Piste 1 - L’Epopée de Gilgamesh : présentation...

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Piste 1 - L’Epopée de Gilgamesh : présentation Objectifs et démarches L’épopée de Gilgamesh sera d’abord lue ou/et racontée par l’enseignant à la classe. Le récit complet étant assez long, il peut aménager des moments réguliers consacrés à cette narration sur une durée importante. Mais le récit peut traiter certains épisodes de façon elliptique ou les résumer très brièvement. A chaque reprise, les enfants se remémorent ensemble le fil de la narration et les enjeux du récit, avant d’entamer la suite. Cela permet notamment de réactiver le vocabulaire appris et de réinvestir les notions. Des extraits peuvent être lus et étudiés par les élèves en lecture suivie. Les enfants s’approprient progressivement le récit, et plus particulièrement quelques passages, tels que ceux évoqués dans les documents (Humbaba, le Taureau et le Déluge). La rencontre de Gilgamesh et de Enkidu, leur combat suivi de leur amitié indéfectible, la mort d’Enkidu et un épisode conclusif complèteront le récit pour composer un ensemble cohérent. Toutes les activités proposées sont des exercices préparatoires à la réalisation du spectacle de kamishibaï ou des activités qui peuvent être réalisées de façon autonome. Activités Doc 1 : Observer une tablette cunéiforme a- De quand ce document date-t-il ? b- Sur quel support cette épopée a-t-elle été écrite tout d’abord ? Est-ce du papier, du bois, de l’argile ? c- Quel type de traces observe-t-on sur le support ? Que peut-on utiliser pour réaliser ces marques ? d- L’écriture employée est-elle la même que celle utilisée aujourd’hui ? Cela semble-t-il facile de lire cette écriture ? Réaliser une tablette en argile et dessiner des pictogrammes: Distribuer une quantité d’argile d’environ 200 grammes à chaque élève. Leur faire réaliser une boule bien ronde en leur faisant rouler la matière entre la paume des deux mains, puis aplatir la boule en la tapant d’un coup avec le plat de la main afin de lui donner la forme d’une galette ovale. Donner ensuite à chacun un bâton fin dont le bout ne sera pas aiguisé en forme de pointe, mais de triangle ou de clou. Après avoir tracé une ligne verticale, représenter dans les cases une silhouette d’homme et une tête d’animal avec des cornes. Eléments d’analyse Doc 1 : Le Rêve de Gilgamesh tablette Tablette de l’épopée de Gilgamesh (British Museum) K 8517 British Museum, Londres © The Trustees of The British Museum, London Cette tablette date du XIIIe siècle av. J.-C. Elle a été retrouvée dans les ruines du palais royal de la capitale hittite Hattusa, à 150 km d’Ankara, en Turquie. La face antérieure retrace deux des songes inquiétants qui annoncent à Gilgamesh les dangers qui l’attendent dans la forêt des Cèdres. Sur la face postérieure, un autre épisode est évoqué : Gilgamesh et Enkidu abattent le « taureau céleste » que la déesse Ishtar a envoyé contre le roi d’Uruk.

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Piste 1 - L’Epopée de Gilgamesh : présentation Objectifs et démarches L’épopée de Gilgamesh sera d’abord lue ou/et racontée par l’enseignant à la classe. Le récit complet étant assez long, il peut aménager des moments réguliers consacrés à cette narration sur une durée importante. Mais le récit peut traiter certains épisodes de façon elliptique ou les résumer très brièvement. A chaque reprise, les enfants se remémorent ensemble le fil de la narration et les enjeux du récit, avant d’entamer la suite. Cela permet notamment de réactiver le vocabulaire appris et de réinvestir les notions. Des extraits peuvent être lus et étudiés par les élèves en lecture suivie. Les enfants s’approprient progressivement le récit, et plus particulièrement quelques passages, tels que ceux évoqués dans les documents (Humbaba, le Taureau et le Déluge). La rencontre de Gilgamesh et de Enkidu, leur combat suivi de leur amitié indéfectible, la mort d’Enkidu et un épisode conclusif complèteront le récit pour composer un ensemble cohérent. Toutes les activités proposées sont des exercices préparatoires à la réalisation du spectacle de kamishibaï ou des activités qui peuvent être réalisées de façon autonome. Activités Doc 1 : Observer une tablette cunéiforme a- De quand ce document date-t-il ? b- Sur quel support cette épopée a-t-elle été écrite tout d’abord ? Est-ce du papier, du bois, de l’argile ? c- Quel type de traces observe-t-on sur le support ? Que peut-on utiliser pour réaliser ces marques ? d- L’écriture employée est-elle la même que celle utilisée aujourd’hui ? Cela semble-t-il facile de lire cette écriture ? Réaliser une tablette en argile et dessiner des pictogrammes: Distribuer une quantité d’argile d’environ 200 grammes à chaque élève. Leur faire réaliser une boule bien ronde en leur faisant rouler la matière entre la paume des deux mains, puis aplatir la boule en la tapant d’un coup avec le plat de la main afin de lui donner la forme d’une galette ovale. Donner ensuite à chacun un bâton fin dont le bout ne sera pas aiguisé en forme de pointe, mais de triangle ou de clou. Après avoir tracé une ligne verticale, représenter dans les cases une silhouette d’homme et une tête d’animal avec des cornes. Eléments d’analyse Doc 1 : Le Rêve de Gilgamesh tablette Tablette de l’épopée de Gilgamesh (British Museum) K 8517 British Museum, Londres © The Trustees of The British Museum, London Cette tablette date du XIIIe siècle av. J.-C. Elle a été retrouvée dans les ruines du palais royal de la capitale hittite Hattusa, à 150 km d’Ankara, en Turquie. La face antérieure retrace deux des songes inquiétants qui annoncent à Gilgamesh les dangers qui l’attendent dans la forêt des Cèdres. Sur la face postérieure, un autre épisode est évoqué : Gilgamesh et Enkidu abattent le « taureau céleste » que la déesse Ishtar a envoyé contre le roi d’Uruk.

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La composition de l’épopée de Gilgamesh Jean Bottéro dit de l’Epopée de Gilgamesh qu’elle est « un de ces monuments mutilés, que les fouilleurs ont débarrassés de leur pesant linceul de terre et dont ils tombent amoureux, tant leur galbe brisé est, à la fois, séduisant par soi-même et porteur de beaux rêves par ce qu’il laisse deviner de leur magnificence première ». Ce long poème a été écrit en Babylonie, au sud de la Mésopotamie, vers la fin du IIIe millénaire, bien avant l’Iliade ou le Mahâbhârata. Les plus anciennes tablettes relatant l’épopée ont été écrites en sumérien et en akkadien, mais nous n’en avons plus que des lambeaux. Vers 1600 avant JC, à partir des bribes réparties en morceaux épars sur des tablettes d’argile, un auteur inconnu aurait voulu constituer un récit unique et de longue portée. Il aurait rassemblé les fragments et composé l’épopée que nous connaissons. Cette version aurait largement circulé dans le Proche-Orient, traduite notamment en hurrite et en hittite. Une version assez complète de l’épopée a été retrouvée à Ninive, dans la bibliothèque du roi Assurbanipal (668-627). Cette version « ninivite » est la plus opulente et la plus continue, car des trois mille vers que comptait l’épopée, il en reste les deux tiers. Il a fallu attendre le XIXe siècle pour que les Assyriologues déchiffrent l’écriture cunéiforme et puissent commencer à recomposer une large portion du puzzle de ce chef-d’œuvre. Cependant, le texte demeure non seulement mutilé et lacunaire, mais il est composé de documents hétéroclites. Aussi, si l’on prétendait en livrer une version authentique, elle serait à la fois très incertaine et bien opaque pour le lecteur d’aujourd’hui. Les extraits présentés ici ne sont que des adaptations. Un certain Gilgamesh aurait bien existé. Il était roi d’Uruk aux alentours de 2650 avant JC, d’après la Liste sumérienne des rois. Uruk était une Cité-Etat dont les ruines (appelées aujourd’hui Warka) sont situées entre Bagdad et Bassorah. Dans cette Liste, le nom de Gilgamesh est marqué d’un signe cunéiforme qui désigne les divinités. Les Grecs ont fait de ces intermédiaires entre hommes et dieux des héros. Pour les Mésopotamiens, cet état de sur-humanité en fait un homme extraordinaire, un conquérant glorieux au destin exceptionnel, mais un homme qui reste confronté à la mort, malgré sa nature en partie divine.

L’importance de l’épopée de Gilgamesh L’épopée de Gilgamesh est un long poème narratif qui décrit les aventures d’un héros, Gilgamesh, marqué par la démesure, l’hyperbole. Le merveilleux ne cesse d’intervenir pour amplifier ses actions. Des figures surnaturelles, représentées dans le récit par les dieux, participent aux péripéties. Mais le conflit qui habite le personnage principal est avant tout de nature métaphysique. En arrière-plan, le peuple joue un rôle : tantôt il souffre, tantôt il applaudit, mais son regard sur Gilgamesh lui confère sa dimension de héros exceptionnel en même temps que sa stature de souverain incontesté. L’Epopée de Gilgamesh est-elle un mythe ? Pas vraiment, puisqu’elle n’entend pas, à l’exception du passage sur le déluge, nous proposer une explication du monde. Son héros n’est pas un archétype qui fournirait une cause au caractère mortel des hommes. Gilgamesh n’est pas le premier des hommes, ni le plus grand. Et le plus intéressant, c’est que le héros, dans sa quête, échoue. Les errances de Gilgamesh nous ramènent « seulement » à la sagesse de Siduri. Comme nul ne peut échapper à la mort, autant penser à vivre. La dimension initiatique est un aspect auquel nos élèves seront particulièrement sensibles.

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L’Epopée de Gilgamesh est la plus ancienne légende transcrite par écrit. Les aventures, les personnages mais également la poésie de cet univers ont largement inspiré la postérité. Le long voyage d’Ulysse ne rappelle-t-il pas l’épopée de Gilgamesh ? L’amitié d’Achille et de Patrocle, celle de Gilgamesh et Enkidu ? Les épreuves de Gilgamesh n’ont-elles pas quelque équivalent pour Heraklès ? Dans la Bible, ne rencontre-t-on pas Utanapishti et son arche ? Le serpent n’y a-t-il pas un rôle tout à fait crucial? Quant au séjour chez les morts, n’a-t-il pas inspiré toutes les cultures de l’Antiquité ? L’épopée de Gilgamesh est si riche qu’elle a servi de matrice à de nombreux textes. Les adaptations, les emprunts sont encore nombreux dans nos productions actuelles, car les questions soulevées demeurent essentielles.