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SOMMAIRE P 2 : Edito. P 3 : Rubrique des écoliers P 6 : Le café Maurin par Jacqueline Maurin-Lerouge P 10 : Le café d’à côté par Nicole Forget-Capelle P 14 : Une terrasse où il fait bon vivre par John Bongaarts P 17 : Des souvenirs de-ci de-là P 18 : Le bon temps du comité des fêtes P 20 : Les premiers pas d’Elise P 21 : Le café vu par les peintres P 22 : Au temps de Jacky P 23 : Le jardin d’Elise, et la place reprend vie P 24 : Les voix du village envahissent les ondes P 26 : Brèves et annonces P 28 : Bande dessinée mars 2014 Photo : John Bongaarts

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SOMMAIREP 2 : Edito.P 3 : Rubrique des écoliersP 6 : Le café Maurin

par Jacqueline Maurin-LerougeP 10 : Le café d’à côté

par Nicole Forget-Capelle P 14 : Une terrasse où il fait bon vivre

par John Bongaarts

P 17 : Des souvenirs de-ci de-làP 18 : Le bon temps du comité des fêtesP 20 : Les premiers pas d’EliseP 21 : Le café vu par les peintresP 22 : Au temps de JackyP 23 : Le jardin d’Elise, et la place reprend vieP 24 : Les voix du village envahissent les ondesP 26 : Brèves et annonces P 28 : Bande dessinée

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La lumière du temps

Je me souviens des gensqui jadis avaient notre âge,nous les trouvions vieuxet pourtant !

Aujourd'hui nous avons leur âgel’on se trouve encore jeuneet pourtant !

La nouvelle génération, les générations futures,eux aussi nous voient âgés.et pourtant,

… la lumière du temps !

Ghislaine Cournier

A Saint-Laurent, depuis l'été 2010, se réunis-sent à la mairie des amoureux de la littératureet des gens qui eux-mêmes écrivent et font partaux autres de leurs écrits. Cela s'appelle "lec-ture de nos écrits". Les genres sont très variés :poèmes -en vers ou en prose-, nouvelles,romans, essais, chansons… Plus de la moitiédes participants sont de Saint-Laurent.

Bien des talents sont méconnus. Certes, on lesavait déjà mais, là, on le touche du doigt.

C'est resté discret car ce groupe est discret.Trop discret sans doute. Mais sont en train dese préciser des projets pour sortir de l'ombre.

A suivre, donc.

Gaby Pallarès

Pas de petite herboristerie d'Amandine pour ce numéro puisque le CNRS lui a confié unemission autour des plantes métalicoles des Avinières. Et comme on ne peut pas être partouten même temps ... !

NE RIEN RATER DU PETIT JOURNAL

Il n’arrive pas jusqu’à chez vous. Si vous habitez à l’extérieur du village, et que nos dis-tributeurs bénévoles n’arrivent pas jusqu’à votre boîte à lettre, vous pouvez profiter d’unpassage dans le centre du village pour venir retirer le dernier numéro du Petit Journal àL’escope du Jardin ou à la mairie.

Vous avez l’occasion de lire le Petit Journal pendant vosvacances à Saint-Laurent et vous avez envie de continuer àsuivre la vie du village tout au long de l’année : vous pouvezle recevoir par mail dès sa sortie. Pour cela, il suffit d’en fairela demande en écrivant à : [email protected] et enindiquant simplement “Abonnement Petit Journal parmail”.

Vous voulez retrouver les anciens numéros : Vous pouvez également retrouver tous les numéros en for-mat PDF sur : http://assonaduel.blogg.org/ “pour lecture àl'écran” ou “pour impression et pliage maison”.

Vous souhaitez participer au prochain numéro. Veuillez transmettre votre texte (etphotos éventuelles) avant le 5 juin, par mail à l’adresse : [email protected] ou dansla boîte à lettre de Chantal Bossard, 6, rue Cap de Ville à Saint-Laurent-le-Minier.

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• Rédacteurs : John Bongaarts, Chantal Bossard, Ghislaine Cournier, Nicole Forget-Capelle, Lucie Fontanieu,Jacqueline Maurin-Lerouge, Simone Molina, Gaby Pallarès, Jean-Pierre Poinas, Martine Trial, les enfants de l’école

• Bande dessinée : Jean-Claude Dandrieux• Crédit photos : John Bongaarts, Chantal Bossard, Ludivine Durand, Nathalie Fébrinon, Jacky Gourdain, Bernard

Jampsin, Lydia Marcy, Jacqueline Maurin-Lerouge, Elise Rozier, Martine Trial• Mise en page : Chantal Bossard • Relecture : Renaud Richard• Impression : Mairie de Saint-Laurent-le-Minier• Distribution : Mireille Fabre, Renaud Richard

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ITO

Lorsqu’il y a quelques semaines, j’ailancé cet appel aux textes et photosautour de l’histoire du café, je n’avaisaucune idée du nombre de pages quevos souvenirs allaient occuper. Vousavez été généreux et ce sont ainsi 18pages qui sont désormais gravées devos photos, anecdotes, petites et gran-des histoires.

C’est peut-être le moment de souli-gner que tous ceux qui s’expriment ici, le font bénévolement et cesont autant de cadeaux offerts au Petit Journal et au village.

Chantal Bossard

PS : Et puisqu’il reste un peu de place, je partage ici ce petit motadressé au Petit Journal et qui a été déposé discrètement dans maboîte à lettre :

“Il y a dans ce village des habitants humbles : ils vivent ce qu’ils ontà vivre, ils agissent fidèles à leur nature, sans ambition personnelle,sans revendication. Si vous leur portez une attention vive, vous verrezceci : inconsciemment, naturellement, ils sèment la joie. Attention !Ne leur dites rien, cette particularité appartient au silence.”

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Le 16 février le loto des amisdu Salet réunissait 80 personnes autour de Francis etMartine, Mireille et Frédo, Nadia et Dominique, Yves etSandrine, et Martine (et oui il y en a une deuxième). Undimanche gagnant pour celles et ceux qui ont eu la bonnesurprise de remporter un, voire même deux lots pour la pluschanceuse ! Mais, patience, les amis du Salet travaillent déjàsur les grandes lignes de leur prochain événement.

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BRèVESET ANNONCES

Le 8 février, Bernard Palacios et NicoleDufour ont proposé une soirée dédicace dudernier livre des éditions du Naduel. “Desécrivains racontent les choses et la vie”. Huitauteurs étaient présents. Nous empruntons àl'un d'entre eux* le récit de cette belle ren-contre : “Chacun et chacune a dit son par-cours, sa joie d'écrire, la chance qui lui futdonnée d'apporter sa contribution à l'ouvrage, enfin le bonheur de découvrir, tout beau toutchaud, ce livre plein de tendresse et d'humour au cœur duquel il, ou elle, a pu retrouver, com-posée avec un bel elzévir, ses propres lignes. Le public a savouré l'aven-ture, partagé la joie des auteurs et voulu lire à son tour. Ona dédicacé, dédicacé tant et tant que plus de trente livres ontvu leurs pages de garde se couvrir d'une dizaine de motsd'auteurs, ce qui a fait plus de trois cents bons mots en cettesoirée, qui s'est terminée au saucisson cévenol, au fromagede chèvre et au vin de Madiran.” *Jean-Pierre Poinas

Le 31 janvier, l’escope du jardin étaitcomble pour le vernissage de l’expo-sition d’hiver présentant sept peintresamateurs du village qui ont ainsi pudévoiler leur âme d’artiste !

Le 1er mars le Bal Trad’ organisé par l’asso-ciation des parents d’élèves “les Ptits Loups”a fait danser les enfants comme leurs parentset de nombreux amateurs de danses tradition-nelles venus des contrées voisines.

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Pablo : A l'école nous avons regardé réguliè-rement en fin d'après-midi dans la salle vidéol'opéra de Mozart. Nous nous installons, lesgrands sur le banc et les petits sur des chai-ses ou sur les tapis. Dominique nous deman-de de faire silence et de nous concentrer.

Lou : A l'école, nous avons regardé un opéraqui s'appelle "L'enlèvement au sérail". Unopéra c'est une pièce de théâtre chantée.

Pablo : L’histoire se passe sur un bateau, il ya Belmonte, Pedrillo, Blonde et Constance.

Lou : Le navire se fait attaquer par un cor-saire nommé Osmin (au service du PachaSélim) qui les enlève. Seul Belmonte luiéchappe.

Matisse : Pédrillo faisant passer Belmontepour un architecte réussit à le faire entrer aupalais. Pacha Selim tombe amoureux deConstance et Osmine de Blonde.

Céline : Pacha Selim veut se marier avecConstance mais elle a dit non parce qu'elleaime une autre personne.

Lou : Belmonte (l'architecte) retrouvePedrillo et lui dit de donner un somnifère àOsmine.

LA RUBRIqUE DES éCOLIERSL’OPéRA RACONTé PAR LES ENFANTS

Le chef d’ochestrede l’opéra.

Enzo : Mozart est né en 1756 àSalzbourg de nationalité autrichienne etmort en 1791 à Vienne.Sérail : Partie du Palais d'un sultan turcqui était réservée aux femmes.Pacha : Noble qui dirigeait une provincedans l'ancien Empire turc.

Arthur : Mozart compose dès l'âge decinq ans. A partir de six ans, il donne desconcerts dans toute l'Europe. A dix-septans, il a déjà écrit plus de 200 mor-ceaux : des messes, 49 symphonies etdes opéras comme la flûte enchantée.

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Ci-contre, Zoé Huber, la fille de Kristou, apassé quelques jours dans les locaux de laradio pour un stage dans le cadre de son pro-gramme scolaire. Les auditeurs attentifsauront pu reconnaître sa voix dans le tam-tam tout au long de sa semaine de stage !

Janina continue ses lectures “à livre ouvert”sur les ondes de Radio Escapades, (103.3, 104.1).Diffusion le mercredi à 11h et le dimanche à 10h,1 semaine sur 2. On peut écouter en direct etaussi télécharger librement toutes les émissionssur http://www.radioescapades.org. Pour vous,Janina peut aussi lire un message pour un anni-versaire, un poème, ou juste un mot d’amour.Pour cela adressez votre demande par mail à :[email protected] en précisant “pourl’émission A livre ouvert” ou par voie postale à :A livre ouvert, Radio Escapades, cours des caser-nes, 30170 Saint-Hippolyte-du-Fort. Les émissions de Janina sont enregistrées surCD. Si vous souhaitez les écouter, contactez la au06 63 85 09 91.

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Photos prises à l’occasiondes Petites Scènes Ouvertesde Jonathan, Kid Steez &Arthis diffusées en directsur Radio Escapades le 1erfévrier dernier ! Merci àLydia & JM pour la tech-nique, Marie Ange pour legoûter, merci au public pré-sent et à tous ceux qui nousont suivis sur le 102.0 ;103.3 ; 104.1 ou .org ! Nathalie Fébrinon

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Souan : Pédrillo dit “je vais lui donnerun doliprane comme ça on pourra s'é-chapper.”

Lou : Mais Osmine ne s'endort pas.Pedrillo part chercher les trois prison-niers pour s'évader. Au même moment,Osmin arrive et empêche l'évasion. Il lesamène dans une salle où les attend lepacha Selim. Il leur dit "Je devrais voustuer". Belmonte avoue qu'il n'est pas unarchitecte. Il est en vérité le fils d'unespagnol. "Mon pire ennemi" dit lePacha Selim.

Fabien : Osmin veut qu'on les pende,qu'on les brûle, qu'on les noie, qu'on lespoignarde, qu'on lesemprisonne, mais PachaSelim les laisse partir car ilne faut pas répondre à laviolence par la violence.

Enzo : Le Pacha Selim décide de leslaisser partir parce que Constance lui ditque la violence ne sert à rien donc ilréfléchit et trouve que Constance a rai-son car la violence ne résoud jamais riendonc il les laisse partir mais Osminn'est pas content.

Kenzy : Blonde et Pédrillo s'aimaient.Constance et Belmonte s'aimaient. Çam'a plu parce qu'ils se sont retrouvés.

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Les auditeurs de Radio Escapades quisuivent les émissions de Janina ont peut-être entendu ses invité(e)s saint-laurentais(es) de l’année passée : NicoleForget a raconté le village au mois dejuin 2013 ; Nadia et Bernard Jampsinont fait part de leurs lectures dans l’émission “A livre ouvert” ; puis Emmaet Chantal invitées en décembre 2013ont parlé de l'histoire de L’escope duJardin et du Chemin des z’Arts. Depuisle début de l’année, c’est une nouvellevoix saint-laurentaise que les auditeursde Radio Escapades reconnaissent désormais : Anouk, la fille de NathalieFébrinon, a installé ses quartiers à Saint Hippolyte du Fort pour un poste d’animatrice aumicro de cette radio. On peut l'entendre du lundi au vendredi dans le "tamtam", l'agendaculturel qui passe en direct à midi et qui est rediffusé le soir à 19 h mais également au coursde la journée quand elle annonce les émissions et elle fait aussi un direct le lundi et jeudi à10 h où elle passe la musique de son choix.

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LES VOIx DU VILLAGE …… ENVAHISSENT LES ONDES

Emma et Chantal ont raconté leur travail au sein de L’escope du Jardin

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2014, LE JARDIN D’ELISE OUVRE… ET LA PLACE REPREND VIE !

Maxime l’accordéoniste de Sumène,il était là pour l’ouverture de GilbertRozier en 1989. Il était encore làpour la fermeture de Gilbert en 1995et il revient pour l’inauguration duJardin d’Elise, 19 ans plus tard, le 7février 2014.

Après y avoir fait ses tout premiers pas en 1991aux côtés de son papa, (voir page 20), Elise Roziera repris le café de la place qui a réouvert ses por-tes le 1er février 2014.Ceux qui sont passé au bar pendant le premiermois d’existence de ce nouveau lieu de vie l’ontvue à l’ouvrage, autant pour servir les clients, quele pinceau à la main pour donner un grand coup dejeune à la salle de restaurant. Et c’est vrai que lamétamorphose est réussie.Encore quelques jours de suspens et le restaurantouvrira ses portes début avril avec une cuisine depays, traditionnelle et familiale.

Souhaitons longue vie au Jardin d’Elise et à sajolie patronne qui vient tout juste de fêter ses 23ans. Et si en passant par là, vous voyez derrière lebar un homme aux tempes déjà bien blanchies, necroyez pas que vous avez changé d’époque, c’estseulement Gilbert, le papa qui sera là pour secon-der sa fille pendant la première saison !

Elise et Gilbert Rozier.

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Je connais bien cette grande maison et son histoire. Elle appartenait autrefois à mesgrands-parents : Josué Maurin et Emma Laporte, tous deux originaires de Roquedur le

Haut. Mariés en 1882, ils ont eu trois garçons : Emile (1885-1967), Louis (1888-1976) etSamuel (1892-1957). Louis et Samuel sont tous les deux nés dans cette maison.

Josué Maurin et Emma Laporte sont venus à Saint-Laurent-le-Minier peu après la naissan-ce d'Emile. Ils se sont installés chez leur cousin Paul Soulages rue Cap de Ville où ils ontfilé la soie sur des métiers au temps où la sériciculture était florissante.Ensuite, Josué a acheté la grande maison de la place du Jardin qui est devenue alors le "CaféHôtel Maurin" tel qu’on peut le voir sur la carte postale ci-dessus. Ma mère l’avait envoyéeen 1911 à son fiancé (mon père) qui était alors instituteur en poste en Algérie. La dame quise trouve devant la porte au pignon de la maison est sans doute Emma, ma grand-mère.

Grand-père Josué cultivait ses vignes, l'une au chemin des Horts et l'autre au Champ, routede la Combe où il avait un petit mazet. Parfois avec son cheval et sa charrette, il allait jusquedans la plaine vendre son vin.

La mine des Malines était en plein essor. Les maisons du village étaient habitées de la caveau grenier. Emma et Josué, tous deux vaillants cévenols, avaient beaucoup de clients au baret restaurant mais ils ont voulu aussi faire instruire leurs trois garçons. Ils ont passé à 12 ansle certificat d'études primaires à l'école publique du village, cette belle école construite vers1883 au temps de Jules Ferry avec un excellent maître-directeur des garçons : monsieur

L’HISTOIRE D’UN CAFé DE VILLAGELE CAFé MAURIN PAR JACqUELINE MAURIN-LEROUGE

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Août 2012, alorsque sur la place,certains vident leurgrenier, la terrasses’est remplie.

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AU TEMPS DE JACKY1995 à 2013

En juin 2013, laterrasse recevaitle Gourgoulidoupour un de sesrepas réunissanttout le club.

juillet 2012, Jacky et Lydia

prennent le fraisdans la fontaineaprès le service.

2008, une petite pause pour Michèle et Jacky.

Ernest Claris. Les deux aînés ont poursuivi leurs études à Nîmes et Aix en Provence. Louisest devenu instituteur et Emile ingénieur des Arts et Métiers.

Après le décès de leurs parents partis hélas bien vite, le jeune Samuel est devenu le proprié-taire et a continué à faire prospérer ce commerce. Samuel a épousé Hélène, fille de Léon etSuzette Maffre qui habitait le mas du Razal.Ils ont eu un fils, René Maurin qui, lui aussi, a fait de bonnes études et a travaillé à la SNCF.La mine étant encore prospère, il est resté trois ans au bureau, faisant des plans de la mineet du château. Il aidait aussi ses parents à servir au bar, au restaurant et en automne pour lesvendanges.

Lorsque j'étais toute jeune, j'aimais venir chez Samuel et Hélène avec mes parents et masœur. Je circulais partout dans cette grande maison. Je descendais dans la cave pour regarderSamuel tirer le vin. J'observais Hélène qui faisait monter l'eau sur l'évier de la cuisine avecune pompe. Dans la petite cour intérieure, je passais un long moment à regarder tante Hélène,avec sa mère Suzette, parfois avec la tante Rosa, la cousine Victoire et maman, toutes au tra-vail. C'était amusant de les voir plumerles volailles et peler les lapins !

On mangeait très bien au restaurantMaurin. Je me souviens encore de sonexcellent civet de lapin, son "lapinchasseur", ou le buisson d'écrevisses etdu dessert, la délicieuse tarte aux pru-nes rouges ou reines-claudes tandisque l'oncle Samuel servait le bon vinde ses vignes et puis le café pour biendigérer. Après le repas, on se reposaitparfois sur la terrasse à l'ombre desplatanes pour jouer aux cartes.

Début août, mon père Louis venaitaider Samuel pour servir les jours de lafête votive. Avec mes cousins, c'étaitagréable en été de boire un verre delimonade bien fraîche sur la terrasse.

Je me souviens aussi au fond du cou-loir d'entrée des petits casiers en boisoù l'oncle Samuel faisait ranger lesboules. Je revois encore ces grosses boules en bois cloutées qui servait au jeu lyonnais qu'onappelait "la longue" et les boules en métal, plus petites, qui servaient au jeu de pétanque.Les hommes jouaient sur la place tandis que les spectateurs jeunes et vieux, debout, ou assissur les vieilles banques en pierre les encourageaient, les applaudissaient et l'on entendaitparfois chanter : "Une partie de pétanque ça fait plaisir..." Cette belle chanson populaire quel'on chante encore dans le midi de la France et ailleurs a été composée par AndréMontagard, le père de Jacques Montagard qui habite encore au château.

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A gauche ma cousine Alice, au milieu ma sœurViolette et à droite mon cousin Hubert. Tousles trois installés autour d'un guéridon avec unplateau en marbre blanc. C'étaient les premiè-res petites tables du café.

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1995, le 28 mai, Pauline, Elise, Gilbert et sa femme Martine et Dominique, la tante d’Elise.

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POUR LA POSTéRITéLE CAFé VU PAR LES PEINTRES

Pour la réouverture en février 2014, GilbertRozier a ressorti son tableau peint en 1990par Dany Mo, une cliente de passage.

Ci-contre, un tableau réalisé juste après la guerre à partir d’une carte postale par E. Hecker, un ami peintre de la famille deNicole Forget-Capelle.

Détail : Sous le balconjoliment ouvragé del’actuelle maisonBrager, on peut voirl’étal du “grandbazar” de NoémieCampredon.

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Au premier étage de la maison se trouvait une grande salle que l'on appelait le CercleRépublicain. On y faisait des réunions publiques. C'est là aussi que mon cousin HubertMaurin de Lille nous projetait ses premiers films ! On y écoutait des chansons. C'est danscette salle aussi qu'a eu lieu le repas pour le mariage de ma soeur Violette en 1938 avecAndré Delenne, le frère de Roger Delenne. Nous étions très nombreux, nous avons chanté !Puis en 1955 le mariage du fils de Samuel et Hélène, René avec Odile Moulières deMonoblet. Une vieillebouteille de vin a coulé etle repas était excellent !

Avec mes parents, noushabitions déjà à l'écoledepuis 1954. Lorsque j'aiété nommée en 1954 àl'école de Saint-Laurent-le-Minier, mon père a étéheureux de retrouver sonfrère Samuel. Il montaitsouvent le voir et lors-qu'il faisait beau, ils fai-saient une partie de belo-te à l'ombre des platanesavec des mineurs retrai-tés, des amis. Parfoismon père aimait aussivenir au café faire une partie de manille ou de bridge avec son frère Emile et M. le colonelLacombe qui était alors maire du village.

Plus tard c'est dans la salle de restaurant au rez de chaussée que nous avons fait notre repasde mariage le 20 décembre 1975. On me voit au milieu de la photo à côté de mon mariEdmond Lerouge. Le gérant de l’époque était M. Murcia.

Eté 1956. De face : à gauche mon père et à droite avec lebéret, Samuel le propriétaire qui venait regarder les partiesde belote. De dos : à gauche M. Vieilledent, au centre M. Ponson, le père de Francis. De profil à droite : M. Gelly.

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1992 en janvier, Elise est déjà derrière le bar mais dansles bras de son père tout de même !

1993 août, Elise dans la cuisinedu restaurant a déjà le torchonsur le bras, prête pour le service.1992, Elise et sa sœur.

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1990, LES PREMIERS PAS D’ELISELA VOIE EST TRACéE

1991, le 9 juin, Gilbert Rozier avec safille Elise.

1992, Elise et sa sœur en terrasse.

Toujours le jour demon mariage, à droite :René Maurin qui nousa quitté récemment àcôté de sa femmeOdile et à gaucheHubert et RoselyneSoulier.

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Lorsque début févrierde cette année, j'ai vu lebar du Jardin réouvrir,j'ai pensé que c'était unebonne chose pour levillage. Je souhaite àGilbert Rozier et à safille Elise gérante bontravail et réussite aunouveau jardin.

Jacqueline Lerouge

En août 2008, dans lasalle de restaurant deJacky Gourdain avec mesamis de Brest et deCarnon.

Ma tante Hélène Maffre-Maurin, la dernière proprié-taire avant Gilbert Rozier. Pour les dernières années elle a vu passer plusieursgérants qui se sont succédés : Soutoul, Murcia,Boissière, puis c’est Gilbert Rozier qui a repris lamaison.

En 2006, je fêtais mes80 ans sur la terrasse.

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1990, au mois d’aoûtlors du repas du comitédes fêtes qui, à l'époque,organisait la fête de laSaint-Laurent.La fête commençait levendredi et finissait lelundi soir par un superbebal masqué. De grandsorchestres se succé-daient sur la place dujardin.Gilbert Rozier apportaitune large contribution, ilnourrissait les musicienset participait financière-ment à la fête.

quelques jours après lafête, c’est encore chezlui que le comité seréunissait. On peut voirsur la photo Gilbert nousprésentant son superbegâteau.

Martine Trial

1992 en janvier, unegrande tablée au res-taurant. On reconnaîtMartine Rozier, GuyJournet et un des frèresAxisa, Robert ouBernard ?

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LE CAFé D’à CôTéPAR NICOLE FORGET-CAPELLE

Mes parents et moi-même habitions à Paris, mais nous sommes toujours venus passernos vacances à Saint-Laurent dans la maison de mes grands-parents maternels.

J’avais une dizaine d’années à la fin de la guerre. Je retrouvais pendant deux mois et demimes cousins, mes camarades du village, enfants de mineurs pour la plupart, et tous les petitscitadins de mon âge dont les parents s’étaient expatriés dans les villes pour y travailler.Nous étions heureux car nos grands-parents nous accueillaient avec joie.

Les maisons grands-paternelles, si attachantes qu’elles fussent, étaient pour nous essentiel-lement des cantines et des dortoirs, car, durant les journées, nous formions, par petits groupes d’âge, une population juvénile fluide qui filait d’une maison à l’autre, d’unemagnanerie à l’autre, d’un ruisseau à l’autre, d’une rue à l’autre dans un village quasimentsans voitures.

Nous étions à la fois très libres et sous la haute surveillance de tous les adultes qui nousconnaissaient tous ; nous savions que toute incartade de notre part arriverait rapidement, via“les réseaux sociaux et internet saintlaurent.com”, aux oreilles de nos familles qui se char-geraient de nous rafraîchir la mémoire… Les seules “figures imposées” étaient la corvéed’eau aux fontaines du jardin ou du poilu, et la sieste que je vivais comme un pensum encomptant les coups qu’égrenait le clocher de l’église au-dessus de ma tête avec une lenteurdésespérante, à croire qu’il le faisait exprès. Vers seize heures, quand la chaleur tombait unpeu, après une rapide tartine, nous sortions tous comme un vol de moineaux. Nous rentrionspour le souper, mais nous ressortions dès la dernière bouchée avalée pour profiter du

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LES ANNéES 90LE BON TEMPS DU COMITé DES FêTES

1990, le 14 juillet sur le boulodrome, en premier plan, on voit les jumelles Christelle etCarole Nègre encadrant la petite Manon Armas, à droite, Malik Yamani et Icheem son petitfrère. Au fond, Olivier Gounelle et Françoise Dubois.

Fête de la Saint-Laurent, le 10 août. A gauche, Lydia Marcy et Martine Trialjouent de la trompette. Elles sont entourées de Coco Armas, DominiqueOkroglic, Katie Azéma. De dos, Annie Nègre, Thierry Laporte, et Joël.

moment le plus merveilleux, celui où la nuit tombait et enveloppait les ruelles et traversesque nous connaissions par cœur, mais dans lesquelles nous jouions à nous faire peur. Notreterrain de jeux s’étendait sur la route jusqu’à la porte du cimetière ; notre témérité s’arrêtaitlà… Nous voyions descendre de la mine, un à un, les phares des vélos des mineurs commeautant de petits vers luisants qui couraient vers nous. Le café Maurin et sa terrasse nous gratifiaient d’une lumière diffuse et rassurante, ils étaient pour nous comme le phare quiveillait sur “le haut de Saint-Laurent”.

Vers 22h30, nous nous faisions rares : il fallait éviter d’entendre nos grands-mères quicriaient nos prénoms dans la rue et demandaient à tel ou tel s’il ne nous avait pas vus ;“quanté diable aquel enfant” bougonnait la grand-mère ! quand je me “rendais” MéméNancy essuyait énergiquement mon visage rouge et en sueur et manquait rarement de merappeler le fameux “chaud et froid” quiavait en effet couté la vie à mon autregrand-père, alors qu’il était encore trèsjeune. En m’étrillant ainsi chaque soirMémé Nancy était persuadée qu’elle mesauvait la vie ; je m’endormais rassurée,d’autant plus que de l’autre côté du mur dema chambre veillait celui qui pour moi nedormait jamais, car tous les jours il s’éclai-rait bien avant mon réveil et s’éteignait bienaprès mon coucher, je veux parler du caféMaurin.

A cette époque, il faisait déjà figure de res-capé, comparé à tous les cafés de son âge,qui n’avaient pas résisté au déclin de l’acti-vité minière que ma famille évoquait déjàavec nostalgie. Disparu, le café Agrinet dela rue du four, tenu par la Coumette quiavait été la nourrice de Maman ; c’était,parait-il, le café des mendiants et des mon-treurs d’ours. Disparus, le café Durand de larue Antoine Carles, le café Sorbs qui étaitautrefois au rez-de-chaussée de notre mai-son, le café Fayssat, les cafés Puech et Gellyqui détenaient les jeux de quilles près del’actuel boulodrome.

Le café Maurin résistait et prospérait. Il avait été fondé à la fin du 19ème siècle par JosuéMaurin, marchand de vin ambulant qui ouvrit le café avec sa femme Emma. Josué mourutjeune et son frère Paul fut tué à la guerre. Ce furent les courageuses femmes de la famille,Emma, Rosa, puis Victoire qui tinrent le café jusqu’à ce que Samuel, le plus jeune des fils de Josué, rentre de la guerre. A noter qu’au premier étage du café se tenait “le cercle

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Une voiture sur la place du Jardin

Un jour, Aimé Arnaud né en 1911 racon-tait : “La première voiture sur la place,ha... c’était madame Bonneau, la châte-laine. Tu aurais vu ses cuivres... Y-avaitque des cuivres... et ça brillait ! Alorsvoyez, elle était la seule garée dans toutela place du Jardin. Et elle la mettait là...pour qu’on puisse l’admirer... !”

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Frédéric Eyral : Pendant les vacances, je venais avec mon grand-père Marcel qui avait unemaison à Saint-Laurent. C’était dans les années 60. On venait manger au restaurant. Il étaitrenommé pour être une des bonnes tables de la région. Et c’est vrai qu’on y mangeait bienet il y avait de la fraîcheur l’été avec les platanes. A l’époque, il n’y avait pas autant de voi-tures sur la place.

Lucie Fontanieu : Pour moi,le café, c'était Marthe. Leseul jour où elle n'était passur la terrasse avec Lucienneet Madame Guiraud, c'étaitles lundis ou alors les joursde pluie. Le café, c'était aussi le pointde ralliement familial, sur-tout l'été, autour des tables à rallonge où les cousins etcousines se retrouvaient.C'était encore cet énorme fourire avec Simone, c'était Patou qui servait alors derrière le bar, c'était les papotages avec lescopines, et encore tellement de petits souvenirs...

Simone Molina : Soutoul, il faisait le pastis à 50 centimes de moins que les autres. C'était lemoins cher de la région. Un jour, il y a quelqu'un qui le lui a dit alors il a monté son prix maisles hommes ici n'étaient pas d'accord. Ce qui fait qu'avec quelques-uns, ils ont décidé de neplus aller au café. Ils achetaient la bouteille. Ils se retrouvaient sur la place à côté de la fon-taine et chacun payait sa part. Et puis l'eau coulait juste à côté. Il n'y avait qu'à se servir !

John Bongaarts : Le client est roi ! Après notre installation à Saint-Laurent, nous venionstous les soirs à la terrasse "du Jardin" à chaque fois pleine de monde. Il s’est montré trèsvite un fort décalage d'horaires entre nous (les estivants de la rue de la Fontaine, Bongaarts,Duverne et leur entourage) et le patron (Tony Murcia). Nous étions là pour profiter au maxi-mum des nuits d'été. Les pauvres Tony et Joëlle devaient travailler dur du matin au soir. Lui,comme il convient à un bon patron, voulait trouver une solution pour faire plaisir à sesclients. Il nous proposait alors de fermer le bar à l'heure qui lui convenait en nous laissantquelques bouteilles quand on voulait rester encore un moment en terrasse. On devait mettre les bouteilles devant la porte en partant. La facture était réglée dans la journée suivante. Cette solution a bien fonctionné jusqu'au départ des Murcia.On peut parler d'un service qui a disparu mais qui a laissé, chez tout mes invités de l'époque,beaucoup de doux souvenirs des soirées conviviales passées sous les platanes. Tout ça grâceà un patron et une patronne modèles. Merci Tony et Joëlle pour tant de beaux moments !

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DES SOUVENIRSDE CI… DE Là

1998, la famille Fontanieu en terrasse. A droite, lesparents de Lucie : Helene et Jean Fontanieu. A gauche,Pierre un des frères, et Marthe, la Grand-mère.

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républicain” où on cherchait à refaire le monde. Depuis les guerres de religion, Saint-Laurent n’a jamais reculé devant la “confrontation des idées”. Ainsi, juste en face du caféMaurin et de son “cercle républicain” se tenait le “cercle catholique” où on cherchait aussicomment refaire le monde, sur d’autres bases évidemment.

Samuel avait épousé Hélène venue de son Razal natal. Ils avaient un fils René nettementplus agé que moi. Samuel cultivait ses vignes près du village et commercialisait le vin queles habitants venait acheter “au litre”, chacun apportant sa bouteille vide. Samuel ou Hélèneservaient au comptoir ; Hélène s’occupait de la régie, c’est-à-dire des formalités relativesaux nombreuses taxes que l’Etat percevait sur tout mouvement d’alcool et de tabac qui sefaisait sur le village. quand j’étais jeune, Suzette, la mère d’Hélène, vivait avec ses enfants.Elle était aux fourneaux : il fallait préparer les repas familiaux et les repas des pensionnai-res de l’hôtel. Suzette allait aussi tirer le vin à la cave pour les clients, selon un rituel bienétabli : elle sortait dans la rue en tenant par le goulot deux ou trois bouteilles vides, tournaitle dos à la porte de la cave et s’engouffrait à reculons dans le trou noir. Cette façon de faired’une grand-mère en jupe longue m’intriguait beaucoup jusqu’à ce que je comprenne quela pirouette de Suzette était ren-due obligatoire par la faible hau-teur de la porte de la cave et par laraide descente dans les entraillesde la terre.

Le café Maurin était un peu maseconde maison et pour plusieursraisons. Chaque jour vers 11 heu-res, en rentrant de ses vignes, monpère s’installait à la premièretable de la terrasse du café ; sou-vent à ses pieds dans le caniveause tenait couchée Marquise, sachèvre préférée qu’il avait dresséeet qui allait assister à la partie decartes, la manille le plus souvent.Le café Maurin, sous les platanesde Saint-Laurent, devenait alorsle “bar de la marine” de MarcelPagnol à Marseille : mon père, le maire monsieur Lacombe, Louis Maurin, Albert Gellys’installaient. quand l’un d’eux était empêché, Samuel “faisait le quatrième”. Tous avaientensemble autrefois, sur les mêmes bancs de l’école, épuisé la patience de leur instituteurmonsieur Claris père.

C’était le côté jardin du café Maurin, celui que tout le monde pouvait voir. Pour moi il yavait surtout le côté cuisine ; la cuisine de Suzette et celle de Mémé Nancy fonctionnaientsur le principe des vases communicants : un œuf par ci, un oignon par-là, changeaient decôté. Suzette et Nancy n’ont sans doute pas eu assez de leurs longues vies pour épuiser leurs

Rue des Maquisards, la chèvre Marquise grimpedans la voiture pour une petite promenade !

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1985, maintenant inimaginable, mais à l'époque pen-dant l'été la terrasse était pleine tous les soirs !

1985, cette vue depuis la terrassen'a pas changé pendant desannées. Pierre Brager, le père.

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1985, petit plaisir discret et paisible pour M. Rouag.

1985, les discussions continuent autour de laterrasse. Jean Rouïre, Georges Journet etAimé Arnaud.

1983, les deux sœurs, Lina et Lea.

1983, Joëlle Murcia, John Bongaarts,Bernard Brager.

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recettes de cuisine et pour se raconter tout ce qu’elles avaient à se dire, tant en françaisqu’en patois. Une grande épreuve commune les rapprochait encore : en 1914, un des deuxfils de Nancy avait été grièvement blessé, et l’autre avait été tué à la guerre. En 1915 et 1917les deux fils de Suzette avaient été tués ! A chacune il restait une fille, Hélène et Valentine,et un gendre, Samuel et Papa. Suzette était un peu mon autre grand-mère… mais par unechaude après-midi d’août en 1950, Suzette tomba malade. Le médecin monta. Après l’avoirraccompagné, Maman qui était infirmière vint vers notre petit groupe de jeunes qui était –évidemment - dans la rue et nous dit : “Suzette est bien malade, je dois lui faire rapidementune saignée, l’un de vous doit descendre à Ganges en vélo pour me ramener des sangsues”.Descendre à Ganges, nous savions faire, mais des sangsues ! Les seuls mots de saignée etde sangsues me glaçaient le sang, j’imaginais d’énormes serpents répugnants avec des ven-touses partout, capables de sucer mon sang, peut-être même de me vider de mon sang !Grand silence dans nos rangs… ! Grand intérêt pour le bout de nos chaussures ! Deux évi-dences s’imposaient à moi : tout d’abord, seul un garçon serait capable d’un tel exploit (la“théorie du genre” a parfois du bon), ensuite je savais que si personne ne se dévouait,Maman me désignerait d’office et que l’urgence ne permettrait aucune négociation.quelques secondes encore et l’un de nous déclara : “j’y vais” ; un héros ! Un garçon, effec-tivement, qui se reconnait peut-être aujourd’hui, lui que j’ai perdu de vue, mais qui a déjàécrit dans le petit journal. Hélas, les sangsues, dont la taille à l’arrivée me déçut, ne purentrien pour sauver Suzette qui nous quitta, je fus très triste ce jour-là ; pour moi, une page ducafé Maurin se referma.

Il me restait Samuel que j’appelais mon grand copain et qui avait souvent une manièreenvers moi : il m’offrait par exemple, chaque année pour la fête votive, la première grappemûre qu’il ramenait de sa vigne la mieux exposée, celle du colombier.Mais à l’automne 1957 le drame arriva. Mon père et moi étions repartis à Paris. Mamanétait restée seule à Saint-Laurent. Un jour, en toute hâte, on vint la chercher, elle l’infirmiè-re : Samuel, son ami et voisin et Albert Gelly, son ami et père de mon parrain venaient des’asphyxier dans la cuve à vin de la grange du café (l’actuelle salle de restaurant). Sortis surla terrasse par des hommes, ils étaient inertes sur le sol. Pour Samuel il était déjà trop tard ;par contre par des massages cardiaques et du bouche à bouche, Maman put ranimer Albertqui vécut encore de nombreuses années. Le désespoir de Maman fut immense. A Paris nousfûmes accablés. Je savais que pour moi le rideau rouge venait de tomber sur le café Maurin.Hélène et Valentine, leur vie durant, continuèrent à s’écrire des lettres dont chacune pour-rait être l’ancêtre du “petit journal”, magnifiques de narration, de grammaire, d’orthogra-phe, d’écriture, surtout quand on sait que leurs auteures, certificat d’étude en poche, avaientquitté l’école du village à douze ans ! Bravo monsieur Claris et mademoiselle Perrier !

Le café continua avec différents couples de gérants (les Soutoul, Murcia, Boissière, Rozier,Gourdain) qui ont orienté l’activité vers la restauration. La terrasse, en été, au cours des sai-sons fut plus ou moins remplie selon le contexte de l’époque et la qualité des menus.Aujourd’hui le café Maurin va prendre un nom romantique “le jardin d’Elise” et nous luisouhaitons, bien sûr, longue et heureuse vie.

Nicole Forget-Capelle, le 06/03/2014

Page 14: Photo : John Bongaartsekladata.com/blPAbBisxsV_DFG6mZiZkcCX75E.pdfP20 : Les premiers pas d’Elise P21 : Le café vu par les peintres P22 : Au temps de Jacky P23 : Le jardin d’Elise,

1982, John Bongaarts improvise un bureauen plein air. Projet urgent pour le gouverne-ment ivoirien pendant ses vacances.

1982, l'époque où Olivier Gounelle servaitpendant les vacances d'été. Ici avec John etJosje Bongaarts.

1980, Tony Murcia au service. 1981, Daniel Blaquière.1983, l'audience attentive, John Bongaartset Lina Pallarès.

1983, la fête de la fougasse avec Marielle etIsabelle Mougenot.

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UNE TERRASSE Où IL FAIT BON VIVREPAR JOHN BONGAARTS

1979, Daniel Blaquière. 1979, Jeannot Pallarès, Valérie et JosjeBongaarts, Jean Bernard Arnal et Jean lecuisinier du Fournil.

1980, concours de boules, François Zanella,M. et Mme Ginestoux et Roger Delenne,ancien instituteur puis maire du village.

1980, M. Molter et Roger Puech, l’oncle deLucette.

1981, Georges Journet avec sa mule.

1982, avant que la vitesse ne soit limitéedans le village, Jacqueline Guiraud et sonmari.