J o s e p h S m a l l h o o v e r - Bryan Cave - Homepage a n s s o n p r o p r e b u r e a u , J o...

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LJA MAGAZINE - JUILLET / AOÛT 2016 Par Chloé Enkaoua L e m a g a z i n e 44 Le bureau de... Joseph Smallhoover REPORTAGE PHOTO : BENJAMIN LOUIS Joseph Smallhoover aime la vie en mouvement. Et l’ambiance de son bureau révèle la personna- lité haute en couleur qui bouillonne derrière le masque de l’avocat d’affaires. RENCONTRE

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LJA MAGAZINE - JUILLET / AOÛT 2016

Par Chloé Enkaoua

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Joseph Smallhoover

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Joseph Smallhoover aime la vie en mouvement.

Et l’ambiance de son bureau révèle la personna-

lité haute en couleur qui bouillonne derrière le

masque de l’avocat d’affaires.

RENCONTRE

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ans son bureau, Joseph Smallhoover se sent comme àla maison. Il est vrai que l’associé du bureau parisiende Bryan Cave y a mis un peu de tout ce qui forge sapersonnalité. Au point que lorsque ce natif de Pitts-burgh ouvre la porte pour accueillir ses visiteurs avecson accent américain chantant, l’impression d’entrerchez lui est grande. À l’intérieur, l’ambiance est colo-rée et le regard est attiré d’emblée vers une multitude

de petits objets, photos et œuvres d’art. «�Les avocats passenténormément de temps dans leur bureau, c’est pourquoi j’ai un peude mal à comprendre ceux qui n’y apportent pas leur touche personnelle », confie l’associé en droit bancaire, financier etcommercial. Celui qui a posé la plaque de Bryan Cave à Paris le1er juillet 2008 – «� le jour où les États-Unis ont annoncé que l’économie américaine était en récession�», précise-t-il – avec lesassociés Kathie Claret et Jilali Maazouz a d’ailleurs eu carteblanche pour décorer le cabinet. «�Lorsque nous sommes arrivésici, nous avons trouvé un plateau vide. Il n’y avait aucune cloison,pas de téléphone, rien. On était tous assis par terre au milieu denos cartons� », se rappelle-t-il, amusé. Aujourd’hui, ce sont enpartie les œuvres qu’il a lui-même acquises que l’on trouve unpeu partout dans les locaux.

COULEURS ET MOUVEMENTS

Dans son propre bureau, Joseph Smallhoover a fait la part belleà la couleur rouge. On la retrouve partout, des chaises aux cais-sons, en passant par les cache-pots et les luminaires, ainsi quesur le tapis déniché au détour d’une promenade dans Paris� :«�Le magasin affichait des soldes à 75�%. J’ai donc soi-disant faitune affaire, mais je n’en suis pas si sûr », raconte-t-il en riant.L’associé s’est visiblement donné du mal pour tout harmoniser,et rien n’est laissé au hasard. Sur un meuble de rangement, unecoupelle contenant quelques pommes… rouges, évidemment.Tout comme les codes civils, bien visibles sur les étagères.«�J’aime le rouge, c’est une couleur pleine de vie�», explique-t-ilavant de confier regretter parfois de ne pas pouvoir en portersur lui au travail, dress code oblige... La couleur fétiche de l’avo-cat est présente sur les murs aussi, comme dans cette peinturede l’artiste mexicaine Fitzia, un collage abstrait dans des tonschauds de rouge et d’orange. «�À l’époque où l’on recherchait deslocaux, nous avions visité des bureaux témoins dans le VIIIe

arrondissement. Je ne les aimais pas du tout, mais les œuvres deFitzia qui y étaient exposées m’ont plu� ; j’ai donc demandé àl’agent immobilier de se renseigner sur l’artiste qui les avaientréalisées�», se souvient-il.

D’autres tableaux représentent des personnages en mouve-ment�: une série de l’artiste belge Ronald Dupont, que l’associéapprécie particulièrement. «�Mon œil est attiré par ces œuvres, jeveux savoir ce qu’il s’y passe. » Il désigne l’une d’entre elles� :« Vous voyez celle-ci, avec le fond bleu�? On ne sait pas vraimentce que fait l’homme avec ses bras�: est-ce qu’il vise, indique unedirection, mesure quelque chose� ? » Sur le mur de gauche, unedrôle d’œuvre en aluminium froissé signée Christophe Leroux,sur laquelle est inscrite “way out” en lettres rouges. Là aussi,l’avocat y perçoit du mouvement lorsque la lumière du jourvient jouer sur la surface brillante et accidentée.

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EN ENFANCE

Au fond du bureau, une série de trois photos encadrées mon-trent Joseph Smallhoover, avec quelques années de moins, enplein saut à l’élastique. Une activité que cet amateur de sensa-tions fortes n’hésitait pas à pratiquer, de même que le para-chute. «�En revanche, j’ai une peur bleue de la voiture », révèle-t-ilen riant. Sur sa table de travail, un cadre contenant une autrephoto bizarrement tournée vers le visiteur et non vers lui�: on yvoit sa fille adoptive à 11 ans, semblant dormir paisiblement.«�C’est un selfie qu’elle a fait avec mon téléphone il y a quelques

années, après une journée de ski� », raconte l’associé avant deretourner le cadre pour révéler l’autre face visible uniquementpar lui�: un autre selfie de la petite fille, cette fois bien réveillée,grimaçante et les cheveux dressés sur la tête à grand renfort degel. «�Les gens voient le petit angelot, et moi le petit diablotin »,s’amuse-t-il. Lui-même n’est pas en reste côté jeux d’enfants� :dans un cadre rouge, une planche de faux timbres côtoie unecarte postale au nom et à l’adresse de l’avocat. «� Je me suis

envoyé cette carte avec l’un de ces faux timbres pour voir si cela

allait marcher… et c’est passé comme une lettre à la poste�!�»

STAR-SPANGLED BANNER

Entre une figurine de dinosaure et une paire de maracas, l’asso-cié a également mis sous cadre un document retrouvé dans l’un de ses précédents cabinets et destiné à être jeté. « Il s’agit

d’une obligation émise par l’Empire ottoman avant la guerre,

pour la construction du chemin de fer égyptien, explique-t-il. Cela

n’a aucune valeur en soi, mais pour moi, c’est quelque chose de

ludique et de différent.� » À côté de ce cadre trône une petite figurine, kitsch à souhait, représentant Poutine torse nu chevau-chant un ours. «�Mon conjoint étant un fan de la Russie, je lui en

ai acheté une sur eBay pour Noël et je m’en suis également offert

une�», commente Joseph Smallhoover.

Obama, Kerry, Dukakis… d’autres personnalités politiques ontégalement trouvé place dans ce bureau sous forme de figurinesoffertes par des clients et amis ou de tableaux, comme ce por-trait pop art de Kennedy réalisé par Di Lorenzo. Il faut direqu’entre l’associé et la politique américaine, c’est une longuehistoire, qui a commencé avec un grand-père président du partidémocrate en Pennsylvanie pendant deux décennies. Lui-mêmeprésident des Democrats Abroad France, le comité officiel duparti démocrate américain dans l’Hexagone, Joseph Smallhoo-ver a une activité politique dense en parallèle de son métierd’avocat. Et cela se voit dans son bureau�: on repère immédiate-ment les deux photos de lui aux côtés de Bill Clinton, l’une dansle bureau ovale de l’ex-président, l’autre dans le cadre d’uneréception à la Maison-Blanche organisée pour les state chairs

du parti démocrate. Selon lui, Hillary Clinton a toutes seschances dans la course à la présidence. «�Le climat est assez dif-

ficile, notamment avec les deux forces perturbatrices que sont

Donald Trump et Bernie Sanders, mais nous sommes confiants�»,assure celui qui, au quotidien, partage la vie d’un sympathi-sant… du parti républicain. «�Mais ce n’est pas un sujet tabou

entre nous, tempère Joseph Smallhoover. Nous abordons surtout

les aspects scientifiques de la campagne électorale�! » �