Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

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Mémoire de Master 1 Arts du Spectacle et Musique, option Cinéma et audiovisuel. PIXAR ET DREAMWORKS : UNE GUERRE ANIMÉE. Cédric Cabaussel Mémoire dirigé par Mme Delphine Robic-Diaz, Maître de conférences en Études cinématographiques. 2011/2012

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Mémoire de recherche sur les deux studios d'animation Pixar et DreamWorks. Depuis leur création jusqu'à aujourd'hui, découvrez les rivalités qui animent ces studios. De la production à la promotion, chacun à sa propre méthode pour se faire une place dans ce domaine autrefois monopolisé par Disney.

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Mémoire de Master 1 Arts du Spectacle et Musique, option Cinéma et audiovisuel.

PIXAR ET DREAMWORKS : UNE GUERRE ANIMÉE.

Cédric Cabaussel Mémoire dirigé par Mme Delphine Robic-Diaz, Maître de conférences en Études cinématographiques.

2011/2012

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Table des matières

INTRODUCTION  ..................................................................................................................  3  

a. Retour aux origines. .............................................................................................................................................. 4  

b. La création des studios Pixar. ............................................................................................................................... 5  

c. Jeffrey Katzenberg, de Disney à DreamWorks. ................................................................................................... 8  

d. Méthodologie ..................................................................................................................................................... 10  

A.  LA  CRÉATION.  ..............................................................................................................  12  

A. Au cœur des studios ........................................................................................................................................... 12  

B. L’effet sériel. ...................................................................................................................................................... 22  

C. Des films similaires. Plagiat ou coïncidence ? ................................................................................................... 32  

B.  LA  PROMOTION  ...........................................................................................................  42  

A. Les moyens de promotions ................................................................................................................................ 42  

B. L’utilisation des nouveaux médias. .................................................................................................................... 53  

C. Le merchandising. .............................................................................................................................................. 59  

CONCLUSION  ....................................................................................................................  67  

ANNEXE  ...........................................................................................................................  70  

Annexe A : Graphiques .......................................................................................................................................... 70  Annexe A.1 : Recettes mondiales et budgets de chaque studio ........................................................................ 70  Annexe A.2 : Recettes mondiales des films doublons ...................................................................................... 71  Annexe A.3 : Courbe d'évolution ...................................................................................................................... 72  Annexe A.3 : Utilisation d’internet selon les âges. ........................................................................................... 73  

Annexe B : Tableau ................................................................................................................................................ 74  

FILMOGRAPHIE  ................................................................................................................  75  1. Filmographie principale ................................................................................................................................ 75  2. Filmographie secondaire ............................................................................................................................... 78  3. Courts métrages ............................................................................................................................................. 80  4. Moyens métrages ........................................................................................................................................... 80  

BIBLIOGRAPHIE  ................................................................................................................  81  1. Ouvrages ........................................................................................................................................................ 81  2. Revue de presse ............................................................................................................................................. 82  3. Webographie ................................................................................................................................................. 85  

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Introduction

Depuis la sortie de Blanche-Neige1 en 1938, premier long métrage animé, Disney s’est

imposé dans le domaine de l’animation. Durant de nombreuses décennies, le studio à l’origine

du célèbre Mickey Mouse a fait son chemin seul sans réelle concurrence. Quelques

intervenants sont apparus ici et là mais aucun n’a été en mesure de bouleverser un ordre

établi. Il a fallu attendre 1995, année de sortie de Toy Story2, pour que les choses changent. Le

film était alors très différent des films d’animation Disney, dans le fond comme dans la

forme, il s’agissait alors du premier film réalisé entièrement par ordinateur. Dès lors, Pixar, la

société à l’origine de cette révolution, n’a cessé de faire de l’ombre à Disney, pourtant son

partenaire financier. Petit à petit, les projets en 2D traditionnelle ont du laisser leur place à

cette toute nouvelle technologie. Disney s’est alors essayé au genre sans réel succès, laissant

sa place de dominant à un Pixar montant. Mais aujourd’hui, plus question de parler de

monopole car Disney et Pixar ne sont plus seuls. De nombreux studios d’animation sont en

effet apparus suite au succès de ces œuvres en images de synthèse. Entre 2001 et 2011, ces

productions sont passées de deux films par an à près d’une quinzaine. Parmi les plus

importants, Sony, Blue Sky mais aussi DreamWorks, studio qui a réussi à se faire un nom

face à Disney et Pixar. DreamWorks apparaît ainsi comme leur plus important concurrent

grâce à une production soutenue de deux films annuels, d’une nouvelle approche mais aussi

de nombreuses similitudes avec Disney-Pixar. Des films très ressemblants par leurs thèmes et

leurs personnages sont apparus et marquent une étape de cette confrontation directe entre les

deux studios étudiés. Nous essaierons de rentrer dans le cœur de cette bataille pour tenter de

savoir comment chacun s’y prend afin de se différencier de l’autre et comment ils ciblent leur

public. Mais avant de rentrer davantage dans les détails, il est préférable de revenir aux

origines de Pixar et DreamWorks ou plutôt à leur unique source qui n’est autre que la société

Disney elle-même.

1 David Hand, Blanche-Neige et les sept nains, 1938. 2 John Lasseter, Toy Story, 1995.

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a. Retour aux origines.

Nous somme en 1984, Disney va mal. Depuis la mort de Walt Disney en 1966 et de

son frère Roy Oliver cinq années plus tard, le studio est dirigé par Esmond Cardon Walker. À

cette époque, les chiffres du studio ne reposent que sur les ressorties des grands classiques de

la société dont Blanche-Neige et Pinocchio3. « Si le public recherche quelque chose de plus

émoustillant, il devra aller voir ailleurs »4, telle était la pensée du PDG. Le dernier grand

succès d’un film original de Disney était alors Mary Poppins5 sorti en 19646. L’Âge d’Or est

bien loin et le studio fait du surplace, surtout les films d’animation qui ont fait sa renommée.

Les profits nets annuels de la Walt Disney Company, qui avaient atteint leur plus haut score

en 1980 avec 135,1 millions de dollars engrangés7, ont subit une chute vertigineuse jusqu’à

1983 avec un résultat net de quelques 97,8 millions de dollars8. Ces résultats en régression

sont également accompagnés du départ à la retraite de Card Walker et de l’arrivée de Ronald

William Miller, gendre de Walt Disney, en tant que directeur général une année plus tôt. Roy

E. Disney, neveu de Walt, voyant la créativité partir, décide de démissionner en 1984. Disney

subit également une tentative d’OPA (offre publique d’achat) venant de MM Acquisition

Corporation9. La société est au plus bas.

Rien ne va plus pour Roy Disney. Il décide de revenir dans la société en tant que vice-

président du directoire et responsable du département animation. En premier lieu, il met un

terme à la carrière de Ronald Miller afin de relancer l’entreprise. C’est en 1984 qu’il fait appel

à Michael D. Eisner et Frank Wells à la tête de la Walt Disney Company. Le premier est

nommé PDG de la société et le second prend la place de directeur général. À eux deux, ils ont

pour mission de faire revivre le studio qui ne rapporte des bénéfices qu’avec ses parcs à

thèmes10. Les deux hommes n'étaient pas nouveaux dans le domaine et avaient déjà une

grande expérience. Eisner était en effet président de la Paramount Pictures depuis 1976

lorsqu'il fut appelé et Frank Wells celui de Warner Bros. depuis 1973. Cependant, il faut plus

de deux personnes pour remettre debout un empire. C'est la raison pour laquelle Eisner appela

à son tour du renfort en la personne de Jeffrey Katzenberg afin de s'occuper du département

3 Hamilton Luske et Ben Shaprsteen, Pinocchio, 1940. 4 Danny Miller, Le Paradoxe d’Icare, p. 59. 5 Robert Stevenson, Mary Poppins, 1964. 6 Op. cit., Danny Miller, Le Paradoxe d’Icare, p. 60. 7 Janet Wasko, Understanding Disney : the manufacture of fantasy, p. 31. 8 Idem ibidem. 9 James B. Stewart, Le Royaume enchanté, p. 39. 10 Ibid., p. 91.

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animation. Eisner avait rencontré cet homme « dynamique, combatif et acharné »11 alors qu'il

travaillait à la Paramount Pictures. Ils sont maintenant trois. Trois hommes chargés de

redonner du souffle à ce grand empire laissé par Walt Disney et particulièrement à sa branche

animation. La tâche n’allait pas être de tout repos.

Ce sont dix années plus ou moins difficiles qui attendent donc le trio jusqu'au grand

succès du Roi Lion12 en 1994. Pourtant, ce film aurait pu ne pas voir le jour à cause de coûts

trop élevés dans le département animation qui incitèrent Frank Wells à fermer ce secteur qui

ne rapportait plus13. C'était sans compter sur le jeune Stan Kinsey, alors vice-président en

charge des opérations, des finances et des technologies. Celui-ci leur parla de l'existence d'une

division d'Industrial Light & Magic, la société d'effets spéciaux fondée par George Lucas.

Elle avait mis au point un ordinateur avec lequel il était possible de faire de l'animation

assistée par ordinateur tout en bénéficiant d'une très grande qualité visuelle, le tout à moindre

coût. C’est une machine qui « pouvait répliquer le type d'animation qui avait nécessité dix-

sept cameramen pour l'ouverture de Pinocchio. »14 Jeffrey Katzenberg approuve ce choix

moins coûteux et plus efficace.

b. La création des studios Pixar.

Une année avant l’acceptation de cette nouvelle technologie par Disney, John Lasseter

fut renvoyé. Cet homme n’était qu’un animateur parmi les autres mais son désir de faire de

11 Ibid., p. 50. 12 Roger Allers et Rob Minkoff, Le Roi Lion, 1994. 13 Op. cit., James B. Stewart, Le Royaume enchanté, p. 88. 14 Idem ibidem.

Illustration 1 : De gauche à droite, Michael Eisner, Frank Wells et Jeffrey Katzenberg.

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l’animation numérique l’enchantait. Il y voyait un renouveau et une nouvelle manière de

raconter les histoires mais les anciens dirigeants n’étaient pas du même avis15. C’est en cette

année 1983 qu’il croise la route de Ed Catmull, le créateur de ce programme qui permet de

faire ce nouveau type d'animation. Cette création révolutionnaire avait amené Catmull vers

George Lucas, lui aussi fasciné par cette machine. Il fit ainsi ses preuves sur L'Empire contre-

attaque16 et fut nommé à la tête de la récente Computer Division, branche de la société d'effets

spéciaux de Lucas17. Dès lors, la technologie n'a cessé de progresser et a permis de faire

quelques séquences cinématographiques spectaculaires pour l'époque, comme ce fut

notamment le cas sur Star Trek II18. Pourtant, il manquait un animateur dans l'équipe de Ed

Catmull, quelqu'un avec assez d’expérience pour entreprendre des créations originales

utilisant seulement l’ordinateur. John Lasseter était le client idéal. La LucasFilm Computer

Graphics commence alors à se faire une petite renommée. Elle change également de nom en

adoptant celui de Pixar en référence au Pixar Computer Graphics, ordinateur développé pour

rendre le travail moins fastidieux et plus rapide.

Steve Jobs, récemment renvoyé

d’Apple, découvre Pixar lors d’une visite

chez LucasFilm. Il est immédiatement

conquis par leur premier court-métrage

des Aventures d’André & Wally B19. Il

achète la société de George Lucas en

janvier 1986 contre dix millions de

dollars 20 et fait de Pixar une société

libre. La petite entreprise Pixar est

maintenant constituée du trio

Lasseter/Catmull/Jobs, l’animateur, le

programmeur et l’homme d’affaires. La société était en marche. Mais tout ne s’est pas déroulé

pour le mieux et de nombreux obstacles se sont en effet dressés sur le chemin de Pixar vers la

gloire. Le budget en est le principal : le studio, à ses débuts, ne rapportait rien. Steve Jobs ne

15 http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne-68080/interviews/?cmedia=19233470. Consulté le 20

février 2012. 16 Irvin Keshner, Star Wars, Episode V : l’Empire contre-attaque, 1980. 17 David Price, The Pixar Touch : the making of a company, p. 33. 18 Nicholas Meyer, Star Trek II : la colère de Khan, 1982. 19 John Lasseter, Les Aventures d’André & Wally B, 1984. 20 Leslie Iwerks et al., To infinity and beyond !: the story of Pixar Animation Studios, p. 52.

Illustration 2 : Les Aventures d'André & Wally B, premier court métrage d'animation 3D.

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lâcha cependant pas l'affaire et fit de nombreux chèques pour alimenter la société, insistant

sur le fait qu'il était possible de faire de grandes choses avec cet ordinateur. Le premier court-

métrage de Pixar est créé en 1986 : Luxo Jr21. Écrit, dessiné et animé par John Lasseter, Luxo

Jr. met en scène une lampe joueuse devenue la mascotte de la société. En 1988, un nouveau

court-métrage est créé, Tin Toy22, l'ébauche d'un certain Toy Story, qui permit à la jeune

entreprise de gagner son premier Oscar. Forts de cette récompense et de la reconnaissance

qu'on leur attribue désormais, les hommes de Pixar voient plus loin et souhaitent réaliser le

premier long métrage entièrement créé par ordinateur, un première mondiale. La prise de

risque est grande tout comme le budget. « Il est très amusant de réaliser l'impossible »23, plus

qu'une simple phrase de Walt Disney, une attitude qu'aimait Steve Jobs.

Les court-métrages de Pixar ont été très appréciés par Disney et en particulier par

Jeffrey Katzenberg. La Walt Disney Company, à cause de l'achat important d'ordinateurs

Pixar était alors leur plus gros client. Katzenberg souhaitait que cette collaboration aille plus

loin, c'est pourquoi il désirait mettre en place un partenariat avec Pixar. Pixar, alors au bord de

la faillite, accepta l’offre de Disney et un contrat de trois films est conclu en juillet 199124.

Dans ce contrat, Disney détenait la propriété du film et des personnages mais aussi le contrôle

artistique. Il pouvait également stopper le projet quand bon lui semblait. Disney détenait aussi

le droit de produire les deux longs-métrages suivants et de réaliser des suites avec les

personnages du film. Pour terminer, la compagnie verserait 12,5% des recettes à Pixar. La

liberté acquise par Pixar n'est qu'un lointain souvenir mais Toy Story, idée de John Lasseter,

pouvait enfin prendre forme. S'en suivent des changements incessants de scénario sous les

ordres de Katzenberg. Parmi le plus important, le personnage de Woody, jouet au départ

sympathique, devenu jaloux et méchant. Le budget, initialement fixé à 17,5 millions de

dollars25, s’est envolé suite à ces changements permanents. Le manque budgétaire était donc

comblé par Jobs dont la grande confiance en son équipe ne faiblissait pas. Il expliqua plus

tard : « Katzenberg avait tout fait foirer. Il désirait que Woody soit le méchant de l'histoire.

Quand il a voulu nous couper les vivres, c'est nous qui l'avons éjecté. On lui a dit : “ Ce n'est

pas le film qu'on veut faire ! “ Et on l'a fait à notre façon. »26 Cette sorte de dualité n’était que

les prémices de la bataille débutée quelques années plus tard lorsque le même Jeffrey

21 John Lasseter, Luxo Jr., 1986. 22 John Lasseter, Tin Toy, 1988. 23 Walter Isaacson, Steve Jobs: a biography, p. 318. 24 Greg Ptacek, « Disney, Pixar pact on 3-D animation », The Hollywood Reporter, 12 Juillet 1991. 25 Op. cit., David Price, The Pixar Touch: the making of a company, p. 133. 26 Op. cit., Walter Isaacson, Steve Jobs: a biography, p. 322.

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Katzenberg créa son propre studio d’animation, DreamWorks Animation, futur grand

concurrent de Disney et Pixar, dont le premier film serait Fourmiz27 quelques semaines avant

le 1001 Pattes28 de Pixar, lui aussi un film d’animation sur les fourmis.

c. Jeffrey Katzenberg, de Disney à DreamWorks.

Avant cela, Jeffrey Katzenberg fit sortir de son sommeil le studio endormi depuis trop

longtemps. Il aborda un retour aux sources avec La Petite Sirène29 qui mettait en scène une

princesse et son prince face à une grande méchante digne de ce nom, le tout dans un aspect

fortement inspiré des comédies musicales de Broadway. Le film touche toutes les générations,

le succès est immédiat30. Autre grand changement opéré sous l’ère Katzenberg : le temps

d’attente entre chaque film31. Celui-ci est en effet très réduit, passant d’un film tous les quatre

ans à un film par an. Katzenberg s’impose mais cela ne plaît pas à tout le monde, notamment

aux animateurs, dont le travail s’est fortement accumulé, et Roy Disney, qui ne voit en lui

qu’un homme à l’ « attitude ostentatoire »32 qui ramène tous les succès à lui. Pourtant, le

succès est là. En 1991, La Belle et la Bête33 triomphe et devient le premier film animé nommé

aux Oscars dans la catégorie meilleur film. L'année suivante, Aladdin34 fascine des millions

de spectateurs à travers le monde tandis que Le Roi Lion s’empare de la première place du

box-office en 1994 et ce, dans le monde entier. Les résultats nets de la branche des films de

Disney s’envolent, dépassant par la même occasion les résultats financiers engendrés par les

différents parcs à thèmes de l’entreprise.

Katzenberg qui a maintenant fait ses preuves, désire occuper la place de second,

laissée libre depuis la disparition tragique de Frank Wells en 1994. Michael Eisner refuse tout

comme Roy Disney35. Les choses s’enveniment petit à petit entre Eisner et Katzenberg

jusqu’au départ de ce dernier, forcer à démissionner. Plus que ça, Katzenberg n’a pas eu la

somme qui devait lui être versée selon son contrat. Le départ de Jeffrey Katzenberg est ainsi

daté au 1er octobre 199436. Lui qui se disait être « le Walt Disney d’aujourd’hui »37, lui qui

27 Eric Darnell, Tim Johnson et Lawrence Guterman, Fourmiz, 1998. 28 John Lasseter et Andrew Stanton, 1001 Pattes, 1998. 29 John Musker et Ron Clements, La Petite Sirène, 1990. 30 Op. cit., James B. Stewart, Le Royaume enchanté, p. 152. 31 Idem ibidem. 32 Ibid., p. 208. 33 Gary Trousdale et Kirk Wise, La Belle et la Bête, 1991. 34 John Musker et Ron Clements, Aladdin, 1992. 35 Op. cit., James B. Stewart, Le Royaume enchanté, p. 226. 36 Ibid., p. 264. 37 Ibid., p. 219.

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croyait avoir le pouvoir et pensait se retrouver sur le trône du royaume enchanté tombe de

haut, de très haut. Lors de son dernier entretien avec Eisner, Katzenberg conclut en disant :

« Il y a deux types de divorces. La première solution est de rester bons amis et l'autre de

devenir ennemis »38. Disney venait de créer son premier grand adversaire.

Dès son éviction, Jeffrey Katzenberg décide de fonder le plus grand studio multimédia

du monde. Le nom de celui-ci est ainsi annoncé le 13 janvier 199539 : DreamWorks SKG,

« S » pour Spielberg, « K » pour Katzenberg et « G » pour

Geffen. Trois personnes talentueuses dans leur domaine

respectif et aptes à élever un studio au statut

d'incontournable. Le premier, réalisateur et producteur, est

le roi de l'entertainement et venait d’enchaîner deux

succès lors de la création de DreamWorks : La Liste de

Schindler40 et Jurassic Park41. Le deuxième n’est autre que

Jeffrey Katzenberg tandis que le dernier est l'homme qui a

donné son nom au label Geffen Music et, par la même

occasion, un ami de longue date de Katzenberg. Tous trois

ont décidé de bâtir, non pas un simple studio de cinéma, mais plutôt une société de production

et de distribution qui engloberait aussi bien le cinéma que la télévision et la musique. Les trois

hommes voient grand et ne sont pas sans rappeler à leur époque Charles Chaplin, Douglas

Fairbanks, Mary Pickford et D.W. Griffith lorsque ceux-ci fondèrent la United Artists.

Cependant, là où la United Artists est restée en place des décennies durant, ce n'est pas le cas

de DreamWorks. Daniel Miller parle du paradoxe d'Icare42, ce personnage mythologique qui,

en tentant de s'approcher du soleil, n'a fait que provoquer sa propre mort. Le paradoxe vient

de l’avantage que détenait Icare, à savoir ses ailes, qui l’a conduit à sa propre perte. Elles lui

ont permis de s'approcher dudit soleil mais se sont consumées à son approche. DreamWorks,

studio indépendant, avait tout pour réussir mais des choix, des personnes, des évènements ont

concouru à sa perte. Alors que Disney a réussi à se réveiller telle sa Belle au bois dormant43,

DreamWorks, sans secours d'un prince quelconque, s'est fait dévorer dans son épuisement par

le puissant dragon. Dans notre réalité, la créature n'est autre que la Paramount Pictures qui a

38 Ibid., p. 265. 39 David Kipen et Phil Rosenthal, « Spielberg, partners to reveal name : “DreamWorks SKG“ », Daily News,

13 janvier 1995. 40 Steven Spielberg, La Liste de Schindler, 1993. 41 Steven Spielberg, Jurassic Park, 1993. 42 Danny Miller, Le Paradoxe d’Icare, p. 5.

Illustration 3 : Les trois fondateurs de DreamWorks SKG.

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racheté DreamWorks SKG pour la bagatelle de 1,6 milliards de dollars en 200544, récupérant

un catalogue de cinquante-neuf films dont les « oscarisés » Il faut sauver le soldat Ryan45 et

Gladiator46. Mais en 2008, les deux studios se sont séparés et DreamWorks SKG était prêt à

s’associer à Universal jusqu’à leur désistement. Un nouveau partenaire entra donc en jeu et

distribue actuellement les nouvelles productions DreamWorks : Walt Disney Studios47. Le

choc est grand, le rêve est loin. Ces hommes qui voulaient être roi retombent sur terre. Mais

dans cette hécatombe, DreamWorks a tout de même sauvé sa branche animation, plus grosse

concurrente de Disney et Pixar à ce jour.

d. Méthodologie

En 2011, le succès est bien présent pour chacun des deux studios48 avec des recettes

mondiales respectives de 9,4 et 7,2 milliards de dollars pour DreamWorks49 et Pixar50.

Comment deux studios ont su s’imposer en quelques années et partager des parts de marché

sur un territoire autrefois dominé par le seul Disney ? Sont-ils sur une même approche de

création ou, au contraire, se démarquent-ils l’un de l’autre ? Il est nécessaire, dans une

première partie, de se focaliser sur les studios en eux-mêmes, de l’importance de leurs locaux

et des hommes à leur tête, John Lasseter pour Pixar et Jeffrey Katzenberg pour DreamWorks

Animation. Les différentes informations dévoilées dans cette partie prendront leur source dans

plusieurs livres et autres articles. Il sera ensuite possible d’entrer plus en détails dans le

processus de création en traitant de la particularité de chacun en abordant les rapports qu’ils

entretiennent avec les films externes et internes aux studios. Nous traiterons de l’effet sériel

propre à chacun. Les sagas Toy Story et Shrek seront ici mis en avant pour aborder les suites

ou encore se focaliser sur la parodie, le pastiche ou l’hommage. Pour conclure cette partie, il

sera important de s’attarder sur des films très similaires entre Disney-Pixar et DreamWorks.

Trois « couples » seront ainsi étudiés : 1001 Pattes de Pixar et Fourmiz de DreamWorks car

ils représentent le début de cette bataille mais aussi parce qu’ils ont de fortes ressemblances

tout en étant très différents. S’ajouteront Le Monde de Nemo51 de Pixar et de Gang de

43 Wolfgang Reitherman, Eric Larson et Clyde Geromini, La Belle au bois dormant, 1959. 44 Greg Kilday et George Szalai, « Par buys D’Works for $1.6 billion », The Hollywood Reporter. 12

décembre 2005. 45 Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan, 1998. 46 Ridley Scott, Gladiator, 2000. 47 Brooks Barnes, Michael Cieply, « Disney and DreamWorks form partnership », The New York Times. 10

février 2009. 48 Annexe A.1 : graphiques 1 et 2. 49 http://boxofficemojo.com/franchises/chart/?id=dwanimation.htm. Consulté le 12 mars 2012. 50 http://boxofficemojo.com/franchises/chart/?id=pixar.htm. Consulté le 12 mars 2012. 51 Andrew Stanton et Lee Unkrich, Le Monde de Nemo, 2003.

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requins52 de DreamWorks et leur milieu aquatique et Madagascar53 de DreamWorks et The

Wild54 de Disney. Nullement question de Pixar pour ce dernier couple mais la réponse du

public à The Wild est très intéressante et démontre pourquoi Pixar et DreamWorks ont leur

place dans le domaine de l’animation. The Wild est, en effet, un véritable échec critique et

commercial. Nous tenterons d’en trouver les raisons.

Une fois ces analyses de films et la méthode propre à chaque studio identifiées, nous

chercherons à savoir, dans une seconde partie, comment chacun s’y prend afin de vendre ses

films et quels sont les moyens mis en œuvre afin de se faire une place dans un domaine qui

n’appartenait jadis qu’au seul Disney. La promotion sera ainsi étudiée et différents articles

viendront appuyer les éléments soulignés à l’aide de chiffres et autres annonces dévoilées par

chaque studio. Castings, dates de sortie et autres premières des films seront donc à l’honneur

et laisseront leur place aux nouvelles méthodes de promotion, à savoir l’utilisation des

nouveaux médias comme internet. Il s’agira alors de traiter de la méthode du cross média et

du transmédia. Pour finir, le merchandising tiendra une place importante et plus

particulièrement les produits dérivés. Ces produits sont très importants et sont une grande

source de revenus mais aussi un bon moyen de faire perdurer les films. Cars et Toy Story,

plus gros revenus en produits dérivés de Pixar viendront alimenter cette étude en comparaison

de certains films DreamWorks.

52 Eric Bergeron, Vicky Jenson et Rob Letterman, Gang de requins, 2004. 53 Eric Darnell, Tom McGrath, Madagascar, 2005. 54 Steve Williams, The Wild, 2006.

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A. La Création. A. Au cœur des studios

Un bon film d'animation ne se fait pas seul, il est le fruit d'un travail d’équipe. Il est

donc nécessaire d'avoir une bonne alchimie entre les membres. Cela ce traduit par un échange

d'idées et une écoute des autres pour progresser le mieux possible. L'idée est de partager pour

construire, d'échanger pour créer. Pour cela, il paraît primordial de proposer aux employés un

bon environnement de travail afin qu’ils se trouvent dans les meilleures conditions possibles.

Dans un premier temps nous visiterons donc les studios de Pixar d’un côté et de DreamWorks

de l’autre pour ensuite dresser un portrait des deux hommes à leur tête respective : John

Lasseter et Jeffrey Katzenberg. Nous pourrons ensuite nous concentrer sur la conception des

films de chacun et leurs caractéristiques principales après avoir dresser un récapitulatif de la

position actuelle de chacun sur le marché du cinéma d’animation.

Pour commencer, il est intéressant de connaître la vision d’un bon environnement de

travail selon Pixar et DreamWorks. Les locaux Pixar se trouvent à Emeryville, en Californie.

Ceux-ci se composent de

nombreux aménagements

plus ou moins particuliers.

On y trouve, entres autres,

un grand atrium dans lequel

se situent boîtes à lettres et

café, un auditorium de six

cents places, des terrains de

sports extérieurs et

intérieurs, une piscine, des

salles de jeux sans oublier

la grande cantine 55 .

L'endroit n'est pas sans rappeler le campus d’une université excepté que dans le cas présent, il

s’agit d’un lieu de travail et non d’études. L'idée vient de Steve Jobs qui a créé les bâtiments

de Pixar afin de favoriser les rencontres :

55 Bill Capodagli et Lynn Jackson, Innovate the Pixar Way, p. 40-41.

Illustration 4 : L'atrium central des studios Pixar, le lieu de toutes les rencontres.

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« Si une structure ne favorise pas cela, vous passez à côté de nombreuses innovations,

et vous perdez toute la magie des heureux hasards. Nous avons construit cet immeuble

pour obliger les gens à sortir de leur bureau et à se promener dans l’atrium central,

pour susciter des rencontres improbables. »56

Une usine à rêves, une grande cour de récréation dans laquelle toutes les personnes,

quel que soit leur rang dans la production, sont mises sur le même pied d’égalité et peuvent se

rencontrer pour échanger des idées. Pixar aime d’ailleurs montrer l’originalité de ses locaux

dans les DVD de ses films ou lors de divers reportages57. Le lieu est très différent des

bâtiments de Disney qui sont de simples studios mais non de ceux de DreamWorks. Situés à

Glendale, non loin de Los Angeles, les locaux de DreamWorks Animation ressemblent eux

aussi à un campus universitaire. D'extérieur, tout y est paisible et proche de la nature. Les

murs sont recouverts de verdure et, dans la cour centrale se trouve un ruisseau parsemé de

nénuphars. A l'intérieur, ce sont

plus de mille deux cents

employés qui se croisent aussi

bien en se rendant dans leur

bureau qu’en participant à des

tournois de babyfoot ou en se

rendant à des cours de yoga ou

de sculptures 58. Chez Disney,

Katzenberg devait gérer

quelques douze milles employés

répartis aux quatre coins du

globe. Il se dit plus heureux aujourd'hui avec son effectif réduit et cet endroit qu'il a

« délibérément conçu comme un petit bout de paradis »59. La principale particularité par

rapport à son rival porte le nom de halo room, une salle de vidéoconférence dans laquelle il

est possible de communiquer avec des employés situés dans les locaux de la Silicon Valley.

Tout semble fonctionner dans les studios de DreamWorks comme le confirme le classement

56 Op. cit., Walter Isaacson, Steve Jobs : a biography, p. 474. 57 http://www.youtube.com/watch?v=pHPZMIAhpqs&feature=player_embedded. Consulté le 6 mai 2012. 58 http://www.3dvf.com/dossier-855-2-interview-puss-in-boots-trois-francais-chez-dreamworks.html.

Consulté le 16 mars 2012. 59 Denis Rossano, « Jeffrey Katzenberg : ‘Shrek nous a sauvé’ », L’Express, 1er juillet 2008.

Illustration 5 : Le côté très naturel des studios DreamWorks Animation.

Page 14: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

14

du magazine Fortune qui l’a classé, en 2011, à la dixième place des meilleures compagnies

dans lesquelles il est bon de travailler60. Chaque studio a ainsi été construit afin de proposer la

meilleure atmosphère possible pour favoriser la communication et donner envie de travailler.

Le partage est donc le maître mot de ces deux studios. Tout employé peut aussi prendre du

recul sur la laborieuse création que nécessite un long-métrage animé, un travail qui s’étend sur

plusieurs années. Sur cet aspect, l’esprit des studios est donc le même pourtant il n’existe pas

que des points communs entre eux à l'instar des hommes qui les représentent : John Lasseter

et Jeffrey Katzenberg. Le premier est un créatif à la bonhommie apparente et à l’aspect calme

sans oublier ses célèbres chemises aux motifs très colorés. « Tout le monde l'aime »61 n'hésite

pas à dire Pam Kerwin, directrice marketing chez Pixar. Le second est un homme d'affaire de

petite taille, dynamique et toujours habillé sobrement. De son côté, on lui prête la « réputation

d'être difficile et de contrôler. »62 L'un est le représentant de Pixar, l'autre de DreamWorks.

Ces deux personnages que tout oppose ne sont-ils pas le reflet exact de leur société ? Il est

intéressant de savoir

comment chacun se définit

pour connaître un peu plus la

direction qu’ils empruntent.

John Lasseter se présente

comme un « conteur

d'histoire » 63 selon ses

propres termes. Pixar raconte

des récits avant tout. Il s’agit

de la marque de fabrique de

la société : « On savait que la

technologie serait datée

assez vite. C'est le premier

terme qui vieillit dans ce genre de film. C'est pour cela qu'on s'est toujours concentrés sur

l'histoire, avant toute chose. »64 La narration est le principal atout chez Pixar et Lasseter aime

le rappeler tout comme il n'oublie jamais de laisser ses pairs s'exprimer. Ainsi, Andrew

Stanton, Peter Docter, Lee Unkrich ou encore Brad Bird, les principaux réalisateurs de la

60 http://money.cnn.com/magazines/fortune/bestcompanies/2011/snapshots/10.html. Consulté le 29 avril

2012. 61 Op. cit., David Price, The Pixar Touch : the making of a company, p. 107. 62 Ibid ibidem. 63 Ciné Live hors série n°16, p. 7.

Illustration 6 : Jeffrey Katzenberg et John Lasseter, deux personnes très différentes.

Page 15: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

15

firme, sortent de l'ombre et parlent de leurs films. Il est en effet plus difficile de citer le nom

des réalisateurs des films phares de DreamWorks Animation tellement ceux-ci sont peu mis

avant. Chez DreamWorks, ce sont les acteurs prêtant leur voix aux protagonistes des films qui

sont placés sous les projecteurs. En effet, lors des conférences ou autres évènements, les

doubleurs du film sont là pour défendre l’œuvre aux côtés de Jeffrey Katzenberg. En tant

qu’homme d’affaires, et suite à la grande expérience qu’il a acquise chez Disney, Katzenberg

met tout en œuvre pour que ses films attirent de nombreux spectateurs. Ainsi, des noms tels

que ceux de Brad Pitt, Angelina Jolie, Jack Black ou encore Robert de Niro sont plus

susceptibles d’intéresser la presse et le public que les réalisateurs eux-mêmes. Katzenberg est

également plus porté par le succès et les recettes que peuvent engendrer ses films que par la

création. « You know, I'm not interested in the Academy Awards. I'm interested in the Bank of

America awards, what the money these things pull in. »65 Des paroles sorties de la bouche du

producteur lui-même et rapportées par Roger Allers, l'un des réalisateurs du Roi Lion, lors

d'un meeting chez Disney. Cette recette avait bien porté ses fruits lorsqu'il se trouvait chez

Disney mais malheureusement pour eux, Jeffrey Katzenberg est parti avec elle. Dès lors, la

situation des studios a commencé à changer, Disney le premier. Ainsi, après le départ de

Jeffrey Katzenberg, la Walt Disney Company n'égale plus le succès du Roi Lion. Des films

comme Pocahontas66, Le Bossu de Notre-Dame67 et Hercule68, sans être des échecs, attirent

beaucoup moins de spectateurs69. Ce qu’on pourrait appeler le second Âge d’Or de Disney

prend fin à son tour et cette descente s’est confirmée année après année jusqu’en 2010 et la

sortie de Raiponce70, soit près de quinze ans plus tard. Cette remontée n’est pas anodine

puisque, suite au rachat de Pixar par Disney en 200671, les films sont supervisés par John

Lasseter, nommé directeur artistique de Pixar Animation Studios et de Walt Disney

Animation. Entre le départ de Jeffrey Katzenberg et l’arrivée de John Lasseter, Disney a petit

à petit perdu son pouvoir face à Pixar et DreamWorks, ses deux « descendants ». Le monde

de l’animation a assisté à un tournant radical dans lequel les dessins animés traditionnels

n’attiraient plus le public devant la toute nouvelle 3D. Cette histoire n’est pas sans rappeler

celle de Woody et Buzz dans le film Toy Story. La 2D est représentée par Woody, ce cowboy

64 Op. cit., Ciné Live hors série n°16, p. 16. 65 Op. cit., Don Hahn, Waking Sleeping Beauty, 2012. 66 Mike Gabriel et Eric Goldberg, Pocahontas, une légende indienne, 1995. 67 Gary Trousdale et Kirk Wise, Le Bossu de Notre-Dame, 1996. 68 John Musker et Ron Clements, Hercule, 1997. 69 Annexe A.1 : graphique 3. 70 Byron Howard et Nathan Greno, Raiponce, 2010. 71 Laura M. Holson, « Disney agrees to acquire Pixar in a $7.4 billion deal », The New York Times, 25 janvier

2006.

Page 16: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

16

en mousse et en bois, la 3D n’est autre que Buzz l’Éclair, le jouet Hi-Tech en plastique

accompagné de nombreux gadgets et Andy, leur propriétaire, est le public. Woody est un

jouet vieillissant et le favori d’Andy. Il a le monopole du cœur jusqu’à l’arrivée de Buzz. Dès

lors, le petit garçon préfère le personnage de l’espace. Sans vraiment le vouloir, Buzz devient

le rival de Woody. Après de nombreuses mésententes et des querelles, ils finissent pourtant

par être les meilleurs amis du monde. Dans la vraie vie, il ne s’agit pas vraiment d’amitié

mais davantage du rachat de Pixar. Disney n’est plus que l’ombre de lui-même et les

changements apportés par DreamWorks et Pixar ont démontré que le public voulait du

renouveau. Ces changements ont commencé avec la conception des personnages.

« Chez Disney, quand nous nous préparons à faire un dessin animé, nous recherchons

en priorité une histoire très spéciale avec des personnages inoubliables »72. Cette phrase a été

prononcée par Jeffrey Katzenberg pour promouvoir La Belle et la Bête en 1991. Il s’agit là

d’une chose primordiale au cinéma et davantage dans les films d’animation dans lesquels les

héros sont créés de toute pièce. Le public doit pouvoir reconnaître les personnages d'un

premier coup d'œil et surtout doit pouvoir les apprécier. Woody doit porter sa veste en peau

de vache et son chapeau, sans quoi il n'est qu'un objet sans valeur comme on peut le voir dans

Toy Story 273 lorsqu'il est destiné, par sa rareté, à être exposé dans un musée japonais. Shrek,

quant à lui, est reconnaissable à ses oreilles en trompette et sa peau verte qui lui confèrent cet

aspect rebutant mais pourtant sympathique. Même chose pour le petit poisson Nemo et sa

nageoire atrophiée ou encore les quatre animaux de Madagascar caractérisés par leur allure

cartoon très proche du style de Tex Avery. Cependant, les similitudes entre Pixar et

DreamWorks semblent s’arrêter à ce stade. En effet, là où Disney se contentait d'humains et

72 Don Hahn, Waking Sleeping Beauty, 2010. 73 John Lasseter, Ash Brannon et Lee Unkrich, Toy Story 2, 1999.

Illustration 7 : Une voiture parlante, un jouet vivant, un robot sentimental et un monstre gentil.

Page 17: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

17

d'animaux parlants, Pixar propose de nouveaux héros sous formes de jouets, robots, insectes,

monstres ou voitures. Quelques animaux loquaces subsistent cependant comme c'est le cas

dans Le Monde de Nemo et Ratatouille74 mais ils ne sont qu’une minorité. Ainsi, dans Là-

Haut 75 , les animaux s’expriment par l’intermédiaire d'un collier spécial qui, par

dysfonctionnement, prête une voix aiguë au féroce doberman, le rendant ridicule. Pixar

semble se moquer de cette technique qui vise à faire parler les animaux. Même chose du côté

des humains qui sont très peu traités dans leurs œuvres. En effet, ils sont souvent relégués au

second plan. Dans les Toy Story, excepté la famille d’Andy, le propriétaire de Woody, les

humains sont cruels et martyrisent les héros en plastique. Cid, adolescent rebelle au t-shirt

brodé d'une tête de mort, leur fait subir des tortures de tout genre dans le premier volet. Dans

sa suite, c'est le vendeur Al qui cherche à vendre Woody à un musée japonais, le séparant

d’Andy et de ses amis. L'abandon est aussi traité et les enfants en sont les premiers

responsables. Une fois grands, ces mêmes enfants délaissent ces jouets et partenaires qui les

ont accompagnés durant toute leur enfance. Ainsi, dans Toy Story 2, Jessie, jouet de la même

marque que Woody, est intérieurement brisée du rejet que lui a fait subir Emily, sa

propriétaire. Même constat dans Toy Story 376 où l'on apprend que Lotso, l'ours rose à l'odeur

de fraise, a lui aussi été abandonné et remplacé. Il n'en fallait pas plus pour qu’il devienne une

horrible peluche sans cœur. Plus que l'abandon de jouet, c'est la planète que les humains

laissent tomber dans WALL-E77. Dans ce film, la pollution a atteint un stade critique, laissant

la planète bleue aux mains de robots nettoyeur. Dans le vaisseau spatial habité par les

individus rescapés, ces mêmes machines s'occupent de tout. En conséquence, toutes les

personnes, sans exception, sont devenues obèses et entièrement dépendantes de la

technologie. Il y a heureusement la famille des Indestructibles qui représente notre espèce

humaine sous un plus beau jour. Pourtant, ils sont plus que de simples humains, ce sont des

supers héros. Les seuls humains « normaux » qui occupent le poste de personnages principaux

se trouvent dans Là-Haut avec son vieillard qui s'envole loin de son monde à l’aide de sa

maison volante et Ratatouille, film dans lequel le jeune Linguini est contrôlé par un rat. Ce ne

sont donc pas des humains normaux mais plus des marginaux. Pixar s'éloigne donc de ce que

Walt Disney avait construit sur plusieurs générations avec ses animaux au comportement

humain inspirés d'artistes comme Benjamin Rabier, Gustave Doré et John Tenniel. On parle

d'anthropomorphisme, cette technique qui consiste à donner des caractéristiques humaines

74 Brad Bird, Ratatouille, 2007. 75 Pete Docter et Bob Peterson, Là-Haut, 2009. 76 Lee Unkrich, Toy Story 3, 2010.

Page 18: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

18

comportementales ou physiques à un animal. Mais on peut également citer le zoomorphisme,

technique qui consiste à donner à un personnage l'apparence d'un animal. Pour Bambi78, par

exemple, l'animal est une simple biche avec des expressions humaines. Même chose pour les

félins du Roi Lion ou la joyeuse bande des 101 Dalmatiens79. Le zoomorphisme est davantage

représenté du côté des personnages phares de Disney tels Mickey Mouse, Dingo et Donald

Duck. Au niveau des films d'animation ayant recours à cette technique, on peut citer Robin

des bois80, Alice au pays des merveilles81 ou Basil, détective privé82. Les personnages se

comportent exactement comme des humains, ils de déplacent sur leurs pattes postérieures,

parlent et portent des vêtements. La grande majorité des studios, anciens et actuels, se servent

de cette méthode. Parmi eux, Sony Pictures Animation avec les animaux sauvages des

Rebelles de la forêt83 et les pingouins surfeurs dans Les Rois de la glisse84. Mais c'est aussi et

surtout le cas de DreamWorks qui poursuit dans la droite lignée de Walt Disney. Les enfants

préfèrent probablement ces animaux qui parlent plutôt que voir des humains plus ou moins

réalistes et donc moins portés sur la comédie. Tout paraît plus léger quand les animaux

remplacent les humains comme l’avait montré Jean de la Fontaine avec ses fables. Les

animaux sont ainsi des caricatures humaines et sont généralement choisis en fonction de leurs

traits distinctifs. Ainsi, dans Nos voisins, les hommes85, le héros, un cambrioleur futé est un

raton laveur, animal réputé pour ses vols de nourritures dans les foyers d’Amérique du Nord.

77 Andrew Stanton, WALL-E, 2008. 78 Walt Disney et David Hand, Bambi, 1942. 79 Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wolfgang Reitherman, Les 101 Dalmatiens, 1961. 80 Wolfgang Reitherman, Robin des Bois, 1973. 81 Hamilton Luske, Wilfred Jackson et Clyde Geromini, Alice au pays des merveilles, 1951. 82 Don Clements, Burny Mattinson et David Michener, Basil, détective privé, 1986. 83 Jill Culton, Anthony Stacchi et Roger Allers, Les Rebelles de la forêt, 2005. 84 Ash Brannon et Chris Buck, Les Rois de la glisse, 2007. 85 Tim Johnson et Karey Kirpatrick, Nos voisins, les hommes, 2005.

Illustration 8 : Quelques uns des animaux parlant de DreamWorks

Page 19: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

19

Il est entouré de Verne, personnage peu sûr de lui et hésitant. Quoi de mieux pour représenter

cette caractéristique qu'une tortue. Il y a aussi ce personnage hyperactif, Zamy ou Hammy

dans sa version originale. Petit, vif et nerveux, l'écureuil est un choix très approprié. C'est sans

mentionner le grand méchant du film, imposant par la taille et par sa réputation qui n’est autre

qu’un ours. Le procédé est le même dans Kung Fu Panda86. Ainsi, Po, le héros du film qui ne

pense qu’à manger, est un gros panda. Dans son périple, il doit faire face au méchant Tai

Lung l'once, ce félin rapide et agile. Cependant, là où DreamWorks semble prolonger le

travail de Disney, il impose tout de même son propre style avec des animaux « décalés », en

contradiction totale avec les héros Disney. Il s’agit d’une manière pour Katzenberg de contrer

son ancien employeur et ses personnages principaux très « sages ». On peut parler d’anti-

Disney. En effet, les personnages ne correspondent pas souvent à ce qu’ils doivent être. Par

exemple, la fourmi Z, censée être collective et travailleuse devient dépressive et solitaire.

Même cas de figure pour Alex le lion devenu végétarien ou encore Shrek, l’ogre gentil devant

faire face à des villageois moins sympathiques. C’est une attitude qui vise à toucher de

nouveaux spectateurs qui n’appréciaient pas forcément les personnages plus normaux de

Disney. Plus que des comportements en contradiction totale avec ce qu’ils doivent être, les

personnages de DreamWorks bénéficient également des aspects physiques des acteurs qui

leur prêtent leur voix.

86 Mark Osborne et John Stevenson, Kung Fu Panda, 2008.

Illustration 9 : Des personnages physiquement très proches des acteurs qui les doublent.

Page 20: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

20

Il s’agit d’une grande caractéristique des films DreamWorks. Celle-ci consiste à

donner aux héros la voix et les signes distinctifs physiques ou comportementaux des

comédiens qui les doublent. Dès la production de Fourmiz, ce style est en partie adopté.

Ainsi, le héros Z est une fourmi qui possède le comportement et la voix de Woody Allen. Il

est frêle, nerveux et se pose énormément de questions existentielles. À ses côtés se trouve la

fourmi travailleuse Weaver. Montagne de muscles, il n’est pas sans rappeler son doubleur

vocal : Sylvester Stallone. Même procédé dans la série des Shrek, films pour lesquels le

bavard Eddy Murphy prête son dynamisme et ses blagues à l'Âne. Monsieur Hood, Robin des

bois du film est, quant à lui, joué par Vincent Cassel afin de lui donner notre accent français

aux « r » insistants. Les choses se sont par la suite accentuées avec la sortie de Gang de

requins. Parodie des films de mafia, il était inévitable que Robert De Niro et Martin Scorsese

fassent partie du casting. Don Lino est ainsi un squale qui possède le même grain de beauté

que Robert De Niro sans oublier ses expressions. De son côté, le poisson lune Sykes dispose

des sourcils épais du réalisateur new-yorkais. On peut également cité Oscar, doublé par Will

Smith, qui hérite du faciès de l’acteur tandis qu’Angelina Jolie voit ses lèvres numérisées

pour le personnage de Lola. Ceux-ci sont quelques exemples parmi tant d’autres mais

permettent de mieux cerner la voie empruntée par DreamWorks. Les personnages ne sont plus

de simples créations mais tiennent davantage de la reproduction. Ils sont des sortes de

versions animales des acteurs. Le film se base sur eux et non l’inverse là où Pixar utilise ses

acteurs pour insuffler plus de vies à ses protagonistes. Chez Pixar, on retrouve de grands

noms comme ceux de Tom Hanks (Toy Story), Billy Cristal (Monstres & Cie87) et Samuel L.

Jackson (Les Indestructibles88) sans oublier Paul Newman (Cars) et Emma Thompson

(Rebelle89) mais ceux-ci servent l'histoire. John Lasseter explique le choix de Tom Hanks

pour le rôle de Woody : « What I loved about Tom Hanks was his ability to make all kinds of

emotions appealing. Even when he's yelling at somebody, he's likable. That was crucial

because Woody behaves pretty badly when he's not head toy anymore. »90 L’objectif est de

rendre l’acteur transparent afin que le spectateur puisse entrer pleinement dans l’histoire sans

y voir un acteur réel. Les deux styles sont très différents tout comme l’attitude des deux

studios. Ainsi, quand Pixar cherche à faire passer les personnages et l’histoire au premier plan

87 Peter Docter, David Silverman et Lee Unkrich, Monstres & Cie, 2001. 88 Brad Bird, Les Indestructibles, 2004. 89 Mark Andrews et Brenda Chapman, Rebelle, 2012. 90 Op. cit., David Price, The Pixar Touch : the making of a company, p. 219. Traduction proposée « aimait

avec Tom Hanks était l’habilité qu'il avait à rendre toutes sortes d'émotions attrayantes. Même quand il crie sur quelqu'un, il est sympathique. Cela a été crucial car Woody se comporte plutôt mal lorsqu'il ne dirige plus les jouets. »

Page 21: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

21

en leur offrant des voix adaptées afin que le spectateur soit plus immergé dans le film et dans

l’univers créé, DreamWorks insiste bien sur le fait que c’est tel ou tel acteur qui joue le rôle.

Les deux studios se sont écartés à leur façon de la méthode Disney en prenant leur

indépendance grâce à un style propre à chacun qui se ressent jusque dans les thèmes abordés.

Plus que les personnages, les thèmes traités sont ainsi très différents. Ainsi, WALL-E traite de

l’écologie et du mauvais traitement de la planète par l’humain quand la croissance de

l’urbanisme est dénoncée dans Là-Haut. Pixar muri au fur et à mesure des années et traite de

thèmes de plus en plus sérieux. La saga Toy Story représente très bien cette évolution. Quand

la jalousie et la peur de l’abandon sont traitées dans le premier film, des jouets subissent cet

abandon dans le deuxième. Cependant, ils finissent par trouver un nouveau propriétaire, ce

qui n’est pas le cas dans le dernier volet de la trilogie dans lequel les jouets sont

définitivement abandonnés voire remplacés. Le film va également plus loin que l’abandon et

traite de la mort lorsque les jouets, alors réunis, doivent y faire face dans une décharge. Plus

qu’une confrontation à cette mort, le personnage d’Ellie dans Là-Haut, y succombe. En début

de film, la vie entière d’Ellie et de Carl, héros du film, passe sous les yeux du spectateur dans

une sorte de film dans le film. En seulement quelques minutes, des thèmes forts sont abordés

comme la perte d’un enfant, la maladie et l’inévitable mort. De telles idées ne sont pas traités

ouvertement dans les productions DreamWorks, le studio de Jeffrey Katzenberg préférant

miser avant tout sur l’humour et le côté décalé. Ainsi, Gang de requins aborde le thème de

l’homosexualité sans vraiment le mentionner de manière explicite. Lenny, fils du parrain de la

mafia, rêve d’être un dauphin et il ne souhaite pas le dévoiler à son père par peur d’être rejeté

à cause de cette différence. Le dauphin représente donc l’homosexualité dans l’univers de

DreamWorks. Cependant, le studio de Jeffrey Katzenberg préfère proposer des films plus

légers et principalement drôles contrairement à Pixar qui ne fait pas que de l’humour.

Pixar et DreamWorks, dans leur manière de créer sont très différents et ne semblent

pas toucher le même public. Ainsi, Pixar joue dans un registre plus universel, essayant de

toucher tout un chacun en misant sur la créativité. L’originalité est également de mise avec

des personnages principaux d’un nouveau genre, qu’ils soient des créatures effrayantes, des

insectes, des jouets ou des voitures tout comme les thèmes abordés. DreamWorks, de son

côté, tente de se détacher un maximum de Disney avec ses héros décalés mais s’en rapproche

pourtant beaucoup. En effet, les animaux ou encore les thèmes traités avec plus de légèreté ne

sont pas sans rappeler les anciennes œuvres de Disney tout comme la morale qui revient

inévitablement à la fin et vient rompre le côté « rebelle » des œuvres.

Page 22: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

22

B. L’effet sériel.

Pixar Animation Studio et DreamWorks Animation sont tous deux les créateurs de

nouveaux films mêlant univers et personnages hors du commun. Cependant, les deux studios

ne proposent pas que des films différents et mettent en place, chacun à leur façon, un effet

sériel. Celui-ci se retrouve dans la fabrication de suites à leurs films mais aussi dans leurs

liens avec d’autres films internes ou externes aux studios. Premièrement, nous nous

intéresserons aux suites chez Pixar et DreamWorks pour ensuite nous focaliser sur ces liens

qui unissent les films. Plus que des liens, nous aborderons les références utilisées sous

plusieurs formes, du simple hommage à la parodie et au pastiche.

DreamWorks Animation doit sortir deux films par an suite à un engagement pris

devant les actionnaires de la société91. En 2013, cette production soutenue permettra à trois

films de voir le jour. L'une de ces productions est généralement originale tandis que la

deuxième est une suite. En effet, comme de nombreux films hollywoodiens ayant eu un gros

succès, il arrive à DreamWorks et Pixar de donner des suites à leurs films. Ainsi,

DreamWorks Animation est le premier à prolonger les aventures de ses héros comme le

montre le très grand nombre de séquelles produites par celui-ci. L’exemple majeur n’est autre

que la saga Shrek avec pas moins de quatre nouvelles histoires : Shrek 292, Shrek le

Troisième93 et Shrek 4, il était une fin94 sans oublier le Spin-off95 qui met en scène Le Chat

Potté96 dans le film éponyme. Les 3,5 milliards de dollars de recettes mondiales font de Shrek

la saga animée la plus lucrative97. Shrek n’est évidemment pas le seul à bénéficier de cette

méthode. Ainsi, Madagascar prend la forme d'une trilogie. Kung Fu Panda et Dragons98,

quant à eux, n’ont eu droit qu’à une seule suite pour le moment. Mais les aventures de ces

personnages phares ne s'arrêtent pas aux seuls écrans de cinéma, ce sont les télévisions qui les

ont accueillis avec plusieurs courts métrages dont Joyeux Noël Shrek !99, Kung Fu Panda : les

secrets des cinq cyclones100 ou Joyeux Noël Madagascar101 entre autres. Depuis la sortie de

91 Sophie Benamon, « Jeffrey Katzenberg : “DreamWorks était un pari“ », Studio, décembre 2007. 92 Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon, Shrek 2, 2004. 93 Chris Miller, Chris Miller (II) et Raman Hui, Shrek le troisième, 2007. 94 Mike Mitchell, Shrek 4, il était une fin, 2010. 95 Le Spin-off est une œuvre dérivée qui offre un premier rôle à un personnage secondaire de l’œuvre

principale. Ici, le film est centré sur le personnage du Chat Potté, personnage secondaire des trois derniers Shrek.

96 Chris Miller (II), Le Chat Potté, 2011. 97 http://www.the-numbers.com/movies/series/Shrek.php. Consulté le 10 avril 2012. 98 Dean DeBlois et Chris Sanders, Dragons, 2011. 99 Gary Trousdale, Joyeux Noël Shrek !, 2007. 100 Raman Hui, Kung Fu Panda : le secret des cinq cyclones, 2008. 101 David Soren, Joyeux Noël Madagascar, 2009.

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Shrek 2 en 2004 et jusqu'à celle de Dragons 2102 en 2014, DreamWorks aura produit huit

suites soit une moyenne d’une suite par an et il semble que Jeffrey Katzenberg ne souhaite pas

s'arrêter en si bon chemin :

« Yeah, there's probably a fourth there. Kung Fu Panda actually has six chapters to it,

and we've mapped that out over the years. How to train your dragon is at least three :

maybe more, but we know there are a least three chapters to that story. There are

actually eight books.»103

Il est intéressant de noter que des franchises comme Shrek, Kung Fu Panda ou encore

Dragons sont des adaptations de livres dont les histoires s’étendent sur plusieurs tomes. En

adaptant un bouquin, DreamWorks sait dès le début qu’il peut en tirer de nombreuses suites

en cas de succès. De plus, les histoires déjà existantes demandent moins de recherches pour la

création du film et donc moins d’investissement. Cependant, ces nombreuses suites ne

risquent-elles pas de faire fuir le public comme ce fut le cas pour la saga Shrek ? Lors de sa

sortie en 2001, Shrek a produit un véritable effet de surprise grâce à son humour mais aussi

son anti-héros, un ogre. Le film créa un réel engouement et fut un succès public avec plus de

484 millions de dollars104 de recettes accumulées dans le monde. Sa suite, Shrek 2, doubla le

score de son aîné en atteignant les 920 millions de dollars de recettes dans le monde105.

Jusqu’à la sortie de Toy Story 3 en 2010, ce résultat faramineux fit de Shrek 2 le film

d’animation le plus lucratif de l’histoire. Pourtant, une fois arrivé au sommet, on ne peut que

redescendre et l'ogre vert en a fait l’expérience. Jeffrey Katzenberg s’attendait à ce que les

prochains films ne surpassent pas le deuxième volet. « Ce n’était pas possible de battre Shrek

2, c’est le troisième plus gros succès de l’histoire du cinéma106. »107 Il avait raison, Shrek le

Troisième, Shrek 4 et Le Chat Potté ont respectivement rapportés 799, 752 et 517 millions de

dollars108. Une grosse chute mais un très bon score tout de même. Pourquoi DreamWorks

propose-t-il tant de suites ? Plusieurs réponses peuvent être apportées. La première se situerait

102 Dean Deblois, Dragons 2, 2013. 103 http://www.empireonline.com/news/story.asp?NID=29638. Consulté le 11 avril 2012. Traduction

proposée : « Oui, il y aura probablement un quatrième [Madagascar]. Kung Fu Panda possède actuellement six chapitres que nous répartirons sur plusieurs années. Dragons en aura au moins trois : peut être plus, mais nous savons que cette histoire se déroule sur au moins trois chapitre. Il en existe huit livres. »

104 http://boxofficemojo.com/franchises/chart/?id=shrek.htm. Consulté le 10 février 2012. 105 http://boxofficemojo.com/movies/?id=shrek2.htm. Consulté le 20 février 2012. 106 Cette déclaration concerne uniquement le marché américain et Shrek 2 est passé sixième dans ce

classement en mai 2012. http://www.imdb.com/boxoffice/alltimegross. Consulté le 10 mai 2012. 107 Sophie Benamon, « Jeffrey Katzenberg : “DreamWorks était un pari“, Studio, décembre 2007. 108 http://www.the-numbers.com/movies/series/Shrek.php. Consulté le 10 février 2012.

Page 24: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

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vers la sûreté. En effet, donner une suite à un succès est généralement très peu risqué.

DreamWorks sort ainsi un nouvel épisode d’une franchise existante chaque année et peut

produire une création originale qui, en cas d’échec, est compensée par le succès obtenu par la

suite. Chez DreamWorks, le risque pourrait être fatal car c’est une société indépendante qui

avance sous la pression des actionnaires. Il est ainsi plus rassurant pour ces derniers de voir

arriver une suite d’un gros succès passé plutôt qu’une nouveauté au destin incertain. Une

autre réponse concerne un autre aspect économique. Créer un film original revient à reprendre

de zéro un univers et des personnages. Cela demande un lourd investissement des employés,

du temps mais aussi de l’argent. Ainsi, donner une séquelle à un film permet de débuter avec

une base déjà existante et de développer le nouveau long métrage à partir de travaux déjà

existants. Généralement ces deux aspects sont réunis pour éviter au studio de faire faillite. Un

risque qui aurait plus de mal à atteindre Pixar car celui-ci n’est pas indépendant et appartient à

la Walt Disney Company. Cependant, le studio de Lasseter n’est pas adepte de cette méthode

qui consiste à faire vivre de nouvelles aventures à ses personnages ou du moins ne le montrait

pas. En effet, jusqu’en 2010 et la sortie de Toy Story 3 puis de Cars 2109 l’année suivante. La

société a, pendant une longue période, créé des films entièrement originaux. Pourtant, l'envie

de refaire vivre des aventures à leurs personnages était très forte en eux. L'explication prend

sa source dans un contrat signé entre Pixar et Disney portant sur la création de cinq films

originaux110. John Lasseter raconte :

« Avant le rachat de Pixar par Disney il y a cinq ans, le contrat entre les deux

compagnies portait sur cinq films originaux, et les suites ne comptaient pas. […] Ce

n'était pas une période pour Disney et Pixar, et c'était frustrant pour nous car nous

avions envie de suites. Steve Jobs a alors décidé qu'il n'y en aurait plus, tant que ces

cinq films n'auront pas été livrés. […] Notre souhait est simplement de faire plus de

films avec les personnages que l'on aime. On nous demande souvent : “ Hey, qu'est-ce

que vous faites chez Pixar en ce moment à part des suites ? “ Je considère que c'est un

choix artistique. »111

Maintenant que ces cinq films originaux sont sortis, Pixar peut proposer de nouvelles

aventures à ses héros. Après Toy Story 3 et Cars 2, le public pourra retrouver le duo de

109 Brad Lewis et John Lasseter, Cars 2, 2011. 110 Emmanuelle Cirodde, « Visite des coulisses de Pixar », L’Express, 27 juillet 2011. 111 Idem ibidem.

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25

Monstres & Cie dans Monsters University112 en 2013 ou encore une suite aux Indestructibles

comme l’explique Brad Bird, réalisateur du premier opus :

« I want to do it because I have something that will be as good or better than the

original. Toy Story 2 was, to me, a perfect sequel, because it absolutely respected the

first film but found new places to go without selling out its characters. So if I could

come up with an idea that is to Incredibles that Toy Story 2 is to Toy Story, I would do it

in a second. »113

L’histoire doit être le meilleur prétexte pour faire une suite, tout comme le

renouvellement sans quoi le public pourrait ne pas répondre présent. Une attitude qui n'est pas

sans rappeler celle de Walt Disney comme le rappelle Ed Catmull :

« When Walt Disney was alive, he continually changed and adapted. Nothing ever

stayed the same. And when he died, that’s when things froze. And people were saying,

‘What would Walt do?’ But, when he was alive . . . he kept doing things. [At Pixar] . . .

we are continuing that heritage of changing as technology changes. . . . We will continue

to do things that are new and different. »114

Pourtant, subsiste une ombre au tableau : Cars 2, dont le film précédent avait fait

l’objet des plus mauvaises critiques115 et d’un des plus faibles scores au box-office116 pour un

film Pixar. Sa suite était attendue au tournant. Au final, la presse a été encore plus sévère avec

ce deuxième volet117. Le public de cette série mettant en scène des voitures est plus destiné à

un public de jeunes garçons alors que les autres productions visent davantage tous les publics.

John Lasseter se confie : « I make movies for that little boy who loves the characters so much

that he wants to pack his clothes in a Lightning McQueen suitcase »118. Ceci pourrait

112 Dan Scalon, Monsters University, 2013. 113 http://www.movies.com/movie-news/brad-bird-says-39incredibles39-sequel-will-come-when-he-discovers-

right-story-exclusive/5137. Traduction proposée : « Je veux le faire car je tiens là quelque chose qui sera aussi bon voire meilleur que l'original, affirme-t-il. Toy Story 2 était, pour moi, une suite parfaite car il respectait le premier film tout en y ajoutant de nouvelles pistes sans pour autant trahir ses personnages. Alors si je pouvais proposer une idée qui est aux Indestructibles ce que Toy Story 2 est à Toy Story, je n'hésiterais pas une seconde. ». Consulté le 26 février 2012.

114 Op. cit., Bill Capodagli et Lynn Jackson, Innovate the Pixar Way, p. 14. Traduction proposée : « Quand Walt Disney était vivant, il changeait et adaptait continuellement. Rien ne restait jamais figé. Et les gens disaient, « qu'aurais fait Walt ? ». Mais quand il était en vie... il continuait de faire des choses. [Chez Pixar], nous poursuivons cet héritage qui évolue en même temps que la technologie... Nous continuerons à faire des choses nouvelles et différentes. »

115 La note du film s’élève à 57 sur 100. Cette moyenne est fondée sur 38 critiques professionnelles. http://www.metacritic.com/movie/cars-2/critic-reviews. Consulté le 18 février 2012.

116 http://www.the-numbers.com/movies/series/Pixar.php. Consulté le 18 février 2012. 117 http://www.metacritic.com/movie/cars-2. Consulté le 16 avril 2012. 118 Brooks Barnes, « It wasn’t a wreck, not really », The New York Time, 17 octobre 2011. Traduction

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26

expliquer ce mauvais accueil. Ce deuxième film accumule en effet les péripéties de Martin,

l’ami de Flash McQueen, héros du premier film qui est ici très peu traité. Plusieurs gags à

base de grimaces et autres situations prévisibles semblent en effet destinés aux plus jeunes.

Cars 2 met également un terme à une très longue suite de nominations à la prestigieuse

cérémonie des Oscars. Celle-ci avait débuté en 2001 avec Monstres & Cie. Ainsi, les

Academy Awards 2012 sont les premiers à ne peut pas nommer un film Pixar dans la catégorie

du meilleur film d’animation, laissant la place à DreamWorks nommé pour deux films : Kung

Fu Panda 2119 et Le Chat Potté. Tous sont cependant repartis bredouille, l’oscar ayant atterri

entre les mains de Gore Verbinski pour Rango120. Cars 2 apparaît cependant comme une

exception et DreamWorks a essuyé davantage de mauvaises critiques tout comme ils ont eu

des échecs121 comme le confirme Jeffrey Katzenberg, « Ils ont dix ans de plus que nous et

tous leurs films ont été des succès, alors que nous avons essuyés des échecs. »122 Pour les

deux studios, les suites sont un bon moyen de gagner de l’argent. Pour DreamWorks, elles

sont aussi là pour leur assurer une certaine sécurité financière. Dans les deux cas, les critiques

peuvent parfois être moins bonnes mais le succès est toujours présent. Pourtant, un autre

risque serait de lasser le public en lui proposant toujours les mêmes personnages et univers. Si

cela arrive, les studios sauront tout de même proposer de nouveaux mondes afin d’éviter de

tomber dans la redite perpétuelle ou faire comme Pixar qui propose un univers cohérent entre

toutes ses productions.

Il s’agit d’une méthode dans laquelle la compagnie de John Lasseter est passée maître.

Celle-ci consiste à faire des références aux autres films du studio ou au même aux employés

de la société. Ces références se font également envers d’autres films sous forme de pastiche

ou de parodie. Le pastiche consiste à imiter un style sans pour autant jouer sur l’humour

contrairement à la parodie qui imite de façon dérisoire une œuvre célèbre. Ces deux aspects

sont aussi bien traités par Pixar que par DreamWorks Animation notamment avec la trilogie

Toy Story pour le premier et la saga Shrek pour le second.

proposée : « Je fais des films pour ce petit garçon qui aime tant les personnages qu’il veut porter des vêtements à l’effigie de Flash McQueen. »

119 Jennifer Yuh Nelson, Kung Fu Panda 2, 2012. 120 Gore Verbinski, Rango, 2011. 121 Annexe A.1. 122 Op. cit., Denis Rossano, « Jeffrey Katzenberg : 'Shrek nous a sauvé' », L’Express, 1er juillet 2008.

Page 27: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

27

Pixar génère un univers cohérent entre chacun de ses films en jouant sur

l’autoréférence. Cette méthode consiste à insérer des clins d’œil à leurs précédents films, leurs

futurs projets et même aux créateurs eux mêmes. Il existe en effet un lien constant entre les

différentes œuvres du studio. Les animateurs y glissent ainsi plusieurs éléments qui

apparaissent de façon récurrente. C’est le cas du célèbre ballon étoilé de la marque par

exemple ou encore du camion Pizza Planet de Toy Story. Ce camion n’est pas forcément

visible lors d’une première vision mais il est pourtant bien présent dans pratiquement tous les

films. Dans Toy Story 2, les personnes attentives, qui n'ont pas peur d'user les boutons

« pause » et « ralentis » de leur télécommande, peuvent découvrir un poster de 1001 Pattes

dans la chambre d'Andy, apercevoir une bande dessinée des Indestructibles entre les mains

d'un garçon du Monde de Nemo ou voir les jouets de Toy Story disposés subtilement dans

différents décors. Pixar réussi le pari de lier des films pourtant hétérogènes. Les animateurs

dissimulent ainsi des bonus aux plus observateurs qui sont ravis de trouver une référence

cachée. En plus de cela, dans chacun de ses longs métrages, le studio de John Lasseter dévoile

un personnage qui apparaîtra dans un prochain film. Ainsi, l'ours Lotso de Toy Story 3 fait sa

première apparition publique dans un plan très rapide de Là-Haut tandis qu'une ombre de

chien dans Ratatouille présentait Doug, personnage de Là-Haut. Un jeu s'est ainsi installé

entre Pixar et ses fans. Le premier place des références et met au défi le deuxième de les

découvrir. Mais il ne s’agit pas seulement de faire des renvois à d’autres films. Ainsi, les

Illustration 10 : Dans ce plan de Là-Haut, l'ours Lotso fait sa première apparition (à gauche) et le ballon étoilé se montre une nouvelle fois (à droite).

Page 28: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

28

références les plus difficiles à discerner sont aussi les plus personnelles. John Lasseter et son

équipe se font des clins d’œil entre eux. Dans le décor sont en effet dissimulés des codes de

toutes sortes. Il n’est donc pas anodin de croiser à de nombreuses reprises le nombre 95 en

référence à la date de sortie de Toy Story ou l’adresse des studios Pixar sur une enveloppe

dans Toy Story 3. Le nombre A113 et aussi très présent et renvoi au numéro de salle de classe

du California Institute of the Arts dans laquelle se trouvaient John Lasseter, Brad Bird, Pete

Docter et Andrew Stanton. Les membres de Pixar paraissent sentimentaux et jouent sur la

nostalgie contrairement à DreamWorks qui se place dans un tout autre registre. Le studio de

Jeffrey Katzenberg propose ainsi une toute autre forme de référence sous formes de petites

pique à l’intention de Disney et Pixar. Il s’agit là de se moquer gentiment de son concurrent et

pour Katzenberg de railler l’entreprise qui l’a jadis exclue. C’est par exemple le cas de cette

phrase prononcée par le héros de Bee Movie123, « C'est juste un gros mec avec une chemise à

fleurs ! ». Le comique Jerry Seinfield en est l’auteur et le gros homme en question n'est autre

qu’une caricature de John Lasseter. Jerry Seinfield concède qu’il avait une revanche à prendre

envers John Lasseter124. Ces attaques dissimulées sont aussi présentes dans les films Shrek.

Shrek est un pastiche de contes de fées. Il en reprend les caractéristiques mais les adapte à sa

manière. Mais plus que le

pastiche, le film mise beaucoup

sur la parodie et s’en sert pour

railler Disney. C’est notamment

le cas dans l’introduction de

Shrek 2, lorsque l'ogre est

allongé sur la plage avec sa

femme Fiona. Tout d’un coup,

une immense vague remplace l’ogresse par une sirène très ressemblante avec Ariel, La Petite

Sirène de Disney. Fiona, furieuse, revient et la jette en pâture aux requins. Il est facile de voir

dans cette courte séquence une allusion entre Katzenberg et Disney. Ainsi, Katzenberg n'est

autre que la vague qui donne à Disney le premier succès d’une nouvelle ère avec La Petite

Sirène. Shrek serait alors Michael Eisner, ce dirigeant de très grande taille et le rejet de la

sirène par Fiona représenterait le départ de Katzenberg. Toujours dans Shrek, dans le village

de Duloc visité par le héros et son acolyte l’âne, les petites marionnettes en bois chantant

123 Simon J. Smith et Steve Hickner, Bee Movie : drôle d’abeille, 2007. 124 http://jimhillmedia.com/editor_in_chief1/b/jim_hill/archive/2008/04/29/toon-tuesday-was-john-lasseter-

stung-by-that-mean-caricature-of-him-that-appears-in-bee-movie.aspx. 15 mars 2012.

Illustration 11 : Une sirène très proche de celle de Disney.

Page 29: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

29

« Duloc est un monde parfait » font directement référence au parc Disney et son attraction It’s

a small world. DreamWorks se moque ouvertement de Disney et de ses parcs tout comme le

montre le plan montrant une file d’attente de 90 minutes. Le village parfait appartient au

méchant du film et n’est pas si parfait, loin de là. D’autres classiques de Disney sont aussi

victimes de Shrek. Par exemple, dans Shrek le Troisième, Blanche-Neige apparaît dans les

bois, chantant est dansant avec les animaux de la forêt dans une scène très proche de la

version de Walt Disney. Cependant, la où la princesse des années 30 chante pour exprimer

son bonheur, celle de 2007 se sert des animaux afin de créer une diversion. Quant à la

chanson joyeuse, elle se transforme progressivement pour laisser place au titre rock des Led

Zeppelin, Immigrant Song, en contradiction totale avec la voix fluette de la princesse à la

peau blanche comme neige. DreamWorks aime donc tourner en dérision Disney et son côté

bon enfant. Pourtant, une morale retombe à la fin des films et nous rappelle que le film vise

aussi un jeune public comme le fait Disney. Le studio de Katzenberg ne fait-il pas ce qu’il

critique ? Finalement, chacun joue donc dans un registre différent. Quand Pixar fait des

références à ses films et développe un univers cohérent, DreamWorks se moque de Disney et

Pixar. Cependant, le domaine de la référence ne s’arrête pas à ces seuls studios et s’étend vers

de nombreux films.

Très souvent, les créateurs des films d’animation en images de synthèse font partie

d’une génération ayant grandi avec des films comme Star Wars, Les Dents de la mer125 et

autres Indiana Jones126. Il s’agit de grands succès cinématographiques qui font désormais

partie de la culture populaire. Dans les films de Pixar et

DreamWorks se cachent en effet de nombreuses références à ces

œuvres qui ont marqué les esprits de nombreux spectateurs. Plus

ou moins cachées, elles s’adressent aux personnes ayant elles

aussi été marquées par ces films populaires. Parfois sous forme

de phrases ou même de situations, des messages semblent

s’adresser à des spectateurs confirmés disposant d’une certaine

culture cinématographique. Quand Pixar se contente de

références subtiles plus ou moins cachées, DreamWorks n’hésite

pas à remplir ses films de celles-ci en les mettant bien en avant.

Dans Shrek 2, par exemple, de nombreuses références à d’autres

125 Steven Spielberg, Les Dents de la mer, 1975. 126 Steven Spielberg, Les Aventuriers de l’arche perdue, 1982.

Illustration 12 : Un baiser très semblable.

Page 30: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

30

long-métrages parsèment le film. Le petit biscuit géant à la fin n’est pas sans rappeler les

monstres monumentaux apparus dans les années 50. Le baiser à l’envers de Shrek et Fiona,

quant à lui, est clairement tiré de Spider-Man127, excepté que Fiona n’enlève pas un masque

de super-héros à son prince mais bien de la boue, la vraie face du héros. Il y a aussi cette

alliance qui tombe pour atterrir sur le doigt de Shrek et qui n’est pas sans rappeler l’anneau du

Seigneur des Anneaux128 se repositionnant sur le doigt du hobbit Frodon. On pourrait ajouter à

cela divers clins d’œil à Mission Impossible129, Jurassic Park ou encore Les Aventuriers de

l’arche perdue mais la liste serait bien longue. Il s’agit généralement de scènes parodiques

non nécessaires à l’avancement de l’intrigue principale, ce qui n’est pas le cas chez Pixar.

Prenons pour exemple la scène de Toy Story pendant laquelle le jouet Buzz est coursé par un

globe terrestre. Il s’agit d’un hommage à la scène introductive des Aventuriers de l’arche

perdue pendant laquelle le célèbre archéologue est coursé lui aussi, non pas par un globe,

mais par un gigantesque rocher. Dans sa version miniature, cette boule provoque l’exclusion

de Buzz de la maison et marque un virage important dans l’histoire. Même chose dans Toy

Story 2, lorsque l’autre Buzz, ou Buzz-ceinture à cause de son accessoire supplémentaire,

apprend qu’il est le fils de l’empereur Zurg, grand méchant du film. Ici, il s’agit d’une version

127 Sam Raimi, Spider-man, 2002. 128 Peter Jackson, Le Seigneur des anneaux, 2001.

Illustration 13 : Buzz l'Éclair et Indiana Jones dans une même situation périlleuse.

Page 31: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

31

miniature de la scène de l’Empire contre attaque pendant laquelle Darth Vader révèle à Luke

Skywalker sa paternité. Dès lors, Buzz-ceinture voit son intrigue se conclure, laissant la place

aux autres jouets. Là aussi, la parodie est clairement mis en avant mais laisse souvent sa place

à des références plus discrètes, parfois incorporées de façon subliminale comme c’est le cas

dans la scène introductive du film. Dans celle-ci, Buzz est en mission pour tuer l’empereur

Zurg. Pendant son périple, on peut entendre la respiration de Darth Vader lors d’un bref plan

subjectif dans le casque de Buzz, les notes musicales de 2001 : l’odyssée de l’espace130, ou

encore le son du laser d’une arme de Stormtrooper de Star Wars. Plus que des sons, se sont

également des éléments de la décoration qui renvoient vers d’autres films. Dans Toy Story

premier du nom cette fois, une moquette n’est pas sans rappeler celle de Shining131 tandis que

dans 1001 Pattes, la boîte de céréales qui sert de transport à la troupe de cirque porte le nom

du train de Dumbo132. Entre bruitages, noms, gestes et autres phrases, Pixar livre un vrai jeu

de recherches que les plus férus des spectateurs s’amusent à trouver et recenser133.

Bien qu’adoptant des méthodes différentes, Pixar et DreamWorks ont pour point

commun d’avoir renouveler un genre en perte de vitesse. Aujourd’hui, l’histoire du cinéma

étant toujours plus conséquente, chacun, à sa façon, fait des références à d’autres films. Ainsi,

quand DreamWorks se sert de la parodie pour dénoncer Disney et son image lisse, Pixar se

livre à un jeu de références sous forme d’hommage à des œuvres qui ont marqué le septième

art et le public. Ces effets visent cependant un public précis connaissant les œuvres et les

intentions des auteurs. Il s’agit de faire revivre des expériences cinématographiques passées.

Les adultes doivent avoir envie de voir ces films et non se contenter d’accompagner

passivement les enfants. La cible principale reste en effet les familles et donc les têtes

blondes. C’est pour cela que Shrek, malgré son côté dénonciateur envers Disney, offre une

morale destinée à ce jeune public, empêchant le film d’aller jusqu’au bout de ce qu’il a

entrepris. Cette morale très présente dans les films Disney fait également son apparition dans

les films Pixar et se situe sur des thèmes plus sérieux comme l’abandon et la mort. De 7 à 77

ans, tout le monde peut trouver son compte dans les œuvres de Pixar et DreamWorks, qu’ils

soient enfants ou adultes. Cependant, leur manière paraît différente comme a tenu à l’affirmer

Jeffrey Katzenberg :

129 Brian De Palma, Mission Impossible, 1996. 130 Stanley Kubrick, 2001 : l’odyssée de l’espace, 1968. 131 Stanley Kubrick, Shining, 1980. 132 Walt Disney et Ben Sharpsteen, Dumbo, 1947. 133 http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_Pixar_film_references. Consulté le 7 mai 2012.

Page 32: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

32

« Walt Disney avait une devise que Pixar poursuit : faire des films pour l’enfant qui est

en nous. Nous, nous faisons des films pour l’adulte qui est en chaque enfant. Nos films

sont sophistiqués, irrévérencieux, subversifs. Ceux de Pixar sont gentils, doux. »134

Pixar fait effectivement des films pour l’enfant qui sommeille en chaque adulte. Lui et

d’autres membres de l’équipe n’hésitent d’ailleurs pas à dire qu’ils sont « tous des enfants qui

n’ont jamais vraiment grandi. »135 Cependant, la déclaration de Katzenberg, prétextant que

DreamWorks fait des films pour les adultes qui sommeillent en chaque enfant, peut paraître

erronée. En effet, leur cible principale serait plutôt les adolescents. L’humour utilisé par

chacun montre d’ailleurs cet état d’esprit. Quand Pixar se sert de jeux de mots ou situations

cocasses pour faire rire les spectateurs, DreamWorks utilise la parodie de films, pour la

plupart très récents par rapport à ses sorties respectives, comme Spider-Man ou même

Matrix136, dont le public se situe davantage du côté des adolescents et des jeunes adultes.

DreamWorks est également adepte d’un humour scatologique dont Shrek est le principal

représentant avec ses flatulences et autres éructations qui ne manquent pas de faire rire les

plus jeunes et probablement moins les plus âgés. Au final, chacun propose des films à lecture

multiple dans lesquels personne n’est mis à l’écart.

C. Des films similaires. Plagiat ou coïncidence ?

Le plagiat consiste à copier une œuvre ou de fortement s’en inspirer en omettant

volontairement de le signaler. Il s’agit de s’approprier tout le travail d’une autre personne et

d’en récupérer, parfois, le succès. Durant son histoire, Disney a souvent été accusé d’avoir

utilisé cette méthode. Le célèbre studio est certes habitué à faire des reprises de romans,

contes et légendes populaires comme Blanche-Neige, Alice au pays des merveilles ou encore

La Belle et la Bête. Il n’y a cependant aucune contestation ici. Les droits ont été achetés par la

société ou sont tombées dans le domaine public. Personne ne s’est plaint d’avoir été plagié

jusqu’à la sortie d’un certain Roi Lion. Supervisé par Jeffrey Katzenberg, le projet n’est pas

sans rappelé Le Roi Léo, célèbre manga d'Osamu Tezuka. La conception du film de Disney

est lancée en 1989. Son histoire, basée sur des lions, s'inspire de Hamlet137. Mais, dès la sortie

du film en 1994, de nombreux spectateurs ont découvert que l’œuvre de Shakespeare n'était

134 Sophie Benamon, « Jeffrey Katzenberg : “DreamWorks était un pari“ », Studio, 11 décembre 2007. 135 Denis Rossano, « “Chez Pixar, nous sommes tous des enfants“ », L’Express, 22 novembre 2004. 136 Larry Wachowski et Andy Wachowski, Matrix, 1999. 137 http://animatedviews.com/2011/lion-kings-roger-allers-and-rob-minkoff-2d-for-a-3d-hit/. Consulté le 29

avril 2012.

Page 33: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

33

pas la seule source ayant servi à l'élaboration du film de Disney138. Il est vrai que de

nombreux éléments semblent avoir été empruntés à l'œuvre de Tezuka et à sa version

télévisée des années 50 bien que Disney nie ces accusations139. Aucun procès n’a cependant

eu lieu contre Disney, ce qui n’est pas le cas de Pixar et DreamWorks. Ainsi, Le Monde de

Nemo a été jugé pour cause de trop grandes similitudes avec Pierrot le poisson clown, livre

pour enfants de Franck Le Calvez. Des personnages et des situations sont en effet très proches

de l’œuvre de la supposée victime dont les livres ont été enlevés par les libraires par peur de

« poursuites de Walt Disney. »140 L’affaire a finalement été classée en faveur de Pixar et Le

Calvez a du verser à ses adversaires 25 000 euros. Même chose pour Là-Haut et sa maison

suspendue à des centaines de ballons colorés. Des étudiants français affirmaient être les

auteurs de cette idée qu’ils avaient mis en avant dans leur court métrage141. DreamWorks

n’échappe pas non plus aux accusations et a été attaqué en justice à son tour. Ainsi, Kung Fu

Panda serait très fortement inspiré du concept Kung Fu Panda Power d’un dénommé Jayme

Gordon dont les personnages ont été enregistrés auprès du Copyright Office en 2000142. Il

aurait ainsi envoyé les personnages qu’il avait créés à Disney à la fin des années 80 puis à

DreamWorks à la fin des années 90. Les deux studios, dirigés à chaque fois par Katzenberg,

n’ont cependant donné aucune réponse favorable. Il semble pourtant difficile de discerner le

vrai du faux dans ces affaires, les petits studios ou créateurs ne pouvant pas faire face à des

grosses entreprises telles Disney et DreamWorks qui seraient très probablement prêtes à

verser beaucoup d’argent afin de ne pas ternir leur réputation. Cela ne s’arrête cependant pas

138 http://www.imdb.com/name/nm0856804/bio. Consulté le 16 mars 2012. 139 Michael J. Ybarra, « Anime instinct », Los Angeles Times, 6 juin 2007. 140 http://lci.tf1.fr/economie/2004-02/nemo-poisson-clone-4876520.html. Consulté le 10 février 2012. 141 http://www.dailymotion.com/video/x2oe23_above-then-beyond_news. Consulté le 18 avril 2012. 142 http://latimesblogs.latimes.com/entertainmentnewsbuzz/2011/02/illustrator-sues-dreamworks-animation-

over-fun-loving-panda-character.html. Consulté le 18 Avril 2012.

Illustration 14 : A gauche, les personnages de Jayme Gordon et à droite ceux de DreamWorks.

Page 34: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

34

là et d’étranges ressemblances sont apparues entre les productions Pixar et DreamWorks et ce,

dès la fin des années 1990.

Illustration 15 : Trois couples de films semblables.

Fourmiz ne rappelle-t-il pas 1001 Pattes ? Gang de requins ne renvoie-t-il pas au

Monde de Nemo ? Et les films Madagascar et The Wild, n’ont-ils pas un scénario et des

personnages trop proches ? Pendant les premières années de Pixar et DreamWorks, divers de

ces étranges couples sont apparus sur les écrans du monde entier faisant passer l’animation

sur un ordinateur de travail communautaire à un travail industriel selon John Lasseter143.

Semblables aux premiers abords, ne se révèlent-ils pas finalement être différents ? S’agit-il

d’une simple coïncidence, de plagiat ou de simple vol d’idée ? Quoi qu’il en soit, cette étape

est d’une grande importance dans cette bataille entre Disney-Pixar et DreamWorks et permet

de voir comment chacun s’y prend pour plaire davantage que son rival et surtout savoir s’ils

visent un même public. Ces trois couples de films ont tous reçu des accueils différents144 et

sont donc choisis pour leurs trois représentations différentes de ce phénomène qui touche les

films d’animation depuis 1998 et la sortie de Fourmiz, suivie, un mois plus tard de celle de

1001 Pattes. Ainsi, dans cette première paire, les deux films ont connu un succès plus ou

moins important bien que Fourmiz, sorti avant, n’ait pas réussi à couper l’herbe sous le pied

de Pixar. 1001 Pattes avait alors fait le double d’entrées. Avec les deux films aquatiques que

sont Le Monde de Nemo et Gang de requins, chacun a trouvé son public et nous tenterons de

143 Leslie Iwerks et al., To infinity and beyond !: the story of Pixar Animation Studios, p. 134.

Page 35: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

35

savoir comment ils y sont parvenus. Le dernier couple, pour sa part, sera étudié afin de tenter

d’expliquer l’échec de The Wild, production Disney, face à Madagascar. Dans chacun de ces

couples, nous nous intéresserons aux personnages, aux thèmes et aux scénarii pour dresser les

similitudes apparentes mais aussi d’éventuelles différences. Mais avant cela, il est intéressant

de savoir qui est à l’origine de chaque idée et ainsi de savoir qui copie, si copie il y a. Pour

cela, il faut remonter à la fin des années 1990, après le succès de Toy Story. A cette époque,

John Lasseter et Steve Jobs, alors en pleine production de 1001 Pattes, découvrent avec

étonnement et colère que Jeffrey Katzenberg est en train de créer, lui aussi, un film sur les

fourmis. « Jeffrey, comment as-tu pu ? »145 lui demande John Lasseter. Katzenberg, de son

côté, réfute, affirmant que l’idée lui a été présentée par un directeur de développement chez

DreamWorks. La coïncidence paraît trop grande et personne ne le croit chez Disney, Steve

Jobs le premier :

« Quand Jeffrey dirigeait l’animation de Disney, on lui a donné le pitch de 1001 pattes.

En soixante ans d’histoire de l’animation, personne n’avait jamais eu l’idée de faire un

film sur des insectes, avant John. C’était l’une de ses idées de génie. Et on veut me faire

croire que Jeffrey, une fois chez DreamWorks, s’est écrié, pris d’une illumination subite :

“Hé les gars, vous savez quoi ?... on va faire un film avec des insectes !” Il prétend ne

jamais avoir été au courant de notre projet. Mais il ment. Il ment comme un arracheur de

dents. »146

La remarque du défunt patron d’Apple pourrait être avérée suite aux tensions Katzenberg et

Disney, séparés dans de très mauvais termes sans oublier l’histoire de Roi Lion et du Roi Léo.

Il s’agirait de revanche mais également d’un bon moyen de bien lancer son studio fraichement

créé. Pourtant, et malgré ces nombreuses contestions, Jeffrey Katzenberg connaissait

l'existence de 1001 Pattes comme le concède Penney Finkelman, alors productrice chez

DreamWorks : « We knew when we started making Antz that there was a movie called A

Bug’s Life, but we didn’t know what part ants might have in it. »147 Mais dans l’hypothèse où

Katzenberg se serait approprié l’idée pour l’adapter, il serait dans son droit, une idée

n’appartenant légalement à personne sans enregistrement. De plus, le film dit « copié » sort en

second lieu et le public peut penser, dans le cas présent, que 1001 Pattes n’est autre que la

144 Annexe A.2 : Graphique 4. 145 Op. cit., David A. Price, The Pixar Touch : the making of a company, p. 171. 146 Walter Isaacson, Steve Jobs: a biography, p. 470. 147 David Hochman, « Epic and Insects », Entertainment Weekly, 20 novembre 1998. Traduction proposée :

« Nous savions, quand nous avons commencé le développement de Fourmiz, qu'il existait un film du nom de 1001 Pattes, mais nous ne savions pas quelle part les fourmis auraient dans ce film. »

Page 36: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

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copie de Fourmiz. Malheureusement pour DreamWorks, la version de Pixar avait été

annoncée bien en amont. Même constat entre Le Monde de Nemo et Gang de requins, qui fait

du film de Pixar le premier annoncé mais aussi le premier sorti. La production DreamWorks

s’est ainsi installée dans les salles de cinémas un an après et a toutefois rencontré son succès.

Ce n’était pourtant pas le cas de The Wild, victime du succès de Madagascar, sorti lui aussi

un an plus tôt. The Wild est une création d’un autre studio de Disney, C.O.R.E. Feature

Animation, auteur d’un autre film sur les fourmis sorti en 2006, Lucas, fourmi malgré lui148,

autre échec commercial de ce studio maintenant fermé. Disney semble une nouvelle fois avoir

été le premier à plancher sur son film selon le réalisateur de The Wild149. Et quand on

demande à ce même réalisateur ce qu’il pense des comparaisons de son film avec celui de

DreamWorks, il insiste bien sur le fait que Madagascar « propose un style très différent »150

et que son « histoire est différente. »151 Quelles sont donc les raisons pour lesquelles The Wild

n’a pas trouver son public suite à Madagascar alors que Gang de requins s’en était bien sorti

face au raz-de-marée Nemo ? Une première piste à explorer serait les personnages.

Le Monde de Nemo et Gang de requins proposent des animaux très dissemblables l’un

de l’autre. Le film de Pixar repose sur des personnages anthropomorphes alors que celui de

DreamWorks met en scène des personnages zoomorphes. De leurs côtés, The Wild et

Madagascar utilisent le même type de personnages anthropomorphes. Plus qu’un style, les

personnages sont très semblables. Ainsi, chaque film raconte l’histoire d’un groupe

d’animaux du zoo de Central Park à New-York dont un lion et une girafe. Pourtant, le parti

pris esthétique n’est pas le même et ce pour chacun de ces couples. Quand un studio se sert

d’un rendu réaliste, l’autre tend vers l’aspect plus simpliste propre au dessin animé. Lorsque

DreamWorks, dans Fourmiz, met en scène des fourmis aux couleurs ternes du haut de leurs

six pattes, Pixar donne à ses insectes un côté moins réaliste avec seulement quatre pattes. Au

final, les fourmis bleues et roses de Pixar paraissent plus attachantes avec leurs grands yeux et

leurs formes arrondies. De ce fait elles sont capables de transmettre plus d'émotion et ainsi de

paraître plus sympathique et attachantes aux yeux du public contrairement à celles de Fourmiz

qui ont des petits yeux et des traits anguleux. Andrew Stanton, réalisateur et acteur sur le film

confirme : « We wanted people to like these characers and not be grossed out by them. »152

Même constatation du côté de Madagascar et The Wild. Le premier propose cette fois des

148 John A. Davis, Lucas, fourmi malgré lui, 2006. 149 Jérémie Noyer, Entretien avec un empire, rencontres avec les artistes Disney Vol.2,p. 112. 150 Idem ibidem. 151 Ibid. p. 113.

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37

personnages d’un style très proches de celui de Tex Avery quand le second crée des animaux

photo-réalistes. Madagascar présente des personnages aux aspects plus attachants mais aussi

plus drôles et totalement opposés à l’aspect plus réaliste de The Wild. C’est peut être, ici

aussi, une des raisons pour lesquelles le public a préféré le film de DreamWorks. Cependant,

alors que l’on pourrait en déduire que le design des personnages vient jouer un très grand rôle

dans le choix du public, Le Monde de Nemo et Gang de requins viennent infirmer cette

hypothèse. En effet, les personnages réalistes se trouvent cette fois dans Le Monde de Nemo,

film ayant permis à Pixar d’atteindre des recettes de plus de 867 millions de dollars dans le

monde153. DreamWorks, de son côté, mettait en scène des personnages très cartoon dont les

traits étaient empruntés aux doubleurs respectifs des personnages. Gang de requins a dépassé

les 300 millions de dollars dans le monde, très bon score mais bien loin de l’engouement

suscité par Le Monde de Nemo. Les personnages ne sont donc pas le seul facteur important

dans la création, les thèmes et l’univers abordés y ont une grande place afin de faire le film le

plus complet et plaisant possible.

Ainsi, Gang de requins et Le Monde de Nemo abordent des sujets très différents et cela

est sous-entendu dès la promotion. Quand la production DreamWorks fait référence au

Parrain154 et autres films de mafia dans son film, on est très loin de la grande quête du

poisson Marin parti à la recherche de son fils capturé. Dès lors, la distinction est évidente et le

public n’associe plus ces deux films, probablement une autre raison du succès de chacun.

152 Op. cit., David Price, The Pixar Touch : the making of a company, p. 162. 153 http://boxofficemojo.com/movies/?id=findingnemo.htm. Consulté le 15 avril 2012. 154 Francis Ford Coppola, Le Parrain, 1972.

Illustration 16 : Le lion réaliste vu par Disney (à gauche) et celui plus expressif proposé par DreamWorks (à droite).

Page 38: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

38

Cependant, cette frontière est beaucoup moins visible dans les deux couples Fourmiz-1001

Pattes et The Wild-Madagascar. Quelle différence voit-on entre des animaux fuyant de leur

plein gré un zoo de New-York et un groupe d’animaux fuyant un zoo de New-York afin de

retrouver le fils de l’un deux ? A priori aucune. The Wild aurait même pu prétendre être la

suite de Madagascar avec son année de retard mais l’aspect des animaux a sans doute

rapidement répondu à cette possible interrogation par la négative. Comment Fourmiz et 1001

Pattes s’en sont donc sortis pour attirer le public avec leurs apparences pourtant très proches ?

Ici, il faut plutôt aller voir du côté de la nouveauté. Toy Story avait suscité un tel engouement

de la part de la presse155 et du public156 que le prochain film en images de synthèse était

surement très attendu par les spectateurs. Une fois la date de sortie atteinte, la ration a été

double. Le public qui attendait un film sur les fourmis, pouvait en voir deux, le tout avec

seulement un mois d’écart aux États-Unis. Il est également probable que des spectateurs qui

pensaient voir le nouveau Pixar soient allé voir Fourmiz. La question est donc de savoir la

raison pour laquelle DreamWorks a décidé de sortir son film avant son concurrent et de quelle

façon il a pu y arriver. Le phénomène des films doublons n’est pas nouveau dans l’histoire. Le

temps a prouvé que parmi ces films, le premier sorti recevait généralement le succès au

détriment du second qui se contentait des restes157. En accélérant la production de son film

Katzenberg voulait non « pas seulement battre l'ennemi, mais le prendre par surprise. »158

Cette accélération de la production n’a-t-elle pas cependant eu une répercussion sur la qualité

graphique du film ? Lors de sa sortie en 1998, Fourmiz était le deuxième film d’animation 3D

à voir le jour. Il est donc difficile d’établir une comparaison jusqu’à la sortie de 1001 Pattes.

En effet, Toy Story mettait en scène des jouets faits de matière dure et non organique, aspect

plus simple à modéliser, contrairement aux différents insectes. Mais, une fois 1001 Pattes

sorti, les différences techniques sautent aux yeux. Les fourmis versions DreamWorks sont

plus rigides que leurs consœurs de chez Pixar. Les animations du studio de John Lasseter sont

en effet plus travaillées, plus dynamiques et plus souples. Il en est de même pour la

réalisation. 1001 Pattes propose sont lot de plans larges montrant des décors très riches en

détails que seule cette nouvelle technologie pouvait offrir. Un grand pas pour Pixar, sorti de la

chambre d’Andy dans Toy Story afin de créer un film entièrement dans la nature avec tous les

décors que cela implique. Eau, végétation, multitude de fourmis simultanément sur l’écran

sans oublier le travail sur les textures et la lumière. Quelques plans larges apparaissent aussi

155 http://www.metacritic.com/movie/toy-story. Consulté le 18 avril 2012. 156 http://www.rottentomatoes.com/m/toy_story/. Consulté le 18 avril 2012. 157 Annexe B.

Page 39: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

39

dans Fourmiz mais, la grande majorité du temps, le spectateur assiste à des plans très

rapprochés des personnages, dissimulant un décors peu varié et assez pauvre. Avec chacun de

ses films, Pixar apporte son lot de progrès technique démontrant les possibilités offertes par

les ordinateurs. Ce fut le cas de la fourrure dans Monstres & Cie, des fond marins alliant

réflexions des nombreuses lumières et reproduction très fidèle de tout un écosystème ou

encore de la nourriture de Ratatouille. Pixar innove dans la technique quand DreamWorks

semble se contenter de ce qui est déjà créé. Pourtant, le studio de Katzenberg démontre

aujourd’hui tout son savoir faire avec des animations de haute qualité. Mais avant d’en arriver

là, il fallait prendre la technologie en main. Ainsi, les décors de Gang de requins étaient bien

moins travaillés que ceux du Monde de Nemo. Les univers sont tout de même très différents et

sont difficiles à mettre en rapport. En effet, Quand Le Monde de Nemo est une reproduction

très fidèle des fonds-marins, Gang de requins fait de ceux-ci une ville sous-marine avec

bâtiments, accessoires et autres vêtements. Ce point n’est pourtant pas sans rappeler un

certain Monstres & Cie avec ces créatures vivant dans un monde parallèle au notre avec

habitations, véhicules et vie sociale. Les requins faussement méchants de Gang de requins ne

se seraient-il pas inspirés du précédent succès de Pixar ? Cela serait fort probable et l’aspect

doublon serait donc étendu vers d’autres films.

Toutes ces différences et similitudes entre les films permettent d’employer le terme de

faux jumeaux plutôt que doublons. Les films se ressemblent à première vue, proviennent

parfois d’une même idée mais se révèlent très différents, surtout dans leur forme. Mais qu’en

est-il dans le fond et plus particulièrement au niveau du scénario, ADN du film ?

Généralement, chaque studio nous raconte l’histoire d’un personnage qui voit sa vie se

transformer en aventure unique. On pourrait qualifier cette description comme appartenant au

registre épique avec un héros qui va accomplir de grandes choses pour mener à bien une quête

qui va le transformer physiquement ou mentalement. C’est le cas dans chaque couple de

films. Ainsi, Tilt, la fourmi maladroite de 1001 Pattes, quitte sa colonie afin de ramener de

l’aide. Même chose pour Z, personnage principal de Fourmiz qui abandonne sa colonie avec

la princesse Bala afin de rejoindre Insectopie. Le constat est le même pour les animaux de The

Wild et Madagascar. Suite au départ de l’un d’eux, volontaire dans la production

DreamWorks et forcé dans la création de Disney, une bande d’animaux quitte le zoo de

Central Park pour le sauver et se retrouve dans un monde totalement inconnu à leurs yeux, de

la ville de New-York aux paysages africains. C’est la disparition de son fils qui pousse Marin,

158 Op. cit., Nicole Laporte, The Men who would be king, p. 180.

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40

père de Nemo, à parcourir des centaines de kilomètres dans les eaux tropicales de la Grande

Barrière de corail. L’histoire est totalement différente de celle d’Oscar, poisson nettoyeur, qui,

suite à une erreur, est pris pour celui que l’on appelle le tueur de requins. Le Monde de Nemo

et Gang de requins ne jouent pas dans la même cour, ce qui ne semble pas être le cas des duos

Fourmiz/1001 Pattes et Madagascar/The Wild une nouvelle fois. En effet, le fil rouge semble

être approximativement le même. Suite à leur périple mouvementé, Tilt et Z rentrent chez eux

et sauvent leur colonie respective, devenant des héros aux yeux des leurs mais surtout dans le

cœur de la princesse. La base est la même et peut être expliqué par la volonté pour

Katzenberg de faire de l’ombre à Disney mais aussi par sa connaissance du pitch du film de

Pixar. Qu’en est-il du côté de Madagascar et The Wild ? La sortie tardive de ce dernier en

fait-elle la copie de Madagascar ? DreamWorks voyant un certain potentiel s’est-il empressé

de boucler son film ? Cela correspondrait au choix graphique plus simpliste. Cependant, il

peut aussi s’agir d’un étrange hasard. Personne ne s’est prononcé sur ce cas et le doute reste

présent quant à savoir si Madagascar est une copie ou si tout cela n’est qu’une étrange

coïncidence. Quoiqu’il en soit, les films sont différents contrairement aux apparences. The

Wild est plus proche des anciennes productions Disney dans son déroulement alors que

Madagascar joue dans son registre comique et décalé. Finalement, Madagascar a été préféré

par le public face à son concurrent passé presque inaperçu. Malgré ces histoires de copies et

autres similitudes, l’échec de The Wild prouve une chose : un film n’est apprécié que s’il

répond aux attentes du public. Il existe un public familial qui va voir les productions des deux

studios, sans vraiment les différencier et un autre public plus ou moins fidèle à chaque studio.

Pixar et DreamWorks disposent chacun d’une partie du public à cause de leurs univers

différents et c’est peut être pour cela qu’ils ont su s’imposer dans le domaine de l’animation.

Ils ont su proposer leur style sans réutiliser celui laissé par Disney. De son côté, C.O.R.E.

Feature Animation, n’a pas trouvé sa voie hésitant entre l’ancienne méthode Disney et les

nouvelles approches de Pixar et DreamWorks. Peut-être que Disney aurait du annuler son

projet après la sortie de Madagascar afin d’éviter de lourdes pertes financières. Pixar n’a pas

risqué cette erreur et a annulé Newt. Il s’agit du premier projet avorté par la société. Annoncé

en avril 2008159 pour une sortie fixée en été 2011, le film a été annulé l’année 2011 alors qu’il

était à un stade de développement bien avancé160, laissant sa place à Cars 2. Pourquoi cette

soudaine annulation ? Deux films d’animation en seraient la cause : Rango et Rio161. Ainsi, le

159 Michelle Nichols, « Disney animation going 3-D », Los Angeles Times. 8 avril 2008. 160 http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18601694.html. Consulté le 16 février 2012. 161 Carlos Saldanha, Rio, 2011.

Page 41: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

41

héros du film Rango est un caméléon et aurait était trop proche du personnage principal de

Newt, une salamandre. C’est au niveau du scénario que Newt aurait été trop similaire par

rapport à Rio. En effet, dans ce dernier, deux oiseaux qui ne s’entendent pas, un male et une

femelle, doivent se reproduire afin que leur espèce perdure. L’histoire était la même dans le

film de Pixar. Ici, le studio n’a pas pris le risque de passer après ces films, peut-être par peur

d’échec ou par crainte de proposer une histoire que le public avait déjà vu et dont les

accusations de similitudes entre les films auraient sans doute été sur de nombreuses lèvres.

Pixar a peut-être évité son premier échec commercial, l’équipe de John Lasseter n’ayant eu,

jusqu’à présent, que des succès.

Ces films doublons, malgré leurs ressemblances, ne sont pas vraiment les mêmes. Ils

adoptent un style et une vision très différents l’un de l’autre. Chacun a sa méthode et son

univers qui marque bien la différence entre Pixar et DreamWorks. Quoiqu’il en soit et malgré

les grosses similitudes qui subsistent entre ces films, le public n’est clairement pas perdant

dans cette histoire. Chacun, au vu de l’offre proposée, peut choisir le film qui lui correspond

le mieux, des plus jeunes aux moins jeunes. Depuis l’avènement de Pixar et DreamWorks

mais aussi d’autres studios d’animation importants comme Blue Sky et sa tétralogie à succès

L’Age de Glace162, par exemple, l’offre est de plus en plus élevée devant une demande qui

semble toujours plus forte au vu des recettes enregistrées par ces sociétés. Il existe cependant

un risque venant principalement des studios adoptant cette méthode qui peuvent aussi bien y

perdre que gagner. Ce phénomène de films doublons semble cependant disparaître pour

laisser place à plus de créativité et plus de suites destinées à toucher un public toujours plus

large. Chacun tente de réussir en se démarquant de l’autre et en misant sur la promotion, étape

essentielle pour vendre un film au public et espérer approcher le succès.

162 http://www.the-numbers.com/movies/series/IceAge.php. Les trois premiers épisodes ont rapportés plus de

1,9 milliards de dollars et le quatrième film viendra très probablement rajouter quelques centaines de millions de dollars à cela. Consulté le 19 avril 2012.

Illustration 17 : Newt (au centre), reptile abandonné à cause des oiseaux de Rio (à gauche) et du caméléon Rango (à droite).

Page 42: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

42

B. La promotion

La promotion est un élément essentiel afin que le maximum de personnes soit amené

à voir un film. Plus le spectateur entend parler d’un film, plus il est susceptible de se déplacer

pour le voir au cinéma. En ce qui concerne Disney-Pixar et DreamWorks, il s’agit de faire une

promotion internationale. Bien évidemment, plus les films disposent d’un budget conséquent,

plus ils ont un bon budget promotionnel et plus nous avons de chance d’entendre parler du

film en question quelques jours avant sa sortie, quelques semaines voire plusieurs mois. Les

distributeurs doivent donc vendre leur film, le mieux possible. Pour ce faire, on trouve les

incontournables bandes annonces et affiches, la tournée des festivals cinématographiques

mais aussi des aspects particuliers propres à Pixar et DreamWorks, avec, respectivement, les

parcs d’attractions, les doubleurs utilisés ou encore le marketing viral par exemple sans

oublier les produits dérivés. Il est important de savoir quelles sont les méthodes utilisées par

chacun et comment ils arrivent à se démarquer l’un de l’autre.

A. Les moyens de promotions

Tout film dispose d’au moins une bande-annonce et une affiche. Selon une étude du

CNC datant de 2000, le succès d’un film dépend largement des supports promotionnels

utilisés163. Le film doit donner envie et être compris par la cible potentielle en une seule

image pour les affiches et en un court montage de quelques minutes pour les bandes

annonces. Ces dernières se situent dans un registre classique qui a pourtant évolué au fil du

temps. Les premiers trailers de Toy Story164 et Shrek165 premiers du nom reposaient sur un

fonctionnement que le CNC qualifie de « dire » américain166. Toute la bande-annonce est

accompagnée d’une voix off qui vient expliquer le déroulement de l’histoire. La voix nous

guide en nous racontant le film. Les séquences choisies ne sont que des illustrations de ce que

dit le narrateur. Mais plus que l’histoire, le caractère des protagonistes tout comme leurs

relations sont traitées. Cette technique n’est cependant pas utilisée avec les suites des films

puisque les personnages et l’univers sont déjà connus du grand public. Ainsi, les bandes

annonces de Toy Story et Shrek présentaient les personnages un par un pour laisser

progressivement place à l’action du film. Il s’agit de poser un schéma générique identifiable

163 http://www.qualiquanti.com/pdfs/affetbafilmsword.pdf. p. 3. Consulté le 12 avril 2012. 164 http://www.youtube.com/watch?v=KYz2wyBy3kc. Consulté le 17 avril 2012. 165 http://www.youtube.com/watch?v=W37DlG1i61s&feature=related. Consulté le 17 avril 2012. 166 http://www.cnc.fr/web/fr/publications/-

/ressources/19778;jsessionid=DA37FE685D47A0320A8D35866C302501.liferay. p. 60. Consulté le 9 mars 2012.

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43

par le public sans pour autant résumé la trame du film. Cependant, quand le trailer de Shrek

montre clairement l’orientation comique du film, ce n’est pas le cas de celui de Toy Story. En

effet, cette bande-annonce est particulière et loin de ce que nous avons pu voir par la suite.

Elle nous dévoilait un univers sombre accompagné d’une musique inquiétante. La rivalité de

Buzz et Woody y était l’élément fort et entraînait de l’action, du suspense et de la tension. On

ne sait pas exactement à quel genre ce film appartient. A première vue il s’agit d’un dessin

animé traditionnel pourtant l’histoire semble être plus adulte. La voix off nous précise tout de

même qu’il s’agit du premier film réalisé en images de synthèse. Il s’agit de marquer une

transition entre le dessin animé classique et le film en prises de vue réelle. Le but est

évidemment de toucher le plus large public possible. Quand les jouets s’adressent directement

aux enfants, le côté plus sérieux intéresse les adultes. Toy Story, en tant que premier film

d’animation 3D devait marquer ce renouveau et il n’était plus besoin d’utiliser ce côté sérieux

avec les prochains films. Une fois la cible des films en images de synthèse désignée soit un

très large public, chaque studio apporte sa touche. Ainsi, DreamWorks se focalise davantage

sur l’humour en mettant en avant un maximum de gags quand Pixar reste plus basique en

présentant l’histoire tout en ajoutant une dose d’humour. Les bandes annonces sont le reflet

des films et se présentent au public tels qu’ils sont. Cependant, DreamWorks dispose d’autres

particularités. L’une réside dans la mise en valeur des noms et l’autre dans la bande sonore.

Dans cette dernière, nous avons ce que le CNC qualifie de « saturation sonore »167. Il y a la

voix off, les sons des extraits (dialogues et bruitages) et une musique supplémentaire,

généralement une chanson déjà connue sans rapport aucun avec le film. Il s’agit d’impliquer

physiologiquement le spectateur dans le film et le captiver. Pour les noms, il n’est pas rare de

les voir apparaître en plein milieu des bandes annonces ou à la fin de celles-ci. Ben Stiller,

Will Smith ou Eddie Murphy sont des acteurs réputés dans leurs styles et sont un très bon

moyen de donner envie au public de voir le film. Un cas très similaires aux affiches. Il est en

effet très courant de voir ces mêmes noms sur les affiches des films de DreamWorks afin

d’inciter des spectateurs adolescents et adultes plus intéressés par les célébrités que les

enfants. Les enfants, pour leur part, ne s’intéressent que très peu aux acteurs, préférant les

personnages eux mêmes comme le souligne Tom Hanks dans une interview disponible dans

les bonus du DVD de Toy Story. C’est peut être une des raisons pour lesquelles Pixar ne

mentionne que très rarement ces noms et se contente mettre en avant son univers. Les affiches

mettent donc les personnages en action dans une scène clé du film ou une même scène

167 Ibid., p. 64.

Page 44: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

44

reprenant grosso-modo son univers. L’approche est différente dans les suites. En effet, celles-

ci mettent en avant les personnages désormais connus de tous les spectateurs, ou presque. Les

sagas Toy Story et Shrek en sont le parfait exemple. Les affiches des premiers films montrent

les héros en pleine action. Woody et Buzz sont en train de s’envoler hors de la chambre

d’Andy et Shrek et ses compagnons sont en pleine fuite face à un dragon crachant du feu. Cet

aspect disparaît très rapidement dans les autres épisodes. Ainsi, les décors et les mises en

situations s’effacent pour laisser entièrement la place aux personnages du film.

Illustration 18 : Shrek, Toy Story et leurs suites.

Il existe également des phrases d’accroches afin d’accompagner les affiches, méthode

très courante dans la promotion des films. Celles-ci sont utilisées aussi bien par Pixar et

DreamWorks que de nombreux autres films. Il s’agit d’une méthode promotionnelle basique.

Toujours selon le CNC168, ces taglines « ont un aspect polysémique et jouent généralement

sur plusieurs registres de façon simultanée. » Grâce à ces phrases, il est possible de découvrir

Page 45: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

45

quel est le genre du film. On trouve ainsi des phrases d’accroches faisant références à des

succès antérieurs. Par exemple, une phrase débutant avec la formule « Par les créateurs

de… » se retrouve complétée par le titre d’un ou plusieurs anciennes réussites de chaque

studio. Ainsi, pour promouvoir Le Monde de Nemo, l’affiche était accompagnée de la tagline

« Par les créateurs de Monstres & Cie », plus gros succès de Pixar à l’époque. DreamWorks

procède de la même manière et pour son film Dragons, la phrase renvoyait vers Shrek et

Madagascar. De ce fait, le style du film est rapidement identifiable tout comme son public.

L’appel à la culture cinématographique n’est cependant pas la seule méthode utilisée et il

n’est pas rare de voir des détournements de phrases ou expressions. Ainsi, une phrase

particulière accompagnée Shrek lors de sa promotion : « The Prince isn’t charming. Princess

isn’t sleeping. The sidekick isn’t helping. The ogre is the hero. Fairy tales will never be the

same again. » DreamWorks ici joue sur plusieurs registre. Le studio montre à première vue

un contre de fée d’un nouveau genre dans lequel tous les codes sont transformés mais fait

également un pied de nez à Disney et ses contes de fées très sages. Il s’agit ici d’attirer un

nouveau public non intéressé par les productions Disney. Cependant, ces types de tagline ne

sont pas les seules et il en existe d’autres qui sont utilisées dans la promotion mondiale. Elles

consistent tout simplement à faire des jeux de mots. En France, par exemple, pour la sortie de

Toy Story 3, il était possible de voir des taglines comme « Puisqu’on Woody qu’il revient » ou

« le Buzz de l’été ». Cette méthode concerne cependant la grande majorité des films

d’animation aujourd’hui dont les productions DreamWorks. Ainsi, sur des affiches de la

promotion de Shrek 4 mettant en scène les personnages, on pouvait retrouver « un petit crin

de folie » accompagnant l’âne ou encore « un vrai dur à cuire » pour Petit biscuit. Tant de

phrases à double sens qui montrent clairement le côté drôle et familial des films Pixar et

DreamWorks. Mais la promotion ne s’arrête pas aux simples bandes annonces et affiches.

Pour ces films d’animation, elles débutent très longtemps avant, parfois même plusieurs

années.

C’est lors de petites conférences que les studios d’animations tels Pixar et

DreamWorks annoncent leurs projets en cours sur les prochaines années. Il est très fréquent

d’annoncer un film jusqu’à trois ans avant sa sortie en salles. Le processus de création

s’étalant en règle générale sur quatre ans et les sorties de chaque studio étant assez régulières,

il est compréhensible que les films soient présentés avec une telle avance. On dévoile donc un

logo, le titre du film, peut être une image puis le silence autour du film se fait durant plusieurs

168 Ibid., p. 53.

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mois. La dernière conférence de Pixar date du 25 avril 2012169 et a permis de préciser les

dates de sortie des prochains films tout en confirmant un titre. The Good Dinosaur170 est ainsi

prévu pour le mois de mai 2014 tandis qu’en 2015 sortiront un projet encore sans nom ainsi

qu’une production intitulée temporairement Untitled film that takes you inside the mind171. Ici,

le but consiste, en premier lieu, à rassurer les actionnaires de DreamWorks d’un côté et de

Disney de l’autre. Le spectateur, quant à lui, a rapidement oublié le film à cause du manque

d’information communiqué autour des nouveaux projets. Puis, les premières informations font

leurs apparitions au compte-goutte sous formes de concepts arts, affiches teasers jusqu’aux

vidéos sous formes de pré-bande-annonce ou bande annonce quelques mois avant la date de

sortie. Généralement, la méthode est la même et consiste autant à rassurer les actionnaires

qu’à faire monter une attente autour du film. Les images n’en disent pas trop, laissant un

certain mystère. Il arrive souvent que les pré bandes annonces soient d’ailleurs des scènes

crées spécialement pour l’occasion et qui ne figurent pas dans le produit final. Il faut faire

monter la curiosité, l’envie. Ainsi, afin de présenter le troisième volet de Toy Story, on

découvre les personnages déjà connus en train de créer le logo du nouveau film alors que dans

Kung Fu Panda 2, une vidéo se focalise sur le panda, héros du film, qui s’adresse directement

aux spectateurs en leur proposant de le fixer sans cligner des yeux. Dans le premier exemple,

Pixar s’adresse directement aux personnes conquises par les premiers épisodes de Toy Story,

le teaser de Kung Fu Panda s’adresse directement aux enfants grâce à l’interaction du héros

du film avec les têtes blondes à l’aide de ce petit jeu. Chacun dispose donc de son style mais

n’hésite pas à viser les enfants, probablement la cible la plus simple à conquérir. Un enfant est

au moins accompagné d’un adulte, il est du coup facile d’augmenter les recettes.

Un autre point fort de la promotion est le casting vocal. DreamWorks n’hésite pas à

faire de ses films une réunion d’acteurs réputés. Entres autres on trouve Mike Myers,

Cameron Diaz, Eddy Murphy ou Antonio Banderas dans la saga Shrek. Nous trouvons Ben

Stiller, Sacha Baron Cohen et Chris Tucker dans Madagascar. Jack Black, Dustin Hoffman

ou encore Angelina Jolie « jouent » dans les Kung Fu Panda et la même Angelina est en

compagnie de Will Smith et de Robert de Niro dans Gang de requins sans oublier Woody

Allen, Sylvester Stallone et Sharon Stone dans Fourmiz. La liste de cette « méthode

Katzenberg » est bien plus longue et s’amplifient films après films. Plus qu’une façon de créer

les films, il s’agit d’un excellent moyen de promotion que Katzenberg a mis en place alors

169 http://www.disneypixar.fr/news/2012/04/25/pixar-annonce-les-dates/. Consulté le 25 avril 2012. 170 Bob Peterson, The Good Dinosaur, 2014.

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qu’il était chez Disney. Ces acteurs connus du grand public peuvent ainsi promouvoir le film

lors d’interviews et autres évènements. Dès lors, il est difficile de ne pas entendre parler de la

nouvelle production des studios. De plus, la diversité des acteurs fait qu’il y a un fort

pourcentage de chance qu’un des acteurs choisis soit apprécié par une partie du public. La

méthode est très efficace et les résultats du box-office peuvent confirmer cela172, les

productions DreamWorks bénéficiant d’un casting vocal quatre étoiles sont les plus vus et il

n’est pas rare de voir les noms de ces acteurs mis en avant dans les bandes annonces et

affiches.

Disney et DreamWorks sont de très importantes entreprises dont la moitié du chiffre

d’affaire se fait outre-Atlantique. C’est le cas de tous les films américains à gros budget

destinés à une exportation mondiale. Tous les moyens sont donc mis en œuvre pour faire une

promotion digne de ce nom dans tous les pays. La « méthode Katzenberg » revient ici et

s’adapte aux différents pays. Ainsi, en France, les célébrités du moment sont choisies afin de

remplacer les voix des acteurs américains. Alors que les comédiens de doublages officiels de

ces acteurs étaient sollicités lors des premiers films d’animations 3D, la donne a très vite

changé avec l’arrivée de Shrek. Ainsi, l’ex Nul Alain Chabat est venu prendre la place du

doubleur français de Mike Myers, Emmanuel Curtil. Les voix francophones de Cameron Diaz

et Eddy Murphy ont pour leur part été sollicitées. Mais, plus que sa voix, Alain Chabat prête

ses propres blagues. Par exemple, il est courant que l’acteur-réalisateur ait recourt à

l’improvisation et même à des phrases ou expressions qui l’ont fait connaître alors qu’il était

sur Canal Plus. Par exemple, dans Shrek le Troisième, le personnage de Merlin fait une

référence directe à un sketch des Nuls en disant « Je suis la mouche qui pète », référence à un

sketch des Nuls et destiné en priorité aux adultes, les plus jeunes n’y voyant qu’une scène

absurde. Shrek est cependant une exception et les autres doublages se permettent moins de

liberté même s’ils utilisent toujours plus de célébrités ayant eu un récent succès dans leur

domaine respectif. On trouve donc des acteurs mais aussi des comiques, des chanteurs et

parfois des animateurs qui prêtent leurs cordes vocales aux personnages animés. Il n’est plus

question d’avoir recours aux doubleurs officiels et encore moins de choisir un même timbre

de voix ou un physique similaire au doubleur original. Will Smith laisse ainsi sa place à Eric

Judor dans Gang de requin tandis que le quatuor de Madagascar interprété par Ben Stiller,

Chris Rock, David Schwimmer et Jada Pinkett Smith est remplacé par José Garcia, Anthony

171 Pete Docter, Untitled film that takes you inside the mind, 2015. 172 Annexe A.1 : Graphique 1.

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48

Kavanagh, Jean-Paul Rouve et Marina Foïs. L’animateur et comique Manu Payet prend lui la

place de Jack Black dans Kung Fu Panda quand Ian McShane est remplacé par Marc

Lavoine, Dustin Hoffman par Pierre Arditi et Angelina Jolie par Marie Gillain. Parmi la liste

des autres célébrités utilisées dans les productions DreamWorks, nous retrouvons Kad Merad,

Jenifer Bartoli, Tomer Sisley, Julien Doré, Jean Reno, Gad Elmaleh, ou encore Patrick Timsit

et Laurent Gerra. Certains sont des habitués comme Patrick Timsit (Hercule, Atlantide, Gang

de requins ou Azur et Asmar) et Jean Reno (Le Roi Lion, Porco Rosso, Atlantide ou Souris

City) dont le timbre de voix particulier se prête bien à ce genre d’exercice tandis que d’autres

font leurs débuts dans le métier. Ils sont ainsi choisis pour leur diversité et leurs succès.

Jenifer est par exemple très populaire auprès d’un jeune public féminin et est donc susceptible

de convaincre ses fans de venir voir le film dans lequel elle prête sa voix. Kad Merad, lui,

avant Megamind jouait dans de nombreuses comédies populaires tandis que Laurent Gerra

peut entrainer avec lui bon nombre de personnes convaincues par ses imitations. Comme pour

le choix des acteurs américains, des personnes de tous horizons visant toutes tranches d’âges

sont choisies. Chez Pixar, la liste est plus courte mais tout aussi hétérogène avec Guillaume

Canet, Charles Aznavour, Lorie, Franck Dubosc et Amanda Lear. A côté d’eux, des

comédiens de doublage professionnel sont sollicités. Ce travail de localisation est très

important pour plusieurs raisons dont les principales sont de faire intervenir des personnes

connues et, de ce fait, toucher un public plus large mais aussi, et surtout, un moyen de

promotion plus efficace pour les studios. Dès lors, il est inutile de faire voyager les acteurs

originaux aux quatre coins du globe, leur équivalent étranger pouvant s’en charger.

La promotion d’un film ne repose cependant pas que sur les seuls acteurs. De

nombreux évènements permettent aux films de se faire connaitre. Parmi ceux-ci, le festival de

Cannes, festival cinématographique international, est un parfait atout. Jeffrey Katzenberg

saisit l’occasion d’y présenter ses prochains films chaque année. « Être sélectionné à Cannes

c’est un immense honneur, l’équivalent d’une nomination aux Oscars. C’est évidemment

essentiel pour les affaires mais également la preuve que nous réalisons des films de

qualité. »173 Madagascar 3, est le cinquième film de DreamWorks à fouler le célèbre tapis

rouge. Il succède aux deux premiers Shrek alors en compétition officielle en 2001 et 2004

mais aussi à Nos voisins les hommes et Kung Fu Panda dans la catégorie hors compétition du

festival174. Jeffrey Katzenberg a un lien particulier avec ce festival qu’il qualifie de « plus

173 Emmanuèle Frois, « “Kung Fu Panda“ s’offre Jackie Chan et Angelina Jolie. », Le Figaro, 15 mai 2008. 174 http://www.festival-cannes.fr/fr/theDailyArticle/56019.html. Consulté le 12 mars 2012.

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49

prestigieux du monde. »175 C’est même lui qui a ramené les films d’animation sur la croisette

dans les années 1990 avec ses productions Disney parmi lesquelles La Petite Sirène et La

Belle et la Bête. Ce n’est que dix ans plus tard, avec la sélection de Shrek, que la donne a

changé. Dès lors, il n’était plus rare de trouver des films d’animation en sélection. Mais

lorsque DreamWorks ne fait pas partie de la sélection, cela n’empêche pas Katzenberg de

promouvoir ses films lors

d’évènements organisés en

marge du festival. Cannes est en

effet un très bon moyen de

promouvoir ses films dans le

monde entier. Katzenberg parle

de « tribune médiatique

incomparable, puisque la presse

et les médias de tous les pays

sont présents. » 176 Gang de

requins en 2004, Bee Movie en

2007 ou plus récemment Kung Fu Panda 2 et Le Chat Potté ont bénéficié de cette promotion.

Katzenberg peut ainsi des dévoiler les premières minutes de ses prochaines productions ou

inviter les acteurs/doubleurs de ses films. Pixar, de son côté, même s’il est beaucoup moins

présent devant le palais des festivals, a tout de même eu la chance de présenter Là-haut en

ouverture du festival de Cannes 2009, une première pour un film d’animation. Là-haut, est

aussi le seul film à ce jour des studios Pixar à avoir été présenté au festival et laisse, de ce fait,

la place libre à DreamWorks. Le studio de John Lasseter préfère organisé l’avant-première

mondiale de ses films au célèbre cinéma El Captain Theatre à Hollywood177. En Europe, les

avant-premières des films Pixar tout comme Disney ont lieu à Disneyland Paris. Le Gaumont

du parc se met ainsi aux couleurs du film projeté et de nombreuses célébrités, en rapport ou

non avec le film, se réunissent lors de cet événement spécial178. Mais les parcs Disney ne

servent pas uniquement à présenter les nouveaux films du studio.

175 http://www.lexpress.fr/culture/cinema/kung-fu-panda-2-l-animation-a-cannes_1002091.html. Consulté le

12 mars 2012. 176 Ibid ibidem. 177 http://www.disneypixar.fr/news/2011/06/20/premiere-mondiale-pour-cars-2/. Consulté le 3 avril 2012. 178 http://www.disneygazette.fr/avant-premiere-toy-story-3-disneyland-paris-news-381.html. Consulté le 21

avril 2012.

Illustration 19 : Dustin Hoffman (à gauche) et Angelina Jolie (à droite) accompagnent Jack Black qui met toute son énergie dans la promotion de Kung Fu Panda 2.

Page 50: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

50

Illustration 20 : Toy Story Playland, parc entièrement dédié à Pixar.

Au nombre de cinq, on retrouve des parcs à thèmes Disney aux États-Unis dans les

états de Californie et Floride mais aussi en Europe, à Paris et en Asie dans les villes de Tokyo

et Hong Kong. Un nouveau parc est actuellement en construction à Shanghai et ouvrira ses

portes en fin d’année 2015179. Ces parcs permettent de promouvoir les films toute l’année et

donnent aux films une vie hors des écrans. Depuis son rachat par Disney, Pixar fait partie

intégrante des parcs et dispose d’une partie entière consacrée à ses films : Toy Story

Playland180. Exclusivité pour Disneyland Paris au départ, il est intéressant de constater qu’il a

été inauguré en été 2010, soit en même temps que la sortie de Toy Story 3. Il s’agit d’un

moyen de promotion bénéfique aux deux parties. En effet, les personnes ayant aimé les films

de la franchise voudront essayer ces nouvelles attractions et les personnes qui ont apprécié

leur expérience dans le parc auront peut être l’envie de découvrir le film projeté dans le

cinéma du parc. Mais il ne s’agit d’une promotion éphémère. Il s’agit de vendre tous les

grands classiques de la firme aux visiteurs toujours plus nombreux. Disneyland Paris a ainsi

vu son record d’affluence d’octobre 2010 à septembre 2011 avec 15,6 millions de visiteurs181.

179 http://en.shanghaidisneyresort.com.cn/en/about/. Consulté le 22 avril 2012. 180 http://parcs.disneylandparis.fr/parc-walt-disney-studios/lots/toon-studio/attractions/toy-story-

playland.xhtml#. Consulté le 22 avril 2012. 181 http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/record-d-affluence-chez-disneyland-paris-mais-des-

comptes-dans-le-rouge-09-11-2011-1710565.php. Consulté le 22 avril 2012.

Page 51: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

51

Un score qui a atteint, en 2010, 120,6 millions de visiteurs182 dans tous les parcs Disney du

monde et autant de spectateurs potentiels qui peuvent aller par la suite voir les films au

cinéma ou les acheter en vidéo. Comme le rapporte Robert Iger, actuel PDG de Disney, le

parc est un lieu « Where we make the closest emotional connection with consumers as

millions of them experience first-hand the magic of Disney. »183 Le savoir-faire Disney, mis

en place depuis des dizaines d’années, trouve ici toute son efficacité et donne envie aux gens

de tous âges de découvrir ou redécouvrir les films disponibles en DVD et Blu-Ray dans de

nombreuses boutiques des parcs. DreamWorks, studio trop récent, n’a pas pu mettre en place

ses propres parcs à thème. Un accord a donc été signé avec les parcs Universal Studios

présents en Amérique et Asie et dont le nombre de visiteurs atteignait les 26,3 millions de

visiteurs en 2010184. Ce contrat, permet à Universal de posséder les droits de distribution des

films, vidéos et musiques des productions DreamWorks sans oublier l’utilisation des

personnages dans les parcs et ce, jusqu’en 2016185. Des films DreamWorks possèdent

également leur propre attraction et, ici aussi, Universal et DreamWorks sont tous deux

gagnants dans l’affaire. En effet, le public de Shrek peut avoir l’envie d’aller dans le parc pour

découvrir la toute dernière attraction aux couleurs de l’ogre tandis que les visiteurs du parc

peuvent découvrir Shrek sur place. Mais DreamWorks ne souhaite pas faire de la figuration

dans les parcs Universal Studios et désire créer son parc à thèmes. Dubaïland, complexe de

loisir en pleine construction à Dubaï, a été choisie en 2008 afin d’héberger ce parc mais aussi

des hôtels et autres restaurants186. Un accord a été signé entre DreamWorks et la société

Tatweer, filiale de la société d’investissement publique Dubaï Holding. DreamWorks Studios

Theme Park partagera ainsi la vedette avec d’autres parcs présents ou en construction au

même endroit comme Warner Bros. Movie World, Legoland Dubaï, Marvel Superheroes

Theme Park ou encore Universal Studios ainsi l’un des plus importants parcs d’attractions de

Dubaï tandis que la ville en fort développement y voit le moyen d’attirer de nombreux

touristes.

182 http://www.themeparktourist.com/news/20110617/4236/universal-closes-gap-disney-2010-theme-park-

attendance-figures. Consulté le 22 avril 2012. 183 http://www.thisislondon.co.uk/business/markets/disney-goes-transmedia-for-ipad-generation-

6442426.html. Traduction proposée : « Où nous établissons une connexion émotionnelle très proche avec les consommateurs dont des millions d’entres eux vivent leur première expérience avec la magie de Disney. » Consulté le 22 avril 2012

184 http://www.themeparktourist.com/news/20110617/4236/universal-closes-gap-disney-2010-theme-park-attendance-figures. Consulté le 22 avril 2012.

185 http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20081014.OBS5734/dreamworks-conclut-un-accord-de-distribution-avec-universal.html. Consulté le 10 avril 2012.

186 Ali Jaafar, « DreamWorks hits Dubai », Variety. 20 janvier 2008.

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DreamWorks s’étend petit à petit dans le monde et après Dubai, la Chine est le

prochain territoire à conquérir. L’importation cinématographique est très rare dans ce pays

afin de ne peut pas rivaliser avec les œuvres locales. Seuls une vingtaine de films par an sont

sélectionnés auxquels s’ajoutent une quarantaine de films indépendants 187 . Avatar 188 ,

Transformers 3189 ou encore Harry Potter190 ont eu la chance de franchir les frontières.

DreamWorks ne souhaite pas faire parti d’une sélection et désire implanter son propre studio

en Chine191 afin d’y développer des films pour ce marché de plus d’un milliard de spectateurs

potentiels. Officialisé en février 2012, Oriental DreamWorks se concentrera sur la création de

films destinés au seul marché chinois mais exercera également « son activité dans les

domaines du spectacle vivant, des parcs à thèmes, de la téléphonie mobile, de l’internet et des

jeux vidéos. »192 DreamWorks court un risque mais celui-ci peut s’avérer très payant sur ce

territoire de plus de 1,3 milliards d’habitants. Quelques mois après cette annonce, Disney a

fait lui aussi part de son souhait de se développer sur ce même marché chinois193. Après le

lancement de la création d’un nouveau Disneyland à Shanghai, Disney a signé un contrat avec

le groupe public China Animation et Tencent, spécialiste de la communication sur internet. Il

ne s’agit pas de voir des films Disney-Pixar créés spécialement pour un marché chinois mais

de produire des films d’animation aussi importants que les films d’animations américains sur

ce marché asiatique et destinés également à être exportés dans le monde. Le territoire chinois

et donc très prisé et peut permettre d’étendre une domination déjà très grande pour chacun.

Que ce soit avec Pixar ou DreamWorks, de nombreux moyens sont mis en place afin

de promouvoir leurs films aux États-Unis mais aussi et surtout dans le reste du monde.

Chacun part ainsi à la conquête des continents comme il le peut. Ainsi, quand DreamWorks se

sert du Festival de Cannes pour présenter ses films dans le monde entier, Pixar bénéficie des

très nombreux parcs à thèmes Disney pour promouvoir ses films sur la durée. Tous deux

souhaitent être vus et entendus afin d’attirer un maximum de spectateurs. Cependant, la

promotion ne s’arrête pas là comme le montre leur utilisation des nouveaux médias.

187 http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/La-Chine-veut-importer-plus-de-films-americains-3125814.

Consulté le 10 avril 2012. 188 James Cameron, Avatar, 2009. 189 Michael Bay, Transformers 3 :la face cachée de la lune, 2011. 190 David Yates, Harry Potter et les reliques de la mort – partie 2, 2011. 191 http://www.lexpress.fr/culture/cinema/dreamworks-animation-fait-ami-ami-avec-des-studios-d-animation-

chinois_1084290.html. Consulté le 23 mars 2012. 192 http://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/etats-unis-dreamworks-animation-cree-un-studio-en-chine-avec-

des-groupes-locaux_1083923.html. Consulté le 23 mars 2012. 193 http://cinema.nouvelobs.com/articles/17875-disney-se-positionne-en-chine. Consulté le 18 avril 2012.

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53

B. L’utilisation des nouveaux médias.

Aujourd’hui, de plus en plus d’écrans sont proposés aux personnes à travers le monde.

Ordinateurs, smartphones, tablettes ou encore télévisions sont autant d’objets qui permettent

de voir des programmes, télécharger, s’informer ou même jouer. Fin 2011, ce sont plus de 2,2

milliards de personnes dans le monde qui disposait d’un accès à internet194 et ce sont tout

autant de spectateurs potentiels pour les studios. Internet est donc un excellent moyen de

promotion qui permet de s’étendre dans le monde entier de manière instantanée. De plus, le

world wide web est accessible à partir de quasiment tous les appareils disposant d’un écran. Il

est ainsi possible de se connecter avec un ordinateur mais aussi avec un téléphone portable,

une tablette tactile sans oublier les télévisions connectées ou smart-TV. L’information se livre

à nous n’importe où, n’importe quand. Il est également intéressant de constater que ces écrans

sont de plus en plus regardés. Aux États-Unis, les adultes passaient en moyenne huit heures

par jour devant un écran en 2009195. En France, ce chiffre est réduit à cinq heures en 2012196.

Quand les plus âgés regardent majoritairement la télévision, les plus jeunes se dirigent

davantage vers les ordinateurs. Les studios ont donc pour mission d’aller chercher ce public là

où il se trouve. Pour cela, on distingue deux types d’utilisation de ces médias : le cross-média

et le transmédia. Ces deux méthodes entrent dans la même catégorie qui consiste à développer

un projet sur plusieurs médias. Elles sont de plus en plus courantes et Disney-Pixar tout

comme DreamWorks s’en servent afin de promouvoir leurs films ou encore dans le but

d’obtenir un revenu supplémentaire. Ainsi, selon Drew Davidson et al., la communication

cross-média est très généralement utilisée pour promouvoir des produits et des services197. Il

s’agit de leur donner une meilleure exposition afin que la cible puisse les trouver facilement.

Les départements marketing disposent donc d’un très gros avantage pour se faire entendre. Il

s’agit aussi d’une possibilité de partager l’information avec les potentiels consommateurs

grâce à des sites internet ou des réseaux sociaux. Le transmédia, de son côté, est une pratique

qui consiste à employer de nombreux médias distincts afin d’enrichir, de façon cohérente, un

univers198. Dans le cas de DreamWorks et Pixar, le film en tant que tel n’est pas le seul moyen

194 http://www.internetworldstats.com/stats.htm. Consulté le 13 avril 2012. 195 http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/03/27/01011-20090327FILWWW00524-usa-huit-heures-par-jour-

devant-l-ecran.php. Consulté le 14 avril 2012. 196 http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1377/ip1377.pdf. Consulté le 29 mars 2012. 197 Drew Davidson et al., Cross-Media Communications: an introduction to the art of creating integrated

media experiences, p. 127. 198 Christy Dena, Transmedia pratice: theorising the practice of expressing a fictional world across distinct

media and environments, p. 1.

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de découvrir l’histoire. Des jeux vidéo ou encore des courts-métrages reprenant certains de

leur univers permettent de voir le film sous un autre jour et apportent un plus à l’histoire du

film. En premier lieu nous aborderons les méthodes de cross-média utilisées par les studios

pour ensuite étudier le transmédia dans une dernière partie.

Le cross-média est la méthode la plus utilisée par les deux studios qui cherchent à

promouvoir leurs productions le mieux possible. Internet est ainsi le premier support à

prolonger l’expérience des films. Le fait de pouvoir partager des informations au monde de

façon instantanée donne au world wide web un vrai côté interactif et dynamique et permet de

cibler des individus dont l’âge se situe entre 12 et 29 ans. Cette tranche d’âge est celle qui

utilise le plus les réseaux sociaux ou les téléphones portables199 à défaut de regarder la

télévision ou les journaux200. Pour mettre en place cette campagne en ligne, il arrive que les

sociétés fassent appel à des agences publicitaires adaptées. Par exemple, des films comme

WALL-E, Cars 2 et Toy Story 3 ont eu recours à AvatarLabs201, une agence digitale. Une fois

la commande effectuée, l’entreprise peut créer des sites internet, des applications pour

mobiles, des jeux ou encore des publicités en ligne à l’image des films. Il s’agit d’être le plus

proche possible de l’esprit du film et de la marque pour ne pas dénaturer son essence même.

WALL-E est un très bon exemple de campagne réussie comme l’expliquent Damian Ryan et

Calvin Jones202. Ainsi, AvatarLabs devait s’approcher de l’œuvre de Pixar avec soin et

créativité afin de ne pas ternir l’image du studio. A l’aide d’images et vidéos fournies par

Pixar, AvatarLabs a pu débuter sa campagne de promotion. Un jeu en 3D jouable uniquement

sur internet a été créé pour l’occasion tout comme une page MySpace203 entièrement

consacrée au robot muet de Pixar. MySpace était alors le réseau social le plus important sur

internet avec plus de 110 millions d’utilisateurs actifs tous les mois204. Cette page dédiée au

film proposait ainsi de voir des vidéos de celui-ci, d’interagir avec le héros ou encore de

découvrir les personnages. Il s’agissait alors d’« être social »205 et d’atteindre directement les

utilisateurs de MySpace. Les résultats étaient là avec un premier week-end enregistrant plus

de 63 millions de dollars206 au box-office américain. Aujourd’hui, face à Facebook, le nombre

199 Voir annexe A.3. 200 http://mashable.com/2011/02/18/toy-story-3-social-media/. Consulté le 15 avril 2012. 201 http://www.avatarlabs.com/#. Consulté le 20 mars 2012. 202 Damian Ryan et Calvin Jones, The Best digital marketing campaigns in the world, p. 97-101. 203 http://creative.avatarlabs.com/walle/myspace_homepage/index.html. Consulté le 16 mars 2012. 204 http://www.web-strategist.com/blog/2008/01/09/social-network-stats-facebook-myspace-reunion-jan-

2008/. Consulté le 16 mars 2012. 205 Op. cit., Damian Ryan et Calvin Jones, The Best digital marketing campaigns in the world, p. 98. 206 http://boxofficemojo.com/movies/?id=wall-e.htm. Consulté le 20 avril 2012.

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d’utilisateurs actifs sur MySpace a considérablement diminuée et se situe sous la barre des 25

millions en 2012207. Si cette campagne publicitaire avait été faite en 2012, la société

AvatarLabs aurait très probablement choisie un autre support, peut être le site Facebook.

Du haut de ses 845 millions d’utilisateurs actifs208, Facebook était le site le plus visité

dans le monde en 2011209. Il s’agit d’une véritable mine d’or pour les studios qui disposent

tous de plusieurs pages officielles sur ce site. Il est ainsi possible de communiquer des

informations sur les films à venir ou simplement de poster des images ou vidéos d’anciens

films entre autres. Le tout est d’être présent continuellement afin de garder un contact avec

des internautes qui peuvent participer en laissant des commentaires. Il devient, par cette

méthode, plus simple d’évaluer le degré d’attente d’un film par exemple et changer sa

campagne marketing si besoin est grâce aux avis des personnes et surtout grâce au bouton

« j’aime » de Facebook. Ainsi, Madagascar 3, bénéficie de plus de 2 millions de personnes

qui « aiment » le film deux mois avant sa sortie. Au contraire, la seconde création annuelle de

DreamWorks, Les Cinq Légendes210, doit se contenter de moins de 10 000 « j’aime »211.

Madagascar repose cependant sur le succès des précédents films de la saga au contraire des

Cinq légendes qui est une création originale. Cependant, la date de sortie du nouveau film

étant fixée au mois de novembre 2012, la promotion va s’intensifier avec le temps et

connaître, peut-être, davantage de succès. Facebook permet de dévoiler bien plus que des

images et vidéos. Ainsi, pour la campagne marketing de Toy Story 3, les étudiants américains

disposant d’un identifiant Facebook pouvaient s’inscrire à une projection spéciale du film

organisée par Pixar et Disney d’une durée de 65 minutes212. Le but est évidemment de donner

envie à ces spectateurs qui n’ont probablement pas manqué de voir le film au cinéma dans sa

version finale.

Pour attirer le public, une méthode est de plus en plus utilisée : le marketing viral.

Selon Justin Kirby et Paul Madersen213, il s’agit d’une stratégie qui encourage les individus à

s’échanger des publicités qu’ils ont aimées. YouTube, site de partage de vidéo et deuxième

207 Josh Halliday, « Myspace adds 1m new users in 30 days », The Guardian. 14 février 2012. 208 http://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1326801/000119312512034517/d287954ds1.htm. Consulté le 15

avril 2012. 209 http://www.huffingtonpost.com/2011/06/24/most-visited-sites-

2011_n_883756.html#s297621&title=1__Facebookcom. Consulté le 20 avril 2012. 210 Peter Ramsey et Williams Joyce, Les Cinq légendes, 2012. 211 http://www.facebook.com/RiseoftheGuardians. Consulté le 22 avril 2012. 212 http://mashable.com/2011/02/18/toy-story-3-social-media/. Consulté le 17 avril 2012. 213 Justin Kirby et Paul Madersen, Connected marketing, p. 88.

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site le plus visité dans le monde en 2011214, est souvent utilisé pour mettre en place ce

marketing dit viral. Par exemple, un studio diffuse une vidéo sur YouTube. Un internaute peut

la découvrir après en avoir entendu parler sur internet. S’il aime cette vidéo, il lui suffit de la

partager avec ses contacts. Ceux-ci, s’ils l’apprécient à leur tour, l’envoient à d’autres

personnes de leurs contacts et ainsi de suite. Cette vidéo passe ainsi de quelques dizaines de

vues à des milliers voire millions en quelques heures tel un virus. Facebook, YouTube,

Tweeter, un autre réseau social, ou encore les mails sont un moyen pour les internautes de

s’échanger ces publicités virales à une vitesse fulgurante. Cela permet à la société à l’origine

du projet de ne dépenser de l’argent que dans la mise en place de ce marketing viral et non

dans la distribution. Ce marketing est de plus en plus utilisé dans les promotions

cinématographiques et Pixar et DreamWorks commencent à l’expérimenter. Ainsi, le studio

de Jeffrey Katzenberg s’est associé à l’agence interactive Visionaire Group pour son film

Kung Fu Panda 2 afin de créer une campagne publicitaire interactive sur le site YouTube. La

page web215 en question mettait en scène Po, le héros du film dans ce qui semble être une

simple vidéo au départ. Tout devient intéressant lorsque le panda passe son bras hors de

l’écran pour attraper une vidéo située sur le côté de la page afin la jeter sur l’écran du

spectateur, détruisant toute la page. L’idée n’est cependant pas nouvelle et avait été utilisée

pour le film The Expendables216 avec destruction de la page internet à la clé217. Dimitry Ioffe,

PDG de Visionnaire Group explique : « With Kung Fu Panda 2, we didn’t just want people to

see the video. We wanted to create some sort of a-ha moment, do a little bit damage. We

didn’t want to hang our hooks on those go-to experiences. »218 Surprendre a cependant un

coût non négligeable puisque, pour une journée de diffusion, YouTube réclame au minimum

400 000 dollars219, prix auquel s’ajoute la rémunération des créatifs. Pixar a également fait

forte impression sur YouTube avec son film Toy Story 3. Ainsi, quelques mois avant la date

de sortie du long-métrage, une série de spot publicitaires mettant en avant la peluche à

l’effigie de Lotso, l’ours rose, a été mise en ligne. Il ne s’agissait cependant pas d’une simple

publicité mais de jouer sur la nostalgie. Ainsi, ce spot n’est pas sans rappeler des publicités

pour les jouets des années 80220. La vidéo est au format 4/3, la qualité de l’image est très

214 http://www.huffingtonpost.com/2011/06/24/most-visited-

sites2011_n_883756.html#s297621&title=1__Facebookcom. Consulté le 20 avril 2012. 215 http://www.youtube.com/user/KungFuPanda2. Consulté le 23 mars 2012. 216 Sylvester Stallone, The Expendables, 2010. 217 http://www.youtube.com/user/expendables. Consulté le 23 mars 2012. 218 http://adage.com/article/digital/dreamworks-kung-fu-panda-chops-youtube/227489/. Consulté le 15 avril

2012. 219 Ibid ibidem. 220 http://www.youtube.com/watch?v=z6dZtNYGlLM. Consulté le 15 avril 2012.

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mauvaise avec des grésillements et autres parasites sans oublier le style vestimentaire des

protagonistes propre à cette période. Le but était de donner l’impression que ce jouet existait

il y a trente ans et le doute s’est très vite installé sur tout internet et le site de recherche

Google recence des centaines de milliers de sites, articles et autres blogs parlant de cette

campagne Lots-o'-Huggin' Bear commercial. Pourtant, tout cela est faux contrairement au

succès rencontré par ces vidéos vues des millions de fois suite aux très nombreux partages.

Au final, cette campagne fut un réel succès et a fait de Toy Story 3 le film d’animation ayant

réalisé le plus gros score au box-office avec plus d’un milliard de dollars de recettes dans le

monde

Les médias sociaux sont donc de plus en plus utilisés par les entreprises au même titre

que le mobile. Ainsi, les Smartphones font maintenant partie intégrante d’une toute nouvelle

stratégie de communication en pleine croissance. Chris Hewish, responsable du département

Interactive chez DreamWorks Animation, souligne cela en précisant les objectifs de

DreamWorks221. Le premier de ces objectifs est de proposer aux utilisateurs des applications

gratuites. Celles-ci reprennent les univers des films et n’ont d’autre but que de faire de la

promotion. Le deuxième objectif consiste à vendre des applications pour que le spectateur

prolonge son expérience du film, tout en apportant un revenu aux studios. Nous allons donc

voir dans un premier temps comment la promotion se fait via ces applications gratuites puis

nous traiterons des applications payantes. Ainsi, Pixar et DreamWorks proposent des

applications gratuites qui présentent le film avant sa sortie. Ainsi, DreamWorks a sorti, en

avril 2012, une application basée sur son prochain film, Les Cinq légendes. Disponible

uniquement sur les supports Apple, cette application gratuite offre un compte à rebours qui

prendra fin le jour de la sortie du film, la possibilité de regarder la bande-annonce du film ou

encore de pouvoir jouet à quelques mini-jeux toujours basés sur l’univers du film. Le Chat

Potté, entre autres, avait lui aussi bénéficié d’une application gratuite qui proposait aux

utilisateurs de se prendre en photo en compagnie des héros du film ou de porter virtuellement

leurs accessoires. Il s’agit de rendre l’univers plus familier au public et de lui donner envie de

voir le film. Nous nous situons donc en plein cross-média. Pourtant, d’autres applications,

payantes cette fois, nous font basculer vers le transmédia. Il s’agit donc d’avoir un revenu et

de voir le film autrement. Pour ce faire, DreamWorks fait appel à des entreprises tierces afin

que celles-ci développent et distribuent ces applications. Pour sa part, Pixar dispose de son

221 http://fr.locita.com/business/interviews/video-interview-chris-hewish-de-dreamworks-animation-sur-le-

theme-du-mobile-et-des-medias-sociaux/. Consulté le 15 avril 2012.

Page 58: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

58

propre groupe interne par l’intermédiaire de Disney : Disney Application. Internes ou

externes, les applications sont les mêmes et se destinent à un jeune public avec des livres

interactifs ou des jeux vidéo. Le choix de faire des jeux vidéo n’est bien sûr pas anodin

puisque ceux-ci rencontrent un très grand succès. En 2010, ce ne sont pas moins d’un milliard

de jeux qui ont été téléchargés seulement sur l’App Store, le magasin virtuel d’Apple222. Les

jeux vidéo tirés des films ne s’arrêtent cependant pas aux seuls supports mobiles. L’offre

s’étend sur les ordinateurs et consoles de jeux vidéo et permet aux films d’être présents sur de

nombreux écrans sous différentes formes. Mais l’utilisation du transmédia ne s’arrête pas là et

s’étend vers le marché de la vidéo et de la télévision.

En effet, Pixar et DreamWorks prolongent leurs univers principaux comme Toy Story

d’un côté et Madagascar de l’autre avec des courts métrages ou des séries mettant en scène

leurs héros. Le film Madagascar de DreamWorks a ainsi eu droit à divers moyens métrages

diffusés à la télévision pendant les fêtes ou même d’une série télévisée mettant en scène les

personnages des pingouins du film. Shrek ou encore Kung Fu Panda ont également eu droit à

de nouvelles histoires courtes. Chez Disney, Buzz l’Éclair a lui aussi bénéficié de sa série

télévisée animée. Le héros était le même mais il s’agissait de présenter le vrai Buzz l’Éclair et

non de vivre de nouvelles aventures du jouet que nous connaissons. Les vrais spectateurs

peuvent donc le connaître de la même façon que les enfants du film Toy Story le

connaissaient, tel un héros télévisé. Mais plus qu’une simple série télévisée, Pixar a créé de

nombreux courts métrages tirés ou non de son univers cinématographique. Ceux-ci sont

diffusés aussi bien en salle avant un long-métrage, qu’en supplément de DVD ou Blu-Ray

voire à la télévision. Cars Toons et Toy Story Toons font partis de cette nouvelle façon de

distribuer les courts métrages. Diffusés sur Disney Channel, ces épisodes d’une poignée de

minutes mettent en scène les personnages de Cars d’un côté et de Toy Story de l’autre.

Comme pour DreamWorks, diffuser ces courts métrages à la télévision permet de faire

découvrir ces univers à un public qui ne les connaît peut être pas et de leur donner envie de

découvrir leurs films. Pixar, qui a récemment ouvert un studio au Canada, va même plus loin

et se lance dans la création de spin-off destinés au marché de la vidéo. Plane sera donc le

premier à voir le jour en 2013223. Le film fera parti de l’univers de Cars mais mettra en scène

des avions cette fois. Si le succès est au rendez-vous, une nouvelle série de films qui ne

222 http://www.01net.com/editorial/524848/ios-et-app-store-pourquoi-apple-ne-s-inquiete-pas-pour-l-avenir/.

Consulté le 12 avril 2012. 223 http://collider.com/planes-direct-to-dvd-cars-spin-off/76676/. Consulté le 19 avril 2012.

Page 59: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

59

bénéficieront pas de sorties cinéma verra le jour. Chaque studio a ainsi trouvé une méthode

particulière d’étendre l’univers de leurs films.

Grâce à l’avènement d’internet et des nouveaux écrans, il est possible pour les studios

de donner plus de vie à leurs films et de sortir des écrans de cinéma. Les médias sont ainsi

utilisés pour promouvoir les films en utilisant le cross média ou bien de proposer une nouvelle

approche différente d’un film et de son univers avec le transmédia. Il est possible de toucher

une génération plus large qui ne prête pas attention aux médias traditionnels comme la

télévision et la presse à cause du fort contenu disponible en ligne. Disney-Pixar et

DreamWorks ont ainsi su s’adapter rapidement et les résultats montrent bien que cette

méthode s’avère efficace. Cependant, certains de ces exemples ne sont pas simplement une

autre manière de raconter une histoire. Nous nous trouvons en plein merchandising dans

lequel les produits dérivés ont une place très importante.

C. Le merchandising.

Les Dents de la mer a marqué toute une génération de spectateurs mais a également

introduit une nouvelle manière de faire des films répondant au nom de blockbuster224. Ils

s’agit de longs métrages au budget très conséquent et dotés d’une très grosse promotion. Le

but premier est de faire le plus gros revenu possible en attirant un maximum de spectateurs

lors de ce qui se veut comme un événement. En parallèle à ce changement est apparu un

nouveau phénomène : le merchandising dans lequel figurent les produits dérivés. Sous formes

de jouets, jeux vidéo, livres, vêtements et autres objets, ces produits dérivés sont à leur tour

une sorte d’extension du film concerné. Ceux-ci se sont imposés dès la sortie de Star Wars225,

trois ans après Les Dents de la mer. Dès lors, les produits dérivés ont pris une place de plus en

plus importante et suscitent aujourd’hui un réel engouement de la part du public. Lucas avait

vu juste en signant son contrat qui lui donnait 40% des résultats net du box-office et le rendait

propriétaire de tous les droits des produits dérivés226. La négociation s’est faite car personne

ne pensait vraiment que le film pouvait fonctionner. Les studios se sont bien trompés et

aujourd’hui encore, George Lucas gagne toujours des millions de dollars chaque année grâce

224 Tom Shone, Blockbuster, How the jaws and Jedi generation turned Hollywood into a boom-town, p. 28. 225 George Lucas, Star Wars, Episode IV : un nouvel espoir, 1977. 226 http://www.youtube.com/watch?v=dPJ2gQdKXqk. Consulté le 16 avril 2012.

Page 60: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

60

aux produits dérivés. Sur la seule année 2010, les figurines en plastiques ont rapporté 510

millions de dollars227. Il s’agit d’un succès phénoménal.

Les produits dérivés peuvent donc être une véritable source de profit pour peu que

l’univers soit assez riche pour en proposer. Il est ainsi courant de voir de nombreux de ces

produits accompagner les blockbusters. Associés à différents partenaires qui construisent ou

distribuent ces objets, il est facile de faire la promotion des films dans de nombreux magasins

tout autour du monde. La saga Cars en est un parfait exemple. En juin 2011, les produits

dérivés du film de Pixar mettant en scène les voitures parlantes avait déjà rapporté 10

milliards de dollars228 et ce, depuis 2006. Un très gros succès dû à la très grande variété de

produits dérivés créés pour l’occasion. Jouets, livres, jeux vidéo, posters, céréales, gâteaux,

vêtements et autres trottinettes sont disponibles dans de nombreux magasins, notamment des

grandes surfaces et sont, de ce fait, très visibles. Grâce à cela, la promotion du film est aidée

par les produits dérivés et inversement.

Cars ne représente cependant qu’une des différentes branches des Disney Consumer

Products composés de sept catégories : Cars, Disney Chanel, Disney Fairies, Disney

Princess, Mickey Mouse, Toy Story et Winnie the pooh. Disney touche ainsi à tous les publics

et plus particulièrement les différents enfants. Les plus petits sont intéressés par la collection à

l’effigie de Winnie L’ourson et les filles sont ravies de porter les robes des princesses Disney.

Les garçons, quant à eux, préfèrent jouer avec les voitures de Cars. Cars est d’ailleurs un très

gros succès et fait partie des jouets les plus demandés par les enfants comme le dévoilent

Disney Consumer Products et Disney Store dans le Most Wanted Holidays Toys de Noël

2011229 dont voici les cinq premiers :

• Animator's Collection Princess Toddler Dolls (Disney Store)

• AppMATes(TM) Mobile Application Toys (Spin Master)

• Cars 2 Bomb Blastin' Mater (Mattel)

• Cars 2 Remote Control Vehicles (Disney Store)

• Princess 5-in-1 Wardrobe Set (Disney Store)

227 George Szalai, « ‘Star Wars’ had record toy revenue for a non-movie year in 2010 », The Hollywood

Reporter. 4 février 2011. 228 Gary Foster, « Disney Consumer Products poised for incremental retail sales growth with new Disney baby

store & rich franchise investment », Business Wire. 9 juin 2011. 229 « Disney announces top ten “most wanted holidays toys“, Business Wire, 18 octobre 2011.

Page 61: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

61

Entre les indémodables princesses Disney figurant à la première et cinquième position,

se trouvent trois produits Cars. Tous sont des jouets à l’effigie des héros du film avec lesquels

il est possible d’interagir. Ainsi, avec les AppMATes230, il suffit de poser ses voitures sur sa

tablette iPad après avoir

téléchargé l’application

correspondant et ainsi

permettre aux enfants de

diriger les personnages

dans l’univers du film. Le

Bomb Blastin’ Mater 231

est aussi un véhicule mais

celui-ci a la particularité

de bouger les lèvres et les

yeux tout en parlant. Le Remote Control Vehicles 232 , pour sa part, est une voiture

télécommandée. Trois jouets qui se rapprochent fortement de leur version cinématographique

aussi bien au niveau de l’aspect que des possibilités. C’est probablement ce que recherchent

les enfants, revivre dans leur chambre ce qu’ils ont vécu au cinéma ou en vidéo.

Le premier point important est représenté par les personnages, toujours plus nombreux

suite après suite. En plus de Cars, Toy Story est le parfait exemple de cette méthode

mercantile cachée. Ainsi, dans leurs suites respectives, de nouveaux personnages sont

présentés, mention spéciale pour le troisième épisode des aventures de Woody le cowboy et

des nouvelles péripéties de Flash McQueen. Le nombre de personnages a décuplé. Dans Toy

Story 3, les quelques survivants des épisodes précédents se retrouvent ainsi dans une garderie

remplie de jouets et potentiellement nouveaux personnages tandis que Cars 2 amène le

spectateur aux quatre coins du globe lui faisant découvrir toutes sortes de nouveaux véhicules

vivants. La particularité de ces deux films est que les personnages sont facilement

reproductibles en figurines par leur apparence de jouets ou de voitures. Les enfants peuvent

posséder chez eux exactement les mêmes personnages que ceux présents dans les films

surtout pour Toy Story.

230 http://www.appmatestoys.com/. Consulté le 1er avril 2012. 231 http://shop.mattel.com/product/index.jsp?productId=11212941. Consulté le 1er avril 2012. 232 http://www.disneystore.co.uk/vehicles-rc-toys-toys-disney-pixar-cars-2-twin-remote-control-

cars/mp/37632/1000263/. Consulté le 1er Avril 2012.

Illustration 21 : un exemple de l'utilisation des Appmates.

Page 62: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

62

Illustration 22 : le jouet et le personnage du film sont exactement les mêmes.

Toy Story est le lien parfait entre le cinéma et les produits dérivés car les héros sont

des jouets. Parmi eux, des jouets déjà existants dont Monsieur Patate, Barbie ou encore le

téléphone parlant Fisher-Price. Mais les figurines mondialement connues doivent partager la

vedette avec de nombreux jouets conçus spécialement pour le film. Parmi eux, les deux

héros : Buzz L’Éclair et Woody le cowboy. Alors que ce dernier est un jouet en peluche

surmonté d’une tête en bois, le deuxième est une figurine articulée de nouvelle génération

avec tout un attirail de fonctionnalités dont des ailes rabattables et un rayon laser. Le film est

vite devenu une vitrine pour les enfants en créant des jouets de qualité. Buzz, par son côté

futuriste, est vanté dans une pub diffusée dans le film. Il est le jouet à posséder absolument,

celui-là même capable de rendre les autres jouets jaloux. Dans le deuxième volet, les

personnages à la recherche de Woody entrent dans un magasin de jouets et tombent dans un

rayon rempli de Buzz L’Éclair encore emballés. La chose est impressionnante d’autant plus

que le film se passe cinq ans après son prédécesseur. Buzz est toujours un incontournable

dans la réalité comme dans la fiction.

DreamWorks a fait de même en 1998 avec Small Soldiers233, film de guerre dont les

soldats sont des personnages en plastique. Ici, cependant, le film est une commande, celle de

de Hasbro qui a signé un contrat avec DreamWorks, Coca-Cola et Burger King234. Il s’agit

d’une alliance stratégique destinée à promouvoir les jouets alors en fabrication. Alors que

233 Joe Dante, Small Soldiers, 1998. 234 http://www.thefreelibrary.com/Burger+King+Corp.+Announces+Deal+With+DreamWorks.-a019863996.

Consulté le 18 avril 2012.

Page 63: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

63

Burger King a misé sur plusieurs millions de dollars afin de mettre les personnages dans ses

menus enfants, Joe Dante fait un film classé PG-13235 soit déconseillé à de jeunes enfants de

moins de 13 ans. Le public n’est évidemment pas le même et le réalisateur de Gremlins236 a

du retourner certaines scènes et en supprimer d’autres. Finalement, Burger King accepte le

classement et revoie sa gamme de jouets. Pourtant, le film a du mal à trouver sa place entre un

public d’enfants qui trouve le film trop violent et un public d’adultes qui le voit comme trop

enfantin237. Ce qui aurait pu devenir un gros coup marketing n’a été finalement qu’un échec

commercial. Alors que dans Toy Story, les jouets sont sympathiques, dans Small Soldiers, ils

se révèlent effrayant quand ils prennent la parole. La grosse campagne marketing destinée aux

enfants s’est finalement soldée par un échec. Les jouets ne correspondaient à aucune cible.

Pixar, pour sa part, présente ses produits dérivés en premier lieu dans ses films. Par

exemple, dans la publicité mettant en avant Buzz l’Éclair dans le premier épisode, on tombe

dans une mise en abîme dans laquelle les personnages, aussi bien que les spectateurs, voient

la même publicité. Quand cette « fausse » publicité fait prendre conscience à Buzz qu’il n’est

qu’un jouet parmi d’autres, son statut change, la faisant passer de héros de fiction à figurine

créé à la chaîne. L’effet est autre sur les humains, réels et fictifs, qui désirent posséder ce

jouet. Même les autres jouets sont jaloux des possibilités offertes par Buzz l’Éclair. Le

concept de produit dérivé est ici abordé avant d’être amplifié dans le deuxième volet quand

Woody fait une découverte existentielle à son tour. En effet, le cowboy a été le héros d’une

ancienne série télévisée en noir et blanc et découvre tout un tas de produits à son effigie. Pour

lui, être décliné en produits dérivés dont des yoyos, lampes et autres disques vinyles, est une

très bonne chose. Les produits dérivés sont la représentation d’une œuvre dont le succès est

ou a été présent. Ici, les produits dérivés de la série télé fictive Western Woody sont

l’équivalent des produits dérivés Toy Story qu’on fait passer pour des objets collectors.

Woody, à l’instar de Buzz, est à son tour en pleine crise existentielle et doit faire un choix. Le

premier est de rester dans un musée sous forme de produit rare destiné à être admiré par

plusieurs générations d’enfants qui se succèderont et ne pourront pas jouer avec lui. Le

second choix est de retourner chez son propriétaire, Andy, qui s’occupera de lui. Le musée

n’est pas sans rappeler le cinéma. Woody est en vitrine mais paraît inaccessible or, quand il

reprend, lui aussi, son statut de jouet pour enfant, il sort de la vitrine du musée et donc de

235 Wayne Friedman, « Burger King execs upset at ‘Soldiers’ PG-13 rating », Chicago Sun-Times. 14 juillet

1998. 236 Joe Dante, Gremlins, 1984. 237 Bill Krohn, Joe Dante et les Gremlins de Hollywood, p. 112.

Page 64: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

64

l’écran de cinéma pour être abordable et accessible au plus grand nombre. Toujours dans Toy

Story 2, les personnages principaux en mission rentrent dans un magasin de jouets dans lequel

se trouvent des rayons entiers de Buzz l’Éclair. Bien évidemment, après avoir vu le film, les

enfants voudront leur Buzz l’Éclair ou un autre personnage du film. Disney y a donc pensé et

propose à la vente tous les personnages du film. Il est également intéressant de noter que pour

le troisième épisode, de nombreux nouveaux jouets ont été créés et présentés au compte-

goutte de façon à les mettre en avant pendant plusieurs jours en attendant la présentation d’un

nouveau personnage. Cela a pour but de donner envie de voir le film mais aussi d’acheter ces

personnages. Cet aspect de produits dérivés est beaucoup moins présent dans les productions

DreamWorks en raison d’un manque de personnages en rapport. Il y a bien quelques uns de

ces produits cachés dans certaines scènes comme des peluches mais rien de réellement

concret.

Les enfants sont évidemment les premiers visés dans cette mise en place de produits

dérivés. Mais plus que les personnages, ce sont toutes sortes d’autres produits qui sont tirés de

film. Car Toy Story 3, en plus d’être un succès au box-office mondial avec plus de 1 milliards

de dollars238, a été encore plus lucratif au niveau de ses produits dérivés avec 2,4 milliards de

dollars générés239. Ceux-ci sont un moyen inestimable de gagner beaucoup d’argent. Cars en

est l’exemple le plus probant. Cars 2 est d’ailleurs soupçonné par certains journalistes d’avoir

été réalisé afin de proposer toujours plus de produits dérivés240. Il n’existe aucune réelle

réponse bien entendu cependant, la mise en forme du film peut laisser présager cela.

Premièrement, l’histoire se déroule dans plusieurs grandes villes mondiales et propose donc

de nombreux personnages en rapport à chaque pays avec leur propre style. Le côté film

d’espionnage fait ensuite également partie de cette méthode de merchandising. Ainsi, le

James Bond sur quatre roues possède de nombreuses modifications à son véhicule dont des

armes tout comme Martin qui hérite lui aussi d’un grand attirail durant son périple. Des jouets

tirent donc partie des spécificités propres à chaque personnage pour ainsi plaire aux enfants.

C’est donc tout un attirail de ces jouets qui sont disponibles et n’attendent qu’à trouver des

propriétaires.

238 http://boxofficemojo.com/movies/?id=toystory3.htm. Consulté le 3 février 2012. 239 Georg Szalai, « Disney was top licensor in 2010 with $28,6 billion in retail sales », The Hollywood

Reporter, 17 mai 2011. 240 Dawn C. Chmielewski, Rebecca Keegan, « Merchandise sales drive Pixar’s “Cars“ franchise. », Los

Angeles Times, 21 juin 2011.

Page 65: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

65

Pour qu’il existe des produits dérivés et afin de pouvoir les distribuer, il faut des

partenaires. C’est pourquoi, Disney-Pixar et DreamWorks signent de nombreux contrats avec

de grandes marques. Ils peuvent ainsi s’étendre sur tous les territoires et proposer des

dizaines, voire centaines, de produits à l’effigie de leurs personnages. Ainsi, DreamWorks et

Pixar signent fréquemment avec de grandes marques comme Burger King et Wal-Mart par

exemple. Il s’agit d’être présent dans la grande distribution et d’atteindre un maximum de

personnes dont un public familial en priorité. Cependant, Pixar dispose d’un certain avantage

face à son concurrent. En effet, les produits dérivés Pixar sont, grâce à Disney, présents dans

les nombreux Disney Store autour du monde et qui ne cessent de se multiplier. Ainsi, en

2012, de nouveaux Disney Store reprenant le design des Apple Store sortent dans douze

nouveaux pays dont un premier en Chine241. Il existe également de nombreux points de vente

dans de grandes villes mais également dans tous les parcs à thèmes Disney. Il devient donc

très facile de trouver des produits dérivés de la société sans compter les magasins des

nombreux partenaires dans le monde dont les marques Simba Toys242, Toys ‘R’ Us ou même

Fnac, Virgin et Carrefour pour la France243. DreamWorks, pour sa part, possède seulement

des points de vente dans les parcs Universal Studio présents uniquement en Asie et Amérique

du Nord et des magasins spécialisés également.

Le merchandising est donc un élément essentiel pour les studios mais Disney est celui

qui s’en sort le mieux avec un total de 28,6 milliards de dollars encaissés en 2010 pour tous

les Disney Consumer Product244 dont 2 milliards gagnés avec la franchise Cars245. La même

année, ce chiffre atteignait tout juste 3 milliards de dollars pour DreamWorks Animation246.

Ce dernier n’est en effet concentré que sur la production de films et doit se contenter de

s’associer à des partenaires pour proposer des produits là où Disney peut se distribuer lui-

même la majeure partie du temps. Par exemple, pour Gang de requins, DreamWorks s’est

associé avec Burger King afin de proposer dix jouets à l’effigie du film247. En 2004, c’étaient

plus de sept milles restaurants Burger King qui étaient présents aux États-Unis. Mais ce n’est

241 http://www.businesswire.com/news/home/20120117005339/en/Disney-Store-Expands-Newly-Designed-

Store-Concept-12. Consulté le 2 avril 2012. 242 http://www.business-standard.com/india/news/cars2-joy-ridesimba-toys/438902/. Consulté le 18 mars

2012. 243 Jason Wiels, « “Cars“ : les produits dérivés carburent au rayon jouet », La Tribune, 27 juillet 2011. 244 Op. cit., Georg Szalai, « Disney was top licensor in 2010 with $28,6 billion in retail sales », The Hollywood

Reporter, 17 mai 2011. 245 Georg Szalai, « Disney: ‘Cars‘ has crossed $8 billion in global retail sales », The Hollywood Reporter, 14

février 2011. 246 Op. cit., Georg Szalai, « Disney was top licensor in 2010 with $28,6 billion in retail sales », The Hollywood

Reporter, 17 mai 2011.

Page 66: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

66

pas tout, Coca-Cola, Pillsbury, Betty Crocker, Hewlett-Packard ou encore Krispy Kreme ont

également participé à la promotion du film248. Au final, les studios savent exactement

comment faire la promotion de leurs films mais Pixar dispose d’une longueur grâce à Disney

et son ancienneté qui lui a donné assez d’expérience et de temps pour être visible partout.

Entre parcs d’attractions, chaînes télévisées ou boutiques spécialisées, il est difficile de passer

à côté des nouvelles productions Pixar. DreamWorks Animation semble tout de même en

avoir conscience et décide à son tour de conquérir un territoire. Cela peut durer plusieurs

années mais l’objectif est en marche. Concernant l’utilisation des nouveaux médias

cependant, les deux studios sont à égalité. Internet et les nouveaux écrans étant des médias

modernes, chacun a pu prendre le train en marche afin de venir attirer de nouvelles tranches

d’âge. Point de différence donc si ce n’est qu’ils attirent de cette manière toujours plus de

monde.

247 Robert Marich, Marketing to moviegoers: a handbook of strategies and tactics, p. 107. 248 Ibid., p. 108.

Page 67: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

67

Conclusion

Le règne de Walt Disney semble bel et bien terminé, du moins en ce qui concerne sa

filiale Walt Disney Animation. Depuis le second Âge d’Or et son déclin, la Walt Disney

Company s’intéresse plus à sa domination mondiale grâce à de nombreux accords et achats.

Aujourd’hui, le marché de l’animation est occupé par de nombreux studios désireux d’obtenir

leur part de marché. Pixar et DreamWorks, les deux pionniers du film entièrement réalisé en

images de synthèse en sont la preuve. Chacun trouve son public en proposant des univers

totalement opposés et bien différents de ce que produisait Disney autrefois. Ils ont su évoluer

en quelques années seulement afin de correspondre à un public en pleine mutation dont les

habitudes ont évolué suite à l’arrivée, entre autres, d’internet. Pixar allie des univers originaux

dans des histoires tout aussi originales quand DreamWorks se situe davantage dans des

histoires plus classiques dont la particularité est l’humour décalé en contradiction totale avec

le côté plus lisse de Disney. Maintenant, c’est toute la définition d’un genre initié par Walt

Disney qui est remis en question. On y trouve des thèmes plus adultes et de plus grandes

réflexions sans oublier un humour plus présent oscillant entre parodie, pastiche et hommage.

Il n’est pas rare, en effet, de retrouver des références à de nombreux films ou même des

piques de DreamWorks envers Disney et Pixar. Pourtant, bien que figurant dans ce nouveau

registre, Pixar et DreamWorks se trouvent être très différents. Depuis presque 15 ans, ces

studios ont évolué, parfois muris jusqu’à trouver un style propre. Toutefois, DreamWorks

serait une sorte de chaînon manquant entre Pixar et Disney à cause de côté moins enfantin.

Pourtant, avant de devenir ce qu’ils sont aujourd’hui, les studios se sont cherchés et les films

similaires qu’ils ont proposé sont là pour le rappeler. Avant de se faire une place en misant sur

l’originalité, il faut s’assurer de bien lancer son studio. Ainsi, les films se ressemblaient dans

leur forme mais le fond était bien différent. Katzenberg, l’homme qui souhaitait contrer

Disney a du le copier avant de s’émanciper. Cependant, même si ce phénomène de faux

jumeaux n’est plus présent entre Pixar et DreamWorks, il n’a pas pour autant disparu et refait

quelquefois surface avec d’autres studios d’animation.

Au niveau de la promotion, les deux studios ont la même exigence : s’étendre le plus

possible dans le monde. Pixar, par l’intermédiaire de Disney bénéficie cependant d’un certain

avantage par rapport à DreamWorks, studio trop récent pour avoir pu s’implanter dans le

monde. Entre les parcs d’attraction ou les boutiques Disney Store, Disney est visible par des

Page 68: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

68

millions de personnes à travers le monde et ce, sur le long terme. De son côté, DreamWorks

doit proposer de nombreuses suites à ses films pour les faire durer et miser sur les acteurs

réputés qui prêtent leurs voix aux personnages principaux des films. Un autre avantage qui

entraine des revenus non négligeable pour Disney se trouve dans les produits dérivés

disponibles sur tous les fronts. Cars en est l’exemple le plus probant avec entres autres,

jouets, vêtements, livres, gâteaux, céréales, couverts, draps ou encore trottinettes à l’effigie du

film. La liste est bien plus longue et n’est pas sans rappeler George Lucas et sa saga Star

Wars, elle aussi dérivée en de multiples objets. Un point sur lequel les deux studios sont à

égalité se retrouve dans l’utilisation des nouveaux médias. Ainsi, internet et les écrans sur

lesquels il est disponible permettent à Pixar et DreamWorks de communiquer directement

avec le public de façon immédiate. Il en découle une interactivité et une estimation du degré

d’attente du public en fonction des retours plus ou moins favorables qu’ils renvoient. Chacun

a su s’approprier ce médium et mettre en avant les caractéristiques des nouveaux écrans

comme les tablettes tactiles ou smartphones pour promouvoir efficacement leurs films mais

aussi proposer aux spectateurs une nouvelle approche de ces mêmes long-métrages. Tout

semble aller pour le mieux pour ces deux studios qui ont su se démarquer en laissant le

concurrent exister. Cependant, l’avenir semble incertain pour DreamWorks Animation.

En effet, le studio est sur le point de ne plus avoir de distributeur en cette année 2012.

Tous les studios ont désormais leur studio d’animation, y compris la Paramount, et plus

personne n’a besoin de DreamWorks Animation. Le studio souhaiterait donc distribuer lui-

même ses films. Aucune décision n’est confirmée pour l’instant mais cette distribution serait

basée sur un envoie électronique des films directement dans les cinémas249. Sur les 39 000

écrans américains, environ 22 000 sont équipés numériquement et pourraient recevoir les

productions DreamWorks Animation. Fin 2012, les copies argentiques devraient n’être

présentes qu’à quelques 37% pour disparaître globalement en fin d’année 2015 selon le IHS

Screen Digest Cinema Intelligence Service250. Mais les États-Unis ne sont pas les seuls à

s’équiper numériquement. Ce changement rapide ne se fait cependant pas que de l’autre côté

de l’Atlantique et le reste du monde troque progressivement ses bobines contre des disques

durs. En France, par exemple, 73,7% des écrans étaient équipés pour la projection numérique

249 http://www.bloomberg.com/news/2011-09-28/dreamworks-animation-said-to-weigh-distribution-as-

paramount-accord-ends.html. Consulté le 1er mai 2012. 250 http://www.technewsdaily.com/3433-digital-movies-replace-film-2015-report-finds.html. Consulté le 1er

mai 2012.

Page 69: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

69

soit 4 105 écrans251. DreamWorks pourrait ainsi proposer ses films sur de nombreux écrans à

travers le monde. Cependant, si le studio échoue dans cette volonté d’indépendance totale, il

se pourrait qu’une autre entreprise s’occupe de cette distribution. L’accord le plus probable

mettrait en scène la Walt Disney Company qui ne cesse d’acquérir et de s’occuper de la

distribution de nouvelles entreprises. Après le rachat de Pixar Animation Studios en 2006 et

de Marvel Entertainment en 2009 sans oublier le contrat de distribution signer avec

DreamWorks SKG, l’hypothèse n’est pas à mettre de côté. La boucle serait alors bouclée.

Cependant, cet éventuel partenariat ne se ferait pas sans mal au vu des antécédents qui ont

opposé Jeffrey Katzenberg à Disney.

251 http://www.cnc.fr/web/fr. Baromètre trimestriel de l’extension du parc de salles numériques – mars 2012.

Consulté le 1er mai 2012.

Page 70: Pixar et DreamWorks : Une Guerre Animée

70

Annexe Annexe A : Graphiques

Annexe A.1 : Recettes mondiales et budgets de chaque studio252

Graphique 1 : Budgets et recettes mondiales du studio DreamWorks Animation en millions de dollars. (En bleu, les recettes, en rouge, les budgets).

252 Les chiffres proviennent des sites http://boxofficemojo.com/, http://www.the-numbers.com/ et

http://www.imdb.com/. Chiffres arrêtés au mois de mai 2012.

0  100  200  300  400  500  600  700  800  900  1000  

Millions  de  dollars  

DreamWorks  Animation  

0  200  400  600  800  1000  1200  

Millions  de  dollars  

Pixar  Animation  Studios  

Recettes  mondiales  

Budget  

Graphique 1 : Budgets et recettes mondiales du studio Pixar Animation en millions de dollars.

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71

Annexe A.2 : Recettes mondiales des films doublons

Graphique 3 : Recettes mondiales des films doublons dans le monde en millions de dollars.

0  

100  

200  

300  

400  

500  

600  

700  

800  

900  

1000  

1OO1  Pattes  VS  Fourmiz  

Gang  de  requins  VS  Le  Monde  de  Nemo  

The  Wild  VS  Madagascar  

Disney-­‐Pixar  

DreamWorks  

0  100  200  300  400  500  600  700  

Pocahontas  

Le  Bossu  de  Notre-­‐

Hercule  

Mulan  

Tarzan  

Dinosaure  

Kuzco,  l'Em

pereur  

Atlantide  l'Empire  

Peter  Pan  2  

Lilo  &  Stitch  

La  Planète  au  trésor  

Le  Livre  de  la  jungle  2  

La  Ferme  se  rebelle  

Chicken  Little  

Bienvenue  chez  les  

Volt  

Raiponce  

Winnie  l'ourson  

Millions  de  dollars  

Walt  Disney  Animation  Studios  

Recettes  Mondiales  

Budget  

Graphique 2 : Budgets et recettes des films Walt Disney Animation en millions de dollars.

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Annexe A.3 : Courbe d'évolution

Graphique 4 : Courbe d'évolution des trois branches qui composent la Walt Disney Company de 1988 à 1995 (en

millions de dollars).253 254 255

253 Helen Peck et al., Relationship Marketing: strategy and implementation, p. 443. 254 http://www.secinfo.com/dsvRs.bq.htm, p. 22. Consulté le 12 mars 2012. 255 http://corporate.disney.go.com/investors/annual_reports/1996/mgtanls.htm. Consulté le 12 mars 2012.

0  

200  

400  

600  

800  

1000  

1200  

1988   1989   1990   1991   1992   1993   1994   1995  

Walt  Disney  Studios  Entertainment  (^ilms)  

Disney  Consumer  Products  (produits  dérivés)  

Walt  Disney  Parks  and  Resorts  

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73

Annexe A.3 : Utilisation d’internet selon les âges256.

Graphique 5 : Comment les différentes classes d'âge utilisent internet.

256 http://www.ngonlinenews.com/news/blogging-not-for-the-young/. Consulté le 27 avril 2012.

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Annexe B : Tableau257

257 Les chiffres proviennent des sites http://boxofficemojo.com/, http://www.the-numbers.com/ et

http://www.imdb.com/. Chiffres arrêtés au mois de mai 2012.

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Filmographie258 1. Filmographie principale259 DreamWorks Animation Studios : Fourmiz Titre original : Antz Production : DreamWorks Animation, Pacific Data Images Réalisation : Eric Darnell, Tim Johnson Date de sortie : 2 octobre 1998 Durée : 83 min Voix originales260 : Woody Allen, Sharon Stone, Gene Hackman, Sylvester Stallone, Dan Aykroyd, Danny Glover, Jennifer Lopez, Christopher Walken Shrek Production : DreamWorks Animation, Pacific Data Images Réalisateurs : Andrew Adamson, Vicky Jenson Date de sortie : 22 avril 2001 Durée : 90 min Voix originales : Mike Myers, Cameron Diaz, Eddie Murphy, John Lithgow, Vincent Cassel Voix françaises : Alain Chabat, Vincent Cassel Shrek 2 Production : DreamWorks Animation, Pacific Data Images Réalisateurs : Andrew Adamson, Kelly Asbury, Conrad Vernon Date de sortie : 19 mai 2004 Durée : 89 min Voix originales : Mike Myers, Cameron Diaz, Eddie Murphy, Antonio Banderas, Julie Andrews, John Cleese, Rupert Everett, Jennifer Saunders Voix françaises : Alain Chabat Gang de requins Titre original : Shark Tale Production : DreamWorks Animation, Pacific Data Images Réalisateurs : Rob Letterman, Vicky Jenson, Bibo Bergeron Date de sortie : 1er octobre 2004 Durée : 86 min Voix originales : Will Smith, Jack Black, Robert De Niro, Renée Zellweger, Angelina Jolie, Martin Scorsese, Peter Falk Voix françaises : Eric Judor, Patrick Timsit, Ludivine Sagnier, Virginie Ledoyen, Jean Benguigui, Dany Boon, Ramzy Bedia 258 Tous les films sont classés suivant leur date de sortie nationale aux États-Unis. 259 Les films sont rangés par studios. 260 Les noms classés dans les voix originales et françaises, représentent les acteurs les plus connus et non tous

les doubleurs du film.

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Madagascar Production : DreamWorks Animation, Pacific Data Images Réalisateurs : Eric Darnell, Tom McGrath Date de sortie : 27 mai 2005 Durée : 86 min Voix originales : Ben Stiller, Chris Rock, Jada Pinkett Smith, David Schimmer, Sacha Baron Cohen Voix françaises : José Garcia, Anthony Kavanagh, Marina Foïs, Jean-Paul Rouve Kung Fu Panda Production : DreamWorks Animation, Pacific Data Images Réalisateurs : Mark Osborne et John Stevenson Date de sortie : 6 juin 2008 Durée : 92 min Voix originales : Jack Black, Angelina Jolie, Dustin Hoffman, Jackie Chan, Seth Rogen, Lucy Liu Voix françaises : Manu Payer, Marc Lavoine, Pierre Arditi, Marie Gillain, Tomer Sisley Kung Fu Panda 2 Production : DreamWorks Animation Réalisatrice : Jennifer Yuh Nelson Date de sortie : 26 mai 2010 Durée : 90 min Voix originales : Jack Black, Angelina Jolie, Dustin Hoffman, Gary Oldman, Jackie Chan, Seth Rogen, Lucy Liu, Jean-Claude Van Damme, Michelle Yeoh Voix françaises : Manu Payer, Pierre Arditi, Marie Gillain, Tomer Sisley Pixar Animation Studios : Toy Story Studio : Pixar Réalisation : John Lasseter Date de sortie : 22 novembre 1995 Durée : 77 min Voix originales : Tom Hanks, Tim Allen 1001 Pattes Titre original : A Bug’s life Studio : Pixar Réalisation : John Lasseter, Andrew Stanton Date de sortie : 27 novembre 1998 Durée : 95 min Voix originales : Kevin Spacey Toy Story 2 Studio : Pixar Réalisation : John Lasseter, Ash Brannon, Lee Unkrich Date de sortie : Durée : 92 min

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Voix originales : Tom Hanks, Tim Allen, Joan Cusack Le Monde de Nemo Titre original : Finding Nemo Production : Pixar Animation Studios, Walt Disney Pictures Réalisateurs : Andrew Stanton, Lee Unkrich Date de sortie : 30 mai 2003 Durée : 100 min Voix originales : Ellen DeGeneres, Willem Dafoe Voix françaises : Frank Dubosc, David Ginola, Samy Nacéri Cars : Quatre roues Titre original : Cars Production : Pixar Animation Studios, Walt Disney Pictures Réalisateurs : John Lasseter, Joe Ranft Date de sortie : 9 juin 2006 Durée : 116 min Voix originales : Owen Wilson, Paul Newman, Tony Shalhoub, Michael Keaton, Michael Schumacher Voix françaises : Guillaume Canet, Cécile de France, Samuel Le Bihan, Michael Schumacher Là-Haut Titre original : Up Production : Pixar Animation Studios, Walt Disney Pictures Réalisateur : Rob Peterson, Pete Docter Date de sortie : 29 mai 2009 Durée : 96 min Voix originales : Edward Asner, Christopher Plummer Voix françaises : Charles Aznavour Toy Story 3 Production : Pixar Animation Studios, Walt Disney Pictures Réalisateur : Lee Unkrich Date de sortie : 18 juin 2010 Durée : 103 min Voix originales : Tom Hanks, Tim Allen, Timothy Dalton, Whoopy Golberg, Michael Keaton Voix françaises : Benoît Magimel, Frédérique Bel Cars 2 Production : Pixar Animation Studios, Walt Disney Pictures Réalisateurs : John Lasseter, Brad Lewis Date de sortie : 24 juin 2006 Durée : 106 min Voix originales : Owen Wilson, Michael Caine, Tony Shalhoub, Bruce Campbell, Lewis Hamilton Voix françaises : Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Mélanie Doutey, Lambert Wilson, Cécile de France, Jacques Villeneuve, Sophia Loren

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Walt Disney Animation Studios : The Wild Production : C.O.R.E. Feature Animation, Walt Disney Pictures Réalisateur : Steve Williams Date de sortie : 14 avril 2006 Durée : 86 min Voix originales : Kiefer Sutherland, James Belushi Voix françaises : Didier Gustin

2. Filmographie secondaire 1938, Blanche-Neige et les sept nains, David Hand.

1940, Pinocchio, Hamilton Luske et Ben Shaprsteen.

1942, Bambi, Walt Disney et David Hand.

1947, Dumbo, Walt Disney et Ben Sharpsteen.

1951, Alice au pays des merveilles, Hamilton Luske, Wilfred Jackson et Clyde Geromini.

1959, La Belle au bois dormant, Wolfgang Reitherman, Eric Larson et Clyde Geromini.

1961, Les 101 Dalmatiens, Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wolfgang Reitherman

1964, Mary Poppins, Robert Stevenson.

1968, 2001 : l’odyssée de l’espace, Stanley Kubrick.

1972, Le Parrain, Francis Ford Coppola,.

1975, Les Dents de la mer, Steven Spielberg.

1977, Star Wars, Episode IV : un nouvel espoir, George Lucas.

1980, Star Wars, Episode V : l’Empire contre-attaque, Irvin Keshner.

1980, Shining, Stanley Kubrick.

1982, Star Trek II : la colère de Kahn, Nicholas Meyer.

1982, Les Aventuriers de l’arche perdue, Steven Spielberg.

1984, Gremlins, Joe Dante.

1986, Basil, détective privé, Don Clements, Burny Mattinson et David Michener.

1990, La Petite Sirène, John Musker et Ron Clements.

1991, La Belle et la Bête, Gary Trousdale et Kirk Wise.

1992, Aladdin, John Musker et Ron Clements.

1993, La Liste de Schindler, Steven Spielberg.

1993, Jurassic Park, Steven Spielberg.

1994, Le Roi Lion, Roger Allers et Rob Minkoff.

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1995, Toy Story, John Lasseter.

1995, Pocahontas, une légende indienne, Mike Gabriel et Eric Goldberg.

1996, Mission Impossible, Brian De Palma.

1996, Le Bossu de Notre-Dame, Gary Trousdale et Kirk Wise.

1997, Hercule, John Musker et Ron Clements.

1998, Il faut sauver le soldat Ryan, Steven Spielberg.

1998, Small Soldiers, Joe Dante.

1999, Matrix, Larry Wachowski et Andy Wachowski.

2000, Gladiator, Ridley Scott.

2001, L'Âge de glace, Chris Wedge et Carlos Saldanha.

2001, Monstres & Cie, Pete Docter.

2001, Le Seigneur des anneaux, Peter Jackson.

2002, Spider-Man, Sam Raimi.

2004, Les Indestructibles, Brad Bird.

2005, Les Rebelles de la forêt, Jill Culton, Anthony Stacchi et Roger Allers.

2005, Nos voisins, les hommes, Tim Johnson et Karey Kirpatrick.

2006, Lucas, fourmi malgré lui, John A. Davis.

2007, Bee Movie : drôle d’abeille, Simon J. Smith et Steve Hickner.

2007, Les Rois de la glisse, Ash Brannon et Chris Buck.

2007, Shrek le Troisième, Chris Miller et Raman Hui.

2007, Ratatouille, Brad Bird.

2008, Madagascar 2 : la grand évasion, Eric Darnell et Tom McGrath.

2008, WALL-E, Andrew Stanton.

2009, Avatar, James Cameron.

2010, Waking Sleeping Beauty, Don Hahn.

2010, The Expendables, Sylvester Stallone.

2010, Raiponce, Byron Howard et Nathan Greno.

2011, Rango, Gore Verbinski.

2011, Rio, Carlos Saldanha.

2011, Dragons, Dean DeBlois et Chris Sanders.

2011, Harry Potter et les reliques de la mort – partie 2, David Yates.

2011, Transformers 3 : la face cachée de la lune, Michael Bay.

2011, Le Chat Potté, Chris Miller.

2012, Madagascar 3 : bons baisers d’Europe, Eric Darnell et Conrad Vernon.

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2012, Rebelle, Mark Andrews et Brenda Chapman.

2012, Les Cinq légendes, Peter Ramsey et William Joyce.

2013, Monsters University, Dan Scalon.

2013, Dragons 2, Dean Deblois.

2014, The Good Dinosaur, Bob Peterson.

2015, Untitled film that takes you inside the mind, Pete Docter.

3. Courts métrages 1984, Les Aventures d’André & Wally B, John Lasseter.

1986, Luxo Jr., John Lasseter.

1988, Tin Toy, John Lasseter.

4. Moyens métrages 2007, Joyeux Noël Shrek !, Gary Trousdale.

2008, Kung Fu Panda : le secret des cinq cyclones, Raman Hui.

2009, Joyeux Noël Madagascar, David Soren.

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