Parole(s) - N°7

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Septième numéro du magazine Parole(s)

Transcript of Parole(s) - N°7

Magazine Parole (s) - Numéro 7 - Mars 2013

Fondateur, directeur de la publication : Philippe Lesaffre Rédacteur en chef : William Buzy

Reporters : Floriane Salgues, Théophile Wateau, Baptiste Gapenne, Guillaume Aucupet, Frédéric Emmerich Aide à la mise en page : Charles-Amaury Cadiet

Crédits photos : Ludo 29880, Clio, APDK, Dicklyon, Nomadz, Johnny Hunter, Katerha, Jean-Baptiste M, Deogox, Oli Bac,

Julien Demade

Parole(s) est soutenu par la Coopérative d'Aide aux Jeunes Journalistes (CAJJ). CAJJ, association loi 1901, déclarée en sous-préfecture de Langon le 26/06/2010 / Siège social : 508 Laville Ouest, 33500 Capian.

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Ecoliers Par Philippe Lesaffre et Floriane Salgues

Les écoliers sont en vacances d'hiver… Pas Parole(s), qui publie, en ce mois de mars, son septième numéro. Et pas question de prendre congé de vous si vite, le huitième suit son cours. Pour nous, la récréation n'est pas prévue, les grandes vacances, pas pour demain.

Parmi nos abonnés sur Twitter, le ministère du Redressement productif. Avec lui, la productivité sur les réseaux sociaux, c'est maintenant.

Parole(s) a justement reçu son bulletin scolaire. L'appréciation à propos de la matière "Réseau social" ? "Peut mieux faire", il est vrai. Et concernant les pages lues sur notre plateforme Issuu? "Encourageant."

En effet, vous êtes des milliers, en moyenne, à nous lire, chaque mois. Merci.

« Sans mental, le joueur n'est rien »

Pendant près de 30 ans, Pierre Labat a travaillé au club de football des Girondins de Bordeaux. Il s'est occupé de la formation de jeunes, mais également du travail quotidien de certains joueurs. Lui-même ancien joueur, il est devenu un formateur reconnu en France. Zidane, Lizarazu, Dugarry ou plus récemment Gourcuff sont passés entre ses mains. « Le football a été ma passion, la formation l'est devenue. »

Propos recueillis par William Buzy et Baptiste Gapenne

Quelle a été votre relation avec les jeunes sportifs ?

J’ai été en relation directe avec les jeunes de l'école de football des Girondins de Bordeaux. Ce sont des jeunes qui sont appelés à devenir professionnels. Je les ai côtoyés régulièrement. J'en ai entraîné certains, et discuté avec d'autres. Personnellement, j'attache autant d'importance au côté mental qu'au côté physique ou technique. Pour moi, le travail ne s'arrête pas au jeune, il faut travailler tout au long d'une carrière.

Le mental vous tient à cœur. Dans les centres de formation, c'est un

aspect qui est travaillé avec les jeunes ?

Il n'y a pas de règle. L'entraînement d'un sportif de haut niveau comprend quatre parties : la technique, la tactique, le physique, et le mental. Sans technique, vous ne pouvez pas faire de tactique et le physique ne vous sert à rien. Sans mental, vous ne pouvez rien faire du tout. Un joueur a plus ou moins besoin, à courte ou moyenne échéance, d'un soutien mental. Ne serait-ce que si sa copine l'a quitté... ou pour tout autre problème ! Ma fonction implique un entraînement spécialisé dans le travail individuel ou en petit groupe.

Le côté psychologique, c'est également la partie où l'on gère les comparaisons un peu trop hâtives?

Il faut avancer et arrêter de se comparer aux autres. Les gens ont comparé Gourcuff à Zidane. Mais moi, je réponds : Gourcuff c'est Gourcuff. Certes, il essaye de reproduire les gestes de Zidane en ajoutant certains détails. Tout comme Zidane a eu un modèle.

Vous parliez tout à l'heure de quatre parties dans la formation : la technique, la tactique, le physique et le mental. Ces quatre parties sont-elles indissociables?

Oui et non. Ça vous permet de faire une sélection. Au départ, le

commun des mortels voit un gars qui manie bien le ballon. A-t-il de l'avenir pour autant ? Il a une base, du talent. C'est déjà bien. Sans talent, on ne peut rien faire. Pour le football, ça implique la gestuelle, la vision du jeu et le talent créatif. Avec ces

trois conditions, vous rentrez dans le football de haut niveau. Pour moi, la technique est indispensable. Mais, sans travail, ce n'est rien. Et alors, sans mental, vous êtes cramé ! Vous avez besoin des qualités spécifiques pour vous transcender. En plus

de tout ça, il y cinq qualités à avoir: l'humilité, le courage, la volonté, la détermination et la persévérance. Mais elles ne sont utiles au joueur que s'il est bien dans sa peau. Que s'il est sécurisé. Il y a donc aussi l'importance de l'accompagnement.

C'est une alchimie finalement ?

Le talent est inné. Mais il faut travailler pour le faire évoluer. L'éducateur a un rôle important. Il ne doit pas perdre de vue deux mots : regarder et écouter. En regardant le joueur, vous savez ce qu'il sait faire et ce qu'il peut faire. Et, en l'écoutant, vous savez ce qu'il veut faire. C'est-à-dire : a-t-il un esprit suffisant ? Ne se croit-il pas trop bon ?

L'environnement des jeunes sportifs est donc également important ?

Oui. Il est de plusieurs natures. L'environnement professionnel avec l'importance du coach. S'il veut faire briller le joueur pour lui-même, il ne s'en sortira jamais. Il ne faut pas oublier que le diamant, ce n'est pas lui. Il a le rôle du joaillier. Il y a ensuite l'environnement familial qui est indispensable.

Il faut savoir que 75% des jeunes, qui réussissent à passer "pro", sont originaires d'un secteur étant à moins de 300 km de l'endroit où ils partent se former. Certains éducateurs se plaignent de la place prises par les parents lors des matchs, mais il faut laisser le père ou la mère près du gamin. Il pourra toujours en avoir besoin.

Enfin, il y a l'environnement amical avec les copains qui proposent de sortir et la copine. Je me suis toujours servi de la copine. Elles sont toujours plus mûres que les garçons et elles les aident à se stabiliser, à poursuivre leurs études.

Quelle est l’importance des études, pour un sportif de haut niveau ?

Un sportif de haut niveau sans étude, les trois-quarts du temps, il est foutu ! Quelles que soient les études qu'il décide de faire, je pense qu'il faut qu'il les continue. L'oisiveté n'a jamais été la mère d'un sportif de haut niveau. Le problème aujourd'hui, c'est que les jeunes trouvent des agents trop vite, voient arriver de l'argent trop vite. C'est une bêtise. Il faut que le joueur reste au maximum dans le club qui l'a formé. Car, tant que le joueur y est, il est considéré comme pièce maîtresse du puzzle de l'équipe. S'il part, en revanche, il va se retrouver comme concurrent pour les autres joueurs et non comme partenaire.

Mais alors le problème n'est-il pas dans les clubs étrangers qui viennent chercher très tôt les meilleurs joueurs?

Non, pas du tout. Le problème, ce sont les agents. Ils essayent tout le temps de faire une bonne affaire. Il ne faut pas se leurrer, ils ne viennent que pour l'argent. Eux aussi pensent avoir la science infuse. Ils pensent que le joueur va s'adapter... Mais non. Il faut appeler un chat, un chat.

On entend rarement parler de dopage en France, existe-t-il dans les centres de formation?

J'ai beaucoup plus peur de la drogue que du dopage : des joints, par exemple. Ici, à Bordeaux, on fait la chasse aux joints. Des joueurs ont ruiné leur carrière à cause de ça. Ce qui est révoltant, c'est que parfois les éducateurs sont au courant mais ne font rien. Ça me démonte...

Pour en revenir au dopage, il y en aura toujours mais les contrôles sont là pour éviter les débordements.

Pour finir, avez-vous un message à faire passer?

Je laisse tous les messages dans mon livre : « Mémoires d'un formateur passionné » (chez Le Tiers Livres, 2009). Je pense

qu'il y a beaucoup de choses à en tirer sur les jeunes footballeurs. J'aimerais bien que, dans le domaine sportif, il soit pris en compte deux choses : il faut se référer à quelqu'un dans la vie et ne pas ramener à soi ce que l'on fait mais le ramener aux autres. Tout ce que j'ai fait, ce n'était pas pour me mettre en valeur mais pour mettre en avant une manière de faire.

"Tellement Vrai": quand la réalité devient fiction

L'émission de NRJ 12 fonctionne à merveille : chaque rendez-vous télévisuel réunit plusieurs centaines de milliers de curieux. Les histoires de ces "documentaires" attirent…Peut-on parler de journalisme ? Plutôt de téléréalité ? Parole(s) tente d'y voir plus clair.

Par Philippe Lesaffre et Guillaume Aucupet

Tous les prénoms des personnes interrogées ont été modifiés

"Sexe, ils sont accros", "Ces femmes qui aiment les hommes plus jeunes", "L'infidélité est leur quotidien", "Ils s'aiment mais tout les oppose". Les sujets de "Tellement Vrai", émission diffusée sur NRJ 12 attirent. Du moins, si l'on ce fie aux audiences : plusieurs centaines de milliers de personnes sont au rendez-vous, chaque dimanche soir. Incroyable (mais vrai).

« On regarde car on tombe dessus par hasard. Pour se détendre, se moquer, confie une journaliste que Parole(s) nommera Amélie. Mais c'est une émission de merde », témoigne cette assistante-réalisatrice d’une boîte de production qui en vendait «par packs de douze». Jérémy, qui en a réalisé un depuis le début de sa carrière, tape fort, lui-aussi : « Ce ne sont pas de bons documentaires, cela ne vaut rien d'un point de vue journalistique. » Tout est fait, selon lui, «pour tourner les témoins au ridicule».

Les "ordres" de NJR12

Parole(s) s'est procuré la charte de l'émission, pour tenter de comprendre. Elle indique tout d'abord : "Il faut des témoins qu’on a envie de regarder, qui nous ressemblent ou sont plus beaux que nous, en tout cas, dans lesquels on peut se retrouver." Julien, un autre réalisateur de "Tellement vrai", qui a commencé en tant que casteur, précise : « Il faut des "gueules", des gens "télégéniques". Ils ne doivent pas forcément être "beaux", mais il ne faut pas qu'ils soient "désagréables" à regarder. »

La chaîne, que nous avons contactée -en vain-, exige, surtout, selon sa charte, "des histoires touchantes et concernantes" afin "qu'on puisse

s'identifier" et "ressentir une émotion". Elle souhaite qu'il y ait au moins quatre temps forts et une problématique par témoin.

« Tous les moyens sont bons, explique Jérémy, pour favoriser certains évènements, organiser des situations propices à ce qu'on attend : une dispute, une discussion intime, une grande joie... » NRJ 12, selon ce réalisateur, « a la trouille du personnage autour duquel il ne se passe rien. Du coup, il peut arriver d’inventer un enjeu à un bon témoin pour mieux le vendre. »

« Ma télévision, mes règles. Eteignez-là, sortez

et jouez. »

NRJ 12 refuse, affirme Julien, « des gens s'ils sont trop "intelligents". Elle ne veut personne avec une trop grande réflexion parce qu'ils sont plus difficiles à manipuler.»

« J'ai de la haine »

Rien n'est ainsi laissé au hasard, le naturel ne doit pas l'emporter sur les "desiderata" de la chaîne. Et c'est ce qui est écrit dans la charte que tout réalisateur doit suivre à la lettre. Il y est recommandé, par exemple,

de ne "pas hésiter à reprendre le témoin, s'il s'adresse aux journalistes, et à lui faire répéter, ce qu'il a dit, à ses amis."

« Le client idéal, explique Julien, c'est le mec qui veut absolument passer à la télé. Parce qu'il est prêt à tout, y compris à accepter les petites tricheries qu'on lui propose, admet le réalisateur. Souvent, on leur donne des phrases à dire, on leur organise des situations en faisant croire que c'est leur quotidien alors que ce n'est pas le cas. Et, quand les gens veulent passer à la télé, cela ne leur pose aucun problème. »

« J'ai de la haine envers les boîtes de prod', avoue, de son côté, Amélie. Ces émissions sont des émissions "de vie" - on ne peut pas savoir à l'avance ce qu'il va se passer normalement - et elles n'hésitent pas à payer des strip-teaseuses pour faire croire qu'un mec se fait draguer en boîte. Sans en avertir les principaux intéressés. On joue l'hypocrite en leur expliquant : "Nous voulons montrer votre quotidien." Mais on se moque d'eux. La façon dont on fait "rejouer" des scènes, cela change complètement leur personnalité. Plusieurs familles ont voulu nous planter. Une nous a dit : "Nos amis ne nous reconnaîtrons même pas." La production s'en fout, ils veulent leurs images pour avoir leur argent. J'ai de la peine pour les participants.»

La magie du montage

L'équipe peut aller encore plus loin au montage, l'ultime étape de fabrication d'un "Tellement Vrai". Comme l'analyse Jérémy : « L'objet peut être bidouillé pour le faire ressembler à ce qu'on veut. On peut tout faire. Faire passer pour un con un mec intelligent, rendre attachant un mec quelconque, faire d'un gars lambda un héros... On peut créer le personnage que l'on souhaite. On peut accentuer tous les traits avec la sélection des images, des propos, mais aussi avec la musique et le commentaire. »

Julien abonde dans ce sens : « Rien n'est réel et tout le monde est plus ou moins complice : la chaîne qui veut l'émotion, le clash, la boîte de production qui est prête à la satisfaire pour vendre, le réalisateur et son équipe qui sont bien contents d'être payés 200 ou 300 euros par jour, et les témoins qui sont prêts à obéir à tout, pourvu qu'ils passent à la télévision. » Certaines personnes, toutefois, refusent de participer à l’émission, confie Amélie, lorsqu’ils «entendent le nom de NRJ 12 ». L'occasion d'évoluer un peu ? « On entend aujourd’hui que la chaîne veut changer l'image des "Tellement vrai", qu'elle souhaite des témoignages plus pertinents. »

Le chemin est encore long. L’image de "Tellement Vrai" est trop profondément ancrée dans la tête des téléspectateurs, avec tout ce que l’émission comporte de cynisme et d’hypocrisie. Pour autant, la poule aux œufs d’or n’a pas fini de caqueter.

Bruits de tournage Ce que nos sondés ont entendu sur un plateau…

« Elles, faut qu'elles pleurent. Si elles ne pleure nt pas, elles ne servent à rien. »

«- C'est vicieux, ça.

-Oui.

- C'est bien. »

« Lui, laisse tomber. Il a un gros Q.I, il va nous soûler, il va sans cesse réfléchir, il va nous contredire. Il va tout remettre en question, il va falloir qu'on justifie chacun de nos actes. Et, comme il est intelligent, il va être en contrôle de lui-même, il ne va pas se lâcher, parce qu'il va avoir plus conscience des choses que les autres. Du montage, de son image... »

« Quand tu sens que ça coince pour l'autorisation de tournage, n'hésite pas à rester vague sur le concept de l'émission. Ne donne pas forcément le titre, le nom de la chaîne. Tu parles d'un "documentaire" »

«Un bon témoin, c'est docile et barjo.»

« T'es obligé de rassurer leurs parents en leur disant : "Votre fils ne va pas être ridicule." Mais bon, il va l'être

quand même un peu... »

« Il est beau, lui. Et il a l'air particulièrement bête.

- Oui, mais on n'a pas d'enjeu.

-Eh bien, on va lui en inventer un. »

« - Faut qu'il nous dise qu'il est jaloux de sa réussite.

- Il ne le dit à aucun moment.

- T'inquiète, il va le dire. C'est la magie du montage. »

Fin de nuit ave c les « viandards » de

Rungis

Les professionnels du marché de la viande sont installés depuis 40 ans à Rungis. Reportage en blouse blanche et en charlotte.

Texte et photos par Théophile Wateau

Il est 7h 30 lorsque Mounir s’attable au Saint Hubert devant un café crème. Ses achats de viandes sur le marché de Rungis sont enfin terminés.

Il n’est pas le seul à achever sa nuit de travail dans ce lieu mythique de l’histoire du marché de Rungis.

De nombreux "viandards" en blouse blanche, fournisseurs et clients réunis, s’y retrouvent pour casser la croûte, au milieu d’un brouhaha amical, se saluant par leurs prénoms.

Le 13 janvier dernier, le plus grand marché de produits frais au monde a fêté les 40 ans de l’installation, à Rungis, des trois pavillons de la volaille, de la triperie et des viandes pendues. Le 13 janvier 1973, le café Saint Hubert a ouvert ses portes au centre de l’ancien pavillon de la volaille.

Aujourd’hui, il est à l’entrée de l’entrepôt. Plus grand et plus moderne, il a été inauguré le 15 mars 2011. Pour accéder aux volailles, il faut revêtir une blouse et une charlotte, vendues deux euros dans un distributeur à l’entrée. Client du marché depuis 13 ans, Mounir, a connu « l'ancien » et « le nouveau » bistrot qu’il qualifie de « banque », où clients et fournisseurs viennent souvent conclure une négociation.

« Tout le monde se connait ici », explique-t-il en serrant les mains de fournisseurs ou de « coupeurs » aux blouses blanches maculées de sang. Il vient d’acheter « cinq tonnes de viandes » pour livrer ses trois boucheries halal situées à Barbès (Paris) et en Seine-Saint-Denis. A 9h, ses camions chargés seront prêts à repartir.

Mounir vient trois fois par semaine à Rungis pour « vérifier sur place la qualité de la viande ». A ses débuts en 2000, il confie qu’il ne connaissait pas « la différence entre un rumsteack et une cuisse ». Aujourd’hui, avec ses fournisseurs sur le marché, Mounir « marche à la confiance », avoue-t-il. Son téléphone sonne, l’occasion de passer une dernière commande : « 55 épaules en plus, 8 cartons de rumsteacks, 3 de bavettes. »

« Il faut savoir sentir les hausses et les baisses du marché »

Les commandes par téléphone, Julien, 26 ans, connaît également. Vendeur depuis cinq ans à Rungis, ce « fils et petit-fils de boucher » les réceptionne dès 1h30 du matin, accompagnées de nombreux fax. Les paquets de ces "habitués" pourront ainsi partir au plus tard à 6h pour éviter les problèmes de circulation dans Paris. Ceux pour les autres régions de France peuvent attendre jusqu’à 11h. Son entreprise, qui emploie 18 salariés, vend 6,5 tonnes d’agneaux par jour et entre 15 et 20 tonnes de bœuf.

« Dynamique, réactif et patient avec les clients » : autant de qualités essentielles pour être vendeur de viandes à Rungis, selon Julien. Ce diplômé en négociations

commerciales explique : « Dans la vente, il faut savoir sentir les hausses et les baisses du marché. » En fonction de la concurrence et de l’évolution des stocks : « Sur 40 quartiers de bœuf, pas deux n’auront la même valeur au fil des heures », assure-t-il.

A 8h 30, les traits tirés après une nuit de travail, Julien sourit en évoquant la fermeture de Rungis, le samedi et le dimanche. C’est pour lui « un bel avantage avec un weekend pour la vie de famille ». Une pause hebdomadaire qui commence dès le vendredi midi pour les professionnels du marché. Là-dessus, les « viandards » sont des veinards.

Les maux du quotidien Episode 5 : Piratage informatique Notre Héros n'a jamais de chance. Cette fois, on lui a volé des codes confidentiels pour se connecter et s'identifier, à sa place, sur un site de vie scolaire. Ça l'énerve. Et il ne veut pas en rester là.

Notre Héros, après le cambriolage de son domicile, prend le large. Il s'échappe quelques jours pour oublier. Mais les mauvaises nouvelles n'arrivent jamais seules. Les soucis ne tardent pas à réapparaître...

Notre Héros - enseignant - constate à son grand désarroi, que des élèves lui ont "piqué" ses identifiants pour se connecter sur le portail "Viescolaire.net" - qui permet aux

lycéens de consulter notes et appréciations des profs.

Les élèves ont non seulement pénétré sa cession mais ont changé les notes qu'il avait entrées.

Un hasard l'a conduit à cette découverte. Vendredi soir, à la fin de la journée, il participe au conseil de classe d'une terminale. A peine installé, le délégué l'interpelle, fou de joie : «Vous m'avez mis 16, merci ! » Notre Héros, surpris, réplique : « Mon inconscient a dû être fort ! » Bizarre, il est « nul » d'habitude, grogne-t-il. Notre Héros, ne comprend pas, mais, crevé, passe à autre chose. Et rentre chez lui.

Le lendemain, au petit-déjeuner, une intuition le taraude. Il allume son PC. Entre dans sa cession. Regarde les notes d'une première classe. Des erreurs se sont glissées un peu partout. Puis une deuxième : toujours des chiffres erronés. Notre Héros devient fou de rage : a-t-il encore les capacités de travailler ou est-ce la folie qui le guette? Pour chaque classe, des notes falsifiées. Que faire ? Appeler, d'abord, le responsable informatique de son établissement scolaire qui va lui murmurer ce qu'il ne voulait pas entendre : des élèves ont commis l'irréparable. Non, « un délit », corrige Notre Héros.

Porter plainte…

Apres moult réflexions, ce dernier s'estime (un peu) responsable. Il ne fait pas attention quand il se connecte, devant les élèves, sur la plateforme pour noter les absents. On a dû l'observer. Ca l'énerve !

Notre Héros met le directeur adjoint de l'établissement dans la confidence. Afin qu'il puisse rectifier, plus tard, les notes. Le lundi suivant, du coup, plusieurs jeunes viennent se plaindre car « les moyennes ont changé depuis le week-end ». Le prof fait mine de ne pas comprendre : « Ah bon ! De toute manière, vous savez la calculer en fonction de vos notes. Je n'ajoute pas de point, et vous êtes au courant…» Notre Héros s'efforce d'avoir l'air candide. Il ne veut pas qu'on sache qu'il sait. Agir en silence... Car notre Héros réclame une enquête pour que les élèves payent. Un premier coup de fil au commissariat et il s'aperçoit que ce ne sera pas chose aisée. «Changez de code, et puis c'est tout», lui conseille-t-on, sans rire. Cela ne le fera pas plier. Il veut porter plainte. Le temps de réunir les documents nécessaires et il s'exécute. En attendant la suite…