Penseurs et acteurs de l'écologie de 1830 à 1935

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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité" Penseurs et acteurs de l’écologie et de l’altercroissance de 1830 à 1935 Étienne Godinot 21.06.2016

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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité"

Penseurs et acteurs de l’écologie et de l’altercroissance

de 1830 à 1935

Étienne Godinot 21.06.2016

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Quelques penseurs et acteursde l’écologie et de l’altercroissance

Parmi les diaporamas sur ce site Internet figurent

cinq « diaporamas -trombinoscopes" :

1 - Penseurs et acteurs de la non-violence+ Annexe sur les « Justes »,

2 - Penseurs et acteurs d’alternatives économiques,3 - Penseurs et acteurs de l’écologie et de l’altercroissance 4 - Penseurs et acteurs d’un changement sociétal5 - Chercheurs de sens ou spirituels

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Quelques penseurs et acteursde l’écologie et de l’altercroissance

Ce classement en cinq familles pour des raisons pratiques est bien sûr peu satisfaisant.

Chacune des figures présentées pourrait figurer, la plupart du temps, dans plusieurs familles à la fois.

Un répertoire alphabétique permet de chercher chaque personne dans une des familles, à partir de son année nom et de son année de naissance.

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Quelques penseurs et acteursde l’écologie et de l’altercroissance

Cette suite de brefs portraits, présentés par ordre d’année de naissance des personnes concernées, n’a pour but que d’ouvrir la tête et toucher le cœur :- montrer au lecteur l’ampleur et la richesse des réflexions et des actions vers un nouveau type de développement et de société, - et lui donner envie de faire davantage de recherches sur les auteurs qui l’intéressent.

La sélection des personnes retenues parmi une quantité considérable de chercheurs, penseurs et acteurs et le contenu de leur présentation (en caractères relativement gros, et, dans la grande majorité des cas, sur l’espace d’une seule diapositive) ont été faits selon des critères qui présentent évidemment une grande part de subjectivité.

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John Muir

(1838-1914), écrivain états-unien, né en Écosse. Ingénieur dans l’industrie, puis conducteur de ferry, berger, gardien de troupeau, ouvrier en scierie, arboriculteur et viticulteur, escaladeur. Parcourt à pied 1500 km en Amérique du Nord. Un des premiers naturalistes modernes, militant de la protection de la nature. Acquiert à raison, contre l’avis d’un scientifique, la conviction que les glaciers ont sculpté la Yosemite Valley et ses environs. Obtient pour cette région le statut de parc national. Observe les plantes, les arbres, les animaux, les écosystèmes, voyage dans l’Alaska et l’Arctique, écoute et veut préserver "le chant du monde". Fonde en 1892 le Sierra Club, qui est à ce jour une des plus importantes organisations de protection de l'environnement aux États-Unis.

« Prenez n’importe quelle chose dans la nature, vous verrez qu’elle est reliée au reste du monde. »

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Julius Hensel

(1844-1903), chimiste, agronome, médecin et pharmacien allemand. En 1894, publie l’ouvrage Brot aus Steinen (Bread from Stones, « Le pain issu des pierres ») exposant les effets bienfaisants de la fertilisation par la poudre de roche, un sous-produit du cailloutis métallifère des revêtements routiers. Ce livre, qui fait penser un danger sur l’industrie naissante des engrais chimiques, disparaît rapidement, acheté et détruit par ceux qui craignent sa concurrence.Cette poudre, obtenue par un excellent procédé de broyage à froid qui en préserve les énergies intrinsèques, est composée en majorité de roches éruptives (granit, basalte, etc.) présentant un large spectre minéral. Lorsqu’ils sont répandus, oligo-éléments et sels favorisent une riche vie bactérienne.

La poudre de roche a été utilisée ensuite avec des résultats impressionnants par John D. Hamaker (1914-1994) et Donald A. Weaver aux Etats-Unis (The survival of civilisation, 1975), puis par Barry Oldfield en Australie pour la plantation d’abres

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Vladimir Vernadsky

(1863-1945), minéralogiste et chimiste russe, l'un des fondateurs de la géochimie moderne (avec le chimiste Victor Goldschmidt). A travaillé sur les effets des radiations solaires et cosmiques sur l'ensemble des organismes vivants.

Définit en 1926 la notion de biosphère, dans une optique bio-géologique et écologique, posant comme hypothèse que la vie est une force géologique qui transforme la Terre.

Premier à envisager scientifiquement l'impact de l'activité humaine sur le climat, il est cependant peu écouté à une époque où l'on pense que la nature était dotée de capacités de régénération inépuisables.

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Vladimir Vernadsky

Le modèle que Vernadski propose pour notre planète se compose de cinq différentes couches en interaction :- la lithosphère, noyau de roche et d'eau ; - la biosphère constituée par la vie ; - l'atmosphère, enveloppe gazeuse constituant l'air ; - la technosphère résultant de l'activité humaine ; - la noosphère ou sphère de la pensée.

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Albert Chappellier

(1873-1949), ingénieur agronome, docteur ès sciences naturelles, directeur de la station de zoologie agricole au Centre national de recherches agronomiques (Versailles). En 1912, avec le lieutenant Hemery et quelques "ornithophiles" , dénonce le massacre des macareux moines à Perros-Guirrec et persuade le Préfet des Côtes d'Armor de prendre un arrêté afin d'interdire ces pratiques. Initiateur de la Réserve ornithologique des Sept-Îles (1912). Administrateur (1914-1949) de la Société nationale d’acclimatation de France(devenue ensuite Société nationale de Protection de la Nature - SNPN) dont il crée une section, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) co-organisateur du 1er Congrès internatio-nal de protection de la nature (1923).

La LPO a pour objectif « la protection des oiseaux et des écosystèmes dont ils dépendent et, en particulier, la faune et la flore qui y sont associées ». Elle est le représentant officiel de BirdLife International en France depuis 1993.

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Charles-Jean Bernard

(1876-1967), Suisse, docteur ès-sciences physiques et naturelles de l’Université de Genève. Conservateur à l’Herbier de Leyden, aux Pays-Bas, chef des laboratoires botaniques du jardin de Buitenzorg (1905-1937) dans la ville de Bogor à Java (ex-Indes néerlandaises). Président de la Ligue suisse pour la protection de la nature (1935-1955). Fondateur et président (1948-1954) de l’Union internationale pour la protection de la nature, créée en juillet 1948 par convention internationale signée à Fontainebleau sous les auspices du gouvernement français et de l’UNESCO, et devenue l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

L’UICN, observateur auprès de l’AG de l’ONU, représente plus de 1 200 organisations membres dans 140 pays dont 800 organisations non gouvernementales et près de 11 000 scientifiques et spécialistes volontaires au sein de six Commissions, plus de 1 000 professionnels travaillant dans 45 bureaux dans le monde entier.

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Ehrenfried Pfeiffer

(1899-1961), chimiste, ingénieur en électricité et agronomeallemand. Prend contact puis collabore étroitement avec Rudolf Steiner au Goetheanum de Dornach (Suisse), où se trouve le centre des anthroposophes. Met en place un laboratoire de recherche biochimique à Dornach. Dans les années 1930, participe en Angleterre à de nombreuses conférences sur l’agriculture biologique, rencontre notamment sir Albert Howard et lord Northbourne.

À la demande d’un groupe d’anthroposophes américains de Spring Valley, se rend aux États-Unis en 1933 afin de promouvoir la biodynamie. Fonde un institut de recherche et invente un procédé très novateur de compostage des déchets urbains et industriels. Met au point deux techniques, la cristallisation sensible du chlorure de cuivre et la morpho-chromatographie, censées permettre de visualiser les "forces formatrices éthérées"et la "vitalité" des aliments cultivés en agriculture biodynamique.

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Joseph Lanza del Vasto

(1901-1981). Écrivain, poète, artiste, philosophe et militant, de père sicilien et de mère flamande. En 1936, passe plusieurs mois près de Gandhi. Fonde en 1948 les communautés de l’Arche, axées sur la simplicité de vie, la révision des besoins, le travail des mains, la solidarité, la quête spirituelle et la non-violence.

Dans ce qu’il appelle le "péché originel", discerne "l’esprit de profit, de lucre et de domination". Au milieu des "Trente Glorieuses", affirme que "la croissance des pays modernes est incompatible (…) avec la survie".

Penseur et praticien de la simplicité volontaire, de la libération intérieure et de la joie de vivre. A concrètement expérimenté la décroissance et la non-violence : les communautés de l’Arche constituent un véritable laboratoire pour un vivre ensemble respectueux de la singularité de chacun, soucieux de l’impact minimal sur l’écosystème, préventif des tensions entre les peuples.

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Hans Jonas

(1903-1993), philosophe allemand d’origine juive. En 1933, fuit l’Allemagne nazie pour Londres, puis la Palestine. Combat avec les Alliés, enseigne à l’Université hébraïque de Jérusalem, puis à la New School for Social Reserach à New-York.

Affirme que le pouvoir énorme conféré à l’homme par la technoscience appelle une nouvelle forme de responsabilité. Doit être interdite toute technologie qui comporte le risque de détruire l’humanité.

« Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre le plus longtemps possible ».

Le principe responsabilité (1979)

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Marion King Hubbert

(1903-1989), géophysicien états-unien. Travaille notamment dans les laboratoires de recherche de Shell à Houston. A apporté de nombreuses contributions dans les domaines de la géologie et de la géophysique.

En 1956, lors d'une rencontre de l'American Petroleum Institute à San Antonio, au Texas, fait la prédiction que la production globale de pétrole aux États-Unis atteindra son

maximum aux alentours de 1970, avant de commencer à décroître. Devient célèbre quand on s'aperçoit qu'il a raison, en 1970. La courbe qu'il a employée dans son analyse est connue sous le nom de courbe de Hubbert, et le moment où elle atteint son maximum le pic de Hubbert.

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René Dumont

Agronome français (1904-2001), premier candidat écologiste aux élections présidentielles en 1974.

Montre que le développement est le résultat de plusieurs facteurs qui interagissent : argent, engrais, semences, relations sociales, statut des femmes.

A dénoncé avant tout le monde les dégâts de la « révolution verte » à base de chimie et de monoculture intensive.

Pronostique que le litre de pétrole à la pompe ne cesserait pas d’augmenter, est un des premier à entrevoir les dégâts écologiques et sociaux de la mondialisation libérale.

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Nicholas Georgescu-Roegen

(1906-1994), mathématicien et économiste roumain.

Ouvre la voie à la bioéconomie, pont entre les sciences biologiques et économiques.La thermodynamique éclaire le processus économique en démontrant que les ressources naturelles s’épuisent, la biologie aussi en révélant la vraie nature du processus économique.

Les sociétés industrielles sont condamnées à la décroissance en raison de la loi physique de l’entropie.

Elles auront opté pour une existence excitante, mais brève…

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Arne Naess

(1912-2009), philosophe norvégien, Résistant puis militant de la paix, fondateur de la revue Inquiry.

Fondateur du mouvement de l’écologie profonde (deep écology). Cette approche* rompt avec une vision anthropo-centrique de l’écologie et critique non seulement les conséquences de notre modèle de société (pollution, épuisement des ressources, etc.), mais les valeurs au fondement même de ce type de société.

La technologie ne peut pas résoudre seule les problèmes environnementaux, il faut aussi un changement dans les consciences, les représentations du monde et les comportements.

* déformée et caricaturée notamment par Luc Ferry dans son essai Le nouvel ordre écologique (1992)

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Jacques Ellul

(1912-1994), professeur d’histoire du droit, sociologue français, théologien protestant, auteur de 60 ouvrages. Affirme dès 1935 que la croissance économique n’est pas synonyme de dévelop-pement humain. Principales affirmations : - La société moderne sa caractérise par le gigantisme : la concentration de la production, de la population, de l’État, du capital.- La technique n’est plus un moyen destiné à une fin, mais un phénomène autonome qui échappe de plus en plus au contrôle de l’homme : - La sacralisation de la technologie repose sur une idéologie et un “bluff technologique”.

“J’ai montré sans cesse la technique comme étant autonome, je n’ai jamais dit qu’elle ne pouvait être maîtrisée”

Voir aussi J. Ellul in trombinoscope Chercheurs d’é cologie

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Masanobu Fukuoka

(1913-2008), agriculteur japonais. Microbiologiste, spécialiste en phytopathologie, travaille au Bureau des Douanes de Yokohama, à la Division de l'Inspection des Plantes. Doute des progrès apportés par l'agriculture scientifique (dépendante du travail de la terre, des engrais et des pesticides chimiques), et démissionne de son poste. Développe une “agriculture naturelle”, inspirée de ses racines culturelles zen, taoïste, shinto, bouddhiste, dans le sens d'une unification spirituelle entre l’homme et la nature. À partir des années 1980, mondialement reconnu, multiplie les conférences et les rencontres internationales. Sa ferme devient un lieu d'échange sur ses pratiques pour les experts venus du monde entier.

« Répandre de la paille (...) est le fondement de ma méthode pour faire pousser le riz et les céréales d'hiver. C'est en relation avec tout, avec la fertilité, la germination, les mauvaises herbes, la protection contre les moineaux, l'irrigation. »

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Barry Commoner

(1917-2012), biologiste états-unien, professeur de physiologie des plantes pendant 34 ans à l'Université Washington. À la fin des années 1950, suite à ses travaux sur la présence de strontium-90 radioactif dans les dents de lait des enfants, s'engage dans la lutte contre les essais nucléaires.

A établi ses quatre lois de l'écologie : 1- Chaque chose est connectée aux autres. Il y a une seule écosphère pour tous les organismes vivants et ce qui affecte l'un affecte tous les autres. 2 - Chaque chose va quelque part. Il n'y a pas de déchets dans la nature, et il n'y a pas un ailleurs où l'on puisse jeter les choses. 3.- La nature sait. Le genre humain a développé la technologie pour améliorer la nature, mais un tel changement tend à être nocif pour le système. 4 - Dans la nature, pour chaque gain il y a un coût, et toutes les dettes seront payées.

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Edgar Pisani

(1918-2016), Français, Résistant, plus jeune sous-préfet de France en 1944. Gaulliste de gauche, ministre de l’Agriculture, joue un grand rôle dans la définition de la politique agricole commune de la CEE. Constate aujourd’hui les impasses de l’agriculture industrielle à base de produits chimiques et la libre circulation des denrées agricoles et alimentaires.

« J'ai été, quant à moi, productiviste… hier. Ce qui se passe, aujourd'hui, m'inspire plus d'inquiétude que d'espoir. À vouloir forcer la terre, nous prenons, en effet, le risque de la voir se dérober. À vouloir mondialiser le marché, nous faisons fi du besoin que tous les peuples ont de vivre à leur manière du travail de leurs terres. À industrialiser le travail agricole, nous chassons des paysans dont les villes et les usines ne savent plus que faire.L’agriculture industrielle ne peut nourrir le monde (…) La PAC doit être supprimée »

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James Lovelock

Né en 1919, penseur britannique, scientifique et environnementaliste indépendant, spécialiste des sciences de l'atmosphère. Dans un article en 1972, expose sa théorie scientifique selon laquelle la composition de l'atmosphère terrestre est régulée par les êtres vivants, notamment les bactéries.

Ses articles publiés en 1974, en collaboration avec Lynn Margulis, exposent l'hypothèse Gaïa.

Elle fut accueillie avec beaucoup d'indifférence et suscita vingt ans plus tard de nombreux débats. La Geological Society of London lui décerne la médaille Wollaston en 2006 pour la "création d'un champ d'études entièrement nouveau en sciences de la terre", la science du système Terre.

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James Lovelock

(Gaïa est le nom de la déesse identifiée à la Déesse mère dans la théogonie du poète grec Hésiode au VIIIème siècle avant J.-C.)

L’hypothèse Gaïa avait déjà été évoquée par Johannes Kepler (1571-1630), selon qui la totalité de la matière terrestre vivante sur Terre (ou sur toute planète sur laquelle la vie s'est développée) fonctionne comme un vaste organisme possédant une autorégulation qui adapte en permanence la planète à ses besoins.

Lovelock est membre de l'Association des Écologistes Pour le Nucléaire (AEPN), car il estime que cette industrie est bien moins dangereuse pour Gaïa que l'usage des combustibles fossiles et que les craintes qui entourent l'industrie nucléaire sont irrationnelles.

Images : - Buste considéré comme celui Hésiode (copie romaine d’un original grec)

- Johannes Kepler

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Cornelius Castoriadis

(1922-1997), philosophe, économiste et psychanalyste français d’origine grecque.

Dénonce le conformisme généralisé et le délabrement intellectuel de la société. Veut construire une "démocratie radicale" instaurant l’égalité politique entre les citoyens. Selon lui, l’écologie n’est pas seulement la défense de l’environnement, mais la capacité de vivre et de décider ensemble, de reprendre le pouvoir par rapport à des désirs qui nous sont imposés par un système. Le développement de l’autonomie par la démocratie ne se conçoit pas sans une autolimitation issue de la délibération et de la décision collective. La réalisation d’une société de décroissance implique de décoloniser notre imaginaire.

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Cornelius Castoriadis

« Une société montre son degré de civilisation dans sa capacité à s’autolimiter. »

« Nous sommes à un croisement de chemins de l’histoire . Un chemin apparaît d’ores et déjà clairement tracé. C’est le chemin de la perte du sens, de la répétition de formes vides, du conformisme, de l’apathie, de l’irresponsabilité et du cynisme. (…) L’autre chemin devrait être ouvert pas un réveil social et politique, une renaissance du projet d’autonomie individuelle et collective, c’est-à-dire la volonté de liberté. »

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André Gorz

(1923-2007), philosophe et journaliste français.

Rejette la logique capitaliste d’accumulation de matières premières, d’énergies et de travail, critique de la société de consommation, l’individualisme hédoniste et utilitariste, appelle à repenser le travail.

Considère la sobriété, également appelée simplicité volontaire, comme une nécessité pour lutter contre la misère.

« La décroissance est un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, d’autres rapports sociaux, une autre civilisation »

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Majid Rahnema

(1924-2015), Franco-iranien né à Téhéran, diplomate et ancien ministre, représente l’Iran à l’ONU de 1957 à 1971. En 1971, crée un Institut d'Études du Développement Endogène, inspiré par les idées éducatives de Paulo Freire, pour entamer un projet de développement de base avec les paysans de Lorestan, une province d’Iran. Travaille sur les questions de pauvreté et les processus de production de la misère par l’économie de marché. Ami d'Ivan Illich et de Rajagopal PV, participe aux réflexions sur le développement.

Affirme que la misère (impossibilité d’accéder à des moyens de subsistance) chasse la pauvreté (mode de vie basé sur la sobriété). Le soi-disant « développement » a été en fait une politique de suppression des anciens savoirs et réseaux de subsistance.

« Le principe de suffisance – Assez, mais jamais trop – doit prendre la relève de l’idéologie du Toujours plus. »

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Serge Moscovici

(1925-2014), Français né en Roumanie, fondateur de la psychologie sociale européenne, directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences sociales de Paris, pionnier de l’écologie politique en France. Compagnon de route de René Dumont puis de Brice Lalonde. Un des fondateurs de Génération Écologie.

Met en avant le rôle des minorités actives dans le changement nécessaire. Recommande la prise en charge par les écologistes des questions quotidiennes de mode de vie et leur investissement politique local qui permet ces expérimentations.

« Comment les individus sont-ils entraînés par les processus de masse, et pourquoi leurs capacités de résistance sont-elles aussi faibles ? »

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Ivan Illich

(1926-2002), né de père croate et de mère allemande. Études en Italie et aux Etats-Unis. Parle couramment 12 langues… Prêtre, estime qu’entre le préservatif et la bombe atomique, l’Église se trompe de cible… Fonde en 1961 à Cuernavaca (Mexique) le Centre pour la formation interculturelle.

- Un moyen technique efficace (ex.: autoroute) crée un monopole et empêche les moyens plus lents de remplir leur fonction.

- Les grandes institutions de nos sociétés deviennent contre-productives : la pharmacie nuit à la santé, la voiture en ville fait perdre du temps, la surinformation abêtit, etc.

- Préconise, pour remplacer la machine, des outils conviviaux qui acceptent plusieurs fonctionnalités.

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François Partant

(1926-1987), économiste français, banquier spécialiste du développement.

Découvre sur le terrain et dénonce des aberrations des politiques de développement menées dans les pays du tiers-monde (Iran, Madagascar, Sud-Yémen, etc.)Voit les impasses dans lesquelles s’engage un système économique en voie de mondialisation,Juge le système non réformable, ce qui implique la nécessité d’alternatives radicales

Un des premiers à lancer l’idée d’un après-croissance.

Son livre La fin du développement, naissance d’une alternativ e ? analyse l'idéologie du progrès, traite de la crise comme d' un blocage du système, et de l'agriculture comme l'espoir d'une reconstruc tion.

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Edward Teddy Goldsmith

(1928-2009). Philosophe, écologiste, fondateur en 1968 de Survival International, association de défense des peuples premiers, et en 1969 de la revue The Ecologist.

Prix Nobel alternatif en 1991 pour ses efforts en vue d’élever la prise de conscience écologique.

« C’est l’effondrement de l’économie qui nous obligera à réduire notre impact destructeur sur l’environnement et permettra peut-être, même si cela crée beaucoup de chômage et de souffrance, d’inverser notre propre vision du monde. Celle d’une société réellement durable, capable de satisfaire nos vrais besoins essentiels et spirituels, de préserver l’ordre du monde naturel, l’ordre spécifique du vivant »

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Alexandre Grothendieck

(1928-2014), Né à Berlin, père juif mort à Auschwitz. Naturalisé français en 1971, a passé la majorité de sa vie en France. Lauréat de la médaille Fields en 1966, refondateur de la géométrie algébrique, un des plus grands mathématiciens du 20ème siècle.

Dénonce la guerre du Vietnam, la militarisation de la recherche et l'orientation mortifère du développement technoscientifique, démissionne pour cette raison de l’Institut des hautes études scientifiques. Professeur à l’université de Montpellier. Végétarien, soutient les objecteurs de conscience. Cofondateur avec Pierre Samuel et Claude Chevalley et animateur de 1970 à 1975 du mouvement écologiste et de la revue Survivre et Vivre.

« La collaboration de la communauté scientifique avec l'appareil militaire est la plus grande honte de la communauté scientifique d'aujourd'hui. C'est aussi le signe le plus évident de la démission des savants devant leurs responsabilités dans la société humaine. »

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Pierre Gevaert

Né en 1928, agronome et agriculteur belge. En 1957, crée la société Lima, marque de produits alimentaires biologiques et diététiques qu'il dirige pendant 30 ans. À partir de 1979, participe à l'organisation de la filière "bio" et à l'élaboration des réglementations officielles.

En 1993, initiateur d'un éco-village dans le Lot-et-Garonne. À 80 ans, sillonne encore les villages du Sénégal pour encourager la renaissance des traditions ancestrales (compostage, protection contre l'érosion des sols, etc.) en y associant des techniques écologiques modernes : électricité éolienne, cuisson solaire, etc.

« Nous devons soigner la nature, panser ses blessures, nourrir les générations présentes et futures, y retrouver la convivialité et l’entraide qui naissent aussitôt que la vie reprend du sens. La proportion des ruraux et des citadins devrait être de 80 % de ruraux et 20 % de citadins »

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Raoni Metuktire

Né vers 1930, un des grands chefs du peuple des Kayapos vivant au cœur d'une réserve protégée sur le territoire du Brésil. Figure internationale emblématique de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de la culture indigène. Reconnaissable au labret traditionnel qui lui distend la lèvre inférieure et qu'il arbore avec grande fierté.

En février 1989, opposant au projet de barrage de Kararao. La tournée qu’il entreprend avec le chanteur anglais Sting dans 17 pays en 1989 lui permet de diffuser son message à l'échelle planétaire.

« Les animaux, les plantes, les rivières sont en danger. Les maltraiter, c’est ne pas réfléchir correctement. Sans forêt, il n’y aura plus d’ombre, les vents vont se lever, la terre s’assécher, il y aura de grands feux, mais plus d’eau ni de nourriture ».

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André Pochon

Né en 1931, agriculteur français breton, retraité en 1991. Met en avant les dégâts écologiques de l'agriculture productiviste, notamment la culture du maïs ou les élevages hors-sol. Ce système économique pénalise avant tout les agriculteurs, mono-actifs, donc dépendants de leurs fournisseurs, et poussés à un endettement très fort. Démontre aussi que le productivisme a fait perdre à l'Europe son indépendance alimentaire, contrairement aux idées reçues.

Promoteur de l'agriculture paysanne et durable. Préconise l’élevage des vaches sur prairies (à base de trèfle blanc) et des porcs sur paille.

« Alors soudain, ce jour de 1980, j'ai ouvert les yeux et j'ai décidé de sauver ma terre ».

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Hubert Reeves

Né en 1932 à Montréal, astrophysicien, communicateur scientifique et écologiste franco-québécois.

Préside la Ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage, informe sur les dangers du réchauffement climatique et sur le risque du nucléaire militaire et civil, prône le végétarisme.

« Le nucléaire est une mauvaise solution car il hypothèque l’avenir. À nous l’énergie, à nos enfants les déchets. C’est une activité trop dangereuse pour être laissée aux humains. On ne laisse pas les enfants jouer avec des allumettes »« Qui serait assez téméraire pour affirmer que nous connaissons et percevons toutes les forces, toutes les ondes et tous les moyens de communication ? »

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Dian Fossey

(1932-1985), éthologue et primatologue états-unienne, spécialisée dans l'étude du comportement des gorilles. Les étudie régulièrement dans les forêts de montagne du Rwanda, encouragée par l’anthropologue Louis Leakey. Les définit comme étant « dignes, très sociables, doux, avec des personnalités individuelles, et des relations familiales fortes » et les préfère aux humains…

Assassinée en 1985 probablement par ou pour le compte de braconniers, enterrée selon ses vœux dans le cimetière qu'elle avait fait aménager pour les gorilles.

« Des mesures urgentes de protection doivent être prises si l'on veut que les gorilles survivent et se multiplient. Mais n'est-il pas déjà trop tard ?... »

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Alain Hervé

Français né en 1932, études de philosophie avec Gaston Bachelard. Journaliste et écrivain. Cofondateur, en 1969, de la branche française des Amis de la Terre et, en 1989, de l’association Fous de palmiers. Ex-directeur de la rédaction du mensuel Le Sauvage, chroniqueur pour les revues Géo, L'Écologiste, pour FR 3 (films sur les plantes), etc.

« Si nous avions conscience d’être partie d’un tout, aurions-nous fait de l’agriculture ce qu’elle est devenue : un processus dans lequel la terre est devenue secondaire ? L’industrie aussi est un danger, moins par ses effets immédiats et évidents que par l’état d’esprit qu’elle a développé : elle a inventé les déchets qui sont inconnus dans la nature. (…)Quelle sera la philosophie qui permettra à l’humanité de concevoir une nouvelle gestion de son environnement naturel et d’indiquer, par rapport à la nature, ses limites à la science ? »

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Jean-Marie Pelt

(1933-2015), pharmacien, botaniste, écologiste et écrivain français, fondateur de l’Institut européen d’écologie à Metz, s’est intéressé aux pharmacopées traditionnelles d’Afrique et d’Asie.

« Nous appartenons à la vie, nous n’en sommes pas les maîtres, nous devons la respecter avec modération et humilité »

« Contrairement à ce que pourrait laisser penser un survol sommaire des théories de Darwin, la loi de la jungle ne règne pas sans partage sur la Terre. Il arrive aussi que la solidarité, la symbiose, l’humilité triomphent de la toute-puissance affichée. La grande brute invincible n’a pas besoin de faire preuve de subtilité pour survivre. Le faible, lui, doit réfléchir ».

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Lester Russell Brown

Né en 1934, ex-cultivateur, agroéconomiste et analyste environnemental états-unien. Pionnier des recherches sur le développement durable, auteur de 20 ouvrages. Fondateur de Worldwatch, premier institut voué à l'analyse des questions mondiales d'environnement, et du Earth Policy Institute.

« Nous avons aujourd'hui besoin, dans notre conception du monde, d'un bouleversement analogue à celui de la révolution copernicienne, dans la façon dont nous envisageons la relation entre la planète et l'économie. La question est de décider si l'environnement est une partie de l'économie ou l'économie une partie de l'environnement. (…) La conception des économistes brouille nos efforts de compréhension du monde. Elle a créé une économie qui n'est pas en phase avec l'écosystème dont elle dépend ».

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François de Ravignan

(1935-2011), agronome français, chercheur à l’INRA, a longtemps travaillé dans les pays du Sud. Économiste, spécialiste de la faim dans le monde, partisan de la décroissance.

En 1979, fonde l'association Champs du monde qu'il anime jusqu'en 1987. Participe ensuite à la création de La ligne d’horizon, association des amis de François Partant. A publié de nombreux articles sur l’après-développement.

« La crise alimentaire du printemps 2008 est le résultat de 50 ans d’incurie agraire et de la triple exclusion – des terres, du travail, du marché – à laquelle sont soumis des millions de paysans.

Au modèle de développement actuel fondé sur le productivisme, il est urgent de substituer l’agro-écologie »