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Courrier de l'environnement de l'INRA n°49, juin 2003 139 PLANETE Petits vers ni Alors que leurs camarades invertébrés spationautes, les fourmis, ont péri dans l'explosion de la navette Columbia, le 1 er février 2003 (Le Courrier n°48, Brève « Entomo spatiale», p. 127), les vers Caenorhabditis elegans (Nématodes) ont eu la chance d'en réchapper. Ils étaient partis là-haut, des centaines, pour servir à un essai sur une nouvelle solution nutritive. Ils ont survécu à l'accident, en possession de tous leurs (tout petits) moyens ; en effet, ce sont leurs descendants - 5 e génération - qu'on a retrouvés vivants, enfermés dans leur enceinte expérimentale (un peu cabossée), au Texas. D'après « Worms survived Columbia disaster », BBC News, lu le 5 mai 2003 à newsvote.bbc.co.uk/ NDLR : C. elegans, Nématode bactériophage, est une « bête de labo », un « modèle » prisé pour son petit génome (récemment décrit), ses générations courtes (10 jours au plus), ses 959 cellules à l'état adulte et sa transparence. Dessin : Alexis BELGIQUE Le dernier de la flotte Dans son premier « World Water Development Report », publié le 28 février 2003, l'UNESCO classe les pays selon la qualité de leurs eaux. Derrière l'Inde, la Jordanie et 9 pays africains, arrive - au dernier rang - la Belgique... Eaux usées et effluents agricoles se déverseront dans les rivières belges jusqu'à la mise en place d'un plan d'assainissement prévu en 2005. D'après NewScientist.com, lu le 5 mars à www.newscientist.com

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Courrier de l'environnement de l'INRA n°49, juin 2003 139

PLANETEPetits vers niAlors que leurs camarades invertébrés spationautes, les fourmis, ont péri dans l'explosion de la navetteColumbia, le 1er février 2003 (Le Courrier n°48, Brève « Entomo spatiale», p. 127), les versCaenorhabditis elegans (Nématodes) ont eu la chance d'en réchapper. Ils étaient partis là-haut, descentaines, pour servir à un essai sur une nouvelle solution nutritive. Ils ont survécu à l'accident, enpossession de tous leurs (tout petits) moyens ; en effet, ce sont leurs descendants - 5e génération -qu'on a retrouvés vivants, enfermésdans leur enceinte expérimentale (unpeu cabossée), au Texas.D'après « Worms survived Columbia disaster »,BBC News, lu le 5 mai 2003 ànewsvote.bbc.co.uk/

NDLR : C. elegans, Nématodebactériophage, est une « bête delabo », un « modèle » prisé pour sonpetit génome (récemment décrit),ses générations courtes (10 jours auplus), ses 959 cellules à l'état adulteet sa transparence.Dessin : Alexis

BELGIQUELe dernier de la flotteDans son premier « World Water Development Report », publié le 28 février 2003, l'UNESCO classeles pays selon la qualité de leurs eaux.Derrière l'Inde, la Jordanie et 9 pays africains, arrive - au dernier rang - la Belgique...Eaux usées et effluents agricoles se déverseront dans les rivières belges jusqu'à la mise en place d'unplan d'assainissement prévu en 2005.D'après NewScientist.com, lu le 5 mars à www.newscientist.com

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ÉTATS-UNISCompter les mouchesUn, deux, trois, beaucoup. Le bébé humain, lesinge ne calculent pas plus finement. Et lasalamandre Plethodon cinereus est tout aussidouée. Les vertébrés, des plus primitifs(Amphibiens) aux plus évolués (Hominidés), ontun sens inné de la numération qui leur permet dedistinguer sans apprentissage 2 de 3.Pour l'épreuve proposée (?) à la Salamandre, àl'université de Louisiane, pas de pions ni debûchettes mais des drosophiles (Dipt. Dro-sophilidés) vivantes installées au bout d'untunnel en Y, 2 dans une branche, 3 dans l'autre.Reste à déterminer sur quoi l'amphibien se base,le volume ou le bruit des mouches ?D'après « Salamanders can do maths », nature scienceupdate, lu le3 mai 2003 à www.nature.com

MEXIQUEÉvasions et mauvais traitementsDans sa lutte contre celles qui ne pensent qu'à le dévorer sur pied, lui et son bétail, l'homme enregistredes échecs cuisants. On les croyait disparues d'Amérique (sud des États-Unis et Amérique centrale),grâce à l'application de la lutte autocide (dite aussi «par mâles stériles », voir à www.inra.fr/opie-insectes/luttebio.htm#vocab). Or, en janvier, des agressions ont de nouveau été signalées, perpétréespar la Lucilie bouchère, qu'on avait officiellement éradiquée. Et dire que les agresseurs ont été élevésaux frais de la princesse !Dans une grande usine (puante) sise à Tuxtla Gutierrez (capitale du Chiapas, au Mexique), en effet, onproduit depuis 27 ans les asticots de Cochlyomya hominivorax (Diptère Calliphoridé) ; ils sont nourris(d'une mixture comportant de la poudre de sang, de lait et d'œuf) dans des bacs ad hoc (par lots de20 000), d'où ils sautent une fois leur développement larvaire achevé. Ils s'empupent dans un bain desciure. 5 jours et 1/2 après, installés dans des cylindres en plastique, on les soumet, durant 2 minutes, àune irradiation gamma. La dose, 5 fois celle qui serait mortelle pour un humain, provoque leurstérilisation. Puis les pupes sont placées en chambre froide jusqu'à leur transport et à leur lâcher, paravion, au-dessus des zones à traiter. Sauf celles qui serviront à la reproduction, au sein del'insectarium géant.En dépit de mesures de sécurité (pas de fenêtres, personnel en combinaison, sas, pièges dans et autourde l'usine), les évasions n'ont pas été rares. Mais, en janvier, un irradiateur est tombé en panne et onne s'en est aperçu qu'après le lâcher de millions de mouches - fertiles - au Chiapas et à Panama.Ampleur du désastre, évaluée fin février : une centaine d'attaques, sur du bétail.Rappelons que la mouche pond dans une blessure jusqu'à 400 œufs d'où naissent des asticots qui senourrissent de chair vivante. Très dispersée, la Lucilie bouchère ne peut guère être combattueautrement que par lutte autocide, méthode élégante et très efficace - aux évasions et erreurs detraitement près.D'après Elisabeth Fullerton, « Grisly Mexico factory breeds man-eating flies », dépêche Reuters du 24 février 2003, lue à www.alernet.org

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PLANETEBiorésistantPar souci environnemental, par respect de la nature, par adhésion aux principes de développementdurable, de plus en plus d'objets sont rendus biodégradables. Les microbes les font disparaître en tantque déchets. Ainsi les couches (Le Courrier n°48) et, avant elles, les stylos en amidon de maïs (qu'onne voit plus beaucoup...).Mais il est un produit de consommation, quasi-alimentaire, qui résiste : le chewing-gum. Inventé enOhio (États-Unis) par William Sample au milieu du XIXe siècle, le chewing-gum n'est plus à base delatex naturel et de fruit de sapotier : c'est, de nos jours, un mélange d'élastomères, de cires et derésines. S'il perdure et colle au macadam comme aux semelles, c'est qu'il est durable et collant,

qualités qui font son intérêt pour ses masticateurs. Les dégâts sont gigantesques,la lutte (nettoyage) coûte très cher. La recherche avance mais tout

doucement. Des gommes moins nocives pour les trottoirs sesont révélés très, très collantes... sur les vêtements.

Une suggestion en attendant : cracher le chouinegomme dansun crachoir.

D'après « Corning soon (may be)... non-stick chewing-gum », BBC News, lu le 25 mars ànews.bbc.co.uk

NDLR : bien rural, bien de chez nous : mâchez du blé : la ptyaline devotre salive - que vous n 'aurez pas avalée - transformera

l'amidon en sucre sucré et vous continuerez à mâchonner legluten (protéine), élastique et insipide.

ETATS-UNISÀ poilGrâce au travail de Kreg Leymaster, généticien à l'Agricultural Research Service, au Clay Center(Nebraska) et de son équipe, consistant à croiser le Kathadin avec le Dorper, l'éleveur états-unienélève désormais des moutons sans toison laineuse. L'avantage principal de cet hybride à poil ras : ilcoûte moins cher en entretien. En plus, sa viande sent moins fort, ce qui rejoint les préférences decertains «gourmets». Mais... le Dorper (sud-africain) est un immigrant de fraîche date et sasensibilité aux parasites - gros problème en élevage ovin - pourrait être élevée.D'après « Wool-free sheep to shave mutton costs », par Hannah Hoag, naturescienceupdate, lu le 8 avril 2003 à www.nature.com

ETATS -UNISÉtat de siège167 ans après les volontaires texans assiégés dans FortAlamo par le général mexicain Santa Anna, c'estaujourd'hui une armée de termites qui y est cernée par lesdésinsectiseurs texans. Ces derniers sont armés de tubesremplis de morceaux de bois - des pièges redoutables cargourmandises irrésistibles - et d'appâts empoisonnés- arme chimique de destruction massive. L'historiquebastion sera-t-il détruit ?D'après Libération du 7 mars 2003.

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ETATS -UNISÉconomieFabriquer une canette en aluminium à partir d'éléments d'automobiles recyclés coûte 94% moinsd'énergie qu'à partir d'aluminium brut. Dans le même esprit environnemental, les plastiques duvéhicule passent eux aussi dans la chaîne de recyclage mais leur lavage consomme déjà un peu plus dela moitié de l'énergie nécessaire à la fabrication de pièces neuves.Pour économiser respectivement 75 fois et 4 fois plus ce qu'on obtient en recyclant plastiques etaluminium, il suffirait d'avoir maintenu la composition du parc automobile d ' i l y a 20 ans, avant quen'augmente la part des vans, pick-up et autres 4 X 4 , gros gaspilleurs d'essence.Si le gouvernement fait des efforts en faveur du recyclage - qui est prévu désormais dès la conceptionde tout nouveau modèle -, il ne favorise pas vraiment les transports en commun et n'incite pasvraiment les gens à rouler en auto normale.D'après le communiqué de presse du Dortmonth Collège (Hanover, N.H.) du 7 mars 2003, lu à www.eurekalert.org

ÉTATS-UNISParticulairement polluantÀ Houston (Texas), l'air est pollué - comme un peu partout - mais 10% des particules sont d'origineanimale, essentiellement bovine, accessoirement ovine, ce qui semble unique au monde. Et qui n'estpas sans danger : les particules de résidus de graisses insaturées provenant de viandes grillées en plein-air pénètrent dans les poumons des houstonniens, habitants de la « capitale des barbecues », quirisquent en conséquence de souffrir de troubles respiratoires et cardiaques.D'après une dépêche Reuters, lue le 18 mars 2003 à actu.tiscali.fr

NDLR : une Brève du Courrier (n°37, en ligne à www.inra.fr/dpenv/brevec37.htmj vous a déjàinformé sur un risque bactériologique lié aux barbecues - via les insectes désintégrés par les piègeslumineux à électrocution qu 'on met autour des lieux de grillade - pour ne pas ajouter des particulesde graisse entomologique aux particules normales.

PLANETEPour et contre nos compagnonsLa cataire est une Lamiacée européenne introduite en Amérique duNord. Son nom (en anglais, cat mini) vient de ce qu'elle provoque, chezFelis catus, le chat, plus que la félicité, l'extase. Côté insectes, onconnaît son pouvoir attractif vis-à-vis des pucerons (Hém. Aphididés),de leurs parasitoïdes (Hyménoptères) et prédateurs - comme leschrysopes (Neuroptères Chrysopidés) - voir, en Épingle, « Chrysopesurprise » à www.inra.fr/opie-insectes/epingle02.htm#chrys.Chris Peterson (USDA Forest Service à Starkville, Mississipi) et JaniceEms-Wilson (Valencia Community Collège, Orlando, Floride) viennent demontrer que l'huile de cataire est répulsive, voire mortelle pour les termites(Isoptères) au sein de leurs galeries. Quant à avoir trouvé là un substitut auxproduits homologués... L'huile perd hélas tout effet au bout de quelquessemaines (contre 5 ans pour les matières actives en usage) et on ne connaîtqu'un petit nombre de ses impacts sur la faune domestique.D'après « Catnip stops termites dead in their tracks », communiqué de l'American Chemical Society, lu le 31 mars 2003 àwww. euekalert. org

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ETATS-UNISScore historiqueÀ partir d'une liste préparée par des historiens de l'agriculture, des journalistes membres del'Association des journalistes nord-américains (représentant une centaine de titres de la pressespécialisée) ont classé les événements et les découvertes les plus marquants du dernier demi-siècle,ceux qui ont le plus contribué à l'augmentation des rendements agricoles.Par ordre d'importance décroissante, ce sont l'hybridation (et autres créations de cultivars), les plantesgénétiquement cultivées (adoptées par la plupart des cultivateurs états-uniens mais rejetées par desgroupes de consommateurs, notamment en Europe), la découverte de la double hélice de l 'ADN, laRévolution verte de Norman Borlaug, la crise du crédit des années 1980 (qui a éliminé une partie del'agriculture familiale), la publication du Printemps silencieux de Rachel Carson, l'emploid'antibiotiques en élevage, le non-labour - ex œquo avec le passage sous les 2% de la populationagricole -, l'usage de l'ammoniac comme engrais, l'intégration de l'élevage avicole.D'après « Revolutionary crop yields top list of key agricultural events during last 50 years », lu sur AzNews, le 3 avril 2003, àagnews. tamu. edu/

JAPONDéca sur piedLe café décaféiné classique est obtenu au prix de traitements coûteux de la fève et n'est pas aussi bonqu'un vrai café. Des chercheurs japonais du Nara Institute of Science and Technology ont réussi, partransgenèse, à bloquer, chez Coffea canephora, la sécrétion d'un enzyme responsable de la sécrétionde la caféine, dans les feuilles et, espèrent-il, dans les graines.Le procédé, qui reste à améliorer - pour atteindre les 95% de décarcération - et à appliquer à l'arabica -plus des 2/3 du marché -, devrait livrer un café « normal » du point de vue goût, pour un prix moindre,à des clients soucieux de leurs palpitations cardiaques et de leurs insomnies. Mal vu des torréfacteursqui ont consenti des investissements considérables dans les procédés de decafeinisation, il pourrait êtreaccepté par les consommateurs, en tant que premier OGM conférant une caractéristique utiledirectement pour eux.Article source : Ogita S. et al, 2003. Producing decaffeinated coffee plants. Nature, 423, 823.

UKRAINESexualité débridéeDans les lacs proches de Tchernobyl, des vers (Annélides Oligochètes) normalementparthénogénétiques se reproduisent désormais souvent par voie sexuée. La proportion d'individus quicherchent un partenaire sexuel passe de 5 à 22% chez Nais pardalis, de 10 à 23% chez N.pseudobtusa. D'après Gennadi Polikarpov et Victoria Tsytsugina, hydrozoologistes à l'Institut debiologie des mers du Sud à Sébastopol, ceci serait un moyen, pour ces populations, de faire s'exprimerdes gènes de résistance aux radiations.À noter que, chez le ver Dero obtusa, c'est le contraire qui se produit, la reproduction asexuéedoublant de fréquence dansles eaux radioactives.D'après « Amorous worms revealeffectsofChernobyl», New Scientist,Iule 12 avril 2003 àwww. newscïentist. com

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FINLANDEArbres déchusLes arbres, même ceux des vastes et éternellesforêts boréales seraient des pollueurs - et nondes épurateurs. En effet, selon Pertti Hari(université d'Helsinki) et ses collaborateurs, lePin silvestre, sous l'influence des rayons ultra-violets du soleil, dégage des oxydes d'azote etles pineraies seraient responsables de tellesémissions - qui induisent notamment les « pluiesacides » en réagissant avec les hydrocarbures -dans une mesure comparable à ce que dégagel'industrie et le trafic automobile. Le phénomèneserait passé inaperçu des expérimentateurs quiont travaillé « en labo » ou en serre, sous unelumière appauvrie en UV. C'est dans un air très« propre » que les pins produiraient des oxydesd'azote alors qu'ils les absorberaient quand ils setrouvent en forte concentration dans l'atmos-phère.Article source : Hari P. et al, 2003. Ultraviolet light and leafémission of NO. Nature, 422, 134.

ETATS-UNISChampionne du lancer de crottesDe nombreuses chenilles, de diverses familles, projettent leurs crottes au loin, à des distancesétonnantes. Ce comportement est fréquent chez celles qui construisent des abris.L'Hespérie à taches argentées, Epargyrus clarus (Lép. Hespériidés), espèce de la prairie nord-américaine vivant sur lotier (Poacée), détient peut-être le record dans cette catégorie avec 40 longueursde corps. La « motivation » lui est fournie par son ennemi, Polis tes fuscatus (Hym. Vespidés), qui estattiré par les crottes. Au laboratoire, en l'absence de cette guêpe prédatrice, notre Hespérie vit aussibien au milieu de ses excréments et est capable de reconstruire inlassablement son abri détruit parl'entomologiste.D'après, notamment, « Good housekeeping : why do shelter-dwelling Caterpillar fling their frass ? », communiqué Blackwell publishing, lule 8 avril 2003 à www.alphagalileo.org

BENGLADESHApiculture avec plus de piquantUn des métiers les plus dangereux de la jungle des Sundarbans (Bengladesh), c'est apiculteur. D'avrilà fin mai, les Mowalis, après une cérémonie pour les bénir, eux et leurs canots, s'enfoncent dans lamangrove pour récolter le miel d'abeilles sauvages, d'une espèce de grande taille et très agressive.Mais nos intrépides apicoles se rient des aiguillons d'Apis dorsata.En revanche, ils ne craignent rien plus que le Tigre royal du Bengale, aux penchants anthropophagesspécialement développés dans cette région -peut-être en lien avec la forte salinité de l'eau.L'enfumage fait fuir les abeilles le temps qu'ils prélèvent une partie du rayon, cire et miel. Mais,

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contre Panthera tigris, ils ont une autre technique d'effarouchement : un masque derrière la tête, pourfaire croire au tigre qu'on lui fait face*.Du fait du prix très élevé de ce miel au petit parfum de jungle et de félin, ce n'est pas le nombreconsidérable de « veuves de tigre » dans les villages qui limite l'exploitation de l'Hyménoptère, maisdes quotas - 78 kg de miel et 20 kg de cire par récolteur - établis dans le cadre de la protection desSundarbans, entreprise depuis 1879 par le colonisateur britannique.D'après « Sweet Thrills of Bengladesh jungle », BBC News, lu le 17 avril 2003 knewsoote.bbc.co.uk et « Dangerous Harvest », Oregon'sAgricultural Progress, hiver 2003, lu à ees.orst.edu* Un truc qu'ils n'ont sans doute pas lu dans la presse mondiale. Il est pourtant dévoilé dans la Brève « Mission prévention », Le Courrier del'environnement de l'INRA n°47, octobre 2002, en ligne à www.inra.fr/dpenv/brevc47.htmttmis

BRESILChienne de vie !Si la culture de plantes génétiquement modifiées reste interdite dans ce pays, la commercialisation dusoja transgénique déjà produit est autorisée.Le 1er avril 2003, à Sao-Paulo, des militants de Greenpeace ont défilé tandis que trois d'entre eux,déguisés en oiseaux, occupaient un nid géant. Ceci devant le siège de Nestlé, jugé coupable d'avoirmis en vente un aliment contenant ce soja. Un aliment pour chien.D'après une dépêche lue sur La Recherche, le 1er avril 2003, à www.larecherche.fr

ROYAUME-UNIMarques déposéesSoit à rechercher sur le sol labouré et monotone d'un champ sans repères, une clé qu'on a égarée là.En bon chercheur, on explore systématiquement la zone en plantant un (des) piquet(s) pour indiqueroù l'on en est de l'exploration. Ce comportement «intelligent» n'est pas, comme on le croyait,l'apanage de l'homme.L'observation en nature des mulots ayant révélé qu'ils font de petits tas d'enveloppes de graines, defeuilles et autres petits objets autour desquels ils sont particulièrement actifs, a conduit à monter lamanip suivante. À 10 lots de 4 femelles et 4 mâles, on offre un nid, un terrain et 10 disques blancs de5 cm de diamètre - et on les enregistre durant 15 jours en vidéo. Résultat : quand un mulot trouve uncoin qui l'intéresse, il prend un disque et le dépose là, avant de continuer à explorer à proximité, unœil sur la marque ; puis, ayant trouvé un endroit à étudier, il y transporte le disque. Le disque sert ausside « signet » : s'il perçoit un prédateur, le mulot se réfugie dans son nid puis revient vaquer àproximité.Article source : Stopka P., Macdonald D., 2003. Way-marking behaviour : an aid to spatial navigation in the wood mouse (spodemussylvaticus). BMC Ecology, 3, 3. Abstract à www.biomedcentral.com et Le Mulot sylvestre - ou souris sauteuse - dans HYPPZ, àwww. inra.fr/hyppz/ravageur/zaposyl. htm

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ETATS-UNISL'escalade mène à la catastropheDans les fissures des parois rocheuses vit une faune de gastéropodes d'une étonnante diversité. Mais làoù les grimpeurs pratiquent leur sport favori, la plupart des 40 espèces qui peuplent normalement cesmicro-écosystèmes a disparu, du fait de l'érosion du sol résultant des passages répétés.Las, ces minuscules escargots n'ont rien pour émouvoir le public et, même là où l'on parvient àcanaliser l'escalade, leurs peuplements ne se reconstituent que très lentement.D'après « At a Snail's Place : Rock Clirabing cuts Mollusk Diversity », par Kendall Morgan, lu sur Science News Online, vol. 163, n°15(semaine du 12 avril 2003), à www.Sciencenews.org

ÉTATS-UNISRegarder voler les mouchesScrutés au travers de 3 caméras ultrarapides (5 000 vues par seconde) infrarouge, pointées sur unespace proche d'un cylindre noir portant une goutte de vinaigre, les mouvements de vol libre d'uneMouche du vinaigre, Drosophila melanogaster (Diptère Drosophilidé), amènent à réviser ce que l'oncroyait savoir de l'aérodynamique des insectes. La mouche, révèlent les vidéogrammes, est capable dechangements de direction brusques et importants au prix de petits mouvements des ailes, suffisantspour produire un couple de torsion et réorienter son corps dans le plan de vol. La droso, au prix d'uneffort très modeste, est capable d'un virage à angle droit en moins d'1/10 de seconde. Grâce à unmodèle mathématique, l'équipe suisso-états-unienne d'aéroentomologistes a pu établir que, dans le voldes insectes, les forces d'inertie interviennent plus que celles de friction de l'air - résultat inattendu.Article source : Fry S.N., Sayaman R., Dickinson M. H., 2003.The Aerodynamics of Free-Flight Maneuvers in Drosophila. Science, 300 (5618), 495-498.

ÉTATS-UNISEcoclastes !Un concours a étélancé par le webzineGrist, magazine de lacôte ouest « d'informa-tion environnementaleet d'humour », pourtrouver un autre vo-cable pour désigner au-trement que par « anti-environnementalist » (en anglais dans le texte - mais on comprend) les gens (ou les organismes) qui,consciemment ou non, agissent « contre l'environnement ».À partir de 350 contributions, la rédaction a soumis au vote 10 expressions. Annoncé le 22 avril 2003(jour de la Terre), le vainqueur est pollucrat.Le mot lauréat, moins vemaculaire que les perdants Biolooser, trel-Hugger, ecoperp, envirobuster oudenialphile, voit son sens parfaitement éclairé par l'exemple fourni par Kendra Howe, rédac.-chef :l'administration Bush, qui a ouvert les réserves de faune arctique de l'Alaska aux forages pétroliers.Grist : www.gristmagazine.comNDLR : et en français ?

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FRANCERéseau de pharmaciesDe mesures faites à la sortie des stationsd'épuration par le CEMAGREF (laboratoire deLyon) en France, Grèce, Italie et Suisse, auprintemps 2001, il ressort que l'eau y contient desdoses non négligeables de médicaments. Certes,on reste en deçà des doses qui ont un effetmesurable sur les daphnies, les rotifères et lepoisson zèbre.Mais nos anti-épileptiques, anti-inflammatoires etautre anti-cholestérol rejoignent, dans les eaux desurface et souterraines, les médicaments vété-rinaires et les résidus de pesticides - pour resterdans le cadre agricole.Or, on sait fort peu de choses sur les effetsadditionnels et les effets croisés de toutes cesmolécules sur l'homme et les êtres vivants quicohabitent avec lui, des effets environnementauxqui, pour l'heure, ne sont pas pris en compte dansl'autorisation de mise sur le marché (AMM) desmédicaments.D'après une dépêche AFP, lue sur lefigaro.fr, le 22 mai 2003.

INDONÉSIEUne taxe, ça va...Le commerce du café rapporte annuellement 70 milliards de dollars (autant d'euros) aux États-Unis,premier buveur du monde. Pour les pays producteurs, ceci représente une recette de seulement5,5 milliards. Le cours du café, mal maîtrisé, est au plus bas - en dépit de la demande élevée - et lesplanteurs, pour survivre, doivent étendre les surfaces cultivées. Ainsi, à Sumatra, entre 1996 et 2001,on a cultivé près de 30% en plus de surfaces en café et, dans le même temps et conséquemment, leBukit Barisan Selatan National Park a vu sa forêt se réduire d'autant. Premières victimes : les Tigresde Sumatra, Panthera tigris sumatrae, et les rhinocéros, Dicerorhinus sumatrenis, qui ont besoin debeaucoup d'espace et qui disparaîtront bien avant les derniers lambeaux de forêt.D'après Tom Clark, « Coffe trade threatens rare species », nature scienceupdate, lu le 25 avril 2003 à www.nature.com

ROYAUME-UNIPas l'âge de la retraiteCinquante-deux ans, 8 millions de kilomètres au moins, effectués au vol entre l'Afrique du Sud, sonlieu d'hivernage, et les îles britanniques, c'est ce qu'affiche un Puffin des Anglais, Puffinus puffinus(Oiseau, Procellariidé).Capturé sur une petite île au large de la côte nord du Pays de Galles, l'oiseau portait une bague qui luiavait été posée en mai 1957, alors qu'il avait 6 ans.D'après « Vénérable bird notches five million air miles », NewScientist.com, lu le 25 avril 2003 à www.newscientist.com

NDLR : le mot puffin viendrait de poussin ; l'Anglais se régalait, en effet, autrefoisdes jeunes de cette espèce. Pour les Bretons, l'oiseau prend en charge les âmes desmarins disparus.

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ECOSSELe poisson ne meurt pas...... Il devient «pas frais ». Au-delà de l'idéereçue des pêcheurs, des mareyeurs et de toutun chacun, qu'en est-il ?Pour savoir si les truites sont capables desouffrances, Lynne Sneddon, de l'InstitutRoslin, leur a - sous anesthésie - inséré desélectrodes dans le cerveau puis appliquédivers traitements « douloureux » : coups,brûlures à la chaleur ou à l'acide. Pours'apercevoir qu'une vingtaine de neuronesréagissait à ce genre de stimulus et, faittroublant, selon des schémas analogues à cequ'on observe chez un humain soumis à lamême expérience.Mais encore faut-il observer des réponsescomportementales. Pour cela, on injecte dansla lèvre du poisson cobaye du venin ou del'acide acétique et on l'observe : il jeûne,« respire » (bat des ouies) vite, se balanced'un côté sur l'autre... et, pour lesichtyophiles, ce ne sont pas de simples réflexes, c'est bien de la douleur.Mais pour les experts en ichtyoneurobiologie, le poisson a un cerveau trop simple pour avoirconscience de ce qui lui arrive.D'après James Randerson, « Fish capable of experiencing pain », Newscientist.com, lu le 30 avril 2003 à www.newscientist.com

ROYAUME-UNIBien-être animal (suite...)Tinker, qui a hérité d'une maison de 350 000 £ à Londres et d'une provision pour ses frais d'entretiende 100 000 £, gérée par un couple de voisins de la défunte, partage sa vaste demeure avec Lucy etStardust - ce qui fait deux chats et une chatte.D'après une dépêche AFP du 6 mai 2003, lue sur Le Monde.fr à www.lemonde.fr

GRECEGros prédateur sauvage !Dans sa ferme, à Amilio Metsovo (Grèce),Evthalia Otsion (85 ans) a été tuée par un oursaffamé et « atteint de stress provoqué par larecherche de nourriture », selon Taktouros, ONGqui œuvre à la protection de l'Ours brun.Le Monde.fr, le 19 mai 2003.

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Courrier de l'environnement de IÏNRA n°49, juin 2003 149

ANTARTIQUEPupe témoin

Ce ne fut pas toujours un continent glacé, sans vie ailleurs que sur les côtes et en quelques endroitspeuplés, occasionnellement, de Diptères Nématocères (comme des moustiques). C'est une surprise. Àquelques centaines de kilomètres du pôle sud, il y eut jadis - il y a des millions d'années - desmouches. Et pas des moindres, des Diptères cyclorrhaphes - dits supérieurs. Ceux dont la larve sanstête ni pattes, à l'instar de notre Mouche domestique, est un asticot et dont la nymphe est une pupe.C'est un petit fossile, de 5 à 7,5 mm de long, qu'Allan Ashworth, géologue, a trouvé en étudiant uneroche ramassée sur le glacier Beardmore. En fait, c'est Christian Thomson, entomologiste entraîné àl'examen des denrées pour la détection d'infestation par les insectes, qui a reconnu, dans les petitesstructures rondes, les stigmates de la pupe.Dans le même lieu, on a trouvé des Coléoptères, des gastéropodes, des poissons et des algues. Unedécouverte qui indique clairement qu'il y a 3 à 17 millions d'années, il a régné là un climat tempéré,suite à un réchauffement « global » parfaitement naturel.L'origine de cette faune reste à déterminer : des envahisseurs profitant du climat clément ou desautochtones, issus de faune du Gondwana, continent qui a formé, outre l'Antartique, l'Inde,l'Amérique du Sud et l'Afrique ?D'après Marsha Walton « The buzz on ancient flies in Antartica », CNN.com, lu le 12 mai 2003 à www.cnn.com

ALLEMAGNETravailleuses clandestinesL'importation en douce (en fraude)d'ouvrières d'Apis mellifera (l'Abeille do-mestique, Hym. Apidé) fait courird'énormes risques à l'agriculture et à la pol-linisation de nombreuses plantes cultivées.Sans doute a-t-on eu jusque là beaucoup dechance, les agents pathogènes, véhiculésavec les essaims, s'étant révélé peu agressifsune fois arrivés chez nous.Dernière alerte proclamée : l'infestation denombreux ruchers hessans par le virus duCachemire, originaire d'Australie et deNouvelle Zélande, présent en Amérique duNord (où il cause des dégâts importants)ainsi qu'en Espagne et, sans doute, enFrance, mais sans impact notable. Ce virus,dont la dissémination serait activementfavorisée par l'acarien Varroa jakobsoni- autre fléau -, pourrait, en synergie avec luiet d'autres agents, aggraver la situation del'abeille, déjà mal en point.D'après « Gefahr durch neues Virus », Spiegel online, lu le24 mai 2003 à www.spiegel.de

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PLANETE(S)Où va le SRAS ?Pas plus loin, peut-on espérer. D'où vient-il ? La Chinene serait qu'une porte d'entrée dans notre monde ?D'après Yuen Kwok-yung, de l'Université de HongKong, le virus proviendrait de la « civette ». Ondésigne par ce terme une trentaine de petitsmammifères carnassiers de la famille des Vivérridés (5doigts à la patte postérieure, 2 molaires supérieures),munis d'une glande au-dessus de l'anus qui produitune écume odorante de marquage, utilisée enparfumerie (et qui a donné son nom à l'animal : chat àécume, en arabe qatt az zabad). Le Chinois mangevolontiers les civettes - et c'est ainsi que le SRASserait passé à Homo sapiens, de Laguma lavata,notamment, sur un marché du Guangdong.Mais, pour Chandra Wickramasinghe, de l'universitéde Cardiff (Royaume-Uni), ainsi qu'il l'a expliqué dans une lettre au Lancet, le virus vient d'ailleurs :c'est un coronavirus tellement particulier qu'il ne peut venir que d'une autre planète.D'après le Nouvel Observateur, lu le 23 mai 2003 à permanent.scienceetavenir.com, « Sars'from the stars' », lu sur BBC News, le même jourà newsvote.bbc.co.uk et Olivier Namy, « L'origine du virus du SRAS probablement identifiée », Futura Sciences, lu le 26 mai à www.futura-sciences.com

PS : sur les marchés cambodgiens, le cours du haricot vert (Phaseolus vulgarisj a décuplé, le 7 mai2003. En effet, transmise par tous les téléphones du pays, la rumeur s'était répandue que, pouréchapper au SRAS, il fallait consommer, avant minuit, des haricots verts bouillis mélangés à du sucrede palme (dépêche AFP du 8 mai 2003).

FRANCEMondialisationLe 28 mai 2003, était annoncée par l'AFP et aussitôt reprise par les médias - y compris le journal dusoir de la télévision -, la découverte par les agents de la Protection des végétaux, dans le Loiret, d'unravageur dangereux des arbres : le Longicorne asiatique.Ce fut une « découverte » non pas entomologique mais médiatique. En fait, deux espèces,Anaplophora glabripennis et A. chinensis (Longicorne des citrus) sont présentes en France depuisquelques années, secrètement pour le public, dans, respectivement, au moins 1 et 3 endroits. CesColéoptères Cérambycidés ont des allures et des biologies voisines : larves xylophages, vaste gammed'hôtes et... résistance aux conditions du transport.Ces envahisseurs proviennent, directement ou pas, de Chine. Ils poursuivent leur expansion planétaire,au gré du commerce, mal contrôlé, de bois d'emballage ou même d'arbres entiers. Le second semblebien avoir gagné l'Amérique du Nord dans un bonzaï. La lutte, une fois le ravageur installé, est trèsdifficile : les moyens disponibles sont l'éradication d'arbres sensibles (ainsi, par exemple, a-t-on, pourendiguer la diffusion d'A. glabripennis - et d'autres longicornes -, coupé et brûlé 24 millions d'arbres àNingxia, dans le centre nord de la Chine, durant l'hiver 1991 et le printemps 1992) et la plantationd'arbres pièges (certains érables).Avant Gien, New York, alertée par un livreur de madriers, a affronté le Longicorne asiatique (cfÉpingle du 31 décembre 2001, en ligne à www.inra.fr/opie-insectes/epingle01.htm#NY).

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THAILANDEDernier souffleDepuis la brève « N A C » parue p. 140 duCourrier n°47 (octobre 2002), on sait qu'àBangkok, la Blatte souffleuse de Madagascarest à la mode. Ce « nouvel animal decompagnie » est interdit pour des raisons sa-nitaires et un millier de ces cancrelats vont êtreincinérés (vivants, mis dans des sacs plastique)- puis on leur organisera des funérailles, selonle rite bouddhiste.D'après une dépêche Reuters, lue sur Yahoo! Actualités,le 22 mai 2003, à news.yahoo.com

ESPACEAgriculture sans terrePendant 97 jours, du soja (Glycine soja ouSoja hispida, Fabacée) a tourné autour denotre planète, à bord de la Station spatialeinternationale. Ramené au sol par Atlantis enoctobre 2002, les graines et les plants spatiauxse sont révélés similaires au soja terrien. L'expérience était financée par le semencier Pioneer Hi-BredInternational. Résultat ? Les voyageurs vers Mars (ou plus loin) pourront se nourrir de soja sanscrainte.D'après Le Nouvel Observateur, lu le 10 juin 2003 à permanent.sciencesetavenir.com

NDLR : un commandant de bord de vaisseau spatial a-t-il le droit d'interdire l'emport de soja OGM ?

ROYAUME-UNIBacholimentsQuel est le régime alimentaire des bachoteurs ? Lesspécialistes (anglais et redoublants) préconisent le poisson(oui), les légumes verts (c'est bon, de toute façon), lebeurre de cacahuète (quelle horreur !), la « junk food » oumalbouffe (sous prétexte d'apporter une surdose desucres... !), la bière (pas ridicule). Au-delà de cesremarques (laconiques entre parenthèses), la nutritionnisteWendy Doyle (British Dietetic Association) recommandeles sucres lents, avalés sous forme de céréales de petitdéjeuner et de rôties (toasts).D'après Eating to succeed, lu sur BBC News le 27 mai 2003 à newsvote.bbc.co.uk

NDLR : au Maroc, l'étudiant anxieux (crédule etornithoclaste) aurait tendance à faire confiance au cœur deHuppe.

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ETATS-UNISDésinsectisationÀ la galerie Rare, à New York, on peut voir actuellement touteune série de blattes (Dictyoptères) mises en scène par CatherineChalmers, sous le titre Ombre et métaphore.Pour cette artiste, les blattes, ennuyeuses et hideuses, que tout lemonde déteste, sont particulièrement intéressantes à mettre à laplace de gens que d'autres gens lynchent, brûlent, pendent,électrocutent. D'où ces photographies de scènes d'exécutionscapitales, en noir et blanc : pendaison en file et chaise électriqueminiature sous une lumière blafarde.Rendez-vous à Kansas City (Missouri) à l'automne pour dé-couvrir ses nouvelles vidéos. Dans une boîte-chambre, les ca-fards sont sur le dos, gazés (au gaz carbonique). Petit à petit,une antenne frémit, une patte s'étire, puis la troupe s'agite,renaît, se remet sur tarses.D'après Sarah Boxer, "Shadow and Metaphor Evoked by Coakroaches", The New-YorkTimes, 6 mai 2003 (suppl. au Monde).Le portfolio de C. Chalmers est à artscenecal.com/ArtistFiles/ChalmersC/ On y entrevoit des fragments de son exposition « Chaînealimentaire » de 1994-1996 : Chenilles et restes de tomate, Mante et chenille, Mante dévorant une chenille, chenille attaquant une tomate,etc.

NDRL : ils ne sont par artistes, ils scrutent et filment l'agonie des blattes (et des mouches et d'autresinsectes), ils mettent au point des préparations insecticides et les cancrelats n 'en réchappent qu 'enfaible proportion. Ils sont entomologistes.Dessin de Claire Brenot, d'après une photographie de l'artiste.

ÉTATS-UNISJus de raisinÀ l'université du Texas, à Austin, on a produit, en laboratoire, d'un courant électrique qui doittout au glucose contenu dans le grain de raisin. La réaction métabolique - le glucose livre ses électronsà l'oxygène - a lieu grâce à des enzymes fixés sur l'anode et la cathode métalliques piquées dans lefruit ; elle produit, comme déchet, de l'eau.Il n'est pas prévu de centrale ampélo-électrique en zones viticoles mais un tel dispositif pourraitfournir l'énergie nécessaire à des capteurs et à des transmetteurs électroniques embarqués. Sur descriquets, par exemple, ou des blattes.D'après Philip Bail, « Electricity extracted from grape », nature scienceupdate, lu le 12 mai 2003, à www.nature.com

ETATS-UNISPatinage entomologiqueDuane Anderson propose cette mesure de la densité d'une espèce animale : compter combien on enécrase d'un seul pas. Ces jours-ci, c'était 10.Dix individus de la Sauterelle mormone, Anabrus simplex (Orthoptère Tettigoniidé), en pullulation. En2001, déjà, ses dégâts avaient été spectaculaires (cf Épingle «Utah d'urgence» à www.inra.fr/opie-insectes/epingle01.htm#mormon), qualifiés de pires depuis 1940. Ces jours-ci, l'invasion apparaîtencore plus massive et les éleveurs voient, avec désolation, l'herbage destiné aux bovins - un élevage

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décimé par la sécheresse de l'an dernier -passer dans le tube digestif de cessauterelles. À raison de 38 livres de matièreverte par individu.Par ailleurs, les fermiers, comme tous lesautres habitants, patinent sur les routesrecouvertes d'une bonne couche d'insectesmorts plus ou moins écrasés. Les autoritésenvisagent de les sabler.D'après, entre autres, James Nelson . « Mormon CricketsDevour Crops, Tum Roads 'Blood Red'» », Yahoo ! News,lu le 16 juin à story.news.yahoo.com

UNIVERSYa du mou dans la Valise : I'rakleles fonds de tiroirA notre étonnement, le dernier Courrier (lenuméro 48) destiné aux ambassades deFrance ail around the World a été refusé par le service de la Valise diplomatique du ministère desAffaires étrangères. Voici la lettre à laquelle les pôvres destinataires ont échappé. Il n'y avait aucuneraison de les pénaliser et ils ont donc reçu leur Courrier par la Poste. Mais il n'y avait pas de raisonque les as de l'économie en trompe-l'œil ne soient pas, eux, épingles...« Cher Destinataire,A notre grande surprise, l'exemplaire du Courrier de l'environnement n°48 qui vous était destiné n 'apas été plus loin que le bout de la rue de l'Université et nous a été retourné avec la mention que vousn 'avez plus droit au service de la Valise diplomatique. Un usage intensif de cette valise a dû créer despoints de faiblesse...Nous avons donc recherché vos coordonnées et vous faisons parvenir votre Courrier directement, parle service postal général et sous enveloppe affranchie au tarif « étranger » par nos soins. Les quelqueséconomies des uns feront qu 'au total, cet envoi coûtera globalement plus cher au service public. Dansces conditions, l'air du temps bien compris devrait nous imposer rapidement de privatiser un maillonde la chaîne pour organiser, plus efficacement mais dans le cadre d'un marché public, l'évasion descoûts vers la création de valeurs et les stock options.Pour l'instant, la Mission Environnement-Société de l'INRA a décidé d'assumer ce gentil transfert decoût qui se prend sans doute pour une économie. Tant que nous le pourrons, évidemment. Je vousremercie donc de confirmer votre adresse à réception. Soucieux d'épargner au ministère des Affairesétrangères une dépense de plus, nous vous saurions gré de nous le faire savoir par courriel.Nous vous souhaitons bonne lecture de ce numéro qui vous sera parvenu enfin. Et je vous pried'accepter, cher lecteur, l'expression de mes sentiments les meilleurs. »

Signé : Patrick Legrand, directeur de la ME&S

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ETATS-UNISCadeau empoisonnéLe Musée Peabody de l'université Harvard à Cambridge (Massachusetts) exposait des objets indigènesprovenant de la tribu Hupa - du Nord de la Californie - : parures de plumes, costumes, filets... Selonles dispositions du Native American Graves Protection and Reparation Act de 1990, ces objets ont étérestitués à la tribu et installés au Hoopa Tribal Muséum, en Californie.Peter Palmer, chimiste californien, met en garde: porter ces ornements traditionnels lors decérémonies, notamment lors de danses où l'on sue beaucoup, est dangereux. En effet, leurconservation avait été assurée par des sels de mercure et d'autres «pesticides » organiques, toujoursprésents en quantité sinon toxiques, du moins bien décelables.D'après Helen R. Pilcher, « Muséum preservatives taint tubes'relics », nature scienceupdate, lu le 28 février 2003 à www.nature.com

En vrac et en vitesse, glané tout autour du monde

Un touriste italien qui parcourt l'Europe est arrêté à Amsterdam (Pays-Bas) et son compagnoncondamné à mort et exécuté au motif qu'en ces temps de peste aviaire, il est interdit de se déplaceravec des animaux, en l'occurrence un poulet familier (Liberation.fr, le 24 avril 2003). Le maire deKarvina, à l'est de la Tchéquie, veut enjoliver sa ville ; en conséquence, quiconque laissera pousserdes mauvaises herbes dans son jardin écopera de 1 000 d'amende (LeFigaro.fr, 25 avril 2003). Irène,citoyenne de Port-Saint-Louis-du-Rhône (France), le trouve « beau, jo l i et vigoureux » et, pourtant, lepoussin qui éclôt chez elle est lourdement handicapé ; ses camarades de couvée, en effet, nemanqueront pas de se moquer de ses 4 pattes [et dire qu'on - les chercheurs - n'a pas encore trouvé larecette du poulet à 4 cuisses durable] (Le Monde.fr, 24 avril 2003). Le professeur Fumiaki Taguchi, del'université de Kitasato, au Japon, est parti d'un seau de matières fécales de Panda géant pourinventer, en mettant en œuvre les bactéries qu'il y a trouvées, un procédé efficace de productiond'hydrogène. Toujours au Japon, l'Institut national des sciences agrobiologiques, associé à Japanpaper Industries et à l'institut Sanwa Kagaku, annonce la mise au point d'un cultivar de riz renfermantune teneur élevée en GLP1 : la consommation de cette PGM permettrait aux diabétiques de se passerd'injections d'insuline (AFP/La Recherche,l4 mai 2003). En Norvège, les éboueurs, qui ramassent lesdéchets organiques - bien triés - se plaignent d'inflammations des voies respiratoires, causées par desbactéries et des champignons, composants des bioaérosols qu'ils respirent lors de ce travail(Cybersciences.com, 25 mars 2003). À Taïwan, on peut s'offrir le premier animal d'appartementgénétiquement modifié (fluorescent), la « Perle de nuit » - Danio rerio, poisson d'aquarium (Scienceet avenir-le Journal permanent, 30 juin 2003). Les contribuables de Berlin (Allemagne) sont furieuxde la dépense de 430 000 faite par la Ville pour construire 15 tunnels et un mur de 650 m destinés àprévenir l'écrasement des grenouilles par les automobiles (BBC News, 8 mars 2003).

Remerciementsà Pierre Dupraz (INRA Rennes) pour la traduction en malais de Urbi et orbi, à Danielle Barrès, Patrick Legrand, Yves Le Pape, Sophie LePerchec et Martine Tercé pour leur aide à la lecture, à la mise au point et à la correction des textes.

Impression d'après documents fournis : bialec, nancy (France) - Dépôt légal n° 58887 - octobre 2003