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Permaculture : relevé d’expériences et applications possibles dans le Cantal. " La permaculture : une ouverture pour l’agriculture aux hydrocarbures" Université d’Auvergne. Institut Universitaire de Technologie de Clermont-Ferrand. Site d’Aurillac, département Génie Biologique. ADORNO Jérémy, LAFON Maxime, MINELLI Sarah, ROBERT Alain. Licence professionnelle : "Expertise agro-environnementale et conduite de projet". Projet tuteuré, encadré par M. Vincent VIGIER - Chambre d’Agriculture du Cantal. Promotion 2011-2012.

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Permaculture : relevé d’expériences et

applications possibles dans le Cantal.

" La permaculture : une ouverture

pour l’agriculture aux hydrocarbures"

Université d’Auvergne.

Institut Universitaire de Technologie de Clermont-Ferrand.

Site d’Aurillac, département Génie Biologique.

ADORNO Jérémy, LAFON Maxime, MINELLI Sarah, ROBERT Alain.

Licence professionnelle : "Expertise agro-environnementale et conduite de projet".

Projet tuteuré, encadré par M. Vincent VIGIER - Chambre d’Agriculture du Cantal.

Promotion 2011-2012.

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« La chaîne agroalimentaire industrielle contemporaine dépense 10 kilo-calories pour fournir

1 kilo-calorie alimentaire dans l'assiette des consommateurs. La haute productivité et le

déficit énergétique de l'agriculture industrielle sont entièrement dus à la disponibilité bon

marché des hydrocarbures, ce cadeau provisoire du passé géologique de la Terre.»

Günther FOLKE. Fossil Energy and Food Security, 2000.

« Il existe un lien direct entre la pauvreté et la perte de la biodiversité. Dans beaucoup de

régions du monde, la pauvreté devient endémique au fur et à mesure que les écosystèmes, les

ressources en eau et en sol sont de plus en plus surexploitées et dégradées. »

Hamdallah ZEDAN, Secrétaire exécutif Convention sur la Diversité Biologique 2005.

« C’est la forêt qui joue le rôle principal dans la formation des sols fertiles. La majorité des

terres les plus fertiles vouées à l’agriculture sont d’origine forestière. Pourquoi ne pas nous

référer au modèle forestier qui nous a donné des sols agricoles fertiles ? »

Gilles LEMIEUX. Enseignant-Chercheur Université de Laval, Québec (Canada).

Inventeur du terme BFR. Le bois raméal fragmenté. 2001.

« La forêt précède les peuples civilisés, le désert les suit. »

François-René De CHATEAUBRIAND. Ecrivain (1768-1848).

« Une poignée d’abeille vaut mieux qu’un sac de mouches. »

Proverbe arabe.

« Étudie les livres et observe la nature. Si les deux ne sont pas en accord, jette le livre. »

William A. ALBRECHT. (1888-1974).

Président du Département des sols à l'Université du Missouri (USA) 1958.

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Remerciements

Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à Vincent Vigier, (chargé de

mission Agriculture Biologique à la Chambre d’Agriculture du Cantal) qui, avec un

enthousiasme communicatif, s’est toujours rendu disponible pour nous appuyer dans notre

travail. Nous remercions Esméralda Ribeiro (centre de documentation ABioDoc de

VétAgroSup - Clermont-Ferrand) pour sa disponibilité et son accueil lors de nos recherches

bibliographiques. Merci à tous ceux et celles qui nous ont parlé avec passions en évoquant

leurs pratiques : Philippe, Pierre, Sylvain, Sylvie, Véronique et Stéphane,… . Ainsi qu’à ceux

et celles qui nous ont écouté, lu et apporté leur point de vue : Bérénice, Malika, Marine,

Adrien, … . Enfin nous souhaitons remercier Sébastien Debande (auteur-diplômé en

permaculture) pour son soutien, ses apports techniques et ses encouragements.

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Résumé

L’agriculture intensive basée sur la surconsommation d’hydrocarbures n’est pas un

modèle durable. Il détruit les sols, pollue les eaux et l’atmosphère, participe activement à la

baisse de la biodiversité, à la disparition d’espèces et à la fragilisation des écosystèmes. De

plus ce modèle consomme énormément d’énergies fossiles pour ses intrants (carburants,

engrais, pesticides) et ne sera pas capable de faire face à la prochaine crise énergétique.

Au-delà de ce constat, ce type d’agriculture détruit le tissu social rural, favorise les

pays et les agriculteurs les plus riches et ne répond pas à la problématique mondiale urgente :

nourrir sept milliards d’individus.

La permaculture est une des solutions à envisager pour tendre vers une agriculture

durable, équitable et pérenne d’un point de vue social, économique et environnemental. Par

des pratiques agricoles simples et économes, elle peut renouer les liens symbiotiques qui

unissaient, il n’y a encore pas si longtemps, l’agriculteur et sa terre.

Le département du Cantal présente de nombreuses prédispositions aux pratiques de la

permaculture et porté par sa chambre d’agriculture, il peut devenir un pionnier dans ce

domaine et un exemple à suivre.

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Abstract

Intensive agriculture based on overconsumption of oil is not a sustainable model. It

destroys soils, pollutes water and the atmosphere and participates actively in the decline of

biodiversity, in the disappearance of species and in the fragilisation of ecosystems. Moreover

this model hugely consumes fossil energies for its inputs (fuels, fertilizers, pesticides) and

will not be able to face up to the next energy crisis.

Beyond this observation, this type of agriculture destroys the structure of rural

society, benefits the richest countries and farmers and does not respond to the urgent global

problematic : to feed seven billion people.

“Permaculture” is one of the solutions to consider to move towards a sustainable

agriculture, fair and lasting in an environment, from a social and economic point of view. By

simple and efficient agricultural practices, it can reestablish the symbiotic links which united,

not so long ago, farmer and his land.

The department of Cantal presents a lot of predispositions to “permaculture” practices

and promoted by its chamber of agriculture, can become a pioneer in this domain and an

example to follow.

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Sommaire

LIVRE I.

Remerciements

Résumé

Abstract

Introduction Page 1.

1. La permaculture, un nouveau concept agricole ? Page 2.

1.1. État des lieux de l’agriculture mondiale Page 2.

1.2. Historique de la permaculture Page 4.

1.3. Concepts permaculturaux Page 6.

2. Relevé d’expériences des pratiques de la permaculture Page 8.

2.1. A travers le monde Page 8.

2.2. En France Page 11.

3. Nos Relevés et visites dans le Cantal et territoires limitrophes Page 13.

3.1. Un héritier du sage Fukuoka Page 13.

3.2. Un élevage en plein air, un élevage Couderc Page 15.

3.3. La diversification ou l’exemple Caumon Page 17.

4. Applications possibles dans le Cantal Page 19.

4.1. L’agriculture conventionnelle et biologique dans le Cantal Page 19.

4.2. Applications pour les exploitations cantaliennes Page 21.

4.3. Diagnostic de deux exploitations innovantes Page 23.

Conclusion Page 25.

Bibliographie

Glossaire

Méthodologie

LIVRE II.

Annexes

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Introduction

Janvier 2012, le constat énergétique, social, environnemental ou encore agricole, de la

planète est inquiétant. Cette affirmation n’est pas issue d’un scénario catastrophe mais bien de

preuves scientifiques avérées. Les problèmes ne viennent pas systématiquement de la

surpopulation, mais plutôt des pratiques au quotidien de chacun, amplifiées par le nombre. En

agriculture par exemple, il est évoqué, depuis déjà de nombreuses années, que le système

agricole "conventionnel" mondial cause plus de problèmes qu’il n’en résout. Aujourd’hui,

tout l’écosystème Terre en subit les conséquences.

Pour répondre à ces problématiques, certains sociologues, scientifiques, philosophes et

bien-sur agriculteurs échangent et élaborent des stratégies. L’une d’elles se nomme

"permaculture" : agriculture s’inspirant des écosystèmes naturels. Issue des savoir-faire

empiriques de nombreuses civilisations, ses connaissances agronomiques sont aujourd’hui

comprises scientifiquement. Ses concepts sont réfléchis, adaptables et multifonctionnels.

Désormais facilement diffusables, des petites graines de permaculture se sont ensemencées à

travers le monde. Certaines ont germé, sont devenues productives et ensemencent à leur tour

d’autres régions. Cette synergie planétaire apporte une grande "diversité génétique" à la

permaculture.

Pour mieux appréhender ce nouvel organisme vivant, nous l’avons observé dans son

milieu naturel. Nos rencontres et nos recherches, nous ont apporté la certitude qu’une graine

de permaculture a déjà germé dans le Cantal. Ensemble, c’est à nous d’en prendre soins et

d’utiliser les "bons outils" pour l’aider à croître et la protéger des ravageurs. Lorsque ce plant

sera autonome et mature, il pourra se reproduire et deviendra la souche d’une sous-espèce

productive de permaculture, adaptée à l’agriculture cantalienne.

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1. La permaculture, un nouveau concept agricole ?

1.1. État des lieux de l’agriculture mondiale

L’agriculture dite "moderne", ultra-mécanisée et dépendante des hydrocarbures pour

ses intrants (carburants, fertilisants et produits phytosanitaires) est censée répondre à la

demande alimentaire d’une population toujours plus nombreuse. Or ce n’est pas le manque de

nourriture qui prive plus d’un milliard de personnes d’une alimentation de base mais bien les

inégalités sociales, la mauvaise répartition des ressources et la pauvreté. Le modèle

"conventionnel" actuel est, à terme, voué à l’échec. Les réserves d’énergies fossiles et de

terres arables ne sont pas inépuisables. L’augmentation de la surface agricole mondiale au

détriment de biotopes naturels n’est pas une solution pérenne. Ne serait-il pas plus intéressant

d’augmenter la production sur de petites surfaces diversifiées tout en développant une

viabilité environnementale, économique et sociale ? Les changements climatiques et les

pollutions (eau-air-sol) sont pourtant des signaux d’alarme forts, dont nous ne semblons pas

presser de tenir compte. Nos modèles de civilisations sur-consommatrices sont-ils voués à

l’effondrement avec la disparition des hydrocarbures, ou saurons-nous trouver une parade

pour franchir cet obstacle ?

Le constat de l’agriculture des soixante dernières années est alarmant partout dans le

monde. "Notre terre nourricière" devient stérile et accomplie sa fonction de production

agricole sous perfusion d’engrais. Le labour profond, la monoculture intensive, ou la

déforestation, qui s'est accélérée sur la planète depuis l'an 2000, sont responsables de la

disparition des sols dans des proportions qui dépassent l’entendement. L’érosion hydrique et

éolienne représente, à l’échelle de la planète, une perte de sol estimée à 76 milliards de tonnes

chaque année. Ramené à l’hectare, nous perdons 12 millions d’hectares par an soit la moitié

de la surface agricole française. Si l’on transpose cette perte de sol à la production

alimentaire, alors chaque tonne de nourriture produite, engendre une perte irrémédiable

de 6 à 18 tonnes de sol (Guillet, 2007).

Au-delà de cette désertification galopante qui a des conséquences humaines terribles

(exode rural massif, pauvreté, famine) il y a la perte des microorganismes du sol.

L’utilisation abusive d’engrais et de pesticides couplée aux pratiquent agricoles

monoculturales (terres nues une partie de l’année, labour profond, absence de matière

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organique qui nourrit les microorganismes) ont provoqué la destruction de toute vie

organique dans près de 90% des terres cultivables européennes (Bourguignon, 2006). Or

le sol est une entité vivante qui concentre 80% des êtres vivants de la planète et constitue la

base de nombreuses chaînes trophiques* terrestres. L’impact sur les écosystèmes et la

biodiversité est terrible et se traduit par un effondrement de près de 90% des populations de

batraciens, reptiles et oiseaux.

L’utilisation intensive d’engrais et de pesticides provoque d’énormes dégâts. 98% des

pollutions ammoniacales* et 85% des émissions de protoxyde d’azote* (N2O) sont issues des

activités agricoles (SNIEPA*, 2010). L’eutrophisation* des rivières ne cesse de croître, 40%

des eaux de surface sont touchées en Europe (Report COM47*, 2010). Bien que les quantités

de pesticides produites diminuent, leurs utilisations restent intensives. Leur pouvoir actif a été

considérablement augmenté, ce qui réduit les quantités de produits mais accroît leur capacité

de destruction. Il en résulte une augmentation des contaminations des milieux, des produits

alimentaires et une disparition croissante de la biodiversité. En France, 91% des eaux de

surface et 56% des eaux souterraines sont contaminées par plus de 200 molécules actives

ou métabolites* (IFEN*, 2008). Certains insectes cibles développent des résistances à ces

toxines impactant ainsi toute la chaîne trophique par le phénomène de bioaccumulation*.

A ce constat alarmant vient s’ajouter les problématiques de l’eau et de l’énergie.

L’agriculture "moderne" consomme près de 90% de l’eau douce de la planète (Guillet,

2007). Bien que la communauté internationale privilégie toujours l’agriculture des pays riches

par rapport à la condition humaine mondiale, l'enjeu des prochaines décennies sera de

développer une agriculture moins gourmande en eau afin de rééquilibrer la répartition des

ressources hydriques mondiales. Cette réalité sur l’eau est d’autant plus vraie pour les

semences et les produits phytosanitaires car les quelques multinationales qui ont le monopole

de ces marchés sont les mêmes ! La commercialisation de ces produits (semences, OGM,

engrais et pesticides) par les mêmes firmes ne fait qu’accroître leur pouvoir au détriment de

tous les êtres vivants de la planète, y compris l’espèce humaine. Quant au problème

énergétique, il devient d’autant plus pressant que les réserves d’énergies fossiles s’épuisent.

Actuellement, deux tonnes de pétrole sont nécessaires à la production d’une tonne de

pesticide ou d'engrais chimique. Aux Etats-Unis, 79% de la consommation énergétique pour

l'agriculture se décompose ainsi : 31% pour la fabrication d'engrais non organique, 19% pour

les engins agricoles, 16% pour le transport et 13% pour l'irrigation. (Pimentel, 1994).

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La destruction des sols et la perte de la biodiversité entraîne une demande toujours

plus importante en engrais et pesticides. L’agriculture "moderne" est obligée d’augmenter sa

consommation énergétique pour maintenir sa production actuelle. Le système de production

se transforme en un serpent qui se mord la queue et à ce rythme de surconsommation

énergétique et de dégradation des milieux il n’aura bientôt plus rien à mordre ! Nous devons

repenser nos modes de production et la place accordée à notre agriculture. La permaculture est

une des solutions qui peut redonner ses lettres de noblesses à "l'art de nourrir les populations".

1.2. Historique de la permaculture

Bien qu’elle soit encore peu connue, la permaculture se développe de plus en plus à

travers le monde depuis quelques décennies. Le terme "permaculture" apparait en 1978 dans

le livre écrit par deux agronomes australiens Bill Mollison et David Holmgren "Permaculture.

Une agriculture pérenne pour l’autosuffisance et les exploitations de toutes tailles". Il provient

de la contraction de l’expression "permanent agriculture" (en anglais), utilisée pour la

première fois en 1910 par l’agronome américain Cyril G Hopkins dans son livre "Soil Fertility

and Permanent Agriculture". Dans les années 80, "l’agriculture permanente" s’étend à "la

culture permanente" tant il était évident que les aspects sociaux faisaient partie intégrante

d’un véritable système durable. En 1991, le professeur anglais de permaculture Patrick

Whitefield, suggère l’existence de deux mouvements :

la permaculture originelle qui tente de reproduire la nature en développant des

écosystèmes comestibles qui se rapprochent de leurs équivalents naturels ;

la permaculture de design qui considère les connexions fonctionnelles en service

dans un écosystème ainsi que son fonctionnement, pour développer des principes d’efficacité

énergétiques applicables à tous les types de systèmes humains (transport, construction

d’habitation, vie en société, agriculture...).

Seule la partie agronomique de la permaculture sera évoqué ici, l’aspect design ou

construction d’un "éco-village" n’étant pas intégré dans ce sujet.

Une des innovations de la permaculture est d’apprécier l’efficacité et la productivité

des écosystèmes naturels par l’observation et d’en utiliser des principes directeurs applicables

par tous. Ainsi en fonction du "perma-lieu" défini, chaque permaculteur peut développer son

propre système de principes basé sur le respect de l’éthique principale résumé par ces trois

critères : prendre soin de la Terre ; prendre soin des Hommes ; distribuer équitablement.

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Mais, ce n’est pas parce que le terme "permaculture" apparait en 1978 que ce type de

production n’existait pas avant. Il ne serait pas correct d’éluder les travaux et les

expérimentations de Masanobu Fukuoka ou de Sepp Holzer (Cf. annexes M.F et S.H), ainsi

que les pratiques des anciens qui, dans toutes les cultures, sont sources d’inspiration.

Masanobu Fukuoka (1913-2008), a consacré cinquante années de sa vie à démontrer

qu’il était possible de développer une agriculture indépendante de tout intrant chimique. Son

"agriculture naturelle" tend à l’unification spirituelle entre l’Homme et la Nature. Par ces

pratiques souvent raillées, Fukuoka a prouvé que le rendement de sa production de riz était

meilleur qu'en "agriculture classique". Cet agriculteur, sage et érudit, est l’auteur de deux

ouvrages fondamentaux (Cf. bibliographie) pour l’approche philosophique du sujet.

Sepp Holzer, expérimente ses techniques, depuis une quarantaine d’années sur un

versant de 75 hectares, dans la vallée du Krameterhof, en Autriche. C'est aujourd'hui le plus

grand perma-lieu d'Europe. Son expérience nous intéresse car elle fait face à des conditions

climatiques (froid, vent, altitude entre 1 000 et 1 500 m) et géologiques (pente forte, sol

rocailleux et peu profond) difficiles. Voire plus extrêmes que dans les monts cantaliens.

Bien que Masanobu Fukuoka ait débuté ses essais dans les années 40, l’agriculture de

nos arrières grands-parents (avant la mécanisation et l’utilisation de la chimie) se rapprochait

beaucoup des principes permaculturiens d’aujourd’hui : petites exploitations très diversifiées,

associations de plantes, importance de la place des arbres autant en élevage qu’en viticulture

par exemple. Au cours de l’histoire de l’humanité, de nombreuses civilisations ont prospéré

grâce à ce type d’agriculture respectueux de la Terre.

Une civilisation précolombienne d’Amazonie dont les origines remonteraient autours

de 800 ans avant J-C s’est développée par son agriculture forestière et une technique bien

particulière. Ces hommes ont crée la "Terra preta" : une terre noire, riche et très fertile. Pour

palier à la pauvreté des sols en forêts tropicales, ils ont recyclé leurs déchets et amendé la

terre avec ce compost particulier. Ce sol très fertile d’origine anthropique fait toujours le

bonheur des paysans brésiliens (Cf. annexe1.2.a).

Nous pourrions aussi évoquer la technique des "Trois-Sœurs" des amérindiens qui a

fait ses preuves durant des siècles (Cf. annexe 1.2.b). Mais nous ne pouvons pas continuer à

voyager à travers les continents et le temps à la recherche de l’origine, issue du brassage

génétique de tant d’espèces d’arbres, de cette "petite fleur de vie".

Toutes ces civilisations ont prospéré grâce à une agriculture extensive, raisonnée et

s’adaptant aux conditions rencontrées. Cette adaptabilité fût possible par la diversité, la

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volonté de durabilité et la constante analyse des agriculteurs basée sur un immense savoir

empirique. Le terme "permaculture" permet de rassembler toutes ces pratiques. Il véhicule la

philosophie de ce savoir empirique et peut aujourd’hui, répertorier, étudier scientifiquement

les expérimentations et en diffuser les résultats à travers le monde.

Mais elle peut bien porter le nom qu’elle veut tant que sa philosophie et ses concepts

perdurent et participent à améliorer la condition humaine. « … Lorsqu'on produit soit même

sa propre nourriture on ne gaspille plus, le tout est de pouvoir le faire bien et en quantité

suffisante. C'est, entre autre, ce que prétendent permettre l'agroécologie* et sa fille sauvage,

la permaculture. » (Debande, 2010).

1.3 Concepts permaculturaux

Partant de l’éthique principale : prendre soin de la Terre, prendre soin des Hommes et

distribuer équitablement, on pourrait pratiquement s’arrêter là pour définir ce chapitre. Après,

ce n’est qu’une question d’appréciation et d’interprétation de chacun, pour savoir jusqu’où on

veut développer et appliquer ces concepts. Les perma-lieux sont si différents, conçus et

entretenus par des permaculteurs, des agriculteurs AB*, des exploitants plus classiques, ou

encore de simples jardiniers. Chacun a sa place et doit pouvoir retirer les principes et les

applications qu’il juge "expérimentables" sur sa parcelle. Par définition, le permaculteur

applique des concepts adaptés à son milieu, la liste pourrait donc être longue !

Nous avons choisi de présenter les grandes lignes directives de quelques-uns afin

d’éviter trop d’énumérations et de définitions. Les concepts de Fukuoka, Holzer, Mollison,

Holmgren, etc., seront donc rapidement évoqués mais feront l’objet d’un travail plus complet

(Cf. annexes M.F, S.H, B.M et D.H).

Fukuoka "le sage", s’appuyait sur quatre concepts de base : pas de labour, pas de

fertilisant, pas de désherbage et pas de dépendance envers les produits chimiques. Des

cultures paillées, d’une intervention minimale et d’une réflexion permanente est née

"l’agriculture naturelle".

Holzer "le montagnard", en présente huit, résumés ainsi : Interaction et

Multifonctionnalité des éléments du système, Utilisation de l’énergie, des ressources

naturelles, des phases et des cycles du système et Exploitation de ces interfaces. Par une

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connaissance exceptionnelle de son agroécosystème*, il réussit, dans un milieu difficile, à

produire une diversité exubérante.

Mollison "le professeur", a développé un ensemble de neuf principes : Efficacité et

Circulation énergétique, Emplacement, Effet de bordure, Interaction et Multifonctionnalité

des éléments, Travailler avec la nature, Petit effort pour le plus grand changement et Le

problème est la solution. Son concept permet d'envisager un design* efficace, dans lequel on

associe à la production agricole, une importante dimension sociale et culturelle.

Holmgren "l’élève", complétera les principes de Mollison par : "Appliquer

l’autorégulation et accepter les rétroactions" et "Utiliser et répondre au changement".

Nous pourrions continuer à énumérer les nombreux permaculteurs des années 90, puis

2000 mais les bases sont maintenant bien en place. Ces différents concepts font désormais

clairement apparaître un zonage spatial du perma-lieu, autant dans la dimension horizontale

que verticale : de la canopée au sol et de l’habitation à l’espace sauvage. Ce zonage permet

d’identifier et de profiter des synergies* présentes entre tous les composants de

l’agroécosystème et laisse les cycles naturels s’accomplir.

Tous ces concepts doivent permettre au novice comme au permaculteur chevronné de

bien structurer et utiliser son espace. Leur évolution à travers le temps et les avancées

technologiques et scientifiques tendent à améliorer ses systèmes autonomes, vierges de

pollution et productifs. Issus d’un savoir empirique, ces concepts permettent une adaptation à

tous les milieux et à toutes les contraintes rencontrées tout en vulgarisant des techniques

simples et efficaces. « La conception permaculturelle est la connexion entre des choses. Ce

n’est pas l’eau, la poule ou l’arbre. C’est la manière dont l’eau, la poule et l’arbre sont

connectés. C’est à l’opposé de ce qu’on nous a enseigné à l’école. L’éducation prend chaque

chose, la pousse à part, et ne fait aucune connexion. La permaculture créé les connexions,

car dès que vous avez créé une connexion, vous pouvez nourrir la poule avec l’arbre. »

(Mollison, 1978).

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2. Relevé d’expériences des pratiques de permaculture

En milieux désertiques, tropicaux, tempérés ou montagnards, à fortes contraintes

énergétiques ou facilement desservis, la permaculture par son principe initial basé sur

l’observation, offre de telles possibilités de pratiques et d'adaptation qu'elle peut s’implanter

sur tous les continents. De nombreux agriculteurs se tournent vers ces techniques en créant

des lieux de rencontre et d'expérimentation capables de répondre aux problématiques de

l’agriculture moderne. En voici quelques exemples sélectionnés pour leur ingéniosité, leur

performance, leur capacité à nourrir une population ou leurs techniques agronomiques

innovantes, durables et viables.

2.1. A travers le monde

Nous aurions pu évoquer quantité d’exemples australiens canadiens, américains,

asiatiques, africains ou encore européens, mais nous avons préféré en détailler deux très

représentatifs de la capacité d’adaptation et de la réussite de la permaculture.

La Havane, Cuba, 1995.

Après l’éclatement du bloc soviétique par le traité de Minsk en décembre 1991, l’ex-

URSS n’alimente plus Cuba en hydrocarbures alors que l’île subit toujours le blocus

énergétique américain. Cuba perd 50% de ses importations pétrolières. Coup dur pour ce petit

pays où l'agriculture fortement mécanisée, consommait énormément d’hydrocarbures pour ses

intrants (carburants, fertilisants chimiques et pesticides). La production a chuté de manière

brutale entraînant une pénurie alimentaire catastrophique pour la population. Malgré le

développement de l’agriculture biologique n’utilisant que des fertilisants organiques, la

production restait insuffisante. C'est dans ce contexte que le projet « Urban Permaculture

Project in Havana » a vu le jour en 1995. Réalisé par l'ACF (Australian Conservation

Foundation) en partenariat avec un groupement d’associations locales et le ministère de

l'agriculture cubain, ce projet a élaboré un programme d'éducation au jardinage. Son

objectif principal étant de redonner aux 2,5 millions d'habitants de la capitale cubaine, leur

autonomie alimentaire. Le défi d’une agriculture urbaine était de taille. La forte densité de

population, l’importante production de déchets et le manque d’espace cultivable

représentaient des problématiques difficilement contournables. Mais la permaculture par sa

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philosophie adaptable et multifonctionnelle (aspects économiques, sociaux et

environnementaux) et ses techniques agronomiques de valorisation des déchets (compost) et

de forte densité de production (utilisant les associations de plantes pour un maximum de

production sur un minimum de surface) a su relever ce défi. Petit à petit des collectifs

agricoles, appuyés par le gouvernement, se sont constitués et des jardins se sont développés

sur les parkings et les toits des immeubles. L’orientation vers les énergies renouvelables et le

retour à la traction animale dans les champs ont également amélioré la situation. En 2006, soit

après à peine dix ans de permaculture, 50% des besoins alimentaires de la Havane sont

produits intramuros. D’autres villes et villages produisent jusqu'à 100% de leurs besoins et le

pays consomme 21 fois moins de pesticide.

Tout cela a été réalisable grâce à :

une subvention de départ de 26 000 $ accordée par le gouvernement cubain,

20 000 petits jardins,

70 "agents de vulgarisation" qui offrent des conseils et prêtent du matériels,

8 "maisons des semences" qui distribuent les semences nécessaires,

la mise à disposition de terres par le gouvernement.

Au-delà de cette nouvelle sécurité alimentaire, de la qualité des produits consommés

et de la faible consommation énergétique, ce projet a réussi à recréer un tissu social

d’entraide entre les habitants, notamment par la publication d’un mensuel et la valorisation

d’un système économique local à l’échelle des quartiers. La Havane est ainsi devenue un

modèle pour la sécurité alimentaire des citadins du monde.

Vallée du Jourdain, Jordanie, 1998.

Le projet "Jordan Valley Permaculture" a été lancé en 1998 à l'initiative de l'Institut de

Recherche en Permaculture d'Australie, en partenariat avec des organisations jordaniennes.

L’objectif principal est de montrer les possibilités de production avec peu de moyens et sans

haute technologie, pour que ces techniques soient reproduites par les populations pauvres des

régions désertiques. Il passe par la réhabilitation de quatre hectares d’un terrain soumis à de

fortes sécheresses et présentant un taux de salinité important. Une centaine d’habitants sont

impliquée dans le projet et les bénéficiaires indirects sont estimés à 30 000 personnes. La

faible pluviométrie (inférieure à 150 mm/an), un sol très pauvre en matières organiques,

l’absence de couvert végétal et une forte érosion éolienne sont les principales contraintes qui

définissent les deux enjeux majeurs des régions arides :

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la pénurie d’eau potable tant en quantité qu’en qualité (salinité – pollutions),

une baisse quantitative et qualitative des productions agricoles.

Après la phase d’observation et l’étude de terrain (topographie, sol, vent dominant,…)

le site s'est organisé autour d’un important réseau de canaux destiné à récupérer un

maximum d’eau de pluie utilisable pour l’irrigation des cultures plantées sur les pentes des

fossés. Les cultures profitent alors d'un sol amélioré par les fines particules de terre et la

matière organique transportées par l'eau ruisselante. Organisé en fonction des courbes de

niveau du terrain, ces canaux d’irrigation sont reliés entre eux. Ainsi les plus bas sont

automatiquement alimentés par l’excédent d’eau qui s’écoule des canaux les plus hauts. L’eau

termine sa course dans un barrage de stockage voué à l’irrigation et à la pisciculture. Une

pompe et une unité de filtration permettront également l’alimentation en eau potable des

habitants depuis le barrage. Les parties supérieures des canaux sont plantées d’arbres (genre

Casuarina, Prosopis, acacia, …). Ces derniers fournissent une grande quantité de matière

organique, contribuent à la diminution de l'évaporation de l'eau d'irrigation et du sol, limitent

l’érosion éolienne et fixent l’azote excédentaire. Les arbres fruitiers (oliviers, palmiers

dattiers, agrumes, …) sont plantés sur les parties inférieures des fossés, mieux protégées et

plus humides. La technique ancestrale de la culture oasienne en strate (arbres hauts

protégeant les agrumes qui protègent à leurs tours les cultures céréalières et potagères) est ici

améliorée par les nombreuses associations de plantes et la mise en place d’un mulch* au sol

et sur les canaux d’irrigation (couvert par des feuilles sèches de bananiers). Cette pratique

permet de conserver au mieux l’humidité du sol et d’améliorer ses propriétés biologiques et

physico-chimiques en assurant la mise en place du complexe argilo-humique*. La

consommation d'eau d’irrigation a ainsi été réduite de près de 40 %.

Pour plus de complémentarité et d'autonomie, la ferme du site s’est diversifiée dans

l’élevage de volailles et de lapins. Les animaux profitent du "jardin-forêt" (fraîcheur et

nourriture) et lui apportent un complément en matières organiques (déjections), tout en

déparasitant les cultures.

Les résultats ont été concluants. Après deux ans de conduite en permaculture les arbres

fruitiers ont eu de bons rendements. Le pourcentage de réussite dépasse les 90 %. Une des

fiertés du site est la réussite des grenadiers et figuiers malgré la salinité qui a inhibé la pousse

de ces arbres dans les fermes voisines. Les légumes implantés sous les arbres fruitiers ont eux

aussi obtenus de meilleurs rendements que ceux qui ont été cultivés hors "forêt". Les

pratiques permaculturales ont amélioré les conditions de production et la biodiversité locale.

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La ferme est depuis 2003 un centre de formation à la permaculture et un modèle pour la

gestion des ressources naturelles et agricoles en milieux arides.

2.2. En France

Bouriège, Aude, Languedoc-Roussillon, Emilia HAZELIP.

Dans les années 90, Emilia Hazelip (1937-2003) s’est installée sur un demi-hectare

dans le sud de la France. Elle y pratiquait le maraîchage sans labour et développa la culture

en buttes sur mulch, irriguée au goutte à goutte enterré, qu’elle nomma la “culture

synergétique*”. Elle s’est inspirée des techniques de Fukuoka. Ces pratiques sont bien

adaptées aux contraintes climatiques de cette région (faibles précipitations estivales et vent

séchant). Ici, l'importance accordée à la vie du sol est primordiale. Pour cela, Emilia couvrait

l'ensemble de ses cultures de mulch, de Bois Raméal Fragmenté* (BRF) et de paille. Cette

technique conserve l'humidité des sols (moins d'évaporation et d’assèchement par le vent),

limite la pousse des adventices* et réalise un apport en matières organiques carbonatées. Le

micro-climat ainsi créé et la nourriture apportée par le mulch favorisent le développement de

la pédofaune* qui joue un rôle déterminant pour l’amélioration de la qualité du sol.

Les buttes ne dépassent pas 1,5 m de large, ainsi on peut récolter les légumes depuis

les allées qui les entourent sans marcher sur les buttes. Cette pratique évite le tassement du

sol, augmente la surface d’échange (air/sol) et facilite son aération par les racines et les vers

de terre. De plus, une partie de la butte profite d’une meilleure exposition aux rayons du soleil

(pente à 45°), le sol se réchauffe donc plus vite. La hauteur des buttes, supérieure à cinquante

centimètres, permet aussi d'éviter l’asphyxie des racines en cas d’inondation.

Emilia organisait son espace cultural pour favoriser la synergie entre les plantes et

lutter contre les parasites, tout en respectant les cycles naturels des plantes. Par exemple elle

laissait les légumes non récoltés aller à maturité pour ramasser les graines où les laisser se

ressemer. Ces légumes meurent, se décomposent et retournent au sol sous forme de matière

organique. Ainsi le cycle est complet.

Elle appliquait également d’autres principes pour prendre soin du sol :

ne pas arracher les racines des légumes récoltés (sauf pour les légumes-racines),

ne jamais laisser le sol sans racines, ne pas le tasser, ni le retourner,

repiquer des plantes même à l’automne pour qu'il y ait toujours un couvert végétal,

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laisser la plante se décomposer là où elle a grandi sans l’enterrer.

Le maraîchage sur buttes irriguées, sans intrants chimiques, a permis grâce aux pratiques

synergétiques et à la protection du sol, d’obtenir de très bons rendements.

Ferme du Bec Hellouin, Seine-Maritime, Hte

-Normandie, Charles HERVE-GRUYER.

Ce projet de permaculture a été initié en 2004 par Charles et Perrine Hervé-Gruyer. Le

Bec Hellouin est également un lieu d'accueil, de rencontre et de formation (gîte, salle de

conférence, formation en permaculture, agriculture naturelle et traction animale). La ferme

biologique implantée sur seize hectares (dont douze de bois) est répartie sur deux sites

proches, où sont cultivés prés de 800 espèces végétales (fruits, légumes, plantes aromatiques

et médicinales). Une colline accueille les jardins thématiques : plantes médicinales,

aromatiques, légumes oubliés, fleurs comestibles et le verger conservatoire avec 400 variétés

fruitières. La ferme proprement dite, lieu d'accueil et de production se trouve en fond de

vallée. Les potagers y côtoient les plantes médicinales, les fleurs comestibles, les vergers et

l’élevage (abeilles, animaux de trait, volailles, porcs, lapins, ânes, moutons et poneys). La

ferme compte également plusieurs mares. La principale contrainte de l’exploitation se situe au

niveau du sol. Refusé de tout temps par l'agriculture, il est vraiment peu profond avec

seulement quinze centimètres de terre arable.

La place des animaux et de l'eau est capitale. Les jardins cultivés en buttes sur mulch

sont installés à proximité de mares pour que s’établisse une chaîne trophique profitant aux

deux écosystèmes (reptiles et amphibiens sont d’excellents auxiliaires). Les plans d'eau

équilibrent les différences de températures sur les pentes adjacentes par la réflexion et le

rayonnement, qui stimule aussi la photosynthèse. Ils augmentent l'humidité dans les cultures

et créent des zones favorables de microclimats par condensation. Les milieux intermédiaires

ou écotones* ainsi créés accueillent une grande diversité d'espèces.

Les animaux sont utilisés pour les travaux de la terre, aussi bien les chevaux de trait

que les poneys. Les volailles, lapins et porcs recyclent les restes des cultures, fournissent du

fumier et aussi de bons produits alimentaires.

A leur troisième année d’exploitation, les résultats très encourageants les incitèrent à

créer un nouveau jardin spécifique aux légumes d'hiver. La ferme produit aujourd'hui 80

paniers hebdomadaires pour une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture

Paysanne) cultivés sur une surface de 1 500 m². Les légumes supplémentaires alimentent deux

boutiques biologiques, un restaurant et leur famille de six personnes. Les techniques utilisées

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sur le premier jardin sont nombreuses et variées. Cultures en buttes sur mulch et BRF, semi-

dense, avec une grande diversité d’espèces. Les associations de plantes permettent de limiter

les attaques de parasites et alimentent le sol en matière organique afin de le faire gagner en

profondeur. Les racines fixant et aérant le sol, la préférence pour les plantes pérennes permet

également une meilleure structuration du sol. Les jardins utilisent la dimension verticale

(forêt-jardin, île-jardin). Ceci accentue l’apport de matière organique issue des arbres à

feuilles caduques et des roseaux. Le compost réalisé avec le fumier des animaux constitue

également un apport important de fertilisants organiques. L’absence de tout intrant chimique

et d’énergie fossile confère une autonomie totale. Ces pratiquent ont permis de recréer un sol

riche, profond et très productif qui atteint désormais un taux de matière organique de 16%.

Ces expériences concluantes montrent tout l’intérêt qu’on peut apporter à ce type de

production agricole et nous incitent à poursuivre nos investigations en nous rapprochant de

l’Auvergne et du département du Cantal.

3. Nos Relevés et visites dans le Cantal et territoires limitrophes

3.1 Un héritier du sage Fukuoka

Fontenille, région d’Issoire, Puy de Dôme, Philippe BOUDIAS, 2011.

Philippe est un permaculteur autodidacte qui progresse en expérimentant des

techniques, issues de ses réflexions et adaptables à son "perma-lieu" (Figure 1). La

permaculture n'étant pas immédiatement productive, il s’est lancé en maraîchage biologique

en 2007 afin d'avoir une rentrée d'argent directe. Les productions sont vendues sur les

marchés locaux, à l’AMAP et directement sur l’exploitation. Elles sont également troquées

contre un service ou un produit. Son exploitation est constituée d’une seule parcelle de cinq

hectares conduite en maraîchage, petits fruits et arbres fruitiers, sans arrosage. Un petit rucher

est également présent. La faible profondeur du sol limite ses possibilités de travail. Ce n'est

pas forcément pour cette raison, mais par soucis d'économie que Philippe effectue seulement

un passage de rotavator sur les parcelles de fraises et de légumes. Toutefois il tend à

abandonner complètement le travail du sol.

La question était donc de trouver une source de matière organique sur son terrain ne

nécessitant pas trop de travail et procurant une autonomie de fonctionnement. Philippe a

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appliqué un des grands principes de la permaculture, il a pris le temps d'observer la nature sur

son site et s'en est inspiré. Les plus grands producteurs de matière organique étant les

végétaux et plus particulièrement les arbres, la solution était toute trouvée.

Planter des arbres pour augmenter le taux de matière organique du sol. Il apporte

toujours du BRF et plante ses propres arbres dont les branchages lui fourniront bientôt ses

propres copeaux. Il notera une baisse de croissance chez les arbres repiqués.

Planter des noyaux, des pépins et des graines plutôt que des plants. Philippe préconise le

semis direct pour tout. La taille est réduite au minimum pour éviter une surcharge de travail

et limiter la sensibilité aux maladies par les blessures d’élagage.

Favoriser la diversité. Élément essentiel aussi bien dans le choix des variétés que dans le

respect de la biodiversité présente. Elle permet de faire face aux dérèglements des biotopes*.

Plus il y aura d’espèces, moins la pression des maladies sera élevée : principe de résilience*.

Casser la pente. Deux grandes terrasses permettent deux types de biotope. Une zone au sol

profond plantée d’arbres et des plantes grimpantes sur pergolas. Une zone au sol peu profond

plus caillouteuse réservée aux plantes aromatiques qui profitent de la chaleur et de l'effet

drainant du microclimat rocailleux. (Figure 2).

Cultures sur buttes. La culture sur buttes d’Emilia Hazelip ne fut pas une réussite chez lui.

Absence d’arrosage et caractère séchant des buttes peu larges. Il va remblayer entre ses butes

et les élargir, afin de créer des petites terrasses de culture de légumes sous arbres. (Figure 3).

Éviter le désherbage. Philippe commercialise une production abondante de très bonne

qualité : une tonne de fraises sur quatre raies de 100 mètres chacune et 500 kg de framboises

sur deux raies de 100 mètres. Pour ne pas désherber entre les raies, il plante des arbres et

couvre de BRF (Figure 4).

Créer des tuteurs permanents pour les tomates. La taille représentait un travail important.

Il a cessé cette pratique et en a observé les conséquences : trop de travail de tuteurage. Il a

donc conçu un système de tuteurs permanents en bois (Figure 5).

Superposer les cultures, utiliser la dimension verticale. Considérer le jardin en volume

plutôt qu’en surface, par l’installation de pergolas et de supports d’où il fait grimper des

légumes au dessus des autres. (Figure 6).

Philippe a pour objectif d’abandonner petit à petit la production de petits fruits et de

légumes pour se consacrer uniquement aux arbres fruitiers, dès que ceux-ci seront en pleine

production. Déjà très autonome (pas d’intrants chimiques, utilisation sporadique du tracteur),

il le sera encore plus lorsqu’il produira son propre BRF. Ses observations, ses réflexions et ses

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expérimentations permanentes lui permettent aujourd’hui de vivre de sa passion pour les

arbres tout en appliquant sa philosophie et ses concepts issus de la permaculture. Une

approche plus complète de notre visite chez Philippe est disponible (Cf. annexe P.B).

3.2 Un élevage en plein air, un élevage Couderc

Maurs, Cantal, Pierre COUDERC, 2011.

Éleveur bio de bovins Salers sur une quarantaine d’hectares dans le sud du Cantal,

Pierre Couderc assouvit sa passion en conduisant son troupeau de 65 têtes de manière

réfléchie et raisonnée. Il a mis en place et expérimente, plusieurs pratiques qui découlent de

l’adaptation de la permaculture à la production bovine cantalienne. Les principales, ciblées

sur l’espace, les cultures et l’élevage sont décrites ci-après :

- L’aménagement de l’espace

Points d’eau : sur l’ensemble des parcelles, Pierre a investi dans le captage et la création de

mares. Les animaux peuvent s’abreuver, même en périodes sèches prolongées. Il gagne ainsi

du temps et n’a pas de coût de transport pour apporter de l’eau à ses bêtes.

Plantation de haies et entretien des existantes : Pierre en a replanté plus de deux kilomètres

les haies maintiennent l’humidité du sol, limitent l’érosion, coupent le vent du nord et

améliorent le bien-être de son troupeau. Elles produisent également des fruits pour diversifier

sa production. Gestion de la châtaigneraie : il plante des châtaigniers et valorise le capital

existant. Il participe à la création d’une nouvelle coopérative bio locale qui maintient un tissu

social autour de "l’activité châtaigne".

Partage des terres : Pierre prête 5 000 m² de terrain à une maraîchère passionnée, une partie

d’un bâtiment à un artisan du bois et accueille les ruches d’un apiculteur bio local.

- Les cultures

Association de plantes : en cultures céréalières ou fourragères, il expérimente cette pratique,

pour combiner au mieux les qualités et aptitudes de chaque essence sur un même espace.

Engrais vert : lors de la préparation des terres pour les cultures céréalières, il sacrifie une

pâture afin d’enfouir le couvert végétal existant pour enrichir le sol.

Blé panifiable : cette année, il se lance dans la production de blé bio panifiable, pour se

diversifier et contribuer à la création d’une filière pain bio locale.

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- L’élevage

Plein air intégral : la particularité de son élevage est bien celle-là. Les animaux sont toute

l’année dehors. Pas de coût spécifique aux bâtiments d’élevage, gain de temps (pas de travail

de raclage), bien-être animal (le cheptel est plus résistant aux maladies) et plus grande

souplesse dans la conduite du troupeau permettant des courtes périodes d’absence.

Connaissance du troupeau : Pierre passe beaucoup de temps à observer et à étudier les

comportements et les habitudes de ses bêtes. Ces périodes d’observation peuvent être

considérées comme une perte de temps par certains. Elles lui permettent d’assouvir sa passion

pour ses animaux, le bien-être de l’éleveur est aussi important que celui du cheptel. En effet,

Pierre "ne va pas voir ses bêtes, mais se considère comme un invité dans leurs parcelles ".

Cette pratique lui apporte une excellente maîtrise de la hiérarchisation du troupeau et lui en

facilite, à la fois la gestion et la détection de problème. Une maladie repérée dès les premiers

symptômes pourra être traitée par homéopathie. Ainsi le stress de l’animal malade est limité

et ne se propage pas aux autres, les coûts de traitement et de vétérinaire s’en voient réduits et

les animaux évitent un traitement lourd et contraignant.

Pâturage tournant : le système de plein air intégral, impose une gestion réfléchie des

rotations de pâtures. Pierre optimise le développement cyclique naturel des herbacées, pour

éviter le surpâturage (épuisement de la parcelle) et le sous-pâturage (fermeture du milieu par

les plantes ligneuses).

Ces pratiques s’imbriquent et se complètent harmonieusement, elles optimisent les

espaces tout en diversifiant les productions. Pour Pierre, le principal objectif est de travailler

au maximum avec la nature, de jouer sur les atouts de son système d’exploitation et d’en

réduire les contraintes tout en optimisant ses productions. Ce système largement réfléchi, en

perpétuelle évaluation et critiqué au quotidien par l’agriculteur lui-même est toujours en

évolution. Il considère son système non comme un aboutissement, mais comme une ouverture

en perpétuel mouvement. Ses réflexions et ses aménagements lui permettent d’améliorer,

d’optimiser, de diversifier, de valoriser ses productions et de participer au développement du

tissu social rural local. De plus il limite ses intrants et conserve une biodiversité riche.

En respectant les trois critères : prendre soin de la Terre, des Hommes et distribuer

équitablement, Pierre est devenu un exemple à suivre dans la conduite d’un troupeau de

salers. Il est la preuve que chacun peut travailler dans cette voie sans forcément connaître la

permaculture. La réflexion, la volonté et le bon sens suffisent !

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3.3 La diversification ou l’exemple CAUMON

Leynhac, Cantal, Sylvain CAUMON, 2011.

Cette exploitation située en châtaigneraie cantalienne présente trois productions

certifiées biologiques : un troupeau allaitant composé de 50 mères de race Limousine, des

volailles (300 poulets de chair sur l’année) et un verger de 9 ans composé de 100 pommiers

en pleine production. De nombreuses applications de permaculture sont présentes.

La filière bois : copeaux, haies et verger. Sur les 80 hectares, dix-huit sont boisés. Cette

surface et l’important maillage de haies, ont permis de valoriser la ressource bois. Utilisée

sous forme de copeaux, elle permet de chauffer l’habitation et fait office de litière pour les

vaches. Un broyeur appartenant à une CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel

Agricole) départementale est utilisé pour produire les copeaux. Le coût du broyage est de

180€/heure avec un rendement d’environ 40 m3/heure. Sur l’exploitation, le besoin en

copeaux pour la litière est d’environ 150 m3 par an, c’est-à-dire qu’une demi-journée de

broyage suffit à renouveler les stocks pour l’année. Le bois, broyé encore vert, sèche en

tas, à l’abri, par fermentation. Pour la litière, les copeaux sont issus de branches de bois blanc

(peu ou pas de tanin). Une sous-couche drainante de quinze centimètres d’épaisseur est mise

en place sur la partie aire paillée avant la rentrée des animaux, en début d’hiver et une fois en

février lors du curage du bâtiment. Une couche de paille est apportée tous les deux jours à

l’aide d’une pailleuse. De plus, une sous-couche de copeaux est également étalée au godet sur

la zone de raclage tous les deux jours (environ 1 m3).

Ces copeaux ont plusieurs atouts, notamment pour le bien être animal. Leur fort pouvoir

drainant (1 m3 de copeaux = 350 litres d’humidité pompée), permet l’absorption des jus, ce

qui créé une ambiance asséchante et une meilleure hygiène dans le bâtiment. Les animaux

sont moins sales, il y a moins de maladies et d’accidents (glissades), le milieu est plus sec

mais aussi un peu plus froid. Les veaux nécessitent un paillage plus important qui conservera

mieux la chaleur. Avec ce fort pouvoir de rétention des jus, pas d’effluent liquide (lisier ou

purin) donc pas besoin de fosse de stockage. Le fumier obtenu se composte aussi bien que le

fumier classique et peut être épandu de la même manière, avant un labour ou avant un semi

direct. Par contre il ne faut pas l’enfouir immédiatement pour laisser les copeaux restants se

décomposer en milieu aérobie*. L’épandage doit se prévoir bien en amont du travail du sol.

Les haies remplissent plusieurs fonctions. Brise-vent pour les parcelles exposées au vent d’est

séchant, elles protègent les cultures. La différence entre l’orge en plein vent et l’orge à l’abri

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de la haie est flagrante. Les nouvelles haies serviront de corridor pour la faune sauvage

(hermine, renard, lieux d’affût pour les rapaces). Le BRF, utilisé au pied des plantations

nouvelles, présente malgré tous ses avantages un inconvénient de taille, il attire les rats-

taupiers qui se délectent des jeunes racines dans un terrain meuble et sec. Les principales

essences locales utilisées dans ces haies sont : le châtaigner, le merisier, le tilleul, l’érable, le

chêne rouge, le noisetier et le houx.

Le verger de pommiers est irrigué par gravité à l’aide de rigoles qui, contrairement au

système de goutte à goutte, ne concentrent pas l’eau sur une petite surface. Les arbres sont

taillés en plateau, plutôt en sève montante pour faciliter la cicatrisation. Les volailles se

chargent du nettoyage du verger et de sa fertilisation. Les pommes sont transformées sur

l’exploitation en jus et cidre.

Le poulailler est également très bien réfléchi et conçu pour une fonctionnalité maximale.

Construit dans le prolongement de l’étable, mais à un niveau inférieur (limite le transfert de

maladie), les volailles profitent du refus des vaches et de leur chaleur. Il donne directement

sur le verger. Les perchoirs dominent une aire paillée qui donnera un bon fumier. L’utilisation

des copeaux en litière n’est ici pas conseillée car les poules les mangent et leurs déjections

plus sèches ne nécessitent pas une telle litière.

La terre devenue tellement dépendante aux engrais chimiques azotés a besoin de

quelques années (trois à cinq) pour retrouver un cycle naturel et une production compétitive.

L’épandage du compost de copeaux aide le sol à mieux passer cette phase de "sevrage

chimique". Sylvain a retrouvé en quelques années, un taux de matière organique de 4%.

Ici aussi la réflexion et l’expérimentation permanente rejoignent les concepts de la

permaculture. Pas d’intrants chimiques. Valorisation des déchets (compostage des fumiers,

refus des vaches dirigé vers le poulailler, utilisation des plumes dans le compost, …).

Diversification : transformation (jus de pomme, cidre, …), atelier d’abattage pour les

volailles, "filière châtaignes" locale, vente directe, gîtes. Valorisation du capital bois.

Réflexion paysagère : aménagement d’un maillage bocager, protection de la biodiversité,

corridors biologiques. Utilisation d’auxiliaires (volailles dans le verger). Qualité des produits

(cheptel bovin, volailles, fruits, …). Distribution locale et maintien du tissu social.

Par l’efficacité de ses applications liées à la permaculture, Sylvain nous a démontré la

viabilité agro-écologique, économique et sociale de son exploitation. Encore un exemple

innovant à mettre en avant.

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Après une production végétale chez Philippe, un élevage Salers chez Pierre et une

diversification polyculture-élevage chez Sylvain, nous aurions pu évoquer Christophe et ses

expérimentations sur l’élevage et la sève de bouleau (Cf. annexe C.V). Mais ce dernier ayant

une "double casquette" (enseignent et agriculteur), nous avons privilégié les exploitants qui

vivent exclusivement de leurs activités agricoles.

4. Applications possibles dans le Cantal

Après avoir retiré la "substantifique moelle" de nos recherches et de nos rencontres, il

nous faut maintenant, observer et déceler les "interactions fonctionnelles" de notre "perma-

lieu", le département du Cantal. Ainsi nous pourrons, nous aussi, tenter l’expérimentation en

proposant quelques "graines" d’applications qui pourraient germer et se développer sur les

terres cantaliennes et peut être coloniser d’autres territoires.

4.1. L’agriculture conventionnelle et biologique dans le Cantal

L’agriculture cantalienne est évidemment touchée par les différentes problématiques

mondiales. L’intensification cause des modifications environnementales : destruction

d’espaces naturels remarquables (zones humides) et pollutions (eau, sol, air). Le système

agricole actuel pousse à l’intensification, à l’agrandissement des grosses exploitations au

dépend des petites fermes. Seules les plus grosses exploitations survivent en phagocytant les

plus petites (Figure. 1). D’où la diminution du nombre d’exploitations (Figure. 2) et d’actifs

agricoles et finalement la détérioration du tissu social rural. Le nombre d’exploitations

cantaliennes a été divisé par trois en cinquante ans (Figure. 3). Parallèlement, la surface

agricole utile (SAU) moyenne a été multipliée par 2,3 (Figure. 4). La disparition

d’exploitations s’additionne aux contraintes financières (augmentation du prix de l’hectare et

des capitaux) ce qui créé un frein à la reprise et à l’installation de nouveaux actifs.

Le territoire du Cantal, milieu de moyenne montagne, a suivi le modèle intensif.

L’agriculture s’est axée sur quelques productions (production allaitante et laitière) tout en

délaissant certaines jugées moins rentables. Aujourd’hui 95 % de la SAU du département est

herbagère, le reste représente principalement des cultures de céréales et de maïs fourrager.

Ces aliments nourrissent plus de 460 000 bovins, soit 84 % de la production agricole. Un

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agriculteur produit en moyenne 15 fois plus qu’il y a 100 ans. Cette productivité accrue, due

essentiellement à la mécanisation, a pour conséquence directe l’effondrement du nombre

d’actifs vivant de l’agriculture. En effet il y a 100 ans, 91% de la population cantalienne

vivait de l’agriculture, contre seulement 20% aujourd’hui. Dans le même laps de temps le

département a perdu 90 000 habitants.

Le modèle intensif n’est pas cautionné par l’ensemble des exploitants. Une minorité

n’adhère pas à ce système et s’oriente vers l’agriculture biologique* ou encore vers

l’agriculture paysanne*. Ils limitent leurs dépendances, leurs impacts sur l’environnement et

favorisent le développement social et économique local. Cependant, si l’agriculture paysanne

reste un état d’esprit, une philosophie, l’agriculture biologique s’organise autour d’un cahier

des charges précis, qui permet de recenser les agriculteurs engagés. Ils sont encore trop

minoritaires (Figure. 5) pour changer significativement les choses. Mais une réelle phase de

transition est aujourd’hui visible aussi bien dans les pratiques quotidiennes que dans les

mœurs. Ces exploitants, généralement installés sur de petites structures, tendent vers une

agriculture durable, raisonnée et diversifiée. Le plus souvent ils transforment leurs produits et

les commercialisent directement à la ferme ou en circuits courts et locaux. On recense une

centaine de producteurs biologiques répartis sur les 6 633 hectares engagés en AB : un peu

moins de 2% de la SAU cantalienne. Ils sont engagés sur des productions très diverses telles

que : le maraîchage, l’élevage caprin, ovin et bovin, en viande, lait ou fromage, l’élevage

porcin, l’héliciculture, la viticulture ou encore la production de bière.

Largement minoritaires en nombre et en surfaces exploitées, ces producteurs par leur

diversification, leur investissement minimum en intrants et la valeur ajoutée de leurs produits

transformés arrivent à vivre correctement sur de petites exploitations. Pour exemple, un

éleveur bovin viande (race salers) peut bénéficier d’une plus-value bio de 15 à 30 % par

rapport à un éleveur conventionnel. Bien que l’effectif des producteurs bio ne soit pas très

important on note une progression significative ces dernières années : plus 25% entre 2007 et

2009 (Vigier, 2011).

Le territoire du Cantal présente de bonnes prédispositions pour certaines applications

permaculturales. La topographie de moyenne montagne, caractérisée par des paysages

vallonnés à accidentés, limite la taille des exploitations, accentue le morcellement des

parcelles et permet la présence de zones boisées. Le climat cantalien subocéanique frais*

offre une pluviométrie intéressante pour l’agriculture même si les périodes de sécheresse

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relative reviennent plus régulièrement. Les types de sols permettent une bonne rétention d’eau

sur socle volcanique basaltique et sont généralement composés d’une forte proportion de

matières organiques. On parle d’un sol riche au-delà de 4% de matières organiques. Dans le

Cantal la moyenne dépasse les 6% et peut atteindre les 20% sur des prairies permanentes

d’estive. Le type d’agriculture essentiellement basé sur l’élevage bovin permet une

souplesse d’adaptation plus importante qu’une production monoculturale céréalière.

Enfin, un atout déterminant du territoire pour un soutien et une expérimentation aux

pratiques de la permaculture, le dynamisme et l’implication de la chambre d’agriculture du

Cantal qui s’investit dans une agriculture durable, raisonnée et respectueuse de

l’environnement.

4.2. Applications pour les exploitations cantaliennes

Nous avons choisi de présenter plusieurs applications adaptables à de nombreux type de

productions sous forme de tableau. Ainsi chaque agriculteur, en fonction de ses objectifs de

production et de sa localisation pourra choisir parmi les applications qui lui correspondent.

Issues de nos réflexions et du bon sens permacultural, ses applications doivent permettre à

l’agriculteur de tendre vers une production raisonnée. La réduction des intrants, la recherche

de la qualité des produits, la diversification, la valorisation des productions en circuit court et

la protection de l’environnement sont les objectifs principaux que nous avons essayé de

mettre en avant par ses applications. Afin d’en faciliter la lecture et la compréhension, les

modalités technico-économiques de ces propositions n’apparaitront pas dans les tableaux.

Pour une approche plus approfondie en fonction des applications choisies, se référer aux

annexes correspondantes dans le livre II.

Aménagement Point d'eau.

Avantages Humidité relative, biodiversité, gain de temps, économie de carburant et d’eau.

Inconvénients Parasites (douve en élevage). Eau stagnante en cas de sécheresse.

Applications Élevage, maraîchage, grandes cultures, arboriculture, apiculture.

Exemple Les points d'eau de Pierre lui évitent de déplacer une tonne à eau.

Aménagement Semi-direct. Annexes P.B (p. 26) et conduite de troupeau (p. 64).

Avantages Bien adapté au climat et au sol. Limite le travail du sol et l’érosion.

Gain de temps et d'argent. Pas de stress de repiquage (maraîchage).

Inconvénient Pratique relativement lente à porter ses fruits.

Application Élevage, maraîchage, grandes cultures, arboriculture.

Exemple Philippe sème ses salades et plante ses arbres à partir de noyaux.

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Aménagement Haies. Annexes haie bocagère (p. 41) et BRF (p. 53).

Avantages

Production bois (chauffage, œuvre, BRF, …). Production fruits (transformation,

valorisation). Biodiversité (auxiliaire de culture).

Protection des cultures, du cheptel, des sols et des ressources en eau.

Inconvénients Possibilité d'échec à la plantation (rats-taupiers, stress hydrique, thermique).

Effet non immédiat : plusieurs années (brise-vent). Entretien annuel.

Applications Élevage, maraîchage, grandes cultures, arboriculture, apiculture.

Exemple Sylvain exploite sa haie pour la production de coupeaux (litière, chauffage).

Aménagement Associations de plantes. Annexes c.d.t (p. 64) et cultures inter. (p.71).

Avantages

Complémentarité de production, d’utilisation de l’espace, d'apport et de

prélèvement dans le sol. Production plus homogène sur l'année.

Protection contre les ravageurs (accessibilité des plantes ciblées).

Inconvénient Préparation des mélanges de semences contraignante.

Application Élevage, maraîchage, grandes cultures, arboriculture, apiculture.

Exemple Exemple des trois-sœurs (annexe 1.2.b, p. 4).

Aménagement Favoriser la biodiversité. Annexe Biodiversité (p. 37).

Avantages

Accueil des auxiliaires de culture. Lutte biologique : gain de temps et d'argent.

Réactivité des parcelles face aux ravageurs : les prédateurs sont déjà présents.

Participation à la protection de la biodiversité patrimoniale.

Inconvénient Nécessite le temps d'installation des prédateurs.

Application Élevage, maraîchage, grandes cultures, arboriculture, apiculture.

Exemple Bandes enherbées, mares, arbres morts, muret, tas de pierres, bordures,…

Aménagement Élevage holistique. Annexe élevage holistique (p. 58).

Avantages Augmentation de la qualité et de la production des prairies. Ameublissement du

sol par le piétinement. Reconstitution d'un réseau trophique associé.

Inconvénients Manipulation fréquente du troupeau, demande du temps.

Exemple Système de rotation de Pierre, 3 à 4 jours par paddocks.

Aménagement Cultures intercalaires. Annexe cultures intercalaires (p. 71).

Avantages Accueil des auxiliaires de culture. Protection du sol. Plus de production sur une

même parcelle. Couvert végétal permanent.

Inconvénient Matériel adapté pour le semi.

Application Élevage, maraîchage, grandes cultures, arboriculture.

Exemple Pierre expérimente les mélanges de semences pour ses prairies.

Aménagement Cultures sur buttes. Annexe S.H (p. 13).

Avantages Réchauffement de la terre plus rapide. Évite le tassement du sol. Facilite les

associations de plantes sur une surface réduite. Favorise les échanges air/sol.

Inconvénients Plus de surface de contact avec le vent, assèchement.

Application Maraîchage, arboriculture.

Exemple Ferme du Bec Hellouin, Emilia Hazelip, Sepp Holzer.

Aménagement Diversification des productions.

Avantages Résilience du système agricole et de l'économie face aux aléas. Répartition des

productions entre les différents agriculteurs d'une même région.

Inconvénients Demande plus de connaissances techniques et nécessite une valorisation.

Application Toutes les filières.

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23

4.3 Diagnostic de deux exploitations innovantes

Pour se faire une idée plus précise, voici un résumé de l’évaluation de deux

exploitations. Réalisé annuellement par la Chambre d’Agriculture, le diagnostic économique

(logiciel Diapason de l’institut de l’élevage) permet de suivre l’évolution des exploitations

des réseaux d’élevage. Nos deux producteurs Bio qui s’appuient sur certaines techniques

exposées précédemment, présentaient globalement, en 2010, une bonne viabilité économique.

L’analyse des données Diapason nous permet de visualiser les points forts et les faiblesses de

chacun (Cf. Tableau Diagnostic).

L'élevage en plein air intégral rapproche Pierre Couderc de la permaculture. Il lui

procure plus d'autonomie et de temps libre qu’un élevage conventionnel et replace l'animal

dans son environnement originel. Pierre a rencontré quelques difficultés en 2010 (sécheresse,

absences répétées) qui ne lui ont pas permis de conduire son troupeau de manière optimale.

Ces difficultés expliquent en partie, la faible productivité de ses bêtes. Pierre pourrait essayer

de mieux valoriser sa production de viande Bio mais les débouchés locaux ne lui permettront

pas forcément d’améliorer ses marges brutes. Il compense sa faible valeur ajouté par des

charges opérationnelles très basses. Cette gestion lui permet d'avoir plus de souplesse et de

temps pour s'investir localement, dans des actions culturelles et sociales.

Pour Sylvain Caumon c’est plutôt l’aspect diversification / valorisation de ses

produits qui le rapproche de la permaculture. La transformation et la vente directe lui

permettent d’écouler ses productions en circuit court et d’en tirer une plus-value conséquente.

Toutefois, il reste très dépendant de certains intrants, notamment les concentrés alimentaires

pour ses limousines. Mais il ne cherche pas forcément à tendre vers une autonomie totale. Il

faut d’ailleurs replacer cette dépendance aux concentrés dans son contexte. L’année 2010 fut

difficile et les aménagements du bâtiment principal ne lui ont pas permis de se consacrer

entièrement à ses productions. Le système diversifié de Sylvain réclame une attention

quotidienne et ne procure pas une souplesse de gestion comparable à celle de Pierre. Il est

d’ailleurs sur le point d’embaucher un salarié.

Ces deux exploitants utilisent, sans forcement le savoir, des techniques liées aux

principes de la permaculture. L’ouverture d’esprit, la réflexion, la motivation et la bonne

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connaissance de leurs agroécosytèmes ont permis à ces agriculteurs d’adapter des pratiques en

fonctions de leurs attentes respectives. Ces pratiques, rattachées à la permaculture, leur

procurent une meilleure autonomie, une production de qualité, un système stable et durable et

une viabilité économique. Mais pour être optimales, elles demandent une diversification des

productions et des pratiques engagées. En effet, il faut s’attendre à une diminution des

rendements les premières années, avant de retrouver un niveau correct de production. Les

rendements moins importants mais plus réguliers, peuvent cependant être compensés par la

qualité des productions et leur valorisation. Sans cesse il faut se remettre en question et

expérimenter pour tendre vers la durabilité et l’autonomie du système. Tout en favorisant et

respectant la nature et l’homme, ces agriculteurs participent activement au développement

économique, social et environnemental du territoire.

Mais pour atteindre ses objectifs, la réflexion et le cheminement doivent se faire étape

par étape. Dans les pratiques proposées, certaines ne demandent que peu de moyens et ne

remettent pas en cause le fonctionnement global de l’agroécosystème. Un premier pas peut,

par exemple, être la prise de conscience sur le rôle prépondérant joué par les haies et la

biodiversité. Les applications qui en découlent sont faciles à intégrer et peu coûteuses. Elles

permettront de se faire un premier avis sur l'efficacité des services rendus par la nature et les

interconnexions entre les différents éléments du système. L’observation et l'analyse devront

alors apporter des réponses aux besoins en utilisant les ressources produites par

l'agroécosystème. Certes, cette démarche demande du temps et de l’investissement personnel.

Les résultats ne seront pas visibles en quelques mois, mais le Cantal reste un territoire où la

nature sauvage est encore bien présente et préservée. La biodiversité naturelle sera d’autant

plus réactive aux aménagements si ces derniers sont en sa faveur.

La diversification demande également un engagement total. En plus des connaissances

techniques variées, il faut faire preuve d’innovation et avoir une volonté à toute épreuve pour

faire face aux jugements extérieurs trop hâtifs. C'est l'une des clés de la réussite pour atteindre

un système durable et autonome. Encore une fois, le Cantal est tout prédisposé à la

diversification de part sa très forte spécialisation actuelle.

La Chambre d’Agriculture cantalienne sera un bon support technique et humain pour

les agriculteurs qui souhaiteraient expérimenter les propositions permaculturales que nous

venons de présenter.

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Conclusion

février 2012, le constat énergétique, social, environnemental ou encore agricole, de la

planète ne s’est pas amélioré. Pourtant à travers nos recherches, nos rencontres et nos

réflexions, beaucoup de choses ont changé. Nous sentons qu’avec cet outil appelé

permaculture, une des solutions qui permettrait un rééquilibre de la situation est réellement à

porter de main. Des applications simples et peu coûteuses qui auront leur importance dans

le contexte global, peuvent facilement être adoptées par une grande partie d’agriculteurs

(conventionnels, biologiques et paysans) et de jardiniers. Toutefois nous sommes conscients

qu'il existera toujours des freins techniques, sociologiques ou philosophiques aux

changements.

Cependant, Après l’observation et l’analyse des présentations non exhaustives des

permaculteurs, des perma-lieux et des applications, la réflexion pour l’étape suivante devrait

commencer à germer. Telle notre petite graine, qui aura besoin d’un agroécosystème stable

pour bien se développer, l’utilisation des applications devra être bien réfléchie afin d’apporter

le maximum d’interactions possibles entre les éléments présents.

L’expérimentation, la réflexion permanente et l’échange avec autrui sont les bases

de la réussite de toutes modifications d’un système de production. Face à l'évolution future de

l'agriculture, les agriculteurs se doivent d'être en éveil et curieux pour accomplir la tache

complexe qui leur incombe : nourrir les populations. Cette dernière ne pourra se faire qu’avec

un maximum d'autonomie et de résilience dans un système durable. C’est pourquoi l’apport

technique et les conseils de la chambre d’agriculture seront déterminants pour l’application,

sur le terrain, des quelques propositions que nous avons choisi de présenter.

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Bibliographie

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Le Poireau préfère les fraises.

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WHITEFIELD Patrick.

Créer un jardin-forêt.

Une forêt comestible de fruits, légumes, aromatiques et champignons au jardin.

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Comment Cuba a survécu au pic pétrolier.

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Connaître le fonctionnement de la plante pour mieux gérer son environnement.

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SARTHOU Véronique.

Biodiversité dans les agroécosystèmes. Intervention (promotion 2011-2012).

SYRPHYS.

VIGIER Vincent.

L’Agriculture Biologique dans le Cantal / Agriculture et Paysage.

Intervention/sortie terrain (promotion 2011-2012).

Chargé de mission sur l’Agriculture Biologique à la Chambre d’Agriculture du Cantal.

Vidéo

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Culture de la terre en synergie :

L'agriculture synergétique profondément respectueuse du sol vivant expliquée pas à

pas.

1995. DVD vidéo : 30 min. Éditions : LAS ENCANTADAS.

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Voir aussi

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Maraîchage : de la bonne gestion des mauvaises herbes.

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COULOMBEL Aude.

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Revue : Alter Agri n°108. 7-8/2011. 3 pages (p. 29-31).

Pour en savoir plus : www.fermedubec.com

Edu Tranfer Design Associates and Haywire Creative. La forêt comestible et la polyculture de verger.

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Édition : Conseil Canadien de la gestion d’Entreprise Agricole (CCGEA).

http://www.farmcentre.com/Francais/Features/ScienceInnovation/Article.aspx?id=f4c3665c-

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Le concept de durabilité à travers une relecture de l'histoire agricole romaine.

Revue : El Watan. 10/08/2009. 4 pages.

Groupe conseils agricoles de l'Abitibi, Québec. (Canada).

GOMEZ Christelle.

Agronomie - Fiche n° 7 : L’enherbement permanent en agriculture biologique. Fiche RMT DévAB. Chambre d’Agriculture 82. 2009. 4 pages.

Éditions : Réseau Mixte Technologique "Développement de l’Agriculture Biologique"

http://www.devab.org rubrique publication.

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"Kitab al Filaha" le livre de l’agriculture. XIIe siècle.

Traduit de l’arabe par J-J. CLÉMENT-MULLET de la Société Impériale d’Horticulture.

Édition originale: Librairie A. Franck – Paris. 1866. Tome II. 460 pages

Ouvrage couronné par la société impériale d’agriculture de Paris.

LAKER Laura.

La permaculture : Jardiner comme la nature.

Revue : L’écologiste n°31. 20/03/2010. 2 pages (p. 64-65).

ROY Réjean.

Le jardin auto-fertile (JAF) : le chicot : un allié important.

Revue : BIO-BULLE n°30. 01/04/2001. 2 pages (p. 16-17).

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Un jardin collectif en permaculture.

Revue : Les 4 saisons du jardinage n°131. 01/11/2001. 5 pages (p. 19-23).

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Glossaire

A.

Adventice : nom féminin - (adventices).

L'adventice désigne la « mauvaise herbe » (terme peu à peu délaissé à cause de la mauvaise

image qu'il véhicule). Pour les botanistes, elle correspond à une espèce étrangère au milieu

dans le quel elle a été introduite.

Agriculture biologique : locution nominale - féminin – sigle AB.

L’agriculture biologique est une méthode de production basée sur le respect du vivant et des

cycles naturels, qui gère de façon globale la production en favorisant l’agroécosystème mais

aussi la biodiversité, les activités biologiques des sols et les cycles biologiques. Pour atteindre

ces objectifs, les agriculteurs biologiques doivent respecter des cahiers des charges et des

règlements qui excluent notamment l'usage d’engrais chimiques de synthèse et de pesticides

de synthèse, ainsi que d'organismes génétiquement modifiés.

Agriculture paysanne : locution nominale - féminin.

L'agriculture paysanne s'inscrit dans les critères de durabilité, de respect de l'environnement et

de conservation du tissu social. Cette vision n'a pas qu'un rôle de production, mais aussi un

rôle social, environnemental et de maintien de la qualité des produits. Il s'agit d'une démarche

de progression, ce n'est pas un label comme le bio, il n'y a donc pas de règles ou de cahiers

des charges à suivre pour obtenir cette mention. Elle s'appuie sur une charte de dix principes :

répartir les volumes de production afin de permettre au plus grand nombre d'accéder

au métier et d'en vivre,

être solidaire des paysans du monde,

respecter la nature,

valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares,

rechercher la transparence dans les actes d'achat, de production, de transformation et

de vente des produits agricoles,

assurer la bonne qualité gustative et sanitaire des produits,

viser le maximum d'autonomie dans le fonctionnement des exploitations,

rechercher les partenariats avec d'autres acteurs du monde rural,

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maintenir la diversité des populations animales élevées et des variétés végétales

cultivées,

raisonner à long terme et de manière globale.

Agroécologie : Nom féminin - (agroécologies).

Regroupe les relations et interactions entre les activités agricoles et l'écologie. Elle est à la

base d’un système global de gestion d’une agriculture multifonctionnelle et durable, qui

valorise les agroécosystèmes, optimise la production et minimise les intrants. Elle joue tant

sur les stratégies écologiques que sociologiques. Les trois principes de base :

s'appuyer sur les savoirs traditionnels fermiers, et sur un ensemble de techniques

adaptées aux conditions et aux ressources locales,

promouvoir la diversité écologique et économique dans le but de répartir et diluer les

risques, conserver voir même enrichir les ressources naturelles, et accroitre la

souplesse du système agricole,

permettre son accessibilité et sa maitrise par les moins riches, en diminuant les couts

liés aux investissements matériels, et en accroissant l'indépendance énergétique.

Cette approche incorpore une analyse et une compréhension scientifique des principes

biologiques et des écosystèmes qui régissent une ferme à un endroit donné (Debande, 2010).

Agroécosystème : nom masculin - (agroécosystèmes).

Écosystème modifié par l'homme afin d'exploiter une part de la matière organique produite.

Objet d'étude de l'agroécologie : « ensemble agricole fonctionnellement et spatialement

cohérent, incluant ses composantes vivantes et non-vivantes ainsi que leurs interactions. »

(University of Guelph, 1996)

Aérobie : adjectif invariant en genre - (aérobies).

Qualifie les organismes vivants ou microorganismes ayant besoin d'air, d'oxygène, pour vivre

ou pour dégrader la matière organique.

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Allélopathiques : adjectif - féminin - (allélopathique).

Définit l'ensemble de plusieurs interactions biochimiques directes ou indirectes, positives ou

négatives, d’une plante sur une autre (micro-organismes inclus). Ces échanges se font au

moyen de composés allélochimiques qui jouent un rôle important dans :

- la compétition aux ressources environnementales (eau, lumière et substances nutritives),

- l’armement chimique de défense des plantes contre leurs prédateurs,

- la coopération intra- et interspécifique.

B.

Bioaccumulation : nom féminin - (bioaccumulations).

Désigne la somme des absorptions d'un polluant par voie directe et alimentaire par les espèces

animales aquatiques ou terrestres. En écologie le phénomène de bioaccumulation renvoie à

l'augmentation de la concentration en éléments chimiques à chaque niveau supérieur de la

chaîne trophique.

Biofilm : nom masculin - (biofilms).

Communauté de microorganismes multicellulaires plus ou moins complexes vivant en

symbiose.

Biome : nom masculin - (biomes).

Entité biogéographique définie par ces paramètres physiques, climatiques et par les sociétés

végétales présentes.

Biotope : nom masculin - (biotopes).

Ensemble de facteurs biotiques (interactions du vivant sur le vivant dans un écosystème) et

abiotiques (facteurs physico-chimiques d'un écosystème) formant un milieu stable et

homogène pour une biocénose (espèce) type.

B.R.F. ou Bois Raméal Fragmenté : locution nominale - masculin.

Coupeaux de jeunes rameaux de feuillus issus de taille de haies ou d’élagage. Epandus en

mulch ces copeaux constituent une véritable révolution agronomique. En effet, l'extrémité des

branches concentre 80% des nutriments des arbres. Ils sont pour la plus part facilement

dégradable sauf la lignine (matériau carbonaté constituant la rigidité du bois). La lignine

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dégradée par les champignons est à l'origine d'une forte production d'humus et stimule

considérablement la vie du sol. L’apport d'humus couplé à un fort réseau de champignons

améliore le sol qui retient mieux l'eau et les éléments nutritifs. Le BRF est également utilisé

comme litière pour les animaux, support de plantation, compost, chauffage, etc.

C.

C.A.H. ou Complexe Argilo-Humique : locution nominale - masculin.

Processus naturel d'attraction des éléments chimiques (Cations : Ca²+,Mg²

+, K

+,...) autour des

éléments minéraux et organiques du sol (minéraux argileux et humus). Ces cations

s'échangent avec les solutions du sol et les plantes. Ce complexe absorbant, crée par les

microorganismes vivants, fixe les nutriments essentiels à la fertilité des sols.

Chaîne trophique : locution nominale - féminin - (chaînes trophiques).

Ensemble des relations qui s’établissent entre des organismes en fonction de la façon dont

ceux-ci se nourrissent. Comprend des producteurs (algues, par exemple), des consommateurs

primaires (herbivores), des consommateurs secondaires (carnivores) et des décomposeurs (ou

détritivores). Les polluants qui ne se dégradent pas ou peu (métaux lourds) vont se concentrer

au sommet de la chaîne trophique, chez les prédateurs. On parle aussi de chaîne alimentaire.

Condition pédoclimatique : locution nominale - féminin - (Conditions pédoclimatiques).

Ensemble des facteurs se rapportant au type de sol influençant la végétation. Mériaux (1979)

puis Girard et Dufaure (1988) présentent un "bilan pédoclimatique". Aux bilans climatiques

classiques (précipitations, évapotranspiration potentielle, ruissellement superficiel, drainage

en profondeur), ils rajoutent, au niveau de chaque unité de sol, les remontées capillaires et les

variations du stock d’eau. Un tel bilan permet de définir le déficit hydrique réel. Dans ce cas,

il s’agit bien d’une combinaison de données climatiques et de données pédologiques.

Culture synergétique : locution nominale - féminin - (cultures synergétique).

Pratique agricole issus des recherches du micro-biologiste Japonnais Masanobu Fukuoka. La

culture synergétique se base sur la création et la valorisation des échanges entre chaque

élément de la culture : le sol, la faune et microfaune, la flore spontanée,... Ainsi le sol s'auto-

fertilise et se travail de lui même par l'action combinée de chacun des éléments de

l'agroécosystème.

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E.

Écotone : nom masculin - (écotones).

Limite entre deux écosystèmes ou zones de transition s'étendant sur plusieurs centaines de

mètres ou centaines de kilomètres. Cette limite offre une diversité de biotopes due aux

variations des paramètres thermiques, hydriques ou pédologiques. La grande diversité des

écotones est aussi due à l'interpénétration de la faune et de la flore provenant des biomes

contigus. Les écotones, impactés par les activités humaines ou par les variations thermiques,

hydriques ou pédologiques, vont se déplacer par translation vers le biome le plus en équilibre.

« Les marges des biomes forestiers ont été fortement affectées par les activités agricoles et

pastorales qui ont réduit l’extension des formations végétales boisées au profit des prairies,

des plantations, des champs ou des espaces urbanisés. » (Hugonie, 2004).

Eutrophisation : nom féminin - (eutrophisations).

Du grec "trophi" : aliment/nutriment et "eu" : excessif.

Enrichissement excessif d'une eau en matières nutritives (sels minéraux) provoquant la

perturbation de l'équilibre biologique des eaux par désoxygénation des eaux profondes.

Effet direct : forte biomasse de phytoplancton et d’algues dans les couches supérieures des

eaux qui empêche la pénétration de la lumière.

Effets indirects : dans les couches inférieures, les animaux et les microorganismes

Consomment l’oxygène jusqu’à sa disparition et meurent. Les plantes n’ont plus accès à la

lumière, elles n’assurent plus leur activité photosynthétique et meurent.

I.

IFEN : sigle acronymique français.

Institut Français de l’ENvironnement. Ancien service à compétence nationale du ministère de

l’Ecologie crée en 1990. Il a été dissous par un décret publié au journal officiel le 29

novembre 2008 et ses missions redistribuées au Commissariat général au développement

durable et au service de l'observation et des statistiques du ministère, sous tutelle de l’état.

L'IFEN collectait des données environnementales ou d'intérêt environnemental.

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M.

Métabolite : nom masculin - (métabolites).

Un métabolite est un composé organique intermédiaire issu de la dégradation d’une molécule

active. Ici on parle de métabolites pour les molécules issues de la dégradation des pesticides.

Certains métabolites sont bien plus toxiques et peuvent avoir une durée de vie bien plus

longue que la molécule active initiale. Exemple : l’atrazine-déséthyl est un des métabolites de

l’atrazine, herbicide de la famille des triazines.

Météorisation : nom féminin - (météorisations).

Augmentation du volume de l'abdomen des ruminants par accumulation de gaz dans le tube

digestif. Ce phénomène est fréquent chez les ruminants, notamment les bovins. Les gaz de

fermentation des aliments, notamment le méthane, peuvent s'accumuler dans la panse. Elle

peut être provoquée par un arrêt de la rumination (en cas de frayeur, ou d’obstruction de

l'œsophage par un corps étranger) ou par l'ingestion de certaines plantes (légumineuses). La

météorisation peut entraîner la mort rapide de l'animal par asphyxie.

Mulch : nom masculin (d’origine anglaise).

Couche de matériaux organiques couvrant et protégeant le sol aussi appelé paillis. Le paillage

joue un rôle important dans tout système de jardinage sans bêchage ou de culture sans labour.

Les objectifs du mulch :

protéger le sol des variations thermiques et le garder meuble en améliorant sa

structure,

ralentir l'évaporation de l'eau induite par le vent et le soleil,

améliorer la texture du sol et l’enrichir par l'apport de matières organiques carbonatées

et de nutriments issus des matériaux du paillage (N, P, K),

limiter la pousse des adventices par interception des rayons lumineux nécessaires à la

germination,

abriter une pédofaune utile.

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N.

Niche écologique : locution nominale - féminin - (niches écologiques).

Un des concepts théoriques de l’écologie qui traduit à la fois : la position occupée par un

organisme, une population ou plus généralement une espèce dans un écosystème et la somme

des conditions nécessaires à une population viable de cet organisme. La niche écologique

représente en quelque sorte l'adresse et la fonction de l'espèce au sein de l'écosystème.

P.

Pédofaune : nom féminin - (pédofaunes).

Du grec pedon « sol ». Faune du sol : c’est l'ensemble de la faune effectuant tout ou une partie

de son cycle de vie dans le sol. En fonction de la taille des espèces, on la divise en

macrofaune, mésofaune ou microfaune.

Pollution ammoniacale : locution nominale - féminin - (pollutions ammoniacales).

Pollution par les composés à base d’azote (N). Responsable de l'eutrophisation. Origine : à

98% agricole, lors de l'épandage de composés azotes (déjections animales, engrais), une partie

est rapidement volatilisée sous forme ammoniacale (NH3) et sous forme d'oxyde d’azote

(NOx). Emissions en France en 2008 : 746 kt dont 731kt pour l’agriculture (SNIEPA, 2010).

Protoxyde d’azote : nom masculin - (protoxydes).

Composé chimique gazeux de formule N2O soit deux atomes d’azote pour un d’oxygène. Il

est classé comme polluant par le protocole de Kyoto. C'est le quatrième plus important gaz à

effet de serre. Origine : à 85% agricole, lors de l'épandage de composés azotés (déjections

animales, engrais), une partie est volatilisée tardivement sous forme N2O. Emissions en

France en 2008 : 214 kt dont 178 kt pour l’agriculture (SNIEPA, 2010).

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R.

Report COM47 (2010) : abréviation.

Rapport européen sur l’eutrophisation de l’année 2010. Tous les états membres ont transposé

la directive nitrate dans leur législation et mis en place un réseau de contrôle établissant un

code de bonnes pratiques et désignant des zones vulnérables.

Résilience : nom féminin - (résiliences).

En écologie, la résilience est la capacité d'un écosystème ou d'une espèce à récupérer un

fonctionnement ou un développement normal après avoir subi un traumatisme. Plus les bases du

système sont diversifiées et structurées, plus la capacité de récupération sera importante. Ce terme était

au départ utilisé pour définir la résistance des matériaux aux chocs. Puis en psychologie pour décrire

un phénomène d'adaptation d'un individu aux chocs traumatiques.

Ripisylve : nom féminin - (ripisylves).

Étymologiquement du latin ripa, "rive" et sylva, "forêt". Elle représente l'ensemble des

formations boisées, buissonnantes et herbacées présentes sur les rives d'un cours d’eau. Les

ripisyles sont généralement des formations linéaires.

S.

SNIEPA : sigle acronymique français.

Système National d'Inventaire des Emissions de Polluants dans l'Atmosphère.

Mis en place par le ministère du Développement durable en 2006, il permet à la France

d’estimer les émissions des principaux polluants atmosphériques par les différents secteurs

d’activité. La couverture géographique est la France métropolitaine.

Subocéanique : adjectif singulier - (climat subocéanique frais).

Climat intermédiaire entre le climat océanique et le climat continental caractérisant

notamment les versants du Massif Central orientés à l’ouest. Il se décline en deux sous

ensembles : subocéanique frais (ouest Massif Central de moyenne montagne) et subocéanique

humide et froid (ouest Massif Central au dessus de 1 000 mètres d’altitude). Ce type de climat

caractérise la majeure partie du Cantal. Des précipitations élevées de 1 200 à plus de 2 000

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mm de pluie par an, provenant de l’influence océanique, mais le niveau d'ensoleillement est

assez élevé avec une moyenne de 2 080 heures/an à Aurillac.

Synergie : nom féminin - (synergies).

Mise en commun de moyens qui se renforcent entre eux pour aboutir à un même but.

T.

Tanin : nom masculin - (tanins).

Substance organique très abondante dans les écorces de certains arbres. Les tanins jouent le

rôle d'armes chimiques défensives contre certains parasites. Certains tanins auraient des

propriétés antioxydantes. Capables de former des complexes avec les macromolécules et

particulièrement avec les protéines ils sont utilisés en pharmacologie, tannage (protection du

cuir), clarification des vins, …

Technique de BONFILS :

Marc BONFILS, a été un des premier avec Emilia HAZELIP a adapté les techniques de

culture de FUKUOKA en climats tempérés. Exemple : Culture de céréales d’hiver

(particulièrement le blé d’hiver) : le sol n’est jamais travaillé. Couvert végétal permanent

(trèfle blanc). Semis du blé en faible densité (60 cm entre chaque grain toute direction) afin de

favoriser la formation des tiges parallèles et la pénétration du soleil. Semis pré-récolte en

début d’été afin de laisser le temps à la céréale de se constituer un bon système racinaire.

Tous les résidus de culture (paille) sont laissés en surface, servant de paillis, d’apport en

matière organique et de nourriture pour les microorganismes.

Peu de biblio, un petit livret présentant la méthode Fukuoka telle que développée et adaptée

en France par Marc BONFILS. http://www.permaculturefrance.org.

Terpène : nom masculin - (terpènes).

Nom générique d'hydrocarbures végétaux produits par de nombreuses plantes en particulier

les conifères. Ce sont des composants majeurs de la résine et de l’essence de térébenthine. Les

terpènes ont deux propriétés fondamentales. Odoriférantes (le géranium par exemple), et du

fait de l'alternance de simples et doubles liaisons qui caractérise cette molécule, ils

interagissent avec la lumière.