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M Edouj Lycée JP Timbaud

Introduction/sensibilisation

I. L’évolution des formes de solidarité selon Durkheim A. De la solidarité mécanique à la solidarité organique B. Les deux types de solidarités ne s’excluent pas

II. La montée de l’individualisme dans les sociétés contemporaines A. Le primat de l’individu… B. …transforme les liens sociaux

1) Les effets positifs 2) Les effets négatifs

III. L’évolution du rôle des instances d’intégration A. La famille face aux mutations socio-économiques et à la montée de l’individualisme

1) La famille, une instance traditionnelle d’intégration 2) Le rôle intégrateur de la famille est fragilisé

B. L’école face aux mutations socio-économiques et à la montée de l’individualisme 1) Comment l’école intègre-t-elle ? 2) Le rôle intégrateur de l’école est fragilisé

C. Le travail face aux mutations socio-économiques et à la montée de l’individualisme 1) Le travail, un puissant vecteur d’intégration 2) Le rôle intégrateur du travail est menacé

Problématique : Comment ont évoluées les formes de solidarité avec la modernité ? Quelle place pour les instances

traditionnelles d’intégration dans la cohésion sociale aujourd’hui ?

Objectifs

Savoirs Savoir-faire

- Expliquer comment les liens sociaux favorisent la cohésion sociale - Différencier solidarité mécanique et solidarité organique - Discuter l’idée que le primat de l’individu menace la cohésion sociale - Expliquer l’évolution des instances d’intégration - Montrer les dangers de l’individualisme

- Etude de document texte

- Raisonnement

- Argumentation

Notions à acquérir : Solidarité mécanique / organique, cohésion sociale

Acquis de Première : socialisation, sociabilité, anomie, désaffiliation, disqualification, réseaux sociaux.

Citation

Partie 7 : Intégration, conflit, changement social

Chapitre 7.1 : Quels liens sociaux dans les sociétés où

s’affirme le primat de l’individu

« Comment se fait-il que tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus

étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire

?»

Emile Durkheim

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Document 1 :

Document 2 : Relier

Autonomie Communautarisme Individualisme

Sociétés traditionnelles Solidarité organique Société de semblables Société de différents Complémentarité Similitudes Forte conscience collective Faible conscience collective Sociétés complexes Solidarité mécanique Faible division du travail Forte division du travail Droit répressif Droit restitutif Economie agraire et rurale Economie industrielle et urbaine

Attachement aux coutumes & traditions Attachement à la liberté & l’égalité

Document 3 :

« Contrairement à la représentation qui en est souvent donnée, le groupe social que constitue la jeunesse des cités ne se

réduit pas à sa fraction la plus visible dans l’espace public, celle du noyau dur des jeunes chômeurs (certaines ZUS

comptent 40% de chômeurs parmi les 15-25 ans). Il comprend aussi, d’une part, des jeunes actifs, principalement

ouvriers ou employés, le plus souvent employés comme intérimaires ou en CDD, et d’autre part le groupe formé par des

jeunes encore scolarisés […]. Les coupures peuvent être fortes entre ces divers groupes. […] Les déscolarisés, c'est-à-

dire] les plus disponibles temporellement, sont principalement ceux qui se réunissent en bas des tours, à discuter,

s’ennuyer (‘‘tenir les murs’’), fumer du shit, ‘‘délirer’’, non sans un sens développé de l’autodérision.

« Ces bandes ne sont pas des mondes fermés et étanches : peuvent s’y adjoindre, par moments et selon les circonstances,

d’autres jeunes mieux scolarisés qui peuvent y retrouver le plaisir de l’entre-soi masculin. L’essentiel est de dire que,

par-delà les différences statutaires internes, il existe une forme de porosité entre les diverses fractions de la jeunesse des

cités. Et c’est cette porosité qui va faire que, par exemple, un ‘‘bac+2’’, possédant un BTS et qui a connu une forte

discrimination dans sa recherche de stage, peut très bien à un moment donné se joindre ponctuellement au combat de

ses compagnons d’infortune, qui sont souvent des ‘‘bacs-5’’. Parce que, à un certain moment, ce qui les rassemble est

plus fort que ce qui les sépare, à savoir cette très forte communauté d’expérience qui soude entre eux les garçons ayant

grandi ensemble dans la cité et qui en gardent des liens très puissants (‘‘à la vie, à la mort’’) ». BEAUD & PIALOUX, « La « racaille » et les « vrais jeunes ». Critique d’une vision binaire des banlieues », Liens Socio, 2005

Question : Le type de solidarité présent dans les banlieues d’après les auteurs correspond-t-il à la solidarité mécanique ou organique ?

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Document 4 :

[Tocqueville] présentant cet individu « renfermé dans la solitude de son propre cœur », esquisse la raison ou une des

raisons qui pourraient en rendre compte. C’est le fait, dit-il, qu’une démocratie est de plus en plus composée d’individus

qui, « n’étant plus assez riches ou assez puissants pour exercer une grande influence sur leurs semblables, ont cependant

acquis, ou observé, assez de lumières et assez de biens pour se suffirent à eux-mêmes ». Autrement dit, une des

caractéristiques essentielles du type de société dans laquelle nous vivons est le fait qu’un grand nombre d’individus qui

la composent ont, au moins tendanciellement, la capacité d’être autosuffisants : ils ont eux même ou croient avoir en

eux-mêmes, les supports nécessaires pour assurer leur indépendance sociale. Ces supports sont, précise Tocqueville lui-

même, non seulement des « biens », des ressources matérielles (du temps de Tocqueville, ils étaient certainement

propriétaires), mais aussi des « lumières », ce que l’on pourrait traduire aujourd’hui par des « capitaux » au sens de

Bourdieu, sociaux, culturels, relationnels, symboliques. Dans les sociétés antérieures, non démocratiques, les individus

n’ont pas en eux-mêmes ces « capitaux », ils les tiennent de la place qu’ils occupent dans un ordre hiérarchique. Même

le riche et le puissant n’ont pas en eux-mêmes la capacité de « se suffirent à eux-mêmes ». Ils dépendent de leurs

dépendants. La relation de domination qu’ils exercent les renvoie en dehors d’eux-mêmes, et un seigneur par exemple

a absolument besoin de ses serfs, et il le sait. Un puissant peut céder à l’orgueil, à la tentation de la démesure et du

despotisme. Il ne sera pas tenté par le narcissisme et ne se réfugiera pas « dans la solitude de sont propre cœur ». Au

contraire, dans une démocratie, ou plutôt dans certains secteurs d’une société démocratique, on peut ne pas avoir besoin

ou croire n’avoir besoin de personne. Robert Castel, La Montée des incertitudes. Travail, protections, statut de l’individu. Ed. du Seuil, 2009.

1) Qu’est ce que la capacité d’être auto-suffisant ? 2) En quoi la démocratie est-elle un vecteur d’individualisme ?

3) Citez d’autres exemples de phénomènes qui ont pu accroitre l’individualisme dans la société

Document 5 :

Document 6 :

Questions :

1. Pourquoi la division du travail

s’accompagne d’une montée de

l’individualisme ?

2. Quel risque fait peser cette montée de

l’individualisme selon Durkheim ?

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Document 7 :

Document 8 : Evolution des mariages et des divorces en France

Document 9 :

Savoir dans l'isoloir les citoyens peuvent L'avoir la nostalgie d'une société bien tenue, ils ne veulent pas d'un tel ordre dans leur vie

personnelle. Tel est le cas pour le mariage rendu plus fragile avec le divorce par consentement mutuel. Cette précarité a des effets

qui ne sont pas toujours positifs au moment de la séparation pour les partenaires et pour leurs enfants. Personne n'ose cependant

proposer la suppression d'un tel divorce. [...]

Ainsi, apparaît une contradiction principale des sociétés contemporaines : si les individus souhaitent plutôt un lien social « fort »,

ils ne veulent pas, pour autant, en payer le prix qui consisterait à diminuer leur liberté. Ils apprécient aussi ce lien social moderne

électif. On le saisit avec une dénonciation qui fait l'unanimité, celle du lien traditionnel qui unit les époux dans un mariage arrangé,

dans un mariage forcé. En Inde, un père n'est-il pas satisfait d'avoir marié le même jour tous ses fils, âgés de 14 à 4 ans, à des petites

filles du même âge ? Signe d'une alliance entre groupes, un tel mariage prend peu en compte les individus1. Il en existe des traces

encore dans les sociétés occidentales mais le « droit d'aimer » fait aujourd'hui partie des droits approuvés2. L'indignation ressentie

à l'évocation des mariages arrangés renvoie au fait que l'amour doit être libre même dans le mariage. Un couple réunit deux individus

qui se sont choisis et qui ne sont pas contraints de rester pour d'autres raisons que leurs propres satisfactions. L'amour forme une

des figures centrales du lien dans les sociétés contemporaines. [...] Pour résoudre la contradiction entre l'élection et la permanence

de l'union, Durkheim pensait que les époux devaient changer de nature une fois mariés : libres à l'entrée, ils devenaient ensuite,

selon son expression, des « fonctionnaires de la vie domestique ». Cette formule magique, pour être efficace, présupposait que

l'individu renonce à sa liberté, ne pouvant plus, selon les exigences de l'institution, rompre un lien même trop serré, même étouffant.

Un tel renoncement est devenu irréaliste, les individus contemporains se définissant d'abord par ce sentiment de liberté.

1. Pierre Prakash, « Mariages de déraison en Inde », Libération le 9 juillet 2002.

2. Titre en couverture d'un numéro de juin 2002 de Paris-Match : «Le cadeau de la Reine à Charles. Pour son jubilé, Élisabeth II

offre à son fils le droit d'aimer. À plus de 50 ans, le prince est autorisé à rendre public son amour pour Camilla.

*

François de Singly, Les uns avec les autres. Quand l'individualisme crée du lien, Armand Colin, 2003

1) D’après François de Singly quel est le fondement du couple dans la famille contemporaine ? En quoi cela fragilise-t-il l’institution du mariage ?

2) Comment François de Singly explique la montée du divorce ?

3) Quels sont les dangers de ces évolutions pour la cohésion sociale ?

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1940 1960 1980 2000 2020

Taux de nuptialité

Taux de divorces

1. Faire une phrase avec les données de 2015

2. Quelles évolutions ce document met-il en

avant ?

Insee, 2015 Taux de nuptialité : rapport du nombre de mariages

de l'année à la population totale moyenne de l'année

(pour 1000 habitants)

Taux de divorces : rapport du nombre de divorces de

l'année à la population totale moyenne de l'année

(pour 1000 habitants)

1. Faire une phrase avec les données entourées

2. Montrez qu’il existe des flux importants d’entraide au sein de la famille

3. Citez des exemples concrets d’entraide familiale

4. Dans quels moments l’aide de la famille est elle particulièrement

importante pour les individus ?

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Document 10 : Niveau de vie et taux de pauvreté selon le type de ménage en 2011

Taux de pauvreté en %

Niveau de vie mensuel

moyen en euros

Ensemble

Un

enfant

Deux

enfants

Trois

enfants

Quatre enfants ou plus

Ensemble

Ménages d’une famille avec au

moins un enfant mineur

17,5 13,9 13,1 21,3 41,2 1 800

Couples avec au moins un enfant

mineur

14,0 9,9 10,1 17,8 35,2 1 880

Dont familles« traditionnelles » 13,5 10,0 9,7 18,0 35,0 1 910

Dont familles recomposées 17,6 9,2 13,0 16,3 37,0 1 660

Familles monoparentales 39,6 29,5 35,7 49,9 75,3 1 240

Source : d’après « Couples et famille : entre permanences et ruptures - Vue d’ensemble », Insee Références, édition 2015.

1. Qu’est ce qu’une famille traditionnelle, une famille recomposée et une famille monoparentale ?

2. Quel type de famille est le plus protégé de la pauvreté ? Pourquoi ?

Document 11 :

Document 12 :

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Document 13 :

On peut aussi s’intéresser aux relations entre séries et prénoms. A chaque série est associée un groupe de prénoms surreprésentés

(je n’ai gardé que les prénoms qui apparaissaient plus de 60 fois). Ainsi, les “Aliénor” représentent au total 2 candidates sur 10 000,

mais elles sont 6 sur 10 000 candidates au bac “L” (littéraire) : elles sont 3 fois plus nombreuses à passer le bac “L” (littéraire) que

ce qui est attendu à partir de leur nombre total. Et les prénoms diffèrent. Dans certaines séries (“S” et “STG” par exemple), ce sont

des prénoms masculins qui sont surreprésentés… mais ce ne sont pas les mêmes : Augustin est plus fréquent en série S, Ahmed en

série STG.

Document 14 :

Document 15 :

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Document 16 : Situation vis-à-vis de l’emploi selon le domaine d’étude

Diplômes Domaine d'étude

Situation vis à vis de l'emploi

Taux de chômage

(en %)

Part d'emplois à temps partiel (en %)

Salaire médian*

(en euros)

Masters 1 et 2, maîtrise, DEA, DESS Ensemble diplômés niveau master 9 11 1 840

Selon la discipline

- Physique, mathématique 6 6 2 000

- Economie 7 8 1 790

- Droit, sciences politiques 9 10 1 940

- Histoire, géographie 8 15 1 590

- Sociologie, psychologie 13 35 1 480

- Français, littérature, philosophie 9 16 1 600

- Arts 13 30 1 360

- Langues, linguistique 9 17 1 650

- Commerce, vente 9 3 2 000

- Finances, assurances, comptabilité 5 6 2 070

- Documentation, communication 15 14 1 710

- Informatique, réseaux 9 3 2 300

- Services aux personnes 11 16 1 690

Champ : actifs ayant terminé leur formation initiale depuis 10 ans ou moins, France métropolitaine, Insee, Enquêtes Emploi, 2009

1) La protection offerte par le diplôme est-elle la même pour tous les diplômés du supérieur ? 2) Comment pourrait-on l’expliquer ?

Document 17 :

La société moderne a conçu l’archétype du lien social sur le contrat de travail à durée indéterminée (CDI). En effet, celui-ci assure

à la fois l’emploi, l’identité, le revenu, la protection sociale et la structuration du temps. En fait, une vie se trouvait écrite avec ses

rythmes de la semaine et du week-end, du travail et des vacances, de la carrière et de la retraite. De ce fait, par l’emploi salarié,

l’individu moderne, défini comme un producteur-consommateur, se voit dispensé de tout autre lien social.

Bernard Ginisty, le chômage, fracture d’un modèle de société, ed. d’organisation, 1995

1) Identifiez et expliquez les éléments qui montrent que le travail assure l’intégration sociale. 2) Que veut dire l’auteur par

« structuration du temps » ?

Document 18 : Pauvreté économique et vulnérabilité sociale selon la situation par rapport à l’emploi

Ensemble des actifs Population économiquement

pauvre (1)

Population

socialement

vulnérable (2)

en %

effectifs

estimés (en

millions)

en %

effectifs

estimés (en

millions)

en %

effectifs

estimés (en

millions)

Emploi stable (3) 51,9 13,0 5,6 0,7 25,8 3,4

Emploi stable menacé (4) 28,4 7,1 12,4 0,9 36,4 2,6

Emploi instable (5) 7,8 1.9 19,4 0,4 38,5 0,7

Chômage de moins de 2 ans 6,7 1,7 26,6 0,4 38,5 0,7

Chômage de plus de 2 ans 5,2 1,3 40,2 0,5 49,3 0.6

Ensemble 100,0 25,0 11,8 2,9 32,0 8,0

Source : Enquête INSEE 1986-1987

1. Personnes actives dont le revenu est inférieur à 60% du revenu médian

2. Personnes actives dont la sociabilité familiale, la possibilité d'être aidées par leur entourage, par des associations est très faible

3. Personnes actives employées qui considèrent qu’elles ne risquent pas de le perdre

4. Personnes actives employées mais qui craignent de le perdre au cours du prochain mois

5. Personnes actives employées qui ont changé d’emploi ou connu des périodes de chômage au cours de l’année écoulée et qui

pensent perdre leur emploi actuel au cours des prochains mois.

1) Faire une phrase avec chaque donnée soulignée 2) Quel lien peut-on établir entre la situation par rapport à l’emploi et la pauvreté

économique ?

3) L’emploi stable est-il une garantie absolue d’une bonne intégration sociale ?

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Document 19:

La crise de l’emploi est aussi une crise du déversement industriel vers le secteur tertiaire, les qualifications exigées dans ce dernier

ne sont pas les mêmes et font plus appel à la qualification sociale, à du savoir-être ; la tertiarisation de l’économie met en cause la

capacité du travail à fournir des modèles de références susceptibles de catalyser des processus de socialisation accessibles à tous

comme l’étaient les métiers de mineur, d’agriculteur, de « métallo », et de permettre la constitution d’espaces de solidarité

collective ; le travail qui exige plus d’implication de l’individu qu’hier est devenu moins une garantie d’identité qu’une vulnérabilité,

l’occasion d’être jugé donc éventuellement repoussé pour des raisons qui touchent à la personnalité même.

P. VANLERENBERGHE, pauvreté et exclusion, in enjeux économiques et sociaux, Présidentielles 1995, Economica, 1995

1. Identifiez les 2 mutations des emplois dont il est question dans ce texte. 2. Que signifie le passage souligné ?

Document 20 : chômage et désaffiliation sociale

D’après Robert Castel, « la dynamique des processus de marginalisation : de la vulnérabilité à la désaffiliation ». Cahiers de

recherche sociologique, n°22, 1994, pp. 11-27

1) Qu’est ce qu’être « désaffilié » pour Castel ? 2) Quel est le processus qui mène à cette désaffiliation ?

Document 21 : la disqualification sociale