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Bulletin delaBanque Royale Publié parla Banque Royale du Canada VoL73 NO.6 Novembre/Décembre 1992 Parler en public Il devientde plus en plus nécessaire pour le commun des mortelsde dire "quelques mots" en public. Or le trac fait trembler de nombreux orateurs. Le secret des bonsdiscours et de la victoire sur l’angoisse face au public: une préparation minutieuse. Unnombre croissant de personnes doivent parler enpublic. Auxdiscours habituels, tenus dans le cadre declubs etdediverses organisations sociales, s’ ajoutent d’autres occasions qui obligent à affronter unauditoire. Citons par exemple la coutume touchante, qui connaît unregain defaveur, des éloges funèbres et destextes lusoudesparoles prononcées parles participants à unmariage moderne. Jadis, seuls les cadres supérieurs étaient tenus, de par leurs fonctions,de donner un discours ou une présentation. Aujourd’hui, presque tout le monde estamené à prendre laparole devant un cercle de qualité ou un autre groupe dumême ordre. Lescadres quiautrefois pouvaient s’occuper de leurs affaires entoute quiétude doivent désormais parler à desgroupes d’analystes financiers, à des spécialistes delaréglementation ouà desleaders communautaires pour leur expliquer lespolitiques del’entreprise etpromouvoir lesintérêts deleur secteur. L’art oratoire est inclus dans leur descrip- tion detâches, qu’ils leveuillent ounon. Or beaucoup ne le veulent pas.Le manque de sincérité leplus flagrant dans undiscours est souvent lapetite phrase qui exprime «le plaisir d’être parmi vous», alors quen’importe quel autre coin dela terre semble à cemoment précis bien préférable! Pourtant ilest indéniable qu’un discours peut être unesource devifplaisir pour l’orateur comme pour l’auditoire, lorsque préparé avec soin. Premier impératif: vaincre lapeur deseproduire enpublic. Cette appréhension est aussi vieille que l’Ancien Testament lui-même. Jérémie n’objectait- ilpasqu’il était trop jeune pour prêcher etMoïse qu’il n’avait pasla langue suffisamment déliée pour prendre latête desIsraélites? Les psychologues modernes expliquent le trac parla peur d’être humilié pardescritiques ou l’échec. Pour se protéger contre cette blessure psychologique, l’être humain se prépare instinctivement à «fuir» ouà «se battre». Face à unemenace, notre organisme se prépare à lafuite, nos muscles setendent aupoint detrem- bler, notre visage pâlit alors que notre peau sevide de sang pourréduire les saignements en cas de blessure, lecoeur bat fort, accélérant lacirculation sanguine afin d’accroître la résistance de l’organisme. Dansle mêmetemps, nos glandes déversent de 1’adrénaline dans lesang, nous rendant plus vigilants et énergiques. Nous avons la bouche sèche pour ne pasêtre étouffés parun excès de salive. Comme chacun sait, les orateurs se raclent souvent la gorge. Toutes cesmanifestations sont typiques dustress. Comme l’adéclaré Hans Selye etsesdisciples, le stress estunepuissante force positive sionsait l’exploiter. Lorsque l’on parle enpublic, lestress, entendant l’esprit, conf’ere unsurcroît dedynamisme à la prestation de l’orateur. Nombre d’acteurs et d’actrices chevronnés affirment que, sans letrac, ilsne pourraient maintenir leniveau d’intensité voulu. Lapremière chose quedevrait savoir l’apprenti orateur est que personne, oupresque, n’est à l’abri dutrac. Lestimides pensent être particulièrement handicapés, même s’ils cachent bien leur embarras. Enfait, nombre depersonnes sont tout aussi timides etledissimulent tout aussi bien. Même lesorateurs lesplus célèbres avaient les jambes flageolantes lapremière fois qu’ils parlaient en public. Un Gallois éloquent, DavidLloyd George futl’un desdialecticiens parlementaires

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Bulletin de la Banque RoyalePublié par la Banque Royale du Canada

VoL 73 NO. 6 Novembre/Décembre 1992

Parler en publicIl devient de plus en plus nécessaire pour le commundes mortels de dire "quelques mots" en public.

Or le trac fait trembler de nombreux orateurs.Le secret des bons discours et de la victoire surl’angoisse face au public : une préparation minutieuse.

Un nombre croissant de personnes doivent parleren public. Aux discours habituels, tenus dans lecadre de clubs et de diverses organisations sociales,s’ ajoutent d’ autres occasions qui obligent à affronterun auditoire.Citons par exemple la coutume touchante, qui

connaît un regain de faveur, des éloges funèbres etdes textes lus ou des paroles prononcées par lesparticipants à un mariage moderne. Jadis, seuls lescadres supérieurs étaient tenus, de par leursfonctions, de donner un discours ou uneprésentation. Aujourd’hui, presque tout le mondeest amené à prendre la parole devant un cercle dequalité ou un autre groupe du même ordre.Les cadres qui autrefois pouvaient s’occuper de

leurs affaires en toute quiétude doivent désormaisparler à des groupes d’analystes financiers, à desspécialistes de la réglementation ou à des leaderscommunautaires pour leur expliquer les politiquesde l’entreprise et promouvoir les intérêts de leursecteur. L’art oratoire est inclus dans leur descrip-tion de tâches, qu’ils le veuillent ou non.Or beaucoup ne le veulent pas. Le manque de

sincérité le plus flagrant dans un discours est souventla petite phrase qui exprime «le plaisir d’être parmivous», alors que n’importe quel autre coin de laterre semble à ce moment précis bien préférable!Pourtant il est indéniable qu’un discours peut êtreune source de vif plaisir pour l’orateur comme pourl’auditoire, lorsque préparé avec soin.Premier impératif: vaincre la peur de se produire

en public. Cette appréhension est aussi vieille quel’Ancien Testament lui-même. Jérémie n’objectait-il pas qu’il était trop jeune pour prêcher et Moïsequ’il n’avait pas la langue suffisamment déliéepour prendre la tête des Israélites?Les psychologues modernes expliquent le trac

par la peur d’être humilié par des critiques oul’échec. Pour se protéger contre cette blessurepsychologique, l’être humain se prépareinstinctivement à «fuir» ou à «se battre».Face à une menace, notre organisme se prépare à

la fuite, nos muscles se tendent au point de trem-bler, notre visage pâlit alors que notre peau se videde sang pour réduire les saignements en cas deblessure, le coeur bat fort, accélérant la circulationsanguine afin d’accroître la résistance del’organisme.Dans le même temps, nos glandes déversent de

1’ adrénaline dans le sang, nous rendant plus vigilantset énergiques. Nous avons la bouche sèche pour nepas être étouffés par un excès de salive. Commechacun sait, les orateurs se raclent souvent lagorge.Toutes ces manifestations sont typiques du stress.

Comme l’a déclaré Hans Selye et ses disciples, lestress est une puissante force positive si on saitl’exploiter.Lorsque l’on parle en public, le stress, en tendant

l’esprit, conf’ere un surcroît de dynamisme à laprestation de l’orateur. Nombre d’acteurs etd’ actrices chevronnés affirment que, sans le trac,ils ne pourraient maintenir le niveau d’intensitévoulu.La première chose que devrait savoir l’apprenti

orateur est que personne, ou presque, n’est à l’abridu trac. Les timides pensent être particulièrementhandicapés, même s’ils cachent bien leur embarras.En fait, nombre de personnes sont tout aussi timideset le dissimulent tout aussi bien.Même les orateurs les plus célèbres avaient les

jambes flageolantes la première fois qu’ils parlaienten public. Un Gallois éloquent, David LloydGeorge fut l’un des dialecticiens parlementaires

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les plus persuasifs du 20e siècle, un orateur dont lecharisme lui valut d’accéder au poste de premierministre. Or, raconte-t-il, «la première fois que j’aipris la parole en public, j’étais dans tous mes états.La langue collée contre le palais, mes paroles merestaient dans la gorge»L’expérience aidant, Lloyd George apprit à

surmonter son angoisse. D’autres ne parviennentqu’à la maîtriser. Si vous êtes parmi eux, rassurez-vous. Votre auditoire est bien moins conscient quevous de votre émoi.Le tremblement de votre voix qui résonne tel le

tonnerre dans votre tête est à peine perceptible,comme le confirmeront des amis présents dansl’auditoire.

Soyezvous-même,

mais en mieux

Même si votre nervosité est manifeste, votreauditoire ne vous entiendra pas rigueur.«Les auditeurs», affirmeArnold Zenker dans sonouvrage publié en 1983intitulé Mastering thePublic Spotlight «veulentvoir en vous un gagnant.

Pensez à la dernière présentation à laquelle vousavez assisté. Vouliez-vous voir trébucher l’orateur?Bien sûr que non»Une fois que vous avez accepté qu’un certain

degré de nervosité est normal, vous pouvezappliquer les méthodes visant à la contrôler,notamment les exercices de respiration. L’ oxygènecalme et une respiration volontairement lenteralentit les battements du coeur.Les mouvements physiques recommandés avant

de se produire en public ressemblent aux exercicesd’échauffement de l’athlète : mouvements desdoigts et des doigts de pied, rotation du cou,mouvement latéral de la mâchoire.Les athlètes se préparent également mentalement

avant d’entrer en lice. Lorsqu’ils attaquent avecimpétuosité, ils mettent inconsciemment en pratiquela théorie du psychologue William James selonlaquelle les actes évoquent des sentiments. Jamesestime qu’en prenant délibérément une attitudecourageuse, «la bravoure remplacera la peur»»C’est également l’avis de Dale Carnegie exprimé

dans son livre Comment parler en public et influencerles gens dans les affaires. Le titre est en soi tout unprogramme. Un grand nombre d’hommes et defemmes se sont débarrassés des tourments de latimidité en suivant des cours d’art oratoire. Ceuxqui ont l’habitude de s’adresser à des groupes ont

un air assuré qui, en leur donnant de l’ascendant,facilite les rencontres avec les étrangers, les rendinfluents au milieu d’un groupe et font d’eux demeilleurs leaders.Carnegie conseille aux orateurs de se montrer

pleins d’assurance, même s’ils tremblent en leurfor intérieur : «Avancez bravement, arrêtez-vouset donnez l’impression d’être ravis de vous adresserà un public. Redressez-vous, regardez lesspectateurs droit dans les yeux et parlez avecconfiance, comme si chacun d’eux vous devait del’argent. Imaginez qu’ils se sont rassemblés pourvous supplier de leur accorder un délai»»Si vous êtes nerveux en dépit de votre maintien,

ne le montrez pas. Pour vous détendre, remuezmine de rien les doigts derrière votre dos ou serrezune pièce de monnaie dans votre paume.Face à un public, les apparences sont plus

importantes que partout ailleurs, à commencer parl’apparence physique. «Si Cicéron avait parlé unecouverture sur les épaules», a déclaré JosephAddison, «on se serait moqué de sa tenue au lieud’admirer son éloquence»Vous devez soigner votre tenue pour un discours

tout comme vous le feriez pour un mariage ou toutautre événement social. Votre tenue doit êtreappropriée. Les vêtements d’un orateur ne doiventpas être voyants ou trop élégants, ce qui détourneraitl’attention de ses propos.Ceux qui affectionnent les attitudes théâtrales

doivent se tempérer pour ne pas distraire leurauditoire. Mais les gestes étant l’expression de lapersonnalité, vous seriez, ou paraîtriez, mal à 1’ aisesi vous les supprimiez totalement.

Un discours doitconstammentdéfricher de

nouvelles idées

Pourtant, ne vous laissez pas emporter par votrenaturel. Vous devez être conscient de vos gestes etles utiliser à bon escient. Lors de rassemblements

religieux ou politiques,les orateurs qui semblentsouvent très passionnéscontrôlent parfaitementleur moindre geste.À moins d’être uncomédien ou un dé-magogue prêchant la

révolte, soyez digne. Le respect inspiré par votremaintien incitera à respecter vos paroles.Soyez vous-même, mais en mieux. Si vous avez

tendance à manger vos mots, articulez clairement.Si normalement vous parlez vite, prenez votretemps.C’est le moment où jamais de vous tenir droit, la

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poitrine bombée et le ventre rentré. Pressez lanuque contre votre col. Une telle pose nonseulement vous donnera de la prestance mais, enaugmentant votre capacité pulmonaire, vous aideraà contrôler votre respiration.Un vieux pasteur m’a dit un jour que, dans son

métier, l’oxygène était la meilleure chose après lagrâce de Dieu. L’orateur avisé, devant son publicprêt à l’écouter, commence par respirerprofondément, évitant ainsi l’un des pièges de l’artoratoire : parler sans avoir suffisamment d’air dansles poumons. Se trouver à bout de souffle en pleineenvolée est terriblement embarrassant.Le ton de la voix dépend de la respiration; il

résulte de l’expulsion d’air dans le larynx. Lecontrôle de ce flot d’air (d’où la nécessité d’enstocker dans vos poumons) permet de projeter lavoix, quel qu’en soit le registre.S’il est difficile de modifier le timbre de sa voix,

on peut apprendre à la moduler. Comme pour lechant, le contrôle de la respiration détermine lesvariations de volume et l’intonation. Rien n’endortplus un auditoire qu’une voix monocorde.Un philosophe grec, environ 600 ans avant notre

ère, remarqua que le sens du rythme était le secretde toute chose. En ce qui concerne les discours,cette observation tient toujours. Pauser à desmoments bien choisis, ralentir, accélérer, varierson débit maintiennent l’intérêt et évitentd’endormir son auditoire. Avec un peu de flairoratoire, même les longs discours restentpassionnants.

Imaginezque vous vous

adressez àvotre famille

En règle générale cependant, la qualité d’undiscours est inversement proportionnel à salongueur. L’orateur, pareil au laboureurconsciencieux, doit constamment renouveler sesapproches pour riveter l’attention des auditeurs.

Le moment arrive où,immanquablement, leurattention s’égare. Lesrédacteurs de discoursprofessionnels afin’mentqu’on ne peut lamaintenir plus de 20minutes.

«La profondeur recherchée par les orateurss’exprime trop souvent par la longueur» écritMontesquieu. Un discours long et superficiel estsouvent le signe d’un manque de préparation.Abraham Lincoln expliqua un jour qu’il lui fallaitdeux semaines pour rédiger un discours de 20minutes, une semaine pour une allocution de 40

minutes et qu’il pouvait, s’il improvisait, parlerfacilement pendant une heure.L’orateur doit se plier à trois règles, selon

Alexander Gregg, évêque américain :Premièrement, entrer dans le vif du sujet,deuxièmement intérioriser le sujet et, enfin,intéresser l’auditore à ce sujet» À noter que seulle troisième conseil porte sur l’exécution. Un bondiscours ressemble à un iceberg; la partie visiblen’est qu’une faible portion de la masse énorme desrecherches, de la rédaction et des répétitions, c’est-à-dire de la préparation.«En rédigeant, pensez davantage à la matière

qu’au style», recommande un éminent avocataméricain, William Wirt. Selon les écrivains, plusla matière disponible est abondante, plus il estfacile de mener sa tâche à bien. Dans le domainedes recherches, l’excès est préférable au manque.Une documentation excessive, tout compte fait,leur facilite la tâche. Si leur discours traite d’idéesplus que de statistiques, plus ils auront lu et réfléchi,mieux ils sauront les exposer.

L’idéal seraitde mémoriser

chaque mots. Maisqui en a le temps?

Le seul inconvénient d’un discours riche en faitset en idées est peut-être qu’il sera trop dense. Pourl’alléger, utilisez un langage familier; imaginezque vous vous adressez à votre famille. Si le sujets’y prête, ponctuez-le de pointes d’humour. Mais,attention, laissez le monologue comique aux

professionnels. Rienn’est pire qu’uneplaisanterie qui tombeà plat. Provoquez lesoutire, non le gros tire.En écrivant un discours,

comme d’ailleurs toutautre texte, soyez clair.Utilisez des mots qui

tont partie du vocabulaire de votre auditoire. Soyezsimple, évitez le jargon professionnel sauf si lespersonnes présentes peuvent comprendre chaquemot prononcé.

Les discours sont différents des autres textes. Vuleur nature éphémère, les répétitions ne sont pas àabhorrer.Citons un vieil et sage adage relatif aux discours:

«Dites ce que vous allez dire, puis dites-le; reditesensuite ce que vous venez de dire» Il ne s’agit pasexactement de répéter la même chose maisd’ajouter, chaque fois que vous reprenez le mêmethème, de nouveaux éléments, de nouvelles idées,de nouvelles perspectives.«Un discours est pareil à une histoire d’amour.

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N’importe qui peut la commencer mais la finirexige beaucoup de finesse», écrit avec humourLord Moncroft. Il est difficile de juger quels sontles pires orateurs, ceux qui terminent sans criergare ou ceux qui ne savent s’arrêter.

L’assuranceacquise enrichit

toutes les facettesde la vie

La fin d’un discoursexige un soin particulier,car les dernières phrasesrestent gravées dans lamémoire des auditeurs.Une bonne péroraisonrésume les pointsessentiels en un savant

crescendo qui laissera un message résonnant dansles oreilles des spectateurs.Aucune formule ne dicte la conclusion d’un

discours, mais travaillez-la jusqu’à ce que votremessage soit percutant. Mémorisez le dernierparagraphe et regardez votre auditoire droit dansles yeux à ce moment crucial.L’idéal serait d’apprendre tout le discours par

coeur et de répéter avec l’aide d’un magnétophoneou d’un magnétoscope. Des manuels pratiquesconseillent à l’orateur, s’il n’a pas entièrementmémorisé son discours, d’improviser en s’appuyantsur des notes destinées à s’assurer que rien n’estoublié et que l’allocution progresse logiquementpoint par point.Ces manuels déplorent souvent la pratique de lire

les discours, ce qui nuit à la spontanéité et aunaturel. Ils dépeignent 1’ orateur la tête penchée surses feuilles de papier, bafouillant comme un écolier.Le fait est que le commun des mortels n’a ni le

temps, ni la formation, ni la capacité de mémoriserde longs morceaux de prose. Il n’a pas non plusl’esprit suffisamment vif pour improviser sanspousser des «heu» et des «hum», sans user de lieuxcommuns, sans se répéter ou s’écarter du sujet. Ilsera plus efficace en rédigeant et en lisant sondiscours.

En pratique, les discours très détaillés, ou quiexpliquent avec précision une politiquesoigneusement élaborée, doivent être couchés surpapier par souci d’exactitude. Le fait de lire undiscours ne nuit pas nécessairement à son impact.Winston Churchill, orateur puissant s’il en est,écrivait intégralement ses discours sur des bouts depapier. Il ajoutait même des directives telles que«bégayer», «se corriger», «chercher ses mots».Churchill utilisait ce qu’on appelle «la méthode

de la pelle mécanique». Une pelle mécaniqueramasse une grande quantité de terre à la fois pourla déverser dans un camion. Ainsi, une personnequi lit un discours peut mémoriser certaines phrasesde son texte pour ensuite les prononcer en regardantson auditoire avec naturel. Avec de la pratique, ellepourra éventuellement réciter des paragraphesentiers sans baisser les yeux.Bien que destiné à être lu, un discours n’en exige

pas moins une préparation minutieuse. Il doit êtreorganisé, s’appuyer sur des faits et être rédigé avecautant de rigueur qu’une dissertation scolaire.Et il doit être répété, à haute voix, pour s’assurer

qu’il sonne bien. La parole n’est pas le mot écrit etun texte, avant d’être lu, doit être travaillé pourproduire l’effet désiré.L’échec d’un discours n’est pas généralement dû

au trac, à un manque de technique ou à 1’ apparencede l’orateur, mais au fait qu’il a été rédigé à ladernière minute et donné sans être répété.L’orateur éloquent est celui qui a consacré de

longues heures à la préparation de son discours.Prendre la parole en public ne devrait susciteraucune nervosité chez celui qui connaît son sujet etsait ce qu’il veut dire.La confiance en soi est la moitié de la victoire et

ne s’ acquiert qu’ à force d’ efforts et de volonté. Durlabeur, certes, mais qui en vaut la peine. Vous vousrendrez vite compte que l’assurance acquise dansla pratique de l’art oratoire enrichit toutes lesfacettes de votre vie.