Plaisirs...en France, elle accueille chaque été des jeunes et moins jeunes souhai-tant vivre...

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Voyage à la ferme temps, autrement plus précieux, esti- me-t-il. J’étais — et je suis encore — comme un enfant, curieux de tout. » Ne pas rechigner à l’effort Véronique Bouchard est, quant à el- le, depuis 15 ans à la tête de la ferme Aux petits oignons, dans le coin de Mont-Tremblant. Ayant elle-même profité du wwoofing avant de lancer son exploitation en allant apprendre quelques techniques dans une ferme en France, elle accueille chaque été des jeunes et moins jeunes souhai- tant vivre l’expérience, voire appren- dre le métier. « Les premières années, nous n’avions même que des stagiaires sur la ferme, les fameux wwoofers, explique-t-elle. Aujourd’hui, nous fonc- tionnons avec une vingtaine d’em- ployés durant la saison, mais nous avons toujours besoin de stagiaires. D’autant qu’avec la crise sanitaire, nous percevons un véritable engoue- ment pour nos paniers bio. La de- mande a littéralement explosé cette année. » Or, cette crise sanitaire ayant en- traîné la fermeture des frontières pour on ne sait combien de temps encore, les wwoofers en provenance de l’étranger ne sont pas admis pour l’instant sur le sol canadien et nom- bre de fermes ont des besoins cri- ants. Elles en appellent ainsi aux stagiaires d’ici, tout en prévenant que si l’expérience est l’occasion de voir du pays et de faire en général de belles rencontres, les candidats doivent avant tout ne pas rechigner à l’effort. « Nous sommes situés à Mont- Tremblant, souligne M me Bouchard. sances, alimentation saine et biologi- que, fruit du travail de la terre sur la- quelle on vit. Et puis se coucher fati- gué, fourbu, avec la satisfaction d’avoir été utile. Mon seul regret est de ne pas avoir été introduit au wwoofing plus jeune. » À plus de soixante ans, M. Péri- card estime quant à lui avoir large- ment atteint son quota d’émissions de carbone liées à ses déplacements aériens. Selon lui, recevoir des sta- giaires, transmettre son savoir, mais aussi apprendre d’eux, échanger, par- tager, c’est un peu comme voyager sans bouger. Et s’il regrette que, cet- te année, les stagiaires étrangers at- tendus n’aient pu prendre leur vol, il lance un appel aux Québécois qui voudraient en apprendre plus sur le petit monde des abeilles et auraient la motivation nécessaire. Si d’ordi- naire les places sont pourvues dès le mois de janvier, il avoue qu’en cette année un peu particulière, il lui man- que encore quelques volontaires en- thousiastes et désireux de vivre une expérience véritable. De plus en plus de gens aspirent au slow travel. Profiter du luxe de prendre son temps. S’offrir l’occasion de s’imprégner des lieux et des gens. Prendre part à la vie sociale et communautaire, privilégier la qualité de l’expérience et les apprentissages plutôt que la quantité d’activités. Le wwoofing, c’est un peu tout ça à la fois, en plus d’encourager le mouvement pour une agriculture biologique et durable. Et si, cet été, on déposait ses valises dans une ferme ? Pour en savoir plus Réseau WWOOF Canada wwoof.ca/fr La ferme Aux petits oignons auxpetitsoignons.bio/notre-ferme Le rucher biologique Apis site.rucherapis.ca MANGER Escale à Kegaska Randy, le libre pêcheur JARDINER De la relève au potager Plaisirs LE DEVOIR | CAHIER SPÉCIAL C | LES SAMEDI 11 ET DIMANCHE 12 JUILLET 2020 VOYAGER Les dix commandements de l’été 2020 HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN | COORDINATRICE AUX PUBLICATIONS SPÉCIALES e gîte, le couvert et la promesse de quel- ques belles soirées de partage au coin du feu contre quelques heures de travail par jour. Le wwoofing — pour World Wide Opportunities on Organic Farms —, cette pratique née en Angleterre dans les années 1970, s’est considé- rablement développé ces dernières années au Québec au fur et à mesu- re que le nombre de fermes biologi- ques augmentait et que les individus du monde entier aspiraient à voya- ger autrement et, pour certains, à re- tourner à la terre. « J’ai toujours aimé voyager, ra- conte Matthieu, wwoofer ici et ailleurs dans le monde depuis cinq ans envi- ron. Mais après être passé dans une cinquantaine de pays, mon émerveille- ment avait fini par se tarir. J’avais perdu l’enthousiasme des premiers voyages. J’étais las de ne faire que survoler toutes ces régions, ces cul- tures, blasé de prendre en photo les lieux et monuments mentionnés dans les guides de voyage, aussi extraordi- naires soient-ils. Je voulais passer plus de temps avec les gens que je rencon- trais, vivre leur quotidien. » C’est alors qu’il découvre le wwoo- fing en Mongolie, par d’autres voya- geurs qui voyageaient eux-mêmes différemment. L’idée fait son che- min, car à cette époque, il s’intéresse de plus en plus à la permaculture, aux micro-fermes et aux communautés autarciques. Au point de démissionner de son confortable poste d’ingénieur et de se mettre en quête de sens. « À partir de ce moment-là, je n’avais plus d’argent, mais j’avais du L Nous avons eu par le passé des gens qui envisageaient notre gîte comme un pied-à-terre gratuit dans une ré- gion aux attraits touristiques bien connus. Nous nous devons d’être très sélectifs. » Même discours de la part d’Alain Péricard, propriétaire du rucher bio- logique Apis dans le canton de Cle- veland, en Estrie. « Le gouvernement a lancé un ap- pel aux citadins pour qu’ils viennent travailler dans nos fermes, raconte-t- il. Mais c’est oublier que peu de gens en sont réellement capables. Ça de- mande une motivation énorme. Ce n’est pas mon travail à moi d’appren- dre aux stagiaires à se lever à 5 h du matin. Oui, il y a quelque chose de très gratifiant de part et d’autre dans le fait d’accueillir chaque année des stagiaires. Des amitiés très fortes se créent. Mais certains arrivent avec une vision romantique de ce que c’est que vivre à la campagne et ceux-là se cassent rapidement les dents. » Voyager sans bouger Pour Matthieu, l’expérience a été une véritable révélation. « Le wwoofing cristallise ma vision de la vie et du voyage, confie-t-il. Échange, partage, découverte de nou- velles cultures, vie en communauté avec souvent plusieurs générations, apprentissage de nouvelles connais- « Le wwoofing cristallise ma vision de la vie et du voyage » À gauche : Matthieu à la ferme Cadet Roussel sur la Rive-Sud de Montréal. À droite, de haut en bas, séance de formation au rucher biologique Apis et Véronique Bouchard de la ferme Aux petits oignons. COURTOISIE ALAIN PÉRICARD COURTOISIE

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Voyage à la ferme

temps, autrement plus précieux, esti-me-t-il. J’étais — et je suis encore — comme un enfant, curieux de tout. »

Ne pas rechigner à l’effortVéronique Bouchard est, quant à el-le, depuis 15 ans à la tête de la ferme Aux petits oignons, dans le coin de Mont-Tremblant. Ayant elle-même profité du wwoofing avant de lancer son exploitation en allant apprendre quelques techniques dans une ferme en France, elle accueille chaque été des jeunes et moins jeunes souhai-tant vivre l’expérience, voire appren-dre le métier.

« Les premières années, nous n’avions même que des stagiaires sur la ferme, les fameux wwoofers, explique-t-elle. Aujourd’hui, nous fonc-tionnons avec une vingtaine d’em-ployés durant la saison, mais nous avons toujours besoin de stagiaires. D’autant qu’avec la crise sanitaire, nous percevons un véritable engoue-ment pour nos paniers bio. La de-mande a littéralement explosé cette année. »

Or, cette crise sanitaire ayant en-traîné la fermeture des frontières pour on ne sait combien de temps encore, les wwoofers en provenance de l’étranger ne sont pas admis pour l’instant sur le sol canadien et nom-bre de fermes ont des besoins cri-ants. Elles en appellent ainsi aux stagiaires d’ici, tout en prévenant que si l’expérience est l’occasion de voir du pays et de faire en général de belles rencontres, les candidats doivent avant tout ne pas rechigner à l’effort.

« Nous sommes situés à Mont-Tremblant, souligne Mme Bouchard.

sances, alimentation saine et biologi-que, fruit du travail de la terre sur la-quelle on vit. Et puis se coucher fati-gué, fourbu, avec la satisfaction d’avoir été utile. Mon seul regret est de ne pas avoir été introduit au wwoofing plus jeune. »

À plus de soixante ans, M. Péri-card estime quant à lui avoir large-ment atteint son quota d’émissions de carbone liées à ses déplacements aériens. Selon lui, recevoir des sta-giaires, transmettre son savoir, mais aussi apprendre d’eux, échanger, par-tager, c’est un peu comme voyager sans bouger. Et s’il regrette que, cet-te année, les stagiaires étrangers at-tendus n’aient pu prendre leur vol, il lance un appel aux Québécois qui voudraient en apprendre plus sur le petit monde des abeilles et auraient la motivation nécessaire. Si d’ordi-naire les places sont pourvues dès le mois de janvier, il avoue qu’en cette année un peu particulière, il lui man-que encore quelques volontaires en-thousiastes et désireux de vivre une expérience véritable.

De plus en plus de gens aspirent au slow travel. Profiter du luxe de prendre son temps. S’offrir l’occasion de s’imprégner des lieux et des gens. Prendre part à la vie sociale et communautaire, privilégier la qualité de l’expérience et les apprentissages plutôt que la quantité d’activités. Le wwoofing, c’est un peu tout ça à la fois, en plus d’encourager le mouvement pour une agriculture biologique et durable. Et si, cet été, on déposait ses valises dans une ferme ?

Pour en savoir plusRéseau WWOOF Canada wwoof.ca/frLa ferme Aux petits oignons auxpetitsoignons.bio/notre-fermeLe rucher biologique Apis site.rucherapis.ca

MANGER Escale à Kegaska Randy, le libre pêcheur

JARDINER De la relève au potager

PlaisirsL E D E V O I R | C A H I E R S P É C I A L C | L E S S A M E D I 1 1 E T D I M A N C H E 1 2 J U I L L E T 2 0 2 0

VOYAGER Les dix commandements de l’été 2020

HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN | COORDINATRICE AUX PUBLICATIONS SPÉCIALES

e gîte, le couvert et la promesse de quel-ques belles soirées de partage au coin du feu contre quelques heures de travail par

jour. Le wwoofing — pour World Wide Opportunities on Organic Farms —, cette pratique née en Angleterre dans les années 1970, s’est considé-rablement développé ces dernières années au Québec au fur et à mesu-re que le nombre de fermes biologi-ques augmentait et que les individus du monde entier aspiraient à voya-ger autrement et, pour certains, à re-tourner à la terre.

« J’ai toujours aimé voyager, ra-conte Matthieu, wwoofer ici et ailleurs dans le monde depuis cinq ans envi-ron. Mais après être passé dans une cinquantaine de pays, mon émerveille-ment avait fini par se tarir. J’avais perdu l’enthousiasme des premiers voyages. J’étais las de ne faire que survoler toutes ces régions, ces cul-tures, blasé de prendre en photo les lieux et monuments mentionnés dans les guides de voyage, aussi extraordi-naires soient-ils. Je voulais passer plus de temps avec les gens que je rencon-trais, vivre leur quotidien. »

C’est alors qu’il découvre le wwoo-fing en Mongolie, par d’autres voya-geurs qui voyageaient eux-mêmes différemment. L’idée fait son che-min, car à cette époque, il s’intéresse de plus en plus à la permaculture, aux micro-fermes et aux communautés autarciques. Au point de démissionner de son confortable poste d’ingénieur et de se mettre en quête de sens.

« À partir de ce moment-là, je n’avais plus d’argent, mais j’avais du

LNous avons eu par le passé des gens qui envisageaient notre gîte comme un pied-à-terre gratuit dans une ré-gion aux attraits touristiques bien connus. Nous nous devons d’être très sélectifs. »

Même discours de la part d’Alain Péricard, propriétaire du rucher bio-logique Apis dans le canton de Cle-veland, en Estrie.

« Le gouvernement a lancé un ap-pel aux citadins pour qu’ils viennent travailler dans nos fermes, raconte-t-il. Mais c’est oublier que peu de gens en sont réellement capables. Ça de-mande une motivation énorme. Ce n’est pas mon travail à moi d’appren-dre aux stagiaires à se lever à 5 h du matin. Oui, il y a quelque chose de très gratifiant de part et d’autre dans le fait d’accueillir chaque année des stagiaires. Des amitiés très fortes se créent. Mais certains arrivent avec une vision romantique de ce que c’est que vivre à la campagne et ceux-là se cassent rapidement les dents. »

Voyager sans bougerPour Matthieu, l’expérience a été une véritable révélation.

« Le wwoofing cristallise ma vision de la vie et du voyage, confie-t-il. Échange, partage, découverte de nou-velles cultures, vie en communauté avec souvent plusieurs générations, apprentissage de nouvelles connais-

« Le wwoofing cristallise ma vision de la vie et du voyage »

À gauche : Matthieu à la ferme Cadet Roussel sur la Rive-Sud de Montréal. À droite, de haut en bas, séance de formation au rucher biologique Apis et Véronique Bouchard de la ferme Aux petits oignons.COURTOISIE

ALAIN PÉRICARD

COURTOISIE

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Plaisirs | LE DEVOIR | LES SAMEDI 11 ET DIMANCHE 12 JUILLET 2020C 2

Manger

Randy, le libre pêcheur

« Je suis né à Tête-à-la-Baleine [un autre village de la Basse-Côte-Nord]. Ma femme vient de Saint-Augustin. Je l’ai rencontrée pendant un tournoi de hockey. Tout le monde se rencontre comme ça dans les villa-ges de la Basse-Côte ! Ça commence le vendredi après-midi et ça finit le dimanche soir. Il y a des danses et des animations. Les villages peuvent se côtoyer davantage pendant l’hiver à cause de la route blanche qui les-relie et que les gens empruntent à motoneige », explique-t-il.

Il reviendra dans sa maison de Ke-gaska avec sa femme, qui s’occupe de l’administration de leur entreprise, en avril, pour la saison du crabe, qui dure environ 14 semaines. Cela fait 25 ans qu’il vient y pêcher, et avant lui, son père faisait de même. « Je suis habitué à ces deux vies dans deux villages. Quand j’étais jeune, ma famille habitait à Tête-à-la-Baleine. Mon père, originaire d’Harrington Harbour, allait y pêcher. Donc, cha-que été, après l’école, on déména-geait là pour la saison de la pêche. »

Le rythme de la pêcheDans le village de Kegaska, on compte six propriétaires de bateau avec un permis de pêche au crabe. Pendant la saison, il y a d’autres pê-cheurs qui montent d’ailleurs sur la Basse-Côte-Nord pour pêcher dans la zone qui leur est attribuée. Le vil-lage vit alors au rythme de la pêche.

« Quand je pêche le crabe, je pars de chez moi à minuit. Ça me prend

environ deux heures pour me rendre à mes casiers. Je peux faire des sor-ties deux à trois fois par semaine d’une durée de 23 heures, sans dor-mir », nous explique-t-il en nous fai-sant visiter la cale de son bateau, où on trouve des couchettes pour ses deux employés.

À chaque visite en mer, c’est 85 casiers qui seront remontés à la sur-face, avec environ 200 crabes par

Des chefs et leurs fleurs

compagne de sauce tomate.La cheffe, aux commandes de plu-

sieurs tables montréalaises, dont le Bird Bar, Monsieur et le restaurant du Musée d’art contemporain, est tout aussi adepte des fleurs de ci-boulette. « Parce que c’est tellement fort en goût, il suffit d’en mettre un tout petit peu pour aller très loin. C’est vraiment parfait pour rehaus-ser un gaspacho ou une omelette, par exemple, et c’est tellement joli. » À vrai dire, on peut en mettre dans n’importe quel plat où on mettrait de la ciboulette.

Le secret, continue-t-elle, c’est de faire des tests et de « choisir les bons agencements ». D’autant que toutes les fleurs ne sont pas savoureuses, souligne Mme Lallouz ! Dans le doute, on y va avec des valeurs sûres, telles que les capucines, dont le goût poi-vré relève n’importe quelle salade, ou la monarde, que Noé Lainesse cuisine en vinaigrette avec ses asper-ges printanières cette saison.

« Chaque petite fleur a son inté-rêt », résume Jérôme Ferrer.

Côté sucréIsabelle Deschamps Plante ne man-que pas d’idées quand vient le temps d’ajouter une touche florale à ses des-serts. Quelques exemples : sa panna cotta infusée à la camomille, son gâ-teau aux bleuets imbibé de sirop de lilas ou son gâteau fraise, rhubarbe et chantilly au coquelicot. « Les gens ont peur que ça goûte le savon, mais on les utilise pour parfumer juste un peu », souligne-t-elle. Pour ne pas

On mange avec les yeux. Pas étonnant que les chefs soient si friands de fleurs comestibles ! Et si leurs pétales délicats met-tent de la couleur dans l’assiette, on les utilise aussi pour leur saveur tantôt poivrée, tantôt citronnée, ou subtilement sucrée ; un peu comme une épice.

HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN |COORDINATRICE AUX PUBLICATIONS SPÉCIALES

On les mange nature, cueillies directement sur l’ar-buste lors d’une randonnée ou d’une sortie d’auto-cueillette en famille ou entre amis. On les cuisine aussi, et elles font des merveilles dans n’importe quelle pâtisserie. Elles sont très fragiles et tout le monde ra�ole de leur saveur sucrée unique et de leur goût ra�né sans pareil. La saison des framboises du Qué-bec ne dure que quelques semaines, et ça commence maintenant ! Rouges, jaunes ou noires, elles sont à consommer sans attendre et sans modération, aussi réjouissantes crues que cuites. On les congèle aussi, pour pro�ter de leur rayon de soleil et des bienfaits des souvenirs d’enfance qu’elles font remonter au creux de l’hiver. Quoi de plus doux pour le cœur que de voir un enfant les yeux emplis de bonheur et la bouche barbouillée de purée de framboise ?

La nutritionniste Laurence Da Silva Décarie les conseille…• Parce que ces petits fruits de couleurs éclatantes font partie des aliments les plus riches en antioxydants.• Parce qu’elles regorgent de polyphénols, dont l’acide ellagique, un composé qui aurait des vertus antican-céreuses.• Pour la haute teneur en �bres alimentaires de ces baies juteuses et sucrées qui sont exquises à toute heure de la journée.

Le chef Simon Pierre Huneault propose…• Un suprême de canard grillé et gastrique aux framboises.• Des chaussons aux fraises et aux framboises.• Une panna cotta au mélilot et aux framboises fraîches.

L’aliment de saison

Les framboises

GETTY IMAGES

JESSICA DOSTIE | COLLABORATION SPÉCIALE

ans les plats signésJérôme Ferrer, chaqueingrédient est là pourune raison bien pré-cise. « Je ne fais pas partie des cuisiniers

qui vont mettre des fleurs simplementpour le côté esthétique », explique-t-il. Une de ses favorites, la tagette, rehausse particulièrement bien le foie gras au torchon. « Quand on la croque, c’est comme une explosion d’agrumes; pas tout à fait l’orange, mais plutôt la mandarine, ou la clé-mentine, voire le yuzu, des saveurs qui se marient aussi très bien dans un tartare de poisson. »

Isabelle Deschamps Plante aime pour sa part pimenter ses tartares de boutons de marguerite ou même d’hémérocalles. « Une fois les bou-tons saumurés, ça ressemble à des câpres », décrit-elle.

Vivaces faciles à cultiver au Qué-bec dans n’importe quelle plate-bande, les hémérocalles sont tout aussi délicieuses en salade, croit la cheffe des cafés Ricardo. Avis que partage Noé Lainesse, propriétaire du restaurant O’Thym depuis 15 ans maintenant. « Les pétales rappellent une petite laitue un peu sucrée », souligne-t-il.

À l’instar des fleurs de courgette, on peut aussi farcir les hémérocalles. C’est facile, affirme Kimberly Lal-louz. Sa recette classique inratable : mélanger de la ricotta (maison, c’est encore mieux !), un peu de parme-san, le zeste d’un citron et du basilic, puis en farcir les fleurs, qu’elle ac-

D

D’autres fleurs qu’on aimeCentaurée : grâce à ses jolis pétales bleus, on peut colorer naturellement nos préparations.

Chrysanthème : comme le coquelicot, qui est plus commun dans les assiettes, elle a un goût poivré.

Lavande : très parfumée, on peut aussi la consommer en tisane.

Des chefs n’hésitent pas à

ajouter une touche florale à

leurs plats. TWO FOOD

PHOTOGRAPHERS

altérer le goût des fleurs, la chef pâ-tissière recommande par ailleurs de les faire infuser à froid dans un sirop ou de la crème afin que le goût reste doux. Après 24 heures, on filtre et le tour est joué !

Sa préférée demeure toutefois la fleur de sureau. « Ce n’est pas acide comme le fruit, mais juste un peu aci-dulé, avec un côté floral. » Mme Des-champs Plante en fait un sirop simple pour les cocktails ou pour imbiber des gâteaux.

Une autre favorite : le mélilot, cette fleur locale qui remplace avan-tageusement la vanille et qui, tran-quillement, se démocratise. Oui, les possibilités sont quasi infinies !

Randy Anderson devant son bateau l’Ocean Breeze, accosté au quai de KegaskaVÉRONIQUE LEDUC

En juillet, Caribou et les publications spéciales du Devoir vous invitent à bord du Bella Desgagnés, la desserte maritime de la Basse-Côte-Nord, et relatent chaque semaine une rencontre faite en chemin. Deuxième escale : Kegaska, 1239 kilomètres de Montréal, 127 habitants.

Randy Anderson nous attend droit et fier sur le quai à notre débarquement du Bella Desgagnés. Le petit village de Kegaska est baigné dans une belle lumière rosée de coucher de soleil de fin d’été. Randy nous sert fermement la pince et nous demande avec un grand sourire : « Qu’est-ce que voulez savoir ? » C’est qu’il n’a pas l’habitude de se faire questionner par des journalistes sur son métier : pêcheur

B O I R E L E Q U É B E C

100�% LOCAL

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A N G E R L E Q U É B EC

GENEVIÈVE VÉZINA-MONTPLAISIR | COLLABORATION SPÉCIALE, CARIBOUMAG.COM

n fait, on veut tout savoir, car il est rare qu’on puisse discu-ter avec un de ceuxqui nous permettent de déguster du crabe

des neiges le printemps venu. Si Randy peut prendre le temps de ja-ser avec nous et de nous faire faire le tour du capitaine de son bateau, l’Ocean Breeze, c’est que sa saisonest terminée.

Demain, il va sortir une dernière fois en mer faire de la pêche senti-nelle pour un programme expérimen-tal de l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord visant à récolter différentes données sur les stocks de morue. Ensuite, il restera jusqu’en novembre à Kegaska pour travailler sur son bateau et entretenir ses équi-pements de pêche avant de les remi-ser pour la saison froide, qu’il passe-radans sa maison de Saint-Augus-tin, un autre village de la Basse-Côte-Nord, situé à 220 kilomètres de là. Il occupera son hiver à faire de la trappe pour les fourrures.

Ecasier. Les crustacés seront déchar-gés directement dans des camions qui prendront la route de l’usine de transformation de Baie-Trinité, située à plus de 500 kilomètres au sud. La réalité était bien différente avant que la route 138 ne relie Kegaska à Natash-quan, en 2013.

« Avant, on rentrait au quai et on devait transférer nos stocks dans un autre bateau qui montait jusqu’à Na-tashquan pour les charger dans un truck. C’était plus compliqué et notre produit n’était pas aussi frais, expli-que Randy. Avant la route, si j’avais un bris mécanique, il fallait que je fasse arriver mon équipement pa-ravion ou je devais prendre un qua-tre-roues et faire la route par la plage jusqu’à Natashquan. De là, je devais prendre mon véhicule — que je laissais toujours là-bas — pour aller chercher mes affaires à Sept-Îles, à quatre heu-res de route ! »

Malgré un accès maintenant faci-lité à la « ville », Randy Anderson a rarement des envies de vie citadine et de bitume.

« Je ne suis pas un gars pour la ville. Je n’ai jamais eu le goût de vi-vre ailleurs qu’ici, parce qu’ici, t’es libre… »

LE DEVOIR

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Plaisirs | LE DEVOIR | LES SAMEDI 11 ET DIMANCHE 12 JUILLET 2020 C 3

Voyager

m’attende le beau lac ou la rivière translucide où j’allais pouvoir trem-per mon fil.

Allez, on va se le dire, pour beau-coup, la pêche est, au choix, soit un loisir totalement ringard soit d’un ennui mortel. Pourtant, peu de plai-sirs égalent à mes yeux celui de lon-ger les berges, les pieds dans l’eau, loin de toute civilisation. Remonter le courant, l’œil toujours vigilant.Tenter de lancer l’appât dans le trou d’eau inaccessible sous un enchevêtre-ment de branches où se tient peut-être un brochet immobile. Assisterau spectacle rare du martin-pêcheur dégustant sa proie sur une branche, ou surprendre un chevreuil qui ne vousa pas senti venir. Faire corps avec la nature. En définitive, c’est cette con-nexion primordiale que je trouve dansla pêche à la mouche, qui a même justifié (au moins en partie) mon plus grand voyage, celui de toute une vie, mon installation au Québec — en partance de la France —, dont les rivières sauvages m’avaient fait tellement rêver. C’est dire si je suis mordu ! Et j’ai continué ainsi de

Charlevoix à la Gaspésie, de l’Abitibi aux Cantons-de-l’Est, affûtant mes techniques, perfectionnant ma con-naissance de l’eau…

Jusqu’à ce que j’aie à mon tour des enfants…

Vous vous souvenez quand j’ai dit que j’allais à la pêche avec mon père,et que c’était un grand moment de fierté ? Maintenant, ce sont mes enfants qui veulent être du voyage, et je comprends l’air fatigué que je voyais parfois chez mon paternel. Je passe désormais ma vie à démêler des nœuds, à mettre des vers sur les hameçons et à décrocher de pauvres petits gardons ferrés trop tard et qui ont gobé l’hameçon jusqu’à l’estomac(quand il ne s’agit pas d’une barbottegluante et piquante). Et quand l’un de mes fistons en a assez, ça finit en lancer de roches dans l’eau. Oubliés, le calme, le zen et la sérénité. Je nepêche plus : je leur apprends à pêcher.Même lorsque je retourne en France l’été, c’est, pour mes innombrables nièces, le retour du tonton pêcheur. Dans la petite rivière derrière la mai-son de mes beaux-parents en Bourgo-gne, je gère une entreprise de pêcheau goujon à faire pâlir les chalutiers japonais. Je monte les lignes, tends

Des rivières d’iciLa rivière des Mille Îles

Brochet, doré, achigan, et même alose savoureuse : on trouve de tout dans la rivière des Mille Îles, mon lieu de pêche favori à deux pas de Montréal. Entre amis ou en famille, on loue un canot (ou une barque dotée d’un petit moteur électrique), et nous voilà partis pour un après-midi de pêche dans un endroit paradisiaque... pour peu qu’on reste à bonne distance des deux viaducs autoroutiers.

La rivière Ouareau

Un endroit simple et discret dans le parc régional de la forêt du même nom, entre Laurentides et Lanaudière. L’endroit idéal pour mêler randonnée et pêche à la truite en sautant de rocher en rocher.

La rivière Bonaventure

L’une des dix rivières les plus claires au monde, si l’on en croit les dépliants touristiques, et il est vrai qu’elle est magique, tout autant pour la pêche que la promenade. Son eau cristalline justi�e à elle seule d’aller faire un tour en Gaspésie, avant de pousser jusqu’à Percé par exemple.

Pourquoi partir ?

La transmission au fil de l’eauOu le sacerdoce du pêcheur à la ligne

La crise actuelle et ses répercussions vont modifier notre façon de voyager. Désormais, pour nombre d’entre nous, où aller sera peut-être moins essentiel que la raison pour la-quelle nous souhaitons partir. Chaque semaine dans ces pages, une personnalité, un collaborateur, un passionné raconte ce qui lui donne la bougeotte et une envie irrépres-sible de découvrir de nouveaux paysages.

Peu à peu, la pêche est devenue pour l’auteur un refuge loin du monde, un moment de calme concentration qui justifiait n’importe quel voyage.GETTY IMAGES

les cannes, répare les lignes cassées, me pique les doigts avec l’hameçon quand la petite dernière a relevé sa canne pile au moment où j’enfilais un ver (« oui, mais c’est parce qu’il y avait un papillon ! »). Et alors que l’après-midi tire à sa fin et qu’il est temps d’aller se baigner, on aurait pu espérer que ces petites filles, si douces et gentilles, si sensibles à la souffrance des animaux (je les ai vues pleurer quand le gros chat Georges a songé à croquer une souris), pren-draient en pitié ces petits poissons et leur rendraient la liberté. Que nenni ! Tels des Pantagruel, elles s’attendent à dévorer le fruit de leurs efforts ! Et tandis que m’échoit la tâche ingrate de vider la pois-caille, je pense déjà à leur joie et à leur fierté quand elles dégusteront leur friture, mais aussi aux souvenirs que nous nous fabriquons, tous en-semble, au fil de l’eau. On ne naît pas pêcheur, on le devient, comme dirait l’autre.

TRISTAN ROULOT | COLLABORATION SPÉCIALE

aussi loin que je me souvienne, j’ai tou-jours aimé la pêche. Tout gamin, c’était l’occasion de m’éva-der de la maison et

de passer du temps exclusif avec mon père, avec la fierté de l’accom-pagner, de faire nos affaires de gars, en laissant la maman et le petit frère (tellement 1980 !). Je pouvais passer des heures à contempler mon petit bouchon onduler doucement, dansl’espoir de le voir frétiller et soudain s’enfoncer d’un coup sec dans l’eau. La tension du fil, la touche électri-que, qui permet de deviner sans la voir encore la grosseur de la bête et son pedigree : le brave gardon tou-jours un peu décevant, la perchaude tonique qui promet une jolie lutte,en passant par l’aristocratique truite qui finira à la poêle. Peu à peu, la pêche est devenue pour moi un refugeloin du monde, un moment de calme concentration qui justifiait n’importe quel voyage — tant à quelques mètresde la maison qu’à plusieurs heuresd’avion —, pourvu qu’à l’arrivée

D’

Tristan Roulot est auteur de bande dessinée (Hedge Fund, Rhum Héritage, Goblin’s). Son nouveau titre, Le Convoyeur, sort cet été aux Éditions Le Lombard.

Quoi faire au Québec cet été ?

Des minimaisons à louer aux quatre coins du QuébecC’est un chalet ? C’est une chambre d’hôtel ? Non, c’est… une Coolbox ! Je ne sais pas si Superman aurait aimé se reposer dans l’une de cesminimaisons entre deux sauvetages, mais, chose certaine, comme le super-héros, ces hébergements atypiques intriguent. « Nous cherchions à con-cevoir un produit mieux adapté à no-tre climat, explique Francis Tremblay, directeur des ventes et du marketing,à propos de la genèse du projet. C’estl’hiver que nous devons vendre aux touristes étrangers. Nous savions qu’ilfallait faire de petites chambres d’hô-tel et non des chalets à 450 000 $. C’est ce qui nous a poussés à déve-lopper la Coolbox. »

Chacune d’elles propose le confort — et le prix — d’une chambre d’hô-tel, mais dans des lieux où il serait sans doute impossible d’ériger des bâtiments de plus grande envergure, comme les montagnes de ski. Lors de notre première discussion, à la mi-juin, Francis Tremblay et sonéquipe étaient en train d’installer des minimaisons en plein cœur du parc Safari, à Hemmingford. « Tout s’est concrétisé au cours des derniè-res semaines », con�e-t-il.

Coolbox est aussi le nom donné au réseau « d’hôtellerie de plein

air » créé par l’entreprise. Depuis 2018, la compagnie basée à Saint-Prime, au Lac-Saint-Jean, a installé des minimaisons dans plusieurs sites du Québec, notamment au camping Lac-Lyster, dans les Cantons-de-l’Est,au Domaine des Trois-Îles, à Saint-Félicien, et même à la Corporation Nibiischii, à la baie James. La bonne nouvelle ? Il reste des disponibilités un peu partout. reservationcoolbox.ca

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean à la dernière minuteNon, toutes les places laissées vacan-tes par les voyageurs étrangers for-cés d’annuler leur séjour au Québec n’ont pas encore été comblées. Des entreprises de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, très populaire auprès des amateurs de plein air, se retrou-vent ainsi avec des agendas beaucouptrop légers.

C’est le cas d’Équinox Aventure, qui propose entre autres des circuits de vélo d’une demi-journée à sept jours et des circuits sur mesure. « J’ai eu 1000 annulations », con�e Hugues Ouellet, copropriétaire de l’agence. Parmi les options disponi-bles pour l’été, mentionnons des for-faits clé en main avec transport de bagages sur la véloroute des Bleuets. equinoxaventure.ca

Chez Imago Village, dans les monts Valin, au Saguenay, plusieurs yourtes restent inoccupées. Très prisé des motoneigistes l’hiver, le site est idéal pour les amateurs de randonnée à pied ou à vélo de montagne. Le village inauguré en décembre 2015 compte aujourd’hui dix yourtes pou-vant loger de deux à sept personnes, dont cinq ajoutées cette année. imagovillage.com

Si l’Auberge des Îles, à Saint-Gédéon, a�che complet pour juillet, ce n’est pas le cas de l’hôtel Chicoutimi, sur la rue Racine, à Saguenay. Comme les deux établissements appartiennent

au même propriétaire, il est possible de séjourner en ville et d’avoir accès à la plage et aux sports nautiques de l’auberge, qui o�re aussi l’un des plus beaux points de vue pour admi-rer le coucher de soleil sur le lac. hotelchicoutimi.qc.caaubergedesiles.com

Jamais sans mon chienNombreux sont les vacanciers qui souhaitent partir avec leur chien. Après la SEPAQ et Parcs Canada, le parc régional du Mont-Saint-Joseph, à Carleton-sur-Mer, en Gaspésie, pro-pose un projet-pilote permettant aux randonneurs d’emprunter deux sen-tiers avec toutou.

Côté hôtels, les chaînes Fairmont, Le Germain, Alt et Escad accueillent les chiens, tout comme plusieurs éta-blissements membres du réseau Ôri-gine artisans ateliers, faciles à repérer grâce aux �ltres de l’outil de recher-che du site Web. originehotels.com/fr

Trouver sandale à son pied alors que l’été a maintenant pris ses aises et nous presse d’aller jouer dehors ? Bien sûr que c’est en-core possible !

Hôtellerie de plein air, le Sag-Lac et escapades avec toutou

Chaque semaine, l’autrice, chroniqueuse et journaliste voyage survole les actualités du monde touristique

MARIE-JULIE GAGNON

Juchés à flanc de montagne, les géodômes offriront une vue imprenable sur la baie des Chaleurs.TOURISME GASPÉSIE

À surveiller• Au mont Saint-Joseph, en Gaspésie, cinq géodômes avec vue sur la baie des Chaleurs sont en construction, à �anc de montagne. La date d’ouverture n’a pas encore été con�rmée, mais on murmure qu’ils pourraient être accessibles dès août. bit.ly/2CjR4lL

• Forcé d’annuler son festival, Musique du bout du monde, en Gaspésie, lance les Terrasses du bout du monde. Ainsi, les samedis et dimanches, du 11 juillet au 9 août, la rue de la Reine, à Gaspé, sera piétonne et animée. En marge des terrasses, des groupes locaux se produiront sur le site du Berceau du Canada. On nous promet aussi des surprises… bit.ly/2ZcyNAa

• À la recherche d’un chalet ? Deux pistes : WeChalet et Québec location de chalets, qui compte une section consacrée aux réservations de dernière minute. wechalet.com/fr et quebeclocationdechalets.com

Page 4: Plaisirs...en France, elle accueille chaque été des jeunes et moins jeunes souhai-tant vivre l’expérience, voire appren-dre le métier. « Les premières années, nous n’avions

Plaisirs | LE DEVOIR | LES SAMEDI 11 ET DIMANCHE 12 JUILLET 2020C 4

Voyager

Jardiner

Le portrait de la semaine

qui se renouvellent, comme le céleri ou les pieds de laitue. »

À la maison, Simon a rapidement voulu tester ses nouvelles connais-sances : il a donc essayé de planter plusieurs noyaux et a commencé à faire ses semis. « J’ai vraiment aimé ça, raconte-t-il. C’est ce qui m’a motivé à faire un jardin et à m’en occuper. L’été passé, on avait planté quelques légumes dans la cour, mais c’était surtout mes parents qui s’en occupaient. Cette année, c’est beau-coup moi qui le fais, avec parfois l’aide de mon frère de 10 ans. »

Si les petites pousses de manguier, de citronnier, d’avocatier et des autres fruits tropicaux qu’il tente de faire pousser restent dans la maison — quelques pots décorent d’ailleurs sa chambre à coucher —, ses deux potagers sont bien garnis de légumes de chez nous : haricots, carottes, ra-dis, tomates, concombres, mais aussi poivrons, pommes de terre, oignons et toute une variété de fines herbes, la majorité des plants ayant été se-més par Simon et sa famille durant le confinement. « C’est vraiment fa-cile de planter des patates, et elles poussent vite », ajoute-t-il. Sa tech-nique ? Couper une pomme de terre en quatre, puis la laisser germer (pendant 4 à 6 semaines). Ensuite, il suffit de les planter, le germe orienté vers le haut.

Avide de connaissances scientifi-ques, Simon ne cache pas aimer par-ticulièrement le côté essais-erreurs de ses expérimentations en matière de jardinage. « C’est comme une pe-tite expérience chaque fois, décrit-il.

Par exemple, quand j’ai fait des tests avec un noyau d’avocat, je ne savais pas à quoi m’attendre, surtout que, selon ma prof, c’est très difficile de réussir ; ça marche environ une fois sur cinq. Moi, j’ai été quand même très chanceux, parce que ça a fonc-tionné du premier coup. Il faut aussi être patient, mais quand ça craque et qu’on se rend compte que ça com-mence à pousser, c’est vraiment l’fun. »

De la relève au potagerSimon Jarry a atterri dans le programme d’agriculture urbaine de l’Externat Sacré-Cœur, un collège privé de Rosemère, dans la couronne nord de Montréal, un peu par hasard en septem-bre dernier. Au fil de cette année scolaire bien particulière, l’élève de 12 ans s’est finalement découvert une vraie passion pour le jardinage. Rencontre au milieu de son potager citadin.

ment de deux semaines est imposée. Les vacanciers qui possèdent une résidence au Nouveau-Brunswick ou souhaitent visiter des membres de leur famille sont autorisés à s’y ren-dre, mais doivent eux aussi rester isolés pendant 14 jours. Comme les provinces de l’Atlantique ont créé une bulle permettant de circuler li-brement de l’une à l’autre, il n’est pas nécessaire de s’auto-isoler une seconde fois si l’on se déplace dans la zone. Si la situation reste stable, cette bulle pourrait s’élargir aux au-tres provinces le 17 juillet. Ailleurs au Canada, certaines restrictions ré-gionales doivent également être prises en considération.

3. Directement les hébergeurs tu contacterasSi les plateformes de réservation peuvent être utiles pour attirer les vi-siteurs étrangers au Québec en temps « normal », il reste préférable de ré-server sans intermédiaire. En cette période où chaque denier compte, mieux vaut les mettre dans les poches des entreprises québécoises plutôt que de les voir filer vers l’étranger, où sont basés les géants comme Booking.

4. La distanciation physique tu respecterasLa Santé publique du Québec de-mande de garder une distance de 2 mètres dans les lieux où la circula-tion et les possibilités d’interactions sont importantes, mais de 1,5 mètre dans le cas d’un endroit où les gens sont assis et n’ont pas besoin de se parler. De son côté, l’Agence de la santé publique du Canada continue de recommander de rester à 2 mètres en toutes circonstances. Bref, ne nous approchons pas trop… même si cela reste parfois difficile.

5. D’autres régions tu visiterasSelon l’Alliance de l’industrie touris-tique du Québec, 30 159 entreprises œuvrent dans le secteur du tourisme dans la province, ce qui représente 12 % de l’ensemble des entreprises. Considérant que plus des deux tiers se trouvent à l’extérieur de Montréal et de Québec, c’est le moment de filer vers les coins de pays qui nous ont toujours intrigués.

6. Le masque tu porterasEn 2020, le postillon est passé au rang d’arme de destruction massive. Obligatoire dans les avions au Ca-

nada depuis le 20 avril, le masque le sera aussi dans les transports en commun, y compris les traversiers, à compter du 13 juillet. Une période de grâce de 14 jours sera toutefois ac-cordée. Le port du masque ou d’un couvre-visage est aussi fortement encouragé dans les lieux clos et sera obligatoire dans tous les lieux pu-blics fermés de Montréal à compter du 27 juillet.

7. Un chalet tu loueras… à certaines conditionsLouer un chalet entre amis est possi-ble cet été, mais il est nécessaire de respecter les mesures de distancia-tion physique et les règles relatives aux rassemblements. Un maximum de 10 personnes issues de deux ou trois ménages peuvent occuper la même résidence locative.

Il faudra également rester cons-cient que les entreprises qui louent chalets, cabanes et autres héberge-ments atypiques doivent se soumet-tre à plusieurs règles. « Un délai de 24 heures après le nettoyage des uni-tés est imposé avant de les relouer, à l’exception des unités pouvant ac-cueillir 4 personnes ou moins et dont le plancher est constitué d’une sur-

face dure », précise le gouvernement du Québec. Pendant le séjour, il est aussi conseillé aux propriétaires d’éviter d’effectuer l’entretien « et de fournir l’équipement nécessaire et les produits de désinfection utilisés habituellement pour que les visiteurs puissent procéder eux-mêmes à l’en-tretien ménager ».

8. Avant de sortir du pays, des conditions tu t’informerasLes Canadiens sont actuellement les bienvenus dans les pays de l’Union européenne (UE), ainsi qu’au Mexique et dans plusieurs îles des Caraïbes, dont Cuba, la République dominicaine et la Jamaïque. Toutefois, une qua-rantaine de 14 jours est toujours exi-gée au retour au pays. De plus, les frais médicaux liés à la COVID-19 ne sont pas pris en charge par les com-pagnies d’assurances, selon l’ACTA. Le gouvernement du Canada conti-nue de déconseiller les voyages non essentiels à l’extérieur du pays et ne prévoit pas d’autres vols de rapatrie-ment liés à la COVID-19.

À noter que la liste des pays dont les ressortissants sont admis dans l’UE est révisée tous les 14 jours.

9. Pour acquis rien tu ne tiendrasLa flexibilité reste notre meilleure alliée cet été. Les derniers mois ont fait de nous des « contorsionnistes de l’adaptation », nous forçant à composer avec des situations qu’on n’aurait jamais pu envisager quel-ques semaines auparavant. Si partir bien préparé s’avère essentiel, rester conscient que les plans peuvent changer en cours de route l’est tout autant. « Carpe diem », comme di-sait le poète Horace...

10. Tes mains tu laverasAvons-nous vraiment besoin d’en rajouter ?

Les dix commandements de l’été 2020Il y a à peine un mois, l’idée de prendre la route des vacances s’apparentait à une promesse lointaine. Maintenant que nous pouvons oser quitter nos régions respectives pour aller chercher l’exotisme aux quatre coins de la Belle Province, la Santé publique rappelle que le spectre de la pandémie continue de rôder. Partir ? Oui. Mais en gardant en tête les dix commandements suivants.

Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir. La rédaction du Devoir n’a pas pris part à la production de ces contenus.

MARIE-JULIE GAGNON | COLLABORATION SPÉCIALE

1. Ton séjour tu préparerasLes Québécois ont pris l’habitude d’organiser leurs vacances au Qué-bec à la dernière minute depuis une dizaine d’années. Cette année, les défis sont nombreux. La capacité réduite de nombreux hébergements, attraits touristiques et autres moyens de transport, qui doivent s’astreindre aux règles prescrites par le gouver-nement, rend la chasse aux disponi-bilités encore plus difficile. Mieux vaut effectuer les réservations avant de prendre la clé des champs et con-sulter les sections des sites Web à propos de la COVID-19 pour avoir l’heure juste.

2. L’actualité de près tu suivrasTout bouge vite. Suivre l’évolution de la situation s’avère plus que jamais essentiel, peu importe où nous sou-haitons mettre le cap. Au moment où ces lignes ont été rédigées, il était possible pour les Québécois de visi-ter d’autres provinces canadiennes, sauf l’Atlantique. Pour séjourner en Nouvelle-Écosse, une période d’isole-

Le port du masque est obligatoire dans les avions au Canada depuis le 20 avril.JEFFREY GROENEWEG AGENCE FRANCE-PRESSE

Les quatre trucs du jeune jardinierComment repiquer les toutes jeunes pousses sans les abîmer ?

« On peut utiliser une petite cuillère pour soulever la pousse par le dessous. De cette manière, on peut la replanter dans un autre pot sans abîmer les racines. »

Comment savoir si c’est le bon moment pour transplanter les plantes vertes ?

« Quand on voit les racines dans le fond du pot de culture, il est temps de transplanter dans la terre ou dans un pot plus grand. On le fait au printemps si possible, car c’est le meilleur moment de l’année pour le faire. »

Quelle est la bonne technique d’arrosage ?

« Chaque plant a des besoins différents, mais ce qu’il faut retenir, c’est de ne jamais arroser le feuillage, surtout quand il fait très chaud. »

Comment empêcher les écureuils et les autres petits animaux de déterrer nos bulbes fraîchement plantés ?

« On met du fumier de poule ! L’odeur va les éloigner. »

Simon Jarry dans le jardin communautaire situé à l’arrière de son collège, à Rosemère. FABRICE GAËTAN

JESSICA DOSTIE | COLLABORATION SPÉCIALE

ême s’il a terminé sa première année du se-condaire à distance, Simon n’a pas chômé ce printemps. Entre deux cours virtuels

— donnés dès le début du confine-ment dans son cas — et quelques devoirs, l’adolescent a de lui-même lancé ses semis (à l’aide d’une mini-serre trouvée chez IKEA) et convaincu ses parents non seulement d’installer un petit potager en carré dans leur cour arrière, mais aussi de prendre un lot au jardin communautaire situé juste derrière son collège.

Aujourd’hui, ses deux potagers sont florissants et promettent de belles récoltes, de quoi nourrir toute sa fa-mille, malgré la sécheresse de juin.

Classe verteSon intérêt pour le jardinage a pris ra-cine à son école secondaire : inauguré en 2018, le programme d’agriculture urbaine de l’Externat Sacré-Cœur, auquel a participé Simon durant la dernière année scolaire, permet à un groupe d’élèves de première secon-daire de se familiariser avec le jardi-nage, des semis jusqu’aux récoltes, en passant par la culture des plantes vertes d’intérieur et la plantation d’arbres et de bulbes d’hiver.

Durant l’automne, les élèves ont d’abord récolté certains légumes plantés le printemps précédent, puis, au début de l’hiver, ils ont été initiés à l’art des semis. « Notre prof nous a aussi appris la méthode pour plan-ter certains noyaux et montré com-ment faire repousser des légumes

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