Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

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  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

    1/11

     

    LA PHRASE « REVISITÉE »

     Pierre Le Goffic 

    Armand Colin | Le français aujourd'hui

    2005/1 - n°148

    pages 55 à 64

     

    ISSN 0184-7732

    Article disponible en ligne à l'adresse:

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2005-1-page-55.htm

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Le Goffic Pierre, « La phrase « revisitée » »,

    Le français aujourd'hui , 2005/1 n°148, p. 55-64. DOI : 10.3917/lfa.148.0055

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       D  o  c  u  m  e  n

       t   t   é   l   é  c

       h  a  r  g

       é   d  e  p  u

       i  s  w  w  w .  c

      a   i  r  n .   i

      n   f  o  -  -

      -   1   8   9

     .   2   1   7

     .   8   8

     .   2   2   1  -   0

       1   /   0   5   /   2   0   1   4   0   3   h   4   3

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    2/11

    I.A

    PHRASE

    (

    REVISITÉE

    ,

    Par

    Pierre

    LE

    GOFFIC

    Université Paris 3

    UMR..LATTICE"CNRS/ENS

    n

    Après tout, c'est

    ainsi

    que

    nous

    communiquons,

    par

    des

    phrases,

    même tronquées,

    embryonnaires,

    incomplètes,

    mais

    toujours

    par des

    phrases

    ,.

    É,.

    Benveniste, Probllmes dz

    ling.istique gênhalz

    C'est le

    tour

    de

    la

    notion

    de

    n

    phrase

    o,

    depuis quelques

    années,

    d'être

    re-

    mise

    en

    question,

    u

    revisitée

    o,

    en

    particulier

    par

    des

    chercheurs

    travaillant

    sur

    l'oral

    et/ou

    dans

    une

    perspective

    textuelle,

    et

    qui

    n'admettent

    pas

    la

    boutade

    de

    Benveniste rapportée

    ci-dessus.

    I.a

    phrase

    peut-elle

    garder

    sa

    position

    de

    clé de

    voute

    de

    l'édifice

    de

    la

    linguistique

    ?

    Permet-elle une ar-

    ticulation avec des

    approches

    se

    définissant

    en

    termes cognitifs

    ?

    Certains

    cherchent à élaborer des

    propositions

    alternatives

    -

    mais la tâche

    est ardue.

    Curieux trajet,

    à

    vrai

    dire,

    que celui

    de

    la

    notion

    de phrase :

    tard venue

    dans

    la

    réflexion

    sur

    le langage

    (au

    XVIII'siècle,

    alors que

    le

    mot

    de

    phrase

    désignait

    jusque-là

    ce

    que nous appellerions

    un

    groupe

    ou un

    syntagme),

    mais avec un succès

    firlgurant qui

    fait

    d'elle

    le

    concept central,

    indiscutable

    et

    indiscuté,

    de

    la

    grammaire

    (d'une

    façon

    implicite

    ou théorisée,

    selon

    les

    cas), et

    maintenant

    tenue en suspicion

    par certains, parfois

    même piétinée.

    On

    tentera

    ici

    de

    donner une

    rapide

    vue

    d'ensemble

    des

    problèmes

    en

    question,

    sans pour

    autant

    prétendre à une

    impossible neutralité de

    I'examen.

    ["a phrase n'est sans doute

    pas

    près

    d'être

    n

    déboulonnée

    u

    de

    son

    statut de

    concept central

    de

    la

    linguistique,

    mais elle pose

    de

    redoutables

    problèmes

    pour

    une

    approche

    et

    une

    problématisation

    adéquates.

    Comment

    résoudre, ou

    gérer,

    cette

    contradiction fondamentale:

    d'un

    côté

    la

    phrase

    est,

    par

    définition

    nécessaire, une

    structure

    autonome et

    complète

    ;

    de

    I'autre,

    elle

    doit

    impérativement

    se relier

    aux

    autres

    phrases

    pour tisser

    les liens

    d'un

    texte

    cohérent

    ? Ne

    pouvant

    abandonner

    ni l'un

    ni

    I'autre

    bout

    de la chaine,

    on

    doit donc

    chercher à travailler

    cette

    contra-

    diction,

    pour mieux

    la

    comprendre

    et la

    maitriser. Situation inconfortable

    sans

    doute, mais

    inéluctable

    -

    et

    stimulante.

    Qu'est-ce

    qu'une

    phrase

    ?

    Une chose

    en

    tout

    c:N est claire :

    on ne peut pas

    définir

    (d'une

    façon

    inté-

    ressante pour

    la théorie

    linguistique)

    la phrase par ses

    limites,

    c'est-à-dire

       D  o  c  u  m  e  n   t   t   é   l   é  c   h  a  r  g   é   d  e  p  u

       i  s  w  w  w .  c  a   i  r  n .   i  n   f  o  -  -

      -   1   8   9

     .   2   1   7 .   8

       8 .   2

       2   1  -   0   1   /   0   5   /   2   0   1   4   0

       3   h   4   3 .

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    3/11

    Le Français

    aujourd'hui

    n"

    148,

    Linguistique et

    étude de la

    langue

    par

    des marques

    de

    début et

    de

    fin

    clairement

    reconnaissables

    dans un

    texte,

    écrit

    ou

    oral

    -

    ce

    qui

    est assurément foft

    regremable

    À

    l'écrit,

    même

    si,

    dans

    une

    première approche

    informelle

    du

    texte,

    nous nous

    repérons

    tous en

    parlant

    de

    n

    phrase

    D

    par rapport

    au

    point,

    chacun sait

    bien

    que ce

    qui est

    situé

    entre

    deux

    points

    (ou

    une

    majuscule

    et

    un point)

    ne

    correspond

    pas

    toujours,

    loin

    s'en

    faut,

    à

    une unité

    syntaxique

    u

    phrase

    ,.

    Entre Paul

    a réussi etJean a échoué,

    on peur insérer

    sur le papier

    (en

    écrivant,

    ou

    rrouver,

    en lisant)

    une

    virgule,

    un point

    virgule,

    ou un point

    (et/ou

    un

    marqueur

    comme

    et)

    ;

    ces

    signes corres-

    pondent

    certes

    (concurremmenr

    avec

    l'intonation)

    à

    des

    mises

    en rapport

    différenciées

    des

    deux

    segmenrs,

    mais

    y

    a-t-il

    pour

    âutanr

    un

    nombre

    différent

    de

    u

    phrases

    )),

    en

    un

    sens

    de ce

    mor

    utilisable

    dans

    une

    théorie

    syntaxique

    ? La syntaxe est

    incapable

    de caractériser les

    différents

    produits

    résultants comme

    des

    entités

    syntaxiques

    distinctes dotées

    de

    strucrures

    syntaxiques

    différentes,

    elle

    analyse

    chacun

    de

    ces

    deux segments

    comme

    une

    phrase

    ;

    les

    différences

    induites

    par la

    ponctuation

    concerneronr

    la

    mise en relation

    de deux phrases

    (on

    pourra

    chercher

    à

    y

    voir

    la

    constitu-

    tion

    d'une

    unité

    d'un autre

    niveau),

    et non

    pas

    le

    fait

    de

    savoir

    ce qui est

    phrase.

    À I'oral,

    la recherche

    de

    phrases

    sur la

    base

    de

    marques

    formelles

    de

    début

    et

    de

    fin

    est encore plus

    incertaine

    :

    la

    structuration intonative

    (notam-

    ment le

    jeu

    des

    montées

    et

    des

    descentes de

    la

    voix)

    est

    difficile

    à mettre

    en

    correspondance

    avec

    des

    constituants

    moqphosyntaxiques

    et,

    d'une manière

    générale,

    elle

    est plus

    en

    rappoft

    avec

    la

    structure

    communicative

    ou infor-

    mative

    du

    message

    qu'avec

    sa

    structure syntaxique.

    On

    pourra

    très

    bien

    avoir

    une

    intonation

    montante

    (un

    intonème

    continuatifl

    sur

    un segmenr

    initial

    tel

    que

    II pleuuait,

    en

    raison

    de

    sa

    valeur thématique, par rapporr

    à

    une

    suite

    comme

    j'ai

    pris

    mon

    parapluie

    (avec

    intonème

    conclusif), bien

    que

    ce

    u

    thème

    >

    ne

    puisse

    s'analyser

    au

    plan

    syntaxique

    que

    comme

    une

    phrase complète.

    Si I'intonation

    traite

    de

    la

    même façon

    un

    u

    thème

    o,

    qu'il

    soit

    une

    phrase,

    un GN,

    ou

    tout

    autre

    chose, cerrains

    vont

    jusqu'à

    conclure

    que

    la

    notion

    syntaxique

    de

    phrase

    est non pertinente

    pour l'oral

    -

    ce

    qui

    est

    peut-être

    aller

    un

    peu

    vite

    en besogne.

    Si

    on

    ne

    peut définir

    la

    phrase

    u

    par

    les bords

    u,

    il faut

    chercher à la

    définir

    u

    par

    le

    centre

    >,

    c'est-à-dire par

    ses

    propriét&

    intrinsèques

    essentielles.

    L'histoire peut aider

    :

    le

    terme

    de

    phrase

    a

    dt

    sa forrune

    à ce

    qu'il

    réalise

    un

    compromis

    entre

    la

    n

    proposition

    ,

    de

    la

    logique et la

    u

    période

    o

    de

    la

    rhétorique :

    de

    la

    <

    proposition

    ,

    des

    logiciens,

    il retient

    I'idée

    d'une

    arti-

    culation

    cenûale entre

    un

    sujet

    et

    un

    prédicat,

    cimentée

    par

    un acte

    de

    l'énonciateur

    (tel

    que,

    prototypiquement,

    une

    asserrion)

    ;

    de

    la

    o

    période

    ,

    de

    la rhétorique,

    le

    terme

    retient

    l'extension

    au-delà

    d'une proposition

    unique,

    la

    possibilité

    d'une

    ceftaine

    multiplicité,

    pour

    auranr

    que celle-ci

    puisse

    se

    r6orber

    dans

    l'unité

    d'une

    strucrure

    matrice.

    D'oir la

    définition

    (qui

    concerne

    aussi

    bien

    I'oral

    que

    l'écrit)

    : la

    phrase

    est

    une

    proposition

    étendue le

    cas échéant

    à

    tout

    ce

    qu'elle englobe

    (par

    enchâssement)

    ou

    s'annexe

    (par

    ajout).

    Ou encore

    : la phrase

    est un

    fais-

    ceau

    de dépendances hiérarchisées,

    une strucrure syntaxique

    complète

    et

    56

       D  o  c  u  m  e  n   t   t   é   l   é  c   h  a  r  g   é   d  e  p  u

       i  s  w  w  w .  c  a   i  r  n .   i  n   f  o  -  -

      -   1   8   9

     .   2   1   7 .   8

       8 .   2

       2   1  -   0   1   /   0   5   /   2   0   1   4   0

       3   h   4   3 .

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  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

    4/11

    (

    La

    phrass

    "revisitée"

    n

    autonome,

    autour

    d'un

    cenrre

    de

    dépendance

    unique

    lié

    à

    un acre. La

    phrase

    est

    donc,

    inséparablement,

    une

    réalité

    à la fois syntaxique

    (prédica-

    tive)

    et énonciative.

    .

    La

    phrase

    comme

    prêdication:

    la phrase se

    consritue

    d'un

    (et

    aurour

    d'un)

    prédicat,

    rapporté

    à

    un

    terme

    dont

    la

    réalisation

    rype est

    celle

    de

    sujet

    ;

    c'est

    le

    domaine proprement rectionnel,

    comporrant

    des

    éléments

    (

    essentiels

    u

    (et

    qu'on

    peut figurer

    par

    exemple

    autour

    d'un

    verbe,

    en

    termes

    de valence

    à

    la Tesnière)

    et

    des éléments

    u

    accessoires

    ,

    intégrés.

    Comme

    dit

    Benveniste

    :

    n

    Les

    rypes

    de

    phrase

    qu'on

    pourrait

    distinguer se ramènent

    tous

    à un seul, la

    proposition

    prédicative,

    et il

    n'y

    a pas

    de phrase

    hors

    de la

    prédicatiott

    ,

    1i966,

    n.

    IZù.

    .

    La

    phrase comme

    acte

    d'énonciation;

    d'autre

    pan

    la

    phrase procède

    d'un acte

    du

    sujet énonciateur

    (les

    classiques

    l'ont bien

    marqué

    pour

    la

    n

    proposition

    n),

    que

    cet

    acte

    soit

    une

    assertion

    (comme

    dans

    la

    phrase

    type,

    celle

    qui

    énonce

    une

    (

    proposition

    r,

    c'est-à-dire

    un

    o

    jugement

    ,),

    une

    interrogation,

    ou

    une

    injonction

    (mais

    le

    para-

    digme

    est fort

    restreint).

    Ainsi

    abordée,

    la phrase ne

    se

    distingue

    pas de

    l'< énoncé

    ,

    : elle

    est

    non

    seulement une

    totaliré structurale

    (smtence

    en anglais), mais

    aussi

    un

    acte

    (statetnmt),

    énoncé

    unique

    inséparable

    de son énonciation.

    C'est dans

    I'alliance

    de

    la

    prédication

    et

    de

    l'énonciation

    que réside le

    saut qualitatif

    qui

    marque

    la

    rupture avec les

    unités inférieures

    à la phrase,

    et

    qui

    donne

    à

    celle-ci son statut

    spécifique.

    C'est par là également

    qu'on peut

    répondre

    à la

    question

    classique :

    u

    l,a

    phrase

    appartient-elle

    à

    la langue

    ou

    au

    discours ?

    o.

    Pour

    Saussure,

    on

    le

    sait,

    la

    phrase

    appartient

    à

    la

    parole

    (assimilable

    au

    discours),

    pour

    une

    raison

    simple: la

    langue

    est

    faire

    d'éléments

    minimaux

    et

    de

    latitudes

    d'associations,

    mais

    les associations

    elles-mêmes,

    synragmes

    ou phrases,

    sont

    des

    réalisations

    contingentes,

    des

    faits

    de parole

    er

    non

    de

    langue.

    Pour

    Chomsky,

    en revanche,

    la phrase

    appartient

    à

    la

    u

    compétence

    o

    (version

    chomskyenne

    de

    la

    n

    langue

    o)

    : toutes les

    règles

    de

    la

    grammaire

    pârtent

    de

    la

    phrase, clé

    de

    voute

    de

    l'édifice

    syntaxique

    ;

    la grammaire

    est

    l'ensemble

    des

    règles

    qui permettent

    de

    former

    une

    phrase.

    Qui

    a raison

    ? Les

    deux Car

    I'un

    et

    l'autre

    disent

    la

    même

    chose,

    mais de

    deux façons

    différentes,

    en

    désignant

    le même objet

    de

    deux

    points

    de vue

    opposâ

    mais

    complémentaires:

    Saussure

    et Chomsky

    sont

    d'accord

    pour

    reconnaitre

    que la phrase

    est l'horizon

    limite

    de la

    langue, mais

    I'un voit

    cette

    limite

    comme

    extérieure

    (Saussure),

    l'aurre comme

    intérieure

    (Chomsky).

    Vue

    côté

    langue,

    la

    phrase est

    le

    produit des

    règles

    ;

    vue côté

    discours, la

    phrase

    est

    un

    acte

    énonciatif

    individuel et

    unique.

    Aurrement

    dit,

    la

    phrase

    appartient

    à la fois

    à la langue et

    au discours, en

    ranr qu'elle

    est

    le point

    de

    passage

    entre les

    deu.

    La

    phrase est

    une

    unité

    charnière,

    enrre

    langue

    et

    discours, sorte

    de miroir-à-passer-au-travers,

    de passe-muraille,

    qui

    met

    en

    communication

    des mondes incommensurables,

    c'esr le

    n

    format

    de

    sonie

    n

    pour

    l'énonciateur

    locuteur,

    le

    o

    format

    d'entrée

    D

    pour le

    co-énonciateur

    récepteur.

    C'est

    ce que

    dit

    en réalité Benveniste,

    qui cenes

    affirme

    que

    u

    la

    phrase

    est

    l'unité

    du

    discours

    >,

    mais

    explicite

    son

    starur

    d'unité

    de passage

    :

    57

       D  o  c  u  m  e  n   t   t   é   l   é  c   h  a  r  g   é   d  e  p  u

       i  s  w  w  w .  c  a   i  r  n .   i  n   f  o  -  -

      -   1   8   9

     .   2   1   7 .   8

       8 .   2

       2   1  -   0   1   /   0   5   /   2   0   1   4   0

       3   h   4   3 .

       ©

       A  r  m  a  n   d   C  o   l   i  n

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    C

    n

  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

    5/11

    Le

    Français auiourd'hui

    no

    1a8, Linguistique et

    étude

    de la langue

    n

    Avec

    la

    phrase on

    quitte

    le

    domaine

    de

    la

    langue

    comme domaine

    de

    signes,

    et

    I'on

    entre

    dans

    un

    autre univers,

    celui de

    la langue comme

    instru-

    ment

    de

    communication, dont

    l'expression

    est

    le discours

    ,

    (1974,

    p.

    130).

    Une alternative

    à

    la phrase ?

    Cette

    mise en

    place

    de

    la phrase,

    si

    justifiée

    soit-elle

    en

    elle-même,

    n'empêche

    pas les

    difficultés

    de

    se multiplier,

    quand

    il

    s'agit de

    cerner la

    phrase dans

    le

    concret

    des

    textes. Il

    convient

    de

    rappeler

    (en

    espérant

    leur

    rendre

    justice

    malgré

    la

    brièveté

    de

    I'exposé), quelques-unes

    des principales

    propositions qui,

    à

    partir

    de

    ces

    difficultés,

    visent

    à

    dépasser

    ou

    à

    remplacer

    la

    phrase

    comme

    cadre

    théorique. Nous

    en

    citerons trois.

    C.

    Blanche-Benveniste,

    analysantle français

    parlé

    (1990,

    1997),

    cherche

    à

    dégager,

    à

    côté des

    énoncés

    autonomes

    minimaux

    (ou

    o

    noyaux

    ,)

    -

    c'est-

    à-dire

    assimilables

    en

    dernière

    analyse

    à

    des

    phrases, verbales

    ou

    non

    verbales

    -,

    un

    domaine

    oir

    une

    relation

    de dépendance

    ou

    d'interdépen-

    dance

    s'exerce

    entre deux

    segments

    (a

    et

    b),

    bien qu'il

    n'existe entre

    etu(

    âucune

    relation

    de

    type

    rectionnel

    (C.

    Blanche-Benveniste,

    1990,

    p.

    113).

    Dans

    ce domaine, appelé

    (

    macrosyntaxe

    o (et

    oir

    on

    reconnait

    des

    relations

    connues sous

    le nom

    de

    relations

    paratactiques),

    C.

    Blanche-

    Benveniste

    distingue

    (op.

    cit.,

    p.

    II8-157)

    .

    des

    u

    noyaux

    complexes

    n,

    formés

    de

    detx

    noyaux dont

    le

    premier

    appel-

    le l'autre,

    du

    type

    :

    Plus il mange

    plus

    il

    grossit.

    Telpère

    telfk.

    Tantôt

    il

    pteure

    tantôt

    il

    rit.

    Les ans

    se

    pkignaient

    les

    aunes

    s'm

    rnoquaient.

    .

    des

    u

    regroupements

    ,

    formés d'un

    noyau

    et

    d'un

    n

    affixe

    u,

    I'affixe pou-

    vant être

    -

    préfixe

    : il

    a

    eu beau

    faire,

    .

    .

    .

    -

    suffixe

    : ...,

    car P

    elle

    auait

    perdu

    son

    père

    elle éuit mfant

    -postfixe

    :...,

    dit-il.

    C. Blanche-Benveniste

    mentionne

    encore,

    comme cas particuliers

    de

    macrosyntaxe:

    .

    les

    n

    parenthèses

    r,

    une

    parenthèse

    étant une

    u

    construction verbale

    noyau

    [...]

    qui

    interrompt

    le

    déroulement

    d'une

    autre

    construction

    verbale

    ,,

    (ibid.,

    p.

    147), comme dans

    pour

    lz mommt

    je

    toucbe

    du

    bois

    ça

    a I'air d'aller

    .

    les

    <

    projections

    ,

    comme dans

    :

    tu

    as gagné

    une

    fois

    moi troi"s

    fois.

    l,a

    recherche de C.

    Blanche-Benveniste

    attire l'aftention de

    manière

    pertinente

    sur

    des

    phénomènes difficiles

    à traiter

    en termes de phrase.

    Elle

    apporte à

    la

    théorie de

    la

    phrase des

    compléments, peut-être

    davantage

    qu'une

    remise

    en cause

    fondamentale.

    lJne autre proposition

    émane

    de

    M.-A. Morel et

    L.

    Danon-Boileau

    (1998),

    qui

    prennent

    comme

    point

    de dépan

    I'analyse de

    l'oral.

    Tenant

    58

       D  o  c  u  m  e  n   t   t   é   l   é  c   h  a  r  g   é   d  e  p  u

       i  s  w  w  w .  c  a   i  r  n .   i  n   f  o  -  -

      -   1   8   9

     .   2   1   7 .   8

       8 .   2

       2   1  -   0   1   /   0   5   /   2   0   1   4   0

       3   h   4   3 .

       ©

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    C

    n

  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

    6/11

    (

    La

    phrase

    "revishée'r

    pour

    acquise

    l'inadéquation

    de la phrase

    pour

    une

    description

    de

    l'oral,

    ils

    proposent, comme

    unité pertinente

    d'analyse de

    I'oral,

    sur la base

    d'indices

    suprasegmentaux,

    le

    u

    paragraphe

    D

    ;

    un

    paragraphe

    oral

    s'analyse,

    sur la

    base

    de

    marqueurs

    segmentaux

    (lexicaux

    et

    morphosyntaxiques),

    en

    n

    préambule

    ,

    /

    u

    rhème

    >

    /

    <

    postrhème

    ,.

    Ainsi

    (op.

    cit.,

    p.22)

    :

    On

    remarquera ici

    immédiatement

    que

    le syntacticien

    ne peut pas

    suivre M.-A. Morel

    et L.

    Danon-Boileau

    : quelle

    que puisse

    être

    la

    peni-

    nence

    de I'analyse opérée, il

    est

    clair qu'elle se situe

    à

    un niveau

    qui

    n'est

    pas celui

    de

    la syntaxe

    proprement

    dite

    (c'est-à-dire

    de

    la

    syntaxe de la

    phrase). L'analyse

    peut s'ajouter

    à

    une

    analyse

    syntaxique

    menée dans le

    cadre

    de la phrase, mais

    elle ne

    saurait

    la

    remplacer.

    Et les structures

    prédi-

    catives

    et énonciatives

    restent clairement idendfiables

    dans

    les

    exemples

    avancés.

    A.

    Berrendonner,

    pour sa

    part, voulant

    substituer

    à la

    phrase

    u

    un

    remplaçant

    plus

    opératoire

    o

    (1990,

    p.25),

    fait

    u

    I'hypothèse

    qu'il

    existe

    un

    niveau

    auquel la chaine

    parlée

    s'articule

    en

    unités

    minimales

    à fonction

    communicative

    ,,

    qu'il appelle

    u

    clauses

    ou énonciations

    ,

    (op.

    cit.,

    p.26),

    sans

    les

    définir

    par rapport

    à

    la prédication ou

    à

    une

    modalité d'énoncia-

    tion

    (et

    dont il signale

    sans le développer

    qu'elles

    peuvent

    s'intégrer

    à des

    unités

    de

    rang supérieur,

    nommées

    n

    périodes

    ,r,

    ibid.,,p.27).1,a

    clause

    ou

    énonciation est

    ainsi

    la

    n

    plus petite

    unité

    délimitée

    par

    un passage en

    mémoire

    discursive

    n,

    selon la formulation

    d'E. Roulet

    (200L,

    p.65), ce

    passage

    étant

    caractérisé

    par

    rapport

    aux

    possibilités

    d'anaphore.

    A. Berrendonner

    considère

    (ibid.,

    p.30-32)

    qu'il y a une clause

    ou énon-

    ciation

    en

    propre

    dans des

    structures telles que

    :

    .

    les

    relatives

    appositives :

    Sauoir

    plusieurs

    langu.es

    est

    une cltance.

    Sartoû

    poar

    nous, Suisses, où

    quane

    langu.es

    se côtoient,

    A.

    Berrendonner

    s'appuie sur le

    fait que

    dans

    les

    relatives appositives, il

    peut

    se

    faire que le relatif

    n

    loin

    de réitérer

    un SN

    antécédenr

    et

    de

    s'accorder avec lui,

    [...i

    pointe sur

    un objet implicite

    construit

    par

    inférence

    ,

    (1990,

    p.33),

    comme

    c'est le

    cas

    dans

    I'exemple

    cité.

    .

    les

    constructions participiales

    détachées

    :

    En

    me promenant

    hier soir

    /

    y auait une

    grmouille

    dans

    lc

    champ.

    .

    ou

    même

    des GN

    proleptiques

    (disloqués

    à gauche)

    :

    Ah

    bm k Seine euh

    les

    quais

    les

    quais maintmant

    sont canalisés

    aoas sauez.

    59

    préambule

    rhème

    postrhème

    mnis c'est bon

    elle

    est

    décapotable

    la bagnole

    lui

    il était

    petit

    le

    grand-père

    hein

    moi

    j'aimcrai

    vraiment

    pas

    être

    une

    fille

    qui a la cæurfermé

    qui

    pense pas

    à

    donner

    des

    cadeatu.

    aw autres

       D  o  c  u  m  e  n   t   t   é   l   é  c   h  a  r  g   é   d  e  p  u

       i  s  w  w  w .  c  a   i  r  n .   i  n   f  o  -  -

      -   1   8   9

     .   2   1   7 .   8

       8 .   2

       2   1  -   0   1   /   0   5   /   2   0   1   4   0

       3   h   4   3 .

       ©

       A  r  m  a  n   d   C  o   l   i  n

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    u

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  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

    7/11

  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

    8/11

    a

    La

    ohrase

    "revishée"

    r

    Intfuration

    délémenrc

    mémoriels

    -

    Il ne

    s'agit

    pas

    ici

    de la recherche

    de

    l'antécédent

    d'une

    anaphore,

    mais

    des

    cas,

    nombreux, d'incomplétude formelle superficielle (autiement

    dit

    :

    d'ellipse),

    nécessitant,le

    rappel

    d'éléments

    présents

    en

    mémoire

    pour

    assurer

    une

    compléude

    syntaxique

    permeftanr

    I'intelligibilité

    :

    Paul

    panit

    à gauche,

    Jean

    à

    droite.

    Tu

    as gagné

    une fois

    moi

    trois

    fois.

    Demain

    (répondant

    à la question

    Q""nd

    reviendras-tu

    ?).

    On

    ajouterales

    cas embarrassanrs

    d'incomplétude

    sémantique non appa-r.ente,

    par exemple

    dans

    les cas

    (fréquents)

    oir

    une

    phrase

    esr sous

    la

    ponée

    d'un marqueur

    de cadre

    présent

    dans

    une

    phrase

    antérieure,

    comm.àan,

    t

    Hier,

    Marie

    est

    allée

    à I'université

    ;

    moi,

    je

    suis

    resté

    travailler

    à

    la maison.

    _Il

    est clair

    pour

    le sens

    que Hier

    estaussi le

    cadre

    temporel

    de

    la

    deuxième

    phrase

    (quelle

    que puisse

    être la

    ponctuation,

    ave. ou

    sans

    a/),

    bien

    qu'il

    n'en

    fasse

    pas

    _formellement

    partie

    en

    surface.

    Faut-il

    alors

    dire

    qur-

    Hio

    n

    fait

    partie,

    de

    la deuxième

    phrase

    er

    qu'on

    a

    affareà

    une softe d ellipse

    ?

    Cette

    réponse

    ne

    semble

    pas

    sarisfaisante

    intuitivement,

    er

    sa

    misè

    en

    æuvre

    poserait

    d'ailleurs

    des

    problèmes

    insolubles

    ;

    on

    préftrera

    sans

    doute

    considérer

    que la

    deuxième

    phrase,

    tour en

    étant

    complète

    er

    autonome,

    se

    range

    dans

    un

    ensemble

    textuel

    dominé

    par Hier.

    Mais

    ce

    cas

    de figure

    fait

    évidemrnent

    problème

    par rapporr

    à I'autonomie

    et

    à

    la

    complétudé

    présu-

    mées

    de

    la phrase,

    ainsi

    qu'à son mode

    d'intégration

    dans des

    unités

    textuelles

    plus

    vastes

    à

    définir.

    Perte

    d'autonomie

    L'existence

    d'une relation

    sémantique

    forte

    entre

    Pl

    et

    P2

    peut

    annuler

    en

    pratiqrr

    I'indépendance

    syntaxique

    de I'une

    des

    phrases:

    c'est

    le

    problème

    de

    la

    parataxe.

    La

    difficulté

    esr

    qu'on semble

    bien

    avoir

    affaire

    à un

    conrinuum

    :

    on

    peur

    représenter

    grossièrement

    les

    variations

    du

    lien

    existant

    entre

    deux phrases

    consécutives

    Pl

    et P2

    de la façon

    suivante,

    en

    les

    ordonnant

    sur

    un

    axe :

    a) indépendance

    totale +

    absence

    de cohérence

    Napollon

    est

    rnort

    à Sainte-Héhne.

    Nbubliez pas

    h

    seruice.

    L'autonomie

    et

    l'indépendance

    de Pl

    et

    P2 sont

    incontestables,

    mais

    c'est

    ici

    le

    texte

    qui

    souffre

    de

    I'absence

    de lien

    entre

    les

    deux.

    b)

    indépendance

    qyntaxique

    + cohérence

    u

    ordinaire

    u

    Pl

    et P2

    sont

    liés

    par

    une

    relation

    de

    succession,

    d'appanenance

    à

    une

    même

    scène...

    :

    Paul

    mtra.

    II

    regarda

    autour

    de

    lui.

    Il

    faisait

    froid.

    J'ai

    mis

    rnon TnankAu

    [avec

    deux

    conrours

    intonarifs

    dis-

    tincal.

    61

       D  o  c  u  m  e  n   t   t   é   l   é  c   h  a  r  g   é   d  e  p  u

       i  s  w  w  w .  c  a   i  r  n .   i  n   f  o  -  -

      -   1   8   9

     .   2   1   7 .   8

       8 .   2

       2   1  -   0   1   /   0   5   /   2   0   1   4   0

       3   h   4   3 .

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  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

    9/11

    Le

    Français aujourd'hui

    n" 148,

    Linguistique et

    étude de Ia

    langue

    L'autonomie

    et I'indépendance

    de

    PL etP2

    sont bien

    assurés'

    même sr

    les

    derx

    coopèrent

    pour

    former un

    texte

    anaphore'

    continuité

    thématique,

    organisation

    temporelle.

    .

    c)

    indépendance

    syntaxique

    + lien

    sémantique

    fort

    Pl

    et P2

    sont

    liés

    par une

    relation par

    exemple

    de

    causalité,

    n'entamant

    pas

    leur indépendance:

    Il

    fai"saitfoid.

    Jbi

    rnis

    rnon

    mantenu

    [avec

    un

    seul

    contour intonatif

    ;

    d.

    la

    paraphrase

    avec

    subordination

    ;

    comme

    ilfaisai.tfroid"

    '..1.

    Comment

    capter

    le fait que,

    dans

    I'activité

    de langage

    en temPs

    réel, une

    structure

    de phrase

    autonome

    est

    aussitôt réinvestie

    comme parde d'une

    strucnue

    signifiante

    plus

    large ?

    On

    est tenté

    de

    parler d'u

    enchâssement

    sémantique

    ,,

    par analogie

    avec

    l'enchâssement

    sFntaxique.

    d)

    perte d'autonomie

    + lien

    sémantique

    très

    fort

    Pl

    et P2 sont

    liés par une

    relation

    fone d'implication

    dans

    :

    Tu lui

    parbt

    il n'écoute

    même

    Pas.

    L'autonomie

    de

    P1 (malgré

    sa

    structure, qui

    est

    en

    tout point

    celle

    d'une

    indépendante)

    est compromise

    :

    il

    n'y

    a

    pas de

    réponse évidente

    à

    la

    ques-

    tion de

    savoir si

    on

    peut

    détacher

    P1 :

    n

    Prenons

    la situation

    que

    tu lui

    parles.

    Eh bien, dans

    è.

    cits...

    )

    ;

    peut-être

    I'intonation

    peut-elle

    introduire

    des

    degrés

    dans

    l'autonomie

    relative.

    Cenaines

    structures

    phrastiques,

    sans

    Pofter

    de

    marques de

    subordina-

    don,

    sont spécialisées

    dans

    cet emploi

    d'n

    indépendante

    non

    indé-

    pendante

    u

    :

    J'ai

    eu beau

    lui

    parler,

    il

    n'a

    rim

    uoulu mtendre.

    Plus

    il mange,

    (et)

    plus il grossit'

    Intrication

    de

    phrases

    Deux

    phrases

    peuvent

    s'entremêler

    sans

    se

    confondre,

    si elles

    relèvent

    de

    deux

    niveaux

    énonciatifs

    différents.

    L'intonation

    (ou

    la

    ponctuation)

    joue

    alors

    un

    rôle déterminant.

    Le deuxième

    énoncé

    porte

    sur

    le premier

    (ou

    sur

    l'énonciation

    du

    premier)

    dans

    :

    II

    a

    (on

    s'en

    doute

    )

    accepté irnmédiaternent

    Jean

    n'a rim

    kissl

    -

    j'alkis

    oublier

    dc

    uous

    Ie dire

    -,

    malgré

    ses promesses.

    On

    retrouve

    ici

    la réflqrivité

    déiàévoquée

    ci-dessus

    à propos de

    l'intégra-

    tion

    d'élémena

    non

    régis.

    Autre

    cas

    :

    un

    énoncé

    est cité

    dans

    un autre

    :

    Il dlchra

    :

    o

    Cbst

    bien.

    ,

    fdiscours

    cité CODI

    Cbst

    bien, d/clara-t-il,

    lhiérarchie

    discutable

    entre

    les

    deux]

    Concluons

    : la phrase

    plie

    mais

    ne

    romPt

    point...

    Les quatre

    points de

    difficulté

    qui

    viennent

    d'être

    rapidement

    indiqués

    ont

    quèlqo.

    .hot.

    .tt commun

    : ils

    renvoient

    tous au

    fait

    que

    la phrase

    est

       D  o  c  u  m  e  n   t   t   é   l   é  c   h  a  r  g   é   d  e  p  u

       i  s  w  w  w .  c  a   i  r  n .   i  n   f  o  -  -

      -   1   8   9

     .   2   1   7 .   8

       8 .   2

       2   1  -   0   1   /   0   5   /   2   0   1   4   0

       3   h   4   3 .

       ©

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  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

    10/11

    <

    La

    phrase

    "revisitée'

    l

    une réalité

    non

    seulement

    syntaxique

    (prédicative)

    mais

    énonciative:

    ils

    renvoient

    à la réflexivité

    de l'énonciation,

    à la mémoire

    organisatrice,

    à

    la

    construction du

    texte,

    en

    un

    mot

    à

    rout

    ce

    qui fait

    que

    la phrase ne

    peur

    se

    limiter

    à

    une

    strucure

    formelle

    statique

    présente

    dans un-texte

    comme

    un

    fruit

    dans

    un

    cageot.

    De

    par

    leur

    narure, ces

    difficultés

    sont

    même

    à leur

    manière

    la

    meilleure

    preuve

    de

    la

    nature

    énonciative

    de

    la

    phrase.

    Du

    même

    coup, le

    rôle

    de

    la

    phrase

    esr

    tour

    rracé

    comme

    o

    palier

    de

    traitement

    o

    dans le

    processus

    de

    compréhension

    en

    temps réel

    (recherche

    de

    rattachement

    immédiat

    ou

    indirect

    à

    un

    cenrre

    organisateur

    prédicatif

    et

    énonciatif,

    saturation...)

    -

    quelles

    que puissent

    être

    les

    modalités

    de

    sa

    mise en æuvre

    effective,

    et

    quelles que

    puissent

    être les

    unités

    textuelles

    (dont

    la

    phrase

    fait partie).

    Le

    côté

    énonciatif

    de la

    narure

    de

    la phrase

    n'empêche

    naturellement

    pas

    qu'il

    faille

    pousser

    la

    caractérisation

    syntaxique

    de

    la

    phrase

    en tanr

    que

    ,,

    domaine

    syntaxique

    "

    (f

    les

    rravar.D(

    èxisants

    par

    exemple

    sur

    l'anaphore,

    dans

    sa relation

    à la frontière

    de la phrase).

    ôn

    remarqù.t"

    p"t

    exenple

    que

    la

    ?taphore

    la

    différence

    de

    l'anaphore)

    ne semble

    possible

    qu'à I'intérieur

    des

    limites

    de la phrase

    : on peur

    avoir

    Quand

    il aniaa,

    paul

    ne

    connaissaitpas

    encore

    Ianouuellz,

    mais

    non

    (avec

    ilcataphorique

    de

    Paul)

    *II

    arriua.

    Paul

    ne connaissait

    pas

    mcore

    la nouuelle.

    Mais

    cene

    double narure

    de la

    phrase

    emporre

    quelques

    conséquences.

    Si la

    phrase

    est

    une réalité

    énonciative,

    sa formalisation

    complète

    sur

    un terrain

    exclusivement

    synraxique

    (non

    énonciatif

    )

    est

    impossible.

    Si

    l'on

    veut intégrer

    dans la

    formalisation

    la

    dimension

    énonciative,

    il

    faut

    alors formaliser

    le paradoxe

    de

    la réflexivité.

    La

    célèbre

    quesrion :

    (

    La

    syntaxe

    est-elle

    autonome

    ?

    >,

    ne peut

    avoir

    de

    réponse

    en

    <

    oui

    >

    ou

    (

    non

    D

    :

    la

    syntaxe

    ne

    peut avoir d'autonomie

    absolue,

    en

    tant qu'elle

    est

    un moyen

    et

    non

    une fin

    (moyen

    adaprable, révisable,

    violable),

    mais

    c'est

    un moyen

    contraignant

    : si la

    syntaxe

    n'était

    pas

    contraignante,

    elle

    n'existerait

    pas.

    Le

    mot

    de

    la

    fin,

    revenanr

    à la

    contradiction

    signalée

    au

    début,

    sera

    donc

    qu'il

    ne

    faut

    pas rejeter

    la

    phrase

    (concept

    puirsant

    et nécessaire)

    comme

    concept

    organisateur

    central,

    même

    s'il

    est malaisé

    de circons-

    crire

    son

    autonomie

    relative

    : y

    parvenir serait

    résoudre

    l'équation

    du

    sujet parlant.

    Pierre

    LE

    GOFFIC

    Bibliographie

    .

    BENvENISTE

    É.

    (1966),

    Probbmes

    dz linguistique

    çénhale,

    t. I

    ("

    ks

    niveaux

    de

    I'analyse

    linguistique

    >,

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  • 8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »

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    u

    Y

    a-t-il

    une syntaxe

    au-delà

    de la

    phrase

    ?

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    J.

    &

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    de

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    de

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    RouLET

    t

    et

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    (200

    I

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    et un instntrnent

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    analyse dz

    lbrganisation

    du

    discourc,

    Berne,

    Peter

    lang

    [en

    pan.

    chap.

    III :

    n

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