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1 Paul VEYRON Lycée Georges Brassens, Neufchâtel en Bray Dossier de Presse en vue de l'admission à l'Institut d’Études politiques de Paris Dessin de Placide, 31 janvier 2017, (http://www.leplacide.com) François Fillon peut-il (encore) faire gagner la droite ? Mars 2017

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Paul VEYRON

Lycée Georges Brassens, Neufchâtel en Bray

Dossier de Presse en vue de l'admission à l'Institut d’Études politiques de Paris

Dessin de Placide, 31 janvier 2017, (http://www.leplacide.com)

François Fillon peut-il (encore) faire gagner la droite ?

Mars 2017

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SOMMAIRE

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Liste des articles retenus pour la note de synthèse.….......................................page 3 Note de synthèse................................................................................................page 4 Note de réflexion personnelle............................................................................page 6 Sources.............................................................................................................page 12

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LISTE DES ARTICLES RETENUS POUR LA NOTE DE SYNTHESE (Période de référence s'étendant du 1er Octobre au 1er Décembre)

TILLINAC Denis, marianne.net, 16 novembre 2016. « Chez Fillon, on fête sérieusement une victoire inatendue », lexpress.fr, 21 novembre 2016.

CHAPUIS Nicolas, « Primaire de la droite : les multiples ressorts du vote Fillon », lemonde.fr, 21 novembre 2016. LELIEVRE Adrien, « Primaire à droite : les ressorts du vote Fillon », lesechos.fr, 21 novembre 2016 BAZ-HATERN Stéphanie, « Les raisons de la victoire fulgurante de François Fillon à la primaire de la droite », huffingtonpost.fr, 21 novembre 2016. AUFFRAY Alain, « Le miracle Fillon », libération.fr, 21 novembre 2016. « Pourquoi ont-ils voté Fillon ? », lacroix .com, 21 novembre 2016. VERGNAUD Vivien, « Primaires : les 6 raisons du succès de Fillon », lejdd.fr, 22 novembre 2016. « Primaire à droite, Fillon juge incontestable que son passage à « Ambition Intime » ait joué » leparisien.fr, 22 novembre 2016. LEGRAND Thomas, « De quelle droite François Fillon est t-il le représentant et le candidat ? », Franceinter.fr, mardi 22 novembre 2016. BARJON Carole, « Le vrai François Fillon », nouvelobs.com, 24 novembre 2016. BREZET Alexis, « Éditorial : Pour Fillon, tout commence », lefigaro.fr, 27 novembre 2016. « Age, sexe, géographie : qui a voté Fillon et pourquoi ? », lavoixdunord.fr, 28 novembre 2016.

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Note de synthèse

Le dimanche 7 mai 2017, les Français éliront le vingt-cinquième président de la République française. Afin de désigner leur candidat commun, Les Républicains (LR), le Parti chrétien-démocrate (PCD) et le Centre national des indépendants et paysans (CNIP) ont organisé une primaire ouverte. Il s'agissait de la première primaire ouverte nationale organisée par la droite en France. Sept candidats prétendant à la présidence se sont affrontés lors du premier tour qui s'est tenu le 20 novembre 2016. Alain Juppé et Nicolas Sarkozy apparaissaient comme les grands favoris. C'est finalement François Fillon qui a créé la surprise avec 44,1% des suffrages, contre 28,6% pour Alain Juppé et seulement 20,7% pour Nicolas Sarkozy qui est arrivé en troisième position.Le 27 novembre 2016, à l'issue du second tour auquel ont participé plus de 4,4 millions d’électeurs, François Fillon est reconnu vainqueur avec 66,5% des suffrages contre seulement 33,5% pour Alain Juppé ; il est donc devenu le candidat de la droite et du centre pour l’élection présidentielle française de 2017. La presse Française s'est interrogée sur les raisons de cette victoire « inattendue » selon L’Express du 21 novembre. Pour la presse et pour la plupart des observateurs et analystes de la vie politique française, François Fillon ne partait pas comme grand favori de cette primaire de la droite et du centre. Dans un article intitulé « Primaire de la droite : les multiples ressorts du vote Fillon » publié le 21 novembre 2016 dans Le Monde, le journaliste Nicolas Chapuis constate qu' « ils [les instituts de sondage] avaient vu la dynamique, mais certainement pas l'ampleur » et qu' « ils [avaient] tous sous-estimé le score de François Fillon, même s'ils ont décrit […] une remontée inédite » deux semaines avant l'élection. Pour le journaliste, la victoire surprise de François Fillon dans cette primaire n'est toutefois pas le seul fait du hasard. Selon Nicolas Chapuis, François Fillon « s'est démarqué en adoptant une posture de présidentielle au-dessus de la mêlée, pour creuser son sillon », en particulier lors des trois débats audiovisuels organisés. Il a ainsi su « s'imposer peu à peu comme le troisième homme derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, pour finalement écraser ses deux concurrents le jour du vote ». Selon Adrien Lelièvre des Echos, l'ancien premier ministre est d'abord apparu comme une « solution de repli » pour les électeurs de droite qui ne voulaient plus de l'ancien chef de l’État, Nicolas Sarkozy, et qui étaient « en désaccord avec la ligne jugée trop centriste du maire de Bordeaux ». Ainsi, comme le souligne Adrien Lelièvre des Echos, « 42% des électeurs ont surtout voté ''pour que Nicolas Sarkozy ne gagne pas'' ». « Entré tôt en campagne et pariant sur un programme mariant libéralisme économique et conservatisme social, François Fillon a réussi à incarner le changement » (Les Echos du 21 novembre 2016). C'est aussi l'analyse de Denis Tillinac dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Marianne du 16 novembre (avant le premier tour). L'écrivain et journaliste voyait deux raisons à la montée en puissance de Fillon : « D'abord, des gens de centre-droit qui refusent Sarkozy et voulaient voter Juppé ont trouvé la campagne de ce dernier trop conventionnelle. Fillon leur paraît donc plus attrayant... Ensuite, les électeurs de la droite catholique conservatrice ne sont pas satisfaits du duel favori ». De plus, comme le souligne le site français d'actualité Huffington Post le 21 novembre, « contrairement à Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy, ses principaux concurrents, François Fillon a un casier judiciaire vide. A l'heure des « tous pourris » et du succès des candidats anti-système, cette virginité judiciaire est une qualité de taille ». Selon la journaliste auteure de cette analyse, Stéphanie Baz-Hatern, les Français ont reconnu en François Fillon quelqu'un de « sérieux », d’honnête, mais aussi de « calme », de « digne » dans la « pure tradition de la droite française ». Enfin, selon le Journal du dimanche du 22 novembre, François Fillon a su toucher les Français dans l'émission « Une ambition intime [de Karine Le Marchand qui] l'a révélé » en montrant « un François Fillon rieur, ému en évoquant son mentor Philippe Séguin, [ou encore en] faisant découvrir au grand nombre son côté geek avec

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son drone ». Cette émission a contribué à rendre plus sympathique l'homme, ce que l’intéressé a reconnu dans le Parisien du 22 novembre. Ses « thèmes de campagne dans l'air du temps » et son expérience d'« ancien premier ministre, [d']ancien ministre à plusieurs reprises, [de] député [et de] sénateur » ont également plu aux électeurs de la droite, selon Stéphanie Baz-Hatern du Huffington post.

En effet, François Fillon a su aussi convaincre sur son programme. Pour Nicolas Chapuis du Monde, « son positionnement très libéral, avec la double promesse d'une forte réduction du nombre de fonctionnaires et d'une baisse importante de la dépense publique, a également payé auprès de la base » (Le Monde du 21 novembre). Selon Adrien Lelièvre des Echos, « en pariant sur un programme mariant libéralisme économique et conservatisme social, François Fillon a réussi à incarner le changement » et « séduire toutes les catégories d'âge » (Les Echos du 21 novembre 2016). Pour Vivien Vergnaud, dans un article publié dans le Journal du dimanche du 22 novembre 2016 et intitulé « Primaire : les 6 raisons du succès de Fillon », François Fillon a su convaincre les Français à travers ses changements. « Lancé très tôt – dès 2012 en fait – François Fillon s'était d'abord positionné en homme de la droite traditionnelle, certes, mais pas dure. Avec la candidature d'Alain Juppé, qui occupait un créneau plus central, il a déplacé le curseur : affichage de sa morale catholique, intransigeance sur les questions d'immigration et de la place de l'islam en France, politique sécuritaire ». Sa ''radicalisation'' a séduit la partie la plus conservatrice de l'électorat de la droite. Au lendemain du second tour, dans un article publié par La Voix du Nord le 28 novembre 2016 et intitulé « Age, sexe, géographie : qui a voté Fillon et pourquoi ? », le journaliste nous informe que « 62% des électeurs du second tour ont voté en fonction de son projet (Harris) et 60% ''parce qu'il a fait les meilleures propositions'' (Opinionway). Pour l’institut de sondage Elabe, le vote Fillon a été un vote d' ''adhésion'' (79%), contrairement au vote Juppé qui s'est partagé entre ''adhésion'' (49%) et vote ''d'opposition à l'autre candidat'' (50%) ». Selon le journaliste, « pour une majorité des électeur de la primaire, François Fillon est d'abord celui qui ''veut vraiment changer les choses'' » et le plus capable de « réformer la France ». Carole Barjon dévoile dans L'Obs dans un article publié le 24 novembre intitulé « Le vrai François Fillon », que « c'est sans doute le 27 octobre, dans ''l’Émission politique'' de France 2 » que François Fillon a « marqu[é] un point décisif » en affichant clairement ses positions et ainsi son programme. Selon la journaliste, « ce soir-là, François Fillon a fait un sans faute » en « assumant tranquillement ses positions sur des sujets aussi clivant que la repentance à l'égard de la colonisation, l'avortement ou le « mariage pour tous » ». Interrogés par le quotidien La Croix, plusieurs électeurs de François Fillon ont reconnu avoir été séduits et convaincus par ses positions sur la famille. Son programme économique plaît aussi car « il est un des seuls à taper du poing sur la table. Il a le courage de s’affirmer sur des dossiers sensibles comme le non renouvellement des fonctionnaires » (Baptiste 32 ans, artisan dans le bâtiment). Pour le journaliste de Libération Alain Auffray, dans un article publié le 21 novembre intitulé « Le miracle Fillon déjà en cours ? », « avec son programme thatchérien, l'ancien Premier ministre a […] pu compter sur le renfort de la droite catholique, grâce au soutien de Sens commun, le petit mouvement issu de la Manif pour tous ». C'est ce mélange de libéralisme économique et de conservatisme social qui a plu aux électeurs de la droite. « Son talent aura été de diagnostiquer cette double attente - conservatrice et libérale - de la droite française et d'avoir su l'incarner » selon l’éditorial d’Alexis Brézet dans le Figaro du 27 novembre.

La presse Française a donc rendu compte des raisons de la victoire surprise de François Fillon à la première primaire de la droite en France. Mais alors, « de quelle droite François Fillon est t-il le représentant et le candidat ? » comme le titrait Thomas Legrand dans l'édito politique sur France inter le mardi 22 novembre 2016 et peut-il la faire gagner ?

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Note de réflexion personnelle

Le 27 novembre 2016, François Fillon a donc été désigné comme « candidat de la droite et du centre » à l’élection présidentielle de mai 2017, à l’issue de la première primaire ouverte organisée par la droite. Malgré une forte participation (plus de 4 millions d’électeurs) et une score sans appel (plus de de 66% des voix au second tour contre à peine 33% pour Alain Juppé qui partait pourtant favori), François Fillon reste très largement inconnu de la majorité des Français. Mais qui est vraiment François Fillon ? De quelle(s) droite(s) est-il à la fois le représentant mais aussi le candidat ? et peut-il incarner son renouveau ? Dans un premier temps, nous rappellerons d’où vient François Fillon et quel a été son parcours politique. Dans un second temps nous ferons appel à la grille d’analyse proposée par René Rémond pour essayer de situer « à droite » l’ancien Premier ministre. Enfin, après les révélations du Canard enchaîné nous nous demanderons si François Fillon peut toujours faire gagner la droite ?

Né le 4 mars 1954 au Mans dans la Sarthe d'un père notaire et d'une mère historienne et professeur d'université, François Fillon a reçu, étant jeune, une éducation que l'on pourrait qualifier de plutôt stricte. Étant issu de parents bourgeois, catholiques et gaullistes, il fait sa scolarité dans des institutions privées catholiques, chez les Jésuites. En 1976, François Fillon obtient une maîtrise en droit public à l'Université du Maine au Mans, puis, il obtient son DEA (Diplôme d’Étude Approfondie) à l'université de Paris-Descartes l'année suivante. Dès la fin des années 1970, François Fillon entame une carrière politique en étant le collaborateur de Joël Le Theule qui fut député de la Sarthe de 1958 à 1968 et de 1969 à 1978 (UNR puis RPR), et plusieurs fois ministre. En 1977, il intègre le RPR (Rassemblement pour la République), car il se sent proche des idées de Jacques Chirac. À la mort de Joël Le Theule, François Fillon va peu à peu reprendre ses mandats. En dix ans, entre le début des années 1980 et le début des années 1990, ce dernier va faire un grand pas en avant dans la vie politique. En effet, il deviendra député en 1981, mais aussi maire de Sablé-sur-Sarthe en 1983, et enfin président du Conseil général en 1992. « Droit dans ses bottes » et n'ayant pas peur de revendiquer ses idées, il apparaît comme « gaulliste social » et s'oppose au traité de Maastricht en 1992 derrière Philippe Séguin qui incarne alors l’aile gauche du RPR. Après être devenu le ministre de Balladur, puis de Juppé, il devient président du conseil régional des Pays de la Loire en 1998 et exerce cette fonction jusqu'en 2002, avant de revenir aux affaires après l’élection de Jacques Chirac à la Présidence en tant que ministre des Affaires sociales et du Travail, puis de l’Éducation nationale dans les gouvernements I et II de Jean-Pierre Raffarin. Après être devenu sénateur de la Sarthe, il est nommé Premier ministre par Nicolas Sarkozy en 2007, poste qu’il occupera sans discontinuité jusqu’en 2012. François Fillon sera toujours considéré par ce dernier comme un simple collaborateur. Pour Christine Kelly, auteure de sa biographie, François Fillon, le secret de l'ambition, publiée en 20071 François Fillon « c'est le secret et l'ambition. Le calme et la détermination. La douceur et la fermeté. Ne pas se mettre en avant sans rester en arrière. C'est celui dont le silence peut faire du bruit et dont le bruit peut rester silencieux. C'est le fidèle soldat tour à tour de Joël le Theule, Philippe Séguin, Nicolas Sarkozy, et qui, depuis longtemps, a décidé de s'émanciper et de partir en première ligne. François Fillon a toujours été chef. Chef de bande, chef d'équipe, chef de ses trois petits frères, chef quand il fait de l'alpinisme avec ses amis... Et paradoxalement, en politique il a

1Françoise Kelly, François Fillon, le secret de l'ambition, Éditions du moment, 2007.

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toujours été dans l'ombre des autres ». Selon Christine Kelly « ce paradoxe montre que c'est quelqu'un qui prend son temps pour apprendre et qui ne s'émancipe pour devenir chef que lorsqu'il est prêt », ce qui est le cas.

Par ses origines familiales et sociales, sa formation intellectuelle et son parcours

politique, François Fillon est assurément un homme de droite, mais de quelle droite ? Pour l’historien et démographe Hervé Lebras, le premier tour de la primaire organisée

par Les Républicains (LR), aurait réactivé le clivage entre les trois droites identifiées et distinguées par René Rémond dans Les Droites en France2 Dans cet ouvrage, René Rémond développe la thèse selon laquelle il y aurait en France depuis la Révolution, non pas une droite mais bien trois. Il distingue ainsi la droite légitimiste, qu’il qualifie de contre-révolutionnaire, la droite orléaniste qui correspond finalement à la droite libérale, et enfin la droite bonapartiste ou droite césarienne. René Rémond, cherche à caractériser et à trouver les origines de ces trois courants bien différents. La Droite dite légitimiste, héritière de l'ultraroyalisme, est la droite qui s'est opposée à la Révolution française. C'est un « courant réactionnaire et conservatrice, contestant les principes de 1789 ». Contrairement à la droite légitimiste, la droite orléaniste quand à elle ne s'est pas opposée à la Révolution française. C'est une droite qui assume complètement son héritage libéral et parlementaire. Enfin, le bonapartisme met tout particulièrement en avant l'exercice solitaire et autoritaire du pouvoir. À l'automne 2005, René Rémond a publié Les Droites aujourd'hui3 qui prolonge sa réflexion. S'il considère que sa thèse de la division de la droite en différentes familles depuis le XIXe siècle reste valide, il reconnaît que la droite légitimiste a été marginalisée dans le système politique français : « La droite que j’appelais “légitimiste” afin de mettre en évidence son origine et de souligner son ancienneté, mais que je préfère aujourd'hui appeler contre-révolutionnaire, n'existe plus guère que comme une survivance archaïque et davantage comme école de pensée que comme expression d’une force politique. » Pourtant à l’occasion de la primaire « de la droite et du centre », beaucoup d’observateurs ont vu dans la candidature de François Fillon une réincarnation de ce courant. Ainsi pour Hervé Le Bras, « Nicolas Sarkozy est clairement dans la veine autoritaire et bonapartiste et Alain Juppé appartient à la catégorie orléaniste avec son souci de réformes qui ménagent à la fois l’économie et les classes populaires. Échoirait donc à François Fillon la case légitimiste… » (Le Monde du 30 novembre 2016). D'ailleurs, selon Hervé Le Bras, « la géographie des résultats » semble aller dans ce sens. En effet, il constate que « Sarkozy a enregistré ses meilleurs scores dans le Nord-Est et sur le pourtour de la Méditerranée ». « Quand à Juppé, presque tous les départements qui lui ont accordé ses plus forts pourcentages votent d'habitude à gauche ». Enfin, François Fillon a obtenu ses meilleurs résultats dans Grand Ouest et en particulier en Bretagne et en Vendée, où Hervé Le Bras suppose « l’existence d’un vote catholique traditionaliste, la région étant demeurée l’une des plus croyantes » en dépit de son glissement progressif à gauche ces dernières années.. Le politologue Olivier Rouquan va d'ailleurs dans ce sens en affirmant dans une interview sur Europe 1 que « les zones les plus déchristianisées sont plutôt favorables à une droite bonapartiste ou orléaniste. Alors que l’Ouest et l’Alsace sur-votent Fillon. ». Nous pouvons dès lors nous demander en quoi François Fillon se rattache au courant « légitimiste » ?  

2 René Rémond, Les Droites en France, Aubier, 1992. 3 René Rémond, Les Droites aujourd’hui, Audibert, 2005.

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Ce qui semble dans un premier temps justifier cette analyse se trouve en premier lieu dans l’attachement de François Fillon à l’église et valeurs catholiques. Ce dernier s'est toujours dit « chrétien » et l'a d'ailleurs répété à plusieurs reprises dans de nombreuses interviews (sur le plateau de TF1 notamment), lors des débats durant la primaire, mais aussi à l'intérieur même de son programme. Preuve en est que, chaque année, le candidat à la présidentielle se ressource à l'abbaye bénédictine Saint-Pierre de Solesmes, dans sa Sarthe natale. François Fillon a par ailleurs publié dans Valeurs actuelles une tribune avec le sénateur (LR) Bruno Retailleau, saluant dans la décision du Conseil d’État d'autoriser les crèches de Noël dans les lieux publics, une « victoire française ». Le vainqueur de la primaire a même revendiqué son accord avec le Pape, affirmant sur le plateau de TF1 entre les deux tours, que sur « la plupart des sujets sur lesquels Alain Juppé semble vouloir me contester, le pape François dit la même chose que moi. ». Ces prises de position ont séduit l’électorat catholique pratiquant. Selon un sondage Ifop réalisé pour Famille Chrétienne4 en janvier 2017, près de la moitié de ceux qui déclarent aller à la messe une fois par mois, s’apprête ainsi à voter pour le candidat LR dès le premier tour de la présidentielle. Il est clair que les messages adressés par le candidat aux catholiques de droite lors de la campagne pour la primaire ont bien été entendus. Soutien aux chrétiens d’Orient, dénonciation de l'islam radical, défense de la famille, promesse de modifier la loi Taubira pour rétablir la filiation biologique... François Fillon considère en effet que « le mariage pour tous a perturbé le droit de la filiation » en France. Pour autant, dans l'hypothèse où il serait élu Président de la République en mai 2017, François Fillon a affirmé ne pas vouloir revenir sur la notion de mariage pour tous. Ces prises de position ont valu à François Fillon d'obtenir le soutien de Sens commun, un mouvement « conservateur et traditionaliste » issu de La Manif Pour Tous. Il souhaite cependant « remettre de l'ordre dans le droit de filiation ». François Fillon veut « y écrire que l'enfant est toujours le fruit de l'union d'un homme et d'une femme. Les couples homosexuels peuvent toujours adopter. Mais l'adoption est une adoption simple qui n'efface pas la filiation naturelle ». Dans la même ligne, François Fillon s’est exprimé contre la possibilité d’ouvrir les techniques de procréation médicalement assistée (PMA) aux lesbiennes, et notamment l’insémination artificielle avec donneur. Il s’est également farouchement opposé à la gestation pour autrui (GPA) qui peut permettre à des couples gays de devenir parents. Il est en outre cosignataire d’une proposition de loi (rejetée) visant à interdire encore davantage la GPA. Enfin, toujours concernant la famille, l’ex-Premier ministre propose de rétablir l’universalité des allocations familiales supprimée par le gouvernement Hollande. Quand à l'avortement, François Fillon se dit « philosophiquement » opposé à cette pratique même s'il a annoncé qu'il ne « reviendra jamais » dessus. Lors d'un meeting qu'il a tenu à Aubergenville dans les Yvelines le 22 juin dernier, l'ex-député de la Sarthe a précisé ses positions et ses convictions sur ce sujet en expliquant que « philosophiquement et compte tenu de sa foi personnelle, il ne peux pas approuver l'avortement ». François Fillon considère « que l'intérêt général, ce n'est pas de rouvrir ce débat ». Malgré cela, sur le plan des valeurs et le plan sociétal, François Fillon semble donc être le candidat de la droite conservatrice et donc légitimiste. Cependant son programme économique et social est ultra-libéral. Autrement dit, sur ce point, il semble s'inscrire plutôt dans la tradition de la droite orléaniste. Effectivement, comme nous le savons, ce dernier, si il est élu, mettra tout en œuvre pour réduire les dépenses publiques, le nombre de fonctionnaires (à hauteur de 500 000), la pression fiscale sur les ménages et les entreprises, tout en recentrant le rôle de l’État sur ses fonctions régaliennes (armée, police et justice). Enfin, son discours sur l'autorité nécessaire de l'Etat et son intention, en cas d'élection, d'organiser en septembre 2017, trois référendums (portant sur la réduction du nombre de parlementaires, la réforme 4 http://www.famillechretienne.fr/politique-societe/politique/presidentielle-un-catholique-pratiquant-sur-deux-

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territoriale avec la suppression à terme du département et, enfin, l'unification du régime des retraites du privé et du public.) rattachent clairement François Fillon à la droite bonapartiste.

Finalement et comme beaucoup d'observateurs l'ont souligné à l'issue de sa victoire à la primaire, l'ancien Premier ministre, semble donc à travers son programme, avoir fait la synthèse entre les trois droites qui sont rappelons le, la droite bonapartiste, la droite légitimiste et la droite orléaniste. Ainsi, Nicolas Dhuicq, député LR de l’Aube, dans une interview accordée à RT France, une chaîne d'information en continue, au lendemain de la victoire de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite et du centre, affirmait que « traditionnellement aux élections présidentielles, vous aviez un candidat d'un courant ''orléaniste'' assez libéral assez peu enclin à parler de l’État-nation, et un courant dit ''bonapartiste'' attaché à la souveraineté nationale et à un certain niveau de régulation en économie. Avec la création de l'UMP puis des Républicains, on a voulu mélanger des courants extrêmement différents en pensant que tout cela allait se fondre dans la construction générale de l'Europe de Bruxelles. En réalité, le peuple dit non et le fait savoir en votant pour le Front national. François Fillon est le seul à pouvoir rassembler très largement les droites de par son discours et sa personnalité ». Pour Franz Olivier Gisbert, « Fillon n'a pas eu besoin de faire la synthèse de toutes ces droites, il est la synthèse en personne »5 . François Fillon semblait en position de force pour rassembler son camp et l'emporter au soir du 7 mai 2017. C'était sans compter sur les révélations du Canard enchaîné sur les supposés emplois fictifs de sa femme, le « Pénélope Gate ». Depuis ces révélations, beaucoup, y compris au sein de son propre parti, se demandent si François Fillon peut encore faire gagner son camp ? En effet, si Marine Le Pen était donnée en tête au premier tour par tous les instituts de sondage, elle était promise à une défaite au second round face à François Fillon qui l’emportait haut la main. Mais ça c’était avant…Avant les révélations du Canard Enchainé du 25 janvier et du 1er février. A trois mois de l’élection, l’hebdomadaire satirique paraissant le mercredi, a révélé que l’épouse de candidat de la droite, Pénélope, a été (très bien) rémunérée comme assistante parlementaire, sans que la réalité de son travail soit clairement démontré, du moins jusqu’à présent. Le Parquet national financier s’est d’ailleurs saisi immédiatement de cette affaire. Dans la foulée, le Canard a aussi révélé que l’ancien premier ministre aurait aussi engagé et rémunéré ses deux aînés, Marie et Charles, comme assistants parlementaires, du temps où il était sénateur, et ce au nom de leurs "compétences" puisqu'ils "étaient avocats". À cette époque (de 2005 à 2007), les intéressés n'étaient pourtant qu'étudiants en droit et n'avaient pas encore passé le barreau.

Depuis ces révélations, force est de constater que François Fillon n’est pas parvenu, jusqu’ici, à endiguer la vague d’indignation qui attaque de plein fouet l’image d’honnêteté, de droiture et d’intégrité qu’il s’était forgé et qu’il cultivait depuis des années et ce malgré la conférence de presse-vérité du 6 février et ses « excuses aux Français ». Malgré tous ses efforts, le candidat de la droite ne parvient plus à faire campagne sur son programme. En effet, comment dans ses conditions demander des sacrifices aux Français comme l’a très justement souligné François Bayrou ? Ou bien, « est-ce que, comme ils le soupçonnent, on demande des sacrifices à ceux qui ont le moins d’avantages et on préserve, voire on renforce, les privilèges de ceux qui en ont le plus? 6». Par ailleurs, François Fillon doit faire face à la fronde d’une partie des parlementaires de son camp, menée par le sarkozyste George Fenech, qui lui demande de tirer les conséquences du trouble causé par ces révélations et de se retirer 5 http://www.revuedesdeuxmondes.fr/francois-fillon-lhomme-trois-droites/ 6 François Bayrou, extrait de l’interview accordée au JT de 20h de TF1 du mardi 21 janvier.

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pendant qu’il en est encore temps. Jusqu’ici François Fillon a rejeté cette perspective au motif qu’il n’y aurait pas de plan B et qu’il est le seul à porter un véritable projet. A ce stade de la campagne on peut se demander si le candidat de la droite peut encore remontrer la pente et s’imposer le 7 mai prochain ?

Objectivement les données actuelles ne lui sont pas très favorables comme le démontre l’enquête Cevipof parue dans le Monde le 16 février 2017. Selon cette enquête, et dans l'hypothèse où François Bayrou ne se porterait pas candidat, François Fillon n’accéderait pas au second tour puisqu'il ne récolterait que 19% des suffrages. C'est Emmanuel Macron qui semblerait profiter du « Pénélope Gate » puisqu'il arriverait en deuxième position, devant François Fillon donc, avec 23% des intentions de votes. Marine Le Pen arriverait quand à elle assez largement en tête avec 26% des voix. Score qui peut paraître étonnant sachant que des soupçons d’emplois fictifs pèsent aussi sur la candidate du Front National. En effet, cette dernière serait aussi accusée d'avoir établi un faux contrat de travail d’assistant parlementaire européen pour son garde du corps. Autre cas, Catherine Griset, déclarée elle aussi comme assistante au Parlement européen, était en fait assistante au siège du Front national. Au total, le préjudice s'élèverait à près de 340 000 euros. Une somme que Marine Le Pen a toujours refusé de rembourser. Une information judiciaire à ce sujet a été ouverte en décembre 2016. Mais alors, peut-on dire que l'on ferme les yeux sur cette affaire Le Pen et qu'au contraire, c'est François Fillon qui « trinquerait » pour tout le monde, pour tous les politiques ? La réponse semble être oui puisque l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, lui, paraît inaudible, et indéfendable. Ce que fait François Fillon est inacceptable pour les français, mais pas ce que fait Marine Le Pen... Étonnant... Pour autant, François Fillon dispose encore de certains atouts. En effet, son socle électoral est plus large et plus solide que celui de Macron, qui serait rappelons le, certes deuxième mais sur « des bases électorales friables ». Selon l’enquête du Cevipof pour Le Monde, seules 33 % des personnes qui ont l’intention de voter pour l’ancien ministre de l’économie déclarent que leur choix est définitif contre 72% pour les électeurs de François Fillon. D’autre part l’ancien premier ministre peut compter sur la division de la gauche et l’éparpillement de son électorat. En effet, en l’état actuel, il semble peu probable que Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon accepte de se désister avant le 1er tour. Par ailleurs, nombreux sont ceux à droite qui considèrent que François Fillon est victime d’un lynchage médiatique. Il n’est donc pas impossible qu’une partie de l’opinion se retourne en sa faveur. Enfin, le candidat de la droite bénéficie d’une réelle légitimité. En effet, c'est lui, et lui seul qui est arrivé le premier aux primaires de la droite et du centre, et de plus avec une large avance, au premier comme au second tour. François Fillon semble donc être le seul dans son camp à être en mesure de rassembler la droite et peut-être de la faire gagner. Ce sont ses idées, son programme qui ont séduit l'électorat de droite au départ. Ainsi, beaucoup de ses soutiens et de ses électeurs sont prêts à oublier cette affaire « Pénélope Gate » en restant convaincus que François Fillon est le seul qui peut unifier la droite et redresser la France. Selon un sondage réalisé pour le JDD du 19 février, 70% des sympathisants des Républicains souhaitent que François Fillon maintienne sa candidature, en progression de 6 points par rapport à la semaine précédente. Le vainqueur de la primaire semble donc avoir réussi à endiguer l’hémorragie et à remobiliser son camp, comme si l’affaire du « Penelope Gate » était désormais derrière lui, ce que les derniers sondages semblent confirmer.

Pour conclure, je pense que François Fillon reste le seul à pouvoir rassembler très

largement les différents courants de la droite de par son discours, sa personnalité et surtout son programme. Il me semble surtout le seul candidat « légitime », de par sa large victoire au premier tour, et au second tour de la première primaire de la droite et du centre. Quant à la question de savoir si François Fillon peut encore faire gagner son camp après le « Pénélope

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Gate », il me semble utile de ne pas perdre de vue le fait qu’il possède encore dans sa manche quelques atouts pour contrecarrer le destin funeste que lui promettent les journalistes et les politologues, les mêmes qui n’ont pas cru en la victoire de Trump ou en celle du Brexit…. Il reste deux mois avant la présidentielle et les choses ont encore le temps de changer dans cette campagne tellement atypique qu’il ne faut écarter aucun nouveau retournement…Il nous faut alors attendre le premier tour des élections présidentielles qui se tiendra le dimanche 23 avril 2017 et nous en remettre au verdict du suffrage universel pour avoir les réponses à nos questions…

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Sources

Ouvrages : REMOND René, « Les Droites en France », Aubier, 1992.   REMOND René, « Les Droites aujourd’hui », Audibert, 2005. KELLY Françoise, « François Fillon, le secret de l'ambition », Éditions du moment, 2007. Articles de presse : Sur internet « Fillon est le seul qui peut très largement rassembler les droites françaises », francais.rt.com, 21 novembre 2016. « Quelles valeurs François Fillon porte-t-il ? », lemonde.fr, 23 novembre 2016. LEROY Thibault, « François Fillon, le retour de l'ordre moral », mediapart.fr, 29 novembre 2016. LE BRAS Hervé, « Le retour des ''trois droites'' », lemonde.fr, 30 novembre 2016. FRANZ-OLIVIER GIESBERT, « Fillon François, l’Homme des trois droites », Revue des deux Mondes, janvier 2017. « Présidentielle : un catholique prtaiquant sur deux voterait François Fillon », famillechrétienne.fr, 16 janvier 2017. AGNÉS LECLAIR, « Le mariage pour tous, sujet de divergences entre François Fillon et Alain Juppé », lefigaro.fr, 23 novembre 2016. « Emmanuel Macron, deuxième dans les sondages mais sur des bases électorales friables », lemonde.fr, 16 février 2017. « Affaire Fillon, 70°/° des électeurs LR veulent qu’il se maintienne », lejdd.fr, 19 février 2017. « Emplois fictifs, l’affaire Marine Le Pen”, francetv.info.fr, 17 février 2016. Canard Enchainé du 25 janvier et du 1er Février.

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Émission radio : « Juppé contre Fillon, deux droites qui s'opposent », Europe 1, émission du 23 novembre 2016. Sites web : http://www.lepoint.fr/tags/francois-fillon http://www.gala.fr/stars_et_gotha/francois_fillon https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Droites_en_France