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Plan Stratégique de Recherche sur les Forêts méditerranéennes 2010–2020

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Plan Stratégique de Recherchesur les Forêts méditerranéennes2010–2020

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La région méditerranéenne est une des régions du monde considérée par tous comme un ‘’hotspot’’ de la biodiversité mondiale.

Ses écosystèmes boisés contribuent largement à cette extraordinaire richesse biologique aux valeurs multiples et participent à l’at-

trait touristique qu’exerce cette région méditerranéenne sur ses nombreux visiteurs. Dans de nombreuses régions du pourtour de

la Méditerranée, ces écosystèmes forestiers contribuent également à la lutte contre la pauvreté, au développement socio écono-

mique des zones rurales, à la sécurité alimentaire des habitants et à la préservation d’une multitude de services environnementaux

considérés comme des biens publics (biodiversité, qualité des paysages, préservation des ressources en eaux, lutte contre la dégra-

dation des terres…). Malgré leur fragilité apparente, ces espaces boisés ont de longue date été façonnés par les activités humaines

et ils ont largement démontré depuis plusieurs siècles leur forte capacité de résilience aux changements d’origines anthropiques.

Cependant, aujourd’hui, ils vont être confrontés à une menace d’une ampleur sans précédent puisqu’ils vont devoir surmonter, au

cours des quarante prochaines années, un changement climatique d’une amplitude exceptionnelle alors que dans le même temps

la population de la région méditerranéenne va augmenter très significativement d’ici 2050. Dans ce contexte comment assurer,

sur une période bien plus courte que tous les changements survenus au sein de ces écosystèmes par le passé, leur adaptation

aux nouvelles contraintes climatiques pour qu’ils puissent continuer à rendre l’ensemble des biens et services qu’ils fournissent

aujourd’hui aux populations riveraines.

Pour surmonter tous les enjeux à venir d’ici à 2050 il est donc fondamental aujourd’hui que la gestion durable des forêts retrouve

une place prépondérante dans différentes politiques sectorielles (agriculture, eau, énergie, recherche, aménagement du territoire…)

et que les populations locales, principaux acteurs concernés par l’adaptation au changement climatique, puissent être mieux impli-

quées dans la définition et la mise en œuvre des politiques forestières nationales et régionales. Il est également urgent que la Re-

cherche Forestière apporte des réponses pour anticiper ces changements et permettre aux acteurs impliqués dans la gestion de

ces écosystèmes forestiers d’adapter leurs pratiques aux nouvelles contraintes climatiques (augmentation de la température de

plusieurs degrés, diminution significative des précipitations, augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse estivales,

apparition de nouvelles maladies, augmentation du risque d’incendies…).

Dans ce contexte, la coopération régionale conduite de longue date dans le cadre du Comité de la FAO Silva Mediterranea en par-

tenariat avec plusieurs acteurs du secteur forestier (PLAN BLEU, EFIMED, WWF MEDPO, AIFM, UICN, CIHEAM, Programme MAB

UNESCO…) est plus que jamais pertinente et c’est dans cet esprit que la FAO s’est associé aux travaux coordonnés par EFIMED,

Bureau Régional Méditerranéen de l’Institut Forestier Européen (EFI) en 2009 pour réaliser cet Plan de la Recherche pour la Forêt

Méditerranéenne pour la période 2010 – 2020.

Cet outil stratégique de programmation, partie intégrante du processus Européen de La Plateforme Technologique pour le Secteur

Forestier (FTP) et de son Plan Stratégique de Recherche, permettra de mieux mobiliser l’ensemble de la communauté scientifique

sur des objectifs communs.

Il devrait permettre également de convaincre les décideurs politiques nationaux et internationaux, ainsi que l’Union Européenne,

d’accorder les financements nécessaires à la mise en œuvre de cet plan de recherche sur la période 2010-2020. En effet, les ques-

tions posées aujourd’hui à la recherche scientifique pour l’adaptation des écosystèmes forestiers méditerranéens aux changements

climatiques sont des questions qui se poseront demain pour l’ensemble des forêts à la communauté internationale. La région mé-

diterranéenne pourrait donc constituer un laboratoire grandeur nature pour mettre au point, tester et vulgariser les bonnes pra-

tiques pour l’adaptation des écosystèmes forestiers aux évolutions climatiques du XXI ième siècle. Il méritait donc une traduction

en français pour faciliter sa diffusion auprès de l’ensemble des acteurs concernés aussi bien au Sud qu’au Nord de la Méditerranée.

Souhaitons donc que cet Plan de la recherche Forestière Méditerranéenne pour la période 2010 – 2020 trouve tout l’échos néces-

saire auprès des différents partenaires techniques et financiers et puisse ainsi contribuer à travers sa mise en œuvre au succès des

dynamiques de coopération régionales que sont le Plan d’Action pour la Méditerranée dans le cadre du processus de Barcelone et

l’initiative des Chefs d’Etat de la région dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée.

Préface

Moujahed ACHOURIChef du Service Conservation des Forêts

Division de l’évaluation, de la gestion et

de la conservation des forêts

Département des forêts de la FAO

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Les forêts et la foresterie figurent parmi les grands thèmes de le plan politique international depuis le début des années

1990, comme en témoignent la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) à Rio en

1992 et le processus MCPFE des Conférences ministérielles pour la protection des forêts en Europe, lancé à Strasbourg

en 1990. Depuis lors, les conférences internationales et les processus politiques n’ont cessé de souligner la nécessité

de sauvegarder et de conserver les écosystèmes des forêts boréales, tempérées et tropicales. Toutefois, il convient de

reconnaître qu’hormis l’initiative de la FAO d’élaboration d’un programme d’action sur les forêts méditerranéennes (ap-

prouvé lors de la session de Silva Mediterranea en mars 1992 à Faro, au Portugal), on ne s’est guère soucié des forêts

méditerranéennes à l’échelle internationale, si ce n’est pour affronter le problème des incendies à répétition. Aucune

stratégie d’ensemble de recherche internationale n’a été formulée de manière concertée pour relever les défis écono-

miques, écologiques et sociaux de la gestion durable des forêts méditerranéennes.

Si la superficie totale des forêts méditerranéennes (y compris des zones écologiquement analogues, comme celles que

l’on trouve en Californie, au Chili, en Afrique du Sud et en Australie) est beaucoup moins étendue que les types de forêts

susmentionnés, elles ont des caractéristiques spécifiques qui en font un patrimoine naturel mondial unique. En outre,

les changements climatiques et socio-économiques attendus aggraveront vraisemblablement la menace pesant sur les

forêts méditerranéennes, tout en contribuant à l’expansion des conditions méditerranéennes vers de nouvelles zones. Il

est par conséquent temps de sensibiliser davantage les communautés forestières et scientifiques et le grand public aux

défis complexes et aux besoins de recherche afin de garantir la durabilité des forêts méditerranéennes.

Le présent document expose une vision commune sur les enjeux liés aux forêts méditerranéennes, ainsi qu’un Plan

Stratégique de recherche sur les forêts méditerranéennes (MFRA) décrivant les grandes priorités de la recherche dans

la région durant la décennie 2010–2020. Ce document a été coordonné par le Bureau régional méditerranéen de l’Insti-

tut forestier européen (EFIMED) dans le cadre de le Plan stratégique de recherche de la Plateforme technologique euro-

péenne Forêt-Bois-Papier (FTP). Le processus de consultation a associé un grand nombre d’institutions (de recherche et

universités, propriétaires forestiers, ONG, et organisations internationales telles que FAO et CIHEAM) dans 15 pays mé-

diterranéens. Ces institutions sont présentées à l’Annexe 2.

Nous souhaitons adresser nos remerciements à tous ceux qui ont participé à l’élaboration du MFRA. En particulier, nous

saluons les contributions apportées par les membres du Groupe consultatif EFIMED: José G. Borges (Portugal), Felipe

Bravo (Espagne), Davide Pettenella (Italie), Mohamed Sabir (Maroc), Hamed Daly (Tunisie), Zuheir Shater (Syrie), Emin

Baskent (Turquie), Vassiliki Kazana (Grèce); Americo C. Mendes, membre du Conseil scientifique d’EFI; Francisco Moreira

(Portugal), responsable du projet Phoenix (EFI); Giuseppe Scarascia-Mugnozza (Italie), Président du Conseil scientifique

de la FTP; et Andreas Kleinschmit von Lengefeld, Secrétaire de la FTP. Nous remercions également, pour leurs nombreux

commentaires et contributions, les membres du réseau EFIMED représentant diverses réalités et disciplines forestières.

Nous invitons toutes les parties intéressées à contribuer à la mise en œuvre du MFRA.

Barcelone, 14 septembre 2009

Développer la recherche sur les forêts méditerranéennes

Marc Palahí Yves Birot

Directeur d’EFIMED Président du Group de Conseil d’EFIMED

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Table des matières

Résumé analytique

1. Un plan stratégique de recherche sur les forêts méditerranéennes (MFRA) s’impose

2. Enjeux liés à la durabilité des forêts méditerranéennes

3. Priorités stratégiques de recherche

4. Renforcement des compétences et partage des connaissances

5. Mise en œuvre du MFRA

Annexe I. Intégration du MFRA dans le cadre de le Plan stratégique de recherche de la Plateforme technologique Forêt-Bois-Papier (FTP)

Annexe II. Liste provisoire des organisations participant au MFRA

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Les écosystèmes forestiers méditerranéens procurent un large éventail de biens et services, dont toute une série de biens de

valeur, mais souvent non marchands, comme une exceptionnelle richesse en biodiversité, qui sont cruciaux à la fois pour le dé-

veloppement socio-économique des zones rurales et pour le bien-être des populations urbaines de la région. Mais pour garan-

tir la durabilité des forêts méditerranéennes, divers défis apparus dans le contexte du changement global doivent être relevés:

Comment l’évolution du climat et les changements d’utilisation des sols influent-ils sur les écosystèmes forestiers

méditerranéens?

Comment affronter les problèmes de gestion des forêts et des incendies dans un contexte de changement global?

Comment garantir la fourniture de biens et services forestiers par la gouvernance, les politiques et les instruments

économiques?

Comment gérer les forêts et surfaces boisées multifonctionnelles dans des territoires à usages multiples?

Relever ces défis exige la mise en place de pratiques de gestion viable basées sur des connaissances approfondies et élargies,

un enseignement ciblé et un renforcement des compétences afin de combler les fossés de connaissances et d’expertise entre

les pays, les institutions, et la communauté scientifique et la société dans son ensemble.

La recherche forestière dans la région méditerranéenne est victime de sa fragmentation, de ses moyens limités, et, dans certains

cas, de son obsolescence et de son isolement. Par ailleurs, les faibles avantages que les industries forestières tirent des forêts

méditerranéennes – par rapport à d’autres forêts européennes- n’aident guère à mobiliser l’attention et les fonds du secteur

privé. Aussi faut-il trouver de nouveaux moyens de pallier cette situation: des partenariats de recherche, une mise en réseau,

un renforcement des compétences, des programmes d’enseignement supérieur, un transfert des connaissances et de la forma-

tion continue. Dans ce contexte, il convient de renforcer la coopération en matière de recherche avec d’autres régions clima-

tiques méditerranéennes (MCR) et de partager les connaissances afin d’affronter des défis et besoins scientifiques communs.

C’est dans le cadre de la Plateforme technologique européenne “Forêt-Bois-Papier” (FTP) et de son Plan stratégique de Re-

cherche (SRA) que la communauté scientifique forestière méditerranéenne a mis au point son Plan Stratégique de recherche

sur les forêts méditerranéennes (MFRA). Il vise à souligner les principaux enjeux forestiers pan-méditerranéens, ainsi que les

priorités scientifiques, les objectifs de recherche et les résultats escomptés.

Le MFRA a pour vocation la mise en réseau et la coordination de la recherche au niveau méditerranéen, ce qui requiert un effort

concerté de la communauté de recherche et des parties concernées (propriétaires forestiers, ONG, industrie, administration

publique, etc.) afin d’utiliser au mieux les financements internationaux et nationaux disponibles pour la recherche.

Résumé analytique

Figure 1. Le « triangle de la connaissance » sur les forêts en Méditerranée.

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Basé sur une vision commune de ces défis, le MFRA a pour but d’assurer la durabilité des forêts méditerranéennes et des biens

et services qu’elles dispensent, en faisant avancer et en partageant les connaissances sur le fonctionnement des écosystèmes

forestiers, tout en élaborant de nouveaux outils d’aménagement et de gouvernance dans un contexte de changement global.

A cet égard, les sciences forestières devraient adopter et adapter les sciences les plus innovantes (climatologie, économie,

science de la décision, biologie, écologie, technologies de l’information et géomatique, etc.). L’éducation et le partage des

connaissances par le biais du renforcement des compétences constituent des éléments clés du MFRA.

Le MFRA s’articule autour de quatre axes stratégiques de recherche– retenus sur la base de leur importance intrinsèque et de

leur poids pour l’élaboration de politiques– afin de servir de cadre scientifique pour affronter les grands défis futurs.

La mise en œuvre du MFRA permettra de créer un « triangle de la connaissance » (recherche, éducation et innovation) sur les

forêts méditerranéennes ainsi qu’un triangle géographique dont les trois extrémités seront en Europe méditerranéenne, en

Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Les deux concepts joueront un rôle fondamental pour une société méditerranéenne du-

rable basée sur le savoir.

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Les forêts et surfaces boisées en Méditerranée ne couvrent

que 73 millions d’hectares, soit environ 8,5% du territoire.

Elles constituent un des écosystèmes forestiers les plus

vulnérables sur terre en raison de leur fragilité et de leur

instabilité, dues notamment aux conditions climatiques,

à la pression humaine de longue date et aux incendies à

répétition. Par ailleurs, elles

sont exposées à des risques

accrus liés aux changements

radicaux d’affectation des

terres (si le couvert forestier

s’étend en Europe méditerra-

néenne, la déforestation pro-

gresse au rythme d’environ

1,1% par an en Méditerranée méridionale et orientale– à

des taux supérieur à celui des pays tropicaux) et au chan-

gement climatique dans la région (la hausse de la tempé-

rature de la planète de 1850–1899 à 2001–2005 avoisine

les 0,76°C; mais en Espagne, pays méditerranéen, la tem-

pérature a augmenté de quelque 1,5°C entre 1971 et 2000.

Les forêts et les surfaces boisées méditerranéennes abri-

tent quelque 25 000 espèces de plantes vasculaires (dont

50% d’espèces endémiques), ainsi qu’un vaste éventail

d’essences arboricoles et un fort endémisme (290 espèces

forestières indigènes dont 201 endémiques) affichant une

diversité génétique extraordinaire. En comparaison, l’Eu-

rope du Nord et l’Europe centrale– avec une superficie

quatre fois plus étendue– ne renferme que quelque 6 000

essences végétales. Outre le bois, les forêts méditerra-

néennes offrent toute une panoplie de produits forestiers

non ligneux (liège, pignons de pin, plantes aromatiques,

champignons et truffes, noix, etc.) et de services (piégeage

du carbone, protection des sols, loisirs et tourisme, puri-

fication de l’eau, etc.), qui sont cruciaux pour le dévelop-

pement socio-économique des zones rurales et pour le

bien-être des populations urbaines de la Méditerranée.

Dans la partie septentrionale, les transformations socio-

économiques des dernières décennies, déclenchées par

l’urbanisation de notre société et les meilleures conditions

de vie, ont accru la demande de fonctions environnemen-

tales et sociales des forêts méditerranéennes. Toutefois,

la plupart des biens et services tirés de ces fonctions ne

produisent guère de recettes pour leurs propriétaires, car il

s’agit de services aujourd’hui non marchands. En revanche,

la foresterie traditionnelle manque de main d’œuvre (dé-

peuplement rural) et de rentabilité (coûts d’exploitation

élevés)., Cette situation qui a conduit à l’abandon des forêts

qui, à son tour, s’est traduit notamment par des risques

accrus des feux de forêt, des ravageurs et des maladies.

Quant aux terres boisées côtières situées dans les zones

à vocation touristique, elles sont soumises à une pression

grandissante pour leur utilisation à des fins récréatives.

Dans les régions orientale

et méridionale, la vitesse

de l’accroissement démo-

graphique (environ 2% en

moyenne), les faibles reve-

nus par habitant, la densité

rurale marquée et la diver-

sification limitée des activi-

tés font des forêts et des biens qu’elles dispensent (bois

de feu, fourrage, plantes aromatiques et médicinales, etc.),

des ressources de premier ordre pour la subsistance des

communautés locales. En outre, les fonctions de protec-

tion des forêts (ex. lutte contre la désertification, protec-

tion des sols et régulation des ressources en eau) sont

cruciales pour le développement durable de ces sociétés.

Les principales menaces auxquelles sont exposées les fo-

rêts dans les sous-régions orientale et méridionale sont la

surexploitation des forêts pour le combustible ligneux, le

défrichement pour l’agriculture et le surpâturage.

Les forêts méditerranéennes requièrent une attention

particulière pour différentes raisons:

(i) Elles jouent un rôle fondamental dans le bien-être

des sociétés méditerranéennes rurales et urbaines,

en dispensant des biens marchands très demandés

(ex. bois de feu, liège, pignons de pin et champignons)

ainsi que des services à forte valeur ajoutée mais non

marchands (ex. qualité des paysages, protection des

sols, régulation de l’eau et possibilités récréatives).

(ii) Elles constituent un patrimoine naturel mondial unique

en termes de diversité biologique; ce qui n’empêche

pas ce patrimoine d’être en péril.

(iii) Leur conservation et leur gestion affectent la dis-

ponibilité de ressources en sol et en eau – qui sont

stratégiques pour les sociétés méditerranéennes.

(iv) Leur avenir est gravement compromis par l’évolu-

tion du climat et les changements d’occupation des

sols, qui viennent s’ajouter à des problèmes de lon-

gue date tels que les feux de forêt, la surexploitation

des forêts et l’avancée de la désertification dans la

région.

1. Un Plan Stratégique de recherche sur les forêts méditerranéennes s’impose

Affronter par la recherche les nombreux problèmes des forêts

méditerranéennes requiert des efforts concertés, conjoints et renforcés sous

l’égide d’un instrument européen: la FTP

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Afin d’éviter la dégradation irréversible des forêts médi-

terranéennes, il est urgent d’affronter tous ces problèmes

en déployant des efforts concertés sur le pourtour médi-

terranéen, vu l’interdépendance des pays concernés. Cela

implique de partager une vision commune sur l’avenir des

forêts devant l’évolution rapide du contexte social, envi-

ronnemental et économique. Dans le cadre de la Conven-

tion de Barcelone, du Plan d’action pour la Méditerranée

du Programme des Nations Unies pour l’environnement

(PNUE) et du mécanisme politique de haut niveau lancé

par le processus de Barcelone en 1995 qui s’est cristal-

lisé en Union pour la Méditerranée en 2008, la mise en

place de cette vision commune sous l’égide de la FTP est

un pas en avant capital.

On s’accorde en outre à reconnaître que les progrès de

la science devraient former l’ossature d’une société ba-

sée sur le savoir mieux structurée, car elle ils constituent

le préalable à la création des bases de l’innovation et à

l’expertise scientifique, pour élaborer des politiques plus

efficaces destinées à atteindre les objectifs de la vision

commune. Cela comporte des efforts de recherche com-

muns visant à formuler un Plan stratégique recherche sur

les forêts méditerranéennes (MFRA) qui repose sur des

priorités convenues d’un commun accord et valables pour

l’ensemble des pays du pourtour méditerranéen. Le MFRA

a été conçu pour s’inscrire dans le cadre de le Plan stra-

tégique de recherche (SRA) mis au point par la FTP (voir

Annexe 1) et a été approuvé par son Comité de pilotage.

Pour une mise en œuvre du MFRA à l’échelle pan-médi-

terranéenne, les capacités de recherche doivent être d’un

niveau suffisant (masse critique) dans les pays partenaires.

Parallèlement, il est important de promouvoir les activités

de renforcement des compétences et de mise en réseau

de la recherche pour remédier à la fragmentation tradi-

tionnelle de la communauté de recherche sur les forêts

méditerranéennes ainsi qu’aux faiblesses dans certains

domaines scientifiques.

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La vision sur l’avenir des forêts méditerranéennes repose

sur quatre principaux éléments:

Les changements de climat et d’occupation des sols

auront des répercussions telles sur les écosystèmes

forestiers (ex. par la dégradation et la déforestation

accrue et les feux de forêt) et les fonctions qu’elles

remplissent (régulation de l’eau, protection du sol,

etc.), qu’ils pourraient être gravement menacées.

Les changements climatiques attendus se traduiront

également par l’expansion des conditions méditer-

ranéennes à de nouvelles zones.

Vivre avec des feux de foret fréquents requiert un

changement de cap stratégique, en passant d’une

politique prédominante de lutte anti-incendie à court

terme vers des politiques à plus longue échéance vi-

sant à agir sur les causes structurelles des feux et

à intégrer les stratégies de lutte anti-incendie et de

gestion des forêts.

Les forêts méditerranéennes peuvent offrir à l’homme

une vaste panoplie de biens et services, sous réserve

de l’élaboration et de la mise en œuvre de nouveaux

instruments économiques, de politiques et de gou-

vernance, s’inscrivant dans le cadre plus large des

politiques de développement rural.

La sylviculture et la gestion multifonctionnelle des

forêts et des surfaces boisées méditerranéennes

dans des territoires à usages et échelles multiples

requièrent la mise au point de nouveaux modèles,

systèmes et processus d’aide à la décision.

2.1. L’évolution du climat et les changements d’occupation des sols vont avoir un fort im-pact sur les forêts méditerranéennes et leur rôle de pourvoyeurs de services liés à des ressources clés telles que les sols et l’eau

La région méditerranéenne est particulièrement sensible

aux changements climatiques car elle représente une

zone de transition entre les régions arides et humides

de la planète, ce qui en fait un modèle intéressant per-

mettant d’étudier les effets du changement climatique

sur les écosystèmes terrestres.

2. Une vision commune sur l’avenir des forêts Méditerranéennes:

défis liés à leur durabilité

Le changement climatique en région méditerranéenne

se manifeste sous la forme de hausse des températures,

de modification des régimes de précipitation et d’une

fréquence accrue des phénomènes extrêmes tels que

sécheresses, vagues de chaleur et tempêtes qui, à leur

tour, exacerbent la fréquence et l’intensité des foyers de

maladies et des feux de forêt. Ces changements (Figures

2 et 3) ont un impact significatif sur la dynamique et la

santé des forêts. Le niveau de ces impacts et la capacité

d’adaptation des écosystèmes forestiers se répercuteront

sur la fourniture des biens et services offerts.

Mais les changements intervenant dans la région ne sont

pas seulement d’ordre climatique. Une série de transfor-

mations socio-économiques complexes et brutales sont

en cours dans la région méditerranéenne. Dans la partie

septentrionale, la déprise rurale s’est traduite par un ac-

croissement des grandes étendues forestières continues

et non gérées (avec un risque accru de feux de forêt et

des impacts importants sur l’eau disponible), tandis que

les nouvelles infrastructures urbaines et touristiques,

en particulier dans les zones côtières, ont exacerbé les

risques (fragmentation, perte de biodiversité, etc.) liés à

une vaste interface forêt –habitat urbain. Dans les zones

méridionale et orientale, la dégradation et la conversion

de nombreuses forêts en pâturages et terres agricoles

pour la fourniture de ressources de base comme la nour-

riture, par exemple, ont abouti à la dégradation des terres

et à une avancée de la désertification qui influent sur les

ressources en sols et en eau.

En présence d’une situation d’accroissement démogra-

phique dans les pays méditerranéens, qui aura des effets

importants sur la demande de ressources hydriques et

de disponibilités de terres pour l’agriculture, les impacts

du changement global sur les écosystèmes forestiers

Les changements intervenant dans le climat et les sociétés

soulèvent de nouvelles questions et inqiétudes

concernant l’avenir des forêts méditerranéennes et des

zones adjacentes

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devraient être également analysés par rapport aux res-

sources en eau et en sols.

Enfin, il est important de noter que les changements

du climat et de l’occupation des sols n’affecteront pas

seulement les arbres– mais l’ensemble des populations

végétales et animales qui prennent part aux processus

écosystémiques. Le rythme actuel de changement envi-

ronnemental touchant les forêts méditerranéennes met

en péril la biodiversité. On observe en effet des modifi-

cations radicales de la composition des communautés

et l’extinction de populations locales. Il est fondamen-

tal de déterminer si les mécanismes naturels impliqués

dans les processus évolutifs seront en mesure de jouer

face à l’intensité et à la rapidité des changements envi-

ronnementaux.

Principaux défis:

Mieux comprendre les impacts des changements de

climat et d’occupation des sols sur les processus des

écosystèmes forestiers– depuis la feuille jusqu’au pay-

sage– y compris la biodiversité forestière.

Mieux comprendre le rôle des forêts dans le rende-

ment et la qualité des ressources en eau, et dans la

prévention de l’érosion des sols.

Mieux comprendre la réponse adaptative des espèces

et leur capacité de migration face aux changements

environnementaux et aux diverses stratégies de ges-

tion forestière.

Mieux comprendre la manière dont le changement

climatique se répercutera sur l’exposition des forêts

aux ravageurs et maladies existants et émergents.

Encadré 1. Tendances effectives et prédites du changement climatique en région méditerranéenne

Les scénarios mondiaux de changement de température varient d’une région à l’autre mais montrent une ten-

dance marquée vers le réchauffement. L’augmentation des températures de la planète de 1850-1899 à 2001-

2005 a été de 0,76ºC, tandis qu’on a observé un accroissement de 1,53°C dans certains pays méditerranéens

de 1971 à 2000, soit une valeur bien plus élevée que les 1,2ºC prévus par les modèles climatiques. En outre, les

simulations de scénarios climatiques futurs conviennent généralement du fait que la hausse des niveaux d’émis-

sion pourrait se traduire, en région méditerranéenne, par une augmentation des températures plus élevée que

la valeur moyenne mondiale, une réduction des précipitations (jusqu’à 20 pour cent) et un accroissement de la

variabilité interannuelle des températures et des précipitations (inondations, sécheresses et vagues de chaleur).

Figure 2. Simulation des modifications de température et de précipitations en Europe pour le scénario A1B.

Rangée du haut: moyenne annuelle de 21 modèles de changement de température d’hiver (DJF), d’été (JJA)

entre 1980 et 1999 et 2080 et 2099. Rangée du bas: idem, à l’exception d’une modification minime des préci-

pitations. Source: IPCC 4AR 2007. Source: 4ème rapport d’évaluation du GIEC (2007).

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2.2. Vivre avec le risque accru de feux de forêt; agir sur les causes structurelles et intégrer la lutte anti-incendie et la gestion des forêts

Les écosystèmes forestiers méditerranéens ont été fa-

çonnés au fil des millénaires par de multiples facteurs

environnementaux naturels, y compris le feu. Toutefois,

depuis que l’Homme a commencé à interagir avec son en-

vironnement, les causes des feux de forêt sont progressi-

vement devenues anthropiques, représentant 90–95% des

incendies aujourd’hui. Un des problèmes les plus graves

dans certaines zones est la fréquence accrue des incen-

dies de forêt qui compromettent la résilience naturelle

des écosystèmes forestiers méditerranéens, conduisant

à leur inévitable dégradation.

Encadré 2. Répercussions du changement climatique sur les bilans hydriques la phénologie des plantes et la croissance des arbres

Si les modèles de simulation comme GOTILWA+ prévoient une baisse considérable de la teneur en eau des sols

dans les régions méditerranéennes, selon de récentes études, la saison de végétation s’allongera de 50 jours

d’ici à 2080. Cette situation conduira à une demande accrue d’eau ainsi qu’à une diminution des ressources

hydriques disponibles pour les écosystèmes forestiers.

Figure 3. Humidité dans les sols forestiers d’Europe simulée

par le modèle de croissance Gotilwa+ à base fonctionnelle.

Les simulations utilisent un pixel de 10’x10’ associé aux prévi-

sions climatiques du modèle HadCM3 dans un scénario so-

cioéconomique A2 (GIEC, 2003). Source: Gracia et al., 2002

Figure 4. Simulation de la longueur de la sai-

son de végétation (en jours). Source: C. Gra-

cia et al., 2002

En outre, la hausse des températures amènera une croissance exponentielle du taux de respiraton des tissus

vivants des arbres, tandis que la réponse photosynthétique à la température ne devrait pas augmenter, ce qui

pourrait conduire à un appauvrissement des réserves d’hydrates de carbone mobiles utilisés par les arbres mé-

diterranéens pour surmonter les périodes estivales sèches. L’essentiel des épisodes de dépérissement obser-

vés dans les forêts méditerranéennes ces dernières années sont liés à l’épuisement des réserves d’hydrates de

carbone qui peut survenir sur des périodes de trois à quatre années sèches consécutives. La plupart des infes-

tations de ravageurs sont la conséquence de cet affaiblissement des arbres et non l’origine du dépérissement,.

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Encadré 3. Modéliser le risque de feux de forêt

Par risque, on entend la perte attendue provoquée par un aléa particulier pour une zone et une période don-

nées. La perte attendue peut être calculée comme le produit du dommage par sa probabilité. Par conséquent,

pour incorporer le risque de feu dans l’aménagement forestier, des modèles d’évaluation de la probabilité

d’incendie et des dégâts attendus sont nécessaires. Les peuplements étant considérés comme les unités de

base indivisibles de la gestion forestière, il est logique de mettre au point des modèles à l’échelle des peuple-

ments comme première démarche. Ces modèles doivent être fondés sur des variables de peuplement, que

l’on connait avec une précision suffisante. Si un modèle doit servir à l’aménagement forestier, il doit aussi

prendre en compte les variables gérées par le responsable. Ainsi, celui-ci aura la possibilité de réduire au mi-

nimum les pertes attendues dues au feu comme objectif de gestion dans les calculs de planification numé-

rique. Ce type de modèles a été mis au point dans plusieurs pays méditerranéens. En Catalogne (Nord-Est

de l’Espagne), par exemple, les données de l’inventaire forestier national et les périmètres de feux survenus

ont servi à modéliser la probabilité d’occurrence et de dommages créés par les feux par rapport aux carac-

téristiques des peuplements (ex. : composition des essences, taille des arbres, structure du peuplement) et

aux variables topo-géographiques telles que l’altitude et la pente.

Figure 5. Risque de feu en fonction de la structure et de la composition des peuplements (altitude 700 m et pente

12%) selon les modèles de Gonzalez et al., 2007. Les images à gauche représentent différents peuplements fo-

restiers et leur probabilité d’occurrence d’incendie (Pfire) et les dégâts en proportion des arbres morts (Pdead).

A droite, ces mêmes peuplements sont représentés par leur répartition diamétrique (N, nombre d’arbres par ca-

tégorie de diamètre) et la probabilité de survie des arbres représentés dans chaque catégorie de diamètre (Psur).

13

Aujourd’hui, les causes des feux de forêt sont relativement

bien comprises et documentées. Citons les plus importantes:

(i) l’exode rural sur la bordure septentrionale du Bassin

méditerranéen s’est traduit par des zones de végétation

continue très vastes et très exposées à des incendies

majeurs;

(ii) le développement de l’interface habitat- forêt, dû à une

urbanisation anarchique, a provoqué une augmentation

significative du risque de feu;

(iii) le comportement du public traduit, encore aujourd’hui,

un manque de sensibilisation au risque d’incendies;et

(iv) les effets du changement climatique (hausses de tem-

pérature, diminution des précipitations et aggravation

des phénomènes extrêmes) ont accru l’intensité et l’ex-

tension spatiale du problème des feux de for êt.

En dépit des énormes moyens déployés pour la lutte contre

l’incendie, les terres boisées, parcours, maquis et garrigues

dans les zones rurales ou les interfaces urbains-ruraux conti-

nuent à brûler à hauteur de 600 000 ha/an en moyenne, se

traduisant par des impacts environnementaux, sociaux et

économiques de grande envergure estimés à 1 milliard d’eu-

ros /an. Les grands feux de forêt (moins de 3% du nombre

total) représentent 75% des superficies totales incendiées.

Malgré la disponibilité de moyens de lutte plus sophistiqués,

ce chiffre est demeuré stable dans le temps, ce qui s’explique

par la mise en œuvre de politiques d’extinction qui n’ont pas

été accompagnées d’une correcte gestion de la végétation, de

sylviculture et d’aménagement forestier, intégrés à l’échelle

du paysage. Paradoxalement, une protection efficace contre

les incendies sans gestion rationnelle de la végétation porte

à une accumulation de combustible (végétation), et, au bout

du compte, à un risque accru de feux de forêt.

Cette situation requiert de nouvelles politiques de lutte et

de prévention, ainsi que des stratégies efficaces telles que

la planification intégrée d’aménagement forestier et de lutte

contre les feux. Il s’agit de mettre en place des politiques

territoriales qui nous permettent de vivre avec le feu en le

maintenant à un niveau ‘acceptable’. Cette nouvelle approche

appelle résolument à repenser ces stratégies et politiques

au niveau national et européen, en s’attaquant au problème

dans toutes ses dimensions, notamment l’identification claire

d’objectifs de défense civile et de protection des forêts. En-

fin, il s’agit d’abandonner les politiques à court terme d’éra-

dication du feu, reposant essentiellement sur d’énormes in-

vestissements technologiques, au profit de politiques à plus

long terme d’élimination des causes structurelles des feux.

Bien que les feux de forêt aient touché principalement la

bordure septentrionale du Bassin méditerranéen, certains

changements significatifs du climat et de l’utilisation des

terres sont déjà observés et se traduiront vraisemblable-

ment dans l’expansion des zones exposées aux incendies

(ex. Syrie, Liban et Algérie). Les projections du changement

climatique montrent clairement un risque accru de feu dans

la région méditerranéenne actuelle et d’extension des incen-

dies à d’autres zones également. En France, par exemple,

l’étendue de la zone de climat méditerranéen pourrait tripler

d’ici la fin du XXIème siècle, ce qui soulève alors la question

de l’anticipation de ces changements et de l’adaptation de

la gestion forestière à un nouveau contexte climatique et

de régime des feux.

Principaux défis:

Evaluer le risque de feux de forêt dans l’espace et dans

le temps.

Planifier des forêts et paysages plus résistants et rési-

lients au feu.

Elaborer des stratégies et politiques intégrées offrant

des compromis «raisonnables» entre les éléments en-

vironnementaux, sociaux et économiques, et nous per-

mettant de vivre avec le risque d’incendie.

Identifier les réponses futures des forêts à l’évolution

des régimes du feu ainsi que les nouvelles zones expo-

sées aux feux de forêt.

Définir des stratégies et pratiques appropriées de ges-

tion des forêts après l’incendie.

2.3. La gouvernance, les politiques et les ins-truments économiques peuvent garantir la fourniture de biens et services forestiers pré-cieux dans le contexte du développement rural

Les forêts méditerranéennes contribuent de façon signi-

ficative au bien-être des sociétés méditerranéennes en

leur apportant des biens et services très demandés. L’im-

portance relative des biens et services forestiers non mar-

chands (essentiellement biens publics et externalités liées

à la protection et gestion active des ressources forestières)

est particulièrement marquée dans le contexte méditerra-

néen (encadré 3). La nature économique de ces types de

biens et services (caractérisés souvent par des droits de

propriété mal définis et un manque de débouchés) cause

d’importants dysfonctionnements du marché qui empê-

chent les producteurs (les propriétaires forestiers qui sup-

portent les coûts de la gestion forestière) d’internaliser leur

valeur intégrale. En conséquence, certains propriétaires ne

sont pas incités à aménager leurs forêts de façon à garan-

tir la fourniture durable et socialement optimale des biens

et services non marchands. De surcroît, la motivation, les

préférences et les objectifs des propriétaires forestiers ont

Les risques accrus de feux de forêt requièrent

de nouvelles approches et politiques de gestion du feu

14

également évolué au cours des dernières décennies, ce qui

a eu des répercussions sur les bénéfices qu’ils ont tirés des

différents biens et services forestiers.

Accroître la rentabilité et mettre en oeuvre des instruments

économiques innovants pour incorporer les biens et ser-

vices non marchands sont des éléments clés de la gestion

forestière durable

Dans la sous-région septentrionale de la Méditerranée, la

baisse des prix des produits forestiers ligneux, les coûts

d’extraction élevés et les difficultés d’accès à ces ressources

nuisent à la rentabilité de la gestion forestière. Cette situa-

tion, conjointement au fait que les propriétaires forestiers ne

tirent pas de revenus des biens et services non marchands

très demandés, et aux changements sociologiques de la

motivation des propriétaires, porte souvent à l’abandon

de la foresterie. Dans ce contexte, la créa tion de nouveaux

Encadré 4. Les valeurs réelles des forêts méditerranéennes

Les produits forestiers non ligneux (PFNL) comme le liège, le fourrage, les champignons, les fruits, les plantes

médicinales et les plantes aromatiques, et les services non marchands comme la protection des sols, l’amé-

nagement des bassins versants, la qualité de l’eau, le renforcement de la biodiversité et l’atténuation du chan-

gement climatique ou l’amélioration du micro-climat contribuent de façon significative aux économies locales

ou nationales de la région méditerranéenne. Par exemple, pour la zone de la Méditerranée du Sud, on estime

que le pâturage produit au moins trois fois plus de profit par hectare que les produits forestiers ligneux. Un

autre exemple est le liège, qui représente au Portugal 35% des avantages totaux estimés dérivés des forêts.

Même si beaucoup de services forestiers sont non marchands et que leur valeur ne peut être estimée en

fonction du marché, ceux-ci contribuent incontestablement au bien-être des populations bénéficiaires. Selon

Merlo & Croitoru (2005), environ 40% de la valeur économique totale des forêts italiennes est attribuable à la

protection des bassins versants. Les loisirs, le tourisme et la beauté du paysage sont divers services offerts

par les forêts méditerranéennes. Avec la demande croissante d’activités récréatives et touristiques, ces ser-

vices acquièrent une importance croissante. Plusieurs études ont été menées sur l’estimation de la valeur de

la fonction récréative des forêts avec des résultats allant de 2,5 à 11 €/visite.

Les valeurs estimées des différents biens et services forestiers en Méditerranée par Merlo & Croitoru (2005)

faisaient état d’une valeur économique totale moyenne des forêts méditerranéennes d’environ 133 € l’hectare,

soit près de 50 € par an et par habitant, dont seulement 35% environ imputable aux produits forestiers ligneux

(voir Fig. 4). Cette estimation n’est pas à prendre à la lettre, car son ordre de grandeur et sa composition peu-

vent varier considérablement d’un pays à l’autre. Il faut en outre souligner que compte tenu de l’absence de

données cohérentes et fiables, cette valeur pourrait être une sous-estimation de la valeur économique effec-

tive des forêts méditerranéennes. Une étude espagnole sur la valeur des différents avantages non marchands

tirés du boisement de terres agricoles marginales au moyen de méthodes d’évaluation relativement sophisti-

quées a indiqué une valeur annuelle allant de 464 € à 4100 € l’hectare de forêts additionnelles. Il est clair qu’il

faut des méthodes d’évaluation harmonisées et des fonctions de transfert des bénéfices pour évaluer les ser-

vices non marchands de manière cohérente et comparable dans différentes régions et pays.

Figure 6. Composition de la valeur économique

totale des forêts méditerranéennes (source:

Merlo & Croitoru 2005). NWFP:produits non

ligneux;WFP:produits forestiers ligneux; valeur

passive: valeurd’héritage et valeurd’existence.

WFP 35%

Grazing 10%

NWP 9%

Recreation 16%

Hunting 1%

Watershed 11%

Carbon sequ. 5%

Non-use 13%

15

débouchés et produits pour

incorporer les services non

marchands, l’exploitation des

ressources forestières pour

la biomasse comme source

d’énergie renouvelable, ainsi

qu’une meilleure mobilisation

de ces ressources (y compris

les produits non ligneux) peuvent jouer un rôle important

pour accroître la rentabilité de la foresterie.

Dans les sous-régions méridionale et orientale, les condi-

tions socio-économiques difficiles, les régimes de propriété

foncière (essentiellement des forêts publiques avec un ac-

cès pour le pâturage et la collecte de produits forestiers),

la compétition avec d’autres utilisations des terres (agri-

culture, urbanisation, etc.), le manque de sensibilisation

à la valeur des services forestiers non marchands et de

droits de propriété bien définis, et l’absence de marchés et

de mesures de compensation pour les services forestiers

non marchands (protection du sol, protection de la biodi-

versité, piégeage du carbone, etc.) empêchent la gestion

durable des forêts et facilitent leur conversion à d’autres

utilisations des terres.

Dans ce contexte, la typologie traditionnelle de directive et

contrôle des politiques appliquées régionalement ont révélé

leurs multiples failles. En outre, le processus de décentrali-

sation des politiques forestières et la dépendance accrue

des ressources forestières à l’égard d’autres politiques

sectorielles du même ordre (protection de la biodiversité,

ressources renouvelables, essor du tourisme, climat, etc.)

ne favorisent pas le processus de partage des connais-

sances et des expériences positives et négatives acquises.

Principaux défis :

Evaluation monétaire des biens et services offerts

par les forêts méditerranéennes.

Stimuler la fourniture de biens et services forestiers

non marchands importants (dont le financement de

la conservation de la biodiversité et des aires proté-

gées) en introduisant de nouvelles politiques et ins-

truments économiques.

Analyser et améliorer la rentabilité de la foresterie

méditerranéenne, ex. ouverture de nouveaux débou-

chés, produits et utilisations, comme l’extraction de

la biomasse).

Comprendre les motivations et perceptions des pro-

priétaires forestiers et de la société à l’égard des fo-

rêts et de la foresterie.

Nouveaux modes de gouvernance, réformes insti-

tutionnelles et intégration des politiques forestières

dans le cadre de politiques de développement rural

plus vastes.

2.4. Gérer des forêts et surfaces boisées mul-tifonctionnelles dans des territoires à usages multiples: besoin de nouveaux systèmes sylvicoles et d’outils d’aide à la décision

Malgré la multifonctionnalité marquée des forêts méditer-

ranéennes dans la fourniture biens et services de valeur

(voir section précédente), les approches traditionnelles

de sylviculture et de planification forestière dans la ré-

gion méditerranéenne ont été jusqu’à présent basées sur

le bois (et le sont toujours dans les pratiques de gestion,

à l’exception du liège et des systèmes agro-sylvo-pasto-

raux comme les « dehesas » ou « montados »). Citons en

exemple les diverses méthodes de règlement forestier

et les formules de possibilité de coupe mises au point

en Europe centrale au XIXème siècle, ou encore les ap-

proches plus récentes d’économie basée sur les peuple-

ments. Toutefois, dans un contexte méditerranéen, il est

très rare que le bois soit le seul objectif, ou même le plus

important. Aujourd’hui, la gestion de la forêt méditerra-

néenne doit assurer la production de biens économiques

traditionnels (ex. liège, bois d’œuvre, fourrage, combus-

tible ligneux, champignons et pignons de pin) et de ser-

vices à fonction sociale (loisirs, beauté des paysages,

etc.), tout en sauvegardant leurs fonctions de protection

(sols, bassins versants) et leurs fonctions environnemen-

tales (biodiversité, amélioration du climat, séquestration

du carbone) dans un cadre intégré d’aménagement du

territoire. De surcroît, les risques croissants (ex. feux de

forêt, sécheresses, ravageurs et maladies) et les incerti-

tudes régnant sur les décisions concernant la foresterie

méditerranéenne et dues aux changements du climat et

de l’occupation des sols (voir sections précédentes) doi-

vent être expressément pris en ligne de compte dans le

processus décisionnel de gestion forestière.

Enfin, les forêts méditerranéennes font généralement partie

de paysages ruraux hétérogènes et en mosaïque qui doi-

vent être planifiés de manière intégrée, car de nombreux

objectifs de gestion forestière ne peuvent être évalués

au niveau du peuplement ni même à celui de la forêt. Par

exemple, un aménagement écologiquement rationnel, la

prévention des incendies, la gestion des bassins versants

ou l’amélioration des fonctions récréatives requièrent la

prise en compte de zones à plus vaste échelle que celle

de la forêt considérée, ce qui implique une approche in-

tégrée et globale au niveau des paysages.

Propriétaires et gestionnaires forestiers ont ainsi besoin

d’outils d’aide à la décision adaptés et basés sur des don-

nées scientifiques pour la gestion des forêts méditerra-

néennes, afin d’optimiser la production conjointe de mul-

Accroître la rentabilité et mettre en oeuvre des instruments

économiques innovants pour incorporer les biens et services non

marchands sont des éléments clés de la gestion forestière durable

16

Encadré 5. Nouveaux modèles et outils pour la gestion et l’aménagement des forêts

Une étape clé en matière d’aménagement forestier est l’élaboration de différentes options d’aménagement.

Ceci comprend une stratégie de classification des territoires et la simulation et l’évaluation d’itinéraires syl-

vicoles optionnels pour chaque peuplement et chaque territoire forestiers. Ce travail nécessite le dévelop-

pement de modèles avancés capables à la fois de faire une projection de la structure du peuplement, et de

définir les relations fonctionnelles entre la structure et les différents objectifs de gestion (récréation, risque

d’incendie, champignons, pignons, pâturage, séquestration du carbone, production d’eau, etc.) (Cf. Figure 5).

Figure 7b. Contenu en carbone de différents com-

partiments de pin sylvestre (P. sylvestris) soumis à

de longues rotation en Espagne. La part relative du

tronc et des racines s’accroît avec la durée de la ro-

tation. Pour la séquestration du carbone, une part

relative importante du tronc (>60% à 100 ans) a un

impact marqué, parce que les produits-bois obte-

nus grâce aux longues rotations ont un cycle de vie

plus long. Dans le même temps, une part relative

élevée pour les racines (> 20% à 100 ans), suggère

que le rôle des débris ligneux après récolte sera

important. Source : Bravo et al. 2008.

Une autre étape clé est la sélection du plan qui colle le mieux aux objectifs de gestion. Ce travail nécessite de

développer des approches qui peuvent intégrer des objectifs multiples et aider à la recherche du plan le plus

adéquat. Les techniques mathématiques de programmation (par exemple, la programmation linéaire et la pro-

grammation par objectif), aussi bien que les techniques heuristiques (par exemple les algorithmes génétiques

; l’appariement simulé, ou la méthode du « tabu search ») peuvent être utilisées dans ce but. L’utilisation de

l’optimisation heuristique pour l’aménagement forestier connaît un certain engouement, de pair avec l’impor-

tance accrue des objectifs de gestion forestières, tant opérationnels qu’écologiques. Ces objectifs sont décrits

spatialement par une métrique de paysage. L’optimisation effective de critères spatiaux et multiples dans le

cadre de l’aménagement forestier, nécessitera des approches innovantes ; elles peuvent combiner les avan-

tages découlant d’approches directes et de la manipulation heuristique de modèles de simulation.

Figure 7a. Production en forêt de champignon en

fonction de la surface terrière et de l’exposition de

différents peuplements de pi, sylvestre en Cata-

logne Espagne) prédite par un modèle empirique.

Source : Bonet et al. 2008

tiples biens et services (production d’eau, produits non li-

gneux, etc.) à différentes échelles temporelles et spatiales

dans un contexte de risques croissants.

Principaux défis :

Mettre au point des outils de prévision des effets de la

gestion forestière sur les multiples biens et services fo-

restiers, et les ressources connexes: eau et sols.

Mettre au point une sylviculture adaptative axée sur des

objectifs afin de garantir la fourniture de biens et ser-

vices utiles dans un environnement en pleine évolution.

17

Encadré 5. Suite

Figure 8. Optimal forest stand development

(above) for maximising the profitability de-

rived form timber and mushrooms for dif-

ferent mushroom prizes in Catalonia. The

study used a simulation-optimisation sys-

tem based on forest growth models, mus-

hroom production models and non-linear

programming optimisation techniques.

Source: Palahi et al 2009.

Figure 9. Modèles de réalité virtuelle pour deux peuplements forestiers basés sur le système d’aide à la déci-

sion pour la planification des forêts méditerranéennes MONTE.

Enfin, les modèles avancés de simulation et de techniques numériques d’optimisation multiobjectifs doivent

être programmés, intégrés et utilisés dans le cadre de systèmes informatiques d’aide à la décision (Figure 6).

Des exemples de systèmes d’aide à la décision pour la planification forestière (SAD) dans un contexte médi-

terranéen existent au Portugal - le système SADfLOR (Borges et al. 2003; Reynolds et al. 2008) – et en Espagne

–systèmes MONTE (Palahi et al. 2008) et BASIFLOR (Bravo et al. 2008). Ces systèmes ont prouvé que les SAD

ne se limitent pas à leurs capacités de résolution de problèmes complexes, puisqu’ils servent à approfondir

la connaissance, la structure et l’analyse efficace des options et incidences des plans alternatifs d’aménage-

ment des écosystèmes forestiers. Ils peuvent en outre s’avérer très utiles comme instruments de consensus

en présence de décideurs et parties prenantes multiples (ex. propriétaires forestiers).

Concevoir de nouveaux modèles d’aménagement fo-

restier adaptés à la multifonctionnalité des forêts mé-

diterranéennes à une échelle intégrée du peuplement

forestier au paysage.

Elaborer des systèmes conviviaux d’aide à la décision

pour les paysages forestiers afin de comprendre les pré-

férences des principales parties prenantes concernant

les biens et services forestiers, et être en mesure d’op-

timiser la gestion forestière pour garantir la fourniture

de ces biens et services.

18

3.1. L’impact de l’évolution du climat et des changements d’occupation des terres sur le fonctionnement des écosystèmes forestiers méditerranéens: évaluation et suivi des prin-cipaux processus physiques et biologiques, notamment la biodiversité

a) Justification

Les prévisions de changements rapides et intenses du cli-

mat et de l’utilisation des terres devraient avoir des im-

pacts significatifs sur les écosystèmes forestiers méditer-

ranéens et, à leur tour, sur d’autres ressources principales

interdépendantes, comme l’eau et le sol. C’est pourquoi il

est essentiel de comprendre les mécanismes sous-tendant

les réponses physi ologiques et écologiques des essences

forestières méditerranéennes (en termes d’absorption des

éléments nutritifs, de croissance, de biodiversité, etc.) face

au changement climatique. Par ailleurs, il faut perfectionner

les informations scientifiques concernant l’exposition des

forêts aux risques biotiques et abiotiques actuels et futurs.

Ces connaissances sont essentielles pour prévoir les impacts

du changement global dans les forêts méditerranéennes et

jeter les bases d’une gestion forestière adaptative.

Quelques grandes interrogations scientifiques émergent

dans ce contexte:

(i) Quels seront les effets de la hausse des températures

et de la concentration de CO2 dans l’atmosphère - as-

sociée à une baisse des disponibilités d’eau - sur les

plantes et la physiologie de l’écosystème, et sur la dy-

namique des communautés, y compris la biodiversité

du niveau des gènes jusqu’à celui des paysages?

(ii) Comment les liens climat-croissance de la forêt évo-

lueront-ils à l’avenir?

(iii) Quels sont les impacts attendus dans le cycle de l’eau

et les processus pédologiques par suite des change-

ments intervenant dans les écosystèmes forestiers,

le climat et les affectations des terres?

(iv) Quelles modifications de la santé des forêts sont at-

tendues face à cette évolution des conditions?

b) Voies de Recherche

1. Etudes rétrospectives (y compris la dendrochronolo-

gie, la dendrochimie et les études sur le climat) cou-

vrant l’éventail complet des typologies forestières, des

conditions géographiques et climatiques s’appuyant

sur les expériences à long terme: essais de prove-

nance, parcelles permanentes, etc.

2. Suivi des écosystèmes et expérimentation à long terme

(sites ateliers) sur les effets du changement global

dans les processus des forêts naturelles et plantées.

les dispositifs suivants devraient être installés: des

stations de mesure des flux forêts-atmosphère; des

bassins versants instrumentés; le cycle de l’eau et des

nutriments; les différents types (d’extensif à intensif)

des sites comparables de suivi qui couvrent bien les

typologies forestières ainsi que la diversité géogra-

phique et climatique de la région..

3. Expérimentation à l’échelle du paysage sur l’impact

des changements d’utilisation des terres et de la ges-

tion des écosystèmes forestiers sur: les ressources

hydriques, l’érosion du sol, la biodiversité et les cycles

biogéochimi ques à l’échelle du paysage forestier; avec

un accent particulier sur les interactions bi- et tri-tro-

phiques au niveau du réseau trophique (soit les inte-

ractions plantes-ravageurs et plantes-animaux).

4. Grandes Infrastructures de recherche pour les expé-

riences de manipulation des arbres et des écosystèmes

afin de simuler les réponses à l’évolution climatique

(température, précipitations, UV), atmosphérique (CO2

et autres GES), dépôts azotés et des conditions du sol.

5. Systèmes de capteurs mobiles pour étudier les effets

de l’aménagement forestier, des opérations de coupe

et des régimes de feu sur le budget carbone des fo-

rêts et autres écosystèmes boisés.

6. Expériences au niveau de l’écosystème sur les inte-

ractions forêt- atmosphère en mettant l’accent sur

les émissions organiques (COV) et sur les conditions

d’atmos phère polluée (O3 et autres polluants atmos-

phériques) dans les environnements sub urbain vs.

naturel.

7. Suivi, compréhension et modélisation des interac-

tions entre forêts et micro-organismes et insectes:

symbiotes, agents pathogènes, ravageurs, face au

changement climatique.

8. Génomique structurelle et fonctionnelle au niveau de

l’écosystème pour analyser les réponses de l’adapta-

tion des écosystèmes forestiers méditerranéens au

changement global

9. Réseaux d’expériences génétiques à long terme pour

analyser la réponse du matériel végétal (provenances,

familles, génotypes) aux modifications de l’environ-

nement comme fondement de la migration assistée

des espèces..

10. Approches de modélisation à l’échelle des génotypes,

arbres, écosystèmes et paysages face au changement

climatique et aux options de gestion. Vu la rapidité des

3. Priorités stratégiques de recherche

19

changements attendus, il faudrait élaborer et mettre

en œuvre des approches basées sur la modélisation

des aspects démographiques, écologiques et géné-

tiques de l’évolution des communautés.

c) Résultats ou réalisations escomptés

1. Définition de scénarios de réponses des écosystèmes

au changement climatique dans la région méditerra-

néenne.

2. Comprendre les options de gestion pour l’atténuation

et l’adaptation au changement climatique.

3. Sélection de matériel végétal mieux adapté au chan-

gement climatique.

4. Comprendre les options d’utilisation des terres dans

les zones forestières et suburbaines pour l’utilisation

rationnelle des arbres et des forêts en vue de l’adap-

tation et de l’atténuation du changement climatique

et de la protection des ressources en eau et en sols.

5. Production d’informations et de modèles pour : la ges-

tion forestière, la prévention des incendies, et les sys-

tèmes d’aide à la décision pour l’aménagement des

territoires.

d) Caractéristiques de la recherche

Typologie : recherche de base et appliquée, gestion

des connaissances.

Principales compétences requises: sciences biolo-

giques, sylviculturales et autres sciences de gestion

de l’écosystème, écologie, hydrologie, sciences du

sol, sciences atmosphériques, modélisation, sciences

informatiques, technologies de l’informa tion, géogra-

phie, etc.

Nature des projets: projets collaboratifs, grands ou

petits (comprenant des pays tiers).

3.2. Intégration du risque de feux de forêt dans l’aménagement et la gestion des ter-ritoires et des paysages

a) Justification

Malgré tous les efforts consacrés à la prévention et à la

lutte contre les incendies, les feux de grande taille n’ont

guère diminué au cours des dernières décennies. Cette si-

tuation de point mort plaide pour la création et le transfert

d’informations à fondement scientifique pour de meilleures

politiques (affectant l’aménagement des territoires, l’attri-

bution des permis de construire, etc.) et de nouveaux outils

et modèles de planification intégrée des feux et de la forêt,

y compris des techniques de sylviculture préventive et de

gestion de la végétation, telles que le brûlage dirigé. Il faut

approfondir la recherche pour: mieux comprendre et prévoir

les feux de forêt, leur prop agation et les dégâts, sur la base

(i) des conditions météorologiques, (ii) de la structure et de

la composition de la végétation et de ses interactions avec

les infrastructures humaines (interface forêt-habitat) et le

comportement de l’homme. Ces connaissances devraient

constituer la base de nouvelles stratégies de gestion fores-

tières, de nouveaux outils et modèles de gestion appliqués

à la conception de paysages plus résistants et résilients

avec un bon rapport coût-efficacité. Parallèlement, il faut

approfondir les connaissances des aspects sociaux des in-

cendies (causes de départ des feux, motivation et consé-

quences) et mieux comprendre les liens entres attitudes,

valeurs et croyances, et la gestion des feux et du combus-

tible. Enfin, la gestion après incendie et la restauration des

zones incendiées suscitent beaucoup moins d’attention que

le feu en lui-même; toutefois, la recherche scientifique est

encore nécessaire pour résoudre d’importantes questions

comme l’évaluation des dégâts économiques dus au feu,

la gestion des zones brûlées, la gestion des arbres brûlés,

et la gestion des sols pour empêcher l’érosion et le ruis-

sellement des eaux après un incendie.

b) Voies de Recherche

1. Nouvelles technologies et méthodes (notamment l’ima-

gerie satellitaire) pour améliorer l’efficacité de la détec-

tion des feux; perfectionner les systèmes d’alerte ra-

pide; et évaluer l’évolution spa tiale et temporelle des

facteurs associés aux risques (interface forêt-habitat,

caractéristiques du combustible, érosion, perte de bio-

diversité, populations humaines et in frastructures, etc.).

2. Modèles plus perfectionnés pour évaluer le compor-

tement des feux, et validation des modèles existants,

y compris l’utilisation de modèles physiques détermi-

nistes et ciblés sur diverses applications: gestion de

la végétation/combustible, évaluation des risques, ex-

tinction des feux, formation des responsables fores-

tiers et des sapeurs-pompiers, etc.

3. Comprendre la variabilité des caractéristiques des es-

pèces/écosystèmes, leur résilience et les réponses à

la modification du régime de feu face au changement

climatique, y compris les effets des incendies et des

La recherche sur les incendies devrait mettre en oeuvre des

approches socio-bio-physiques et s’efforcer de créer des paysages

plus résistants et résilients au feu

20

régimes de feux sur les écosystèmes vulnérables ou de

grande valeur.

4. Etudier les tendances et processus à l’échelle du pay-

sage liés aux feux de grande envergure ainsi que la ges-

tion des peuplements forestiers par rapport au risque

d’incendie, y compris le brûlage dirigé.

5. Comprendre les variations temporelles et régionales

des forces motrices socio-économiques et comporte-

mentales des mécanismes d’utilisation et de départ des

feux (en mettant l’accent sur l’interface habitat-forêt),

et évaluer l’impact socio-économique du feu sur tous

les biens et services forestiers et les coûts de remise

en état des infrastructures après un incendie.

6. Evaluer l’efficacité et les limites des diverses techniques

de gestion post-incendie, et déterminer les types adap-

tés de forêt/végétation à utiliser dans la conversion des

forêts après l’incendie pour la promotion de forêts pré-

sentant des risques moindres de feu.

7. Etudes prospectives comme fondement des politiques

s’attaquant aux causes structurelles du risque accru d’in-

cendie dans les zones exposées existantes et futures.

c) Résultats ou réalisations escomptés

1. Nouveaux modèles permettant des prévisions et des

évaluations plus précises de la vulnérabilité et des

risques, et, d’une façon générale, des interactions entre

plusieurs facteurs.

2. Outils et options de gestion à différentes échelles (du

peuplement au paysage) afin de réduire au minimum

le risque de feux de foret.

3. Outils et options de gestion post-incendie.

4. Informations sur l’efficacité économique des différentes

mesures de prévention et d’extinction des feux.

5. Référence pour des politiques basées sur la lutte inté-

grée contre les feux.

6. Bases de politiques intégrées et holistiques abordant

la gestion multi-objectifs à l’échelle des paysages et du

territoire.

d) Caractéristiques de la recherche

Typologie: recherche de base et appliquée; gestion des

connaissances.

Principales compétences requises: sciences biologiques

et physiques; sylviculture et autres sciences de gestion

des écosystèmes; écologie; sciences atmosphériques;

modélisation; sciences informatiques; technologies de

l’information; géographie; télédétection; socio-écono-

mie; sciences prospectives, etc.

Nature du projet: Projets collaboratifs petits et grands

(comprenant des pays tiers).

3.3. Aspects politiques, économiques et insti-tutionnels liés à la fourniture durable de biens et services forestiers

a) Justification

Les avantages offerts par les services fournis par les forêts

méditerranéennes sont répartis entre de multiples parties

prenantes du secteur public et privé, raison pour laquelle,

outre la composante non marchande relativement élevée

de la valeur économique totale, pour une meilleure gestion

et conserva tion, il faut:

(i) De meilleures informations sur tous les biens et services

tirés des forêts méditerranéennes, caractérisant leur na-

ture économique, attribuant des valeurs en les insérant

dans le cadre de la valeur économique totale.

(ii) Une conception, mise en œuvre et évaluation de com-

binaisons appropriées d’instruments de politique (ex.

mesures juridi ques, financières, basées sur le marché,

volontaires ou persuasives) à différents échelons (local,

régional, national et international) visant à promouvoir la

fourniture durable et socialement optimale de biens et

services forestiers tant marchands que non marchands,

y compris une meilleure mobilisation des ressources fo-

restières

(iii) Une meilleure compréhension des motiva tions et des

objectifs des propriétaires forestiers.

(iv) La promotion de réformes institutionnelles pour une

mise en œuvre efficace d’instruments de politique dans

le cadre de stratégies et politiques de développement

rural intégrées visant à faciliter une approche régionale

commune entre toutes les parties et secteurs concer-

nés, notamment l’agriculture et le développement rural,

les sociétés urbaines, le tourisme, l’industrie, l’environ-

nement et les transports.

b) Voies de Recherche

1. Application et/ou extension des méthodes d’évaluation

et de transfert des bénéfices pour obtenir des mesures

cohérentes et intégrées de valeurs forestières mar-

chandes et non marchandes;

2. Mise au point de systèmes de comptabilité environne-

mentale pour les ressources forestières aux niveaux

régional et national dans le but d’améliorer l’évaluation

des changements subis par les ressources forestières

pour ce qui est de la valeur des stocks, biens et services

qu’elles offrent.

3. Estimation, à l’aide de cadres économiques communs,

de la rentabilité des ressources forestières et mise au

point de recommandations pour leur amélioration, en

analysant de nouveaux marchés, produits ou utilisations

21

(biomasse pour la bioénergie), et meilleure mobilisation

des ressources existantes.

4. Conception, mise en œuvre et évaluation des in struments

de politique (dont des instruments basés sur le marché)

pour promouvoir la fourniture optimale de biens et ser-

vices marchands et non marchands (ex. l’utilisateur paie

des systèmes pour l’utilisation de services environne-

mentaux par les responsables forestiers ou les autorités

publiques).

5. Elaboration de nouveaux instruments et filières de com-

mercialisation pour la fourniture de biens et services

tirés de la forêt, y compris ceux basés sur l’intégration

horizontale et verticale des agents économiques dans

la filière et prenant en compte les communautés dépen-

dantes des forêts et des secteurs apparentés.

6. Mise au point d’approches participatives pour l’implica-

tion des partenaires, notamment une recherche socio-

logique sur les motivations des propriétaires forestiers

et la cartographie des parties prenantes afin d’identifier

leurs intérêts et interactions et le partage des respon-

sabilités dans les programmes de développement local

et régional basés sur des partenariats public-privé (voir

Approche ‘Leader’ de l’UE dans les politiques de déve-

loppement rural).

7. Elaboration de politiques forestières novatrices dans le

cadre de stratégies de développement rural et territorial

plus vastes.

8. Application de cadres de recherche communs bénéficiant

d’une reconnaissance institutionnelle à grande échelle,

comme le DPSIR (Force motrice- Pression- Etat- Impact-

Réponse) de l’Agence européenne pour l’environnement

servant à décrire les interactions complexes et les liens

de cause à effet entre la société et l’environnement phy-

sique dans les écosystèmes forestiers.

c) Résultats ou réalisations escomptés

1. Toute la gamme des valeurs économiques des biens et

services très des forêts et le coût de la fourniture de ces

biens et services.

2. Harmonisation des méthodes d’évaluation et de transfert

des bénéfices, notamment des données et procédures

de comptabilisation de la dimension non marchande.

2. Instruments innovants basés sur le marché pour les dif-

férents types de biens et services forestiers marchands

et non marchands (ex. systèmes de rémunération des

services environnementaux, enchères).

3. Outils de partage des connaissances et prise de déci-

sions participatives en vue d’une gestion forestière du-

rable et une meilleure fourniture de nouveaux produits

et services tirés des forêts.

4. Politiques forestières intégrées et nouvelles approches

de gouvernance pour insérer la foresterie dans le cadre

de politiques de développement rural plus vastes.

d) Caractéristiques de la recherche

Typologie: recherche appliquée.

Principales compétences requises: économie et poli-

tiques forestières et environnementales; aménagement

du territoire et éco nomie; commercialisation; processus

multipartenaires, etc.

Nature du projet: Grand projet collaboratif (comprenant

des pays tiers) et actions de coordination.

3.4. Forêts et terres boisées dans le cadre de la gestion intégrée des ressources des territoires: modèles et systèmes de décision pour l’optimisation des questions multiob-jectifs et multi-acteurs

a) Justification

La multifonctionnalité marquée des forêts méditerranéennes,

les risques croissants liés au changement climatique, la struc-

ture en mosaïque et les interactions complexes entre les

forêts méditerranéennes et d’autres utilisations des terres

(agriculture, pâturages, zones urbaines, etc.) requièrent un

changement majeur de paradigme de la planification de la

gestion multi fonctionnelle, adaptative et multi échelles (du

peuplement jusqu’au paysage) des forêts méditerranéennes.

Cela nécessite de nouveaux outils d’aménagement forestier

reposant sur des approches scientifiques et de nouvelles

connaissances dans des domaines clés. Il est crucial d’ap-

profondir la recherche sur les modèles de simulation orien-

tés vers l’aménagement (basés sur des modèles de crois-

sance avancés, des modèles de risque, etc.) pour être en

mesure de prévoir les effets de la gestion forestière sur les

différents biens et services tirés des forêts dans le cadre

de différents scénarios climatiques et niveaux de risque,

et ce, afin de fournir des informations sur les options de

gestion adaptative multi-objectifs. Il faut acquérir de nou-

velles connaissances sur les différentes méthodes d’aide

à la décision multicritères et les algorithmes d’optimisa-

La mise au point de nouveaux outils pour une gestion et

une planification forestières multi-objectifs comporte

l’association de sciences de modélisation biophysiques et socio-économiques avec des approches de sciences de la

décision

22

tion multi-objectifs à même de résoudre les problèmes

complexes de sylviculture et de planification de l’aména-

gement à objectifs et échelles spatiales multiples, pour

élaborer des plans d’aménagement multifonctionnels

et multi échelles. De nouveaux systèmes informatiques

conviviaux de décision pour l’aménagement forestier doi-

vent être mis au point pour intégrer les modèles de simu-

lation avancés, méthodes multicritères et les techniques

d’optimisation multi-objectifs, de façon à fournir le sou-

tien nécessaire à la mise en œuvre de nouveaux plans de

gestion. Ces systèmes permettront de mieux comprendre,

structurer et analyser efficacement les options et impacts

d’approches de gestion alternative des écosystèmes fores-

tiers et la fourniture de leurs multiples biens et services.

La traduction de cette capacité scientifique en systèmes

d’aide à la décision requiert un effort multidisciplinaire

faisant intervenir biologistes, écologistes, forestiers,

agronomes, économistes, géographes et hydrologistes.

b) Voies de recherche

1. Nouvelles méthodes d’inventaire et parcelles pour la

modélisation à long terme, pour l’acquisition d’infor-

mations sur les produits non ligneux (champignons,

pignons de pin, plantes aromatiques, etc.). Utilisation

et élaboration de nouveaux modèles de croissance

et production forestiers en mesure d’établir des pré-

visions sur la fourniture de biens et services (cham-

pignons, pommes de pin, fourrage, eau disponible et

beauté des paysages) et de prendre en compte l’évo-

lution du climat.

2. Modèles dynamiques et adaptatifs de sylviculture axés

sur les objectifs et destinés à optimiser la fourniture

de biens et services (y compris des ressources fon-

damentales comme l’eau et le sol) dans le cadre du

changement global.

3. Nouvelles méthodes multicritères, d’analyse de scé-

narios, et de décisions de groupe pour analyser les

préférences des partenaires sur les objectifs de ges-

tion forestière et dégager un con sensus.

4. Nouveaux modèles de planification forestière mul-

tiobjectifs afin de résoudre les problèmes en tenant

compte des facteurs économiques, sociaux et éco-

logiques et des ressources liées (sols et eau) dans le

cadre d’une approche multiéchelles.

5. Techniques avancées d’optimisation en mesure d’in-

tégrer les paradigmes biophysiques et socio-écono-

miques dans des cadres de modélisation dynamique.

6. Nouvelles techniques de présentation telles que la

visualisation pour montrer les conséquences d’op-

tions de stratégies de gestion aux différents acteurs

prenant ainsi en compte le souci de planification par-

ticipative et de durabilité sociale.

7. Nouveaux systèmes d’aide à la décision intégrant

les techniques et modèles décrits ci-dessus (1)-(6) à

l’appui des décisions de foresterie dans un con texte

plus vaste de planification de l’occupation des sols.

L’utilisation de forêts de démonstration pourrait ser-

vir à mettre au point, tester et diffuser les nouveaux

outils.

c) Résultats ou réalisations escomptés

1. Nouveaux modèles de sylviculture et d’aménagement

prenant en compte des objectifs et risques multiples.

2. Outils visant à optimiser la gestion forestière multi-

objectifs et à analyser les interactions entre les dif-

férentes fonctions des forêts et leurs buts divergents

(biodiversité, production de bois, protection des eaux

et des sols, etc.) ainsi qu’entre les différentes utilisa-

tions des terres.

3. Mieux comprendre l’interface entre écologie fores-

tière et systèmes anthropiques.

4. Moyens d’affronter le dilemme de ségrégation/inté-

gration des fonctions forestières dans un contexte

méditerranéen et d’optimiser l’affectation des terres

pour répondre aux demandes de ressources en eau

et en sol.

5. Outils pour une prise de décision participative et de

groupe dans le cadre de l’aménagement forestier et

de l‘aménagement des territoires.

6. Nouvelles connaissances sur les interactions et les

compromis entre les différents types d’affectation

des terres et la mise au point d’approches intégrées

pour la planification forestière et d’utilisation des sols

dans le contexte du développement rural.

7. Identification d’options d’aménagement forestier pour

garantir la production durable des multiples biens et

services dans un environnement en pleine évolution.

d) Caractéristiques de la recherche

Typologie: recherche appliquée, gestion des connais-

sances.

Principales compétences requises: sciences de ges-

tion; modélisation; informatique; technologies de l’in-

formation; économie forestière; écologie; hydrologie;

géographie, etc.

Nature du projet: vaste projet collaboratif (faisant in-

tervenir des pays tiers) et projets de collaboration,

petits et moyens, fortement axés sur des questions

techniques concrètes et précisément définies

23

Les fossés existant entre les pays en termes de capacités

de recherche doivent être comblés au moyen d’une série

d’activités intégrées et étroitement liées: (i) partager les

connaissances scientifiques existantes; (ii) améliorer les

capacités de recherche, le cas échéant; et (iii) intégrer

les scientifiques et institutions de l’est et du sud dans les

projets européens. Ces activités devraient s’adresser à la

fois aux individus et aux institutions, ainsi qu’au personnel

enseignant et aux étudiants grâce à des bourses de mo-

bilité pour les jeunes scientifiques, des universités d’été

et des cours avancés sur des thèmes de recherche émer-

gents et méthodologiques, ainsi que des cours de 2ème

et 3ème cycle co-organisés par différentes Universités.

Durant la dernière décennie, vu l’importance croissante

des problèmes liés aux forêts, de nouveaux diplômes de

foresterie et cours spécialisés ont été mis en place dans

la plupart des pays du sud et de l’est de la Méditerranée.

Toutefois, la masse critique et l’expertise insuffisantes

dans des disciplines cruciales, l’absence de normes sus-

ceptibles de faciliter la communication et l’interdiscipli-

narité, ou de ressources nécessaires pour mettre en ap-

plication des méthodes et outils scientifiques modernes

ont compromis la plupart de ces initiatives. En outre, la

fragmentation traditionnelle de l’enseignement supérieur

forestier dans la région, la recherche insuffisante dans ses

liens à l’éducation et l’innovation, ainsi que les problèmes

communs partagés par les différents pays requièrent une

initiative pan-méditerranéenne qui fédère les meilleures

compétences, ressources humaines et installations pour

la conception concertée d’un programme de maîtrise Mas-

ter international et novateur, prenant en compte le nou-

veau paradigme de gestion des forêts méditerranéennes.

Cette initiative, un Master international sur la gestion des

écosystèmes forestiers méditerranéens, permettrait de

jeter un pont du savoir entre les pays de la Méditerranée

et servirait de point de départ à un puissant triangle de la

connaissance sur la foresterie méditerranéenne. Dans le

cadre de cette initiative, un lien solide avec les marchés

potentiels de l’emploi liés aux forêts devrait être instau-

ré afin de prendre en compte leurs besoins et jeter les

bases d’activités futures innovantes.

L’innovation, avec la recherche et l’éducation, est le troi-

sième pilier du triangle de la connaissance. L’innovation

dans le secteur forestier méditerranéen devrait être axée

sur différents niveaux:

(i) scientifique, en élaborant des outils scientifiques,

inno vants et utiles pour la gestion forestière;

(ii) entrepreneurial, en encourageant les sociétés, in dustries

et propriétaires forestiers à être innovants pour la four-

niture de nouveaux biens et services afin de répondre

à l’évolution des demandes de la société; et

(iii) politique et de gestion, en concevant et en mettant

en œuvre des politiques et de nouveaux mécanismes

de financement en mesure de garantir la fourniture

durable de biens et services pertinents, tout en mi-

nimisant les risques croissants.

La gestion et l’échange des savoirs existants et de nou-

velles connaissances et informations issues de la mise en

œuvre du MFRA exigeront un système bien rodé de com-

munication et de diffusion. Le principal objectif consiste à

faciliter une forte interaction entre les scientifiques et les

parties prenantes. Différents instruments sont prévus: re-

vues électroniques présentant des applications pratiques

ou des savoirs basés sur les résultats de la recherche;

documents de politique scientifique et ateliers; projets

de démonstration; formation continue, etc.

4. Partage des connaissances pour le renforcement des capacités et l’innovation

Le renforcement des compétences requiert une double approche ciblant les individus et les institutions

24

5. Mise en œuvre du MFRA

Le MFRA représente un pas en avant audacieux dans la

mise en réseau et la coordination de la recherche. Il néces-

sitera un effort concerté de la communauté de recherche

et des parties prenantes (propriétaires forestiers, ONG, in-

dustrie, organismes publics, etc.) pour utiliser de manière

efficace et rationnelle les fonds internationaux et nationaux

de recherche. Le MFRA devrait être mis en œuvre (voir Fi-

gure 10) au moyen de projets de recherche communs fai-

sant intervenir des disciplines adjacentes et émergentes,

et d’autres types d’activités liées à la mise en réseau, au

renforcement des compétences, à des programmes d’en-

seignement supérieur, au transfert de connaissances et

à la formation continue. Cela sera décisif pour la mise en

place d’un trian gle de recherche, d’enseignement et d’in-

novation sur les forêts méditerranéennes qui jouera un

rôle crucial dans une société méditerranéenne durable.

La mise en œuvre du MFRA devrait également envisager

d’instaurer des liens avec d’autres régions climatiques

méditerranéennes par le biais d’instruments spécifiques

(ex. FP7) - programmes de recherche communs, événe-

ments et participation à l’expertise scientifique collective.

Le Bureau méditerranéen de l’Institut forestier européen–

EFIMED –et le Secrétari at FTP favoriseront la mise en

œuvre du MFRA à la suite de consultations avec toutes

les parties prenantes concernées et les institutions de

recherche (voir Figure 10). EFIMED, fédérant un réseau

de plus de 40 organisations de recherche forestière mé-

diterranéennes de 18 pays, servira à faciliter la traduc-

tion du MFRA en projets et activités, avec la création de

réseaux de recherche et l’identification d’opportunités

de financement. La session annuelle de l’EFIMED sera

la tribune adaptée pour passer en revue les progrès ac-

complis et prendre les justes décisions sur la mise en

application du MFRA.

Les principaux financements viendront de:

a) sources nationales, pour l’essentiel. Dans ce contexte,

il est important de se servir du MFRA comme argu-

ment pour mobiliser les fonds et les moyens consa-

crés à la recherche sur les forêts méditerranéennes.

b) sources de l’UE (ex. ERA-Net, COST, Programme-cadre

de l’UE, programme MED, programme Tempus, pro-

gramme Life+, Centre commun de recherche, etc.).

c) accords et programmes bilatéraux ou multilatéraux

(FAO, organismes de coopération, etc.)..

Figure 10. Mise en œuvre du MFRA.

Réseau & partenaires EFIMED

Pays (organismes)Propriétaires forestiers

(ARCMED)ONG (AIMF)

FAO, CIHEAM

FTP

EFIMED Efimed AG+ Phoenix

RECHERCHE

INNOVATION EDUCATIONSAVOIRS

programmes& projets de recherche

CommunicationDiffusion

Renforcement des capacités, éducation

Mise en réseauPlaidoyer

25

Bibliographie

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in formation systems series. Springer. Sous presse

26

La Plateforme technologique européenne forêt-bois-papier (FTP)

La recherche et l’innovation jouent un rôle essentiel dans

la promot ion du développement industriel et de la compé-

titivité, ainsi que dans la croissance économique et l’em-

ploi – tant au niveau national qu’européen. La Commission

Européenne et les principaux partenaires du secteur fores-

tier ont reconnu l’importance primordiale du partage de

straté gies communes pour une meilleure utilisation des

ressources humaines et économiques dans le domaine

de la recherche, et d’une collaboration pour l’établisse-

ment des priorités, d’un calendrier et de financements

pour atteindre le but commun de développement éco-

nomique, social et environnemental durable. Le concept

d’une Plateforme Technologique a été lancé par l’Union

européenne afin de promouvoir une approche intégrée

de recherche, fondée sur un partenariat privé-public im-

pliquant l’industrie, les instituts de recherche et les ad-

ministrations publiques. Il vise à définir des programmes

communs de recherche à long terme et à encourager

l’alignement du 7ème Programme-cadre de Recherche

européen (FP7) et des programmes nationaux.

Les Plateformes technologiques européennes– une par

secteur stratégique– sont appelées à définir un Plan stra-

tégique de recherche (SRA) proposant des objectifs pour

la technologie à moyen et long terme pleinement soute-

nus. Chaque alliance définit un plan d’action et offre un

contexte socio-économique propice au soutien de l’in-

novation avec une forte connotation sociale, tout en pré-

servant l’environnement. La Plateforme technologique

forêt-bois-papier (FTP) est une initiative qui relève de

trois Confédérations européennes: la Confédération eu-

ropéenne des industries du bois (CEI-Bois); la Confédéra-

tion européenne des propriétaires forestiers (CEPF); et la

Confédération européenne des industries du papier (CEPI).

Le principal défi à relever pour la FTP consiste à pro-

mouvoir l’essor de la recherche en Europe et la mise au

point de technologies émergentes. Un vaste engagement

des parties prenantes et l’interaction avec d’autres Pla-

teformes technologiques européennes sont indispen-

sables pour accélérer le transfert de connaissances et la

mise au point de technologies intégrées. La production

Annexe I: Intégration du MFRA dans le Plan stratégique de recherche de la Plateforme technologique Forêt-Bois-Papier (FTP)

de biocarburants et/ou matières premières basés sur la

biomasse et sur les sous-produits agroforestiers repré-

sente un exemple important de valeur ajoutée qui naîtra

de la substitution des ressources non renouvelables par

des matériaux basés sur la forêt dans les secteurs de la

chimie verte et de la bioénergie. Le but premier de la FTP

est le développement coordonné des secteurs émergents

tout en évitant une compétition contreproductive (ex. la

disponibilité de matières premières) avec les secteurs

industriels bien établis tels que le papier et le bois; en

outre, il devrait garantir la gestion durable des forêts eu-

ropéennes et notamment de ses aspects commerciaux

et sociaux (ex. tourisme et loisirs)

La FTP est composée d’un groupe de haut niveau, d’un

groupe consultatif, d’un conseil scientifique, de la Direc-

tion du Projet et des Groupes de soutien nationaux, un

pour chacun des 20 pays participant à la Plateforme.

Document VISION FTP-SRA 2030

Le secteur forestier européen joue un rôle clé au ser-

vice d’une société durable.

Il comprend une industrie compétitive qui mobilise

les connaissances et favorise une plus vaste utilisa-

tion des ressources forestières renouvelables.

Il apporte sa contribution à la société dans le contexte

d’une économie européenne basée sur les bio-pro-

duits, soucieuse du consommateur et compétitive

au niveau mondial.

Plan stratégique de la recherche (SRA) de la FTP

Au total, 24 Groupes de soutien nationaux (NSG) ont déjà

été mis en place grâce à la participation d’entreprises et

de chercheurs européens du secteur. D’autres sont en

cours de préparation. Les NSG ont défini les priorités de

recherche du secteur pour les différentes chaînes de va-

leur: foresterie, produits ligneux, pâte & papier, bioéner-

gie, produits inno vants et nouvelles entreprises.

27

Cela a débouché sur un vaste éventail de 700 proposi-

tions de recherche qui ont été condensées dans le Plan

stratégique de recherche du secteur forestier, raison pour

laquelle le SRA est considéré comme le document de ré-

férence pour la Recherche Européenne dans le domaine

de la foresterie et des produits forestiers pour les 30

prochaines années– un document « vivant » qui sera en

mesure de suivre l’évolution future de la recherche et de

l’innovation. Pour la toute première fois, tous les organes

européens de recherche du secteur forestier– COST Fo-

rêts, Produits et Services forestiers (COST-FPS), Eureka

Euroforest, Institut forestier européen (EFI), Innovawood,

EFPRO, Woodwisdom-net (ERA-net) –en coopération avec

les associations professionnelles, entrepre neurs et pro-

priétaires forestiers - s’emploient à définir une vision com-

mune pour l’avenir et des objectifs stratégiques clairs en

étroite conjonction avec le septième Programme-cadre

européen de recherche. L’objectif suprême est d’accroître

la valeur des projets de recherche en fondant les actions

sur un soutien économique adéquat et sur une attention

aux aspects sociaux et professionnels.

Chaînes de valeur du secteur forestier

Objectifs stratégiques Sylviculture Produits déri-

vés du boisCellulose et

papier Bioénergie Spécialités

1. Conception de produits innovants pour les besoins consommateurs en constante évolution

1-6: Commercialisation des valeurs sociales de la forê*

1-1: Une nouvelle génération d’emballages fonctionnels

1-4: Vivre avec le bois 1-5: Construire avec

le bois 1-10: Nouvelle génération

de matériaux composites

1-1: Une nouvelle génération d’emballages fonctionnels

1-2: Le papier, partenaire de la communication, de l’éducation et de l’apprentissage

1-3: Avancées en matière d’hygiène et de santé

1-8: Pâte, énergie et produits chimiques à partir du bio-raffinage du bois

1-10: Nouvelle génération de composites

1-7: Une Europe mobile avec l’aide des biocarburants

1-8: Pâte, énergie et produits chimiques à partir du bio-raffinage du bois

1-8: Pâte, énergie et produits chimiques à partir du bio- raffinage du bois

1-9: Produits chimiques « verts »

1-10: Nouvelle génération de matériaux composites

2. Développement de process de fabrication intelligents et performants intégrant une réduction de consommation d’énergie

2-4: Technologies d’avant-garde pour la transformation primaire du bois

2-5: Nouvelles technologies de fabrication pour les produits bois

2-1: Refonte technologique de la chaine de valeurs basée sur la fibre

2-2: Plus de performance avec moins d’intrants dans l’industrie du papier

2-3: Réduction de la consommation d’énergie dans les papeteries

2-3: Réduction de la consommation d’énergie dans les papeteries

2-6: Technologies pour accroitre la production de chaleur et d’énergie

3. Renforcer la disponibilité et l’utilisation de la biomasse forestière pour de nouveaux produits et la production d’énergie

3-1: Des arbres pour le futur*

3-2: Approvisionnement “sur mesure” en bois

3-2: Approvisionnement “sur mesure” en bois

3-4: Recyclage des produits ligneux- une nouvelle ressource

3-2: Approvisionnement “sur mesure” en bois

3-3: Harmonisation du

recyclage du papier

3-2: Approvisionnement “sur mesure” en bois

3-2: Approvisionnement “sur mesure” en bois

4. Assurer une gestion forestière durable au service des attentes multiples de la société

4-1: Les forêts en réponse à de multiples exigences*

4-2: Avancée des connaissances sur les écosystèmes forestiers*

4-3: Adaptation de la foresterie au changement climatique*

5. Le secteur dans une perspective sociale

5-1: Evaluation des performances globales du secteur 5-2: Instruments pour une bonne gestion du secteur foret-bois-papier*5-3: Avis des citoyens*

* Sous-thèmes pertinents pour la forêt méditerranéenne identifiés par le MFRA

Tableau 1. Structure globale de le Plan stratégique de recherche

28

Secteurs de re-cherche de l’SRA Plan de la recherche sur les forêts méditerranéennes

Objectifs stratégiques

Chaîne de valeur forestière Approches liées à la recherche

1. Conception de pro-duits innovants pour les besoins des consomma-teurs en constante évolution

1-6: Commercialisation des valeurs sociales de la forêt.

- Application et /ou extension des méthodes existantes d’évaluation et transfert des avantages afin d’obtenir des mesures cohérentes et complètes des valeurs forestières marchandes et non marchandes.

- Conception, mise en œuvre et évaluation d’instruments de politique (notamment basés sur le marché) pour promouvoir la fourniture optimale de biens et services marchands et non marchands (ex., l’utilisateur paie des systèmes pour l’utilisation de services environnementaux par les responsables forestiers ou les autorités publiques).

- Mise au point de nouveaux instruments et filières de commercialisation pour la fourniture de biens et services forestiers, y compris ceux basés sur l’intégration horizontale et verticale des agents économiques dans la chaîne de valeur et prenant en compte les communautés dépendantes de la forêt et des secteurs apparentés.

3. Renforcer la dispo-nibilité et l’utilisa-tion de la biomasse forestière pour de nouveaux produits et la production d’énergie

3-1: Arbres pour le futur - Génomique structurelle et fonctionnelle au niveau de l’écosystème pour étudier l’adaptation des écosystèmes forestiers méditerranéens au changement global.

- Réseaux d’expériences à long terme pour analyser les réponses du matériel végétal (provenances, familles, génotypes) à la modification des conditions environnemen-tales comme toile de fond pour la migration assistée.

- Approches de modélisation au niveau des génotypes, des arbres, des écosystèmes et du paysage au changement climatique et aux options de gestion; Etant donné la rapidité des changements attendus, il faut élaborer et mettre en œuvre des ap-proches basées sur la modélisation des aspects démographiques, écologiques et génétiques de l’évolution des communautés.

4. Assurer une ges-tion forestière du-rable au service des attentes mul-tiples de la société

4-1: Les forêts en réponse à de multiples besoins

- Nouvelles méthodes d’inventaire et parcelles de modélisation à long terme pour l’acquisition d’informations sur les produits non ligneux (champignons, pignons de pin, plantes aromatiques, etc.).

- Utilisation et mise au point de nouveaux modèles de croissance et de production pouvant prédire la fourniture de biens et services (champignons, pommes de pin, fourrage, eau disponible, beauté du paysage) et prendre en compte l’évolution des conditions climatiques.

- Modèles de sylviculture dynamique et adaptative axés sur des objectifs afin d’opti-miser la fourniture de biens et services pertinents (y compris des ressources clés comme l’eau et le sol) dans le cadre du changement global.

- Nouvelles méthodes multicritères, d’analyse de scénarios et de décisions de groupe pour analyser les préférences des acteurs sur les objectifs de gestion forestière et dégager un consensus.

- Nouveaux modèles d’aménagement forestier multiobjectifs pour résoudre les pro-blèmes en tenant compte des facteurs économiques, sociaux et écologiques et des ressources connexes (sol et eau) à différents niveaux d’échelle.

- Techniques d’optimisation avancées en mesure d’intégrer les paradigmes biophy-siques et socioéconomiques dans des cadres de modélisation dynamiques.

- Nouvelles techniques de présentation telles que la visualisation pour montrer les conséquences de stratégies de gestion alternative aux différents acteurs, abordant ainsi les questions de planification participative et de durabilité sociale.

- Nouveaux systèmes d’aide à la décision intégrant les techniques et modèles à l’ap-pui des décisions sur les forêts méditerranéennes dans un contexte plus vaste d’aménagement des territoires. L’utilisation de forêts de démonstration pourrait ser-vir à concevoir, tester et diffuser les nouveaux outils.

Tableau 2. Liens entre le MFRA et la structure générale du SRA

29

4-2: Avancée des connaissances sur les écosystèmes forestiers

4-3: Adaptation de la foresterie au changement climatique

- Suivi des écosystèmes et expérimentations à long terme (sites ateliers) sur les effets du changement global dans les processus écosystémiques des forêts naturelles et plantées : des stations de mesure des flux forêts-atmosphère, bassins versants ins-trumentés, le cycle de l’eau et des nutriments; différents types (d’extensif à intensif) de sites de suivi comparables couvrant bien les typologies forestières, ainsi que la diversité géographique et climatique de la région.

- Expérimentations à l’échelle du paysage sur l’impact des changements d’utilisation des terres et de la gestion des écosystèmes forestiers sur: les ressources hydriques, l’érosion du sol, la biodiversité et les cycles biogéochimi ques ; avec un accent parti-culier sur les interactions bi- et tri-trophiques au niveau du réseau trophique (soit les interactions plantes-ravageurs et plantes-animaux).

- Grandes Infrastructures pour les expériences de manipulation des arbres et des éco-systèmes afin de simuler des réponses à l’évolution du climat (température, préci-pitations, UV), de l’atmosphère (CO2 et autres GES, dépôt d’azote) et des conditions du sol.

- Systèmes de capteurs mobiles pour étudier les effets de la gestion forestière, des opérations de coupe et des régimes de feu sur le bilan carbone des forêts et autres écosystèmes boisés.

- Expériences au niveau de l’écosystème sur les inter actions forêt- atmosphère en mettant l’accent sur les émissions organiques (COV) et sur les conditions d’atmos-phère polluée (O3 et autres polluants atmosphériques) dans les environnements sub urbain vs. naturel

-. Suivi, compréhension et modélisation des interactions entre forêts et microorga-nismes et insectes: symbiotes, agents pathogènes, ravageurs, dans le cadre du changement climatique.

- Etudes rétrospectives (notamment dendrochronologie, dendrochimie et études sur le climat) couvrant toute la gamme des typologies forestières et des conditions géo-graphiques et climatiques s’appuyant sur les expérimentations à long terme: essais de provenance, parcelles permanentes, etc.

- Modèles perfectionnés pour évaluer le comportement du feu et validation des mo-dèles déjà existants, y compris l’utilisation de modèles physiques déterministes, et ciblés vers diverses applications: gestion de la végétation/combustible, évaluation des risques, extinction des feux, formation des responsables forestiers et pompiers, etc.

- Utilisation et mise au point de nouveaux modèles de croissance et de production fo-restiers pouvant prédire établir l’offre de biens et services (champignons, pommes de pin, fourrage, eau disponible, beauté du paysage) et tenant compte de l’évolution des conditions climatiques.

- Modèles de sylviculture dynamique et adaptative axés sur des objectifs afin d’opti-miser la fourniture de biens et services pertinents (y compris des ressources clés comme l’eau et le sol) dans le cadre du changement global

- Comprendre la variabilité des caractéristiques des espèces/écosystèmes, leur ré-silience et les réponses à la modification du des régime de feu face au changement climatique, y compris les effets des incendies et des régimes de feux sur les écosys-tèmes vulnérables/précieux.

5. Le secteur dans une perspective so-ciale

5-2: Instruments pour une bonne gestion du secteur forestier

5-3: Avis des citoyens

- Mise au point d’approches participatives pour faire intervenir les différents acteurs.

- Elaboration de politiques forestières innovantes dans un contexte plus large de stra-tégies de développement rural territorial et multisectorielles.

- Application de cadres de recherche communs bénéficiant d’une reconnaissance ins-titutionnelle à grande échelle, comme le DPSIR (Force motrice- Pression- Etat- Im-pact- Réponse) de l’Agence européenne pour l’environnement, afin de décrire les interactions complexes et relations de cause à effet entre la société et l’environne-ment physique dans les écosystèmes forestiers.

- Comprendre les variations temporelles et régionales des forces motrices socioéco-nomiques et comportementales des mécanismes d’utilisation et de départ des feux (en mettant l’accent sur l’interface forêt-habitat), et évaluer l’impact socio-écono-mique du feu, sur tous les biens et services forestiers et les coûts de remise en état des infrastructures après l’incendie.

- Recherche sociologique sur les motivations des propriétaires forestiers et cartogra-phie des acteurs pour identifier leurs intérêts et interactions

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Albanie

Institut de recherche des fôrets et pâturages

Association Conscience pour le progrès

Bulgarie

Université de foresterie, Sofia

Croatie

Institut de recherche forestière

Chypre

Ministère de l’agriculture, Département des forêts

France

INRA Nancy

INRA/Montpellier - Unité d’Économie et Sociologie

rurales

INRA/Avignon – Ecologie des forêts méditerranéennes

Association française des propriétaires forestiers

Grèce

Demokritos Université de Thrace

Institut d’éducation technologique de Kavala

Aristotle Université - Laboratoire d’Ecologie des

pâturages

Association grecque des propriétaires forestiers

Israel

Université de Haïfa

Université de Tel Aviv, Département des Sciences

végétales

Italie

Université de Padoue

Université de Tuscia

Université de Catane

Institut de biologie forestière et environnementale CNR

Liban

Faculté des sciences de l’agriculture et de

l’alimentation, American University of Beirut

Université libanaise

Ministère de l’environnement

Ministère de l’agriculture

Maroc

ENFI – École Nationale Forestière d’Ingenieurs

Service forestier – Haut Commissariat aux Eaux et

Forêts et à la Lutte contre la Desertification

CRF - Centre national de la recherche forestière

Portugal

École Superieur Agraire de Coimbra

Université technique de Lisbonne – Institut Superieur

d’agronomie

Université catholique portugaise – Faculté d’économie

et de gestion

Université de Tras-os-Montes e Alto Douro

Association portugaise de propriétaires forestiers (CAP)

Roumanie

Université de Suceava – Faculté de foresterie

Slovenie

Institut de recherche forestière

Université de Ljubljana, Faculté Biotechnique

Département des Sciences & Technologies du bois

Espagne

CTFC - Centre de Technologie forestière de Catalogne

CREAF – Centre de recherche ecologique et

applications forestières

INIA-CIFOR – Institut national de recherche agraire

Université de Valladolid

Université Juan Carlos I

Université Pablo de Olavide

Université Politechnique de Madrid

Université Complutense de Madrid

Annexe II: Liste des organisations participant au MFRA

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Université Politechnique de Valencia

Université Rovira i Virgili

Université de Lleida

Université de Santiago de Compostela

Université de Barcelona

Université autonome de Barcelona

Université de Girona

Université de Zaragoza, Département de Geographie

Association espagnole de propriétaires forestiers (COSE)

Association des propriétaires forestiers de Catalogne (CFC)

Syrie

Université d’Alep

Université de Tishreen

Tunisie

INRGREF – Institut national de recherche en genie rural,

eaux et fôrets.

INAT – Institut national agronomique de Tunisie

Turquie

Institut de recherche forestière de l’Anatolie central et

Organisation d’aménagement national

Institut de recherché forestière de l’Anatolie du sud-

ouest, Antalya

Université de Fatih

Institut de recherche forestière de l’Anatolie du sud-est,

Elazığ

Institut de recherche forestière à l’Est de la mer Noire,

Trabzon

Institut de recherche forestière de l’Anatolie de l’Est,

Erzurum

Institut de recherche forestière du Centre d’Anatolie,

Eskişehir

Institut de recherche forestière égéen, Izmir

Institut de recherche du peuplier et arbres de rapide

croissance, Izmit

Institut de recherche forestière à l’Ouest de la mer Noire,

Bolu

Institut de recherche de grains et arbres forestières, Ankara

Université d’İstanbul, Faculté forestière

Université d’Artvin Çoruh, Faculté forestière

Université Zonduldak Karaelmas, Faculté forestière

Université d’İstanbul, Bartın Faculté forestière

Université d’Kastamonu, Faculté forestière

Université d’Karadeniz Teknik, Faculté forestière

Université d’Kahramanmaraş Sütçüimam, Faculté

forestière

Université d’Düzce, Faculté forestière

Université d’Isparta Süleyman Demirel, Faculté

forestière

Centre de recherche sur la problematique rural, de

l’environnement at des fôrets

Fondation de Lutte contre l’Erosion, Boisement et

Protection des biens naturels de Turquie-TEMA

Ministère de l’Environnement et Fôrets, Direction

Géneral de Fôrets

Ministère de l’Environnement et Fôrets, Direction

Géneral de control de l’érosion et boisement

Ministère de l’Environnement et Fôrets, Direction

Géneral pour la protection de la nature et parcs

nationaux

Ministère de l’Environnement et Fôrets, Direction

Géneral des affaires des villes forestières

Fondation d’Importation et Exportation de produits

boisés de Turquie

Organisations internationales

UICN -Centre pour la Coopération méditerranéenne

FAO - Département des forêts

AIFM - Association internationale Forêts

méditerranéennes

Plan Bleu

WWF - Bureau du Programme Mediterranée

CIHEAM – Centre International de Hautes Études

Agronomiques Méditerranéenes

Association de sylviculteurs de l’Arc Méditerranéen

(ARCMED)

Confédération européenne des propriétaires forestiers

(CEPF)

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