Pierrat-Bonnefois Geneviève - Parfums et fards de l'Egypte ancienne

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Comment se fardaient les Egyptiens, dans quelle ambiance parfumée évoluaient-ils, quelles étaient leurs pratiques corporelles ? Apparemment c’est un pan entier de la culture antique qui devrait nous rester à jamais inaccessible, tant le caractère volatile des parfums semble les condamner à l’oubli, tandis que les corps disparus ont emporté avec eux le secret de leurs pratiques quotidiennes. Et cependant, quelques pistes s’offrent à nous : les textes et les représentations qui, une fois que l’on a évalué correctement leur signification, se fondent nécessairement sur des aspects de la vie réelle. Enfin il reste des vases, vides ou contenant encore des restes. On se prend alors à rêver de recettes antiques… Une des difficultés de cette recherche, et aussi sa richesse, consiste en la nécessaire collaboration de talents très divers : à la rescousse des égyptologues, les botanistes précisent les produits naturels disponibles, les parfumeurs reconstituent les élaborations et les mélanges odorants, les chimistes analysent de plus en plus finement les vestiges des pots retrouvés en fouilles, les dermatologues enquêtent sur les conséquences sanitaires. Les noms antiques des produits et les résultats des analyses chimiques ne parviennent pas à répondre à toutes les questions : graisses qui ne dévoilent pas aisément leur identité, préparations dont on ignore l’usage : prêtes à l’emploi, ou bien pour des mélanges secondaires ? Aromates pour le vin ou la cuisine, ou pour parfumer les huiles corporelles ? Ou bien destinées à des mélanges pharmaceutiques ? En effet, les saveurs et les odeurs puisent aux mêmes produits ressources, auxquelles on prêtait en outre des vertus médicinales : huiles variées, vin, myrrhe, miel, résines diverses, galène sont les ingrédients les plus souvent rencontrés dans les textes de toutes époques. Il semble que les senteurs florales étaient appréciées dans les fleurs fraîches bien plus que dans des compositions huileuses en pots. L’amour des produits de beauté et des parfums éclate dans la poésie amoureuse comme dans décor des tombeau. Le repas du mort, puis le banquet figuré sur les parois des chapelles funéraires, offrent des images de fête, reflet des meilleurs moments de la vie terrestre ; les convives s’enivrent de parfums tout en profitant des mets et des boissons qui sont à leur disposition. Odorat et goût sont sollicités ensemble. L’épicurisme des Egyptiens est un art de vivre où tous les sens sont conviés. Parfums et fards de l’Egypte ancienne : la quête d’un art de vivre évanoui Geneviève Pierrat-Bonnefois Conservateur au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre Christian Décamps Photographe au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre

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Parfums et fards de l'Egypte ancienne

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Comment se fardaient les Egyptiens, dans quelle ambiance parfumée évoluaient-ils,quelles étaient leurs pratiques corporelles ? Apparemment c’est un pan entier de la cultureantique qui devrait nous rester à jamais inaccessible, tant le caractère volatile des parfumssemble les condamner à l’oubli, tandis que les corps disparus ont emporté avec eux lesecret de leurs pratiques quotidiennes.

Et cependant, quelques pistes s’offrent à nous : les textes et les représentations qui, unefois que l’on a évalué correctement leur signification, se fondent nécessairement sur desaspects de la vie réelle. Enfin il reste des vases, vides ou contenant encore des restes. Onse prend alors à rêver de recettes antiques…

Une des difficultés de cette recherche, et aussi sa richesse, consiste en la nécessairecollaboration de talents très divers : à la rescousse des égyptologues, les botanistesprécisent les produits naturels disponibles, les parfumeurs reconstituent les élaborations etles mélanges odorants, les chimistes analysent de plus en plus finement les vestiges des potsretrouvés en fouilles, les dermatologues enquêtent sur les conséquences sanitaires.

Les noms antiques des produits et les résultats des analyses chimiques ne parviennent pasà répondre à toutes les questions : graisses qui ne dévoilent pas aisément leur identité,préparations dont on ignore l’usage : prêtes à l’emploi, ou bien pour des mélangessecondaires ? Aromates pour le vin ou la cuisine, ou pour parfumer les huiles corporelles ?Ou bien destinées à des mélanges pharmaceutiques ? En effet, les saveurs et les odeurspuisent aux mêmes produits ressources, auxquelles on prêtait en outre des vertusmédicinales : huiles variées, vin, myrrhe, miel, résines diverses, galène sont les ingrédientsles plus souvent rencontrés dans les textes de toutes époques. Il semble que les senteursflorales étaient appréciées dans les fleurs fraîches bien plus que dans des compositionshuileuses en pots.

L’amour des produits de beauté et des parfums éclate dans la poésie amoureuse commedans décor des tombeau. Le repas du mort, puis le banquet figuré sur les parois deschapelles funéraires, offrent des images de fête, reflet des meilleurs moments de la vieterrestre ; les convives s’enivrent de parfums tout en profitant des mets et des boissons quisont à leur disposition. Odorat et goût sont sollicités ensemble. L’épicurisme des Egyptiensest un art de vivre où tous les sens sont conviés.

Parfums et fards de l’Egypte ancienne :

la quête d’un art de vivre évanoui

Geneviève Pierrat-BonnefoisConservateur au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre

Christian DécampsPhotographe au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre

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De la nécessité des fards à yeux et des huiles, depuis la préhistoireEtape n° 1

Etape n° 1

A la fin de la préhistoire, avant l’apparition de la civilisation pharaonique sur les rives du Nil, on ne sépare pas un défunt de sa palette à fard : on la dépose près de sa tête dans la sépulture. Ce fard vertest un minerai de cuivre, la chrysocolle, que l’on broie en poudre, à l’aide d’un galet, sur la palette. Ilreste en usage jusqu’au début de l’Ancien Empire, puis est supplanté sous la 4e dynastie, à l’époque desgrandes pyramides de Giza, par le fard noir à base de galène.

A l’Ancien Empire (vers 2700-2200 av. J.-C.), hommes et femmes considèrent les deux fards à yeux (vertde cuivre et noir de galène) et les huiles comme des produits particulièrement désirables pour leur vied’outre-tombe. Ces produits de soin ne sont pas en eux-mêmes considérés comme sacrés. Ils ne font l’objetd’aucune formule dans les Textes des Sarcophages et dans le Livre des Morts, les grands recueils de textesqui accompagnent le mort égyptien, pendant deux mille ans. Les biens désirés dans ces livres sont lanourriture, l’eau et le doux souffle du vent du nord…

De la nécessité des fards à yeux et des huiles, depuis la préhistoire

Le poisson est la forme animale la plus couramment employée pour les palettes à fardde l’époque de Nagada, au dernier millénaire de la préhistoire, avant la naissancede la civilisation pharaonique. Il n(est pas rtare d’observer des traces d’usureprononcée au milieu de la palette, indice de broyages répétés.

Palette en forme de poissonSalle 20 | Vitrine 3

Epoque de Nagada (fin de la préhistoire) vers 3600-3200 av. J.-C.grauwackeH. 9.75 x L. 12 cm.don L., I. et A. Curtis E 22730

Les trous de suspensions indiquent le sens de l’image. Avec ses deux protubéranceset la tête munies d’yeux, la silhouette évoque une dépouille d’animal indéterminé.

Palette en forme de dépouille d’animal Salle 20 | Vitrine 3

Epoque de Nagada (fin de la préhistoire) vers 3600-3200 av. J.-C.grauwackeL. 18.5 x H. 9.6 cm.don Weill E 24727

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De la nécessité des fards à yeux et des huiles, depuis la préhistoireEtape n° 1

Pendant la première moitié de Nagada II, des palettes à fard prennent la formed’écussons ou de croissants surmontés de têtes d’oiseaux.

Palette à fard en écussonSalle 21 | galerie d’étude 1

Epoque de Nagada II (fin de la préhistoire) , vers 3500-3300 avant J.-C.grauwackeH. 28.5 x la. 12.4 cm.E 11151

Pendant la première moitié de Nagada II, des palettes à fard prennent la formed’écussons ou de croissants surmontés de têtes d’oiseaux.

Palette à fard en croissantSalle 21 | galerie d’étude 1

Epoque de Nagada II (fin de la préhistoire), vers 3500-3300 avant J.-C.grauwackeH. 11.6 x la. 21.1 cm.E 17337

Pendant la première moitié de Nagada II, des palettes à fard prennent la formed’écussons ou de croissants surmontés de têtes d’oiseaux.

Grande palette à fard en forme d’écussonSalle 21 | galerie d’étude 1

Epoque de Nagada II (fin de la préhistoire) , vers 3500-3300 avant J.-C.grauwackeH. 52 x la. 20 cm.don LandauE 27209

Les yeux de la statue de Nesa, comme ceux de son compagnon Sepa dont les statuescomptent parmi les plus anciennes de la civilisation pharaonique, sont bordés surleur paupière inférieure d’un large trait de fard vert clair, la même couleur qu’à lapréhistoire. Le fard vert est placé sous l’œil seulement, comme sur le hiéroglyphedéterminatif de l’œil fardé ; il s’agit là d’une coutume archaïque caduque dès la finde l’Ancien Empire. La couleur employée est la malachite et non de chrysocolle ; c’estqu’il s’agit de peinture et non de maquillage réel.

La dame Nesa Salle 22 | Vitrine 3

Ancien Empire, 3e dynastie, 2700- 2620 av. J.-C.calcaire peintH. 154,5 x la. 41 x pr. 39 cm.A 38

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De la nécessité des fards à yeux et des huiles, depuis la préhistoireEtape n° 1

Cette stèle, emmurée dans la chapelle d’un tombeau à Giza, assurait par magie lasurvie éternelle de la défunte, une parente du roi Khéops. Au centre et en haut dutableau, une liste de produits à renouveler éternellement : encens, huile, fard vert,fard noir ; on y trouve aussi du vin et des fruits divers comme les figues et même ungâteau aux fruits. Les mots employés ne permettent pas de savoir s’il s’agit deproduits bruts ou prêts à l’emploi.

La princesse Néfertiabet devant son repasSalle 22 | Vitrine 5

Ancien Empire, règne de Khéops (2590-2565 av. J.-C.), 4e dynastietrouvé dans le cimetière de Gizacalcaire peintH. 37,7 x L. 52,5 cm x pr. 8,3 cmdon L., I. et A. CurtisE 15591

Les yeux du célèbre scribe du Louvre sont particulièrement remarquables. Pouraccentuer l’impression de vie, les yeux ont été incrustés. L’étude menée récemmentpar le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France a démontré quel’iris est un morceau de cristal de roche très pur, perforé sur sa face cachée pourdonner l’illusion de la pupille, et que la cornée est en magnésite, un carbonate demagnésium légèrement tacheté de rouge. On peut présumer que les artistes savaientque les paupières faites de cuivre verdiraient sous l’effet de l’oxydation : avaient-ilsl’intention d’évoquer ainsi l’antique fard vert ?

Le « scribe accroupi »Salle 22 | Vitrine 10

Ancien Empire, 4e ou 5e dynastie, 2600-2350 av. J.-C.trouvé à Saqqaracalcaire peint, yeux incrustés de cristal de roche dans du cuivreH. 53,7 x la. 44 x pr. 35 cm.E 3023

Le maquillage noir classique pour hommes et femmes consiste en un fin trait de fardnoir à cheval sur la paupière intérieure et extérieure tout autour de l’œil. Protectioncontre la réverbération, contre les insectes, contre les poussières, et désir derehausser son regard : les raisons de se maquiller sont les mêmes qu’aujourd’hui.

L’inspecteur des scribes Raherka et sa femme MerséânkhSalle 22 | Vitrine 14

Ancien Empire, vers 2350 av. J.-C. (4e-5e dynastie)calcaire peintH. 52,8 x la. 17,6 x pr. 21,3 cm.don L., I. et A. CurtisE 15592

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Fleurs, senteurs et pots diversEtape n° 2

Etape n° 2

L’archétype du vase à onguent parfumé pendant plus d’un millénaire, de la fin de l’Ancien Empire à la findu Nouvel Empire, 2200-1200 avant J.-C., est en forme de cône légèrement cintré : on le porte à son nezcomme on respire la fleur de nénufar bleu odorante. Ce produit parfumé est appelé « l’onguent-set de fête», comme s’il était préparé spécialement à l’occasion de festivités.L’Egypte ancienne ignore la technique de la distillation ; les produits parfumés consistent en onguents eten huiles mêlés de certains composants odorants extraits de plantes ou de résines, par macérationpréalable, parfois dans du vin, ou par l’expression du jus.A côté de cette forme bien caractéristique, il existe de nombreuses autres types de vases qui ont ducontenir des huiles parfumées. Souvent taillés dans des pierres recherchées, ils représentent en eux-mêmesdes articles de luxe. Réutilisables à volonté, ils ne correspondent donc pas à un contenu permanent etidentique comme c’est le cas pour nos flacons de parfum contemporains.

Fleurs, senteurs et pots divers

Les rois de la fin de l’Ancien Empire distribuaient à l’occasion de leur jubilé – ou fêtede renouvellement du pouvoir royal – des vases à onguent parfumé éditésspécialement à cette occasion, comme l’inscription le révèle : « le roi de Haute et deBasse Egypte Méryrê – doté de vie. La première fête jubilaire ». On en a trouvé dansles tombeaux des courtisans et jusqu’à Byblos.

Petit vase à onguent célébrant l’anniversaire decouronnement de Pépi IerSalle 22 | Vitrine 19

Ancien Empire, vers 2300 av. J.-C. (6e dynastie)Calcite («albâtre» égyptien)H. 7,2 x diam. 6,4 cm.N 527

Vase à onguent parfumé édité à l’occasion du premier jubilé – ou fête derenouvellement du pouvoir royal – du roi Pépi Ier. L’inscription annonce l’événementen citant deux des noms du roi Pépi Ier : « l’Horus Mery-Taouy, pouvoir éternellement!, le roi de Haute et de Basse Egypte Méryrê, doté de vie ! première fête jubilaire,pouvoir éternellement !». Comme ses semblables, il est taillé dans une calcite(appelée par erreur « albâtre »), une pierre claire qui devient translucide sous unefaible épaisseur.

Vase à onguent fait pour l’anniversaire decouronnement du roi Pépi IerSalle 22 | galerie d’étude 1

Ancien Empire, vers 2300 av. J.-C. (6e dynastie)calcite («albâtre» égyptien)H. 21 x diam. 19,9 cm.E 3165

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Fleurs, senteurs et pots diversEtape n° 2

On désigne souvent sous le terme « lotus » deux plantes très répandues dans l’artégyptien : le Nymphaea cerulea (bleu) et le Nymphaea lotos (blanc). Cependant, lesbotanistes réservent le mot « lotus » à une plante différente, le Nelumbo nucifera(rose) d’Inde, introduit en Egypte sous les Perses (Ve siècle).Ces Nymphaea sont les populaires nénufars de nos bassins, dont le nom estd’origine égyptienne : « nefer – le beau » (l’orthographe en « ph » est due à uneconfusion ancienne avec celle du Nymphaea qui lui est bien un mot grec). Le nénufarbleu s’ouvre au matin et dégage un agréable parfum, tandis que le nénufar blanc,aux pétales arrondis, s’ouvre la nuit et ne sent rien.

Bas-relief : femme respirant une fleur de nénufarSalle 22 | Vitrine 18

Ancien Empire, 6e dynastie ?, 2350-2200 av. J.-C.calcaireH.145,5 x la. 59 cm x pr. 8 cmE 10971

Sous le texte, on voit la représentation, au bénéfice du défunt, des principaux ritescélébrés à Abydos au moment des fêtes de la résurrection d’Osiris. Tout en bas àdroite, Abkaou et son épouse reçoivent l’offrande d’un bon repas tout en s’enivrantde parfums : ils portent à leurs narines le vase cintré et le nénufar.

Stèle : Abkaou, chef du bétail à cornes, reçoit sesoffrandes funérairesSalle 23 | Vitrine 4

Moyen Empire, 11e dynastie, 2106-1963 av. J.-C.calcaireH. 112,5 x la. 103 x ép. 8 cm.C 15

Depuis la fin de l’Ancien Empire et pendant toute la durée du Moyen Empire (entre2200 et 1800) le vase à parfum tient une place importante dans les scènes d’apportd’offrandes au mort.

Bas-relief : Une femme porte un vase d’offrandeSalle 23 | Vitrine 2

Moyen Empire, règne de Nebhépetrê Montouhotep (2033-1982 av. J.-C.), 11e dynastietrouvé à Deir el-Baharicalcaire peintH. 26 x la. 15,9 cm.E 11366

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Fleurs, senteurs et pots diversEtape n° 2

Le grand vase à parfum est placé devant le visage de Senousret, prêt à servir. Onreconnaît son matériau représenté avec soin, blanc et zébré de lignes ondulées,l’”albâtre égyptien”, en fait la calcite, dont sont faits la majorité des vases de pierre.

Stèle de Sénousret, chef du trésorSalle 23 | Vitrine 12

Moyen Empire, vers 1970-1900 av. J.-C. (début 12e dynastie)calcaire peintH. 81,5 x la. 49,5 cm.C 174

L’anhydrite est une fine pierre bleue spécialement appréciée au Moyen Empire. Ontaille dans cette pierre des flacons apparemment liés à la toilette. La forme de ce potest toujours associée au kohol, du Moyen Empire jusqu’au Nouvel Empire ; lacollerette plate devait être pratique pour récupérer les miettes du précieux produit.

Pot à kohol Salle 23 | Vitrine 15

Moyen Empire, vers 2033-1710 av. J.-C.anhydriteH. 4 x diam. 3,7 cm.don L., I. et A. Curtis E 23102

Le pot à kohol classique, encore muni de son couvercle, a été sculpté avec un petitsocle en forme de guéridon dans le style du mobilier égyptien.

Pot à kohol sur un socleSalle 23 | Vitrine 15

Moyen Empire, vers 2033-1710 av. J.-C.Pierre sombreH. 6,2 x diam. 4,3 cm.N 1237

Taillé dans une diorite tachetée, ce vase à onguent classique suit une ligneparticulièrement élégante.

Vase à onguent parfuméSalle 23 | Vitrine 15

Moyen Empire, vers 2033-1710 av. J.-C.dioriteH . 12,9 x diam. 10 cm.don L., I. et A. CurtisE 23126

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Fleurs, senteurs et pots diversEtape n° 1

L’anhydrite est une fine pierre bleue spécialement appréciée au Moyen Empire. Voiciune des nombreuses formes de vases en pierre auxquelles il est difficile d’attribuerune fonction particulière. Son matériau précieux le désigne plutôt comme un vasepour un produit de luxe, comme une huile parfumée. Il a pu connaître des usagesrépétés et divers.

Pot en forme de sacSalle 23 | Vitrine 15

Moyen Empire, vers 2033-1710 av. J.-C.anhydriteH. 11,4 x diam. 9 cm.Ancienne collection SaltN 1216

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Les mineurs de galène au Gebel Zeit Etape n° 3

Etape n° 3

A la Deuxième Période Intermédiaire et au début du Nouvel Empire, entre 1700 et 1500 avant J.-C., lesEgyptiens ont exploité des mines de galène, un sulfure de plomb qui est à la base du fard noir ou kohol,au Gebel Zeit, dans la montagne au bord de la mer Rouge. De 1982 à 1986, l’Institut Français d’Archéologie Orientales du Caire y a mené des fouilles grâce ausoutien financier et logistique de la Société TOTAL. En 1986, 162 objets ont été accordés au musée duLouvre par l’Organisation des Antiquités de l’Egypte.Un petit sanctuaire à la déesse Hathor, patronne des mines, a livré les restes d’objets déposés en offrandeà cette grande déesse de l’amour et de la fécondité. Ce sont essentiellement des figurines de femmes nues,modelées en terre cuite, aux visages à peine esquissés, mais aux caractères sexuels développés, habilléesde tissus de lin et parées de bijoux.

Les mineurs de galène au Gebel Zeit

Parmi les figurines offertes à Hathor, déesse de l’amour et des mines, le type le plusspectaculaire est celui des femmes à la tête percée de trous où l’on accrochait desfils de lin garnis des perles en terre crue, plus rarement en coquillages. En effet, lachevelure tenait une place prépondérante dans l’érotisme égyptien. Les figurinesféminines étaient parfois encore vêtues de tissus de lin décorés de perles en faïence.

Poupée votive Salle 24 | galerie d’étude 1

Deuxième Période Intermédiaire, vers 1710-1550 av. J.-C. Fouilles du Gebel Zeitterre cuite, cheveux en perles de terre crue, collier de perles de «faïence » siliceuseH. 22,4 cm.E 27257

Les outils abandonnés sur place étaient les plus rudimentaires : manches de bois pourfixer des pics et massettes de pierre. Le travail au fond de galeries étroites etprofondes était pénible et, dans une région désertique aride, l’approvisionnement del’équipe dépendait d’une bonne organisation de l’administration égyptienne.

Deux manches d’outils et deux massettesSalle 24 | galerie d’étude 1

Fouilles du Gebel Zeitbois, dioriteL. 45,5 x diam. 4,3 cmE 27397 A L. 52,5 x la. 4,7 cm.E 27397 B H. 6,6 x la. 8,8 x ép. 3,7 cm.

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Les mineurs de galène au Gebel Zeit Etape n° 3

A la Deuxième Période Intermédiaire, vers 1700 av. J.-C., de petits flacons contenantsans doute des huiles précieuses circulent dans le Proche-Orient et en Méditerranéeorientale, en provenance de divers lieux de fabrication. La forme de celui-ci, au fondarrondi sans pied, est d’inspiration chypriote. Les ouvriers ou les contremaîtrestravaillant aux mines de galène en avaient à leur disposition.

Flacons de type « Tell el-Yahoudiyeh »Salle 24 | galerie d’étude 1

Flacons de type « Tell el-Yahoudiyeh »Fouilles du Gebel ZeitDeuxième Période Intermédiaire, vers 1710-1550 av. J.-C. terre cuite polieH. 8,7 x la. 6,3 cm. E 27399

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De la peinture du corps réel à la peinture du corps peint : réalité ou art ?Etape n° 4

L’œil et le sourcil sont peints au pinceau noir, d’une ligne aux extrémités affinées. Lestyle accentué de cette ligne est généralement interprété comme le rendu dumaquillage réel au fard noir à base de galène.

Fragment peint provenant du tombeau du roiAménophis IIISalle 24 | Vitrine 9

Nouvel Empire, règne d’Aménophis III, 1391-1353 av. J.-C.Vallée de l’Ouest, rive gauche de Louxorenduit peintH. 25,5 x la. 25 cm.N 521 A

L’œil du roi, dont le visage juvénile est à la fois typé et stylisé, est souligné d’un mincerehaut de noir, tandis qu’un large trait bleu s’étire jusqu’aux tempes, en parallèle àla ligne des sourcils peinte de la même couleur bleue. Or, on n’a pas trouvé decouleur bleue parmi les fards étudiés à ce jour. Plutôt que le reflet d’une réalité portéepar le roi de son vivant, il s’agirait ici d’un choix esthétique de représentation, peut-être destiné à refléter un statut particulier de la personnalité représentée.

Fragment peint provenant du tombeau du roiAménophis IIISalle 24 | Vitrine 9

Nouvel Empire, règne d’Aménophis III, 1391-1353 av. J.-C.enduit peintH. 24,9 x la. 22,5 cmE 13100

Etape n° 4

L’examen des représentations qu’offre l’art égyptien est un mode d’approche de l’univers des parfums etdes fards qui n’est pas sans présenter des difficultés d’interprétation. Les hommes et les femmes del’Egypte ancienne ressemblaient-ils vraiment aux images qu’ils ont laissées ? L’art place le masque deson style entre nous et la réalité passée, qu’il faut décrypter.Il est manifeste que les visages et les corps représentés constituent un idéal de beauté conventionnel, etne reflètent que rarement les caractéristiques des individus, peu importantes aux yeux des Egyptiens. Enrevanche, les standards de la mode et de l’esthétique sont probablement fidèlement reproduits ; lesquelques perruques et vêtements retrouvés témoignent en faveur de l’exactitude des figurationségyptiennes, à l’intérieur des contraintes imposées par le style de dessin. Le maquillage des yeux telqu’il est reproduit dans l’art est-il inventé de toute pièce ?

De la peinture du corps réel à la peinture du corps peint : réalité ou art ?

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De la peinture du corps réel à la peinture du corps peint : réalité ou art ?Etape n° 4

En statuaire, il arrive que le long et large trait de fard qui s’éloigne vers les tempessoit traité en léger relief, pour faire pendant aux sourcils aussi fortement stylisés. C’estle pendant en ronde-bosse du trait bleu des peintures du roi.

Tête du roi Aménophis IIISalle 24 | Vitrine 9

Nouvel Empire, règne d’Aménophis III, 1391-1353 av. J.-C.Bois fossileH. 12 cm.don BoreuxE 17218

Ici c’est l’homme, dont la perruque est dégagée, qui a reçu le maquillage le plusélaboré. Tandis que les paupières de la dame sont soulignées d’un simple trait defard noir, la paupière supérieure de Sénynefer est doublée en outre d’un large traitbleu, étiré jusqu’aux tempes, comme un écho à ses sourcils également peints en bleu.Bien que les traits des deux personnes sont différenciés selon l’idée que nous nousfaisons du portrait, ce maquillage bleu, non identifié dans les pots à l’étude, est unpigment sorti de la palette du peintre et non d’un accessoire de toilette.

Statue de Sénynéfer, chef de bureau du roi, et safemmeSalle 24 | Vitrine 8

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1400 av. J.-C.grès peintH. 68 x la. 85 cmE 27161

Sur cette peinture de femme, la stylisation est si poussée qu’il est très difficile dedistinguer entre représentation et réalité représentée. Le mode de peinture égyptienqui cerne de noir les éléments représentés, a pour conséquence que la représentationde l’œil et celle du maquillage se confondent. La peinture du visage maquillé ne peutse distinguer aisément du maquillage lui-même.

Fragment de la décoration d’une tombe : femme à unecérémonieSalle 24 | Vitrine 8

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1400 av. J.-C.peinture sur limon

H. 35 x la. 26,7 x ép. 2,6 cm.don J.-L. DomercqE 32565

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De la peinture du corps réel à la peinture du corps peint : réalité ou art ?Etape n° 4

Une des énigmes des représentations égyptiennes est celle du cône sur la perruque.Les textes et les scènes attestent la pratique de verser sur la tête des parfums liquides,à base de myrrhe. Dans les banquets figurés dans les chapelles des tombeaux duNouvel Empire, des serviteur passent de la pommade sur les bras et sur la perruquedes invités. La volonté des Egyptiens de rendre visible les éléments importants quel’œil ne voit pas les amène à pratiquer le rabat à la verticale ; le cône est sans douteà l’origine le « rabat » d’une couche de pommade. Les parfums tenaient une grandepart lors des repas : vase à onguent et fleur de lotus portés aux narines, fleurs sur lesmets, sur les têtes, autour du cou.

Stèle : Iy et son fils adressent une prière au dieuOsirisSalle 24 | galerie d’étude 2

vers 1375 av. J.-C.calcaireH. 129,5 x la. 95 cm.C 76

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Les objets de toilette de la classe aisée de la 18 dynastie (1550-1295 av. J.-C.)Etape n° 5

Traduction des sept lignes de hiéroglyphes :1- « Veuille le roi accorder une offrande à Osiris, qui est à la tête desOccidentaux, à Oupouaout, seigneur de la terre sacrée, à Anubis, seigneur de Ro-Sétaou, pour qu’ils accordent2- d’être bienheureux dans le ciel près de Rê, d’être puissant dans la terre prèsde Geb, d’être acquitté dans le cimetière près d’Osiris,3- de respirer l’odeur de la myrrhe et de l’encens, (d’avoir) une libation de vin et delait, (d’avoir) le nécessaire à offrandes 4- au complet, des offrandes en toutes sortes de fruits, de recevoir les pains quimontent devant (les dieux)5- sur l’autel des maîtres du grand temple, (d’avoir) un bel enterrement aprèsla vieillesse, de rejoindre la terre à l’ouest de sa ville,6- de sortir en ba (oiseau-âme) vivant sous toutes les formes qu’il désire, pourle ka (esprit) du prêtre « imy st » d’Onouris, le grand prêtre « ouâb »,7- Pentchény, (fils de) la dame Touiou, né du prêtre-ouâb Daday enfanté par la dameIpou. »

Le prêtre Pentchény adore le dieu OsirisSalle 24 | Vitrine 3

vers 1450 av. J.-C. (milieu 18e dynastie)calcaire peintH. 69 x la. 41,7 x ép. 7 cm.C 211

Etape n° 5

Des nombreux objets d’art ont été conservés de cette époque, beaucoup ont trait à la toilette, signe del’importance de ces préoccupations dans la vie égyptienne : des flacons raffinés, en matériaux précieux,empruntant des formes inventives, qui rompent avec la grande statuaire. Ils proviennent des caveaux destombes, car il est d’usage à cette époque de déposer auprès du cercueil, parfois à l’intérieur auprès dela momie, les ustensiles employés sur terre, comme s’il s’agissait d’un simple déménagement.Les usages demeurent parfois mystérieux : soit parce qu’ils ne contiennent plus aucun reste, comme c’estle cas des jolies cuiller dites « à fard », soit parce que l’analyse des produits contenus, comme celle desgraisses, ne livre pas leur usage avec certitude.Aucun de ces vases ne porte une prière pour le mort ou une dédicace à un dieu, ce qui indique leurcaractère profane ; leur emploi ne correspondait donc pas à des « rites » autres que le désir d’êtreconforme au goût du jour.

Les objets de toilette de la classe aisée de la 18 dynastie (1550-1295 av. J.-C.)

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Les objets de toilette de la classe aisée de la 18 dynastie (1550-1295 av. J.-C.)Etape n° 5

On reconnaît la forme du vase à huile ou onguent classique. Le matériau employé iciest du « bleu égyptien », un produit cristallin de synthèse fabriqué en cuisant unmélange de quartz finement broyé, de calcium, d’oxyde de cuivre et d’un peud’alcali (natron ou cendres végétales) à 900-1000 °. Réduit en poudre et moulé, ilpermettait la fabrication de jolis objets bleus. Il est principalement employé commepigment, par exemple sur les yeux de Senynéfer et du roi Aménophis III dans lespeintures de son tombeau.

Vase à onguentSalle 24 | Vitrine 13

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1550-1295 av. J.-C.« bleu égyptien »H. 11,7 x diam. 10,4 cm.don L., I. et A. CurtisE 22580

La jarre en forme de sac, à lèvre en collerette plate, est présente à la 18e dynastiedans les apports d’huiles et d’onguent pour le corps, en même temps que le vase encornet cintré. Dans ce vase de taille réduite, l’ouverture étroite ne permet pasd’accéder à une pommade. En revanche, la collerette est appropriée au kohol. Lamarque des noms du roi ou de la reine sur de tels objets de luxe indique qu’ilsproviennent des ateliers royaux ; ils ont pu être offert à un membre de l’administrationen guise de gratification.

Vase aux noms d’Aménophis iii et de TiySalle 24 | Vitrine 13

Nouvel Empire, 18e dynastie, 1391-1353 av. J.-C.faïence siliceuseH. 8,4 x diam. 6,6 cm. E 4877

Imitation en pierre d’un flacon chypriote exporté en grandes quantités dans le mondeantique dans la seconde moitié du IIe millénaire. Il a été suggéré que les flaconsoriginaux en terre cuite, à la panse ronde munie d’un petit pied conique,ressemblaient tant à la capsule de pavot qu’ils auraient été destinés à contenir desproduits opiacés, pour des usages narcotiques d’agrément ou médicaux. A ce jourcela reste une hypothèse non vérifiée. En revanche, la forme de vase globulaire àpetit pied et à anse reliée au goulot par un lien fut empruntée par les Egyptiens pourdes usages divers.

Vase dérivé d’un modèle chypriote (« bilbil »)Salle 24 | Vitrine 12

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1550-1295 av. J.-C.calcite («albâtre» égyptien)H. 12,7 x la. 7,2 cm.E 6091

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Les objets de toilette de la classe aisée de la 18 dynastie (1550-1295 av. J.-C.)Etape n° 5

Une des formes les plus commune de récipient à kohol est la colonnette. Elleemprunte sa forme à la grande architecture : un fût lisse surmonté de palmes.

Etui à koholSalle 24 | Vitrine 13

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1350 av. J.-CverreEn forme de colonne à chapiteau en bouquet de palmes.H. 10,3 x diam. 2,1 cmE 3611

Ces cuillers sont trouvées dans le même contexte que les peignes, les miroirs, les étuisà kohol et les jolies boîtes sorties des ateliers royaux. Leur cuilleron, toujours bienpropre et lisse, a peut-être fait fonction de boîte, d’autant que beaucoup d’entre ellesétaient munies d’un couvercle. En se fondant sur leurs motifs, des théories sur leursens sacré ont été émises, qui ne sont confirmées par aucun texte inscrit dessus, nifunéraire ni religieux. Les thèmes abordés sont l’offrande de la nature, gibiers etplantes, les scènes d’agrément dans le cadre verdoyant des marais qui bordent lefleuve et enfin la vie domestique.

Cuiller « à fard » : jeune fille nageantSalle 24 | Vitrine 13

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1350 av. J.-C.boisL. 34 x la. 7 cm.N 1704

Le verre, technique de pointe qui apparaît au Nouvel Empire seulement, semblel’apanage des ateliers royaux. En forme de gourde, celui-ci est encore bouché. Leluxe du flacon laisse présager un produit de prix comme une huile parfumée.

Vase décoré de festonsSalle 24 | Vitrine 13

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1350 av. J.-CverreH. 10 x la. 7,2 x ép. 4,5 cm.AF 2032

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Les objets de toilette de la classe aisée de la 18 dynastie (1550-1295 av. J.-C.)Etape n° 5

Cet objet de la sépulture d’une dame de Gourob est un document historique important: il est en effet inscrit, fait très rare, des deux noms du roi Aménophis IV-Akhénaton etde sa mère la reine Tiy. Pourtant il porte les traces d’un usage intensif : il faisait partiedu petit mobilier donné à la dame qui finit sa vie dans ce palais.

Boîte aux noms d’Akhénaton et de sa mère TiySalle 26 | galerie d’étude1

trouvée à Medinet el-GourobNouvel Empire, 18e dynastie, vers 1350 av. J.-C.bois H. 3,5 x diam. 6 cm.E 11044

Miroir d’une dame du palais de Gourob. On ne pouvait se maquiller correctementsans avoir recours à ces miroirs dont le disque de cuivre soigneusement poliréfléchissait tant bien que mal les visages.

MiroirSalle 26 | galerie d’étude1

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1350 av. J.-C.bois et bronzeH. 26 x la. 12,7 cm.E 11042

Près du village actuel de Medinet el-Gourob furent découverts au début du siècle destombes de dames de la cour, qui avaient été ensevelies avec leurs objets personnelsprès du palais où elles avaient vécu et travaillé. Certains de ces menus accessoiresétaient inscrits au nom du roi, la marque d’une origine royale. Les études delaboratoire ont démontré qu’elles bénéficiaient d’un kohol élaboré, sans soute issuaussi des ateliers de la cour, qu’elles utilisaient dans des étuis de simple roseau.

Serviteur funéraire d’une dame de Gourob, HenouttaouySalle 26 | galerie d’étude 1

trouvé à Medinet el-GourobNouvel Empire, 18e dynastie, vers 1350 av. J.-C.boisH.21,3 cm.E 11046

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Les parfums de l‘Egypte tardive : une réputation internationaleEtape n° 6

Au VIIIe siècle on assiste à la naissance d’un nouveau type de flacon à parfum,inspiré des jarres contemporaines en terre cuite. Sur un fond rond, la panse allongéese termine par des épaules étroites et un petit col évasé ; il est bien adapté pourcontenir et verser des liquides précieux. Ce type, à la forme de plus en plus allongéeau fil des siècles, et dont le col va s’épanouir en collerette plate, connaîtra unediffusion dans tout le bassin méditerranéen jusqu’à l’époque romaine.

Petit vase au nom du roi RoudamonSalle 29 | Vitrine 2

Troisième Période Intermédiaire, 23e dynastie, 757-754 av. J.-C. cristal de rocheH. 7,7 x diam. 4 cm.don L., I. et A. CurtisE 23325

Ce type de vase dont la forme est d’origine égyptienne est tellement répandu dansle monde méditerranéen qu’il est difficile d’assurer, en l’absence de provenance, sisa fabrication est égyptienne. Son allure égyptisante faisait sans doute référence àla réputation internationale qu’avaient les parfums égyptiens pendant les dernierssiècles avant J.-C.

Vase à parfum du type alabastronSalle 29 | Vitrine 2

Fin de la Troisième Période Intermédiaire ou Basse Epoque, 25e-30e dynasties, 715-332 av.J.-C. Calcite (« albâtre » égyptien)H. 20,6 x diam. 6,3 cmDon Weill E 23690

Etape n° 6

Au VIIIe siècle avant J.-C . apparaît un nouveau type de vase dont la forme évoluée sera reprise danstout le Proche-Orient méditerranéen comme flacon à huile parfumée : l’alabastron. La réputation del’Egypte comme fournisseur de parfums est grande dans le monde grec qu’elle côtoie de façon accrue àpartir du VIe siècle av. J.-C. A partir du IVe siècle avant J.-C., la ville de Mendès dans le delta est régulièrement citée comme le lieude production de parfums recherchés et exportés. Pline, au Ier siècle de notre ère, en livre lescomposants principaux : de la myrrhe, de l’huile, de la résine. Les auteurs classiques citent en outre levin, le miel, la cardamome dans la composition d’autre onguents égyptiens.

Les parfums de l‘Egypte tardive : une réputation internationale

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Les parfums de l‘Egypte tardive : une réputation internationaleEtape n° 6

Alabastre de forme dérivée, munie d’une anse. Ici la forme comme le décor sontétrangers, car il s’agit d’une fabrication datée de l’occupation grecque en Egypte, àla suite de l’annexion du pays par Alexandre en 332 av. J.-C.

Bouteille décorée de scènes de danseSalle 30 | Vitrine 7

Epoque ptolémaïque, 332-30 av. J.-C.faïence siliceuseH. 25 cm.E 11603

Cet élégant relief fragmentaire provient du linteau d’un tombeau. Les parallèlesmieux conservés décrivent les opération de cueillette des fleurs, de l’expression deleur jus dans un linge tordu à l’aide de deux bâtons au-dessus d’une grande jarre,jusqu’à la présentation du produit au maître du tombeau. Un linteau similaireprovient d’Héliopolis non loin du Caire, qui aurait été alors une zone de cultureindustrielle. Les mentions des onguents égyptiens comme celui de Mendès datent d’unsiècle plus tard ; il n’y est pas question de jus de lis.

La préparation du jus de lisSalle 30 | Vitrine 2

IVe siècle av. J.-C.calcaire, fragment du décor d’un tombeauH. 25,8 x la. 37 x ép. 4 cm.E 11162

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Echantillons de vases à fard et à parfumsEtape n° 7

Incroyablement bien conservée, cette boîte faite de deux essences de bois estaménagée à l’intérieur pour recevoir des vases, apparemment des vases à onguentparfumés de la forme classique du cône cintré.

Coffret pour vases à onguentsAménophis IIISalle 9 | Vitrine 2

Nouvel Empire, 18e dynastie ? vers 1550-1295 av. J.-C. boisH. 14,5 x L. 33 x la. 17 cm.Ancienne collection MimautN 1392

Le couvercle plat du pot à kohol classique pouvait être maintenu avec une petitepièce d’étoffe ligaturée sous le col. Le bouchon de celui-ci est encore en place grâceà ce système de fermeture.

Pot à kohol encore scellé de tissuSalle 9 | Vitrine 2

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1500 av. J.-C.cimetière ouest de Gournet MourraïbrècheH. 5 x diam. 5,5 cm.E 14455

Etape n° 7

Un grand choix de véritables objets de toilette est exposé dans la salle 9. On y découvre un universprofane, un monde d’objets d’art, dénués d’inscriptions religieuses. Seuls les dieux Bès et, plusrarement, Touéris, ont accès dans ce monde de l’intimité du corps, en tant que gardiens des personnes. La plupart des objets portent des traces d’usage répété. Certains petits pots recèlent des restes de leurprécieux contenu. Ils ont été déposés dans les caveaux, en guise de viatique du mort, pour son bien-êtredans sa nouvelle vie d’outre tombe.

Echantillons de vases à fard et à parfums

Les pierres les plus variées sont sélectionnées pour fabriquer ces petits objets duquotidien. L’hématite présente un éclat noir brillant très séduisant.

Pot à koholSalle 9 | Vitrine 2

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1550-1295 av. J.-C..hématiteH. 4 x diam. 3,8 cm.don L., I. et A. CurtisE 23091

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Echantillons de vases à fard et à parfumsEtape n° 7

Le dieu Bès assure la protection rapprochée du corps contre les maux qui peuventl’attaquer. Sa position ici en gardien du contenu du kohol, destiné à être appliquéauprès de la zone particulièrement sensible aux maladies qu’est celle des yeux, estdonc la bienvenue.

Récipient à kohol en forme de dieu BèsSalle 9 | Vitrine 2

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1550-1295 av. J.-C..boisH. 8 cm.N 1339 A

Les étuis en roseau des tombes des dames du palais de Gourob, de modesteapparence, ont livré des résultats particulièrement intéressants aux analyses delaboratoire. Outre la galène, la phosgénite et la laurionite entraient dans leurcomposition, résultats de préparations longues et volontaires. L’inscription sur laplupart de ces tubes annonce le contenu : « fard-mesdemet (de galène) authentique,d’excellente qualité ». Ce sont probablement des produits distribués aux privilégiésqui vivaient dans l’orbite de la cour.

Etui à kohol fait dans un roseau Salle 9 | Vitrine 2

trouvé dans une tombe de GourobNouvel Empire, 18e dynastie, vers 1350 av. J.-C..H. 15,5 x diam. 1,8 cm.E 11047

L’ingéniosité des artisans s’est exercée avec succès sur les étuis à fards. Ici, le styletapplicateur de kohol sert à verrouiller le couvercle pivotant, une fois qu’il est glissédans la fente aménagée le long du récipient.

Etui à koholSalle 9 | Vitrine 2

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1550-1295 av. J.-C..ébène et ivoireH. 5,2 x la. 2,2 x ép. 1 cm.N 1343 A

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Dessin : sous une tonnelle, une servante présenteun miroir et un étui à kohol à sa maîtresse en trainde donner le seinSalle 9 | Vitrine 2. Déplacé temporairement dans l’exposition « les Artistesde pharons », musée du Louvre, avril-juillet 2002

Nouvel Empire, 19e dynastie, vers 1200 av. J.-C.éclat de calcaireH. 14,5 x la. 11,2 cm.don StreitzE 25333

Echantillons de vases à fard et à parfumsEtape n° 7

Une inscription différente sur chaque étui désigne l’usage du produit : outre le fardnoir de galène–mesdemet, on lit :« chasser le sang », « chasser la maladie », « ouvrirla vue ». Des produits pharmaceutiques se trouvent donc ainsi associés au fard dansun même objet quotidien. Sur un étui en roseau de Gourob, l’inscription se lit«produit pour extraire l’eau des yeux ». Conjonctivite, yeux humides : ce sont lesmaux ophtalmologiques quotidiens qui sont l’objet de ces soins ; malheureusement,il n’en reste pas assez pour l’analyse.

Etui à kohol aux quatre inscriptionsSalle 9 | Vitrine 2

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1550-1295 av. J.-C..boisH. 5,5 x la. 4 x pr. 4 cm.N 1353

Etui multiple orné d’un lis et d’un papyrus. Son couvercle pivotant est retenu enposition fermée par le stylet applicateur qui le traverse. Différents étuis associésservent éventuellement pour avoir à se disposition un choix de couleurs dans lagamme des gris clairs allant jusqu’au noir.

Etui à kohol quintupleSalle 9 | Vitrine 2

Nouvel Empire, 18e dynastie, vers 1550-1295 av. J.-C..boisH. 7 x la 4,8 x pr. 5,5 cm.N 1336

Au moment où l’accouchée reprend pied dans la vie normale, on lui apporte son étuià kohol et son miroir : elle réintègre ainsi la vie normale. Cette scène récurrenteévoque un rite de « relevailles » qui marque le retour au normal après le périlleuxmoment de l’accouchement. C’est dire à quel point de tels objets de toilette sontreprésentatifs de la normalité, de la vie quotidienne.

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Echantillons de vases à fard et à parfumsEtape n° 7

Les femmes récoltent les fleurs de lis, en extraient le jus en les pressant dans un lingetordu entre deux bâtons, procèdent à des mélanges ou des reversements, puis uninspecteur spécialisé en présente une coupe au propriétaire du tombeau d’où provientle relief : Païrkep, surnommé Psamétikmerneith. Cet excellent témoignage d’uneindustrie florale à la Basse Epoque ne nous informe pas sur l’usage du produit : est-ilemployé tel quel en guise de parfum ou bien est-il destiné à entrer dans d’autrescompositions, parfum ou boisson ?

Linteau sculpté en bas-relief : la préparation duparfum de lisSalle 4 | vitrine 9

Basse Epoque, règne de Psammétique ii (595-589 av. J.-C.), 26e dynastiecalcaireH. 29 x L. 119 x ép. 8 cm.E 11377