Peuple de Tibère

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Tibère Pour les articles homonymes, voir Claudius Nero. Tibère (latin : Tiberius Caesar Divi Augusti Filius Augus- tus), né à Rome le 16 novembre 42 av. J.-C. et mort à Misène le 16 mars 37 ap. J.-C., est le deuxième empereur romain de 14 à 37. Il appartient à la dynastie Julio- Claudienne. C'est un descendant de la gens Claudia et il porte à la naissance le nom de Tiberius Claudius Nero. Durant sa jeunesse, Tibère se distingue par son talent militaire en conduisant avec succès de nombreuses campagnes le long de la frontière septentrionale de l'Empire et en Illyrie, souvent aux côtés de son frère Drusus I, qui meurt en Germanie. Après une période d'exil volontaire dans l'île de Rhodes, il retourne à Rome en 4 ap. J.-C. où il est adopté par Auguste et devient le dernier des successeurs potentiels de l'empereur, se nommant dorénavant Tibe- rius Iulius Caesar. Il mène alors d'autres expéditions en Illyrie et en Germanie afin de remédier aux conséquences de la bataille de Teutobourg. À la mort de son père adoptif, le 19 août 14, il obtient le nom de Tiberius Iulius Caesar Augustus et il peut lui succéder officiellement dans la fonction de princeps se- natus car il est depuis 12 ans associé au gouvernement de l'Empire romain, détenant aussi l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne, les deux pouvoirs majeurs des empereurs du Principat. Il met en place d'importantes réformes dans les domaines économiques et politiques, met un terme à la politique d'expansion militaire, se limi- tant à sécuriser les frontières grâce à l'action de son neveu Germanicus. Après la mort de ce dernier et de celle de son fils Drusus II, Tibère favorise la montée du préfet du pré- toire Séjan. Il s’éloigne de Rome et se retire sur l'île de Capri. Lorsque le préfet essaie de prendre possession du pouvoir, Tibère le fait destituer et assassiner. L'empereur ne retourne plus dans la capitale où il est haï jusqu'à sa mort en 37. Caligula, fils de Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, lui succède. Tibère a été durement critiqué par les historiens antiques tels que Tacite et Suétone, mais sa personnalité a été ré- évaluée par les historiens modernes comme étant celle d'un politicien habile et prudent. 1 Avant l'accession à l’Empire 1.1 Origines de la famille et jeunesse (42 - 26 av. J.-C.) 1.1.1 Sa naissance et son enfance mouvementée Tibère naît à Rome [N 1] , [a 1] , [1] le 16 novembre 42 av. J.- C. [N 2] de l'homonyme Tiberius Claudius Nero, césarien et préteur la même année, et de Livie, de près de trente ans plus jeune que son mari. Aussi bien par la branche paternelle que maternelle, il appartient à la gens Claudia, une vieille famille patricienne arrivée à Rome lors des premières années de la période républicaine et qui se dis- tingue au cours des siècles par l'obtention de nombreux honneurs et de hautes magistratures [a 2] . Depuis l'origine, la gens Claudia se divise en de nombreuses branches fa- miliales, parmi lesquelles celle qui prend le cognomen Ne- ro (qui, en langue sabine, signifie « fort et valeureux » [a 2] ) à laquelle appartient Tibère. Il peut donc se dire membre d'une lignée qui a donné naissance à des personnages d'un rang très élevé [a 3] , comme Appius Claudius Sabinus ou Appius Claudius Caecus, qui comptent parmi les défen- seurs de la suprématie des patriciens lors de la Guerre des ordres [N 3] , [a 4] . Un buste de Tibère conservé à Paris au musée du Louvre. 1

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TibrePour les articles homonymes, voir Claudius Nero.Tibre (latin : Tiberius Caesar Divi Augusti Filius Augus-tus), n Rome le 16 novembre 42 av. J.-C. et mort Misne le 16 mars 37 ap. J.-C., est le deuxime empereurromainde1437. Il appartient ladynastieJulio-Claudienne.C'est un descendant de la gens Claudia et il porte lanaissance le nom de Tiberius Claudius Nero. Durant sajeunesse, Tibre se distingue par son talent militaire enconduisant avec succs de nombreuses campagnes le longde la frontire septentrionale de l'Empire et en Illyrie,souvent aux cts de son frre Drusus I, qui meurt enGermanie. Aprs une priode d'exil volontaire dans l'lede Rhodes, il retourne Rome en 4 ap. J.-C. o il estadopt par Auguste et devient le dernier des successeurspotentiels de l'empereur, se nommant dornavant Tibe-rius Iulius Caesar. Il mne alors d'autres expditions enIllyrie et en Germanie an de remdier aux consquencesde la bataille de Teutobourg. la mort de son pre adoptif, le 19 aot 14, il obtientle nom de Tiberius Iulius Caesar Augustus et il peut luisuccder ociellement dans la fonction de princeps se-natus car il est depuis 12 ans associ au gouvernement del'Empire romain, dtenant aussi l'imperium proconsulaireet la puissance tribunitienne, les deux pouvoirs majeursdes empereurs du Principat. Il met en place d'importantesrformes dans les domaines conomiques et politiques,met un terme la politique d'expansion militaire, se limi-tant scuriser les frontires grce l'action de son neveuGermanicus. Aprs la mort de ce dernier et de celle de sonls Drusus II, Tibre favorise la monte du prfet du pr-toire Sjan. Il sloigne de Rome et se retire sur l'le deCapri. Lorsque le prfet essaie de prendre possession dupouvoir, Tibre le fait destituer et assassiner. L'empereurne retourne plus dans la capitale o il est ha jusqu' samort en 37. Caligula, ls de Germanicus et d'Agrippinel'Ane, lui succde.Tibre a t durement critiqu par les historiens antiquestels que Tacite et Sutone, mais sa personnalit a t r-value par les historiens modernes comme tant celled'un politicien habile et prudent.1 Avant l'accession lEmpire1.1 Origines de la famille et jeunesse (42 -26 av. J.-C.)1.1.1 Sa naissance et son enfance mouvementeTibre nat Rome[N 1],[a 1],[1] le 16 novembre 42 av. J.-C.[N 2] de l'homonyme Tiberius Claudius Nero, csarienet prteur la mme anne, et de Livie, de prs de trenteans plus jeune que son mari. Aussi bien par la branchepaternelle que maternelle, il appartient la gens Claudia,une vieille famille patricienne arrive Rome lors despremires annes de la priode rpublicaine et qui se dis-tingue au cours des sicles par l'obtention de nombreuxhonneurs et de hautes magistratures[a 2]. Depuis l'origine,la gens Claudia se divise en de nombreuses branches fa-miliales, parmi lesquelles celle qui prend le cognomen Ne-ro (qui, en langue sabine, signie fort et valeureux [a 2]) laquelle appartient Tibre. Il peut donc se dire membred'une ligne qui a donn naissance des personnages d'unrang trs lev[a 3], comme Appius Claudius Sabinus ouAppius Claudius Caecus, qui comptent parmi les dfen-seurs de la suprmatie des patriciens lors de la Guerre desordres[N 3],[a 4].Un buste de Tibre conserv Paris au muse du Louvre.12 1 AVANT L'ACCESSION LEMPIRESon pre est parmi les plus fervents partisans de Jules C-sar, et aprs sa mort, il se range aux cts de Marc An-toine, lieutenant de Csar en Gaule et pendant la guerrecivile, et entre en conit avec Octave, hritier dsignde Jules Csar. Aprs la constitution du second trium-virat entre Octave, Antoine et Lpide, et la suite desproscriptions, les dsaccords entre les partisans d'Octaveet ceux de Marc Antoine aboutissent un conit ouvert etle pre de Tibre continue soutenir l'ancien lieutenantde Csar. Avec la guerre de Prouse suscite par le consulLucius Antonius et Fulvie, pouse de Marc Antoine, lepre de Tibre rejoint les partisans de Marc Antoine, fo-mentant des troubles qui se dessinent dans de nombreusesrgions de l'Italie. Aprs la victoire d'Octave qui rus-sit vaincre Fulvie Prouse et rtablir son contrlesur l'ensemble de la pninsule italienne, le pre de Tibreest oblig de fuir avec sa femme et son ls. La famillese rfugie Naples puis en Sicile, qui est contrle parSextus Pompe. De l, la famille rejoint l'Achae o serassemblent les troupes de Marc Antoine qui ont quittl'Italie. Le petit Tibre, oblig de prendre part l'vasionet subir les incertitudes du voyage, vit une enfance dou-loureuse et mouvemente[a 5] jusqu' l'accord de Brindisiqui rtablit une paix prcaire et permet aux partisans deMarc Antoine en fuite de revenir Rome, son pre Ti-berius Claudius Nero semblant au dpart y avoir arrttoute action politique[2].1.1.2 Mariage de sa mre Livie avec OctaveBuste de Livie (Rome, Muse dell'Ara Pacis, copie de l'original del'poque augustenne conserve au museo Oliveriano de Pesaro).En 39 av. J.-C., Octave dcide de divorcer de sa femmeScribonia de qui il a une lle, Julia, pour pouser la mredu petit Tibre, Livie, dont il est sincrement amoureux.Le mariage prsente aussi un intrt politique : Octaveespre se rapprocher du camp de Marc Antoine alors quele pre de Tibre a l'intention, en accordant sa femme Octave, d'loigner le rival Sextus Pompe, qui est l'onclede Scribonia[3]. Le triumvirat demande pour le mariagel'autorisation du collge des pontifes tantdonn queLivie a dj un enfant et qu'elle en attend un second.Les prtres accordent le mariage, en demandant, commeunique clause, que soit conrme la paternit de l'enfant natre. Le 17 janvier 38 av. J.-C., Octave se marie avecLivie, qui aprs trois mois donne naissance un ls quireoit le nom de Nero Claudius Drusus. La question dela paternit, en eet, est reste incertaine : certains af-rment que Drusus est n d'une relation adultre entreLivie et Octave, tandis que d'autres ont salu le fait que lebb soit conu en seulement quatre-vingt-dix jours soitle temps coul entre le mariage et la naissance[a 6],[4]. Ilest ensuite admis que la paternit de Drusus incombe aupre de Tibre car Livie et Octave ne se sont pas encorerencontrs lorsque l'enfant est conu[4].Alors que Drusus est lev par sa mre dans la maisond'Octave, Tibre reste auprs de son pre jusqu' l'ge deneuf ans. En 33 av. J.-C., celui-ci meurt et c'est le jeuneenfant qui prononce l'loge funbre (laudatiofunebris)sur les rostres du Forum Romain[a 5]. Tibre se retrouvedans la maison d'Octave avec sa mre et son frre alorsmme que les tensions entre Octave et Marc Antoine pro-voquent un nouveau conit qui prend n en 31 av. J.-C.avec la bataille navale dcisive d'Actium. En 29 av. J.-C.,lors de la crmonie du triomphe d'Octave pour la vic-toire nale sur Marc Antoine et Cloptre VII Actium,Tibre prcde le char du vainqueur, conduisant le che-val intrieur gauche, tandis que Marcus Claudius Marcel-lus, le neveu d'Octave, monte celui l'extrieur droit, etse trouvant ainsi la place d'honneur[a 5] (Auguste, quipense d'ores et dj la succession, favorise son neveuMarcellus). Tibre dirige les jeux urbains et participe, la tte de l'quipe des enfants les plus grands , aux Lu-dus Troiae qui ont lieu dans le cirque[a 5]. l'ge de quinze ans, il revt la toge virile, et il est donciniti la vie civile : il se distingue comme dfenseur etaccusateur dans de nombreux procs[a 7], et il se consacre,en mme temps, l'apprentissage de l'art militaire, mon-trant des aptitudes particulires pour l'quitation[5]. Il en-treprend avec beaucoup d'intrt des tudes d'art oratoirelatin, de rhtorique grecque et de droit ; il frquente descercles culturels lis Auguste o on parle aussi bien grecque latin. Il fait la connaissance de Mcne qui nancedes artistes comme Horace, Virgile et Properce. La mmepassion l'anime pour la composition de textes potiques, l'imitation du pote grec Euphorion de Chalcis sur dessujets mythologiques, dans un style tortueux et archaque,avec une grande utilisation de mots rares et dsuets[a 8],[6].1.2 Carrire militaire (25 - 7 av. J.-C.) 31.1.3 Tibre dans la dynastie des Julio-Claudiens1.2 Carrire militaire (25 - 7 av. J.-C.)Si Tibre doit beaucoup de son ascension politique samre Livie, troisime pouse d'Auguste, ses capacits decommandement et de stratgie ne peuvent cependant pastre mises en doute : il est rest invaincu au cours de toutesses longues et frquentes campagnes, au point de deve-nir, au l des annes, l'un des meilleurs lieutenants de sonbeau-pre.1.2.1 Dans la pninsule ibrique et Rome (25 - 21av. J.-C.)L'Auguste de Prima Porta, statue d'Auguste en tenue militaire deparade. Il est possible que Tibre soit reprsent sur le relief del'armure[N 4], [7].En raison de l'absence de relles coles qui permettentd'acqurir une exprience militaire, Auguste dcided'envoyer Tibre, g de seize ans, en Hispanie en 25 av.J.-C., et Marcellus en qualit de tribuns militaires[8]. Lesdeux jeunes gens, qu'Auguste envisage comme possiblessuccesseurs, participent aux phases initiales de la guerrecantabre qui a commenc l'anne prcdente avec Au-guste et qui se termine en 19 av. J.-C. sous le gnralMarcus Vipsanius Agrippa[a 9],[9],[10].Deux ans plus tard, en 23 av. J.-C., l'ge de dix-huit oudix-neuf ans, Tibre est nomm questeur de l'annone[N 5],en avance de cinq ans sur le traditionnel cursushono-rum[a 7],[11]. Il sagit d'une tche particulirement dli-cate puisqu'il est ncessaire d'assurer l'approvisionnementen bl de la ville de Rome, qui compte alors plus d'unmilliond'habitants, dont deuxcent milled'entreeuxnepeuvent survivrequegrceladistributiongra-tuite de bl par l'tat. La ville passe par une priodedefamineenraisond'unecrueduTibrequi dtruitde nombreuses cultures dans les campagnes du Latium,empchant mme les navires de rejoindre Rome avecl'approvisionnement ncessaire[9]. Tibre fait face la si-tuation avec vigueur : il achte, ses propres frais, lebl dont les spculateurs disposent dans leurs magasinset le distribue gratuitement. Il est salu comme un bien-faiteur de Rome[9]. Il est ensuite charg de contrler lesergastules, ces lieux souterrains pour les voyageurs et ceuxqui cherchent refuge pour chapper au service militaireet qui servent aussi de cachots pour les esclaves[a 7],[9]. Ilsagit, cette fois-ci, d'une tche peu prestigieuse mais toutaussi dlicate[9], parce que les patrons des lieux se sontrendus odieux auprs de toute la population crant ainsiune situation de tension[a 7].1.2.2 En Orient (20 - 16 av. J.-C.)Buste de Tibre (Rome, Muse dell'Ara Pacis, copie de l'originalde l'poque augustenne conserve la Ny Carlsberg Glyptotekde Copenhague).Au cours de l'hiver 21-20 av. J.-C., Auguste ordonne Tibre, g de vingt ans, de commander une arme delgionnaires, recrute en Macdoine et en Illyrie, et dese rendre en Orient, en Armnie[a 9],[10],[a 10],[a 11],[a 12].4 1 AVANT L'ACCESSION LEMPIREEn eet, cette rgion est d'une importance vitale pourl'quilibre politique de l'ensemble de la zone orientale,jouant un rle d'tat tampon entre l'Empire romain l'ouest et celui des Parthes l'est, et les deux veulenten faire un tat vassal an d'assurer la protection desfrontires contre leur ennemi respectif[12],[13]. Aprs ladfaite de Marc Antoine et l'eondrement du systmequ'il a impos en Orient, l'Armnie est retourne sousl'inuence des Parthes, ce qui a favoris l'accession autrne d'Artaxias II. Auguste ordonne donc Tibre dechasserArtaxiasdont lesArmnienspro-romainsde-mandent la destitution et d'imposer sur le trne son plusjeune frre, pro-romain, Tigrane. Les Parthes, erayspar l'avance des lgions romaines acceptent un compro-mis et un accord de paix est sign par Auguste arriv enOrient depuis Samos. Ils restituent les insignes et les pri-sonniers qu'ils ont en leur possession aprs la dfaite deCrassus lors de la bataille de Carrhes en 53 av. J.-C[a 13].De la mme manire, la situation en Armnie est rsolueavant l'arrive de Tibre et de son arme par le trait depaix entre Auguste et le souverain parthe Phraats IV : leparti pro-romain peut ainsi prendre le dessus et des agentsenvoys par Auguste liminent Artaxias. son arrive,Tibre ne peut donc que couronner Tigrane qui prend lenom de Tigrane III au cours d'une crmonie paisible etsolennelle sous la surveillance des lgions romaines[12]. son retour Rome, le jeune gnral est clbr par denombreuses ftes et la construction de monuments en sonhonneur tandis que Ovide, Horace et Properce criventdes vers pour clbrer l'entreprise[14]. Le plus grand m-rite de la victoire revient cependant Auguste en tantque commandant en chef de l'arme[14] : il est proclamimperator pour la neuvime fois[a 9],[a 14],[a 15],[a 16],[a 17] etil peut annoncer au Snat que l'Armnie devient un vas-sal sans en dcrter l'annexion[a 18]. Il crit dans ses ResGestae Divi Augusti (son testament politique) : Alors que je pouvais faire de la GrandeArmnieuneprovince, unefois leroi Ar-taxias mort, j'ai prfr, l'exemple de nos an-ctres, coner ce royaume Tigrane, ls duroi Artavasde et petit-ls du roi Tigrane, parl'intermdiaire de Tibre qui tait alors monbeau-ls. Auguste, Res Gestae Divi Augusti, 27.En 19 av. J.-C., Tibre est promu au rang de ex-prteur ouornamenta praetoria et il peut donc siger au Snat parmiles ex-praetores[15].1.2.3 En Gaule, Rhtie et Vindlicie (16 - 14 av. J.-C.)Bien qu'Auguste, aprs la campagne en Orient, ait of-ciellement dclarauSnat qu'il abandonnelapoli-tique d'expansion sachant qu'une extension territoriale se-rait excessive pour l'Empire romain, il dcide de ra-liserdenouvellescampagnespourscuriserlesfron-tires. En 16 av. J.-C., Tibre, rcemment nommprteur, accompagne Auguste en Gaule o ils passentles trois annes suivantes, jusqu'en 13 av. J.-C., an del'aider dans l'organisation et la direction des provincesgauloises[10],[16]. Le Princeps senatus se fait aussi accom-pagner par son beau-ls lors de la campagne punitive au-del du Rhin contre les tribus des Sicambres et de leurs al-lis les Tenctres et les Usiptes, qui, au cours de l'hiver de17-16 av. J.-C., ont caus la dfaite du proconsul MarcusLollius et la destruction partielle de la Legio V Alaudaeet la perte des insignes[a 19],[a 20],[a 21],[a 22].Buste de Drusus, frre de Tibre (Rome, Muse dell'Ara Pacis,copie de l'original de la priode de Tibre conserve aux musesdu Capitole de Rome).En 15 av. J.-C., Tibre, avec son frre Drusus, mne unecampagne contre la population rhte, rpartie entre laNorique et la Gaule[a 23], contre les Vendliques[a 9],[a 24].Drusus a dj prcdemment chass des territoires ita-liqueslesRhtesmaisAugustedcided'envoyer Ti-breandersoudrednitivement leproblme[a 25].Lesdeuxhommesattaquent surdeuxfrontsparuneopration d'encerclement de l'ennemi sans leur laisserd'chappatoire. Ils conoivent l'opration en tenaille qu'ilsmettent enuvregrceaussi l'aidedeleurslieutenants[a 26] : Tibre se dplace depuis l'Helvtie tan-dis que son jeune frre vient d'Aquile et de Tridentum,parcourant la valle de l'Adige et de l'Isarco ( leur jonc-1.2 Carrire militaire (25 - 7 av. J.-C.) 5tion est construit lePonsDrusi( Pont de Drusus ) proximit de l'actuelle Bolzano) pour remonter ennpar l'Inn. Tibre, qui avance depuis l'ouest, bat les Ven-dliques autour de Ble et du lac de Constance. C'esten ce lieu que les deux armes se rejoignent et se pr-parent envahir la Bavire. L'action conjointe conduitepar les deux frres permet d'avancer jusqu' la sourcedu Danube o ils remportent la victoire dnitive surlesVendliques[17]. Cessuccspermettent Augusted'assujettir les peuples de l'arc alpin jusqu'au Danube, etlui vaut, de nouveau, d'tre acclam imperator tandis queDrusus, le prfr d'Auguste, reoit plus tard un triomphepour cette victoire et d'autres. Sur la montagne prs deMonaco, proximit de La Turbie, le trophe dAugusteest rig pour commmorer la pacication dune extr-mit lautre des Alpes et se rappeler les noms de toutesles tribus soumises.1.2.4 De l'Illyrie la Macdoine et la Thrace (13 -9 av. J.-C.)En 13 av. J.-C., en gagnant la rputation d'un trs boncommandant[17], Tibre est nomm consul[a 9],[18] et il estenvoy par Auguste en Illyrie[a 27] : le valeureux Agrippa,qui a longuement combattu les populations rebelles de laPannonie, meurt peine rentr en Italie[a 28]. La nouvellede la mort du gnral provoque une nouvelle onde de r-bellion chez les populations soumises par Agrippa[a 29],en particulier les Dalmates et les Breuces. Auguste cone son beau-ls la tche de les pacier. Tibre, prenant lecommandement de l'arme en 12 av. J.-C., met en d-route les forces ennemies grce sa stratgie et la rusedont il fait preuve[18]. Il soumet les Breuces avec l'aide dela tribu des Scordisques soumise peu de temps plus ttpar le proconsul Marcus Vinicius[a 30],[a 31]. Il prive sesennemis de leurs armes et il vend comme esclave la ma-jorit des jeunes aprs les avoir dports. Il obtient unevictoire totale en moins de quatre ans notamment avecl'aide de grands gnraux comme Marcus Vinicius, gou-verneur de la Macdoine et Lucius Calpurnius Piso. Il meten place une politique de rpression trs dure contre lesvaincus[a 9]. En mme temps, sur le front oriental, le gou-verneur de la Galatie et Pamphylie, Lucius Calpurnius Pi-so, est contraint d'intervenir en Thrace car la population,et en particulier les Besses, menacent le souverain thrace,Rhmtalcs Ier, alli de Rome[a 32],[a 33],[a 34],[a 35].En 11 av. J.-C., Tibre est engag contre les Dalmatesqui se sont rebells nouveau, et assez vite contre laPannonie qui a prot de son absence pour conspirer nouveau. Le jeune gnral est donc fortement impliqudans la lutte simultane contre plusieurs peuples enne-mis, et il est oblig, plusieurs reprises, de se dplacerd'un front l'autre. En 10 av. J.-C., les Daces poussentau-del du Danube et font des raids dans les territoires dePannonie et de Dalmatie. Ces derniers, harcels par lespeuples soumis Rome, se rebellent nouveau. Tibre,qui sest rendu en Gaule avec Auguste au dbut de l'anne,est donc contraint de retourner sur le front illyrien, pourles aronter et les vaincre nouveau. la n de l'anne,il peut nalement revenir Rome avec son frre Drususet Auguste.La longue campagne se conclut, la Dalmatie est dsor-mais intgre de faon permanente dans l'tat romain etelle subit le processus de romanisation. Elle est cone,comme province impriale, au contrle direct d'Auguste :une arme y est stationne en permanence, prte re-pousser toutes attaques le long des frontires et r-primer d'ventuelles nouvelles rvoltes[18]. Auguste vitedans un premier temps d'ocialiser la salutatio impera-toria dont les lgionnaires ont acclam Tibre (nommimperator par ses troupes) et il se refuse rendre les hon-neurs son beau-ls ainsi qu' autoriser la crmonie dutriomphe contre l'avis du Snat[a 36]. Tibre est autoris parcourir la Via Sacra sur un char dcor de l'insignedu triomphe et clbrer une ovation exceptionnelle[a 36](pntrer Rome en char, honneur qui n'avait encoret accord personne) : il sagit d'un nouvel usage qui,bien que de moindre importance que la clbration de lavictoire par un triomphe, constitue nanmoins un grandhonneur[a 9],[19].Campagne de Drusus en Germanie de 12 9 av. J.-C.En 9 av. J.-C., Tibre se consacre entirement la ror-ganisation de la nouvelle province de l'Illyrie. Alors qu'ilquitte Rome o il a clbr sa campagne victorieuse pourse rendre sur les frontires orientales, Tibre est infor-m que son frre Drusus, qui se trouve sur les rives del'Elbe pour lutter contre les Germains[a 37], est tomb deson cheval, se fracturant le fmur[19]. L'incident semblebanal et est donc nglig. Les conditions de Drusus sedgradent fortement en septembre et Tibre le rejoint Mogontiacum an de le rconforter, aprs avoir parcouruen un seul jour, plus de deux cents miles[a 38]. Drusus, lanouvelle de l'arrive de son frre, ordonne que les lgionsle reoivent dignement, et il meurt un peu plus tard dansses bras[20]. pied, Tibre conduit le cortge funbre quiramne la dpouille de Drusus Rome[a 38],[a 39]. Arri-6 1 AVANT L'ACCESSION LEMPIREv Rome, il prononce l'loge funbre (laudatio fune-bris) pour son frre dfunt sur le Forum Romain alorsqu'Auguste prononce le sien dans le cirque Flaminius ; lecorps de Drusus est ensuite incinr sur le champ de Marset plac dans le mausole d'Auguste[a 40].1.2.5 En Germanie (8 - 7 av. J.-C.)Au cours des annes 8-7 av. J.-C., Tibre se rend de nou-veau en Germanie, envoy par Auguste, pour continuer letravail commenc par son frre Drusus, aprs sa mort pr-mature, et combattre les populations locales. Il traversedonc le Rhin[a 41], et les tribus barbares, l'exception desSicambres, font, par peur, des propositions de paix quireoivent un net refus de la part du gnral, car il estinutile de conclure une paix sans l'adhsion des dange-reux Sicambres ; quand ceux-ci envoient des hommes, Ti-bre les fait massacrer ou dporter[a 41]. Pour les rsultatsobtenus en Germanie, Tibre et Auguste obtiennent en-core l'acclamation dimperator[a 42] et Tibre est nommconsul en 7 av. J.-C[a 43]. Il peut donc terminer les tra-vaux de consolidation du pouvoir romain dans la rgionpar la construction de plusieurs ouvrages, y compris lescamps romains de Oberaden (it) et Haltern am See[N 6],largissant l'inuence romaine jusqu'au euve Weser.1.3 loignementdelaviepolitique(6av.J.-C. - 4 ap. J.-C.)Un buste de Tibre conserv au muse romain-germanique deCologne.Poursuivant des intrts politiques familiaux, Tibre estpouss par Auguste en 12 av. J.-C. divorcer de sa pre-mire femme, Vipsania Agrippina, lle de Marcus Vip-sanius Agrippa, qu'il a pouse en 16 av.J.-C.et dequi il a eu un ls, Julius Caesar Drusus. L'anne sui-vante, il pouse Julia, la lle d'Auguste, et donc sa demi-sur,veuve du mme Agrippa[a 44],[21],[22].Tibre estsincrement amoureux de sa premire femme Vipsaniaet ilne sen loigne qu'avec beaucoup de regrets[N 7].L'unionavecJuliaconnat d'aborddel'amour et del'harmonie[a 39], puis elle se dgrade rapidement aprs lamort de leur ls, n Aquile[a 39]. L'attitude de Julia, en-toure de nombreux amants, contraste avec le caractrede Tibre, particulirement rserv[23].En 6 av. J.-C., Auguste dcide de confrer Tibre lapuissance tribunitienne pour 5 ans[a 9],[a 45],[24] : sa per-sonne devient ainsi sacre et inviolable et cela lui donnele droit de veto. De cette faon, Auguste semble vouloiramener lui son beau-ls, et il peut de plus mettre un frein l'exubrance de ses jeunes petits-ls, Caius et LuciusCsar, les ls d'Agrippa, qu'il a adopts et qui semblenttre les favoris pour la succession[a 46].Malgr cet honneur, Tibre dcide de se retirer de la viepolitique et de quitter la ville de Rome pour sen allerdans un exil volontaire sur l'le de Rhodes qui le fas-cine depuis la priode o il y avait sjourn, de retourd'Armnie[10],[a 47]. Certains arment, commeGrant,qu'il est indign et constern par la situation[22], d'autresestiment qu'il sent le manque de considration d'Auguste son gard pour l'avoir utilis comme tuteur de ses deuxpetits-ls, Caius et Lucius Csar, les hritiers dsigns,en plus d'un malaise grandissant et du dgot envers sanouvelle femme[25].Il sagit d'un choix trange et soudain que Tibre prendau moment mme o il reoit de nombreux succs alorsqu'il est au milieu de sa jeunesse et en pleine sant[a 48].Auguste et Livie tentent en vain de le retenir et le princepsvoque cette question au Snat. Tibre, en rponse, d-cide de cesser de manger et jene pendant quatre jours,jusqu' ce qu'on l'autorise quitter la ville pour aller lo il veut[a 48]. Les historiens anciens ne donnent pas uneinterprtation unique de cet vnement, en eet, asseztrange. Sutone rsume toutes les raisons qui ont conduitTibre quitter Rome : [...] soit par dgot de sa femme qu'iln'osait ni accuser ni rpudier, et que pourtantil ne pouvait plus sourir, soit pour viter uneassiduit fastidieuse, et non seulement aer-mir son autorit par l'absence, mais l'accrotremme, dans le cas o la rpublique aurait be-soin de lui. Quelques-uns pensent que, les en-fants d'Auguste tant adultes, Tibre leur aban-donna de son plein gr le second rang qu'il avaitlongtemps occup, l'exemple d'Agrippa, qui,lorsque Marcellus eut t appel aux chargespubliques, stait retir Mytilne, pour que saprsence ne lui donnt point l'air d'un concur-rent ou d'un censeur. Tibre lui-mme avoua,1.3 loignement de la vie politique (6 av. J.-C. - 4 ap. J.-C.) 7mais plus tard, ce dernier motif. [...] Sutone, Vie des douze Csars, Tibre, 10(Trad.Dsir Nisard - 1855)Dion Cassius ajoute ses thses, qu'il numre toutes aus-si, que Caius et Lucius se crurent mpriss ; Tibre crai-gnit leur colre[a 49] ou encore qu'Auguste l'exile pourcomplots contre les jeunes princes qui sont ses hritiers,voire que Tibre tait mcontent de ne pas avoir tnomm Csar[a 49] .BustedeCaiusenfant (Rome, Musedell'AraPacis, copiedel'original de l'poque augustenne conserve au museo Oliveria-no de Pesaro).Pendant toute la dure de son sjour Rhodes (prs dehuit ans[10]), Tibre tient une position sobre, vitant de setrouver au centre de l'attention et de prendre part aux v-nements politiques de l'le sauf dans un seul cas. En fait iln'a jamais utilis son pouvoir issu de la puissance tribuni-tienne dont il est investi[a 47]. Cependant, quand en 1 av.J.-C. il cesse d'en bncier, il dcide de demander la per-mission de revoir ses parents : il estime que, quand bienmme il participerait la politique, il n'aurait plus pu, enaucune manire, mettre en danger la primaut de Caiuset Lucius Csar. Il reoit un refus[a 47] et dcide alors defaire appel sa mre qui ne peut rien obtenir d'autre queTibre soit nomm lgat d'Auguste Rhodes, et donc quesa disgrce soit en partie cache[a 50]. Il se rsigne donc continuer vivre comme un simple citoyen, inquiet etmant, vitant tous ceux qui viennent lui rendre visitesur l'le. En 2 av. J.-C., sa femme Julia est condamne l'exil sur l'le de Ventotene (anciennement Pandataria),et son mariage avec elle est annul par Auguste : Tibre,heureux de cette nouvelle, cherche se montrer magna-nime envers Julia, dans une tentative de retrouver l'estimed'Auguste[a 47].En 1 av. J.-C., il dcide de rendre visite Caius Csar,qui vient d'arriver Samos, aprs qu'Auguste lui a attri-bu limperium proconsulaire et l'a charg d'eectuer unemission en Orient o est mort Tigrane III. La question ar-mnienne est rouverte. Tibre l'honore en mettant de cttoutes les rivalits et en shumiliant, mais Caius, pousspar son ami Marcus Lollius, ferme adversaire de Tibre,Buste de Lucius enfant (Rome, Muse dell'Ara Pacis, copie del'original de l'poque augustenne conserve au museo Oliveria-no de Pesaro).le traite avec dtachement[a 50]. Ce n'est qu'en 1 ap. J.-C., soit sept ans aprs son dpart, que Tibre est autoris rentrer Rome, grce l'intercession de sa mre Li-vie, mettant n ce qui a t un exil volontaire : en fait,Caius Csar, qui n'est plus sous la coupe de Lollius, ac-cus d'extorsion et tratrise et qui sest suicid pour viterune condamnation, consent son retour et Auguste, quia con la question son petit-ls, le rappelle en lui fai-sant jurer qu'il ne se serait intress en aucune manireau gouvernement de l'tat[a 51]. Rome, pendant ce temps, les jeunes nobiles qui sou-tiennent les deux Csars, ont dvelopp un fort senti-ment de haine l'gard de Tibre, et ils continuent levoir comme un obstacle l'ascension de Caius Csar. Lemme Marcus Lollius, avant le dsaccord avec Caius C-sar, sore d'aller Rhodes pour tuer Tibre[a 51] et biend'autres nourrissent le mme projet[26]. son retour Rome, donc, Tibre doit agir avec beaucoup de prudence,sans jamais renoncer la rsolution de retrouver le pres-tige et l'inuence qu'il a perdus au cours de son exil Rhodes[N 8],[10],[27].Juste au moment o leur popularit atteint le niveau leplus lev, Lucius et Caius Csar meurent respectivementen 2 et 4, non sans que Livie soit souponne : le premiertombe mystrieusement malade, tandis que le second esttu par trahison en Armnie alors qu'il ngocie avec sesennemis une proposition de paix[28]. Tibre qui, son re-tour, a quitt son ancienne maison pour sinstaller dans8 1 AVANT L'ACCESSION LEMPIREles jardins de Mcne (connus aujourd'hui sous le nomde AuditoriumMecenate, peut-tre dcors avec des pein-tures de jardin par Tibre) et a vit de participer la viepublique[a 52], est adopt par Auguste, qui n'a pas d'autreshritiers. Le princeps, toutefois, l'oblige adopter sontour son neveu Germanicus, ls de son frre Drusus, bienque Tibre ait dj un ls conu avec sa premire femme,Vipsania, nomm Julius Caesar Drusus et plus jeune d'unan seulement[22],[29]. L'adoption de Tibre, qui prend lenom de Tiberius Julius Caesar, est clbre le 26 juin 4avec une grande fte, et Auguste ordonne la distribution ses troupes de plus d'un million de sesterces[a 52],[a 53],[30].Le retour de Tibre au pouvoir suprme donne, non seule-ment au principat une stabilit, une continuit et une har-monie interne mais aussi une nouvelle impulsion la po-litique d'Auguste en matire de conqute et de gloire l'extrieur des frontires impriales[31].1.4 Nouveaux succs militaires (4 - 11)1.4.1 En Germanie (4 - 6)Les campagnes de Lucius Domitius Ahenobarbus (3 1 av. J.-C.)et de Tibre (4 6) en Germanie.Immdiatement aprs son adoption, Tibre est de nou-veau investi de limperiumproconsulaire et de la puissancetribunitienne quinquennale[a 54] ou dcennale[30] et il estenvoy par Auguste en Germanie parce que les prc-dents gnraux (Lucius Domitius Ahenobarbus, lgat de3 1 av. J.-C. et Marcus Vinicius de 1 3 ap. J.-C.) n'ontpas t en mesure d'tendre la zone d'inuence conquiseantrieurement par Drusus entre 12 9 av. J.-C.. Tibreveut aussi retrouver la faveur des troupes aprs une d-cennie d'absence[32].Aprs un voyage triomphal au cours duquel il est plu-sieurs reprises clbr par les lgions qu'il a dj com-mandes prcdemment, Tibre arrive en Germanie, o,au cours de deux campagnes menes entre 4 et 5, il oc-cupe de manire permanente, par de nouvelles actions mi-litaires, toutes les terres de la zone septentrionale et cen-trale comprises entre le Rhin et l'Elbe[33]. En 4, il sou-met les Cananefates, les Chattuares et les Bructres, etplace sous domination romaine les Chrusques qui sentaient soustraits. Avec le lgat Caius Sentius Saturninus,il dcide d'avancer encore plus dans les territoires ger-maniques et passe au-del de la Weser, et en 5, il or-ganise une opration de grande envergure qui impliquel'utilisation de forces terrestres et de la otte de la mer duNord. Assist des Cimbres, des Chauques et des Snons,qui ont t forcs de dposer les armes et de se rendre la puissance de Rome, Tibre peut treindre dans un taumeurtrier les redoutables Lombards[a 55],[34].Le dernier acte ncessaire est celui d'occuper la partiemridionale de la Germanie et la Bohme des Marcomansde Marobod an de complter le projet d'annexion et defaire du Rhin l'Elbe, la nouvelle frontire[31],[a 56]. Ti-bre conoit un plan d'attaque impliquant l'utilisation deplusieurs lgions lorsqu'une rvolte clate en Dalmatie eten Pannonie ce qui arrte l'avance de Tibre et de son l-gat Caius Sentius Saturninus en Moravie. La campagne,conue comme une manuvre tenaille est une opra-tion stratgique majeure dans laquelle les armes de Ger-manie (2-3 lgions), de Rhtie (2 lgions) et d'Illyrie (4-5lgions) doivent se runir en un point convenu et lancerl'attaque concerte[35]. Le dclenchement de la rvolte enPannonie et en Dalmatie, empche les lgions de l'Illyriede rejoindre celles de Germanie et il y a le risque que Ma-robod sallie aux rebelles pour marcher sur Rome : Tibre,qui est quelques jours de marche de l'ennemi, concluthtivement un trait de paix avec le chef marcoman et sedirige au plus vite en Illyrie[a 54],[35].1.4.2 En Illyrie (6 - 9)La campagne de Tibre en Illyrie en 6.Aprs quinze annes de paix relative, en 6, l'ensembledu secteur dalmate et pannone reprend les armes contrele pouvoir de Rome[31]:la raison est l'incomptencedes magistrats envoys par Rome pour grer la provincequi ont mis en place de lourdes taxes[a 57]. L'insurrectioncommence dans la rgion sud-orientale de l'Illyrie avecles Daesitiates commands par un certain Baton, dit de Dalmatie [a 58], qui est rejoint par la tribu pannonedes Breuces sous le commandement d'un certain Pinnes1.4 Nouveaux succs militaires (4 - 11) 9La campagne de Tibre en Illyrie en 7.La campagne de Tibre en Illyrie en 8.La campagne de Tibre en Illyrie en 9.et d'un second Baton, dit de Pannonie [a 59].En raison de la crainte d'autres rvoltes dans toutl'Empire, le recrutement de soldats devient problma-tique, de nouvelles taxes sont mises en place pour r-pondre l'urgence[31]. Les forces mises en uvre par lesRomains sont aussi importantes que lors de la deuximeguerre punique : dix lgions et plus de quatre-vingts unitsauxiliaires, ce qui quivaut environ cent cent vingtmille hommes[36].Tibre envoie ses lieutenants en avant-garde an de d-barrasser la route des ennemis au cas o ils auraient dci-d de marcher contre l'Italie[a 60] : Marcus Valerius Mes-salla Messallinus russit vaincre une arme de 20 000hommes et se barricade Sisak pendant que Aulus Caeci-na Severus dfend la ville de Sirmiuman d'viter sa priseet il repousse Baton de Pannonie sur la Drave[a 61]. Tibrearrive sur le thtre des oprations vers la n de l'annelorsqu'une grande partie du territoire, l'exception desplaces-fortes, est aux mains des rebelles, et la Thraceentre aussi en guerre aux cts des Romains.Comme Rome on est inquiet par le fait que Tibre tarde rgler le conit, en 7, Auguste lui envoie Germanicusen qualit de questeur[a 62] ; le gnral, pendant ce temps,pense runir les armes romaines engages dans la r-gion le long de la rivire Save, an de disposer de plusde dix lgions. De Sirmium, Aulus Caecina Severus etMarcus Plautius Silvanus conduisent l'arme vers Sisak,liminant les forces combines des rebelles dans une ba-taille prs des marais Volces[a 63]. Aprs avoir rejoint lesforces armes, Tibre inige des dfaites successives sesennemis, rtablissant l'hgmonie romaine sur la valle dela Save et consolidant les conqutes obtenues grce laconstruction de plusieurs forts. En prvision de l'hiver, ilspare les lgions, il en conserve cinq avec lui Sisak etenvoie les autres protger les frontires[a 63].En 8, Tibre reprend les manuvres militaires et bat enaot une nouvelle arme pannone. la suite de la dfaite,Baton de Pannonie trahit Pinnes en le donnant aux Ro-mains mais il est par la suite captur et excut par ordrede Baton de Dalmatie qui prend galement le comman-dement des forces de la Pannonie[a 64]. Un peu plus tard,Marcus Plautius Silvanus russit vaincre les Breuces dePannonie qui taient parmi les premiers se rebeller[a 65].Dbute alors l'invasion romaine en Dalmatie, Tibre dis-pose ses troupes pour tre en mesure de lancer l'attaquenale de l'anne suivante.En 9, Tibre reprend les hostilits en divisant l'arme entrois colonnes et en mettant Germanicus la tte de l'uned'entre elles. Alors que ses lieutenants mettent n aux der-niers foyers de rbellion, il part en Dalmatie la recherchedu chef de la rbellion Baton le Dalmate[a 66], se joignant la colonne du nouveau lgat Marcus Aemilius Lepidus.Il le rejoint dans la ville d'Andretium o les rebelles serendent, mettant n aprs quatre ans, au conit[a 67].Par cette victoire, Tibre est encore une fois acclamimperator et il obtient le triomphe qu'il clbre seulementun peu plus tard[a 68], alors qu' Germanicus sont accordsles honneurs du triomphe (ornamenta triumphalia)[a 69].1.4.3 De nouveau en Germanie (9 - 11)En 9,aprs que Tibre eut dfait avec succs les re-belles dalmates, l'arme romaine stationne en Germa-nie et dirige par Varus[a 70], est attaque et battue dansune embuscade tendue par une arme dirige par le ger-main Arminius alors qu'il traverse la fort de Teutobourg.Trois lgions, composes des hommes les plus expri-ments sont totalement ananties[a 71], et les conqutes10 1 AVANT L'ACCESSION LEMPIRELa Germanie romaine de 7 9 (dfaite de Varus Teutobourg).La Germanie redevenue indpendante en 10.romaines au-del du Rhin sont perdues car elles restentprives d'une arme de garnison pour les garder. Augustecraint galement que, aprs une telle dfaite, les Gauloiset les Germains, salliant, marchent contre l'Italie. La d-cision du souverain marcoman Marobod est importante,et il reste dle aux pactes passs avec Tibre en 6 et re-fuse l'alliance avec Arminius.Tibre, aprs avoir paci l'Illyrie, rentre Rome o ildcide de reporter la clbration du triomphe de manire respecter le deuil impos par la dfaite de Varus[a 72].Le peuple aurait voulu qu'il prenne un surnom, commele Pannonique (Pannonicus), l'Invincible (Invictus) ou lePieux (Pius), qui permettrait de se souvenir de ses grandesentreprises. Auguste, pour sa part, rejette la demandeen rpondant que, un jour, il prendrait lui aussi le titred'Auguste[a 72], puis il l'envoie sur le Rhin an d'viter quel'ennemi germanique attaque la Gaule romaine et que lesprovinces, peine pacies, puissent se rvolter de nou-veau la recherche de leur indpendance.Arriv en Germanie, Tibre peut mesurer la gravit dela dfaite de Varus et ses consquences qui empchentd'envisager une nouvelle reconqute des terres qui vontjusqu' l'Elbe[a 73],[a 74]. Il adopte, par consquent, uneconduite particulirement prudente prenant toutes les d-cisions avec le conseil de guerre et vitant de faire appel,pour la transmission des messages, des hommes du crucomme interprtes. De la mme faon il choisit avec soinles endroits o installer les camps an d'viter tout risqued'tre victime d'une nouvelle embuscade[a 73]. Il met enplace, pour les lgionnaires, une discipline de fer, punis-sant de manire trs svre tous ceux qui transgressent lesordres[a 75]. Par cette stratgie, il obtient un grand nombrede victoires et maintient la frontire le long du Rhin ensassurant de la dlit Rome des peuples germaniques,parmi lesquels les Bataves, les Frisons et les Chauques quihabitent ces lieux[a 75].1.5 Succession (12 - 14)La procession de la famille d'Auguste sur le ct sud de l'autel dela paix.La succession est l'une des plus grandes proccupationsde la vie d'Auguste. Il est souvent atteint de maladies quifont craindre, maintes reprises, une mort prmature.Le princeps pouse en 42 av. J.-C. Clodia Pulchra, belle-lle de Marc Antoine qu'il rpudie l'anne suivante pourpouser Scribonia et peu aprs Livie.Pendant quelques annes, Auguste espre avoir commehritier son gendre Marcus Claudius Marcellus, le ls desa sur Octavie, qui sest mari avec sa lle Julia en 25 av.J.-C[a 44]. Marcellus est adopt mais il meurt jeune, deuxans plus tard. Auguste contraint alors Agrippa pou-ser la jeune Julia, choisissant comme successeur son amide conance qui il attribue limperium proconsulaire etla puissance tribunitienne[a 44]. Agrippa dcde avant Au-guste en 12 av. J.-C., alors que se mettent en valeur pourleurs entreprises les frres Drusus, favori d'Auguste, etTibre[a 76],[a 77]. Aprs la mort prmature de Drusus,le princeps donne sa lle Julia en mariage Tibre[a 44],mais adopte les enfants d'Agrippa, Caius et Lucius Cae-sar[a 78] : ceux-ci meurent jeunes non sans suspecter uneimplication de Livie. Auguste, par consquent, ne peutqu'adopter Tibre, parce que le seul autre descendant di-rect masculin encore en vie, le ls d'Agrippa, AgrippaPostumus, parat brutal et dpourvu de toutes qualits, etil est pour cela envoy dans l'le de Pianosa[a 79],[a 80],[a 81].Selon Sutone[a 82], Auguste, bien que plein d'aection1.5 Succession (12 - 14) 11Buste d'Auguste ceint de lacouronne civique (Rome, Musedell'Ara Pacis, copie de l'original de l'poque augustenneconserve au museo Oliveriano de Pesaro).envers son beau-ls,critique souvent certains aspects,mais il choisit de l'adopter pour plusieurs raisons : [...] que les seules instances de Livie luirent adopterTibre ; ouquesonambitionmme l'y dtermina, an qu'un jour un tel suc-cesseur le ft d'autant plus regretter. [...] [ouplutt qu'ayant] mis dans la balance les viceset les qualits de Tibre, il trouva que celles-ci l'emportaient. [...] dans l'intrt de la rpu-blique ; [...] un gnral trs habile, et commel'unique appui du peuple romain. [...] le plusvaillant et le plus illustre des gnraux. [...] Sutone, Vie des douze Csars, Tibre, 21(Trad.Dsir Nisard - 1855)Tibre, aprs avoir eectu les oprations en Germanie,clbre Rome le triomphe, pour la campagne enDalmatie et en Pannonie d'octobre 12[37], au cours du-quel il se prosterne publiquement devant Auguste[a 83], etil obtient en 13 le renouvellement de la puissance tribu-nitienne et de limperium proconsulare maius, titres qui ledsignent comme successeur. Il est lev au rang eectifde corgent avec Auguste[22],[38] : il peut administrer lesprovinces, commander les armes et exercer pleinementle pouvoir excutif, bien que ds l'poque de son adop-tion, Tibre ait commenc prendre une part active dansle gouvernement de l'tat, aidant son beau-pre pour lapromulgation de lois et pour l'administration[39].En 14, Auguste, dsormais proche de la mort, appelle au-prs de lui Tibre sur l'le de Capri : l'hritier, qui n'ya jamais t, reste profondment fascin. C'est l qu'estdcid que Tibre se rendra de nouveau en Illyrie pourse consacrer la rorganisation administrative de la pro-vince. Les hommes repartent ensemble Rome, maisAuguste, saisi par une soudaine maladie, est contraintde sarrter dans sa villa de Nola, l'Octavianum, tandisque Tibre poursuit jusqu' Rome et part pour l'Illyrie,comme cela est convenu[40]. Alors qu'il sapproche de laprovince, Tibre est rappel en urgence parce que sonbeau-pre, qui ne sest plus dplac de Nola, est dsor-mais mourant[a 82]. Selon Sutone, l'hritier rejoint Au-guste et les deux ont un dernier entretien avant la mort duprince[a 82]. Selon d'autres versions, au contraire, Tibrearrive Nola quand Auguste est dj mort. Dion Cas-sius ajoute que Livie provoque la mort de son mari parempoisonnement, si bien que Tibre arrive Nola quandAuguste est dj mort[a 84]. Tacite mentionne une rumeurselon laquelle c'est Livie qui aurait tu Auguste parce qu'ilstait rcemment rapproch de son neveu Agrippa Pos-tumus, craignant que la succession de Tibre puisse treremise en question[a 85]. Ces faits ne sont pas corroborspar les autres historiens et Auguste semble tre dcd decauses naturelles.Tibre annonce la mort d'Auguste alors qu'arrive la nou-velle du mystrieux assassinat d'Agrippa Postumus parle centurion charg de sa garde. Tacite signale que lemeurtre est ordonn par Tibre ou Livie[a 86] ; Sutoneraconte qu'on ne sait pas si l'ordre est donn par Augustesur son lit de mort, ou par d'autres, et que Tibre sou-tient qu'il est tranger ce crime (premier acte de gou-vernement de Tibre ou dernire volont d'Auguste, dif-cile dire.)[a 87]. Craignant d'ventuels attentats sur sapersonne, Tibre se fait escorter par des militaires, et ilconvoque le Snat pour le 17 septembre an de discuterdes funrailles d'Auguste et de la lecture de son testament.Auguste laisse comme hritiers de son patrimoine Tibreet Livie (qui prend le nom d'Augusta), mais il fait gale-ment de nombreux dons au peuple de Rome et aux lgion-naires prsents dans les armes[a 88],[a 89]. Les snateursdcident de raliser des funrailles solennelles au princepsdfunt, le corps est incinr au champ de Mars[a 90], et ilscommencent prier Tibre d'assumer le rle et le titre deson pre, et donc de gouverner l'Empire romain. Tibred'abord refuse, selon Tacite[a 91] et Sutone[a 92], voulanttre suppli par les snateurs an que le gouvernement del'tat ne semble pas prendre une forme autocratique maisque le systme rpublicain reste, au moins formellement,intact. la n, Tibre accepte l'ore du Snat, avant d'enirriter les mmes esprits[37], probablement stant renducompte qu'il y a l'absolue ncessit d'une autorit cen-trale : le corps (l'Empire) a besoin d'une tte (Tibre),d'aprs les propos de Gaius Asinius Gallus selon Tacite :12 2 EMPEREUR ROMAIN la Rpublique, formant un seul corps, devait tre rgiepar une seule me[a 93] . L'argument avanc par les au-teurs pro-Tibre est plus probable : ils indiquent que leshsitations de Tibre pour prendre la direction de l'tatsont dictes par une relle modestie, plutt que par unestratgie prmdite, peut-tre suggre par l'empereurAuguste[41],[42].2 Empereur romain2.1 Histoire de son Principat (14 - 37)2.1.1 Le princeps et Germanicus (14 - 19)Aureus l'egie de Tibre.Description avers : Tte laure de Ti-bre droite. Traduction avers : Tiberius Csar Divi AugustiFilius Augustus, (Tibre Csar ls du divin Auguste, auguste) .Date : c. 27-30 Description revers : Pax (la Paix) ou Livie assise droite sur un sige dcor, tenant une branche d'olivier de lamain gauche et de la droite un long sceptre boulet son extr-mit .Traduction revers : Pontifex Maximus, (Grand pontife)Aprs la sance du Snat du 17 septembre 14, Tibre de-vient le successeur d'Auguste la tte de l'tat romain,regroupant la puissance tribunitienne, limperium procon-sulare maius et d'autres pouvoirs dont bnciaient Au-guste, et prenant le titre de princeps. Tibre reste empe-reur pendant plus de vingt ans, jusqu' sa mort en 37.Son premier acte est de ratier la divinisation de son preadoptif, Auguste (Divus Augustus), comme cela fut faitprcdemment pour Jules Csar, en conrmant aussi lelegs aux soldats[38],[43].Ds le dbut de son principat, Tibre se trouve devoirvivre avec l'important prestige que Germanicus, le ls deson frre Drusus qu'il a adopt sur l'ordre d'Auguste, ac-quiert auprs de tout le peuple de Rome[a 94]. Ce pres-tige provient des campagnes sur le front septentrional queGermanicus a menes leurs termes ce qui lui a valul'estime de ses collaborateurs et des lgionnaires, russis-sant rcuprer deux des trois aigles lgionnaires per-dues lors de la bataille de Teutobourg[44]. Sa popularitest telle qu'il aurait pu prendre le pouvoir en chassant sonpre adoptif dont l'accession au principat sest accompa-gne de la mort de tous les autres parents qu'Auguste a in-diqus comme hritiers[a 95]. Le ressentiment[a 96] conduitTibre donner son ls adoptif une mission particu-lire en Orient de manire l'loigner de Rome. Le S-Buste de Germanicus (copie romaine en marbre d'un buste ralisen 4 l'occasion de l'adoption de Germanicus par Tibre, Paris,muse du Louvre.nat dcide de donner au jeune homme limperium pro-consulare maius sur toutes les provinces orientales[45]. Ti-bre, cependant, n'a aucune conance en Germanicus, quien Orient, se serait trouv sans aucun contrle et expo-s l'inuence de son entreprenante femme Agrippinel'Ane. Il dcide donc de placer ses cts un hommede conance[46] : le choix de Tibre se porte sur GnaeusCalpurnius Piso qui est un homme dur et inexible et quia t consul avec Tibre en 7 av. J.-C. Germanicus parten 18 pour l'Orient avec Piso qui est nomm gouverneurde la province de la Syrie[a 97]. La succession n'est doncpas rsolue, la rivalit entre son ls cadet Julius CaesarDrusus et le ls an juridiquement l'hritier adop-t Germanicus tant latente[2].Germanicus, revient en Syrie en 19, aprs avoir rsid engypte au cours de l'hiver. Il entre en conit ouvert avecPiso, qui a annul toutes les mesures que Germanicus aprises[a 98] ; Piso, en rponse, dcide de quitter la pro-vince pour retourner Rome. Peu de temps aprs le d-part de Piso, Germanicus tombe malade et meurt aprs delongues sourances, Antioche, le 10 octobre[a 95]. Avantde mourir, Germanicus exprime sa conviction d'avoir tempoisonn par Piso et adresse une dernire prire Agrippine an qu'elle venge sa mort[a 99]. Aprs les fu-nrailles, Agrippine rentre Rome avec les cendres deson mari o la peine de tout le peuple est grande[a 100].Tibre, pour viter d'exprimer publiquement ses senti-2.1 Histoire de son Principat (14 - 37) 13Buste d'Agrippine l'Ane ralis au Iersicle av. J.-C. (Istanbul,muse archologique).ments, n'assiste mme pas la crmonie au cours delaquelle les cendres de Germanicus sont places dans lemausole d'Auguste[a 101]. En fait, Germanicus pourraittre dcd de mort naturelle, mais sa popularit crois-sante accentue l'vnement, qui est galement amplipar l'historien Tacite[43].Ds le dbut, une suspicion sinstalle alimente par lesparoles prononces par Germanicus mourant qui ac-cuse Piso d'avoir provoqu sa mort en l'empoisonnant.Ainsi, la rumeur d'une participation de Tibre se pro-page, presque comme l'instigateur de l'assassinat de Ger-manicus, ayant choisi personnellement d'envoyer Pi-soenSyrie[44],[a 102],[47]. Lorsque Pisoest jug, ac-cusd'avoircommis, galement, denombreuxdlits,l'empereur tient un discours trs modr dans lequel ilvite de prendre position pour ou contre la condamna-tion du gouverneur[a 103]. Piso ne peut pas tre poursui-vi pour un empoisonnement qui apparat mme pour lesaccusateurs impossible prouver, et le gouverneur, cer-tain d'tre condamn pour d'autres dlits qu'il a com-mis, dcide de se suicider avant que soit prononc unverdict[N 9],[44],[a 104].La popularit de Tibre sort amoindrie de cet pisodecar Germanicus tait trs aim. Tacite crit de lui dix ansaprs sa mort[a 105] : [...] [Germanicus avait] l'esprit populaireet les manires aables du jeune Csar [qui]contrastaient merveilleusement avec l'air et lelangage de Tibre, si hautain et si mystrieux[...] Tacite, Annales, I, 33 (Trad. Jean-Louis Burnouf -1859)Les deux personnages ont des manires de faire trs dif-frentes : Tibre se distingue par sa froideur, sa rserveet son pragmatisme, tandis que Germanicus se fait remar-quer par sa popularit, sa simplicit et sa fascination[a 95].Ronald Syme soutient qu'il est vraisemblable que Tibrechoisit Piso comme son condent, lui confrant un secre-ta mandata ( ordres condentiels ) pour viter que lejeune ge de l'hritier au trne puisse conduire Germa-nicus une inutile et coteuse guerre contre les Parthes.La situation, cependant, chappe Piso, probablementen raison des frictions entre les pouses du lgat imp-rial et du titulaire de limperium proconsulaire, de sorteque l'inimiti entre les deux dgnre en conit ouvert.La mort de Germanicus ne fait que donner un aspect n-gatif au personnage du princeps dans l'historiographie[48].2.1.2 Mort de son successeur Julius Caesar Drusus(19 - 23)La villa de Tibre proximit de Sperlonga.La mort de Germanicus ouvre la voie de la succession l'unique ls naturel de Tibre, Julius Caesar Drusus, qui a,jusque-l, accept un rle mineur par rapport son cou-sin Germanicus[49]. Il a seulement un an de moins quele dfunt et il est aussi intelligent, comme cela apparatclairement dans la faon dont il fait face la rvolte enPannonie.Pendant ce temps, Sjan, nomm prfet du prtoire auxcts de son pre en 16, russit rapidement gagner laconance de Tibre. Aux cts de Drusus, favori pour lasuccession, sajoute le personnage de Sjan qui acquiertune grande inuence sur l'uvre de Tibre : le prfet duprtoire, qui fait preuve d'une rserve en tous points si-milaire celle de l'empereur, est en fait anim d'un fort14 2 EMPEREUR ROMAINdsir de pouvoir et il aspire devenir le successeur deTibre[a 106]. Sjan voit galement crotre normmentson pouvoir lorsque les neuf cohortes prtoriennes sontregroupes dans la ville de Rome, prs de la Porte Vi-minale[a 107]. Entre Sjan et Drusus sinstalle une situa-tion de rivalit[50], et le prfet commence rchir lapossibilit d'assassiner Drusus et les autres successeurspossibles de Tibre[a 108]. Il sduit la femme de Drusus,Livilla, et a avec elle une relation[a 109]. Peu aprs, en 23,Drusus meurt empoisonn, et le public suspecte, sans au-cun fondement, que Tibre aurait pu ordonner le meurtrede Drusus, mais il semble plus probable que Livilla soitseule implique[a 110].Huit ans plus tard, Tibre apprend que son ls a t assas-sin par sa belle-lle Livilla et son conseiller dans lequelil plaait toute sa conance, Sjan[51],[52].2.1.3 Dpart pour Capri et ascension de Sjan (23 -31)Marbre de Tibre, dcouvert Capri, hauteur de 2 mtres, musedu Louvre Paris.Tibre se trouve une fois de plus, l'ge de 64 ans,sans hritier, parce que les jumeaux de Drusus, ns en19, sont trop jeunes, et que l'un d'entre eux est dcdpeu aprs son pre. Il choisit de proposer comme suc-cesseur les jeunes ls de Germanicus qui ont t adop-ts par Drusus et qu'il place sous la protection des s-nateurs. Sjan a, alors, de plus en plus de pouvoir, desorte qu'il espre devenir empereur aprs la mort de Ti-bre. Il commence une srie de perscutions envers lesenfants et la femme de Germanicus, Agrippine[a 111], puiscontre les amis de Germanicus et beaucoup d'entre euxsont contraints l'exil ou choisissent le suicide pour vi-ter une condamnation[a 112].Tibre, attristparlamort desonlset excdparl'hostilit de la population de Rome, dcide de se reti-rer d'abord en Campanie en 26, puis Capri l'anne sui-vante, sur les conseils de Sjan, pour ne plus jamais re-venir Rome[51],[a 113]. Il a dj soixante-sept ans et il estprobable que l'envie de sloigner de Rome le tente djdepuis un certain temps. Il semble qu'aprs avoir vu sonls mourir, il ait parl de sa dmission. Il ne peut plussupporter de voir des gens autour de lui qui lui rappellentDrusus, sans oublier la proximit de Livie qui lui est deve-nue insupportable. Une maladie qui le dgure augmentesa susceptibilit mais son retrait est une trs grave erreur,bien qu'il continue grer les problmes de l'Empire de-puis Capri[53].Le prfet du prtoire, pendant ce temps, protant de lapleine conance de l'empereur[54] prend le contrle detoutes les activits politiques, devenant le reprsentant in-contest de la puissance impriale[51]. Il russit galement convaincre le princeps de concentrer l'ensemble des neufcohortes prtoriennes, auparavant rparties entre Rome etles autres villes italiques, dans Rome (dans la caserne dela Garde prtorienne) sa disposition, alors que Tibre aquitt Rome[55].Tibre, cependant, se tient inform de la vie politique deRome, et il reoit rgulirement des notes qui l'informentdes discussions menes au Snat. Il peut, grce la cra-tion d'un vritable service postal, exprimer son point devue, et il est galement en mesure de donner des ordres ses missaires Rome[56]. L'loignement de Tibre deRome conduit une progressive diminution du rle duSnat au prot de l'empereur et de Sjan[56].Le prfet du prtoire commence perscuter ses op-posants, les accusant de lse-majest an de les limi-ner de la scne politique[57]. Cette situation conduit lacration d'un climat de suspicion gnralise qui, sontour, provoque de nouvelles rumeurs sur la participationde l'empereur aux nombreux procs politiques intentspar Sjan et ses collaborateurs[58]. En 29, lorsque Liviequi, avec son caractre autoritaire, a toujours inuencle gouvernement[59], meurt l'ge de 86 ans, son ls re-fuse de retourner Rome pour les funrailles et interditsa divinisation[51],[a 114]. Sjan peut procder, sans tredrang[a 115], une srie d'actions contre Agrippine et2.1 Histoire de son Principat (14 - 37) 15Buste d'Antonia Minor (Rome, Muse dell'Ara Pacis, copie del'original de l'poque augustenne conserve au museo Oliveria-no de Pesaro).son ls an Nero Iulius Caesar[a 116] qui est accus no-tamment de tentatives de subversion, ce qui lui vaut d'trecondamn au connement sur l'le de Ponza o il meurtde faim en 30[60]. Agrippine, accuse d'adultre, est ex-pulse sur l'le Pandataria o elle meurt en 33[51],[61].Le projet de Sjan a prcisment pour objectif de sas-surer de la succession de l'empereur. Aprs avoir liminles descendants directs de Tibre, le prfet est dsormaisle seul candidat la succession, et il tente en vain de deve-nir parent de l'empereur par son mariage avec la veuve deDrusus, Livilla[a 117]. Il commence viser l'attribution dela puissance tribunitienne qui aurait ociellement permissa nomination suivante en tant qu'empereur, le rendantainsi sacr et inviolable, et il obtient, en 31, le consulatavec Tibre[51],[62]. Dans le mme temps, la veuve deNero Claudius Drusus, Antonia Minor, se fait la porte-parole des sentiments d'une grande partie de la classesnatoriale et dnonce dans une lettre Tibre toutesles intrigues et les actes de sang dont Sjan, qui est entrain d'ordonner une conspiration contre l'empereur, estresponsable[63]. Tibre, alert, dcide de destituer le puis-sant prfet et il organise une habile manuvre avec l'aidedu prfet de Rome Macron[51].An de ne pas veiller les soupons, l'empereur nommeSjan pontife, promettant de lui donner au plus tt laMonnaie de Tibre portant sur une face une lgende sur laquellea t abras le nom de Sjan frapp de la damnatio memoriae.La pice date du cinquime consulat de Tibre et porte la men-tion : TI CAESAR DIVI AVGVSTI F AVGVSTVS et MVN AGVS-TA BILBILIS TI CAESARE V L. AELIO SEIANO COS.puissance tribunitienne. En mme temps, Tibre quittela charge de consulce qui oblige Sjan y renonceraussi. Le 17 octobre 31 enn, Tibre, nomme secrte-ment prfet du prtoire et chef des cohortes urbaines leprfet de Rome, Macron. Il l'envoie Rome avec l'ordrede se mettre d'accord avec Lacon, prfet des vigiles etavec le nouveau consul dsign Publius Memmius Re-gulus, an de convoquer le lendemain le Snat dans letemple d'Apollon, sur le mont Palatin. Ainsi, Tibre ob-tient l'appui des cohortes urbaines et des vigiles contreune ventuelle raction des prtoriens en faveur de Sjan.Quand Sjan arrive au Snat, il est inform par Macron del'arrive d'une lettre de Tibre annonant l'attribution dela puissance tribunitienne[64]. Ainsi, pendant que Sjan,jubilant, prend place parmi les snateurs, Macron, res-t en dehors du temple, loigne les prtoriens de garde,les remplaant par les vigiles de Lacon. Puis, conant lalettre de Tibre au consul pour qu'il la lise devant le S-nat, il rejoint la caserne de la Garde prtorienne pour an-noncer sa nomination comme prfet du prtoire[64]. Danscette lettre, dlibrment trs longue et trs vague, Tibrevoque dirents sujets, tantt louant Sjan, tantt le cri-tiquant, et la n seulement, l'empereur accuse le prfetde trahison, ordonnant sa destitution et son arrestation[64].Sjan, constern par la tournure inattendue, est imm-diatement emmen, enchan par les vigiles et peu aprssommairement jug par le Snat qui sest runi au templede la Concorde : il est condamn mort et la damnatiomemoriae[a 118],[65].La sentence est excute la nuit mme dans la prison duTullianum par strangulation, et le corps du prfet est lais-s la population qui le trane dans les rues de la ville[65].lasuitedesmesuresprisespar Sjanl'encontred'Agrippine et de la famille de Germanicus, le peuplea dvelopp une forte aversion envers le prfet[a 119]. LeSnat dclarele18octobreftepubliqueet ordonnel'rection d'une statue la Libert.Quelques jours plus tard, les trois jeunes ls du prfet sontsauvagement trangls dans la prison duTullianum[65].Son ex-femme, Apicata, se suicide aprs avoir envoy unelettre Tibre rvlant les fautes de Sjan et de Livilla 16 2 EMPEREUR ROMAINRuines de la Villa Jovis sur l'le de Capri.l'occasion de la mort de Drusus[66]. Livilla est juge, etpour viter une condamnation certaine, elle se laisse mou-rir de faim[66]. Aprs la mort de Sjan et de sa famille, unesrie de procs l'encontre des amis et collaborateurs dudfunt prfet provoque leur condamnation mort ou lescontraint au suicide[67].2.1.4 Dernires annes : un nouvel exil (31 - 37)La Mort de Tibre, par Jean-Paul Laurens, 1864, muse desAugustins, Toulouse.Tibre passe la dernire partie de son rgne sur l'le de Ca-pri, entour par des hommes de savoir, des avocats, descrivains et mme des astrologues[68]. Il fait construiredouze maisons pour ensuite vivre dans celle qu'il prfre,la Villa Jovis. Tacite et Sutone racontent qu' Capri, Ti-bre laisse libre cours ses vices, sabandonnant ses d-sirs erns mais il semble plus probable que Tibre aitmaintenu sa coutumire rserve, vitant les excs commeil l'a toujours fait[69] et sans ngliger ses devoirs enversl'tat et continuant travailler dans son intrt[68].Aprs la chute de Sjan, la question de la succession res-surgit, et en 33, Drusus Iulius Caesar, le plus grand desenfants de Germanicus rest en vie, meurt de faim aprsavoir t condamn au connement en 30 la suite d'uneaccusation d'avoir conspir contre Tibre[70]. Quand Ti-bre, en 35, dpose son testament, il ne peut choisir queparmi trois successeurs possibles, et n'inclut son petit-lsTiberius Gemellus, ls de Julius Caesar Drusus, et sonpetit-neveu Caligula, ls de Germanicus. Reste donc ex-clu du testament, le frre de Germanicus, Claude, qui estconsidr comme inadapt au rle deprinceps en rai-son de sa faiblesse physique et de doutes sur sa santmentale[70]. Le favori la succession semble tre imm-diatement le jeune Caius, mieux connu sous le nom deCaligula, parce que Tiberius Gemellus, galement soup-onn d'tre le ls de Sjan (en raison de ses relationsadultres avec l'pouse de Drusus, Livilla[71]), a dix ans demoins : deux raisons susantes pour ne pas lui laisser leprincipat[72]. Le prfet du prtoire Macron fait preuve desympathie l'gard de Caius, gagnant par tous les moyenssa conance[71].Buste de Caligula en marbre, muse du Louvre Paris.En 37, Tibre quitte Capri, comme il l'a fait prcdem-ment, peut-tre avec l'ide de revenir enn Rome pourpasser ses derniers jours. Eray par les ractions quela population pourrait avoir, il sarrte seulement septmille de Rome et dcide de repartir vers la Campanie[71].Il est saisi d'une maladie et transport dans la villa deLucullus Misne. Aprs une premire amlioration, iltombe le 16 mars dans un tat de dlire et on le croit2.2 Politique interne 17mort. Alors que beaucoup se prparent dj clbrerla prise de pouvoir de Caligula, Tibre rcupre une foisde plus. Si les contemporains (Snque l'Ancien, cit parSutone,Philon d'Alexandrie) arment qu'il est mortde maladie, un certain nombre de versions direntesexistent : selon Tacite, il serait mort tou sur ordrede Macron[a 120], selon Dion Cassius, Caligula aurait ac-compli le geste[a 121]. Sutone le dcrit couch, appelantses serviteurs sans recevoir de rponse,se relevant ettombant mort hors de son lit ; Sutone voque des ru-meurs d'empoisonnement lent par Caligula, de privationde nourriture, ou dtouement avec un coussin[a 122]. Entout tat de cause, du fait de la rclusion dans laquellevivait Tibre l'poque, il demeure impossible de se pro-noncer sur les causes de son dcs, mme si la mort na-turelle, soixante-dix-sept ans, est une hypothse plusque plausible. Si Antonio Spinosa adhre la thse deltouement[73], les historiens modernes, G. P. Baker,Gregorio Maranon, E. Kornermann, Paul Petit rejettentla thorie de lassassinat. G. P. Baker a mis une hypo-thse qui expliquerait la rumeur dtouement : Macronou une autre personne, trouvant Tibre par terre au piedde son lit, aurait tir sur lui une couverture, dans un gestede protection ou de dcence[74].Le peuple romain ragit avec une grande joie la nou-velle de la mort de Tibre, ftant sa disparition. Beaucoupde monuments qui clbrent les entreprises de l'empereursont dtruits ainsi que de nombreuses statues qui le re-prsentent. Certains essaient de faire pratiquer la crma-tion du corps Misne mais sa dpouille est transporte Rome o il est incinr sur le Champ de Mars et inhum,au milieu d'insultes, dans le mausole d'Auguste le 4 avril,gard par les prtoriens[72],[75]. Alors que l'empereur d-funt reoit de modestes funrailles, le 29 mars, Caligulaest acclam princeps par le Snat.2.2 Politique interneTibre ne se distingue pas pour ses tendances la rno-vation. Au cours de son rgne, il fait preuve d'un strictrespect de la tradition augustenne, essayant d'appliquertoutes les instructions d'Auguste. Son but est de prser-ver l'Empire, d'assurer la paix interne et externe tout enconsolidant le nouvel ordre et en vitant qu'il ne prenneles caractristiques d'un dominat[76],[77]. Pour mettre enuvre son plan, il utilise des collaborateurs et de nom-breuxconseillerspersonnelsqui sont desocielsquil'ont suivi aucoursdeslongueset nombreusescam-pagnes militaires qui ont dur prs de quarante ans[32].Il convient d'ajouter que l'administration de l'tat du-rant les premires annes de son rgne est reconnue, partous, comme excellente par son bon sens et sa modra-tion. Tacite apprcie les capacits du nouveauprincepsau moins jusqu' la mort de son ls Drusus qui a lieu en23[78],[a 123].La mme chose sapplique pour les relations entre Ti-bre et la nobilitas snatoriale qui sont cependant di-rentes de celles qui staient instaures avec Auguste[76].Le nouvel empereur semble dirent de son beau-prepar ses mrites et son ascendant, celui-ci ayant mis naux guerres civiles, apport la paix l'Empire et obtenupar consquent une grande autorit[79]. Tibre doit ba-ser le rapport entre le princeps et la noblesse snatorialesur un moderatio qui augmente la puissance des deux, su-perposant l'ordre hirarchique traditionnel[80]. Il tablitune nette distinction entre les honneurs destins aux em-pereurs vivants et le culte de ceux morts et diviniss[80].Malgr ces mesures qui contribuent maintenir en viela ction rpublicaine [a 124],ilne manque pas demembres de la classe snatoriale pour sopposer ferme-ment son uvre[80]. Mais Tibre au cours des premiresannes, suivant le modle d'Auguste, cherche sincrement obtenir la coopration avec le Snat, assistant souvent ses runions, en respectant la libert de discussion, en leconsultant galement sur des questions qu'il est en mesurede rsoudre par lui-mme et en accroissant les fonctionsadministratives du Snat. Celui-ci fait valoir que le prin-ceps doit servir le Snat (bonum et salutarme principemsenatui servire debere)[81].La Curie Julia sur le Forum Romain o se runit habituellementle Snat.Lesmagistraturesconservent leurdignitet leSnat,que Tibre consulte souvent avant de prendre des dci-sions dans tous les domaines, est favoris par la plupartdes mesures[a 125] : Mme sil est d'usage que l'empereursignalecertainscandidatslamagistrature, leslec-tions continuent d'avoir lieu, au moins formellement, parl'assemble des comices centuriates.Tibre dcide demettre un terme la coutume, et les snateurs ont le pri-vilge de l'lection des juges[a 126]. De la mme manire,Tibre dcide d'allouer aux snateurs la tche de jugerles snateurs eux-mmes, ou les chevaliers de haut rangqui se sont rendus coupables de crimes graves commele meurtre ou la trahison ; les Snateurs sont galementchargs de juger sans l'intervention de l'empereur le tra-vail des gouverneurs de province ; enn, est cone au S-18 2 EMPEREUR ROMAINnat la juridiction dans le domaine religieux et social danstoute l'Italie[a 127].Au cours de la priode de son sjour Capri, Tibre,pour empcher que le Snat prenne des mesures qui nelui conviennent pas, en particulier en ce qui concerne lesnombreux procs de lse-majest mens par Sjan, d-cide que toute dcision adopte par le Snat doit treapplique uniquement dix jours plus tard, de sorte qu'ilpeut contrler, endpit deladistance, letravail dessnateurs[82].Leprinceconsultesouvent leSnat par des senatusconsulta, parfois sur des questions hors de sa comp-tence, comme par exemple les questions de caractre re-ligieux, Tibre ayant une aversion particulire pour lescultes orientaux. En 19 les cultes chalden et juif sontrendus illgaux et ceux qui les professent sont obligs desenrler ou d'tre expulss d'Italie[a 127]. Il ordonne debrler tous les parements et les objets sacrs utiliss pourles cultes en question, et, par l'enrlement, il peut envoyerles jeunes juifs dans les rgions les plus recules et les plusinsalubres an d'iniger un coup svre la propagationdu culte[a 128].Tibre rforme, au moins en partie, l'organisation augus-tenne contre le clibat, mettant l'accent sur la lex Pa-pia Poppaea : sans abolir les dispositions de son beau-pre, il nomme une commission qui soccupe de rfor-mer l'organisation et de rendre moins svre les peinesen commenant par les clibataires ou ceux qui, bienque maris, n'ont pas d'enfants[a 129]. Des mesures sontadoptes pour freiner le luxe et garantir la moralit descoutumes[a 130],[a 131].Parmi les mesures les plus importantes, on trouvel'adoption de la lex de Maiestate qui prvoit que soientpoursuivis et passibles de condamnation tous ceux qui of-fensent la majest du peuple romain. Sur la base d'une loiaussi vague, sont considrs coupables ceux qui sont res-ponsables d'une dfaite militaire, d'une sdition ou quiont mal gr l'administration. La loi, qui entre en vigueuraprs avoir t abroge, devient un outil entre les mains del'empereur, du Snat, et en particulier du prfet Sjan ande criminaliser les opposants politiques[a 132]. Tibre, ce-pendant, soppose plusieurs reprises ces jugements po-litiques, incitant les juges agir en toute honntet[a 131].2.3 Administration nancire et provin-cialeTibre est excellent en gestion nancire, il laisse samort un surplus considrable dans les cores de l'tat.Pour ne citer que quelques exemples, les biens du roiArchlaos de Cappadoce deviennent une proprit imp-riale ainsi que plusieurs mines gauloises de son pouse Ju-lia, une mine d'argent des Ruthniens, une mine d'or d'uncertainSestusMarius consque en Hispanie en 33, etd'autres encore[83]. Il cone l'administration des biens del'tat des fonctionnaires particulirement comptents,dont la charge ne prend n qu'avec l'ge[a 133].Il est toujours prt et gnreux pour intervenir en toutescirconstances lors de dicults internes comme lorsquela plbe urbaine soure au cours de famine ou commelorsqu'en 36 il instaure une aide, la suite d'un incen-die sur l'Aventin, de cent millions de sesterces. En 33,aprs avoir pris certaines mesures contre l'usure, il rus-sit attnuer une grave crise agraire et nancire cau-se par une rduction de la circulation montaire, ins-tituant, avec sa propre fortune, un fond pour nancerles prts de plus de cent millions de sesterces. Les d-biteurs peuvent emprunter pendant trois ans sans int-rts en apportant en garantie des terrains d'une valeurdouble du prt demand[a 134],[84],[85]. Ds que possible,il tente de rationaliser les dpenses publiques en matirede spectacles, en rduisant les salaires des acteurs et endiminuant le nombre de paires de gladiateurs participantaux jeux[a 135]. Il rduit de 1 % 0,5 % l'impopulairetaxe sur les ventes, et il laisse, sa mort, 2 700 mil-lions de sesterces dans les caisses du trsor. Aux gouver-neurs provinciaux qui lui demandent d'imposer de nou-velles taxes, il soppose fermement, rpondant que letravail du bon berger est de tondre les moutons, non deles corcher [a 136].Il sait choisir, en outre, des administrateurs comptentset il soigne en particulier le gouvernement des provinces.Les gouverneurs qui obtiennent de bons rsultats et quise sont distingus pour leur honntet et leur comp-tence reoivent, en rcompense, la prorogation de leurmandat. Tacite voit, en cet usage, la volont de l'indcisTibre de reporter sur les gouverneurs la proccupationde la gestion des provinces et d'viter que des personnespuissent proterdebncesissusdeleurchargedehaut magistrat[a 137]. La collecte des impts dans les pro-vinces est cone aux chevaliers, qui sorganisent en so-cits d'adjudication. Tibre vite l'imposition de nou-velles taxes aux provinces et carte ainsi le risque dervoltes[a 133],[86]. Il fait galement construire des routesen Afrique, en Hispanie (surtout dans le nord-ouest), enDalmatie et en Msie jusqu'aux portes de Fer, le long duDanube, et d'autres sont rpares comme dans la Gaulenarbonnaise[87].2.4 Politiqueextrieureetpolitiquemili-taireTibre reste dle au consilium coercendi intra terminosimperii d'Auguste ( conseil de ne plus reculer les bornesde l'Empire )[a 138], c'est--dire la dcision de maintenirles frontires de l'Empire inchanges. Il essaie de prot-ger les territoires internes et d'en assurer la tranquillit etil uvre uniquement pour des changements ncessaires la scurit[88]. Il russit viter des guerres ou des ex-pditions militaires inutiles avec les rpercussions sur lesdpenses publique qu'on imagine et en plaant une plusgrande conance dans la diplomatie. Il loigne les rois2.4 Politique extrieure et politique militaire 19Les conqutes romaines (vert) sous le rgne d'Auguste (30 - 14).Les conqutes romaines (vert) sous le rgne de Tibre (14 - 37).et les gouverneurs qui se rvlent inaptes leur fonctionet il cherche assurer une plus grande ecacit du sys-tme administratif. Les seules modications territorialesconcernent l'Orient lorsqu' la mort des rois clients, laCappadoce, la Cilicie et la Commagne sont incorporesdans les frontires de l'Empire[89]. Toutes les rvoltes quisensuivent, au cours de son long principat qui dure 23 ans,sont toues dans le sang par ses gnraux, comme cellede Tacfarinas et des Musulames de 17 24, en Gaule parJulius Florus et Julius Sacrovir en 21 ou encore en Thraceavec le roi client des Odryses autour du 21[90].Pendant le rgne de Tibre, les forces militaires sont d-ployes avec la disposition suivante :la protection del'Italie est cone deux ottes, celle de Ravenne et ducap Misne, et Rome est dfendue par neuf cohortes pr-toriennes que Sjan a runies dans un camp la priph-rie de la ville et trois cohortes urbaines. Le nord-ouestde l'Italie est gard par une otte au large des ctes dela Gaule compose de navires qu'Auguste avait capturs Actium. Le reste des forces est stationn dans les pro-vinces dans le but de garantir les frontires et de rpri-mer d'ventuelles rvoltes internes : huit lgions sont d-ployes dans la rgion du Rhin pour se protger des inva-sions germaniques et des rvoltes gauloises, trois lgionssont en Hispanie, et deux dans les provinces d'gypteet d'Afrique o Rome peut aussi compter sur l'aide duroyaume de Maurtanie. En Orient, quatre lgions sontrparties entre la Syrie et l'Euphrate. En Europe orien-tale, enn, deux lgions sont stationnes en Pannonie,deux en Msie pour protger les frontire du Danube, etdeux en Dalmatie. De petites ottes de trirmes, des ba-taillons de cavalerie et des troupes auxiliaires recrutesparmi les habitants des provinces, sont rpartis sur toutle territoire an qu'ils puissent intervenir l o le besoinsen fait sentir[a 139].2.4.1 En GermanieArminius, jeune chef des tribus germaniques (monument acheven 1875).En ce qui concerne la politique extrieure le long desfrontires septentrionales, Tibre suit une dmarche demaintien et de consolidation d'un mur contre les Ger-mains le long du Rhin en mettant n, quelques annesaprs son accession au trne, aux oprations militairesimproductives et dangereuses que Germanicus a entre-prises dans les annes 14-16[88]. Tacite, qui admire Ger-manicus et a peu de sympathie pour Tibre, impute ladcision du princeps sa jalousie l'encontre des suc-cs obtenus par son neveu. Tibre lui reconnat le mrited'avoir rtabli le prestige de l'Empire romain auprs desGermains, il considre au contraire et juste titre, qu'unenouvelle tentative d'tablir la frontire sur l'Elbe condui-rait un loignement de la politique d'Auguste que Tibreconsidre comme un praeceptum ainsi qu' une augmen-tation signicative des dpenses militaires et l'obligation20 2 EMPEREUR ROMAINd'engager une campagne en Bohme contre Marobod, roides Marcomans. Tibre ne le juge ni ncessaire ni utile.Les dissensions internes au sein des tribus germaniquesdonnent lieu une guerre entre Chattes et Chrusquespuis une autre entre Arminius et Marobod jusqu' ceque ce dernier soit exil en 19, alors que le premier estassassin (en 21)[77]. Scullard estime, en eet, que cettedcision est motive et de plus judicieuse[91].En14, alorsquelarvoltedeslgionsenPannonieest en cours[a 140], les hommes stationns la frontiregermanique se rebellent, provoquant des actes de vio-lence et des massacres. Germanicus, qui est alors latte de l'arme en Germanie et qui bncie de beau-coupdeprestige[a 141], sechargedecalmer lasitua-tion, arontant personnellement les soldats sditieux.Ceux-ci demandent, commeleurscamaradesdePan-nonie, la rduction de la dure du service militaire etl'augmentation de la solde. Germanicus dcide de leuraccorder le cong aprs vingt ans de service et d'y in-clure tous les soldats de rserve qui ont combattu pendantseize ans, les exemptant de toutes obligations sauf pourrepousser les attaques ennemies. Il double, dans le mmetemps, l'hritage auquel ils ont droit, selon le testamentd'Auguste[a 142]. Les lgions, qui ont appris depuis peu ledcs d'Auguste, assurent de leur soutien le gnral silsouhaitait prendre le pouvoir par la force, mais il refuse,faisant preuve de respect envers son pre adoptif Tibreet d'une grande fermet[a 95],[a 143]. La rvolte, qui toucheun grand nombre des lgions stationnes en Germanie, estdicile rprimer et se termine par le massacre de nom-breux lgionnaires rebelles[a 144]. Les mesures prises parGermanicus pour satisfaire aux exigences des lgions sontocialises plus tard par Tibre qui attribue les mmesindemnits aux lgionnaires de Pannonie[a 145].La campagne de Germanicus en 14.Germanicus, aprs avoir repris la situation en main, d-cide d'organiser une expdition contre les peuples germa-niques qui ont appris la nouvelle de la mort d'Auguste etla rbellion des lgions. Ils pourraient dcider de lancerune nouvelle attaque contre l'Empire. Germanicus coneune partie des lgions au lieutenant Aulus Caecina Seve-La campagne de Germanicus en 15.La campagne de Germanicus en 16.rus puis il attaque les tribus des Bructres, des Tubantes etdes Usiptes qu'il bat nettement, accompagnant ses vic-toires de nombreux massacres[a 146]. Il attaque les Marsesobtenant neuf victoires et paciant ainsi la rgion l'ouestdu Rhin. De cette faon, il est en mesure de prparer pour15 une expdition l'est du grand euve par laquelle ilaurait veng Varus et frein toute volont expansionnistedes Germains[a 147].En 15, Germanicus traverse le Rhin avec le lieutenant Au-lus Caecina Severus qui vainc de nouveau les Marses[a 148]tandis que le gnral obtient une large victoire sur lesChattes[a 149]. Le prince des Chrusques, Arminius, quiavait battu Varus Teutobourg, incite tous les peuplesgermaniques la rvolte en leur demandant de combattreles envahisseurs romains[a 150]. Il se forme mme un pe-tit parti pro-romain conduit par le beau-pre d'Arminius,Sgeste, qui ore son aide Germanicus[a 151]. Celui-ci serend vers Teutobourg o il retrouve un des aigles lgion-naires perdu au cours de la bataille, six ans plus tt. Il rendles honneurs funbres aux morts dont les dpouilles sontrestes sans spulture[a 152].Germanicus dcide de poursuivre Arminius an del'aronter au cours d'une bataille, le prince germa-2.4 Politique extrieure et politique militaire 21nique attaque les escadrons de cavalerie que Ger-manicus envoie enavant-garde, sr de pouvoir sur-prendre l'ennemi. L'arme entire des lgionnaires estalors oblige d'intervenir pour viter une nouvelle d-faite dsastreuse[a 153]. Germanicus dcide de retourner l'ouest du Rhin avec ses hommes. Alors qu'il se trouve surle chemin du retour prs du pontes longi, Aulus CaecinaSeverus est attaqu et battu par Arminius ce qui l'oblige se retirer dans son campement. Les Germains, convain-cus de pouvoir vaincre les lgions, attaquent le camp maisils sont svrement battus leur tour et Aulus Caecina Se-verus peut conduire ses lgions saines et sauves l'ouestdu Rhin[a 154].Victoire crasante des Romains la bataille d'Idistaviso.Bien qu'ayant remport une importante victoire, Germa-nicus est conscient que les Germains sont encore capablesde se rorganiser et il dcide, en 16, d'engager une nou-velle campagne dont l'objectif est d'anantir dnitive-ment la population entre le Rhin et l'Elbe[a 155].Pourrejoindre sans problme les territoires ennemis,il faitprparer une otte qui doit conduire les lgions jusqu'l'embouchure de euve Amisia. En peu de temps, il runitplus d'un millier de bateaux, lgers et rapides, capables detransporter de nombreux hommes, mais aussi quips demachines de guerre pour la dfense[a 156]. Les Romainsdbarquent peine en Germanie que les tribus du lieu,runies sous le commandement d'Arminius, se prparent faire face aux envahisseurs et se runissent pour com-battre prs du euve Weser (bataille d'Idistaviso)[a 157].Les hommes de Germanicus, bien mieux prpars queleurs ennemis[a 158], arontent les Germains et rem-portent une crasante victoire[a 159]. Arminius et les siensse retirent prs du val angrivarien puis subissent une nou-velle dfaite contre les lgionnaires romains[a 160].Lespersonnes qui habitent entre le Rhin et l'Elbe sont ain-si limines[a 161]. Germanicus reconduit ses troupes enGaule, mais, sur le chemin du retour, la otte romaineest dispersepar unetempteet ellesubit denom-breuses pertes[a 162]. L'incident donne l'espoir aux Ger-mains d'inverser le sort de la guerre, mais les lieutenantsde Germanicus prennent le dessus sur leurs ennemis[a 163].Bien que Rome ne soit pas en mesure d'tendre sa zoned'inuence, la limite xe par le Rhin la protge d'uneventuelle rvolte germanique et un vnement majeurmet n aux rbellions : en 19, aprs avoir battu le roipro-romain des Marcomans, Marobod, Arminius meurt,trahi et tupar sescompagnonsqui ambitionnent lepouvoir[a 164].2.4.2 En OrientMonnaie du roi Hrode Philippe II reprsentant Tibre.En Orient, la situation politique, aprs une priode decalmerelatiflasuitedesaccordsentreAugusteetles souverains parthes,se transforme en confrontationen raison de troubles internes, Phraats IV et ses en-fants meurent Rome alors qu'Auguste rgne encore.Les Parthes demandent donc que Vonons, ls de Phraa-ts, envoy prcdemment comme otage, puisse reveniren Orient an de monter sur le trne comme le derniermembre encore en vie de la dynastie arsacide[a 165]. Lenouveau roi, tranger aux traditions locales, se montredsagrable aux Parthes et il est vaincu et chass parArtaban III, et se rfugie en Armnie. L, les rois impo-ss par Rome sur le trne tant morts, Vonons est doncchoisi comme nouveau souverain mais Artaban fait pres-sion sur Rome pour que Tibre destitue le nouveau roiarmnien. L'empereur, pour viter d'avoir entreprendreune nouvelle guerre contre les Parthes fait arrter Vono-ns par le gouverneur romain de la Syrie[a 166].La mort du roi de la Cappadoce, Archlaos, qui est ve-nu Rome rendre hommage Tibre, celle de AntiochosIII, roi de Commagne, et de Philopator, roi de Cilicie,viennent perturber la situation en Orient. Les troistats, qui sont des vassaux de Rome, sont dans un fortcontexte d'instabilit politique que les dsaccords entreles partis pro-romain et les dfenseurs de l'autonomieaccroissent[a 167].La dicult de la situation en Orient rend ncessaireune intervention romaine. Tibre, en 18, envoie son lsadoptif,Germanicus,qui est nomm consulet qui sevoit octroyer l'imperiumproconsolarismaius sur toutesles provinces orientales. Dans le mme temps, l'empereurnomme un nouveau gouverneur de la province de Syrie,Gnaeus Calpurnius Piso, qui fut consul avec Tibre en 7av. J.-C[a 168]. Le royaume d'Armnie est rest sans sou-verain aprs la destitution de Vonons, aussi, aprs sonarrive en Orient, Germanicus confre la charge de roi,avec le consentement des Parthes, Znon ls du souve-22 2 EMPEREUR ROMAINrain du Pont Polmon Ier. Il est couronn Artachat[a 169].Germanicus impose que Commagne relve de la comp-tence d'un prteur, tout en conservant son autonomie for-melle, que la Cappadoce soit transforme en province etque la Cilicie soit incluse dans la province de Syrie[a 170].Il reoit un ambassadeur du roi parthe Artaban qui estprt conrmer et renouveler l'amiti et l'alliance desdeux empires. En signe d'hommage la puissance ro-maine, Artaban dcide de rendre visite Germanicussur les rives de l'Euphrate, et demande, en change, queVonons soit chass de la Syrie o il se situe depuis son ar-restation, tant souponn de fomenter la discorde[a 171].Germanicus accepte de renouveler les liens d'amiti avecles Parthes, et consent l'expulsiondeVonons quia li amiti avec le gouverneur Piso[a 172]. L'ex-roi del'Armnie est donc conn dans la ville de Pompeiopolien Cilicie o il dcde peu de temps aprs, tu par des ca-valiers romains alors qu'il essaie de schapper[a 173]. En19 Germanicus meurt[a 95],[a 99] aprs avoir vit, par desmesures adaptes, une famine qui se dveloppe depuisl'gypte avec des consquences catastrophiques[a 174].Larorganisationmiseenplacepar Germanicus enOrient garantit la paix jusqu'en 34 : cette anne-l, leroi Artaban de Parthie, est convaincu que Tibre, d-sormais g, ne sopposera pas, depuis Capri, la miseenplacedesonls Arsacesur letrned'Armnieaprs la mort d'Artaxias[a 175]. Tibre dcide d'envoyerTiridate, descendant de la dynastie arsacide tenu en otage Rome, disputer le trne parthe d'Artaban et il soutientl'installation de Mithridate, frre du roi d'Ibrie, sur letrne d'Armnie[89],[a 176]. Mithridate, avec l'aide de sonfrre Pharsman, russit semparer du trne d'Armnie :les serviteurs d'Arsace, corrompus, tuent leur matre, lesIbres envahissent le royaume et battent, salliant aux po-pulations locales, l'arme des Parthes dirige par Orode,ls d'Artaban[a 177].Artaban, craignant uneinterventionmassivedes Ro-mains, refuse d'envoyer plus de troupes contre Mithri-dateet abandonnesesrevendicationssur leroyaumed'Armnie[a 178]. Dans le mme temps, la haine que RomefomenteauprsdesParthesenversleroi Artabanlecontraint quitter le trne et se retirer tandis que letrne passe l'arsacide Tiridate[a 179]. Aprs un rgned'un an de Tiridate, Artaban rassemble une grande armeet marche contre l'arsacide qui se rfugie Rome, o il estcontraint de se retirer, et Tibre doit accepter que la Par-thie soit gouverne par un roi hostile aux Romains[a 180].2.4.3 En AfriqueEn 17, le numide Tacfarinas, qui a servi dans les troupesauxiliaires de l'arme romaine, rassemble autour lui unetroupe nombreuse, puis plus tard, il devient le meneurde la population berbre qui vit dans les zones dser-tiques proximit du Sahara occidental. Il organise unearme pour faire des raids et tenter de dtruire la domi-Tte enbronze de Tibre, muse archologique national deFlorence.nation romaine et attire ses cts les Maurtaniens di-rigs par Mazippa. Le proconsul d'Afrique Marcus Fu-rius Camillus, sempresse de marcher contre Tacfarinaset ses allis, de crainte que les rebelles refusent d'engagerla bataille, et il les bat nettement, obtenant les insignes dutriomphe[a 181].L'anne suivante, Tacfarinas reprend les hostilits, lan-ant une srie d'attaques et de raids contre les villages etaccumulant un gros butin. Il encercle une cohorte d'armeromaine qu'il russit battre[a 182]. Le nouveau procon-sul, Lucius Apronius qui a succd Camillus, envoie lecorps des vtrans contre Tacfarinas qui est battu. Le Nu-mide entreprend alors une tactique de gurilla contre lesRomains, mais aprs quelques succs, il est de nouveaubattu et repouss dans le dsert[a 183].Aprs quelques annes de paix, en 22, Tacfarinas envoiedes ambassadeurs Rome auprs de Tibre an de luidemander pour lui et ses hommes la possibilit de r-sider en permanence sur les territoires romains. Le Nu-mide menace de dclencher une nouvelle guerre si Tibren'accde pas sa requte. L'empereur considre la me-nace de Tacfarinas comme une insulte la puissance deRome, et ordonne de mener une nouvelle oensive contreles rebelles numides[a 184]. Le commandant de l'arme ro-maine, le nouveau proconsul Quintus Junius Blaesus, d-cide d'adopter une stratgie similaire celle adopte parTacfarinas en 18 : il divise son arme en trois colonnes,avec lesquelles il peut maintes reprises attaquer l'ennemiet le contraindre se retirer. Le succs semble tre d-2.4 Politique extrieure et politique militaire 23nitif, de sorte que Tibre consent proclamer Blaesusimperator[a 185].La guerre contre Tacfarinas prend seulement n en 24.Malgr toutes les dfaites subies, le rebelle numide conti-nue rsister et dcide de mener une oensive contreles Romains[a 186]. Il assige une petite ville, mais il estimmdiatement attaqu par l'arme romaine et forc laretraite. De nombreux chefs rebelles sont capturs et tus.Les bataillons de cavalerie et les cohortes lgres, renfor-cs aussi par les hommes envoys par le roi Ptolme deMaurtanie, se lancent la poursuite des fugitifs. Ces al-lis des Romains dcident d'entrer en guerre contre Tac-farinas car ce dernier a attaqu leur royaume[a 187]. Re-joints, les rebelles numides engagent une nouvelle bataillemais ils sont durement dfaits. Tacfarinas, certain de ladfaite nale, se jette sur les rangs ennemis et meurt sousles coups, ce qui met n la rvolte[a 188].2.4.4 En GauleEn 21, les habitants de la Gaule, crass par les taxes,se rebellent,dirigs par Julius Florus et Julius Sacro-vir. Les deux organisateurs de la rvolte, un membre dela tribu des Trvires, l'autre de celle des duens, ont lacitoyennet romaine que leurs anctres ont reue pourles services rendus l'tat et ils connaissent le systmepolitique et militaire romains[a 189]. An de mettre tousles atouts de leurs cts, ils essayent d'tendre la rvolte toutes les tribus gauloises, entreprenant de nombreuxvoyages et gagnant leur cause, la Gaule belgique[a 190].Tibre tente d'viter une intervention directe de Rome,mais, quand les Gaulois enrls dans les troupes auxi-liaires font dfection, les lgions romaines marchentcontre Florus et le battent prs des Ardennes[a 191]. Lechef des Trvires, voyant que son arme n'a pas d'autrepossibilit que la fuite, se suicide, pour les siens qui sontrests sans chef, c'est la n de la rbellion[a 192].Julius Sacrovir prend le commandement gnral de la r-bellion et rassemble autour de lui toutes les tribus encoreprtes se battre contre Rome[a 193]. Prs d'Autun, il estattaqu par l'arme romaine et malgr sa valeur, il estbattu[a 194]. Pour ne pas tomber entre les mains de ses en-nemis, il dcide de se suicider ainsi que ses plus dlescollaborateurs[a 195].Aprs la mort de ceux capables d'organiser la r-volte, celle-ci se termine sans la moindre rductiond'impts[a 196].2.4.5 En Illyrie et dans les BalkansEn 14, les lgions ont peine pris leurs quartiers dans largion de l'Illyrie qu'elles apprennent la mort d'Auguste.UnervolteclatefomenteparleslgionnairesPer-cennius et Vibulenus[a 197]. Ils esprent enclencher unenouvelleguerrecivilepartirdelaquelleilstirerontL'Empire romain en 14, au dbut du rgne de Tibre.L'Empire romain en 37, la n du rgne de Tibre.d'importants revenus et, en mme temps, ils veulent am-liorer les conditions dans lesquelles vivent les militaires,demandant une rduction des annes de service militaire,et que leur salaire quotidien soit port un denier[a 198].Tibre, rcemment arriv au pouvoir, refuse d'intervenirpersonnellement et envoieauprsdeslgionssonlsDrusus avec quelques citoyens romains et deux cohortesprtoriennes avec Sjan, ls du prfet du prtoire LuciusSeius Strabo[a 199]. Drusus met n la rvolte en limi-nant les chefs Percennius et Vibulenus[a 200] et par unerpression l'encontre des rebelles[a 201]. Les lgionnairesne bncient de concessions qu'aprs celles accordespar Germanicus aux lgions de Germanie[a 145].Surlesecteurde l'Illyrie, Tibreobtient, en15, queles provinces snatoriales de l'Achae et de Macdoinesoient