Petit lexique des valeurs dans la fonction publique...

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Petit lexique des valeurs dans la fonction publique fédérale canadienne Préparé par Magalie Jutras Sous la direction de Yves Boisvert Novembre 2001

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Petit lexique des valeurs dans la fonction publique fédérale canadienne

Préparé par Magalie Jutras Sous la direction de Yves Boisvert

Novembre 2001

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ISBN : 2-89575-011-4 Dépôt légal : 2001 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada © Tous droits réservés

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Table des matières

Introduction________________________________________________________ 3

Liste des valeurs_____________________________________________________ 4

Les familles de valeurs _______________________________________________ 6

Qu’est-ce qu’une valeur? _____________________________________________ 8

Quelques distinctions ________________________________________________ 9

Valeurs démocratiques ______________________________________________ 10

Valeurs professionnelles « traditionnelles »______________________________ 18

Valeurs professionnelles « nouvelles »__________________________________ 24

Valeurs liées à l’éthique _____________________________________________ 29

Valeurs liées aux personnes __________________________________________ 35

Bibliogaphie_______________________________________________________ 44

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Introduction

Le Groupe de travail sur les valeurs et l'éthique dans la fonction publique (Groupe de travail Tait) a été constitué en 1995. Leurs recommandations s’inscrivent dans un vaste programme de modernisation de la fonction publique fédérale canadienne baptisé « La Relève » et sont présentes dans leur rapport intitulé: De solides assises. Le but de ce rapport était d’aider les fonctionnaires canadiens à redécouvrir et à comprendre les valeurs fondamentales qui marquent la fonction publique fédérale canadienne et à les aider à mettre ces valeurs en pratique dans l’exercice de leurs fonctions. Conscient du fait que ce sont les valeurs personnelles qui incitent les gens à s'améliorer et à lutter pour réaliser leurs aspirations, le Groupe de travail Tait a insisté sur l’importance de la participation individuelle dans le processus d’élaboration d’une éthique commune et a mis de l’avant une approche axée sur la personne et la discussion, invitant ainsi les ministères, les conseils régionaux, les groupes fonctionnels et tous les niveaux d'employés à engager un dialogue sur les questions qui les préoccupent le plus. Afin de favoriser ce processus de réflexion et de discussion, le Groupe de travail Tait a suggéré plusieurs valeurs qu’il a réparties à l’intérieur de quatre grandes familles de valeurs : les valeurs démocratiques, les valeurs professionnelles (traditionnelles et nouvelles), les valeurs liées à l’éthique et les valeurs liées aux personnes. Cette liste de valeurs constitue un instrument fort intéressant pour la réflexion éthique des fonctionnaires et administrateurs publics. Toutefois, cet outil est uniquement énumératif et n’offre aucune définition des valeurs qu’il suggère. En réalisant le Petit lexique des valeurs de la fonction publique fédérale canadienne, nous avons voulu combler ce vide. Nous avons élaboré un outil pratique et accessible afin de permettre aux fonctionnaires d’amorcer une réflexion éthique sur une base cohérente, concrète et pragmatique. Ce Petit lexique des valeurs de la fonction publique fédérale canadienne n’a pas la prétention de répondre de façon résolue et déterminée au questionnement éthique sur les valeurs de la fonction publique fédérale canadienne. Au contraire, il se veut d’abord et avant tout un outil pour appuyer et nourrir la réflexion éthique et les discussions sur les valeurs et l’éthique au sein de l’administration publique canadienne. Nous vous souhaitons une bonne réflexion et de belles discussions.

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Liste des valeurs Valeurs démocratiques Gouvernement responsable Primauté du droit Soutien de la démocratie Loyauté Respect de l’autorité des titulaires de charges publiques élus Neutralité / impartialité politique Responsabilité Application régulière de la loi Intérêt public / bien commun Valeurs professionnelles « traditionnelles » Neutralité Mérite Excellence Efficacité Économie Franchise Conseiller avec objectivité et impartialité Dire sans crainte toute la vérité aux autorités Équilibrer la complexité Conserver la confiance du public « nouvelles » Qualité Innovation Initiative Créativité Débrouillardise Service aux clients/citoyens Horizontalité (collaboration) Travail d’équipe

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Valeurs liées à l’éthique Intégrité Honnêteté Probité Prudence Impartialité Équité Désintéressement Discrétion Confiance du public Valeurs liées aux personnes Respect Empathie / compassion Civilité / courtoisie Tolérance Ouverture d’esprit Solidarité / participation Sincérité Modération Bienséance Raison Humanité Courage

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Les familles de valeurs Le rapport du groupe de travail sur les valeurs et l'éthique dans la fonction publique a défini quatre catégories de valeurs fondamentales qui peuvent se retrouver dans le système gouvernemental. Ces catégories sont : les valeurs démocratiques, les valeurs professionnelles, les valeurs liées à l'éthique et les valeurs liées aux personnes. Valeurs démocratiques Les valeurs démocratiques reposent sur un gouvernement responsable qui a le souci de servir l'intérêt commun avec loyauté, neutralité et impartialité politique tout en respectant l'autorité légitime des ministres. Ces valeurs comprennent le respect de la Constitution et de la primauté du droit, le respect de l'autorité légitime des ministres, la défense des droits et libertés de la personne qui sont le fondement d’une société démocratique et l'acceptation de la responsabilité de favoriser le développement social et économique. Valeurs liées aux personnes Les valeurs liées aux personnes reposent sur la volonté de respecter, d'aider et d'appuyer la population, les partenaires ainsi que les collègues de travail et cela, sans s'oublier. Ces valeurs comprennent l’empathie, la compassion où la reconnaissance de la dignité inhérente à chaque personne est primordiale; la civilité, la courtoisie, la bienséance, l’humanité où la volonté de traiter chacun avec justice demeure essentielle; la tolérance, l’ouverture d’esprit qui permettent d'apprécier la diversité au sein de la société; la solidarité, la participation qui favorisent les avantages collectifs; la sincérité, la modération, la raison qui assurent le respect; et finalement, le courage nécessaire a certaines épreuves. Valeurs professionnelles Les valeurs professionnelles sont fondées sur la volonté qu’a une personne de remplir ses fonctions de la meilleure manière possible, en s’efforçant constamment d'apporter des améliorations aux pratiques traditionnelles de la fonction publique : excellence, efficacité et économie. Ces valeurs comprennent la reconnaissance de situer les clients au premier plan; la volonté d'apporter un changement positif dans la vie d'autrui, de faire preuve de créativité et de trouver des moyens d'améliorer ce qui est fait, ainsi que la manière de faire de façon à équilibrer la complexité; le respect des principes du mérite; la volonté d'adopter le point

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de vue impartial, neutre et objectif, qui convient lors d’une prise de décisions et d'agir dans un esprit favorisant l'innovation, l’initiative, la collaboration et le travail d'équipe. L’ensemble de ces valeurs professionnelles ne peut s’actualiser que si la franchise et la vérité sont à l’ordre du jour. Valeurs liées à l'éthique Les valeurs liées à l'éthique sont fondées sur une volonté de mériter constamment la confiance du public en plaçant le bien commun au-dessus de tout avantage personnel tout en respectant le cadre législatif. Ces valeurs comprennent l'honnêteté, l'impartialité, l'intégrité et la probité; le souci du bien commun avant celui de tout avantage personnel; une administration judicieuse des fonds publics; le respect de la confidentialité des renseignements; une détermination à améliorer le fonctionnement du système et une volonté de travailler au moyen de ce système pour lutter contre toute injustice dans nos règles et nos pratiques. À titre de fonctionnaires, les employés de la fonction publique ont l'obligation de rendre compte à des titulaires de charges démocratiquement élus qui, à leur tour, sont responsables devant le Parlement et finalement, devant la population. Notre système dépend d'une fonction publique qui appuie la démocratie parlementaire du Canada. Autrement dit, ce sont nos valeurs démocratiques qui fournissent un contexte pour nos valeurs professionnelles et pour celles liées à l'éthique et aux personnes.

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Qu’est-ce qu’une valeur? Dictionnaire le Petit Robert Ce en quoi une personne est digne d’estime (quant aux qualités que l’on souhaite à l’homme dans le domaine moral, intellectuel, professionnel). Pierre Fortin Une valeur c’est ce qui vaut; c’est ce à quoi, individuellement ou collectivement, on accorde de l’importance; c’est ce qui a du poids pour un individu ou une collectivité. René Simon Partant de l’a priori que la valeur est un aspect du bien, cet auteur présente une série de caractéristiques des valeurs qui permet de mieux en saisir le sens. 1- Elles sont immanentes, en ce sens qu’elles correspondent à certaines aspirations. 2- Elles sont subjectives. Les valeurs sont toujours relatives à un sujet. 3- Elles sont transcendantes. Non pas que les valeurs soient inaccessibles, mais elles sont supérieures aux faits et aux actes. Ainsi, pour accéder à une valeur, le sujet doit changer de niveau. 4- Elles sont trans-individuelles. Une valeur n’est pas seulement une valeur pour le sujet, elle est valeur pour tous. 5- Elles forment une hiérarchie. Les valeurs sont multiples et ordonnées (pour René Simon, elles sont ordonnées par un principe défini par la métaphysique; ce principe est l’unité de la personne). 6- Elles sont bi-polaires. Les valeurs intègrent toujours une dichotomie (le bien, mal, le beau, le laid, le vrai, le faux, l’agréable, le désagréable, etc.). Pour les valeurs morales, il présente les particularités suivantes : 1- Elles sont hautement personnelles. Les valeurs morales s’intéressent à l’humain dans ce qu’il a de plus personnel (beaucoup plus qu’une valeur esthétique par exemple). 2- Elles sont constantes. Les valeurs morales sont partout et toujours présentes. 3- Elles ont un caractère obligatoire. Les valeurs morales sont irrécusables.

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Quelques distinctions Norme État habituel, conforme à la majorité des cas, qui correspond au général. Règle Ce qui est imposé ou adopté comme ligne directrice de conduite. Loi Règle imposée à l’homme de l’extérieur, par une autorité (règles obligatoires et sanctionnées) ou par la conscience (règles impératives exprimant un idéal, une éthique). Règlement Acte législatif qui émane d’une autorité autre que le parlement (décision administrative). Droit L’ensemble des règles qui régissent les rapports des hommes entre eux.

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Valeurs démocratiques

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GOUVERNEMENT RESPONSABLE Un gouvernement responsable signifie d’une part qu’il accorde le pouvoir législatif à des élus, de sorte que le pouvoir exécutif se fait au nom du peuple et d’autre part, que les représentants du secteur public (qu’ils soient élus ou nommés) répondent du pouvoir qu’ils ont sur le public. Selon la doctrine de responsabilité ministérielle, les ministres doivent répondre au peuple via le Parlement, non seulement de leurs propres décisions, mais également de celles prises par leurs fonctionnaires. La responsabilisation des fonctionnaires et la transparence du processus décisionnel sont les critères indispensables d’un gouvernement responsable visant le bien commun et l’intérêt général. La responsabilisation administrative est l’obligation qu’ont les fonctionnaires de répondre de l’accomplissement de leurs fonctions à l’intérieur du mandat et des ressources qui leur sont attribués. En d’autres mots, les serviteurs de l’État sont imputables des décisions et des actions qu’ils engagent dans la réalisation de leurs tâches. (KERNAGHAN, 1997). L'idée d’un gouvernement responsable engage aussi la notion de transparence. Il en découle qu’un bon gouvernement ne peut s'appuyer sur le seul principe de l'anonymat dans la mesure, où la transparence devient l'un des principes du processus décisionnel démocratique. La transparence suppose simplement qu’on rende des comptes à une autorité (le Parlement, un supérieur) sur la façon dont on s'acquitte de ses responsabilités. Dans la fonction publique, donner une explication peut cependant menacer des valeurs aussi importantes que la neutralité ou l’impartialité. Pour un gouvernement responsable, la recherche d’un juste équilibre entre l'anonymat (qui protège la neutralité) et la reddition de comptes est alors capitale. La responsabilité ministérielle est au cœur du processus démocratique. Toutefois, si l'anonymat ne peut être considéré comme un principe absolu, la responsabilité ministérielle doit également être limitée à l'autorité du ministre et aux explications qu'il peut, franchement et honnêtement, donner au Parlement et au public. En résumé, un gouvernement responsable assure une responsabilisation de ses fonctionnaires tout en prenant et en expliquant les mesures nécessaires au bon fonctionnement du système, au maintien de la confiance du public et au soutien de la démocratie. Mots clés : responsabilité ministérielle – imputabilité – transparence

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PRIMAUTÉ DU DROIT Le principe de primauté du droit accorde une supériorité de fait au droit. Elle signifie que le droit doit prévaloir sur tout, particulièrement sur les volontés individuelles. La primauté du droit comme valeur démocratique s’explique par l’importance des règles et des lois dans un système démocratique. Effectivement, les lois résultent d’un processus démocratique et leur fonction est de régir les rapports des hommes entre eux ainsi que la coexistence et l’harmonie des volontés individuelles à l’intérieur de la société. Pour l’État, la primauté du droit dicte aux autorités d’agir en conformité à la loi et de ne modifier la loi que selon les procédures déterminées. La plus importante de ses règles est la majorité parlementaire (A. BERNARD, P. P. TREMBLAY, 1997). Mots clés : démocratie - société SOUTIEN DE LA DÉMOCRATIE Sur les bases des principes de liberté et d’égalité, soutenir la démocratie c’est soutenir les valeurs et les principes démocratiques tant au niveau du discours que sur le plan de l’action. Le mot démocratie vient des mots grecs dêmos, qui signifie peuple et kratein, qui signifie commander, la démocratie désigne alors « le gouvernement par le peuple » (JULIA, 1991). Dès lors, l’autorité souveraine appartient au peuple; c’est le principe premier qui doit être assuré dans la visée du soutien de la démocratie. Le respect de l’autorité des titulaires de charges publiques élus est lui aussi une valeur indispensable au soutien de la démocratie, car ce sont ces derniers qui représentent légitimement les volontés du peuple. Ultimement, le soutien de la démocratie se dessine par la participation à la recherche d’un équilibre entre les deux grands principes démocratiques, soit l’égalité et la liberté. Mots clés : égalité – liberté – peuple

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LOYAUTÉ La loyauté est le caractère de celui qui agit en conformité avec la loi, la probité, l’honneur et les engagements pris. L’éthique de la loyauté offre un moyen de comprendre ce qui oppose une morale partiale à une morale impartiale : « Par définition, la loyauté est partiale; elle s’applique à ceux qui nous sont proches et non aux personnes distantes ou étrangères » (CANTO-SPERBER, 1996). Or, il faut distinguer le sentiment de loyauté (partial) et le devoir de loyauté (impartial). Le premier est personnel et positif. Le second, sans être nécessairement négatif, est d’ordre moral, est impersonnel et intègre la notion de réciprocité. Ce type de loyauté s’illustre notamment par le devoir de loyauté de l’État envers les citoyens. La loyauté des administrateurs publics doit en premier lieu s’exercer à l’endroit des élus et à celui de leur gouvernement puisque, selon les principes démocratiques, les citoyens ont librement choisi leurs représentants et ils s’attendent à ce que les serviteurs de l’État respectent les décisions des élus. Mots clés : partiale – engagement – sentiment – devoir RESPECT DE L’AUTORITÉ DES TITULAIRES DE CHARGES PUBLIQUES ÉLUS Le respect de l’autorité des titulaires de charges publiques élus est une valeur primordiale au soutien de la démocratie et au bon fonctionnement de l’organisation étatique. Le respect de l’autorité des titulaires de charges publiques élus engage deux concepts primordiaux : l’imputabilité des agents de l’État envers l’instance législative de même que leur allégeance à l'autorité constituée. L’imputabilité des agents de l’État envers l’instance législative relève d’une loi fondamentale qui guide les administrations publiques : la souveraineté parlementaire. Deux grands principes découlent de cette grande loi. Premièrement, l’autorité des élus (et surtout des ministres) précède celle des administrateurs publics. Ce principe nommé la responsabilité ministérielle assure au peuple la subordination du corps exécutif au corps législatif. Deuxièmement, les représentants publics, qu’ils soient élus ou non, sont imputables du pouvoir qu’ils exercent envers l’instance législative. Quant au concept d’allégeance des agents de l’État à l’autorité constituée, il met de l’avant la valeur de neutralité politique. Ainsi, peut importe le parti au pouvoir, les fonctionnaires ont le devoir de respecter les directives des personnes élues.

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Les titulaires de charges publiques élus sont les dépositaires de la confiance des citoyens de telle sorte que seul le respect de l’autorité de ces derniers peut assurer le respect des volontés démocratiques exprimées par les citoyens lors des élections. Mots clés : imputabilité – allégeance – citoyens NEUTRALITÉ / IMPARTIALITÉ POLITIQUE « On appelle exigence de neutralité cette exigence selon laquelle l’État doit s’abstenir de souscrire à une conception particulière du bien ou à l’imposer » (CANTO – SPERBER, 1996). La neutralité et l’impartialité politique obligent les agents de l’État à faire abstraction de tout travail partisan lors de l'exercice de leurs fonctions et à faire preuve de réserve dans la manifestation publique de leurs opinions politiques. La neutralité et l’impartialité des employés de la fonction publique est une valeur satellite d’un gouvernement responsable. Il incombe alors de trouver un juste équilibre entre le respect de la liberté d'expression des fonctionnaires et celui de l'intérêt public à l'égard d'une fonction publique efficace et non partisane. À ce chapitre, l’objectivité constitue la qualité indispensable. Dans cette perspective, les fonctionnaires doivent considérer que bien qu'ils puissent participer à des activités de nature politique, ils se doivent de rester loyaux à leur gouvernement. Pour appliquer ce principe de neutralité politique, les employés doivent s'assurer que leur participation à une activité politique ne compromet d'aucune façon leur capacité de s'acquitter de leurs fonctions en toute impartialité. Mots clés : objectivité – loyauté – réserve

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RESPONSABILITÉ La responsabilité réfère à une relation à trois termes : la personne responsable, le domaine de la responsabilité et l’instance devant laquelle l’individu doit rendre des comptes. Le premier terme de la responsabilité est la personne responsable de telle sorte que la responsabilité est liée soit à l’engagement volontaire et cognitif de l’agent, soit à sa capacité à atteindre un certain niveau de prudence et de réflexion dans ses interactions sociales. L’aspect rationnel de la responsabilité n’est pas à négliger, puisque le système de responsabilité actuel est en faveur de l’individu maître de ses choix, capable d’orienter son comportement en conformité ou en désaccord avec un système de normes (CANTO-SPERBER, 1996). Le domaine de la responsabilité se situe sur le plan de l’action, de l’attitude. En ce sens, la responsabilité réfère fondamentalement à des devoirs ou obligations liés à un statut. Lorsqu’une personne occupe un rôle social ou une fonction (parent, mandataire politique, pilote d’avion, etc.), on la dit responsable du bien-être des personnes ou de l’exécution des tâches dont elle a la charge, en ce sens qu’elle est supposée se conformer aux devoirs et obligations liés à son statut (y compris l’obligation d’agir de manière responsable, c’est-à-dire de façon raisonnable et prudente). Le dernier terme de la responsabilité est l’instance envers laquelle l’individu doit rendre des comptes. Ces instances sont multiples et chacune évoque un type de responsabilité particulier. Par exemple, le tribunal, comme instance de reddition, évoque la responsabilité juridique; un enfant interpelle la responsabilité parentale; le public invoque la responsabilité politique, etc. En résumé, la responsabilité est la propriété de l’être libre en vertu de laquelle il doit répondre (rendre compte) de ses actes devant celui dont il dépend. Mots clés : rendre compte – prudence – responsabilité morale – responsabilité juridique – rationalité

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APPLICATION RÉGULIÈRE DE LA LOI Avant de définir l’application régulière de la loi, il apparaît essentiel de porter une attention particulière au concept de loi. Partant du postulat que la loi est issue du processus démocratique (donc voulue par tous), il est légitime d’affirmer que chacun est tenu de s’y conformer. La loi peut alors être définie comme l’énoncé de la volonté générale en vertu d’un contrat social (ROUSSEAU). Cette définition met au premier plan le caractère social de la loi. Les lois sociales désignent les obligations liées à la vie en collectivité. Ce sont des lois explicites qui prescrivent à une communauté ce qu’il convient de respecter pour que s’établissent entre les gens des relations justes et profitables pour tous. Dans cette perspective, l’application régulière de la loi participe à la recherche du bien commun et de l’intérêt général. Outre les lois explicites (lois positives, lois sociales), il existe des lois implicites. Ce sont les lois liées à la conscience collective, aux influences des coutumes. En d’autres mots, ce sont les lois morales. Elles se manifestent directement à la conscience de l’homme sous la forme d’un sentiment d’impossibilité à commettre certains actes (par exemple le mensonge, le vol, l’euthanasie ou le suicide assisté) selon les valeurs en vigueur dans une société. L’application régulière de la loi dans sa recherche du bien commun et de l’intérêt général, exige le respect constant et des lois explicites (sociales) ou implicites (morales). Mots clés : social – moral – constance

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INTÉRÊT PUBLIC / BIEN COMMUN Le bien commun « universel » est un idéal vers lequel on tend et qui n’existe pas dans la réalité effective. Par contre, il existe une multitude de biens communs « sectoriels » ou « particuliers » (bien commun international, national, régional, local, etc.). Ces divers biens communs « particuliers » s’apparentent davantage au concept d’intérêt public, celui-ci étant défini comme l’intérêt général devant outrepasser les intérêts particuliers ou privés. Le bien commun « universel » est un principe de décision qui s’inscrit dans un cadre général de réalisation de la justice. En prolongement au bien commun « universel », les biens communs « particuliers » doivent servir à la satisfaction des aspirations tant des individus que de la collectivité. Le bien commun « universel » est l’impératif éthique du politique; il n’est pas la somme des intérêts particuliers, mais l’équilibre entre les intérêts des individus et ceux des groupes sociaux. La recherche du bien commun « universel » correspond donc à la recherche d’un équilibre, qui dans les décisions de l’État assure des conditions sociales justes et stables. La légitimation du bien commun « particulier » et de l’intérêt public se fonde sur des choix de société préalablement déterminés par l’arbitrage d’intérêts concurrents et selon des processus coopératifs, constitutionnellement établis, qui se réalisent dans la visée du bien commun « universel ». « Bien commun et intérêt public dépendent en dernière analyse de la bonne volonté raisonnable et de la compétence morale (éducation) des pouvoirs publics de décision » (HÖFFE, 1993). Mots clés : équilibre – intérêt individuel – intérêt général – universel

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Valeurs professionnelles « traditionnelles »

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NEUTRALITÉ La neutralité est l’état de celui qui reste neutre, qui s’abstient de prendre parti dans un conflit, un désaccord, etc.; c’est la qualité de celui qui est impartial, c’est-à-dire qui ne favorise pas une personne aux dépens d’une autre. La neutralité est aussi la qualité de celui qui fait abstraction de ses intérêts personnels et qui conserve une objectivité dans son processus de prises de décisions et dans ses gestes. Mots clés : impartial – abstention MÉRITE La dichotomie bien / mal est bien présente à l’intérieur du concept de mérite. Le mérite est une propriété de l’acte humain en vertu de laquelle l’homme a droit, soit à une récompense, soit à un châtiment. (JOLIVET, 1966). Le mérite rend une personne digne d’estime, de récompense ou, inversement, de mépris, de sanction, lorsque l’on considère la valeur de sa conduite. Le mérite « positif » peut être évalué selon la qualité de l’action et les difficultés que l’individu a dû surmonter, tandis que le mérite « négatif » est évalué sur une mauvaise action ou tout simplement par l’absence d’action. Sur le plan éthique, le mérite est une « valeur morale » puisqu’elle s’accompagne d’un effort pour surmonter des difficultés, spécialement pour surmonter des obstacles intérieurs qui s’opposent à la moralité. De ce point de vue, le mérite se distingue de la vertu considérée comme une perfection morale qui peut être naturelle et sans effort. (LALANDE, 1926). Mots clés : récompense – sanction - effort

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EXCELLENCE L’excellence est une visée. Elle aspire à la plus grande qualité possible. L’excellence est la recherche d’un stade supérieur de perfection dans un domaine ou un champ de compétence précis lié à la personne ou de l’organisation qui excelle. L’excellence comme visée correspond à la recherche d’un idéal. Or, la finalité de cet idéal n’est jamais complètement atteinte puisqu’elle est en constante révision et en perpétuelle reconstruction. En ce sens, l’excellence ne peut être une finalité en elle-même. Il s’agit plutôt d’une recherche interne qui aura une influence sur la manière d’être de la personne ou de l’organisation en question. Mots clés : perfection - le « Bien » – le « Bon » EFFICACITÉ L’efficacité correspond à la capacité d’atteindre les objectifs fixés. Dès lors, l’évaluation de l’efficacité se fait à partir des objectifs inscrits dans la mission de l’organisation. Si l’efficacité se rapproche du concept de qualité, elle s’en différencie dans la mesure où l’efficacité est davantage préoccupée par les objectifs à poursuivre. Elle ne se prononce pas sur la qualité intrinsèque des objectifs eux-mêmes, ni sur la qualité des ressources et leur utilisation, mais sur leur réalisation. (ÉTHIER, 1994, p. 556). Tout simplement, on peut définir l’efficacité comme le rapport entre les résultats atteints par un système (ou une personne) et les objectifs visés. De ce fait, plus les résultats sont près des objectifs, plus le système (ou la personne) est efficace. Mots clés : rencontre des objectifs – qualité

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ÉCONOMIE Dans une perspective axiologique, l’économie, est l’art de gérer et d’administrer des biens. C’est appliquer une gestion efficace qui non seulement évite les dépenses inutiles et utilise les ressources avec modération, mais qui crée aussi de la richesse. De façon générale, l’économie correspond à l’ensemble des activités liées à la vie économique. L’économie englobe la totalité des faits relatifs à la production (i.e. l’ensemble des activités et des moyens qui permettent de créer des biens matériels et d’assurer des services), à la distribution (i.e. l’ensemble des activités liées à la répartition et au partage des biens et services) et à la consommation (i.e. l’utilisation des biens et services pour la satisfaction des besoins des individus) des richesses dans une collectivité humaine. Mots clés : gestion efficace – modération – richesse – production – distribution – consommation FRANCHISE La franchise est la qualité de celui qui est franc, c’est-à-dire qui s’exprime ou se présente ouvertement et en toute clarté, sans artifice ni réticence; c’est la qualité de la personne qui est sincère. Intrinsèquement, la franchise impose une limite dans le discours en réduisant les propos du locuteur aux aspects véridiques et authentiques de l’événement. La franchise présente donc un caractère subjectif appréciable. Comme la vérité est ce à quoi l’esprit peut et doit donner son assentiment, la personne franche est celle qui présente l’information qu’elle estime être véridique et juste. Mots clés : vérité – sincérité

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CONSEILLER AVEC OBJECTIVITÉ ET IMPARTIALITÉ Conseiller avec objectivité, c’est adopter une attitude neutre, une disposition d’esprit de sorte que la personne qui offre des conseils puisse voir les choses comme elles sont, qu’elle ne les déforme ni par étroitesse d’esprit ni par parti pris. (LALANDE, 1926). Conseiller avec impartialité, c’est endosser une position qui ne soit pas partiale; c’est adopter une position équitable qui manifeste un souci pour la justice et la vérité. En somme, conseiller avec objectivité et impartialité peut être défini comme l’action de guider quelqu’un, de faire des recommandations de façon neutre et équitable, sans favoritisme, parti pris ou préjugé, de telle sorte que les conseils offerts empruntent le chemin de la justice et de la vérité. Mots clés : neutralité – équité DIRE SANS CRAINTE TOUTE LA VÉRITÉ AUX AUTORITÉS Dire sans crainte toute la vérité aux autorités est une valeur en ce sens qu’elle requiert un dépassement de soi. Pour actualiser cette valeur, le sujet doit se dépasser. Il ne doit pas laisser sa peur l’empêcher de rapporter des faits qu’il estime véridiques à son(ses) supérieur(s). Le sujet ne doit pas non plus accepter la pression que voudrait faire peser sur lui son supérieur immédiat ou toute autre personne, lors de la divulgation d’information à une autre autorité ou à la population. Mot clé : dépassement de soi

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ÉQUILIBRER LA COMPLEXITÉ Équilibrer la complexité, c’est rendre compréhensible à la majorité des gens des concepts abstraits et complexes; c’est rendre accessible à des personnes non-spécialistes des informations compliquées et subtiles. L’équilibre de la complexité présuppose un jugement puisqu’il s’agit de tracer la ligne entre les éléments complexes susceptibles d’être vulgarisés et ceux trop subtiles et trop compliqués qui risqueraient plutôt de réduire la compréhension générale des destinataires. Ce jugement doit se faire tout en tenant compte des aptitudes des gens auxquels sont destinées les informations, de façon à éviter de sur-évaluer ou sous-évaluer les destinataires de ces informations. Mots clés : vulgariser – évaluer – rendre compréhensible CONSERVER LA CONFIANCE DU PUBLIC La confiance du public envers l’instance étatique est une valeur fondamentale dans un système démocratique puisque dans ce type de système la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens. Le public mesure sa confiance envers l’État selon l’efficacité et la qualité des services qui lui sont offerts. Ainsi, conserver la confiance du public signifie agir selon l’ensemble des valeurs propre à l’éthique gouvernementale, dans la mesure où cette éthique a comme visée l’excellence de l’administration publique. Les valeurs de cette éthique sont les valeurs démocratiques, les valeurs professionnelles, les valeurs liées à l’éthique et les valeurs liées aux personnes. Mots clés : démocratie – éthique gouvernementale

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Valeurs professionnelles « nouvelles »

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QUALITÉ La qualité est ce qui rend une chose ou une personne bonne, meilleure. Le concept de qualité, qu’il prenne la forme de qualité totale ou d’excellence, englobe d’autres concepts tels que : la productivité, l’efficacité, l’efficience, le rendement et la performance. Ces concepts deviennent alors des aspects du concept principal. (ÉTHIER, 1994, p. 558). L’idée principale contenue dans le concept de qualité est celle de l’orientation vers le client / citoyen. La qualité est atteinte lorsqu’on se préoccupe en priorité de la satisfaction du client / citoyen auquel est destiné le produit ou service. Mots clés : client / citoyen – excellence INNOVATION L’innovation est la production de quelque chose de nouveau : un produit, un procédé ou une technique originale et nouvelle. Innover c’est introduire quelque chose de nouveau, d’inconnu à ce jour; c’est introduire des pratiques nouvelles qui, toutefois, peuvent entrer en contradiction avec la tradition et les idées reçues. Fortement liée à l’économie, l’innovation succède à l’invention puisque l’innovation prétend faire pénétrer l’invention dans le système économique. (TÉZENAS DU MONTCEL, 1972). Les grandes innovations sont des moteurs du développement économique, alors que les innovations plus modestes participent plutôt à la croissance économique. Mots clés : nouveauté – développement et croissance économique.

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INITIATIVE L’initiative est une qualité qui est attribuée à celui qui est disposé à entreprendre, à oser. L’initiative, c’est l’action de celui qui est le ou la première à proposer, à entreprendre ou à organiser quelque chose. L’initiative possède aussi un caractère personnel car elle doit surgir de la volonté propre à l’individu. Elle ne peut être ni obligée ni provoquée par autrui. Elle émane de la volonté individuelle. Mots clés : premier(ère) – oser – personnel CRÉATIVITÉ La créativité est un pouvoir de création, d’invention; c’est l’action de faire, d’organiser une chose qui n’existait pas encore. La créativité est une recherche de l’originalité en vue d’une production nouvelle et inédite. La créativité est une faculté d’imagination qui, appliquée aux problèmes de l’organisation, permet de renouveler les formes et les solutions et qui, ultimement, doit aboutir à la mise en œuvre de choix utiles et fiables (HENRI TÉZENAS DU MONTCEL, 1972). Mots clés : invention – imagination DÉBROUILLARDISE La débrouillardise est la qualité qui permet de se tirer d’affaire en faisant preuve d’initiative, de créativité et d’autonomie. Devant un événement non attendu et inhabituel, la personne débrouillarde saura trouver de nouvelles solutions et sera apte à les mettre en œuvre. Mots clés : solution – autonomie

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SERVICE AUX CLIENTS / CITOYENS Le service aux clients / citoyens est une valeur centrale de l’éthique gouvernementale puisque la qualité des services obtenus est l’une des plus importantes mesures que possède le public pour évaluer l’institution étatique à laquelle il a accordé sa confiance. Le service à la clientèle est un niveau de service offert par une organisation à ses clients / citoyens. Le service à la clientèle peut donner une valeur ajoutée au produit et / ou au service qu’offre l’organisation puisqu’il permet de mieux répondre aux exigences de l’ensemble des clients / citoyens. Le service aux clients / citoyens s’évalue généralement selon des critères de qualité, d’efficacité, de courtoisie et vise essentiellement la satisfaction des clients / citoyens. Mots clés : qualité - satisfaction – confiance du public HORIZONTALITÉ (COLLABORATION) L’horizontalité favorise le travail en commun et le travail d’équipe. Inversement à une organisation à subordination rigide, l’horizontalité privilégie la déhiérarchisation, la coopération entre les instances hiérarchiques ainsi que la collaboration à l’intérieur de chacune d’elles. En privilégiant la mise en œuvre de groupe de personnes de compétences différentes unies dans une tâche commune, l’horizontalité favorise la pluridisciplinarité au sein d’une organisation. Mots clés : travail d’équipe – travail en commun - pluridisciplinarité

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TRAVAIL D’ÉQUIPE La spécialisation du travail de plus en plus répandue et développée participe à la généralisation de ce type de travail. Le travail d’équipe est l’accomplissement d’une tâche impliquant la collaboration de plusieurs personnes dotées de compétences diverses et complémentaires; c’est le travail avec une ou plusieurs personnes possédant des qualités et des compétences différentes à la réalisation d’une œuvre commune. Comme l’horizontalité, le travail d’équipe est une pratique qui favorise la pluridisciplinarité. Finalement, le travail d’équipe, par l’interdépendance qu’il crée entre les individus, peut être source de conflits mais aussi de créativité et d’efficacité. Mots clés : collaboration – spécialisation - interdépendance

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Valeurs liées à l’éthique

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INTÉGRITÉ L’intégrité est la vertu de la cohérence dont l’accomplissement s’effectue toujours dans une perspective de justice. Contrairement à la probité où la coercition provient de l’extérieur, les contraintes de l’intégrité émanent de l’individu. Elles sont beaucoup plus personnelles et réfèrent à la conscience individuelle. « L’intégrité renvoie souvent, dans un large sens, à la cohérence dont fait preuve une personne entre ses valeurs et ses actions, à une disposition à faire la chose « juste et bonne » dans toutes les circonstances, et à une détermination à agir avec honnêteté et probité » (KERNAGHAN, 1997, p.114). Mots clés : cohérence – valeur – action – individu HONNÊTETÉ L’honnêteté est la qualité d’une personne qui agit en conformité avec les lois de la probité1, du devoir2 et de la vertu3 ainsi qu’à certaines normes et à la bienséance. Le bien honnête, c’est le bien conforme à la raison et la personne honnête est celle qui observe exactement les règles de la justice commutative et qui agit en conformité avec le bien moral. Or, ce qui est moralement bon pour un individu peut ne pas l’être pour un autre. L’honnêteté possède donc un caractère subjectif important. En conséquence, l’honnêteté c’est le bien en rapport avec l’individu lui-même et le bien en rapport avec autrui prend plutôt le nom de juste. Mots clés : justice – personnelle – raison – bien moral 1. La probité c’est agir consciencieusement en concordance avec la justice via ces règles écrites et non-écrites 2. Le devoir est l’obligation morale considérée en elle-même, indépendamment de son application particulière. C’est ce que l’on doit faire, l’obligation morale particulière définie par le système moral que l’on accepte, par la loi, les convenances, les circonstances, etc. 3. La vertu est la force morale par laquelle l’humain tend au bien.

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PROBITÉ La probité est une vertu qui consiste à observer de façon stricte les règles de la morale sociale et les devoirs imposés par l’honnêteté et la justice. La probité est d’abord et avant tout le respect des règles et des normes inhérentes aux mœurs et coutumes d’une société. En ce sens, la probité va au-delà du simple respect du droit établi et des lois écrites. Tout simplement, la probité est la qualité de la personne qui agit consciencieusement en concordance avec la justice via ses règles écrites et non-écrites. Mots clés : respect de la loi – de la règle – de la norme PRUDENCE La prudence est l’attitude de l’esprit de celui qui, réfléchissant à la portée et aux conséquences de ses actes, prend des dispositions pour éviter des erreurs, des malheurs possibles, s’abstient de tout ce qu’il croit pouvoir être source de dommage. Ainsi, être prudent, c’est savoir prendre des précautions contre un danger potentiel. À priori, cette définition n’a pas de coloration morale ou éthique. À l’instar de Cicéron, le premier à avoir évoqué la prudence dans le champ de la philosophie, la prudence peut être envisagée comme « la science des choses qu’il faut rechercher et de celles qu’il faut fuir ». Cette définition donne à la prudence sa coloration morale et éthique dans la perspective de la recherche du bien et d’évitement du mal. Subséquemment, sur le plan éthique, la prudence est une vertu intellectuelle dont l'application est de diriger l’action dans le domaine du contingent et du concret en déterminant rationnellement l’acte moral à accomplir de façon à agir conformément à ce jugement (JOLIVET, 1966). Mots clés : jugement – évitement – précaution

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IMPARTIALITÉ L’impartialité vise à éviter toute préférence ou parti pris que ne peut légitimer la justice ou l’équité. L’impartialité peut prendre deux formes : personnelle ou sociale. L’impartialité « personnelle » concerne les intérêts personnels. Elle vise principalement l’évitement des cas de conflits d’intérêts. Les conflits d’intérêts peuvent être strictement personnels ou en lien avec des personnes proches (parents, amis, clients, etc.) L’impartialité « sociale » correspond plutôt à un souci d’objectivité par lequel on veut éviter les préjugés fondés que ce soit sur l’idéologie, le sexe, la race, la couleur, la religion ou les convictions politiques. En somme, agir avec impartialité c’est agir de façon objective en gardant toujours à l’esprit la justice et l’équité. Mots clés : justice – équité – objectivité ÉQUITÉ L’équité est intimement liée au principe de justice. Elle est la vertu qui consiste à régler sa conduite sur le sentiment naturel du juste et de l’injuste. L’équité appelle à un sentiment supérieur de la justice qui tend à faire accomplir la loi dans son esprit, par-delà la lettre et parfois contre la lettre (JOLIVET, 1966). Au sein de l’administration publique, l’équité prend des formes concrètes. Deux formes courantes peuvent être identifiées : l’équité dans le traitement du public et l’équité en matière d’emploi. Cette dernière forme d’équité vise à actualiser une autre valeur : la représentativité, afin d’assurer une fonction publique représentative de l’ensemble de la société. Plusieurs aspects peuvent être considérés en ce qui a trait à ces deux types d’équité : la langue, la religion, le sexe, la classe sociale, l’éducation et la région d’origine par exemple. Cependant, le principe d’équité, dans cette visée de représentativité, peut potentiellement provoquer un conflit de valeurs avec le principe du mérite. Mots clés : justice - représentativité

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DÉSINTÉRESSEMENT Le concept de désintéressement est étroitement lié à la notion de conflit d’intérêts. Le conflit d’intérêts apparaît lorsque l’intérêt personnel l’emporte ou risque de l’emporter sur l’intérêt collectif. La notion de conflit d’intérêts englobe un champ très vaste et peut parfois être difficile à évaluer. Il peut être ardu de déterminer à partir de quel moment l’intérêt personnel peut prévaloir sur l’intérêt général. De plus, il existe plusieurs types de conflits d’intérêts. Ils peuvent avoir un caractère pécuniaire, financier, moral ou psychologique. Le désintéressement, c’est-à-dire l’évitement de se placer en situation de conflit d’intérêts est une valeur primordiale puisque, implicitement, elle englobe la neutralité, l’impartialité et la transparence, de telle sorte qu’elle participe à la recherche du bien commun et de l’intérêt public inhérent à l’éthique gouvernementale. Mots clés : conflits d’intérêts DISCRÉTION À priori, la discrétion c’est faire preuve de discernement, de sagesse et de compétence, c’est-à-dire juger clairement et sainement les choses. Concrètement, pour l’appareil étatique, la discrétion signifie que le fonctionnaire doit garder secrets les faits ou les renseignements dont il prend connaissance et qui bénéficient, en vertu de la loi, d’un caractère confidentiel. Au sein de la fonction publique, la discrétion vise à assurer le bon fonctionnement de l’administration publique et à garantir le respect de la vie privée : « une attitude de réserve et de retenue à l'égard de tous les faits ou informations qui, s’ils étaient dévoilés, pourraient nuire à l'intérêt public et au bon fonctionnement de l'administration publique ou porter atteinte à la vie privée de citoyens, même si leur divulgation n'est pas expressément interdite et même si ces faits ou informations sont accessibles à d'autres personnes » (MINISTÈRE DU CONSEIL EXÉCUTIF, L’éthique dans la fonction publique québécoise, 1985, p. 15). Mots clés : discernement – confidentialité – vie privée

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CONFIANCE DU PUBLIC « Faire confiance, c’est juger qu’il n’est pas nécessaire de chercher à faire autrement, et c’est, très souvent, transmettre des pouvoirs discrétionnaires au dépositaire de cette confiance » (CANTO-SPERBER, 1996). Dans la conception moderne du politique, on accorde sa confiance lorsque l’on donne son consentement à un gouvernement. Ainsi, le public transmet ses pouvoirs à un gouvernement démocratiquement élu. Or, la population conserve le droit (ou le pouvoir) de changer de gouvernement si les législateurs abusent de sa confiance. Les dépositaires de la confiance, c’est-à-dire l’ensemble des agents oeuvrant auprès de l’appareil étatique sont donc imputables des actes qu’ils posent et des paroles qu’ils disent, de sorte qu’ils ont le devoir de prouver qu’ils sont dignes de recevoir cette confiance du public. En d’autres mots, la confiance correspond à un sentiment de sécurité et les agents de l’État ont le devoir d’assurer ce sentiment auprès du public. Mots clés : pouvoir – imputabilité – sécurité

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Valeurs liées aux personnes

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RESPECT Le sens dominant du mot respect appartient au domaine moral strict et aussi au registre le plus large de la conduite ou du comportement. Le respect est un sentiment de considération ressenti à l’égard de quelqu’un ou de quelque chose en raison non seulement de sa supériorité, mais aussi en raison de la valeur qu’on lui reconnaît. Le respect marque la conduite de réserve et de retenue envers la personne respectée. C’est aussi une considération que l’on porte à une chose jugée bonne, avec l’intention de ne pas y porter atteinte, de ne pas l’enfreindre. Ainsi, respecter véritablement quelqu'un, c'est le considérer comme une « personne », c’est-à-dire considérer l'individu sous son aspect spécifiquement humain. Ce qui fait qu'un être mérite du respect, c'est qu'il est un être sensible doué de raison. Par suite, le respect se reconnaît en ce que l'on traite l'autre jamais seulement comme un moyen, mais toujours en même temps comme fin. « Le respect s’adresse à la fois à la puissance à craindre et à la faiblesse à protéger » (CANTO-SPERBER, 1996). Mots clés : réserve – considération EMPATHIE / COMPASSION L’empathie est la faculté de comprendre objectivement quelqu’un; la faculté de comprendre quelqu’un tout en conservant une distance. La compassion correspond au sentiment qui porte à plaindre et à partager les maux d’autrui. Ces deux sentiments, lorsqu’ils sont considérés comme des valeurs, expriment l’exigence d’un souci à l’égard d’autrui, des maux et des malheurs qui lui sont affligés. L’empathie et la compassion exigent qu’une personne soit considérée dans son entièreté et sa quotidienneté de telle sorte que ce que cette personne puisse vivre et ressentir soit respecté et jugé avec discernement et finesse. Mots clés : autrui – respect

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CIVILITÉ / COURTOISIE La civilité tient à l’observation de convenances, de bonnes manières en usage dans un groupe social. La courtoisie est synonyme de politesse, de délicatesse. La courtoisie tient à l’observation des règles qui régissent le comportement et le langage considérés comme les meilleurs dans la société. Par civilité et courtoisie on entend traiter autrui avec respect, gentillesse et diligence. Un ensemble de balises peut être établi à cet égard : respecter les règles de politesse, éviter toutes formes de discrimination ou de harcèlement interdites par la loi, respecter le secret des renseignements personnels, s'empresser de traiter les dossiers, retourner les appels, se montrer extrêmement attentif afin d'éviter les erreurs qui peuvent avoir des conséquences graves pour le citoyen, s'efforcer de toujours donner les renseignements demandés et ce, en conformité avec la loi d’accès à l’information. Mots clés : convenance - politesse

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TOLÉRANCE La tolérance est une vertu fondamentale de la démocratie pluraliste puisque son système repose sur le respect légitime de la pluralité des confessions, des idéologies, des programmes politiques, etc. La tolérance est une attitude de respect mutuel par laquelle les individus s’interdisent tous procédés violents ou injurieux pour défendre leurs idées ou combattre celles d’autrui (JOLIVET, 1966). La tolérance, en rejetant la voie d’affrontements violents, propose des espaces de liberté où les conflits peuvent s’exprimer objectivement et où les débats s’accomplissent avec un niveau d’argumentation rationnelle. La tolérance rend possible la coexistence en liberté et en humanité. Ainsi, par tolérance on entend le respect des opinions et des manières d’agir qui peuvent paraître étranges. Il ne s’agit pas d’indifférence quant à des questions religieuses, éthiques, politiques ou idéologiques, il s’agit plutôt d’une prise de conscience par l’individu de ses propres convictions, tout en respectant celles des autres. La tolérance est aussi une abstention : l’abstention d’intervenir dans l’action ou l’opinion d’autrui malgré notre puissance ou notre possibilité de le faire et malgré notre désapprobation de l’action ou de l’opinion en question. « La tolérance se fonde dans l’intuition qu’aucun homme n’est en soi libre de tout préjugé ou infaillible, mais plus profondément encore dans la reconnaissance des autres comme des personnes libres et égales, qui ont le droit d’exprimer leurs propres opinions et d’agir conformément à celles-ci, dans la mesure où ils n’empêchent pas les autres d’exercer les mêmes droits » (HÖFFE, 1993). « Disposition d’esprit, ou règle de conduite, consistant à laisser à chacun la liberté d’exprimer ses opinions, alors même qu’on ne les partage pas… à proposer ses opinions sans chercher à les imposer » (LALANDE, 1926). Mots clés : respect – pluralisme – différence

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OUVERTURE D’ESPRIT L’ouverture d’esprit, c’est prendre conscience et considérer les idées marginales qui se situent en dehors du cadre de référence de l’organisation ou du débat. Les idées marginales peuvent être très pertinentes, il devient alors intéressant de les considérer, d’autant plus qu’elles le sont par rapport à un cadre de référence précis qui peut, parfois, être désuet. L’ouverture d’esprit est caractérisée par des attitudes et des comportements d’ouverture à l’égard d’alternatives : ouvertures à d’autres présomptions, perceptions, perspectives, façons de percevoir, de penser et d’exprimer ses idées. L’ouverture d’esprit, c’est une acceptation. Il s’agit d’accepter que la réalité de chacun est une réalité subjective et qu’il en va de l’intérêt de chacun, non pas à imposer une seule de ces réalités subjectives comme étant la « vraie », mais plutôt à participer continuellement à une recherche commune d’éléments nous permettant d’enrichir notre perception de la réalité (NUGENT, 1994). Bref, l’ouverture d’esprit permet de démarginaliser les différences et favorise leur coexistence pacifique. Mots clés : démarginaliser – alternative

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SOLIDARITÉ / PARTICIPATION La solidarité est d’abord un sentiment. Elle peut être considérée comme la valeur qui permet à une personne ou à un groupe de se sentir uni et de se faire un devoir de partager les intérêts et les idéaux du groupe. Une subtile distinction peut être établie entre la solidarité morale ou de fait et la solidarité sociale ou de devoir. La solidarité morale (de fait) correspond à une solidarité en vertu de laquelle les membres d’un groupe assument les mêmes responsabilités. Elle indique qu’un individu est constitué par ce qui le précède biologiquement, physiquement, socialement et culturellement. Ceci le met dans une situation de dette envers le passé et le présent, de telle sorte qu’il devra payer sa dette en dédiant son activité au bénéfice de la société. La solidarité sociale (de devoir), quant à elle, est une solidarité en vertu de laquelle les membres de la société sont appelés à partager les mêmes avantages et les mêmes charges. De ce point de vue, le bien moral s’identifie avec les exigences de la solidarité, ce qui signifie que l’individu doit toujours avoir devant les yeux la répercussion de ses actes sur la vie collective. Ainsi, la solidarité est une dette à l’égard du passé et du présent et un devoir envers le futur (HÖFFE, 1993, p. 313). Quant à la participation, elle se situe davantage au niveau de l’action; l’action de prendre part, de collaborer avec autrui, un groupe ou la société. Mots clés : dette – devoir – valeur – sentiment SINCÉRITÉ La sincérité est une qualité morale consistant à être au dehors, dans les paroles et dans les actes, tel que l’on est intérieurement (JOLIVET, 1966). La personne sincère est disposée à reconnaître la vérité et à partager ce qu’elle pense et sent réellement, à agir de « bonne foi », sans consentir à se tromper soi-même ni à tromper l’autre. La personne sincère est intègre, vraie et authentique. Mots clés : intégrité – bonne foi

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MODÉRATION Selon l’usage commun, la modération, désigne la vertu d’un comportement raisonnable, mesuré et éloigné des excès par opposition à une réaction affective, irréfléchie et incontrôlée ou à l’excès passionnel en général. Le caractère rationnel intrinsèque de la modération réduit les risques d’effets indésirables puisque l’individu modéré ayant fait un choix rationnel a, au préalable, évalué les conséquences possibles susceptibles de découler de ses idées ou de ses gestes. Ainsi, la modération implique un calcul des avantages et des inconvénients au profit des premiers. En définitive, la modération signifie que l’individu recourt à la raison dans la détermination de ses idées et de ses actions. Mots clés : raison - calcul BIENSÉANCE La bienséance est le caractère de ce qui convient. Il s’agit de la conduite sociale qui est en conformité avec les usages dans la société. La bienséance dicte les comportements de convenance selon « l’étiquette » ou le protocole afin d’assurer la décence des actes posés. Mots clés : convenance – décence RAISON La raison est la faculté qui permet à l’humain de connaître, de juger et d’agir en concordance avec certains principes. C’est elle qui permet à l’humain de bien juger et d’appliquer ce jugement à son action. Elle permet de former des idées, de discerner le vrai, de comprendre les enchaînements des faits, la liaison des vérités. C’est la faculté de discerner le vrai du faux, le bien du mal, en tant qu’elle dirige l’action. Kant, pionnier de la réflexion sur la raison, distingue deux grands types de raison : la raison pure (théorique), c'est-à-dire la raison qui «contient les principes permettant de connaître quelque chose absolument a priori», et la raison pratique, c'est-à-dire la raison qui détermine la volonté et les actions au moyen de règles universellement valides. Mots clés : connaître – juger – agir

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HUMANITÉ Humanité est le caractère de ce qui est humain, de nature humaine. Ce terme désigne ce qui distingue l’être humain des autres êtres vivants : sa nature ou son essence. Humanité signifie également le « genre humain », c’est-à-dire l’ensemble passé, présent et à venir des êtres humains, et ce qu’ils ont en commun. Humanité désigne aussi le sentiment de bienveillance envers son prochain, de sensibilité pour les malheurs d’autrui. En ce sens, le terme humanité se rapproche des valeurs de compassion et d’empathie. Enfin, humanité signifie, comme qualitatif, une attitude ou un acte qui n’est pas indigne de l’humain. Ultimement, humanité est le caractère d’une personne en qui se réalise pleinement la nature humaine. « L’humanisation est l’entreprise toujours risquée de l’individu et de la société d’accéder à soi-même et de mener une vie remplie et réussie » (HÖFFE, 1993). Mots clés : nature humaine – bienveillance

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COURAGE Le courage comporte deux dimensions : une dimension affective et une dimension rationnelle. La dimension affective permet à l’individu courageux de surmonter la peur et la douleur. Le courage est alors perçu comme l’énergie morale portant à entreprendre quelque chose de hardi, comme la fermeté devant le péril, la patience dans l’épreuve. Toutefois, le fait de ne pas éprouver la peur ou la douleur avant d’agir n’est aucunement nécessaire pour qualifier l’acte de courageux. Le courage peut être aussi une réponse à une situation de dilemmes, de conflits et de devoirs où il est nécessaire qu’un individu fasse un sacrifice personnel. La dimension rationnelle permet à l’individu courageux de justifier son action. Ici perçu comme une vertu, le courage se lie à la réflexion et à la prudence. Dès lors, le courage est une qualité morale intériorisée en l’individu, qui permet à cet individu de percevoir les traits moralement pertinents d’une situation dangereuse et de concevoir l’action la plus appropriée. « Le courage participe à la moralité non seulement parce qu’il exprime, face à une situation périlleuse, la justesse d’une réaction assortie de jugements et d’émotions appropriés, mais parce qu’il définit la rectitude interne de l’activité ainsi que la façon dont elle peut s’allier aux croyances du bien » (CANTON – SPERBER, 1996). Outre les dimensions affective et rationnelle, le courage comporte un aspect volontaire et un caractère altruiste. Aussi, très souvent le courage va au-delà de ce que requiert le devoir (l’acte semble encore plus courageux lorsque ce n’est pas un devoir). De plus, l’acte courageux sera davantage estimable s’il est au service d’autrui et renonce à l’intérêt égoïste immédiat. Finalement, dans la vie sociale, le sens du courage se traduit par le courage civique. Il consiste alors à défendre intensément ce qui, sur le plan du droit et du fait, est reconnu pour juste et pour vrai, au risque de subir des contre-coups. Mots clés : affectif – rationnel – volontaire – altruiste

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