six millionsde dollars par an pour l'aide aux aveugles synhi-litiques. Il est bien difficile d'estimer quellessommes supplémentaires sont encore perdueschaque année du fait que les déments et les aveu-gles syphilitiques ne peuvent pas exercer de mé-tier et par conséquent ne paient pas d'impôts.Outre ces énormes dépenses, il faut mentionnertoutes les souffrances et tous les drames familiauxque provoquent ces maladies, que l'on pourraitcependant prévenir et guérir.

L'orientation des parents dans le domaine desmaladies vénériennes est une nécessité. C'est unefaçon de leur expliquer les objectifs du program-me scolaire d'information sur les maladies véné-riennes et de mettre à jour leurs connaissancesen la matière.

Bien que les autorités sanitaires publiquessoient généralement responsables des program-mes de détection, les écoles peuvent y apporterleur collaboration. Elles doivent notamment signa-ler aux autorités de la santé publique les cas demaladies vénériennes détectés chez les élèves etexclure les malades de l'école jusqu'à ce qu'uncertificat médical permette leur réintégration.D'autre part, les médecins et les autorités de lasanté publique peuvent aider les autorités scolai-res en leur signalant lés cas d'élèves contaminés,afin que l'école puisse non seulement prendre lesmesures de protection nécessaires vis-à-vis desautres élèves, mais encore aider les jeunes élè-ves victimes des maladies vénériennes en orga-nisant pour eux un enseignement spécial.

Les écoles ne peuvent pas résoudre à ellesseules le problème que les maladies vénériennesposent à la collectivité. Il faut que le public soitbien informé et désireux d'agir, que les servicesde santé réagissent de façon rapide et efficace,que les médecins soient compétents et soucieuxde coopérer, et que les écoles soient à la foisdisposées et aptes à dispenser une éducation dyna-mique dans le domaine des maladies vénériennes.

Questions pour les planificateurs des programmesd'enseignement

Voici quelques questions qu'il s'agit de résoudrepour que les écoles puissent faire face à leursresponsabilités en matière d'éducation relativeaux maladies vénériennes.

1. Quel est le taux de fréquence des maladiesvénériennes dans votre région ?

2. Quels groupes d'âge sont les plus touchéspar les maladies vénériennes ?

3. Quelles sont les maladies vénériennes lesplus fréquentes dans votre région ?

4. Quels facteurs contribuent à la propagationdes maladies vénériennes dans votre région ?

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5. Certains styles de vie prédisposent-ils plusque d'autres à la propagation des maladies véné-riennes ?

6. Quelles sont les maladies quarantenairesdans votre région ? Les maladies vénériennesdevraient-elles être ajoutées à cette liste ?

7. Qu'est-ce que les jeunes gens de vos écolessavent des maladies vénériennes ? Quelles idéesfausses se font-ils à leur sujet ?

8. Quel type d'éducation est nécessaire dans ledomaine des maladies vénériennes ?

9. Faut-il séparer les garçons des filles pourles cours portant sur les maladies vénériennes ?

10. Faut-il demander l'accord des parents avantde dispenser aux élèves un enseignement relatifaux maladies vénériennes ?

11. Comment les parents, les autorités sanitai-res et les autres éléments de la communauté peu-vent-ils coopérer à l'organisation d'un enseigne-ment relatif aux maladies vénériennes ?

12. Les maîtres ont-ils la formation nécessairepour dispenser un tel enseignement ? De quelle for-mation préalable et en cours d'emploi ont-ils besoinpour cela ? Qui peut la leur dispenser ?

13. De quelles directives et de quels auxiliairespédagogiques les maîtres ont-ils besoin pour l'en-seignement relatif aux maladies vénériennes ?

14. Quels sont les rapports entre l'enseignementdans les divers domaines de la santé mentale, de ladrogue, des maladies vénériennes et de l'éducationsexuelle ?

15. Comment l'éducation relative aux maladiesvénériennes peut-elle être intégrée dans les pro-grammes scolaires actuels ?

16. A quel moment est-il nécessaire de revenir,pour le renforcer, sur l'enseignement que les élè-ves ont reçu dans les classes antérieures au sujetdes maladies vénériennes ?

6. L'éducation relative à la santé mentale

Les maladies mentales constituent un grave problè-me pour de nombreux pays et régions du monde. Ilest souvent possible de les prévenir, et l'éducationpeut jouer un rôle important dans leur prévention.

La santé mentale touche à la vie quotidienne dechacun de nous. Elle embrasse les rapports géné-raux que les gens ont entre eux en famille, à l'éco-le, dans leur travail, dans leurs jeux, entre amis,au sein de la communauté. Elle touche à la façondont chacun adapte ses désirs, ses ambitions, sescapacités, son idéal, ses sentiments et sa conscien-ce aux exigences de la vie.

Les gens ayant une bonne santé mentale présen-tent trois caractéristiques fondamentales. Toutd'abord, ils sont en bons termes avec eux-mêmes;ensuite ils portent des jugements sains sur lesautres; enfin ils sont capables de faire face auxexigences de la vie. Il est admis que les gens men-talement sains font de bons amis, de bons travail-leurs, de bons parents et de bons citoyens - idéalque bien peu de gens réalisent pleinement, si tantest que certains y parviennent.

Il n'y a pas de frontière définie entre les gensmentalement sains et ceux qui ne le sont pas, caril existe bien des degrés différents de santé menta-le. Aucun des facteurs qui la composent ne peutêtre considéré à lui seul comme la preuve d'unebonne santé mentale, pas plus que son absence neprouve l'existence d'une maladie mentale. De plus,personne ne présente de façon constante toutes lescaractéristiques d'une bonne santé mentale. Cettenotion est donc très relative. A l'époque actuelle,marquée par le racisme, la pauvreté, les bombesatomiques, et la dégradation de l'écologie, c'estprobablement faire preuve de santé mentale que semontrer soucieux, tant que ce souci ne devient pas

une préoccupation dominante. Feindre de ne pasvoir le danger et ne rien faire pour l'éviter n'estpas une attitude d'esprit saine.

Le problème de la santé mentale

La plupart des enfants naissent en bonne santé,doués d'une forte résistance aux maladies et d'unetendance innée à se développer vers la maturité.S'ils se trouvent dans le milieu qui leur convientet si leurs rapports avec les autres sont satisfai-sants, leur développement se déroule de manièreautomatique. La plupart des gens atteignent lemaximum de leur croissance physique entre seizeet vingt-quatre ans. En revanche, la formation deleur affectivité peut durer toute la vie. Il est rarequ'on atteigne une maturité relative avant l'âge detrente-cinq ans. Selon les psychologues, la crois-sance passe par les schémas suivants, entrecroi-sés, de développement affectif :

De la dépendance à un équilibre entre la dépen-dance et l'indépendance.

Du désir de recevoir à un équilibre entre rece-voir et donner.

D'une existence égocentrique au plaisir de lavie en société.

D'une vie sexuelle égocentrique à une viesexuelle centrée sur la famille.

De l'ignorance et des fantasmes à la reconnai-sance et l'acceptation de la réalité.

Vers une souplesse et une élasticité croissantespour s'adapter aux changements et à l'imprévu.

Vers une aptitude croissante à convertir lesénergies hostiles en des activités inoffensives,créatrices ou satisfaisantes pour soi-même.

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Vers une acceptation croissante de soi-mêmeet un sentiment réaliste de confiance en soi.

Le fait de contrarier ou de freiner ce processuspeut entraîner une maladie mentale.

Les maladies mentales (1) sont de types trèsdifférents et répondent à des causes diverses. Ellespeuvent être majeures ou mineures, suivant la capa-cité qu'a l'individu de distinguer ce qui est réel dece qui ne l'est pas. Elles sont généralement répar-ties en deux catégories : (1) les maladies mentalesorganiques et (2) les maladies mentales fonction-nelles. Aux maladies de type organique corres-pondent dans le cerveau des modifications précisesque révèle l'autopsie. Elles sont généralementdues à des lésions cérébrales, à des infections cé-rébrales, ou aux modifications qui accompagnentla vieillesse. Dans les maladies de type fonction-nel, on ne constate aucune altération physiquedémontrable du cerveau. On pense que ces mala-dies sont dues à des troubles intérieurs, à desfrustrations et à des angoisses d'origine ancienne.On les répartit en trois catégories :

1. Les états psychosomatiques, dans lesquelsun relâchement insuffisant des tensions affectivesentraîne la dysfonction d'un ou de plusieurs orga-nes;

2. Les névroses, dans lesquelles la personnali-té est en partie détachée de la réalité, ce qui conduità un comportement excentrique. Les maladiesmineures de cette catégorie (c'est-à-dire les pho-bies, les névroses compulsives et l'hystérie) peu-vent avoir des effets tout aussi graves que les ma-ladies mentales majeures.

3. Les psychoses, au cours desquelles l'indivi-du perd tout contact avec la réalité. Cette catégo-rie comprend les maladies mentales majeures tel-les que la schizophrénie, la psychose maniaquedépressive et la paranoïa.

Les risques d'altération de la santé mentale exis-tent presque partout et dans tous les types de socié-tés et de cultures. Ils sont bien plus grands chezles gens qui subissent une évolution sociale et éco-nomique rapide et aussi dans la vaste populationflottante qui résulte de la facilité croissante destransports et des communications. Toutefois, lesperspectives d'avenir en ce qui concerne le traite-ment et la prévention des maladies mentales sontfavorables.

Le Dr M. G. Candau (2), Directeur général del'Organisation mondiale de la Santé, déclare que sile traitement commence assez tôt, entre 70 à 80 %des malades mentaux peuvent retrouver une fonc-tion utile dans la société et que dans certains pays,les patients qui quittent l'hôpital guéris n'y sontrestés en moyenne que moins de six mois. Lesécoles ont un rôle à jouer à la fois dans le traite-ment et dans la prévention des maladies mentales.

Conséquences pour une vie saine à l'école

Presque tout ce qui se passe à l'école a des réper-cussions sur la santé mentale des élèves et desmaîtres, et tout ce qui concourt à faire une bon-ne école contribue également au maintien d'unebonne santé mentale. Les installations de l'écoleconstituent un environnement qui exerce uneinfluence considérable sur les attitudes, les inté-rêts et le comportement des élèves et des maîtres.Par exemple un bâtiment scolaire surpeuplé, démo-dé et mal entretenu exerce une influence dépriman-te, à l'opposé de l'influence favorable que peutavoir une belle école, bien entretenue et conve-nablement équipée.

Mais le climat affectif qui règne dans l'écoleest encore plus important que ses installationsmatérielles; et le maître est évidemment un fac-teur clé dans la détermination du climat affectifde la classe. Faute d'un climat affectif favorable,le processus d'apprentissage est gravementcompromis.

Il arrive que le maître et l'école représen-tent pour l'élève les seuls éléments de stabilitédans une vie par ailleurs mouvementée. Il incom-be aussi au maître de créer et de préserver dansla classe un cadre qui incite à l'étude et favorisela santé. Le succès dépend pour beaucoup de lafaçon dont le maître applique ce qu'il sait du pro-cessus d'apprentissage, de la croissance et dudéveloppement de l'élève; il dépend aussi descours et du choix des méthodes d'évaluation.

Conséquences pour les services d'orientation etde santé scolaires

Le programme d'orientation d'une école a essen-tiellement pour objet d'aider les individus (que cesoient les élèves, les parents ou les maîtres) àse comprendre eux-mêmes et à comprendre leurenvironnement, ce qui leur permet de prendre desdécisions judicieuses à l'égard des diverses étu-des possibles, du choix d'un métier ou de problè-mes personnels. L'orientation, à la fois partieintégrante de la classe, du programme et desméthodes pédagogiques, et service supplémentai-re assuré par un personnel spécialisé, a pourobjet de favoriser une bonne santé mentale. Ellevise à libérer le potentiel inutilisé de chaque élè-

(1) La maladie mentale est tout à fait différentede la déficience mentale. La déficience men-tale ou arriération, autrefois appelée simpli-cité d'esprit, est un état congénital qui setraduit par l'incapacité d'atteindre un niveaumoyen d'intelligence.

(2) Candau, M. G., Maladie mentale et santémentale dans le monde d'aujourd'hui, Genève,Suisse, Organisation Mondiale de la Santé,1969.

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ve; elle aide également les parents et les enfants àfaire dans le domaine scolaire ou personnel deschoix qui ne risquent pas de leur poser des problè-mes par la suite. C'est en ce sens que l'orienta-tion est un service de santé préventif. Dans biendes cas, elle peut être dispensée par le maître,mais certains élèves ont besoin de l'aide d'unconseiller d'orientation. Les écoles ont en outrede plus en plus recours aux services d'autres gen-res de collaborateurs (psychologues, assistantessociales, psychiatres, etc. ) pour dispenser une aideplus spécialisée que celle que peuvent donner lesconseillers d'orientation.

Le repérage précoce des élèves ayant des dif-ficultés affectives est aussi un service de santépréventif. Les problèmes affectifs graves se signa-lent généralement par des symptômes que le per-sonnel de l'école ne peut manquer de remarquer.L'élève n'apprend rien, en dépit de moyens intel-lectuels certains; il a tendance à faire l'école buis-sonière; il est apathique et n'essaie pas de faireses devoirs; il a une attitude agressive ou provo-cante envers les maîtres ou les autorités scolai-res; il agit dangereusement pour lui-même ou sescondisciples; il est chapardeur et cruel, a de mau-vaises fréquentations et se livre à toutes les formesde délinquance légale. Ce sont là des symptômesqu'on ne peut pas comprendre, mais qui se remar-quent forcément.

Mais il ne sert pas à grand chose de repérerles problèmes affectifs des enfants et de les inter-prêter si l'on ne fait rien pour les résoudre. Cequ'on peut et ce qu'on doit faire dans ce domaine,dépend de nombreux facteurs, notamment de lanature du problème et du genre de spécialistesauxquels on peut faire appel. Divers services sco-laires ou communautaires peuvent aider un élèvedont on a reconnu le handicap affectif et qui n'a pasréagi favorablement aux efforts de son maître.

On a recours à diverses méthodes pour pour-suivre l'éducation des élèves qui ont des problèmesaffectifs graves. On peut notamment créer desécoles ou des classes spéciales, quelquefois encollaboration avec une clinique de guidance infan-tile. Le genre de méthode à adopter dans une col-lectivité ou une région données doit être détermi-né localement d'après les conceptions locales enmatière d'éducation spécialisée, le nombre d'élè-ves en cause et les ressources disponibles.

Conséquences pour l'enseignement sanitaire

Attendu que les problèmes et les besoins des élèvesvarient, une grande partie de l'éducation relativeà la santé mentale repose sur une base individuel-le. Lorsqu'un maître aide un enfant ou un adoles-cent à se comprendre, à regarder la réalité enface, à acquérir le respect de soi, ou à améliorerses relations sociales, il contribue à la réalisa-tion des objectifs de l'hygiène mentale. Ce type deformation se poursuit discrètement tous les jours,de façon plus ou moins continue.

Il y a peu de notions relatives à la santé mentalequ'il faille enseigner au niveau de l'école primai-re. Il faut s'attacher surtout à l'acquisition d'at-titudes et d'un comportement sains. La façondont le maître enseigne importe plus, du point devue de la santé mentale, que ce qui fait la matièrede son enseignement.

Au moment où l'élève entre à l'école secon-daire du premier cycle, il faut donner un certaincontenu à l'enseignement relatif à la santé mentale.Au niveau du second cycle et de l'université, ondispose d'une ample documentation pour aiderl'adolescent à comprendre ses problèmes person-nels d'attitudes et de comportement, et ceux d'au-trui. Voici quelques exemples des notions géné-rales de santé mentale qu'il peut être utile d'étu-dier et de discuter, dans le cadre d'un program-me d'instruction, aux cours d'éducation sanitaire,de sciences, d'études sociales, de littérature,d'éducation physique et d'économie domestique.

1. Le comportement est complexe par nature.2. Le comportement humain a tendance à s'or-

ganiser selon certains schémas.3. Le comportement est caractérisé par la

faculté d'adaptation.4. Les relations interpersonnelles sont mises

en valeur par la compréhension des facteurs quisont à la base du comportement - son comporte-ment à soi et celui d'autrui.

5. Des recherches poussées dans le domainedes sciences du comportement ont permis de déter-miner les causes possibles de certains schémasde comportement.

6. La compréhension d'un comportementimplique la reconnaissance du fait qu'il y a desraisons à la base de toute espèce de comporte-ment.

7. Il est possible d'établir une relation entreles désordres physiques et mentaux.

8. Dans bien des cas, il est possible de guérirles troubles affectifs par un traitement approprié.

9. L'acceptation de soi est une des bases de lasanté mentale.

10. Les facteurs culturels et sociaux exercentune influence considérable sur la formation de lapersonnalité et la détermination du comportement.

Voici également quelques exemples de questionssusceptibles d'être, d'une façon ou d'une autre,traitées en classe. Comment:

1. Faire face à un conflit affectif.2. Prendre des décisions difficiles.3. Assumer une responsabilité.4. Perdre avec bonne grâce.5. Rechercher la supériorité.6. Surmonter la timidité.7. Se donner des objectifs valables.8. Acquérir la connaissance de soi-même.9. Savoir s'enthousiasmer pour certains sujets.10. Comprendre le point de vue de ses parents.11. Aider les parents à comprendre le point de

vue de l'enfant.

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12. S'efforcer d'être tolérant.13; Dominer l'envie et la jalousie.14. Apprendre à accepter la critique.

Conséquences pour les relations entre l'école etla communauté

L'école n'est que l'une des institutions communau-taires qui peuvent contribuer à résoudre des pro-blèmes affectifs et à promouvoir un état positif desanté mentale. On pourra enregistrer des progrèssensibles de toute la population vers la santé men-tale quand l'école et la famille travailleront en col-laboration, de même que les autorités sanitaireset les enseignants; quand la police, les tribunauxet les organismes d'assistance sociale mettrontau point des méthodes à la fois plus compréhensi-ves, plus rationnelles et plus réalistes; quand onaura trouvé de meilleures façons de résoudre lesproblèmes que posent les relations internationales,les relations raciales, et les relations du travail;quand les logements dûs à l'initiative privée et auxpouvoirs publics seront conçus pour répondre auxbesoins individuels et familiaux; quand on dispose-ra d'hôpitaux pour les malades mentaux et d'écolespour les enfants attardés, où et quand le besoins'en fera sentir; et quand on créera des servicesde réinsertion sociale de préférence à des établis-sements de simple internement. Quelques questionsse posent si l'on veut atteindre ces objectifs :

1. Comment l'école, la famille et la collectivitépeuvent-elles acquérir un fonds commun de connais-sances et de principes sur la santé affective et ledéveloppement de la personnalité ? Comment peu-vent-elles participer à la planification et à la réa-lisation de programmes d'études sur les problèmesde l'enfance ? Comment peuvent-elles appliquercette compréhension à l'élaboration d'un program-me harmonieux d'expériences pour l'enfant dansl'ensemble de ses activités et de sa vie (à la mai-son, à l'école et dans la communauté)?

2. Comment la famille, l'école et la communau-té peuvent-elles, par leur collaboration, faire ensorte que le passage initial de la famille à l'écoleconstitue une expérience positive pour tous lesenfants ?

3. Les parents et autres personnes intéresséespeuvent-ils être associés directement à certainesactivités scolaires ? Comment le personnel del'école peut-il être associé de façon directe à desprogrammes appropriés organisés par la commu-nauté à l'intention des enfants et des jeunes gens ?

4. De quelle façon les connaissances que l'onretire de l'étude des problèmes spécifiques de l'en-fance et de l'adolescence peuvent-elles être utili-sées conjointement par l'école, la famille et la col-lectivité au bénéfice de tous les écoliers ?

Questions pour les planificateurs des program-mes d'enseignement

II est généralement admis que le programme sco-laire comprend toutes les expériences d'appren-tissage dont l'élève bénéficie sous les auspices del'école. Il comprend non seulement les aspectsstructurés de l'enseignement dispensé en classe,mais également la formation non structurée quel'élève reçoit à la fois en classe et ailleurs dansl'école et grâce à laquelle garçons et filles enri-chissent leur expérience, adoptent des attitudesimportantes et acquièrent certains modes de com-portement social. Dans l'élaboration d'un pro-gramme de santé mentale, il importe de répondreaux questions suivantes : •

1. En quoi les différentes matières et les acti-vités complémentaires qui constituent le program-me de votre école contribuent-elles à l'adaptationindividuelle et collective des élèves ?

2. Votre programme scolaire tient-il comptede la notion selon laquelle l'élève apprend avec sa"personnalité toute entière"? Quels indices don-nent à penser que tel ou tel élément du program-me n'est pas conforme à cette notion ?

3. Quelles dispositions sont prévues dans votreprogramme à l'égard des enfants qui ont desbesoins particuliers ?

4. Comment peut-on organiser les program-mes de façon que les enfants et les jeunes gensqui ont des besoins particuliers ne soient ni iso-lés ni indûment stigmatisés ?

5. Le programme est-il fondé sur ce que l'onsait de la formation de la personnalité à des âgeset à des niveaux scolaires différents ? Par exem-ple :

a. Le début de l'apprentissage de la lecturetient-il compte de ce que l'on sait de la maturi-té dont les enfants ont besoin pour apprendre àlire ?

b. La progression des activités du program-me d'éducation physique tient-elle compte defacteurs tels que l'âge, le sexe, la conditionphysique, l'aptitude et l'intérêt éprouvé par desenfants ?6. Le programme scolaire embrasse-t-il tous

les aspects de la préparation à la vie, tels que lavie de famille, l'activité civique, l'expérience dutravail, la formation en vue d'une carrière etl'éducation permanente ?

7. Le programme scolaire fournit-il constam-ment aux élèves l'occasion d'établir un rapportentre ce qu'ils apprennent et la compréhensiond'eux-mêmes et d'autrui ? Existe-t-il un coursou une unité d'enseignement qui favorise expres-sément la connaissance de soi et qui donne l'occa-sion de libres discussions collectives ?

8. Le programme permet-il aux élèves d'ap-prendre par l'action ?

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9. Quelles sont les conséquences d'une non-participation ou d'une participation limitée auxactivités complémentaires du programme ? Quelssont les effets d'une participation excessive à cesactivités ?

10. Comment votre école peut-elle établir unprogramme de formation en cours d'emploi à l'in-tention des maîtres pour leur permettre de mieuxcomprendre ce qu'est la santé affective ? De quel-le façon les administrateurs de l'école et les mem-bres du consei] d'administration peuvent-ils favo-riser la mise en oeuvre de tels programmes ? Dequelle façon peut-on surmonter la résistance nor-male aux idées nouvelles ?

11. Où et comment peut-on se procurer ou met-tre au point de la documentation relative au déve-loppement de la personnalité de l'enfant ? Com-ment les maîtres de votre école peuvent-ils pas-ser en revue toute cette documentation et choisirles éléments qui sont valables et conviennent lemieux à leurs besoins ?

12. Les parents et les élèves doivent-ils parti-ciper à l'élaboration des principes et usages del'école dans le domaine de la santé mentale. Dansl'affirmative, de quelle façon ?

13. A propos de quels aspects des principes etusages de l'école risque-t-on le plus de voir sur-gir un conflit entre le développement de la person-nalité et des considérations pratiques ? Dans quel-le mesure peut-on modifier ces considérationspratiques ? Une expérimentation soigneusementpréparée peut-elle contribuer à la solution du pro-blème que pose un tel conflit ?

14. De quelle façon un prolongement des servicesscolaires pourrait-il contribuer à promouvoir lasanté affective des enfants et des jeunes gens ? Pardes programmes récréatifs après les heures declasse ? Par la présence à l'école douze mois surdouze d'une partie du personnel scolaire qui étudie-rait ou aiderait les élèves, individuellement ou col-lectivement ?

15. De quelles ressources la communauté dispo-se-t-elle pour aider à l'évaluation et à l'améliora-tion de l'éducation relative à la santé mentale dansles écoles ?

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Bibliographie

Les publications suivantes de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture,et de l'Organisation Mondiale de la Santé contiennent des informations supplémentaires sur les problèmesdont traite le présent ouvrage. Elles sont indiquées ici dans l'ordre chronologique.

1.

2.

3.

4.

5.

Assainissement. Rapport sur la première ses-sion du Comité d'experts, OMS, Genève, 1950.36 p. (Série de rapports techniques n° 10).

Services d'hygiène scolaire. Rapport sur lapremière session du Comité d'experts, OMS,Genève, 1951, 47 p. (Série de rapports tech-niques n° 30).

Assainissement. Deuxième rapport du Comitéd'experts, OMS, Genève, 1952. 23 p. (Sériede rapports techniques n° 47).

Assainissement. Troisième rapport du Comitéd'experts, OMS, Genève, 1954. 29 p. (Sériede rapports techniques n° 77).

L'hygiène des denrées alimentaires. Quatriè-me rapport du Comité d'experts de l'assainis-sement, OMS, Genève, 1956. 32 p. (Série derapports techniques n° 104).

6. Les accidents chez les enfants : l'étude desfaits, base de l'action préventive. Rapport d'ungroupe consultatif. OMS, Genève, 1957. 45 p.(Série de rapports techniques n° 118).

7. La pollution de l'air. Cinquième rapport duComité d'experts de l'assainissement. OMS,Genève, 1958. 28 p. (Série de rapports techni-ques n° 157).

8. Préparation des enseignants à l'éducation sani-taire. Rapport d'un comité d'experts mixteOMS/Unesco, OMS, Genève, 1960. 21 p. (Sériede rapports techniques n° 193).

9. Les substances ajoutées aux denrées alimen-taires. Rapport de la deuxième conférencemixte FAO/OMS, OMS, Genève, 1963. 13 p.(Série de rapports techniques n° 264).

10. Les modifications du milieu et leurs effetssur la santé. Rapport d'un Comité d'expertsde l'OMS, OMS, Genève, 1964, 25 p. (Sériede rapports techniques n° 292).

11. L'urbanisme et l'aménagement urbain dansleurs rapports avec l'hygiène du milieu. Rap-port d'un comité d'experts de l'OMS, OMS,Genève, 1965. 71 p. (Série de rapports tech-niques n° 297).

12. Les problèmes de la santé de l'adolescence.Rapport d'un comité d'experts de l'OMS, OMSGenève, 1965. 30 p. (Série de rapports tech-niques n° 308).

13. L'éducation sanitaire à l'école. C E . Turner,Unesco, 1966. 149 p. (Collection Unesco :programmes et méthodes d'enseignement - 2).

14. Comité OMS d'experts des drogues engendrantla dépendance. Quinzième rapport, OMS, Genè-ve,1966.20p.(Série de rapports techniques n°343).

15. Services de prévention et de traitement de ladépendance à l'égard de l'alcool et des autresdrogues. Quatorzième rapport du Comité OMSd'experts de la santé mentale, OMS, Genève,1967.46p. (Série de rapports techniques n°363).

16. Comité OMS d'experts de la pharmacodépen-dance. Seizième rapport, OMS, Genève, 1969.30 p. (Série de rapports techniques n° 407).

17. Organisation et administration des servicesde protection maternelle et infantile. Cinquiè-me rapport du Comité OMS d'experts de l'hy-giène de la maternité et de l'enfance, OMS,Genève, 1969. 44 p. (Série de rapports tech-niques n° 428).

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18. Les aspects sanitaires de la planification fami-liale . Rapport d'un groupe scientifique del'OMS, OMS, Genève, 1970. 56 p. (Série derapports techniques n° 442).

19. Comité OMS d'experts de la pharmacodépen-dance. Dix-huitième rapport, OMS, Genève,1970. 48 p. (Série de rapports techniquesn° 460).

20. "Usage du tabac et santé", CM. Fletcher &D. Horn, dans : Chronique OMS, vol. 24, n°8,Août 1970, pp. 378-405.

21. La santé mentale des adolescents et des jeu-nes par A.R. May, J. H. Kahn & B. Cronholm.OMS, Genève, 1971. (Cahiers de la santé publi-que n° 41).

22. "Comment lutter contre l'abus de l'alcool etdes drogues", Dale C. Cameron, dans : Chroni-que OMS, vol. 25, n° 1, janvier 1971, pp. 9-18.

2 3. "La Santé dans la Deuxième Décennie pour ledéveloppement" M. G. Candau, dans : Chroni-que OMS, vol. 25, n° 1, janvier 1971, pp. 3-8.

24. L'éducation sanitaire en matière de planifica-tion familiale. Rapport d'un groupe d'étude del'OMS., OMS, Genève, 1971. 30p. (Série derapports techniques n° 483).

25. L'usage du cannabis. Rapport d'un groupescientifique de l'OMS, OMS, Genève, 1971.49 p. (Série de rapports techniques n" 478).

26. "Quelques moyens de prévenir et de combat-tre la pharmacodépendance", dans ChroniqueOMS, vol. 26, n°5, mai 1972, pp. 268-271.

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