Patrimoine Culturel Tunisien en périlSite : Sidi Zin

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Patrimoine Culturel Tunisien en péril Site : Sidi Zin Tunis, Mars 2013

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Patrimoine Culturel Tunisien en périlSite : Sidi Zin

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Patrimoine Culturel Tunisien en péril

Site : Sidi Zin

Tunis, Mars 2013

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2 Jeudi 21 mars 2013

Madame Irina BOKOVA

Le Directeur Général

De l’UNESCO

Réf : 1302

Tunis, le 21 Mars 2013

Objet : Patrimoine culturel tunisien en péril (Site de Sidi Zin).

Madame le Directeur Général,

Vous avez condamné, dans la soirée du 12 janvier, la profanation et l’incendie du mausolée

dédié au saint et savant soufi Sidi Bou Saïd, situé près de Tunis. Vous avez aussi rappelé

l’importance « de coordonner les actions de protection et de préservation des sites du

patrimoine avec les organisations de la société civile pour permettre aux générations futures de

sauvegarder cet héritage inestimable ». Aussi avons-nous été encouragés à solliciter votre appui

pour réaliser certains de nos objectifs.

En effet, notre association œuvre depuis sa création à mettre en exergue les richesses du

patrimoine tunisien connus et inconnus du public afin d’une part de les préserver, car elles font

partie du patrimoine de l’Humanité dans notre région, et d’autre part d’en faire un levier du

développement économique et social car elles sont généralement situées dans des zones

déshérités et donc elles sont plus vulnérables.

A ce titre, nous vous soumettons un premier dossier concernant le site paléolithique de Sidi Zin

situé à 10 km environ de la ville d’El Kef, région du Nord Ouest de la Tunisie. C’est le site

tunisien le plus important d’un point de vue scientifique en rapport avec la période préhistorique.

Découvert au début du 20ème

siècle, Il est laissé pratiquement à l’abandon depuis les quelques

sondages effectués par le Dr Ernest-Gustave Gobert (1879-1973) et les quelques

rafraichissements de la coupe du front de gisement. Il est actuellement menacée de disparition à

très brève échéance : non seulement l’exploitant du terrain effectue des travaux agricoles sur ce

site, mais aussi l’érosion des eaux de ruissellement le ravine.

Nous avons saisi le Ministère Tunisien de la Culture de cet état de fait le 14 mai 2012.

Après une réunion tenue le 3 août 2012 au siège du Gouvernorat du Kef sous la présidence de

Monsieur le Premier Délégué, en présence des représentants régionaux de l’Institut National du

Patrimoine et des Domaines de l’Etat en vue de classer et de protéger le site et d’initier l’action

d’expropriation du terrain, nous n’avons plus eu aucune information.

Apparemment rien ne se passe ni sur le terrain, ni dans les services intéressés.

Aussi avons-nous décidé de faire appel à Vous, avec le fol espoir de parvenir à voir ce site classé

patrimoine mondial par votre honorable institution.

Pour ce faire, nous vous soumettons en annexes et comme une première base de connaissance :

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3 Jeudi 21 mars 2013

Une réflexion pour un projet de fouille et de mise en valeur ultérieure du site de Sidi Zin ;

Une présentation succincte des grandes lignes de la préhistoire tunisienne et des

différents niveaux connus du site de Sidi Zin ;

Un bref dépliant permettant de fournir une information préalable aux personnes qui

seraient intéressés par cette campagne de sauvegarde ;

Une copie de l’échange de courrier avec le Ministère de la Culture.

Enfin nous envisageons de poursuivre notre action de sensibilisation des autorités nationale et

régionale à l’importance de ce site par une campagne de Presse et l’organisation d’une

conférence scientifique.

En souhaitant que vous accorderez à notre requête le soutien moral et matériel, nous restons à la

disposition de vos services pour vous apporter toute information complémentaire, en vous

prions, Madame le Directeur Général, de croire en notre haute considération.

Pour l’Association Tunisia For All

Le Président

Touhami MIDANI

Copie à Monsieur le Secrétaire Général de la Commission nationale tunisienne pour l'éducation, la

science et la culture.

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4 Jeudi 21 mars 2013

ANNEXES Lettre adressée à

Madame Irina BOKOVA

Le Directeur Général de l’UNESCO

Réf : 1302

du 21 mars 2013

Objet : Patrimoine culturel tunisien en péril (Site de Sidi Zin).

1. Suggestion d’un projet de mise en valeur ultérieure du site de Sidi Zin ;

2. Une présentation succincte des grandes lignes de la préhistoire tunisienne et

des différents niveaux connus du site de Sidi Zin ;

3. Un bref dépliant permettant de fournir une information préalable aux

personnes qui seraient intéressés par cette campagne de sauvegarde ;

4. Une copie de l’échange de courrier avec le Ministère de la Culture.

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5 Jeudi 21 mars 2013

ANNEXE - 1 Lettre adressée à

Madame Irina BOKOVA

Le Directeur Général de l’UNESCO

Réf : 1302

du 21 mars 2013

Objet : Patrimoine culturel tunisien en péril (Site de Sidi Zin).

Suggestion de

Projet de mise en valeur

du site de Sidi Zin

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SUGGESTION / REFLEXION

PROJET DE MISE EN VALEUR DU SITE DE SIDI ZIN

CONSTATS :

- Le site paléolithique de Sidi Zin est l’un des plus importants, au point de vue

scientifique, de Tunisie.

- Laissé pratiquement à l’abandon, depuis quelques sondages effectués par le

DR. Ernest-Gustave Gobert (1879-1973) en 1950 …, et quelques

rafraîchissements de la coupe du front du gisement restés sans lendemain, il

est menacé de disparition à très brève échéance : d’une part le propriétaire

du terrain effectue sur le site des travaux agricoles, d’autre part l’érosion le

détruit peu à peu.

- Ce site se trouve à côté d’autres « curiosités » pouvant aisément s’inscrire

dans un circuit touristique : La Kouba de Sidi Abdallah Sguaier, ancêtre de

la tribu bérbère des Charen, L’arbre d’«Om Chlaligue» perpétuant à nos

jours les traditions cultuelles préhistoriques , Les thermes romains de

Hammam Melleg, le «diapir» du Jebel Debadib, la maison habitée par les

chefs historiques de la révolution algérienne messieurs Ben Bella et

Boumédienne ainsi que les vestiges du camp des combattants de l’Armée de

libération de l’Algérie sans oublier La présence près du hameau d’El Haria,

sur la route du hameau Melleg, la couche alluviale K/T (crétacé

secondaire/tertiaire) contenant de l’Iridium qui pourrait expliquer la

disparition des dinosaures (depuis 1987, elle est classée référence

mondiale).

ATOUTS EN VUE D’UNE PROMOTION TOURISTIQUE :

- Proximité immédiate de la ville d’El Kef.

- Proximité immédiate d’un grand axe routier joignant Tunis à Constantine

(Algérie).

- Proximité immédiate d’un carrefour de grandes routes joignant : Tabarka à

Gafsa / Tozeur, El Kef à Kairouan / Sousse, El Kef à Béja / Bizerte.

- Equipement hôtelier du gouvernorat satisfaisant à El Kef.

- Réseau routier dense et en bon état.

- Equipement médical régional satisfaisant.

- Equipement électrique, téléphonique et média numérique satisfaisant.

- Gastronomie, folklore, artisanat encore vivaces.

- Environnement, faune et flore préservés en grande partie.

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PROGRAMME D’ACTIONS A ENTREPRENDRE :

- Lancer un appel au financement – sponsoring – mécénat.

- Exécution de sondages à la périphérie de la coupe de M. Gobert pour

déterminer la superficie du site.

- Expropriation – indemnisation du propriétaire.

- Clôture du terrain – mise en place d’un bungalow pour le gardien et d’une

petite « maison de fouille ».

- Constitution d’une équipe de fouille pluridisciplinaire composée de

spécialistes tunisiens et étrangers.

- Assurer le logement des intervenants dans la ville d’El Kef.

- Eventuellement, tenir une conférence : « bilan des fouilles », à intervalles

réguliers, publiquement, pour concerner, motiver la population locale.

- Eventuellement, faire construire à proximité, un « antiquarium » (aménager

accès, parking, bloc sanitaire). Puis l’aménager un pour présenter le site, des

textes, des illustrations et des objets.

- Le gardien pourrait servir de guide. A défaut, un habitant de la ville du Kef

pourrait guider les visiteurs et les faire pénétrer sur le site.

- La tenue, éventuelle, d’un « Séminaire Sidi Zin » auquel participeraient des

spécialistes étrangers serait très favorable au développement « touristico-

économique » d’El Kef.

- La fouille et la promotion du site de Sidi Zin pourraient entraîner des

recherches sur les sites voisins : celui de Koum El Majen à Touireuf en

particulier et sur certains sites situés en Algérie, donc promouvoir toute la

région.

- Des recherches préhistoriques et historiques dans la région du Kef, peu

explorée, permettraient une meilleure connaissance de l’histoire de la

Tunisie et de l’Afrique du Nord.

- Des visites guidées d’écoliers, d’étudiants et de la population en général

engendreraient un intérêt touristique pour la région et draineraient un

nombre important de touristes parmi ceux qui visitent le pays.

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ANNEXE - 2 Lettre adressée à

Madame Irina BOKOVA

Le Directeur Général de l’UNESCO

Réf : 1302

du 21 mars 2013

Objet : Patrimoine culturel tunisien en péril (Site de Sidi Zin).

Une présentation succincte

Des grandes lignes de la préhistoire tunisienne

et des différents niveaux connus du site de Sidi Zin

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LES HOMMES DE SIDI ZIN

L’AUBE DE L’HUMANITÉ

La Préhistoire

La préhistoire est l’immense période (5 à 6 millions d’années, voire plus) qui

s’écoule depuis l’apparition de l’Homme sur la Terre jusqu’à l’invention de

l’écriture.

Durant la préhistoire, le climat de la Terre a connu une succession de périodes

chaudes et humides et d’époques très froides appelées « glaciations ». Ces

variations du climat ont influencé la vie des hommes de ces époques. La dernière

glaciation s’est terminée il y a près de 10.000 à 12.000 ans.

La préhistoire comprend deux grandes périodes : le Paléolithique (Paléo : ancien

lithique : de la pierre) ou époque de la « pierre taillée », très longue et une période

intermédiaire, le mésolithique, Epipaléolithique pour le Maghreb et le Néolithique

(Néo : nouveau, lithique : de la pierre) ou époque de la « pierre polie »,

relativement très courte.

Au paléolithique, l’Homme est un cueilleur, un chasseur ; un prédateur souvent

nomade. Au néolithique, l’homme devient agriculteur, éleveur : un producteur.

En Afrique du Nord, les vestiges humains les plus anciens ont été découverts au

Maroc et en Algérie grâce à une avance de la recherche préhistorique.

En Tunisie, les indices des industries les plus anciennes reconnues ont été décelés

au bord du chott Jérid à l’Aïn Brimba. Ils dateraient de 1 à 1,5 million d’années.

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Au paléolithique, l’Acheuléen (gisement éponyme Saint-Acheul en France), porté

par l’Atlanthrope (homme de l’Atlas) au Maghreb, est représenté par le gisement

de Sidi Zin (à 8 km du Kef) dont l’industrie est caractérisée par la présence d’un

outil typiquement africain : le hachereau et une faune identique à celle de la

Savane africaine. Le paléolithique moyen a vu s’épanouir deux civilisations dont

les rapports sont étroits : le Moustérien (gisement de référence le Moustier en

France) et l’Atérien (gisement éponyme : Bir El Ater en Algérie).

Au paléolithique succède l’Epipaléolithique. Deux civilisations maghrébines :

l’ibéromaurusien et le Capsien se développent portées par des Homo Sapiens.

L’Homme de Mechta El Arbi : gisement de référence (en Algérie) pour

l’ibéromaurusien. Les gisements ibéromaurusiens s’étalent le long de la côte Nord

de la Tunisie : gisement de Ouchtata ; gisements à lamelles du Sud Tunisien,

gisement de Bir Oum Ali daté de 14.370 avant le temps présent.

Le capsien, plus récent que l’ibéromaurusien, a été reconnu défini et caractérisé à

El Mekta (près de Gafsa). Les gisements capsiens connus sous le nom de

rammadyat dans le Sud Tunisien (de r’med : cendre) n’atteignent jamais le littoral.

La civilisation capsienne a été portée par des protoméditerranéens, elle débute au

VIIIème

millénaire et se termine au Vème

millénaire.

Le Néolithique dernière étape de la Préhistoire est présent partout de Kef El Agab

(région de Jendouba), à Kef El Guéria (Région de Makthar) avec son importante

nécropole, à Redeyef (dans le Sud de la Tunisie) et Doukanet El Khoutifa.

Les grandes nécropoles mégalithiques telle la nécropole d’Ellès, les ensembles de

Haouanet tels ceux du Cap Bon et les tumuli qui deviennent des Bazinas, tels que

ceux de Zouarine, sont les témoins de la mise en place de la Protohistoire, qui

précéda les temps puniques.

Alix MARTIN (Chef du Projet Tourism For All)

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Le site de Sidi Zin

Il est situé à 10 kilomètres au Sud-Ouest d’El Kef : c’est le site paléolithique le

plus important du pays. Il comprend trois niveaux.

Le niveau inférieur : le plus ancien.

D’une épaisseur de 20 à 30 cm, il repose directement sur une base argilo sableuse

tertiaire. Il pourrait dater de 300.000 à 150.000 ans ! Sous la pression et le

malaxage des pieds des occupants du site, des galets et des débris d’os, d’éléphants

en particulier, ont été agglutinés par une argile grasse. Cette couche contient de

nombreux galets sommairement taillés : des « choppers » et d’autres galets à taille

périphérique ainsi que des bifaces lancéolés de 10 à 15 cm de long taillés dans des

galets très souvent calcaires.

La faune sauvage est représentée par des ossements d’éléphant : Elephas atlanticus,

ceux d’un grand rhinocéros : rinosceros simus, d’un grand bœuf et d’un petit

cheval, ainsi que ceux de trois animaux vivant actuellement la gazelle de Cuvier, la

gazelle dorcas et le bubale.

Quels Hommes vivaient là ? Faute de fouilles multidisciplinaires, on peut penser

que c’étaient soit des Homo erectus erectus, soit des hommes de Neandertal,

extrêmement robustes qui sont des « Homo Sapiens ».

Le niveau moyen de 50 à 60 cm d’épaisseur repose directement sur le niveau

inférieur. Il contient de grands éclats de pierre taillée et des outils souvent groupés

par deux ou trois, posés à plat, comme s’ils avaient été déposés intentionnellement.

Les outils sont principalement des « unifaces » : des hachereaux.

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Les premiers occupants ont peut-être été obligés de s’en aller, après une très

longue occupation des lieux, à cause des déversements d’une source voisine

devenue très abondante. Les porteurs de hachereaux sont venus là seulement pour

chasser.

Le niveau supérieur

L’outillage de ce niveau ressemble à celui du niveau inférieur mais le sol a été

moins longuement piétiné. Un climat assez sec a peut-être fait partir les tailleurs de

hachereaux et la première population est revenue s’établir à Sidi Zin.

Pratiquement, les mêmes animaux qu’au premier niveau sont revenus avec un

grand renard du niveau moyen, un mouflon et une grande antilope dans le niveau

supérieur.

Le Tuf

Une croûte calcaire de 0,4 à 1 mètre d’épaisseur recouvre les autres niveaux. Elle a

été, sans doute apportée par l’eau de ruissellement. Le climat assez aride,

caractérisé par des vents violents, explique la présence de grains de sable usés.

L’industrie de cette couche est de type moustérien. Les outils de ce niveau, taillés

dans du silex, sont peu nombreux.

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ANNEXE - 3 Lettre adressée à

Madame Irina BOKOVA

Le Directeur Général de l’UNESCO

Réf : 1302

du 21 mars 2013

Objet : Patrimoine culturel tunisien en péril (Site de Sidi Zin).

Un bref dépliant

permettant de fournir une information préalable

aux personnes qui seraient intéressés

par cette campagne de sauvegarde

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14 Jeudi 21 mars 2013

Page 15: Patrimoine Culturel Tunisien en périlSite : Sidi Zin

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16 Jeudi 21 mars 2013

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ANNEXE - 4 Lettre adressée à

Madame Irina BOKOVA

Le Directeur Général de l’UNESCO

Réf : 1302

du 21 mars 2013

Objet : Patrimoine culturel tunisien en péril (Site de Sidi Zin).

Une copie de l’échange de courrier

avec le Ministère de la Culture

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18 Jeudi 21 mars 2013

Monsieur Mehdi Mabrouk

Ministre de la Culture

Tunis, le 14 Mai 2012

Objet : Intervention urgente pour éviter la perte définitive du site paléolithique le plus

important de Tunisie (Sidi Zin).

Monsieur le Ministre,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le site historique de Sidi Zin, site

paléolithique le plus important de Tunisie, situé à une dizaine de kilomètres au

sud-ouest d’El Kef est menacé de disparition(1).

Le risque est d’autant plus important que les fouilles réalisées par le Dr Gobert(2)

publiées en 1950 établissent que des vestiges de facture moustérienne se

trouvent dans la couche superficielle du terrain.

D’autre part, faute de protection, les eaux de ruissellement qui attaquent

profondément le sol qui est en pente, sur la rive droite de l’Oued Rimel, vont

entrainer la disparition de la totalité du gisement.

Enfin, faute de gardiennage, le site aurait été livré à des fouilles clandestines

d’autant plus faciles qu’il est situé à quelques dizaines de mètres de la route

nationale n°5 joignant El kef à Sakiet Sidi Youssef.

Notre cri d’alarme est justifié en plus, par la disparition, sans qu’aucune étude

n’en ait été faite, de multiples morceaux de bois fossile qui parsemaient le sol,

d’après le Dr Gobert, en 1950. Ils ont été complètement pillés depuis cette date.

En outre, à quelques cinq cents mètres du site de Sidi Zin, de l’autre côté de la

route nationale n°5, le fascicule « El Kef », de l’Atlas préhistorique de la Tunisie,

signalait, en 1985, l’existence d’une station mégalithique : « la plus importante

nécropole de la région d’El Kef » ! Cette station a complètement disparu sans que

les autorités civiles ou culturelles ne s’en soient aperçues !!!

Ces faits ont été signalés à votre prédécesseur et nous sommes toujours en

attente d’une intervention rapide et efficace qui sauverait le site et le valoriserait

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afin qu’il fasse partie dans un avenir proche d’un circuit touristique ; opération à

laquelle nous sommes tout à fait disponible à apporter notre contribution.

Nous pensons que dans l’intérêt de la connaissance de l’histoire nationale et en

vue de contribuer à l’avancement de l’histoire du Maghreb, ainsi que de l’Afrique

d’une part, et de la valeur inestimable de ce trésor, il conviendrait d’ordonner de

protéger immédiatement le site de Sidi Zin qui n’a pas été fouillé encore, et donc

étudié.

Un gardien pourrait-être nommé. Une mission scientifique pourrait, à l’aide de «

sondages », déterminer le périmètre du site, d’une superficie de l’ordre de

l’hectare, qui pourrait faire l’objet d’une expropriation au profit de l’intérêt

général. La récupération d’un hectare de mauvaise terre ne devrait pas être très

onéreuse, pas plus que la clôture qui devrait le ceinturer. La création d’un emploi

de gardien sera la bienvenue dans cette région défavorisée.

Confiant dans l’intérêt que vous porterez à la sauvegarde de ce site dont la valeur

est inestimable et qui confirme encore une fois que notre terre a abrité l’homme

depuis la nuit des temps. Nous vous remercions d’avance pour la diligence avec

laquelle vous traiterez cette affaire pour répondre à notre cri d’alarme.

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre haute

considération.

Pour l’Association Tunisia For All

Le Président

Touhami MIDANI

(1) Descriptif du site en annexe.

(2) DR. Ernest-Gustave Gobert (1879-1973) est le précurseur des études préhistoriques tunisiennes, ses

chantiers de fouille dans tout le pays, son nom restant surtout attaché à la culture capsienne et à son

industrie.

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Annexe - Descriptif du site paléolithique de Sidi Zin

Ce site préhistorique mérite d’être protégé rapidement non seulement parce des travaux

agricoles le menacent et qu’il est sur une pente bordée par deux petits ravins mais surtout

parce qu’il est peu épais. La totalité des niveaux mesure entre 1m et 1,5m de hauteur. L’érosion

pourrait le détruire complètement et rapidement.

1 – Le niveau inférieur est constitué d’un conglomérat de galets calcaires et de grès blanc

contenant des bifaces lancéolés, cordiformes de facture micoquienne des choppers et des

chopping-tools (galets aménagés). Le professeur Vanfrey (*) y a découvert, entre autres fossiles,

des os d’éléphant, de rhinocéros, de bœuf, de cheval et même de gazelle.

2 – Le niveau moyen, reposant directement sur le précédant, est formé d’une roche tendre,

grise, sableuses contenant des bifaces lancéolés allongées, un bon nombre de hachereaux

typiques, des bifaces ‘uni faces’ et des racloirs divers. Le professeur Vaufrey y a découvert des

os de rhinocéros, de bubale, de renard, de grands bœufs, de cheval et de gazelle.

3- Le troisième niveau ou niveau supérieur, reposant aussi directement sur le précédent,

contient pratiquement les mêmes animaux qu’au premier niveau avec le renard, le mouflon et

une grande antilope. Il contient aussi une industrie lithique de type moustérien.

4 – Le tuf superficiel recouvre les autres niveaux. Il a sans doute été apporté par l’eau de

ruissellement. Une industrie de type moustérien y est mêlée à des os de cheval, de bubale, d’un

grand bœuf et d’une très grande antilope.

Du moment que le site n’a pas été étudié, on ne sait rien des hommes qui y ont vécu, ni les

époques durant lesquelles, ils y ont vécus.

(*) Raymond Vaufrey, né le 9 avril 1890 à Paris 8e et mort le 23 janvier 1967 à Paris 14e, est un

géologue, paléontologue et préhistorien français.

Chargé de recherches de 1937 à 1940, puis maître de recherches, Raymond Vaufrey devient en

1942 directeur à l'École pratique des hautes études (Palethnologie), membre de la XVe

commission consultative du Centre national de la recherche scientifique (fouilles) et directeur

régional des antiquités (Bassin de Paris). En 1955 est publié aux éditions Masson sa Préhistoire

de l'Afrique.

Le premier tome de sa monumentale Préhistoire de l'Afrique ((Maghreb), écrit en 1940 et 1950,

parait en 1955 (Institut des hautes études de Tunis), le second (Au nord et à l'est de la grande

forêt) ne sera publié, après sa mort, qu'en 1969 (Publications de l'Université de Tunis).

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22 Jeudi 21 mars 2013

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وخاصة( الكاف )زٌن سٌدي االثري بالموقع المتعلقة مراسلتنا على ردكم ارتٌاح بكل تلقٌنا لقد

.للتراث الوطنً المعهد لفائدة تخصٌصه اتجاه فً باتخاذها اذنتم خطوات من بها جاء ما

من لنعبر الفرصة هذه ننتهز فإننا ومقترحنا، الرسالة مضمون مع االٌجابً بتعاملكم ننوه وإذ

تراثنا مكونات مختلف وتثمٌن المحافظة فً موقعنا من للمساهمة التام استعدادنا عن جدٌد

.الموقرة وزارتكم مصالح مع بالتعاون الوطنً

.والسالم

االدارة مجلس عن

الرئيس

الميداني التهامي

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23 Jeudi 21 mars 2013

Tunis, Mars 2013