Paysages solaires 2/2 - Amazon Web Services

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3/2020 | 146 e année Paysages solaires 2/2 Photovoltaïque intégré au bâtiment I Solaire alpin Patinoire de la Vaudoise aréna, Prilly (VD)

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3/2020 | 146e année

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JOURNAL

14 CONCOURS19 ACTUALITÉS22 OFFRES D’EMPLOI

24 PROFESSION26 VITRINE26 ESPAZIUM

3/2020 (07.02.2020)

ÉDITORIAL

5 Photovoltaïque intégré au bâtiment : oui, mais pour quoi faire ?

Philippe Morel

DOSSIER

Paysages solaires 2/26 Du panneau solaire au verre

à énergie positive Philippe Morel

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projet, dans la cour, l’enveloppe en béton du petit bâti­ment abritant le bureau de l’architecte est couverte d’épaisses couches de peinture beige crème. L’artifice ar­chitectural dialogue avec la végétation environnante. La couleur fait résonner le bâtiment avec son contexte. Dans la maison Serdaly­Morgan (2004), le projet procède d’une manière semblable : la peau en bois de la petite extension est dissimulée sous une fine couche de peinture blanche. Celle­ci recouvre la matière tout en la révélant. Le choix de la palette et la composition des teintes entre elles et avec les éléments de contexte sont très précis. Ils relèvent d’un travail savant qui a pour but de situer une architec­ture dans son environnement : de faire lieu.

Dans d’autres projets, la couleur s’extrait même de sa surface d’application. Ainsi, à l’intérieur de la salle de sport de l’école Peschier (Genève, 2001), la couleur rose du sol semble teinter l’atmosphère intérieure de l’espace

lui, l’enjeu est moins pédagogique que poétique. Son tra­vail chromatique a pour but de multiplier les significa­tions architecturales. À chaque fois, la réception de ces espaces est comme enrichie, voire transformée par ces perceptions sensorielles. Même si les interprétations de ces objets chromatiques sont néces saire ment liées à une part subjective du processus créatif, elles sont aussi sou­mises aux perceptions sensibles des regardeurs que nous sommes. Il en résulte une architecture ouverte où, sou­vent, l’appropriation se fait autant par la raison que par les émotions.

À propos du pouvoir émotionnel de l’architecture, on pense aux sculptures et architectures émotionnelles ­ et largement colorées – de Mathias Goeritz et de Luis Barragán. Les mots de ce dernier résonnent parfois comme un projet encore vivant à travers le travail de Christian Dupraz : « Je me suis rendu compte qu’une pro­

en entier. Le travail sur les teintes dans le hall check­in de l’aéroport international de Genève (2017) confère là aussi un sentiment de sérénité à un lieu qui en est d’ordinaire singulièrement dépourvu. Pour des objets modestes au­tant que pour des espaces de grande envergure, le travail avec la couleur et la propriété de celle­ci de faire vibrer la lumière permet de créer des atmosphères précises qui suscitent des émotions singulières chez les usagers.

Architecture chromatique

En explorant le travail chromatique du bureau Christian Dupraz Architecte, on est parfois amené à se rappeler les démarches d’autres architectes. La polychromie archi­tecturale de Le Corbusier vient à l’esprit. À la différence près que Christian Dupraz n’utilise jamais les couleurs primaires. La palette est précise, libre et délicate. Pour

portion consternante de textes consacrés à l’architecture ignore les mots beauté, inspiration, magie, fascination, enchantement, ainsi que les concepts de sérénité, de si­lence, d’intimité et de surprise. Tous sont incrustés dans mon âme et, bien qu’étant pleinement conscient de ne pas leur avoir fait complètement justice dans mon œuvre, ils n’ont jamais cessé de me guider. »2

3 Christian Dupraz Architecte, « Caroline Context » façade du bureau d’architectes. Teinte beige roseChristian Dupraz Architecte, «Caroline Context», rosa-beige Fassade des Architekturbüros (© CHRISTIAN DUPRAZ)

4 Christian Dupraz Architecte, vue de la peau en bois de la maison Serdaly-Morgan recouverte d’une fine couche de peinture blanche Christian Dupraz Architecte, die mit einer dünnen weissen Farbschicht versehene Holzhülle des Wohnhauses Serdaly- Morgan (© THOMAS FLECHTNER)

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1 Christian Dupraz, Saskia Zürcher, William Cyr Lamy, Images, A/Editions.ch, Genève, 2017, p. 15.2 Extrait du discours intitulé « Manifeste » prononcé par Luis Barragán lorsqu’il a reçu le Pritzker Prize en 1980. Citation et traduction issues de l’article « L’architecture gagnée par l’émotion » publié dans Le Temps par Lorette Coen en janvier 2011.

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projet, dans la cour, l’enveloppe en béton du petit bâti­ment abritant le bureau de l’architecte est couverte d’épaisses couches de peinture beige crème. L’artifice ar­chitectural dialogue avec la végétation environnante. La couleur fait résonner le bâtiment avec son contexte. Dans la maison Serdaly­Morgan (2004), le projet procède d’une manière semblable : la peau en bois de la petite extension est dissimulée sous une fine couche de peinture blanche. Celle­ci recouvre la matière tout en la révélant. Le choix de la palette et la composition des teintes entre elles et avec les éléments de contexte sont très précis. Ils relèvent d’un travail savant qui a pour but de situer une architec­ture dans son environnement : de faire lieu.

Dans d’autres projets, la couleur s’extrait même de sa surface d’application. Ainsi, à l’intérieur de la salle de sport de l’école Peschier (Genève, 2001), la couleur rose du sol semble teinter l’atmosphère intérieure de l’espace

lui, l’enjeu est moins pédagogique que poétique. Son tra­vail chromatique a pour but de multiplier les significa­tions architecturales. À chaque fois, la réception de ces espaces est comme enrichie, voire transformée par ces perceptions sensorielles. Même si les interprétations de ces objets chromatiques sont néces saire ment liées à une part subjective du processus créatif, elles sont aussi sou­mises aux perceptions sensibles des regardeurs que nous sommes. Il en résulte une architecture ouverte où, sou­vent, l’appropriation se fait autant par la raison que par les émotions.

À propos du pouvoir émotionnel de l’architecture, on pense aux sculptures et architectures émotionnelles ­ et largement colorées – de Mathias Goeritz et de Luis Barragán. Les mots de ce dernier résonnent parfois comme un projet encore vivant à travers le travail de Christian Dupraz : « Je me suis rendu compte qu’une pro­

en entier. Le travail sur les teintes dans le hall check­in de l’aéroport international de Genève (2017) confère là aussi un sentiment de sérénité à un lieu qui en est d’ordinaire singulièrement dépourvu. Pour des objets modestes au­tant que pour des espaces de grande envergure, le travail avec la couleur et la propriété de celle­ci de faire vibrer la lumière permet de créer des atmosphères précises qui suscitent des émotions singulières chez les usagers.

Architecture chromatique

En explorant le travail chromatique du bureau Christian Dupraz Architecte, on est parfois amené à se rappeler les démarches d’autres architectes. La polychromie archi­tecturale de Le Corbusier vient à l’esprit. À la différence près que Christian Dupraz n’utilise jamais les couleurs primaires. La palette est précise, libre et délicate. Pour

portion consternante de textes consacrés à l’architecture ignore les mots beauté, inspiration, magie, fascination, enchantement, ainsi que les concepts de sérénité, de si­lence, d’intimité et de surprise. Tous sont incrustés dans mon âme et, bien qu’étant pleinement conscient de ne pas leur avoir fait complètement justice dans mon œuvre, ils n’ont jamais cessé de me guider. »2

3 Christian Dupraz Architecte, « Caroline Context » façade du bureau d’architectes. Teinte beige roseChristian Dupraz Architecte, «Caroline Context», rosa-beige Fassade des Architekturbüros (© CHRISTIAN DUPRAZ)

4 Christian Dupraz Architecte, vue de la peau en bois de la maison Serdaly-Morgan recouverte d’une fine couche de peinture blanche Christian Dupraz Architecte, die mit einer dünnen weissen Farbschicht versehene Holzhülle des Wohnhauses Serdaly- Morgan (© THOMAS FLECHTNER)

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1 Christian Dupraz, Saskia Zürcher, William Cyr Lamy, Images, A/Editions.ch, Genève, 2017, p. 15.2 Extrait du discours intitulé « Manifeste » prononcé par Luis Barragán lorsqu’il a reçu le Pritzker Prize en 1980. Citation et traduction issues de l’article « L’architecture gagnée par l’émotion » publié dans Le Temps par Lorette Coen en janvier 2011.

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5 TRACÉS 3/2020

Le secteur de la construction est res-ponsable de 40 % des émissions de CO2 à l’échelle mondiale. Il paraît donc logique que les solutions à mettre en œuvre pour décarboniser nos modes de vie intègrent les professionnels du bâti. À cet égard, le développement massif du photovoltaïque est l’une des clés essentielles pour espé-rer atteindre les objectifs de la Stratégie énergétique 2050. Leur transposition dans la réglementation conduit de facto à une solarisation des façades qui, aujourd’hui encore, horripile une majeure partie des

acteurs de la culture du bâti. S’il est facile de trouver des mauvais exemples, les bons existent – probablement dans la même proportion que pour le bâti « fossile » classique. Le photovoltaïque actuel permet d’envisager un projet de construction sans craindre de verser dans une esthétique de station spa-tiale – même s’il s’agit du domaine d’origine de cette technologie. Mesdames et Messieurs les architectes, tirez les premiers ! Osez être les pionniers de ces nouveaux matériaux, emparez-vous des questions qu’ils posent avant que les technocrates vous imposent leurs réponses !

Mais, qu’on l’envisage comme une contrainte ou une opportunité, le virage énergétique nécessite de débattre de ses finalités. À quoi bon entreprendre la décarbonisation de la construction si c’est pour en injecter les bénéfices dans une consommation boulimique de mobilité électrique (avec son cor-tège de problématiques environnementales – le Salar de Uyuni1 vous en remercie – et de technologie numérique. Si la technologie est mûre, c’est avant tout à la société d’intégrer la nécessité d’un retour à une plus grande sobriété consumériste, faute de quoi le virage énergétique ne suffira pas à éviter le mur, fait de changement climatique et d’amenuisement des res-sources, qui nous fait face.

Philippe Morel

Photovoltaïque intégré au bâtiment : oui, mais pour quoi faire ?

Paysage solaire (© CÉLESTINE CLAUDIN)

ÉDITORIAL

Bulletin technique de la Suisse romande Revue fondée en 1875, 19 numéros par an

Tirage REMP Tirage diffusé : 3888, dont vendu : 3604 (ISSN 0251-0979)

TRACÉS en ligne espazium.ch/fr

Adresse de la rédactionRevue TRACÉS, Rue de Bassenges 4, 1024 Écublens, tél. 021 691 20 84, [email protected]

Rédaction Réd. en chef : Marc Frochaux, Lic. Phil. UNIL ; M.Sc. Arch. ETH | Réd. en chef adjoint : Philippe Morel, lic. ès sciences UNINE | Rédacteurs : Mathilde de Laage, M. Sc. Paysage | Julia Jeanloz, master en sciences sociales UNIL | Stéphanie Sonnette, urbaniste Paris XII | Mise en page et design graphique : Valérie Bovay, bachelor of arts HES-SO en communication visuelle | Co-directeur et responsable éditorial espazium.ch : Cedric van der Poel, lic. phil. UNINE ; MAS urbanisme UNIL | Réd. web : Yony Santos, M.Sc. Arch. EPF ETSAC ; MAS Arch. Aalto Univ. of Helsinki.

Éditeur espazium – Les éditions pour la culture du bâti, Zweierstrasse 100, 8003 Zurich, tél. 044 380 21 55, [email protected] Président : Martin Heller | Directrice : Katharina Schober | Assistante : Hedi Knöpfel

Paraîssent chez le même éditeur TEC21, Schweizerische Bauzeitung ARCHI, Rivista svizzera di architettura, ingegneria e urbanistica

Maquette graphique Conception : Atelier Poisson Adaptation : Valérie Bovay

Impression Stämpfli SA, 3001 Berne

Abonnements espazium.ch/fr/sabonner

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1 Le Salar de Uyuni, situé sur l’altiplano bolivien, est la plus grande étendue de sel du monde (11 000 km², soit une fois et demi la superficie du canton des Grisons) et constitue la plus grande réserve de lithium. Chaque batterie de voiture électrique contient plusieurs dizaines de kilos de cet élément, dont l’extraction nécessite de grandes quantités d’eau alors que le Salar de Uyuni se trouve dans l’une des régions les plus arides au monde. Cette problématique concerne de nombreux salars, moins iconiques, répartis entre l’Argentine, le Chili et la Bolivie.

DOSSIER6 TRACÉS 3/2020

Du panneau solaire au verre à énergie positive

L’évocation du terme « panneau solaire » s’associe bien souvent à l’image d’un sombre rectangle de verre et de silicium, de 1 m par 1,6 m, ainsi qu’à ce qualitatif : moche. D’autant plus moche pour les architectes, à qui l’évolution de la réglementation en matière d‘énergie impose d’augmenter l’emprise des panneaux honnis : après les toitures, les façades. Mais la laideur est-elle une fatalité ? Les exigences énergétiques sont-elles réellement inconciliables avec la qualité architecturale ?

Philippe Morel

P our Laure-Emmanuelle Perret-Aebi, coor-dinatrice du projet européen Be-Smart1 au Laboratoire de photovoltaïque et couches

minces électroniques (PV-Lab) de l’EPFL et cofonda-trice du collectif compáz, la réponse est simple : « Non ! Lorsqu’il est question de photovoltaïque dans le bâti-ment, il est indispensable d’arrêter de parler de pan-neau solaire. Le panneau noir standardisé auquel on pense automatiquement a été conçu par des ingénieurs selon une logique de rendement énergétique maximal et de rentabilité industrielle. Il n’a jamais eu vocation à devenir un élément architectural. Lorsque l’on parle de photovoltaïque intégré au bâtiment (BIPV – Building Integrated Photovoltaics), on fait référence à un autre matériau : le verre à énergie positive (EPoG – energy positive glass). » Il s’agit d’un sandwich de verre trempé et de cellules photovoltaïques classiques en silicium, dont la fonction primaire est avant tout constructive. Mais, à la protection et à l’isolation des matériaux de la toiture ou de la peau d’un bâtiment, s’ajoute la produc-tion d’électricité.

Verre à énergie positive : un matériau de construction avant tout

Une vision que partage Patrick Hofer-Noser, direc-teur de 3S Solar Plus, entreprise suisse spécialisée dans le BIPV : « Nos produits sont avant tout des matériaux pour toiture et façade. Ils sont conçus pour répondre aux normes SIA en la matière, notamment en termes d’étanchéité, de condensation et de résistance au feu

et au vent. Leurs dimensions sont déterminées de manière à faciliter leur manipulation par un couvreur. » Si la technologie des cellules intégrées à l’EPoG est peu ou prou identique à celle présente dans les pan-neaux solaires classiques, la vision est fondamentale-ment différente : le but n’est plus d’intégrer au mieux (ou plutôt de cacher au mieux) une unité de production électrique à un bâtiment mais d’utiliser des matériaux de construction apportant une contribution énergé-tique positive. Ce qui permet une véritable réflexion au niveau de la conception. « Considérer la produc-tion électrique d’une toiture en EpoG comme un bonus bouleverse la question des coûts et de la performance énergétique, explique Laure-Emmanuelle Perret-Aebi. Certes, le matériau est plus cher, mais il permet de réa-liser des économies sur le long terme et de résoudre les contraintes réglementaires en prenant dès le départ le parti pris d’une matérialité et de ses spécificités. » Pour Patrick Hofer-Noser, il faudrait d’ailleurs ne plus rai-sonner en termes de puissance, mais de surface : « Lors de la rénovation de maisons individuelles, on voit bien souvent un patchwork de modules inesthétiques sur les toitures d’un quartier, car la législation2 exige une cer-taine puissance par m2 de surface de référence éner-gétique, ou alors le montant alloué au propriétaire est fonction de la puissance installée. Tout deux reviennent à des solutions de superposition. Imposer que l’exploi-tation des nouveaux bâtiments soit neutre en termes de CO2 mènerait automatiquement à une meilleure inté-gration architecturale. »

DOSSIER 7 TRACÉS 3/2020

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1 Maison individuelle à Tamins (GR), projet lauréat du Norman Foster Solar Award 2017 (Bearth & Deplazes, Coire). (© PRIX SOLAIRE SUISSE 2017)

2 Terre cuite, cuivre et verre photovoltaïque sur un toit de la Tour-de-Peilz (VD) (© 3S SOLAR PLUS)

3 Les cellules photovoltaïques intégrées dans les matériaux constituant l’enveloppe et la toiture de la maison « Solaris », à Zurich Wollishofen, ajoutent une fonction de production éner-gétique à celles, plus classiques, de protection et d’isolation (huggenbergerfries Architekten, Zurich). (© BEAT BÜHLER)

4 Modules photovoltaïques colorés sur un hangar viticole du domaine des Caves du Château d’Auvernier (NE) (Atelier d’Architecure St-Nicolas, Neuchâtel) (© PRIX SOLAIRE SUISSE 2019)

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DOSSIER8 TRACÉS 3/2020

PNR « Énergie » : les façades des bâtiments offrent un potentiel considérable au photovoltaïque

Lancé par la Confédération dans la foulée de la Straté-gie énergétique 2050, le Programme national de recherche « Énergie » s’est également penché sur la question du pho-tovoltaïque et du BIPV, au sujet desquels il tire les conclu-sions suivantes :

« Le photovoltaïque est une des technologies phares pour la production d’énergie renouvelable. Sa puissance devrait doubler d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif, l’exploitation de nouvelles surfaces est indispensable. Alors que la création de parcs photovoltaïques sur des surfaces libres n’est guère populaire en Suisse, les infrastructures (touristiques) exis-tantes et surtout les façades des bâtiments offrent un poten-tiel approprié. À ce jour, le photovoltaïque intégré aux bâti-ments reste toutefois un marché de niche. Cela s’explique par le manque de connaissances des propriétaires de bâtiments et des architectes, l’absence de pression sociale et politique, ainsi que des coûts qui sont encore un peu incertains. En termes d’exigences esthétiques, l’offre de panneaux photo-voltaïques satisfait dès aujourd’hui à des critères très élevés pour l’intégration aux bâtiments. L’offre continue d’ailleurs de se développer et de se diversifier, entre autre grâce aux tra-vaux du PNR « Énergie ». Selon les résultats du programme, équiper 40 % des toits suisses de panneaux photovoltaïques intégrés directement dans le bâtiment permettrait de rem-placer les deux tiers de la production nucléaire de la Suisse. »

Contrairement au photovoltaïque classique, l’EpoG peut se parer de couleurs : blanc, terracotta, etc. S’il existe diverses techniques pour le teinter, elles ont toutes un point commun : une inévitable perte de rendement (jusqu’à 30 % pour le blanc), une partie de la lumière étant absorbée par la teinture. Mais Laure-Emmanuelle Perret-Aebi de nuancer cet aspect : « On perd certes un peu d’efficacité énergétique, mais le gain est toujours positif comparativement à un matériau passif. De plus, on peut aisément compenser cette perte en augmentant la surface de l’installation. » En effet, selon des chiffres publiés par l’Office fédéral de l’énergie en 20193, le potentiel photovoltaïque du parc immobilier helvétique s’élève à 67 TWh/an en considérant une exploitation raisonnable des toitures et façades, soit 40 fois plus que la production d’électricité solaire totale de la Suisse en 2017 (1,7 TWh), de quoi largement décarboniser notre système énergétique.

Déclinaison de couleurs et de taillesUn autre avantage de l’EpoG tient dans la possibi-

lité de produire des éléments sur mesure pour répondre aux besoins des architectes. 3S Solar Plus propose ainsi quatre dimensions standards à ses clients, une rationa-lisation qui permet d’optimiser le processus industriel et de diminuer les coûts de production. Les standards tiennent compte de la finalité du produit et de leur manu-tention par les couvreurs. « Mais nous sommes à même de réaliser une petite série sur mesure, voire même une pièce unique, hors de ces gabarits, pour compléter les surfaces au prix d’un évident surcoût, explique Patrick Hofer-Noser. En fonction du projet, un architecte peut ainsi concevoir une surface en se basant sur la trame d’agencement d’éléments standardisés ou, au contraire, adapter le matériau à la surface qu’il a définie. »

La modularité des tailles et couleurs est également intéressante lorsqu’il est question de faire cohabiter les exigences énergétiques avec celles de la préservation du patrimoine. S’il est techniquement possible de rempla-cer des tuiles en terre cuite par des tuiles EpoG, la perti-nence de cette option reste en suspens. « Dans les projets auxquels nous avons participé, poursuit Patrick Hofer-Noser, nous avons été confrontés à deux visions diver-gentes : d’un côté la préservation des apparences, avec, par exemple, des tuiles EpoG teintées terracotta, et, de l’autre, le parti pris de l’affirmation d’une nouvelle maté-rialité. Je ne suis pas architecte et ce n’est donc pas à moi de juger de la meilleure réponse. Mais comme me l’a dit un architecte : lorsque l’on est passé des toits en paille à ceux en tuile, on n’a pas essayé de faire des tuiles qui res-semblaient à de la paille… »

Intégrer la question énergétique en amontLe patrimoine est également au cœur des préoccu-

pations de Laure-Emmanuelle Perret-Aebi. Elle estime que si les premiers essais de conciliation entre impératifs énergétiques et conservation n’ont pas toujours été aisés, l’expérience acquise par les différents acteurs, l’exempla-rité de certaines réalisations et la diversité des matériaux disponibles aujourd’hui détendent les fronts. Les indis-

pensables compromis sont d’autant plus faciles à trouver que l’aspect énergétique d’un projet a été pris en compte en amont. Sans oublier qu’une intervention solaire est totalement réversible.

Un autre a priori sur le photovoltaïque est que la tech-nologie n’est pas encore tout à fait mûre et que le ren-dement énergétique va s’améliorer à l’horizon cinq ans. Une idée que Laure-Emmanuelle Perret-Aebi bat en brèche : « La technologie est au point. Certes, de nom-breux laboratoires travaillent à améliorer le rendement, à développer de nouveaux matériaux qui montrent des résultats absolument prometteurs. Néanmoins, la pers-pective à moyen-long terme d’une efficacité plus élevée ne doit en aucun cas être un frein à l’implémentation de la technologie que nous avons aujourd’hui. » Pour elle, il est important que la recherche et l’industrie joignent leurs efforts dans des problématiques telles que l’optimi-sation des procédés de production, l’étude des processus de dégradation dans le temps des pigments de l’EpoG, le recyclage et le réemploi – ou même la suppression – des métaux rares et des polymères, ainsi que le développe-ment concerté de standards de production.

Un constat que partage en partie Christophe Ballif, directeur du Centre suisse d’électronique et microélec-tronique de Neuchâtel (CSEM) et du PV-Lab de l’EPFL : « Nous travaillons en priorité sur les aspects de fiabi-lité, de fabrications simplifiées ou automatisées pour le composant central qu’est le panneau solaire, ainsi que

DOSSIER 9 TRACÉS 3/2020

sur les techniques de colorisation avancées. Pour la pro-duction, les aspects de contrôle qualité, par exemple dis-poser de couleurs répétables d’une série à l’autre, sont bien sûr des questions fondamentales. Les questions de standardisation sont complexes, car chaque entreprise a pour l’instant une approche différente. Quant à la ques-tion du recyclage, elle n’est pas problématique à ce jour car les panneaux solaires ont des durées de vie atten-dues de 30 à 50 ans. Par contre, nous travaillons unique-ment avec des matériaux qui ne sont pas critiques pour l’environnement. »

Renforcer le dialogueUn autre volet du travail du chercheur est le dia-

logue avec les architectes : « Depuis une dizaine d’an-nées, nous intégrons leurs préoccupations. C’est cela, entre autre, qui nous a amené à développer les premiers modules photovoltaïques blancs. Dans le cadre du PNR « Énergie » et du projet Active Interface du professeur Emmanuel Rey, nous avons travaillé activement avec les architectes qui y étaient impliqués. Le dialogue est donc bien établi, et notre compréhension autour des pro-blèmes complexes de communication entre ingénieurs et architectes s’améliore. Mais la situation reste néanmoins encore tendue, avec quelques architectes très motivés à utiliser des nouvelles technologies, et une majorité qui préfère les solutions déjà bien établies, moins risquées à ses yeux. Mais le BIPV sera une nécessité si l’on veut

compáz, une association au carrefour de l’art et de la science

compáz est un collectif de compétences scientifiques et artistiques cherchant à promouvoir l’innovation scientifique par la création artistique, à briser les murs des laboratoires pour faire vivre la recherche à travers l’art et rendre ses ap-plications accessibles à l’ensemble de la société. Le BIPV est au cœur du projet « emersion », réalisé au Parc et Musée d’archéologie Laténium (Neuchâtel).

« emersion » fait découvrir aux visiteurs les vestiges pala-fittiques engloutis sous la surface du lac de Neuchâtel. Il re-présente le site palafittique de Bevaix/L’Abbaye 2 à l’échelle 1 : 1 sous la forme d’une fresque photographique et photo-voltaïque installée sur la paroi extérieure de l’étang surélevé du parc archéologique. Le plan d’eau restitue l’altitude his-torique du lac avant les travaux de correction des eaux du Jura, entrepris à la fin du 19e siècle. Cette œuvre est le fruit d’un travail archéologique subaquatique au cours duquel des centaines de photos ont été prises tous les 30 cm, sur une vingtaine de mètres, à l’aide d’un rail fixé au fond du lac.

« emersion » s’intègre dans la logique de durabilité du Laténium, déjà couronné du Prix Minergie. Les 19 panneaux solaires intégrés dans la fresque photographique pro-duisent de quoi éclairer un tiers des collections du musée, soit l’ensemble de la salle consacrée à la Préhistoire.

décarboniser la Suisse… Donc un jour ou l’autre, les bâti-ments deviendront solaires. Il y aura de plus en plus de photovoltaïque en façade. Cela passera par des innova-tions technologiques, des changements de législation, mais surtout des réalisations exemplaires. »

Alors que le législateur impose ses exigences éner-gétiques à un secteur du bâtiment très énergivore, les architectes ont aujourd’hui le choix de critiquer le diktat énergétique de technocrates dénaturant leur travail de concepteurs et faisant fi du patrimoine, ou de s’emparer de la thématique en intégrant de nouveaux matériaux à leur art et leur science. •

1 Be-Smart est un consortium multidisciplinaire de 15 partenaires réunissant architectes, ingénieurs, industriels et collectivités autour de la thématique du BIPV et de sa chaîne de valeurs. Son but est de contribuer de manière significative à la mise en œuvre d’un secteur industriel européen plus fort dans le domaine de l’énergie solaire et de démontrer de nouveaux concepts de produits BIPV rentables avec une conception architecturale de haute qualité.

2 Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC), art. 1.27 Base pour calculer la production propre d’électricité des bâtiments à construire (O)

1 Pour les bâtiments à construire, l’installation de production d’électricité installée dans, sur ou à proximité du bâtiment doit générer au moins 10 W/m2 de surface de référence énergétique, mais sans imposer une puissance supérieure à 30 kW.

2 Sont exemptées de l’exigence de l’al. 1 les extensions de bâtiments existants, si la nouvelle construction comporte moins de 50 m2 de surface de référence énergétique, ou si elle représente moins de 20 % de la surface de référence énergétique du bâtiment existant sans pour autant dépasser 1000 m2.

3 OFEN, Les toits et les façades des maisons suisses pourraient produire 67 TWh d’électricité solaire par an, communiqué de presse du 15.04.2019.

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Sur nos monts quand le soleil

Installer des panneaux photovoltaïques en altitude pourrait réduire de manière significative le déficit d’alimentation que connaît cette énergie renouvelable en hiver. À cet égard, les infrastructures hydroélectriques disséminées dans les vallées alpines pourraient être le support idéal pour implanter des centrales solaires.

Philippe Morel

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DOSSIER 11 TRACÉS 3/2020

L a production d’électricité photovoltaïque est soumise à de fortes variations saisonnières, ce qui induit un déséquilibre avec la demande. Si le

solde est positif en été, la production est insuffisante en hiver : les journées sont moins longues, le soleil moins haut dans le ciel et le stratus fréquent à basse altitude. Faute de pouvoir stocker efficacement la surabondance estivale, il serait donc intéressant de pouvoir produire davantage d’électricité photovoltaïque en hiver.

Des chercheurs de l’Institut SLF pour l’étude de la neige et des avalanches et de l’EPFL ont montré en 20191 que l’installation de modules photovoltaïques en altitude pourrait réduire de manière significative le déficit d’alimentation hivernal, car le rayonnement solaire y est plus important en hiver que sur le Plateau et le rendement des modules photovoltaïques meilleur à basse température. Grâce à des données de télédé-tection satellitaire, ils ont pu évaluer le rayonnement solaire pour tout le territoire suisse, et ainsi déduire la production électrique photovoltaïque potentielle.

Les chercheurs ont également étudié la façon dont les sols enneigés et l’inclinaison des modules solaires pouvaient influencer la production électrique. En effet, le rayonnement solaire réfléchi par la neige peut y contribuer. D’après l’étude, le rendement est maxi-

mum lorsque les modules sont installés à un angle prononcé, une donnée très intéressante puisque le soleil ne s’élève pas très haut en hiver. Ainsi, selon les auteurs de l’étude, le déficit de production engendré par la sortie du nucléaire pourra être mieux compensé par la construction d’installations photovoltaïques en montagne que par l’installation de modules sur les toi-tures du Plateau car chaque mètre carré produit plus d’électricité et le fait au moment le plus opportun.

À l’aide d’une installation d’essai située sur le domaine skiable de Parsenn, à Davos, le SLF et l’EPFL étudient, conjointement avec le service d’élec-tricité de la Ville de Zurich (EKZ) et l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), les questions pratiques et techniques relatives à la mise en place d’aménagements photovoltaïques en montagne, par exemple l’inclinaison optimale que doivent présenter les panneaux solaires pour que la neige glisse d’elle-même sur leur surface.

Un lac solaireCette étude suscite plusieurs interrogations, comme

celles du raccordement à l’infrastructure énergétique et de l’impact de telles centrales sur un paysage alpin déjà fortement anthropisé. Deux projets actuels sur

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1, 4, 5 Parc solaire flottant du lac des Toules (VS) : les 2240 m2 de panneaux photovoltaïques bifaciaux, installés sur 36 flotteurs, produiront 0,8 GWh/an.

2 Installation des modules photovoltaïques à proximité du lac des Toules

DOSSIER12 TRACÉS 3/2020

3

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DOSSIER 13 TRACÉS 3/2020

la thématique du photovoltaïque alpin, initiés par le Groupe Romande Énergie et Axpo, apportent des pistes de réflexion. Le premier a vu la mise en service, en décembre 2019, du premier véritable parc solaire flottant de l’arc alpin. Il est situé sur le lac de retenue des Toules, sur la commune de Bourg-St-Pierre (VS), au pied du col du Grand-Saint-Bernard, à une altitude de 1810 m. Le projet sert actuellement de démonstra-teur visant à vérifier la faisabilité d’un parc de plus grande envergure.

La construction de cette installation a duré près de dix mois. Durant l’été 2019, les éléments des 36 struc-tures flottantes en aluminium et polyéthylène haute densité ont été produits puis acheminés à proximité du lac des Toules. Dès septembre, les structures flottantes et les panneaux photovoltaïques ont été assemblés sur une zone de chantier nivelée à cet effet, puis hélitreuil-lés sur l’eau, avant la mise en service de l’installation.

Celle-ci se compose d’un tapis de 36 flotteurs. Arrimés au fond du lac à l’aide de poids, ils s’élèveront et s’abaisseront au même rythme que le niveau d’eau. Les 2240 m2 de panneaux photovoltaïques bifaciaux2 produiront plus de 0,8 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle de près de 220 ménages.

Des panneaux sur le mur d’un barrageDans les alpes glaronnaises, Axpo planifie égale-

ment une grande centrale solaire alpine : elle sera construite à même le mur du barrage de Muttsee, le réservoir supérieur de la centrale de pompage- turbinage de Limmern. Grâce à son orientation sud et à son altitude élevée (2500 m), le mur de béton est particulièrement bien adapté à l’installation d’une centrale photovoltaïque. Le projet prévoit l’installa-tion de 6000 modules photovoltaïques sur une surface de 10 000 m2, soit une puissance installée de 2 MW et une production annuelle d’électricité de 2,7 GWh.

Valoriser une infrastructureCes deux projets ont la particularité de se greffer sur

des infrastructures hydroélectriques déjà existantes. Ils permettraient d’autant de donner une plus-value supplémentaire à des sites industriels connectés aux réseaux énergétiques et de transport. Si leur impact visuel n’est pas négligeable, ils ont l’avantage de s’ins-crire dans un contexte paysager largement façonné par la fée électricité et valent certainement mieux que la prolifération d’installations de moindre enver-gure à des endroits mieux préservés ayant brisé l’élan de l’éolien suisse. Sans compter que la réponse à cette question environnementale doit se faire en prenant en compte les projets d’élévation d’anciens barrages ou la construction de nouveaux, comme ceux du Grimsel (BE) ou au Trift (BE). •

1 Annelen Kahl, Jérôme Dujardin, Michael Lehning, The bright side of PV production in snow-covered mountains, Proceedings of the National Academy of Sciences, 2019 116 (4), pp. 1162-1167.

2 Les deux faces du panneau photovoltaïque sont actives. La face arrière permet de capter le rayonnement solaire réfléchi par la surface terrestre (albédo), ce qui est particulièrement intéressant à la surface d’un lac de montagne.

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3 Hélitreuillage d’un flotteur muni de ses panneaux photovoltaïques

6 Visualisation du projet de centrale solaire sur le mur du barrage de Muttsee (GL) (© AXPO)

7 Installation d’essai du Totalp, sur le domaine skiable de Parsenn, à Davos (GR) (© 2019 EPFL/CRYOS)

(SAUF MENTION, LES IMAGES ILLUSTRANT CET ARTICLE PROVIENNENT DE ROMANDE ENERGIE.)

JOURNAL14 TRACÉS 3/2020

du fleuve. Suite à l’identification des zones de conflits d’usages entre les activités et le fleuve, ainsi que des zones de risques majeurs, et dans un contexte de réchauffement climatique, elle doit s’inscrire dans un « nouveau para-digme »1. À cet égard, ce projet de territoire est politiquement celui d’un découpage phy-sique autant qu’une réflexion sur le paysage du fleuve. Les MEP lancés en 2018 portent ainsi l’ambition de résoudre d’autres conflits, plus ténus, contrastant avec l’idée d’une cor-rection forcée du Rhône2 : il s’agit désormais d’envisager la qualité socio- environnementale des berges, de révéler la singularité de la vallée dans son rapport au fleuve.

Comment un projet de paysage a pu se frayer un chemin dans les contraintes territo-

Du fleuve à la vallée, une vision du Rhône élargie

La 3e correction du Rhône (R3) est autant un projet d’ingénierie, de territoire que d’espaces publics. Des ambitions, réso-lument complémentaires, qui s’articulent autour de la nécessité de modéliser un projet à la fois technique, environnemen-tal et social pour répondre aux conflits identifiés sur les 160 km du fleuve. Retour sur la complexité de ce projet à la veille de la mise en œuvre de l’étape paysagère avec Bertrand Vignal, directeur de l’agence BASE à Lyon, lauréat des MEP pour l’amé-nagement des espaces publics du Rhône.

La 3e correction entend avant tout apporter des réponses stratégiques au développement de la région tout en la sauvegardant des aléas

Rhônature Parc, projet lauréat du concours international pour l’aménagement des espaces publics du Rhône

CONCOURS

riales aussi fortes ? À l’heure où l’on offre aux cours d’eau la possibilité de retrouver leur lit originel (voir l’Aire ou la Seymaz dans l’agglo-mération genevoise), l’industrialisation de la vallée, son anthropisation et la canalisation assumée du Rhône soustraient la possibilité d’imaginer un « état initial », mais non la for-mulation d’un environnement viable. Ainsi, le développement socio-économique de l’en-semble de la vallée se fera avec et à côté du Rhône plutôt que contre lui.

Le Rhône vu depuis Loèche en direction de la forêt de Finges.

1 Tony Arborino, chef de l’Office cantonal de la construction de Rhône (OCCR3) (voir TRACÉS n°16-17/2019).

2 Le projet d’ingénierie vise à assurer la performance du système de digues, des mesures d’approfondissement et d’élargissement du fleuve.

JOURNAL 15 TRACÉS 3/2020

TRACÉS : Le concours pour l’aménage-ment des espaces publics du Rhône est hors normes à plusieurs égards : l’ampleur du ter-ritoire, le linéaire de 160 km, le périmètre d’intervention de digue à digue, la tempora-lité exceptionnelle… Quelle stratégie votre équipe a-t-elle adoptée pour répondre à une consultation de ce type ?

Bertrand Vignal : Dès le départ, nous avons pris le parti de ne pas remettre en cause tout ce qui avait été déjà pensé, calculé, négo-cié avec les habitants et les acteurs locaux. Il nous a semblé qu’il manquait à la fois un récit commun et un processus de projet qui per-mettraient d’intéresser chaque commune tout en faisant sens commun. Nous avons donc envisagé cette consultation, non comme un concours de design des berges du Rhône, mais comme un projet de territoire, dans lequel il fallait engager tout le monde.

Vous avez donc répondu au cahier des charges en ne remettant pas en cause ce qui avait été acté, mais, en même temps, vous avez largement étendu le périmètre et la mission proposés. Vous êtes ainsi passés du concours d’espaces publics au projet de ter-ritoire, du fleuve à la vallée.

Oui, nous avons passé beaucoup de temps à analyser « ce qui fait Rhône ». Le concours se focalisait sur le fleuve, mais le Rhône n’existe pas sans tous ses affluents. Ce qui s’est révélé le plus intéressant, ce sont les rapports transverses aux vallées, qui ont chacune une

identité très forte, avec ces villes et villages positionnés à la sortie des cônes de déjection. Nous sommes allés voir les places, les chemi-nements, le patrimoine, les activités écono-miques et culturelles, mais aussi les parcours le long des bisses, les églises, les fontaines, le patrimoine géologique, et les traditions. Nous avons réutilisé tout cela dans le projet.

De cette analyse du territoire, vous avez tiré ce que vous appelez un « récit rhoda-nien », susceptible de fédérer tous les acteurs.

Oui, l’idée est de mettre en place une arma-ture très simple à comprendre, qui a du sens au niveau territorial, et laisse de la place aux dif-férents acteurs. La vallée aujourd’hui est com-plètement corsetée, il n’y a plus de mouvement, les forces du paysage sont à l’arrêt. Le système, pour des questions de sécurité, a été entière-ment anthropisé. R3 va décorseter le Rhône, mais sans doute faut-il aussi décorseter les sys-tèmes transverses. Nous voulons donner à voir et à découvrir le Rhône, et toute la vallée, grâce à cette armature, qui cherche aussi à répondre à l’incertitude climatique. En Suisse, d’après les études, la vallée du Rhône sera le territoire le plus impacté, avec une augmentation de 7 °C d’ici la fin du siècle. Nous pensons qu’il faut ins-taller immédiatement une armature de paysage pour anticiper ces modifications climatiques, un système de fraîcheur, avec des alignements d’arbres qui remaillent le territoire, vers les val-lées, vers les villages, et qui soit aussi un indi-cateur paysager, un brise-vent… Il faut planter

massivement, sur toutes les voies. Autrefois, on plantait les allées pour les chevaux et les calèches, qui allaient doucement et avaient besoin d’ombre. Nous devons retrouver ce type de système pour l’avenir, avec des boisements, des alignements qui permettront de choisir ses parcours en fonction de conditions climatiques qui risquent d’être très contrastées.

Concrètement, quels sont les éléments qui composent cette armature ?

Il y a d’abord les « allées du Rhône », une sélection de petites rues existantes qui relient les gares, les places de village et amènent directement sur les berges, aux « hameaux du Rhône » (fig. ci-dessous). Ceux-ci sont à la fois le lieu d’expression du village avec lequel ils sont en lien, et une halte pour les vélos, une escale pour les kayaks, avec de l’eau et de l’électricité. C’est un système unitaire sur tout le linéaire, mais adapté à chaque commune, qui pourra y installer les programmes de son choix (vente de produits locaux, festival, etc.).

Nous avons également identifié des « échap-pées », qui partent des villages par leurs exté-rieurs et rejoignent le Rhône. Elles définissent une sorte de périmètre de paysage qui offre un autre regard sur la vallée, dans lequel on va peut-être penser autrement le développement des communes en rapport au Rhône, préserver des choses, mutualiser les parkings…

Tout cela est connecté avec la « route pay-sage », située à mi-coteau, de chaque côté de la vallée, qui permet de percevoir la géogra-

Principe de l’armature de paysage, qui donne à découvrir toute la vallée par de nouveaux parcours, points de vue et usages, propose des réponses à l’in-certitude climatique et des espaces d’appropriation aux acteurs locaux. Autour des digues et berges programmées (sujet des MEP), le cortège programmatique du parc  E , et, au-delà, les trois figures paysagères à mettre en place en partenariat avec les communes : la route paysage  D , les allées du Rhône  A et les échappées  C , les hameaux/escales au bord du fleuve  B .

 C

 D

 A

 B

 E

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L’armature de paysage déclinée sur le Chablais, l’un des deux secteurs-tests des MEP.

JOURNAL 17 TRACÉS 3/2020

Action préfiguratrice : construire collectivement, avec des matériaux issus du site, les hameaux / escales au bord du fleuve, à l’arrivée des allées du Rhône. Ils accueilleront des jeux, des mobiliers, des équipements nécessaires au bivouac, etc., ainsi que des programmes choisis par les communes.

Typologies de berges. Les aménagements, les programmes et les usages s’adaptent en fonction du degré de fragilité des milieux recomposés du Rhône.

JOURNAL18 TRACÉS 3/2020

phie du Rhône, ses mouvements, ses forces, toutes choses qui ont pour nous autant de valeur que l’aménagement paysager des berges proprement dit.

Enfin, autour des berges, des milieux adjacents comme les gravières, les forêts, les canaux, les surfaces agricoles, les vergers ou les blocs erratiques, forment le « cortège » programmatique de parc. Ce cortège est limité par les infrastructures majeures de la plaine : autoroute, voie ferrée, voies rapides, canaux.

Toute cette armature existe déjà, nous ne créons rien. Il s’agit de codifier les lieux : où l’on s’arrête, ce que l’on voit. Le plus important est que chaque commune puisse s’en saisir et créer sur son territoire l’allée, le point de vue…

Vous avez également imaginé des actions avec les habitants des communes pour mettre en mouvement un processus qui va se dérouler sur plusieurs dizaines d’années.

Oui, même si le projet ne se réalise que dans dix ans, nous commençons dès aujourd’hui à construire quelque chose avec les habitants. Nous avons par exemple imaginé que les toits des hameaux soient construits sur les places

des villages. C’est ce que nous avons appelé « la mémoire du futur », c’est-à-dire une manière d’intéresser les habitants, de les emmener dans une histoire qui commence dès maintenant. Les toits seraient ensuite amenés au Rhône, en pro-cession, comme un acte symbolique.

Le jury a émis des réserves sur le terme de « parc » que vous avez utilisé dans le titre de votre projet « Rhônature Parc ». Comment nommer alors le système que vous imaginez ?

Le terme « parc » évoque effectivement l’aménagement. Or l’idée n’est justement pas de faire de l’aménagement, mais de révéler. Dans mon esprit, il renvoyait à la notion de parc national américain. Dans le cortège par exemple, l’homme est au même niveau que la nature, il est invité, dans un environnement qui ne comportera pas de codes urbains. C’est notamment pour cela que nous envisageons de réaliser tous les mobiliers et les infrastruc-tures en matériaux locaux, en terre, en bois, avec les roches du site.

Jusqu’à maintenant, le projet R3 s’est foca-lisé sur l’ingénierie hydraulique pour répondre

à des questions sécuritaires et économiques. L’architecture du paysage pouvait apparaître un peu comme « une cerise sur le gâteau » : une couche de paysage et d’usages qui vien-drait habiller les aménagements techniques, dans la limite des digues. En choisissant votre proposition, le jury engage finalement R3 dans une dimension plus ambitieuse, beau-coup plus territoriale et concertée.

Le jury s’est peut-être dit que nous sau-rions parler aux Valaisans, que nous aurions peut-être les clés pour mettre le projet en mouvement. L’Office cantonal de la construc-tion du Rhône a eu le courage de réaliser un acte écologique fort en ouvrant le Rhône dans une vallée aussi contrainte. C’est formidable d’avoir anticipé et engagé il y a plus de dix ans ce travail de négociation avec les acteurs. L’époque n’est plus aux grands mouvements autoritaires. Il faut installer des systèmes de processus à grande échelle autour d’idées très simples : ici, c’est une armature plantée dans un même système de paysage, qui per-met de poser un autre regard sur le territoire.

Mathilde de Laage et Stéphanie Sonnette

Axonométries de différents programmes prévus sur les berges du Rhône : guinguette, belvédère 360, hameau/escale de Viège, plage. (TOUS LES DOCUMENTS GRAPHIQUES ILLUSTRANT CET ARTICLE SONT ISSUS DES PLANCHES DU CONCOURS © BASE)

JOURNAL 19 TRACÉS 3/2020

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participatifs, sous des formes toujours plus variées et essentiellement top-down. Sont notamment utilisés des sites web ou blogs, des données en open data, des réseaux sociaux ou d’autres outils contributifs favorisant l’échange d’idées et la formulation de propositions. Il est à noter qu’il existe une forte tendance à l’hy-bridation de ces dispositifs, à travers une com-plémentarité du physique avec le numérique. Néanmoins, la moitié de ceux-ci ne permettent pas réellement aux citoyens de contribuer, puisqu’il s’agit davantage d’outils de communi-cation que de participation.

Des outils de prédilection pour les projets d’urbanisme

« En Suisse, admet Armelle Hausser, doc-torante au LaSUR, ce sont en priorité les domaines de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, de la jeunesse, des sports et de l’environnement qui privilégient ce type d’ini-tiative. » Celle qui examine ces outils dans le cadre de sa thèse ajoute que l’intérêt pour ces derniers est grandissant : dans les douze mois

Les projets numériques de consultation citoyenne s’intensifientSi la fabrique de la ville repose sur un panel de professionnels varié, elle implique éga-lement toujours plus les citoyens, en par-ticulier pour les projets d’urbanisme. Dans ce domaine, les outils numériques et de mise en réseau sont une piste qu’on ne peut négliger. Afin de mesurer et localiser ce phénomène, le Laboratoire de Sociologie Urbaine de l’EPFL (LaSUR) a créé la pre-mière enquête nationale dédiée à ce sujet.

Baptisée « Baromètre des Civic Tech », elle a pour ambition de cartographier la diver-sité des technologies et leurs usages, ainsi que d’identifier les acteurs à l’échelle natio-nale. Déployée entre août et novembre 2019 auprès de collaborateurs de communes, villes ou cantons suisses, cette enquête compte 83 répondants, entre la Suisse romande, aléma-nique et le Tessin.

L’enquête du LaSUR, menée avec le Service de concertation et de communication du Can-ton de Genève, met en évidence une ampli-fication du recours aux outils numériques

Civic tech

à venir, les collectivités suisses ont pour projet de déployer pas moins de 31 dispositifs civic tech. Enfin, cette enquête souligne que ces ini-tiatives émanent principalement des organes exécutifs des collectivités suisses, indépen-damment des obligations légales.

Biais de l’enquêteL’un des points névralgiques de ces disposi-

tifs réside dans la prise en compte des contri-butions citoyennes. L’enquête suggère que celles-ci sont intégrées de manière margi-nale dans la prise de décision des collectivités suisses. De plus, l’évaluation de l’impact de ce type de dispositifs reste en suspens, faute de pouvoir les comparer avec des initiatives ana-logues plus anciennes. Finalement, les réseaux de communication des initiateurs de l’enquête étant davantage présents en Suisse romande, les répondants alémaniques et tessinois sont minoritaires. Un second baromètre, prévu fin 2020, fera un nouveau point sur la question.

Julia Jeanloz

ACTUALITÉS

JOURNAL20 TRACÉS 3/2020

En ligne

Plus d’informations : espazium.ch/ fr/actualites/les-jeunes-rives- neuchatel-enfin

réalisation d’un espace public de référence et à l’échelle de l’agglomération, l’agrandis-sement de la plage et l’équipement du parc avec quelques constructions, dont un res-taurant, un café-bain et des vestiaires. Des surfaces végétalisées remplacent le parking.

Aujourd’hui, un jalon a été posé avec la demande de crédit de construction pour l’aménagement d’un premier secteur le long de la rive, qui devrait voir le jour en 2023. Le sujet sensible du stationnement a été, lui, reporté à une seconde phase…

En scindant ainsi le projet en deux, la Ville reculerait-elle devant l’obstacle ? Pour Antonio Gallina, c’est un pari qu’il faut faire : « Après 18 ans de théorie sur ce site, le temps est venu d’agir. Pendant la réalisa-tion de la première phase, la Ville peut réflé-chir à des mesures d’accompagnement, et repenser – pourquoi pas – sa politique de mobilité à grande échelle, sur les transports publics, la tarification, les P+R, les modes doux. Ces dix ans d’études ont eu le mérite de mettre en débat la suppression du sta-tionnement. L’idée a fait son chemin, lente-ment mais sûrement. » Stéphanie Sonnette

Lentement mais sûrement

D ix-huit ans après l’Expo.02, et après plusieurs revers et hésitations, un pro-

jet de parc urbain au bord du lac de Neu-châtel pourrait enfin voir le jour. Issu du concours Europan remporté en 2010 par le bureau frundgallina, soumis à une démarche participative en 2014, le projet devrait entrer prochainement en phase de réalisation sur un premier secteur. Dix ans, c’est le temps qu’il aura fallu pour que l’idée de parc, et la suppression de 300 places de stationne-ment, fasse son chemin.

Après l’échec d’un projet de réaménage-ment du site en 2003, refusé par référendum (trop cher, trop de places de stationnement supprimées), la Ville avait lancé en 2009 un concours Europan pour « faire le deuil d’Expo.02 et imaginer des aménagements pérennes », explique Antonio Gallina, du bureau neuchâtelois frundgallina. Seule pro-position parmi les 36 reçues à supprimer intégralement le stationnement, le projet « Ring » est un parc public, inscrit dans un anneau réservé aux piétons et aux cyclistes. Après le rendu de l’avant-projet en 2012, la Municipalité, échaudée par l’échec d’un autre référendum sur le réaménagement de la place Numa-Droz, choisit de temporiser et soumet le projet à une démarche parti-cipative. « Dans la forme, le projet a évolué, mais les fondamentaux sont là », rappelle Antonio Gallina. Parmi ces fondamentaux, la

La Ville de Neuchâtel lance le réaménagement des Jeunes-Rives

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L’équipe en charge du Pavillon suisse de la 17e Biennale internationale d’Architecture 2020. (© PRO HELVETIA / KEYSTONE / GAËTAN BALLY)

Biennale de Venise 

Première présentation publique romande des lauréats du Pavillon suisse

L a première présentation publique romande du projet de l’équipe sélec-

tionnée par Pro Helvetia pour réaliser le Pavillon suisse de la 17e Biennale interna-tionale de Venise 2020 aura lieu au Pavil-lon Sicli, le jeudi 5 mars 2020 à 17 h 30. Elle sera suivie par une discussion à la Maison de l’Architecture en présence de Céline Guibat, présidente du jury de Pro Helvetia pour la contribution suisse à la Biennale 2020, et Francesco Della Casa, architecte cantonal.

Avec son projet, l’équipe romande (Mounir Ayoub et Vanessa Lacaille, du Laboratoire d’architecture de Genève, ainsi que le cinéaste Fabrice Aragno et l’artiste Pierre Szczepski) explore la frontière comme phénomène spatial. L’originalité de sa proposition ? Aller à la rencontre des habitants aux confins des frontières du territoire suisse, pour mieux recueillir et souligner la dimension subjective du concept. Une étude pré-liminaire avait mis en évidence 29 lieux dont la topographie, l’histoire, la loi ou les infrastructures confèrent à leurs usa-gers une lecture singulière du territoire. Après avoir sillonné les quatre régions linguistiques de la Suisse, l’équipe du Pavillon suisse a mené des entretiens avec les usagers de ces frontières et les a accompagnés dans l’élaboration d’une maquette mentale de leur représentation du territoire. À partir de ces représenta-tions, l’équipe a fabriqué des croquis 3D à base de mousse polystyrène. Actuelle-ment, elle démarre la seconde phase du projet : des entretiens avec une dizaine d’experts, dont le préposé à la frontière nationale. Julia Jeanloz

JOURNAL 21 TRACÉS 3/2020

Le canton de Vaud, par sa direction générale de la mo-bilité et des routes (DGMR), en partenariat étroit avec les transports publics de la région lausannoise (tl) et la Ville de Lausanne, lance un appel à candidatures en vue de sélectionner cinq équipes au maximum. Celles-ci participeront aux mandats d’étude parallèles (MEP) qui désignera l’équipe chargée de mettre en œuvre l’identité du métro m3, en collaboration avec les man-dataires des stations.

Le thème central : L’univers du voyage, le décor et sa « boîte à outil ».

L’équipe : Au minimum un concepteur-créateur, un designer, un concepteur lumière et un spécialiste digital.

Les dates clefs : 28.02.2020 dépôt des dossiers de candidatures20.03.2020 décision des équipes sélectionnées

Les équipes sélectionnées pour participer aux MEP se-ront ensuite appelées à développer leur projet d’avril à octobre 2020.

La composition du jury, les détails et les documents de la procédure sont à disposition sur le site romand des marchés publics, www.simap.ch, annonce n°1114527

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Volume: 4 semesters + 6 months internship, 120 ECTS in total

Admission: Bachelor’s degree in architecture from a university with at least 180 ECTS or equivalent. A motivation letter and a portfolio are required.

CONCOURS

26.02Rendu

CONCOURS DE PROJETS PROCÉDURE OUVERTEQuartier d’habitation à Beauregard-DessusNeuchâtel

28.02Candidature

ÉTUDE DE PROJETS PROCÉDURE SÉLECTIVEIdentité de la nouvelle ligne du m3Lausanne

28.02Pré-qualification

CONCOURS DE PRESTATIONS GLOBALESPROCÉDURE SÉLECTIVEPlanification et réalisation d’une extension et d’une transformation d’un bâtiment de laboratoireBâle

29.02Inscription

CONCOURS D’IDÉES PROCÉDURE OUVERTE Salut Paris – Reclaiming the UrbanVoids of Paris

06.03Pré-qualification

CONCOURS DE PROJETS PROCÉDURE SÉLECTIVEImmeuble d’habitation FlurstrasseZurich

19.04Rendu

CONCOURS D’IDÉES PROCÉDURE OUVERTE #RotterdamCallRotterdam

15.05Rendu

CONCOURS DE PROJETS PROCÉDURE OUVERTE Nouvelle usine de production d’eau potable « Saint-Sulpice II » Lausanne

22 TRACÉS 3/2020

LIN.ROBBE.SEILER

Recherche pour compléter son équipe un/e

Mission :Assurer l’estimation des coûts et la mise en appel d’offre de façon horizontale sur plusieurs projets. Contribuer au développement des méthodes et bases de données internes sur ces sujets. Interagir avec les équipes de développement architectural.

Profil : - Expertise en estimation des coûts, mise en appel d’offres et contrats.- Expérience dans le domaine de la direction de travaux et de la comptabilité de chantier.- Intérêt pour le dialogue et la communication- Compétences normatives et constructives

Date : à convenir

Merci de nous faire parvenir votre dossier par email à [email protected]

ARCHITECTE-ECONOMISTE DE LA CONSTRUCTION

LRS Architectes SA, Rue des Pâquis 35, CH-1201 GenèveT +41 22 906 05 95, F +41 22 906 05 96, [email protected]

LIN.ROBBE.SEILER

Recherche pour compléter son équipe un/e

Mission :Assurer le suivi de chantier sur des projets d’envergure, de la planification à la livraison

Profil : - Expérience sur des grands projets- Compétences normatives et constructives - Bonne pratique de l’estimation des coûts, de la comptabilité de chantier, de la mise en appel d’offres et des contrats- Intérêt pour le dialogue et la communication- Compétences et intérêt pour la gestion d’équipe

Date : à convenir

Merci de nous faire parvenir votre dossier par email à [email protected]

DIRECTEUR/TRICE DES TRAVAUX

LRS Architectes SA, Rue des Pâquis 35, CH-1201 GenèveT +41 22 906 05 95, F +41 22 906 05 96, [email protected]

un(e) architecte expérimenté(e)Pour compléter notre équipe, nous recherchons:

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1951 Sion

• Diplômé(e) EPF, HES ou équivalent• Taux d’activité 100%• Maîtrise des outils informatiques Archicad et Adobe, connaissances 3D et /ou BIM souhaitées• Une expérience professionnelle en développement de projet et phase d’exécution serait un atout

Nous offrons un cadre de travail optimal au sein d’une équipe dynamique, où la prise de responsabilités est encouragée.

Nous vous invitons à faire parvenir votre dossier de candidature à

Architecte/PaysagisteChef de Projet

L’Agence BASE recrute un·e architecte-paysagiste chef de projet ayant une expérience significative dans la gestion d’équipes pour travailler sur des sujets de grands territoires, d’espaces publics exemplaires et particulière-ment le développement du plan guide de la 3e correction du Rhône. Lié à l’agence de Lyon, le poste pourra être occupé en Suisse ou en France, de nombreux déplacements doivent toutefois être à prévoir.

L’Agence travaille sur des projets emblématiques et des sujets de paysage contemporains en espaces publics, urbanisme et grands territoires, tant sur l’acclimatation de la Ville que sur l’inclusion, les nouveaux usages urbains et le réemploi.

Nous recherchons une personne polyvalente et bienveillante, avec esprit de synthèse, sens fort des priorités et capacité importante de gestion d’équipe ainsi qu’une grande sensibilité graphique. Une bonne maîtrise des plans directeurs à l’échelle des cantons est particulièrement attendue ainsi qu’une bonne maîtrise de l’allemand.

Expérience du poste : – 7 à 10 ans minimum / avec de l’expérience sur toutes les phases de maîtrised’œuvre (y compris chiffrage) et gestion d’équipe projet

– Demande de 2 références Grand Territoire explicitées dans le book

Contrat : CDD ou CDI et salaire à discuter Contact : Transmettre book et CV, à l’adresse [email protected]

Architecte/PAysAgiste

chef de Projet

AgeNce BAsewww.BAselANd.fr

L’Agence BASE recrute un.e architecte-paysagiste chef de projet ayant une expérience significative dans la gestion d’équipes pour travailler sur des sujets de grands territoires, d’espaces publics exemplaires et particulièrement le développement du plan guide de la 3ème correction du Rhône. Lié à l’agence de Lyon, le poste pourra être occupé en Suisse ou en France, de nombreux déplacements doivent toutefois être à prévoir.

L’Agence travaille sur des projets emblématiques et des sujets de paysage contemporains en espaces publics, urbanisme et grands territoires, tant sur l’acclimatation de la Ville que sur l’inclusion, les nouveaux usages urbains et le réemploi.

Nous recherchons une personne polyvalente et bienveillante, avec esprit de synthèse, sens fort des priorités et capacité importante de gestion d’équipe ainsi qu’une grande sensibilité graphique. Une bonne maîtrise des plans directeurs à l’échelle des cantons est particulièrement attendue ainsi qu’une bonne maîtrise de l’allemand.

Expérience du poste: - 7 à 10 ans minimum / avec de l’expérience sur toutes les phases de maîtrise d’oeuvre (y compris chiffrage) et gestion d’équipe projet.- Demande de 2 références Grand Territoire explicitées dans le BOOK

Contrat: CDD ou CDI et salaire à discuterContact:Transmettre Book et CV, à l’adresse: [email protected]

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23 TRACÉS 3/2020 OFFRES D’EMPLOI

La gestion de projet est notre passionTechdata est un leader Suisse dans le domaine de la construction pour des prestations :- de délégation du Maître de l’Ouvrage- d’assistance au Maître de l’Ouvrage- de conseils au Maître de l’Ouvrage

Indépendant et neutre, Techdata apporte, depuis 50 ans, qualité et valeur ajoutée aux projets de nos clients publics et privés, ceci grâce aux compé-tences de ses collaborateurs.

Techdata soutient les Maîtres de l’ouvrage dans le domaine des in-frastructures de transport pour des projets ferroviaires, comme le CEVA, les gares de Lausanne et Genève, ou routiers tels que les contournements autoroutiers de Lausanne et Genève.Pour renforcer nos équipes à Genève ou Lausanne sur des projets d’infrastruc-ture parmi les plus passionnants en Suisse romande, nous cherchons un :

Chef de projet AMOIngénieur civil (H/F)

Vos principales tâchesEn tant que chef de projet, vous représenterez les intérêts du Maître de l’ouvrage. Vous assumerez la responsabilité de l’ensemble du projet dans le respect des coûts, des délais et des critères de qualité.En tant que référent du client sur le projet, vous bénéficierez d’une grande liberté d’entreprendre. Vous soutiendrez le Maître de l’ouvrage, piloterez l’ensemble des intervenants du projet et vous assurerez que les objectifs du projet soient atteints.

Notre offreNous offrons un environnement de travail stimulant et convivial, ainsi que d’ex-cellentes opportunités de développement et une rémunération compétitive, orientée vers le succès. Notre entreprise promeut le partage du savoir-faire et met en valeur les collaborateurs ainsi que leurs compétences techniques, so-ciales et méthodologiques. Nous proposons des conditions de travail flexibles qui respectent l’équilibre entre l’emploi et la vie privée de chaque collaborateur, avec, en particulier, une possibilité de travail à temps partiel.

Vos qualificationsVous possédez un diplôme universitaire supérieur (EPF, HES), une solide expérience dans la gestion de projet et l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, ainsi qu’une expérience professionnelle avérée dans la gestion de projets de construction d’infrastructures de transport. Idéalement, votre profil sera complété par une formation complémentaire en gestion de projet ou en gestion d’entreprise.Diplomate et à l’aise dans les aspects relationnels, autonome, vous tra-vaillez de manière rigoureuse et responsable, et possédez un sens aigu du travail collaboratif.

Votre contactVous êtes intéressé ? Nous attendons votre candidature par e-mail à l’adresse : [email protected] tout renseignement complémentaire, M. Jean-Pierre Bolli se tient à votre disposition au : +41 21 651 08 50.

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Forte de ses 12’000 habitants et 120 collaborateurs, la commune de La Tour-de-Peilz

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Ingénieur en énergie et environnement

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et des bâtiments.

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Il ne sera donné suite qu’aux dossiers répondant aux conditions requises.

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Technicien-ne chargé-e de projets à 100%

Vous trouvez les détails relatifs à ce poste sur notre site internet : www.morges.ch/emploiLes dossiers complets sont à adresser jusqu’au 20 février 2020 à :

[email protected]

www.morges.ch

JOURNAL24 TRACÉS 3/2020

Des connaissances et techniques acquisesLa SIA se présentait à nouveau dans son lounge du Swissbau Focus, la plateforme de manifestations et de réseautage. Elle était partenaire de dix-sept événements qui ont attiré un nombre important de visiteurs.Dans ce cadre, les rapports entre numérisation et durabilité ont suscité des débats contra-dictoires. Un intervenant a ainsi plaidé pour le retour de « l’architecture en verre » avec « des bâtiments compacts offrant une grosse capa-cité d’accumulation et de petites ouvertures ». Un autre a insisté sur l’importance du recy-clage et de la réduction des matériaux. Les intervenants ont néanmoins tous admis que les connaissances et les techniques nécessaires à une vie plus respectueuse du climat étaient depuis longtemps disponibles. Tandis que l’idée de sobriété – soit une limitation et un ralentis-sement volontaires, ainsi qu’un juste équilibre entre consommation, renoncement et décom-mercialisation – constitue un prérequis essen-tiel pour certains, d’autres voix ont affirmé qu’il n’est pas nécessaire de renoncer au confort, pour autant que l’on adopte la bonne approche. Toutefois, le fait que le problème ne pourra pas être résolu par les seuls concepteurs, même si le secteur de la construction est responsable d’un tiers des rejets mondiaux de gaz à effet de serre, a fait consensus.

Un passage à l’action freiné par les intérêts individuelsComme le président de la SIA, Stefan Cadosch, l’a parfaitement résumé lors d’une des nom-breuses tables rondes, tant que la taille du

PROFESSION

Quelles avancées sur le front des émissions de CO2 ?

Si la durabilité dans la construction a été un thème amplement débattu à Swissbau, qu’en est-il des solutions pour réduire les émissions de CO2 : le salon réservait- il quelques moments d’épiphanie à cet égard ?

Le salon Swissbau 2020 s’est ouvert sur les intrépides cascades d’un groupe d’acrobates sur la façade de la « Tour d’horizon », située au centre de la Messeplatz. À l’intérieur de cet édifice en acier et béton de 14 mètres de haut, une exposition interrogeait nos manières de vivre, d’habiter, de travailler et de voyager – aujourd’hui et demain. L’occasion d’aborder de front les défis relatifs au CO2, à travers une approche ludique.

Des approches contrastées face au problème du CO2

À quelques pas de cette tour se trouvait l’élé-gant petit « Wood Passage », qui arborait un message unique : cet assemblage de 13  m3 de bois – soit l’équivalent de ce qui repousse en une demi-seconde dans les forêts euro-péennes – renferme 13 tonnes de CO2. Tandis que certains exposants prenaient visible-ment la problématique du CO2 au sérieux, d’autres se contentaient de proposer une petite « couverture CO2 » pour ne pas heurter le public sensibilisé. D’autres encore ne sem-blaient absolument pas avoir pris conscience du défi – suivant peut-être la croyance opportuniste que le reste du monde assu-rera leurs propres besoins ou que le « battage autour du CO2 » finira bien par retomber.

Swissbau 2020

logement ou du véhicule individuel restera un marqueur de statut social, les gens continue-ront à viser toujours plus grand. Des propos d’ailleurs corroborés par le fait que pratique-ment chaque économie en matière de rejets de CO2 est aujourd’hui anéantie par un surcroît de consommation. En d’autres termes, ce ne sera que lorsque les gens seront fiers de pra-tiquer la sobriété qu’il deviendra possible de diminuer sérieusement les émissions de CO2. Et c’est là que les concepteurs reprennent la main : des logements plus petits, mais basés sur des plans optimisés, de nouveaux modèles d’habitat et de travail, offrant par exemple une polyvalence d’usages sur les mêmes surfaces, deviendront des objets prisés. Aujourd’hui, de tels modèles conceptuels et styles de vie sont malheureusement encore trop rares.Notons également que l’actuelle politique de taux d’intérêt négatif rend un bien mauvais service à la société. Pour placer leur argent, les investisseurs construisent des objets de piètre qualité, souvent au mauvais endroit, et sans analyse globale des besoins. De plus, des prix du logement et de l’immobilier en hausse constante excluent souvent un déménagement pourtant désiré. À l’issue de multiples échanges stimulants lors des rencontres du Swissbau Focus, il est frustrant de reconnaître que les problèmes sont connus, les solutions existent et sont prêtes à être appliquées, mais la volonté de sortir de sa prétendue zone de confort est encore trop peu répandue.

Ivo Vasella, arch. dipl. EPF/SIA, coresponsable Communication, porte-parole médias ; [email protected]

À gauche : la présidente du conseil d’experts Transformation numérique, Birgitta Schock (deuxième à gauche), débat avec Urs von Arx, Nadine Jürgensen, Katrin Muff et Christoph Meili sur les nouvelles possibilités que la numérisation et la prise en compte de la durabilité apportent au travail des concepteurs. À droite : les visiteurs se bous-culaient au stand de la SIA. (© PHILIP BÖNI)

JOURNAL 25 TRACÉS 3/2020

Actualités des commissions

Experts SIA : les candida-tures sont attendues

Depuis le 1er janvier 2020, le réper-toire des experts SIA est en libre accès sur le site de la SIA.

Face au nombre croissant de demandes émanant de maîtres d’ouvrage, de concepteurs et des autorités, la SIA a reconnu la nécessité d’établir un réper-toire d’experts, à travers la création d’une fonction d’experte / expert SIA. Les profils des candidats sont évalués par la section correspondante et par le nouveau comité « experte SIA / expert SIA », dont la composition assure la représentation de différents domaines techniques et des régions linguis-tiques du pays, avant d’être soumis à l’approbation finale du comité de la SIA. Les membres SIA restent naturel-lement habilités à rédiger des exper-tises, conformément à la législation en vigueur, sans toutefois détenir le titre officiel d’experte SIA / expert SIA.

Les sections SIA Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel, Vaud et Valais mettent à disposition depuis quelques années une liste d’experts de profes-sionnels SIA. Cette liste est valable jusqu’à la fin 2020 et peut être consul-tée ici : romandie.sia.ch/fr/node/209

Sacha Menz, professeur EPFZ (architec-ture et processus de construction), asso-cié SAM Architekten und Partner AG, Zurich ; [email protected] Maffioletti, avocat, lic. iur. / SIA, responsable SIA-Droit et membre de la direction ; [email protected]

Traduit de l’allemand par Anaïs Egeler-Haubois, bureau SIA

Formation

« Balises » : des cours pilotes pour aborder le calcul des honoraires

L e calcul et le contrôle des coûts liés à la fourniture de prestations afin

de déterminer des « prix de vente », sont un facteur de succès essentiel pour tout bureau d’étude. Après le retrait de la solution RPH transitoire, les bureaux d’étude devront compiler les bases de calcul applicables à leurs honoraires sans ce canevas. Ces deux cours pilotes – l’un pour les archi-tectes, l’autre pour les ingénieurs – se concentrent sur un mode de calcul du temps nécessaire et des taux horaires correspondants sur la base de projets ainsi que de données annualisées. Ce module de trois heures (introduction aux RPH, calcul des frais généraux et détermination du taux horaire, calcul des honoraires du point de vue des bureaux, discussion) s’adresse aux pro-priétaires et aux forces dirigeantes de bureaux d’architectes et d’ingénieurs actifs dans les différentes branches d’étude.

Conditions d’admission

Les professionnels intéressés à l’admission au répertoire des experts SIA sont tenus d’adresser leur candidature à la section dont ils sont membres. L’intervention des experts SIA est encadrée par le droit privé et doit être définie entre mandants et experts, le rôle de la Société étant limité à la tenue et à la mise à jour du répertoire.

Cours « Balises »

17.03.2020, 17:00-20:00, Lausanne (pour architectes)22.04.2020, 17:00-20:00, Lausanne (pour ingénieurs)sia.ch/form

20.02 / 11:00 CONFÉRENCENathalie BaumannUrban biodiverse habitats for animals, plants and humans – cities of the futureSmart Living Lab, Fribourgsmartlivinglab.ch

24.02 – 14.03

EXPOSITIONFranchir la berge : architecture, eau & regards sur les rives lausannoisesForum de l’Hôtel de Ville de Lausannefondationcub.ch

27.02 – 29.04 EXPOSITIONTaking the Country’s SideArchizoom – EPFL, Lausannearchizoom.epfl.ch

05.03 / 17:30

PRÉSENTATION PUBLIQUEPavillon de la Suisse à la Biennale d’architecture de VenisePavillon Sicli, Genèveswissbordertour.ch

05.03 / 18:30 CONFÉRENCE MAArno BrandlhuberPavillon Sicli, Genèvema-ge.ch

10.03 – 16.05 EXPOSITIONDaphné BengoaFernand Pouillon et l’Algérie. Des vies et une architectureThéâtre de Vidy, Lausannevidy.ch

AGENDA

JOURNAL26 TRACÉS 3/2020

Swiss Map Vector – les cartes nationales de la Suisse sous forme vectorielle

Profitez des avantages des données vecto-rielles et créez votre carte individuelle. Les données sont éditables. En masquant ou en adoptant une symbolisation pour des objets particuliers ou une classe, une carte peut être adaptée de manière spécifique. Il est également possible d’ajouter du contenu et des liens vers des informations. Ainsi, vous pouvez représenter votre propre thème de manière optimale.

swisstopo.ch/smv

VITRINE

Rétrospective Swissbau 2020

Le bilan de la participation de CRB au salon est très positif : celle-ci fut l’occasion de dia-loguer avec les visiteurs et de créer de nou-veaux contacts. Les événements organisés par CRB ont suscité un vif intérêt, tout comme nos nouveaux produits.Les chiffres de cette 26e édition de Swissbau de Bâle sont éloquents : 902 exposants issus de 17 pays différents, 80 événements Focus, plus de 92 000 visiteurs. Cette édition « a placé le dialogue de personne à personne au cœur de son programme », selon les termes officiels du rapport final. En tant que salon lea-der du secteur suisse de la construction et de l’immobilier, Swissbau a une fois de plus réuni tous les spécialistes de la branche et a ainsi favorisé le dialogue entre tous ses acteurs.

crb.ch

Oui aux logements abordables

Les personnes à la recherche d’un loge-ment ne sont pas les seules à devoir abso-lument se rendre aux urnes le 9 février pour voter sur l’initiative populaire « Davantage de logements abordables » ; les architectes et les personnes intéres-sées par l’architecture ont, elles aussi, intérêt à ce que le « oui » l’emporte.Retrouvez en ligne l’intégralité de l’argu-mentaire de Paul Knüsel, rédacteur en chef adjoint de TEC21, selon lequel un oui à l’initiative populaire du 9 février encou-ragera également la culture du bâti et le développement durable.

espazium.ch/fr/actualites/oui-aux-logements-abordables

Quartier intergénérationnel d’habitations d’Athenaz (GE)L’équipe formée de apaar paysage et architecture et des ingénieurs Ratio Bois remporte le concours pour la construction d’un quartier intergénérationnel d’habi-tations dans le village d’Athenaz dans le canton de Genève. L’habileté à trouver le langage et l’échelle justes pour le vil-lage ainsi que le soin particulier accordé à la conception des appartements ont convaincu le jury.

Développement du quartier « Ronquoz21 », Sion (VS)L’équipe formée des bureaux Herzog & de Meuron et Michel Desvigne paysagiste remporte le MEP pour le développement du quartier Ronquoz 21 à Sion.Le collège d’experts a été séduit par la vaste chaîne de parcs à l’échelle de l’agglo-mération qui amène la nature au centre-ville par un espace généreux et continu. Il souligne également l’ingéniosité de la transformation évolutive du quartier ainsi que les actions concrètes mises en place pour le portage financier du projet.

Extension du collège de Longereuse, Val-de-Travers (NE)Le concours organisé pour l’extension du collège de Longereuse, dans le Val-de- Travers, a été remporté par le bureau neuchâtelois Andrea Pelati Architecte.Pour le jury, ce projet fonctionnel et modeste s’inscrit dans la continuité évo-lutive du complexe scolaire tout en faisant une économie maximale remarquable des surfaces constructibles.

Paraissent chez le même éditeurSur competitions.espazium.ch

TEC21

Costruire in legno a sud delle alpiUn’architettura costruitaLegno: materiale del futuroArchi N. 6/2019 (12.19)

Archi

En ligne

ESPAZIUM

Leben mit LawinenPontresina zähmt seinen Hausberg | Lan-ger Weg zum integralen Lawinenschutz | «Anpassungs-strategien wachsen über Jahrhunderte»TEC21 4/2020 (7. 2.2020)

Justus Dahinden: Emotionale KonstruktionenArchitektur – Mission | «Schönheit allein ist kein Kriterium»TEC21 3/2020 (24. 1.2020)

RÉALISATION 27 TRACÉS 3/2020

1 Schéma de principe du fonctionnement de la centrale énergétique (© LAZUR ENERGIE SA)

2 Concept de la centrale énergétique du CSM (© LAZUR ENERGIE SA)

A lors que le Lausanne Hockey Club semble enfin parvenir à affirmer

durablement son appartenance à l’élite helvétique, la construction du nouveau centre sportif de Malley a vécu un moment très attendu des supporters avec la mise à disposition d’une patinoire pouvant accueillir quelque 9600 spectateurs. Si les amateurs de natation, de plongeon, d’escrime ou de tennis de table devront attendre encore quelques mois pour disposer de nouvelles installations, la patinoire, opérationnelle depuis septembre 2019, a joué un rôle central lors des Jeux olympiques de la jeunesse et accueillera plusieurs parties des prochains championnats du monde de hockey.

Le futur centre sportif de Malley est issu d’un concours organisé en 2015 par les communes de Lausanne, Prilly et Renens, remporté par le bureau Pont12 avec un projet intitulé « H2O ». Le jury avait alors apprécié la solution visant à concentrer l’en-semble d’un programme complexe (trois patinoires, trois bassins dont un de dimen-sion olympique et un avec plongeoir de 10 m, tennis de table, espace de conférence) dans un bâtiment unique en L situé au sud et à l’ouest de la parcelle, laissant libre une grande partie de cette dernière.

Ambiance de spectacle nocturneAujourd’hui en service, la patinoire a été

conçue en acier (toiture) et en béton (gra-dins), des matériaux mis en place selon des schémas statiques simples et facilement lisibles (fig. 3). Un choix délibéré qui pré-sentait l’avantage d’offrir certaines garan-ties en matière de contrôle des coûts et des délais. Au niveau de l’enveloppe, le recours à du verre Profilit translucide évoque l’eau, solide ou liquide, des deux principales acti-vités accueillies par le centre. Ce matériau, qui peut être rétroéclairé la nuit, confère un aspect relativement lumineux au bâtiment qui, comme nous allons le voir, crée un fort contraste avec l’intérieur de la patinoire.

L’accès à cette dernière se fait au terme d’une légère ascension à travers la place lais-sée libre devant le L du bâtiment. De là, les

Souffler le chaud et le froid dans la Vaudoise aréna

Plan niveau 00

07.2

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4125 MWh100 % renouvelable

4500 MWh100 % renouvelable

2100 MWh CAD(+50 % renouvelable)

BESOINS ÉNERGÉTIQUES EN FROID ET EN CHAUD (© LAZUR ENERGIE SA)

RÉALISATION28 TRACÉS 3/2020

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RÉALISATION 29 TRACÉS 3/2020

3 Coupe de la patinoire et plan au niveau de l’entrée (© PONT12 ARCHITECTES)

4, 5 Enveloppe en verre Profilit du centre sportif de Malley (© VINCENT JENDLY)

spectateurs entrent dans la patinoire elle-même à un niveau situé au milieu des gra-dins, à partir duquel s’organisent les cir-culations horizontales et verticales : ils rejoignent alors un vaste corridor faisant le tour de la glace et le long duquel sont répar-tis buvettes, escaliers d’accès à la partie supérieure et toilettes. Choisie par les archi-tectes pour créer une ambiance de spec-tacle nocturne (la patinoire est conçue pour accueillir d’autres types de manifestations), la teinte noire des murs en béton atteint pleinement cet objectif puisque les spec-tateurs se trouvent effectivement plongés dans une atmosphère relativement sombre au sein de laquelle la blancheur éclatante de la glace capte l’attention (fig. 6).

Construits selon un dispositif en béton armé en poutres simples préfabriquées, les gradins sont recouverts par une toiture de plus de 8000 m2 supportée par une série de gigantesques poutres métalliques triangu-lées d’une portée de près de 65 m pour une

hauteur statique au centre de l’ordre de 5,5 m. La présence, inédite dans une pati-noire, de baies vitrées le long de la façade ouest crée un lien discret et inattendu avec le milieu urbain extérieur.

Les amateurs de hockey regretteront peut-être le manque de verticalité des gra-dins, qui prive probablement la patinoire d’un « effet de chaudron » dont raffolent les supporters les plus fervents. À noter fina-lement que, contrairement aux patinoires dans lesquelles le LHC a joué jusqu’à ce jour, la température à l’intérieur de la nou-velle patinoire est tout sauf glaciale.

Concept énergétique optimalUne température plutôt agréable dans

les gradins qui nous conduit à aborder le concept énergétique mis en place pour le nouveau centre sportif de Malley. Ce concept est basé prioritairement sur l’idée simple de combiner aussi judicieusement qu’il se peut les besoins, quasiment équi-

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RÉALISATION30 TRACÉS 3/2020

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6 Vue depuis le déambulatoire sud (© VINCENT JENDLY)

7 Une patinoire en noir et blanc (© VINCENT JENDLY)

8 La nuit, le rétroéclairage des façades signale une manifestation (match ou événement) sur le plateau de Malley (© VINCENT JENDLY)

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RÉALISATION 31 TRACÉS 3/2020

valents, en froid et en chaud nécessaires au fonctionnement du nouveau bâtiment.

L’optimisation du système énergé-tique a été rendue possible par la créa-tion de la société LaZur Energie SA, regroupant les Services industriels des villes de Lausanne (SIL) et de Zurich (ewz). Ces derniers disposaient en effet d’une très large expérience dans la four-niture d’énergie aux patinoires, puisqu’ils sont notamment responsables de l’ex-ploitation des installations énergétiques du Hallenstadion à Zurich. Après avoir conçu et réalisé la centrale énergétique au cœur même du bâtiment (fig. 2), la société regroupant les deux services industriels est aujourd’hui chargée de son exploita-tion pour une période de 30 ans.

L’un des principaux éléments de la cen-trale énergétique consiste à ce que la cha-leur dégagée par les cinq machines réfri-gérantes servant à la fabrication de la glace et à la climatisation soit directement réutilisée pour le chauffage du bâtiment (notamment des piscines) et le fonction-nement des surfaceuses à glace (fig. 2). En plus, deux pompes à chaleur peuvent être

mises en action afin de récupérer la cha-leur résiduelle et de l’utiliser pour garantir le maintien en température des piscines et assurer le chauffage haute température et l’eau chaude sanitaire. Ces pompes à cha-leur ont un rendement très élevé qui pro-fite largement de la température relati-vement importante (32 °C) de la chaleur issue de la production de froid. À noter aussi que l’alimentation en électricité des pompes à chaleur et de la production de froid est à 100 % d’origine renouvelable, puisque la toiture du centre est recouverte par une centrale solaire comprenant 2200 panneaux photovoltaïques, dont plus de 600 servent directement à l’alimentation des installations de production d’énergie. Finalement, pour faire face à d’éventuelles fortes demandes de chauffage haute tempé-rature (HT) sur de courtes périodes, la cen-trale énergétique du centre sportif dispose d’une connexion au système de chauffage à distance de l’ouest lausannois (CADouest, renouvelable à plus de 50 %).

Jacques Perret est ingénieur civil EPFL. Il travaille au sein du bureau Nibuxs et a été rédacteur ingénierie à la revue TRACÉS.

Patinoire de la Vaudoise aréna, Prilly (VD)Concours : 2015, réalisation : 06.2017 – 10.2019

Maître de l’ouvrage : CSM SA (Centre Sportif de Malley SA)Architecte : Pont12 Architectes SA, Chavannes-près-Renens Ingénieurs civils : EDMS SA, Petit-Lancy Architecte paysagiste : Pascal Heyraud, Neuchâtel Énergie et thermique : LaZur Energie SA, Lausanne / ZurichEntreprise générale : Steiner SA, TolochenazCharpente métallique et façades : Sottas SA, Bulle Éléments préfabriqués : MFP Préfabrica-tion SA, Marin-EpagnierIngénierie VSE + AdB : Rapp SA, BâleIngénierie chauffage : ECA Engineering Sàrl, Cossonay-villeIngénierie sécurité : Tüv Süd SA, BâleIngénierie thermique : Weinmann- Énergies SA, Échallens

CONNECTER LES COMPÉTENCES – CRÉER UNE PLUS-VALUE

Steiner SA est une des entreprises totales et générales les plus importantes de Suisse. Nous réalisons dans tout le pays des ouvrages exceptionnels et durables. Avec la Vaudoise aréna, Steiner SA construit un centre sportif novateur au service de toute une région. Nous souhaitons remercier le maître d’ouvrage pour sa confiance et nos partenaires pour leur collaboration appréciée. Nous continuons à mobiliser toutes nos compétences pour mener à bien ce projet.

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