Petit Bestiaire des Fourmis Rouges

à l’usage des lecteurs et lectrices curieuses

Journée d'étude autour de la maison d'édition Les Fourmis Rouges, le 21 janvier 2019 à Clermont-Ferrand.

Un bestiaire réalisé par les étudiantes du Master Création éditoriale des littératures de jeunesse et générales.

Université Clermont Auvergne.

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Un travail de fourmi, de 18 mètres de long ou presque

Le fonds Les Fourmis Rouges rassemble l’ensemble des publications de la maison d’édition créée par Valérie Cussaguet et Brune Bottero en 2013 à Montreuil. Il comprend également une quarantaine d’affiches et d’éphéméras qui offrent un regard complémentaire sur le travail éditorial des Fourmis Rouges.

Cinquième fonds éditorial jeunesse à entrer dans les collections de l’université, il termine une tétralogie, commencée avec Ipomée (2009), poursuivie avec Le Sourire qui mord et Être (2012) et MeMo (2016) qui associe l’étude d’une maison d’édition indépendante lors d’une journée dédiée, une exposition d’affiches et enfin, l’accueil et le signalement d’un corpus d’albums de création.

Le Petit Bestiaire des Fourmis Rouges vient juste à temps pour saluer les 10 ans d’un projet scientifique, pédagogique et documentaire unique. L’arrivée des albums des Fourmis Rouges sur les rayonnages du centre de documentation (bientôt 18 mètres linéaires) nous rappelle aux espérances du projet originel.

Étudier, chercher, explorer, travailler, créer et transmettre à partir d’un corpus d’albums, facilement accessibles, soigneusement décrits et conservés. Affirmer la nécessaire présence des littératures de jeunesse au sein des bibliothèques de l’université comme matériel de travail pour les étudiant.e.s et pour les chercheur.e.s. Tisser des liens entre nos différents métiers : enseignement, recherche, documentation, formation professionnelle. S’ancrer dans un territoire et dans le monde socio-économique. Associer la communauté du livre : auteur.e.s, illustrat.rices.eurs, libraires, édit.rices.eurs…

Du funambule de Nicole Maymat en passant par la corde à linge d’Un jour de lessive de Christian Bruel, du Fil à la patte de MeMo pour arriver à la laisse de Bigoudi et d’Alphonse, chaque fonds s’inscrit dans une filiation. Il appelle aussi un nouveau regard qui permet de s’émanciper des sentiers bien tracés. Les Fourmis Rouges, à travers ce bestiaire, nous montrent une voie impertinente que je vous invite à suivre.

Hélène VeilhanConservatrice

Maison des Sciences de l'Homme

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Quand les albums de création fourmillent d’idées

Enseignement et recherche amblent à l’Université. Par son intitulé programmatique, le Master Création éditoriale des littératures de jeunesse et générales (CELJG) dévoile ses ambitions. L’une des particularités de cette formation est l’organisation de journées d’étude dédiées à la création éditoriale d’albums et de livres illustrés, en lien avec un laboratoire de recherche, le CELIS (Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique), et en articulation avec le Centre de documentation de la Maison des Sciences de l’Homme qui conserve entre autres les fonds spécialisés : Ipomée, Le Sourire qui mord, Être, MeMo et Les Fourmis Rouges, achetés par le Master CELJG.

Des équipes d’étudiantes se sont succédé durant trois ans, dans le cadre de leur stage de recherche en équipe d’accueil pour étudier le fonds des Fourmis Rouges, acquis en 2015. Les enjeux de nos journées de réflexion et d’échanges sont multiples. Il s’agit d’abord de mieux comprendre une politique éditoriale au sein d’un secteur riche, productif, mais concurrentiel et d’analyser ensuite des ouvrages d’artistes différent.e.s que réunit un même label. Quant au Petit Bestiaire des Fourmis Rouges élaboré par les étudiantes, il participe de la volonté de faire partager l’un des aspects narratifs majeurs des albums des Fourmis Rouges, à savoir la présence animale non humaine à fort caractère ! Enfin, n’oublions pas que la maison d’édition est installée à Montreuil (93), berceau du Salon du livre et de la presse jeunesse et deuxième ville en France qui compte le plus d’éditeur.rice.s indépendant.e.s.

Si la zoologie se perd à recenser plusieurs millions de milliards de fourmis, l’édition a trouvé ses reines, Valérie Cussaguet et Brune Bottero, entourées de celles et ceux qui travaillent dans la chaîne du livre, patiemment, sans manquer de piquant. J’ose réunir les trois premiers titres de la maison d’édition dans une même phrase ; cela donne le haïku suivant :

La nuit dans mon litIl était mille fois

Éphémère

Les Fourmis Rouges ont l’énergie et le talent d’offrir aux enfants mille et une histoires toujours trop éphémères lorsqu’elles s’endorment le soir, mais qui se réveillent le lendemain, ou un peu plus tard dans la vie du.de la lecteur.rice. Découvrir tel album puis tel autre revient à côtoyer des personnages inédits qui vivent vraiment à leur façon, n’en déplaise aux grandes personnes. Il serait dommage de nous priver de leur présence.

Nelly Chabrol GagneEnseignante-chercheure

Co-responsable du Master Création éditoriale des littératures de jeunesse et générales

Des bêtes chez Les Fourmis Rouges

Je me souviens d’un livre, que j'avais publié bien avant la création des Fourmis Rouges, dans lequel apparaissait une tortue. Un enseignant d’école maternelle m’avait écrit pour se plaindre que cette tortue avait été représentée avec des dents, ce qui était une aberration scientifique pouvant induire les enfants en erreur. Piquante et, je dois l’avouer, attendrie, je l’avais remercié pour sa lecture attentive et avais convenu que les tortues n’avaient effectivement pas de dents, mais j’avais continué en m’étonnant qu’il n’ait pas relevé une autre aberration scientifique qui était que notre tortue… parlait.

Cet échange est resté gravé dans ma mémoire, car il résume bien pourquoi publier des albums pour la jeunesse continue après toutes ces années à me réjouir quotidiennement. Lorsque l’album est bon, il embarque le lecteur, adulte ou enfant, et nul ne s’étonnera qu’un crocodile prenne le métro. Mais que les yeux du crocodile soient bleus lorsqu’il entre dans la rame et verts lorsqu’il ressort sur la page suivante, et tous pousseront de hauts cris !

J’ai moi-même été étonnée en découvrant ce bestiaire élaboré par des étudiantes du Master CELJG (qu’elles en soient ici vivement remerciées, ainsi que Nelly Chabrol Gagne, force vive de ce Master et soutien attentif des Fourmis Rouges depuis leur création). Je ne pensais pas avoir autant d’animaux dans les pages de nos livres. Quand je pense à Björn, je visualise un ours. Parce que Björn est indéniablement un ours. Mais en vérité quand je pense à Björn, je pense avant tout à un être sensible, d’un naturel heureux, qui aime autant sa solitude que la chaleur de ses amis. Un personnage qui existe intensément, grâce au talent de Delphine Perret, sa créatrice. Je me méfie de l’anthropomorphisme, mais je fais confiance aux auteurs. Et la plupart des animaux du catalogue des Fourmis Rouges, s’ils sont doués de sentiments et souvent de paroles, gardent une part d’animalité en eux. Parfois même, debout sur seulement deux de leurs quatre pattes, ils rencontrent des humains. Et c’est dans cette rencontre, où tout se brouille un peu, que Les Fourmis Rouges jubilent…

Valérie CussaguetÉditrice

Les Fourmis Rouges

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Peu d’histoires le mettent en avant car c’est plutôt son cousin, le crocodile, qui est sous le feu des projecteurs. L’alligator, lui, est tristement célèbre pour terrifier les touristes en Floride et pour être une matière première dans l’industrie du sac à main. Ce lézard fluvial, vert comme du papier crépon, est souvent confondu avec son susnommé cousin, ce qui le rend peu commode. Malgré son air bougon, il apprécie les bains de boue et accepte de partir explorer le monde, si c’est pour découvrir quel goût ont les enfants.

Pedro Crocodile et George Alligator, Delphine Perret (2013)*

Alligator d’AmériqueAlligator mississippiensis

Animal relativement méconnu, oublié et omis dans les contes, le bousier n’en est pas moins indispensable à l’écosystème et à la biodiversité. Ce petit scarabée est dévoué à sa cargaison qu’il transporte grâce à la technique de la roulade. Si cette boule est souvent de nature repoussante et malodorante, il lui arrive pourtant de rendre service à des amis de même forme, comme les gravillons. Haltérophile et tout terrain, il est capable de contourner tous les dangers et de défendre comme il se doit son précieux chargement dont il ne se sépare jamais, pas plus que de sa casquette rouge. Il a tendance à l’oublier mais il est également capable de voler et de réussir des atterrissages calculés. On peut aujourd’hui le trouver au bord de la mer, où il vit en toute tranquillité avec son ami le gravillon.

Le Gravillon de pavillon qui voulait voir la mer, Claire Schvartz (2017)

BousierScarabaeus laticollis

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Le chien est connu pour être le meilleur ami des hommes, mais il est aussi le meilleur ami des femmes, et surtout des vieilles dames. Le bouledogue est un animal domestique urbain, habitué à la vie en altitude – au moins jusqu’au 156e étage – et au quotidien bien rempli de sa maîtresse. Il apprécie recevoir un petit carré de sucre roux au café, un os à moelle chez le boucher et des compliments de la part du vendeur de hot-dogs. Malgré ses séances de gym pour le maintenir en forme, il n’est pas à l’abri de pousser un jour son dernier soupir.

Bigoudi, Delphine Perret & Sébastien Mourrain (2014)*

Bouledogue français Canis bigudi

Un des représentants de cette espèce est bien connu pour être le détenteur d’une grande richesse et, par conséquent, peut se montrer d’une avarice infinie. Mis à part ce cas extrême, ces petits volatiles palmipèdes vivent en bande familiale dans leur mare attitrée. Les jeunes canards aiment la douceur de leur maman et n’ont pas l’habitude de s’en éloigner. Il arrive pourtant que certains d’entre eux soient dotés d’un instinct d’explorateur qui les pousse à quitter le bassin maternel pour découvrir ce qui se trouve au-delà. Du haut de leurs petites pattes palmées, ils ont du mal à percevoir le monde autrement que par le prisme des mares et des canards. Mais peut-être sont-ils plus heureux ainsi...

Tous canards, Bruno Gibert (2014)

Canard Anas platyrhynchos

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On lui attribue parfois des bottes et un esprit malin, ou bien une fâcheuse tendance à attirer le malheur avec son pelage noir. Pourtant, le chat est aussi un animal filiforme et végétatif qui apprécie la tranquillité et le coin sous le radiateur. Il ne comprend pas ses propriétaires humains – qui ne le comprennent pas non plus – et déteste le tourisme de masse. Heureusement, il aime la compagnie des cactus intelligents, avec lesquels il partage un goût prononcé pour la contemplation.

Santa Fruta, Delphine Perret & Sébastien Mourrain (2016)

ChatFelis silvestris catus

Généralement visible sur les bords du Nil – bien qu’il soit parti, n’en parlons plus – le crocodile aime aussi s’installer dans des albums imperméables à ses larmes et adaptés à sa forme oblongue. Il est différenciable de son cousin l’alligator par sa quatrième dent du bas qui dépasse un peu de sa gueule fermée. Il prend grand soin de sa dentition, comme le montre sa large collection de brosses à dents et son habitude de se curer les quenottes avec une arête de poisson. Il apprécie les bains de boue et les enfants – affectivement parlant, bien sûr. Parfois, il lui arrive d’être embauché dans les zoos pour jouer le crocodile.

Pedro Crocodile et George Alligator, Delphine Perret (2013)Profession Crocodile, Giovanna Zoboli & Mariachiara Di Giorgio (2017)*

Crocodile Crocodylus

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Espèce faussement éteinte, puisque de l’ADN prélevé dans le sang d’un moustique du Jurassique a permis leur réintroduction dans la nature. Aujourd’hui, un de ses représentants se réveille tous les jours pour venir en aide à tout le monde. Ce reptile uchronique est équipé d’un couvre-chef d’aviateur et prend très à cœur sa mission de sauveteur. Dans son avion à hélice métamorphosable et adaptable à tout type d’environnement, il retrouve gens et animaux perdus, que ce soit en ville, en forêt, sous terre ou dans l’espace. À la fin de sa journée de travail, il aime se détendre dans un bon bain mousseux. Contrairement à ce que suggère son prénom, il ne pique pas.

Moustique, mission sauvetage, Sophie Guerrive (2017)

DinosaureDiplodocus

Insecte trichrome d’une fragilité délicate à l’âme aventurière. Un peu rebelle face aux lois de la nature, il décide de devenir acteur de sa courte vie et de profiter pleinement de sa seule journée. Il ne redoute pas les ruminants et n’a pas peur que le ciel lui tombe sur la tête (pourtant, il devrait). Il est aussi dépourvu de bouche, ce qui lui évite bien des tracas.

Éphémère, Frédéric Marais (2013)*

Éphémère Ephemeropterum

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L’éléphant est un gros animal gris bipède vivant à Célesteville, un lieu fondé par le célèbre roi Babar. Cet amateur de costumes et ami des vieilles dames veille sur le bien-être de ses sujets. Certains de ses compatriotes vivent dans les régions d’Asie ou d’Afrique, mais leur amour pour les vêtements élégants n’est pas prouvé. Dans l’ensemble, les éléphants sont des animaux résolument sociaux et aiment vivre en troupeaux, indépendamment de leurs goûts et de leurs modes respectives. Ils font partie d’un tout, le groupe des éléphantidés, ce qui les rapproche malgré leurs différences.

Dans l’ensemble, Élisa Géhin (2013)*

ÉléphantLoxodonta

Les louanges de ces majestueux animaux sont chantées depuis des temps immémoriaux. Ils ont un lien intime avec la météo et sont sensibles au trempage dans l’huile et dans l’eau. Ils sont également connus pour être de lents nomades mais on ignore souvent que ces gastéropodes à antennes peuvent se sédentariser pour aider les super-héroïnes à sauver le monde. On les reconnaît par leur taille gigantesque, leur coquille jaune vif et leur maîtrise du langage des signes. Ils peuvent être chevauchés et sont particulièrement utiles en cas de travaux routiers ou de ramassage d’ordures, desquelles ils sont friands. Peut-être sont-ils la solution aux problèmes de pollution ?

Ménage à Kipuland, Mathis & Aurore Petit (2015)

EscargotCepaea hortensis

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Généralement représentés sous forme de créatures vertes à antennes ou d’homo sapiens à cape rouge, les extraterrestres sont aussi mystérieux que divers. Toutefois, la recherche avance et grâce aux travaux du grand explorateur Julien Baer, nous avons été capables de répertorier tout un pan de cette faune lointaine et inconnue. Nous noterons que cette question sera vite résolue car une race extraterrestre pacifique a choisi d’élire domicile sur terre. Ils adorent jouer et se goinfrer, mais certains sont timides et se cachent derrière un bouclier d’invisibilité. Il est toutefois possible de les observer à travers un smartphone ; des études sont d'ailleurs en cours pour percer leur lien mystérieux avec cette technologie. Nous les attendons avec impatience et vous invitons à leur réserver le meilleur accueil possible.

La Vérité sur les habitants des autres planètes, Julien Baer & Magali Le Huche (2018)On débarque !, Nicolas Barrome Forgues & Sophie Régnier, (2017)

Extraterrestre Alien

La fourmi n’aime pas chanter et préfère se consacrer à des activités plus constructives. Peu sensible au malheur des autres, cet animal pragmatique a des prédispositions pour le sarcasme. Elle est proche de son butin et ne recule devant rien pour le conserver, surtout lorsqu’il s’agit de noisettes. Si on parvient à les lui voler, elle est prête à initier des conflits mondiaux qui plongent dans le chaos les villages les plus reculés. Elle disparaît toutefois dès que le conflit dégénère. En plus de fuir le danger, elle n’est pas friande des démonstrations d’affection.

Une si petite noisette, Sylvain Alzial & Sébastien Touache (2015)*

FourmiFormica

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La grenouille est l’apparence du prince lorsqu’il n’a pas été embrassé par une princesse. Les sorcières se servent de sa bave pour faire des potions magiques et les cuisiniers utilisent ses cuisses pour faire de bons petits plats. Comme cette expérience est assez désagréable, les grenouilles tentent parfois d’appâter les petites princesses distraites en volant leur balle en or, mais la méthode est assez vieux jeu. La mode est maintenant de s’inviter à des bals et de séduire les jeunes femmes avec esprit. D’autres préfèrent vivre en tant que grenouilles, séduites par les nouvelles possibilités offertes par cette existence, et se régalent de mouches bleues.

D’une petite mouche bleue, Mathias Friman (2017)

GrenouillePelophylax

Préfère se qualifier « d’être humain » – en opposition au « ne pas être » – pour se distinguer des autres espèces animales et en référence au best-seller de Shakespeare, un de leurs célèbres écrivains. Particulièrement égocentré, chaque homo sapiens adultis aime découper son espèce en une multitude de sous-catégories pour y ranger ses compatriotes. Sans forcément leur demander leur avis, ce qui conduit à de fréquents conflits internes. En effet, l’homo sapiens adultis est un amoureux de la propreté et aime les choses tout en ordre. Il en fait parfois son gagne-pain et évolue alors en super homo sapiens adultis, c’est à dire en intérimaire. Mais plus généralement, il se contente d’essayer de convaincre son entourage que son monde tout propre est le meilleur. Les chats ou les homo sapiens infans en sont les premières victimes. Il est toutefois possible d’adoucir sa nature en lui proposant un bain de boue ou en lui piquant les fesses.

Tout en ordre, Christopher Ellegaard (2018)*

La Tribu qui pue, Élise Gravel & Magali Le Huche (2017)Santa Fruta, Delphine Perret & Sébastien Mourrain (2016)

Ménage à Kipuland, Mathis & Aurore Petit (2015)

Humain : adulteHomo sapiens adultis

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Les légendes racontent que l’homo sapiens infans est un être délicat, sage, et un peu taquin. Curieux et toujours heureux d’apprendre, il questionne incessamment le monde et crée toutes sortes d’univers grâce à son pouvoir spécial : l’imagination. Il est féru d’histoires, c’est pourquoi il adore les livres, et il aime en inventer de nouvelles. Mais en vérité, l’enfant est une créature sale, bruyante et malodorante. Il échappe à toute tentative de civilisation, se nourrit exclusivement de pizzas, de bonbons et de gâteaux. Il aime vivre en groupe et est facilement distrait, mais il apprécie par-dessus tout les poneys. Son dédain pour les bases du savoir-vivre, les conventions sociales et surtout l’ordre en font une créature étrange et incompréhensible par son homologue, l’homo sapiens adultis. Les tentatives de ce dernier pour l’amener vers le droit chemin se soldent généralement par un échec. Pourtant, comme pour son homologue adulte, l’enfant peut être apprivoisé aux moyens de plusieurs stratagèmes. Plus inventif et curieux que l’adulte, il fait preuve d’une meilleure adaptation à la vie sauvage. La façon dont il évolue en homo sapiens adultis reste un mystère que la science n’a pas encore réussi à résoudre.

La tribu qui pue, Élise Gravel & Magali Le Huche (2017)*

Humain : enfantHomo sapiens infans

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Mammifère quadrupède qui se distingue du lièvre par sa propension à arriver en retard. Bien que les deux fassent partie de la catégorie des lagomorphes et des buveurs de thé, le lapin est le seul à connaître le chemin vers le pays des merveilles. C’est la raison pour laquelle son habitat naturel se situe principalement dans les récits pour enfants, alors que son cousin préfère les fables. Si le lièvre est de nature solitaire, le lapin préfère vivre en groupe dans des villages qui abritent plusieurs générations des leurs. On y trouve tout le confort moderne et les plus âgés d’entre eux possèdent même des télévisions qui diffusent des films. Les plus jeunes sont curieux, honnêtes et n’ont pas leur langue dans leur poche.

La Maman de la maman de mon papa, Gaëtan Dorémus (2016)

LapinOryctolagus cuniculus

La méduse est une créature marine reconnue pour sa grâce et son intelligence instinctive, malgré son absence de cerveau. Elle est l’ennemie numéro un de l’homo sapiens turisticus et c’est une adepte de danse aquatique. Elle agite ses voiles et trémousse sa cloche au rythme des courants mais aussi pour éviter les OPNI – objets en plastique non identifiés – qu’elle confond parfois avec ses comparses. Mal aimée des humains qui goûtent peu ses baisers piquants, elle finit souvent abandonnée au soleil par des parents prompts à venger leur progéniture maltraitée. Cependant, il arrive à cette incomprise de trouver une personne avec qui communier et qui lui permette de retrouver le chemin de l’eau salvatrice. La méduse est une amie fidèle et saura récompenser de ses plus belles danses celles et ceux qui l’ont laissée vivre.

Je suis la méduse, Béatrice Fontanel & Alexandra Huard (2016)*

MéduseMedusozoa

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La mouche est un maillon libre de la chaîne alimentaire et une amoureuse de la gastronomie sauvage. Grâce à ses penchants scatophiles, elle sait tirer profit des excréments rejetés par le prédateur ultime : l’homo sapiens. En effet, piètre cuisinière, elle préfère déguster des reliquats digestifs laissés par d’autres. La mouche, d’un naturel jovial et innocent, aime à se promener dans les bois pendant que le loup y est. Par contre, elle tente d’éviter les grenouilles qui sont tout particulièrement friandes de petites mouches bleues nourries à l’étron des bois.

D’une petite mouche bleue, Mathias Friman (2017)*

MoucheSarcophaga carnaria

Les ours sont réputés pour leur petit côté mal léché. Ils ne sont pas très sociables, ils sont même un peu bougons, quand des petites filles aux boucles blondes leur piquent leur soupe ou tant qu’ils n’ont pas dévoré quelques rayons de miel pour leur petit-déjeuner. Une fois correctement alimenté, l’ours devient une figure de calme et de bonhomie, tant qu’on le laisse régner tranquillement sur le domaine qu’il s’est choisi. L’ours étant nomade, il a su développer des branches de son espèce aux quatre coins du monde. Ainsi, chaque ours a des cousins germains en Arctique, au nord des États-Unis ou encore dans les forêts d’Europe. Malheureusement pour lui, l’homo sapiens aime à se couvrir de sa peau et cette grande famille tend à se réduire comme peau de chagrin.

Les oursUrsidae vulgaris

L’ursidae pacificae est un des membres de la branche européenne. Très calme, il ne demande qu’à profiter simplement de la vie dans la forêt avec ses amis, les animaux. Au fil du temps, il a su développer un côté philosophe tranquille. Les phénomènes humains le dépassent un peu, mais il apprécie les échanges épistolaires et les petites aventures du quotidien. On peut également noter que c’est un grand amateur de belote de bois.

Björn, six histoires d’ours, Delphine Perret (2016)

Ours contemplatifUrsidae contemplator

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Ours peu banal, l’ursidae musicae appartient à la branche nord-américaine de la famille. Il a un penchant certain pour les grands espaces et le concertina. À cause de son talent musical et de son aptitude à s’exprimer dans le dialecte des humains, il se tient loin de ses congénères. Il tente aussi d’éviter les chasseurs de fourrures, sauf s’il peut avoir droit à quelques histoires au coin du feu. Mélomane né, il sait toucher le cœur de son auditoire avec un talent incomparable. Cet ours sait rendre hommage à ses amis et n’oublie pas de leur offrir du salami à l’occasion, s’il ne l’a pas dévoré en route...

L'ours et le trappeur, Christophe Swal (2017)*

Ours mélomaneUrsidae musicae

L’ours des mers, bien qu’il ait grandi dans les mers froides d’Antarctique est, comme ses cousins, un être au grand cœur qui aime partager du bon temps avec ses amis. Malheureusement pour lui, il a un peu de mal à arriver au bon moment et rate fréquemment son correspondant poulpe. Heureusement, sa coquetterie et son goût pour les marcels à rayure lui permettront de retrouver cet ami difficile à rencontrer.

Olive & Léandre, Alex Cousseau & Janik Coat (2018)

Ours des mersUrsidae marinae

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Grand supporter des équipes de jeunes nageurs à qui il aime montrer son soutien en sautant de tête en tête, le pou apprécie également la fréquentation des écoles et des milieux chevelus ou poilus. Il n’est pas réputé pour son corps esthétique mais plutôt pour sa nature coriace. Ce parasite est un survivant, il sait faire prospérer son espèce malgré les nombreux shampoings que les humains infligent à leur chevelure. Le petit pou est un franc rigolard, c’est un grand amateur de calembours et de brebis. Il pense savoir beaucoup de choses malgré sa petite taille. En effet, le petit pou sait qu’il n’est pas un cousin germain du petit poucet. L’histoire ne dit pas si ce dernier a déjà eu des poux dans sa tignasse.

Le petit pou sait, Mathis & Aurore Petit (2016)*

Le petit pou rit, Mathis & Aurore Petit (2016)

PouPediculus humanus

Oiseau noir et blanc, ou blanc et noir, réputé pour être fort bavard et attiré par tout ce qui brille, la pie est notamment connue pour être la responsable du fameux vol des bijoux d’une célèbre diva. Elle vit dans le calme et la tranquillité de la forêt. Les nombreux trésors qu’elle possède sont des accessoires d’humains et se révèlent très utiles pour ses amis, que ce soit pour organiser un carnaval ou pour fournir des lunettes de vue aux ours contemplatifs.

Björn, six histoires d’ours, Delphine Perret (2016)

PiePica pica

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Avant l’homme, il y avait le singe. Ou plutôt le primate. Depuis, ce dernier aime à singer les humains. Certains singes ont été enfermés dans des zoos et sont condamnés à se nourrir de cacahuètes. En attendant leur libération, leurs cousins libres organisent la révolution en volant les objets appartenant aux homo sapiens qui ont enfermé leurs congénères. L’adage proclame qu’on n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace, mais on peut toujours raconter des histoires au jeune primate. Avec son imagination débordante, il saura interpréter les dires du narrateur, malgré les détours que la censure a imposés à ce dernier. À défaut de pouvoir faire le cow-boy, il se contentera d’une séance d’haltérophilie avec une autruche.

Une super histoire de cow-boy, Delphine Perret (2018)*

SingeSimia

Petit cousin du légendaire Kraken, le poulpe peut être qualifié de multidextre ou octodextre. En effet, ses huit tentacules lui permettent de se déplacer où il le souhaite mais ils peuvent aussi s’enrouler autour de l’objet qu’il a ciblé. Le poulpe n’a pas attendu l’industrie automobile pour se déplacer par propulsion. Tout comme l’ours des mers, il a quelques soucis avec le temps et ne sait pas arriver au bon moment. Mais c’est son goût du textile et plus particulièrement des écharpes qui va lui permettre de trouver enfin ce nouvel ami.

Olive & Léandre, Alex Cousseau & Janik Coat (2018)

PoulpeOctopus vulgaris

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La tortue peut paraître un peu molle de prime abord, mais elle sait persévérer et, si elle avance doucement, elle chemine tout aussi sûrement. Le lièvre en a eu pour son compte ; depuis Jean de La Fontaine, il doit se contenter du rôle du mauvais perdant (ou de civet, dans le pire des cas). Les tortues aiment aussi les siestes, mais au moment opportun. Longues, de préférence. Six mois est une durée raisonnable pour la sieste d’hiver. À son réveil, la tortue aime admirer l’éveil de la nature avec ses amis, qui sont parfois des ursidae contemplator. Elle prend le temps de leur raconter ses rêves et de marcher tout doucement dans ce nouvel environnement qui ne l’a pas attendue pour changer. Une fois bien réveillée, la tortue aime voyager et n’oublie pas d’envoyer des cartes postales à ses amis.

Björn et le vaste monde, Delphine Perret (2017)

TortueTestudines vulgares

Créature himalayenne très discrète, le Yéti n’aime pas trop être vu. Il faut dire que malgré son abondante fourrure, il est très pudique et préfère se confondre avec la blancheur de la neige plutôt que d’être pris en photo par des paparazzis animaliers. Son cousin BigFoot est d’ailleurs victime du même phénomène et a fini par devenir un peu aigri. Malgré ses 2 m 10 et ses 120 kg de chair et de poils, le yéti est naturellement calme et doux comme un agneau. Il peut lui arriver d’être victime de rage de dents et il sème alors la panique dans son sillage, tout particulièrement au rayon glaces des Mini-Markets. Heureusement pour lui, son amie Dolorès sait comment le réconforter : avec une bonne série et des gâteaux suffisamment doux pour ses dents meurtries.

Panique au Mini-Market, Mathis & Aurore Petit (2014)*

YétiHimalayum prodigium

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Les yôkai sont de mystérieuses créatures venues des lointains pays d’Orient. Très timides, ils sont difficiles à apercevoir, mais le peintre Hokusai a réussi à en espionner certains pour les représenter dans son œuvre Manga. Les yôkai sont souvent dissimulés dans des lieux reculés encore peu touchés par la main de l’homo sapiens. Ainsi, les légendes racontent que si vous vous aventurez sur un chemin isolé de montagne, une force inconnue vous incite à laisser derrière vous le monde civilisé pour reprendre contact avec la nature. Rien ne prouve, en revanche, que cette force soit hostile.

La Montagne, Carmen Chica & Manuel Marsol (2018)*

YôkaiOrientale prodigium

*Les astérisques signalent l'album dont est issue l'illustration de la double page.

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Pour ne pas finir...

Il aura fallu non pas une, ni deux, mais bien trois promotions d'étudiantes du Master CELJG pour organiser la journée d'étude consacrée aux Fourmis Rouges et créer ce Petit Bestiaire. En trois ans et six étudiantes, ce bestiaire est passé d'une petite graine à un objet éditorial aussi vivant que la maison dont il s'inspire : Les Fourmis Rouges.

En six ans d’existence, les fondatrices de la maison Les Fourmis Rouges ont créé un catalogue à leur image : vif, pétillant, malicieux, et aussi sérieux que les petites personnes peuvent l'être. Notre chance est d'avoir accès à toute la richesse de cette production grâce au fonds éditorial consacré aux Fourmis Rouges, à la Maison des Sciences de l'Homme. Ainsi, nous nous sommes imprégnées de cet univers pour créer un Petit Bestiaire à l'image de sa maison.

La fourmilière étant toujours active et créative, ce fonds n'aura de cesse d'évoluer, et ce bestiaire continuera à vivre au-delà de sa journée d'étude. C'est pourquoi nous vous invitons à créer vous-mêmes vos propres définitions pour les animaux qui vous auront fait réagir, rire ou qui vous auront touchés. Ce Petit Bestiaire n'est pas exhaustif ; nous avons laissé certains animaux en liberté et d'autres continueront d'apparaître, au fil des publications, en fonction des notices que vous imaginerez pour eux.

Margot Adam, Marie Barbier, Lina Chabrol, Camille Chastang, Claire Daures, Coline Longo, Juliette Requin, Angèle Rousseau & Éloïse Rusch.

Étudiantes du Master de Création des littératures de jeunesse et générales.

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Conçu et rédIgé par des étudIantes, dans le Cadre du master

Création éditoriale des littératures de jeunesse et générales,au plus près du Fonds spéCIalIsé de la maIson d'édItIon les FourmIs rouges,Conservé à la maIson des sCIenCes de l'Homme à Clermont-Ferrand.

Ce bestIaIre aCCompagne la journée d'étude du 21 janvIer 2019,ConsaCrée à la maIson d'édItIon les FourmIs rouges, aInsI que l'exposItIon les FourmIs rouges s'aFFICHent, quI a lIeu du 21 janvIer au 23 mars 2019.