Perspectives de 2020 : miser au centre, protéger les extrémités€¦ · fédérale (Fed) ait...
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Article de fond rédigé par nos partenaires américains ANALYSE • DÉCEMBRE 2019
Perspectives de 2020 : miser au centre, protéger les extrémitésSi nous avons effectivement évité la récession, l’éclatante performance du marché boursier à la fin de 2019 s’inscrit dans l’ordre des choses.
Jurrien Timmer l Directeur principal, Macroéconomie mondiale l LinkedIn : jurrien-timmer-fidelity l Twitter : @TimmerFidelity
Points à retenir
■■ Le marché boursier a récemment franchi la limite
de la fourchette de négociation où il évoluait
depuis 21 mois, augurant d’un départ en force
en 2020.
■■ Comme dans le cas des points d’inflexion
antérieurs, nous observons une hausse des
valorisations en parallèle avec un ralentissement
de la croissance des bénéfices.
■■ En général, les prix présagent des bénéfices
lors des retournements du marché, il faut donc
désormais que les bénéfices de 2020 suivent
l’exemple – et justifient ainsi l’expansion
du ratio C/B.
■■ Cela suppose que la Réserve fédérale soit
intervenue à temps pour éviter une récession,
mais, comme il est impossible de le savoir
en temps réel, je suis d’avis qu’une stratégie
60/40 demeure raisonnable.
■■ Par ailleurs, il reste tout aussi important de se
protéger contre les deux scénarios des extrémités,
c’est-à-dire la déflation et l’inflation.
Je considère que le marché boursier a suivi un parcours logique,
cohérent avec les observations historiques, mais avec une
réserve de taille : espérons que l’intervention de la Réserve
fédérale (Fed) ait réussi à éviter la récession. Si l’extrémité
de gauche (déflation) se concrétise, rien n’ira plus; mais si la
déflation peut être évitée, le récent comportement du marché
me semble alors tout à fait rationnel.
Après une période de 21 mois sans grand changement,
l’indice MSCI Monde tous pays ainsi que l’indice S&P 500®
semblent amorcer de nouvelles ascensions. J’en déduis que
les diverses difficultés qui ont affecté les marchés ces dernières
années (ralentissement mondial, guerre commerciale, risque
d’erreurs de politique de la Fed, etc.) ont été assimilées et
neutralisées, et sont choses du passé pour les investisseurs qui
misent désormais sur les promesses de 2020. Ce point de vue
résiste-t-il au test de l’expérience?
Pour me faire une opinion sur le risque de gain ou de perte,
je trouve toujours utile de comparer le contexte boursier
courant aux résultats historiques. Par exemple, depuis les
planchers atteints pendant la crise financière mondiale de 2009,
l’indice MSCI Monde tous pays s’est comporté avec constance,
affichant un taux de croissance annuelle composée (TCAC)
d’environ 14 %, oscillant entre de solides phases haussières et
des corrections de longue durée, mais de peu d’envergure. Les
sommets des phases haussières dépassaient de 10 % à 15 %
la courbe de tendance de l’indice MSCI Monde tous pays, tandis
que les corrections se situaient de 10 % à 15 % sous la courbe.
2
30 %
40 %
50 %
60 %
70 %
80 %
90 %
100 %45
50
55
55
65
1 %
7 %
13 %
19 %
25 %
-2 %
4 %
10 %
16 %
22 %
Moyenne au bâton – 12 prochains mois
PMI, moyenne historique
PMI, 2018–2019
Projection de rendement – 12 prochains mois
100 %25 %
47 %
1 %
87 %16 %
-18 -12 -9 -6 -3-15 0 3 6 9 12 15 18 21 24 27 30 33 36
Fluc
tuat
ion
du
PM
I (50
= a
ucun
e)
Sommet cyclique du PMI
En ce qui concerne l’indice S&P 500, son TCAC évoluait autour
de 17 % depuis 2009, tandis qu’il était de 11 % en 1871. Pour
un technicien, déterminer la position du marché par rapport
à sa ligne de tendance est une mesure du potentiel de
correction tout aussi valable que le calcul du pourcentage
de perte par rapport à un sommet antérieur. C’est pourquoi
le pronostic d’une remontée du marché boursier américain
suscite pour moi une importante question : cet optimisme
est-il fondé?
Je surveille attentivement l’indice PMI (indice des directeurs
d’achat) des États-Unis établi par l’Institute for Supply
Management (ISM®). Cette statistique – qui compile des
données sur les commandes, les stocks, la production,
les livraisons et l’emploi – est une mesure importante
de l’économie des États-Unis; un indice supérieur à 50 indique
que la situation s’améliore et un indice inférieur à 50 indique
le contraire (Tableau 1). À mon avis, le dernier point de
rupture franchi par le marché boursier est dans la lignée des
cycles antérieurs, à condition évidemment que nous évitions
l’extrémité de gauche dont je parlais plus haut.
La section supérieure du tableau représente le plus récent
cycle du PMI – avec le sommet enregistré en 2018 et les chutes
qui ont suivi – et les moyennes de tous les cycles du PMI.
La section inférieure illustre le rendement prévu sur 12 mois
de l’indice S&P 500 (12 prochains mois), ainsi que la « moyenne
au bâton » des 12 prochains mois, c’est-à-dire le nombre
de fois, en pourcentage, où le rendement obtenu s’est révélé
positif. Comme en atteste la moyenne cyclique du PMI,
l’évolution historique est récurrente : environ un an avant
un sommet cyclique, la projection pour les 12 prochains
mois est vigoureuse, soit un gain prévu qui frise les 25 %
et une moyenne au bâton de 100 %. Intuitivement, la chose
est logique : on peut s’attendre à une bonne performance
du marché si le PMI grimpe vers un sommet cyclique.
TABLEAU 1 : Selon les modèles historiques, la situation pourrait s’améliorer!
Tendances du PMI de l’ISM (actuelles et historiques); rendements prévus et moyennes au bâton de l’indice S&P 500
Moyenne au bâton : nombre de fois, en pourcentage, où le rendement qui était projeté pour les 12 prochains mois s’est révélé positif. Sources : Haver Analytics et Fidelity Investments; données mensuelles jusqu’au 30 novembre 2019 , inclusivement.
PERSPECTIVES DE 2020 : MISER AU CENTRE, PROTÉGER LES EXTRÉMITÉS
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Comme on pourrait s’y attendre, à l’apex du cycle du PMI
(« T »), la projection pour les 12 prochains mois pique du
nez, se chiffrant à seulement 1 % en moyenne, avec une
moyenne au bâton de 47 %. Cette moyenne au bâton tout
juste passable illustre la grande dispersion des observations
sous-jacentes. Le marché peut tout autant suivre le parcours
à la lettre que faire volte-face et plonger dans une phase
baissière. Historiquement, l’exactitude des projections pour
les 12 prochains mois augmente au fur et à mesure qu’elles
s’éloignent du sommet du PMI. En termes de mois, nous
en sommes actuellement à T+16 après l’apex; d’ici T+18,
le rendement prévu sur 12 mois devrait représenter un gain
d’environ 16 % avec une moyenne au bâton de 87 %.
Bref, cela signifie qu’environ 16 mois après l’apex nous en
sommes généralement au point où la plupart des mauvaises
surprises sont déjà passées, et où nous pouvons donc
probablement réintégrer le marché en prévision d’une reprise
cyclique. Le contexte actuel semble effectivement se conformer
à ce modèle historique. Je tiens toutefois à rappeler une
importante mise en garde : ce scénario suppose que l’extrémité
gauche, la récession, soit évitée.
Le raisonnement qui sous-tend un atterrissage en douceur
repose en partie sur le fait que la Fed soit intervenue juste
à temps il y a un an, renonçant aux cinq ou six autres hausses
de taux d’intérêt prévues (et aux diminutions du bilan) pour
adopter trois baisses de taux d’intérêt (et revenir à l’expansion
du bilan). Comme les choses peuvent changer en une année!
En 2018, les projections étaient de 3 % pour le taux des fonds
fédéraux et les rendements obligataires; un an plus tard à
peine, la courbe de rendement affiche près de 1,4 % à court
terme et 1,80 % à long terme.
En fait, les mesures de la Fed sont parvenues à un point
plus ou moins neutre (selon l’estimation établie par la Fed
de New York pour le R*, c’est-à-dire le taux d’intérêt réel
théorique selon lequel la politique monétaire ne serait ni
accommodante ni restrictive). Quoi qu’il en soit, cet effort
a suffi pour légèrement inverser la courbe de rendement
(mouvement qui s’est depuis renversé). Je pense que l’inversion
a été exacerbée par la prime de terme négative. (Vous vous
souvenez de l’époque où une « prime » consistait en une petite
rémunération de plus pour compenser le fait que votre argent
était bloqué plus longtemps?) Certains pourraient alléguer que
les taux à court terme étaient sous-estimés auparavant à cause
du resserrement quantitatif de la Fed, les deux pendants
s’annulant ainsi réciproquement. Pourquoi pas...
Il demeure que la Fed a prestement réagi aux signaux
d’alarme du marché obligataire et sa politique correspond
à nouveau aux prix du marché, qui partent du principe qu’il
n’y aura aucune autre réduction ni augmentation des taux
dans le proche avenir. Par conséquent, si le cycle économique
se ranime effectivement dans l’année qui vient – et compte
tenu de la « promesse » de la Fed de s’abstenir de relever les
taux tant que l’inflation n’est pas problématique – la politique
de la Fed sera donc de facto plus accommodante que
ne le justifieraient les aspects fondamentaux de l’économie.
Selon moi, cet élément joue un rôle incontestable dans les
perspectives optimistes actuelles du marché.
Si les actions avaient maintenu une forte tendance haussière
malgré la chute des PMI, on aurait pu penser que le marché
est allé plus vite que son ombre pour atteindre de nouveaux
sommets, sans égard aux arguments exposés ci-dessus. Mais
ce n’est pas ce qui s’est produit. Même si la synchronie n’est
pas parfaite, les prix et les valorisations ont subi une importante
correction (20 % à 30 %) à un moment donné au cours des
douze à vingt-quatre derniers mois, dans pratiquement toutes
les principales places boursières du monde. Si les mouvements
de prix actuels face à des PMI inférieurs à 50 donnent
l’impression de vouloir donner le change, les marchés boursiers
ont en fait déjà effectué une sérieuse correction en prévision
du ralentissement présent et du risque d’une éventuelle erreur
de politique de la Fed. En d’autres termes, ce marché baissier
redouté par tous a peut-être déjà eu lieu et serait terminé.
Ceux qui doutent du marché haussier pourraient arguer
que le ratio cours/bénéfice (C/B) prévisionnel de l’indice
S&P 500 a bondi, passant de 13,7 à 18,0 entre décembre 2018
et décembre 2019; parallèlement, la croissance des bénéfices
a fait un plongeon depuis 2018, passant de 22 % à un maigre
1,6 %. Comment l’expliquer? Cela ne pourrait être que le
résultat d’une « exubérance irrationnelle » et le signe que
l’optimisme du marché fait fi de la réalité, n’est-ce pas?
En un mot : non. Une expansion des valorisations
simultanément à une contraction des bénéfices peut être tout
à fait normale (Tableau 2), dans la mesure où nous sommes
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bel et bien à un point d’inflexion cyclique. Souvenez-vous :
le marché est un mécanisme d’actualisation où les prix donnent
le ton aux bénéfices. Autrement dit, lors des points d’inflexion
importants, le changement du ratio C/B se manifeste
généralement bien longtemps avant de se répercuter sur les
bénéfices. En effet, les variations du ratio C/B sont souvent
un calque des variations des bénéfices; on peut dire qu’elles
se succèdent à tour de rôle à la longue. Le diagramme de
dispersion intégré au Tableau 2 illustre la nette corrélation
inverse entre ces deux données.
Le message est qu’une expansion du ratio C/B à ce stade
du cycle serait parfaitement normale à condition que les
bénéfices suivent le mouvement, d’une manière ou d’une
autre, au cours des douze prochains mois. Je le répète, la clef
est d’éviter l’extrémité de gauche. Je me doute bien que vous
vous demandez comment savoir si nous serons confrontés
à une extrémité, car on ne peut pas le prévoir! Je suis bien
d’accord, on ne peut pas le prévoir. Mais la bonne nouvelle
en l’occurrence, c’est qu’il n’est pas vraiment nécessaire
de savoir si nous aurons affaire à une extrémité, ni à laquelle.
Le plus sage, à mon avis, est d’investir dans une optique
d’équilibre – en visant un portefeuille de base 60/40 (60 %
d’actions et 40 % de titres à revenu fixe) – afin de se prémunir
contre diverses éventualités.
Depuis 2000, la corrélation entre les rendements des
actions et ceux des obligations s’est révélée uniformément
positive. Il n’est pas exclu de faire des petits écarts dans la
répartition de l’actif, mais l’expérience nous a appris qu’en
respectant la prémisse d’une stratégie 60/40 nous sommes
relativement à l’abri, que le scénario d’une extrémité de
gauche se matérialise ou non. Le rendement passé n’est pas
une garantie des résultats futurs, mais, depuis le sommet des
valorisations boursières en janvier 2018, un portefeuille 60/40
a inscrit essentiellement toutes les hausses de l’indice S&P 500
Le symbole « Δ » signale un changement dans une variable. Les zones en gris correspondent à des phases baissières. Sources : Haver Analytics, FactSet, Robert Shiller et Fidelity Investments; données mensuelles jusqu’au 30 novembre 2019, inclusivement. Le rendement passé n’est pas une garantie des résultats futurs.
TABLEAU 2 : Expansion et contraction simultanée : pas forcément incompatibles
Comparaison des bénéfices et des valorisations de l’indice S&P 500, et d’autres statistiques et tendances
4500
18000
72000
ΔBPA
ΔC/B
9000
36000
144000Rendement réel de l’indice S&P 500, indexéTendance des rendements de l’indice S&P 500 depuis 1871
Croissance du BPA (%)Fluctuation du ratio C/BDividendesRendement total
1979 1991 20001985 1997 2003 20061982 1988 1994 2009 2012 2015 2018
20 %
-40 %
-20 %
100 %
0 %
60 %
40 %
80 %
Rend
emen
t rée
l de
l’ind
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S&P
500,
niv
eau
inde
xé
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avec seulement une partie de ses pertes. Pour ma part, c’est
un résultat tout à fait honorable.
Donc, on y va avec une stratégie 60/40, théoriquement apte
à participer à une reprise cyclique mais également apte
à protéger en cas de récession? Un instant : quand il est
question de taux d’inflation, une stratégie avisée devrait
prendre en compte autant l’extrémité de gauche que
celle de droite, surtout en cas d’incertitude de la politique
budgétaire et monétaire des années à venir.
Il est possible que la politique monétaire se dirige à nouveau
vers la borne du zéro; autrement dit, au fur et à mesure que les
taux nominaux approchent de zéro, le levier des taux d’intérêt
de la Fed perd de son efficacité à stimuler la croissance
économique. C’est pourquoi lors de la prochaine récession les
autorités américaines pourraient plutôt miser sur la politique
budgétaire. Cependant, si l’expansion budgétaire provoque
une hausse extrême des rendements obligataires, la Fed
risque fort de perdre une part de son indépendance et de
devenir plus ou moins une extension du Trésor, responsable
de monétiser les déficits par l’acquisition d’effets du Trésor
(bons, billets et obligations). (C’est d’ailleurs la situation difficile
dans laquelle se trouvait la Fed au sortir de la Seconde Guerre
mondiale, jusqu’à ce qu’elle se sépare du Trésor en 1951, ce qui
constitue donc un certain précédent.)
La grande question serait alors de savoir si une telle situation
se révélera inflationniste, ou si le « tsunami gris » auquel nous
assistons actuellement, sous la forme d’un ralentissement
de la croissance de la population active, possède une telle
force déflationniste qu’aucune mesure politique ne pourrait
suffire à la compenser. Le Tableau 3 représente la distribution
du taux d’inflation depuis 1871. Comme vous pouvez le voir,
il s’agit d’une distribution plus ou moins normale – et nous nous
situons actuellement exactement au milieu.
L’extrémité de gauche est celle de la déflation. La déflation
est liée à l’évolution démographique, et c’est une question
fort intéressante. À l’échelle mondiale, la croissance de la
population active a atteint son sommet en 1980, soit 2,3 %
(taux de croissance annualisé sur cinq ans), et elle devrait
continuer à diminuer pendant encore plusieurs décennies
pour atteindre zéro vers 2050. Malheureusement, la croissance
Le symbole « Δ » signale un changement dans une variable (le prix de l’or ou la valeur des effets du Trésor, par exemple). Gouv. LT : effets du Trésor à long terme. IPC : indice des prix à la consommation. Distribution normale : représentation symétrique des probabilités à partir de la moyenne; les observations centrales se produisent plus fréquemment que celles des extrémités. Sources : Haver Analytics, Robert Shiller et Fidelity Investments; données mensuelles depuis 1871.
TABLEAU 3 : Que se passe-t-il avec l’inflation?
Distribution du taux d’inflation aux États-Unis, observations mensuelles depuis 1871
-19,0 -17,5 -16,0 -14,5 -13,0 -11,5 -10,0 -8,5 -7,0 -5,5 -4,0 -2,5 -1,0 0,5 2,0 3,5 5,0 6,5 8,0 9,5 11,0 12,5 14,0 15,5 17,0 18,5 20,0 21,5 23,0
Observations (fréquence en %)Distribution normale
Taux d’inflation
ΔIPC
0 % 0 % 0 %0 % 0 %0 % 0 %1 %
2 %1 % 2 %
3 % 3 %
6 %
12 %
20 %
17 %
8 %
5 %
3 % 3 %2 % 2 %
1 % 1 %1 % 1 % 1 %
3 %
ΔIPC
ΔGouv. LT ΔPrix de l’or
6
globale de la population active, soit collectivement celles
des États-Unis, de la Chine, du Japon et des pays de la zone
euro, est déjà tombé à zéro et, en fait, elle se contractera dans
les prochaines décennies. Outre occulter la croissance, cette
force déflationniste considérable a, par le biais des mesures
monétaires, exacerbé les inégalités dans la répartition de
la richesse et, par ricochet, suscité la montée du populisme.
Il pourrait en résulter encore plus de dettes et le risque
de futures politiques budgétaires musclées, monétisées
par les banques centrales à travers le monde en vertu de la
théorie monétaire moderne, ou TMM, qui consiste à émettre
de la monnaie essentiellement à partir de rien.
Ce qui nous amène à l’extrémité de droite : l’inflation. Si nous
tombons dans le piège de la TMM, cela créera-t-il de l’inflation?
Pour les pays avec trop de dettes et trop peu de croissance,
l’inflation peut se présenter comme la seule issue pour
éviter le défaut de paiement ou l’austérité – qui reviennent
habituellement, l’un comme l’autre, à un suicide politique.
De plus, il me semble que le super cycle des marchandises en
est au stade où il nous faudrait envisager un creux de plusieurs
années. En présence d’un creux, on pourrait s’attendre à ce
que l’inflation domine les prochaines années. Cette possibilité
est cohérente avec l’hypothèse qu’un régime de TMM finirait
par procurer aux politiciens ce dont ils ont besoin : l’inflation.
Pour construire un portefeuille en y intégrant une protection
contre la déflation, il faudrait probablement recourir à des
obligations à taux inférieurs et à duration plus longue. Une
protection contre l’inflation ferait plutôt appel à des aurifères
ou des marchandises en général, ou encore des titres du Trésor
américain indexés sur l’inflation. Comme nous ignorons laquelle
des extrémités dominera la scène, il pourrait être judicieux
de se protéger contre la déflation, d’une part, et l’inflation,
d’autre part, et d’optimiser la participation dans le centre avec
une stratégie 60/40. Les encarts de gauche et de droite du
Tableau 3 permettent d’apprécier le potentiel de couverture
des obligations du Trésor à long terme et de l’or physique dans
un contexte déflationniste ou inflationniste, respectivement.
L’impact de fluctuations extrêmes (écart-type supérieur à 1)
de l’indice des prix à la consommation (IPC) sur ces actifs est
surligné en jaune.
Mais ce n’est pas tout! Nous pourrions même nous trouver
en présence – simultanément – d’une inflation élevée et
de taux d’intérêt faibles. Comment? Si la Fed s’affaire plus
explicitement à comprimer les taux d’intérêt, comme elle
l’a fait au cours du second semestre de 1940. À cette époque,
le gouvernement américain avait accumulé un énorme déficit
à cause des dépenses liées à la Seconde Guerre mondiale,
et comme la Fed n’était pas totalement indépendante à ce
moment-là, les taux d’intérêt ont été plafonnés à 2,5 % environ,
et le déficit budgétaire a été monétisé. L’histoire risque-t-elle
de se répéter? C’est peut-être incroyable, mais je ne peux
pas écarter cette hypothèse. D’ailleurs, au mois de novembre
dernier la gouverneure de la Réserve fédérale, Lael Brainard,
a évoqué l’idée de plafonner les taux d’intérêt la prochaine fois
que les taux à court terme approcheront de zéro.
En conclusion, il me semble qu’une bonne stratégie pour
2020 et au-delà, peut être aussi simple que de miser au centre
en protégeant les extrémités; en d’autres termes, pratiquer
une stratégie fondée sur le principe de 60/40, et prévoir une
défense contre l’inflation et la déflation.
Jurrien Timmer l Directeur principal, Macroéconomie mondiale, Division de la répartition mondiale de l’actif de Fidelity
Jurrien Timmer est directeur principal, Macroéconomie mondiale auprès de la division de la répartition mondiale de l’actif de Fidelity Investments et se spécialise dans l’élaboration de stratégies macroéconomiques mondiales et en répartition tactique de l’actif. Il est entré au service de Fidelity en 1995 en tant qu’analyste de recherche technique.
Auteur
PERSPECTIVES DE 2020 : MISER AU CENTRE, PROTÉGER LES EXTRÉMITÉS
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Même si les obligations comportent généralement moins de risque et de volatilité à court terme que les actions, elles présentent des risques de taux d’intérêt (c’est‑a‑dire que les prix des obligations baissent à mesure que les taux d’intérêt augmentent, et vice‑versa) de même qu’un risque de défaillance ou, en d’autres termes, le risque que l’émetteur soit dans l’incapacité d’effectuer les versements relatifs au revenu ou au capital. De plus, les obligations et les titres à court terme comportent un risque d’inflation (soit le risque que le rendement d’un placement ne puisse suivre la hausse des prix des biens et services) supérieur à celui des actions. L’augmentation des taux d’intérêt réels peut entraîner une baisse du cours des titres de créance protégés contre l’inflation.
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