Penser le paysage fluvial de Delhi: La rivière Yamuna
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Penser le paysage fluvial de Delhi LA RIVIÈRE YAMUNA
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Penser le paysage fluvial de Delhi LA RIVIÈRE YAMUNA
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‘‘- Alors qu’est-ce qu’on peut faire ? »- On pourrait investir dans d’autres villes moyennes en Inde et les développer. Delhi est trop peuplée. Rien n’est possible si la démographie ne cesse d’augmenter »- Mais elle va augmenter, et de plusieurs mil-lions… c’est prévu ! Alors qu’est-ce qu’on peut faire ?
- « Rien, on est foutu »
Conversation avec Vikram Soni, professeur au centre de physique de Jamia Millia University et spécialiste des questions hydrauliques
Penser le paysage fluvial de Delhi LA RIVIÈRE YAMUNA
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Aller en Inde a été pour moi faire l’expérience d’un temps révolu en France mais encore présent dans notre imaginaire : celui des Trente Glorieuses, période d’essor économique et social, de confiance dans le futur et le progrès. C’est dans l’air, partout : dans les rues, les marchés, chez les gens, dans les écoles. L’Inde est un pays optimiste où tout semble à portée de main, malgré la pauvreté, malgré la pol-lution, malgré l’état des rivières.
La Yamuna est l’une des rivières les plus polluées du monde, à Del-hi elle est même souvent considérée comme « morte ». Venir à sa rencontre a quelque chose d’excitant et de bouleversant à la fois. Il existe en plein milieu de Delhi, mégalopole de plus de 25 millions d’habitants un grand paysage fluvial qui vit au rythme des mous-sons. Cette vaste plaine inondable n’a aujourd’hui aucune existence urbaine et symbolique pour les habitants de Delhi. L’infime portion de la Yamuna qui traverse une des plus grandes villes au monde accumule ici plus de 80 % de sa pollution. Principal déversoir des déchets ménagers, elle est devenue un paysage invisible, strié de voies surélevées, survolé, ignoré de la plupart des citadins.
L’eau de la Yamuna présente un paradoxe étonnant : À la fois eau sa-crée car tous les hindous y sont immergés à leur mort, elle est aussi une ressource exploitée à grande échelle. Entre ces deux extrêmes, il y a les espaces et usages de la plaine, un foisonnement de pratiques agricoles et urbaines qui façonnent un paysage de subsistance pour une frange très pauvre de la population.
Comment concilier les usages locaux de la rivière avec son exploi-tation à l’échelle nationale ?
Comment prendre en compte les problèmes de pollution et remettre la Yamuna au cœur de la cité ?
En somme, quelle place peut-on imaginer pour ce grand paysage dans la ville ?
J’ai parcouru ce territoire lors de deux voyages en Inde en 2014 et 2015. Les premières visites se sont faites dans le cadre d’un stage dans l’agence Indienne Beyond Built, j’ai pu par la suite en organi-ser d’autres, toujours avec leur appui logistique. Le site d’étude de ce Tpfe porte sur les 22 kilomètres de la plaine inondable qui tra-verse New Delhi, depuis le barrage de Wazirabad au nord, jusqu’à celui d’Okhla au sud.
Ce travail s’articule autour de la matière rapportée des voyages : rencontres, arpentages, dessins et d’une recherche théorique plus poussée sur les questions hydrauliques.
AVANT-PROPOS
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Au loin, la plaine de la Yamuna à Delhi dans le fog de Delhi contrée mysté-rieuse et inaccessible.
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SOMMAIRE
AVANT-PROPOSAu commencementLes mythes fondateursNaissances
1. LA YAMUNA : RIVIÈRE DE MOUSSON SACRÉE OU VASTE SYSTÈME DE DÉRIVATION? Comprendre par l’amont Uttarakand, avril 2015
Dakpathar: Prendre la mesure de l’infrastructure hydraulique
Micro et macro: Le saddhu et le barrage
Entre les récits épiques et l’ingénierie:l’espace de la plaine
La décharge et le réservoir
Atteindre la sourcel’immersion du corps
Bilan des investigations
2. MULTIPLES DELHISORIENTATIONS - HORIZONS - REPRÉSENTATIONS
Les sept cités entre monts et plaineHabiter les contreforts des monts ArravalliL’ invention d’une culture de l’eau : hauzs et baolis
Un modèle de ville fortifiée au bord de la Yamuna Shajahanabad
Une vision urbanistique pour le bassin versant La New Delhi de Lutyens
Delhi aujourd’huiLa disparition des espaces de l’eau dans la ville
Le Mythe de la ville totale
La Yamuna et le Ridge Deux horizons indépendants à l’échelle de la mégalopole
La Yamuna et le Ridge Deux paysages interdépendants à l’échelle du bassin versant
Canaux, drains et nallahsUn système hydraulique séculaire qui perd sa fonction et sa signification dans la ville
Le nallah de BarrapullahExemple d’effacement de l’infrastructure hydraulique
Un rêve de «ville globale»La tentation du développement
Ces bidonvilles que l’on ne veut plus voir
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p56Le grand écart d’Ahmedabad Inspiration ou contre exemple?
Synthèse des paradoxes
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Le grand écart d’Ahmenabad Inspiration ou contre exemple?
Synthèse des paradoxes
3. LES POSSIBLES DE L’EAU À DELHILIEUX D’EXPLORATION
Dans la matière de la ville : les quartiersNizzamuddin Hazrat : eau sacrée, espaces publics contemporains
Lajpat Nagar : la plasticité de la cité-jardin, une eau qui s’ignore?
Colonie de Nigambodh, vivre avec le risque
Le quartier disparu, la mémoire de l’habité préfigure le projet
Depuis les remparts des anciennes cités Purana Quila, horizon révélateur de la tranformation urbaine
la leçon du jardin moghol
Dans la plaine Un lieu habité et cultivéValoriser le paysage ressource
Quel futur pour la nature déclassée?
Au contact de la Yamuna La figure du ghat Un détour par Varanasi
Les ghats de Delhi Une opportunité pour repenser la relation physique à l’eau
Définition du paysage-ressource
4. UN POSITIONNEMENT POUR DELHILE PAYSAGE-RESSOURCELes enjeux du fleuve croisent ceux de la mégalopole
Deux échelles d’interventionLa continuité de la plaine et ses accroches à la ville
Intentions L’eau dans la ville devient le fils d’Ariane vers la Yamuna
Eaux et sols Le temps et le sens de l’action
S’adapter au rythme de la Yamuna Le profiter et le laisser vivre
Les anciennes Delhis fabriquent les seuils de la plaine
L’eau invisible organise la surface Infiltration et porosité
Présentation du cadrage de projet Du Raj Path à la Yamuna
Lexique
Lectures
Remerciements
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AU COMMENCEMENTLES MYTHES FONDATEURS
« Un jour, au milieu de l’été, Krishna et Arjuna marchaient de concert le long de la Yamuna près de la forêt de Khandava, après s’être baignés dans l’eau de la rivière. Ils riaient ensemble quand un homme des bois arriva vers eux, il était vêtu de guenilles noires. Il était grand et mince, sa peau brillait comme de l’or, son visage était auréolé de cheveux hirsutes, d’une barbe blonde, et sa bouche enduite de beurre. Il leur sourit en montrant des dents d’or et dit :«Messieurs, je suis un voyageur affamé, donnez-moi à manger s’il vous plaît». Arjuna répondit : «Bien sûr, nous vous donnerons ce que nous pouvons. Que voulez-vous manger ?» L’homme des bois dit : «La forêt de Khanda-va». Il présenta sa main ouverte. Dans sa paume brillait une petite flamme. «Je suis Agni, le dieu du feu et cette forêt sèche sera ma nourriture» dit-il.
De tous les mondes, partirent des incendies. Ses cheveux prirent feu et un vent brûlant souffla à travers Khandava. Des nuages de poussière as-sombrirent le ciel; des branches furent arrachées des arbres et s’écrasèrent au sol. Indra regarda Khandava. Il vit les arbres exploser, se tordre et tomber à terre en éclaboussures d’étincelles comme un fleuve de feu.
De gros nuages d’orage se massèrent au-dessus de la forêt et cachèrent le soleil en déversant leurs pluies comme des milliers de cascades. De violents éclairs illuminèrent les flammes; la fumée monta et noircit les nuages; L’obscurité se fit encore plus noire; la pluie tomba en fumant et bouillonnant. »
Extrait du Mahabharata L’Incendie de la forêt de Khandava, épisode mythique à l’origine de la fondation de la ville de Delhi.
- 2 000 ans
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NAISSANCES
Pour empêcher la déesse Ganga d’inonder la Terre, le dieu Shiva fait passer le fleuve sur sa tête et là, coulant entre sa chevelure, il s’était divisé en sept torrents qui se dirigeaient vers la mer :
le Gange, la Yamuna, la Sarasvatî, l’Indus, la Godâvarî, la Narmadâ et la Kâverî.
Affiche / Ganga Dussehra est un festival du calendrier hindou célébrant la descente de la déesse Ganga sur terre Source inconnue
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Delhi
Gangotri
Baie du Bengale
GANGEYAMUNA Bramahpoutre
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250
500km
La rivière Yamuna prend sa source dans les hauteurs Himalayennes avant de traverser New Delhi, la capitale de l’Inde. Elle rencontre le Gange dans la ville d’ Allahabad, 1370 km plus au sud. Elle fait partie d’un système plus vaste le bassin Gangétique*.
*Région naturelle s’étendant entre l’arc himalayen et le Deccan.Vaste dépression comblée par des débris de l’Himalaya, c’est une région très densément peu-plée, surtout dans l’Est, humide (Bengale fournissant du riz et du jute et comptant les grandes aggloméra-tions de Calcutta et Dacca), et le Centre (de Delhi à Patna), plus ponctuellement dans l’Ouest, plus sec (Pendjab et Rajasthan), voire aride (désert de Thar).Source : Définition du Dictionnaire Larousse
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LA YAMUNA : RIVIÈRE DE MOUSSON SACRÉE OU VASTE SYSTÈME DE DÉRIVATION?
La Yamuna est une déesse avant d’être une ri-vière. Selon la mythologie Hindoue elle est la fille de Sûrya, le soleil et sœur de Yama, sei-gneur de la mort. Se baigner dans la Yamuna, c’est faire l’expérience directe du corps de la divinité. L’eau de la rivière est sacrée, consi-dérée comme pure et purificatrice pour le croyant qui s’y immerge.
Ces croyances sont profondément encrées en Inde et il est difficile de se représenter à quel point la mythologie hindoue constitue une véritable matrice de récits qui s’ancrent dans des paysages ou des lieux réels. Ces récits sont partagés, digérés, inculqués par une grande partie de la population et se mêlent non sans conflits parfois avec une réalité quelque peu différente.
La société indienne se vit plus dans des grands mythes religieux qu’à travers son histoire, comme en Occident.
Le long de la Yamuna s’égraine un chapelet de sites mythiques, de villes saintes, de temples. Autant d’histoires en lien permanent avec le récit du Mahabharata, le plus grand poème en sanscrit jamais écrit et dont l’époque corres-pondrait à 2200 ans avant l’ère chrétienne.
Yamunotri, nom du lieu de la source de la Yamuna est un des quatre sites avec Badri-nath, Gangotri et Kedarnath qui composent le Chaar Dham, grand pèlerinage hindou aux sources himalayennes des rivières sacrées. La confluence du Gange et de la Yamuna à Al-lahabad, appelée Triveni Sangam est un des sites les plus sacrés de l’hindouisme, qui tout les douze ans accueille la Kumbha Melha, le plus grand rassemblement humain au monde avec plus de 100 millions de pèlerins en 2013. Mathura et Vrindavan, villes situées à deux cents kilomètres en aval de Delhi sont les bas-tions des adorateurs de Krishna, et le lieu de sa naissance et jeunesse.
En parallèle du volet mythique s’écrit une autre histoire des rivières Indiennes : Lieu de l’infrastructure hydraulique, monde de l’ingé-
Représentation de la Déesse Yamuna (source inconnue)
nieur. C’est le temps des grands travaux. Les projets se multiplient depuis les vingts der-nières années, et modifient profondément le visage des rivières indiennes.
Comment penser l’échelle d’un projet dans un pays de plus d’un milliard d’habitants dont les besoins en énergie et en eau augmentent chaque jour ?
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UNE HISTOIRE MYTHIQUE RACONTÉE PAR LES VILLES SAINTES LE LONG DE LA YAMUNA
YAMUNOTRI
MATHURA
ALLAHABAD
Delhi
N
0
350
700km
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Torrents de montagne Karnal
Tons
GiriCanalCanal
DAK PATTHAR BARRAGEAglarAson
Eastern Yamuna canalWestern Yamuna canal
Bhudhl Yamuna
Khakhadi
Katha
Eaux usées Panipat
Canal industriel de Wazirabad
WAZIRABAD BARRAGE
Najafgarh Drain
Hindon cut CanalAgra Canal
Station d’épuration
eaux usées de Noida
Noida canal
Eaux usées de Mathura
OKHLA BARRAGE
GOKUL BARRAGE
Eaux usées d’Agra
Eaux usées d’Etawah
Canal industriel d’Allahabad
Eaux usées d’Allahabad
Ken
BetwaSind
Chambal
Canal industriel d’Agra
Eaux usées d’Agra
Canal industriel de Mathura
Eaux usées de Mathura
Eaux usées de Faridabad
HATHNIKHUND BARRAGE
YAMUNA
DELHI STRETCH
ALLAHABADConfluence de la Yamuna
et du Gange
Schéma des intrants et sortants AFFLUENTS + EFFLUENTS - CANALISATION = DES EAUX DIVERSES
Source / Glacier de Yamunotri
Eaux uséesAffluents et
Flux Importants
Légende
Barrage
Sortants
Intrants
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Les objectifs formulés par le gouvernement de Nerandra Modi sont clairs mais ambivalents. Les 22 milliards de dollars d’investissement chinois, décidés en mai 2015 dans le cadre d’un plan d’investissement pour l’industrie va plutôt dans le sens d’une poursuite des constructions d’ouvrages hydrauliques dans le lit des fleuves. Dans le même temps le gouver-nement assure vouloir protéger les rivières et a lancé dans la foulée un grand plan de net-toyage du Gange dont l’aboutissement et le succès semblent encore incertains.
Avant d’atteindre Delhi, la Yamuna a déjà été dérivée au moins trois fois. Les principales in-frastructures se trouvent dans le territoire entre les premiers contreforts de l’Himalaya et la plaine de l’Haryana. Les barrages de Dakpa-thar et Assan transforment le flux de la Yamuna en énergie par le biais de canaux artificiels. Le barrage d’Hatnikhund sépare lui les eaux en trois : Le Western et Eastern Yamuna canals ir-riguent les terres agricoles de l’état de l’Harya-na (92 %* du flux de la Yamuna). L’eau restant dans le lit de la Yamuna continue son chemin vers le sud jusqu’au barrage de Wazirabad, au nord de Delhi.
En clair, l’eau qui dévale les pentes de l’Himalaya à partir de la source n’est pas l’eau qui passe par Delhi.
Delhi ne dispose que de 6 %* du flux total de la Yamuna soit l’équivalent de 11m3 par seconde depuis un accord entre les états da-tant de 1994. Cette situation est la source d’un contentieux politique majeur entre les deux états. Delhi dépend à 70 %* de la Yamuna pour l’approvisionnement en eau de sa po-pulation en croissance continue. l’Haryana refuse pour l’instant de céder un litre de plus à la capitale, arguant que Delhi devrait régler ses problèmes d’approvisionnement en amé-liorant son infrastructure de distribution et de retraitement.
À Delhi, deux grands canaux sont respon-sables de 50 à 80 %* de la pollution totale de la rivière selon les sources : Le Najgarfarh et le Hindon canals. Le reste du flux provient des
*-Source/ «Water status of the river Yamu-na-1999-2005»,Central Pollution control Board (Mi-nistry of environment and forest*-Source/ «Inde, les batailles de l’eau», New D’ill n°109 juin 2013
Juin 2012. Dans certains quartiers de Delhi, la pé-nurie d'eau n'est pas loin. Les robinets ne livrent que quelques gouttes,
avec parcimonie. L'Etat réclame à l'Haryana, son voisin qui lui distribue l'eau de la Yamuna, d'ouvrir les vannes. La demande reste lettre morte. Les représailles ne se font pas attendre. Le gou-vernement de Delhi décide de couper l'eau de soixante familles d'officiels de l'Haryana installées dans la capitale. Deux jours et un tollé médiatique plus tard, Delhi rétablit la situation. L'Haryana a des moyens de pression. « Ils peuvent couper l'eau de soixante familles, on peut le faire pour six millions d'habitants », lance Rajeev Verma, surintendant du département de l'Irrigation d'Haryana, quand on lui rappelle l'événement.
Depuis plusieurs années, les re-lations entre les deux Etats in-diens sont tendues, et l'eau de la Yamuna est au cœur de la discor-de. 70 % des ressources en eau de Delhi viennent de la rivière, dont l'eau est acheminée depuis Haryana via un canal. C'est donc son voisin qui maîtrise la distri-bution, et qui décide de lâcher du lest ou non. Au grand dam du Delhi Jal Board, l'organisme public gérant l'eau des Delhiites, qui en exige plus.La distribution et le partage de l'eau sont des questions dépen-dant seulement des Etats. Selon la Constitution indienne, si le Parlement peut promouvoir ou amender des lois sur le sujet, « ni la Cour suprême ni aucun
autre tribunal n’exercera de ju-gement dans le cadre d’un conflit ou d’une plainte [lié(e) à l’eau de rivières entre Etats] ». L’Haryana l’a bien compris. L’Etat respecte la Constitution et se pose en bon soldat obéissant aux règles établies. Le partage de la rivière Yamuna a été décidé lors d’un agrément signé en 1994 entre les six Etats qu’elle traverse. Se-lon l’accord, Delhi doit recevoir ©
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ETATS DE DELHI ET DE L'HARYANA
POLITIQUE
6 < NE WS D ’ ILL n° 109 - JUIN 2013
égouts de la ville qui se mêlent dans le réseau hydrographique.
Ainsi, 70 %* de la pollution totale de la ri-vière Yamuna provient de Delhi, 85 %* de la pollution de Delhi est d’origine domes-tique. Les écrits contemporains qui traitent des fleuves Indiens insistent souvent sur la ques-tion de la pollution de l’eau mais évoquent rarement sa provenance réelle. Pourtant elle constitue un réel paradoxe qui met en tension la définition même de ce qui est sacré ou non.
À Delhi, est-ce vraiment la Yamuna qui coule ? À partir de quand rentre-on dans l’espace du sacré ? Comment peut-on expliquer l’état de l’eau étant donné sa signification culturelle ?
*
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Manoj Misra President of the Yamuna Jiye AbhiyaanDelhi
Bhim Singh RawatTeam Member, SANDRPDelhi
Ravi Mittal Core team member of Environics Trust,NGO based in N.Delhi.social activistDehradun
Nishant PawarDirector of the Rainbow children academy Barwala
Jagmohan BartwalMember of theYamnotri Sewa Samiti Kharadi
Sardar Singh Tomar President of the Yamnotri Sewa SamitiBarwala
Rencontre avec des activistes de l’environnement - Delhi /
Uttarakhand - 2015
COMPRENDRE PAR L’AMONTVOYAGE EN UTTARAKHAND / AVRIL 2015
Le glacier de Yamunotri, source de la Yamuna
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La rivière Yamuna se décompose habituel-lement en quatre tronçons considérés indé-pendamment, et ayant pour limite les grands barrages : Hatnikhund – Wazirabad – Okhla et Gokul. Pour mieux comprendre ce qui se passe à Delhi j’ai décidé d’arpenter le segment himalayen jusqu’à la source, Yamunotri. Outre la portée symbolique, ce voyage m’a permis de prendre la mesure de l’infrastructure hy-draulique et de mieux cerner son articulation avec les pratiques de la plaine, ses habitants et ses sites sacrés.
N
0
20
40km
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DAKPATHAR PRENDRE LA MESURE DE L’INFRASTRUCTURE HYDRAULIQUE
À l’amont s’annoncent les premiers contre-forts de l’Himalaya, là où la rivière circule encore librement mais pour un temps comp-té. Des ouvrages hydrauliques se construisent dans la montagne.
En aval du barrage, le lit de la Yamuna est vide en Avril, pic de la saison sèche.
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MICRO ET MACROLE SADDHU ET LE BARRAGE
Chantier de Barrage vers Kalsi. Les 6 km de la Yamuna en aval seront asséchés.
Station Hydro-éléctrique sur un canal de dérivation en aval de Dakpathar.
Il y a quelque chose de frappant dans le contraste entre la taille des infrastructures hydrauliques à l’échelle de la montagne et la manière dont les gens habitent les rives de la Yamuna.
D’un côté, la préoccupation est la sécurité énergétique de tout le Nord-Est de l’Inde, car l’Uttarakhand exporte son électricité et les décisions viennent directement de l’État. De l’autre côté, s’organisent des communautés qui vivent depuis toujours les abords de la rivière.
La notion de communauté a encore une riche signification en Inde, il s’agit de personnes qui habitent un même espace phy-sique et culturel. La figure du saddhu est aussi un exemple frap-pant de l’intimité pouvant être nouée avec l’espace de la plaine et l’eau de la Yamuna. Ne serait-il pas possible d’imaginer un projet qui puisse faire le pont entre ces deux réalités ?
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Sadar Singh Tomar et Ravi Mittal montrent le travail de la Jiye Abhiyaan community.
Visite à la «Rainbow children Academy», présentation des activités de sensibilisation à la polution de la rivière.
Bharti Baba, Saddhu* habitant tout près du barrage de Dakpathar dans une cabane.
* Saddhu : Ascète hindou, qui a renoncé à toutes les attaches de la vie matérielle pour se consacrer à la recherche spirituelle. Source : Dictionnaire Larousse
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ENTRE LES RÉCITS ÉPIQUES ET L’INGÉNIERIE : L’ESPACE DE LA PLAINE
Ces photographies ont été prises au moment où la rivière quitte l’Himalaya pour arriver dans la plaine. Le paysage se dilate, l’eau peut prendre son aise et s’installe dans l’étendue. À ce moment on ressent vraiment la dimension de la plaine comme elle devait être à Delhi il y a plusieurs siècles.
Les notions d’abondance et de destruc-tion sont déjà en tension dans ce paysage qu’on habite en cultivant. La mousson qui revient chaque année est en latence même lorsque l’eau est absente.
Elle ne dépend pas de l’homme et se déverse avec une force imprévisible. Il ne s’agit jamais de la « gérer ». on subit l’eau autant qu’on la célèbre, elle peut tuer et détruire autant qu’elle produit et nourrit. En 2013, des inon-dations dévastatrices ont causé la mort de près de 6000 personnes dans la région.
Dépot de sable laissé par la dernière mousson sur les terres arables. L’absence de l’eau à la saison sèche contraste avec son abondance à la saison humide.
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Au loin une maison détruite par la rivière. Au premier plan une architecture qui permet l’irrigation des terres. L’abondance et le risque intégrés dans un même espace.
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LA DÉCHARGE ET LE RÉSERVOIR
Deux sites non loin l’un de l’autre. Deux es-paces antithétiques. La décharge transforme le déchet en sédiment lorsque la mousson vient tout emporter.
« Avant c’était un réservoir » disent les habitants. Les politiques tolèrent cette pratique. C’est le serpent qui se mord la queue.
De l’autre côté un espace public typiquement indien au bord de la Yamuna où se mêlent les usages religieux du temple, la baignade récréative et le traitement de l’eau comme une ressource. Ici on abreuve le bétail, élève et pêche le poisson, on se lave et utilise l’eau pour le linge, la cuisine.
La décharge gouvernementale accueille les déchets de la ville de Vikas Nagar.
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Le complexe de réservoirs est un bel espace public en lien direct avec le paysage de la plaine.Source : Photographie Nishant Panwar
Le bassin des hommes Source : Photographie Nishant Panwar
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ATTEINDRE LA SOURCE : L’IMMERSION DU CORPS
Le pèlerin fait les cinq derniers kilomètres à dos de mule ou à pied pour atteindre le temple de Yamunotri à 3000 mètres d’altitude. Ici la ferveur religieuse est palpable. Pour les hin-dous, effectuer ce pèlerinage permet de laver tous les péchés et d’atteindre directement le nirvana après sa mort, mettant fin au cycle des réincarnations. L’eau des torrents est bleu clair et l’air à 0 degré. Le glacier se tient juste der-rière le temple.
Le temple de Yamunotri, adossé au glacier.
Offrandes pour la cérémonie rituelle de la puja* au temple de Yamunotri.
* Puja : Une puja est une cérémonie religieuse hin-doue au cours de laquelle le pujari invoque une divi-nité afin de l’adorer et lui faire des offrandes. Il existe de nombreuses manières de pratiquer la puja suivant les régions d’Inde.
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Directement de la montagne sort une eau à 35° où les pèlerins peuvent prendre un bain. Tandis que les hommes se baignent à l’extérieur, avec vue sur les cimes, les femmes ne bénéficient d’aucun confort. La pièce est en sous-sol, sans lumière, sans ca-bine. C’est un problème récurrent en Inde et les projets contem-porains commencent à le prendre en compte. On voit ici l’im-portance de penser l’aménagement jusque dans son échelle la plus intime. Celle du corps qui entre en contact avec l’eau.
Source d’eau chaude: Le bassin des femmes
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L’étendue de la plaine fabrique le paysage de la Yamuna
Sa profondeur est son premier caractère
Son rythme est la moussonÀ la fois célébration, providence et risque
Sa matière est cultivée et culturelle Agriculture et pratiques sacrées
Son échelle est la synthèse du grand et du petit, du cosmos et du contact du corps avec l’eau
La rivière Yamuna est aussi une machine hydraulique.
Son eau est multiple et vient de plusieurs sources
Sa qualité est fluctuante
Son cours peut être artificiel
Il y a matière à projet dans la mise en tension de l’imaginaire de la rivière avec la réalité de la circulation de l’eau.
Sortir de l’Himalaya, regarder vers la plaine.
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« Je comptais trouver à Delhi la sérénité de l’histoire (…) Quelle ne fut pas ma surprise d’être emmené par un taxi pour une randonnée de trente kilomètres à travers un paysage in-forme, dont je me demandais s’il était un an-tique champ de bataille, où la végétation lais-sait percer les ruines à de rares intervalles
(…)Les jours suivant m’apprirent qu’au lieu d’y trouver le passé concentré sur un petit espace, à la façon des villes européennes, Delhi m’apparaîtrait comme une brousse ouverte à tous les vents où les monuments étaient éparpillés, pareils aux dés sur le tapis »
Description de Delhi dans les années 1950 par Claude Levy-Strauss « Tristes Tropiques » p 421
33
SEPTS CITÉS ENTRE MONTS ET PLAINE
Delhi, lieu de pouvoir ancien, s’est construite à partir de plusieurs cœurs, au rythme des ci-tés décidées par les rois Rajput, les sultans et les empereurs moghols.
Toutes ces cités s’implantent dans un triangle formé par la rencontre des der-niers contreforts des monts Arravalli et de la rivière Yamuna. Ce bassin versant constitue le socle des villes.
La rivière irrigue les terres fertiles, les forêts et le quartzite des monts sont des sources illimi-tées de matériaux de construction, faisant de Delhi une terre attractive et habitée depuis le néolithique.
N
0
1
2
3km
7
1
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XIIIs
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4
XIVs
XIVs
5
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Tughlakabad
Mehrauli
Siri
1 Quila Rai Pithora
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Firozabad5
6 Purana Quila
Shajahanabad7
XVIs
XVIIs
Cours de la Yamuna au XVIIs
Cours Actuel
XIIIs
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HABITER LES CONTREFORTS DES MONTS ARRAVALLI L’INVENTION D’UNE CULTURE DE L’EAU : HAUZS ET BAOLIS X-XIIIe
N
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1 3kmCours de la Yamuna
au XVIIs
TopographieCourbes tous les3 mètres
Emprise des villes
Cours actuel de la Yamuna
Légende
35
Les trois premières Delhi sont des villes for-tifiées implantées sur les versants des monts Arravalli. Pendant plusieurs siècles la plaine de la Yamuna est un grand horizon depuis les remparts. Les villes restent ainsi protégées des inondations et d’éventuels ennemis. Les pre-miers souverains Moghols développent un vocabulaire d’ouvrage hydraulique impres-sionnant. Les baolis sont des réservoirs à eaux pluviales souvent bâtis par des mécènes pour pourvoir aux besoins en eau de la population locale.
Photographie du grand réservoir d’Hauz Khas à Delhi, construit au XIV ème siècle.
Représentation des Delhis médiévales. Source : artiste inconnu, publiée en 1857, Illustrierte Zeitung
Delhi depuis les remparts de Tughlakabad.Source inconnue
Les « Water tank », comme ceux d’Hauz Khas profitent de la pente naturelle du ter-rain pour collecter l’eau du bassin versant et alimenter de grands réservoirs.
Les anglais fermeront les tanks et empêche-ront leur utilisation afin d’affaiblir le pouvoir des derniers empereurs moghols au XVIII ème siècle.
TopographieCourbes tous les3 mètres
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UN MODÈLE DE VILLE FORTIFÉE AU BORD DE LA YAMUNA SHAJAHANABAD XVIIe
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1 3kmCours de la Yamuna
au XVIIs
TopographieCourbes tous les3 mètres
Emprise des villes
Cours actuel de la Yamuna
Légende
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Cette représentation de la Yamuna vue depuis le fort rouge révèle à quel point la rivière est conçue comme l’arrière-plan physique et symbolique de la ville-palais moghole.
L’ordonnance des différents plans révèle une hiérarchie singulière dans la relation entre Delhi et son paysage. Outre l’architecture du palais royal, les jardins évoquent l’opulence et le travail de transformation de la nature par l’homme. La ville fortifiée en arrière plan est au contact de la matière bleutée représentant la Yamuna, qui par son infinité semble symbo-liser le royaume conquis par l’empereur et son pouvoir sur le monde.
Aperçu du grand paysage. La rivière lèche les remparts de la forteresse. En arrière plan les crêtes des monts Arravalli fendues par un grand canal aujourd’hui disparu.Source : «Delhi and surrounding country», 1857, A.Maclure, «Delhi a living heritage», Intach
Plan du Fort rouge au XVII ème siècle. Source : Delhi 360°,J P Losty, Roli Books, 2012
«Shajahanabad depuis le Lahore Gate», Mazhar Ali Khan, 1846, aquarelle et gouache, collec-tion de la British Library. Source : Delhi 360°,J P Losty, Roli Books, 2012
TopographieCourbes tous les3 mètres
38
UNE VISION URBANISTIQUE POUR LE BASSIN VERSANTLA NEW DELHI DE LUTYENSXXe
N
20
1 3km
TopographieCourbes tous les3 mètres
Emprise des villes
Cours actuel de la Yamuna
Légende
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«Les deux sites possibles pour l’implantation de la ville impériale». Ce dessin montre un scénario qui n’a pas eu lieu. La Ville s’implante adossée au Northern ridge et fait face à la Yamuna trans-formée en grand lac.Source Inconnue
New Delhi est construite entre 1911 et 1921 par Edwin Lutyens pour être la capi-tale administrative des Indes Britanniques.
La ville s’implante dans la partie la plus basse du bassin versant, constituant une rupture avec les anciennes Delhis, tant dans la forme architecturale que dans l’abandon des structures spa-tiales et sociales qui conditionnent la ville traditionnelle indienne.
Entre la Yamuna et la forêt du ridge se des-sine un grand axe, le Raj Path, équivalent en France des champs Élysées. Autour, s’orga-nise une ville peu dense comparée au stan-dard Indien, composée comme un modèle de cité jardin. Les documents de projet de l’architecte révèlent une vision urbanistique à grande échelle et une attention accrue au paysage. Une vision très anglaise s’affirme dans le dessin du rapport entre l’architec-ture et la forêt du Ridge, pensée pour être le majestueux arrière plan de la ville im-périale. La période anglaise de Delhi voit ses infrastructures renforcées. Au début du siècle, une grande ligne de chemin de fer se construit parallèlement à la Yamuna re-liant Delhi à Calcutta. Le barrage d’Ockla est construit au sud ainsi que le grand canal d’Agra L’époque britannique marque pour-tant un tournant dans l’histoire entre Delhi et la Yamuna qui commence à disparaitre de la ville.
La forêt du Ridge, arrière plan de la capitale impériale, Source inconnue
40
DELHI AUJOURD’HUILA DISPARITION DES ESPACES DE L’EAU DANS LA VILLE
N
20
1 3km
N
20
1 3km
TopographieCourbes tous les3 mètres
Emprise des villes
Cours actuel de la Yamuna
Légende
41
À partir de l’indépendance de l’Inde en 1947, Delhi connait une expansion phénoménale de sa démographie, passant de 700 000 habitants à près de 25 millions en un demi-siècle.
Des activités industrielles se développent le long de la Yamuna. Le besoin urgent de construire se fait au détriment de la planifica-tion urbaine. La Delhi d’aujourd’hui est com-posée pour un tiers de bidonvilles qui s’im-plantent dans les derniers espaces vacants. La rive Est de la Yamuna, marquant la limite avec l’Uttar Pradesh et historiquement difficilement constructible car inondable, est remblayée. Le grand métro de Delhi est construit à la limite entre la ville et la plaine, formant une digue solide. Les crêtes boisées ont été considérable-ment urbanisées, laissant une forêt morcelée en quatre parties sur le territoire de l’état de Delhi.
La relation de bassin versant liant la forêt et la rivière est progressivement oubliée puis effacée. Les nallahs* sont recouverts et se transforment en égouts.
*Le terme «nallah», «Storm water drain» en anglais, correspond le plus souvent à une dépression dans le terrain qui accueille l’eau de la mousson. Ils font partie intégrante du système hydrologique de Del-hi, contribuant à drainer l’eau recueillie du bassin versant des monts Aravalli jusqu’à la rivière Yamuna. Leur état actuel est catastrophique.
La rivière au XVIIe siècle Un système ramifié en relation avec le bassin versant.
Aujourd’hui, un cours unique dans la logique Nord-Sud de la plaine
X-XIVe XVIIe XXe
42
La Yamuna ne coule plus au pied des remparts du fort rouge. Les routes gigantesques remplacent les espaces d’eau dans la ville.
44
État de Delhi / 1 484 km²
Flux de la Yamuna en période de mousson : 507 m3
- 30 000 héctares de forêts- 50% de surface agricole
LE MYTHE DE LA VILLE TOTALE
46
LA YAMUNA ET LE RIDGE, DEUX HORIZONS INDÉPENDANTS À L’ÉCHELLE DE LA MÉGALOPOLE
Bien qu’ils constituent de grands espaces in-construits dans la ville, les forêts du Ridge et la Yamuna sont deux isolats qui ont leur exis-tence propre. À l’échelle régionale la forêt re-présente 30 000 hectares, 8000 hectares dans la ville elle même. La plaine de la Yamuna me-sure jusqu’à quatre kilomètres de large entre ses deux rives et 22km de longueur du nord au sud.
Considérés comme dangereux ils restent en dehors des lieux fréquentés par les ci-tadins. Pourtant, leur signification géogra-phique et historique pourraient de nou-veau compter dans la mégalopole.
2
1 Yamuna à Ganga Vihar
Forêt de Southern Ridge
47
En négatif apparaissent la forêt de central Ridge et la plaine de la Yamuna : Grands par leurs surfaces, inexistants par leur signification dans la ville. 0
2
4km
N
2
1
PLEIN ET VIDE À L’ÉCHELLE DE LA MÉGALOPOLE
48
LA YAMUNA ET LE RIDGEDEUX PAYSAGES INTERDÉPENDANTS À L’ÉCHELLE DU BASSIN VERSANT
KOHI (Quartzite /Monts Arravali)
BANGAR (Plaine alluviale ancienne de la Yamuna)
KHADAR (Plaine alluviale active de la Yamuna)
DABAR (Plaine alluviale ancienne de Najafgarh)
Forêt des Monts Arravali / Central et South Central
Forêts tropicales à semi-arides sur les crêtes
Kohi / Éboulis rocheux et broussailles
COUPE DANS LE SENS DU BASSIN VERSANT :
a
a
a
SOCLE GÉOLOGIQUE DE DELHI
49
Bangar / Plaine Fertile
Khadar / Plaine Marécageuse
Eau souterraine
Yamuna
Forêts du Ridge
RécoltePopulation
EAU
AIRCo2
Vent du désert (Rajasthan)
Forêts du Ridge
Delhi
Climat Semi-Aride Climat tropicalKOHI (Quartzite /Monts Arravali)
BANGAR (Plaine alluviale ancienne de la Yamuna)
Forêt des Monts Arravali / Central et South Central
Kohi / Éboulis rocheux et broussailles
a
50
Le bassin hydraulique à l’échelle de Delhi est composé de deux systèmes : Les grands ca-naux de plaine Agra et Hindon, sont des ou-vrages artificiels reliant d’autres cours d’eau. Les nallahs et canaux de Delhi sont souvent des éléments semi-artificiels, qui s’appuient
Najafgarh Drain
Hindo
n Can
al
1
32
54
6
87
9
10
12
Barrage de Wazirabad
Barrage d’Ockla
Mon
ts Ar
rava
lli
CANAUX, DRAINS ET NALLAHSUN SYSTÈME HYDRAULIQUE SÉCULAIRE QUI PERD SA FONCTION ET SA SIGNIFICATION DANS LA VILLE
sur les dépressions du terrain dans la logique de bassin versant. Actuellement, les grands ca-naux contribuent à eux seuls à plus de 70 %* de la pollution à Delhi. Le reste est constitué des rejets provenants des nallahs de Delhi, transformés en égouts de la ville.
11
13
Agr
a C
anal
NKm
0
3
6
Nallah et drain en relation avec le bassin versants
Grand Canaux de dérivation
Bassin versant de la Yamuna à l’échelle de Delhi
Légende
Courbes de niveau (Tous les 3 mètres)
80 %* de la pollution de la rivière Yamuna provient de Delhi. 85 %* de la pollution à Delhi est d’origine domestique. Nettoyer ces nallahs, c’est prendre le problème à sa source.
*Source : «Water status of the river Yamuna- 1999 -2005» Central Pollution control Board (Ministry of environment and forest)
51
75m
60m
14m
200m
Hindon Canal
Najafgarh Drain
Barrapuhla Nallah
SN. Home drain
Wazirabad Barrage 1,5m3 / sec
Magazine Road Drain
Sweeper Colony Drain
Khyber Pass DrainMethalf House Drain
Qudsia Bagh DrainTonga Stand Drain
Civil Mill Drain
Delhi Gate Drain
SN Home Drain
Drain n°12
Drain n°14
Barrapuhla Nallah
Maharani Bagh Drain
Hindon Cut Canal
Okhla Barrage 55, 67 m3/sec
20, 58
0,07
0,13
0,09
0,13
0,39
0,09
0,52
0,56
1,01
0,04
0,37
1,35
0,74
30,00
PROFILS DE CANAUX ET NALLAHS (Largeur en mètres)
SCHÉMA DU SYSTÈME DE DRAINAGE DE DELHI(Flux en m3 / sec)*
YAM
UN
A
* Schéma réalisé à partir du travail des étu-diants en paysage de l’Université de Virgi-nie. Source : www.recenteringdehli.com
NajafgarhDrain
1
2
3
4
5
6
7
8
9
11
10
12
13
52
Quartier de JangpuraLe système se ramifie en drains qui passent dans les quartiers. Ces drains sont progressivement recouverts.
Jawaharlal Nehru Stadium1982
Autoroute en viaduc de Barrapullah construite au dessus du Nallah en 2010.
Quartier de Nizamuddin Opération de valorisation du nallah en cours
LE NALLAH DE BARRAPULLAHEXEMPLE D’EFFACEMENT DE L’INFRASTRUCTURE HYDRAULIQUE
LE NALLAH EN CRUE PENDANT LA CONSTRUCTION DE L’AUTOROUTE
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Civil Line Chemin de Fer construit par les Anglais au début du XXe.
Ring RoadAutoroute urbaine parallèle à la Yamuna
Quartier de Nizamuddin Opération de valorisation du nallah en cours
Maharani Bagh SubstationProduction d’électricité
Rencontre du nallah avec la rivière.L’eau non traitée passe directement dans l’eau. L’espace est invisible aux yeux des citadins.
Photo / Blogger Varunshiv en 2010 Source : http://sarsonkekhet.in
Le nallah de Barrapullah est le plus grand de Delhi. En 2010, une route surélevée se construit son emprise. Cette dynamique de re-couvrement est à double tranchant. En même temps qu’elle offre une plus grande surface de construction, elle augmente les risques liés aux crues de moussons et l’ingérence de la pollution qui se retrouve sous terre, toujours non traitée.
Pourtant, en plus de leur rôle hydraulique les nallahs pourraient être des espaces publics à part entière, constituant un réseau pour la cir-culation informelle entre les quartiers, alterna-tif aux grands axes de transports.
54
La dynamique des choses en cours à Delhi peut être observée dans de nombreux endroits où s’exerce une pression foncière. On peut dé-plorer l’effacement des éléments du paysage qui ont contribué un temps à la prospérité de la ville et se demander : Est-ce irrémédiable ? La plaine de la Yamuna, les nallahs, la forêt, sont-ils voués à disparaitre ? Doit-on aller dans le sens de cette disparition, passer à une autre histoire ?
Comment parler de redécouvrir une re-lation à l’eau sans avoir l’air de toujours déplorer l’âge d’or perdu ?
Delhi évolue à une vitesse phénoménale et la situation telle qu’elle est aujourd’hui ne reste-ra pas longtemps en l’état.Les images de projets qui émergent actuelle-ment autour du redéveloppement de la Yamu-na à Delhi sont assez symptomatiques des pré-occupations actuelles autour de la pollution et de la création d’espaces récréatifs pour les classes aisées de Delhi. Ainsi, « Tube City » propose une grande struc-ture architecturale, qui implantée sur l’eau absorbe tous les usages agricoles de la plaine tout en dépolluant l’eau. La structure accueille aussi les usages citadins, shopping, métro, bureau… On est vraiment face au rêve d’une architecture qui veut régler tous les problèmes en un seul objet posé sur un paysage, qui lui reste en dehors de la réflexion.Morphogenesis fait la part belle à l’espace pu-blic le long de la rivière, recréant un nouveau paysage sur l’ancien. La plaine de la Yamuna, avec sa complexité et ses usages actuels est recouverte d’un parc qui pourrait exister n’im-porte où.
UN RÊVE DE «VILLE GLOBALE»LA TENTATION DU DÉVELOPPEMENT
«ville globale»,
Concept utilisé par Véronique Dupont pour décrire les ambitions de Delhi à constituer un pôle déter-minant à l’échelle planétaire. Cette politique trou-verait son expression dans le plan directeur d’urba-nisme à l’horizon 2021 et aurait pour conséquence directe la promotion des formes de la modernité : centres commerciaux géants, autoroutes, quartiers d’affaires et une volonté d’éviction des éléments contraires à cet idéal comme les bidonvilles..
N’y a-t-il pas une solution qui considère-rait ce qui est déjà là comme source de projet ? Les habitants, les pratiques de la rivière et leur intelligence du paysage ?
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«Tube city» Abhinay SharmaSource : seriouswonder.org
The Yamuna developpement par l’agence de paysage indienne Morphogenesis Source : Morphogenesis.org
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1
2
Temple d’Ashkardam et le village olympique des jeux.Source : http://sarsonkekhet.in
Station de métro «Yamuna Bank»Source : https://chasingthemetro.files.wordpress.com
En tant que dernier espace ouvert au centre de la mégalopole, la plaine de la Yamuna subit une pression foncière importante. Les grands travaux des années 2000 ont vu la construc-tion du métro de Delhi en à peine trois ans de travaux. Majoritairement en viaduc, certaines stations sont construites directement sur la plaine inondable. L’accueil des jeux du Com-monwealth en 2010 a aussi été l’occasion de concevoir des ouvrages pharaoniques comme le temple d’Ashkardam et le village olym-pique, eux aussi construit à même la plaine, mais tournant complètement le dos à la rivière.
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E V I C T I O N S, T H E U R B A N P O O R A N D T H E R I G H T T O T H E C I T Y: D E L H I
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by Véronique Dupont on April 2, 2009 http://eau.sagepub.comDownloaded from Destruction du Jhuggis-jhompris* de Pushtar sur les bords de la Yamuna
CES SLUMS QUE L’ON NE VEUT PLUS VOIR
* Jhuggis-Jhompris, est un bidonville de Delhi
*
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E N V I R O N M E N T & U R B A N I Z AT I O N Vol 21 No 1 April 2009
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by Véronique Dupont on April 2, 2009 http://eau.sagepub.comDownloaded from
Plusieurs vagues d’évictions et de démolition de bidonvilles se sont passées à Delhi depuis son indépendance.
Seulement depuis les années 1990, plus de 100 000* foyers ont été détruits aux bulldozers sur les bords de la Yamuna.
Presque 80%* d’entre eux n’ont reçu aucune solution de relogement. Ce phénomène est le pendant noir des politiques de développement et de planification.
* Source : «Evictions, the urban poor and the right to the city in millennial Delhi» p129 Gautam Bhan
*
60
LE GRAND ÉCART D’AHMENABAD INSPIRATION OÙ CONTRE EXEMPLE ?
Présenté comme le modèle des redéveloppe-ments des fronts de rivière en Inde le projet pensé pour renouveler la relation entre la Sa-barmati et la ville d’Ahmenabad n’en finit pas de soulever des polémiques.
Une grande promenade en béton de 11,5 km crée des quais en surplomb de la Sabarmati, dont le visage a complètement été modifié. Alimentée en amont par une autre rivière elle est dorénavant plus proche de la retenue d’eau artificielle que de la rivière de mousson. Pensé pour accueillir les usages des citadins aisés de la capitale du Gujarat, le projet a complètement effacé les pratiques tradition-nelles du fleuve ainsi que l’agriculture. Les habitants de l’ancienne plaine ont été violem-ment expulsés et les bidonvilles rasés.
Dans les années 1960 l’architecte Bernard Kohn, avait pensé un projet complètement différent pour Ahmenabad qui considérait les pratiques existantes et les habitants des rives du fleuve. Très critique du projet réalisé, il développe dans les années 2008-2009 un workshop intitulé « Un fleuve pour tous ».
Pourquoi le mot « développement » rime-t-il toujours avec bétonnage ? La plaine en tant que paysage ne peut-elle pas aussi accueillir et enrichir les pra-tiques de la ville ?
Pourquoi le projet de développement ne s’adresse qu’aux classes les plus aisées et à leur rêve de modernisme ?
Malgré ces aspects moins reluisants, le projet d’Ahmenabad a la qualité de proposer une structure hydraulique à l’échelle de la ville In-dienne et de ses défis, en proposant d’intégrer la question de la dépollution de l’eau dans l’architecture.
La plaine inondable de la Sabarmati en 1964 Source : www. bernardkohn.org
La promenade en béton lors de sa construction dans les années 2000Source : hcp.co.in
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Les images du projet de développement de la rivière Sabarmati à Ahmenabad insistent sur les usages urbains, shopping et activités marchandes principalement.Source : hcp.co.in
Image présentée par des étudiants lors du workshop «un fleuve pour tous» avec Albert Kohn en 2008. Les usages agricoles et les pratiques liées au partage des ressources s’installent dans la largeur du paysage. Source : www. bernardkohn.org
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«A ce point, il s’agit certainement d’un dédoublement de personnalité. Mais je ne peux rien y faire. Prêtre, je crois à la pureté spirituelle du Gange. Scientifique, je vous parlerai de sa saleté et de sa pu-tréfaction. Chaque matin, en faisant mes ablutions, je bois cette eau comme le font tous les hindous croyants, car elle me lave de tous mes pêchés. Mais, dans mes écrits, je suis le premier à dire que cette eau est impropre à la baignade et à la consommation»
V.B. Mishra, professeur d’ingénierie hydraulique à la Bénares University, Propos recueilli par François Musseau pour «Libération».
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1
LAJPAT NAGAR2
NIZAMUDDIN
3 COLONIE DE NIGAMBODH
4 LE QUARTIER DISPARU
1 PURANA QUILA et FIROZABAD
3
2
LE TOMBEAU D’HUMAYUN
Dans la matière de la villeLES QUARTIERS
Sur les hauteursDES ANCIENNES DELHIS
DANS LA PLAINE
1
3
MAYUR VIHAR ET GEETHA COLONIE
ARRIÈRE DE CHATT PUJA GHAT
AU CONTACT DE LA YAMUNA
1 QUDSIA GHAT
2
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La rue indienne est vivante et commerçante, animée par les métiers informels, charretiers, cireurs de chaussures, vendeurs de fruits et légumes, rickshaws*, repasseuses de linge, tailleurs, vendeurs à la sauvette, temples, mendiants. Les trottoirs rares, et tout le monde marche dans la rue et fait partie intégrante du trafic composé des rickshaws jaune et vert qui filent entre les voitures, les bus, les charrettes, les gens. Les usages s’empilent, se croisent, se superposent et parfois se contredisent dans un même espace. Le trottoir disparait la chaussée s’accroche aux commerces, rentre presque dans les échoppes.
La rue Indienne est comme un écosys-tème, composée d’éléments qui coexistent et s’imbriquent pour la faire respirer, une alliance singulière entre l’homme, l’ani-mal, le végétal.
LA RUE INDIENNE
Coexistence des usages et mobilités dans l’espace. La rue est le premier espace public indien.
* Rickshaw moyen de transport à trois roue, motori-sé ou non, surtout utilisé en Asie.
72
NIZAMUDDIN HAZRATEAU SACRÉE, ESPACES PUBLICS CONTEMPORAINS
Entrer dans Nizamuddin Hazrat, c’est s’en-velopper dans un tissu urbain d’une densité inconnue en Europe. Les rues semblent fa-çonnées par cette densité, comme si toute l’histoire depuis le 14e siècle n’avait jamais été effacée par le temps et se condensait tou-jours avec un présent résolument marchand, religieux, vivant. En marchant dans ces rues, on pense à un réseau de veines, transportant tout ce qui fabrique la vie, depuis la chèvre devant la porte qui produit le lait et la viande pour une famille, les ruelles couvertes où l’on trouve de tout, et qui mènent invariablement à la mosquée, centre du quartier, gros cœur doré toujours animé par la ferveur et le rite Souffi.
C’est dans ce quartier que se trouve le seul baoli de Delhi à être encore alimenté par un torrent souterrain. Il a fait l’objet d’une rénova-tion complète en 2009 et accueille de nouveau les pratiques rituelles liées à l’eau dans le culte Souffi ainsi que les baignades récréatives. Ce projet réussi est la preuve que les espaces de l’eau anciens peuvent exister au présent.
Ne pourrait-on pas s’inspirer de cette culture de l’eau séculaire pour inventer de nouveaux espaces publics en ville ?
Le baoli après rénovation Source : «A Step Back», Photograph:Simon de Trey-White, «The National», 29 Nov 2012
Le baoli pendant sa rénovation Source : Aga Khan Trust for Culture, sur Archnet.org
1
73
Marcher dans les rues de Nizamuddin à l’heure de la prière.
Coupe du baoli de NizamuddinSource : Aga Khan Trust for Culture, sur Archnet.org
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LAJPAT NAGAR LA PLASTICITÉ DE LA CITÉ-JARDIN, UNE EAU QUI S’IGNORE?
Connaissant bien Lajpat Nagar pour y avoir habité le temps de cette recherche, mon re-gard a progressivement changé sur le petit jardin rectangulaire en face de la fenêtre du salon. Les quartiers sud de Delhi sont très dif-férents des quartiers historiques car inspirés directement par le modèle de la cité jardin à la Lutyens. Ainsi, presque systématiquement, un jardin est implanté au centre d’une unité d’ha-bitation composée de plusieurs immeubles. Le tissu urbain, beaucoup moins dense laisse plus de place aux espaces publics plantés de grands arbres, qui ont leur importance dans un pays où la chaleur dépasse très souvent 40°.
Dans ces quartiers, le réseau hydrogra-phique a été recouvert plus vite qu’ail-leurs, sous la pression des habitants des classes aisées qui supportent moins les odeurs émanant des nallahs pollués.
À Lajpat Nagar, le nallah est actuellement en cours de recouvrement. Même si cette dé-marche pèse sur la capacité de Delhi à absor-ber les crues et les eaux de ruissellement de la mousson la dynamique est en cours et il parait
Les parcs des quartiers sud, la canopée de Delhi
Les limites des parcs accueillent les activités, repassage de linge, réparation de Rickshaw
là encore difficile d’aller à son encontre dans l’immédiat. Cependant ces quartiers-jardins ne pourraient-il pas accueillir de nouveaux espaces d’eau ?
2
75
Un dimanche après-midi de mousson, il pleut comme une douche. Personne ne peut sortir, les rues sont transformées en torrents.
76
Croquis d’une unité d’habitation depuis le jardin intérieur. Le jardin est un square public qui peut être investi par les habitants mais l’est en réalité de manière très irrégulière. Pratique-ment tout les tois des immeubles sont des terrasses que tous les habitants de l’immeuble peuvent utiliser. Espaces d’eau potentiels?
Croquis de recherche : Installer l’eau dans le quar-tier, l’eau du quartier au nallah, le nallah à la plaine de la Yamuna
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Ici, une contre-allée plantée entre deux rues commerçantes, exemple d’un espace public d’ins-piration occidentale. Pourtant les gens continuent de marcher au milieu du trafic et elle reste sous-utilisée. Ce genre d’espace ne pourrait-il pas être repensé aujourd’hui?
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Les ghats sont construit par la «Yamuna mission», ONG qui oeuvre aussi à Mathura.
COLONIE DE NIGAMBODHVIVRE AVEC LE RISQUE
L’ambivalence de ce quartier tient dans son appellation « Non authorized ». Pas autorisée mais pas interdite non plus elle a échappé aux campagnes de destruction des bidonvilles de Delhi et bénéficie d’un statut pour le moins compliqué. Les habitants de ces quartiers, ma-joritairement originaires du Bihar vivent sur les berges de la Yamuna à Delhi depuis plusieurs générations et ont eux-même entrepris les constructions, qui au départ précaires se sont progressivement solidifiées. Cette situation pourrait presque ne pas être un problème si la Yamuna n’inondait pas complètement la zone environ tous les deux ou trois ans, obligeant les gens à migrer sur leur toits, puis partir. À chaque épisode il reconstruisent et nettoient eux mêmes les berges, constituées en un front de ghats qui n’est malgré tout pas assez élevé pour les protéger des crues.
De cet endroit se dégage une atmosphère cha-leureuse et colorée. Et il rappelle dans sa struc-ture les villes saintes tournées vers le fleuve sacré comme Mathura où Varanasi. Cette im-pression est renforcée par la spécialisation des habitants dans les pratiques rituelles liées à la mort, le quartier étant implanté à côté du plus ancien ghat de crémation de Delhi.
En marchant dans ce quartier on pourrait avoir l’impression d’être autre part, dans une autre Delhi qui non planifiée, révèle comment une grande partie du peuple indien conçoit encore la fabrication de la ville selon des modèles traditionnels.
Cette appropriation de la berge par un habi-tat non planifié est souvent montrée du doigt.
Trop consommatrice d’espace, polluante, pas adaptée à la ville moderne. Est-elle obsolète ? On pourrait aussi changer de vision sur ces endroits et pourquoi pas s’en inspirer. Car tout illégaux qu’ils sont ils montrent une grande adaptation aux conditions du site avec lequel ils entretiennent une vraie relation pratique et symbolique. La seule question reste : Peuvent-ils continuer à exister avec le risque ?
Le point d’eau est sur une petite place à 3 mètres de la rivière avec le temple.
Hommes autour d’un bucher funéraire au Ghat de Nigambodh
3
79
Un des points d’eau collectif de la colonie
Tressage des couronnes de marigold sur les berges, fleur sacrée utilisée pour tous les rituels en Inde.
80
Le seul quartier en lien direct avec la rivière, ici les structures pour mettre les bateaux à l’eau.
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Comment habiter les bords de la Yamuna ?
Utiliser les dynamiques du fleuve et du dépla-cement des sédiments pour protéger le quar-tier des crues et fabriquer un nouveau paysage.
Un banc de sable est stabilisé par une plan-tation et forme une barrière naturelle qui pro-tège le quartier sans le couper de la Yamuna
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Aujourd’hui, la colonie est à la merci des crues de la Yamuna et séparée du reste de la ville.
Niveau lors d’une forte mousson
Demain le travail des limites du quartier légitime l’existence de la Colonie en restau-rant la fonction hydraulique et le rapport à la rivière
Nouvel espace de l’eau en ville, réservoir d’eau de mousson il peut aussi accueillir une crue.
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LE QUARTIER DISPARU LA MÉMOIRE DE L’HABITÉ PRÉFIGURE LE PROJET
En Inde, on peut déplacer les hommes mais pas les dieux.
Que reste-t-il du quartier rasé par le gouver-nement il y a quelques années ? Des temples de fortune habités par des saddhus, perdus dans une nature semi-sauvage. Serions-nous revenus à un stade antérieur ? On pourrait se croire à l’amont dans les cabanes de Babadji dans l’Himalaya.
En face, il construisent une route en dépit des temples, en dépit de la Yamuna. Il n’y a pas de projets prévu à cet endroit. Au loin passe le métro. En s’avançant les usines bloquent le passage. Un nallah bétonné se jette dans la rivière. Tous les éléments qui composent le site se juxtaposent et cohabitent sans commu-niquer. Après la route, il y aura un bâtiment, puis un autre et un chaos urbain planifié rem-placera l’informel. Quel avenir pour ce lieu de culte et de mémoire ?
Shivkumar Bhardwaj devant son temple dédié à Radha et Krishna
Baghambarnath Ji devant son temple dédié à Hanuman
Coupe/ Relation entre les temples et le drain en béton
4
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Autel hindou, dédié au dieu Vishnu. En arrière plan un pipal, arbre sacré avec le banyan et le neem. Ces trois arbres sont parfois liés en-sembles dans les lieux de culte et grandissent comme un seul sujet. Il existe une symbolique très forte du végétal, en particulier des arbres dans la religion hindouiste.
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Croquis de recherche : Comment réinstaller le temple et son rapport à la rivière dans un contexte plus large, l’échelle intermédiaire entre le grand et le petit.
Construction de la route à cheval sur le nallah et en dépit des temples.
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Niveau à l’intérieur de la forteressse
Niveau de la plaine aux pieds des remparts
+ 18 mètres
PURANA QUILA, L’HORIZON RÉVÉLATEUR DE LA TRANSFORMATION URBAINE
Endroits très prisés des citadins de Delhi, les hauteurs des forteresses, permettent une prise de recul sur la ville. Historiquement implan-tées le long de la Yamuna, elles ont perdu leur lien avec la rivière mais gardent un rap-port avec l’étendue de la plaine. La forteresse de Purana Quila en est un parfait exemple et pourrait constituer un levier pour un projet d’ampleur.
Croquis du rapport intérieur/extérieur de la forteresse de Purana Quila
1
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Horizon depuis la forteresse, la perception de la plaine est perturbée par des constructions
Croquis de recherche / Retrouver une perception de la plaine depuis les hauteurs / Faire entrer le grand paysage dans la ville / contextualiser l’architecture
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«L’esprit des jardins de paradis en Europe se cache dans les fleurs, l’herbe, et les arbres, mais l’âme des jardins d’Orient ne repose dans aucune de ces choses. Elle réside en l’eau qui court, qui à elle seule, sait revéler les autres beauté.»
«Garden of the Great Mughals», C.M Villiers Stuart,1913, p11
LA LEÇON DU JARDIN MOGHOL
Le jardin du tombeau d’Humayun et sa relation actuelle avec l’extérieur.
3
93
Tout paysagiste serait fasciné par l’ingé-niosité et la beauté des systèmes d’eau des Chahar Baghs*, même s’ils n’en contiennent plus toujours. Le jardin mo-gohl, tel que conçu par les souverains du XV, XVI et XVIIe siècle devait être un rêve d’eau.
Un paradis dans ce climat semi-désertique qui rend l’hiver de Delhi très froid et l’été si étouf-fant. L’eau est l’élément central du jardin, mise en scène dans son mouvement par des canaux courant au milieu de l’allée en grès rouge, par des cascades qui marquent des changements de niveaux, en passant contre les terrasses su-rélevées et ombragées par les grands arbres.Il n’y a pas que l’eau vive des chahar baghs qui ait disparu. Car avant les jeux de cascades, ces jardins tenaient leur identité de la proxi-mité avec le fleuve. Il n’y a qu’à aller au Taj Mahal pour s’en rendre compte. À l’arrière de la tombe, le complexe se termine sur une spectaculaire terrasse donnant sur le fleuve Yamuna aujourd’hui très asséché. À Delhi il n’en est rien car le fleuve ne constitue plus l’arrière-plan physique des jardins. Le jardin mogohl s’est comme vidé de son eau ! sa pré-sence se résume aujourd’hui aux gros tuyaux d’arrosage verts, qui tels de gros serpents traînent sur la pelouse à demi jaunie : Importa-tion hautement britannique pendant la période coloniale, la pelouse manucurée a remplacé beaucoup d’éléments originels des jardins mogohl. Les plus emblématiques étaient les arbres de vergers, manguiers, orangers, abri-cotiers. Leur présence évoque la conception d’un paysage qui reflète le paradis terrestre, où la nature est féconde et nourricière.
«A Zenana Garden», Le jardin moghol clos et son arrière plan fluvial.Source : «Garden of the Great Mughals», C.M Villiers Stuart, 1913, p53
*Chahar Baghs : Jardin de style Indo-Persan
caractérisé par un plan en croix.
Déplacement de la Yamuna vers l’Est depuis le XVIe siècle. L’espace de la plaine se solidi-fie et le jardin perd sa relation au paysage.
XXIs
XVIs
96
UN LIEU HABITÉ ET CULTIVÉ PAYSAGE-RESSOURCE
Une culture vivrière qui se retrouve sur les étals de la ville
Une famille 5-10 Giggas*
Cultive
Un pépinièriste 1 acre
Cultive
Les végétaux produits dans la plaine alimentent les parcs et jardins de DelhiPépinière de M Gahamman Ram et sa femme
Coupe schématique de l’organisation des parcelles
Céréales et cultures légumières locales
Production de plantes d’ornements
1 2
97
La plaine de la Yamuna est tenue par des cultures et des habitants qui entretiennent une relation particulière avec leur terri-toire. L’adaptabilité au rythme des mous-sons, et à la vie du fleuve en est une des principales caractéristiques.
À Delhi, les agriculteurs louent leurs terres à des propriétaires privés ou publics. Les pra-tiques culturales peuvent varier suivant l’ori-gine ethnique des personnes, ayant souvent émigré d’autres régions indiennes. La production est vivrière et aussi commer-ciale en de petites quantités. Le paysage est déjà en lien avec la ville par le biais de cette production car les denrées de la plaine se re-trouvent aussi dans la ville. Comment mettre en scène la richesse de cette ressource ?
La vente informelle de légumes se fait sur des étalages ambulants ou par colportage dans la rue.
Activités d’élevage dans la plaine en relation avec des milieux
Élevage de buffles- Milieux- bois d’Eucalyptus paturé (et clos) Espaces en eau, lacs et étangs peu profonds Prairie basse.
Poissons de rivière et aquaculture. Pour l’instant on ne trouve plus que trois types de poissons dans la rivière et les lacs. L’amélioration de la qualité de l’eau peu enrichir la diversité de pois-sons et relancer l’activité de la pêche.
Poissons chats (Wallago, Mysthus, Bagarius
Murrels (Channa Striana)
Carpes (Catla catla- Cyprinus)
Élevage de grand mamifères. Milieux- Forêt, grand espaces de prairie et milieux aquatiques, étangs et lacs peu profonds. Probléma-tique de la circulation des animaux et des hommes.
Éléphant d’Asie Dromadaire* Le giggas est une mesure utilisée à Delhi 1 giggas = 1/2 hectare
98
Comment valoriser la production et les paysages de la plaine?
Place de marché / Valorisation de la production de la plaine et traitement de la li-mite avec la ville.
Dessin des limites du réservoir, modification de sa forme et reprofilage des berges. Restau-ration de la fonction hydraulique.
Espace en ville en bordure de plaine à recon-vertir.
99
Usmanpur Garbage VillageAujourd’hui des lacs saumâtres remplis de déchets mais dans lequel survivent des éle-vages de buffles, des activités de pêche. La limite plaine-ville est fabriquée par la route.
Usmanpur Garbage VillageDemain des réservoirs de moussons intégrés à la ville, à la fois espace public pour les cita-dins et lieu de production. 2050, installation du premier marché de poissons entre la ville et la plaine.
Accès à la plaine dans les deux sens,peut être utilisé par les animaux et les hommes.
Amorce de l’accés à la Yamuna
100
QUEL FUTUR POUR LA NATURE DÉCLASSÉE?
Espace d’entre deux et univers industriel en déclin
- «On s’en va! C’est dangereux ici»
3
101
Sous la pression foncière, certains morceaux de la plaine se sont transformés en non lieux, ou en espaces d’entre-deux : Industrie en dé-clin, abords des grandes infrastructures auto-routières, terres isolées par les constructions. Tous ces espaces sont des potentiels dans la renégociation de la relation ville-plaine.
Un éleveur fait paitre ses animaux sous le pont
104
LA FIGURE DU GHAT UN DÉTOUR PAR VARANASI
Varanasi (ou Bénares) est fondée sur les rives du Gange en Uttar Pradesh. Elle est considérée comme la ville la plus sacrée de l’hindouisme.
À Varanasi le visiteur est comme noyé dans une marée d’odeurs, de chaleur, de foule en mouvement qui n’a pas de temps historique.Le matin, lorsque les gens se baignent dans le Gange au lever du soleil, on pourrait tout aussi bien se croire revenu mille ans en arrière.
Un ghat est un ensemble architectural orienté vers l’est permettant le contact avec l’eau du fleuve. Il se compose d’une ou plusieurs vo-lées de marches mais peut être complété par des terrasses et couronné d’un temple.
Les fronts de ghats traditionnels, comme à Va-ranasi constituent un ensemble assez homo-gène. Le dispositif construit a une véritable unité dans sa diversité, et est adapté à la topo-graphie du site et au niveau d’eau fluctuant se-lon les crues. Toutes ces marches sont généra-lement raccordées entre elles par des jeux de plateformes de différentes tailles et hauteurs. En haut se situe une promenade principale qui permet de rejoindre tous les ghats de Varanasi.
Les ghats sont des espaces de la vie religieuse et quotidienne. Au soleil levant ils accueillent le grand bain purificateur, rituel des pèlerins hindous, à la nuit tombée des offices religieux peuvent avoir lieu sur le ghat principal. Le reste de la journée laisse plus de place aux usages quotidiens, se laver, laver et sécher le linge, abreuver le bétail, activités marchandes de toutes sortes.
À Varanasi, le cœur de la ville est le Gange. La Yamuna n’a plus sa place dans Delhi. Le ghat est l’interface principale entre les habitants et leur rivière. Redes-siner les ghats de Delhi dans leur version contemporaine rendrait de nouveau pos-sible la relation physique au paysage de la Yamuna.
Les ghats de Varanasi, un dispositif adapté aux niveaux d’eau suivant les saisons
105
L’eau, la mort et le mouvement perpétuel
Un groupe d’hommes fait face au brasier, debout et dans la fumée dont se dégage une odeur de bois brulé. Une fois que le corps a terminé de se consumer, les membres de la famille récupèrent ses cendres. Des « boat-men » attendent sur la berge de terre envahie de déchets que les cendres leur soient confiées et partent ensuite les immerger près d’un au-tel érigé hors de l’eau au milieu du courant. L’âme du croyant pourra ensuite se réincarner dans son nouveau corps selon la tradition hin-doue.
Cortège funéraire
Puja au lever du soleil, les ghats sont toujours orientés face à l ‘Est
106
LES GHATS DE DELHI UNE OPPORTUNITÉ POUR REPENSER LA RELATION PHYSIQUE À L’EAU
Qudsia Ghat était l’arrière d’un grand palace à l’époque coloniale . Le bâtiment a disparu et les ghats se sont déconnectés de la vie de Delhi. L’usage persiste mais pourrait être considérablement intensifié.
1
107
Une communauté villageoise venue en pélerinage depuis l’ Uttar Pradesh. Les pratiques rituelles le long de la Yamuna sont vivantes et en demande d’espace public pour les accueillir
Les berges non maintenues se sont ensablées et le ghat se retrouvera bientôt en recul de larivière, à l’écart de la vie du fleuve.
109
À Delhi, la plaine de la Yamuna est un «paysage-ressource»
Le paysage-ressource est ouvert sur la ville mais conserve son indépendance
Le paysage-ressource et fréquentable et habité
Le paysage-ressource trouve son prolon-gement urbain dans l’eau des nallahs et ses espaces de réserves.
Le paysage ressource est au pied et à la tête de Delhi, dans la porosité de ses sols et dans sa canopée.
112
LES ENJEUX DU FLEUVE CROISENT CEUX DE LA MÉGALOPOLE
La vie du fleuveparamètres du projet
- La composition de son eau (qualité)
- La puissance de son flux et son oscillation saisonnière
- Le transport de la matière sédiment
113
Les enjeux de la rivière dans la mégalopole de Delhi
- Pourvoir les besoins en eau potable de la population en croissance sur fond de crise de l’eau.
- L’existence d’un grand paysage en relation avec la ville dans les décennies à venir.
115
La plaine comme grande étendue continue et autonome
Les accroches à Delhi par l’eau en relation avec le bassin versant (proposition de dépollution active)
Qudsia Ghat Drain
Delhi gate drain+Civil line drain
SN Home drain
Barrapulha nallah
Maharani bagh drain
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
118
EAU SOUTERRAINE
NALLAH
YAMUNA
EAUX ET SOLS, LE TEMPS ET LE SENS DE L’ACTION
L’EAU ET LE TEMPS DE L’ACTION
Eau du bassin versant qui s’écoule depuis le Ridge jusqu’ à la Yamuna, depuis la ville vers la plaine.
- déclencheur, verrou, action immédiate
Eau de l’amont, quelque chose de reçu. Il faut faire avec. l’évolution de son flux est incer-taine.
- Sera propre à long terme > 50 - 100 ans Echelle de l’anticipation
Eau invisible à la surface, matière abstraite mais précieuse. Elle est encore propre mais pourrait se dégrader si l’on ne fait rien. Elle est en relation avec l’eau de surface.
- Permettre l’infiltration, favoriser la porosité, organiser l’espace à la surface.
119
LE SOL ET LE SENS DE L’ACTION
TERRE ARABLE
La terre fertile est tenue par une population qui en vit. Elle a de la valeur.
- laisser faire les hommes et valoriser ses fruits. Créer les conditions pour faciliter la culture.
SABLE et ALLUVION
Le sable est mis en mouvement par le flux de l’eau.
- Laisser faire la nature. En profiter en le solidi-fiant par la plantation quand il y a besoin pour créer de nouveaux milieux entre la rivière et la berge.
SOL POLUÉ - REMUÉ
La terre sous la ville, la terre polluée ou rem-blais.
- Cette terre est celle du projet, on peut agir dessus.
SOL POLLUÉ - REMUÉ
TERRE ARABLE
SABLE et ALLUVION
120
NALLAH
MAINTENANT PROJET DESSINÉDÉCLENCHEURACTIONTRANSFORMATION
YAMUNA TERRE ARABLE
EAU SOUTERRAINE SABLE et ALLUVION
SOL POLLUÉ - REMUÉ
+
+
+
=
LONG TERME > 50 ANSINCERTAIN PROCESSUS ANTICIPATIONCRÉER LES CONDITIONS
LONG TERME > 50 et +INVISIBLE MAIS DÉTERMINANT
=
=
122
S’ADAPTER AU RYTHME DE LA YAMUNA LE PROFITER ET LE LAISSER VIVRE
202 current dry season 203/ Current monsoon season
210
209
207,49
205
204,83
204,22
203
202,9
202
200
All embankment fail
Flood of 1978 / Highest
of Delhi
Monsoon season at 100%
+0,9m
+2m
+2,51m
FICTION
Yamuna at 100% of its
capacity
REAL CURRENT FLOW
Yamuna at 30% of its
capacity
LEVEL
(Meter above the
level of the see)
20005001000
N
La question du flux de la Yamuna est centrale. Aujourd’hui, il est admis que la rivière est en train de passer d’un régime de mousson saisonnier où 80 % du flux est réparti sur trois mois dans l’année, à un système pérenne où l’eau s’écoule également pendant toute l’année. C’est certainement à Delhi que ce phénomène est le plus visible.
Principalement utilisée pour l’irrigation, et les besoins en eau des populations, la Yamuna est à environ 30 % de ses capacités réelles au ni-
veau de Wazirabad. Des études* montrent que ce flux en déclin a un impact négatif sur tout le territoire du bassin de la Yamuna. Le trop peu d’eau nuit au fonctionnement écologique de la rivière de mousson, spécifiquement dans sa capacité à absorber les chocs de pollution, et à transporter la matière sédiment qui fertilise les sols et fait partie intégrante de la vie des fleuves en Inde.
202m au dessus du niveau de la merSituation actuelle à la saison sèche à 30 % du
N 1 3
0km
2
* Source : «Environmental flow for Monsoon rivers in India: The Yamuna river as a case study», Vikram Soni, Shahank Sheldam, Diwan Singh
123
202 current dry season 203/ Current monsoon season
210
209
207,49
205
204,83
204,22
203
202,9
202
200
All embankment fail
Flood of 1978 / Highest
of Delhi
Monsoon season at 100%
+0,9m
+2m
+2,51m
FICTION
Yamuna at 100% of its
capacity
REAL CURRENT FLOW
Yamuna at 30% of its
capacity
LEVEL
(Meter above the
level of the see)
20005001000
N
210m au dessus du niveau de la mer Fiction - la crue du siècle à 100% du flux
124
Questionnement sur l’anticipation du niveau de la Yamuna. Son augmentation effective ou non, le risque de crue dessinent la largeur de la plaine, sa relation à la ville et de potentiels espaces de réserve.
N0
1
2km
125
202 current dry season 203/ Current monsoon season
210
209
207,49
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204,83
204,22
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202,9
202
200
All embankment fail
Flood of 1978 / Highest
of Delhi
Monsoon season at 100%
+0,9m
+2m
+2,51m
FICTION
Yamuna at 100% of its
capacity
REAL CURRENT FLOW
Yamuna at 30% of its
capacity
LEVEL
(Meter above the
level of the see)
20005001000
N
En terme de chiffres, le pourcentage d’eau re-tenue ou utilisée ne devrait pas excéder 50 % du flux de la Yamuna. Cela représente une augmentation de 20 à 30 % en période sèche entre octobre et juin.
Ce scénario est-il plausible ? La réponse est in-certaine et la question politique. Pour que ce scénario se réalise il faudrait un accord entre les deux états. Cela voudrait dire moins d’eau pour les agriculteurs en amont.
Le projet anticipe cette hausse du flux en partant de la base de + 20 à 30 % en sai-son sèche, sans toutefois exclure qu’elle n’arrive pas.
202 current dry season 203/ Current monsoon season
210
209
207,49
205
204,83
204,22
203
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All embankment fail
Flood of 1978 / Highest
of Delhi
Monsoon season at 100%
+0,9m
+2m
+2,51m
FICTION
Yamuna at 100% of its
capacity
REAL CURRENT FLOW
Yamuna at 30% of its
capacity
LEVEL
(Meter above the
level of the see)
20005001000
N
202 current dry season 203/ Current monsoon season
210
209
207,49
205
204,83
204,22
203
202,9
202
200
All embankment fail
Flood of 1978 / Highest
of Delhi
Monsoon season at 100%
+0,9m
+2m
+2,51m
FICTION
Yamuna at 100% of its
capacity
REAL CURRENT FLOW
Yamuna at 30% of its
capacity
LEVEL
(Meter above the
level of the see)
20005001000
N 204, 7: Plus grande crue du XXe siècle
203 Niveau actuel de la mousson
Diagramme : la capacité de la rivière, flux réel et flux possible.
Projet 2050
S’il faut plus d’eau dans la Yamuna en sai-son sèche, il faudrait aussi pourvoir pro-fiter de son abondance à la mousson, en créant de grands réservoirs pour stocker l’eau potable.
126
Quelle est la largeur du paysage? Où sont les limites entre le sol poreux et construit?
LES ANCIENNES DELHIS FABRIQUENT LES SEUILS DE LA PLAINE RIVE OUEST
Tombeau d’Humayun
Purana Quila
Firozabad
Shajahanabad
N2
1
0km
127
SCÉNARIOS AUTOUR DU FLUX DE LA YAMUNA
L’eau de la rivière Yamuna est depuis longtemps canalisée à 224 km en amont de Delhi
--
207,49 Crue centennale de 1978 / Plus haut niveau atteint au XX siècle210 Scénario catastrophe / Crue centennale
La rivière Yamuna n’a jamais été canalisée et circule à 100% de ses
200 La rivière Yamuna est assèchée
-lation de Delhi dépasse les 20 millions et a besoin de terrain
20220005001000
N
210
203
202
Toutes les digues cèdent
Plus haut niveau atteint au XX siècle
Cote de danger pour la ville de Delhi
Cote d’alerte
Niveau de la Yamuna en période de mousson
Niveau de la Yamuna en sai-
Scénario catastrophe Crue centennale
Yamuna
Niveau projeté de la Yamuna en saison sèche
Niveau projeté de la Yamuna en période de
+2m
SCÉNARIOS DE FLUX / La Yamuna à 100% de ses capacités
FLUX RÉELS / Quelques chiffres pour comprendre la Yamuna
NIVEAUX/ (en mètres au dessus du niveau de la mer)
203 Niveau de la Yamuna en période de mousson (30% de son
200La rivière Yamuna est asséchée
La rive Est s’est construite surtout depuis les cinquante dernières années et présente une li-mite solide entre la ville et la plaine fabriquée par le métro aérien. Quoi qu’étanche, elle per-met une vision panoramique sur le paysage.
Le projet s’attardera sur la rive d’en face.
La rive Ouest, celle qui a vu les premières Del-hi se développer est plus complexe. Une jux-taposition d’éléments perturbe la perception de la rivière et compromet son existence dans la ville.
Les limites historiques des anciennes Delhis dessinent un seuil physique et symbolique avec la plaine de la Yamuna. Le projet considère comme faisant partie de la plaine toute surface poreuse qui per-met l’infiltration de l’eau, comme les parcs et jardins ainsi que les espaces cultivés.
Ci-contre : En blanc, tous les sols poreux. En noir l’espace bâti.Actuellement la lecture de la plaine est pertur-bée par des constructions dans son lit.
Les jardins en bordure de plaine comme ceux d’Humayun, sont des éléments fixes et clos, mais ils appartiennent au paysage de la Yamuna et participent au projet hydraulique par leur porosité.
128
L’EAU INVISIBLE ORGANISE LA SURFACE
N0
1
2km
État existant, en blanc les espaces imper-méables, en noir les espaces poreux.
129
À long terme, retrouver une logique de construction en rendant des terres à la plaine de la Yamuna. Rétablir une logique dans l’organisation de la ville en rapport avec l’eau.
130
N
Maharani bagh substation
Millenium bus depot
Pragati thermal power plant
I.G Stadium
Rajghat power station
QUESTION DE PROGRAMMEQUEL AVENIR POUR LES CONSTRUCTIONS DANS LE LIT DE LA RIVIÈRE ?
Les constructions dans le lit de la Yamuna fonctionnent comme les pièces d’un puzzle. Fermées sur elles même, avec chacune leur logique propre, leur avenir se décide au cas par cas. Certaines vont réellement disparaitre dans les prochaines années. D’autres vont rester. Le projet pousse la logique de non construction jusqu’au bout mais doit pouvoir fonctionner avec une réalisation partielle du
0
1
2km
131
LES VUES DE LA DELHI DEVELOPPEMENT AUTHORITYLA STRATÉGIE DU COLMATAGE
La DDA, crée en 1955 s’occupe de la plani-fication urbaine de la plaine inondable. Cet organisme entretient une ambiguité par rap-port au futur de la rivière : entre le désir de développement (sport, récréatif, habitat…) qui est une de ces missions de base et la question du paysage, complètement occultée. Le plan proposé témoigne de cette ambiguité.
Le projet reprend certain éléments de ce plan, notamment la destruction de constructions dans le lit de la rivière.
132
ESQUISSE / LES NALLAHS FONT PEAUX NEUVES ET RECONNECTENT DELHI ET SA RIVIÈRE. LA RENCONTRE DES EAUX DEVIENT UN ÉVÈNEMENT DANS LA VILLE.
État existant : Légende Projet phase 1 :
Création de quatre nouvelles situations de contact entre Delhi et la Yamuna. La pollution des nallahs en relation avec le bassin versant est traitée par le paysage et des-sine des accès à la rivière par l’entremise de ghats. (existants ou création)
Constructions dans le lit de la Yamuna
Nature déclassée (friche, entre-deux)
Espace cultivé
Espace public à entrée payante
Espace public
Boisement
133
Le projet autour des coupes ville – plaine préfigure les changements à long terme de toute la façade urbaine.
Le cadrage du projet dessiné (voir détail page suivante) propose de travailler une section ville-plaine dans un des endroits les plus stratégiques de Delhi : entre le Raj Path de Lutyens et la Yamuna. Dans cette échelle inter-médiaire de temps et d’espace seront traitées les questions soulevées dans cette plaquette : le devenir du nallah en ville, la question de la perception de la plaine, comment le bord de la Yamuna peut être réactivé et habité lo-calement.
N0
1
2km
135
11
10
12
6
6
9
8
14
7
13
15
1
2
3
4
5
6
Raj Path
Major Dhyan Chand National Stadium
Lac de Purana Quila (cf p88-89)
Forteresse de Purana Quila (cf p88-89)
Pragati maidan / Centre d’exposition et complexe de musées Bidonville
9
10
11
12
13
14
Civil Line - Chemin de ferAncien emplacement du quartier de Pushtar (cf p82-85)
Drain n° 14 (cf p 82-85)
Quartier militaire
Millenium Park
DTC Millennium Park Depot (bus)
7 Ring Road 15 Yamuna
8 Pragati thermal power plant Mosquée et temple hindou
N
0
100
200m
137
N0
20
80m
1/ 2 000
1
2
3
4
5
6
Reprofilage du Lac de Purana Quila La douve est intégrée dans le système du Nallah.
L’avenue Bhairon Marg est requalifiée en véritable boulevard urbain
Création d’une place de marché
Destruction du parking, installation d’une dynamique végétale Desenclavement du bois
Le bidonville devient un quartier
9
10
11
Extension du Millenium park
Création d’un parc mettant en scène la dépollution de l’eau
Nouvel accès à l’eau en relation avec les temples existants
7 Nallah décanalisé
8 L’eau du nallah passe par un sytème de décantation
Mosquée et temple hindou
107
4
8
95
6
N0
20
80m
1/ 2 000
11
138
LEXIQUE
* Saddhu : Ascète hindou, qui a renoncé à toutes les attaches de la vie matérielle pour se consacrer à la recherche spirituelle. Source : Dictionnaire Larousse
* Puja : Une puja est une cérémonie religieuse hindoue au cours de laquelle le pujari invoque une divinité afin de l’adorer et lui faire des of-frandes. Il existe de nombreuses manières de pratiquer la puja suivant les régions d’Inde.
* Baolis : réservoirs à eaux pluviales souvent bâtis par des mécènes pour pourvoir aux be-soins en eau de la population locale.
* Hauzs : Les «Water tank», comme ceux d’Hauz Khas profitent de la pente naturelle du terrain pour collecter l’eau du bassin versant et alimenter de grands réservoirs.
* Nallah : «Storm water drain» en Anglais, cor-respond le plus souvent à une dépression dans le terrain qui accueille de l’eau de la mousson. Ils font partie intégrante du système hydrolo-gique de Delhi, contribuant à drainer l’eau recueillie du bassin versant des monts Aravalli jusqu’à la rivière Yamuna. Leur état actuel est catastrophique.
* Jhuggis-Jhompris : Bidonville de Delhi
*Chahar Baghs : Jardin de style Indo-Persan caractérisé par un plan en croix
* Giggas : mesure utilisée à Delhi (1 giggas = 1/2 hectare)
* Ghat : ensemble architectural orienté vers l’est permettant le contact avec l’eau du fleuve. Il se compose d’une ou plusieurs vo-lées de marches mais peut être complété par des terrasses et couronné d’un temple.
* Rickshaw : moyen de transport à trois roues, motorisé ou non, surtout utilisé en Asie.
140
DELHI / PASSÉ, PRÉSENT, PROSPECTIVE
- «Trees of Delhi: A field Guide», Pradip Kri-shen, Dorling Kindersley, 2006, India
- «Du Traitement des slums à Delhi, Politiques de nettoyage et d’embellissement» ,Dupont V. and U. Ramanathan, in V. Dupont & D.G. Heuzé (éds), La ville en Asie du Sud : Analyse et mise en perspective, Purushartha No. 26, EHESS, Paris, p 91-131, 2007
- «Création de nomades urbains et appauvris-sement. Impact des politiques d’éradication des camps de squatters à Delhi», Dupont V, Revue Tiers Monde [Mobilité et pauvretés. Les villes interrogées. Ed. M. Bertrand], No 201, p 25-45, 2010
- «Delhi et son rêve de ville globale», Dupont V, International Journal of Urban and Regional Research, Vol 35.3, p 533-554, 2011
- «Evictions, the urban poor and the right to the city in millennial Delhi», Gautam Bhan, Department of City and Regional Planning, University of California, Berkeley, California, USA, 2009
- «Dossier : villes indiennes», Revue Urba-nisme n° 355, juillet-août 2007
- «Sick Yamuna, sick Delhi: Searching a Corre-lation» Pushp Jain, Peace institute Charitable Trust, 2009
- «Delhi: Ancient History», Upinder Singh, So-cial Science Press, 2006
- «Dilli’s Red Fort by the Yamuna», N.L Batra, Philip Wilson Publishers, 2008
- «Delhi’s Natural Heritage», Amita Sinha and Swati Kittur, INTACH, 2009, New Delhi
- «Delhi : A living heritage», Project Director: A. G. Krishna Menon, Editors: Swapna Liddle and Annabel Lopeg, 2010
- «The environmental Crisis of Delhi», Sanjay Yadav, ed worldwide books, 2011, India
- «Delhi 360°», J.P Losty, ed Roli Books, 16 February 2014, New Delhi
- «What the eye does not see: The Yamuna in the imagination of Delhi», Amita Baviskar, Economic & Political Weekly vol xlvi no 50, 2011
POLLUTION / QUALITÉ DE L’EAU / ÉCOLOGIE
«Inde, les batailles de l’eau», New D’ill n°109 juin 2013
- «Environmental pollution», N. Manivasa-kam, National Book Trust, 1984, India
- «Delhi Urban Environment and infrastruc-ture improvement project (Dueiip) Delhi 21», Government of India Ministry of Environment and forests and Government of National Ca-pital Territory of Delhi planning Department, january 2001, New Delhi
- «Valuing the Hydrological Impact of Chan-ging Land-use, A case of Yamuna floodplain wetland ecosystem», Pushpam Kumar, concept publishing company, 2003, New Delhi
- «Status of Ground Water Quality and Pollu-tion Aspects in NCT-Delhi», Central Ground Water Board and Central pollution Control Board, 2000, Delhi
- «Water Quality Status of Yamuna River, (1999-2005)», Dr B Sengupta, Central Pollu-tion Control Board (Ministry of Environment and Forests), 2006, New Delhi
- «Naturalness and Place in River Rehabilita-tion», K.Fryirs and G.J Brierley, ecology and society No.14, art 20, 2009
- «A River about to Die: Yamuna», Ali Kumar Misra, Water Resource and protection, p489-500, 2010
LECTURES
* cité directement dans la plaquette
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- «Environmental flow for the Yamuna river in Delhi as an example of monsoon rivers in In-dia», V.Soni, S.Shekhar and D.Singh, Current Science, Vol.108, No.4, 2014, New Delhi
- «Biodiversity conservation in an urban lands-cape: A case study of some important bird areas on the River Yamuna in Delhi», Jamil Urfi, article p303-317 from the book «Conser-vation Biology in Asia» Society for Conserva-tion Biology, 2006,Kathmandu
- «Geological Evolution of Ganga Plain - an overview», Indra Bir Singh, Journal of the paleontological Society of India, vol.41, p99-137, 1996
- «Yamuna manifesto», écrit par les participant sdu colloque «Yamuna-Elbe» à Delhi en dé-cembre 2010
CULTURE DES JARDINS / JARDIN MOGHOL
- «Garden of the great Mughals», Villiers-Stuart C.M, London: A and C. Black, 1913
- «L’irrigation des jardins Médiévaux au proche-Orient, héritage et innovations», Ghita Benjelloun, thèse, Université Lumière Lyon2, 2013
- «Taj Heritage Corridor: Intersections between History and Culture on the Yamuna River-front», Harkness Terence and Sinha Amita, Place 16, no.2, 2004, p62-69
CULTURE INDIENNE
- «Le Mahabharata», Jean claude Carrière, Édi-tion Belfond, 1989
- «Le chemin du Labyrinthe», Alain Danielou, Édition Robert Laffont, 1981
- «Le pays des marées» Amitav Ghosh, Édition Robert Laffont, 2004
- «Tristes Tropiques», Claude Lévi-Strauss, li-brairie plon,1955
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Merci à Nupur Prothi Khanna pour m’avoir fait découvrir la Yamuna, ainsi que toute l’équipe de l’agence Beyond built pour leur aide précieuse.
Merci à Kushboo Rani et Rimjim Chaudan pour leur dynamisme sur le terrain et dans la traduction.
Merci à Alice Roussille, pour m’avoir accompagnée jusqu’au bout du monde et du projet.
Merci à Françoise Crémel pour ses conseils précieux.
Merci à Pradip Krishen, Vikram Soni, Manoj Misra, Bhim Singh Rawat, Pierre Guyot, Bruno Dorin, Véronique Dupont, Marie Hélène Zerah pour le partage d’un peu de leur temps et de leur savoir.
Merci à Ravi Mittal, Nishant Panwar et Aarti Tomar pour m’avoir accueilli chez eux en Uttarakhand.
Merci aux habitants de la plaine de la Yamuna à Delhi.
Merci à Man’, Pa’ et Felix pour leur sérieuse relecture.
Merci à ma famille et mes amis pour leur soutien.
Merci aux camarades de l’Ensp pour ces quatre belles années.
REMERCIEMENT