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N° 22 – DÉCEMBRE 2010 SPORT RUGBY : L’ALGÉRIE DANS LA MÊLÉE p. 14 ACTU LA MOSQUÉE D’ÉPINAY-SUR-SEINE DANS LA TOURMENTE p. 8 FOCUS SPÉCIAL FÊTES p. 10 ÉDITION PLAINE COMMUNE Imprimé sur du papier recyclé. Ne jetez pas ce mensuel sur la voie publique : donnez-le. Merci ! Chef d’orchestre à 32 ans ! P. 16 ZAHIA ZIOUANI

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Rugby : l’AlgéRie dAnS lA mêlée P. 16 lA mOSquée d’éPinAy-SuR-Seine dAnS lA TOuRmenTe SPéCiAl FêTeS ÉDITION PlaINe COmmuNe p. 14 p. 10 p. 8 N° 22 – DÉCEMBRE 2010 Imprimé sur du papier recyclé. Ne jetez pas ce mensuel sur la voie publique : donnez-le. Merci !

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FOCUS Spécial FÊTES

SALAMNEWS N° 22 / DÉCEMBRE 2010

SOMMAIRE ÉDITOLa France de demain

Salamnews : 113-115, rue Danielle-Casanova – 93200 Saint-Denis – www.salamnews.fr Directeur commercial : Mourad Latrech – Publicité : 01 48 09 53 24 – [email protected] Rédaction : [email protected] – 01 70 24 39 46 Directeur de la rédaction : Mohammed Colin. Rédactrice en chef : Huê Trinh Nguyên. Journalistes : Mérième Alaoui, Hanan Ben Rhouma, Nabil Djellit, Antoine Dreyfus, Anne-Flore Gaspar-Lolliot, Nadia Moulaï.Ont participé à ce numéro : Ahmed Jaballah, Djamel Louergli, Requia Badr, Chams en Nour. Conception graphique : Pierre-André Magnier. Photo de couverture : © Christophe Fillieule. Chef de projet : Sandrine Mayen. Imprimé en France. Tirage : 110 000 exemplaires. Éditeur : Salamnews est édité par Saphir Média, SARL de presse au capital de 10 000 euros. Directeur de la publication : Mohammed Colin. N° ISSN : 1969-2838. Dépôt légal : décembre 2010.

HORIZONS 4 L’exercice pratique de la diversité pacifique

ACTU 6 Grand froid : la solidarité s’organise Hajj 2010 : des arnaqueurs toujours sur le marché

7 Wikileaks : Saphirnews, un média de premier plan selon les États-Unis

8 Édition Plaine Commune : La mosquée d’Épinay-sur-Seine dans la tourmente

8 Édition Marseille : Un Aïd 2010 pas moutonnier

BUSINESS 8 Réduisez vos impôts !

SPORT 14 Rugby : l’Algérie dans la mêlée

TÊTE D’AFFICHE 16 Zahia Ziouani : « Je rêve de diriger un orchestre plus métissé »

BEAUTÉ 18 Mettez-vous au parfum !

LA CUISINE DE REQUIA 20 La bûche de Noël

DE VOUS À NOUS 22 Le Noël d’Isabelle

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L ’année 2010 n’a pas été synonyme de confiance en l’avenir. Elle a com-mencé maladroitement par un

débat sur l’identité nationale. Une partie des Français s’est alors sentie pointée du doigt et soupçonnée de défaut de loyauté. Ce débat s’est télescopé avec celui de la votation suisse contre les minarets, et s’est poursuivi avec la campagne gouvernemen-tale contre le port du voile intégral. Que souhaite-t-on pour l’avenir du pays ? Les intérêts électoralistes suspendus aux images d’Épinal d’une France immuable sont incapables d’écouter les générations qui font la France d’aujourd’hui. En réalité, le clivage n’est pas ethnique, il est générationnel ! La génération du papy-boom est monocolore et quasi mono- culturelle. Certes, elle a vécu aux rythmes des musiques du monde et consommé quantité de produits de la world culture grâce à la mondialisation. Mais elle a rare-ment été au contact de camarades un peu plus « basanés » dès les bancs de l’école. Contrairement aux générations suivantes. Celles-ci englobent des Français héritiers de l’immigration, ceux-là mêmes qui incar-nent le baby-boom diversity.Les trentenaires n’ont pas à être seulement les témoins passifs de la crise économique, ils représentent surtout le point de bascu-lement d’une France en capacité de s’assu-mer. Seulement, il faut espérer que nos aînés gèrent mieux leurs frustrations face au monde qui leur échappe et ne nous laisse pas en héritage des Blancs contre des Noirs, des musulmans contre des juifs, des urbains contre des ruraux, des ghettos riches contre des ghettos pauvres… Hypo-théquant l’avenir de leurs enfants pour leur confort personnel. ■

Mohammed Colin

10 « Fête » ensemble !

12 La fête doit créer une communauté de citoyens

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HORIZONS Par Ahmed Jaballah, directeur de l’Institut européen des sciences humaines et islamiques de Paris (IESHIP), membre du Conseil européen de la fatwa et des recherches (CEFR) et membre du Conseil français de la finance islamique (COFFIS).

4SALAMNEWS N° 22 /DÉCEMBRE 2010

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SHIP

Durant ce mois De Décembre, les trois granDes communautés religieuses De France célèbrent des fêtes et des événements religieux importants : Hanoukka pour les juifs, la fête de la Nativité pour les catholiques et le Nouvel An lunaire pour les musulmans. Ainsi, après avoir fêté l’Aïd Al-Adhâ (fête du sacrifice) en novembre, les musulmans accueillent en décembre le Nouvel An lunaire 1432, dont le dixième jour, achoura, est connu pour être un jour mémorable dédié au jeûne, car, selon la tradition musulmane, c’est pendant ce jour que Dieu a sauvé Moïse et ses adeptes du Pharaon et de son armée qui les poursuivaient.

au-Delà De la signiFication religieuse De chacune De ces Fêtes, nous pouvons nous réjouir du fait que dans notre pays, en France, toutes ces communautés religieuses célèbrent leurs fêtes dans la paix et dans un esprit de tolérance. Quatorze siècles plus tôt, le Prophète Muhammad [SBDSL] a souligné l’importance de la célébration des fêtes musulmanes de l’Aïd, tout en rappelant que chaque communauté a également ses fêtes : « À toute communauté sa fête, et aujourd’hui c’est notre fête. » Cette affirmation met en évidence deux idées : d’une part, les fêtes sont un rituel important pour toute communauté et il faut, par conséquent, les respecter ; d’autre part, la reconnaissance de la diversité ne s’oppose en rien à la célébration spécifique de ses propres fêtes religieuses.

cet équilibre entre la sauvegarDe De l’iDentité religieuse et le respect De la Diversité est un grand principe qu’il nous faut rappeler et enseigner sans cesse à nos communautés respectives. Les principes religieux doivent être un élément fort qui consolide la cohésion et la solidarité entre les différentes composantes de la société.

ceux qui s’éloignent De cet esprit pour sombrer Dans Des attituDes De haine et D’aFFrontement trahissent leurs principes religieux avant même de porter atteinte à autrui. Les raisons des confrontations malheureuses qui se produisent entre des communautés religieuses dans certains pays du monde sont généralement issues de causes politiques ou sociales et sont justifiées tout à fait injustement par des raisons religieuses.

l’actualité nationale comme internationale nous Fournit malheureusement des exemples d’événements condamnables qui concernent l’atteinte aux lieux de culte et à leurs occupants. Dernièrement, les attaques contre les églises en Irak, mais aussi l’atteinte à des mosquées en France, sont des événements qui ne sauraient trouver une quelconque légitimité, quelle soit religieuse ou politique, et contre lesquels chacun doit fermement s’élever.

le coran rappelle à ce titre le respect absolu à accorDer à tous les lieux De culte et souligne que si les hommes manquent parfois dans leur vie au principe de justice, ils y sont, au fond d’eux-mêmes, extrêmement attachés, l’injustice leur étant profondément insupportable.

ainsi, la protection Des lieux De culte, quelles que soient leurs obéDiences, est l’affaire de tous, car ces lieux sont une expression de la diversité, qui est la réalité des hommes. Ceux-ci sont en effet appelés, pour bien vivre cette diversité, à dialoguer sans vouloir contraindre l’Autre à sa vérité, car c’est à Dieu Seul qu’incombe la responsabilité de trancher sur les divergences. Devant le témoignage parfait de Dieu, le croyant doit être confiant dans la justice divine, et doit se préserver d’être lui-même injuste envers quiconque. ■

L’exercice pratique de la diversité pacifique

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Secours Islamique France

10, rue Galvani - 91300 MassyTél. : 01 60 14 14 14www.secours-islamique.org

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Je pense à ma Zakât, je pense aux pauvres !Zakât Al Maal

La Zakât Al Maalest l’aumône obligatoire que chaque

musulman verse en vertu des règles de solidaritéinstituées par l’Islam. Depuis plusieurs années déjà, le

Secours Islamique France a mis en place une caisse spécialeafin de collecter et redistribuer la Zakât aux plus démunis.

D’une manière générale, si la valeur des biens en votre possessiondepuis 1 an au moins excède le Nissâb (85 g d’or estimés en novembre

2010 à 2.644 €), vous devez vous acquitter de 2,5 % de ce montant.

Votre Zakât pourra ainsi servir à financer des projetsd’aide humanitaire en France, en Palestine, au Pakistan, etc.

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Pour plus de détails consultez notre site internet www.secours-islamique.org

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URGENCE. Fin novembre, la France a compté ses pre-miers morts de froid dans la rue. Avec une température soudaine allant en dessous de zéro, les préfectures ont enclenché le plan Grand Froid. Et les ONG se mobi-lisent : Samu social, Croix-Rouge, Secours populaire, Secours catholique, Secours islamique, Restos du cœur…, ainsi que toutes les associations s’occupant de l’héber-gement d’urgence dans les centres d’accueil.Depuis l’an dernier, le Secours isla-mique France (SIF) intervient auprès des sans-domicile fixe dans des villes de Seine-Saint-Denis. Trois soirées par semaine (mardi, vendredi et dimanche), des maraudes (équipes de 3 ou 4 bénévoles, formés à ces missions et encadrés par un chef d’équipe expé-rimenté) vont à la rencontre des per-sonnes vivant dans la rue. Distribution de boissons chaudes, de repas mais aussi de couvertures et de produits

d’hygiène…, c’est aussi l’occasion de discuter et de maintenir du lien social avec ces écorchés de la vie, que des incidents de parcours (chômage, licenciement, drame familial, loyers impayés…) n’ont pas épargnés. Le 1er décembre, le secrétaire d’État au logement affirmait que « tous les appels vers le 115, numéro d'urgence du SAMU social, déboucheraient sur une proposition d’hébergement », ce que les associations réfutent, car bon nom-bre de sans-abri refusent d’aller en foyers d’accueil, par crainte de vol et de violence. En France, on dénombre 100 000 personnes sans domicile connu. ■ Huê Trinh Nguyên

FRANCE Grand froid : la solidarité s’organise

PÈlERiNAgEHajj 2010 : des arnaqueurs toujours sur le marché

EN BREF Coupe du monde 2022 au Qatar

Discriminations au travail

ACTU6

PACTOLE. Le grand pèlerinage (hajj) à La Mecque, qui représente aux yeux de tout musulman un voyage excep-tionnel empreint de spiritualité, vient de s’achever. Mais le hajj, c’est aussi un gros business qui rapporte chaque année plus de 100 millions d’euros en France. À raison de 3 500 euros en moyenne par personne, il fait l’objet de toutes les convoitises, y compris d’agences peu scrupuleuses.Bien que le voyage se soit déroulé dans les règles pour la plupart des 30 000 pèlerins partis de France, des arnaques ont encore été dénombrées cette année, et ce malgré la publication dès septem-bre, par France Hajj, de la liste officielle des agences agréées par les autorités saoudiennes. Les personnes âgées ont

été particulièrement flouées. Ce fut notamment le cas en Rhône-Alpes, où une trentaine de musulmans ont été privés de ce voyage spirituel après avoir déboursé des milliers d’euros à l’agence Manassik Voyage, basée à Genève. Celle-ci avait pourtant déjà un conten-tieux avec 232 pèlerins, à qui elle doit plus de 1,5 million d’euros. Les rabat-teurs, qui recrutent des clients pour les voyagistes, sont régulièrement poin-tés du doigt par SOS Pèlerin, une association de défense des pèlerins. Celle-ci appelle ces derniers à plus de vigilance avant toute remise d’argent et de passeports, y compris pour une ‘umra (petit pèlerinage). Plusieurs actions judiciaires sont en cours de traitement. ■ Hanan Ben Rhouma

FOOT. Après la Russie en 2018, le Qatar a été désigné par la FIFA, jeudi 2 décembre, pour accueillir la Coupe du monde de football en 2022. Une surprise de taille puisqu’elle concourait aux côtés de l’Australie, du Japon, de la Corée du Sud et des États-Unis, grands favoris. Représenté par un ambas-sadeur de poids en la personne de Zinedine Zidane, l’émirat sera ainsi le plus petit et surtout le premier des États arabes à être choisi pour organiser la compétition la plus suivie de la planète. Sur douze stades prévus pour accueillir les matchs, neuf restent encore à construire intégralement. Tous seront équipés d’un système de climatisation fonctionnant à l’énergie solaire qui devrait per-mettre de maintenir la tempéra-ture à hauteur d’une vingtaine de degrés. ■ H. B. R.

INÉGALITÉS. 21 points de moins. En moyenne, entre 2005 et 2009, 86 % des hommes fran-çais âgés de 16 à 65 ans ont un emploi quand leurs deux parents sont français de naissance. Ils ne sont que 65 % quand au moins un de leurs parents est immigré et originaire d’un pays du Maghreb. C’est ce que révèle la dernière enquête de l’INSEE France : portrait social – édition 2010. Pour les fem-mes, l’écart est de 18 points. Tandis qu’un tiers des écarts de taux d’emploi s’expliquent par des différences d’expérience, de diplôme, de situation familiale et de lieu de résidence, les deux autres tiers relèveraient de l’existence bien réelle de discriminations, mais difficilement mesurables… ■

H. T. N.

DÉBAT

Jean Genet et l’islam Centenaire de Jean Genet (1910-1986), un des plus grands écrivains du XXe siècle, qui a parcouru les côtes méditerranéennes, découvert la Syrie, le Maroc…, jusqu’à embrasser la cause palestinienne en 1968. Caroline Daviron, auteure de Jean Genet, une passion méditerranéenne (Éd. Encre d’Orient, 2010), retrace sa vie et son œuvre.w Le 16 décembre, à 19 h 30 Institut des cultures d’islam : 19-23 rue Léon 75018 Paris01 53 09 99 83

HOMMAGE

Éva de Vitray-Meyerovitch : la quête de l’Absolu Chercheure au CNRS, disparue en 1999, Éva de Vitray-Meyerovitch fut la grande spécialiste du soufisme, qui fit connaître au public francophone l’œuvre de Muhammad Iqbâl et celle de Jalâl ud-Dîn Rûmî. Documentaire, table ronde avec de nombreux intervenants et sama (audition spirituelle).Participation : 5 €

w Le 19 décembre, de 14 h à 19 h 30Forum 104 Salle des Glycines104, rue de Vaugirard 75006 Parishttp://eva-de-vitray.blogspot.com/

EXPO PHOTOReza : Une terre, une familleLe talentueux photographe Reza expose 22 photos de grand format en plein air. Voyage à travers des portraits d’hommes et de femmes du Rwanda à l’Afghanistan, du Cambodge à la Chine, de la Mongolie au Pakistan, du Caire à Jérusalem.w Jusqu’au 3 janvier 2011 Parc de La Villette211, avenue Jean-Jaurès Paris 19e www.villette.com

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SALAMNEWS N° 22 / DÉCEMBRE 2010

w Pour plus d’actus, saphirnews.com,le premier quotidien musulman d’actualité

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Maraude du Secours islamique France, à Saint-Denis (93), le 24 novembre. Théo, 57 ans,

vit sous un pont, proche du Stade de France.

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MONDE Wikileaks : Saphirnews, un média de premier plan selon les États-Unis

ACTU

DIVERSITÉ. Une surprise de taille a été bien accueillie par l’équipe de Saphirnews.com, premier site Web d’actualité quotidienne sur le fait musulman. Une des missi-ves de la diplomatie américaine divulguées par Wikileaks et datant de janvier 2007 fait référence à Saphirnews.com comme un site « de premier plan » qui partagent leurs « valeurs ».Des liens ont en effet été tissés depuis longtemps entre les officiels américains en France et Saphir-news, qui a été amené, par exem-ple, à rencontrer la porte-parole du Congrès américain, Lynne Weil, en décembre 2008, pour discuter de l’état de la société française. Entre autres rencontres : la présence de Farah Pandith, représentante spéciale pour les communautés musulmanes au département d’État américain, à l’occasion du premier anniversaire de Salamnews, qui avait convié 400 lecteurs et abonnés à la Géode (Paris 19e), le 27 octobre 2009.

L’élite de demainCes notes nous dévoilent ample-ment la stratégie américaine vis-à-vis des minorités ethniques et religieuses, qui englobent entre

autres les musulmans de France : susciter l’émergence de leaders au sein de la société civile, en sou-tenant des projets dans les ban-lieues françaises, en favorisant des échanges transatlantiques et en accroissant l’implication des médias de la diversité dans le paysage français.L’ambassade américaine à Paris, dirigé par Charles Rivkin depuis juin 2009, appelle depuis long-temps à « encourager les voix modé-rées de la tolérance à s’exprimer avec courage et conviction », afin de former et d’investir « dans des médias et des militants politiques qui partagent nos valeurs », peut-on lire dans une des notes, classées confidentielles. Le défi de la représentation des minorités dans les plus hautes sphères de la société est grand, car « les institutions françaises ne se sont pas montrées assez flexibles pour s’ajuster à la démographie de plus en plus hétéroclite ». Encore aujourd’hui, très peu de personnes issues de la diversité tiennent des postes à responsabilités. Pour preuve, on compte seulement 3 députés sur 577 et 4 sénateurs sur 343 issus de l’immigration. ■

Hanan Ben Rhouma

Parmi les milliers de télégrammes et de rapports diplomatique publiés, depuis fin novembre,par le site Wikileaks, quelques mémos ont retenu toute notre attention.

www.salamnews.fr

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TOHU-BOHU. « La volonté du maire est que les fidèles puissent exercer leur culte dans une totale sérénité, raison pour laquelle on a été sollicité, en tant que concilia-teur, par la mairie pour reprendre la gestion du lieu de culte », nous affirme le chargé de communi-cation de la Grande Mosquée de Paris (GMP), qui a souhaité garder l’anonymat. Mais rien ne se passe comme voulu. La GMP, qui doit gérer la mosquée d’Épi-nay aux termes de la convention signée le 20 octobre 2010 avec la mairie, n’a toujours pas pu im-poser son imam, l’ancien imam et ses soutiens ne souhaitant pas laisser le champ libre au nou-veau.

Retour aux faitsAvant elle, c’était l’association Intégration musulmane spina-cienne (IMS) et son président Hamid Boushaki, longtemps loué pour son travail sur le ter-rain, qui géraient la mosquée. Un centre islamique de 700 m², qui peut accueillir jusqu’à 1 400 fidèles, a vu le jour en avril 2009, remplaçant deux exigus lieux

de culte dans la ville. Le finan-cement du centre, à hauteur de 2 millions d’euros, a totalement été pris en charge par le maire, sans aucune participation des musulmans d’Épinay. Mais, depuis qu’IMS s’est vue ac-corder par la mairie l’exclusivité de la gestion des locaux, les problèmes sont vite apparus. Fierté des mu-sulmans spinaciens, la mosquée est aujourd’hui devenue un objet de dispute. À tel point que Hamid Boushaki a préféré, fin septembre, se consacrer exclusivement à la partie culturelle du centre, lais-sant la mairie trouver un nouveau repreneur pour la mosquée.Créée en septembre 2010, l’Union des associations musulmanes d’Épinay-sur-Seine (UAME), qui

regroupe quatre associations spi-naciennes, espérait obtenir la ges-tion du local. Sans succès, puisque la mairie a décidé en octobre de confier ce travail à la GMP. De-puis, l’UAME ne décolère pas. Son président, Nabil Abdellaoui, estime que si les locaux appartiennent à la mairie, elle « n’a pas à décider quelle institution doit venir diriger les mu-sulmans d’Épinay. On n’a rien contre la Mosquée de Paris, mais elle doit comprendre que le centre doit être géré localement. » De plus, la passa-tion du centre à la GMP n’est rien de plus qu’« une manœuvre pour écarter l’imam Mustapha », présent tous les vendredis depuis plus de 15 ans, selon l’avis de l’UAME.« L’imam qu’on souhaite dépêcher pour la mosquée d’Épinay est capa-

ble d’assurer sa présence pour les cinq prières quotidiennes, de faire le prê-che du vendredi et de rendre des avis religieux alors que le précédent imam ne vient que les vendredis », explique la GMP, qui assure que leur imam a fait l’objet de multiples agressions physiques et verbales. « La situation ne peut être réglée que par les autorités dûment habilitées à assurer l’ordre public et la sérénité des lieux de culte », annonce Dalil Bou-bakeur, par voie de communiqué du 3 décembre. Pour le moment, l’imam d’Épinay n’est pas prêt à céder sa place, ses soutiens sont nombreux et une manifestation est organisée chaque vendredi devant la mairie. Les musulmans de la ville ne sont pas encore prêts de voir les portes de la mosquée rouvertes. ■

SALAMNEWS N° 22 / DÉCEMBRE 2010

Plaine Commune8 Aubervilliers − Épinay-sur-Seine − L’Île-Saint-Denis – La Courneuve Pierrefitte-sur-Seine − Saint-Denis – Stains − Villetaneuse

Par Hanan Ben Rhouma

Pouvez-vous nous donner votre version des faits ?Hervé Chevreau : Certains individus, qui per-turbaient le fonctionnement de la mosquée, ont mis la pression sur M. Boushaki, qui a souhaité ne conserver que la gestion de la partie culturelle du centre. J’ai alors eu besoin d’une nouvelle association pour faire fonctionner le lieu de culte. Je me suis rapproché de la Grande Mosquée de Paris, qui me paraît une institution solide pour la gestion des lieux de culte. Mais ceux qui ont réussi à faire partir M. Boushaki

mettent la pression sur la GMP. Elle a donc dé-cidé de fermer le lieu pour, j’espère, le moins de temps possible, parce que cela pénalise toute la communauté musulmane.

Pourquoi ne pas donner la gestion du lieu à l’UAME ?

Ce que ces gens veulent, c’est la possession du lieu et rien d’autre. On ne peut pas travailler avec des gens de cette manière. Je ne veux pas résilier la convention avec la GMP, qui est pour moi la meilleure chose pour Épinay.

Quelles sont les solutions ?

Il n’y a pas trente-six solutions. L’imam qui s’est autoproclamé comme tel n’a pas lieu d’être, maintenant que la GMP gère ce lieu. Il a été très certai-nement imam à une époque, mais le nou-vel imam salarié de la GMP viendra tous les jours, y compris le vendredi. On doit le laisser intervenir. Ensuite, les cinq ou six individus qui perturbent doivent arrêter de déranger. ■

Rien ne va plus à la mosquée d’Épinay-sur-Seine. La mosquée est fermée depuis l’Aïd al-Adhâ, par décision de la Grande Mosquée de Paris, censée gérer le lieu de culte depuis octobre, selon les termes d’une convention signée avec la mairie.

La mosquée d’Épinay-sur-Seine dans la tourmente

Hervé Chevreau, maire d’Épinay-sur-Seine : « C’est à la Grande Mosquée de Paris de gérer le problème »

ENJEU POLITIQUE La mosquée d’Épinay serait-elle une bonne affaire politique pour qui s’en empare ? Le nombre de délégués qui élisent les Conseils régionaux du culte musulman (CRCM) est en effet calculé en fonction de la surface des lieux du culte. Un 700 m² permettrait à la GMP d’obtenir huit délégués supplémentaires. Cette lutte de pouvoir et d’influence met les musulmans d’Épinay dans de beaux draps.

Vendredi 29 octobre, devant la mairie d’Épinay : première manifestation, réunissant une centaine de personnes

à l’appel de l’UAME, pour dénoncer la convention donnant la gestion du lieu de culte de la ville à la Grande Mosquée de Paris. ©

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FOCUS10 spécial fÊTES

DDécembre, mois fort en festivités. Il débute par Hanoukka,

est ponctué par le Nouvel An musulman, s’illumine avec Noël et festoie lors du réveillon. Si les rites restent les mêmes,

chacun adapte ces moments de fête un peu à sa manière. Entre convivialité et spiritualité.

« Fête » ensemble !

Du foie gras halal pour l’Aïd et du cous-cous à Noël. Chez Hawwa, 30 ans, et Xavier, 32 ans, « les fêtes religieuses ne posent pas de problème », lance la jeune femme, employée dans la finance. Car tous les deux tiennent à leur culte. « Je prie, je fais le jeûne du Ramadan », confie Hawwa, Française d’origine malienne. Xavier, lui, appartient à une famille ca-tholique versaillaise, aujourd’hui installée

dans les Pyrénées-Orientales. Et la reli-gion, il y est plutôt attaché. Alors, quand Noël arrive, pas question pour lui de faire l’impasse sur cet événement. « L’an dernier, on a fait un repas à la maison le 24, puis on s’est rendus dans la famille de Xavier le 25. […] Nous avons organisé un dîner de Noël à la sauce malienne, à Paris, avec ma mère, mon frère et mes oncles », lâche Hawwa dans un éclat de rire. Une

coutume habituelle pour elle. « Au Mali, chrétiens et musulmans célèbrent ensemble toutes les fêtes religieuses. »Pas question pour elle, donc, d’aban-donner la pratique, surtout si elle peut lui permettre de s’attabler au côté de ses proches, le 24 décembre. Au menu, ce soir-là, « huîtres, épaule d’agneau et couscous. Mon mari va à la messe vers 19 heures, puis il nous rejoint. »

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Par Nadia Moulaï

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47,5 % En 2009, 47,5 % des personnes originaires du Maghreb et vivant en Île-de-France prévoyaient de fêter Noël. (Source : Solis, 2009)

MEMOEt Noël côté belle-famille ? « Cela se passe toujours très bien. » Même quand la table est garnie d’ali-ments prohibés par l’islam. « Si mes beaux-parents font du porc, il y aura toujours quelque chose pour moi », précise-t-elle. Avant d’ajou-ter : « Noël, ce n’est pas la cuisine du terroir, c’est les produits de la mer ! »

Aïd el-Kébir, Hanoukka, Noël…Un constat qu’Adil, musulman, nuance tout de même. À 38 ans, il est marié à Isabelle, juive pratiquante. En matière de fêtes religieuses, les choses sont plutôt « cloisonnées ». « Je ne fête pas Ha-noukka », fait-il remarquer, mais « je n’empêche pas nos deux enfants de le faire avec leurs grands-parents ». Résultat, chaque année, femme et enfants participent au rituel de Hanoukka. « Nous allumons le candélabre. Le huitième jour, nous organisons un goûter familial avec des beignets », explique Isabelle. En novembre dernier, elle a ce-pendant fêté l’Aïd el-Kébir. « Je suis pour la fête ! », tonne-t-elle tout sourire. « Que ce soit Noël ou la fête du mouton, je saute toujours sur l’occasion ! »Si Adil avoue avoir célébré des fêtes non musulmanes comme Noël par le passé, il n’y accorde plus vraiment d’importance. Il souligne surtout l’attrait de Noël pour ses enfants.

Faire plaisir aux plus jeunesDans la communauté juive, les enfants sont gâtés tout au long de Hanoukka. « Ils reçoivent, en théorie, un petit cadeau tous les jours », expli-que Déborah, 29 ans. « En réalité, la plupart des familles se contentent d’un jouet ou d’un vêtement par enfant. » D’après Samia, 32 ans, comptable, mariée à Samuel, athée, « si les musulmans célèbrent Noël, c’est surtout pour faire plaisir aux enfants à travers les cadeaux ».Dans l’islam aussi, offrir un pré-sent est recommandé lors de l’Aïd al-Adhâ. « La veille de l’Aïd, je cours les boutiques. J’achète des ha-bits neufs. J’en profite pour offrir des jouets à Maïssa, notre fille de 3 ans. C’est son Noël ! », raconte Samia.Une pratique en vogue. Les jeunes générations de Français musulmans semblent même dé-passer le simple cadre religieux. « Beaucoup de mes amis musul-mans accordent une importance toute particulière à la célébration de cette fête », relève Mohamed, 40 ans, chef d’entreprise. « Sa-crifice du mouton et prières certes. Mais les cadeaux faits aux enfants tiennent le haut du pavé. » Vivre avec son temps, donc.

Hégire ou Saint-Sylvestre ?Associé aux fêtes religieuses, le jour de l’an est également célébré

par l’ensemble des communau-tés présentes en France. Juive, chrétienne ou musulmane. Pour autant, il ne comporte pas vrai-ment de dimension religieuse. « En général, Samuel et moi invi-tons des amis à la maison », note Samia. Chez les jeunes, notamment célibataires, le jour de l’an rime avec sorties nocturnes. Samy, 25 ans : « Je ne fête pas Noël. En re-vanche, j’aime bien retrouver mes copains pour la nouvelle année. Autrement, je reste en famille pour dévorer un bon repas : crevettes, œufs de lump ou saumon, on se fait plaisir. » Signes d’une intégration réussie…Moins répandue, la célébration de l’Hégire, qui marque le pre-mier jour de l’an musulman, a eu lieu le 7 décembre cette année. « Nous téléphonons aux anciens de la famille, plus sensibles à cette date », constate le jeune homme.Depuis quelques années, certains saisissent même l’occasion du nouvel an hégirien pour se réunir, voire festoyer. C’est le cas de Leila, 33 ans. « L’an dernier, j’ai loué une salle et organisé une réception pour marquer le début de l’année musul-mane. » Pas une soirée dansante, juste un dîner. « Je sais bien que cela peut être interprété comme une innovation et donc contraire à l’islam. Mais réunir proches et amis n’est pas un pêché… » ■

■ HanoukkaCélébrée à partir du 25 du mois hébraïque, la « Fête des lumières » marque la reconquête de Jérusalem par le peuple juif au IIe siècle av. J.-C. Durant Hanoukka, les fidèles allument une bougie par jour, rappelant le miracle de la fiole d’huile d’olive qui permit aux soldats juifs, mobilisés pour purifier un temple profané, de tenir allumé un chandelier durant huit jours.

■ HÉgireL’hégire (« émigration », en arabe) renvoie à l’an 622, au cours duquel le Prophète Muhammad quitte La Mecque pour rejoindre Yathrib (Médine). Il marque le début du calendrier musulman (lunaire). Peu célébré, le Nouvel An hégirien reste néanmoins une occasion de préparer des plats festifs.

■ aCHouraCorrespond au 10e jour de muharram, mois inaugural de l’année musulmane. À l’origine,la rencontre, en 622, du Prophète Muhammad avec une tribu juive, jeûnant pour Yom Kippour. Calquant la pratique, il conseille alors à ses fidèles de jeûner deux jours. Ce jeûne est surérogatoire.

■ noËL Célèbre la naissance de l’enfant Jésus. Le doute subsiste quant au lieu : Nazareth ou Béthlehem (Cisjordanie actuelle). Fixée au 25 décembre, Noêl constitue avec Pâques une fête majeure du calendrier chrétien. Mais ce n’est qu’au Ve siècle qu’il se répand.Symboles de Noël : la crèche, qui met en scène la Nativité et l'arrivée des Rois mages, la veillée,et la messe de minuit.

MÉMO

ÉCONOMIE. Chapon, foie gras et boissons festives sans alcool (Night Orient, Moussy…), la filière halal propose tous les pro-duits phares des fêtes de fin d’an-née. « À partir du 15 décembre, le gros des commandes de Noël est passé », relève Abdallah Lamar, de la société Alvidis, grossiste de volaille halal, basé à Rungis. Et les quantités sont plutôt parlan-

tes. « Pendant les fêtes, je vends un millier de dindes, 800 chapons, dont 600 fermiers. » La clientèle est composée essentiellement de boucheries, très peu de restau-rants. Les produits plus raffinés, de type foie gras, restent encore un luxe. « Je n’en vends pas plus d’une centaine. À 9 euros, la ver-rine de 100 grammes, cela reste cher », poursuit-il.

Caractéristique propre à cette clientèle ? « Les commandes perdu-rent bien au-delà du 25 décembre », lance-t-il, amusé. « D’ailleurs, au jour de l’an, ce ne sont pas moins de 150 colis de dinde qui partent… » Mais si la période reste propice aux ventes, M. Lamar regrette une baisse par rapport à 2009 : « La crise est passée par là et tout le monde en souffre… » ■

Le panier de Noël

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Les jours fériés renvoient-ils systématiquement à des fêtes religieuses ?Jacqueline Lalouette : Contrairement à une idée reçue, les fêtes religieuses ne sont pas les plus nombreuses. Il n’y en a que quatre : Noël, le jeudi de l’Ascension, l’Assomption (15 août) et la Toussaint (1er novembre). Le lundi de Pâques et le lundi de la Pentecôte ont été fixés comme jours fériés en 1886, à la demande des banques et des chambres de commerce, dans un souci d’harmonisation avec les places financières d’autres pays euro-péens (car certaines opérations financières sont interdites durant les jours fériés).

Les jours de fête sont-ils tous des jours fériés ?

Non, par exemple la fête des voisins ou celle de la musique ne sont pas des jours fériés. Beaucoup de régions possèdent des fêtes à caractère folklorique qui ne sont pas non plus des jours fériés.

Quelle évolution observez-vous ? Un premier constat est qu’en deux siècles

le nombre de jours de fêtes légales, et donc de jours fériés, a augmenté, passant de qua-tre à onze. Il a donc pratiquement triplé.

Comment se fait-il que la République laïque qu’est la France célèbre des fêtes religieuses ?

Revenons au contexte historique. Quand ces jours de fêtes religieuses ont été fixés, en 1802, le régime en place était le Consulat. La France venait de signer avec Rome un concordat établissant que la grande ma-jorité des Français étaient catholiques. En 1905, lors du vote de la loi de séparation des Église et de l’État, quelques députés socia-listes et anticléricaux ont souhaité que ces jours de fêtes chrétiennes soient supprimés ou que l’on change leurs noms pour leur retirer tout caractère chrétien : Noël serait devenu la « fête de la famille ». La majorité des parlementaires s’y est opposée, notam-ment Aristide Briand, artisan majeur de la

séparation. Il semblait difficile d’ignorer que la France est un pays de vieille culture chrétienne.

Mais la France évolue et d’autres communautés religieuses font partie de la nation française…

D’ailleurs, deux propositions ont été faites ces dernières années, concernant l’Aïd al-Adhâ [qu’on appelle aussi Aïd el-Kébir, ndlr] et Yom Kippour. En 2003, la commission Stasi s’est dite favorable à « l’introduction » de ces deux fêtes « dans le calendrier des jours fériés dans toutes les écoles de la République ». Mais Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, instituait alors une journée de la solidarité ; ce n’était donc pas le meilleur moment. En 2010, une proposition semblable a été formulée lors du débat sur l’interdiction du port de la burqa. Aucune de ces deux propositions n’a été suivie d’effets.

On est donc loin d’un jour férié national lors de l’Aïd ou de Yom Kippour…

Il ne faut toutefois pas oublier que, de-puis 1967, chaque année une circulaire mi-nistérielle de l’Éducation nationale donne la liste des fêtes religieuses donnant droit à une absence « sous réserve de compatibilité avec le fonctionnement normal du service ».

Comment la France évoluera-t-elle comp-te tenu de sa diversité culturelle et reli-gieuse ?

Je ne prédis pas l’avenir… Cependant, je serais très étonnée que l’on augmente le nombre de jours de fêtes, et ce pour des raisons d’ordre économique. Supprimera-t-on des fêtes chrétiennes ? Cela m’étonnerait tout autant : la France est un vieux pays de culture catholique, attaché à ses fêtes, y com-pris quand elles ont largement perdu leur sens religieux. Et si l’on supprimait une fête chrétienne pour instaurer une fête juive ou musulmane, ne risquerait-on pas de nourrir certaines tensions ? Il faut aussi s’interroger sur la manière dont les fidèles des religions non chrétiennes se situent par rapport aux fêtes chrétiennes.

Mais ces fêtes ne dénotent-elles pas un enjeu de citoyenneté ?

Oui, tout à fait. Cet enjeu se rapporte surtout aux trois fêtes à caractère national ou civique : le 14 juillet, le 8 mai et le 11 no-vembre. On peut d’ailleurs noter qu’il a été fort peu question de ces fêtes lors du débat sur l’identité nationale, quoi que l’on pense de celui-ci. ■* Auteure de Jours de fête. Jours fériés et fêtes légales dans la France contemporaine, Éd. Tallandier, 2010.

12SALAMNEWS N° 22 / DÉCEMBRE 2010

Propos recueillis par Nadia Moulaï

FOCUS spécial fÊTES

Le 14 juillet, symbole de la « fête de la nation tout entière ». Ici, en 2010, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance des pays francophones d’Afrique, des vétérans africains de l’armée française assistent au défilé.

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« La fête doit créer une communauté de citoyens »

Dans une france bigarrée, le sens donné aux fêtes évolue, jusqu’à devenir une question de citoyenneté. Rencontre avec Jacqueline Lalouette*, historienne.

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« La fête doit créer une communauté de citoyens »

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BALLON OVALE. Plus que la force physique de ces colos-ses, c’est la force morale de ces rugbymen franco-algériens qui impressionne. Azzouz, Sofiane, Nasser et les autres, qu’ils soient nés ou qu’ils aient grandi en France, se battent pour que le rugby algérien existe au « bled » et sur la scène internationale. Si tous les ingrédients sont réu-nis pour prendre sa place dans le monde de l’ovalie, le gouverne-ment algérien, lui, n’a toujours pas donné son aval pour la créa-tion d’une fédération nationale, condition sine qua non pour participer aux compétitions in-ternationales. Le combat de leur vie est bien là. Et loin des arca-nes étatiques, ils ont décidé de l’embrasser à bras-le-corps.

Douze clubs de rugbyCes hommes ont déjà gagné des points sur le terrain : « Il y a trois ans, on est parti à Oran, on a or-ganisé une journée portes ouvertes au stade Zabana. On s’attendait à voir venir une centaine d’enfants. En trois jours, on a vu débouler près de 4 000 gamins », explique avec ferveur Sofiane Benhassen, pilier du projet et joueur de Massy. Aujourd’hui, président du Stade oranais, il navigue entre ses deux pays pour struc-turer son club et former des édu-cateurs. Une initiative originale qui a fait son chemin. Il existe désormais 12 clubs as-sociatifs de rugby au pays des Fennecs. « Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les Algériens sont naturellement prédisposés à ce sport. Il correspond à nos valeurs de solidarité, de partage et de com-bat. Et sur le gazon, les jeunes Al-

gériens n’ont aucune appréhension à plaquer ou à aller au charbon », clame Azzouz Aïb, professionnel à Grasse (2e division), et élé-ment moteur de cette aventure. « Le rugby, ce n’est pas seulement une pratique sportive, c’est aussi un état d’esprit. Nous en profitons pour scolariser des enfants sortis du circuit », complète Sofiane Benhassen.

« La France nous a beaucoup donné »Un corps sain, dans un esprit sain. Pas un vain mot pour ces joueurs qui composent la sélection algé-rienne. Issu de quartiers popu-laires de l’Hexagone, beaucoup réussissent une belle carrière pro-fessionnelle. On compte même des traders dans le XV algérien. « C’est vrai que la France nous a beaucoup donné. Certaines de ses valeurs nobles nous habitent. Mais quand je suis en Algérie, je me sens algérien. Et, aujourd’hui, j’ai envie de rendre aux gens qui se sont

battus pour que ce pays soit libre », argumente Azzouz Aïb. C’est une passerelle en forme de ballon ovale que ces Franco-Algériens veulent lancer entre les deux rives de la Méditerranée.

Seule équipe sans fédération officielleCependant, le passif du passé co-lonial n’est pas encore totalement soldé. Dans l’imaginaire collectif, le rugby n’a pas toujours bonne presse en Algérie. Il renvoie au contentieux colonial. Introduit pendant cette période, il n’était pratiqué en vase clos qu’en-tre Européens. Dans les années 1970, il fut quasi éradiqué. Pour-tant, si l’Algérie devait exister, elle

pourrait d’entrée en tirer profit sur le plan international. Sur son potentiel, une participation au Mondial 2015 en Angleterre ne serait pas impossible.Il y a quelques semaines, Azzouz et ses potes ont donné le ton lors d’un tournoi au Caire. Seule équipe sans fédération officielle, l’Algérie a écrasé la concurrence. En finale, les rugbymen algériens ont renvoyé les Égyptiens dans la vallée des Rois morts (50-0). Une performance qui ne trompe pas sur la détermination qui les ha-bite. Qui sait peut-être qu’un jour ces Guerriers du désert iront re-joindre les All Blacks, les Spring-boks ou le XV de la Rose dans la cour des grands. ■

L’Algérie a disputé son premier match officiel le 24 février 2007, à Nabeul, contre la Tunisie. Le XV algérien a remporté la rencontre par 8 points à 7. La sélection algérienne a, par la suite, affronté des équipes de clubs français. Elle a récemment remporté le Tournoi du développement organisé au Caire par la Confédération africaine de rugby (CAR), sous l’égide de l’IRB (Fédération internationale de rugby). Même si elle n’est pas encore affiliée, Sofiane Benhassen a représenté l’Algérie au congrès de la CAR, le 7 décembre, à Accra, au Ghana.

SALAMNEWS N° 22 / DÉCEMBRE 2010

sport14 100 w C’est le nombre de joueurs de rugby d’origine algérienne évoluant en Europe, dans les trois premières divisions.

Par Nabil Djellit

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L’Algérie dans la mêléeUne passion pour une nation. Ils sont quinze sur le terrain. Et plus encore derrière. Ils poussent ensemble pour l’Algérie. Un seul but : implanter le rugby dans le pays de leurs origines.

REPÈRES

Le 2 novembre, l’Algérie a fait preuve d’une remarquable discipline collective pour remporter la finale du Tournoi international du Caire, 50 à 0 contre l’Égypte.

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Devenir chef d’orchestre, vous en rêviez déjà à 12 ans...Zahia Ziouani : Oui, c’est vrai ! Quand j’étais adolescente, j’avais dans ma chambre des pos-ters de chefs d’orchestre. J’ai découvert les chefs d’orchestre alors que je jouais de l’alto. Je trouvais qu’ils avaient une telle présence, un tel charisme. J’ai tout de suite été attirée. Un chef d’orchestre a du pouvoir, tout en mettant en valeur ses musiciens avec finesse et harmonie. Je suis entrée au conservatoire à 8 ans. Depuis, la musique classique ne m’a jamais quittée. Dans ma jeunesse, mon but était de devenir chef d’orchestre, moi qui ai grandi dans un HLM du 93.

Cela n’a pas dû être facile pour une femme…

Non, surtout pour une femme très jeune… Mais j’ai rapidement fait abstraction de ces

difficultés, car j’ai pris conscience très tôt de l’importance de la fonction. J’ai énormément travaillé. Mais, surtout, j’ai fait une rencontre décisive, celle du célèbre Maestro Sergiù Celi-bidache qui m’a repérée… Il m’a formée du-rant deux ans entre la France et l’Allemagne.

Puis j’ai étudié l’orchestration et la musicologie à la Sorbonne. À côté de mes études, je diri-geais des orchestres d’étudiants…

Puis vous avez monté Divertimento, votre propre orchestre, à l’âge de 20 ans !

Tête d’affiche Zahia Ziouani16SALAMNEWS N° 22 / DÉCEMBRE 2010

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À 32 ans seulement, Zahia Ziouani dirige

déjà son propre orchestre ainsi que

le Conservatoire de musique et

de danse de Stains, où elle nous accueille.

Femme à poigne, elle a des rêves pleins la tête, qu’elle réalise

tout au long de son parcours

empli de passion et de convictions.

BIO EXPRESSNée en 1978, Zahia Ziouani a grandi en Seine-Saint-Denis. C’est très jeunes qu’elle et sa sœur jumelle Fettouma découvrent la musique classique grâce à leurs parents mélomanes. Au conservatoire, elle décroche des premiers prix en alto, en guitare classique et en musique de chambre. Diplômée en analyse, orchestration et musicologie, elle crée l’orchestre Divertimento en 1996. Signataire de l’Appel des 93, elle se bat pour combattre les préjugés subis par les habitants de la Seine-Saint-Denis.À l’âge de 28 ans, elle est récompensée pour son parcours artistique, au Sénat, dans le cadre des « Trophées de la réussite au féminin ». Chef d’orchestre principal de l’Orchestre symphonique national d’Algérie depuis 2007, elle a dirigé de grands concerts associant l’Orchestre symphonique du Caire et l’Orchestre symphonique de Tunis. Elle reçoit, en 2007, le Premier Prix de musique du président de la République algérienne. En 2008, elle est promue chevalier de l’Ordre national du mérite de la République française. Auteure d’une autobiographie La Chef d’orchestre (Éd. Anne Carrière, 2010), Zahia Ziouani mène depuis le début de cette année, avec Divertimento et l’Orchestre de Paris, le projet Demos-Orchestre des jeunes. Objectif : rendre accessible la musique classique aux enfants de 7 à 12 ans issus des quartiers populaires.

« Je rêve de diriger un orchestre plus métissé »

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Comme dans la plupart des milieux, celui de la

musique nécessite d’avoir un réseau... N’en n’ayant aucun à l’époque, pas question pour moi d’attendre dix ans avant de diriger ! La solution était de monter mon propre orchestre. Il a fallu que je m’impose, que je propose un contenu artistique solide, que des musiciens me fassent confiance. Étape par étape, nous avons réussi. Aujourd’hui, douze ans après, notre orchestre est reconnu et nous nous produisons partout dans le monde.

Cela doit être étonnant pour le public de voir une jeune femme d’origine maghrébine diriger un orchestre…

L’étonnement est surtout causé par mon jeune âge et par le fait que je sois une femme. Je n’ai pas souffert à cause de mon origine algérienne. Heu-reusement, dans les milieux artistiques, on est plus ouvert et on a l’habitude de travailler avec des étrangers.

Vous êtes aussi chef d’orchestre à Alger,depuis 2007. Quelle relation entretenez-vous avec votre pays d’origine ?

C’est simple, je suis autant algérienne que fran-çaise. J’ai la double nationalité, même si j’ai grandi en France. Comme à Stains, j’aime l’idée de donner goût à la musique classique. Et j’aime aussi explorer et révéler la musique arabo-andalouse ! Je veux être un pont entre la France et l’Algérie afin que ces deux pays aillent dans la même direction ; au moins dans le cadre d’un programme musical.

Et un jour votre orchestre s’installe en Seine-Saint-Denis, là ou vous avez grandi...

J’ai grandi ici et j’y vis toujours. Lorsque j’ai monté Divertimento, la municipalité de Stains nous a proposé de nous accueillir en résidence. M’être implantée ici m’apporte beaucoup, car je veux sensi-biliser, notamment les jeunes, à la musique classique et à la création artistique en général. Nous sommes déjà fiers de constater que nous faisons salle comble, ici, à Stains !

Vous êtes aussi directrice de l’École de musique et de danse de Stains…

Enseigner en Seine-Saint-Denis est très impor-tant pour moi. Soyons clairs, l’égalité des chances n’existe pas. J’ai enseigné dans le 9e arrondissement de Paris auprès d’enfants qui vivaient dans des hô-tels particuliers… Au conservatoire de Stains, je veux donner plus que des cours de musique aux jeunes. Nous avons mis en place un programme d’éducation musicale. Nous organisons des sorties aux musées, des concerts… Nous sensibilisons les familles sur la nécessité du travail quotidien sur un

instrument. Nous voulons offrir à ces jeunes toute la culture générale nécessaire dont ils manquent pour accompagner leur progression dans la musique.

Tout cela va plus loin qu’un simple enseignement ?

Oui, on peut dire que c’est une démarche mili-tante de ma part. Je me bats pour la musique pour tous ! La musique permet à ces gamins d’apprendre la rigueur, le travail, la curiosité, l’échange, le respect de l’autre et la mixité. Ces notions ne sont, à mon sens, malheureusement plus beaucoup enseignées à l’école publique aujourd’hui. Elles sont pour-tant primordiales. Je veux les transmettre à travers la musique.

Vous pourriez pourtant retourner enseigner à Paris… Où allez-vous chercher cette force ?

À Stains, je suis ancrée dans la réalité. Je peux très bien être reçue par un ministre le matin, mais j’aime l’idée que, dans l’après-midi, je prends simplement le RER pour retrouver la vraie vie. C’est mon mo-teur ! Quand j’étais jeune, mes parents avaient les mêmes problèmes que ceux de mes élèves actuels. Pourtant, j’ai réussi à concrétiser mon rêve. Je veux montrer que c’est possible !

Justement, depuis la crise des banlieues de 2005, vous êtes devenue une icône médiatique !Comment avez-vous vécu cela ?

J’ai accepté de raconter mon parcours à plusieurs médias pour combattre les préjugés. Les journalistes s’arrachaient mon histoire et j’ai dû refuser énormé-ment d’interviews ! Cette médiatisation était assez décevante, j’ai senti une sorte d’instrumentalisation. On voulait absolument me filmer dans la cité avec des jeunes comme si j’étais une animatrice de colo-nie ! On ne me parlait que très rarement de ma mu-sique. Les journalistes ne se déplaçaient pas à Stains, prétextant que c’était trop loin de Paris… Aucun d’entre eux n’est d’ailleurs venu filmer un concert. Et, du côté des institutionnels, on me trouvait « formidable », mais aucun ne nous aide à trouver de nouveaux financements en ces temps de crise.

Quelles valeurs voulez-vous faire passer ? Je veux dire notamment aux jeunes que tout le

monde peut être maître de sa vie. Il suffit d’avoir de l’ambition et de travailler car, dans la vie, on n’ob-tient rien sans travail ! La musique, c’est comme le sport : si on est déterminé, on y arrive. À ce mo-ment-là, on ne voit plus aucune différence sociale, culturelle, etc. Il faut que les jeunes sortent de l’ima-ge négative qu’ils ont d’eux-mêmes et dans laquelle on veut les enfermer. ■

Propos recueillis par Mérième Alaoui

« Tout le monde peut être maître de sa vie. La musique, c’est comme le sport : si on est déterminé, on y arrive » 17

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Abcédaire

C comme Curiosité

C’est la base de tout pour moi, c’est ce qui permet d’évoluer et de trouver un jour sa voie. il faut toujours se poser des questions, tout faire pour obtenir des réponses et aller toujours plus loin.

Dcomme Diversité

Je rêve de diriger, dans une dizaine d’années, un orchestre avec des musiciens plus jeunes, plus métissés… et que nous soyons applaudis par un public tout aussi divers !

Ecomme éChange

en concert, j’attends de mes musiciens le meilleur et, en échange, je leur donne le meilleur de moi-même. La musique, c’est un échange, un enseignement mutuel. Le tout avec un niveau d’exigence le plus élevé possible.

Mcomme Musique

Plus que mon métier, c’est ma passion. C’est ce qui me permet de m’épanouir pleinement ! un art très riche dans lequel règnent respect, échange. tout le monde peut profiter des bienfaits de la musique.

P comme PersévéranCe

Parfois le chemin est long, mais il faut accepter que seul le travail permet de réaliser ses rêves. Je trouve qu’aujourd’hui les gens ne rêvent plus et se laissent facilement abattre. alors qu’il suffit simplement de croire en soi et de foncer !

« Je rêve de diriger un orchestre plus métissé »

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beauté18SALAMNEWS N° 22 / DÉCEMBRE 2010

Mettez-vous au parfum !

Par Anne-Flore Gaspar-Lolliot

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Les origines miLLénaires du parfumLes inventeurs de substances parfumées seraient les Égyptiens qui, environ 4 000 ans avant notre ère, utilisaient toutes sortes d’huiles et d’onguents parfumés,de fumigations de bois, d’herbes et de résines aromatiques, que ce soit à des fins esthétiques, thérapeutiques ou rituelles. Le terme de « parfum » viendrait d’ailleurs de l’expression latine per fume, qui signifie « par la fumée ».Quant à la paternité de l’alambic (cet appareil permettant la distillation des fleurs et des plantes, dont le nom vient de l’arabe al-anbîq), les premières traces écrites l’attribueraient aux Perses, aux alentours du Xe siècle, comme l’a écrit Abû Al-Qâsim ou Al-Râzî dans son Livre du secret des secrets. Les premiers alambics servirent également aux Arabes à fabriquer le khôl (qui donna d’ailleurs par la suite le nom d’al-khôl au produit obtenu par la distillation du vin).

notes de tête, de cœur et de fond : expLicationsVoici quelques clés du jargon de nez à maîtriser, la base étant la fameuse « pyramide olfactive » qui définit la structure du parfum. Notes de tête : ce sont elles qui donnent la toute première impression olfactive, que l’on sent dès la vaporisation ou l’ouverture du flacon. Éphémères, elles disparaissent entre quelques minutes et 2 heures (exemples : les agrumes, les notes aromatiques menthées, l’eucalyptus…).Notes de cœur : elles jouent le rôle d’intermédiaire en prolongeant la fraîcheur des notes de tête et en annonçant la chaleur des notes de fond. Elles représentent la « signature » du parfum, et ont une durée de vie d’environ 2 à 8 heures (exemples : les notes florales, épicées…).Notes de fond : tenaces, ce sont elles qui fixent le parfum pour le faire durer le plus longtemps possible, soit d’un à plusieurs jours (exemples : les notes vanillées, boisées, musquées, ambrées…).

parfum bio : késako ?La certification bio bannit l’utilisation de certains fixateurs synthétiques utilisés en parfumerie conventionnelle pour faire durer le parfum tout au long de la journée. Ce qui explique que les fragrances biologiques (sans phtalates ni muscs artificiels, notamment) ne laissent pas le même sillage saturé et entêtant que les parfums non naturels.

Pas de fêtes sans offrir d’eau de toilette ! En cette fin d’année, nous avons donc déniché l’essentiel des fragrances – naturelles de préférence – et nous vous proposons un petit tour d’horizon des parfums à se choisir ou à offrir.

Tonique

Captivante

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notre conseiLNe vous décidez pas juste après avoir humé le parfum en boutique, mais vaporisez-en sur un vêtement afin de voir comment il évolue au fil des jours. Et n’oubliez pas qu’un parfum n’aura jamais la même odeur sur deux personnes en raison de l’acidité de peau différente selon les individus.

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La génoise1. Préchauffez le four à 240 °C et recouvrez une plaque à pâtisserie de papier sulfurisé.2. Montez les blancs en neige, ajouter le sucre quand ils sont fermes et fouettez jusqu’à obtenir une préparation brillante. 3. Faites fondre le beurre dans une casserole.Battez les jaunes avec 75 g de sucre pendant 5 min à vitesse moyenne. Incorporez ensuite la farine d’un coup, sans trop travailler le mélange.Versez le beurre et mélangez,puis ajoutez les blancs en neige délicatement.4. Versez la pâte sur la plaque de cuisson et répartissez-la de manière uniforme sur toute la surface avec une spatule. Faites cuire pendant 7 min (le dessus doit dorer légèrement).5. Sortez la génoise du four, puis retournez-la sur le plan de travail légèrement huilé. Décollez doucement le papier sulfurisé et couvrez la génoise d’un torchon propre,légèrement humide.

Le sirop1. Versez l’eau et le sucre dans une casserole et faites chauffer à feu moyen. Mélangez au fouet pour faire dissoudre le sucre, puis retirez du feu. Une fois le sirop froid, ajoutez l’extrait de vanille et mélangez. 2. Badigeonnez toute la surface de la génoise avec ce sirop.

La crème au beurre1. Fouettez le beurre dans le bol d’un batteur pendant 3 secondes. Fouettez l’œuf entier et le jaune dans un pichet. Versez l’eau et le sucre dans une casserole, puis portez à ébullition et laissez cuire pendant environ 4 min (la cuisson du sucre est dite « au boulé »).2. Versez le sucre cuit sur les œufs et battez au fouet électrique jusqu’à ce que le mélange triple de volume. Versez en filet sur le beurre, tout en battant lentement. Ajoutez l’extrait de vanille et fouettez encore quelques minutes.

Le montage1. Étalez la moitié de la crème au beurre sur la génoise et roulez-la délicatement en la serrant bien. Recouvrez le reste de bûche de la crème au beurre, passez les dents d’une fourchette dans le sens de la longueur pour faire des petites stries et laissez reposer 1 h au frais.2. Décorez la bûche selon vos goûts !

La cuisine de Requia20SALAMNEWS N° 22 / DécEmbrE 2010

Bûche de Noël

PréParation : 1 h

Cuisson : 25 min

rePos : 1 h

inGréDients : Pour 6 à 8 personnesGénoise :• 35 g de beurre• 75 g de sucre• 75 g de farine• 3 blancs d’œufs + 1 cuillère à café de sucre• 4 jaunes d’œufs

sirop à la vanille :• 50 g de sucre• 70 g d’eau• 1 cuillère à café d’extrait de vanille

Crème au beurre à la vanille :• 125 g de beurre pommade• 100 g de sucre• 20 g d’eau• 1 œuf entier• 1 jaune d’œuf• 4 g d’extrait de vanille

Retrouvez plus de recettes sur www.requia.fr

Autrefois, bien avant l’arrivée de l’électricité, la coutume voulait que l’on aille couper un gros tronc pour se chauffer pendant toute la durée des fêtes de fin d’année. On choisissait soigneusement la bûche qui allait brûler dans la cheminée, on la coupait avant le lever du soleil et on la décorait avant qu’elle ne finisse dans l’âtre, allumée par le plus jeune membre ou la jeune fille de la famille. La bûche devait se consumer lentement et durer pendant toutes les fêtes, voire jusqu’à l’Épiphanie dans certaines régions. Avec l’arrivée du chauffage dans les foyers, cette bûche a été remplacée par une pâtisserie coupée et striée comme la bûche d’origine !

Le PRODUIT DU mOIsLa bûche

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DE VOUS À NOUS22 Vous traversez un moment difficile ? Vos réactions et celles des autres vous surprennent ? Vous avez l’impression d’être dans une impasse ? Quelle décision prendre ?…À partir du bel islam et d’une lecture appliquée du Coran, des solutions peuvent toujours être trouvées. Posez vos questions à : [email protected]

SALAMNEWS N° 22 / DÉCEMBRE 2010

Par Chams en Nour, psychanalyste

« JE ME SUIS RETROUVÉE MUSULMANE ET MÈRE AU FOYER, alors que je suis d’origine catholique et licenciée en lettres. Je me suis mariée avec Mostafa, il y a quinze ans. Nous nous som-mes rencontrés au travail. J’avais l’impression à l’époque que les cho-ses m’arrivaient sans que je m’en rende compte. Comme si j’étais bloquée dans un rêve et que je ne décidais rien par moi-même. Mostafa est un père formidable avec nos deux enfants : Ryan, 6 ans, et Maëlle, 13 ans. Je n’ai pas grand-chose à lui reprocher, à part ses colères. Il lui arrive d’exploser sans que j’ai le temps de voir l’orage arriver. Mais cela, je m’y suis habituée. Une chose m’inquiète, une contradiction que je ne comprends pas. Je suis devenue musulmane par conviction, en lisant et en discutant avec ma belle-famille tunisienne. Mon mari ne pra-tique pas vraiment, sauf le jeûne du Ramadan que nous allons faire en Tunisie. Moi, je me sens très attirée par l’islam, pas l’is-lam sévère qui donne des ordres aux croyants, mais l’islam de l’amour et du respect des autres.Le paradoxe, c’est que mon mari, pourtant pas très respectueux de la religion, refuse à mes enfants de fêter Noël. Je trouve que son refus n’est pas justifié : oui, nous sommes tous musulmans, mais nous vivons en France. Noël fait partie de mes traditions. Je trouve bien que mes enfants le fêtent, parce que nous sommes un couple mixte, il faut faire un pas vers l’autre, je ne peux pas renier une partie de ma culture, et je trouve que l’attitude de mon mari est trop rigide sur ce point. Quel est votre avis ? » Isabelle, 37 ans

Chams en Nour. Votre question surgit souvent dans les fa-milles pluriculturelles. Quelle culture ou quelle tradition respecter quand les deux parents viennent d’horizons différents ?Vous semblez dire que vous n’étiez pas très consciente de vous-même au moment de votre mariage, mais très consciente de votre choix d’entrer en islam. Voulez-vous dire que vous ne vous rendiez pas compte des conséquences que votre choix allait avoir ? Ou que vous avez du mal à reconnaître que votre destin, soit votre secret désir, s’accomplissait à votre insu ? C’est là une vraie question spi-rituelle.Votre mari devrait connaître suffisamment sa religion d’origine pour savoir à quel point Sidna Issa (Jésus fils de Marie) fait partie de plein droit de la lignée des prophètes. Et s’il trouve la fête de Noël trop éloignée de ses coutumes, il fait abstraction de la dimension spirituelle de la naissance d’Issa, un événement relaté notamment dans « Marie », la sourate 19 du Coran.Interrogez-vous sur les raisons qui font bloquer Mostafa sur cette question. Pourquoi n’accepte-t-il pas les conséquences de son choix inhabituel d’épouser une Française d’origine catholique, mais néan-moins parfaitement accepté par le Coran ? A-t-il peur de perdre quelque chose ? C’est là un beau sujet d’échanges entre vous.Je partage votre point de vue sur la richesse que représente cette double culture pour vos enfants. Elle fait partie de leur identité. Ce sera à eux de choisir, le moment venu, la route qui leur semblera le mieux correspondre à leur cœur. ■

Le Noël d’Isabelle

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